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PHYSIOLOGIE

GENERALE

Notes de Cours à l'usage des Etudiants de 2ème


Graduat en Sciences Biomédicales
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PLAN DU COURS

PARTIE I: Introduction à la Physiologie : La Cellule et la Physiologie Générale


Chapitre 1 Organisation fonctionnelle de l’organisme humain et Contrôle du “Milieu
Intérieur”
Chapitre 2 Compartiments liquidiens de l'organisme
Chapitre 3 La Cellule et ses fonctions
Chapitre 4 Contrôle génétique de la synthèse des protéines, de la fonction et de la
reproduction cellulaires
Chapitre 5 Communication cellulaire
PARTIE II Physiologie membranaire: cellules et tissus excitable: Nerf et Muscle
Chapitre 6 Transport transmembranaire
Chapitre 7 Potentiels de membrane et Potentiels d’action
Chapitre 8 Contraction du muscle squelettique
Chapitre 9 Excitation du muscle squelettique: Transmission neuromusculaire et couplage
Excitation-Contraction
Chapitre 10 Contraction et Excitation du muscle lisse
PARTIE III Métabolisme et Thermorégulation
Chapitre 11 Métabolisme des hydrates de carbone, et formation de l’ATP
Chapitre 12 Métabolisme des lipides
Chapitre 13 Métabolisme des protéines
Chapitre 14 Le foie : Organe métabolique
Chapitre 15 Equilibre alimentaire; Régulation de l’appétit; Obésité et Maigreur ; Vitamines et
Minéraux
Chapitre 16 Bioénergétique et taux du métabolisme
Chapitre 17 Température corporelle, Thermorégulation, et fièvre
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PARTIE I
Introduction à la Physiologie :
Fondements généraux et cellulaires de la
Physiologie
1. Organisation Fonctionnelle de l’Organisme humain et Contrôle du “Milieu
Intérieur”
2. Compartiments liquidiens de l'organisme
3. La Cellule et ses fonctions
4. Contrôle génétique de la synthèse des protéines, de la fonction et de la reproduction
cellulaires
5. Communication cellulaire
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CHAPITRE 1 ORGANISATION FONCTIONNELLE DU CORPS HUMAIN ET


CONTROLE DU “MILIEU INTERIEUR”

Objectifs

 Enumérer les différents systèmes ou appareils du corps humain


 Définir les concepts de “milieu intérieur” et d’“homéostasie”
 Expliquer la contribution de chaque système dans le maintien de l’homéostasie
 Citer les éléments constitutifs d’un système de régulation
 Décrire les différentes modalités de la rétroaction
 Appliquer la notion de rétroaction dans la régulation des constantes physiologiques
 Expliquer l’automatisme de l’organisme
Plan du chapitre

0. Introduction
1. Cellule : Unité fondamentale de la vie et du corps humain
2. Liquide extracellulaire — Le “milieu intérieur”
3. Mécanismes “homéostatiques” des principaux systèmes fonctionnels
4. Systèmes de contrôle de l’organisme
5. Résumé — Automatisme de l’organisme

1.0. INTRODUCTION. DEFINITION. OBJET D’ETUDE.

1.0.1. Physiologie

La physiologie est l’étude du fonctionnement de l’organisme vivant.Ce mot vient du grec :


ψωσίσ physis = nature et λογοσ logos = discours, étude, science ; dans la Grèce antique, il
était utilisé pour désigner l’étude de tous les phénomènes naturels. Actuellement cette
conception encyclopédique de la physiologie, relique de la Grèce antique a volé en éclat,
débordée par l’immensité et la diversité de la nature ; et la « science de la nature » chère à
Aristote a été subdivisée en plusieurs sciences naturelles : physique, chimie, biologie,
médecine, anatomie, physiologie, pharmacologie, zoologie, botanique, etc. Au fait, toutes les
sciences naturelles demeurent complémentaires et s’entrecroisent fréquemment. Et bien que
pouvant avoir chacune sa méthodologie propre, aucune science de la nature ne peut être
appréhendée de façon isolée.

La physiologie s’efforce de comprendre comment des facteurs physiques et chimiques


interviennent dans l’apparition, le maintien et l’évolution de la vie. Elle étudie donc comment
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les êtres vivants fonctionnent, comment se déroulent les processus vitaux à l’intérieur d’un
être vivant. Chaque forme de vie ayant des caractéristiques particulières, le vaste domaine de
la physiologie est divisé en physiologie virale, bactérienne, physiologie cellulaire, physiologie
végétale, physiologie humaine, et encore en beaucoup d’autres subdivisions.

1.0.2. Physiologie humaine

Elle a pour domaine l’étude des caractéristiques et mécanismes qui font du corps humain un
être vivant. Le fait même de rester vivant échappe à peu près à notre décision car la faim nous
pousse à rechercher la nourriture et la peur à chercher refuge. Les sensations de froid nous
conduisent à générer la chaleur et d’autres forces nous poussent à rechercher la compagnie
d’autres humains ou à nous reproduire. L’être humain apparaît donc comme un automate
c’est-à-dire un système cybernétique et le fait d’être capable de perceptions, d’émotions,
comme d’accumuler des connaissances, caractérise la vie ; ces facultés permettent à
l’organisme humain d’exister dans des conditions extrêmement diverses.

1.0.3. Spécialités de la physiologie humaine

C’est un champ d’action très vaste car les êtres humains sont composés des cellules, les
cellules forment les tissus, les tissus les organes et plusieurs organes réalisant un ensemble de
fonctions constituent un appareil ou un système. Aussi la physiologie humaine englobe-t-elle
plusieurs spécialités dont les plus communes portent sur le fonctionnement de systèmes
particuliers. Ainsi la physiologie rénale étudie le fonctionnement des reins et la production
d’urine, la neurophysiologie explique celui du système nerveux et la physiologie
cardiovasculaire examine le fonctionnement du cœur et des vaisseaux sanguins. L’étude du
fonctionnement des différentes parties du corps, c’est-à-dire sur la façon dont ces différentes
parties jouent leur rôle et permettent le maintien de la vie constitue la physiologie spéciale. En
physiologie humaine, on s’intéresse souvent à ce qui se passe au niveau cellulaire ou
moléculaire parce que les capacités fonctionnelles du corps dépendent du fonctionnement
cellulaire, qui est lui-même déterminé par les réactions chimiques à l’intérieur des cellules.
L’étude des processus vitaux au niveau cellulaire constitue la physiologie générale.

1.0.4. Physiologie générale

Bien qu’aucune cellule de l’organisme humain ne puisse être considérée comme « typique »
de toutes les cellules, il existe cependant un certain nombre de phénomènes communs à toutes
les cellules vivantes : nutrition avec production d’énergie, réaction à l’environnement,
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croissance, reproduction, etc. L’étude de ces phénomènes en physiologie générale se conçoit


en termes d’application des lois de la physique et de la chimie au niveau cellulaire. Pour bien
comprendre la physiologie, il faut connaître les principes de la physique parce que cette
science permet d’expliquer, entre autres, les courants électriques, la pression dans les
vaisseaux sanguins et le mouvement produit par l’action des muscles sur les os. Ainsi, les
vaisseaux sanguins sont décrits en termes de pression et de débit, les muscles en termes de
force et de vélocité, et les signaux électriques en termes de voltage et de courant. En fait, les
notions de physique et de chimie sont indispensables pour comprendre le fonctionnement du
système nerveux, la contraction musculaire, la digestion et de nombreuses autres fonctions de
l’organisme. Cette approche, un peu simpliste, réduit l’analyse des effets et des causes à
l’analyse des niveaux élémentaires du fonctionnement cellulaire et éventuellement jusqu’au
niveau moléculaire (biologie moléculaire).

1.0.5. Approche en physiologie

A côté de l’approche purement descriptive, analytique, la physiologie se doit aussi


d’expliquer la locomotion, l’émotion, le contrôle de la circulation, etc., bref, les fonctions
d’un animal en bonne santé : c’est l’approche intégrative qui permet de concilier la
physiologie générale et la physiologie spéciale. En effet, les différentes pièces du puzzle
doivent être assemblées pour révéler comment fonctionne l’organisme. Un thème majeur dans
cette optique c’est la régulation des processus vitaux par un mécanisme de feed back négatif
et l’implication simultanée de plusieurs organes dans une réponse globale. L’inhibition et
l’excitation hormonale et les messages nerveux travaillent ensemble pour maintenir les
principaux processus vitaux en équilibre et répondre aux besoins de l’organisme. La
physiologie veut savoir, non seulement quelles sont les interactions qui existent dans le
fonctionnement de l’organisme mais aussi quelles sont leurs importances respectives dans le
résultat global. Ainsi, la physiologie a une forte orientation quantitative.

1.0.6. Thèmes de la physiologie générale

La physiologie générale décrit l’action du nerf et du muscle aux niveaux cellulaire et


subcellulaire. Ainsi l’influx nerveux est réduit à un problème de mouvement d’ions à travers
les pores moléculaires des membranes cellulaires ; la contraction musculaire est réduite à un
problème de déplacement des bras macromoléculaires sur des protéines filamenteuses, et la
libération des neurotransmetteurs à un problème de fusion membranaire. Ces domaines de la
physiologie générale introduisent les mécanismes biologiques fondamentaux.
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1.0.7. Physiologie spéciale

Le corps humain peut être considéré comme une machine composée de plusieurs pièces que
sont les organes et les systèmes. Ainsi les vaisseaux qui sont un organe, constituent avec un
autre organe, le cœur, le système cardiovasculaire, chargé de distribuer les nutriments,
l’oxygène et les produits du métabolisme. A côté du système cardiovasculaire, il y a le
système digestif chargé de digérer et d’absorber les aliments, le système respiratoire chargé de
capter l’oxygène et d’éliminer le gaz carbonique, le système urinaire chargé d’éliminer les
déchets, le système reproducteur chargé d’assurer la perpétuation de l’espèce, et le système
neuroendocrinien chargé de coordonner et d’intégrer les fonctions des autres systèmes.
L’étude du fonctionnement de ces différents systèmes et de la manière dont chacun d’eux
participe au fonctionnement de l’organisme considéré comme un tout, c’est la physiologie
spéciale.

1.0.8. Physiologie expérimentale

La méthode expérimentale est utilisée en physiologie générale ; elle a plusieurs étapes :


l’observation c’est-à-dire la collecte des données, l’élaboration d’une hypothèse,
l’expérimentation et enfin l’édiction d’une loi. Avec la méthode expérimentale, beaucoup de
problèmes cellulaires ont été élucidés.

1.0.9. Autres domaines de la physiologie

Ils regroupent la physiologie animale, la physiologie végétale, la physiologie comparée, la


biologie moléculaire. La biologie moléculaire essaie d’expliquer les activités de la cellule au
niveau moléculaire.

1.1. ORGANISATION STRUCTURALE DE L’ORGANISME HUMAIN

1.1.1. Niveaux d’organisation structurale


Le corps humain comporte plusieurs niveaux de complexité. En allant du plus élémentaire au
plus complexe, nous avons le niveau chimique, le niveau cellulaire, le niveau tissulaire, le
niveau des organes, le niveau des systèmes et le niveau de l’organisme.
 Le niveau chimique. A ce niveau, de minuscules particules de matière, les atomes, se
combinent pour former des molécules comme l’eau (H2O), le sucre (glucose) et les
protéines.
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 Le niveau subcellulaire. A leur tour, ces molécules s’associent de manière bien


spécifique pour former les organites, qui sont les éléments fondamentaux de la cellule.
 Le niveau cellulaire. Les cellulessont les plus petites unités des organismes vivants.
Elles ont des dimensions et des formes très variées qui reflètent la diversité de leurs
fonctions dans l’organisme. Toutes les cellules ont certaines fonctions en commun,
mais seuls certains types de cellules peuvent former le cristallin, secréter des mucus ou
transmettre des influx nerveux.
 Le niveau tissulaire.Il constitue le niveau de complexité supra cellulaire. En effet les
organismes les plus simples ne sont constitués que d’une seule cellule, mais chez des
organismes complexes comme des êtres humains, le niveau tissulaire représente
l’échelon suivant. Les tissus sont des groupes de cellules semblables qui remplissent
une même fonction. L’étude des tissus constitue l’histologie. Il existe quatre grands
types de tissus chez les humains : le tissu épithélial, le tissu musculaire, le tissu
conjonctif et le tissu nerveux. Chaque type de tissu joue dans l’organisme un rôle
particulier.
 Le niveau des organes. Un organe est une structure composée d’au moins deux types
de tissus qui exerce une fonction précise dans l’organisme. Au niveau des organes, des
processus physiologiques extrêmement complexes deviennent possibles. Prenons
l’exemple de l’estomac : il est tapissé d’un épithélium qui sécrète le suc gastrique ; sa
paroi est essentiellement formée de tissu musculaire dont le rôle est de pétrir et de
mélanger le contenu gastrique (les aliments) : cette paroi surtout musculaire et molle
est renforcée par du tissu conjonctif ; ses fibres nerveuses accélèrent la digestion en
stimulant la contraction des muscles et la sécrétion de suc gastrique. Le foie, le
cerveau, les vaisseaux sanguins, le cœur, les muscles squelettiques, la peau sont aussi
des organes. On peut se représenter chaque organe comme une structure fonctionnelle
spécialisée qui exécute une activité essentielle qu’aucun autre organe ne peut
accomplir à sa place.
 Le niveau des systèmes. C’est le niveau d’organisation suivant ; chaque système est
constitué d’organes qui travaillent de concert pour accomplir une même fonction. Par
exemple, les organes du système cardiovasculaire - notamment le cœur et les
vaisseaux sanguins- acheminent continuellement à toutes les cellules de l’organisme le
sang oxygéné contenant des nutriments et d’autres substances vitales. Les organes du
système digestif (la bouche, l’œsophage, l’estomac, les intestins, etc.) dégradent les
aliments ingérés en nutriment qui peuvent passer dans le sang. Le système digestif
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permet l’élimination des résidus d’aliments impossibles à digérer. Les autres systèmes
de l’organisme sont : les systèmes tégumentaire, osseux, musculaire, nerveux,
endocrinien, respiratoire, lymphatique, urinaire et génital.
 Le niveau de l’organisme.C’estle niveau suprême c’est-à-dire le dernier niveau
d’organisation ou niveau de l’être humain vivant. Le niveau de l’organisme représente
l’ensemble de tous ces niveaux précédents travaillant de concert pour assurer le
maintien de la vie.

1.1.2. Description sommaire des systèmes de l’organisme


 Le système tégumentaire (peau, téguments, muqueuses). Il forme l’enveloppe externe
de l’organisme, protège les tissus plus profonds contre les lésions, synthétise la
vitamine D, contient les récepteurs cutanés (douleur, pression, etc.) ainsi que les
glandes sudoripares et sébacées.

 Le système osseux. Il protège et soutient les autres organes : constitue une charpente
sur laquelle les muscles agissent pour produire le mouvement ; fabrique les globules
sanguins dans la moelle des os ; constitue une réserve de minéraux.

 Le système musculaire. Il permet les manipulations d’objets dans l’environnement, la


locomotion, l’expression faciale, le maintien de la posture ; produit de la chaleur.

 Le système nerveux. Il constitue le système de régulation rapide de l’organisme, il


réagit instantanément aux changements internes et externes en activant les glandes et
les muscles appropriés.

 Le système endocrinien. Il est constitué de glandes qui secrètent des hormones réglant
des processus comme la croissance, la reproduction et l’utilisation des nutriments par
les cellules (métabolisme).

 Le système cardiovasculaire. Les vaisseaux sanguins transportent le sang qui contient


de l’oxygène, du gaz carbonique, des nutriments, des déchets, etc. ; le cœur fait
circuler le sang en agissant comme une pompe.

 Le système lymphatique et immunitaire. Il recueille les liquides qui s’échappent des


vaisseaux sanguins et les réachemine vers le sang ; il élimine les déchets de la lymphe
grâce aux nœuds lymphatiques ; il contient les globules blancs (lymphocytes) qui
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jouent un rôle dans l’immunité. Les cellules immunitaires s’attaquent aux substances
étrangères présentes dans l’organisme.

 Le système respiratoire. Il assure en permanence l’oxygénation du sang et


l’élimination de gaz carbonique qu’il contient ; les échanges gazeux se produisent à
travers les parois des alvéoles pulmonaires.

 Le système digestif. Il dégrade les aliments en nutriments absorbés qui passent dans le
sang pour être redistribués aux cellules ; les substances non digérées sont rejetées sous
forme de selles.

 Le système urinaire. Il élimine du corps les déchets azotés, règle l’équilibre hydrique
et électrolytique et acido-basique du sang.

 Le système génital. Il assure la reproduction. Les testicules produisent les


spermatozoïdes et l’hormone sexuelle masculine, les conduits et les glandes
permettent de déposer les spermatozoïdes dans les voies génitales de la femme. Les
ovaires produisent des ovules et les hormones sexuelles féminines. Les autres organes
sont le siège de la fécondation et du développement du fœtus. Les glandes mammaires
situées dans les seins produisent du lait servant à nourrir le nouveau-né.

1.2. MAINTIEN DE LA VIE : FONCTIONS VITALES ET BESOINS VITAUX

1.2.1. Fonctions vitales


Comme tous les animaux complexes, les êtres humains doivent maintenir leurs limites,
bouger, réagir aux changements de leur environnement, ingérer et digérer les aliments, avoir
une activité métabolique, éliminer des déchets, se reproduire et croître. L’état multicellulaire
et la distribution des fonctions vitales entre plusieurs systèmes différents imposent une
intégration de toutes les cellules du corps. Aucun des systèmes ne travaille de façon
totalement indépendante ; ils collaborent tous au bien-être de l’organisme tout entier.

1. Maintien des limites

Tout organisme vivant doit pouvoir maintenir des limites entre son environnement extérieur
(milieu externe) et son milieu interne (intérieur de l’organisme). Chez les organismes
unicellulaires, cette limite est constituée d’une membrane qui forme une enveloppe et laisse
entrer les substances utiles tout en empêchant le passage des substances inutiles ou nuisibles.
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De la même façon, toutes les cellules de l’organisme humain sont délimitées par une
membrane à perméabilité sélective. De plus, l’ensemble de l’organisme humain est recouvert
et protégé par le système tégumentaire (peau) qui prévient le dessèchement des organes
internes tout en les protégeant contre les bactéries et les effets nocifs de la chaleur, des rayons
du soleil ainsi que des innombrables substances chimiques présentes dans l’environnement.

2. Mouvement

Par mouvement, on entend toutes les activités permises par le système musculaire
(déplacement, marche, course, nage et manipulation d’objets dans l’environnement).Le
système osseux constitue la charpente sur laquelle les muscles peuvent agir. La circulation du
sang dans le système cardiovasculaire, le déplacement des aliments dans le système digestif et
l’écoulement des urines dans le système urinaire sont également des mouvements. Au niveau
cellulaire, la capacité des cellules musculaires de se raccourcir est appelée contractilité.

3. Excitabilité

Elle peut être définie comme la faculté de percevoir les changements (stimulus) de
l’environnement et d’y réagir de manière adéquate. Par exemple, si on se blesse la main sur
un éclat de verre, on a aussitôt un réflexe de retrait, c’est-à-dire qu’on éloigne
involontairement la main du stimulus douloureux. On n’a même pas le temps d’y penser, le
geste est automatique. Un phénomène similaire se produit quand la concentration du gaz
carbonique dans le sang s’élève jusqu’à atteindre un niveau dangereux : des signaux sont
envoyés aux centres de l’encéphale régissant la respiration, et le rythme respiratoire
s’accélère. Les cellules nerveuses sont spécialisées dans l’excitabilité : elles sont très
excitables et communiquent rapidement entre elles au moyen d’influx nerveux. Ainsi le
système nerveux joue un rôle déterminant dans l’excitabilité. Cependant, toutes les cellules de
l’organisme sont excitables dans une certaine mesure.

4. Digestion

C’est le processus de dégradation des aliments en molécules simples qui peuvent passer dans
le sang. Le sang chargé de nutriments est ensuite acheminé à toutes les cellules de
l’organisme par le système cardiovasculaire. Dans un organisme unicellulaire comme l’amibe,
c’est la cellule elle-même qui constitue l’ « usine de digestion » ; mais dans un organisme
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multicellulaire comme le corps humain, c’est le système digestif qui remplit cette fonction
pour l’ensemble de l’organisme.

5. Métabolisme

Ce terme signifie littéralement « changement d’état » ; il englobe toutes les réactions


chimiques qui se produisent à l’intérieur des cellules. Plus précisément, le métabolisme
comprend la dégradation de certaines substances en leurs unités constitutives, la synthèse de
structures cellulaires plus complexes à partir de matériaux simples et la production, à partir
des nutriments et de l’oxygène (par la respiration cellulaire), des molécules d’ATP qui
fournissent l’énergie nécessaire à l’activité cellulaire. Le métabolisme dépend des systèmes
digestif et respiratoire qui font passer les nutriments et l’oxygène dans le sang, ainsi que du
système cardiovasculaire qui distribue à l’ensemble de l’organisme ces substances
indispensables. La régulation du métabolisme se fait principalement par l’intermédiaire des
hormones sécrétées par les glandes du système endocrinien.

6. Excrétion

C’est l’élimination des excréta, ou des déchets de l’organisme. Pour fonctionner correctement,
les corps doit se débarrasser des substances inutiles, comme les résidus de la digestion, ou
même potentiellement toxiques, comme des sous-produits du métabolisme. La fonction
d’excrétion est accomplie par plusieurs systèmes : système digestif (selles), système urinaire
(urine), système respiratoire (gaz expiré).

7. Reproduction

Elle s’effectue au niveau cellulaire et au niveau de l’organisme. La reproduction des cellules


se fait par division cellulaire (mitose), une cellule originale produisant deux cellules filles
identiques pour assurer la croissance ou la guérison d’une lésion.La reproduction de
l’organisme humain, c’est-à-dire la génération d’un nouvel être humain, est la principale
fonction du système génital. Lorsqu’un spermatozoïde s’unit à un ovule, l’ovule ainsi fécondé
se développe à l’intérieur de l’organisme maternel jusqu’à la naissance d’un magnifique
bébé.Le système génital est directement responsable de la reproduction, mais son
fonctionnement est réglé de façon très fine par les hormones du système endocrinien. Comme
les hommes produisent des spermatozoïdes et les femmes les ovules, le processus de
reproduction donne lieu à une « division du travail » et les organes génitaux de chaque sexe
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sont très différents. En outre, le site de fécondation des ovules par les spermatozoïdes se
trouve dans les structures reproductrices de la femme, où le fœtus en cours de développement
est protégé et nourri jusqu’à la naissance.

8. Croissance

C’est l’augmentation de volume d’une partie du corps ou de l’organisme tout entier,


habituellement par la multiplication des cellules. Notons toutefois que les cellules grossissent
aussi lorsqu’elles ne sont pas entrain de se diviser. Pour qu’une véritable croissance se
produise, il faut que les activités anaboliques (de synthèse) se fassent à un rythme plus rapide
que les activités cataboliques (de dégradation).

1.2.2. Besoins vitaux


Tous les systèmes de l’organisme travaillent d’une façon ou d’une autre au maintien de la vie.
Cependant, la vie est extraordinairement fragile et plusieurs facteurs lui sont nécessaires :
c’est ce que nous appelons les besoins vitaux, soit les nutriments, l’oxygène, l’eau ainsi
qu’une température et une pression atmosphérique adéquate.

1. Nutrition

Les nutriments proviennent de l’alimentation et contiennent les substances chimiques qui


servent à produire de l’énergie ou à construire des cellules. La plupart des aliments d’origine
végétale sont riches en glucides, en vitamines et en minéraux, alors que la plupart des
aliments d’origine animale sont riches en protéines et en lipides.Les glucides sont la
principale source d’énergie des cellules. Les protéines et, dans une moindre mesure, les
lipides sont essentiels à l’élaboration des structures de la cellule. Les lipides protègent
également les organes, forment des couches isolantes et constituent une réserve
d’énergie.Plusieurs vitamines et minéraux sont indispensables aux réactions chimiques qui se
produisent à l’intérieur des cellules et au transport de l’oxygène dans le sang. Ainsi le
calcium, un minéral, confère aux os leur dureté : il joue également un rôle essentiel dans la
coagulation du sang.

2. Respiration

L’oxygène est indispensable à l’utilisation des nutriments : seules des réactions oxydatives,
impossibles sans oxygène, permettent de tirer de l’énergie des nutriments. Les cellules ne
peuvent survivre que quelques minutes sans oxygène. Ce gaz représente 20 % de l’air que
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nous respirons. Il pénètre dans le sang et atteint les cellules grâce au travail conjoint du
système respiratoire et du système cardiovasculaire.

3. Apport en eau

L’eau compte pour 60 à 80 % de la masse corporelle ; c’est la substance chimique la plus


abondante de l’organisme. Elle constitue à la fois le milieu liquide nécessaire aux réactions
chimiques et la substance de base des secrétions et excrétions. L’organisme tire l’eau des
aliments et des liquides ingérés et il la perd par évaporation au niveau des poumons et de la
peau ainsi que par les excrétions.

4. Homéothermie

Une température corporelle appropriée est fondamentale pour le maintien de la vie et le


déroulement normal des processus physiologiques. En effet, les réactions chimiques ne
peuvent se produire à un rythme suffisant pour maintenir l’organisme en vie que si la
température corporelle est normale. Tout abaissement de la température au-dessous de 37° C
entraîne un ralentissement progressif des réactions métaboliques puis, finalement, leur arrêt.
Si la température est excessive, les réactions chimiques deviennent si rapides que les protéines
de l’organisme perdent leur forme caractéristique et cessent d’être fonctionnelles. Les deux
extrêmes de température sont mortels. La majeure partie de la chaleur du corps est produite
par le système musculaire.

5. Pression atmosphérique adéquate

La pression atmosphérique c’est la force exercée par l’air sur la surface du corps : la
respiration et les échanges gazeux dans les poumons dépendent de la pression atmosphérique.
En altitude où l’air est peu dense et la pression atmosphérique faible, l’apport en oxygène est
parfois insuffisant pour que le métabolisme cellulaire puisse se maintenir.Pour assurer la
survie, non seulement les facteurs décrits ci-dessus doivent-ils exister, mais ils doivent être
présents en quantité appropriée ; les excès peuvent être tout aussi néfastes que les
insuffisances.

1.3. MILIEU INTERIEUR

Tous les organismes multicellulaires aquatiques et terrestres, à l’exception des plus simples,
sont constitués de cellules baignant dans une mer intérieure limitée par les téguments. C’est
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dans ce liquide que la cellule puise son O2 et ses substances nutritives ; c’est aussi là qu’elle
rejette les déchets du métabolisme. Le milieu intérieur est plus dilué que l’eau de mer actuelle,
sa composition ressemble encore beaucoup à celle de l’océan primordial dans lequel toute vie
semble avoir commencé. Le milieu intérieur correspond à l'ensemble des liquides
extracellulaires (LEC).

1.3.1. Liquide intracellulaire et liquide extracellulaire


La cellule est l’unité de base de l’organisme et chaque organe est un assemblage de cellules
différentes réunies par des structures intercellulaires. Chaque type cellulaire est adapté à une
fonction particulière. Par exemple, les globules rouges (GR) (il y en a 25 000 X 109) assurent
le transport de l’oxygène des poumons vers les tissus. Les GR sont sans doute les cellules les
plus nombreuses et l’organisme entier compte environ 1014 cellules.
Bien que les cellules de l’organisme soient souvent très différentes les unes des autres, toutes
partagent certaines caractéristiques fondamentales (fonctions vitales). Par exemple, dans
toutes les cellules, l’oxygène (O2) se combine avec les hydrates de carbone, les graisses ou les
protéines pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement cellulaire. Les mécanismes
généraux de transformation des nutriments en énergie sont fondamentalement les mêmes dans
toutes les cellules, et toutes les cellules déversent les produits finaux de leurs réactions
chimiques dans les liquides péri-cellulaires (liquide extracellulaire ou milieu intérieur).
L’eau est le principal fluide du milieu cellulaire ; elle représente 70 à 85% de la masse
cellulaire totale. De nombreuses substances chimiques sont dissoutes dans l’eau, tandis que
d’autres sont à l’état de suspension, sous forme de particules ou de vésicules entourés d’une
membrane. L’ensemble de l’eau enfermée dans les cellules constituent le liquide
intracellulaire (LIC).
L’eau située à l’extérieur des cellules constitue le liquide extracellulaire (LEC).Les LEC
contiennent de grandes quantités de sodium (Na+), de chlore (Cl-), et d’ions bicarbonate
(HCO3-) ainsi que les nutriments cellulaires (O2, glucose, acides gras (a. g.) et acides aminés.
Ils contiennent aussi du dioxyde de carbone (CO2) acheminé vers les poumons pour être
excrété tandis que d’autres substances sont transportées vers les reins pour y être excrétées.

1.3.2. Liquide extracellulaire, milieu intérieur


L’ensemble du LEC ou milieu intérieur se déplace sans cesse à travers l’organisme. Le sang
circulant assure un déplacement rapide tandis que des échanges entre sang et liquides
tissulaires se produisent par diffusion à travers les parois des vaisseaux capillaires. Les LEC
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contiennent les ions et les nutriments nécessaires à la vie des cellules. Toutes les cellules du
corps baignent donc dans le même environnement, le compartiment liquidien extracellulaire
de l’organisme (LEC), baptisé milieu intérieur par Claude Bernard, célèbre physiologiste
français du XIXe siècle. Les cellules vivent, grandissent, accomplissent leurs fonctions
spécifiques tant que les concentrations en O2, en glucose, en ions variés, en acides aminés (a.
a.), en substances lipidiques, et en autres constituants sont convenables dans le milieu
intérieur.

1.3.3. Liquide interstitiel et plasma

Chez les animaux dotés d’un système vasculaire clos, le LEC comprend deux parties : le
liquide interstitiel et le plasma sanguin circulant. Le plasma et les éléments figurés du sang,
constitués surtout par les globules rouges, occupent tout le système vasculaire. Ensemble, ils
constituent le volume sanguin total. Le liquide interstitiel est la portion du LEC compris entre
les parois capillaires et les membranes cellulaires (il baigne donc les cellules). Certains
liquides spéciaux, qualifiés collectivement de liquides transcellulaires, seront étudiés plus
loin. A peu près un tiers de l’eau du corps (eau corporelle totale ou ECT est extracellulaire
(LEC) ; le reste est intracellulaire (liquide intracellulaire ou LIC).Le liquide extracellulaire
(LEC) ou “milieu intérieur”représente environ le tiers de l'eau totale et correspond à l'eau
située à l’extérieur des cellules.

1.4. HOMEOSTASIE

C’est le terme utilisé pour désigner le maintien de caractéristiques stables, constantes du


milieu intérieur.Le corps humain est constitué de quelque 1014 cellules réparties en plus de
200 types. Toutes ces cellules sont presque toujours en activité et le fait qu’il s’y produise si
peu de problèmes de fonctionnement est une pure merveille de la nature. Pour désigner cette
capacité du corps de maintenir une stabilité relative du milieu interne malgré les fluctuations
constantes de l’environnement, les physiologistes ont inventé le concept d’homéostasie.
Malgré son étymologie faisant allusion à un état stable, l’homéostasie est au fait un état
d’équilibre dynamique dans lequel les conditions internes varient, mais toujours dans des
limites relativement étroites.Fondamentalement tous les viscères et tous les tissus de
l’organisme contribuent à la stabilité des caractéristiques du milieu intérieur. Par exemple, les
poumons permettent l’approvisionnement en O2 des LEC qui eux-mêmes fournissent en
continu cet O2 aux tissus. Les reins assurent la stabilité des concentrations électrolytiques. Le
17

tractus gastro-intestinal fournit les nutriments. La façon dont chaque viscère ou tissu contribue
à l’homéostasie constitue le domaine de la physiologie spéciale.En général, on considère que
l’homéostasie se maintient quand les besoins de l’organisme sont satisfaits et qu’il fonctionne
bien.

1.4.1. Maintien de l'homéostasie. Mécanismes essentiels des grandes fonctions

Le maintien de l’homéostasie est un processus complexe auquel presque tous les systèmes
contribuent.

1.4.1.1. Transport et brassage du liquide extracellulaire — Le système circulatoire sanguin

Le transport du LEC à travers l’organisme s’effectue en deux étapes. La première étape est
celle du déplacement du sang dans l’appareil circulatoire et la seconde étape est celle des
déplacements de liquide entre les capillaires sanguins et les cellules. Le sang contenu dans
l’appareil circulatoire parcourt l’ensemble du circuit de la circulation environ une fois par
minute au repos et dix fois par minute chez un sujet qui effectue un exercice très intense.
Quand le sang traverse les capillaires, des échanges se produisent en permanence entre le
plasma sanguin et le liquide interstitiel (LI) ou liquide tissulaire qui occupe les espaces
intercellulaires ou péri cellulaires. Parce que les parois capillaires sont poreuses, de grandes
quantités de liquides et de substances dissoutes peuvent diffuser dans l’un ou l’autre sens, du
sang vers les tissus ou des tissus vers le sang. Partout dans l’organisme, les LEC, plasmatique
et interstitiel sont sans cesse mélangés, brassés, ce qui maintient leur homogénéité
pratiquement constante.

1.4.1.2. Origine des nutriments dans le liquide extracellulaire

a) Système respiratoire

Chaque fois que le sang traverse l’organisme il traverse aussi les poumons. Dans les poumons, le sang
se charge en O2 contenu dans le gaz alvéolaire, O2 qu’il peut ensuite donner aux cellules. La
membrane qui sépare le gaz alvéolaire de la lumière des capillaires (membrane alvéolo-capillaire,
MAC) n’a que 0,4 à 2µm d’épaisseur et l’O2 diffuse à travers cette membrane de la même manière que
l’eau et les ions diffusent à travers la paroi des capillaires dans tous les tissus.

b) Tractus gastro-intestinal

Une grande partie du sang mis en mouvement par le cœur perfuse la paroi du tube digestif. C’est dans
cette paroi que les nutriments passent dans les LEC. Ce processus d’absorption concerne en particulier
18

les hydrates de carbone, les acides gras, les acides aminés et d’autres substances issues des aliments
ingérés.

c) Foie et autres organes métaboliques primaires

Toutes les substances absorbées par le tube digestif ne peuvent être utilisées par les cellules sous la
forme sous laquelle elles ont été absorbées. Le foie modifie la composition chimique de nombreuses
substances et les rend ainsi utilisables par les cellules. Les cellules adipeuses (du tissu gras), la
muqueuse digestive, les reins et les glandes endocrines participent également à la transformation des
nutriments ou à leur stockage jusqu’à leur utilisation ultérieure.

d) Appareil locomoteur

On serait tenté de se poser la question de savoir en quoi l’appareil locomoteur contribue-t-il à


l’homéostasie de l’organisme? La réponse est pourtant évidente: c’est lui qui permet à l’organisme de
se déplacer pour trouver à temps opportun les aliments nécessaires à la nutrition. Il permet aussi les
mouvements qui écartent des dangers de l’environnement qui pourraient détruire instantanément
l’organisme et ses mécanismes homéostatiques.

1.4.1.3. Epuration des produits terminaux du métabolisme

a) Appareil respiratoire

Lorsque le sang se charge en O2 dans les poumons, il abandonne simultanément du CO2 dans
les alvéoles. Le mouvement alternatif de l’air entrant dans les alvéoles et du gaz alvéolaire qui
est expiré transporte le CO2. Le CO2 est le plus abondant des produits terminaux du
métabolisme.

b) Reins

Lorsque le sang traverse les reins, ceux-ci soustraient du plasma de nombreuses substances
qui ne sont pas utiles aux cellules, en particulier différents produits terminaux du métabolisme
cellulaire, des électrolytes et de l’eau qui se sont accumulés dans les LEC. Les reins assurent
leur fonction d’abord par la filtration de grandes quantités de plasma à travers les glomérules,
suivie de la réabsorption et de la sécrétion tubulaires. Grace à ces propriétés, les reins
retiennent dans le sang les substances indispensables à l’organisme comme le glucose, les
acides aminés, des quantités appropriées d’eau et de plusieurs ions. La plupart d’autres
substances qui ne sont pas utiles à l’organisme, particulièrement les produits terminaux du
métabolisme comme l’urée, sont peu réabsorbées et éliminées dans l’urine.
19

1.4.1.4. Régulation des fonctions de l’organisme

a) Système nerveux

Le système nerveux se compose de trois parties principales : la partie sensorielle afférente, le


system nerveux central (ou partie d’intégration), et la partie motrice efférente.

Les récepteurs sensoriels captent des informations sur l’état de certaines parties de
l’organisme ou sur l’état de certaines composantes de l’environnement. Par exemple, les
récepteurs situés partout dans la peau préviennent chaque fois qu’un objet touche la personne
en un endroit quelconque. Les yeux sont des organes sensoriels qui fournissent une image de
l’environnement ; les oreilles aussi sont des organes sensoriels.

Le système nerveux central se compose de l’encéphale et de la moelle épinière. L’encéphale


peut conserver de l’information, créer des idées, des désirs et choisir les réactions de
l’organisme à certaines sensations.

La partie motrice du système nerveux transmet ensuite des signaux appropriés de façon à
réaliser ce que la personne a décidé. Une partie importante du système nerveux s’appelle
système nerveux autonome ou système nerveux végétatif. Cette partie du système nerveux
fonctionne de façon inconsciente et tient sous son contrôle de nombreuses fonctions des
viscères, en particulier l’activité du cœur, les mouvements du tube digestif et les sécrétions de
différentes glandes.

b) Système hormonal de régulation

Situées à différents endroits de l’organisme, huit glandes endocrines principales sécrètent des
substances chimiques, les hormones. Les hormones sont transportées partout dans l’organisme
par des LEC et elles aident à ajuster les fonctions cellulaires. Par exemple, l’hormone
thyroïdienne aide à ajuster le niveau d’activité de l’organisme. L’insuline contrôle le
métabolisme du glucose, les hormones surrénaliennes contrôlent le métabolisme des
électrolytes et des protéines, et l’hormone parathyroïdienne contrôle le métabolisme osseux.
Les hormones sont donc un système de régulation qui est complémentaire du système
nerveux.

D’une façon générale, le système nerveux règle plus particulièrement l’activité musculaire et
les activités sécrétoires dans l’organisme, alors que les hormones règlent surtout les fonctions
métaboliques.
20

1.4.1.5. Reproduction

On pourrait penser que la reproduction ne participe pas à l’homéostasie. Cependant, la


reproduction contribue à maintenir des conditions stables puisqu’elle aboutit à générer de
nouveaux individus qui occupent la place de ceux qui meurent. Ceci illustre le fait qu’en
dernier ressort toutes les structures de l’organisme sont organisées de manière à contribuer au
maintien de la continuité de la vie.

1.4.2. Systèmes et mécanismes de contrôle de l’homéostasie

1. Exemples des mécanismes de contrôle


2. Systèmes de contrôle
2.1. Caractéristiques des systèmes de contrôle
2.2. Modalités de la régulation homéostatique

Le corps humain comporte des milliers de systèmes de régulation. Les plus compliqués sont
les systèmes génétiques de régulation qui dans toutes les cellules contrôlent les fonctions
intracellulaire et extracellulaire.

De nombreux autres systèmes de régulation contrôlent les fonctions de certaines parties des
organes ; d’autres agissent à travers l’organisme tout entier pour contrôler les relations entre
les organes. Par exemple, l’appareil respiratoire, en association avec le système nerveux
règlent la concentration du CO2 dans le LEC. Le foie et le pancréas règlent la concentration
du glucose dans les LEC. Les reins règlent les concentrations de sodium, de potassium, de
phosphates, et d’autres ions dans les LEC.

1.4.2.1. Exemples des mécanismes de contrôle

1.4.2.1.1. Régulation de la concentration d’oxygène dans le LEC

Le maintien d’une concentration à peu près constante d’O2 dans le LEC est important puisque
l’O2 est un de principaux composants qui interviennent dans les réactions chimiques
cellulaires. Le mécanisme de régulation dépend principalement des caractéristiques chimiques
de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. L’hémoglobine se combine avec l’O2
quand le sang traverse les poumons. Puis, quand le sang passe dans les capillaires des tissus,
l’hémoglobine ne relâche l’O2 dans les liquides des tissus que si la concentration y est faible,
de manière à rétablir une concentration tissulaire en O2 convenable. Ainsi la régulation de la
concentration tissulaire de l’O2 est, pour l’essentiel assurée par les caractéristiques chimiques
21

de l’hémoglobine. Cette régulation est appelée la fonction de fixation de l’O2 par


l’hémoglobine.

1.4.2.1.2. Régulation de la concentration de dioxyde de carbone dans le LEC

La régulation de la concentration de CO2 dans le LEC s’effectue d’une manière différente.


Pour éviter toute accumulation de CO2 produit par les cellules dans les liquides
extracellulaires qui serait néfaste aux réactions productrices d’énergie des cellules, il existe un
mécanisme nerveux qui contrôle le rejet pulmonaire de CO2 au cours de l’expiration. Ce
mécanisme fonctionne de la manière suivante : une augmentation de la concentration du CO2
dans le LEC stimule le centre respiratoire et l’activité du centre respiratoire modifie la
respiration qui devient plus rapide et surtout plus profonde. Ceci augmente le rejet respiratoire
du CO2 et par conséquent augmente l’épuration du sang et des LEC ; le phénomène continu
jusqu’à ce que la concentration soit redevenue normale. Ce mécanisme permet de maintenir
dans des limites étroites la concentration de CO2 dans les LEC.

1.4.2.1.3. Régulation de la pression artérielle

Cette régulation est assurée par plusieurs systèmes différents ; l’un d’entre eux, le mécanisme
barorécepteur fournit un excellent exemple de mécanisme de régulation. On trouve dans la
paroi de la plupart des grosses artères de la partie supérieure du corps, particulièrement dans
la bifurcation carotidienne et dans la crosse de l’aorte, de nombreux récepteurs nerveux qu’on
appelle les barorécepteurs qui sont stimulés par la distension de la paroi artérielle.
L’augmentation de la pression artérielle stimule ce barorécepteurs et des signaux nerveux sont
transmis à la moelle épinière. Ces influx inhibent le centre vasomoteur, qui à son tour diminue
les stimulations qu’il envoie vers le cœur et les vaisseaux sanguins par l’intermédiaire du
système nerveux sympathique. La diminution de ces stimulations induit une diminution de
l’activité cardiaque et une augmentation du débit sanguin dans les vaisseaux périphériques,
deux effets qui diminuent la pression artérielle et la ramène vers la valeur normale.

A l’inverse, une diminution de la pression artérielle relâche les barorécepteurs, ce qui entraîne
une augmentation de l’activité du centre vasomoteur et provoque une augmentation de la
pression artérielle qui se rapproche de la valeur normale.
22

1.4.2.1.4. Valeurs normales de quelques constituants importants des LEC

Le tableau 1.1 contient une liste de constituants les plus importants des LEC avec des valeurs
normales, l’écart normal des valeurs et des limites maximales qui peuvent être atteintes sans
risque pendant de courtes périodes de temps.

Tableau 1.1Quelques constituants importants et quelques caractéristiques physiques du LEC.


Valeurs normales moyennes. Intervalles des valeurs considérées comme normales. Et valeurs
extrêmes tolérables sans risque létal.

Valeur normale Intervalle de normalité Limites de survie Unités


Oxygène 90 80-105 10-1000 mmHg
Dioxyde de carbone 40 35-45 5-80 mmHg
Ion sodium 142 138-146 115-175 mmol/l
Ion potassium 4,5 3,8-5,0 1,5-9,0 mmol/l
Ion calcium 1,2 1,0-1,4 0,5-2,0 mmol/l
Ion chlore 108 103-112 70-130 mmol/l
Ion bicarbonate 28 24-32 8-45 mmol/l
Glucose 85 75-95 20-1500 mg/dl
Température corporelle 37 36,6-37,4 18,3-43,3 °C
Equilibre acido-basique 7,4 7,3-7,5 6,9-8,0 pH

On voit bien que l’étendue des valeurs normales pour chacune de ces variables est étroite. Les
valeurs qui se situent à l’extérieur de cet intervalle de variation sont en général la cause ou le
résultat d’une maladie.

Plus importantes encore sont les limites au-delà desquelles de valeurs anormales peuvent
entraîner la mort. Par exemple, une augmentation de la température corporelle de seulement 6
ou 7 degrés Celsius conduit à un cercle vicieux qui augmente le métabolisme cellulaire et
détruit les cellules. Il faut également noter l’étendue très étroite des variations du pH, témoin
de l’équilibre acido-basique. Le pH normal est de 7,4 et des écarts d’une demi-unité en plus
ou en moins conduisent à des valeurs létales. La concentration en potassium est également
très importante, car si cette valeur diminue à moins d’un tiers de la normale, le sujet risque la
paralysie car les fibres nerveuses sont alors incapables de propager les signaux nerveux.
Inversement, si la concentration en potassium dépasse deux fois la valeur normale, la
contractilité du muscle cardiaque risque de se trouver gravement diminuée. De même, quand
la concentration en calcium diminue de moitié, des signaux nerveux apparaissent
spontanément dans les nerfs périphériques et peuvent déclencher la contraction tétanique des
muscles du corps entier. Quand la concentration sanguine du glucose diminue à la moitié de la
23

valeur normale, il arrive souvent que le sujet devienne extrêmement irritable et, parfois même,
qu’il se mette à convulser.

Ces quelques exemples permettent d’apprécier l’importance des nombreux systèmes de


régulation qui maintiennent l’organisme dans les conditions de bon fonctionnement ou,
autrement dit, en bonne santé. La défaillance de l’une de ces régulations peut conduire à une
maladie grave ou à la mort.

1.4.2.2. Systèmes de contrôle

1.4.2.2.1. Eléments constitutifs d'un système de contrôle

Les exemples susmentionnés des mécanismes de contrôle homéostatique ne sont que


quelques-uns des milliers qui fonctionnent dans l’organisme. Toutefois, ils ont tous en
commun certaines caractéristiques. Ce sont ces caractéristiques qui sont discutées dans cette
section.

En effet, quel que soit le facteur contrôlé (appelé variable), tous les mécanismes de régulation
comportent au moins trois éléments indépendants : 1° un récepteur, 2° le centre de régulation
et 3° l’effecteur.
Le récepteur est essentiellement un capteur dont le rôle consiste à surveiller l’environnement
et à réagir aux changements, ou stimulus, en envoyant des informations (entrée) au second
élément, qui est le centre de régulation. Les informations vont du récepteur au centre de
régulation en suivant la voie afférente.
Le centre de régulation, qui fixe la valeur de référence (niveau ou fourchette) où la variable
doit être maintenue, analyse les données qu’il reçoit et détermine la réaction appropriée.
Le troisième élément est l’effecteur grâce auquel le centre de régulation produit une réponse
(sortie) au stimulus. Pour aller du centre de régulation à l’effecteur, l’information suit la voie
efférente. La réponse produit alors une rétroaction (rétrocontrôle) qui agit sur le stimulus. La
réponse produite par une boucle de régulation homéostatique agit toujours sur le stimulus qui
a été à l’origine de son déclenchement. Cette action– qui est au fait une rétroaction– peut
avoir comme effet : 1° de réduire le stimulus, on parle alors de rétroaction négative ou feed-
back négatif, de sorte que tout le mécanisme de régulation cesse son activité, ou 2° elle peut
le renforcer, on parle de rétroaction positive ou feed-back positif, de sorte que la réaction se
poursuit avec une intensité croissante.
24

1.4.2.2.2. Modalité de fonctionnement d'un système de contrôle

a) Rétroaction négative (rétrocontrôle négatif)

La majorité des mécanismes de régulation de l’homéostasie sont des mécanismes de rétro-


inhibition, c’est-à-dire des systèmes qui, par leur réponse, mettent fin au stimulus de départ ou
réduisent son intensité. La valeur de la variable change donc dans une direction opposée au
changement initial et revient à une valeur « idéale ».
Il a été dit qu’une augmentation de la concentration extracellulaire du CO2 entraîne une
augmentation de la ventilation, ce qui augmente l’élimination pulmonaire de ce gaz, et donc
fait diminuer sa concentration dans les LEC. Autrement dit, le stimulus (augmentation de la
concentration en CO2) entraîne une réponse (diminution de concentration) de sens opposé
(négative) au stimulus, ou encore une réponse qui tend à diminuer le stimulus. Inversement,
une diminution trop importante de la concentration en CO2 entraîne une diminution de la
ventilation et donc une augmentation de la concentration en CO2. Ici encore la réponse est de
sens opposé au stimulus.
Dans le système de régulation de la PA, une augmentation de cette pression entraîne une série
de réactions qui contribuent à diminuer la PA. L’inverse se produit en cas de diminution trop
importante de la PA. Dans les deux cas les réponses sont donc de sens opposé au stimulus
initial (« négatives »).
La régulation de la température corporelle par l’hypothalamus est une des nombreuses voies
par lesquelles le système nerveux assure la stabilité du milieu intérieur.
Le réflexe de retrait est un mécanisme de régulation nerveux qui assure un retrait rapide de la
main en présence d’un stimulus douloureux.
Le système endocrinien joue également un rôle important dans le maintien de l’homéostasie.
Ainsi la glycémie (taux de glucose dans le sang) est réglée par un mécanisme de rétro-
inhibition faisant intervenir les hormones pancréatiques. Pour poursuivre leurs activités
métaboliques normales, les cellules doivent disposer d’un apport continu de glucose, le
principal carburant qui leur permet de produire l’énergie cellulaire, ou ATP. Normalement, la
glycémie se maintient à environ 5 mmol/L de sang ou 100 mg%. Après un repas copieux
particulièrement riche en glucides, il y a une augmentation rapide de la glycémie, d’où une
rupture de l’équilibre de l’homéostasie. L’augmentation de la glycémie stimule les cellules
pancréatiques productrices d’insuline, qui libèrent alors cette dernière dans le sang. L’insuline
accélère l’absorption du glucose par la plupart des cellules et favorise son stockage sous
forme de glycogène dans le foie et les muscles. Le corps met ainsi en quelque sorte le glucose
25

en réserve. La glycémie revient donc à la valeur de référence normale et le stimulus ayant


déclenché la sécrétion d’insuline diminue également. Le glucagon, l’autre hormone
pancréatique, a un effet inverse. Il est libéré quand la glycémie tombe au-dessous de la valeur
de référence. Supposons qu’il est 18 h et que vous avez sauté votre repas de 17 h : votre
glycémie est basse, et les cellules pancréatiques productrices de glucagon sont stimulé et
sécrètent cette hormone. La cible du glucagon est le foie, qui libère alors dans le sang une
partie des réserves du glucose qu’il contient. La glycémie remonte donc jusqu’à ce que
l’équilibre homéostatique soit atteint.
Très souvent donc, un système de rétroaction négative agit pour ramener une variable aux
alentours d’une valeur moyenne et maintenir ainsi l’homéostasie. La capacité de l’organisme
de réguler son milieu interne revêt une importance capitale, et tous les mécanismes de rétro-
inhibition contribuent par leur action à éviter les changements soudains et importants au sein
de l’organisme. La concentration en CO2, la PA, la température corporelle et la glycémie ne
sont que des exemples des variations qui sont ajustées de cette façon, mais il en existe des
centaines. D’autres mécanismes de rétro-inhibition règlent le rythme cardiaque, la fréquence
et l’amplitude respiratoires ainsi que les concentrations d’oxygène et de minéraux dans le
sang. Plusieurs de ces mécanismes seront étudiés en physiologie spéciale.

b) Rétroaction positive (rétrocontrôle positif

Les mécanismes de rétro-activation amplifient ou font augmenter le stimulus de départ, ce qui


entraîne un accroissement de l’activité (sortie). On parle de « rétro-activation » parce que le
changement produit va dans la même direction que la fluctuation initiale, de sorte que la
variable s’éloigne de plus en plus de sa valeur ou de son intervalle de valeurs de départ.

La plupart des systèmes de régulation fonctionnent en rétroaction négative plutôt qu’en


rétroaction positive. Tout simplement parce que la régulation par rétroaction positive conduit
à l’instabilité et peut faire courir un risque mortel. Contrairement aux mécanismes de rétro-
inhibition, qui règlent une fonction physiologique ou maintiennent la concentration des
composants sanguins dans une fourchette très étroite, les mécanismes de rétro-activation
régissent habituellement des phénomènespeu fréquents qui ne nécessitent pas d’ajustements
continus. En général, ils déclenchent une série d’événements pouvant s’auto entretenir et
avoir un caractère explosif. C’est pourquoi on dit souvent qu’ils se déroulent « en cascade ».

Comme les mécanismes de rétro-activation risquent de devenir incontrôlables, ils n’assurent


habituellement pas le maintien de l’homéostasie de l’organisme. Considérons l’exemple de
26

l’efficacité de la pompe cardiaque : chez un humain normal au repos, cette pompe fait circuler
environ cinq litres de sang chaque minute : c’est le débit cardiaque. Si le sujet perd tout à
coup deux litres de sang, le volume sanguin est tellement diminué qu’il n’est plus suffisant
pour que la pompe cardiaque reste efficace. La PA diminue et le débit sanguin dans le
myocarde diminue aussi. Puisque le tissu cardiaque n’est plus alimenté suffisamment, la force
de contraction cardiaque diminue, ce qui diminue encore le pompage et par conséquent le
débit coronaire, d’où une diminution encore plus grande de l’activité du cœur ; ce cercle
vicieux se répète jusqu’à la mort. On observe que chaque cycle de rétroaction aboutit à un
plus grand affaiblissement cardiaque. Autrement dit, le stimulus initial entraîne une réponse
qui le majore, c’est une rétroaction positive.

Dans certains cas, peu fréquents, l’organisme utilise à son avantage les rétroactions positives.

La coagulation sanguine en est un bon exemple. Lorsqu’un vaisseau sanguin est rompu et
qu’un caillot commence à se former, de nombreuses enzymes qu’on appelle facteurs de
coagulation, sont activées dans le caillot lui-même. Certains de ces facteurs agissent sur
d’autres enzymes encore inactivées dans le sang autour du caillot, les activent, ce qui
augmente la coagulation. Le processus se poursuit jusqu’à ce que le trou dans la paroi
vasculaire soit obstrué et que le saignement cesse.

Au moment de la naissance aussi, la rétroaction positive intervient : quand les contractions


utérines sont assez puissantes pour que le mobile fœtal commence à appuyer sur le col de
l’utérus, la tension dans le col active des récepteurs de pression qui se trouvent à cet endroit.
Ces récepteurs envoient des influx nerveux rapides à l’hypothalamus, qui déclenche alors la
libération d’une hormone appelée ocytocine. L’ocytocine est transportée par le sang jusqu’à
l’utérus, où elle stimule les muscles de la paroi utérine qui se contractent de plus en plus
vigoureusement en poussant l’enfant plus loin dans le canal génital. Ce cycle provoque des
contractions de plus en plus fréquentes et de plus en plus vigoureuses jusqu’à ce que
l’accouchement soit terminé. A ce moment là, le stimulus ayant déclenché la libération
d’ocytocine (c’est-à-dire la pression) disparaît, ce qui met fin au mécanisme de rétro-
activation. Ainsi, les contractions utérines mettent le col en tension et la tension du col
augmente la force et la fréquence des contractions via l’ocytocine et cela jusqu’à l’expulsion
du mobile fœtal (accouchement).

Le rétrocontrôle positif joue également un rôle important dans la génération des signaux
nerveux (cycle de Hodgkin). En effet, quand la membrane d’une fibre nerveuse est stimulée, il
27

se produit une entrée de Na+ dans la fibre, à travers des canaux membranaires spécifiques
pour le Na+. Les ions Na+ qui ont pénétré dans la fibre modifient le potentiel de la membrane,
ce qui ouvre d’autres canaux membranaires et augmente la variation de potentiel, et ainsi de
suite. Un débit initial discret de Na+ conduit ainsi à une entrée explosive qui donne naissance
au potentiel d’action. Le potentiel d’action, à son tour, propage l’excitation le long de la fibre
nerveuse et le processus se poursuit jusqu’à ce que le signal nerveux parvienne à l’extrémité
de la fibre nerveuse.

En fait, le mécanisme de rétrocontrôle positif, dans le cas où il est utile, s’intègre dans un
rétrocontrôle négatif plus vaste. Par exemple, le rétrocontrôle positif de la coagulation
appartient au rétrocontrôle négatif de conservation du volume sanguin. Les rétrocontrôles
positifs qui génèrent les influx nerveux font participer les nerfs à des milliers de rétrocontrôles
négatifs.

c) Régulations adaptatives

Le système nerveux contient un amas de mécanismes de régulation interconnectés. Certains


sont des systèmes simples semblables à ceux que nous venons d’évoquer. Beaucoup ne sont
pas simples. Par exemple, certains mouvements se produisent dans un temps trop court pour
que les signaux nerveux de la périphérie du corps parviennent au cerveau et que les
informations de contrôle de mouvement fassent le chemin inverse. Le cerveau contrôle alors
les mouvements en utilisant le principe du contrôle anticipé. Les signaux nerveux sensoriels
informent le cerveau a posteriori sur l’adéquation ou non du mouvement effectué à l’objectif
prévu. Si le mouvement n’a été effectué correctement, le cerveau corrigera le contrôle anticipé
de la commande musculaire la prochaine fois qu’il faudra exécuter le mouvement. Et ainsi de
suite. C’est ce qu’on appelle une régulation adaptative. On peut la considérer comme un
rétrocontrôle négatif retardé.

