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PR R. BENBAKOUCHE.DR Y.

DIB
ORTHOPEDIE CHU BABEL OUED

LES APPAREILLAGES PLATRES

Les appareils plâtrés sont très utilisés comme traitement d’attente ou comme
thérapeutique définitive des fractures. Leur confection doit obéir à des règles très
strictes et leur surveillance doit être étroite guettant toute complication qui peut être
fatale pour le malade.

I. Le matériel :

1) Les bandes plâtrées :


Ont des tailles variables et doivent être choisies en fonction de l’importance de
l’appareil à faire.
Ils existent plusieurs catégories qui possèdent des temps de prise différents ;
L’idéal serait d’avoir à notre disposition des bandes à prise plus lentes si l’on
prévoit une confection plus longue.

2) Le jersey tubulaire :
Là aussi ils existent plusieurs calibres et on doit choisir celui qui s’adapte le
mieux au membre, pour éviter des plis et des reliefs qui pourraient entrer en
conflit avec la peau.

3) Le matériel de rembourrage :
Plusieurs types
Le coton simple est à proscrire car il est trop mouillable.
Le coton carde n’est pas facile à repartir de façon homogène ; chose que
permettent les bandes spéciales en mousse.
Les plaques de feutre sont utilisées surtout pour garnir les reliefs osseux.

II. Règles générales pour confectionner un plâtre :

 La gouttière plâtrée :
- Il s’agit en fait d’une plaque faite de plusieurs épaisseurs de bandes plâtrées,
taillées aux dimensions du membre et ajustée.
- Elle est trempée dans de l’eau tiède et essorée avec précaution pour ne pas
éliminer trop de plâtre.
- Elle est étirée et appliquée sur le membre recouvert de jersey et garni.
- Enfin, on la maintien par une bande souple.
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 Appareil plâtré avec des spires circulaires :
- Des bandes de plâtre sont déroulées sans les serrer.
- On lisse soigneusement à chaque tour avec la paume de la main pour rendre
homogène ce qui augmente la résistance.
- l’appareil terminé il est très vite modelé avant sa prise.
- On donne deux traits de scie, rapprochées de 5 mm et le plâtre entre les deux
traits est enlevé.

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- On
pourra
écarter

secondairement en cas d’œdème pour éviter la compression.

Le plâtre circulaire doit obéir à des impératifs :

1 Il doit être léger ; sa résistance comme celle de tout tube est grande ;
2 On ne doit pas modifier la positon du membre au cours de la prise du plâtre car
cela peut entraîner des reliefs source de compression ;
3 Il faut l’aérer pendant les 24 premières heures ce qui permet son séchage;
4 Une fenêtre doit être taillée au-dessus de tout pansement pour permettre sa
surveillance.
5 Tout plâtre et particulièrement un plâtre circulaire est systématiquement surveillé,
il est écarté au moindre signe de compression.

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En cas de compression le plâtre est tout de suite écarté et le membre surélevé.

III. Principaux appareils plâtrés :

1. Plâtre thoraco-brachial :
 Permet l’immobilisation de l’épaule, du bras, et de l’avant bras et prend
appui sur les crêtes ;
 Ses limites sont
- En haut : pli de flexion de la métacarpo-phalangienne,
- En bas : englobe le bassin et dégage la flexion des cuisses, le sacrum et
les trochanters.

- Chez la femme un fenêtrage des seins est nécessaire pour lutter contre la
macération, source d’infection.
- L’appui sur les crêtes iliaques doit être parfait faute de quoi un mouvement
de bascule écarte le bras du corps.
- Le creux axillaire doit être bien rembourré permettant une bonne irrigation
du membre supérieur.
- Les autres endroits à bien capitonner sont les épines iliaques, la clavicule,
l’acromion, et le coude ce qui permet d’éviter les escarres

 Habituellement la position des différents segments est :


- Epaule en abduction à 45°, antépulsion à 30° et rotation indifférente ;
- Coude en flexion à 90° ;
- Poignet en extension à 20 30°.
En fait, en fonction du type de lésion à traiter, l’abduction est plus ou moins
importante : discrète en cas de fracture luxation ou en cas de fracture de
l’humérus, importante en cas de fracture du trochiter (pour éviter toute
traction par les muscles de la coiffe)

2. Plâtre brachio-antibrachial:
 Appareil immobilisant le poignet, le coude et les deux os de l’avant bras ;
 Ses limites : -
Distales : le pli de flexion de la métacarpo-phalangienne laissant libre les
doigts et les têtes des métacarpiens ;
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- proximales : juste sous le trochiter, le creux axillaire doit être libre.
- Il faut s’assurer qu’il n’existe pas de compression au niveau de la face

antérieure du poignet et du coude, des styloïdes radiale et ulnaire et des


saillies osseuses.
- Il faut veiller à ne jamais dérouler une bande en traction, particulièrement
au niveau du coude, la fermeture d’un angle rapproche le plâtre des
téguments et les comprime ; la pose se fait par des passages en « 8 ».
- Les fonctions des metacarpo-phalangiennes et des doigts doivent être
préservés.
- Un syndrome de WOLKMANN est toujours possible ; il est redoute devant
une douleur à l’extension passive des doigts.

 Sauf indication thérapeutique coude et poignet sont maintenus en


position de fonction.
Apres réduction d’une fracture de l’extrémité inférieure du radius à
bascule postérieure le poignet est contenu en flexion palmaire.