1.5. RESUME — AUTOMATISME DE L’ORGANISME

Le but de ce chapitre a été de mettre en exergue, d’abord, l’organisation globale de


l’organisme humain et, ensuite la façon dont les différents constituants de l’organisme
fonctionnent en harmonie. Pour résumer, le corps humain est constitué d’environ 100 trillions
de cellules organisées en différentes structures fonctionnelles, dont certaines sont appelées
organes. Chaque structure fonctionnelle contribue à sa façon au maintien de l’homéostasie du
liquide extracellulaire, lequel est appelé le milieu intérieur. Aussi longtemps que les
28

conditions normales sont maintenues dans ce milieu intérieur, les cellules de l’organisme vont
continuer à vivre et à fonctionner normalement. Chaque cellule bénéficie de l’homéostasie, et
en retour, contribue au maintien de l’homéostasie. Cette interaction réciproque permet un
automatisme permanent de l’organisme jusqu’à ce qu’un ou plusieurs systèmes fonctionnels
perdent leurs capacités d’assurer leurs fonctions. Lorsque cette situation se produit
(déséquilibre homéostatique), toutes les cellules de l’organisme souffrent. Un déséquilibre
homéostatique extrême entraîne la mort ; un déséquilibre modéré entraîne la maladie.
29

CHAPITRE 2 COMPARTIMENTS LIQUIDIENS DE L’ORGANISME

OBJECTIFS

 Décrire les différents compartiments liquidiens de l'organisme, leurs volumes, leurs


compositions et leurs caractères physico-chimiques;
 Savoir définir et calculer les caractéristiques physico-chimiques des liquides
biologiques
 Connaître les méthodes de détermination des volumes liquidiens
 Connaître les mécanismes d’échanges entre les compartiments liquidiens

Le corps humain adulte est constitué d’environ 60% de liquide (eau) : l’eau, le contenant des
substances minérales, est donc le constituant moléculaire le plus abondant de l’organisme.
Une grande partie de cette eau –2/3, soit 40% du poids corporel– est intracellulaire : on parle
de liquide intracellulaire (LIC). Mais 1/3 environ de cette eau constitue les liquides
extracellulaires (LEC) qui sont donc situés à l’extérieur des cellules. Le volume, la
composition en solutés et les propriétés physico-chimiques de différents compartiments sont
normalement stables. Cette stabilité constitue l’équilibre hydro-électrolytique. Différents
mécanismes nerveux et, surtout, hormonaux concourent à cet équilibre en assurant
l’annulation des bilans journaliers de l’eau et des électrolytes, c’est-à-dire l’égalité des entrées
(ou gains ou absorptions) et des sorties (ou pertes ou excrétions). Cette stabilité et les
mécanismes qui la maintiennent constituent l’homéostasie. Elle est particulièrement
importante pour le secteur interstitiel qui est le milieu ambiant de la vie cellulaire qu’on
appelle « milieu intérieur » depuis Claude Bernard.Les déséquilibres hydro-électrolytiques
sont fréquents en pathologie humaine, et leur correction est une composante importante de la
réanimation médicale.
2.1. CARACTERES GENERAUX DES LIQUIDES BIOLOGIQUES

2.1.1. Composition

Les liquides de l’organisme sont de solutions aqueuses. L’eau est le solvant unique des
organismes vivants. Ce solvant possède deux propriétés particulières. L’eau a une structure
dipolaire qui détermine la dissolution des sels, la dissociation électrolytique et l’ionisation.
L’eau est amphotère : elle peut accepter (comme une base faible) ou céder (comme un acide
faible) des protons H+ en fonction de l’affinité pour les protons des solutés qu’elle contient.
Les solutés sont divers. Ce sont des molécules simples ou complexes, dissociées ou non. Les
30

électrolytes sont dissociés en ions par perte (cations) ou par gain (anions) d’électron(s).Un point
important est que les liquides biologiques ne sont pas vraiment des solutions idéales: la quantité de
solutés est importante par rapport au volume de solvant, la dissociation électrolytique n’y est pas
complète et toutes les particules n’ont pas un diamètre inférieur à 1nm.

2.1.2. Méthodes d’étude et de notation

2.1.2.1. Méthode des bilans externes

C’est la méthodede base de la réanimation médicale. Elle utilise la comparaison journalière


des entrées (apports oraux, apports parentéraux et formation métabolique) et des sorties
normales (urinaires, cutanées, digestives et respiratoires) et éventuellement anormales
(hémorragies, vomissements, diarrhée, brûlures étendues ...)d’eau et de différents électrolytes.
Les gains et les pertes sont mesurés directement quand cela est possible. Ils sont évalués
approximativement quand ils ne peuvent pas être mesurés (exemple : les pertes cutanées et
respiratoires sont évaluées en tenant compte de l’activité, de la température corporelle, de la
température externe et de l’hygrométrie).
Le bilan est dit nulquand les gains sont égaux aux perles, positif quand les gains sont
supérieurs aux pertes, et négatifs quand les gains sont inférieurs aux pertes. La nullité de bilan
conditionne l’équilibre hydro-électrolytique.
2.1.2.2. Méthodes de dilution de traceurs

Elles sont réservées aux études physiologiques et physiopathologiques.


a) Traceurs répartis dans des volumes liquidiens

Après l’injection intraveineuse d’une quantité connue Q d’un traceur coloré ou marqué, sa
concentration dans le plasma sanguin n’est jamais stable. On observe une augmentation
initiale jusqu’à un pic de concentration qui correspond à la dispersion du traceur dans le
compartiment sanguin. Puis, une seconde phase de décroissance irrégulière si le traceur
diffuse hors du compartiment plasmatique tout en commençant àdisparaître. Enfin, une
troisième phase plus ou moins tardive est la seule décelable quand la diffusion est achevée : la
décroissance de concentration n’est due qu’à la disparition du traceur par métabolisation et ou
excrétion et est fonction mono-exponentielle par rapport au temps. On peut ainsi déterminer la
concentration à l’origine (C0) et calculer le volume de dilution du traceur V = Q/C0.
b) Traceurs répartis dans des masses d’électrolytes

Après comptage de son activité, l’isotope radioactif d’un ion (24Na, 42


K par exemple) est
injecté par voie intraveineuse. Les urines sont recueillies pendant 24 heures. Un échantillon
31

sanguin est prélevé à la 24e heure (par décision arbitraire car il faudrait un temps beaucoup
plus longue pour que l’isotope injecté se mélange à la totalité de la masse ionique
correspondante de l’organisme). On calcule « la masse ou capital échangeable en 24 heures »
de l’ion
𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑖𝑛𝑗𝑒𝑐𝑡é𝑒 − 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑑𝑎𝑛𝑠𝑙𝑒𝑠𝑢𝑟𝑖𝑛𝑒𝑠
𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑠𝑎𝑛𝑔𝑢𝑖𝑛𝑒à 24 ℎ

2.1.2.3. Méthodes d’expression des caractères physico-chimiques

a) Concentration

La concentration exprime le rapport quantitatif entre un soluté et un solvant. La concentration


d’un soluté est de 1 mol/Lde solution (molarité) ou 1 mol/Kg de solvant (molalité) quand 1
Lde la solution ou 1 Kg de soluté contient une quantité de soluté égale à sa masse molaire ou
atomique. Cette notation s’applique aux molécules non dissociées ou électrolytes et aux ions.
Elle ne s’applique pas aux solutés de masse moléculaire inconnue et aux mélanges de
substances (protéines).
Dans les liquides biologiques, l’unité la plus utilisée est le millimole (mmol).

𝑚𝑔/𝐿
𝑚𝑚𝑜𝑙/𝐿 =
𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑜𝑢𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒

La molalité et la molarité d’un soluté sont deux expressions proches mais pas identiques.
L’expression correcte devrait être molalité car la molarité est trompeusement modifiée quand
le rapport entre volume total des solutés et le volume du solvant s’écarte de la normale
(exemple : fausse diminution de la concentration molaire du sodium dans le plasma sanguin
quand le volume des solutés est augmenté par une grande hyperlipidémie).
Les gradients de concentrationentre deux compartiments liquidiens déterminent des transferts
passifs de solutés par diffusion.
b) Charge électrique

La dissociation électrolytique donne naissance à des ions porteurs des charges électriques par
gain ou perte de un ou plusieurs électrons. Un équivalent correspondant à la masse d’un anion
(gain d’électrons) se combinant à 1 g d’hydrogène H+ ou à la masse d’un cation (perte
d’électrons) se combinant à 17 g de radical OH−.
La «concentration électrolytique » d’un ion dans une solution biologique s’exprime le plus
souvent par en milliéquivalent (mEq).
32

𝑚𝑔
⁄𝐿
𝑚𝐸𝑞/𝐿 = × 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒 = 𝑚𝑚𝑜𝑙/𝐿 × 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒
𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒

Cette notation peut être trompeuse en raison de la dissociation électrique incomplète et de la


liaison aux protéines de certains ions. Prenons l’exemple du calcium : bien que la
concentration de calcium dans le plasma sanguin ou calcémie totale soit de 100 mg/L ou
100/40 = 2,5mmol/L, le calcium ionisé n’est pas 5 mEq/L (2,5mmol/L X valence (=2)) mais
2,5mEq/L parce que 50 % environ sont liés aux protéines.
De plus, la valence des ions polyvalents change selon les conditions de pH et de température.
La valence moyenne qui permet de calculer que 4,5 g de protéines correspondent à 1 mEq
d’anions protéinates n’est valable qu’à la température et au pH normaux du plasma.
Les solutions biologiques sont électroneutres.
Les gradients électriquesentre deux compartiments déterminent des transferts passifs de
solutés ionisés jusqu’à l’équilibre.

c) Osmotique

1) Osmose

C’est le mouvement des molécules de solvant, à travers une membrane, du compartiment le


moins concentré vers le compartiment le plus concentré. Ainsi, la diffusion d’un solvant, par
exemple l’eau, à travers une membrane à perméabilité sélective, par exemple la membrane
plasmique, est appelé osmose. L’osmose a lieu quand la concentration d’eau n’est pas la
même de deux côtés d’une membrane. Si la concentration de soluté augmente, la
concentration d’eau diminue ; par conséquent, si la concentration de soluté n’est pas la même
des deux côtés de la membrane, il y a aussi une différence entre les concentrations d’eau. La
diminution de la concentration d’eau due à la présence du soluté dépend du nombre de
particules de soluté et non de leur nature parce que, théoriquement, chaque molécule ou ion de
soluté déplace une molécule d’eau.
La concentration totale de toutes les particules de soluté est appelée osmolarité de la solution.
Lorsque deux solutions d’osmolarités différentes et de même volume sont séparées par une
membrane qui est perméable à toutes les molécules du système, il se produit simultanément
une diffusion nette de soluté et de l’eau, chacune des substances se déplaçant suivant son
gradient de concentration. Au bout d’un certain temps, les concentrations d’eau et de soluté
sont les mêmes dans les deux compartiments et le système atteint un état d’équilibre.
33

Si on considère le même système, mais avec une membrane imperméable aux molécules de
soluté, on obtient un résultat tout à fait différent. L’eau diffuse alors rapidement du
compartiment 1 (le moins concentré en termes de solutés, mais le plus « concentré » en eau)
au compartiment 2 (le plus concentré en termes de solutés, mais le « concentré » en eau) et
son mouvement se poursuit jusqu’à ce que sa concentration (ainsi que celle du soluté) soit la
même des deux côtés de la membrane. Dans ce cas, l’équilibre résulte du seul mouvement de
l’eau, lequel produit un changement de volume remarquable dans les deux compartiments.

2) Pression osmotique

La pression osmotique π est donc la tendance quantifiable de deux solutions à se mélanger,


lorsque l’égalisation des concentrations peut s’obtenir uniquement par osmose.
La pression osmotique (Posm ou π) est reliée à la température et au volume par la même
𝑅𝑇
équation que celle des gaz parfaits : 𝑃 = 𝑛 où
𝑉

n = nombre des particules


R = constante des gaz parfaits
T = température absolue et
V = volume
Si T est constante, il est clair que P va dépendre de n/v, ce qui est la concentration ; nous
aurons alors P = RTC.
Aussi en présence d’un soluté non ionisable comme le glucose, Posm ou π est fonction du
nombre de molécules de glucose présentes. Si le soluté est ionisable et forme une solution
idéale, chaque ion est une particule osmotiquement active. Par exemple le NaClse dissocie
complètement en ions Na+ et Cl− et pourvoit deux particules osmotiquement actives, soit 2
Osm/mol ; par contre K2SO4 se dissocient en 2 K+ et SO42- pourvoyant ainsi 3 Osm/mol. Mais
les liquides corporels ne sont pas des solutions idéales et, bien que la dissociation des
électrolytes soit complète, le nombre des particules dissociées exercent une force entre les
ions. Ainsi c’est l’activité osmotique d’un électrolyte et non le nombre de ces équivalents qui
détermine ces effets osmotiques. C’est la raison pour laquelle, par exemple, 1 millimole par
litre de NaCl dans l’organisme engendre moins de 2 milliosmoles par litre de particules
osmotiquement actives.
La pression osmotique d’une solution équivautà la pression hydrostatique qui doit lui être
appliquée pour empêcher l’entrée du solvant hydrique à travers une membrane perméable à
l’eau et imperméable aux solutés. L’effet des solutés est de réduire le potentiel chimique du
34

solvant hydrique. La pression hydrostatique appliquée à la solution augmente l’activité


chimique de l’eau jusqu’à annuler l’effet des solutés. La pression osmotique est donc
proportionnelle au nombre de particule de solutés. Elle est surtout développée par les solutés
de faible masse moléculaire et les électrolytes dissociés parce qu’ils représentent un grand
nombre de particules.
Une osmole est la pression osmotique développée par une solution contenant une mole de
soluté par litre de la solution (osmolarité)ou par Kg de solvant (osmolalité)à 20° C. La
pression osmotique des liquides biologiques est le plus souvent exprimée en milliosmoles
(mOsm) par litre
𝑚𝑔/𝐿 × 𝑛𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠
𝑚𝑂𝑠𝑚/𝐿 =
𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑜𝑢𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒
La pression osmotique d’une solution peut être mesurée par cryoscopie et application de la loi
de Raoult puisqu’une mole de soluté dans un Kg d’eau abaisse le point de congélation de
1,86° C au- dessous de celui de l’eau pure. Dans le langage physiologique et médical, on fait
référence à la PO normale du plasma sanguin pour définir l’isotonie, l’hypotonie ou
l’hypertonie d’une solution.
Les gradients de pression osmotique entre deux compartiments liquidiens déterminent le
transfert des passifs d’eau par osmose.
Exempleconcernant l’expression de la concentration, du potentiel électrique etde la pression
osmotique.
Une solution supposée idéale contient 22,2 g de chlorure de calcium (CaCl2) dans un litre
d’eau. Masses atomiques et moléculaires : Cl- = 35,5, Ca2+ = 40, CaCl2 = 111
Concentration 22.200 mg / 111 = 200 mmol/L
Potentiel électrique (22.200 mg/111) X 4 = 800 mEq/L
Pression osmotique (22.200 mg/111) X 3 = 600 mOsm/L

d) Potentiel acide

Un litre d’eau pure à 25° C contient 1000 g : 18 = 55,5 moles d’eau. L’eau pure étant
faiblement dissociée, les concentrations d’ions H+ (ou hydronium H3O)et d’ions OH-(ou
hydroxyle) sont toutes deux égales à 1.10-7 mole. Par commodité, le potentiel acide d’une
solution est exprimé par le pH, c’est-à-dire le logarithme changé de signe de la concentration
molaire des ions H+. Soit pH = - log [H+]. L’eau pure est neutre et son pHest 7. Del’acidité
extrême à l’alcalinité extrême, le pH d’une solution est noté de 0 ([H+] = 1 mole/L) à 14 ([H+]
= 1.10-14 mole/L). Les liquides de l’organisme ne sont pas neutres. En particulier, les liquides
35

des extracellulaires sont maintenus dans un état de faible alcalinité qui constitue l’équilibre
acido-basique.

2.2. VOLUMES LIQUIDIENS DE L’ORGANISME

L’eau est répartie dans l’organisme de manière non homogène en compartiments ou secteurs
séparés les uns des autres :
1) le volume plasmatique contenu dans le réseau vasculaire ;
2) le volume interstitielcompris entre les parois capillaires et les membranes cellulaires
(ils forment à eux deux le secteur ou volume extracellulaire) ;
3) le volume intracellulaire contenu à l’intérieur des membranes plasmiques
Toutes les cellules du corps humain baignent constamment dans un liquide extracellulaire,
appelé liquide interstitiel, qui est dérivé du sang. On peut considérer le liquide extracellulaire
comme une sorte de mer intérieure ou milieu intérieur : c’est l’environnement interne de
l’organisme. Dans un organisme vivant, cet environnement interne ou milieu intérieur est le
même pour toutes les cellules, c’est une sorte de « soupe » riche et nourrissante. Il contient
des milliers d’ingrédients, dont l’oxygène, des acides aminés, des sucres, des acides gras, des
vitamines, des substances régulatrices comme des hormones et des neurotransmetteurs, des
sels et des déchets dont le gaz carbonique. C’est dans le milieu intérieur que les cellules
puisent l’oxygène et les nutriments et déversent leurs déchets métaboliques. La membrane
plasmique sépare donc deux compartiments aqueux : le compartiment intracellulaire ou
liquide intracellulaire (LIC) et le compartiment extracellulaire ou liquide extracellulaire
(LEC).
2.2.1. Eau totale

Le capital hydrique total peut être mesuré à l’aide des traceurs qui traversent les parois
capillaires et les membranes cellulaires (urée, antipyrine, eau tritiée, eau lourde). Dans la
pratique médicale, une méthode très simple très utile pour évaluer les modifications de
l’hydratation totale consiste à suivre les variations rapides de la courbe de poids.Chez un
adulte de morphologie standard, l’eau représente environ 60%du poids. En raison de la faible
teneur en eau des tissus adipeux, le contenu en eau exprimé en %de poids identiques est
inférieur à 60 % chez les femmes, les vieillards et les obèses, et supérieurà60 % chez les
sujets longilignes ou maigres.
36

2.2.2. Volume extracellulaire ou LEC

C’est l’addition du volume plasmatique et du volume interstitiel. Il est mesuré à l’aide de


traceurs traversant la paroi des capillaires mais non les membranes cellulaires (inuline,
mannitol, thiocyanate, 82brome). Le volume extracellulaire représente environ 20 % du poids
corporel.
LeLECcontient de larges quantités de sodium, de chlorures, d’ions bicarbonate, les
nutriments, l’oxygène et les déchets comme dioxyde de carbone ou les autres métabolites
éliminés par le rein. Le LEC paraît plus dilué que l’eau de mer actuelle ; mais sa composition
est très semblable à celle de la mer primitive dans laquelle on suppose que la vie est née.Le
LEC est divisé en deux secteurs : le liquide interstitiel ou tissulaire et le plasma sanguin
circulant. Ces deux secteurs sont séparés par la paroi capillaire.

2.2.3. Volume plasmatique ou Plasma

En pratique, c’est le volume le plus intéressant pour deux raisons : il peut être aisément
prélevé et étudié, et ses caractéristiques fournissent des informations indirectes sur l’état
d’autres volumes liquidiens.

2.2.3.1. Mesures et index

2.2.3.1.1. Mesure directe

Elle utilise des traceurs qui ne traversent pas la paroi des capillaires : soitdes macromolécules,
soit des colorants ou des molécules marquées (131iode) qui se fixent sur la sérumalbumine. Le
volume plasmatique représente normalement environ 4 % du poids corporel.

2.2.3.1.2. Mesure indirecte

Elle passe par celle du volume sanguin total (VST). C’est le volume de distribution
d’hématies marquées au monoxyde de carbone ou au 51
chrome. Le VST représente
normalement environ 7 % du poids corporel. Le volume plasmatique est ensuite calculé à
partir de l’hématocrite (Hct %).

𝑉𝑆𝑇 × (100 − 𝐻𝑐𝑡)


𝑉𝑃 =
100

L’hématocrite est le volume occupé par les cellules (hématies), exprimé en pourcentage du
volume sanguin. On le mesure après centrifugation d’un faible volume sanguin (environ 60
37

µL) dans un tube capillaire en verre anticoagulant. Un peu plus élevé chez l’homme que chez
la femme, il est normalement compris entre 40 et 45 %. Le plasma représente donc 55 à 60%
du volume sanguin.

2.2.3.1.3. Volémie efficace

En pratique journalière, on ne dispose pas des méthodes de mesure du volume plasmatique ou


du volume sanguin total. Ils sont évalués indirectement en appréciant l’état de ce qu’on
appelle conventionnellement la volémie efficace.
La volémie n’est pas un volume mesurable mais une fraction abstraite qui exprime
l’adéquation entre le remplissage et la capacité du réseau vasculaire. En pratique clinique,
deux moyens permettent d’apprécier l’état de la volémie.
Le premier est la mesure des pressions intravasculaires : pression sanguine artérielle (PA)
et pression veineuse centrale (PVC). La PVC est un index sensible des modifications de la
volémie. On la mesure en introduisant un cathéter de fort calibre contenant du sérum hépariné
dans une veine périphérique. Son extrémité est poussée jusque dans une veine cave ou
l’oreillette droite. L’extrémité externe du cathéter est reliée à un tube vertical dont la base est
placée au niveau du cœur. La hauteur de la colonne de liquide dans ce tube vertical indique la
PVC : normalement 2 à 8 cm H2O, avec de faibles oscillations dues aux mouvements
respiratoires (diminution à l’inspiration).
Le second moyen est de mesurer l’hématocrite et la protidémie qui s’élèvent quand le VP
diminue et s’abaissent quand il augmente (naturellement, l’hématocrite diminue si
l’hypovolémie est dueàune perte de sang total et non de plasma).

2.2.3.2. Composition

Le plasma sanguin est le surnageant obtenu par centrifugation de sang anti-coagulé (alors que
le sérum est le surnageant dépourvu de fibrinogène obtenu après coagulation spontanée).
C’est un liquide jaune clair, environ 2,2 fois plus visqueux que l’eau et limpide à jeun. Il est
constitué d’eau (92%), de protéines (70 à 72 g/L), de substances organiques non protéiques
(azotées, glucidiques et lipidiques) et de constituants minéraux.
La composition minérale est exprimée en charges anioniques et cationiques dont l’ensemble
constitue l’ionogramme plasmatique. Le langage courant utilise le préfixe normo, hypoet
hyper pour qualifier les concentrations ioniques (exemples : normokaliémie, hyponatrérnie,
hyperchlorémie…).
38

Plusieurs conclusions importantes peuvent être tirées de l’ionogramme plasmatique. Le


plasma sanguin est électroneutre : il contient autant d’anions que de cations. Le plasma est
avant tout une solution de chlorures et de bicarbonates de sodium.
 Chlorures et bicarbonates représentant des anions d’accompagnement, on considère en
pratique que la quantitéde sodium détermine le volume du plasma et globalement des
liquides extracellulaires. En d’autres termes, le gain ou la perte isotonique de 140 mmol de
sodium détermine une augmentation ou une diminution de 1 litre du volume des liquides
extracellulaires.

Les laboratoires ne dosent couramment que la natrémie, la kaliémie, la calcémie (soit presque
tous les cations), la chlorémie, la bicarbonatémie et les protéines (en g/L) ; il existe donc des
anions indosés ; en pratique courante, ils sont évalués par la formule :
Anions indosés= [Na+]─ ([Cl─]+ [HCO3─]),
Différence normalement inférieure à 12 ± 3 mEq/L. Lorsque la différence excède cette valeur,
on dit qu’il existe un trou anionique (exemples : acidocétose diabétique, acidose lactique …).

2.2.3.3. Pression osmotique

2.2.3.3.1. Valeur calculée

Mesuré par cryoscopie, le point de congélation du plasma normal est inférieur de 0,54° C à
celui de l’eau pure. Le point de congélation d’une solution dont la pression osmotique est de
1Osm/Kg étant inférieur de 1,86° C, selon la loi de Raoult, la pression osmotique totale du
plasma est 0,54/1,86 = 0,290 Osm/Kg ou 290 mOsm/Kg.
En pratique médicale, une valeur de la pression osmotique totale peut être obtenue par la
formule :
Pression osmotique totale = 2 natrémies +azotémie + glycémie en mmol/L
= 2 x 140 mmol/L + 5 mmol/L + 5,5 mmol/L
= 280 + 10,5
= 290,5 mOsm/Kg
= 290 m0sm/Kg

2.2.3.3.2. Tonicité et ses déterminants

En cas de déséquilibre osmotique, il se produit un gonflement ou un affaissement des cellules


animales (à la suite d’un gain ou de la perte d’eau) jusqu’à ce que la concentration de soluté
soit la même des deux côtés de la membrane cellulaire (état d’équilibre) ou que la membrane
39

soit étirée au point de se rompre. La tonicité est la capacité d’une solution de modifier le tonus
ou la forme des cellules en agissant sur leur volume d’eau interne. Les solutions dans
lesquelles la concentration de soluté non diffusible est égale à celle que l’on trouve dans les
cellules sont dites isotoniques. Par exemple, une solution isotonique à la cellule aurait une
concentration de 0.3 mOsm/ml de NaCl. Les cellules placées dans ces solutions gardent leur
forme normale, et on observe dans leur cas aucune perte ni aucun gain d’eau. Les liquides
extracellulaires (ex. le plasma) et la plupart des solutions intraveineuses sont isotoniques. Les
solutions hypertoniques présentent une concentration plus élevée de soluté non diffusible que
les cellules vivantes. Les cellules placées dans des solutions hypertoniques perdent de l’eau
par osmose, ce qui cause une diminution de leur volume. Les solutions hypotoniques, sont
plus diluées (contiennent moins de soluté non diffusible) que l’intérieur des cellules. Les
cellules placées dans une solution hypotonique se gonflent rapidement d’eau.
Le terme tonicité est utilisé pour décrire la pression osmotique effective du plasma. Il existe
une différence entre l’osmolarité et la tonicité. Le facteur déterminant de la tonicité est la
présence de solutés non diffusibles, alors que l’osmolarité ou concentration osmolale dépend
de l’ensemble des solutés. La concentration osmolale du plasma est de 290 mOsm/L ; c’est
l’équivalent d’une pression osmotique de 7.3 atmosphère. On pourrait s’attendre à une
osmolarité plus élevée du fait que la somme de tous les équivalents cations et anions dans le
plasma est supérieure à 300. Mais la valeur n’est pas aussi élevée parce que le plasma n’est
pas une solution idéale, et les interactions ioniques réduisent le nombre de particules
dissociées pour exercer un effet osmotique. A l’exception de brefs moments suivant un
changement soudain de composition, tous les compartiments liquidiens de l’organisme sont
apparemment en équilibre osmotique ou presque.
Il est important de noter la contribution relative des divers constituants du plasma dans
l’osmolarité de ce fluide.
Le glucose, par exemple, est normalement présent dans le plasma à un taux qui tourne autour
de 80 mg/100 ml de plasma. Mais c’est une molécule qui n’est pas dissociée et dont le poids
moléculaire est de 180. Par conséquent, la concentration osmolale du glucose dans le plasma
normal est seulement de 80/180 x 10 = 4.4 mOsm/L.
Les protéines plasmatiques ont un poids moléculaire élevé mais sont présentes en si grande
quantité qu’elles n’interviennent que très peu dans l’osmolalité plasmatique. La contribution
osmolale des dérivés protéiques (autres que les électrolytes) est presque 0.36 x 30 mg / 100 =
10.8 mOsm/L.
40

De l’autre côté, le Na+ et le Cl- intervient pour environ 250 mOsm/L dans l’osmolalité
plasmatique. Etant donné que le Na+ est le principal cation du plasma, il existe une corrélation
satisfaisante entre la pression osmotique plasmatique et la concentration de Na+ dans le
plasma.
La pression osmotique efficacene tient pas compte ni du glucose ni de l’urée qui sont des
solutés très diffusibles dont les variations ne sont pas à l’origine des gradients osmotiques
entre les compartiments.
La pression osmotique efficace du plasma est d’environ 2 natrémies soit environ 280
mOsm/Kg

 La simple valeur de la natrémie renseigne sur l’état osmotique du plasma. La


concentration du sodium détermine la pression osmotique du patient et, globalement, des
liquides extracellulaires.

2.3. ECHANGES ENTRE COMPARTIMENTS LIQUIDIENS DE L’ORGANISME

Les compartiments liquidiens ne sont pas des volumes statiques. Ils échangent en permanence
entre eux et avec le milieu extérieur ; l’équilibre hydro-électrolytique est dynamique. Ces
compartiments, constamment renouvelés, ne sont pas juxtaposés mais disposés de façon
concentrique : à la périphérie du dispositif, se trouve le volume plasmatique qui circule
rapidement et qui est en contact avec le milieu extérieur à travers quatre zones d’échange
d’eau et des électrolytes : la surface cutanée, le tube digestif, les voies respiratoires et le rein ;
au centre du dispositif, se trouve le compartiment intracellulaire ; entre les deux est interposé
le liquide interstitiel ou milieu intérieur.

2.3.1. Echanges entre univers ambiant et plasma

Par les quatre organes d’échange cités ci-haut, l’individu prélève et rejette de façon
intermittente de l’eau et des électrolytes dans le milieu extérieur. Pour l’eau, le sodium, le
potassium, le calcium, le phosphore ou tout autre électrolyte,le bilan deces échanges est
normalement nul (ou les différentes balances sont en équilibre).

Exemples de bilan de l’eau, du sodium et du potassium

Le sujet a une activité sédentaire en climat tempéré et ingère une alimentation mixte.

 Bilan hydrique annulé à 2,4 L/24h :


- gains :eau des aliments 0,9 L, boissons 1,1 L, eau endogène 0,4 L ;
41

- pertes :perspiration insensible 0,4 L, transpiration 0,4 L, air expiré 0,3 L, selles 0,1 L,
urines 1,2 L.
 Bilan sodé annulé à 150 mmol/24h :
- gains :sodium des aliments 82 mmol, sel condiment 68 mmol (1 g NaCl = 17 mmol Na)
- pertes :sudation et selles 15 mmol, urines 135 mmol
 Bilan potassique annulé à 100 mmol/24h :
- gains :potassium des aliments 100 mmol
- pertes :sudations et selles 10 mmol, urines 90 mmol
Deux points majeurs sont à souligner :
 1° II n’existe pas un bilan normal mais une infinité de bilans normaux de l’eau et des
électrolytes selon les individus et les circonstances.
Un sujet ayant une activité physique importante en climat chaud perd plusieurs litres
d’eau par voie cutanée, compense par la prise de boissons et annule normalement son bilan
hydrique bien au-delà de 10 L/24 h ;un sujet abusant de sel peut en consommer 25g/24h, soit
425 mmo1, et annuler son bilan journalier par une augmentation proportionnée de la perte
urinaire.
 2° Sans minimiser les mécanismes de la soif qui règle les prises de boissons et de
l’appétence pour le sel, l’organe principal de ces adaptations et de l’annulation des
bilans est le rein.
Les pertes urinaires sont réglées en permanence pour maintenir l’équilibre des
balances hydriques et électrolytiques. Cette fonction homéostatique est la fonction la plus
importantedes reins.

2.3.2. Echanges entre plasma et liquide interstitiel

Ils empruntent deux voies : à travers la paroi capillaire et par le drainage lymphatique.

2.3.2.1. Echanges trans capillaires

Les capillaires de la grande circulation représentent une structure semi-perméable de très


grande surface, variant entre 300 à 1000 m2 environ selon l’état physiologique, étendue entre
le plasma et l’interstitium. Les échanges à travers la paroi capillaire se déroulent selon deux
modalités : par diffusion et par filtration-réabsorption.
42

2.3.2.1.1. Echanges par diffusion

Ils sont permanents, massifs (environ 600L/min), bidirectionnels et égaux. L’échange


hydrique entraîne les gaz respiratoires et les petites molécules.

2.3.2.1.2. Equilibre de Gibbs-Donnan

En présence d’un ou plusieurs ions non diffusibles d’un côté d’une barrière semi-perméable,
la distribution des ions diffusibles à l’équilibre, sera asymétrique d’une manière prévisible.
C’est l’équilibre de Donnan ou effet Donnan.
Considérons par exemple deux compartiments X et Y, séparés par une barrière semi-
perméable m, les deux compartiments sont des solutions de Na+ Cl- mais seul X contient de
plus un sel Na+ Prot- dans lequel Prot- est un anion non diffusible incapable de traverser la
membrane m. Les ions diffusibles (Na+ et Cl-) passe à travers la membrane jusqu’à ce que
l’équilibre soit atteint. A ce moment, il y aura à la fois la neutralité électrique dans chacun des
compartiments et égalité des produits des ions diffusibles de chaque côté (Equilibre de Gibbs-
Donnan). Nous pouvons exprimer cela de la manière suivante :
[Na+]X = [Cl-]X+ [Prot-]X et [Na+]Y = [Cl-]Y

[Na+]X . [Cl-]X = [Na+]Y. [Cl-]Y


Figure 2.2. Equilibre de Gibbs-Donnan
m
X Y

Na+ Na+

Cl- Cl-

Prot-

Donc, à l’équilibre, la concentration de cations Na+ du côté de la membrane qui contient


l’anion non diffusible Prot – est plus grand que la concentration en cations de l’autre côté ;
inversement l’anion diffusible Cl- sera à une concentration plus grande du côté qui ne contient
pas l’anion non diffusible. Ces faits sont connus sous le nom d’équilibre de Gibbs-Donnan.
L’équilibre de Gibbs-Donnan sur la diffusion des ions diffusibles est important pour
l’organisme à cause de la présence dans la cellule et dans le plasma de grandes quantités
d’anions protéiques non diffusibles qu’on ne retrouve pas dans le liquide interstitiel. C’est cet
43

équilibre qui explique la différence en concentrations de Na+, de K+ et de Cl- entre le plasma


et le liquide interstitiel.
2.3.2.1.3. Echanges par filtration-réabsorption

Ce sont les échanges principaux parce qu’ils peuvent varier et modifier les deux volumes
concernés. Ils sont régis par la relation inégale entre les pressions hydrostatiques capillaires et
interstitielles (Pc et Pi) et les pressions oncotiques capillaires et interstitielles (πc et πi) selon
l’équation

𝐽𝑉 = 𝐾𝑓(∆𝑃 − ∆𝜋)

= 𝐾𝑓 [(𝑃𝑐 − 𝑃𝑖 ) − (𝜋𝑐 − 𝜋𝑖 )]
Où JV est le flux transcapillaire par unité de temps et Kf le coefficient d’ultrafiltration de la
paroi capillaire. La direction du flux c’est-a-dire la signe de JV change le long des capillaires
systémiques en raison de la diminution progressive de Pc due la résistance à l’écoulement du
sang. Aupôle artériel des capillaires, la résultante de ces forces est une pression de filtration
(Pf) d’environ 9 mm Hg et au pôle veineux une pression de réabsorption (Pr) d’environ 6
mmHg.
Le résultat est la sortie des capillaires d’environ 15 ml/min d’eau et de substances
dissoutes plasmatiques, suivi de la réabsorption d’environ 13,5 ml/min de volume filtré (pour
l’ensemble des capillaires systémiques chez un sujet au repos). Le volume non réabsorbé de
1,5ml/min est repris par les innombrables vaisseauxlymphatiques en doigts de gants qui
prennent naissance dans l’interstitium.
Les anomalies des pressions hydrostatiques et oncotiques capillaires peuvent
mécaniquement altérer ces transferts en diminuant ou en augmentant le flux. Par exemple, une
chute de la pression sanguine artérielle et de Pc, réduit la filtration et induit une anoxie
tissulaire, une diminution de la protidémie et de πc ou une augmentation de la pression
veineuse au pôle veinulaire par insuffisance cardiaque droite induit une diminution de la
réabsorption, une inflation interstitielle et des œdèmes.
2.3.2.2. Drainage lymphatique
Les vaisseaux lymphatiques,nés dans l’interstitium, se regroupent en canaux de plus-en-
plus gros qui forment le canal thoracique et la grande veine lymphatique. Ces derniers se
jettent dans la circulation générale au niveau des veines sous-clavières. Le drainage ramène
lentement 2 à4 L de lymphe canalisée par 24 heures des espaces interstitiels vers la circulation
systémique. La lymphe a la même composition que le liquide interstitiel mais contient 20 à
30g/L de protéine en moyenne.
44

2.3.3. Echange entre liquide interstitiel et liquide intracellulaire


C’est le transport transmembranaire.Signalons que trois typesd’échanges ont lieu à
travers les membranes cellulaires : transferts passifs par diffusion, transferts actifs et transferts
passifs de l’eau par osmose. Ce sujet va faire l’objet d’un exposé plus détaillé dans les
prochains chapitres.

2.4. CAS PARTICULIERS

2.4.1. Nourrisson

L’eau totale représente environ 80%du poids corporel d’un nouveau-né. La différence avec
l’adulte est due à l’importance des liquides extracellulaires (en fait, le liquide interstitiel) qui
représentent environ 40%du poids. De plus, le renouvellement et le besoin d’eau du
nourrisson sont proportionnellement beaucoup plus intenses. Par exemple, chez un adulte de
plus de 70 Kg, le liquide extracellulaire représentent 14 L ; un échange de 2L/24h avec le
milieu correspond à un renouvellement journalier de 1/7e. Chez un nourrisson de 3,75 Kg, les
liquides extracellulaires représentent 1,5 L ; l’échange avec le milieu est d’environ 0,5 L/ 24 h
qui correspond à un renouvellement journalier de 1/3. Le besoin hydrique et le risque du
déséquilibre du bilan sont donc beaucoup plus grands. D’autant plus que le nourrisson est
totalement dépendant de son environnement, que sa surface cutanée, sonimmaturité rénale et
sa forte activité métabolique tendent à majorer les pertes.

2.4.2. Femmes enceintes


La grossesse est un état physiologique d’hypervolémie et d’hyperhydratation globale. La prise
de poids globale est de 12Kg±10 % à terme. Elle inclut une rétention d’environ 8L d’eau et de
1000 mmol de sodium repartis entre la mère, le fœtus et les annexes. L’inflation volumique
concerne principalement le secteur interstitiel, à un moindre degré, les secteurs plasmatique et
cellulaire. Cette inflation liquidienne extracellulaire s’accompagne d’une dilution :
l’osmolalité plasmatique est normalement abaissée de 8 à 10 mOsm/Kg.
La grossesse est caractérisée par un déplacement provisoire mais total de la normalité
physiologique.

CONCLUSION

De la répartition et des modes d’échange de l’eau et des électrolytes résultent une


contrainte et un avantage biologiques.
45

La contrainteest celle de la régulation homéostatique permanente et précise du volume et


des qualités physico-chimiques du liquide interstitiel qui est le milieu intérieur. Cette stabilité
est une condition impérative du fonctionnement des cellules et donc, de la vie.
L ‘avantageest une relative indépendance ou liberté biologique. Indépendance, parce que
les cellules vivent dans un milieu liquide constant et sont soustraits aux variations du milieu
ambiant subies par l’individu selon les moments et selon les lieux. Liberté, parce que la
satisfaction des besoins d’absorption et d’excrétion hydro-électrolytiques est intermittente et
brève. Cette discontinuité représente un avantage adaptatif considérable pour l’exercice des
facultés cognitives et opératives.

Résumé
 L’eau et les substances minérales sont reparties dans l’organisme de façon non
homogène en volumes (ou compartiments ou secteurs) : volume intracellulaire et
volume extracellulaire qui comprend le volume plasmatique et le volume interstitiel,
véritable milieu intérieur de la vie cellulaire.
 L’équilibre hydro-électrolytique implique la nullité des bilans externes de l’eau et des
substances minérales, c’est-à-dire l’égalité des gains et des pertes. Le rein tient un
rôle prédominant dans l’annulation des bilans.
 La quantité de sodium détermine 1’état des volumes extracellulaires.
 La concentration extracellulaire du sodium détermine la pression osmotique
extracellulaire efficace et l’état du volume cellulaire.
46

CHAPITRE 3 STRUCTURES ET FONCTIONS CELLULAIRES

Chacune de 1014 (100 trillions) de cellules d’un être humain est une structure vivante qui peut
survivre pendant des mois voire plusieurs années à condition que le liquide dans lequel elle
baigne contienne des nutriments appropriés. Pour comprendre le fonctionnement des organes
et des autres structures de l’organisme, il est essentiel de connaître d’abord l’organisation
fondamentale de la cellule et les fonctions de chacun de ses constituants. Le présent chapitre
porte sur les structures et les fonctions communes à toutes les cellules animales. On pourrait
l’intituler « physiologie cellulaire ». Les présentes notes de cours n’ont pas la prétention de
traiter de la biologie développementale et, encore moins, de la biologie cellulaire. Toutefois,
une connaissance de base de la biologie cellulaire est essentielle à la compréhension du
fonctionnement des différents systèmes de l’organisme.

Objectifs

 Décrire les différentes régions de la cellule et leurs constituants chimiques


 Décrire les structures subcellulaires des différentes régions de la cellule
 Décrire les fonctions de chaque structure cellulaire
Plan du chapitre

1. Organisation de la cellule
2. Structure physique de la cellule
3. Cellule eucaryote et autres formes de vie pré-cellulaires
4. Systèmes fonctionnels de la cellule
5. Locomotion cellulaire
47

3.1. ORGANISATION DE LA CELLULE

Les cellules des différents organes sont hautement spécialisées et aucune ne peut être
considérée comme représentative de l’ensemble des cellules de l’organisme. Toutefois, un
certain nombre de structures (organelles ou organites) sont présentes dans la plupart d’entre
elles.
Une cellule humaine type, telle qu’observée en microscopie optique présente à décrire deux
régions principales : le noyau et le cytoplasme. Le noyau est séparé du cytoplasme par la
membrane nucléaire (ou, plus exactement, paroi nucléaire), tandis que le cytoplasme est
séparé du liquide péri-cellulaire environnant par la membrane cellulaire, appelée aussi
membrane plasmique.
Le cytoplasme contient un certain nombre de structures subcellulaires qu’on appelle organites
ou organelles. Ces derniers baignent dans une substance amorphe appelée protoplasme ou
cytosol.

3.1.1. Composition chimique du cytosol

Le cytosol est composé principalement de cinq matières: l’eau, les électrolytes, les protéines,
les lipides et les glucides.

Eau

L’eau est le principal fluide du milieu cellulaire (LIC) ; elle représente dans la plupart des
cellules, à l’exception des cellules adipeuses, 70 à 85% de la masse cellulaire totale. De
nombreuses substances chimiques sont dissoutes dans l’eau, tandis que d’autres sont à l’état
de suspension, sous forme de particules ou de vésicules entourés d’une membrane. Les
réactions chimiques se font entre les substances dissoutes ou à la surface des particules ou des
vésicules en suspension dans l’eau.

Électrolytes

Les électrolytes les plus importants de la cellule sont le potassium, le magnésium (Mg++), le
phosphate (H2PO2-), le sulfate (SO4--), le bicarbonate (HCO3-) et de petites quantités de
sodium (Na+), de chlorures (Cl-) et de calcium (Ca++). La composition électrolytique de la
cellule et des fluides environnants (LEC) fait l’objet d’une discussion plus détaillée dans les
chapitres ultérieurs qui traitent des interactions entre LIC et LEC. Les électrolytes fournissent
des substances chimiques inorganiques pour les réactions cellulaires. Ils sont également
nécessaires pour le déroulement de certains mécanismes cellulaires de contrôle. Par exemple,
48

l’action des ions au niveau de la membrane cellulaire membrane est indispensable à la


transmission des influx électrochimiques dans les fibres nerveuses et musculaires.

Protéines

Avec 10 à 20 pour cent de la masse cellulaire totale, les protéines constituent, après l’eau, la
substance la plus abondante de la plupart des cellules. D’un point de vue fonctionnel, il existe
deux catégories de protéines : les protéines de structure et les protéines fonctionnelles, parmi
lesquelles les enzymes ; les protéines fonctionnelles sont aussi appelées protéines globulaires.
Les protéines de structure sont présentes dans la cellule principalement sous forme de longs
filaments qui sont eux-mêmes des polymères de plusieurs molécules protéiques individuelles.
Un usage majeur de ces filaments intracellulaires consiste en la formation de microtubules qui
vont former le “cytosquelette” des certaines organelles et structures cellulaires comme les cils,
les axones des nerfs, le fuseau mitotique des cellules en division. Une autre utilité des
filaments est la masse enchevêtrée de filaments minces qui maintient le cytoplasme et le
nucléoplasme ensemble, tout en les confinant chacun dans son compartiments. Dans le milieu
extracellulaire, on trouve des protéines fibreuses, spécialement dans les fibres collagènes et
élastines du tissu conjonctif et dans la paroi des vaisseaux sanguins, dans les tendons, les
ligaments, et ainsi de suite. Outre le collagène, qui est la protéine la plus abondante de
l’organisme, et l’élastine, les protéines structurales, aussi appelées fibreuses, comprennent
aussi la kératine, la titine et les protéines contractiles des muscles.
Les protéines fonctionnelles sont un type totalement différent de protéines, habituellement
composées de combinaisons de peu de molécules d’une structure tubulo-globulaire. Ces
protéines sont principalement des enzymes cellulaires et, contrairement aux protéines
fibreuses ou de structure, elles sont mobiles dans le cytosol. Ainsi, plusieurs de ces protéines
fonctionnelles sont adhérentes aux structures membranaires à l’intérieur de la cellule. Les
enzymes sont en contact direct avec d’autres substances dans le cytosol et ainsi catalysent des
réactions chimiques intracellulaires spécifiques. Par exemple, les réactions chimiques qui
lysent le glucose en ses composants, pour ensuite les combiner à l’oxygène pour former le
dioxyde de carbone et l’eau et simultanément dégager de l’énergie pour la fonction cellulaire,
sont toutes catalysées par une série de protéines enzymes.

Lipides

Les lipides comprennent composés qui sont regroupés ensemble à cause de leur propriété
commune qui est d’être insolubles dans l’eau mais très solubles dans les autres lipides et dans
49

les solvants organiques comme l’alcool, le chloroforme et l’éther. Les lipides comprennent
les graisses neutres ou triglycérides, les phospholipides, les stéroïdes et un certain nombre
d’autres substances lipidiques. Dans la majorité des cellules animales, les lipides les plus
abondants sont les phospholipides et le cholestérol, qui forment environ 2 pour cent de la
masse cellulaire totale. Ces lipides (phospholipides et cholestérol) jouent un rôle
particulièrement important : ils servent de support aux membranes cellulaires tout en leur
conférant une structure de barrière efficace capable de séparer les différents compartiments
aqueux à l’intérieur de la cellule ainsi que la séparation du milieu intracellulaire avec le milieu
extracellulaire.
En plus des phospholipides et du cholestérol, certaines cellules contiennent de nombreux
triglycérides, encore appelés graisses neutres. Dans les cellules adipeuses, les triglycérides
peuvent occuper jusqu’à 95 pour cent de la masse cellulaire totale. La graisse stockée dans ces
cellules représente la principale réserve énergétique du corps pouvant être mise à contribution
en cas de besoin. En effet, l’énergie stockée sous forme de graisse dans les cellules adipeuses
pourra toujours être extraite chaque fois que l’organisme en aura besoin.

Hydrates de carbone

D’une manière générale, et si l’on excepte les constituants glucidiques des glycoprotéines, les
hydrates de carbone ne jouent qu’un rôle mineur en tant que support physique à la structure
cellulaire. Ils jouent, par contre, un rôle majeur dans la nutrition cellulaire. Dans la plupart des
cellules humaines, le stock de réserve d’hydrates de carbone est peu abondant, habituellement
de l’ordre de 1 pour cent de la masse cellulaire totale. Mais dans certains types de cellule, les
hydrates de carbone peuvent représenter jusqu’à 3 pour cent de la masse cellulaire comme
dans les cellules musculaire et, voire 6 pour cent, à certaines occasions dans les cellules
hépatiques. Toutefois, un hydrate de carbone, le glucose dissous est toujours présent dans le
liquide extracellulaire péri cellulaire où il est à tout moment à la disposition de la cellule. En
outré, de petites quantités d’hydrates de carbone sont toujours virtuellement stockées dans les
cellules sous forme de glycogène. Le glycogène est un polymère insoluble du glucose qui peut
ester dépolymérisé et utilisé rapidement pour combler le besoin énergétique de la cellule.

3.1.2. Structures cellulaires

La cellule n’est pas simplement un milieu liquide contenant des enzymes et des substances
chimiques et limité par la membrane plasmique. Elle est également faite de structures
physiques complexes, hautement organisées, appelées organelles (ou organites)
50

intracellulaires pour la plupart d’entre elles. Chacune de ces structures a un rôle aussi
important que celui des constituants chimiques participant à la fonction cellulaire. Par
exemple, sans l’une de ses organelles, les mitochondries,plus de 95 pour cent de l’énergie
cellulaire libérée à partir des nutriments pourrait cesser immédiatement. Les particules et
organelles cytoplasmiques sont de taille variable. Le fluide dans lequel baignent toutes ces
particules est appelé cytosol. Les organelles les plus importantes et les autres structures de la
cellule sont illustrées dans la Figure 2–2. 1. Les structures cellulaires comprennent les
structures membranaires de la cellule (membrane cellulaire et membranes des organelles), le
cytoplasme et ses organelles, et le noyau.

Figure 2–2. Ultrastructure de la cellule.

3.2. STRUCTURES CELLULAIRES

Elles comprennent la membrane cellulaire et les membranes des organelles.


La plupart d’organelles intracellulaires sont entourées de membranes composées
principalement de lipides et protéines. Ces membranes comprennent la membrane cellulaire,
la membrane nucléaire, la membrane du réticulum endoplasmique, et les membranes des
mitochondries, des lysosomes, et de l’appareil de Golgi.
Les lipides membranaires forment une barrière qui empêche le mouvement de l’eau et des
substances hydrosolubles d’un compartiment cellulaire à un autre parce que l’eau n’est pas
soluble dans les lipides. Cependant, il y a des molécules protéiques insérées dans la
membrane (protéines membranaires) et certaines de ces protéines la traversent de part en part
fournissant ainsi des voies de passage spécifiques qui souvent sont organisées en pores. Les
pores livrent passage à des substances spécifiques à travers la membrane. En outre, plusieurs
autres protéines membranaires sont des enzymes qui catalysent une multitude de réactions
chimiques différentes, qui seront discutées ici et dans les prochains chapitres.

3.2.1. Membrane cellulaire

La membrane cellulaire (également appelée membrane plasmique), qui entoure la cellule est
une structure fine, souple, flexible, dont l’épaisseur est de 7.5 à 10 nanomètres seulement. Elle
est composée presqu’entièrement de protéines et de lipides.
La composition chimique approximative de la membrane plasmique est celle-ci : protéines
(55 pour cent); phospholipides (25 pour cent); cholestérol (13 pour cent); les autres lipides (4
pour cent); et les hydrates de carbone (3 pour cent).
51

En microscopie électronique, elle apparaît comme une structure tri-laminée comprenant deux
couches électro-denses d’environ vingt angströms d’épaisseur chacune, séparées par une
couche électro-translucide de 35à 40 angströms d’épaisseur. La couche centrale électro-
translucide correspond à la double couche lipidique ou bicouche lipidique. Les deux couches
électro-denses externes correspondant aux protéines et glycoprotéines.

3.2.1.1. Lipides membranaires

La figure 2–3 montre la structure de la membrane cellulaire. Sa structure de base est une
bicouche lipidique, qui est un mince film, bi-laminé de lipides — chaque lame ou couche
étant épaisse seulement d’une molécule — et qui est continu enveloppant l’entièreté de la
surface cellulaire. Dans ce mince film lipidique, se trouvent « cloutées » de grosses molécules
protéiques globuleuses. La bicouche lipidiquereprésente la « trame »fondamentale de la
membrane, et les molécules protéiques y sont parsemées, formant des unités globulaires
séparées les unes des autres et qui apparaissent comme un cloutage irrégulier à la surface
interne et externe de la membrane.

La bicouche lipidique, « trame »fondamentale de la membrane est composée en grande partie


de phospholipides. En dehors des phospholipides (les plus abondants), les autres lipides
membranaires sont le cholestérol et les glycolipides. Tous trois sont amphiphiles.C’est-à-dire
qu’ils possèdent une extrémité hydrophile (hudôr = eau, philos = ami) ou « aimant » l’eau ou
polaire et une extrémité hydrophobe (phobos = crainte) ou « craignant » l’eau ou apolaire.
Par exemple, la molécule de phospholipide type possède une tête polaireet deux queues
hydrocarbonées.La tête polaire interagit avec l’eau et est donc hydrophile. La queue non
polaire n’interagit qu’avec d’autres substances non polaires et s’éloigne spontanément de
l’eau et des particules chargées ; cette extrémité est donc hydrophobe. Ces propriétés physico-
chimiques des phospholipides font que leurs queues de celles-ci se font face à l’intérieur de la
membrane, et leurs têtes polaires sont exposées à l’eau qui se trouve à l’intérieur et à
l’extérieur de la cellule. C’est cette orientation spontanée des phospholipides qui permet aux
membranes biologiques de s’assembler automatiquement pour former des structures fermées,
généralement sphériques (= micelles), et à la cellule de se reformer (se réparer) sans délai
lorsqu’elle est déchirée. Ces caractéristiques propres aux phospholipides font aussi que la
structure fondamentale de toutes les membranes biologiques est la même : ce sont des
«sandwiches » constitués de deux feuillets parallèles de molécules de phospholipides.
52

Du fait du caractère hydrophobe de leurs queues hydrocarbonées qui se font face à l’intérieur
de la membrane, les lipides membranaires forment une barrière imperméable à l’eau et à
toutes les substances hydrosolubles (ions, glucose, et urée), empêchant ainsi leur libre
diffusion d’un compartiment cellulaire à un autre. Inversement, les substances liposolubles,
comme l’oxygène, le dioxyde de carbone, et l’alcool traversent cette partie de la membrane
facilement.
Les molécules de cholestérol présentes dans la membrane sont aussi des substances lipidiques
car leur noyau stéroïde est très liposoluble. Ces molécules sont, en quelque sorte, dissoutes
dans la bicouche de la membrane. Elles participent principalement à la détermination du degré
de perméabilité (ou d’imperméabilité) de la bicouche aux substances hydrosolubles des
liquides corporels. Le cholestérol, en association avec les phospholipides, contrôle la fluidité
de la membrane. Les queues sont de longueur variable (normalement de 14 à 24 atomes de
carbone) et l’une d’elles contient habituellement une ou plusieurs double liaison cis (elle est
insaturée et recourbée), contrairement à l’autre qui n’en contient pas (elle est saturée et
droite). Ces différences dans la longueur et la saturation de la queue sont importantes car elles
ont une influence sur la fluidité de la membrane. Le cholestérol, en empêchant la diminution
brutale de la fluidité et en augmentant la stabilité de la bicouche est un autre déterminant de la
fluidité de la membrane. En effet, en introduisant ses anneaux hydrocarbonés plats entre les
queues des phospholipides, le cholestérol immobilise partiellement ces dernières et stabilise la
membrane. Cela empêche également les phospholipides de s’agréger et rend donc la
membrane plus fluide. La fluidité d’une bicouche lipidique dépend donc de sa composition en
lipides.

3.2.1.2. Protéines membranaires

La figure 2–3 montre aussi des masses globulaires flottant dans la couche lipidique. Ce sont
des protéines membranaires, dont la plupart sont des glycoprotéines.Elles forment des unités
globulaires séparées les unes des autres et qui apparaissent comme un cloutage irrégulier à la
surface interne et externe de la membrane. Deux types de protéines sont illustrés: les protéines
intégrales ou intrinsèques qui s’étendent sur toute l’épaisseur de la membrane et les
protéinespériphériques qui ne sont exposées à l’eau que d’un seul côté de la membrane, sans
la traverser de part en part. L’orientation d’une protéine membranaire dépend de la fonction
remplie par la protéine.
53

Beaucoup de protéines intégrales ou intrinsèques forment des canaux protéiques, ou pores,


permettant le passage de petites molécules hydrosolubles ou d’ions, qui contournent ainsi la
partie lipidique de la membrane. Ces substances peuvent dès lors diffuser entre le LEC et le
LIC. Ces canaux protéiques sont aussi doués de sélectivité, permettant ainsi la diffusion de
certaines substances plutôt que celle d’autres.
D’autres protéines intégrales fonctionnent comme transporteurs protéiques : elles peuvent se
lier à une substance pour lui faire traverser la membrane. Ainsi, des substances qui ne peuvent
pas traverser la bicouche lipidique peuvent passer à travers la membrane grâce à ces
transporteurs. Parfois, les transporteurs transportent les substances dans la direction opposée à
celle de leur diffusion naturelle, on parle alors de “transport actif.” D’autres encore agissent
comme enzymes.
Les protéines intégrales de la membrane peuvent aussi servir comme sites récepteurs des
messagers chimiques hydrosolubles, comme les hormones peptidiques qui ne peuvent pas
traverser facilement la membrane cellulaire. L’interaction des récepteurs membranaires avec
des ligands spécifiques qui se lient au récepteur entraîne des changements de conformation du
récepteur protéique. À son tour, le changement de conformation modifie l’activité
enzymatique de la partie intracellulaire de la protéine, induisant ainsi des interactions entre le
récepteur et les protéines dans le cytoplasme. Ces dernières agissent comme seconds
messagers, relayant ainsi le signal de la partie extracellulaire du récepteur à l’intérieur de la
cellule. Par cette fonction, les protéines intégrales parsemant la membrane cellulaire
fournissent une voie de transmission de l’information sur l’environnement à l’intérieur de la
cellule.
Les molécules des protéines périphériques sont souvent attachées aux protéines intrinsèques.
Ces protéines périphériques sont presque toujours des enzymes ou des « contrôleurs » des du
transport des substances passant par les “pores” de la membrane cellulaire.

3.2.1.3. Glucides membranaires — Le “Glycocalyx” de la Cellule

Les glucides membranaires sont toujours associés soit aux protéines membranaires
(glycoprotéines) soit aux lipides membranaires (glycoprotéines). Les portions “glyco” de ces
molécules font presque toujours protrusion à la face extracellulaire de la membrane, ballant à
l’extérieur à partir de la surface cellulaire. La proportion de glucides dans les membranes
plasmiques varie, en poids, entre 2 p. cent et 10 p. cent. Plusieurs autres composés
glucidiques, appelés protéoglycans—qui sont principalement des substances glucidiques liées
à de petits noyaux protéiques— sont lâchement attachés à la surface extérieur de la cellule.
54

Ainsi, l’entièreté de la surface externe de la cellule est souvent recouverte d’un manteau
faiblement adhérant, lâche d’hydrates de carbone qu’on appelle le glycocalyx. Le glycocalyx
(étymologiquement « tasse de sucre ») ou enveloppe cellulaire est la boue périphérique riche
en glucides situé à la surface de la plupart des cellules eucaryotes ; c’est une région floue et
un peu collant. On peut donc se représenter la cellule comme « enrobée de sucre » en quelque
sorte.

Les glucides constituant cette boue périphérique attachée à la surface extérieure de la cellule
d’une manière lâche assume plusieurs fonctions importantes: (1) Beaucoup d’entre eux sont
porteurs d’une charge électrique négative, laquelle est responsable, dans la plupart des
cellules, de la charge négative globale de la surface cellulaire qui repousse les autres objets
chargés négativement. (2) Le glycocalyx de certaines cellules s’attache au glycocalyx d’autres
cellules, les amarrant ainsi ensemble. (3) Beaucoup de glucides agissent comme substances
réceptrices pour lier les hormones, comme l’insuline; lorsque l’hormone (messager chimique)
est liée par le récepteur, cette combinaison active les protéines internes attachées qui, à leur
tour, activent une cascade d’enzymes intracellulaires. (4) Certains glucides du glycocalyx
interviennent dans les phénomènes immunologiques (reconnaissance mutuelle entre cellules :
identification de l’ovule par le spermatozoïde ; identification des bactéries et des particules
virales par les cellules du système immunitaire ; existence des différents groupes sanguins).

3.2.2. Organelles cytoplasmiques


Le cytoplasme est rempli de particules de taille diverse et d’organelles. La partie liquide
claire du cytoplasme dans laquelle baignent ces particules est cytosol; le cytosol contient
principalement des protéines en solution dans l’eau, les électrolytes et du glucose.
On trouve éparpillés dans le cytoplasme globules de graisses neutres, des granules de
glycogène, des ribosomes, des vésicules de sécrétion et cinq organelles d’une importance
particulière: le réticulum endoplasmique, l’appareil de Golgi, les mitochondries, les
lysosomes et les peroxysomes.

3.2.2.1. Réticulum endoplasmique (RE)

C’est un réseau de structures tubulaires et vésiculaires aplaties qui parcourt le cytoplasme. Les
tubules et les vésicules sont interconnectés. La membrane de ces structures est constituée de la
bicouche lipidique avec de grandes quantités protéines. Donc, sa structure est similaire à celle
de la membrane cellulaire. Le large repli de la membrane du RE lui assure une grande
surface : la surface totale de la membrane du RE représente d’une manière typique plus de la
55

moitié de la membrane totale dans une cellule. Dans certaines cellules, comme celles du foie,
par exemple, la surface totale de la membrane du RE peut être 30 à 40 plus étendue que la
surface de la membrane cellulaire.

La structure détaillée du RE montre un espace interne qui est la poche fermée formée par la
membrane : cet espace interne est appelé lumière ou la citerne du RE. La lumière du RE est
séparée du cytosol par une seule membrane, la membrane du RE qui permet la
communication entre ces deux compartiments. La lumière du RE et l’intérieur du noyau sont
aussi séparés par une seule membrane, la membrane nucléaire interne. La lumière du RE
contient une matrice endoplasmique, un fluide aqueux dont la composition est différente de
celle du cytosol. Les micrographies électroniques montrent que la lumière du RE est en
continuité avec l’espace inter-membranaire péri-nucléaire.

Fonction du RE. (1) Transport. (2) Synthèse.

3.2.2.1.1. Ribosomes et réticulum endoplasmique granuleux

Le RE granuleux ou rugueux (RER), qui est parsemé de ribosomes sur la face cytoplasmique
de la membrane.La membrane externe de l’enveloppe nucléaire est aussi parsemée de
ribosomes et est en continuité avec la membrane du RER. Les ribosomes sont composés d’un
mélange d’ARN et de protéines, et leur fonction est la synthèse de nouvelles molécules
protéiques dans la cellule, comme discuté plus loin (Chapitre 3).Le RER est un haut lieu de la
synthèse et de la sécrétion des protéines.

3.2.2.1.2. Réticulum endoplasmique agranuleux

Comme dit supra, c’est la parie du réticulum endoplasmique qui n’a pas de ribosomes
attachés. Le REL intervient dans la synthèse des lipides et dans la détoxification des drogues
et des composés dangereux produits par le métabolisme. Ces fonctions du REL sont rendues
possibles grâce à la présence des enzymes intra-réticulaires. REL consiste en un réseau de fins
tubules.

3.2.2.2. L’Appareil de Golgi

Il est constitué par un empilement de saccules en forme de disque avec des petites vésicules
associées. L’appareil de Golgi est habituellement localisé près du noyau, et il est fréquemment
disposé près de la paire de centrioles qui définit le centre de la cellule. Les saccules sont
limités par une membrane à surface lisse. Chaque série de saccules aplatis, en forme de
56

disque, forme une structure qui ressemble à une pile d’assiettes, appelée empilement de Golgi
ou dictyosome, environ 1 cm de diamètre. Habituellement un empilement contient environ 6
saccules. Le nombre de dictyosomes par cellule varie énormément en fonction du type de
cellule (d’un seul à des centaines). L’appareil de Golgi peut même représenter une grande
partie du volume cellulaire dans quelques cellules spécialisées comme la cellule « gobelet »
de l’épithélium intestinal qui sécrète du mucus dans l’intestin ; les glycoprotéines dans le
mucus sont glycosylées principalement dans l’appareil de Golgi.

Des multitudes de petites vésicules liées aux membranes sont toujours associées aux
dictyosomes. Elles sont regroupées sur le côté contigu au RE, ainsi que sur toute la
circonférence de l’empilement près des bords dilatés de chaque saccule. Dans les cellules
spécialisées produisant de grandes quantités d’un produit de sécrétion on trouve, en plus des
petites vésicules de Golgi, de nombreuses grandes vésicules, appelées aussi granules ou
vacuoles de sécrétion. Les vacuoles de sécrétion sont localisées sur le côté de l’appareil de
Golgi le plus proche de la membrane plasmique, et elles contiennent le produit concentré que
la cellule sécrète.

Fonctions de l’appareil de Golgi : (1) transport ; (2) synthèse et (3) concentration et stockage.
L’AG est le principal guide de la circulation des macromolécules dans la cellule. Il modifie
des macromolécules au cours de leur passage (modification du polysaccharide, protéolyse
spécifique, glycosylation, sulfonation, additions d’acides gras). C’est le lieu de formation de
polysaccharides très larges liés seulement à de petites quantités de protéines. Il assure aussi
« la maturation » des protéines dont la synthèse initiale (chaîne polypeptidique) est assurée
dans le RE ; en outre il assure le transport cellulaire ultérieur de ces protéines (vésicules de
sécrétion associées à l’appareil de Golgi) vers des sites spécifiques dans la cellule.L’appareil
de Golgi est aussi à concentrer et stocker de grandes quantités de produit de sécrétion dans
les vésicules de sécrétion qui lui sont associées. Les principaux polysaccharides synthétisés
par l’appareil de Golgi sont l’acide hyaluronique et la chondroïtine sulfate.

3.2.2.3. Lysosomes

Les lysosomes sont des organelles vésiculeuses qui naissent par bourgeonnement à partir de
l’appareil de Golgi et qui, ensuite, sont dispersés dans le cytoplasme. Les lysosomes sont les
sites principaux du systèmede digestion intracellulaire grâce à leurs enzymes hydrolytiques
qui permettent à la cellule de digérer (1) les structures cellulaires endommagées, (2) les
particules de nourriture ingérées par la cellule, (3) des corps indésirables comme les bactéries.
57

Le lysosome présente des formes différentes dans différents types de cellules, mais il a
généralement une taille de 250 à 750 nanomètres de diamètre. Ce sont des sacs membranaires
délimités par membrane bilipidique typique et remplis d’un grand nombre de petits granules
de 5 à 8 nanomètres de diamètre. Ces granules sont des agrégats de protéines correspondant à
plus ou moins 40 différentes enzymes digestives (hydrolases). Ils contiennent des enzymes
hydrolytiques servant à la digestion intracellulaire contrôlée des macromolécules. Ces
enzymes hydrolytiques comprennent des protéases, des nucléases, des glycosidases, des
lipases, des phospholipases, des phosphates et des sulfatases. Une enzyme hydrolytique a la
propriété de scinder un compose organique en deux ou plusieurs parties en combinant, à partir
de la molécule d’eau, l’hydrogène à une partie du composé et le groupement hydroxyl à
l’autre partie. Ainsi, les protéines sont hydrolysées en acides amines, le glycogène en glucose,
et les lipides en acides gras et glycérol.

Les enzymes lysosomiales sont toutes des hydrolases acides dont l’activité est optimale au
voisinage de pH 5 qui est le pH maintenu à l’intérieur de cet organite. La membrane du
lysosome est normalement imperméable à cers enzymes, protégeant ainsi le cytoplasme de
l’action de ces enzymes ; même s’il se produisait des détériorations conduisant à un défaut
d’étanchéité de la paroi lysosomiale, le fait que ces enzymes aient besoin d’un pH acide pour
avoir une activité optimale protège aussi le cytoplasme.

3.2.2.3.1. Lysosomes primaires

On distingue habituellement deux catégories de lysosomes : les lysosomes primaires, qui


viennent d’être formés et qui n’ont donc pas encore rencontré de substrats à digérer.

3.2.2.3.2. Lysosomes secondaires ou Vacuoles

Ce sont des sacs membraneux de morphologie variée, contenant des substrats et des enzymes
hydrolytiques. Ils proviennent de la fusion répétée des lysosomes primaires avec une variété
de substrats liés à la membrane. La morphologie des lysosomes secondaires variera en
fonction de la pénétration et du conditionnement des différents substrats entourés de
membranes : les grands résulteront de la phagocytose, les plus petits de l’endocytose et ainsi
de suite.

2.2.2.3.3. Maladies lysosomiales. Il existe chez l’homme de nombreux désordres héréditaires


du métabolisme lysosomial, beaucoup d’entre eux étant accompagné de manifestations
cliniques graves. Ces désordres sont caractérisés par des lysosomes dépourvus d’une
58

hydrolase spécifique. Il en résulte une forte accumulation intralysosomiale du substrat de


l’enzyme manquante, ce qui interfère avec les fonctions normales de la cellule et provoque
ainsi les manifestations cliniques de la maladie spécifique. Un des désordres lysosomiaux les
plus fréquents est la mucopolysaccharidose caractérisé par l’accumulation massive de
glycosaminoglycanes (mucopolysaccharides) dans les lysosomes. Le syndrome de Hurler est
une mucopolysaccharidose au cours de laquelle des déformations osseuses caractéristiques se
développent. La maladie des cellules I résulte d’une absence complète d’hydrolases dans les
lysosomes.

3.2.2.4. Peroxysomes

Ce sont des organites présents dans toutes les cellules eucaryotes. Les peroxysomes
ressemblent physiquement aux lysosomes dont ils ont le même coefficient de sédimentation ;
mais dont ils diffèrent en deux points importants : premièrement, on pense qu’ils se forment
par autoréplication (ou peut-être par bourgeonnement à partir du réticulum endoplasmique
lisse) plutôt qu’à partir de l’appareil de Golgi ; deuxièmement par leur contenu enzymatique :
ils contiennent des oxydases plutôt que des hydrolases. Parmi ces dernières, la catalase
constitue jusqu’à 40 p cent de l’ensemble des protéines peroxysomales. Comme le lysosome,
le peroxysome est entouré par une membrane unique. Le peroxysome est un site essentiel
pour l’utilisation de l’O2. La formation du peroxysome se fait à partir du RE et son contenu
enzymatique est synthétisé dans le cytosol et transporté dans l’organite en cours de
formation. Plusieurs oxydases sont capables de combiner l’oxygène aux ions hydrogène
dérivés de différentes substances chimiques intracellulaires pour former le péroxyde
d’hydrogène (H2O2). Le péroxyde d’hydrogène est substance hautement oxydante et est
utilisée en association avec la catalase pour oxyder de nombreuses substances qui pourraient
être toxiques pour la cellule. La catalase permet l’utilisation de H2O2, formée au cours des
réactions d’oxydation, pour oxyder une variété de substrats par une réaction de
peroxydation. A titre d’exemple, environ la moitié de l’alcool ingurgité par un individu est
détoxifié par les peroxysomes des hépatocytes de cette manière.

3.2.2.5. Vésicules sécrétoires

L’une des fonctions les plus importantes de nombreuses vésicules sécrétoires c’est la
sécrétion des substances chimiques spécifiques, lesquelles sont quasiment formées dans le
système réticulum endoplasmique – appareil de Golgi et sont ensuite libérées dans le
cytoplasme par l’appareil de Golgi sous forme de vésicules de stockage appelés vésicules
59

ougranules sécrétoires. Dans les cellules acineuses du pancréas, par exemple, on peut voir des
vésicules sécrétoires typiques à l’intérieur ; ces vésicules contiennent des protéines qui sont
des proenzymes (enzymes non encore activées). Les proenzymes sont sécrétées plus tard à
l’extérieur de la membrane cellulaire dans les canaux pancréatiques qui s’abouchent
finalement dans le duodénum, où elles deviennent activées et servent à la fonction de
digestion des aliments dans le tractus intestinal.

3.2.2.6. Mitochondries

Les mitochondries présentent une grande variabilité de taille et de forme. Elles sont surtout
nombreuses dans les cellules très actives : dans les cellules du foie, par exemple, on trouve
1000 à 2000 de ces organites dans chaque cellule, et ils occupent ainsi à peu près le cinquième
du volume cellulaire normal. Leur importance quantitative dans une cellule dépend des
besoins énergétiques de la cellule. En plus, les mitochondries sont concentrées dans les parties
de la cellule qui sont le siège d’une activité métabolique intense. Les mitochondries de
certaines cellules forment ainsi de longs filaments mobiles ou chaînes alors que dans d’autres
types cellulaires elles sont fixées à proximité d’un site de consommation d’ATP
inhabituellement élevée : par exemple elles sont entassées entre les myofibrilles adjacentes du
muscle cardiaque et sont entièrement enroulées autour du flagelle dans les spermatozoïdes.

La structure de base de la mitochondrie présente à décrire deux membranes faites de bicouche


lipidique contenant des protéines :une membrane externe et une membrane interne. Entre ces
deux membranes se trouve l’espace inter-membranaire. En dedans de la membrane interne se
trouve le compartiment interne de la mitochondrie ou matrice ou encore espace matriciel.

La membrane externe, outre sa constitution lipidique (bicouche lipidique), contient de


nombreuses copies d’une protéine de transport qui forme de grands canaux aqueux à travers la
double couche lipidique. Elle ressemble ainsi à un filet perméable à toutes les molécules de
10000 daltons au moins ; on y trouve d’autres protéines constitutives englobant des enzymes
qui convertissent des substrats lipidiques en formes qui sont métabolisées par la suite dans la
matrice.

L’espace inter-membranaire contient plusieurs enzymes qui utilisent l’ATP, exporté de la


matrice, pour phosphoryler d’autres nucléotides ; il est chimiquement équivalent au cytosol
vis-à-vis des petites (≤ 10 000 D) molécules qu’il contient.
60

La membrane interne est plissée en crêtes, qui augmentent notablement sa surface. Le nombre
de crêtes est d’autant plus élevé que la cellule concernée demande beaucoup plus d’ATP.

Sa structure est celle de la membrane unitaire : une double couche lipidique dans laquelle sont
insérées des protéines. La couche lipidique a comme caractéristique une proportion
inhabituellement élevée de cardiolipide, un phospholipide qui intervient pour plus de 10 p
cent des lipides de la membrane interne et la rend imperméable aux ions ; elle contient aussi
de nombreuses protéines de transport qui la rendent sélectivement perméable à de petites
molécules qui sont métabolisées par les nombreuses enzymes mitochondriales concentrées
dans l’espace matriciel. Les protéines de transport spécifiques règlent le passage des
métabolites vers l’intérieur et vers l’extérieur de la matrice. Les autres protéines contenues
dans la membrane interne sont : 1) celles qui réalisent les réactions d’oxydation dans la chaîne
respiratoire, et 2) un complexe enzymatique appelé ATP synthétase qui fabrique l’ATP dans
la matrice.

La matrice contient un mélange très concentrée de centaines d’enzymes différentes ; ces


enzymes sont celles nécessaires à l’oxydation du pyruvate et des acides gras et celles du cycle
de l’acide citrique. Elle contient aussi plusieurs copies identiques de l’ADN génomique
mitochondrial, des ribosomes mitochondriaux spéciaux, des ARN t, et diverses enzymes
nécessaires à l’expression des gènes mitochondriaux. Ces enzymes fonctionnent en
association avec les enzymes oxydatives servant à l’oxydation des nutriments, formant le
dioxyde de carbone et l’eau et libérant en même temps de l’énergie. L’énergie libérée est
utilisée pour synthétiser une substance “haute-énergie” appelée adénosinetriphosphate (ATP).
L’ATP est ensuite transportée hors de la mitochondrie, et diffuses à travers la cellule pour
libérer l’énergie qu’elle contient partout elle est requise pour assurer les fonctions cellulaires.
Les détails chimiques de la synthèse de l of ATP par la mitochondrie seront traités ailleurs.

Les mitochondries sont douées d’autoréplication; en d’autres termes, une mitochondrie peut
donner naissance à une deuxième, à une troisième et ainsi de suite, en fonction des besoins
cellulaires en ATP. C’est cette propriété qui justifie la présence de l’ADN mitochondrial ainsi
que de tout l’arsenal pour la synthèse des protéines. Au Chapitre 3 nous verrons que l’ADN
est le constituent chimique fondamentale du noyau qui contrôle la réplication de la cellule.
L’ADN mitochondrial joue un rôle similaire, contrôlant la réplication de la mitochondrie elle-
même.
61

Fonction : production de l’ATP par glycolyse aérobie ou respiration cellulaire.

3.2.3. Structures filamenteuses et tubulaires de la cellule


Ce sont les microtubules et les microfilaments.

Fonctions : (1) cytosquelette. Le cytosquelette est un ensemble des réseaux complexes de


filaments protéiques situés dans le cytoplasme, responsables des propriétés de formes,
d’organisation interne et de mouvement de la cellule eucaryote.

Les deux plus importants types de filaments du cytosquelette sont les filaments d’actine et
les microtubules. Les filaments d’actine sont dits microfilaments et les microtubules
macrofilaments. Entre les microfilaments et les macrofilaments, on trouve une classe de
filaments protéiques d’un diamètre intermédiaire : on les appelle par conséquent filaments
intermédiaires ; leurs sous-unités protéiques fibreuses sont beaucoup plus stables.

Les microtubules ne sont pas isolés, sous forme de bâtonnets flexibles dans le cytoplasme : ils
seraient alors peu utiles à la cellule. Ils sont au contraire reliés à d’autres parties de la
cellule et servent ainsi de charpente structurale ou participent au mouvement cellulaire. La
plupart des microtubules sont ancrés par une extrémité : les cils s’achèvent par des
corpuscules basaux, alors que les microtubules cytoplasmiques des cellules en interphases
se terminent par une région particulière de la cellule adjacente au noyau, appelée centre
cellulaire. Le corpuscule basal et le centre cellulaire servent de noyaux de base autour
desquels la croissance des microtubules reprend après leur dépolymérisation ; c’est pourquoi
ils sont appelés centres organisateurs des microtubules.

De plus, de nombreux microtubules semblent être stabilisés reliés à d’autres structures par de
protéines accessoire sont les MAP (protéines associées aux microtubules et d’influencer les
interactions des microtubules avec d’autres composants de la cellule.

Le principal centre organisateur des microtubules de presque toutes les cellules animales est
une région cellulaire adjacente au noyau appelée centre cellulaire ou centrosome. Au milieu
du centrosome se trouve une paire de centrioles. Le centriole est un cylindre de 0,1µm de
diamètre et de 0,3µm de long. C’est un assemblage de 9 triplets de microtubules, le même
assemblagequ’on retrouve dans le corpuscule basal des cils et des flagelles. Dans un
centrosome, les microtubules en cours de régénération apparaissent d’abord sous la forme
62

d’une ou deux petites structures étoilées appelées asters, avant de s’allonger en direction de la
périphérie de la cellule.

La plupart des microtubules cytoplasmiques ne se forment pas directement à partir du


centriole, mais proviennent d’un matériel dense observable en microscope électronique, le
matériel péri centriolaire qui entoure le centriole. Le centriole est un organite qui a plusieurs
rôles : agencer les cils et les flagelles, répartir également entre les deux cellules les éléments
potentiellement formateurs des corpuscules basaux et centre directeur qui détermine la
position précise du matériel péri-centriolaire, et donc la polarité globale d’une cellule. C’est le
dédoublement des centrioles qui crée les permettant au noyau de se diviser en deux à la
mitose.

Les filaments d’actine ont au moins deux fonctions dans les cellules non musculaires : ils
forment des faisceaux reliés par des liaisons transversales, qui constituent un support
mécanique pour diverses structures et prolongements cellulaires, et forment, en association
avec la myosine, divers systèmes contractiles responsables de nombreux mouvements
cellulaires.

3.2.4. Noyau
C’est le centre de régulation de la cellule et il contient les gènes. La plupart des cellules ne
possèdent qu’un seul noyau mais certaines cellules ont plusieurs noyaux (elles sont dites
multinucléées) : c’est le cas des cellules musculaires, des ostéoclastes (qui assurent la
résorption osseuse) et de certaines cellules hépatiques. La présence de plus d’un noyau
signifie habituellement que la cellule doit diriger une masse cytoplasmique supérieure à la
normale. Toutes les cellules de l’organisme sont nucléées, à l’exception des globules rouges
matures, qui éjectent leurs noyaux avant de pénétrer dans la circulation sanguine. Ces cellules
anucléées ne peuvent pas se reproduire et vivent donc trois à quatre mois dans le sang
avant de commencer à se détériorer. Sans noyau, la cellule ne peut fabriquer d’autres
protéines et il lui est impossible de remplacer ses enzymes et structures cellulaires lorsque ces
dernières commencent à se dégrader.

Le noyau comporte trois régions ou structures distinctes : l’enveloppenucléaire, le


nucléoplasme et les nucléoles.L’aspect du noyau en microscopie optique est généralement
celui du noyau en interphase (c’est-à-dire pendant la période entre mitoses) qui montre une
enveloppe nucléaire renfermant une solution colloïde gélatineuse appelée nucléoplasme. Dans
63

le nucléoplasme on trouve en suspension les nucléoles et la chromatine. Durant la mitose, le


matériel chromatique s’organise en une forme hautement structure, les chromosomes, qui
peuvent être aisément identifiés au microscope optique, comme illustré au prochain chapitre.

3.2.4.1. Membrane ou enveloppe nucléaire

À l’instar de la mitochondrie, le noyau est délimité par une enveloppe nucléaire formée d’une
double membrane : la membrane nucléaire externe et la membrane nucléaire interne. L’espace
rempli de liquide situé entre les deux membranes est appelé espace péri-nucléaire : il esten
continuité avec la lumière du RE. À certains endroits, les deux membranes de l’enveloppe
nucléaire sont fusionnées et forment des pores nucléaires. La membrane nucléaire externe est
en continuité avec la membrane du RE du cytoplasme et est garnie de ribosomes sur sa face
externe.
L’enveloppe nucléaire a une perméabilité sélective, mais le passage des diverses substances
est beaucoup plus facile dans ce cas parce que les pores sont relativement gros ; les molécules
de protéines venant du cytoplasme et les molécules d’ARN sortant du noyau les traversent
facilement. La totalité des molécules d’ARN et des ribosomes d’une cellule est fabriquée
dans le noyau et exportée vers le cytosol alors que la totalité des protéines fonctionnant dans
le noyau est synthétisée dans le cytosol et doit être importée. On pense que les échanges de
matériaux entre le noyau et le cytosol ont lieu à travers les pores nucléaires qui sont des
canaux formés à travers des sites de connexion entre les membranes nucléaires interne et
externe.
La lumière nucléaire, un réseau de protéines fibreuses qui tapissent la face interne de la
membrane nucléaire interne aide à donner une forme au noyau et à organiser ses
chromosomes.

3.2.4.2. Nucléoplasme et Chromatine

Les nucléoplasme est au noyau ce qu’est le cytoplasme à la cellule. On y trouve la chromatine


et les nucléoles. Au microscope optique, la chromatine ressemble à un fin réseau de
coloration irrégulière ; en microscopie électronique, elle a l’apparence de perle sur un fil et
on voit un ensemble de fils renflés par endroits qui parcourent tout le nucléoplasme. La
chromatine est composée d’ADN et d’histones, en quantités à peu près égale. Les histones
jouent plusieurs rôles importants : elles servent au repliement compact et ordonné des très
longues molécules d’ADN, interviennent dans la régulation des gènes, exposant différents
segments de l’ADN selon qu’elles changent de forme et permettent l’enroulement et la
64

condensation de la chromatine qui forme alors courts bâtonnets appelés chromosomes. Les
chromosomes se déplacent beaucoup pendant la division cellulaire ; leur forme compacte les
empêche de s’emmêler et évite que les fragiles filaments de chromatine se brisent au cours de
ces mouvements. Les nucléosomes (« corps du noyau ») sont les unités fondamentales de la
chromatine. Ce sont des amas sphériques de huit histones autour desquelles se trouvent
enroulées de très longues molécules d’ADN. Les nucléosomes s’enroulent à leur tour dans la
fibre de chromatine. Cette structure condensée permet aux longues macromolécules d’ADN
de trouver place dans le noyau.

3.2.4.3. Nucléoles et Formation des ribosomes

Les nucléoles (= « petits noyaux » étymologiquement) sont les corpuscules sphériques situés
à l’intérieur du noyau qui retiennent bien le colorant. Ils ne sont pas entourés d’une
membrane.
Chaque cellule contient habituellement un ou deux nucléoles, parfois plus. Ils sont le site
d’assemblage des sous-unités de ribosomes ; par conséquent, ils sont généralement très gros
dans les cellules en croissance qui fabriquent de grandes quantités de protéines pour les
tissus.
Les nucléoles sont associés aux régions de chromatine contenant l’ADN qui fournit les
instructions pour la synthèse de l’ARN ribosomal (ARNr). Ces segments d’ADN sont appelés
région organisatrice du nucléole. Les deux types de sous-unités ribosomales sont formés à
l’intérieur d’un nucléole par combinaison des molécules d’ARNr en cours de synthèse avec
des protéines. Les sous-unités quittent ensuite le noyau par les pores nucléaires et passent
dans le cytoplasme, où elles sont assemblées en ribosomes fonctionnels.
La formation des nucléoles (et des ribosomes cytoplasmiques se trouvant en dehors du noyau)
commence dans le noyau.

3.3. CELLULE EUCARYOTE ANIMALE ET AUTRES FORMES DE VIE PRE


CELLULAIRES

Il est admis que la cellule est le niveau le plus élémentaire d’organisation des êtres vivants.
Cependant, la cellule est une structure très complexe qui a nécessité plusieurs centaines de
millions d’années pour se développer après l’apparition des formes de vie plus primitives dont
les représentants sur terre sont les virus actuels, les premiers à être apparus. Quand on
compare le cellule eucaryote aux formes de vie plus primitives que sont (1) les plus petits
virus connus, (2) les grands virus, (3) les rickettsies, et (4) les bactéries, il se dégage du point
65

de vue de la taille que le diamètre de la cellule eucaryote est environ 1000 plus grand que
celui du plus petit virus et que, par conséquent, le volume de la cellule eucaryote est environ 1
milliard de fois plus grand que celui du plus petit virus. Parallèlement, les fonctions et
l’organisation anatomique de la cellule sont de loin plus complexes que celles des virus.

Le matériel génétique des petits virus est un acide nucléique enveloppé dans un manteau de
protéines. Cet acide nucléique est composé des mêmes constituants fondamentaux des acides
nucléiques (ADN ou ARN) trouvés dans les cellules des mammifères, et est capable
d’autoréplication dans les conditions appropriées. Ainsi, le virus perpétue sa lignée de
génération en génération et est par conséquent un être vivant au même titre la cellule et les
êtres humains.

Avec l’évolution, d’autres substances chimiques, en plus de l’acide nucléique et de simples


protéines, sont devenues partie intégrale de l’organisme du virus, et des fonctions spécialisées
se sont mis à s’y développer dans différentes parties. Une membrane formée entoure le virus,
et à l’intérieur de la membrane, une matrice fluide apparut. Des substances chimiques
spécialisées se sont ensuite dans le fluide pour assurer des fonctions spéciales; plusieurs
enzymes protéiques apparurent avec la propriété de catalyser des réactions chimiques et, de ce
fait de déterminer les activités de l’organisme.

Dans les stades plus avancés de la vie, particulièrement aux stades de rickettsie et de bactérie,
les organelles se sont développées dans les organismes. Il s’agit de structures physiques
constituées d’agrégats chimiques et qui assurent les fonctions d’une manière plus efficace que
ne le feraient les substances chimiques dispersées dans le cytosol.

Enfin, dans la cellule nucléée, des organelles encore plus complexes se sont développées, le
plus important d’entre elles étant le noyau lui-même. Le noyau distingue ce type de cellule de
toutes les formes plus primitives de vie; le noyau fournit un centre de contrôle pour toutes les
activités cellulaires, et garantit une reproduction exacte de nouvelles cellules génération après
génération, chaque nouvelle cellule ayant exactement la même structure que son progéniteur.

3.4. SYSTEMES FONCTIONNELS DE LA CELLULE

1. Endocytose
2. Fonction des lysosomes
3. Fonctions du réticulum endoplasmique et de l’appareil de Golgi
66

4. Fonction des mitochondries


Dans la suite de ce chapitre, nous discutons plusieurs systèmes fonctionnels représentatifs de
la cellule qui font de cette structure un organisme vivant.

3.4.1. Endocytose —Exocytose

Ce sont les mécanismes permettant aux cellules de rejeter et d’absorber des macromolécules
spécifiques (protéines, polynucléotides ou polysaccharides) à travers leurs membranes ; ils
impliquent la formation puis la fusion de vésicules entourées d’une membrane. Ce mode de
transport est aussi appelé transport vésiculaire ou en vrac ; il est activé par l’ATP.

Une caractéristique importante des processus d’exocytose et d’endocytose est que les
macromolécules sécrétées ou ingérées sont isolées à l’intérieur de vésicules et ne se
mélangent généralement pas à d’autres macromolécules ou organites de la cellule. Par des
mécanismes inconnus, chaque vésicule ne fusionne qu’avec des structures membranaires
spécifiques, ce qui assure un transfert ordonné des macromolécules entre l’extérieur et
l’intérieur de la cellule. La plupart des vésicules d’endocytose finissent par fusionner avec des
lysosomes primaires pour former des lysosomes secondaires, dans lesquels la plus grande
partie du contenu macromoléculaire des vésicules est digérée , alors que la plus grande partie
des composants de la membrane de la vésicule est récupérée et restituée à la membrane
plasmique.

3.4.1.1. Endocytose

C’est le processus qui assure le passage de certaines substances de l’extérieur de la cellule à


l’espace intracellulaire. Elle permet à la cellule d’ « ingérer» (faire entrer en son sein) des
grosses particules ou des macromolécules d’entrer dans la cellule.

Lors de l’endocytose, la substance qui doit pénétrer dans la cellule est graduellement entourée
par une invagination de la membrane plasmique. Lorsque la vésicule est formée, elle se
déplace de la membrane plasmique et entre dans le cytoplasme, où son contenu est ensuite
digéré.

On connaît trois formes d’endocytose : la phagocytose, la pinocytose et l’endocytose par


récepteurs interposés.
67

3.4.1.1.1. Phagocytose

C’est l’action de manger d’une cellule, au cours de laquelle une portion de la membrane
plasmique et du cytoplasme s’étendent pour entourer un objet relativement gros ou solide,tel
un amas de bactéries ou de débris cellulaire, des polluants ou encore des allergènes, et
l’englobent. La vésicule ainsi formé est appelé phagosome (« corps mangé »). Dans la plupart
des cas, le phagosome fusionne avec un lysosome, soit une structure cellulaire spécialisée
contenant des enzymes digestives, et la partie digestible de son contenu est hydrolysée (celle
qui le l’est constitue un corps résiduel).

Dans l’organisme humain, la phagocytose est accomplie entre autres par les macrophages et
les granulocytes. Ces cellules phagocytaires contribuent à la défense et au nettoyage de
l’organisme pour l’ingestion et l’élimination de bactéries, d’autres substances étrangères et
des cellules mortes. La majorité des phagocytes peuvent se déplacer par des mouvements
amiboïdes, c’est-à-dire qu’ils rampent sur des prolongements du cytoplasme formant des
pseudopodes temporaires.

3.4.1.1.2. Pinocytose

C’est l’ « action de boire de la cellule ». Ici l’endocytose porte sur une gouttelette de liquide
extracellulaire contenant des molécules dissoutes. La gouttelette entre dans la cellule à
l’intérieur d’une minuscule vésicule pinocytaire. Contrairement à la phagocytose, la
pinocytose est très commune chez la plupart des cellules. Elle revêt une importance toute
particulière pour les cellules qui assurent l’absorption des nutriments, comme celles qui
tapissent l’intestin.

3.4.1.1.3. Endocytose par récepteurs interposées

Dans un cas comme dans l’autre, l’endocytose peut être dépendante des récepteurs. C’est un
mécanisme extrêmement sélectif, contrairement à la phagocytose et à la pinocytose
constitutives qui sont des mécanismes d’ingestion non spécifiques. L’endocytose dépendante
des récepteurs s’effectue en majeure partie par des structures spécialisées de la membrane
plasmique appelées puits recouverts de clathrine.

L’endocytose dépendante des récepteurs est déclenchée par la liaison de différents ligands à
leurs récepteurs à la surface de la cellule. Certains récepteurs sont localisés dans des puits
recouverts de clathrine. D’autres se mettent à se déplacer latéralement dans la membrane
68

quand un ligand les occupe, pour finalement s’agglomérer dans un des puits. Le puits se
détache alors par pincement pour former une vésicule recouverte de clathrine. La vésicule
devient un endosome précoce. Plusieurs des récepteurs ainsi ingérés recyclent à la membrane
à partir de ces endosomes précoces pour y être réutilisés.

L’endocytose dépendante des récepteurs est plus spécifique que l’endocytose constitutive et
elle peut s’effectuer plus rapidement du fait que les particules qui la déclenchent se
concentrent sur leurs récepteurs dans les puits, donc dans les vésicules recouvertes de
clathrine. L’endocytose par récepteurs interposés est responsable de l’internalisation des
lipoprotéines de basse densité – secteur important du métabolisme du cholestérol – et de la
capture de plusieurs substances comme l’insuline, le facteur de croissance épidermique, le
facteur de croissance nerveuse, la toxine diphtérique et plusieurs virus différents.

La membrane plasmique contient aussi des petites cavéoles, des indentations recouvertes de la
protéine cavéoline plutôt que de clathrine. Ces structures sont responsables de l’ingestion de
l’ingestion de diverses vitamines via des récepteurs des vitamines.

3.4.1.2. Exocytose

L’exocytose (« vers l’extérieur de la cellule ») est un mécanisme qui assure le passage de


certaines substances de l’intérieur de la cellule à l’espace extracellulaire. Elle permet la
sécrétion d’hormones, la libération des neurotransmetteurs, la sécrétion de mucus et, dans
certain cas, l’élimination des déchets.

Les protéines que sécrètent les cellules passent du réticulum endoplasmique à l’appareil de
Golgi et une fois dans le Golgi trans, elles sont expulsées dans des granules ou vésicules de
sécrétion. Lors de l’exocytose, la substance ou le produit cellulaire devant être libéré est
d’abord enfermé dans un sac membraneux appelé vésicule. Lorsque le stimulus approprié est
reçu, la vésicule migre en direction de la membrane plasmique, elle fusionne avec elle et
déverse son contenu à l’extérieur de la cellule. L’exocytose requiert du Ca2+ et de l’énergie,
mais aussi des protéines d’arrimage.

Il y a deux voies différentes par lesquelles une cellule peut sécréter. Dans la voie non
constitutive, les protéines venant du Golgi entrent d’abord dans des granules de sécrétion et
c’est là que les pro-hormones sont transformées en hormones matures avant l’exocytose. Dans
la voie constitutive, par contre, les protéines sont rapidement transportées à la membrane
69

plasmique sans modification ni stockage appréciable. Le processus d’exocytose augmente


évidemment la quantité totale des membranes qui entourent la cellule et si celles-ci n’étaient
pas éliminées ailleurs à un taux équivalent, la cellule augmenterait de volume. Il y a toutefois
un enlèvement de membranes par endocytose et c’est le couplage exocytose-endocytose qui
permet à la cellule de conserver une surface normale.

3.4.2. Digestion du contenu des vésicules d’endocytose (=substances étrangères) dans la


cellule : Fonction des lysosomes
Presqu’immédiatement après la formation d’une vésicule de pinocytose ou d’une vacuole de
phagocytose dans la cellule, un ou plusieurs lysosomes fusionne avec et y déversent leur
contenu d’hydrolases acides. Une vacuole (ou une vésicule) digestive se forme ainsi dans le
cytoplasme cellulaire et, à l’intérieur de cette vacuole (vésicule) va commencer l’hydrolyse
des protéines, des glucides, des lipides, et d’autres substances y contenues. Les produits de la
digestion sont de petites molécules d’acides aminés, de glucose, de phosphates, qui peuvent
alors diffuser à travers la membrane vésiculaire vers le cytoplasme. Ce qui reste de la
digestion du contenu vésiculaire est appelé corps résiduel ; il représente les substances non
digérables, qui dans la plupart des cas sont finalement excrétées hors de la cellule par le
processus d’exocytose, qui est l’inverse de l’endocytose.

Ainsi, les lysosomes secondaires peuvent, à juste titre, ester appelés organes digestifs des
cellules.

3.4.2.1. Régression tissulaire et autolyse cellulaire

Les tissus de l’organisme, souvent diminuent de taille de façon physiologique. Prenons les
exemples de l’involution utérine survenant après la grossesse, de l’atrophie des muscles
squelettiques lors de longues périodes d’inactivité, et des glandes mammaires à la fin de la
lactation. Les lysosomes sont responsables de la grande partie de cette régression de masse.
Le mécanisme par lequel le manque d’activité dans un tissu déclenche une augmentation de
l’activité lysosomiale est inconnu.

Une autre action spécifique des lysosomes est l’élimination des cellules endommagées ou des
portions des cellules endommagées des tissus. Les dommages tissulaires — causés par la
chaleur, le froid, le traumatisme, les substances chimiques ou d’autres facteurs — induisent
une rupture des lysosomes. Les hydrolases ainsi libérées se mettent immédiatement à digérer
les substances organiques d’alentour. Si la lésion tissulaire est légère, seule la partie lésée de
70

la cellule sera éliminée, suivie de la réparation de la cellule. Si la lésion est sévère, toute la
cellule sera digérée, un processus appelé autolyse. Dans ce processus, la cellule est
complètement éliminée, et le même type de cellule est forme par reproduction mitotique de la
cellule adjacente pour remplacer la vieille cellule endommagée éliminée.

Les lysosomes contiennent également des agents bactéricides capables de tuer les bactéries
phagocytées avant que ces dernières ne causent des dommages cellulaires. Ces agents
comprennent (1) le lysozyme, qui dissout la membrane cellulaire de la bactérie; (2) la
lysoferrine, qui lie le fer et d’autres substances avant que la bactérie ne les utilise pour sa
croissance; et (3) son pH acide, d’environ 5, active les les hydrolases et inactive les systèmes
métaboliques bactériens.

3.4.3. Synthèse et formation des structures cellulaires : fonction du réticulum


endoplasmique et de l’appareil de Golgi
3.4.3.1. Fonctions spécifiques du RE

La grande étendue de la surface de la membrane du réticulum endoplasmique et de l’appareil


de Golgi dans les cellules sécrétrices a déjà été mise en exergue. Ces structures sont
fondamentalement constituées de bicouche lipidique similaire aux membranes cellulaires, et
leurs parois sont chargées de protéines enzymatiques qui catalysent la synthèse de
nombreuses substances indispensables aux cellules.

La plupart des synthèses commencent dans le réticulum endoplasmique. Les produits formés
passent ensuite dans l’appareil de Golgi où ils sont complétés et orientés avant leur libération
dans le cytoplasme. Nous allons noter les produits spécifiques synthétisés par des parties
spécifiques du RE et de l’AG.

2.4.3.1.1. RER et synthèse des protéines

Le RER est caractérisé par la présence de nombreux grains de ribosomes sur la face
cytoplasmique de sa membrane, comme nous l’avons vu. Comme nous allons le voir au
Chapitre 3, les protéines sont synthétisées dans les ribosomes. Les ribosomes déversent
certaines de ces protéines directement dans le cytosol, mais ils déversent aussi plusieurs autres
à travers la paroi du RER à l’intérieur des vésicules et des tubules du RE.
71

2.4.3.1.2. Synthèse de lipides par le REL

Le RE synthétise aussi des lipides, spécialement les phospholipides et le cholestérol. Ces


substances sont rapidement incorporées dans la bicouche lipidique de la membrane du RE lui-
même, ce qui entraîne une extension plus marquée du RE. Cette croissance se passe
principalement dans la portion lisse de RE.

Pour protéger le RE d’une croissance excessive, compte tenu du besoin des cellules, de petites
vésicules appelées vésicules du RE ou vésicules de transport se rompent continuellement du
REL et la plupart d’entre elles migrent rapidement vers l’appareil de Golgi.

3.4.3.1.3. Autres fonctions du RE

Les autres fonctions substantielles du RE, spécifiquement du REL sont les suivantes :
1. Il fournit les enzymes qui contrôlent la glycogénolyse lorsque le glycogène doit être utilisé
pour l’énergie.
2. Il fournit une gamme variée d’enzymes intervenant dans la détoxification des substances,
comme les médicaments, qui peuvent endommager sérieusement les cellules. Il achève le
détoxification par la coagulation, l’oxydation, l’hydrolyse, la conjugaison avec l’acide
glycuronique, et par d’autres voies.

3.4.3.2. Fonctions spécifiques de l’appareil de Golgi

2.4.3.2.1. Fonctions de synthèse. Bien que la fonction principale de l’appareil de Golgi soit de
fournir une voie de circulation aux substances déjà prêtes synthétisées dans le RE, il est aussi
capable de synthétiser certains glucides que le RE ne peut synthétiser. Ceci est
particulièrement vrai pour la synthèse de gros polysaccharides liés à de petites quantités de
protéines, dont les plus importants sont l’acide hyaluronique et la chondroïtine sulfate.

Quelques-unes de nombreuses fonctions de l’acide hyaluronique et de la chondroïtine sulfate


dans le corps sont les suivantes:
(1) ce sont les principaux composants des protéoglycans sécrétés dans le mucus et dans les
autres secrétions glandulaires;
(2) ils sont les constituants majeurs de la substance fondamentale se trouvant tout autour des
cellules dans les espaces interstitiels, agissant comme un liant entre les fibres collagènes et les
cellules; et
72

(3) ils sont les principaux constituants de la matrice organique aussi bien dans l’os que dans
le cartilage.

2.4.3.2.2. Circulation des secrétions du RE par l’AG— Formation des Vésicules. Au fur et à
mesure que des substances sont synthétisées dans le RE, spécialement les protéines, elles sont
transportées à travers les tubules vers les parties du REL qui sont voisines, contiguës à l’AG.
A ce point, de petits vésicules de transport constituées de petites enveloppes du REL se
rompent continuellement et diffusent vers la plus profonde couche de l’AG. A l’intérieur de
ces vésicules sont synthétisées des protéines et d’autres produits à partir du RE.

2.4.3.2.3. Types de vésicules formées par l’AG— Vésicules sécrétoires et Lysosomes. Dans
les cellules ayant une activité sécrétoire élevée, les vésicules formées par l’AG sont
principalement des vésicules sécrétoires contenant des substances protéiques destinées à être
sécrétées à travers la membrane plasmique. Ces vésicules sécrétoires migrant d’abord vers la
membrane plasmique, ensuite fusionnent avec cette dernière et se vident de leur contenu à
l’extérieur dans le processus d’exocytose. Dans la plupart des cas, l’exocytose est stimulée par
l’entrée des ions calcium dans la cellule; les ions calcium interagissent avec la membrane
vésiculaire par un mécanisme qui n’est pas encore totalement élucidé et provoquent sa fusion
avec la membrane plasmique, suivie d’exocytose—qui est, au fait, l’ouverture de la
membrane à l’extérieur et le déversement de son contenu hors de la cellule. Certaines
vésicules, cependant, sont destinées à un usage intracellulaire.

2.4.3.2.4. Appareil de Golgi : usine à membrane. Certaines des vésicules intracellulaires


formées par l’AG servent pour le réapprovisionnement des membranes cellulaires : elles
fusionnent avec la membrane plasmique ou avec les membranes des structures intracellulaires
comme les mitochondries et même le RE. Ceci augmente la surface de ces membranes et les
réapprovisionne pour les protéger de toute usure. Par exemple, la membrane plasmique perd
beaucoup de sa substance chaque fois qu’il se forme des vésicules de phagocytose ou de
pinocytose ; les membranes vésiculaires de l’AG réapprovisionnent continuellement la
membrane plasmique.

En conclusion, le système membranaire du RE et de l’AG représente un organe hautement


métabolique capable de former de nouvelles structures intracellulaires aussi bien que de
substances sécrétoires destinées à l’exportation hors de la cellule.
73

3.4.4. Extraction de l’énergie contenue dans les nutriments — Fonction des


mitochondries
Les principales substances à partir desquelles les cellules extraient de l’énergie sont les
nutriments qui réagissent chimiquement avec l’oxygène — les hydrates de carbone, les
graisses, et les protéines. Dans l’organisme humain, pratiquement tous les hydrates de carbone
sont convertis en glucose par le tractus digestif et le foie avant qu’ils ne puissent atteindre les
autres cellules du corps. De même, les protéines sont converties en acides aminés et les
graisses en acides gras. Les détails des fonctions digestive et métabolique seront traités en
Physiologie spéciale et en Biochimie.

En bref, presque toutes ces réactions se déroulent à l’intérieur des mitochondries, et l’énergie
libérée est utilisée pour former un composé haute énergie appelé ATP. C’est l’ATP, et non les
nutriments, qui est utilisé pour alimenter toutes les autres réactions métaboliques
intracellulaires subséquentes.

3.4.4.1. Caractéristiques fonctionnelles de l’ATP

L’ATP est un nucléotide composé de (1) la base azotée adénine, (2) le sucre pentose ribose, et
(3) trois radicaux phosphate. Les deux derniers radicaux phosphate sont connectés au reste de
la molécule par des liaisons phosphate haute-énergie, lesquelles sont représentées par le
symbole ~. Dans les conditions physiques et chimiques du corps, chacune de ces liaisons
haute-énergie contient environ 12,000 calories d’énergie par mole d’ATP. Cette énergie est
plusieurs fois plus importante que l’énergie stockée dans une liaison chimique ordinaire,
raison pour laquelle elle dite haute-énergie. D’autre part, la liaison phosphate haute-énergie
est très labile, au point qu’elle peut être dégagée quasi instantanément sur demande chaque
fois que l’énergie est requise pour assurer d’autres réactions intracellulaires.

Lorsque l’ATP libère son énergie, un radical acide phosphorique est perdu, et l’adénosine
diphosphate (ADP) est formée. L’énergie libérée est utilisée pour alimenter pratiquement
toutes les autres fonctions cellulaires, comme la synthèse des substances et la contraction
musculaire.

Pour reconstituer l’ATP cellulaire au fur de son utilisation, l’énergie provenant des nutriments
cause la combinaison de l’ADP et de l’acide phosphorique pour former de nouvelles
molécules d’ATP, et le processus se répète encore et encore. Pour ces raisons, l’ATP a été
74

appelée l’arbre de transmission de l’énergie cellulaire parce qu’elle peut être dépensée et re-
synthétisée continuellement, avec un turnover de seulement quelques minutes.

3.4.4.1.1. Processus chimiques dans la production d’ATP — Rôle des mitochondries. A son
entrée dans les cellules, le glucose est exposé aux enzymes cytoplasmiques qui le transforme
en acide pyruvique (dans un processus appelé glycolyse). Une petite quantité d’ADP est
changée en ATP par l’énergie libérée durant la glycolyse (conversion du glucose en acide
pyruvique), mais cette quantité ne représente que moins de 5 pour cent de l’énergie
métabolique totale de la cellule.

De loin, la plus grande partie de l’ATP produite dans la cellule, environ 95 pour cent, l’est
dans les mitochondries. L’acide pyruvique dérivé des hydrates de carbone, les acides gras
provenant des lipides, et les acides amines provenant des protéines sont éventuellement
convertis en acétyl-CoA dans la matrice mitochondriale. Cette substance est, à son tour,
davantage dissoute (dans le but d’en extraire l’énergie) par une autre série d’enzymes de la
matrice mitochondriale, subissant la dissolution dans une séquence de réactions chimiques
appelée cycle de l’acide citrique, ou cycle de Krebs. Ces réactions chimiques sont si
importantes qu’elles font l’objet d’un exposé détaillé dans le cours de Biochimie.

C’est l’acétyl-CoA qui entre dans le cycle de l’acide citrique et est entièrement dégradé par
les enzymes mitochondriales. Le cycle de l’acide citrique peut produire de l’énergie par
l’oxydation des produits de dégradation des glucides, des lipides et des protéines. Certains
intermédiaires du cycle de l’acide citrique peuvent être détournés et servir à la synthèse
d’acides gras et d’acides animés non essentiel. Donc, le cycle de l’acide citrique, en plus
d’être la vase commune finale de la dégradation des combustibles alimentaires, est donc
également une source de matériaux structuraux pour les réactions anaboliques.

Dans le cycle de l’acide citrique, l’acétyl-CoA est dégradé en ses composants, les atomes
d’hydrogène et le dioxyde de carbone. Le dioxyde de carbone diffuse hors de la mitochondrie
et éventuellement hors de la cellule; finalement, il est excrété du corps au niveau des
poumons.

Les atomes d’hydrogène, par contre, sont hautement réactifs, et se combinent instantanément
avec l’oxygène qui a également diffusé à l’intérieur des mitochondries. Aucune des réactions
du cycle de l’acide citrique n’utilise directement l’oxygène. Cette fonction ne se retrouve que
dans la chaîne de transport des électrons, ou chaîne respiratoire, qui se charge des dernières
75

réactions cataboliques se produisant sur les membranes internes de mitochondries. Dans la


chaîne de transport des électrons, les atomes d’hydrogène enlevésau cours de l’oxydation de
combustibles finissent par être combiné à l’oxygène moléculaire et l’énergie libérée par ces
réactions sert à lier les groupements phosphate inorganique (Pi) à l’ADP. Ce type de
phosphorylation est appelé phosphorylation oxydative. La plupart des éléments de la chaîne
de transport des électrons sont des protéines liées à des atomes métalliques (cofacteurs). Ces
protéines, qui font partie de la membrane mitochondriale interne (crêtes), sont de composition
très variée. Certaines d’entre elles, comme les flavines, sont des dérivées vitaminiques
(riboflavine) ; d’autres contiennent à la fois du soufre (S) et du fer (Fe), mais la plupart sont
des pigments aux couleurs vives contenant du fer, appelés cytochromes. Les transporteurs
adjacents sont regroupés, formant trois complexes enzymatiques de la chaîne de transport des
électrons qui sont alternativement réduits et oxydés par ajout d’un électron et transfert au
complexe qui suit dans la séquence. Le premier de ces complexes la flavine (FAD) accepte les
atomes d’hydrogène et passe son « chargement » d’atomes d’hydrogène un peu plus loin dans
la chaîne. Les atomes d’hydrogène livrés à la chaîne respiratoire sont rapidement séparés en
H+ (protons) et en électrons ; dans la membrane, les électrons passent tour à tour d’un
accepteur à l’autre ; les protons s’échappent dans la matrice aqueuse où l’un des trois
complexes enzymatiques les capture et les apporte de l’autre côté de la membrane, dans
l’espace inter-membranaire (« pompage »). L’hydrogène finit par être transféré à l’oxygène
moléculaire pour former de l’eau.

Ceci libère une quantité énorme d’énergie, qui est utilisée par les mitochondries pour
convertir de très quantités d’ADP en ATP. Le déroulement de ces réactions est complexe,
nécessitant la participation de nombreuses enzymes protéiques insérées dans la membrane
mitochondriale interne, au niveau des crêtes. Le transfert d’électrons à l’oxygène libère de
grandes quantités d’énergie (réaction exothermique) ; si l’hydrogène se combinait directement
à l’oxygène moléculaire, l’énergie serait libérée d’un seul coup et perdu en grande partie sous
forme de chaleur. Au lieu de cela, l’énergie est libérée graduellement en de nombreuses
petites étapes au fur et à mesure que les électrons passent d’un accepteur à l’autre. Chaque
transporteur possède une affinité pour les électrons plus grande que ceux qui le précédent
dans la série. Par conséquent,les électrons descendent en « cascade » à des niveaux
énergétiquesde plus en plus bas, et finissent par être transférés à l’oxygène, qui possède la
plus grande affinité électronique de tous les intermédiaires.
76

La chaîne de transport des électrons libère énergie électronique par étape pour faire passer les
protons du liquide de la matrice àl’espace inter-membranaire, et elle agit donc comme une
machine de conversion de l’énergie. Comme la membrane des crêtes est presque imperméable
aux ions H+, ce processus chimiosmotiquecrée un gradient électrochimique de protons (H+)
entre les deux faces de la membrane interne ; une énergie potentielle est donc emmagasinée
temporairement (gradient d’énergie). On désigne cette source d’énergie sous le nom de force
motrice protonique pour indiquer que ce gradient peut produire un travail.

Le gradient de protons présente deux caractéristiques importantes : (1) il crée un gradient de


pH, la concentration d’ions hydrogène étant beaucoup plus faible l’intérieur de la matrice que
dans l’espace inter-membranaire ; et (2) il génère un voltage entre les deux côtés de la
membrane, le côté de la matrice étant négatif (-) et la partie située entre les deux membranes
de la mitochondrie étant positive (+). Ces deux phénomènes s’additionnent pour attirer
fortement les ions H+ en direction de la matrice. Cependant les seules parties de la membrane
par où les ions H+ peuvent passer sont de gros complexe enzyme-protéine appelés ATP
synthétases. En empruntant cette « voie», les protons créent un courant électrique dont l’ATP
synthétase recueille l’énergie pour catalyser la formation d’ATP par liaison d’un groupement
phosphate à l’ADP, ce qui constitue la dernière étape du processus de phosphorylation
oxydative.