3. Gouttière brachio-antibrachiale :
 Appareil de posture ou de repos du poignet et du coude ;
 Présente les même limites que son équivalent circulaire

4. Plâtre antibrachio palmaire:


 Immobilise le poignet et les os du carpe;
 Ses limites distales sont identiques à celles du BABP ; en proximal, il doit
permettre la flexion du coude à 90°.

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 Le plus souvent, immobilisation de relais après libération du coude d’un
BABP.

5. Plâtre pelvi-pédieux :
 Immobilise les articulations et les os du membre inférieur par rapport au
bassin
 En haut couvre les dernières cotes en arrière et dégage
l'épigastre en avant.
en bas déborde les orteil de 2 à 3 tout en permettant leur extension le

cote à immobiliser ; au cote oppose il s’arrête au pli de l’aine, grand


trochanter et fesse couvertes, coccyx dégagé.

 Le côte à immobiliser est maintenu en position de fonction : 20° de flexion


de hanche, 20° de flexion de genou, cheville à angle droit. à l’oppose la
flexion de la hanche doit être libre.

6. Plâtre cruro-pédieux :
 Immobilise le genou et la cheville ;
 Il doit monter jusqu’au pli inguinal et se terminer comme un pelvi-
pédieux ;

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 LE genou et la cheville sont maintenus en position de fonction.

7. Gouttière cruro-pédieuse :
 Appareil de posture ou de repos des articulations du genou ou du pied ;
 Présente les mêmes limites que le plâtre cruro-pédieux ;

8. Plâtre cruro-jambier ou genouillère plâtrée :


 Immobilise le genou ;
 Débute comme un cruro-pédieux et se termine juste en sus malléolaire ;

Il est particulièrement moulé à la patella pour éviter qu’il tombe ;


La région malléolaire est protégée par du coton carde
 Souvent indique dans les fractures de rotule non déplacée le genou est
immobilisé en extension.

9. La botte pédieuse :
 Immobilise en dessous du genou les articulations et os du pied et la
jambe ;
 Débute de la tubérosité tibiale en avant et pli de flexion du creux poplité
en arrière et se termine à la naissance des plis interdigitaux en avant et
par une semelle dépassant les orteils de 1 à 2 cm en postérieur ;

La tète et le col du fibula doivent être libres ;


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Le malade doit pouvoir fléchir le genou jusqu’à 90°.
La mobilité des 5 orteils doit être possible.

 Le plus souvent la cheville est maintenue à angle droit dans le plan


sagittal et neutre dans le plan frontal.
 La botte de marche pour appui précoce ou plâtre de Sarmiento est une
variante particulière: il s’agit d’un appareil de marche pour fractures
hautes du tibia transmettant, par appui sous rotulien, les pressions du sol
à l’extrémité supérieure du tibia, et immobilisant les articulations du pied
et de la jambe.

10. Gouttière pédieuse


 Appareil de posture ou de repos des articulations et os de la cheville et du
pied ;

 Limites identiques aux limites postérieures de la botte pédieuse

11. Corset plâtré type BOEHLER :


 Appareil immobilisant les vertèbres en hyper lordose ;
 Limites :
- En haut, prend appui manubrium et claviculaire tout en libérant les creux
axillaires et maintenant le grill costal ;

- En bas, prend appui pubien et sacré et libérant les trochanters


 Tout signe de souffrance gastrique doit entraîner l’ouverture d’une
fenêtre large épigastrique et conseiller un régime sans pain avec
limitation des liquides pendant les repas.

IV. Surveillance d’un plâtre:

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Surveillance dans les heures qui suivent la confection du plâtre
On craint le syndrome de WOLKMANN

 Le diagnostic est avant tout clinique


 Douleur,
 Paresthésies des extrémités,
 Œdème, cyanose,
 Refroidissement discret des extrémités alors que les pouls capillaires
et périphériques sont normaux.

 La découverte de ces signes impose d’urgence


 L’ouverture large du plâtre,
 La mise en surélévation du membre
 En l’absence d’amélioration
 Ablation complète du plâtre,
 Adresser le patient en traumatologie (aponevrotomie ?)

Surveillance dans les jours qui suivent la confection du plâtre


On craint les complications suivantes
 Compression nerveuse : le sciatique poplité externe au niveau de la tête de
la fibula, le nerf ulnaire au niveau de l’épi trochlée.
On recherchera un déficit sensitivomoteur dans le territoire de ces nerfs
 Cutanées : escarres, macération, source d’infection.

 Thromboemboliques
1. Mettent en jeu le pronostic vital
2. Elles sont révélées par : fébricule à 38°, douleur au mollet, œdème
voire discrète cyanose, dissociation du pouls et de la température.
3. On pratique d’urgence :
- Ablation du plâtre,
- Examen clinique complet,
- Echo-doppler veineux,
- Traitement curatif.

Surveillance tout au long de l’immobilisation


 Amyotrophie;
 Raideurs des extrémités;
 Ostéoporose d’immobilisation.

V. L’ablation d’un plâtre:

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Elle se fait par deux traits de scie vibrante permettant de séparer le plâtre en deux
valves avec les écartes plâtre de HENNING. Les traits de scie doivent passer sur les
zones les mieux recouvertes de muscles. Le rembourrage et le jersey sont coupés
avec des ciseaux.

VI. Conclusion :

La confection d’un appareil plâtré (notamment un plâtre circulaire) n’est pas un


geste anodin des complications peuvent lui succéder compromettant aussi bien le
pronostic vital (thrombophlébite) que le pronostic fonctionnel (syndrome de
WOLKMANN).

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