L’ATP synthétase agit comme une pompe ionique fonctionnant à l’envers. Eneffet les pompes
à ions (solutés) consomment de l’ATP comme source d’énergie pour déplacer les ions contre
leur gradient électrochimique. Dans le cas présent, les ATP synthétases, pour produire de
l’ATP, consomment de l’énergie provenant d’un gradient ionique (de protons) cette énergie
est captée lorsque les ions H+ s’écoulent par les canaux de l’ATP synthétase en suivant leur
gradient.

Certains poisons métaboliques très meurtriers agissent au niveau de la chaîne de transporteurs


des électrons. Par exemple, le cyanure interrompt le processus en bloquant le passage des
électrons entre le cytochrome a3 et l’oxygène. D’autres poisons, appelés « agents
découplants » éliminent le gradient de protons en rendant la membrane des crêtes perméable
aux ions H+. Par conséquent, il n’y a pas de synthèse d’ATP,bien que la chaîne de transport
des électrons continue de fournir des électrons à l’oxygène à une vitesse vertigineuse et que la
consommation d’oxygène s’élève.
77

Le stimulus qui déclenche la production d’ATP est l’entrée de l’ADP dans la matrice
mitochondriale. Au fur et à mesure que l’ADP arrive à l’intérieur, l’ATP est emportée vers
l’extérieur par un mécanismede transport couplé.

3.4.4.1.2. Résumé de la production d’ATP. En présence d’oxygène, la respiration cellulaire est


remarquablement efficace. Dès 2.900 kJ d’énergie présent dansune mole de glucose, jusqu’à
1.100 peuvent être captés dans les liaisons des molécules d’ATP. Le reste est dissipé sous
forme de chaleur. Le processus a donc une efficacité énergétique d’environ 38%, ce qui
dépasse de loin toute les machines inventées par l’homme, qui n’utilise que de 10 à 30%de
l’énergie disponible.

Aucours de la respiration cellulaire, la plus grande partie de l’énergie suit la séquence


suivante :

Glucose→NADH+H+→chaîne de transport des électrons → force protonique motrice →ATP

La phosphorylation oxydative donne un rendement énergétique maximal de 36 ATP par


molécule de glucose.

3.4.4.1.3. Utilisation de l’ATP pour la fonction cellulaire. L’énergie de l’ATP sert à assurer
trois principales fonctions cellulaires: (1) le transport des substances à travers les multiples
structures membranaires cellulaires, (2) la synthèse des composés chimiques à travers la
cellule, et (3) le travail mécanique. Comme illustration de chacun de ces usages de l’ATP,
nous pouvons citer: (1) la fourniture de l’énergie pour assurer le transport du sodium à travers
la membrane plasmique, (2) la promotion de la synthèse des protéines par les ribosomes, et
(3) la fourniture de l’énergie requise durant la contraction musculaire.

En plus du transport membranaire du sodium, l’énergie de l’ATP est nécessaire au transport


membranaire des ions potassium, calcium, magnésium, phosphates, chlorures, urates,
hydrogène, et de nombreux autres ions et substances organiques diverses. Le transport
membranaire est tellement important à la fonction cellulaire que dans certaines cellules —les
cellules tubulaires rénales, par exemple, à peu près 80 pour cent de l’ATP produite sont
affectés à cette fin uniquement.

En plus de la synthèse des protéines, les cellules synthétisent les phospholipides, le


cholestérol, les purines, les pyrimidines, et une gamme variée d’autres substances. La
synthèse de tout composé chimique ou presque nécessite de l’énergie. Par exemple, une seule
78

molécule de protéine peut être constituée de plusieurs milliers d’acides aminés liés l’un à
l’autre par des liaisons peptidiques. La formation de chaque liaison peptidique nécessite de
l’énergie. Et cette énergie est fournie par le rupture de quatre liaisons haute énergie; c’est
ainsi que plusieurs milliers de molécules d’ATP doivent libérer leur énergie chaque fois
qu’une molécule de protéine est synthétisée. Par conséquent, dans certaines cellules plus de
75 pour cent de tout l’ATP produite sont affectés simplement à la synthèse de nouveaux
composes chimiques, spécifiquement les molécules de protéines; ceci est particulièrement vrai
durant la phase de croissance des cellules.

Une des fonctions principales qui est assurée par l’ATP est de fournir de l’énergie à des
cellules spécialisées qui fournissent un travail mécanique. Nous verrons ultérieurement dans
ce cours que chaque contraction d’une fibre musculaire nécessite la dépense d’une quantité
énorme d’énergie sous forme d’ATP. Les autres aspects du travail mécanique comprennent
les mouvements ciliaire et amiboïde que nous discutons plus loin dans ce chapitre. La source
d’énergie pour tous ces types de travail mécanique est l’ATP.

En résumé, l’ATP est toujours disponible pour libérer son énergie rapidement et pratiquement
toujours de façon explosive chaque fois que la cellule en besoin. Pour remplacer l’ATP
utilisée par la cellule, des réactions chimiques plus lentes oxydent les hydrates de carbone, les
graisses et les protéines et utilisent l’énergie qui en est issue pour la synthèse de nouveaux
stocks d’ATP. Plus de 95 pour cent de cette ATP sont produits dans les mitochondries, raison
pour laquelle ces organelles sont dites “centrales énergétiques” de la cellule.

3.4.5. Locomotion cellulaire


La contraction musculaire reste de loin le plus important type de mouvement qui se produit
dans une cellule humaine. Elle se déroule dans des cellules spécialisées : les cellules
musculaires squelettiques, cardiaques et lisses. Deux autres types de mouvement — la
locomotion amiboïde et le mouvement ciliaire — s’observent dans d’autres cellules.

3.4.5.1. Mouvement amiboïde


Le mouvement amiboïde est le mouvement d’une cellule entière par rapport à son
environnement, comme le mouvement des globules blancs (GB) à travers les tissus. Son nom
vient du fait que les amibes se meuvent de la même manière et ont servi d’excellent support
pour étudier ce phénomène.
79

Typiquement, la locomotion amiboïde commence avec la protrusion d’un pseudopode à une


extrémité de la cellule. Le pseudopode se projette loin dehors, à l’extérieur du corps cellulaire,
et se sécurise en partie lui-même dans une nouvelle aire tissulaire. Ensuite, le reste de la
cellule est tirée le long du pseudopode. Un schéma permet d’illustrer ce processus en
montrant une cellule allongée, avec son extrémité droite émettant un pseudopode. Au niveau
de cette extrémité, la membrane cellulaire se projette continuellement vers l’avant, et au
niveau de l’extrémité oppose, la membrane suit continuellement le mouvement de la cellule.

Fondamentalement, le mouvement amiboïde résulte de la formation continue de nouvelles


portions de membrane cellulaire au niveau du pseudopode d’avance et de l’absorption de la
membrane au niveau des parties moyenne et arrière de la cellule. Aussi, deux autres processus
sont essentiels pour le mouvement vers l’avant de la cellule. Le premier c’est l’attachement du
pseudopode aux tissus environnants au point qu’il devient fixé dans sa position avancée,
pendant que le reste du corps de la cellule est tiré vers l’avant au point d’attachement. Le
deuxième aspect essentiel pour la locomotion c’est la fourniture de l’énergie nécessaire pour
tirer le corps de la cellule vers le pseudopode. Cette énergie est fournie sous forme d’ATP.

2.4.5.1.2. Types de cellules douées de locomotion amiboïde. Dans le corps humain, les
cellules qui, typiquement, sont douées de mouvements amiboïdes, sont les globules blancs
(GB) ou leucocytes. En effet, ces cellules, habituellement, quittent le sang pour se retrouver
dans les tissus où certaines deviennent des macrophages tissulaires. D’autres types de cellules
peuvent aussi se mouvoir par locomotion amiboïde dans certaines circonstances. Citons, à
titre d’exemple, les fibroblastes qui migrent dans les tissus lésés pour procéder à la réparation
tissulaire, et même les cellules germinales de la peau qui migrent vers une zone coupée pour
assurer la réparation. En fin, la locomotion cellulaire est particulièrement importante dans le
développement de l’embryon et du fœtus après la fécondation. Par exemple, les cellules
embryonnaires souvent migrant sur de longues distances par rapport à leur localisation
d’origine vers de nouveaux sites pendant le développement des structures spéciales.

2.4.5.1.3. Contrôle de la locomotion amiboïde — Le chimiotactisme. Le plus important


déclencheur de la locomotion amiboïde est le phénomène appelé chimiotactisme. Il résulte de
l’apparition de certaines substances chimiques dans les tissus. Toute substance chimique
capable de causer le chimiotactisme est dite substance chimiotactique. La plupart des cellules
qui sont douées de mouvements amiboïdes se meuvent en réponse à une substance
chimiotactique — il pourra s’agir de la migration d’un tissu à basse teneur en substance
80

chimiotactique vers un tissu à teneur plus élevée — ce qui est appelé chimiotactisme positif.
Certaines cellules s’éloignent des tissus regorgeant de substance chimiotactique, ce qui est
appelé chimiotactisme négatif.

Mais par quel mécanisme le chimiotactisme contrôle-t-il les mouvements amiboïdes ? bien
que le mécanisme intime ne soit pas connu avec certitude, il est connu que le côté de la cellule
plus exposé à la substance chimiotactique développe des changements membranaires à
l’origine de la protrusion des pseudopodes.

3.4.5.2. Cils et mouvements ciliaires

Un deuxième type de locomotion cellulaire, le mouvement ciliaire, est un mouvement


semblable au mouvement d’un fouet ou d’une cravache, qu’effectuent les cils aux surfaces
des cellules. Ce mouvement ne s’observe qu’à deux endroits dans le corps humain: sur les
surfaces des voies aériennes respiratoires et sur les parois internes des trompes utérines (tubes
de Fallope) dans le tractus génital. Dans la cavité nasale et dans les voies aériennes
respiratoires plus en aval, le mouvement en cravache des cils amène la couche de mucus à se
mouvoir à une vitesse d’environ 1 cm/min vers le pharynx. De cette manière, les voies
aériennes sont continuellement débarrassées de mucus et de particules qui sont emprisonnées
dans le mucus. Dans les trompes utérines, les cils sont à l’origine d’un mouvement lent du
fluide de l’ostium des trompes vers la cavité utérine; ce mouvement de fluide transporte l’œuf
de l’ovaire vers l’utérus.

Un cil a l’aspect d’un fil droit pointu ou d’une mèche de cheveu incurvée qui se projette de 2
à 4 micromètres de la surface de la cellule. Plusieurs cils souvent se projettent de la surface
d’une seule cellule — par exemple, plus de 200 cils se trouvent sur la surface de chaque
cellule épithéliale tapissant les voies respiratoires. Le cil est recouvert par la membrane
plasmique, et est constitué de 11 microtubules—9 tubules en paires périphériques formant le
pourtour du cil, et 2 simples se trouvant au centre du cil. Chaque cil est une excroissance d’un
structure ancrée immédiatement sous la membrane plasmique, appelée le corpuscule basal du
cil.

Le flagelle du spermatozoïde a une structure similaire à celle d’un cil; en fait, il possède
beaucoup de ressemblance du point de vue de la structure et du mécanisme contractile. La
différence est que le flagelle est beaucoup plus long et assure la propulsion de la cellule par
des mouvements quasi-sinusoïdaux.
81

CHAPITRE 4 CONTROLE GENETIQUE DE LA SYNTHESE DES PROTEINES, DE


LA FONCTION ET DE LA REPRODUCTION CELLULAIRES

Les gènes, localisés dans les noyaux des cellules de l’organisme, contrôlent la transmission
des caractères héréditaires des parents aux enfants et contrôlent aussi le fonctionnement de
toutes les cellules de l’organisme jour après jour. Les gènes contrôlent la fonction cellulaire
en déterminant la nature des substances qui seront synthétisées dans la cellule — parmi
lesquelles les protéines structurales, les enzymes, les substances chimiques. Le schéma
général du contrôle génétique implique que chaque gène, qui est au fait un acide nucléique
appelé acide désoxyribonucléique (ADN), contrôle automatiquement la formation d’un autre
acide nucléique, l’acide ribonucléique (ARN);cet ARN se déploie ensuite à travers la cellule
pour contrôler la formation d’une protéine spécifique. Comme il y a plus de 30,000 gènes
différents dans chaque cellule, il est théoriquement possible de former un très grand nombre
de protéines cellulaires différentes. Certaines protéines cellulaires sont des protéines
structurales, qui, en association avec différents lipides et glucides, forment les structures de
nombreux constituants cellulaires parmi lesquels les organelles intracellulaires. Cependant, la
grande majorité de protéines cellulaires sont les enzymes qui catalysent les différentes
réactions chimiques cellulaires. En guise d’exemple, les enzymes promeuvent toutes les
réactions oxydatives qui fournissent de l’énergie à ma cellule, et elles favorisent la synthèse
de toutes les substances chimiques cellulaires, comme les lipides, le glycogène, et l’adénosine
triphosphate (ATP).

Objectifs

Définir un gène, le code génétique


Etablir le lien entre le code génétique et les protéines
Expliquer le contrôle génétique de l’activité cellulaire
Définir le cycle cellulaire
Citer les différentes étapes de la division cellulaire
Définir et expliquer la différenciation cellulaire
Définir l’apoptose
82

Plan du chapitre

1. Noyau et Gènes
2. Transfert du code génétique du noyau au cytoplasme — Le processus de transcription
3. Formation des protéines sur les ribosomes— La “Traduction”
4. Synthèse des autres substances dans la cellule
5. Contrôle de la fonction génique et de l’activité biochimique dans les cellules
6. ADN et Reproduction cellulaire
7. Différentiation cellulaire
8. Apoptose —Mort cellulaire programmée
9. Cancer

4.1. NOYAU ET GENES

Dans le noyau cellulaire, un grand nombre de gènes sont attachés bout à bout dans une double
hélice extrêmement longue de molécules d’ADN ayant des poids moléculaires de l’ordre de
plusieurs milliards. Un très court segment d’une telle molécule est composé de plusieurs
composés chimiques simples liés ensemble d’une manière régulière. La Figure 3–2 montre un
segment d’une molécule d’ADN.

1. Aspects structuraux

2. Code génétique

4.1.1. Aspects structuraux


4.1.1.1. Éléments structuraux de base de l’ADN

Les composés chimiques constituant les éléments de base de la structure de l’ADN sont
(1) l’acide phosphorique,
(2) un pentose appelé le désoxyribose (comme dans « désoxyribonucléique »), et
(3) quatre bases azotées (deux purines, l’adénine et la guanine, et deux pyrimidines, la
thymine et la cytosine).
La molécule d’ADN est long polymère bi-caténaire, c’est-à-dire formée d’une double chaîne.
L’acide phosphorique et le désoxyribose forment les « montants » de l’échelle ; les deux
montants sont maintenus ensemble par les « barreaux » formés par les bases azotées reliées
entre elles par des liaisons hydrogène. Le tout a donc la forme d’une échelle. Les
« montants » de l’échelle sont constitués par l’alternance des unités de sucre et de phosphate
de chacune des chaînes, et les « barreaux » sont formés par les bases reliées entre elles. Les
liaisons entre les bases se forment de façon très spécifique : l’adénine est toujours associée à
83

la thymine, et la guanine à la cytosine. L’adénine et la thymine sont donc des bases


complémentaires, tout comme la cytosine et la guanine.
L’ensemble de la molécule s’enroule sur elle-même en formant une sorte d’escalier en
spirale ; on appelle cette structure double hélice.

4.1.1.2. Nucléotides

On appelle nucléotide l’ensemble formé par la combinaison d’une molécule d’acide


phosphorique, d’une molécule de désoxyribose et d’une de quatre bases azotées. La formation
des nucléotides est la première étape dans la formation de l’ADN. Quatre différents
nucléotides sont ainsi formés, un pour chacune de quatre bases: les acides désoxyadénylique,
désoxythymidylique, désoxyguanylique, et désoxycytidylique.

4.1.1.3. Organisation des nucléotides dans la structure de l’ADN

Comme nous l’avons étudié, un nombre très grand de nucléotides sont liés ensemble pour
former les deux brins de la molécule d’ADN. Les deux brins sont, à leur tour, faiblement
relies l’un à l’autre par de lâches liaisons hydrogène. Il est à noter que chaque “montant” d’un
brin d’ADN est composé d’une alternance de molécules d’acide phosphorique et de
désoxyribose. En revanche, les bases purines et pyrimidines sont liées aux molécules de
désoxyribose. Ensuite, à la faveur des liaisons hydrogènes entre les bases purines et
pyrimidines, les deux brins respectifs d’ADN sont maintenus ensemble. Et il faut noter ce qui
suit: (1) Chaque base purine adénine d’un brin se lie toujours à la base pyrimidine thymine de
l’autre brin, et (2) Chaque base purine guanine se lie toujours à la base pyrimidine cytosine. À
cause du caractère lâche des liaisons hydrogène, les deux brins peuvent se séparer facilement,
et ils le font d’ailleurs à plusieurs reprises tout au long de leur cycle de fonctionnement dans
la cellule.

4.1.2. Code génétique


L’importance de l’ADN est due au fait que cette molécule joue deux rôles fondamentaux dans
la vie cellulaire : il dirige sa propre réplication, processus indispensable à la division
cellulaire, et sert de modèle pour la synthèse des protéines. Les protéines sont les seules
molécules organiques dont la structure est déterminée par l’ADN ; en fait l’ADN détermine
uniquement la structure des molécules de protéines, ce qui inclut les enzymes qui catalysent
la synthèse de tous les autres types de molécules d’origine biologique. La plus grande partie
de l’appareil métabolique de la cellule sert d’une façon ou d’une autre à la synthèse des
84

protéines. Ce fait n’est guère surprenant d’autant plus que les protéines structurales
représentent la plus grande partie du poids sec de la cellule et que les protéines fonctionnelles
dirigent et sous-tendent toutes les activités cellulaires. Les cellules sont essentiellement de
minuscules usines synthétisant l’énorme gamme de protéines qui déterminent la nature
chimique et physique des cellules et, par conséquent, de l’ensemble de l’organisme.

On peut définir un gène comme un segment d’une molécule d’ADN qui porte les instructions
correspondant à une chaîne polypeptidique. Il existe cependant certains gènes particuliers qui
déterminent la structure de certains types d’ARN qui sont leurs produits finaux. L’ADN
contrôle la synthèse des protéines au moyen du code génétique qui est la séquence des bases
azotées au niveau de chacun de ses brins.

Les quatre bases entrant dans la composition des nucléotides (adénine, guanine, thymine et
cytosine) sont les « lettres » de l’alphabet génétique, et c’est l’ordre dans lequel elles sont
placées qui constituent l’information contenue dans l’ADN. On peut considérer chaque
ensemble de trois bases, appelé triplet, comme un « mot » correspondant à un certain acide
aminé. Par exemple, le triplet AAA code pour la phénylalanine et CCT code pour la glycine.
L’ordre des triplets chaque gène forme une « phrase » qui détermine précisément comme un
polypeptide doit être assemblé, c’est-à-dire le nombre d’acides aminés devant constituer cette
protéine, leur identité et leur ordre d’assemblage. Les diverses combinaisons possibles de A,
T, C et G permettent aux cellules de produire tous les types de protéines dont elles ont besoin.

4.2. TRANSCRIPTION

Le processus de transcription correspond au transfert du code génétique de l’ADN à l’ARN.


En effet, l’ADN est localisé dans le noyau cellulaire et la plupart des fonctions cellulaires se
déroulent dans le cytoplasme. Il doit donc y avoir un moyen par l’entremise duquel les gènes
d’ADN du noyau contrôlent les réactions biochimiques du cytoplasme. Ceci se fait par
l’intermédiaire d’un autre type d’acide nucléique, l’ARN. La formation d’ARN est contrôlée
par l’ADN du noyau. La transcription est le transfert d’information d’une séquence de bases
contenu dans un gène d’ADN à une séquence complémentaire formée sur une molécule
d’ARN. L’information reste la même, mais elle est mise sous une forme différente.
Lorsqu’elle est complète, la molécule d’ARN se détache et sort du noyau et migre dans le
cytoplasme où elle va diriger la synthèse des protéines. Seuls l’ADN et l’ARN interviennent
dans le mécanisme de transcription.
85

1. Synthèse de l’ARN
2. Assemblage des chaînes d’ARN à partir des nucléotides activés utilisant un brin d’ADN
comme matrice : la transcription

4.2.1. Synthèse de l’ARN

Durant la formation de l’ARN, les deux brins de la molécule d’ADN se séparent


temporairement; l’un d’eux va servir de matrice pour la synthèse de la molécule d’ARN. La
séquence des triplets dans l’ADN sera à l’origine de la formation d’une séquence
complémentaire des triplets dans l’ARN, appelée codons. Ces codons, à leur tour, vont
contrôler la séquence des acides aminés dans la protéine à synthétiser dans le cytoplasme.

4.2.1.1. Structure de base de l’ARN

Les éléments de base de la structure de l’ARN sont pratiquement les mêmes que ceux de
l’ADN, à deux différences près. D’abord, le désoxyribose n’est pas utilisé dans la formation
de l’ARN. A sa place, un autre pentose, le ribose, est utilisé. Ce sucre est légèrement différent
du désoxyribose dans sa structure: il contient un ion hydroxyle extra attaché à la structure
cyclique du pentose. Deuxièmement, dans l’ARN, la thymine est remplacée par une autre
pyrimidine, l’uracile. Il existe 3 variétés d’ARN qui diffèrent par leur taille relative et leur
forme, chacune ayant un rôle précis dans l’exécution des instructions fournies par l’ADN.

3.2.1.2. Formation des nucléotides de l’ARN

Les éléments de base de la synthèse des nucléotides des différents types d’ARN sont
exactement les mêmes que ceux qui ont été précédemment décrits pour la synthèse de l’ADN.
Comme pour l’ADN, quatre différents nucléotides sont utilisés dans la formation de l’ARN.
Ces nucléotides ont comme bases l’adénine, la guanine, la cytosine, et l’uracile. Noter que ce
sont les mêmes bases que celles trouvées dans l’ADN, sauf que dans l’ARN l’uracile
remplace la thymine.

3.2.1.3. Activation des nucléotides de l’ARN

La première étape dans la synthèse de l’ARN c’est l’“activation” de ses nucléotides par une
enzyme, l’ARN polymérase. Elle se fait par l’addition de deux radicaux phosphates extra à
chaque nucléotide pour former des triphosphates. Ces deux derniers phosphates se combinent
au nucléotide grâce aux liaisons phosphates haute énergie provenant de l’ATP cellulaire. Le
86

résultat de ce processus d’activation est que de grandes quantités d’énergie de l’ATP sont
mises à disposition pour chacun des nucléotides, et cette énergie est utilisée pour assurer les
réactions chimiques qui ajoutent chaque nouveau nucléotide de l’ARN au bout de la chaîne
d’ARN en formation.

3.2.2. Assemblage des chaînes d’ARN à partir des nucléotides activés utilisant un brin
d’ADN comme matrice : la transcription

L’assemblage de la molécule d’ARN se fait sous l’action de l’ARN polymérase, une


macromolécule protéique enzymatique ayant de nombreuses propriétés fonctionnelles
nécessaires à la formation de la molécule d’ARN. Les étapes sont les suivantes:

1. Le processus commence lorsque l’ARN polymérase, c’est-à-dire l’enzyme qui dirige la


synthèse de l’ARN, se lie au promoteur, qui est un site particulier de l’ADN adjacent à la
séquence « départ ». L’ARN polymérase a une structure complémentaire appropriée qui
reconnaît le promoteur et s’y attache. Cette étape est essentielle à l’initiation de la formation
de la molécule d’ARN.
2. Après s’être liée au promoteur, la polymérase l’ouvre et déroule l’hélice d’ADN,
exposant le segment d’ADN à codant par la protéine en question.
3. Ensuite la polymérase se déplace le long du brin d’ADN, déroulant et séparant
temporairement les deux brins d’ADN à chaque étape son déplacement. Tout au long de son
déplacement, l’ARN polymérase ajoute à chaque étape un nouveau nucléotide activé d’ARN à
l’extrémité de la nouvelle chaîne d’ARN en formation par les étapes suivantes:
a. D’abord, il cause la formation des liaisons hydrogène pour former entre la base de
l’extrémité du brin de l’ADN et la base d’un nucléotide d’ARN dans le nucléoplasme.
b. Ensuite, à un moment, l’ARN polymérase brise deux de trois radicaux phosphate et les
enlèvent de chacun de ces nucléotides d’ARN, libérant de grandes quantités d’énergie de la
rupture des liaisons phosphate haute-énergie; cette énergie est utilisée pour former des
liaisons covalentes liant le phosphate restant sur le nucleotide au ribose sur l’extrémité de la
chaîne d’ARN en croissance.
c. Lorsque l’ARN polymérase atteint la fin du gène d’ADN, elle rencontre une nouvelle
séquence de nucléotides d’ADN appelée la séquencearrêt de la chaîne; ce qui amène la
polymérase et la chaîne d’ARN nouvellement formée à s’éloigner du brin d’ADN. Ensuite la
polymérase peut être utilisée encore et encore pour former encore plus d’autres nouvelles
chaînes d’ARN.
87

d. Dès que le nouveau brin d’ARN est formé, il rompt ses liens hydrogène avec la matrice
d’ADN et s’en éloigne parce que l’ADN a une haute affinité pour se relier avec son propre
brin complémentaire. Ensuite, la chaîne d’ARN est expulsée de l’AND et libérée dans le
nucléoplasme.
Ainsi, le code contenu dans le brin d’ADN est transmis dans la forme complémentaire de la
chaîne d’ARN. Les bases nucléotides du ribose se combinent toujours avec les bases
nucléotides du désoxyribose dans les combinaisons suivantes:

Bases de l’ADN Bases de l’ARN

Guanine Cytosine

Cytosine Guanine

Adénine Uracile

Thymine Adénine

3.2.2.1. ARN Messager — Les Codons

Il y a trois différents types d’ARN, qui joue chacun un rôle particulier, indépendant et
entièrement différent dans la synthèse des protéines: l’ARN messager, qui transporte le code
génétique dans le cytoplasme pour contrôler le type de protéines formées ; l’ARN de
transfert, qui transporte les acides aminés activés vers les ribosomes en vue de leur
assemblage en molécules de protéines ; et l’ARN ribosomal, qui, avec environ 75 protéines
différentes, forme les ribosomes, qui sont les structures physiques et chimiques sur lesquelles
les molécules de protéines sont assemblées.

Les molécules d’ARN messager sont longues ; il s’agit des brins simples d’ARN suspendus
dans le cytoplasme. Ces molécules sont constituées de plusieurs centaines à plusieurs milliers
de nucléotides d’ARN en brins impairs, et contiennent les codons qui sont exactement
complémentaires au code des triplets des gènes d’ADN. Une représentation schématique d’un
petit segment d’une molécule d’ARN pourra montrer ses codons. Par exemple, les codons
CCG, UCU, et GAA sont ceux des acides aminés proline, sérine, et acide glutamique. La
transcription de ces codons se fait à partir de la molécule d’ADN.

3.2.2.1.1.Codons d’ARN pour différents acides aminés.Le tableau 3–1 donne les codons
d’ARN pour les 20 acides aminés les plus communément retrouvés dans les molécules
88

protéiques. Remarquer que la plupart d’acides aminés sont représentés par plus d’un codon;
aussi, un codon représente le signal “commencer la fabrication de la molécule de protéine” et
trois représentent “arrêter la fabrication de la molécule de protéine.” Dans le tableau 3–1, ces
deux types de codons sont désignés CI pour “initiation de la chaîne” et CT pour “terminer la
chaîne”.

Tableau 3–1. Codons d’ARN pour les acides aminés et pour début et arrêt.

Acide aminé Codons d’ARN

Alanine GCU GCC GCA GCG

Arginine CGU CGC CGA CGG AGA AGG

Asparagine AAU AAC

Acide aspartique GAU GAC

Cystéine UGU UGC

Acide glutamique GAA GAG

Glutamine CAA CAG

Glycine GGU GGC GGA GGG

Histidine CAU CAC

Isoleucine AUU AUC AUA

Leucine CUU CUC CUA CUG UUA UUG

Lysine AAA AAG

Méthionine AUG

Phénylalanine UUU UUC

Proline CCU CCC CCA CCG

Sérine UCU UCC UCA UCG AGC AGU

Thréonine ACU ACC ACA ACG

Tryptophane UGG

Tyrosine UAU UAC

Valine GUU GUC GUA GUG


89

Start (CI) AUG

Stop (CT) UAA UAG UGA

CI, chain-initiating; CT, chain-terminating.

3.2.2.2. ARN de transfert —Les anticodons

Un autre type d’ARN qui joue un rôle essentiel dans la synthèse des protéines c’est l’ARN de
transfert, ainsi appelé parce qu’il transfert les molécules d’acides aminés aux molécules de
protéines au fur de la synthèse de ces dernières. Chaque type d’ARN de transfert se combine
spécifiquement avec 1 des 20 acides aminés qui devront être incorporés dans les protéines.
L’ARN de transfert agit ensuite comme un remorqueur qui transporte son type spécifique
d’acide aminé vers les ribosomes où les molécules de protéines sont assemblées. Dans les
ribosomes, chaque type spécifique d’ARN de transfert reconnaît un codon particulier de
l’ARN-messager (décrit ci-haut) et par conséquent, livre l’acide aminé approprié à la place
appropriée dans la chaîne de la molécule protéique nouvellement en formation.

L’ARN de transfert, qui ne contient qu’environ 80 nucléotides, est une molécule relativement
petite en comparaison avec l’ARN-messager. C’est une chaîne plissée de nucléotides ayant
un aspect de trèfle. A l’une des extrémités de la molécule se trouve toujours un acide
adénylique; c’est à ce niveau que l’acide aminé transporté s’attache au groupement hydroxyl
du ribose dans l’acide adénylique.

Puisque la fonction de l’ARN de transfert est de provoquer l’attachement d’un acide aminé
spécifique pour former une chaîne protéique, il est essentiel que chaque type d’ARN de
transfert soit aussi spécifique d’un codon particulier dans l’ARN messager. Le code
spécifique dans l’ARN de transfert lui permettant de reconnaître un codon spécifique est
encore un triplet de bases nucléotides et est appelé un anticodon. L’anticodon est localisé
approximativement au milieu de la molécule d’ARN de transfert (au niveau de la branche
médiane du trèfle). Pendant la formation de la molécule de protéine, les bases de l’anticodon
se lient faiblement par des liaisons hydrogène aux bases du codon de l’ARN messager. Par ce
moyen, les acides aminés respectifs sont alignés l’un après l’autre le long de la chaîne d’ARN
messager, établissant ainsi la séquence appropriée des acides aminés dans la molécule
protéique nouvellement en formation.

3.2.2.3. ARN Ribosomal


90

Le troisième type d’ARN qu’on trouve dans la cellule est l’ARN ribosomal; il constitue
environ 60 pour cent du ribosome. Le reste du ribosome est constitué des protéines, qui sont
d’environ 75 types différents et à la fois des protéines structurales et des enzymes nécessaires
à la fabrication des molécules de protéines.

Le ribosome est la structure physique cytoplasmique au niveau de laquelle se fait la synthèse


des protéines. Toutefois, l’ARN ribosomal assure sa fonction toujours en association avec les
deux autres d’ARN: l’ARN de transfert apporte les acides aminés au ribosome pour leur
incorporation dans la molécule de protéine en formation, pendant que l’ARN messager fournit
l’information nécessaire sur le séquençage des acides aminés dans un ordre approprié,
spécifique pour chaque type de protéines à synthétiser. Donc, le ribosome agit comme un
matériel de fabrication dans lequel les molécules de protéines sont formées.

3.2.2.3.1. Formation des ribosomes dans le noyau. Les gènes d’ADN pour la formation
d’ARN ribosomal sont localisés dans cinq paires de chromosomes dans le noyau, chacun de
ces chromosomes contenant plusieurs copies de ces gènes particuliers à cause de grandes
quantités d’ARN ribosomal nécessaire à la fonction cellulaire.

Au fur et à mesure de sa formation, l’ARN ribosomal est stocké dans le nucléole, formant une
structure spécialisée grossière adjacente aux chromosomes. Lorsque de grandes quantités
d’ARN ribosomal ont été synthétisées, comme cela se produit dans les cellules qui
synthétisent de grandes quantités de protéines, le nucléole est une grande structure, alors que
dans les cellules qui synthétisent de petites quantités de protéines, le nucléole peut ne pas être
visible. L’ARN ribosomal est spécialement développé dans le nucléole, où il se lie aux
“protéines ribosomales ” pour former les produits de condensation granulaires qui les
premières sous-unités des ribosomes. Ces sous-unités sont ensuite libérées du nucléole et
transportées à travers de larges pores de l’enveloppe nucléaire vers toutes les parties du
cytoplasme. Après leur entrée dans le cytoplasme, les sous-unités sont assemblées pour
former les ribosomes matures, fonctionnels. Toutefois, les protéines sont formées dans le
cytoplasme cellulaire, mais non dans le noyau, parce que le noyau ne contient pas de
ribosomes matures.

4.3. FORMATION DES PROTEINES SUR LES RIBOSOMES— LA “TRADUCTION”

Lors de la synthèse des protéines, à l’étape de la traduction, la langue des acides nucléiques
(séquences de bases) est traduite dans le langage des protéines (séquences d’acides aminés).
91

Lorsque la molécule d’ARN messager entre en contact avec un ribosome, elle voyage à
travers le ribosome, commençant à une extrémité prédéterminée spécifiée par une séquence
appropriée de bases appelée codon “ initiateur de la chaîne”. Ensuite, pendant que l’ARN
messager voyage le long du ribosome, une molécule de protéine est formée —un a processus
appelé traduction. Ainsi, le ribosome lit les codons de l’ARN messager de la même manière
qu’un lecteur de bande magnétique lit la bande au fil de son déroulement. Lorsqu’un codon
“stop” (ou “arrêt de la chaîne”) passe dans le ribosome, la fin de la molécule protéique est
signalée et cette dernière est libérée dans le cytoplasme.La production se déroule dans le
cytoplasme et fait l’intervenir les trois formes d’ARN.

(1) L’ARN messager en provenance du noyau s’associer à une petite sous-unité ribosomal
présente dans le cytoplasme ; cette association se fait par liaison des bases de l’ARN
messager avec celles de l’ARN ribosomal.
(2) L’ARN de transfert transporte les acides aminés jusqu’au brin d’ARN messager et
reconnaît le codon qui correspond à son acide aminé grâce à son pouvoir d’appariement avec
les bases du codon (au moyen de son anticodon). Ainsi donc, non seulement l’ARN de
transfert doit amener un acide aminé au site de synthèse de la protéine, mais il doit également
« reconnaître » le codon qui correspond à l’acide aminé en question. La structure minuscule
de la molécule d’ARN de transfert est bien adaptée à cette double fonction. L’acide aminé est
lié à une extrémité de l’ARN de transfert appelée queue. A l’autre extrémité, la tête, se trouve
une séquence de trois bases nommée anticodon ; l’anticodon est complémentaire au codon
d’ARN messager qui code pour l’acide aminé par l’acide aminé transporté par cet ARN de
transfert. La traduction commence lorsque l’anticodon d’un ARN de transfert portent l’acide
aminé reconnaît le codon « initiateur », qui est le premier codon de l’ARN messager, et se lié
à lui. Cet événement entraîne la liaison d’une grande sous-unité ribosomale ; l’assemblage du
ribosome fonctionnel est complété et l’ARN messager est placé de façon appropriée dans le
« sillon » formé entre les deux sous-unités ribosomales.
(3) Le ribosome progresse le long du filament d’ARN messager en lisant les codons un à un.
Les acides aminés sont annexés en position l’un après l’autre, les liaisons peptidique sont
formés entre eux et la chaîne polypeptidique s’allonger ainsi progressivement.
(4) Au moment où chaque acide aminé est lié au précédent, l’ARN de transfert
correspondant est libéré du site et s’éloigne du ribosome ; il est alors prêt à capturer un autre
acide aminé
92

(5) Au fur et à mesure que l’ARN messager est lu, le début de la chaîne s’éloigne du
ribosome et peut s’attacher successivement à plusieurs ribosomes qui lisent tous le même
message simultanément. Le complexe ribosomes et ARN messager ainsi formé, appelé
polysome, est un système efficace de production d’un grand nombre de copie de la même
protéine.
(6) La lecture du brin d’ARN messager se poursuit dans le même ordre jusqu’à ce que le
dernier codon, on d’arrêt, pénètre dans la rainure du ribosome. Ce codon est le «point» qui
marque la fin de la phrase et qui termine la traduction de l’ARN messager. La chaîne
polypeptidique se détache alors du ribosome. Si aucune autre molécule d’ARN messager ne
se joint à elles, les sous-unités du ribosome se séparent.
L’information génétique de la cellule permet la production des protéines par l’intermédiaire
d’une suite de transfert d’informations ; l’information passe du gène de l’ADN à la molécule
d’ARN messager qui lui est complémentaire, et dont les codons sont ensuite « lus » par les
anticodons de l’ARN de transfert. Remarquez que les anticodons de l’ARN de transfert,
lorsqu’ils « lisent » l’ARN messager, reconstituent la séquence de bases (triplets) du code
génétique de l’ADN (mais que T est remplacé par U).

4.3.1. Polyribosomes
Au fur et à mesure que l’ARN messager est lu, le début de la chaîne s’éloigne du ribosome et
peut s’attacher successivement à plusieurs ribosomes qui lisent tous le même message
simultanément. Le complexe ribosomes et ARN messager ainsi formé, appelé polysome, est
un système efficace de production d’un grand nombre de copie de la même protéine. Comme
nous l’avons souligné plus haut, une seule molécule d’ARN messager peut servir à la synthèse
des protéines dans plusieurs ribosomes simultanément parce que l’extrémité initiale du brin
d’ARN peut être s’attacher successivement à plusieurs ribosomes. Les molécules de protéines
sont à différents stades de développent dans chaque ribosome. Comme résultat, des amas de
ribosomes apparaissent fréquemment, 3 à 10 ribosomes étant attachés à une molécule unique
d’ARN messager au même moment. Ces amas de ribosomes sont appelés polyribosomes. Il
est spécialement important de noter qu’un ARN messager peut induire la synthèse d’une
molécule protéique dans n’importe quel ribosome; il n’y a donc pas de spécificité ribosomale
pour des types donnés de protéines. Le ribosome est simplement un équipement physique de
fabrication dans lequel les réactions chimiques se déroulent.
93

4.3.2. Ribosomes attachés au Réticulum endoplasmique: le Réticulum endoplasmique


rugueux
Au Chapitre 2, nous avons vu que de nombreux grains de ribosomes s’attachent au réticulum
endoplasmique. Ceci arrive parce que les terminaisons initiales de plusieurs protéines en
formation ont des séquences d’acides aminés qui se lient immédiatement à des sites récepteurs
spécifiques sur le réticulum endoplasmique; ce qui amène la pénétration de ces molécules
dans la paroi du réticulum et leur entrée dans la matrice du réticulum endoplasmique. Ceci
donne une apparence granuleuse à ces portions du réticulum où les protéines sont formées et
entrent dans la matrice du réticulum. Remarquons qu’à l’exception des cellules glandulaires
où de grandes quantités de vésicules sécrétoires contenant des protéines sont formées, la
majorité des protéines synthétisées par les ribosomes sont libérées directement dans le cytosol
au lieu de l’intérieur du réticulum endoplasmique. Ces protéines sont des enzymes et des
protéines de la structure interne de cellule.

4.3.3. Étapes chimiques de la synthèse des protéines


Les étapes des réactions chimiques sont les suivantes:
(1) chaque acide aminé est activé par un processus chimique dans lequel l’ATP se combine à
l’acide aminé pour former un complexe « adénosine monophosphate-acide aminé », rompant
ainsi deux liaisons phosphate haute-énergie dans le processus.
(2) l’acide aminé activé, ayant un excès d’énergie, se combine ensuite avec son propre ARN
de transfert spécifique pour former un complexe acide aminé–ARN de transfert et, au même
moment, libère l’adénosine monophosphate.
(3) L’ARN de transfert portant le complexe de l’acide aminé vient ensuite au contact de la
molécule d’ARN messager dans le ribosome, où l’anticodon de l’ARN de transfert s’attache
temporairement à son codon spécifique d’ARN messager, positionnant ainsi l’acide aminé
dans une séquence appropriée pour former une molécule protéique. Ensuite, sous l’influence
de l’enzyme peptidyl-transférase (l’une des protéines dans le ribosome), les liaisons
peptidiques se forment entre les acides aminés successifs, allongeant ainsi progressivement la
chaîne protéique. Ces événements chimiques nécessitent de l’énergie fournie par deux liaisons
phosphate haute-énergie supplémentaires, faisant un total de quatre liaisons haute-énergie
utilisées pour l’adjonction de chaque acide aminé supplémentaire à la chaîne protéique. Par
conséquent, la synthèse des protéines est l’un des processus les plus consommateurs de
l’énergie dans la cellule.
94

4.3.4. Liaison peptidique


Les acides aminés successifs d’une chaîne protéique se lient l’un à l’autre par une réaction
typique qui aboutit à la formation des liaisons peptidiques. Au cours de cette réaction
chimique, un radical hydroxyl (OH–) est retiré du groupement COOH du premier acide aminé,
et un hydrogène (H+) est également retiré du groupement NH2 d’un autre acide aminé. Ils se
combinent pour former de l’eau, et les sites réactifs laissés par les deux acides aminés
successifs se lient l’un à l’autre pour former une nouvelle molécule unique. Ce processus est
appelé liaison peptidique. Chaque fois qu’un acide aminé supplémentaire est ajouté, une
liaison peptidique supplémentaire se forme.

4.4. SYNTHESE DES AUTRES SUBSTANCES DANS LA CELLULE

De milliers de protéines enzymatiques synthétisées de la manière ci-dessus décrite contrôlent


toutes les autres réactions biochimiques qui se déroulent dans les cellules. Ces enzymes
catalysent la synthèse des lipides, du glycogène, des purines, des pyrimidines, et de centaines
d’autres substances. Plusieurs de ces réactions de synthèse sont traitées en Biochimie
(Métabolisme des hydrates de carbone, des lipides et des protéines). C’est par l’entremise de
ces substances, synthétisées suite à l’action enzymatique, que toutes les fonctions cellulaires
sont assurées.

4.5. CONTROLE DE LA FONCTION GENIQUE ET DE L’ACTIVITE BIOCHIMIQUE


DANS LES CELLULES

Il est évident que les gènes, en contrôlant la synthèse des protéines, contrôlent toutes les
fonctions cellulaires, aussi bien physique que chimique. Cependant, le degré d’activation de
différents gènes respectifs doit aussi être contrôlé; sinon, certaines parties de la cellule
pourront connaître une croissance excessive ou certaines réactions biochimiques pourront être
excédentaires jusqu’à tuer la cellule. Chaque cellule dispose de puissants mécanismes internes
de rétrocontrôle négatif qui maintiennent les différents processus fonctionnels de la cellule
chacun sous le contrôle d’un autre. Pour chaque gène (il y a plus de 30,000 gènes au total), il
y a au final un tel mécanisme de rétrocontrôle.

Il existe deux systèmes fondamentaux par lesquels les activités biochimiques sont contrôlées
dans la cellule : la régulation génétique et la régulation enzymatique. Dans le cadre de la
régulation génétique, le degré d’activation des gènes eux-mêmes est contrôlé, et dans la
95

régulation enzymatique, le niveau d’activités des enzymes déjà synthétisées dans la cellule est
contrôlé.

4.5.1. Régulation génétique


4.5.1.1. Promoteur de l’“Opéron” cellulaire et contrôle des synthèses biochimiques

L’“Opéron” est une région du génome constitué d’une séquence de gènes situés l’un après
l’autre sur le même brin de l’ADN chromosomique et comprenant un “Promoteur” et des
gènes structuraux. Les gènes structuraux sont les gènes responsables de la formation des
enzymes respectives qui catalysent une série de réactions aboutissant à la synthèse d’un
produit biochimique cellulaire. Le promoteur est un groupe de nucléotides ayant une affinité
spécifique pour l’ARN polymérase. La polymérase doit se lier à ce promoteur avant qu’elle ne
commence à se déplacer le long du brin d’ADN pour synthétiser l’ARN. Ainsi, le promoteur
est un élément essentiel pour l’activation de l’opéron.

Figure 3–12. Opéron, gènes structuraux, contrôle de la synthèse de trois enzymes respectives,
synthèse de produit intracellulaire spécifique.

4.5.1.2. L’“Opérateur Répresseur”— Contrôle de l’Opéron par une “ Protéine Répressive”


Il existe au sein de l’opéron une bande supplémentaire de nucléotides situés au milieu du
promoteur. Cette zone est appelée opérateur répresseur parce qu’une protéine “régulatrice”
peut s’y fixer et empêcher l’attachement de l’ARN polymérase au promoteur, ce qui bloque la
transcription des gènes structuraux de cet opéron. Une telle protéine de régulation négative est
appelée protéine répressive.

4.5.1.3. L’“Opérateur Activateur” — Contrôle de l’Opéron par une “Protéine Activatrice”


Toujours dans l’opéron, il existe un autre opérateur, appelé opérateur activateur, qui est
adjacent au promoteur mais devant. Lorsqu’une protéine régulatrice se lie à cet opérateur, la
liaison facilite l’attraction de l’ARN polymérase au promoteur, activant de ce fait l’opéron.
Ainsi, la protéine régulatrice de ce type est appelée protéine activatrice.

4.5.1.4. Rétrocontrôle négatif de l’Opéron.

Enfin, la présence dans la cellule d’une quantité critique d’un produit synthétisé peut causer
une inhibition, par rétrocontrôle négatif, de l’opéron responsable de la synthèse du dit produit.
Cela peut se faire soit en causant la liaison de la protéine régulatrice répressive à l’opérateur
répresseur soit en causant le détachement de la protéine régulatrice activatrice de l’opérateur
activateur. Dans un cas comme dans l’autre, l’opéron devient inhibé. Ainsi, une fois que le
96

produit synthétisé requis devient suffisamment abondant pour une fonction cellulaire bien
précise, l’opéron devient dormant. Inversement, lorsque le produit synthétisé est dégradé dans
la cellule et que sa concentration baisse, l’opéron devient à nouveau actif. De cette manière, la
concentration désirée du produit est contrôlé automatiquement.

4.5.1.5. Autres mécanismes pour contrôler la transcription par l’Opéron.

Il existe des variations dans le mécanisme fondamental du contrôle de l’opéron. En voici


quelques-unes:

1. Un opéron est fréquemment contrôlé par un gène régulateur situé n’importe où dans le
complexe génétique du noyau. C’est ce gène régulateur qui à l’origine de la formation d’une
protéine régulatrice qui agit comme une substance activatrice ou répressive pour contrôler
l’opéron.

2. Occasionnellement, plusieurs différents opérons sont contrôlés simultanément par la même


protéine régulatrice. Dans certains cas, la même protéine régulatrice fonctionne comme un
activateur pour un opéron et comme répresseur pour un autre opéron. Lorsque plusieurs
opérons sont contrôlés simultanément de cette manière, les opérons qui fonctionnent
ensemble sont appelés un régulon.

3. Certains opérons sont contrôlés non pas au point de départ de la transcription sur le brin
d’ADN mais plus loin le long du brin. Parfois le contrôle n’est même pas exercé sur le brin
d’ADN lui-même mais pendant le déplacement des molécules d’ARN dans le noyau avant
leur libération dans le cytoplasme; rarement, le contrôle pourra avoir lieu au niveau de la
formation des protéines dans le cytoplasme durant la traduction de l’ARN par les ribosomes.

4. Dans les cellules nucléées, l’ADN nucléaire est empaqueté dans des unités structurales
spécifiques, les chromosomes. Dans chaque chromosome, l’ADN est enroulé autour de petites
protéines appelées histones, qui à leur tour sont retenues fermement ensemble dans un état
compact par d’autres protéines immobiles. Aussi longtemps que l’ADN est dans cet état
compact, il ne peut pas fonctionner pour former l’ARN. Cependant, on a commencé à
découvrir de multiples mécanismes de contrôle pouvant causer un décompactage des zones
sélectives des chromosomes pendant un moment permettant ainsi une transcription partielle
de l’ARN. Et même encore, un certain “facteur transcripteur” spécifique contrôle le taux de
transcription actuel par l’entremise d’un opéron distinct dans le chromosome. Ainsi, des
contrôles toujours plus affinés sont utilisés pour mettre en place une fonction cellulaire
97

appropriée. En plus, des signaux en provenance de l’extérieur de la cellule, comme les


hormones, peuvent activer des régions chromosomiques et des facteurs de transcription
spécifiques, contrôlant ainsi la machinerie biochimique pour la fonction cellulaire.

Puisqu’il y a plus de 30,000 gènes différents dans chaque cellule humaine, le nombre
impressionnant de voies par lesquelles l’activité génique est contrôlée n’est pas surprenant.
Les systèmes de contrôle des gènes est spécialement important pour contrôler les
concentrations intracellulaires des acides aminés, des dérivés d’acides aminés, des substrats
intermédiaires et des produits du métabolisme des hydrates de carbone, des lipides et des
protéines.

4.5.2. Contrôle de la fonction intracellulaire par la régulation enzymatique


En plus du contrôle de la fonction cellulaire par la régulation génique, certaines activités
cellulaires sont contrôlées par des activateurs ou des inhibiteurs intracellulaires qui agissent
directement sur des enzymes intracellulaires spécifiques. Ainsi, la régulation enzymatique
représente une deuxième catégorie de mécanismes par lesquels les fonctions biochimiques
intracellulaires peuvent être contrôlées.

4.5.2.1. Inhibition enzymatique


Certaines substances chimiques formées dans la cellule ont, par un mécanisme de
rétrocontrôle actif, des effets inhibiteurs directs sur les enzymes spécifiques qui ont servi à
leur synthèse. Presque toujours le produit synthétisé agit sur la première enzyme de la
séquence, plutôt que sur les enzymes subséquentes, habituellement en se liant directement à
l’enzyme, causant ainsi des modifications allostériques de la conformation qui inactivent
l’enzyme. L’inactivation de la première enzyme est particulièrement importante: elle prévient
l’accumulation des métabolites intermédiaires qui ne sont pas utilisés.

L’inhibition enzymatique est un autre exemple du rétrocontrôle négatif; elle est responsable
du contrôle des concentrations intracellulaires de multiples acides aminés, purines,
pyrimidines, vitamines, et autres substances.

4.5.2.2. Activation enzymatique

Les enzymes, souvent inactives normalement, peuvent être activées en cas de besoin. Un
exemple de cela s’observe en cas de déplétion des stocks cellulaires d’ATP : il commence
alors à se former une quantité considérable d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc)
comme produit de dégradation de l’ATP; la présence de cet AMPc à son tour active
98

immédiatement la phosphorylase clivant le glycogène, libérant des molécules de glucose qui


sont rapidement métabolisé et leur énergie utilisée pour renflouer les stocks d’ATP. Ainsi,
l’AMPc agit comme un activateur enzymatique pour la phosphorylase et participe ainse au
contrôle de la concentration intracellulaire d’ATP.

Une autre situation intéressante où on observe à la fois l’inhibition et l’activation


enzymatiques c’est lors de la formation des purines et pyrimidines. La cellule a besoin de ces
substances en des quantités approximativement égales pour la formation de l’ADN et de
l’ARN. Lorsque les purines sont formées, elles inhibent les enzymes nécessaires à la
formation des purines supplémentaires et activent les enzymes pour la formation des
pyrimidines. À l’inverse, les pyrimidines, une fois formées, inhibent leurs propres enzymes
mais activent les enzymes des purines. De cette manière, il existe un continuel
approvisionnement croisé entre les systèmes de synthèse de ces deux substances, avec comme
résultat des quantités presqu’exactement égales de ces substances dans les cellules à tout
moment.

Résumé. En résumé, il existe deux principales modalités par lesquelles les cellules contrôlent
les proportions et quantités appropriées de différents constituants cellulaires: (1) le mécanisme
de la régulation génique et (2) le mécanisme de la régulation enzymatique. Les gènes peuvent
être soit activés soit inhibés, de même, les systèmes enzymatiques peuvent être soit activés
soit inhibés. La plupart de ces mécanismes de régulation fonctionnent comme des systèmes de
rétrocontrôle qui surveillent continuellement la composition biochimique de la cellule et
opèrent des ajustements appropriés. Mais dans certaines circonstances, des substances
d’origine extracellulaire (spécialement certaines hormones) contrôlent aussi les réactions
biochimiques intracellulaires en activant ou en inhibant un ou plusieurs de systèmes de
contrôle intracellulaire.

4.6. ADN ET REPRODUCTION CELLULAIRE

La reproduction cellulaire est une autre illustration du rôle ubiquitaire que le système
génétique-ADN joue dans tous les processus vitaux. Les gènes et leurs mécanismes
régulateurs déterminent les caractéristiques de la croissance des cellules et aussi le moment où
les cellules doivent se diviser pour donner de nouvelles cellules. De cette façon, l’omniprésent
système génétique contrôle chaque étape du développement de l’organisme humain, depuis le
zygote (ovule fécondé) jusqu’à l’organisme entier pleinement développé. Ainsi, s’il y a une
constante centrale à la vie, c’est bel et bien le système génétique-ADN.
99

3.6.1. Cycle cellulaire

Le cycle cellulaire est la suite de transformations que subit une cellule entre l’instant où elle
est formée et le moment où elle se reproduit.
Le cycle cellulaire comporte deux périodes ou phases principales : l’interphase, période
pendant laquelle la cellule croît et poursuit la majeure partie de ses activités, et la division
cellulaire, ou phase mitotique, période pendant laquelle la cellule se reproduit.

4.6.1. Interphase
Cette phase représente tant le laps de temps allant de la formation de la cellule à sa division.
L’interphase est faussement qualifiée de phase de repos du cycle cellulaire ; en effet les
premiers cytologistes ignoraient que la cellule était le siège d’une activité moléculaire
constante et étaient impressionnés par les mouvements qu’ils pouvaient facilement observer
durant la division cellulaire. Cependant, il s’agissait d’une conception totalement erronée
puisque la cellule accomplit toutes ses fonctions normales au cours de l’interphase et que le «
repos » ne concerne que la division cellulaire. Le terme interphase indique simplement qu’il
ne s’agit que d’une étape qui a lieu entre deux divisions cellulaires. Il serait sans doute plus
juste de parler de phase métabolique ou de phase de croissance. L’interphase est la partie du
cycle cellulaire pendant laquelle la cellule croît et poursuit ses activités métaboliques
normales.

En plus d’assurer les réactions qui lui permettent de survivre, la cellule en interphase se
prépare à la prochaine division. L’interphase se divise en trois sous-phases nommées G1, S et
G2. Pendant la phase G1 (growth 1 = croissance 1), c’est-à-dire la première partie de
l’interphase, les cellules ont une activité métabolique, elles synthétisent des protéines et
croissent rapidement. C’est la phase dont la durée est la plus variable. Chez les cellules qui se
divisent fréquemment, la phase G1 peut durer de quelque minutes à quelques heures ; chez
celles qui se divisent moins souvent, elle peut durer des jours ou même des années. Les
cellules qui ont définitivement cessé de se diviser sont dites en phase G0.

Au cours de l’interphase, les chromosomes prennent la forme d’euchromatine, ou chromatine


diffuse (dépliée) ; la membrane nucléaire et le nucléole sont intacts et parfaitement visibles.
On voit aussi les réseaux de microtubules (asters) qui partent des centrosomes. Au cours des
différentes périodes de cette phase, les centrioles commencent à se répliquer (de G1 à G2),
l’ADN se dédouble (S) et les dernières étapes préalables à la mitose se terminent (G2). La
paire de centrioles finit de se répliquer pour former deux paires pendant G2.
100

4.6.1.2. Phase S

Pendant la plus grande partie de G1, il ne se produit pratiquement aune activité liée à la
division cellulaire ; cependant, à la fin de G1, les centrioles commencent à se répliquer.
Pendant la phase suivante, c’est-à-dire la phase S (de synthèse), l’ADN se réplique de sorte
que les deux cellules qui seront produites pourront recevoir des copies identiques du matériel
génétique. Il y a formation de nouvelles histones qui sont assemblées en chromatine.

4.6.1.3. Phase G2

C’est la dernière phase de l’interphase; elle est très courte ; les enzymes et les autres protéines
nécessaires à la division sont synthétisées et amenées aux sites appropriés. A la fin de G2, la
réplication des centrioles est terminée. La croissance et les processus cellulaires habituels se
poursuivent pendant toute la durée des S et G2.

4.6.2. Réplication de l’ADN


Avant qu’une cellule se divise, il faut que son ADN se réplique exactement de sorte que la
cellule puisse transmettre des copies identiques de ses gènes à chacune des cellules filles.
On ne connaît pas le mécanisme de déclenchement de la synthèse de l’ADN, mais lorsque
celle-ci est amorcée, elle doit se dérouler jusqu’à la fin (loi du tout ou rient). Le processus de
réplication commence simultanément sur plusieurs filaments de chromatine et se poursuit
jusqu’à ce que tout l’ADN ait été recopié.

A chaque endroit où la réplication de l’ADN débute (site nommé origine de réplication) se


forme une bulle de réplication, en forme de Y appelée poche de réplication. Le processus
commence par le déroulement des hélices de l’ADN. Une enzyme, l’hélicase, déplie la
double hélice et sépare peu à peu la molécule d’ADN en deux chaînes nucléotidiques
complémentaires. Chaque brin de nucléotides ainsi libéré devient une matrice, c’est-à-dire un
modèle servant à la construction d’une chaîne nucléotidique complémentaire à partir des
nucléosides d’ADN qui se trouvent dans le nucléoplasme. Les nucléosides, substrats servant
à la synthèse de l’ADN, se distinguent des nucléotides, unités de base de l’ADN, par le fait
qu’ils possèdent non pas un mais trois groupements phosphates. Les nucléosides, grâce à
leurs phosphates terminaux fournissent l’énergie nécessaire (comme dans l’ATP) à la
polymérisation de la chaîne nucléotidique en formation.

Plusieurs enzymes contribuent à la synthèse de l’ADN. Les ADN polymérase, enzymes qui
positionnent les nucléotides d’ADN les uns par rapport aux autres et les lient, ne peuvent
101

fonctionner que dans une direction. Par conséquent, la synthèse de l’un des brins, le brin
avancé, se poursuit de façon continue en suivant l’ouverture de la fourche de réplication.
L’autre brin, appelé brin retardé, est construit par segment dans la direction apposée ; ces
segments sont liés ensemble plus tard par une autre enzyme, une ADN ligase. La vitesse
d’assemblage des nucléotides à chaque fourche de réplication est de l’ordre de 10 à la
seconde.

Comme nous l’avons déjà vu, les bases des nucléotides s’apparient toujours de façon
complémentaire : A-T et C-G. Grâce à ce mode précis d’appariement, l’ordre des nucléotides
de la matrice détermine l’ordre d’assemblage du brin en cours de synthèse, ce qui permet à la
réplication de se faire sans erreur. Par exemple, une séquence TACTGC d’une matrice
s’associerait avec des nouveaux nucléotides dans l’ordre ATGACG ; quant à la région
correspondante de l’autre matrice, qui porte la séquence ATGACG, elle se lierait avec
nucléotides dans l’ordre TACTGC. On se retrouve donc en fin de compte avec deux
molécules d’ADN synthétisées à partir de l’ADN de l’hélice d’origine et identiques à cette
dernière, puisque chacune de nouvelles molécules est constituée d’une vielle chaîne de
nucléotides et d’une chaîne nouvellement assemblée. C’est pourquoi on qualifie le mécanisme
de réplication de l’ADN de réplication semi- conservative.

Dès que la réplication est terminée, des histones s’associent à l’ADN, complétant ainsi la
formation de deux nouveaux brins de chromatine qui se condensent en formant des
chromatides reliées par un centromère. Les chromatides restent attachées ensemble jusqu’à ce
que la cellule soit parvenue à l’étape de la division cellulaire donnant deux cellules-filles de
sorte que chacune de celles-ci reçoit exactement la même information génétique.

4.6.3. Chromosomes et leur réplication


L’ADN des eucaryotes est replié ; ce repliement est important pour deux raisons : il permet
l’emballage de très longues molécules d’ADN de manière ordonnée dans le noyau de la
cellule, et la manière exacte selon laquelle une région du génome est repliée peut déterminer
l’activité des gènes de cette région. Ce repliement constitue le chromosome. On peut donc
considérer le chromosome comme une unique et très longue molécule d’ADN organisée en
une série de boucles. Les hélices de l’ADN du noyau sont emballées dans les chromosomes.

Tous les individus d’une espèce ont le même nombre et les mêmes types de chromosomes. La
composition chromosomique ou caryotype peut donc servir à définir une espèce. Dans
l’espèce humaine, le nombre de chromosomes est de 46, arrangés en 23 paires. Cet
102

assortiment de chromosomes se retrouve dans toutes les cellules de l’organisme. Comme la


réplication de l’ADN a eu lieu pendant l’interphase, les chromosomes sont en fait constitués
de deux filaments de chromatine identiques qui, à ce stade, sont appelés chromatides. Les
chromatides de chaque chromosome sont retenues ensemble par un petit corpuscule central
en forme de bouton, le centromère. Après la séparation des chromatides, on considère
chacune d’elles comme un nouveau chromosome. La plupart de gènes des deux chromosomes
de chaque paire sont identiques ou quasiment identiques, au point qu’habituellement on
considère que les différents gènes existent aussi en paires, bien que dans certaines
circonstances cela ne soit pas toujours le cas.

En plus de l’ADN, il y a dans le chromosome une grande quantité de protéines, composée


principalement de plusieurs petites molécules chargée positivement, les histones. Les amas
sphériques de huit histones jouent plusieurs rôles importants : elles servent au repliement
compact et ordonné des très longues molécules d’ADN, interviennent dans la régulation des
gènes, exposant différents segment de l’ADN selon qu’elles changent de forme et permettent
l’enroulement et la condensation de la chromatine qui forme alors des bâtonnets qui se
déplacent beaucoup pendant la division cellulaire ; leur forme compact les empêche de
s’emmêler et évite que les fragiles filaments de chromatine se brisent au cours de ces
mouvements.

Les noyaux d’histones jouent un rôle important dans la régulation de l’activité de l’ADN
parce qu’aussi longtemps que l’ADN est emballé solidement, il ne peut pas fonctionner
comme matrice ni pour la formation de l’ARN ni pour la réplication d’un nouvel ADN. C’est
ainsi que certaines protéines régulatrices ont comme mécanisme d’action le détachement de
l’emballage d’histones de l’ADN, ce qui permet à de petits segments alors à former de l’ARN.

De nombreuses protéines non histones sont également un composant majeur des


chromosomes. Elles fonctionnent à la fois comme protéines de structure chromosomique et,
en connexion avec la machinerie de régulation de l’activité génique, comme activatrices,
inhibitrices, et enzymes.

La réplication des chromosomes se déroule dans son entièreté durant les quelques petites
minutes qui suivent la fin de la réplication de l’ADN ; les nouvelles hélices d’ADN
rassemblent de nouvelles molécules de protéines nécessaires. Les deux chromosomes
nouvellement formés restent attachés l’un à l’autre par un petit corpuscule central en forme de
103

bouton, le centromère. Ces chromosomes répliqués mais encore attachés sont appelés
chromatides.

4.6.4. Division cellulaire


Le processus par lequel la cellule se divise en deux nouvelles cellules est appelé mitose. Dès
que chaque chromosome s’est répliqué pour former les deux chromatides, la mitose suit
automatiquement dans les 60 ou 120 minutes dans la plupart des cellules.

4.6.4.1. Appareil mitotique: fonction des centrioles

Un de premiers événements de la mitose se déroule dans le cytoplasme, durant la dernière


partie de l’interphase à l’intérieur ou autour de petites structures appelées centrioles. Au début
de la prophase, les deux paires de centrioles sont l’une à côté de l’autre à l’un des pôles du
noyau ; les centrioles, à l’instar de ADN et des chromosomes, s’étaient aussi répliqués durant
l’interphase, peu avant la réplication de l’ADN. Chaque centriole est une petite structure
cylindrique d’environ 0,4 micromètre de long et environ 0,15 micromètre de diamètre,
constituée principalement de neuf structures tubulaires parallèles arrangées en forme d’un
cylindre. Les deux centrioles de chaque paire forment un angle droit l’un et l’autre. Chaque
paire de centrioles avec le matériel péri-centriolaire d’alentour est appelée un centrosome.

Peu de temps avant que la mitose ne commence, les deux paires de centrioles commencent à
s’éloigner l’une de l’autre. Ce mouvement de séparation est due à la polymérisation des
protéines des microtubules qui croissent entre les deux paires de centrioles et les repoussent
l’une de l’autre. Au même moment, d’autres microtubules croissant de façon radiaire à partir
de chaque paires de centrioles, formant une étoile épineuse, appelée l’aster, dans chacun des
pôles de la cellule. Certaines des épines de l’aster pénètrent à l’intérieur de la membrane
nucléaire et aide à la séparation de deux jeux de chromatides durant la mitose. Le complexe
de microtubules s’étendant entre les deux nouvelles paires de centrioles est appelé le fuseau,
le jeu entier de microtubules plus les deux paires de centrioles est appelé l’appareil mitotique.

4.6.4.2. Prophase

La prophase est la première et la plus longue des phases de la mitose ; elle débute lorsque les
filaments de chromatine commencent à s’enrouler et à se condenser pour former des
chromosomes en forme de bâtonnets, visibles au microscope optique. Lorsque les
chromosomes deviennent visibles, les nucléoles disparaissent et les microtubules du
cytosquelette se disloquent ; les paires de centrioles se séparent l’une de l’autre. Les
104

centrioles deviennent le point de départ de la croissance d’un nouveau réseau de microtubules


appelé fuseau mitotique. Ces microtubules continuent de croître, ils écartent leurs centrioles
l’un de l’autre en les repoussants vers les extrémités opposées (pôles) de la cellule.

4.6.4.3. Pro-métaphase
Pendant que les centrioles s’éloignent encore l’un de l’autre, la membrane nucléaire se
fragmente, permettant ainsi au fuseau d’occuper le centre de la cellule et d’interagir avec les
chromosomes. Les centrioles produisent des asters, des microtubules qui irradient à partir des
extrémités du fuseau et ancrent celui-ci à la membrane plasmique. Pendant ce temps, certains
des microtubules du fuseau en formation s’attachent à des complexes protéiques spéciaux
appelés kinétochores, qui sont situés sur le centromère de chaque chromosome. Ces
microtubules sont appelés microtubules du kinétochore. Les tubules du fuseau qui ne
s’attachent pas à des chromosomes sont les microtubules polaires. Les microtubules du
kinétochore tirent sur chaque chromosome finissent par se placer au milieu de la cellule.

4.6.4.4. Métaphase
C’est la deuxième phase de la mitose. Les chromosomes se regroupent au centre de la
cellule, leurs centromères alignés avec précision sur le milieu du fuseau, ou équateur. On
appelle plaque équatoriale cet alignement de chromosomes sur le plan médian de la cellule
(à mi-chemin entre les deux pôles).

4.6.4.5. Anaphase
L’anaphase, la troisième phase de la mitose, commence brusquement au moment où les
centromères des chromosomes se séparent et où chaque chromatide devient un chromosome
indépendant. Les microtubules du kinétochore se raccourcissent et, comme des élastiques
tendus qui ont été relâchés, ils tirent chacun des chromosomes vers le pôle correspondant. Les
microtubules polaires glissent les uns sur les autres et s’allongent en repoussant les deux
pôles, ce qui a pour effet d’allonger l’ensemble de la cellule. Il est facile de reconnaître
l’anaphase parce que les chromosomes prennent la forme d’un V. les centromères, auxquels
sont fixés les microtubules du kinétochore, précèdent les « bras » des chromosomes qui
traînent derrière eux. L’anaphase est la phase la plus courte de la mitose ; elle ne dure
habituellement que quelques minutes. Les chromosomes sont courts et compacts, ce qui
facilite leur déplacement et leur séparation. En effet, de longs filaments de chromatine diffuse
s’entremêleraient et se briseraient, ce qui endommagerait le matériel génétique et entraverait
la « distribution » d’information identique aux cellules filles.
105

4.6.4.6. Télophase
La télophase commence aussitôt que le déplacement des chromosomes est terminé. Cette
dernière phase ressemble à la prophase à l’envers. Les chromosomes, qui sont répartis en
deux jeux identiques situés à chaque extrémité de la cellule, se déroulent et redeviennent des
filaments de chromatine diffuse. Une nouvelle membrane nucléaire dérivée du RE rugueux se
reforme autour de chaque masse de chromatine. Des molécules réapparaissent dans les
noyaux, et le fuseau mitotique se désintègre et disparaît. C’est alors la fin de la mitose ;
pendant un bref instant, la cellule a deux noyaux (elle est binucléée), identiques à celui de
la cellule mère.

4.6.4.7. Cytocinèse
La division du cytoplasme ou cytocinèse (kutos= cellule ; kines= mouvement), commence à la
fin de la télophase. Elle est causée par la formation d’un anneau contractile de microfilaments
d’actine et probablement de myosine (protéines contractiles du muscle). Cet anneau tire vers
l’intérieur la partie de la membrane plasmique qui entoure le centre de la cellule (la plaque
équatoriale), formant ainsi un sillon annulaire. Ce sillon devient de plus en plus profond
jusqu’à ce que la masse cytoplasmique de départ se trouve partagée en deux de sorte qu’à la
fin de la cytocinèse il y a deux cellules filles. Chacune est plus petite et contient moins de
cytoplasme que la cellule mère, mais elle lui est génétiquement identique. Les cellules filles
entrent alors dans l’interphase du cycle cellulaire, croissent et poursuivent leurs activités
normales jusqu’à ce qu’elles se divisent à leur tour.

4.6.5. Contrôle de la croissance et de la reproduction cellulaires


Nous savons que certaines cellules croissant et se reproduisent continuellement; c’est le cas
des cellules souches sanguines de la moelle osseuse, des cellules de la couche basale
germinative de la peau et des cellules de l’épithélium intestinal. De nombreuses autres
cellules, cependant, comme les cellules musculaires lisses, peuvent ne pas se reproduire
pendant plusieurs années. Une minorité de cellules, comme les neurones et la plupart de
cellules musculaires striées, ne peuvent plus se reproduire durant toute la vie d’une personne,
exception faite de la période de la vie fœtale d’origine.

Dans certains tissus, une insuffisance de certains types de cellules amène ces dernières à
croître et à se reproduire rapidement jusqu’à ce que leur nombre approprié soit de nouveau
atteint. En guise d’illustration, chez certains jeunes animaux les sept huitièmes du foie
peuvent subir une ablation chirurgicale, et les cellules du huitième restant vont croître et se
diviser jusqu’à ce que la masse de l’organe retrouve quasiment son volume normal. La même
106

chose s’observe avec de nombreuses cellules glandulaires et la plupart de cellules de la moelle


osseuse, du tissu sous-cutané, de l’épithélium intestinal, et de presque tous les autres tissus, à
l’exception de cellules hautement différenciées comme les cellules nerveuses et musculaires.

Peu de choses sont connues sur les mécanismes qui le nombre approprié de différents types de
cellules dans l’organisme. Toutefois, les expériences ont, en fin de compte, montré trios voies
par lesquelles la croissance cellulaire peut être contrôlée. D’abord, la croissance cellulaire est
souvent contrôlée par des facteurs de croissance en provenance d’autres parties de
l’organisme. Certains de ces facteurs circulent dans le sang, mais d’autres proviennent des
tissus adjacents. Par exemple, les cellules épithéliales de certaines glandes, comme le
pancréas, connaissent une insuffisance de croissance en l’absence d’un facteur de croissance
provenant du tissu conjonctif sous-jacent de la glande. Deuxièmement, la plupart de cellules
normales stoppent leur croissance dès qu’elles ont occupé tout l’espace disponible pour la
croissance. Ceci s’observe avec les cellules croissant en culture cellulaire: les cellules
croissent jusqu’à ce qu’elles entrent en contact avec un objet solide ; elles stoppent aussitôt
leur croissance. Troisièmement, les cellules croissant en culture tissulaire stoppent souvent
leur croissance lorsque de petites quantités de leurs propres sécrétions peuvent être collectées
dans le milieu de culture. Ce qui est un argument en faveur du rétrocontrôle négatif de la
croissance cellulaire.

4.6.5.1. Régulation de la taille cellulaire

La taille de la cellule est déterminée presqu’entièrement par la quantité d’ADN fonctionnel


dans le noyau. Si la réplication de l’ADN n’a pas lieu, la cellule grandit jusqu’à une certaine
taille et reste ensuite à cette taille. Inversement, il est possible, en utilisant la colchicine
chimique, de bloquer la formation du fuseau mitotique et, par conséquent, la mitose, même si
la réplication de l’ADN se poursuit. Dans ce cas, le noyau contient de loin de plus grandes
quantités d’ADN que celles qu’il a normalement, et la cellule grandit à une taille
proportionnellement plus importante. Il est admis que cette croissance plus importante résulte
d’une production accrue d’ARN et de protéines cellulaires.

4.7. DIFFERENTIATION CELLULAIRE

La vie de l’organisme humain commence sous la forme d’une cellule unique, l’ovule fécondé,
dont descendent toutes les cellules du corps.
107

Tout au début du développement embryonnaire, les cellules commencent à se spécialiser ;


certaines d’entre elles deviennent des cellules hépatiques, d’autre des neurones et d’autres
encore forment le cristallin transparent de l’œil. Comment donc le même patrimoine
génétique peut-il donner naissance à une telle diversité des cellules? Il semble que les
cellules situées dans les diverses régions de l’embryon reçoivent différents signaux chimiques
qui déterminent la suite de leur développement. Ces signaux chimiques désactivent et/ou
activent certains gènes des certains cellules, influant ainsi sur l’évolution de ces dernières. Les
cellules se spécialisent donc en fonction des protéines qu’elles doivent produire, et cette
spécialisation se fait par l’activation de gènes différents selon le type de cellule considérée. La
spécialisation cellulaire mène à une variation structurale : le nombre d’organites de chaque
catégorie varie selon le type de la cellule. Par exemples les cellules musculaires fabriquent
d’énormes quantités d’actine et de myosine, et leur cytoplasme est plein de microfilaments.
Les cellules hépatiques et les phagocytes produisent plus d’enzymes lysosomiales et de
lysosomes. L’apparition de caractéristiques spécifiques différentes dans les cellules est
appelée différenciation cellulaire.

L’observation et l’expérimentation animales ont permis une meilleure compréhension de ce


phénomène.Lorsqu’un noyau d’une cellule de la muqueuse intestinale de grenouille est
implanté, après ablation chirurgicale, dans un œuf de grenouille d’où est provenu le noyau
implanté, le résultat est souvent la formation d’une grenouille normale. Cette expérience
prouve que même la cellule de la muqueuse intestinale, qui est une cellule bien différenciée,
contient toute l’information génétique nécessaire pour la formation de toutes les structures de
l’organisme de la grenouille.

Par conséquent, il apparait clairement que la différenciation résulte non pas de la perte des
gènes mais plutôt d’une répression sélective de différents opérons génétiques. Au fait, les
micrographies électroniques suggèrent que certains segments d’hélices d’ADN entourés de
noyaux d’histones deviennent si condensés qu’ils n’ont plus suffisamment d’espace pour être
transcrits en molécules d’ARN. Une explication à cela est ce qui suit: on a supposé qu’à
certain stade de la différenciation cellulaire le génome cellulaire se met à produire une
protéine régulatrice qui va réprimer de manière définitive un groupe sélectionné de gènes.
Ainsi, les gènes réprimés ne vont plus jamais fonctionner à nouveau. Faisant fi du mécanisme,
les cellules humaines matures produisent un maximum d’environ 8000 à 10.000 protéines
plutôt que les potentielles 30.000 ou plus si tous les gènes étaient actifs.
108

4.8. APOPTOSE —MORT CELLULAIRE PROGRAMMEE

Les 100 trillions de cellules de l’organisme humain sont des membres d’une communauté
hautement organisée; le nombre total de cellules est étroitement régulé non seulement en
contrôlant le taux de division cellulaire en contrôlant le taux de mort cellulaire. Lorsque
l’organisme n’en a plus besoin ou lorsqu’elles sont devenues une menace pour l’organisme,
les cellules dans un processus de mort cellulaire programmée. L’apoptose ou mort cellulaire
programmé est un processus physiologique caractérisé par une succession d’événement
ordonnés aboutissant à la condensation de la chromatine et à la fragmentation de l’ADN. Les
fragments oligonucléosomiques ainsi formés sont empaquetés dans des structures
membranaires avant d’être phagocytés puis éliminés par les cellules phagocytaires. Cette
séquence d’événements explique comment une cellule apoptotique peut disparaître sans
laisser des traces.

En contraste avec la mort programmée, les cellules qui meurent à la suite d’agression aiguë
gonflent et éclatent à cause de la perte de l’intégrité de la membrane plasmique, dans un
processus appelé nécrose cellulaire. Les cellules nécrosées peuvent déverser leur contenu,
causant l’inflammation et la lésion des cellules environnantes.

Les mécanismes induisant ou inhibant l’apoptose font intervenir essentiellement trois familles
de protéines. L’apoptose est initiée par l’activation d’une famille de protéases appelées
caspases. Ce sont des enzymes synthétisées et stockées dans la cellule sous forme de
procaspases inactives. Les mécanismes d’activation des caspases sont complexes, mais une
fois actives, ces enzymes clivent et activent d’autres procaspases, entraînant une cascade de
réactions qui dégradent rapidement des protéines dans la cellule. La cellule se désagrège elle-
même, et ses restes sont rapidement digérés par cellules phagocytaires avoisinantes.

Une formidable quantité d’apoptose se produit dans les tissus en cours de modelage lors du
développement embryonnaire. Même chez les individus adultes, des milliards de cellules
meurent chaque jour dans des tissus comme l’intestin et la moelle osseuse et sont remplacées
par de nouvelles cellules. La mort cellulaire programmée est, cependant, précisément
compensée par la formation de nouvelles cellules chez les adultes sains. Autrement, les tissus
du corps pourraient rétrécir ou grossir démesurément. Des études récentes suggèrent que les
anomalies de l’apoptose pourraient jouer un rôle primordial dans les maladies neurologiques
dégénératives comme la maladie d’Alzheimer, mais aussi dans le cancer et dans les désordres
109

auto-immunes. Certains médicaments qui ont été utilisés avec succès en chimiothérapie
semblent induire l’apoptose dans les cellules cancéreuses.

4.9. CANCER

Le cancer résulte toujours, ou presque, de mutations ou d’autres activations anormales des


gènes cellulaires contrôlant la croissance et la division cellulaires. Les gènes anormaux sont
appelés oncogènes. Plus de 100 différents oncogènes ont été découverts. Dans les cellules se
trouvent aussi des anti-oncogènes, qui suppriment l’activation d’oncogènes spécifiques. Ainsi,
la perte ou l’inactivation d’anti-oncogènes pourra permettre l’activation d’oncogènes qui va
entraîner le cancer.

Seule une infime fraction de cellules ayant muté entraîne un cancer dans l’organisme. Il y a
plusieurs raisons à cela. D’abord, parce que la plupart de cellules ayant subi une mutation ont
une capacité de survie moindre que celle des cellules normales et meurent tout simplement.
La deuxième raison est que, même si cellules ayant muté parviennent à survivre, seule une
petite quantité d’entre elles deviennent cancéreuses ; en effet, les mécanismes normaux de
rétrocontrôle prévenant une croissance cellulaire subsistent encore dans la plupart de cellules
ayant subi une mutation. Troisièmement, il y a le système immunitaire qui détruit souvent, si
pas toujours, les cellules potentiellement cancéreuses avant que ces dernières ne se
développent en. L’action du système immunitaire se déroule par le mécanisme suivant: la
plupart de cellules mutantes synthétisent des protéines anormales, et ces protéines activent le
système immunitaire, induisant la formation d’anticorps ou en sensibilisant des lymphocytes.
Cette réponse immunitaire dirigée contre les cellules cancéreuses les détruit. Un argument en
faveur de ce mécanisme est le constat que les sujets dont le système immunitaire est déprimé,
comme ceux sous traitement immunosuppresseur, ont une probabilité plus élevée de
développer un cancer (5 fois plus élevée). En fin, il faut que plusieurs oncogènes soient
simultanément activés pour causer un cancer. Par exemple, tel gène pourrait promouvoir la
reproduction rapide d’une lignée cellulaire, mais un cancer ne survient pas parce qu’il n’y a
pas simultanément un gène mutant pour la formation des néo-vaisseaux nécessaires.

Quelles sont alors les causes de l’altération des gènes? Quand on considère que chaque année
plusieurs milliers de milliards de cellules sont formées dans l’organisme humain, la meilleure
question serait plutôt: pourquoi ne développons-nous pas nous tous de millions ou de
milliards de cellules cancéreuses mutantes? La réponse est l’incroyable précision avec
laquelle les brins d’ADN chromosomiques se répliquent dans chaque cellule avant la mitose,
110

et aussi le processus de correction qui coupe et répare tout brin d’ADN anormal avant que la
mitose ne se déclenche. Toutefois, malgré toutes ces précautions de la nature, il se forme
probablement une cellule mutante sur un million de cellules nouvellement formées. Ainsi, le
hasard seul est tout ce qui est requis pour que des mutations puissent survenir ; nous pouvons
donc supposer qu’un grand nombre de cancers sont principalement le résultat d’une apparition
malencontreuse. Cependant, la probabilité de survenue des mutations peut être augmentée de
plusieurs fois en cas d’exposition aux facteurs chimiques, physiques ou biologiques suivants:
1. Radiations ionisantes: il est connu que les rayons-x, rayons gamma, et particules
radioactives émanant de substances radioactives, et même la lumière ultraviolet peuvent
prédisposer les individus au cancer. Les ions formés dans les cellules des tissus sous
l’influence de ces radiations sont hautement réactifs et peuvent briser des brins d’ADN,
causant ainsi plusieurs mutations.
2. Certains types de substances chimiques aussi ont une grande propension à causer des
mutations. Depuis longtemps on a découvert que de nombreux dérivés d’aniline utilisés
comme colorants provoquaient le cancer : les ouvriers des industries produisant ces
substances avaient, en cas de non protection, une prédisposition spéciale au cancer. Les
substances chimiques pouvant causer une mutation sont appelées carcinogènes. Les
carcinogènes responsables du plus grand nombre de décès sont ceux qu’on trouve dans la
fumée de cigarette. Ils sont responsables d’environ un décès sur quatre par cancer.
3. Les irritants physiques, comme l’abrasion chronique des couches de la paroi de l’intestin
par certains types d’aliments, exposent également au cancer. Le dommage infligé aux tissus
entraîne des mitoses plus nombreuses et plus rapides pour remplacer les cellules ; et plus les
mitoses sont rapides, plus grandes sont les chances de survenue des mutations.
4. Dans de nombreuses familles, il existe une forte tendance héréditaire à développer le
cancer. Ceci résulte du fait que la plupart des cancers nécessitent, pour leur survenue, non pas
une mutation mais deux ou plus. On pense que dans les familles qui présentent une
prédisposition au cancer, il existe un ou plusieurs gènes cancéreux ayant déjà muté, prêt dans
le génome hérité. Ainsi, dans ces familles, de très petites mutations additionnelles doivent
survenir avant que ne se développe un cancer.
5. Chez les animaux de laboratoire, certains types de virus peuvent causer quelques types de
cancer dont les leucémies. Cela arrive par l’un des mécanismes suivants. En cas de virus à
ADN ou DNA virus, le brin d’ADN viral s’insère directement dans l’un des chromosomes et
cause ensuite une mutation qui aboutira au cancer. En cas de virus à ARN ou RNA virus, dont
certains sont porteurs d’une enzyme appelée transcriptase inverse qui amène la transcription
111

l’ADN à partir de l’ARN, l’ADN viral rétro-transcrit va s’insérer dans le génome de la cellule
animale, entraînant le cancer.

4.9.1. Caractéristiques invasives de la cellule cancéreuse


Il existe des différences fondamentales entre la cellule cancéreuse et la cellule normale:
(1) La cellule cancéreuse ne respecte pas les limites habituelles de la croissance cellulaire;
cela est dû au fait que ces cellules n’exigent pas, pour leur croissance, tous les mêmes facteurs
que nécessitent la croissance des cellules normales.
(2) Les cellules cancéreuses, souvent, sont de loin moins adhérentes les unes aux autres que
les cellules normales. Par conséquent, elles ont tendance à essaimer à travers les tissus, à
gagner la circulation sanguine, et à être transportées partout dans l’organisme, où elles
forment des nids pour de nombreuses nouvelles cellules cancéreuses en croissance.
(3) certains cancers produisent aussi des facteurs angiogéniques qui favorisent la prolifération
des néo-vaisseaux sanguins dans le cancer, fournissant ainsi les nutriments nécessaires à la
croissance du cancer.

4.9.2. Pourquoi le cancer tue-il?

La réponse à cette question paraît évidente. Le tissu cancéreux est en compétition avec le tissu
normal pour les nutriments. Comme les cellules cancéreuses continuent à proliférer
indéfiniment, leur nombre se multipliant jour après jour, elles sont très voraces et s’accaparent
de tous les nutriments disponibles ou presque au détriment du reste de l’organisme. Le résultat
est qu’au final les tissus normaux souffrent progressivement d’une dénutrition qui va conduire
à la mort.
112

CHAPITRE 5 COMMUNICATION CELLULAIRE

La vie de tout organisme pluricellulaire repose sur la communication et les interactions entre
les cellules qui le composent. En effet, la communication cellulaire est un aspect essentiel
d’un fonctionnement physiologique intégré chez les organismes multicellulaires et, dans la
plupart des cas, elle est assurée par des molécules de signalisation (médiateurs chimiques)
comme les hormones et les neurotransmetteurs. Les échanges d’informations entre les cellules
conditionnent et régulent le fonctionnement des organes et déterminent l’homéostasie à
l’échelle de l’organisme entier. Les informations sont aussi transmises de cellules en cellules
sous forme de molécules, dont la nature et la fonction déterminent les mécanismes d’action au
niveau cellulaire et leurs conséquences fonctionnelles au niveau tissulaire.

Les cellules sont en quelque sorte des mini-usines biologiques ; comme toutes les usines,
elles reçoivent des ordres de l’extérieur et yenvoient elles-mêmes des ordres. Mais comment
la cellule interagit-elle avec son milieu? C’est par l’entremise des substances chimiques
extracellulaires telles que les hormones et les neurotransmetteurs, mais aussi avec les
molécules de la matrice extracellulaire qui servent de signaux et guident la migration
cellulaire pendant le développement embryonnaire et la cicatrisation. Les interactions,
directes ou indirectes, entre la cellule et son milieu se font toujours au moyen du glycocalyx.
Deux grandes catégories de molécules du glycocalyx sont actuellement bien connues dans
leur action : les récepteurs membranaires et les molécules d’adhérence cellulaire. Les
interactions entre la cellule et son milieu font l’objet de ce point.

Objectifs
 Définir les différents types de communication intercellulaire

 Décrire les principales familles de molécules de signalisation

 Déduire la destination cellulaire des principales familles de molécules de signalisation

 Définir un récepteur

 Décrire les différents types de récepteurs et leurs propriétés.

 Définir un second messager

 Enumérer les principaux types de second messager

 Décrire le lien entre la molécule de signalisation et les événements intracellulaires


113

 Définir un facteur de transcription

Plan du chapitre
1. Types de communication cellulaire
2. Transduction des signaux : Signalisation inter- et intracellulaire

5.1. TYPES DE COMMUNICATION CELLULAIRE

On distingue deux types de communications ou interactions cellulaires : par contact direct et


par l’intermédiaire des molécules de signalisation.

5.1.1. Communication cellulaire par contact direct

Ce type de communication n’est utilisé que si deux cellules sont suffisamment proches l’une
de l’autre. On distingue deux types de communication par contact direct :à travers les
jonctions communicantes et par l’intermédiaire des molécules d’adhérence.

5.1.1.1. Jonctions communicantes

Elles permettent le passage direct entre deux cellules voisines de petites molécules (de P.M.
inférieur à 1500 Da) comme les électrolytes (Ca2+) et les seconds messagers (AMPc).

5.1.1.2. Molécules d’adhérence

Ce sont des glycoprotéines transmembranaires appartenant à cinq grandes familles : les


intégrines ; les cadhérines ; les sélectines ; les immunoglobulines ; et les molécules riches en
leucine.
Selon la nature moléculaire et le type cellulaire, on distingue quatre types d’interaction
cellulaires : homophilique, hétérophilique, homotypique et hétérotypique. Une interaction est
qualifiée d’homophilique si les molécules d’adhérence sont de même nature, et
d’hétérophilique si les molécules d’adhérence sont de natures différentes ; d’homotypique si
les cellules sont de même type, et d’hétérotypique si les types cellulaires sont distincts.
Les molécules d’adhérence cellulaire (cell adhesion molecules, CAM en anglais) jouent un
rôle important dans trois circonstances : au cours du développement embryonnaire, lors de
phénomène de réparation tissulaire chez l’adulte normal, et dans la lutte contre l’invasion
tumorale.
114

5.1.2. Communication cellulaire par l’intermédiaire des molécules de signalisation

4.1.2.1. Généralités sur les molécules de signalisation

Les molécules de signalisation sont des substances chimiques d’origine cellulaire, capables de
jouer le rôle de messagers en mettant en communication deux cellules plus ou moins distantes
l’une de l’autre. Elles appartiennent à diverses familles physiologiques et/ou biochimiques :
- Neurotransmetteurs
- Hormones et neurohormones
- Cytokines
- Immunoglobulines
- Eicosanoïdes (dérivés de l’acide arachidonique)
- Gaz (NO, CO)

4.1.2.2. Types de communication cellulaire par molécules de signalisation

On distingue divers types de communication cellulaire selon la nature des cellules qui
émettent et/ou qui reçoivent le signal moléculaire, et la disposition de ces cellules les unes par
rapport aux autres : communications endocrine, paracrine, neurocrine, autocrine, intracrine et
juxtacrine.

4.1.2.2.1. Communication endocrine. Elle permet de relier, par des signaux chimiques, des
cellules situées à distance les unes des autres. Les molécules de signalisation sont des
hormones. Elles utilisent la circulation sanguine pour atteindre la cellule cible à partir de la
cellule émettrice. Par définition, les cellules émettrices appartiennent aux glandes endocrines ;
les molécules de signalisation qu’elles synthétisent sont appelées des hormones. Les nouvelles
hormones peuvent agir soit sur la première cellule émettrice (principe de rétroaction), soit sur
une autre cellule cible (action en cascade). Ces mécanismes de rétroaction (feed back en
anglais) et ou d’actions en cascades permettent de contrôler la synthèse des hormones et un
ajustement précis de leurs effets sur les organes cibles.

4.1.2.2.2. Communication paracrine. Elle est, à la différence de la communication endocrine,


le moyen utilisé par des cellules voisines dont la proximité rend inutile l’utilisation de la
circulation sanguine pour amener un message à distance de son lieu d’origine. La
communication entre cellules endothéliales et les cellules du muscle lisse vasculaire est un
exemple type de la communication paracrine illustrant l’importance du monoxyde d’azote
(NO), un facteur relaxant dérivé de l’endothélium, dans la modulation du tonus vasculaire
115

local. Notons que le NO synthétisé par la cellule endothéliale agit également sur les plaquettes
sanguines circulantes en inhibant leur agrégation. L’action anti-agrégante plaquettaire est
également un effet paracrine, et non pas un effet endocrine, du NO. Ceci est dû au fait que
bien qu’ayant lieu dans le sang, l’effet du NO ne s’exerce que sur des plaquettes de voisinage
et non sur l’ensemble de plaquette de l’organisme. Ainsi, c’est bien la notion de proximité (ou
de distance) entre deux cellules qui déterminent le type de communication (paracrine ou
endocrine) mise en jeu.

4.1.2.2.3. Communication neurocrine. Elle est semblable à la communication paracrine car


elle permet également de connecter deux cellules voisines. Les principaux points de
différence concernent le lieu où s’effectuent l’émission et la réception du signal, ainsi que le
type de cellules appliquées. En effet, la communication neurocrine (à une exception près,
concernant le NO) doit survenir à un endroit précis qui est la synapse. De plus, alors que la
communication paracrine peut connecter n’importe quel type de cellule, la communication
neurocrine ne s’établit qu’entre deux cellules nerveuses (synapses neuro-neuronales) ou entre
une cellule nerveuse et une cellule musculaire (synapse neuromusculaire). La communication
neurocrine est donc une forme particulière de la communication paracrine (bon nombre
d’auteurs la classent par ailleurs dans la communication paracrine) elle s’en distingue
néanmoins sur deux principaux points : le caractère orienté de la communication (allant
toujours de la cellule pré synaptique vers la cellule post synaptique) et son aspect sélectif vis-
à-vis des cellules nerveuses (entre elles, ou avec les cellules musculaires qu’elles innervent).

4.1.2.2.4. Communication autocrine. On parle de communication autocrine lorsqu’un signal


agit sur la cellule qui lui a donné naissance. La cellule cible se confond, dans ce cas avec la
cellule émettrice du signal. Un tel mécanisme est parfois utilisé dans des processus
d’amplification du signal quand celui-ci stimule sa propre production (rétroaction positive).
Cependant, la communication autocrine est le plus souvent impliquée dans des boucles de
rétroaction négatives lorsqu’un signal agit en inhibant sa propre synthèse, ce qui permet aux
cellules de réguler leur propre activité en fonction des besoins et des effets physiologiques
obtenus. Qu’elle soit positive ou négative, la rétroaction permise par la communication n’est
possible que si la cellule exprime aussi le récepteur spécifique du signal qu’elle synthétise. Ce
qui n’est bien sûr pas le cas de toutes les ce1lules.

4.1.2.2.5. Communication intracrine. C’est une forme particulière de la communication


autocrine : dans ce cas le signal ne sort pas de la cellule qui le synthétise et agit sur elle en se
116

liant à un récepteur intracellulaire. Ainsi, c’est la nature de récepteur qui détermine le type de
communication autocrine ou intracrine. Un récepteur de type membranaire est nécessairement
impliqué dans la communication autocrine alors qu’un récepteur intracellulaire est requis dans
la communication intracrine. Dans les deux cas, les récepteurs appartiennent à la cellule qui a
donné naissance au signal.

4.1.2.2.6. Communication juxtacrine. Elle a été précédemment abordée (contact direct).


Retenons ici que les molécules de signalisation impliquées sont soit des molécules de faibles
poids moléculaires (Ca2+, AMPc) soit des molécules d’adhérence. Comme dans les autres
types de communication, ces molécules jouent pleinement leur rôle de molécules de
signalisation. Ainsi, le contact étroit entre les diverses molécules d’adhérence à la surface
membranaire permet non seulement d’accoler les cellules voisines mais il favorise également
la transmission des signaux entre les cellules ainsi solidarisées.

Résumé
La communication cellulaire s’effectue soit par contact direct entre deux cellules voisines,
soit par l’intermédiaire des molécules de signalisation. On distingue six types de
communication cellulaire selon la distance séparant la cellule émettrice de la cellule cible, et
les moyens de transport empruntés par les molécules de signalisation pour aller de l’une à
l’autre.

5.2. TRANSDUCTION DES SIGNAUX : SIGNALISATION INTER- ET


INTRACELLULAIRE

5.2.1. Molécules de signalisation


Les molécules de signalisation ou médiateurs chimiques ou encore messagers chimiques
sont des substances chimiques assurant la transmission d’un signal (= message ou
information) d’une cellule émettrice à une cellule réceptrice. Selon leur nature chimique, elles
peuvent être soit hydrosolubles soit liposolubles. Leurs destinations cellulaires dépendent en
grande partie de leur nature chimique.

5.2.1.1. Nature biochimique et caractéristiques physico-chimiques

Les substances hydrosolubles sont soit des molécules de gros poids moléculaires (des
peptides), soit des petites molécules dérivées des acides aminés (les catécholamines). Ces
substances sont soit des hormones, soit des neurotransmetteurs. Les neurohormones
représentent une classe particulière de substances qui, bien que synthétisées par des neurones,
agissent comme des hormones.
117

Les substances liposolubles sont des molécules de petites tailles, caractérisées par leur
capacité à diffuser à travers la membrane cellulaire. Selon leurs natures biochimiques, ces
substances peuvent être classées en :
- Substances dérivées du cholestérol constituant la famille des hormones stéroïdiennes ;
- Substances dérivées d’un acide aminé, la tyrosine, formant la famille des hormones
thyroïdiennes ;
- Composés gazeux : monoxyde d’azote (NO) et monoxyde de carbone (CO).

5.2.1.2. Nature biochimique et destination des molécules de signalisation

Les hormones peptidiques, les neurotransmetteurs (à l’exception du NO et du CO) sont


incapables de traverser la membrane cellulaire. Celle-ci est, en revanche, perméable hormones
stéroïdiennes, thyroïdiennes et aux gaz (NO et CO). De cette perméabilité sélective, dépend la
destination cellulaire de chacune des molécules de signalisation.

Les signaux portés par les molécules hydrosolubles, étant bloqués au niveau de la surface de
la cellule, doivent être captés à ce niveau par des récepteurs membranaires.
Les signaux des molécules liposolubles, capables de traverser la membrane cellulaire, sont
liés à l’intérieur de la cellule à des récepteurs intracellulaires. Cesderniers peuvent, selon les
circonstances, être localisés soit dans le cytosol (récepteurs cytosoliques) soitdans le noyau
(récepteurs nucléaires). A l’exception des récepteurs des hormones thyroïdiennes qui ne
sortent pas de noyau, la majeure partie des récepteurs intracellulaires des hormones
liposolubles voyage sans cesse entre les deux compartiments, cytosolique et nucléaire. Pour
les hormones corticoïdes, le passage à l’intérieur du noyau (encore appelé translocation
nucléaire) du récepteur survient suite à sa liaison avec l’hormone. Le complexe hormone-
récepteur ainsi formé a la même fonction physiologique qu’un facteur de transcription activé.
Il régule (en activant ou en inhibant) la transcription de gènes spécifiques et rend compte des
effets physiologiques et/ou physiopathologiques des hormones stéroïdiennes.
118

Tableau 4.1. Nature biochimique et Récepteurs des molécules de signalisation

Nature biochimique et/physiologique des molécules de signalisation Récepteurs

Hormones peptidiques Membranaires

- Hormones hypothalamiques (TRH, CRH, GH-RH, GnRH, etc)


- Hormones adénohypophysaires (GH, TSH, ACTH, prolactine, LH, FSH)
- Hormones neurohypophysaires (ADH, Ocytocine)
- Hormones thyroïdiennes (Calcitonine)
- Hormones parathyroïdiennes (PTH)
- Hormones pancréatiques (insuline, glucagon)
- Facteurs endothéliaux (endothéline)
Cytokines

Eicosanoïdes (prostaglandines et thromboxanes)

Neurotransmetteurs et neuropeptides

Hormones stéroïdiennes Intracellulaires


- Hormones gluco- et minéralocorticoïdes
- Hormones stéroïdiennes sexuelles (testostérone, œstrogènes.
progestérone)
- Vitamine D
Hormones thyroïdiennes (T3/T4)
Gazotransmetteurs (CO, NO)

Les molécules de signalisation agissant sur des récepteurs membranaires sont les hormones
peptidiques (hormones hypothalamiques, hormones adénohypophysaires, hormones
neurohypophysaires, calcitonine, parathormone, hormones pancréatiques et endothéline), les
cytokines, les éicosanoïdes et les neurotransmetteurs (noradrénaline, acétylcholine,
sérotonine, etc.) et neuropeptides.
Les molécules de signalisation agissant sur les récepteurs intracellulaires sont les hormones
stéroïdiennes (gluco- et minéralocorticoïdes, stéroïdes sexuels et Vitamine D), les hormones
thyroïdiennes (T3/T4) et les gazotransmetteurs (CO, NO)

5.2.1.3. Notion de « ligand »

Les hormones peptidiques, ainsi que les autres molécules hydrosolubles agissent, en se liant à
des protéines membranaires : d’où le terme de « ligand » parfois utilisé.
L’interaction ligand-récepteur membranaire est le début d’une série de réactions aboutissant à
diverses modifications du comportement cellulaire. Ces modifications sont de trois ordres
(fig.3.9.) :
119

- Changements de perméabilité membranaire vis-à-vis des ions et de l’eau ;


- Modifications des activités enzymatiques à l’intérieur et à la surface de la cellule ;
- Modifications des activités transcriptionnelles.

5.2.2. Récepteurs

Un récepteur est une structure cellulaire de nature macromoléculaire par laquelle des
molécules de signalisation exercent leurs effets physiologiques. Les récepteurs sont situés,
selon leur nature et leur fonction, à la surface cellulaire (récepteurs membranaires) ou plus
profondément dans les organites cytoplasmiques, voire dans le noyau (récepteurs
cytoplasmiques, récepteurs nucléaires). Les récepteurs, qui sont principalement des protéines,
ne sont pas des composantes statiques des cellules ; ils peuvent augmenter ou diminuer en
nombre sous l’effet de divers stimuli et leurs propriétés peuvent changer selon les conditions
physiologiques. Un excès d’hormones ou de neurotransmetteurs a tendance à faire diminuer le
nombre de récepteurs actifs (régulation à la baisse), tandis qu’une insuffisance de messagers
fait plutôt augmenter leur nombre (régulation à la haute).

5.2.2.1. Principaux types de récepteurs et leurs fonctions

Les molécules de signalisation extracellulaires, ou premiers messagers, sont reconnues par des
récepteurs protéiques spécifiques situés au niveau de la cellule cible. Ces récepteurs sont de
type 1 (récepteurs membranaires) ou de type 2 (récepteurs intracellulaires).
Les récepteurs de type 1 reconnaissent les facteurs de croissance, les catécholamines,
l’insuline, les cytokines, les prostaglandines et plusieurs autres substances, bref les substances
hydrosolubles.
Les récepteurs de type 2 comprennent les récepteurs des substances liposolubles (hormones
stéroïdiennes et hormones thyroïdiennes) ; ils contrôlent l’expression génique.

5.2.2.2. Propriétés des récepteurs

Quelle que soit sa localisation, chaque récepteur possède deux propriétés essentielles : la
cinétique de liaison et l’affinité.

4.2.2.2.1. Cinétique de liaison. Elle est marquée par le caractère saturable et réversible de
l’interaction ligand-récepteur. Les études de relations ligand-récepteur permettent de
déterminer les constantes d’association et de dissociation qui sont une expression
mathématique des vitesses de formation et de dissociation du complexe ligand-récepteur. Ces
vitesses sont influencées par la température et le pH.
120

4.2.2.2.2. Affinité. Fondamentalement l’affinité est la capacité de fixation du ligand pour le


récepteur. Elle est caractérisée par la concentration du ligand occupant 50% des récepteurs sur
une préparation de membrane.

5.2.3. Mécanismes d’action des messagers chimiques


Le signal porté sous forme de molécule de signalisation ou ligand doit être converti en
activités physiologiques intracellulaires : c’est la transduction. La transduction se fait selon la
séquence : molécule de signalisation → liaison ligand-récepteur → molécules effectrices. Le
récepteur doit donc être capable de transmettre le signal aux molécules effectrices se trouvant
à l’intérieur de la cellule. La transduction peut être assurée par le récepteur lui-même ou par
l’entremise de l’activation d’un ou plusieurs seconds messagers ou encore de voies
métaboliques. Pour cette raison, les ligands extracellulaires sont appelés premiers messagers
et les médiateurs intracellulaires, seconds messagers.

5.2.3.1. Récepteurs membranaires ou récepteurs de type 1

Un grand nombred’hormones (notamment les hormones peptidiques) et la plupart des


neuromédiateurs ne traversent pas la membrane cellulaire (Tableau 4.1). Le message porté par
ces molécules de signalisation, ne pouvantaller au-delà de ce premier obstacle, doit être reçu
et interprété par des structures protéiques particulières disposées à la surface cellulaire, les
récepteurs membranaires.
Les récepteurs membranaires sont des protéines membranaires transfixiantes (ou
transmembranaires) avant la double capacité :
- de reconnaître spécifiquement une molécule de signalisation (Ligand) ;
- d’induire des modifications (àla surface ou àl’intérieur) de la cellule suite à
l’occupation du récepteur par le ligand.
On distingue trois classes de récepteurs membranaires :
- les récepteurs-canaux ;
- les récepteurs-enzymes ;
- les récepteurs couplés à une protéine G (RCPG)

5.2.3.2. Récepteurs intracellulaires ou récepteurs de type 2

Les récepteurs intracellulaires (récepteurs des hormones stéroïdiennes et thyroïdiennes) sont


des protéines dimériques comportant deux sous-unités : une sous-unité fixant le ligand et une
sous-unité régulatrice. Après fixation du ligand, la sous-unité régulatrice se détache du
121

complexe pendant que la sous-unité fixant le ligand ainsi activée interagit avec l’ADN,
influençant ainsi l’expression génique. Les modifications de l’activité transcriptionnelle
résultant de l’action de ces hormones sont modulées de plusieurs façons : formation
d’hétérodimères ayant d’autres activités transcriptionnelles, recrutement des cofacteurs
activateurs ou suppresseurs de l’expression génique, etc.

Tableau 4.2. Principaux mécanismes par lesquels les messagers chimiques du LEC induisent
des changements de l’activité cellulaire
Mécanismes Exemples
Ouverture ou fermeture de canaux dans la Acétylcholine et récepteur cholinergique
membrane cellulaire nicotinique ;
noradrénaline et canaux K+ dans le cœur
Action sur des récepteurs cytoplasmiques ou Hormones thyroïdiennes, acide rétinoïque,
nucléaires pour augmenter la transcription hormones stéroïdes
d’ARNm particuliers
Activation de la phospholipase C avec Angiotensine II,
production intracellulaire de DAG, d’IP3 et autres noradrénaline via les récepteurs α1-
inositols phosphates adrénergiques,
vasopressine via les récepteurs V1
Activation ou inhibition de l’adénylcyclase avec Noradrénaline via les récepteurs β1-
augmentation ou diminution de la production adrénergiques (augmentation de l’AMPc) ;
intracellulaire d’AMPc Noradrénaline via les récepteurs α2-
adrénergiques (diminution de l’AMPC)
Augmentation de la GMPc dans la cellule ANP ; monoxyde d’azote (EDRF)
Augmentation de l’activité de la tyrosine kinase Insuline, EGF, PDGF, M-CSF
de la portion cytoplasmique des récepteurs

5.2.4. Récepteurs couplés à une protéine G


5.2.4.1. Eléments structuraux

Lesrécepteurs couplés à une protéine G appartiennent à des structures modulaires constituées


de trois éléments :
- le récepteur membranaire (RCPG)
- la protéine G
- l’effecteur
La famille des RCPGest probablement la famille de récepteurs membranaires la plus
nombreuse et la plus diverse, avec plus de 1000 RCPG identifié jusqu’à ce jour. Les gênes
encodant ces récepteurs membranaires dérivent d’un gène ancestral commun qui se serait
multiplié en se diversifiant au cours de l’évolution. Les RCPG servent de récepteurs à des
molécules dont la fonction et la structure moléculaire peuvent fortement varier entre elles.
122

5.2.4.2. Protéines G

Ce sont des protéines régulatrices de nucléotides qui lient la GTP. La GTP est l’analogue
guanosine de l’ATP. Quand une protéine G reçoit le signal, elle échange la GDP contre une
GTP. Une fois formé, le complexe GTP-protéine déclenche l’effet. L’activité GTPase
inhérente à la protéine G transforme ensuite la GTP en GDP, ce qui rétablit l’état de repos.
L’activité GTPase est elle-même stimulée par de protéines activatrices de GTPase (GAP).
De petites protéines G interviennent dans plusieurs fonctions cellulaires comme la circulation
des vésicules, les interactions entre cytosquelette et membrane plasmique et la croissance.
Les protéines G qui relient les récepteurs membranaires aux unités catalytiques responsables
de la formation intracellulaire des seconds messagers ou à des canaux ioniques, sont plus
grosses et appartiennent à la famille des protéines G hétérotrimériques. Ces protéines G sont
composées de trois sous-unités appelées α, β et γ.

5.2.4.3. Ligands des RCPG

Ils sont des plus variables et comprennent photons, molécules de petites tailles (molécules
odorantes, catécholamines, prostaglandines), hormones peptidiques (TSH, LH,
FSH,parathormone, glucagon, endothéline, etc.) et cytokines (interleukine-8, etc.)

5.2.4.4. Transduction du signal par le RCPG


Le message porté par la molécule de signalisation doit passer par plusieurs étapes, afin d’être
reçu et correctement interprété par la cellule-cible qui à son tour élaborera des réactions
adaptées en réponse au message initial. Les étapes de la transduction du signal par les RCPG
sont :
1° le ligand se fixe sur le RCPG qui lui est spécifique ;
2° modification de la conformation tridimensionnelle du RCPG ;
3° activation ou inhibition de la protéine G associée au récepteur ;
4° activation ou inhibition de l’effecteur ;
5° augmentation ou diminution de la concentration intracellulaire du second messager ;
6° effets intracellulaires.

Ainsi les conséquences des effets cellulaires des protéines G (et de leurs sous-unités α et β/γ)
sur les effecteurs sont l’activation (ou l’inhibition) de la synthèse de petites molécules,
appelés seconds messagers et l’altération de la perméabilité ionique de la membrane
cellulaire.
123

5.2.4.5. Seconds messagers


5.2.4.5.1. Définition

Ce sont des petites molécules synthétisées (ou libérées) dans la cellule en réponse
auxmolécules de signalisation extracellulaires dont elles prennent la suite sous la forme de
signaux intracellulaires. Les seconds messagers déclenchent plusieurs changements
transitoires de l’activité cellulaire, en modifiant par exemple l’activité de certaines enzymes
ou en déclenchant l’exocytose, mais ils peuvent aussi modifier la transcription de différents
gènes.
Lorsqu’ils sont activés, plusieurs récepteurs membranaires déclenchent la libération de
seconds messagers ou autres phénomènes intracellulaires via des protéines G (protéines liant
la GTP). Les seconds messagers activent généralement des protéines kinases, des enzymes qui
catalysent la phosphorylation des protéines. La phosphorylation change la configuration des
protéines, modifiant ainsi leur activité et, donc, l’activité de la cellule. Il est certain que les
phosphatases jouent aussi un rôle important, puisque l’enlèvement d’un groupe phosphate
inactive certaines enzymes ou protéines de transport alors qu’il en active d’autres.

5.2.4.5.2. Familles chimiques

Les seconds messagers appartiennent à plusieurs familles : les nucléotides cycliques (AMPc,
GMPc), les ions (Ca2+), les glucides (Inositol 1, 4, 5- triphosphate ou IP3) et les lipides (1, 2-
diacylglycérol ou DAG).

5.2.4.5.3. Adénosine monophosphate cyclique(AMPc)

C’est l’adénosine 3’, 5’-monophosphate cyclique. Ce composé est synthétisé à partir de


l’adénosine triphosphate (ATP), grâce à l’action catalytique d’une enzyme membranaire,
l’adénylcyclase, et il est transformé en 5’-AMP, un dérivé physiologiquement inactif, par
l’enzyme phosphodiestérase. L’AMPc active une protéine kinase activée par un nucléotide
cyclique (protéine kinase A) qui, comme la protéine kinase C, catalyse la phosphorylation de
protéines et modifie ainsi leur conformation et leur activité. Un exemple typique est
l’activation par l’adrénaline de la phosphorylase kinase hépatique via l’AMPc et la protéine
kinase A. La sous-unité catalytique active de la PKA migre également dans le noyau pour y
phosphoryler le facteur de transcription CREB. Ce dernier se lie ensuite à l’ADN pour
modifier la transcription d’un certain nombre de gènes.
124

L’AMPc intervient dans de nombreux processus cellulaires. Dans la plupart de cas, l’action
intracellulaire de ce second messager passe par l’activation de la PKA. La PKA étant capable
de reconnaître un grand nombre de substrats, ce qui explique la diversité des effets
physiologiques de l’augmentation de la concentration intracellulaire de l’AMPc, allant de la
relaxation du muscle lisse bronchique, aux processus de la mémorisation en passant par des
effets métaboliques de la libération du glucose à partir du glycogène.
L’adénylcyclase peut être soit activée soit inhibée par des ligands. L’activation survient à la
suite de la stimulation de la protéine Gs, alors que l’inhibition est consécutive àla stimulation
de protéine Gi par des récepteurs membranaires différents (respectivement couplés àGS, et
àGi). Il est à noter qu’une même molécule de signalisation peut avoir des effets
diamétralement opposés, selon qu’elle active un récepteur couplé àGS ou à Gi. Ainsi,
l’adrénaline stimule la synthèse de l’AMPc lorsqu’elle est liée au récepteur β2 - adrénergique
(couplé à GS). A l’inverse, la liaison de l’adrénaline au récepteur α2 - adrénergique (couplé
àGi) inhibe la synthèse de l’AMPc. On retiendra donc que ce n’est pas tant la nature du
premier messager que la spécificité du récepteur (et le type de la protéine G liée au récepteur)
quidétermine la réaction cellulaire et la synthèse du second messager en réponse au premier
messager.

5.2.4.5.4. Guanosine monophosphate cyclique (GMPc)

Elle est synthétisée à partir de la guanosine triphosphate (GTP) grâce à l’action catalytique de
la guanylcyclase. Il existe deux formes de guanylcyclase, la forme membranaire et la forme
soluble. La guanylcyclase membranaire est l’exemple typiquede récepteur-enzyme qui
reconnaît comme ligands les hormones peptidiques de la famille des peptides natriurétiques
synthétisées par l’oreillette (atrial natriuretic peptide, ANP). La guanylcyclase soluble est le
récepteur intracellulaire du NO et du CO. Le principal effet physiologique du NO (plus
accessoirement du CO) est donc la stimulation de la synthèse du GMPc par la guanylcyclase
soluble.

5.2.4.5.5. Ca++ intracellulaire

Le Ca++ contrôle des processus physiologiques nombreux et variés tels que la prolifération
cellulaire, la signalisation nerveuse, l’apprentissage, la contraction musculaire, la sécrétion et
la fécondation, si bien que la régulation de cet ion est d’une importance primordiale. Dans le
cytoplasme, la concentration cytosolique du Ca++ libre est maintenue à environ 100 nmol/L
(de 10 à 300 nM) dans les cellules au repos. Dans le liquide interstitiel, elle est à peu près 12
125

000 fois plus élevée, soit 1 200 000 nmol/L ; il y a donc un très fort gradient de concentration
entrant de même qu’un gradient électrique dans le même sens. Une grande partie du Ca++
intracellulaire est liée au réticulum endoplasmique et à d’autres organites et ces structures
constituent un réservoir à partir duquel cet ion peut être mobilisé pour augmenter la
concentration de Ca++ libre dans le cytoplasme. Lorsque sa concentration cytoplasmique
augmente, le Ca++ se lie à protéines spécifiques pour les activer et celles-ci, à leur tour,
activent un certain nombre de protéines kinases.

Le Ca++ entre dans les cellules par deux types de canaux calciques, ceux qui sont sensibles au
voltage et ceux qui dépendent d’un ligand. Les canaux calciques sensibles au voltage, dont il
existe au moins quatre types, sont activés par la dépolarisation, tandis que ceux qui dépendent
d’un ligand le sont par divers neurotransmetteurs et hormones. On pense qu’il y en a aussi qui
sont activés par l’étirement.

Le Ca++ est pompé hors des cellules en échange de deux H+ par une ATP ase Ca++-H+ ; il est
aussi transporté hors des cellules par un antiport commandé par le gradient du Na+ qui
échange trois ions Na+ contre un ion Ca++.

Plusieurs seconds messagers agissent en augmentant la concentration cytoplasmique du Ca2+.


Ils augmentent le Ca++ en le libérant des réserves intracellulaires – à partir du réticulum
endoplasmique surtout–, en augmentant son entrée dans la cellule, ou des deux façons. L’IP3
est le principal second messager responsable de libérer le Ca2+ du réticulum sarcoplasmique,
mais l’adénosine diphosphate ribose cyclique (ADPRc), un métabolite du NAD+, pourrait
aussi contribuer en agissant sur les récepteurs ryanodine. Dans plusieurs tissus, une libération
transitoire de Ca2+ dans le cytoplasme à partir des réserves intracellulaires déclenche
l’ouverture des canaux du Ca2+ et l’influx de Ca2+ (influx de Ca2+ dépendant des réserves), ce
qui permet des réponses plus durables et aide à rétablir les stocks intracellulaires.

Plusieurs protéines liant le calcium ont été décrites, dont la troponine, la calmoduline et la
calbindine. La troponine intervient dans la concentration du muscle squelettique. La
calmoduline contient 148 acides aminés et possède quatre domaines de liaison du Ca++.
Lorsqu’elle lie le Ca++, la calmoduline est capable d’activer cinq kinases calmoduline-
dépendantes différentes. L’une d’elles est la kinase de chaînes légères de la myosine (MLCK)
qui phosphoryle la myosine. Son activation est responsable de la contraction du muscle lisse.
Une autre est la phosphorylase kinase qui active l’enzyme phosphorylase. Les
126

Ca++/calmoduline kinases I et II jouent un rôle dans l’activité synaptique et la


Ca++/calmoduline kinase III intervient dans la synthèse protéique. Une autre protéine activée
par la calmoduline est la calcineurine, une phosphatase qui inactive les canaux du Ca++ en les
déphosphorylant. Elle joue aussi un rôle dans l’activation des cellules T et elle est inhibée par
certains immunosuppresseurs.

5.2.4.5.6. Inositol triphosphate (IP3) et diacylglycérol (DAG)

Le lien qui existe entre la liaison membranaire d’un messager qui agit via le Ca++ et
l’augmentation du Ca++ intracellulaire qui s’ensuit est souvent l’inositol triphosphate (inositol
1,4,5-triphosphate, IP3). Quand un ligand de cette nature se lie à son récepteur, celui-ci est
activé et active à son tour la phospholipase C (PLC) sur la surface interne de la membrane via
la protéine Gq ou une autre protéine G. huit isomères de la PLC ont déjà été identifiés et les
formes PLCβ1 et PLCβ2 sont activées par des protéines G. elles catalysent l’hydrolyse du
phosphatidylinositol 4,5-diphosphate (PIP2) en IP3 et en diacylglycérol (DAG). Les
récepteurs qui sont liés à la tyrosine kinase peuvent aussi produire de l’IP3 et du DAG en
activant la PLCγ1. L’IP3 diffuse alors au réticulum endoplasmique pour y déclencher une
libération de Ca++ dans le cytoplasme. Le récepteur de l’ l’IP3 ressemble au récepteur
ryanodine, le canal calcique qu’on trouve dans le réticulum sarcoplasmique du muscle
squelettique, sauf qu’il est deux fois plus petit.

Le DAG agit aussi comme second ; il reste dans la membrane cellulaire pour y activer un des
sept sous-types de protéine kinase C (tableau 4.3). Le tableau 4.1 énumère un certain nombre
de ligands qui agissent via ces seconds messagers.

Le précurseur du PIP2 est le phosphatidylinositol. Ce phospholipide est présent en quantité


relativement faible dans la lamelle interne de la membrane plasmique. Il est d’abord converti
en phosphatidyl 4-phosphate (PIP), puis en PIP2 et c’est ce dernier dérivé qui est hydrolysé en
IP3 et en DAG. L’IP3 est métabolisé par déphosphorylations successives en inositol. Quant au
DAG, il est converti en acide phosphatidique, puis en cytosine diphosphate (CDP)
diacylglycérol ; ce dernier composé se combine à l’inositol pour former le
phosphatidylinositol, complétant ainsi le cycle.

4.2.4.5.7. Conséquences moléculaires et cellulaires des seconds messagers. Elles sont


résumées au tableau 4.3.
127

Tableau 4.3. Effets des protéines G sur les effecteurs membranaires : conséquences
moléculaires et cellulaires.
Protéines G Sous-unité Effecteurs Conséquences Effets physiologiques cellulaires
moléculaires
Gs αs Adénylcyclase Synthèse d’AMPc Relaxation du m. lisse
stimulée Métabolisme glucidique
Gi αi Adénylcyclase Synthèse d’AMPc Diminution de la relaxation du m.
inhibée lisse
β/γ Canaux K+ Efflux d’ions K+ Hyperpolarisalion membranaire
Relaxation musculaire
Gq αq Phospolipase C Synthèse du DAG Prolifération cellulaire
et de l’IP3 Contraction musculaire
Gt αt Phospodiestérase Hydrolyse du Perception lumineuse
GMPc en GMP

5.2.4.6. Facteurs de croissance (Growth factors) et MAP Kinases

Une importance de plus en plus grande est attribuée aux facteurs de croissance dans différents
domaine de la physiologie. Ces polypeptides et protéines son habituellement divisés en trois
grands groupes. Le premier comprend des agents qui stimulent la multiplication ou le
développement de divers types de cellules ; citons à titre d’exemple le facteur de croissance
nerveuse, le facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-I), les activines et les inhibines
et le facteur de croissance épidermique (EGF). Plus de 20 ont déjà été décrits. Le deuxième
groupe est celui des cytokines. Ces facteurs sont produits par les macrophages et les
lymphocytes et ils jouent un rôle important dans la régulation du système immunitaire. On en
a également décrit plus de 20. Le troisième groupe est composé des facteurs stimulant la
formation de colonies qui contrôlent la prolifération et la maturation des éléments figurés du
sang.

Les récepteurs de l’EGF, du facteur de croissance dérivé des plaquettes (PDGF) et de


plusieurs autres facteurs qui stimulent la multiplication et la croissance cellulaire ont un seul
domaine transmembranaire avec un domaine tyrosine kinase transmembranaire. Lorsque le
ligand se lie au récepteur, le domaine tyrosine kinase s’autophosphoryle. Certains des
récepteurs se dimérisent lorsqu’ils lient leur ligand et les domaines tyrosine kinase
intracellulaires se phosphorylent l’un l’autre. L’une des voies qui est activée par la
phosphorylation entraîne, par l’intermédiaire du produit du proto-oncogène ras et de plusieurs
MAP kinases, la production dans le noyau de facteurs de transcription qui modifient
l’expression génique. Ras est une petite protéine G qui doit se lier au GTP pour être activée.
128

Les protéines kinases activées par des signaux mitogènes (mitogen-activated protein (MAP)-
kinases) assurent la liaison entre l’activation des récepteurs membranaires et celle des gènes
du noyau.

Du fait de leur contrôle sur l’activité transcriptionnelle du noyau, les MAP kinases jouent un
rôle fondamental dans de nombreux processus impliquant la multiplication cellulaire. Des
anomalies constitutives ou acquises d’un (ou de plusieurs) élément(s) de cette voie sont à
l’origine de plusieurs maladies cancéreuses humaines. La mise en route des MAP kinases met
en jeu une série d’activations en cascade, que l’on peut schématiquement découper en cinq
étapes :
1. Activation d’un récepteur transmembranaire par un signal extracellulaire (par exemple
le facteur de croissance EGF, epidermal growth factor) ;

2. Assemblage de diverses petites molécules intracytosoliques aboutissant ainsi à


l’activation de la petite protéine G monomérique Ras ;

3. Déclenchement d’une série de réactions de phosphorylation en cascade ;

4. Implication des facteurs de transcription rendus actifs grâce à leurs phosphorylations


par les MAPkinases ;

5. Transcription des gènes contrôlés par les facteurs de transcription activés par la voie
des MAPkinases.

Tableau 4.4. Classification des facteurs de croissance.


 Agents qui stimulent la multiplication ou le développement de divers types de
cellules

 Facteur de croissance nerveuse

 Facteur de croissance analogue à l’insuline-I (IGF-I)

 Activines et inhibines

 Facteur de croissance épidermique

 Cytokines

 Facteurs stimulant la formation de colonies (CSF)


129

5.2.5. Facteurs de transcription


Cesont des protéines intracellulaires à destinée intranucléaire et ayant pour fonction le
contrôle (soit positif ou activateur, soit négatif ou inhibiteur) de la transcription des gènes. Ils
sont relativement peu nombreux à être bien connus. Les mieux connus sont ceuxqui sont
impliqués dans la réponse inflammatoire. L’activité des facteurs de transcription peut être
régulée par leur phosphorylation, celle-ci se faisant par plusieurs voies.

Résumé

- Selon leurs capacités (ou non) à travers la membrane cellulaire, les molécules de
signalisation peuvent se lier soit à des récepteurs membranaires soit àdesrécepteurs
intracellulaires.
- Il existetrois familles principales de récepteurs membranaires : les récepteurs-canaux,
les récepteurs-enzymes etles récepteurs couplés à une protéine G (RCPG)
- L’activation des récepteurs donne lieu à la synthèse des seconds messagers :
molécules de petite taille permettant la signalisation intracellulaire en relais du
premier signal porté par les molécules de signalisation extracellulaire (premiers
messagers).
- La transcription de gènes dépend de l’activité intranucléaire des facteurs de
transcriptions, eux-mêmes contrôlés par des réactions en cascade (phosphorylation
des protéines, assemblage et désassemblage de sous-unités protéiques) déclenchées
par des signaux extracellulaires.
130

PARTIE II
Physiologie membranaire: Cellules et
Tissus excitables: Nerf et Muscle
1. Transport transmembranaire
2. Potentiels de membrane et Potentiels d’action
3. Contraction du muscle squelettique
4. Excitation du muscle squelettique: Transmission Neuromusculaire et
couplage Excitation-Contraction
5. Contraction et Excitation du muscle lisse
131

CHAPITRE 6 TRANSPORT TRANSMEMBRANAIRE

INTRODUCTION

La vie implique un certain nombre d’activités vitales ou physiologiques retrouvés chez tout
être vivant : utilisation de l’énergie, consommation des substances, et expulsion des produits
finis ou des déchets. Ces processus vitaux nécessitent un mouvement continu des substances
de part et d’autre des membranes cellulaires : c’est le transport transmembranaire qui est une
fonction importante assurée par la membrane plasmique. Les principaux modes de transport à
travers les membranes cellulaires sont la diffusion, le transport actif, l’exocytose et
l’endocytose.
L’examen des compositions approximatives des liquides extra- et intracellulaires montre des
différences caractéristiques, lesquelles jouent un rôle considérable dans les phénomènes
vitaux cellulaires. La différence de composition entre le LIC et le liquide interstitiel est due
aux propriétés uniques de la membrane plasmique : les différences de concentrations ou
gradients de concentration s’opèrent par l’intermédiaire des mécanismes de transport au sein
de la membrane plasmique. Le but de ce chapitre est d’expliquer comment ces différences
s’opèrent par l’intermédiaire des mécanismes de transport au sein de la membrane plasmique.

Objectifs

- Décrire les différents mécanismes de transport transmembranaire


- Enumérer les inhibiteurs des différents mécanismes de transport transmembranaire
- Décrire les mécanismes de transport impliqués dans le transport des principales
substances ayant un rôle physiologique majeur
- Etablir le lien entre le transport transmembranaire et le transport transépithélial
- Etablir le lien entre le transport transmembranaire et les processus physiologiques plus
complexes
- Déduire les applications du transport transmembranaire en médecine

Plan

1. Membrane cellulaire, membrane semi-perméable


2. Diffusion
3. “Transport actif” des substances à travers les membranes
4. Transport transépithélial
5. Transport vésiculaire
132

6.1. MEMBRANE CELLULAIRE, MEMBRANE SEMI-PERMEABLE : PERMEABILITE


SELECTIVE DE LA MEMBRANE : BARRIERE LIPIDIQUE ET PROTEINES DE
TRANSPORT

La membrane plasmique est constituée d’une bicouche lipidique où sont insérées un grand
nombre de molécules protéiques dont certaines la traversent.

La bicouche lipidique constitue une barrière contre les mouvements de la plupart des
molécules d’eau et des substances solubles dans l’eau entre les compartiments intra- et
extracellulaires. Cependant certaines substances peuvent traverser cette barrière et peuvent
soit entrer dans la cellule, soit la quitter en passant directement à travers la substance
lipidique.

D’autre part, les molécules de protéines ont des propriétés de transport entièrement
différentes ; leurs structures moléculaires interrompent la continuité de la bicouche lipidique
et constituent une voie traversant la membrane cellulaire. La plupart de ces protéines
intégrales ou transfixiantes ou encore transmembranaires sont des protéines de transport.
Certaines sont hydrophiles permettant le mouvement libre pour certains ions ou molécules :
ces protéines sont appelées les canaux membranaires ; d’autres sont appelées les protéines de
transport accrochant les substances et les transportant à travers la membrane vers l’autre côté
de la cellule par un changement de leur conformation. Ces deux types de protéines sont très
sélectifs.

6.1.1. Diffusion versus transport actif

Les mouvements des substances à travers la membrane plasmique peut se produire de deux
façons : activement ou passivement. Dans les mécanismes passifs, les molécules traversent la
membrane sans que la cellule dépense de l’énergie. Dans les mécanismes actifs, la cellule
dépense une énergie métabolique (ATP) pour transporter la substance en question à travers
membrane. Les mécanismes passifs sont représentés essentiellement par la diffusion, la
filtrationne se produisant généralement qu’à travers les parois des capillaires et l’osmose étant
la diffusion non assistée de l’eau.Les deux principaux mécanismes actifs de transport
membranaire sont le transport actif et le transport vésiculaire.
133

6.2. DIFFUSION

La diffusion est la tendance qu’ont les molécules et les ions à se répandre dans
l’environnement. En effet, les particules de matière (molécules et ions) ont une certaine
énergie cinétique et sont en mouvement constant ; comme elles se déplacent au hasard et à
haute vitesse, elles entrent en collision et rebondissent les unes sur les autres en changeant de
direction après chaque collision. L’effet global de ce mouvement aléatoire est que les
particules s’éloignent des zones de concentration élevée où les collisions sont fréquentes pour
des zones de basse concentration jusqu’à l’égalisation ou uniformisation de la concentration
dans tout l’espace ou volume disponible, on dit que les particules diffusent suivant leur
gradient de concentration. L’importance ou l’intensité de la tendance d’une substance à
diffuser d’un compartiment vers un autre est proportionnelle à la différence des
concentrations de la substance dans les compartiments considérés c’est-à-dire au gradient de
concentration ou gradient chimique. Ainsi plus le gradient chimique entre deux zones ou
compartiments est élevé, plus le flux net de diffusion des particules est important. La
diffusion des particules chargées (ions) est aussi affectée par leurs charges. Ainsi quand il y a
une différence de potentiel électrique entre deux compartiments, les ions chargés positivement
se déplacent selon leur gradient électrique vers le compartiment chargé plus négativement, les
anions se déplacent dans la direction opposée.

Comme la source d’énergie de la diffusion est l’énergie cinétique des molécules elles-mêmes,
la vitesse de la diffusion dépend de leur taille (plus elles sont petites, plus elles diffusent vite)
et de leur température (plus celle-ci est élevée, plus la diffusion est rapide). Dans un récipient
fermé, la diffusion finit par produire un mélange uniforme des divers types de molécules ;
autrement dit, le système atteint un état d’équilibre où les molécules se déplacent également
dans toutes les directions (aucun mouvement net).

Dans l’organisme, la diffusion a lieu non seulement dans les compartiments liquidiens mais
aussi d’un compartiment à l’autre. Ce qui prouve que les barrières entre les compartiments
sont perméables aux substances diffusibles. Il n’y a cependant pas uniformisation des divers
types de molécules à cause principalement de la nature des barrières séparant les différents
compartiments. La vitesse de diffusion de la plupart des solutés à travers les barrières
organiques est beaucoup plus lente que la vitesse de diffusion de l’eau. Mais la diffusion reste
tout de même la force majeure gouvernant la distribution de l’eau et des solutés.
134

Comme l’intérieur de la membrane est composé de lipides et est donc hydrophobe, celle-ci
constitue une barrière à la diffusion simple. Cependant, la diffusion passive d’une molécule à
travers la membrane plasmique est possible si la molécule répond à l’une des conditions
suivantes : (1) elle est liposoluble, (2) elle est assez petite pour passer dans les pores de la
membrane ou (3) elle est aidée par une molécule porteuse.

La diffusion non assistée de particules liposolubles est appelée diffusion simple. La diffusion
à travers les pores est aussi une diffusion simple mais portant sur des petites substances
hydrosolubles ; on parle de la diffusion à travers les canaux protéiques. La diffusion assistée
est appelée diffusion facilitée.

1. Diffusion à travers la membrane plasmique


2. Diffusion à travers les canaux protéiques et “Vannage” des dits canaux
3. Diffusion facilitée
4. Facteurs affectant le taux net de diffusion
5. Osmose à travers les membranes semi-perméables—“Diffusion nette” de l’eau

6.2.1. Diffusion à travers la bicouche lipidique ou diffusion simple

L’un des plus importants facteurs qui déterminent la vitesse du mouvement d’une substance à
travers la bicouche lipidique est sa liposolubilité. Par exemple, la liposolublité des substances
comme l’oxygène, l’azote, le gaz carbonique et les alcools est tellement élevée que ces
substances se dissolvent directement dans la bicouche lipidique et diffusent à travers la
membrane cellulaire exactement de la même façon que la diffusion des solutés s’effectue dans
une solution aqueuse. Pour des raisons évidentes, la vitesse de diffusion à travers la
membrane de chacune de ces substances est directement proportionnelle à leurs solubilités
lipidiques. Spécialement, de grandes quantités d’oxygène peuvent être transportées par cette
voie ; ainsi l’oxygène peut être fourni au compartiment intracellulaire comme si la membrane
n’existait pas.

Les substances qui diffusent rapidement se distribuent de part et d’autre de la membrane selon
leur gradient de concentration. Ces substances comprennent l’oxygène, le gaz carbonique, les
graisses et l’alcool. L’oxygène est toujours plus concentré dans le sang que dans les cellules
des tissus, et il se déplace continuellement vers l’intérieur de ces dernières ; quant au gaz
carbonique, il est plus concentré dans les cellules et diffuse vers le sang. Donc le mouvement
net de ces substances c’est-à-dire leur distribution finale est toujours fonction du gradient de
135

concentration, et le taux de diffusion est proportionnel au coefficient solubilité dans la


membrane.

La diffusion simple suffit pour expliquer les observations de la distribution des hormones et
médicaments liposolubles comme les hormones stéroïdiennes, les prostaglandines, l’aspirine
ou les anesthésiques locaux, et aussi la distribution de petites molécules neutres comme
l’oxygène, le gaz carbonique et dans certaines circonstances l’eau.

Même si l’eau est hautement insoluble dans lipides membranaires, elle traverse quand même
facilement la membrane et la majorité de ces molécules passe directement à travers la
bicouche lipidique alors qu’une petite quantité passe à travers les canaux protéiques. La
vitesse avec laquelle les molécules d’eau traversent la membrane cellulaire est stupéfiante. A
titre d’exemple, la quantité totale d’eau qui diffuse dans chaque direction à travers la
membrane plasmique du globule rouge chaque seconde est environ 100 fois le volume du
globule rouge lui-même.

6.2.2. Diffusion par les protéines de transport

Contrairement à l’eau et aux autres petites molécules non chargées qui diffusent facilement à
travers la bicouche lipidique, les ions, même les plus petits, tels les ions hydrogène, sodium,
potassium, etc., traversent la bicouche lipidique environ 1 millions de fois moins rapidement
que les molécules d’eau. Par conséquent, un transport d’une telle importance doit s’effectuer à
travers les canaux protéiques. La diffusion à travers les pores est aussi une diffusion simple
mais portant sur des petites substances hydrosolubles ; on parle de la diffusion à travers les
canaux protéiques.

D’autres molécules lipo-insolubles peuvent aussi passer à travers les pores des canaux
protéiques de la même manière que les molécules d’eau si elles sont hydrosolubles et
suffisamment petites. Cependant, quand elles deviennent plus volumineuses, leur pénétration
diminue rapidement. A titre d’exemple, le diamètre de la molécule d’urée est plus grand que
celui de la molécule d’eau de seulement 20 pour cent, cependant son passage à travers les
pores de la membrane est 1000 fois moins que celui de l’eau. Malgré cette petite quantité qui
diffuse, le taux stupéfiant du passage de l’eau permet un transport rapide de l’urée à travers la
membrane en quelques minutes.

Certaines molécules, notamment le glucose et d’autres sucres simples, sont à la fois non
liposolubles et trop volumineuse pour passer à travers la bicouche lipidique ou les pores
136

aqueux de la membrane plasmique. Elles traversent grâce à mécanisme de transport passif


particulier appelé diffusion facilitée qui au fait la diffusion assistée par un transporteur
protéique. Les substances à transporter se combinent à des transporteurs protéiquesprésents
dans la membrane plasmique et sont ensuite relâchées dans le cytoplasme. Ce sont des
changements de conformation du transporteur protéique qui font passer le site de liaison d’une
face de la membrane à l’autre.

6.2.2.1. Diffusion à travers les canaux protéiques

Les reconstructions informatisées en trois dimensions ont montré que les canaux ioniques ou
protéiques étaient des protéines membranaires transfixiantes formant des pores ou conduites
aqueuses reliant le liquide extracellulaire au liquide intracellulaire. Par conséquent, les
substances peuvent diffuser directement à travers ces canaux d’un côté de la membrane à
l’autre.

Ces canaux se distinguent par trois caractéristiques importantes : (1) perméabilité sélective ;
(2) la majorité de ces canaux sont « vannés » ; (3) le mode de vannage. De plus, certains
canaux sont béants c’est-à-dire toujours ouverts.

5.2.2.1.1. Perméabilité sélective des canaux protéiques. La majorité des canaux protéiques
sont extrêmement sélectifs pour le transport d’un ou plusieurs ions ou molécules. Ainsi, il
existe des canaux sodiques qui ne laissent passer que les ions sodium : le canal sodique est
alors dit spécifique aux ions sodium.

Il existe un autre type de canaux protéiques spécifiques au transport des ions potassium.

Il existe des canaux pour le K+, le Na+, le Ca 2+ et le Cl−, et chacun présente plusieurs formes,
avec des propriétés différentes.

5.2.2.1.2. Portes des canaux protéiques ou vannage. Les portes ou vannes des canaux
protéiques sont un moyen pour contrôler leur perméabilité. Il s’agit des changements de
conformation des molécules de ces canaux, changements qui ont pour conséquence
l’ouverture ou la fermeture du canal. Dans le cas des canaux sodiques, il existe deux vannes :
une vanne sur le côté extracellulaire de la membrane et une deuxième vanne sur le côté
intracellulaire. Pour les canaux potassiques, il n’existe qu’une seule vanne se trouvant sur le
côté intracellulaire de la membrane. Le changement de conformation ouvrant ou fermant la
vanne est contrôlé par deux paramètres : le changement de voltage et la présence d’un ligand.
137

5.2.2.1.3. Canaux dépendant du voltage. Dans ce cas, la conformation moléculaire des portes
répond à un changement du potentiel électrique à travers la membrane cellulaire. Ainsi, quand
il y a une charge négative du côté interne de la membrane, les portes du canal sodique restent
bien fermées ; d’autre part, quand l’intérieur de la membrane perd sa charge négative, ces
portes s’ouvrent brusquement et permettent à d’énormes quantités de sodium de passer vers
l’intérieur. Ceci est la cause de la génération des potentiels d’action dans les nerfs qui sont
responsables du signal nerveux. Les portes potassiques s’ouvrent aussi quand l’intérieur de la
membrane cellulaire devient chargé négativement mais cette réponse est moins rapide que
celle des portes sodiques.

5.2.2.1.4. Canaux dépendant d’un ligand. Certaines portes des canaux protéiques sont
ouvertes après la fixation d’une autre molécule à la protéine ; ceci provoque un changement
de conformation de la molécule membranaire qui ouvre ou ferme ces portes. La molécule
protéique fixant une autre molécule est appelée récepteur − il s’agit ici d’un récepteur-canal −,
et la molécule fixée est le ligand. Il existe donc des canaux ligand-dépendants. L’un des
exemples de récepteur-canal le plus important est celui du récepteur de l’acétylcholine : le
ligand (acétylcholine) ouvre les portes du canal d’environ 0.65 nm de diamètre permettant à
toutes les molécules et aux petits ions de passer. Cette porte est extrêmement importante dans
la transmission des signaux d’une cellule nerveuse à une autre et des cellules nerveuses vers
les effecteurs musculaires ou glandulaires.

6.2.2.2. Diffusion facilitée

Elle est aussi appelée diffusion par l’intermédiaire d’un transporteur membranaire, car la
substance transportée de cette façon ne peut passer à travers la membrane qu’à l’aide d’un
transporteur protéique spécifique. C’est donc un mécanisme faisant intervenir un transporteur
spécifique intra-membranaire qui se lie au substrat et le rend liposoluble.Ce sont des
changements de conformation du transporteur protéique qui font passer le site de liaison d’une
face de la membrane à l’autre.

Contrairement aux autres mécanismes de transport passif décrits jusqu’alors, la diffusion


facilitée est très sélective. Par exemple, le transporteur de glucose ne se combine qu’avec le
glucose, tout comme une enzyme ne se lie qu’avec son substrat. Dans le cas du glucose, la
molécule de transport est une protéine de poids moléculaire connu de 45 000 D qui peut aussi
transporter plusieurs monosaccharides ayant une structure similaire à celle du glucose
(mannose, galactose, xylose, arabinose). Le transporteur assurant la diffusion facilitée du
138

glucose est inhibé par la phlorétine. Par contre, l’insuline, une hormone pancréatique, accroît
l’activité de ce transporteur, augmentant ainsi la vitesse de la diffusion facilitée du glucose
d’environ 10 à 20 fois.

La cellule ne consomme pas d’ATP pour alimenter la diffusion facilitée.

Le transport est limité par le nombre de récepteurs présents. Par exemple, lorsque tous les
transporteurs de glucose sont « occupés », on dit qu’ils sont saturés, et le transport du glucose
se fait alors à sa vitesse maximale. Ainsi, la diffusion facilitée diffère de la diffusion simple et
de la diffusion à travers les pores ; dans ces deux derniers processus la vitesse de la diffusion
croît proportionnellement avec la concentration de la substance considérée, alors que dans la
diffusion facilitée la vitesse atteint un maximum appelé Vmax quand la concentration de la
substance augmente. L’existence de Vmax est due à la conjonction d’au moins deux facteurs :
le nombre limité des sites de fixation du substrat dans le transporteur et la vitesse de
changement de conformation du transporteur protéique.

Parmi les substances les plus importantes qui traversent la membrane cellulaire par diffusion
facilitée figurent aussi la plupart des acides aminés.

L’oxygène, l’eau, le glucose et les acides aminés sont essentiels à l’homéostasie de la cellule.
Par conséquent, leur transport passif par diffusion représente une énorme économie d’énergie
cellulaire. Si toutes ces substances (et le gaz carbonique) devraient être transportées de façon
active, on constaterait un accroissement énorme de la dépense cellulaire d’ATP.

6.2.3. Facteurs affectant la diffusion

Il est désormais évident que de nombreuses substances diffusent à travers la membrane


cellulaire. Ce qui est habituellement important c’est le taux net de diffusion d’une substance
dans la direction désirée. Ce taux net est déterminé par plusieurs facteurs. Ces facteurs sont
(1) la perméabilité de la membrane, (2) la différence de concentration ou gradient de
concentration des substances qui diffusent de part et d’autre de la membrane, (3) la différence
de pression de part et d’autre de la membrane et (4) la différence du potentiel électrique de
part et d’autre de la membrane.

6.2.3.1. Perméabilité de la membrane

La perméabilité de la membrane à une substance donnée est exprimée par le débit net de la
diffusion de cette substance à travers chaque unité de surface membranaire pour une
139

différence de concentration donnée. Les différents facteurs qui modifient la perméabilité de la


membrane cellulaire sont :
- L’épaisseur de la membrane : plus l’épaisseur est grande plus la quantité de diffusion
est petite ;
- La solubilité lipidique : plus les substances sont liposolubles plus leur quantité qui se
dissout dans la membrane est grande et, par conséquent, elles peuvent la traverser ;
- Le nombre des canaux protéiques à travers lesquels les substances diffusent : la
quantité de diffusion est directement proportionnelle au nombre de canaux par unité de
surface ;
- La température : plus elle est grande plus le mouvement thermique des molécules et
des ions dans la solution est grande ; donc la diffusion augmente proportionnellement
avec une augmentation de température ;
- Le poids moléculaire des substances considérées : la membrane est plus perméable à
des petites molécules qu’à des grandes molécules.

6.2.3.1.1. Notion de coefficient de diffusion

Un autre facteur qui affecte la quantité de la diffusion est la superficie de la membrane. Donc,
pour déterminer la perméabilité totale d’une barrière de diffusion (membrane cellulaire, paroi
capillaire,…), on doit multiplier sa perméabilité par sa surface totale. Cette perméabilité totale
est exprimée en fonction du coefficient de diffusion ; sa relation avec la perméabilité est :

D=PxA

Où D est le coefficient de diffusion, P est la perméabilité, A est la surface totale.

6.2.3.2. Gradient de concentration

Soit deux compartiments e et i séparés par la membrane plasmique, et qu’il s’y trouve une
substance S dans des concentrations différentes [S]e et [S]i. Le débit de diffusion des
molécules de S est proportionnel à la différence de concentration ou gradient de concentration
entre les compartiments e et i, et l’on peut écrire :

Diffusion nette ~ D x ([S]e - [S]i)

Dans cette équation [S]e représente la concentration dans le compartiment e ; [S]i représente la
concentration dans le compartiment i et D le coefficient de diffusion de la membrane pour la
substance S.
140

6.2.3.3. Gradient électrique et diffusion d’ions

Si l’on applique à une membrane semi-perméable un potentiel électrique, les ions, par suite de
leur charge électrique, se déplacent à travers la membrane, même s’il n’existe pas de gradient
de concentration capable de déterminer leur mouvement. Le déplacement des ions sous l’effet
du potentiel électrique va créer un gradient de concentration dans la direction opposée au
gradient électrique. Ainsi, la différence de concentration tend à faire déplacer les ions dans un
sens, alors que le gradient électrique tend à les faire déplacer dans l’autre sens. A l’équilibre,
les deux forces se neutralisent. A la température corporelle normale (37°C), la différence
électrique qui équilibre exactement une différence de concentration donnée d’ions univalents
peut être déterminée à partir de l’équation de Nernst :

FEM (en millivolts) = ± 61 log C1/C2

Dans cette formule, FEM représente la force électromotrice (voltage) entre les côtés 1 et 2 de
la membrane, C1 représente la concentration du côté 1 et C2 la concentration du côté 2. La
polarité nécessaire est positive pour les ions négatifs, et négative pour les ions positifs. Cette
équation est extrêmement importante pour la compréhension de la transmission de l’influx
nerveux.

6.2.3.4. Gradient de pression et filtration

Dans certains cas, on note l’apparition d’une différence de pression considérable entre les
deux côtés d’une membrane semi-perméable. Ce phénomène se produit par exemple au
niveau de la paroi capillaire où la pression interne est supérieure de 20 mm Hg environ à la
pression externe. La pression correspond en fait à la somme de toutes les forces des
différentes molécules qui frappent une unité de surface en un moment donné. L’augmentation
de la pression d’un côté de la membrane est capable de produire un passage des molécules du
côté de haute pression vers celui de basse pression : c’est la filtration.

La filtration est le mécanisme par lequel l’eau et les solutés traversent une membrane ou la
paroi d’un vaisseau sous l’effet de la pression hydrostatique. Comme la diffusion, la filtration
est un processus de transport passif et fait intervenir le gradient de pression. La filtration tend
à faire passer un liquide contenant des solutés (filtrat) d’une région à pression élevée vers une
région à pression moins élevée. Dans les capillaires, la pression hydrostatique exercée par le
sang tend à faire sortir les liquides et ces liquides contiennent des solutés d’importance
variable pour les tissus. Les liquides secrétés par les reins sous forme d’urine sont également
141

produits par filtration. La filtration n’est pas sélective : seuls les globules sanguins et les
molécules de protéines, trop volumineux pour passer à travers les pores des membranes
restent dans le compartiment d’origine.

6.2.4. Diffusion simple de l’eau ou osmose

L’osmose c’est la diffusion nette d’eau résultant d’une différence de concentration de part et
d’autre d’une membrane. Dans ce cas la cellule se gonfle ou se rétracte en fonction de la
direction dans laquelle se fait la diffusion nette de l’eau.

Pour illustrer les mécanismes de l’osmose, nous allons considérer quelques systèmes non
vivants avant de décrire ce qui se produit dans l’organisme.

En présence d’eau distillée de deux côtés d’une membrane à perméabilité sélective, il n’y a
aucun mouvement osmotique net, bien que les molécules d’eau traversent la membrane dans
les deux sens. Cependant, dans une solution donnée, si la concentration de soluté augmente, la
concentration d’eau diminue ; par conséquent, si la concentration de soluté n’est pas la même
des deux côtés de la membrane, il y a aussi une différence entre les concentrations d’eau.
Dans ce cas, on dit que les deux solutions sont d’osmolarités différentes. Lorsque deux
solutions d’osmolarités différentes et de même volume sont séparées par une membrane qui
est perméable à toutes les molécules du système, il se produit simultanément une diffusion
nette de soluté et de l’eau, chacune des substances se déplaçant suivant son gradient de
concentration. Au bout d’un certain temps, les concentrations d’eau et de soluté sont les
mêmes dans les deux compartiments et le système atteint un état d’équilibre.

Si on considère le même système, mais avec une membrane imperméable aux molécules de
soluté, on obtient un résultat tout à fait différent. L’eau diffuse alors rapidement du
compartiment 1 au compartiment 2 et son mouvement se poursuit jusqu’à ce que sa
concentration (ainsi que celle du soluté) soit la même des deux côtés de la membrane.

Dans ce cas, l’équilibre résulte du seul mouvement de l’eau, lequel produit un changement de
volume remarquable dans les deux compartiments.

Dans les systèmes non vivants illustrant le mécanisme de l’osmose, les volumes des
compartiments peuvent augmenter indéfiniment, et on ne prend pas en considération la
pression exercée par le poids supplémentaire de la colonne de liquide la plus haute.
142

Les cellules animales ne sont pas entourées de parois rigides et ne comportent que des
membranes souples, par conséquent elles ne subissent pas de changements aussi marqués de
leur pression hydrostatique (ni osmotique). C’est ici qu’interviennent les notions de pression
osmotique et de tonicité.

5.2.4.1. Pression osmotique

Quand nous considérons l’osmose, à l’équilibre, il y a une différence de volume entre les deux
compartiments, représentée par la hauteur de la colonne de liquide (h). La force que cette
différence de niveau engendre compense une autre force, de valeur égale et de sens opposé,
que l’on appelle pression osmotique.

5.2.4.2. Pression osmotique et nombre de particules osmotiques

La pression osmotique exercée par des particules non diffusibles en solution, qu’il s’agisse de
molécules ou d’ions, est déterminée par le nombre de particules par unité de volume liquidien
et non par la masse des particules. Ce phénomène est dû à ce que chaque particule en solution,
quelle que soit sa masse, exerce en moyenne la même pression contre la membrane.
Cependant, les grosses particules qui ont une masse (m) plus importante se déplacent à une
vitesse (v) plus faible, alors que les petites particules se déplacent à des vitesses plus
importantes de telle façon que leurs énergies cinétiques deviennent identiques. En
conséquence, le facteur qui détermine la pression osmotique d’une solution est la
concentration de cette solution en fonction du nombre de particules (qui est le même que leur
concentration molaire lorsqu’il s’agit d’une molécule non dissociée) et non pas en fonction de
la masse du soluté.

5.2.4.3. Osmolalité. Osmole

Comme la pression osmotique exercée par un soluté est proportionnelle à la concentration du


soluté exprimée en nombre de molécules ou ions, la concentration du soluté exprimée en
masse n’a aucune valeur pour la détermination de la pression osmotique. Afin d’exprimer la
concentration en fonction du nombre des particules, on utilise une unité appelée osmole à la
place du gramme.

Une osmole correspond au nombre de particules de soluté non dissociées exprimé en gramme.
Par exemple, 180 grammes de glucose équivalent à 1 mole de glucose, correspondent à 1
osmole de glucose parce que ce dernier n’est pas dissocié. Par contre si le soluté est dissocié
143

en deux ions, une mole de ce soluté est égale à 2 osmoles parce que le nombre de particules
actives du point de vue osmotique est maintenant deux fois plus grand que dans le cas d’un
soluté non dissocié. Dans ces conditions, 1 mole de NaCl, c’est-à-dire 58.5 g, est égale à 2
osmoles.

Dans le cas d’une solution qui a 1 osmole de soluté dissoute dans 1 Kg d’eau, on dit que
l’osmolalité est égale à 1 osmole par Kg et dans le cas d’une solution qui a 1/1000 osmole
dissoute par Kg, l’osmolalité est égale à 1 milliosmole par Kg. L’osmolalité normale des
liquides extracellulaire et intracellulaire est égale à environ 300 mOsm/Kg.

5.2.4.4. Relation Osmolalité-Pression osmotique

A la température corporelle normale, 37°C, une concentration égale à 1 Osm par litre
détermine une pression osmotique égale à 19 300 mmHg dans la solution. De même, une
concentration égale à 1 mOsm/l est équivalente à une pression osmotique de 19.3 mmHg. En
multipliant cette valeur par 300 mOsm des liquides corporels, on a une pression osmotique
totale de 5 790 mmHg pour ces liquides. La valeur mesurée fait en moyenne 5 500 mmHg. La
raison de cette différence est que beaucoup d’ions dans les liquides corporels, tels que les ions
sodium et les ions chlore, sont fortement attirés les uns par les autres. Alors, ils ne peuvent
pas se déplacer librement dans ce liquide et créer leur potentiel osmotique total. Ainsi, en
moyenne, la pression osmotique réelle est d’environ 0.93 fois la valeur calculée.

5.2.4.5. Osmolarité

Par suite des difficultés que l’on rencontre pour mesurer des kilogrammes d’eau dans une
solution, lorsqu’on parle des caractéristiques osmotiques des liquides biologiques on emploi
l’expression « osmolarité » ; cette dernière correspond à la concentration osmolaire exprimée
en osmoles par litre de solution et non en osmoles par kilogrammes d’eau. Bien qu’au sens
strict l’osmolalité exprime mieux la pression osmotique, dans le cas des solutions diluées,
comme celle que l’on rencontre dans l’organisme, les différences quantitatives entre
l’osmolalité et l’osmolarité sont inférieures à 1 p. 100 ; on préfère donc utiliser l’expression
« osmolarité » dans les études physiologiques, surtout que cette valeur est plus commode à
calculer.
144

6.3. TRANSPORT ACTIF

On parle de transport actif quand la membrane cellulaire déplace les molécules ou les ions
contre un gradient de concentration et avec consommation d’énergie.

Les différentes substances qui sont activement transportées à travers la membrane cellulaire
sont les ions sodium, potassium, calcium, fer, hydrogène, chlore, l’iode, l’urée, plusieurs
sucres et la plupart des acides aminés.

1. Transport actif primaire


2. Transport actif secondaire — Co-transport et contre-transport

6.3.1. Transport actif primaire et transport actif secondaire

Selon la source d’énergie dont ils dépendent pour assurer le transport, on divise le transport
actif en deux types : le transport actif primaire et le transport actif secondaire. Le transport
actif primaire est alimenté directement par l’hydrolyse de l’ATP ou d’un autre composé
phosphate haute énergie. Dans le transport actif secondaire, l’énergie est dérivée
secondairement de l’énergie qui a été stockée sous forme de gradients ioniques ou chimiques
de part et d’autre de la membrane cellulaire, à la suite du fonctionnement des pompes de
transport actif primaire. Dans les deux cas, le transport fait intervenir des transporteurs
protéiques situés dans la membrane cellulaire comme la diffusion facilitée. Cependant, dans le
transport actif, la protéine porteuse fonctionne différemment de celle de la diffusion facilitée,
parce qu’étant capable d’utiliser de l’énergie pour transporter la substance contre le gradient
électrochimique. Dans les lignes qui suivent nous allons détailler quelques exemples de
transports actifs et secondaires, avec leurs principes de fonctionnement.

6.3.2. Transport actif primaire : Pompe à sodium-potassium

Parmi les substances qui sont transportées par transport actif primaire se trouvent le sodium
(Na+), le potassium (K+), le calcium (Ca2+), l’hydrogène (H+), le chlorure (Cl-), et quelques
autres ions.

La pompe à sodium-potassium est le mécanisme de transport actif qui a été le plus étudié et
avec beaucoup de détails. C’est un système de transport qui, au niveau de la membrane
cellulaire de toutes les cellules, expulse les ions Na+ hors de la cellule et simultanément
transporte les ions K+ à l’intérieur de la cellule. Cette pompe est responsable du maintien des
145

différences de concentrations de sodium et de potassium de part et d’autre de la membrane


cellulaire, mais aussi de l’établissement d’une différence de potentiel électrique négatif sur le
versant intracellulaire. Comme nous le verrons au Chapitre 6, la pompe est donc la base de la
fonction nerveuse et de la transmission des signaux dans le système nerveux.

6.3.2.1. Modèle de fonctionnement de la pompe à sodium-potassium

La pompe à Na+-K+ est une machine macromoléculaire qu’on retrouve dans les membranes de
surface de toutes les cellules animales. La protéine de transport est une enzyme membranaire
composée de deux sous-unités faites de protéines globulaires :une plus grande appelée sous-
unité α, d’un poids moléculaire d’environ 100.000, et une plus petite appelée sous-unité β,
d’un poids moléculaire d’environ 55.000. Bien que la fonction de la petite sous-unité ne soit
pas très bien connue (elle pourrait servir de complexe protéique d’ancrage aux lipides
membranaires), la grande sous-unité a trois aspects spécifiques qui sont importants pour le
fonctionnement de la pompe:
1. Elle dispose de trois sites récepteurs sur la portion de la protéine faisant protrusion sur le
versant intracellulaire : ils servent à lier les ions sodium.
2. Elle a deux sites récepteurs pour les ions potassium sur le versant extracellulaire.
3. Sa portion intérieure, proche des sites de liaison du sodium, possède une activité ATPase.
Le modèle de fonctionnement de la pompe est le suivant: lorsque deux ions potassium se
fixent sur le versant extracellulaire et que trois ions sodium se fixent sur le versant
intracellulaire, la fonction ATPase de la protéine devient activée. Elle clive ensuite une
molécule d’ATP, scindant l’adénosine diphosphate (ADP) et libérant l’énergie d’une liaison
phosphate haute énergie. L’énergie ainsi libérée sert à causer un changement chimique et de la
conformation de la protéine porteuse, expulsant les trois ions et incorporant les deux ions
potassium. Ainsi, cette enzyme membranaire transporte ses substances selon le modèle
stoïchiométrique. Les deux mouvements sont si intimement couplé que la pompe est dite
pompe à Na+-K+. Ce couplage peut être exprimé dans une équation stoïchiométrique simple.

Pompe

3 Nain+ + 2 K+ex 3 Na+ex + 2 K+in

L’équation dit que 3 Na+ sont expulsés pour chaque 2 K+ incorporés. Donc nous avons un
rapport 3: 2.
146

Dans certaines cellules, comme les cellules nerveuses électriquement actives, les cellules du
tubule rénal et les hématies, 60 à 70 pour cent des besoins énergétiques relèvent du
fonctionnement de la pompe à Na+-K+.

6.3.2.2. Importance de la pompe à Na+-K+ pour le contrôle du volume cellulaire

Le contrôle du volume cellulaire est l’une des plus importantes fonctions de la pompe sans
laquelle beaucoup de cellules du corps, les hématies notamment, pourraient se gonfler jusqu’à
l’éclatement. Le mécanisme de contrôle du volume cellulaire est le suivant : à l’intérieur de la
cellule on trouve une grande quantité de protéines et d’autres composés organiques qui ne
peuvent pas s’échapper de la cellule ; la plupart de ces molécules sont chargées négativement
et attirent de grandes quantités de potassium, de sodium, et de nombreux autres cations.
Toutes ces substances provoquent ainsi un mouvement osmotique de l’eau vers la cellule ; si
la distribution de ces particules osmotiquement actives n’est pas contrôlée, la cellule se
gonflera d’eau indéfiniment jusqu’à ce qu’elle s’éclate. Cependant, ceci n’arrive pas grâce au
fonctionnement de la pompe à Na+-K+: celle-ci pompe trois ions sodium vers l’extérieur de la
cellule contre deux ions potassium vers l’intérieur. En plus, la membrane est beaucoup moins
perméable aux ions sodium qu’aux ions potassium, donc une fois à l’extérieur, les ions
sodium auront une forte tendance à y rester. Ceci représente une perte nette et continue des
substances ioniques à l’extérieur de la cellule ce qui provoque une sortie d’eau vers l’extérieur
de la cellule. En outre, quand la cellule commence à se gonfler elle active automatiquement la
pompe à Na+-K+, produisant l’expulsion des ions accompagnés de molécules d’eau vers le
milieu extracellulaire. Ainsi, la pompe à Na+-K+ permet la surveillance et le maintien continu
du volume normal de la cellule.

6.3.2.3. Nature électrogène de la pompe à Na+-K+

Le fait que la pompe à Na+-K+ déplace trois ions Na+ à l’extérieur pour chaque deux ions K+
transportés à l’intérieur veut dire qu’à chaque cycle de fonctionnement il y a un transfert net
d’une charge positive hors de la cellule. Ceci crée une positivité à l’extérieur de la cellule
mais laisse un déficit d’ions positifs à l’intérieur de la cellule ; ce qui cause une négativité à
l’intérieur. Puisqu’il se crée un potentiel électrique de part et d’autre de la membrane
cellulaire sous l’effet de son fonctionnement, la pompe à Na+-K+ est dite électrogène.
147

6.3.2.4. Facteurs altérant le fonctionnement de la pompe

Les poisons ou autres substances qui, en découplant les phosphorylations oxydatives,


bloquant le renflouement des stocks d’énergie métabolique cellulaire, dépriment l’activité de
la pompe.

Le refroidissement ralentit le fonctionnement de la pompe, comme il le fait avec de


nombreuses réactions enzymatiques.

Le pompage du sodium peut être arrêté par les médicaments appelés glycosides cardiaques ou
stéroïdes cardiotoniques. Ce sont des dérivées glycosylés utilisés dans le traitement de la
décompensation cardiaque. Ces produits naturels bénéfiques mais potentiellement très
toxiques sont extraits des plantes du genre Digitalis, Strophantus et Urginea et ont pendant
longtemps fait partie de la pharmacopée herbeuse au cours de siècles. Les glycosides
cardiaques inhibent la pompe à Na+ - K+ d’une façon spécifique : ils entrent en compétition
avec les ions K+ extracellulaire pour la même forme du système de transport.

6.3.2.5. Importance physiologique de la pompe

Les gradients maintenus grâce au fonctionnement de la pompe sont essentiels à la fonction


cellulaire :

- par le contrôle des particules osmotiquement les plus importantes (ions), la pompe, en
association avec la « fuite » ionique régule le volume cellulaire ;
- dans plusieurs cellules, l’énergie stockée dans le gradient du Na+ est utilisée pour
assurer le transport onéreux des acides aminés, des sucres et d’autres ions et substrats
vitaux vers l’intérieur de la cellule, processus appelé transport actif secondaire étant
donné que ce transport couplé n’est pas alimenté directement par l’ATP ;
- en plus, beaucoup d’enzymes cytoplasmiques sont stimulées, activées par les ions K+
et inhibées par les ions Na+ ;
- la pompe revêt une importance particulière dans les cellules excitables électriquement
comme la cellule nerveuse ou la cellule musculaire ; en effet ces cellules utilisent les
gradients de Na+ et de K+ pour produire les courants électriques des signaux. Le nerf et
le muscle utilisent aussi l’énergie stockée dans le gradient de sodium pour acheminer
les ions Ca2+ hors de la cellule ;
148

- enfin, le pompage des ions Na+ et K+ sous-tend les principales propriétés de


résorption et de sécrétion d’eau ou de sels d’un large éventail d’épithélium parmi
lesquels l’épithélium intestinal, le tubule rénal, etc.

6.3.3. Transport actif primaire des ions calcium et d’autres substances : Autres ATP
ases de transport

En dehors de la pompe à Na+- K+, il existe d’autres ATP ases membranaires assurant le
transport transmembranaire. Dans les cellules animales, au moins cinq types d’ATP ases
assurant le transport actif de petits cations hors du cytoplasme ont été identifiés. Ces ATP ases
de transport (pompes), à l’instar de la pompe à Na+- K+, établissent toutes d’importants
gradients électrochimiques des substances qu’elles pompent ; elles utilisent un mécanisme
comportant des modifications de conformation E1–E2 et une phospho-enzyme intermédiaire.
Parmi les ATP ases de transport nous avons les pompes à Ca2+ et les pompes à H+.

6.3.3.1. Pompes calciques

Les pompes calciques ou ATP ases activées par le Ca2+ sont impliquées dans de nombreux
processus physiologiques et on les retrouve dans de nombreuses structures membranaires des
cellules : la membrane plasmique, la membrane de certains organelles cytoplasmiques.

La pompe calcique membranaire pompe les ions calcium à l’extérieur de la cellule. La pompe
calcique de la membrane de certains organelles pompe les ions calcium dans la lumière d’un
ou de plusieurs organelles intracellulaires vésiculaires comme le réticulum sarcoplasmique
des cellules musculaires et les mitochondries dans toutes les cellules.

Ces pompes calciques participent au maintien de la concentration cytoplasmique de l’ion Ca2+


très basse, à une valeur environ 10.000 fois moins élevée que dans le liquide extracellulaire,
dans toutes les cellules de l’organisme humain.

Ce sont des mécanismes de transport actif primaire. Dans chacun de ces cas, la protéine
porteuse traverse la membrane et fonctionne comme une enzyme ATPase, ayant la même
capacité de cliver l’ATP comme l’ATPase de la protéine porteuse du sodium. La différence
est que la protéine des ATPases à calcium possède un site de fixation hautement spécifique au
calcium à la place du sodium. La pompe à Ca2+ de la membrane correspond à une activité
ATP asique activée par le Ca2+, le Ca2+ est expulsé hors du cytoplasme contre son gradient de
concentration avec hydrolyse de l’ATP.
149

6.3.3.2. Transport actif primaire des ions hydrogène: pompes à protons

Le transport actif primaire des ions hydrogène est particulièrement important à deux endroits
de l’organisme: (1) dans les glandes gastrique de l’estomac, et (2) dans le néphron au niveau
du tube distal et des tubes collecteurs corticaux.

Au niveau des glandes gastriques, les cellules pariétales de la muqueuse gastrique possèdent
le plus puissant mécanisme de transport actif des ions hydrogène de l’organisme. Cette pompe
à protons transporte les protons du cytoplasme vers la lumière, c’est-à-dire dans le suc
gastrique), contre un immense gradient de concentration. Le pompage est assuré par une
ATPase H+ - K+ qui semble assurer un échange électro-neutre d’un proton contre un ion K+
par liaison haute énergie clivée. C’est la base de la sécrétion de l’acide chlorhydrique dans le
suc gastrique.

Dans le néphron (tubule rénal) se trouvent des cellules intercalées spéciales situées au niveau
du tube distal et des tubes collecteurs corticaux. Elles transportent aussi activement les ions
hydrogène par un mécanisme de transport actif primaire. Dans ce cas, de grandes quantités
d’ions hydrogène sont sécrétés du sang dans l’urine dans le but d’éliminer l’excès de ces ions
des liquides corporels. Les ions hydrogène peuvent être sécrétés dans l’urine contre un
gradient de concentration gradient d’environ 900 fois.

6.3.4. Aspects énergétiques du transport actif primaire

La quantité d’énergie nécessaire au transport actif d’une substance à travers la membrane est
déterminée par le degré de concentration de cette substance durant le transport. Pour
concentrer les substances dix fois ou cent fois plus, il faut deux fois plus d’énergie, et pour la
concentrer mille fois plus, il en faut trois fois plus. Donc, l’énergie nécessaire est
proportionnelle au logarithme du degré de la concentration de la substance considérée,
exprimée par la formule suivante :

Energie (Cal/Osm) = 1 400 log C1/C2

L’énergie étant en calories, la quantité d’énergie nécessaire pour concentrer dix fois 1 osmole
de la substance est environ de 1 400 calories, et pour cent fois est de 2 800 calories. On
remarquera que l’énergie dépensée pour concentrer des substances dans les cellules ou pour
les en expulser contre un gradient de concentration peut être énorme. Certaines cellules telles
que les cellules des tubules rénaux, ainsi que la plupart des cellules glandulaires, dépensent
150

90% de leur énergie pour assurer le transport actif, particulièrement l’alimentation de la


pompe à Na+-K+.

6.3.5. Transport actif secondaire — Co-transport et contre-transport

En faisant passer le sodium ou les protons à travers la membrane plasmique contre leurs
propres gradients, les pompes primaires emmagasinent de l’énergie sous forme de gradient
ionique. En effet, lorsque les ions sodium (ou les protons) sont transportés à l’extérieur des
cellules par transport actif primaire, il s’établit un gradient de concentration sodique (ou
protonique) important de part et d’autre de la membrane cellulaire — une concentration
élevée à l’extérieur et une concentration très basse à l’intérieur. Ce gradient représente une
énergie emmagasinée parce que l’excès de sodium (ou de proton) à l’extérieur de la
membrane cellulaire amène toujours cet ion à diffuser à l’intérieur. Tout comme l’eau qui a
été pompée vers le haut peut effectuer un travail lorsqu’elle redescend (par exemple activer
une turbine), toute substance qui a été transportée activement à travers une membrane peut
effectuer un travail lorsqu’elle revient à son point de départ. Dans les conditions appropriées,
l’énergie de cette diffusion (retour au point de départ) pourra servir pour le transport d’autres
substances avec le sodium (ou le proton) à travers la membrane cellulaire. Ce phénomène est
appelé co-transport ; c’est une des formes du transport actif secondaire.

Pour que le sodium (ou le proton) puisse transporter avec lui une autre substance, un
mécanisme couplé est nécessaire. Ceci est assuré encore par la présence d’une protéine
porteuse (un transporteur) dans la membrane cellulaire. Le transporteur servira dans ce cas
comme site de fixation à la fois de l’ion Na+ (ou du proton) et de la substance à transporter.
Dès que les deux sont fixés, le changement de conformation de la protéine transporteuse se
produit et le gradient d’énergie de l’ion sodium entraîne le transport simultané des deux,
ensemble, vers l’intérieur de la cellule.

En ce qui concerne le contre-transport, les ions sodium sont de nouveau prêts à diffuser vers
l’intérieur de la cellule à cause de leur fort gradient de concentration. Cependant, la substance
à transporter se trouve à l’intérieur de la cellule et doit être transportée vers l’extérieur de la
cellule. Ici encore il faut un transporteur protéique : l’ion sodium se fixe sur son site situé sur
la partie extracellulaire du transporteur et la substance à contre-transporter sur la partie
intracellulaire. Dès que les deux sont fixés, le changement de conformation se produit de
nouveau, et l’énergie fournie par le mouvement de l’ion sodium de l’extérieur vers l’intérieur
151

provoque le déplacement de la substance considérée de l’intérieur vers l’extérieur de la


cellule.

Ainsi, divers acides aminés, certains sucres et de nombreux ions sont co-transportés de cette
façon vers l’intérieur des cellules qui tapissent l’intestin grêle. Bien que les deux substances
ainsi transportées se déplacent de façon passive, le sodium doit être à nouveau pompé vers la
lumière capillaire pour que son gradient de diffusion soit maintenu.

Deux mécanismes de contre-transport particulièrement importants sont celui portant sur les
ions calcium et celui portant sur les ions hydrogène.

6.3.6. Co-transport sodium-dépendant

Le glucose et la plupart des acides aminés sont transportés à l’intérieur de beaucoup de


cellules contre de forts gradients de concentration ; ce transport s’effectue entièrement par un
mécanisme de co-transport sodium-dépendant. Outre le glucose et divers acides aminés,
d’autres hexoses et de nombreux ions sont co-transportés de cette façon vers l’intérieur des
cellules qui tapissent l’intestin grêle.

6.3.6.1. Co-transport sodium-dépendant du glucose

Le transporteur protéique impliqué dans ce transport possède deux sites de fixation sur son
côté extérieur : un pour le sodium et un autre pour le glucose. Aussi, la concentration des ions
sodium est très élevée à l’extérieur et très basse à l’intérieur, pourvoyant ainsi de l’énergie
pour le transport. Une propriété spécifique du transporteur protéique est que le changement de
conformation permettant le mouvement du sodium vers l’intérieur ne se produit pas jusqu’à ce
que la molécule de glucose soit aussi fixée. Dès que les deux sont tous fixés, le changement
de conformation se produit automatiquement, et le sodium et le glucose sont transportés à
l’intérieur de la cellule simultanément. C’est ainsi que l’on parle d’un mécanisme de co-
transport sodium-glucose.

Ce transport est restreint à l’intestin, au rein et à petit nombre d’organes. C’est ainsi que
l’absorption du sucre à partir de la lumière intestinale exige la présence d’ions Na+ dans la
lumière, et l’absorption d’ions Na+ à partir de la lumière est augmentée par la présence des
sucres transportables dans la lumière. Le mouvement d’une mole de sucre est accompagné
d’un mouvement parallèle de 1 ou 3 moles d’ions Na+ et est électrogène. Le transport actif
152

secondaire des sucres (glucose) subit une inhibition compétitive par la phloridzine (glycoside
végétale) à des concentrations de 10-6 M.

La plupart des cellules du corps par contre dont le muscle et le GR, reçoivent leur glucose par
un mécanisme de diffusion facilitée, Na+-indépendant au niveau de leurs membranes de
surface.

6.3.6.2. Co-transport sodium-dépendant des acides aminés

Le co-transport sodium-dépendant des acides aminés se déroule de la même manière que celui
du glucose, sauf qu’il se fait à l’aide d’un complexe protéique de transport différent. Cinq
protéines de transport des acides aminés ont été identifiées. Chacune d’elles assure le
transport d’un sous-groupe d’acides aminés avec des caractéristiques moléculaires
spécifiques.

Comme pour le glucose, ce transport actif secondaire des acides aminés couplé au sodium se
déroule dans toutes les cellules de l’organisme, particulièrement au niveau de l’intestin et du
rein, rendant ainsi possible l’absorption de ces substances dans le sang.

Les acides aminés peuvent ainsi être accumulés dans le cytoplasme de l’entérocyte à des
concentrations de loin supérieures à celles du milieu extracellulaire par le processus de
transport Na+ - dépendant décrit supra. L’entrée des acides aminés montre une cinétique de
saturation avec respect de la concentration d’acides aminés. Si un acide aminé simple comme
la glycine ou l’alanine est absorbé, l’entrée est électrogène, rendant le cytoplasme plus positif.
Le transport d’acides aminés est un mécanisme de co-transport pour les acides aminés et les
ions Na+.

6.3.6.3. Co-transport sodium-dépendant des chlorures

Certaines cellules de la muqueuse intestinale et de la branche ascendante épaisse de l’anse de


Henlé concentrent les ions chlorure grâce à un transport actif secondaire Na+ - dépendant. Le
co-transporteur, électro-neutre, est bloqué par le furosémide, un puissant diurétique largement
répandu. La stoïchiométrie supposée, difficile à étudier pour le rein et l’intestin, est de 1 : 1.
Le même co-transport sensible au furosémide a montré dans les cellules nerveuses de certains
animaux, une stoïchiométrie de 2Na+ : 1K+ : 3Cl-.
153

6.3.6.4. Co-transport sodium-dépendant des neurotransmetteurs

Les neurotransmetteurs sont des médiateurs chimiques libérés par les terminaisons nerveuses
au niveau des jonctions synaptiques (neuro-nerveuses ou neuro-effectrices), pour
communiquer avec d’autres cellules. Une fois libéré, le neurotransmetteur pourra alors agir
sur les récepteurs membranaires de la cellule-cible, et il est ensuite récapté par la cellule
nerveuse grâce à un système de haute affinité sodium-dépendant. Le recaptage met fin à
l’action du médiateur et refait le plein du stock dans la terminaison nerveuse. Les systèmes de
captage Na+-dépendants ont été mis en évidence pour la choline, le GABA, le glutamate, la
glycine, la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine.

Les autres substances importantes transportées transport actif secondaire sodium-dépendant


sont les ions iodure, fer, et urates.

6.3.7. Contre-transport sodium-dépendant

Ils sont aussi dits moyens d’échange couplés au Na+. En effet, les gradients ioniques peuvent
également servir de source d’énergie aux systèmes antiport comme ceux qui expulsent des
ions hydrogène (H+) et calcium (Ca2+) à l’aide du gradient de sodium.

6.3.7.1. Contre-transport sodium-dépendant des ions calcium

Le système de transport actif secondaire sodium-dépendant des ions calcium existe dans
toutes ou presque toutes les membranes de surface des cellules. Les ions sodium diffusent à
l’intérieur et les ions calcium sont expulsés, étant tous fixés à la même protéine de transport
dans un mode d’échange. Ce mécanisme de transport intervient, avec le système de transport
actif primaire des ions calcium qui se déroule dans certaines cellules, au maintien de la
concentration intracellulaire très basse de l’ion Ca2+ libre (habituellement en dessous de 10-7
M, malgré une concentration calcique extracellulaire de 1 à 4.10-3 M et un potentiel de
membrane négatif qui favorisent l’entrée du Ca2+). Toutefois, l’on ne saurait dire lequel de
deux mécanismes est prédominant ; le mécanisme d’échange est prédominant dans les cellules
excitables, qui ont en moyenne un potentiel de repos plus négatif que les autres types de
cellule.

Un autre ion divalent, le Mg2+ a une concentration libre intracellulaire plus basse (environ
1.10-3 M) que celle prévue par l’équilibre. Dans les membranes axonales tout au moins, il
existe un transporteur échangeur Na+-Mg2+ ATP indépendant qui maintient la concentration
154

intracellulaire du Mg2+ basse. La stoïchiométrie de 2 Na+ contre 1 Mg2+ peut expliquer le


gradient de Mg2+.

6.3.7.2. Contre-transport sodium-dépendant des ions H+

L’échangeur Na+-H+ fonctionne dans la membrane plasmique de toutes les cellules animales.
Le pH du sang et celui des cellules sont étroitement régulés, malgré la production d’ions H+
liée à l’alimentation et à l’activité métabolique. Les mécanismes de transport déplaçant les
protons et d’autres déplaçant les ions bicarbonate contribuent à cette régulation. Le
cytoplasme des cellules des vertébrés a pratiquement le même pH que le liquide interstitiel,
entre 7.1 et7.4. Si les protons étaient en équilibre électronique de part et d’autre de la
membrane plasmique, le pH intracellulaire serait approximativement d’une unité plus basse
que le pH extracellulaire à cause de la négativité du potentiel de membrane. En effet des
potentiels membranaires de repos de l’ordre de −40 à −90 mV correspondraient à des valeurs
d’équilibre du pH intracellulaire de 0,7 à 1,6 unités plus basses que le pH extracellulaire. Dès
lors, toutes les cellules ont besoin d’un transport actif des équivalents acide du cytoplasme
vers le plasma.

L’expulsion des ions H+ est un processus Na+-dépendant ne nécessitant pas du calcium ou du


potassium intracellulaires. C’est également un processus indépendant de la pompe à Na+-K+,
mais accompagné d’un transport vers l’intérieur des ions Na+. Il s’agit donc d’échange Na+-
H+.

Un exemple spécifiquement important est ce qui se passe au niveau du tube proximal du


néphron: les ions sodium se déplacent de la lumière tubulaire vers l’intérieur de la cellule
tubulaire, pendant que les ions hydrogène échangés vers la lumière tubulaire. Comme
mécanisme de concentration des ions hydrogène, le contre-transport n’est pas aussi puissant
que le transport actif primaire des ces ions qui se déroule dans le tube distal. Cependant, il
peut transporter des quantités extrêmement élevées d’ions hydrogène, ce qui en fait un
maillon important dans le contrôle de l’ion hydrogène dans les liquides corporels.

L’échangeur est hermétiquement couplé, réversible, habituellement sensibles à l’amiloride et


semble assurer au moins trois fonctions :
(i) Il maintient la concentration cytoplasmique des protons bien en dessous du niveau
d’équilibre au dépens du gradient de sodium-transport actif secondaire ;
(ii) il déplace les équivalents acides dans l’urine pour l’excrétion ;
155

(iii) c’est un maillon de la voie de signalisation cellulaire basée sur les variations du pH
cellulaire.

6.3.7.3. Autres mécanismes de contre-transport. Echangeurs d’anions

Que l’énergie serve directement ou indirectement au mécanisme de transport actif, chaque


pompe membranaire ne transporte que certaines substances bien définies. Par conséquent, le
pompage de solutés et les systèmes de transport couplés permettent aux cellules de se montrer
très sélectives envers les substances qui ne peuvent pas traverser la membrane par diffusion.

5.3.7.3.1. Echange Cl--HCO3-. Un exemple typique de mouvement d’anions se produit dans le


GR de deux fois durant le passage dans le système circulatoire : « c’est le mouvement ou
déplacement du chlorure ». Au cours de la respiration normale, le dioxyde de carbone produit
par le métabolisme de l’organisme est ramené aux poumons par le sang, principalement sous
forme d’ions HCO3- (bicarbonate).

En effet, dès son entrée dans le courant sanguin, le CO2, une petite molécule neutre diffuse
promptement à travers la membrane plasmique du GR vers l’intérieur où l’anhydrase
carbonique (AC) catalyse sans hydratation, les ions HCO3- intracellulaires qui en résultent
sont ensuite retournés dans le plasma sanguin en échange contre les ions Cl- du plasma. Cet
échange, le « déplacement du chlorure » accroît de façon considérable la capacité effective de
transport du CO2 par le sang. Au niveau des poumons, ce processus est inversé pour libérer le
CO2 dans les gaz expirés.

5.3.7.3.2. Echangeurs complexes de Cl-. Ils échangent HCO3- + Na+ contre Cl- + H+ et pour
certains NaCO3- contre Cl-. Tous ces mécanismes sont électro-neutres comme dans celui d’un
simple échange d’anions.

6.4. TRANSPORT TRANSEPITHELIAL

La pompe à sodium et les autres mécanismes de transport que nous venons de décrire servent
ainsi à conduire des flux nets de solutés à travers des assises cellulaires entières dans plusieurs
épithéliums de transport. Ces mécanismes de transport sont donc indispensables à l’absorption
des nutriments dans l’intestin, à la formation des urines, et à la sécrétion de la salive, des sucs
digestifs, du liquide céphalo-rachidien et de l’humeur vitrée.
Typiquement, un épithélium de transport ne comporte qu’une seule assise cellulaire qui
présente deux pôles : un pôle apical ou muqueux et un pôle basal ou séreux. Donc le transport
156

transépithélial est un transport polarisé : les solutés transportés entrent dans la cellule par un
pôle et la quittent par l’autre pôle.
Ainsi dans un épithélium de transport, notamment dans un épithélium absorbant les
mécanismes de transport de Na+ ont des localisations préférentielles sur les faces muqueuse
(pôle apical) ou séreuse (pôle basal) de l’épithélium. Les sites de la pompe à Na+ sont sur le
versant basal de l’épithélium. Cette pompe expulse les ions Na+ dans le milieu interstitiel et
incorpore le K+ dans la cellule. La conséquence de cette activité est la mise en place d’un
gradient de concentration de Na+ dirigé vers l’entrée, et peut-être d’un gradient électrique
d’entrée, sur le versant luminal. Selon l’épithélium, la membrane luminale permet l’entrée du
Na+ par plusieurs mécanismes : pores Na+ sélectifs (PNa+) qui sont bloqués par l’amiloride ;
co-transport sodium-dépendant des nutriments qui passent ensuite dans le liquide interstitiel
par diffusion simple ou facilitée – la sortie du glucose sur le versant basal peut être bloquée
par la phlorétine - ; co-transport Na+ Cl-.

5.5. TRANSPORT VÉSICULAIRE OU EN VRAC.

C’est l’exocytose et l’endocytose.


157

Tableau 5.1. Résumé de différents mécanismes de transport transmembranaire


Mécanisme Sources Description Exemple
d’énergie
MECANISMES PASSIFS
Diffusion Energie Mouvement de particules (ions, Mouvement des graisses, de
simple cinétique molécules, etc...) d’une région où l’oxygène et du gaz carbonique à
leur concentration est élevée vers la travers la partie lipidique de la
région où leur concentration est membrane ; passage des ions dans
faible, c’est-à-dire dans le sens de les canaux protéiques selon
leur gradient de concentration certaines conditions
Osmose Energie Diffusion simple de l’eau à travers Mouvement de l’eau par les pores
cinétique une membrane à perméabilité de la membrane plasmique pour
sélective entrer dans la cellule et en sortir
Diffusion Energie Comme la diffusion simple, mais la Entrée de glucose dans les cellules
facilitée cinétique substance qui diffuse est lié à un
transporteur protéique
membranaire
Filtration Pression Mouvement de l’eau à travers des Mouvement de l’eau, des
hydrostatique membranes semi-perméables d’une nutriments et de gaz à travers la
région de pression hydrostatique paroi d’un capillaire
plus élevée vers une région de
pression plus faible, c’est-à-dire
dans le sens d’un gradient de
pression
MECANISMES ACTIFS
Transport actif ATP (Energie Mouvement d’une substance à Mouvement des acides aminés et
(pompage de cellulaire) travers une membrane contre son de la plupart des ions à travers la
soluté) gradient de concentration (ou membrane
contre son gradient
électrochimique) ; nécessite un
transporteur protéique
Transport vésiculaire (en vrac)

Exocytose ATP Sécrétion ou élimination de Sécrétion de neurotransmetteurs,


substances présentes dans la cellule d’hormones, de mucus, etc.
élimination des déchets cellulaires.
Phagocytose ATP Action de manger de la cellule Se produit surtout dans les
(endocytose) phagocytoses du système
immunitaire
Pinocytose ATP Action de boire de la cellule Se produit dans la plupart des
(endocytose) cellules : importante pour la capture
des solutés par les cellules
absorbantes (intestins et reins)
Endocytose ATP Mécanisme d’endocytose ; Mode d’absorption de certaines
substance venant de l’extérieur se hormones, du cholestérol, du fer et
lie aux récepteurs membranaire, et d’autres molécules
des vésicules tapissées se forment
158

CHAPITRE 7 POTENTIELS DE MEMBRANE ET POTENTIELS D’ACTION

Des potentiels électriques existent de part et d’autre des membranes de pratiquement toutes
les cellules de l’organisme. Toutefois, certaines cellules, comme les cellules nerveuse et
musculaire, ont la propriété de modifier leurs potentiels de membrane les faisant passer de l’état de
polarisation à l’état de dépolarisation et cela en une fraction de seconde. Ces impulsions
électrochimiques ou influx sont utilisés pour transmettre les signaux le long des membranes de
ces cellules. En outre, dans d’autres types de cellules, comme les cellules glandulaires, les
macrophages, et les cellules ciliées, les modifications locales des potentiels de membrane
activent aussi plusieurs fonctions cellulaires. Dans ce chapitre, nous discutons des potentiels
de membrane au repos et des potentiels d’actions des cellules nerveuse et musculaire.

Objectifs

 Définir un potentiel de membrane, un potentiel lent et un potentiel d’action


 Décrire les mouvements ioniques impliqués dans la genèse et le maintien de ces
potentiels

 Définir l’excitabilité, les membranes et cellules excitables

 Décrire les différentes phases du potentiel d’action

 Décrire les mouvements ioniques correspondant aux différentes phases du potentiel


d’action

 Définir la période réfractaire

 Décrire les principes de la genèse et la propagation de l’influx nerveux

 Décrire les différents types de fibres nerveuses et leurs caractères distinctifs par
rapport à la propagation de l’influx nerveux

Plan du Chapitre

1. Bases physiques des potentiels de membrane


2. Potentiel de membrane de repos des nerfs
3. Potentiel d’action du nerf
4. Rythmicité de certains tissus excitables — Décharge répétitive
5. Caractéristiques spéciales de la transmission du signal dans les troncs nerveux
159

6. Excitation — le processus de déclenchement du potentiel d’action


7. Enregistrement des potentiels de membrane et des potentiels d’action

6.1. BASES PHYSIQUES DES POTENTIELS DE MEMBRANE

6.1.1. Potentiel électrique

La différence de potentiel E, mesurée en volts est définie par le travail que nécessite le
déplacement d’une charge donnée entre deux points. Le travail électrique pour déplacer un
Faraday de charge à travers une différence de potentiel E est F.E.

Le travail électrique pour déplacer ns moles d’un ion S est :

Wélectrique = ns zs F.E

Où zs est la valence de l’ion (-1 pour Cl-, +2 pour Ca2+, etc.).

6.1.2. Potentiel de membrane

Dans les cellules eucaryotes il existe une différence de potentiel électrique de part et d’autre
de la membrane plasmique. Cette différence de potentiel électrique ou voltage ou potentiel de
membrane résulte de la séparation de charges de signe opposé.

Au repos, les cellules eucaryotes sont donc électriquement polarisées: le cytoplasme est
chargé négativement par rapport au LEC. On peut mesurer cette différence de potentiel à
l’aide d’une micropipette capillaire en verre et d’un voltmètre. Avec un tel montage, on
mesure donc le potentiel de membrane EM. Les potentiels de membrane sontdonc mesurés en
tant que différence de potentiel en deux points, et les potentiels de membrane des cellules
isolées sont toujours définis comme la différence entre le potentiel intracellulaire et le
potentiel extracellulaire (EM = Ei - Ee).

Au repos, le potentiel de membrane EM est négatif ; cela veut dire que l’intérieur de la cellule
est chargé négativement par rapport à l’extérieur. Le potentiel de membrane change pendant
l’activité : il s’élève à la suite des mouvements ioniques comme nous le verrons plus loin.

6.1.3. Potentiels de membrane causés par la diffusion


6.1.3.1. “Potentiel de diffusion” causé par le gradient de concentration d’un ion

Dans une fibre nerveuse il existe un important gradient de concentration de l’ion potassium de
part et d’autre de la membrane : du côté intracellulaire la concentration est élevée, alors
160

qu’elle est très basse de l’autre du côté extracellulaire. Supposons que cette membrane soit
perméable uniquement aux ions potassium et non aux autres ions. Puisqu’il existe un
important gradient de concentration potassique de l’intérieur vers l’extérieur, il y aura une
forte tendance pour les ions potassium de diffuser selon ce gradient vers l’extérieur à travers
la membrane. Avec 1’accumulation des charges positives dans le compartiment
extracellulaire, un champ électrique va se mettre en place, s’opposant à un mouvement plus
prononcé des ions K+. Ce processus peut durer seulement une fraction de milliseconde avant
d’atteindre la condition d’équilibre électrochimique. En une fraction de milliseconde, la
différence de potentiel entre l’intérieur et l’extérieur, appelée potentiel de diffusion, devient
suffisamment grande pour bloquer toute diffusion nette ultérieure du potassium à l’extérieur,
malgré le gradient de concentration potassique élevé. La diffusion d’ions K+ selon leur
gradient de concentration a créé un léger déséquilibre des charges suffisant pour l’instauration
d’un potentiel membranaire d’équilibre stable. Normalement, dans la fibre nerveuse de
mammifère, la différence de potentiel requise est d’environ 94 millivolts, avec la négativité du
coté intérieur de la membrane de la fibre.

Le même phénomène avec le sodium donne un potentiel de diffusion d’environ 61 millivolts


positif à l’intérieur de la fibre.

Ainsi donc, un gradient de concentration ionique de part et d’autre d’une membrane à


perméabilité sélective peut, sous des conditions appropriées, créer un potentiel de membrane.
Dans les sections ultérieures de ce chapitre, nous allons voir que plusieurs des changements
rapides des potentiels de membrane observés durant la transmission de l’influx par les cellules
nerveuse et musculaire résultent des changements rapides des potentiels de diffusion.

6.1.3.2. Relation entre le potentiel de diffusion et le gradient de concentration — le


potentiel de Nernst

Le mouvement des ions diffusibles de part et d’autres de la membrane obéit à deux forces : la
force chimique (= gradient chimique ou de concentration) et la force électrique (vo1tage ou
potentiel). L’équilibre s’établit lorsque les deux forces se neutralisent exactement. Le
potentiel permettant cet équilibre est appelé le potentiel d’équilibre de Nernst pour l’ion
concerné. C’est un terme que nous avons introduit au Chapitre 5. La valeur de ce potentiel
peut être déterminée par le rapport des concentrations de l’ion concerné de part et d’autre de
la membrane. L’équation suivante, appelée équation de Nernst établit la relation
mathématique qui existe entre le potentiel électrique et le gradient de concentration. Elle peut
161

être utilisée pour calculer le potentiel de Nernst pour tout ion monovalent à la température
corporelle normale de 98,6°F (37°C):

(E2-E1) = RT/ zsF. ln[S]1/[S]2 (1)

Qui est le potentiel d’équilibre ou équation de Nernst.

L’équation de Nernst peut être exprimée d’une autre façon, quand on considère que
conventionnellement en biologie, les potentiels de membrane sont définis comme la
différence entre l’intérieur et l’extérieur, ce qui donne :

ES = RT/ zsF. ln [S]e/[S]i (2)

Où [S]i et [S]e se réfèrent aux concentrations intracellulaire et extracellulaire.

En convertissant en log10 et en calculant RT/F pour 20°C, nous avons une expression plus
pratique :

ES = 58,2 mV/ zs. log10[S]e/[S]i (3)

En regardant cette équation (3), il se dégage que pour un ion monovalent, un gradient de
concentration dix fois plus grand peut produire un potentiel de membrane de 58.2mV. Le
signe du potentiel change si le signe de l’ion diffusible change et si la direction du gradient
change.

Pour les ions K+ chez les mammifères, le gradient chimique direct de sortie est de 39 fois plus
grand et la valeur calculée de EK+ à 20°C est de - 92 mV.
Pour les ions Na+, le gradient chimique d’entrée est 12 fois plus grand, ce qui donne ENa+ = +
67 mV.

Le potentiel membranaire de repos mesuré au niveau de la cellule musculaire est plus sous la
dépendance de EK+ (donc proche de EK+) que de ENa+ parce que la membrane au repos est
normalement beaucoup plus perméable aux ions K+ qu’aux ions Na+.

6.1.3.3. Calcul du potentiel de diffusion lorsque la membrane est perméable à plusieurs


ions— Equation de Goldman - Hodgkin - Katz

L’hypothèse selon laquelle le potentiel membranaire de repos dépend de la concentration de


l’ion potassium est correcte mais incomplète. Le potassium n’est pas le seul ion diffusible.
D’autres ions, comme le sodium et les chlorure, sont aussi diffusibles, bien qu’à un degré
162

moindre. Ainsi l’importance du potentiel de membrane à un moment donné quelconque


dépend, bien entendu, de la distribution des ions sodium, potassium et chlorure, et de la
perméabilité de la membrane à chacun de ces ions. L’équation de Goldman - Hodgkin -Katz
décrit cette relation avec une précision considérable :

EM=RT/F ln((PK+[K+]e+PNa+[Na+]e+PCl˗[Cl˗]i)/(PK+[K+]i+PNa+[Na+]i+PCl˗[Cl˗]e))

Où PK+, PNa+ et PCl˗ sont la perméabilité membranaire aux ions potassium, sodium et chlorure.

Cette équation stipule la même chose que celle de Nernst et indique que les ions qui ont un
facteur Perméabilité x Concentration plus grand contribuent de façon plus importante au
potentiel de membrane. Si la perméabilité à tous les ions est nulle, sauf à un seul, nous
retrouvons l’équation de Nernst.

6.1.4. Mesure du potentiel de membrane


La méthode de mesure du potentiel de membrane est simple théoriquement mais souvent
difficile en pratique à cause de la taille minuscule de la plupart des fibres. La Figure 5–2
montre une micropipette remplie d’une solution d’électrolyte. La micropipette est introduite
dans la fibre. Une autre électrode, appelée « électrode indifférente », est alors placée dans le
liquide interstitiel et la différence de potentiel entre l’intérieur et l’extérieur de la fibre est
mesurée en utilisant un voltmètre adéquat. Le voltmètre est un appareil électronique
hautement sophistiqué, capable de mesurer de très petits voltages. Pour enregistrer les
changements rapides du potentiel de membrane Durant la transmission des influx nerveux, la
microélectrode est connectée à un oscilloscope, comme nous le verrons plus loin dans ce
chapitre.

L’existence du potentiel de repos est la conséquence de la distribution des charges de part et


d’autres de la membrane, notamment un excès des charges négatives à l’intérieur de la cellule
et un excès de charges positives à l’extérieur. Rappelons que ce voltage ou séparation des
charges n’existe qu’au niveau de la membrane ; si on pouvait additionner toutes les charges
positives et négatives présente dans le cytoplasme, on constaterait que l’intérieur de la cellule
est électriquement neutre. De la même façon, les charges positives et négatives du liquide
interstitiel s’équilibrent parfaitement. La partie inférieure de la Figure 5–3 montre le potentiel
électrique qui est mesuré à chaque point dans ou près de la membrane de la fibre nerveuse,
commençant du côté gauche de la figure et passant à droite. Aussi longtemps que l’électrode
est à l’extérieur de la membrane nerveuse, le potentiel enregistré est zéro, qui est le potentiel
163

du liquide extracellulaire. Ensuite, comme l’électrode d’enregistrement passé à travers la


surface de changement de voltage au niveau de la membrane cellulaire (appelée la couche du
dipôle électrique), le potentiel chute brutalement à –90 millivolts. Pendant le passage à travers
le centre de la fibre, le potentiel reste à peu près au niveau de –90 millivolt mais revient à zéro
à l’instant où la membrane est traversée sur le coté opposé de la fibre.

Pour créer un potentiel négatif sur le versant intracellulaire de la membrane, il suffit


seulement qu’assez d’ions positifs pour développer un dipôle électrique au niveau de la
membrane elle-même soient transportés à l’extérieur. Tous les ions restant à l’intérieur de la
fibre nerveuse peuvent être positives et négatifs comme c’est illustré à la partie supérieure de
la Figure 5–3. Ainsi donc, un nombre incroyablement petit d’ions doit être transféré à travers
la membrane pour établir le “potentiel de repos” normal de –90 millivolts à l’intérieur de la
fibre; ceci veut dire que c’est seulement environ 1/3, 000,000 to 1/100, 000,000 du total des
charges positives à l’intérieur de la fibre doivent être transférés. De même, un nombre tout
aussi petit d’ions positives se déplaçant de l’extérieur vers l’intérieur de la fibre peut inverser
le potentiel de –90 millivolts à plus de +35 millivolts en moins de 1/10,000 de seconde. Des
changements rapides des mouvements des ions de ce genre sont à l’origine des signaux
nerveux que nous allons traiter dans ce chapitre.

6.2. POTENTIEL DE MEMBRANE DE REPOS DES NERFS

Le potentiel de membrane de repos de grosses fibreuses nerveuses lorsqu’elles ne sont pas en


train de transmettre des signaux nerveux est d’environ –90 millivolts. Ceci veut dire que le
potentiel à l’intérieur de la fibre est 90 millivolts plus négatif que le potentiel du liquide
interstitiel qui entoure la fibre nerveuse. Dans ce paragraphe, nous allons expliquer tous les
facteurs qui déterminent le niveau de ce potentiel de repos, mais bien avant cela, nous devons
décrire les propriétés de transport du sodium et du potassium de la membrane nerveuse au
repos.

6.2.1. Transport du sodium et du potassium dans la membrane nerveuse au repos


6.2.1.1. La pompe à Na+-K+
Toutes les membranes cellulaires de toutes les cellules de l’organisme disposent d’une
puissante pompe à Na+-K+ qui, continuellement, pompe les ions sodium à l’extérieur de la
cellule et les ions potassium à l’intérieur, comme illustré sur la Figure 5–4 à gauche.
Rappelons ensuite que la pompe à Na+ - K+ est une pompe électrogène parce que plus de
charges positives sont pompées à l’extérieur par rapport à l’intérieur : en expulsant 3 cations
164

(Na+) contre 2 admis (K+), l’activité de la pompe correspond à la perte nette d’une charge
positive, ce qui laisse l’intérieur de la cellule plus négative.

Autre chose, la pompe met en place d’importants gradients de concentration de sodium et de


potassium de part et d’autre de la membrane nerveuse au repos. Ces gradients sont les
suivants:

Na+ (extracellulaire): 142 mEq/L


Na+ (intracellulaire): 14 mEq/L
K+ (extracellulaire): 4 mEq/L
K+ (intracellulaire): 140 mEq/L

Les rapports concentration extracellulaire/concentration intracellulaire ces deux sont :


Na+ (intracellulaire)/Na+ (extracellulaire) =0.1
K+ (intracellulaire)/K+ (extracellulaire) =35.0

6.2.1.2. Fuite du potassium et du sodium à travers la membrane nerveuse

Il existe dans la membrane de la fibre nerveuse au repos des canaux protéiques non vannés ou
béants dits canaux de « fuite » à travers lesquels les ions potassium et sodium peuvent passer
librement. Ceci est illustré à la Figure 5–4 qui montre un canal protéique dans une membrane
nerveuse. Ce canal est appelé canal de “fuite” potassique-sodique. De nombreuses protéines
de ce type ont été actuellement mises en évidence, avec des caractéristiques différentes. Ce
qui est remarquable c’est la fuite du potassium : en général ces canaux, et par conséquent la
membrane de la fibre nerveuse, sont 100 fois plus perméables aux ions potassium qu’aux ions
sodium. Cette différence de perméabilité est excessivement importante dans la détermination
du niveau du potentiel de repos de la membrane.

6.2.2. Origine du potentiel de membrane de repos normal

Les facteurs importants impliqués dans l’établissement du potentiel de repos de la membrane


de la fibre nerveuse de −90 mV sont les suivants : la diffusion de l’ion potassium, la diffusion
de l’ion sodium et la pompe à Na+-K+.

6.2.2.1. Contribution du potentiel de diffusion du potassium

À cause du rapport concentration extracellulaire/concentration intracellulaire élevé soit 35:1,


le potentiel de Nernst correspondant à ce rapport est de –94 millivolts (logarithme de 35 =
1.54, et 1.54 x –61 millivolts = –94 millivolts). Par conséquent, si les ions potassium étaient
165

l’unique facteur causant le potentiel de repos, la valeur de ce potentiel à l’intérieur de la fibre


serait égale à –94 millivolts

6.2.2.2. Contribution de la diffusion du sodium à travers la membrane nerveuse

Le potentiel de potentiel de Nernst pour l’ion sodium est de +67 millivolts ; mais comme la
membrane est plus perméable aux ions potassium, le potentiel de diffusion de l’ion sodium
doit être combiné au potentiel de diffusion de l’ion potassium et ceci donne, en vertu de
l’équation de GHK, une valeur de −86 millivolts, compte tenu de la prédominance de la
diffusibilité de l’ion potassium à travers la membrane (100 fois plus que l’ion sodium)

6.2.2.3. Contribution de la pompe à Na+-K+

La pompe à Na+-K+ pourvoit une contribution additionnelle au potentiel de repos. Le fait que
la quantité d’ions sodium pompés à l’extérieur dépasse celle d’ions potassium pompés à
l’intérieur cause une perte continue des charges positives depuis l’intérieur de la membrane;
ceci crée un degré supplémentaire de négativité (environ –4 millivolts supplémentaire) à
l’intérieur en plus de ce qui est apporté par la diffusion seule.

En résumé, les potentiels de diffusion seuls causés par la diffusion de potassium et sodium
concourent au potentiel de membrane pour environ –86 millivolts, la quasi-totalité
pratiquement étant déterminée par la diffusion du potassium. Ensuite, un supplément de –4
millivolts est apporté au potentiel de membrane par l’action continue de la pompe à Na+-K+
électrogène, donnant un potentiel de membrane net de –90 millivolts.

6.3. POTENTIEL D’ACTION DU NERF

Les signaux nerveux sont transmis par des potentiels d’action ; ces derniers sont des
changements rapides du potentiel de membrane qui se propagent rapidement le long de la
membrane de la fibre nerveuse. Chaque potentiel d’action commence avec un changement
brusque du potentiel qui part soudainement de sa valeur négative de repos, dépasse 0 millivolt
et amorce son retour vers la valeur négative tout aussi rapidement. La durée totale du
phénomène ne dépasse pas quelques millisecondes. Pour conduire un signal nerveux, le
potentiel d’action chemine le long de la fibre nerveuse jusqu’à atteindre l’extrémité de la
fibre.
166

6.3.1. Phases du potentiel d’action


Le potentiel de membrane et les potentiels d’action s’expliquent par la distribution des ions de
part et d’autres de la membrane plasmique et la nature de cette dernière (perméabilité
sélective).
Durant les potentiels d’action la membrane devient plus perméable à certains ions.
L’excitation entraîne l’ouverture des canaux ioniques qui sont de grandes glycoprotéines de
structure complexe comme des enzymes régulatrices. Les canaux s’ouvrent et se ferment en
réponse à des stimuli appropriés, dans un processus appelé vannage (« gating » en anglais).
Pour le PA des membranes axonales, les canaux ioniques les plus importants sont les canaux
sodiques (PNa+)et un type de canal potassique. Les canaux sont nommés selon les ions
physiologiques qu’ils laissent passer le plus facilement. Les cellules qui produisent un PA
possèdent aussi des canaux calciques. Ces trois types de canaux répondent à des stimuli
électriques c’est-à-dire que leurs vannes s’ouvrent ou se ferment en réaction aux changements
du potentiel de membrane ; et les membranes contenant ce genre de canaux (canaux voltage-
sensibles ou voltage-dépendants) sont souvent appelées membranes excitables électriquement.

6.3.1.1. Etat de repos

C’est le potentiel de repos de la membrane avant que le potentiel d’action ne se déclenche. La


membrane est dite “polarisée” durant cette phase parce que c’est le potentiel de membrane
négatif de –90 millivolts qui est présent.
A l’état de repos, presque tous les canaux à sodium et à potassium voltage-dépendants sont
fermés. De petites quantités d’ions potassium s’échappent toutefois de la cellule par des
canaux à fonction passive, tandis qu’à travers les mêmes canaux des quantités infimes d’ion
sodium diffusent vers l’intérieur.

6.3.1.2. Phase dépolarisation

Cette phase est caractérisée par deux processus qui se suivent : l’accroissement de la
perméabilité au sodium et inversiondu potentielde membrane et la diminution de la perméabilité
au sodium.

A ce moment, la membrane devient très brusquement perméable aux ions sodium : les charges
positives portées par ces ions diffusent du compartiment extracellulaire vers le compartiment
intracellulaire de l’axone. L’état “polarisé” de repos (–90 millivolts) est immédiatement
neutralisé par l’entrée des ions sodium charges positivement, avec montée rapide du potentiel
167

vers des valeurs positives. Ceci est appelé dépolarisation. Par convention, une cellule est dite
en dépolarisation lorsque son potentiel de membrane devient moins négatif.

Dans les grosses fibres nerveuses, l’afflux massif d’ions sodium positifs vers l’intérieur
amène le potentiel de membrane à un niveau critique appelé seuil d’excitation (souvent situé
entre -55et -50 millivolts), puis à environ +30 millivolts. Dans certaines petites fibres, mais
aussi dans plusieurs neurones du système nerveux central, le potentiel s’approche simplement
de 0 et n’atteint pas le seuil critique qui amène à des valeurs positives.

Quand le seuil est atteint, le processus de dépolarisation se poursuit de lui-même, alimenté par
la rétro-activation. Autrement dit, après avoir été déclenchée par le stimulus, la dépolarisation
de l’axone se poursuit grâce aux courants ioniques engendrés par les entrées de sodium. A
mesure que s’accroît la quantité de sodium qui entre dans la cellule, le voltage est à nouveau
modifié et ouvre d’autres canaux à sodium voltage-dépendants jusqu’à ce que tous les canaux
à sodium soient ouverts. A ce moment-la, la perméabilité aux ions sodium est environ 1000
fois plus grande qu’elle ne l’est dans un neurone au repos. Ainsi, le potentiel de membrane
devient de moins en moins négatif puis monte à environ +30 mV à mesure que les ions
sodium diffusent vers l’intérieur de la cellule (gradient électrochimique). Cette dépolarisation
et cette inversion de polarité rapides de la membrane plasmique de l’axone produisent le pic
du potentiel d’action.

La phase d’ascension rapide du potentiel d’action (la période de perméabilité au sodium) ne


dure que pendant 1 ms environ, et elle cesse d’elle-même. Lorsque le potentiel de membrane
dépasse 0 mV et gagne en positivité, la charge intracellulaire positive résiste à l’entrée du
sodium (répulsion des charges électriques de même signe). En outre, les canaux à sodium
(leurs vannes d’inactivation, plus précisément) se ferment après quelques millisecondes de
dépolarisation. La membrane devient donc de plus en plus imperméable au sodium, et la
diffusion nette de sodium diminue, puis cesse. Par conséquent, la courbe du potentiel d’action
arrête de s’élever et baisse abruptement.

6.3.1.3. Phase de repolarisation

Elle se caractérise par l’accroissement de la perméabilité au potassium. En moins de quelques


10,000èmes de seconde après que la membrane soit devenue très perméable aux ions sodium
ions, les canaux sodiques commencent à se fermer et les canaux à potassium voltage-
dépendants s’ouvrent plus que normalement. L’entrée de sodium diminue et les ions
168

potassium diffusent passivement vers l’extérieur de la cellule, dans le sens de leur gradient
électrochimique. L’intérieur de la cellule perd progressivement sa positivité, et le potentiel de
membrane revient au niveau de repos. Ce phénomène est appelé repolarisation. La brusque
diminution de la perméabilité au sodium ainsi que l’augmentation de la perméabilité au
potassium participent à ce processus.

6.3.1.4. Phase d’hyperpolarisation tardive

Elle est marquée par le maintien de la perméabilité au potassium. Comme les canaux
àpotassium réagissent lentement au signal de dépolarisation, la période de perméabilité accrue
aux ions potassium dure un peu plus longtemps qu’il n’est nécessaire pour rétablir la
polarisation. Par suite de la perte excessive d’ions potassium on observe parfois une
hyperpolarisation tardive, c’est-à-dire une légère inflexion du tracé après la courbe
représentant le PA. La repolarisation rétablit les conditions électriques du potentiel de repos,
mais elle ne rétablit pas les distributions ioniques initiales. Cela s’accomplit après
repolarisation, par l’activation de la pompe àsodium et potassium.

6.3.2. Canaux ioniques à fonction active : canaux sodiques et potassiques voltage-


dépendants

Le principal facteur nécessaire pour le développement de la dépolarisation ou la repolarisation


de la membrane nerveuse durant le potentiel d’action est le canal sodique voltage-dépendant.
Cependant, le canal potassique voltage-dépendant joue un rôle important dans l’augmentation
de la rapidité de la repolarisation de la membrane. En plus de ces deux canaux à fonction
active (qui s’ouvrent ou se ferment en réponse aux changements du voltage), la pompe à Na+-
K+ et les canaux de fuite Na+-K+ participent également au déclenchement de ce phénomène.

6.3.2.1. Canal sodique voltage-dépendant

Les canaux sodiques voltage-dépendants qui sont en réalité pourvus de deux vannes
réagissent à la dépolarisation de la membrane : une vanne d’activation qui réagit rapidement
en s’ouvrant, et une vanne d’inactivation qui réagit très lentement en se fermant. Il s’ensuit
que la dépolarisation provoque l’ouverture puis la fermeture des canaux sodiques. Les deux
vannes doivent être ouvertes pour que les ions Na+ entrent dans le canal, mais la fermeture de
l’une des cannes ferme le canal. Quand le potentiel membranaire est de -90 mV, la porte
d’activation est fermée, ce qui empêche l’entrée des ions sodium vers l’intérieur de la fibre ;
cependant la porte d’inactivation est ouverte. Quand le potentiel membranaire devient moins
négatif, c’est-à-dire il atteint entre -70 mV et -50 mV, la porte d’activation est brusquement
169

ouverte : c’est l’état activé durant lequel les ions Na+ peuvent passer à l’intérieur à travers le
canal en augmentant la perméabilité de la membrane aux ions Na+ d’environ 500 à 5 000 fois.
Le même accroissement de voltage qui ouvre la porte d’activation ferme également la porte
d’inactivation. Cependant, la fermeture de la porte d’activation se produit en quelques
10.000èmes de seconde après l’ouverture de la porte d’activation. La fermeture de la porte
d’inactivation est un processus lent, tandis que l’ouverture de la porte d’activation est un
processus rapide. Une caractéristique importante est que la porte d’inactivation ne pourra
s’ouvrir que lorsque le potentiel de membrane revient à sa valeur de repos. Par conséquent, les
canaux sodiques à fonction active ne peuvent s’ouvrir avant que la fibre nerveuse ne soit
repolarisée.

6.3.2.2. Canaux potassiques voltage-dépendants

Ils sont munis d’une seule porte. Durant le temps de repos, la porte est fermée et les ions K+
sont bloqués à l’intérieur. Quand le potentiel de membrane augmente de −90 mV à 0 mV, ce
changement de potentiel provoque une ouverture lente de la porte et permet la diffusion des
ions K+ vers l’extérieur. Cependant, à cause de leur ouverture lente, les canaux potassiques
s’ouvrent principalement juste au moment où les canaux sodiques commencent à s’inactiver.
Donc, l’entrée réduite du Na+ dans la cellule et l’accroissement simultané de la sortie du K+
accélèrent le processus de repolarisation, conduisant en quelques 10.000èmes de seconde au
potentiel membranaire de repos.

6.3.3. Résumé des événements qui causent le potentiel d’action

La production d’un PA repose sur trois modifications de la perméabilité membranaire qui se


succèdent tout en étant liées. Ces modifications sont dues à l’ouverture et à la fermeture des
canaux ioniques à fonction actives, deux phénomènes provoqués par la dépolarisation de la
membrane axonale. Les modifications de la perméabilité sont, dans l’ordre : un accroissement
transitoire de la perméabilité aux ions Na+ ; le rétablissement de l’imperméabilité aux ions
Na+ ; une augmentation de courte durée de la perméabilité aux ions K+. Les deux premières
modifications ont lieu pendant la phase de dépolarisation de la production du PA, phase qui
correspond à la partie ascendante du tracé du PA. La troisième modification provoque la
phase de repolarisation et la phase d’hyperpolarisation tardive. La Figure 5–10 montre en
résumé la séquence d’événements qui se déroulent durant et immédiatement après un
potentiel d’action.
170

6.3.4. Rôles d’autres ions durant le potentiel d’action

Jusqu’ici, nous n’avons considéré que les rôles des ions sodium et potassium dans la genèse
du potentiel d’action. Deux autres types d’ions au moins doivent être considérés: les anions et
les ions calcium.

6.3.4.1. Anions intracellulaires non diffusibles

À l’intérieur de l’axone se trouvent de nombreux ions charges négativement qui ne peuvent


pas passer à travers les canaux de la membrane. Parmi eux se trouvent les anions des
molécules protéiques et ceux de nombreux composés (phosphates organiques, sulfates, etc.).
Comme ces ions ne peuvent pas quitter l’intérieur de l’axone, un déficit d’ions positifs à
l’intérieur de la membrane quitte cet excès d’anions non diffusibles. Ainsi donc, ces anions
non diffusibles sont responsables d’une charge négative à l’intérieur de la fibre lorsqu’il y a
un déficit net des ions positivement chargés comme les ions potassium et les autres cations.

6.3.4.2. Ions calcium

Les membranes de pratiquement toutes les cellules de l’organisme possèdent une pompe à
calcium similaire à la pompe à sodium, et le calcium sert, avec le sodium ou à la place du
sodium, à causer dans certaines cellules la majorité du potentiel d’action. Comme la pompe à
sodium, la pompe calcique pompe les ions calcium du compartiment intracellulaire vers le
compartiment extracellulaire (ou vers la lumière du réticulum endoplasmique de la cellule),
créant un gradient ionique de calcium d’environ 10,000-fois. Le calcium quitte le
compartiment intracellulaire où sa concentration est d’environ 10–7 molaires, pour le milieu
extracellulaire où il est à une concentration d’environ 10–3 molaire.

Les cellules qui produisent un potentiel d’action possèdent en plus des canaux calciques
voltage-dépendants. Ces canaux sont légèrement perméables aux ions sodium et perméables
aux ions calcium; lorsqu’ils s’ouvrent, les ions calcium et sodium entrent à l’intérieur de la
fibre. C’est pourquoi ces canaux sont aussi appelés canaux Ca++-Na+. Les canaux calciques
sont lents à s’activer, nécessitant 10 à 20 fois plus de temps d’activation que les canaux
sodiques. C’est pourquoi ils aussi appelés canaux lents, par opposition aux canaux calciques
qui sont eux appelés canaux rapides.

Les canaux calciques sont nombreux dans les muscles cardiaque et lisse. Au fait, dans certains
types de muscle lisse, les canaux sodiques rapides sont à peine presents, au point que les
171

potentiels d’action sont dans leur majorité causés entièrement par l’activation des canaux
calciques lents.

6.3.4.3. Augmentation de la perméabilité des canaux sodiques en cas de déficit d’ions


calcium

La concentration extracellulaire des ions calcium a aussi un profond effet sur le niveau de
voltage qui active les canaux sodiques. En cas de déficit d’ions calcium, les canaux sodiques
s’activent à l’occasion d’une très petite augmentation du potentiel de membrane au-dessus de
la valeur normale, très négative. Par conséquent, la fibre nerveuse devient très excitable,
déchargeant parfois de façon répétitive en l’absence de toute excitation au lieu de rester dans
un état de repos. Au fait, il suffit que la concentration de l’ion calcium chute de seulement 50
pour cent en dessous de la normale pour qu’une décharge spontanée apparaisse dans certains
nerfs périphériques, causant souvent la “tétanie” musculaire. Cette situation peut être létale à
cause de la contraction tétanique des muscles respiratoires.

La possible voie par laquelle les ions calcium affectent les canaux sodiques est la suivante:
ces ions semblent se fixer aux surfaces extérieures de la molécule protéique du canal sodique.
Les charges positives de ces ions calcium altèrent à leur tour l’état électrique du canal
protéique lui-même, altérant ainsi le niveau de voltage requis pour ouvrir la vanne du canal
sodique.

6.3.5. Initiation du potentiel d’action

Jusque-là nous avons vu que ce sont les changements de perméabilité de la membrane au


sodium et au potassium qui sont à l’origine du potentiel d’action. Mais qu’est ce qui initie ces
changements de perméabilité?

6.3.5.1. Cycle de rétro-activation ou cycle de Hodgkin

D’abord, aussi longtemps que la membrane d’une fibre nerveuse ne subit aucune perturbation,
aucun potentiel d’action ne survient dans un nerf normal. Cependant, si un quelconque
événement cause une augmentation initiale du potentiel de membrane de –90 millivolts vers le
niveau zéro, cette augmentation du voltage entraîne l’ouverture des canaux sodiques à
fonction active. L’ouverture des canaux sodiques voltage-dépendants entraîne la diffusion du
sodium du compartiment extracellulaire vers le compartiment intracellulaire. Cet afflux de
charges positives dépolarise encore davantage la membrane axonale, si bien que l’intérieur de
la fibre devient progressivement moins négatif, ce qui accroît davantage le potentiel de
172

membrane et ouvre d’autres canaux membranaires, augmentant la variation de potentiel, et


ainsi de suite. Ainsi, l’augmentation de la perméabilité aux ions sodium due à l’ouverture
d’un nombre croissant des canaux intensifie la dépolarisation. La dépolarisation, à son tour,
provoque l’ouverture d’autres canaux sodiques, augmentant la perméabilité aux ions sodium,
et ainsi de suite : c’est le cycle de Hodgkin. C’est un processus de rétro-activation qui, une
fois atteint un niveau critique appelé seuil d’excitation (souvent situé entre -55 et -50mV),
permet à la dépolarisation de se poursuivre d’elle-même jusqu’à ce que tous les canaux
sodiques voltage-dépendants s’ouvrent.

6.3.5.2. Seuil d’initiation du potentiel d’action

Aucun potentiel d’action n’est engendré jusqu’à ce que l’augmentation initiale du potentiel de
membrane soit suffisamment élevée pour créer le cycle de rétro-activation ci-haut décrit. Ceci
arrive lors que le nombre d’ions sodium diffusant à l’intérieur dépasse celui d’ions potassium
quittant la fibre. Le seuil d’excitation est généralement atteint quand la membrane a été
dépolarisée de 15 à 30 millivolts. Ainsi donc, quand le potentiel de membrane passe de –90
millivolts à environ –65 millivolts dans une grosse fibre nerveuse, celle-ci « fait feu » (fire
level). Ce niveau de –65 millivolts est appelé le seuil de stimulation.

6.3.6. Propagation du potentiel d’action

Pour que le potentiel d’action produit serve àdes fins de signalisation, il doit être propagé
(envoyé ou transmis) tout au long de l’axone. Le mécanisme de la propagation du potentiel
d’action est illustré à la Figure 5–11. La Figure 5–11A montre une fibre nerveuse normale au
repos, et la Figure 5–11B montre une fibre nerveuse qui a été excitée dans sa portion
moyenne. Comme nous l’avons vu, le potentiel d’action est produit par le mouvement des
ions sodium vers le cytoplasme, et la portion de la membrane axonale dépolarisée subit une
inversion de polarité sa face interne devient positive, tandis que sa face externe devient
négative.

La flèche montre un flux de courant de “circuit local” des aires dépolarisées de la membrane
vers les aires adjacentes de la membrane en repos. Les ions positifs de l’axoplasme se
déplacent latéralement de la région d’inversion de polarité vers la région de la membrane qui
est encore négative (polarisée), et ceux qui se trouvent dans le liquide interstitiel migrent vers
la région de plus grande charge négative (la région d’inversion de polarité) : le cycle est
bouclé. Des flux de courant locaux sont ainsi établis par le déplacement latéral des ions : ces
courants locaux dépolarisent les régions adjacentes de la membrane plasmique (en s’éloignant
173

du point d’origine de l’influx nerveux), ainsi donc, les canaux sodiques dans ces nouvelles
portions s’ouvrent immédiatement, comme le montre les montrent les Figure 5–11C et D, et
un potentiel d’action explosif se propage.

Comme la région située dans la direction opposée vient de produire un potentiel d’action, les
canaux àNa+ sont fermés, et aucun nouveau potentiel d’action ne peutêtre produità cet endroit.
Par conséquent, l’influx se propage toujours en s’éloignant de sonpoint d’origine. (Si un
axone isolé est stimulé par une électrode, l’influx nerveux se déplace dans les deux directions
le long de la membrane àpartir du point de stimulus.). Dans l’organisme, les potentiels
d’action sont toujours engendrés à l’une de deux extrémités de l’axone et, de là, envoyés vers
ses terminaisons (soit le corpuscule nerveux terminal, soit le corps cellulaire).

Une fois engendré, un potentiel d’action se propage de lui-mêmele long de l’axone à vitesse
constante (phénomène auto-propagé).

Après sa dépolarisation, chaque segment de la membrane axonale subit une repolarisation, ce


qui a pour effet de rétablir le potentiel de repos dans la région. Ces changements électriques
engendrent aussi des flux de courant locaux, si bien, que la vague de repolarisation chasse la
vague de dépolarisation vers l’extrémité de l’axone. Le processus de propagation que nous
venons de décrire se produit sur les axones amyélinisés et sur les sarcolemmes des myocytes.
Nous décrirons plus loin le processus de propagation particulier qui se produit sur les axones
myélinisés, et que l’on appelle conduction saltatoire.

La transmission du processus de dépolarisation le long d’une fibre nerveuse ou musculaire est


appelée influx nerveux ou musculaire.

Bien que courante, l’expression conduction de l’influx nerveuxn’est pas exacte dans la mesure
où les influx nerveux ne sont pas vraiment conduits comme l’est le courant avec un fil isolé.
En réalité, les neurones sont d’assez piètres conducteurs : si les flux de courant locaux
décroissent rapidement avec la distance, c’est parce que les charges fuient à travers la
membrane. L’expression propagation de l’influx nerveuxest plus juste, car un potentiel
d’action est régénéréen chaque point de la membrane, et tout potentiel d’action subséquent est
identique à celui qui avait été engendré initialement.
174

6.3.6.1. Direction de la propagation

Comme illustré à la Figure 5–11, une membrane excitable n’a pas une seule direction de
propagation, mais le potentiel d’action se propage dans toutes les directions à partir du
stimulus — même le long de toutes les branches de la fibre nerveuse — jusqu’à ce que la
membrane entière soit dépolarisée.

6.3.6.2. Loi du tout ou rien

Une fois qu’un potentiel d’action est déclenché en un quelconque point de la membrane sur
une fibre normale, le processus de dépolarisation se propage sur l’entièreté de la membrane si
les conditions sont réunies, ou ne se propage pas si les conditions ne sont pas réunies. C’est la
loi du tout ou rien, et elle s’applique à tous les tissus excitables normaux. Il peut arriver qu’un
potentiel d’action atteigne un point de la membrane et n’y génère pas un voltage suffisant
pour stimuler la portion adjacente de la membrane. Lorsque ceci se produit, la propagation de
la dépolarisation s’arrête. Par conséquent, pour qu’une propagation continue de l’influx se
produise, le rapport potentiel d’action/seuil d’excitation doit être toujours supérieur à 1. Cette
exigence “supérieur à 1” est appelée sécurité pour la propagation.

6.3.7. Rétablissement des gradients ioniques après un potentiel d’action — Importance


de l’énergie métabolique

Il existe d’importants gradients ioniques de part et d’autre de la membrane plasmique. Ces


gradients, établis à la suite du fonctionnement des pompes primaires alimentées directement
par l’hydrolyse de l’ATP, sont exploités par les cellules excitables pour produire les courants
électriques responsables des potentiels de membrane et d’action. Ainsi, le métabolisme
énergétique producteur d’ATP est indispensable à la production et à la propagation de l’influx
nerveux (potentiel d’action), et par conséquent au fonctionnement du système nerveux.

Environ 70% de l’énergie requise par le neurone est utilisée par l’ATP ase Na+-K+ pour
assurer le maintien de la polarité membranaire. Durant une activité maximale, le métabolisme
du neurone double ; à titre de comparaison, le métabolisme du muscle squelettique peut
augmenter jusqu’à 100 fois.

La transmission de chaque potentiel d’action le long d’une fibre nerveuse n’entame que très
légèrement le gradient de concentration transmembranaire de sodium et de potassium ; en
effet le sodium diffuse à l’intérieur lors de la dépolarisation et le potassium à l’extérieur lors
de la repolarisation. Pour un seul potentiel d’action, l’effet de dissipation du gradient ionique
175

est tellement minime qu’il est indétectable. Il peut cependant arriver qu’il y ait nécessité de
transmettre 100,000 à 50 millions d’influx, notamment dans les grosses fibres nerveuses, et
cela avant que les gradients ioniques ne soient dissipés au point provoquer un arrêt de la
propagation du potentiel d’action. Dans ces conditions, il est donc impérieux de ré-établir le
gradient de concentration transmembranaire de sodium et de potassium. Ceci est assuré par
l’action de la pompe à Na+-K+: les ions sodium qui avaient diffusé à l’intérieur durant les
potentiels d’action et les ions potassium qui avaient diffusé à l’extérieur doivent être
retournés à leur état d’origine par la pompe. Comme cette pompe nécessite de l’énergie pour
l’opération, ce “rechargement” de la fibre nerveuse est un processus métabolique actif,
utilisant de l’énergie à partir du système énergétique ATP de la cellule. La Figure 5–12
montre que la fibre nerveuse produit un excès de chaleur durant le rechargement : la dépense
d’énergie augmente donc lorsque la fréquence des influx nerveux augmente.

Un aspect spécial de la pompe ATPase Na+-K+ est que son degré d’activité est fortement
stimulée quand il y a un excès d’ions sodium accumulés du côté interne de la membrane
cellulaire. Au fait, l’activité de pompage augmente approximativement en proportion du cube
(puissance 3) de cette concentration intracellulaire du sodium. C’est ainsi que si la
concentration intracellulaire du sodium augmente de 10 à 20 mEq/L, l’activité de la pompe ne
double pas simplement, mais augmente environ 8 fois. Par conséquent, il est facile de
comprendre comment le processus de “rechargement” de la fibre nerveuse peut se faire
rapidement chaque fois que les gradients transmembranaires des ions sodium et potassium
commencent à “se dissiper.”

6.3.8. Plateau dans certains potentiels d’action

Dans certains cas, la membrane excitée ne se repolarise pas immédiatement après la


dépolarisation; au lieu de cela, la dépolarisation se prolongeun peu, dessinant un plateau dans
le tracé du potentiel d’action : le potentiel reste élevé près du pic pendant plusieurs
millisecondes, et c’est seulement après que la repolarisation commence. Le plateau est
représenté à la Figure 5–13; nous y voyons le plateau prolonger la période de dépolarisation.
Ce type de potentiel d’action s’observe dans les fibres musculaires cardiaques, où le plateau
dure 0.2 à 0.3 secondes et cause la contraction du muscle cardiaque pendant cette même
longue période. Au fait, la dépolarisation cardiaque dure environ 2 ms, mais la phase du
plateau et de la repolarisation dure 200 ms ou davantage. Par conséquent, quand la
dépolarisation se termine, plus de la moitié de la contraction est déjà passée. Le plateau est dû
176

à la combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, dans le muscle cardiaque, deux types de


canaux interviennent dans le processus de dépolarisation: (1) les habituels canaux sodiques
sensibles au voltage, appelés canaux rapides, et (2) les canaux calciques-sodiques sensibles au
voltage, qui s’ouvrent lentement et sont, pour cela, appelés canaux lents. L’ouverture des
canaux rapides cause la partie abrupt et le pic du potentiel d’action, pendant que l’ouverture
lente, prolongée des canaux lents calciques-sodiques permet l’afflux des ions calcium dans la
cellule ; ce qui prolonge un peu le potentiel de dépolarisation, dessinant un plateau dans le
tracé du potentiel d’action.

Un deuxième facteur qui pourrait en partie être responsable du plateau est le fait que les
canaux potassiques sensibles au voltage sont plus lents à s’ouvrir. Souvent, ils ne s’ouvrent
pas en grand nombre jusqu’à la fin du plateau. Il y a donc une diminution simultanée de la
perméabilité de la membrane au potassium, ce qui prolonge aussi le plateau et prévient une
repolarisation rapide c’est-à-dire retarde le retour du potentiel de membrane à sa valeur
normale négative de repos de –80 à –90 millivolts.

6.4. RYTHMICITE DE CERTAINS TISSUS EXCITABLES — DECHARGE REPETITIVE

Il existe, dans l’organisme, des tissus dont les cellules sont auto-excitables : elles peuvent
produire elles-mêmes leur dépolarisation et la propager et cela de manière spontanée et
rythmique. Cette propriété est appelée automaticité. Elle s’observe au niveau du cœur, dans la
plupart des muscles lisses, et dans de nombreux neurones dans le système nerveux central.
Ces décharges rythmiques sont à l’origine (1) des battements rythmiques du cœur, (2) du
péristaltisme rythmique des intestins, et (3) aussi des événements neuronaux comme le
contrôle rythmique de la respiration.

Toutefois, quasiment tous les autres tissus excitables peuvent produire une décharge répétitive
si le seuil de stimulation des cellules du tissu est réduit à niveau suffisant bas. Par exemple,
même, les grosses fibres nerveuses et les fibres musculaires squelettiques, normalement très
stables, se mettent à produire une décharge répétitive lorsqu’elles sont placées dans une
solution contenant la vératrine ou lorsque la concentration de l’ion calcium chute en dessous
d’une valeur critique. Dans ces deux situations, la perméabilité de la membrane aux ions
sodium est augmentée.
177

6.4.1. Processus de ré-excitation nécessaire pour la rythmicité spontanée

Pour qu’une rythmicité spontanée puise survenir, la membrane même dans son état naturel
doit être perméable à suffisamment d’ions sodium (ou aux ions calcium et sodium à travers
les canaux calciques-sodiques lents) pour permettre une dépolarisation automatique de la
membrane. Ainsi, la Figure 5–14 montre que le potentiel de membrane de “repos” membrane
dans le centre de contrôle rythmique du cœur n’est que de –60 à –70 millivolts. Ce potentiel
n’est pas suffisamment négatif pour maintenir totalement fermés les canaux sodiques et
calciques. Il s’ensuit alors les événements suivants: (1) les ions sodium et calcium vont
diffuser lentement dans la cellule; (2) l’intérieur de la membrane devient de moins en moins
négatif (augmentation du voltage de la membrane vers des valeurs plus positives), ce qui
accroît la perméabilité de la membrane; (3) diffusion dans la cellule de plus d’ions positifs; et
(4) la perméabilité augmente encore davantage et lorsque le seuil d’excitation (–40 millivolts)
est atteint, les canaux rapides à calcium et à sodium s’ouvrent et permettent l’entrée du Ca2+ et
du Na+, générant ainsi un potentiel d’action. Ensuite, à la fin du potentiel d’action, la
membrane se repolarise. Après un autre délai de quelques millisecondes ou secondes,
l’excitabilité spontanée provoque encore la dépolarisation, un nouveau potentiel d’action
apparaît spontanément. Ce cycle se poursuit encore et encore et est à l’origine de l’auto-
excitation rythmique du tissu excitable.

Pourquoi la membrane du centre de contrôle du cœur ne se dépolarise-t-elle pas


immédiatement après sa repolarisation, au lieu d’observer un délai de près d’une seconde
avant le début du potentiel d’action suivant? La réponse peut être trouvée en observant la
courbe intitulée “la conductance du potassium” à la Figure 5–14. Elle montre que vers la fin
de chaque potentiel d’action, il y a accroissement de la perméabilité aux ions potassium qui se
poursuit pendant une courte période après. La diffusion excessive des ions potassium vers le
liquide interstitiel emporte de nombreuses charges positives à l’extérieur, laissant l’intérieur
de la fibre considérablement plus négatif que nécessaire. Cet état perdure près d’une seconde
après que le précédent potentiel d’action se soit terminé, amenant ainsi le potentiel de
membrane plus du potentiel de Nernst pour le potassium. Cet état, appelé hyperpolarisation,
est aussi illustré à la Figure 5–14. Aussi longtemps que l’hyperpolarisation est là, l’auto-ré-
excitation ne se produira pas. Mais la conductance potassique excessive (et l’état
d’hyperpolarisation) disparaît progressivement, comme illustré, après que chaque potentiel
d’action se soit terminé; ceci permet au potentiel de membrane de commencer à nouveau à
178

augmenter vers le seuil d’excitation. Ensuite, soudainement, un nouveau potentiel d’action se


déclenche, et le processus se répète encore et encore.

6.5. CARACTERISTIQUES SPECIALES DE LA TRANSMISSION DU SIGNAL DANS


LES TRONCS NERVEUX

6.5.1. Fibres nerveuses myélinisées et non myélinisées

La Figure 5–15 montre la coupe transversale d’un petit nerf typique. On y remarque la
présence de plusieurs grosses fibres nerveuses constituant la plus grande partie de l’aire de
section. Cependant, un examen plus attentif de cette figure permet de voir plusieurs très
petites fibres situées entre de plus grosses. Les grosses fibres sont myélinisées, et les petites
sont non myélinisées. En moyenne un tronc nerveux contient environ deux fois plus de fibres
non myélinisées que de fibres myélinisées.

La Figure 5–16 montre une fibre myélinisée typique. L’axe central de la fibre est l’axone, et
la membrane de l’axone est la membrane qui propage le potentiel d’action. L’axone est rempli
en son sein d’axoplasme, qui est un liquide intracellulaire visqueux. Autour de l’axone se
trouve la gaine de myéline qui est souvent plus épaisse que l’axone lui-même. A environ
chaque 1 à 3 millimètres le long de la longueur de la gaine de myéline on trouve un nœud de
Ranvier.

La gaine de myéline est enroulée autour de l’axone par la cellule de Schwann de la manière
suivante: la membrane d’une cellule de Schwann enveloppe d’abord l’axone. Ensuite la
cellule de Schwann s’enroule autour de l’axone plusieurs fois, posant plusieurs couches de sa
membrane contenant la substance lipidique appelée sphingomyéline. Cette substance est un
excellent isolant électrique qui diminue la diffusion des ions à travers la membrane d’environ
5000-fois. A la jonction entre deux cellules de Schwann successive le long de l’axone, une
petite aire non isolée de seulement 2 à 3 micromètres de longueur demeure, là où les ions
peuvent encore diffuser aisément à travers la membrane axonale entre le liquide
extracellulaire et le liquide intracellulaire à l’intérieur de l’axone. Cette aire est appelée nœud
de Ranvier.

6.5.2. Conduction “saltatoire” dans les fibres myélinisées de nœud à nœud

Comme la myéline joue le rôle d’un isolant et empêche presque toutes les fuites de charges, il
n’y a pratiquement aucune diffusion ionique à travers ses épaisses gaines dans les nerfs
179

myélinisés. La dépolarisation de la membrane plasmique d’un axone de fibre myélinisée ne


peut donc avoir lieu qu’au niveau des nœuds de Ranvier, là où la gaine de myéline
s’interrompt et où l’axone est dénudé ; du reste, les canaux sodiques voltage-dépendants sont
en grande majorité concentré en ces nœuds. Les ions peuvent ainsi facilement diffuser à ce
niveau. Par conséquent, les potentiels d’action ne sont produis qu’au niveau des nœuds. Et
lorsqu’un potentiel d’action est produit dans nœud, il est obligé de se déplacer vers le nœud
suivant. Dans une fibre myélinisée, les potentiels d’action sont propagés d’un nœud à autre,
d’où le nom de conduction saltatoire. Le signal électrique semble sauter d’un nœud à l’autre
le long de l’axone (saltare = sauter).

La conduction saltatoire est plus bénéfique pour deux raisons. D’abord, elle est beaucoup plus
rapide que la propagation continue d’une dépolarisation le long des membranes amyélinisées.
En effet, en amenant la dépolarisation à sauter par dessus de longs intervalles le long de
l’axone, cette conduction augmente la vitesse de propagation dans les fibres myélinisées de
plus de 5- à 50-fois. Secundo, la conduction saltatoire est plus économique du point de vue du
coût énergétique. En ne dépolarisant que les nœuds, la dissipation des gradients ioniques
transmembranaires qu’elle induit est 100 moins élevée que celle induite par la propagation de
proche en proche. Ainsi, de l’énergie est épargnée car les gradients dissipés étant moindres,
leur rétablissement va se faire à un coût métabolique tout aussi moindre après une série
d’influx nerveux.

Un autre aspect supplémentaire de la propagation dans les grosses fibres myélinisées est le
suivant: l’excellente isolation fournie par la gaine de myéline et la diminution de 50 fois de la
capacitance de la membrane permet à la repolarisation de se produire avec un transfert très
minime d’ions.

6.5.3. Vitesse de propagation dans les fibres nerveuse

La vitesse de conduction dans les fibres nerveuses varie considérablement de moins de 0.25
m/sec dans les très petites fibres amyelinisées à des valeurs aussi élevées que 100 m/sec (la
longueur d’un terrain de football en 1 seconde) dans les très grosses fibres myélinisées.

6.6. EXCITATION — LE PROCESSUS DE DECLENCHEMENT DU POTENTIEL


D’ACTION

Fondamentalement, tout facteur entraînant la diffusion des ions sodium à l’intérieur de la fibre
en nombre suffisant pour enclencher le cycle de Hodgkin déclenchera un potentiel d’action.
180

C’est ce que l’on appelle un stimulus. Le stimulus pourra être mécanique (une perturbation
mécanique de la membrane), il pourra être chimique (effets chimiques sur la membrane) ou
électrique (passage du courant électrique à travers la membrane). Ces différents stimuli sont
utilisés au niveau de différents endroits du corps pour déclencher des potentiels d’actions
nerveux ou musculaire. La pression mécanique excite les terminaisons nerveuses sensorielles
de la peau, les messagers chimiques (neurotransmetteurs) transmettent les signaux d’un
neurone à l’autre dans l’encéphale, et le courant électrique transmet les signaux entre les
cellules musculaires adjacentes dans le cœur et dans l’intestin. Les stimulations électriques
ont permis la compréhension du processus d’excitation. Il est dès lors possible de définir les
qualités de l’excitabilité d’une membrane et d’établir les lois de l’excitabilité nerveuse qui
permettent de définir les conditions d’efficacité d’un excitant.

6.6.1. Excitation d’une fibre nerveuse à l’aide d’une électrode métallique charge
négativement

Le moyen habituel d’exciter un nerf ou un muscle au laboratoire c’est d’appliquer un courant


électrique sur la surface du nerf ou du muscle en servant de deux petites électrodes, l’une
étant négativement chargée et l’autre positivement. Avec ce dispositif, la membrane excitable
devient stimulée au niveau de l’électrode négative.

Pourquoi cette stimulation? Rappelons-nous que le potentiel d’action est initié par l’ouverture
des canaux sodiques voltage-dépendants. En outre, ces canaux s’ouvrent en réponse à une
diminution du potentiel électrique de repos normal de l’autre côté de la membrane. Ceci
étant, le courant négatif de l’électrode diminue le voltage sur le côté externe de la membrane à
une valeur plus proche du voltage du potentiel négatif à l’intérieur de la fibre. Ceci diminue la
différence de potentiel électrique de part et d’autre de la membrane et permet l’ouverture des
canaux sodiques, ce qui aboutit à un potentiel d’action. Inversement, au niveau de l’électrode
positive, l’injection des charges positives sur le coté externe de la membrane nerveuse
augmente davantage la différence de potentiel par rapport à l’autre côté de la membrane plus
qu’il ne la baisse. Cela cause une hyperpolarisation qui diminue l’excitabilité de la fibre plutôt
que de causer un potentiel d’action.

6.6.2. Seuil d’excitation et potentiels locaux aigus


181

Un stimulus électrique négatif faible ne pourra pas exciter la fibre. Cependant, lorsque le
voltage du stimulus est augmenté, il arrive un point où l’excitation se produit. La Figure 5–18
montre les effets de l’application successive des stimuli d’intensité progressivement
croissante. Un stimulus très faible au point A entraine un changement du potentiel de
membrane de –90 à –85 millivolts, mais ce changement n’est pas suffisant pour activer le
cycle de rétroactivation qui permet le déclenchement du potentiel d’action. Au point B, le
stimulus est plus intense, mais une fois de plus, l’intensité n’est pas encore suffisante. Le
stimulus peut, cependant, entraîner des modifications locales du potentiel de membrane
pendant 1 milliseconde ou plus après ces deux stimuli faibles. Ce sont des modifications
locales du potentiel de membrane sont appelées potentiels lents ou potentiels « gradués »
parce que leur voltage est directement proportionnel à l’intensité ou à la force du stimulus.
Lorsque les potentiels gradués ne parviennent pas à déclencher potentiel d’action, ils sont
appelés potentiels infraliminaires.

Au point C dans la Figure 5–18, le stimulus est même plus fort. À présent le potentiel local a
juste atteint le niveau requis pour déclencher un potentiel d’action, appelé niveau seuil; mais
le potentiel d’action n’apparaît qu’après une courte “période de latence.” Au point D, le
stimulus est encore plus fort, le potentiel aigu local est aussi plus fort, et le potentiel d’action
apparaît après une petite période de latence. Ainsi, cette figure montre que même un stimulus
très faible est à l’origine d’une modification du potentiel au niveau de la membrane, mais
l’intensité du potentiel local doit s’élever jusqu’à un niveau seuil avant de déclencher le
potentiel d’action.

6.6.3. Période réfractaire

C’est la période durant laquelle un potentiel d’action ne peut être déclenché. Elle est dite
absolue (période réfractaire absolue) lorsque le potentiel d’action ne peut être déclenché,
même avec un stimulus fort. Elle est dite relative lorsque le potentiel d’action peut être
déclenché avec un stimulus plus fort que la normale. La durée de la période réfractaire
absolue pour les grosses fibres nerveuses myélinisées est d’environ 1/2500 secondes. Par
conséquent, un simple calcul rapide montre qu’une telle fibre peut transmettre un maximum
d’environ 2500 influx par seconde.

Un nouveau potentiel d’action ne peut être déclenché dans une fibre excitable aussi
longtemps que la membrane est encore dépolarisée à la suite du potentiel d’action précédent.
182

La raison en est que peu après l’initiation du potentiel d’action, les canaux sodiques voltage-
dépendants (ou les canaux calciques, ou les deux) deviennent inactivés, et aucun stimulus, si
fort soit-il, appliqué à ces canaux à ce point, ne peut ouvrir les vannes d’inactivation.
L’unique condition qui va les amener à se rouvrir c’est le retour du potentiel de membrane à
sa valeur de repos d’origine ou à une valeur proche. Ensuite, en une autre petite fraction de
seconde, les portes d’inactivation des canaux s’ouvrent, et un nouveau potentiel d’action peut
être déclenché.

6.6.4. Inhibition de l’excitabilité —“Stabilisants” et anesthésiques locaux

Contrairement aux facteurs qui augmentent l’excitabilité nerveuse, d’autres, appelés facteurs
stabilisant la membrane, peuvent diminuer l’excitabilité. Par exemple, une concentration
élevée d’ions calcium dans le liquide extracellulaire diminue la perméabilité de la membrane
aux ions sodium et en même temps réduit l’excitabilité. C’est ainsi que les ions calcium sont
dits être un “stabilisant.”

Anesthésiques locaux. Parmi les plus importants stabilisants se trouvent de nombreuses


substances utilisées en clinique comme anesthésiques locaux, parmi lesquelles la procaïne et
la tetracaïne. La plupart de ces substances agissent directement sur l’activation des vannes des
canaux sodiques, les rendant plus difficiles à s’ouvrir, réduisant du coup l’excitabilité de la
membrane. Lorsque l’excitabilité a été réduite à un niveau si bas que le rapport entre
l’amplitude du potentiel d’action et le seuil d’excitabilité (appelé “ facteur de sécurité ”) est
réduit aux alentours de 1.0, l’influx nerveux manque de passer le long des nerfs anesthésiés.

6.7. ENREGISTREMENT DES POTENTIELS DE MEMBRANE ET DES POTENTIELS


D’ACTION
183

CHAPITRE 8 CONTRACTION DU MUSCLE SQUELETTIQUE

Les muscles ne comprennent pas que les masses musculaires saillantes des sportifs : le cœur
et les parois des autres organes ceux contiennent aussi une certaine proportion de tissu
musculaire. Sous ses différences forme, le tissu musculaire représente presque la moitié de
notre masse corporelle. Environ 40 pour cent de la masse corporelle sont constitués de muscle
squelettique, et peut-être 10 autres pour cent sont faits de muscles lisse et cardiaque. La
principale caractéristique du tissu musculaire, du point de vue fonctionnel, et son aptitude à
transformer une énergie chimique, l’ATP, en énergie mécanique dirigée. Grâce à cette
propriété, les muscles sont capables d’exercer une force. On peut considérer les muscles
comme les « moteurs » de l’organisme. La mobilité du corps dans son ensemble résulte de
l’activité des muscles squelettiques. Les muscles squelettiques se distinguent des muscles des
organes internes dont la plupart font circuler des liquides et d’autres substances dans les
canaux de notre organisme. Certains des mêmes principes fondamentaux de la contraction
s’appliquent à tous ces différents types de muscle. Dans ce chapitre, nous allons considérer
principalement le fonctionnement du muscle squelettique; les fonctionnements des muscles
lisse et cardiaque sont traités dans des chapitres ultérieurs.

Objectifs

 Décrire les différents niveaux d’organisation du muscle squelettique


 Citer les différentes enveloppes de tissu conjonctif
 Décrire la structure microscopique de la fibre musculaire squelettique
 Décrire les constituants cellulaires servant de support à l’activité contractile
 Décrire les caractéristiques moléculaires des filaments
 Décrire le mécanisme la contraction musculaire : glissement des filaments
 Décrire les aspects métaboliques de la contraction musculaire
 Décrire les différents types de contraction musculaire dans un muscle entier
 Décrire les différents types de muscle squelettique

Plan du chapitre

1. Anatomie physiologique du muscle squelettique


2. Mécanisme général de la contraction musculaire
3. Aspects moléculaires de la contraction musculaire
4. Aspects énergétiques de la contraction musculaire
5. Caractéristiques de la contraction d’un muscle entier
184

8.1. ANATOMIE PHYSIOLOGIQUE DU MUSCLE SQUELETTIQUE

La musculature somatique est constituée très majoritairement des muscles squelettiques. Ce


type de muscle est caractérisé par la présence des stries transversales bien marquées et
l’absence de connexions anatomiques ou fonctionnelles entre les fibres individuelles. Le
muscle squelettique est normalement sous le contrôle de la volonté et il ne se contracte pas en
l’absence de stimulation nerveuse. La mobilité du corps dans son ensemble résulte de
l’activité des muscles squelettiques.Il se présente sous forme de muscles squelettiques qui
recouvrent le squelette osseux et s’y attachent. Les muscles squelettiques peuvent être
maîtrisés volontairement. Etant soumis à la volonté, bien qu’ils soient parfois activés par des
réflexes, les muscles squelettiques sont aussi appelés muscles volontaires. Les trois mots clés
suivant : squelettique, strié, volontaire se réfèrent au tissu musculaire squelettique. Les
muscles squelettiques peuvent se contracter rapidement, mais ils se fatiguent facilement et
doivent prendre quelque repos après de courtes périodes d’activité. Ils sont capables d’exercer
une force considérable. Le muscle squelette est également doté de remarquables facultés
d’adaptation : il peut développer une force minime, puis une force considérable.

8.1.1. Anatomie macroscopique d’un muscle squelettique

8.1.1.1. Différents niveaux d’organisation du muscle squelettique

Ils sont illustrés à La Figure 6–1. En partant du plus complexe au plus simple on peut noter le
muscle, les faisceaux et les fibres. Chaque muscle squelettique est ainsi constitué de
nombreuses fibres musculaires de 10 à 80 micromètres de diamètre. Les fibres musculaires
constituent ensuite des sous-unités, appelées faisceaux musculaires. Les faisceaux, tout
comme les fibres qui les constituent, sont alignés dans l’axe du muscle. Dans pratiquement
tous les muscles squelettiques, chaque fibre musculaire s’étend sur toute la longueur du
muscle. A l’exception d’environ 2 pour cent d’entre elles, chaque fibre est habituellement
innervée seulement par une seule terminaison nerveuse, située près du milieu de la fibre.

8.1.1.2. Enveloppes de tissu conjonctif

Dans un muscle intact, les fibres (ou cellules) musculaires sont enveloppées et maintenues
ensemble par différentes couches de tissu conjonctif. Ces enveloppes de tissu conjonctif
comprennent l’endomysium, le périmysium et l’épimysium. L’endomysium est la fine gaine
de tissu conjonctif aréolaire enveloppant chaque fibre musculaire squelettique. Le périmysium
185

est la gaine plus épaisse de tissu conjonctif délimitant un faisceau. L’épimysium est un
revêtement plus grossier composé de tissu conjonctif dense régulier qui regroupe les
faisceaux, enveloppant ainsi l’ensemble du muscle. A l’extérieur de l’épimysium, le fascia,
une couche encore plus grossière de tissu conjonctif dense, regroupe les muscles d’un même
groupe fonctionnel et recouvre aussi certaines autres structures. Toutes ces gaines de tissu
conjonctif constituent un ensemble continu incluant aussi les tendons qui relient les muscles
aux os. Lorsque les fibres musculaires se contractent, elles tirent donc sur leurs différentes
gaines, lesquelles, à leur tour, transmettent la force à un os spécifique. Les couches de tissu
conjonctif soutiennent chaque cellule, renforcent l’ensemble du muscle et contribuent à
l’élasticité naturelle du tissu musculaire. Elles fournissent également les voies d’entrée et de
sortie des vaisseaux sanguins et des fibres nerveuses qui desservent le muscle.

8.1.1.3. Innervation et irrigation sanguine

L’activité normale d’un muscle squelettique est tributaire de son innervation et d’un
approvisionnement sanguin abondant. Contrairement aux fibres musculaires cardiaques et
lisses, qui peuvent se contracter en l’absence de toute stimulation nerveuse, chaque fibre
musculaire squelettique est dotée d’une terminaison nerveuse qui régit son activité.

La contraction des fibres musculaires représente une énorme dépense d’énergie, d’où la
nécessité d’un apport plus ou moins continu en oxygène et en nutriments par l’intermédiaire
des artères. Les cellules musculaires produisent également de grandes quantités de déchets
métaboliques qui doivent être évacués par les veines pour assurer l’efficacité de la
contraction. De façon générale, chaque muscle est desservi par une artère et une ou plusieurs
veines.

8.1.1.4. Attaches

La plupart des muscles recouvrent des articulations et s’attachent à des os (ou à d’autres
structures) en au moins deux endroits ; d’autre part, lorsqu’un muscle se contracte, l’os
mobile (l’insertion du muscle) se déplace en direction de l’os fixe ou moins mobile (l’origine
du muscle). Les attaches du muscle, qu’il s’agisse de l’origine ou de l’insertion, peuvent être
directes ou indirectes. Dans les attaches directes l’épimysium du muscle est soudé au périoste
d’un os ou au périchondre d’un cartilage. Dans les attaches indirectes, les enveloppes de tissu
conjonctif se joignent à un tendon cylindrique ou à une aponévrose plate et large. Le muscle
se trouve aussi ancré à la gaine de tissu conjonctif d’un élément du squelette (os ou cartilage)
186

ou au fascia d’autres muscles. Les attaches indirectes sont de loin les plus répandues dans
l’organisme en raison de leur petite taille et de leur solidité. En effet, les tendons composés
presqu’exclusivement de fibres collagènes résistantes, supportent beaucoup mieux la friction
des saillies osseuses que le tissu musculaire. D’autre part, les tendons, de taille relativement
petite, peuvent traverser une articulation en plus grand nombre que les muscles plus charnus.

8.1.2. Anatomie microscopique : le myocyte squelettique (syn. fibre musculaire


squelettique ou cellule musculaire squelettique)

La Figure 6–1 montre l’organisation du muscle squelettique. On y voit que tous les muscles
squelettiques sont constitués de nombreuses cellules ou fibres musculaires qu’on appelle
myocytes. Les myocytes squelettiques sont des cellules énormes. Leur diamètre se situe
habituellement entre 10 et 100 µm, soit jusqu’à dix fois celui d’une cellule moyenne de
l’organisme, et leur longueur prodigieuse peut atteindre 30 cm. Chacune de ces cellules est un
syncytium (littéralement, «cellules fusionnées») résultant de l’union de centaines de cellules
embryonnaires. Les fibres individuelles qui forment le muscle squelettique sont les unités de
base du système musculaire, au même titre que les neurones sont les unités de base du
système nerveux. La plupart des muscles squelettiques se terminent aux deux bouts par des
tendons et les myocytes qui les composent sont disposés en parallèle entre ces extrémités
tendineuses, de sorte que la contraction des différentes unités produit des forces qui
s’additionnent.

8.1.2.1. Sarcolemme
Le sarcolemme est la membrane cellulaire du myocyte. Chaque myocyte squelettique est une
longue cellule cylindrique renfermant de nombreux noyaux ovales, entourée du sarcolemme.
Il n’y a pas de ponts syncytiaux entre les fibres.
La structure du sarcolemme est celle de la membranecellulaire ou membrane plasmique avec,
en plus sur le versant externe, une fine couche d’un matériel polysaccharide contenant de
nombreuses fines fibres collagène. A chaque extrémité de la fibre musculaire, cette couche
superficielle du sarcolemme fusionne avec les fibres tendineuses, et les fibres tendineuses à
leur tour fusionnent en faisceaux pour former les tendons musculaires qui s’insèrent au niveau
de l’os.
187

8.1.2.2. Myofibrilles : filaments d’actine et de myosine

Les myocytes contiennent les organites habituels ainsi que des organites fortement modifiés,
soit les myofibrilles et le réticulum sarcoplasmique.
Selon sa taille, chaque myocyte peut posséder des centaines ou des milliers de myofibrilles,
qui constituent environ 80 % de son volume. Les myofibrilles, disposées parallèlement,
parcourent toute la longueur de la cellule. La Figure 6–1C permet de voir sur chaque
myofibrille une alternance des bandes claires et sombres. Mesurant chacune de 1 à 2 µm de
diamètre, les myofibrilles sont si serrées les unes contre les autres qu’elles semblent coincer
entre elles les mitochondries et les autres organites.
Les myofibrilles représentent les éléments contractiles des myocytes squelettiques. Les
myofibrilles sont formées par la disposition ordonnée de deux types de myofilarnents : les
filaments épais et les filaments minces qui sont des protéines contractiles. Comme illustré à la
Figure 6–1D et E, chaque myofibrille comporte environ 1500 filaments de myosine adjacents
et 3000 filaments d’actine, qui sont de grosses molécules polymérisées qui sont responsables
de la contraction musculaire. Ces filaments peuvent être observés en micrographie
électronique; la Figure 6–1, en montre une illustration schématique. Les filaments épais dans
le diagramme sont constitués de myosine, et les filaments minces sont constitués d’actine.
Remarquons à la Figure 6–1 E que les filaments de myosine et d’actine se chevauchent
partiellement ; ce chevauchement est à l’origine de l’alternance de bandes sombres et claires
appelées stries qu’on observe sur les myofibrilles, tel qu’illustré à la Figure 6–2. Sur la
longueur de chaque myofibrille, on remarque une alternance de bandes sombres et claires
appelées stries. Ces stries sont responsables des stries transversales qu’on observe dans le
muscle squelettique et sont dues au fait que les différentes parties des myofibrilles ont des
indices de réfraction différents. Examinées à la lumière polarisée, les bandes claires, nommées
stries I, sont isotropes, ou non polarisantes. Les bandes sombres sont nommées stries A parce
qu’elles sont anisotropes, c’est-à-dire qu’elles polarisent la lumière visible.
Les stries I sont constituées uniquement de filaments d’actine. Les stries sombres comportent
des filaments de myosine, mais aussi des extrémités de filaments d’actine qui enrobent la
myosine. Ainsi, les filaments épais parcourent toute la longueur de la strie A et les filaments
minces s’étendent le long de la strie I et d’une partie de la strie A. Noter aussi de petites
projections partant des bords des filaments de myosine à la Figure 6–1 E and L. Ce sont des
ponts d’union. C’est l’interaction entre ces ponts d’union et les filaments d’actine qui cause la
contraction.
188

La Figure 6–1E montre aussi que les extrémités des filaments d’actine sont attachées au
disque Z. De ce disque, ces filaments s’étendent dans les deux directions pour enrober les
filaments de myosine. Le disque Z est lui-même composé de protéines filamenteuses
différentes de filaments d’actine et de myosine. Le disque Z ou ligne Z, aussi appelé
télophragme, est en fait une couche de protéines en forme de pièce de monnaie qui ancre les
filaments minces et qui unit aussi les myofibrilles entre elles sur toute l’épaisseur de la cellule
musculaire. Ainsi donc, dans une fibre musculaire intacte, les bandes des myofibrilles sont
presque parfaitement alignées, d’où l’aspect strié de l’ensemble de la cellule. Ces stries
donnent aux muscles squelettique et cardiaque leur aspect strié.

8.1.2.3. Sarcomère

La région d’une myofibrille (ou de la fibre musculaire entière) comprise entre deux lignes Z
successives est appelée sarcomère (littéralement « segment de muscle »). Lorsque la fibre
musculaire est contractée, comme illustré en bas de la Figure 6–4, la longueur du sarcomère
est d’environ 2 micromètres. A cette longueur, les filaments d’actine chevauchent
complètement les filaments de myosine, et leurs bouts commencent juste de se chevaucher les
uns les autres. Nous allons plus tard voir qu’à cette longueur le muscle est capable de générer
sa plus grande force de contraction. Mesurant environ 2 µm de long, le sarcomère est la plus
petite unité contractile de la fibre musculaire. Chaque unité fonctionnelle du muscle
squelettique est donc une très petite portion de myofibrille, et on peut se présenter les
myofibrilles comme des chaînes de sarcomères placés bout à bout tels les wagons d’un train.

8.1.2.4. Filament de titine

De nouveaux types de filaments musculaires ont été découverts au cours des dernières
décennies, imposant la nécessité de revoir la définition du muscle strié, jusque là considéré
comme un système à deux filaments. L’un de ces nouveaux types de filaments, le filament
élastique, est composée d’une protéine élastique appelée titine (aussi nommée connectine).
Chaque molécule de titine a un poids moléculaire d’environ 3 million, ce qui en fait l’une de
plus grosses molécules protéiques de l’organisme. Cette protéine géante s’étend sur environ
1cm depuis la ligne Z jusqu’à la ligne M. En plus d’attacher les filaments épais et minces aux
lignes Z, la titine se trouve en quantité abondante dans les filaments épais et semble jouer un
rôle important dans l’organisation même des stries A des myofibrilles et de la cellule
189

musculaire dans son ensemble. La portion de titine qui traverse les stries I est élastique et rend
la cellule musculaire capable de reprendre sa forme après étirement.

8.1.2.5. Sarcoplasme

Les nombreuses myofibrilles de chaque fibre musculaire sont suspendues côte à côte à
l’intérieur du cytoplasme de la fibre musculaire qu’on appelle sarcoplasme. Le sarcoplasme
est comparable au cytoplasme des autres cellules. Les espaces entre les myofibrilles sont
remplis du fluide sarcoplasmique (le cytosol) contenant de grandes quantités de potassium,
magnésium, et de phosphate, plus de multiples protéines enzymatiques. Dans le sarcoplasme
se trouve également une grande quantité de mitochondries alignées parallèlement aux
myofibrilles. Elles fournissent aux myofibrilles qui se contractent de grandes quantités
d’énergie sous forme d’adénosine triphosphate (ATP) qui s’y forme. Le sarcoplasme abrite
des réserves importantes de glycogène ainsi que de la myoglobine, une protéine qui se lie à
l’oxygène et n’existe dans aucun autre type de cellule. La myoglobine est un pigment rouge
qui constitue un réservoir d’oxygène à l’intérieur de la cellule musculaire ; elle s’apparente à
l’hémoglobine, le pigment qui transporte l’oxygène dans les globules rouges du sang.

8.1.2.6. Réticulum sarcoplasmique

Les myofibrilles de chaque fibre musculaire squelettique sont entourées de structures


membranaires très développées (Figure 6–3), qu’on appelle réticulum sarcoplasmique. Il
s’agit du réticulum endoplasmique de la fibre musculaire squelettique. Ce réticulum à une
organisation spéciale qui est extrêmement importante dans le contrôle de la contraction
comme nous le verrons au Chapitre 8. Les types de fibres musculaires qui se contractent très
rapidement ont un réticulum sarcoplasmique spécialement étendu.

8.2. MECANISME GENERAL DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE

Le déclenchement et le déroulement de la contraction musculaire se font en suivant les étapes


séquentielles ci-dessous.
1. Un potentiel d’action chemine le long d’un nerf moteur jusqu’à sa terminaison sur les fibres
musculaires (plaque motrice).
2. Au niveau de la plaque motrice, il y a libération par la terminaison nerveuse d’une petite
quantité d’acétylcholine, le neurotransmetteur de service à ce niveau.
190

3. L’acétylcholine se fixe sur les récepteurs (nicotiniques) situés la membrane de la fibre


musculaire pour ouvrir de multiples canaux “acétylcholine-dépendants” se trouvant sur la
membrane.
4. L’ouverture des canaux acétylcholine-dépendants permet à de grandes quantités d’ions
sodium de diffuser à l’intérieur de la membrane de la fibre. Ce qui initie un potentiel d’action
au niveau de la membrane.
5. Le potentiel d’action se propage le long de la membrane de la fibre musculaire de la même
façon qu’il se propage le long des membranes des fibres nerveuses.
6. Le potentiel d’action dépolarise la membrane du muscle, et beaucoup de courant électrique
du potentiel d’action traverse le centre de la fibre musculaire. Ici la dépolarisation amène le
réticulum sarcoplasmique à libérer de grandes d’ions calcium qui y avaient été stockés.
7. Les ions calcium initient des forces attractives entre les filaments d’actine et ceux de
myosine, les amenant à glisser les uns sur les autres, ce qui est le processus de la contraction.
8. Après une fraction de seconde, les ions calcium sont pompés à l’intérieur du réticulum
sarcoplasmique par une pompe calcique membranaire, et y demeurent stockés jusqu’à ce
qu’un nouveau potentiel d’action arrive; ce retrait des ions calcium hors des myofibrilles met
fin à la contraction.

Nous allons à présent décrire la machinerie moléculaire du processus contractile musculaire.

8.3. ASPECTS MOLECULAIRES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE

1. Glissement de filaments
2. Caractéristiques moléculaires des filaments contractiles
3. Interaction myosine-actine sous l’action de l’ion calcium
4. Quantité d’actine et de myosine et tension développée par la contraction
5. Relation vitesse de contraction-charge

8.3.1. Glissement des filaments


La Figure 6–4 illustre le mécanisme fondamental de la contraction musculaire. Nous y voyons
l’état de repos (en haut) et l’état contracté (en bas). Dans une fibre musculaire au repos, les
filaments épais (= myosine) et minces (= actine) ne se chevauchent que sur une petite partie
de leur longueur. Au cours de la contraction, les filaments d’actine pénètrent de plus en plus
loin dans la région centrale de la strie A : la zone claire H est réduite. Au cours du glissement
des filaments d’actine vers la zone claire (H), les lignes Z auxquelles ils sont attachés sont
tirées vers les filaments de myosine. Dans l’ensemble, la distance entre les lignes Z
191

successives diminue, les stries I sont raccourcies, les zones claires H disparaissent et les stries
A se rapprochent les unes des autres sans que la longueur des filaments diminue. Lorsqu’une
cellule musculaire se contacte, chacun de ses sarcomères raccourcit. Comme la longueur de
leurs sarcomères diminue, les myofibrilles raccourcissent également, de même que l’ensemble
de la cellule. Le raccourcissement de la cellule musculaire s’explique par la théorie de la
contraction par glissement des filaments (Hugh Huxley, 1954). Cette théorie stipule que
durant la contraction, les filaments minces (actine) glissent le long des filaments épais
(myosine), de tel le sorte que les filaments d’actine et de myosine se chevauchent davantage.

Mais pourquoi les filaments d’actine glissent-ils le long des filaments de myosine? La base
moléculaire du phénomène de glissement des filaments se trouve être les têtes de myosine
(ponts d’union) qui font saillie tout autour des extrémités des filaments épais. Quand les
cellules musculaires sont stimulées par le système nerveux, les têtes de myosine s’accrochent
aux sites de liaison de l’actine situés sur les filaments minces, et le glissement s’amorce. Au
repos, il n’y a pas d’interaction entre les têtes de myosine et les sites de liaison de l’actine.
Mais lorsqu’un potentiel d’action chemine le long de la fibre musculaire, il déclenche une
libération de grandes quantités d’ions calcium par le réticulum sarcoplasmique. Rapidement,
ces derniers entourent les myofibrilles et activent les forces entre les filaments de myosine et
ceux d’actine, et la contraction commence. Mais il faut de l’énergie pour que le processus
contractile se poursuive. Cette énergie est fournie par les liaisons phosphates haute énergie
dans la molécule d’ATP. L’ATP est dégradée en ADP pour libérer l’énergie.

Dans les prochaines sections, nous allons décrire en détail les aspects moléculaires de la
contraction musculaire.

8.3.2. Caractéristiques moléculaires des filaments contractiles

8.3.2.1. Filament de myosine

Les filaments épais (d’un diamètre d’environ 16 nm) comprennent essentiellement une
protéine appelée myosine. Le filament de myosine est composé de multiple molécules de
myosine, ayant chacune un poids moléculaire d’environ 480,000. La Figure 6–5A montre une
molécule prise isolément; la Figure 6–5B montre l’organisation de plusieurs molécules pour
former un filament de myosine; elle montre aussi l’interaction de ce filament sur un côté avec
deux extrémités de filaments d’actine.
192

7.3.2.1.1. Structure. La structure de la myosine est très particulière : elle ressemble à un bâton
de golf ; sa tige cylindrique se termine à l’une de ses extrémités par une tête sphérique
comportant elle-même deux lobes.

Au niveau moléculaire, la tige de la myosine comporte deux chaînes polypeptidiques lourdes


identiques entrelacées. Les deux lobes de la tête constituent les extrémités de ces chaînes
lourdes, et chacune de ces chaînes est « épaissie » par la liaison de deux chaînes
polypeptidiques légères qui sont plus petites.

Les lobes, parfois appelés points d’union, sont les « sites actifs » de la myosine, car ils lient
ensemble les myofilarnents épais et les myofilaments minces durant la contraction. Ce sont
les têtes de myosine qui génèrent la tension exercée lors de la contraction de la cellule
musculaire.
Dans un sarcomère, chaque filament épais compte environ 200 molécules de myosine. Les
molécules de myosine sont regroupées de telle sorte que leurs tiges représentent la partie
centrale du filament et que les lobes de leur tête sphérique sont orientés dans des directions
opposées. Par conséquent, la partie centrale du filament épais est lisse, mais ses extrémités
sont garnies de têtes de myosine disposées de façon hélicoïdale autour de son axe.

7.3.2.1.2. Activité ATPasique de la tête de myosine. Les têtes des molécules de myosine
contiennent des sites de liaison de l’ATP, ainsi que des enzymes ATPases qui dissocient
l’ATP pour produire l’énergie nécessaire à la contraction musculaire.

8.3.2.2. Filament d’actine

La composition du filament mince est complexe. Les trois protéines qui le constituent sont
l’actine, la tropomyosine, et la troponine. Les filaments minces (d’un diamètre de 7 à 8 µm)
sont principalement composés d’actine. L’épine dorsale du filament mince est un double brin
de la molécule d’actine, tel que représenté à la Figure 6–6. Les deux brins sont entrelacés dans
une hélice de la même manière que la molécule de myosine. Chaque brin de la double hélice
d’actine F est constitué de molécules d’actine G polymérisées. Chaque monomère d’actine G
a un poids moléculaire d’environ 42,000. Les polypeptides d’actine G portent des sites de
liaison sur lesquels les têtes de myosine se fixent lors de la contraction. Les sites actifs sur les
deux brins d’actine F de la double hélice sont échelonnés, donnant un site actif tous les 2.7
nanomètres sur l’ensemble du filament d’actine.
193

Chaque filament d’actine mesure environ 1 micromètre de long. Les bases des filaments
d’actine sont fortement insérées dans les disques Z ; tandis que leurs extrémités avancent dans
les deux directions pour se glisser dans les espaces entre les molécules de myosine, comme
illustré à la Figure 6–4.

8.3.2.3. Molécules de tropomyosine

Le filament mince comprend aussi une autre protéine, la tropomyosine. C’est une protéine
cylindrique d’un poids moléculaire de 70,000 et de 40 nanomètres de longueur. Des
molécules de tropomyosine sont placées bout à bout le long des filaments d’actine et, dans
une fibre musculaire au repos, elles bloquent les sites actifs d’actines de telle sorte que les
têtes de myosine ne peuvent pas réagir avec le filament mince.

8.3.2.4. Troponine et son rôle dans la contraction musculaire

Une autre protéine du filament mince c’est la troponine. Elle est attachée de façon
intermittente le long des côtés des molécules de tropomyosine. La troponine, est en fait un
complexe de trois polypeptides dont chacun joue un rôle spécifique dans la régulation de la
contraction musculaire. L’un de ces polypeptides est une sous-unité inhibitrice, la troponine I
(TnI) qui a une forte affinité pour l’actine. Un autre polypeptide, la sous-unité T ou troponine
T (TnT) a une forte affinité pour la tropomyosine et l’aligne avec l’actine. Le troisième
polypeptide, la troponine C (TnC) a une forte affinité pour les ions calcium. Le complexe
tropononine attache la tropomyosine à l’actine. Sa forte affinité pour les ions calcium est
responsable du déclenchement de la contraction. La troponine et la tropomyosine contribuent
à la régulation des interactions myosine-actine qui se produisent au cours de la contraction.

8.3.3. Interaction Actine-Myosine : rôle des ions calcium


8.3.3.1. Complexe Troponine-Tropomyosine et ions calcium

Les sites actifs sont, dans un filament d’actine normal d’un muscle au repos, inhibés ou
masqués par le complexe troponine-tropomyosine. Les sites ne peuvent donc pas s’attacher
aux têtes de myosine pour causer la contraction. Pour que la contraction ait lieu, il faut que
l’effet inhibiteur du complexe troponine-tropomyosine soit lui-même inhibé.

C’est à ce niveau qu’interviennent les ions calcium. En présence de grandes quantités d’ions
calcium, l’effet inhibiteur du complexe troponine-tropomyosine sur les filaments d’actine est
lui-même inhibé. Le mécanisme n’est pas encore connu, mais l’on pense que lorsque les ions
194

calcium se lient à la troponine C, dont chaque molécule peut fixer fortement quatre ions
calcium, le complexe troponine subit un changement de conformation qui la fait détacher
momentanément de l’actine et déplace la tropomyosine, exposant ainsi les sites de liaison de
la myosine sur les filaments d’actine. Cette “mise à nu” des sites actifs de l’actine, permet
ainsi à ces derniers d’attirer les têtes de myosine et de déclencher la contraction. Bien que ce
mécanisme ne soit qu’une hypothèse, elle met de l’emphase sur le fait que la relation normale
entre le complexe troponine-tropomyosine et l’actine est altérée par les ions calcium, créant
une nouvelle condition qui conduit à la contraction. En présence de calcium, le masque
produit par la tropomyosine est donc levé.

8.3.3.2. Théorie de “glissement”

Les têtes de myosine ont besoin d’ions calcium pour se fixer à l’actine ; l’influx nerveux qui
déclenche la contraction provoque une augmentation de la quantité d’ions calcium à
l’intérieur de la cellule. Dès que le filament d’actine devient activé par les ions calcium, les
têtes de myosine (ponts d’union) sont attirées vers les sites actifs du filament d’actine, s’y
accrochent ; et le glissement s’amorce et cela cause la contraction. Malgré que la manière
précise par laquelle cette interaction entre les têtes de myosine et l’actine cause la contraction
soit encore en partie théorique, une hypothèse en faveur de laquelle existe une évidence
considérable est la théorie de “glissement” de la contraction.

La Figure 6–7 démontre ce mécanisme évoqué de la contraction par glissement. Cette figure
montre les têtes de myosine qui s’attachent aux sites actifs de filament d’actine et s’en
désengagent. Il est postulé que lorsqu’une tête s’attache à un site actif, cet attachement cause
au même moment de profonds changements dans les forces intramoléculaires entre la tête et
le bras du pont ainsi formé. Le nouvel alignement des forces amène la tête à se pencher vers
le bras et à entraîner le filament avec elle dans le même mouvement. Cette inclinaison de la
tête est appelée le coup de force. Ensuite, immédiatement après l’inclinaison, la tête se
détache du site actif et rentre dans sa position d’extension. Dans cette position, elle se lie avec
un nouveau site actif plus loin le long du filament d’actine; ensuite, la tête se penche encore
pour causer un nouveau coup de force, et le filament d’actine se déplace à une autre étape.
Chaque tête de myosine s’attache et se détache plusieurs fois pendant la contraction, agissant
comme une minuscule crémaillère pour produire une tension et tirer le filament d’actine vers
le centre du filament de myosine. Ainsi donc, les têtes de myosine (ponts d’union) se
195

penchent et avancent pas à pas le long du filament d’actine. Comme ce phénomène se déroule
simultanément dans les sarcomère de toutes les myofibrilles, la cellule musculaire raccourcit.

On pense que chaque pont croisé fonctionne indépendamment des autres, chacun attachant et
tirant dans un cycle répété continu. Par conséquent, à tout moment plus grand est le nombre
de ponts croisés en contact avec le filament d’actine, plus grande est, théoriquement, la force
de contraction.

8.3.3.3. ATP comme source d’énergie pour la contraction — événements chimiques du


mouvement des têtes de myosine.

Lorsqu’un muscle se contracte, il y a du travail qui est fourni et cela exige de l’énergie.
Durant la contraction, de granges quantités d’ATP sont clivées pour former de l’ADP; plus
grande est la quantité de travail fournie par le muscle, plus grande est la quantité d’ATP
clivée : c’est ce que l’on appelle l’effet Fenn. On pense que les événements se succèdent
rapidement de la manière suivante:
1. Mise sous tension de la tête de myosine. Avant le début de la contraction, l’ATP se fixe sur
les têtes des ponts d’union. L’activité ATPase de la tête de myosine clive immédiatement
l’ATP mais les produits de clivage, l’ADP et l’ion phosphate, y restent encore fixés. Cette
hydrolyse de l’ATP fournit l’énergie grâce à laquelle la tête de myosine peut reprendre sa
forme haute énergie (sous tension). C’est cette énergie potentielle qui activera la prochaine
séquence de liaison phase active de la tête de myosine. A ce stade, la conformation est telle
que la tête s’étend perpendiculairement vers le filament d’actine sans toutefois y être encore
attachée.
2. Dès que le complexe troponine-tropomyosine se lie aux ions calcium, les sites actifs du
filament d’actine sont démasqués, et les têtes de myosine s’y attachent, comme illustré à la
Figure 6–7.
3. La liaison de la tête du pont d’union avec le site actif sur le filament d’actine cause un
changement de conformation de la tête, la rendant plus prompte à pivoter vers le bras du pont
d’union. Ceci pourvoit le coup de force pour tirer le filament d’actine. L’énergie activant le
coup de force est une énergie déjà stockée dans le changement de conformation qui a eu lieu
au niveau de la tête lors du clivage, plus tôt, de la molécule d’ATP.
4. Une fois que la tête du pont d’union pivote, il y a libération de l’ADP et de l’ion phosphate
précédemment attachés à la tête. Au site de libération de l’ADP se fixe une nouvelle molécule
196

d’ATP. La fixation de la nouvelle molécule d’ATP amène la tête de myosine à se détacher de


l’actine.
5. Après que la tête de myosine se soit détachée de l’actine, la nouvelle molécule d’ATP est
clivée pour commencer le prochain cycle, amenant à un nouveau coup de force. C’est cette
énergie qui “arme” à nouveau la tête dans position perpendiculaire de départ, prête à
commencer un nouveau cycle de coup de force.
6. lorsque la tête armée (avec son énergie stockée provenant du clivage de l’ATP) se lie à un
nouveau site actif sur le filament d’actine, elle pivote et passe de la configuration de haute
énergie à sa forme de basse énergie, qui est recourbée : elle se désarme donc et fournit une
fois de plus un nouveau coup de force.

Ainsi donc, le processus se répète encore et encore jusqu’à ce que les filaments d’actine tirent
la ligne Z contre les extrémités de filaments de myosine ou que la charge sur le muscle soit si
grande qu’une autre traction ne peut apparaître.

Le glissement des filaments minces se poursuit tant que le signal calcique et l’ATP sont
présents. Lorsque les pompes à Ca2+ du RS récupèrent les ions calciums du sarcoplasme et
que la troponine change de nouveau sa forme, la tropomyosine masque les sites actifs de
l’actine, la contraction prend fin et les filaments reprennent leur position initiale.

Chaque tête de myosine s’attache et se détache plusieurs fois pendant la contraction, agissant
comme une minuscule crémaillère pour produire une tension et tirer le filament mince vers le
centre du sarcomère. Comme ce phénomène se déroule simultanément dans les sarcomère de
toutes les myofibrilles, la cellule musculaire raccourcit. Les têtes de myosine ont besoin
d’ions calcium pour se fixer à l’actine ;l’influx nerveux qui déclenche la contraction provoque
une augmentation de la quantité d’ions calcium à l’intérieur de la cellule.

8.3.4. Effet de la quantité de filaments d’actine et de myosine entrecroisés sur la tension


développée par un muscle qui se contracte

La Figure 6–8 montre l’effet de la longueur du sarcomère et de la quantité de filaments


d’actine et de myosine entrecroisés sur la tension active développée par une fibre musculaire
lors de sa contraction. En haut, à droite, en noir nous voyons différents degrés
d’entrecroisement des filaments d’actine et de myosine à différentes longueurs du sarcomère.
Au point D sur le diagramme, le filament d’actine est écarté du filament de myosine au point
qu’il n’y a pas d’entrecroisement entre eux. A ce point, la tension développée par le muscle
197

active est de zéro. Ensuite, comme le sarcomère se raccourcit et le filament d’actine se met à
chevaucher le filament de myosine, la tension augmente progressivement jusqu’à ce que le
sarcomère se raccourcisse à environ 2,2 micromètres. A ce point, le filament d’actine a
chevauché pratiquement tous les ponts d’union du filament de myosine mais n’a pas encore
atteint le centre de ce filament. Avec plus de raccourcissement, le sarcomère maintient une
tension maximale jusqu’à atteindre le point B : la longueur du sarcomère est alors d’environ 2
micromètres. A ce point, les extrémités de deux filaments d’actine commencent à se
chevaucher l’un sur l’autre, en plus du chevauchement des filaments de myosine. Comme la
longueur du sarcomère passe de 2 à environ 1.65 micromètres, au point A, la force de la
contraction décroît rapidement. A ce point, les deux disques Z du sarcomère touchent les
extrémités des filaments de myosine. Ensuite, comme la contraction se poursuit pour
raccourcir encore avantage le sarcomère, les extrémités des filaments de myosine se froissent
et, comme l’illustre la figure, la force de la contraction approche zéro, mais le muscle entier
est maintenant contracté à sa plus courte longueur.

8.3.5. Effet de la longueur du muscle sur la force de contraction dans un muscle entier
intact

La courbe supérieure de la Figure 6–9 est similaire à celle de la Figure 6–8, mais la courbe
dans la Figure 6–9 dépeint la tension d’un muscle intact, entier plutôt que celle d’une fibre
musculaire prise isolément. Le muscle entier contient une grande quantité de tissu conjonctif;
par conséquent, les sarcomères dans les différentes parties du muscle ne se contractent pas
toujours en même quantité. C’est pourquoi la courbe montre des différences de dimension par
rapport à la courbe d’une fibre musculaire individuelle. Cependant, elle montre la même
forme générale pour la pente dans l’intervalle normal de contraction comme noté dans la
Figure 6–9.

Noter dans la Figure 6–9 que lorsque le muscle est à sa longueur normale de repos, soit
environ 2 micromètres de longueur pour un sarcomère, il se contracte sur activation avec le
maximum de force appropriée de contraction. Toutefois, l’augmentation dans la tension qui
survient durant la contraction, appelée tension active, diminue lorsque le muscle est étiré au-
delà de sa longueur normale — soit sarcomère d’une longueur plus grande que 2.2
micromètres environ. Ceci est illustré par la diminution de la longueur de la flèche dans la
figure à une longueur plus grande que le muscle normal.
198

8.3.6. Relation vitesse de contraction-charge


Un muscle squelettique se contracte extrêmement rapidement lorsque la contraction ne se fait
pas contre une charge —la contraction maximale est atteinte en environ 0.1 seconde pour la
moyenne de muscle. Lorsqu’une charge est appliquée, la rapidité de la contraction diminue
progressivement avec l’augmentation de la charge, comme nous pouvons le voir à la Figure
6–10. Ainsi, lorsque la charge est augmentée au point où elle est égale à la force maximale
qu’un muscle peut exercer, la vélocité de la contraction devient nulle et aucune contraction ne
peut survenir, malgré l’activation de la fibre musculaire.
Cette diminution de la vélocité de la contraction en présence d’une charge est due au fait
qu’une charge sur un muscle qui se contracte est une force inverse qui s’oppose à la force
contractile causée par la contraction musculaire. Par conséquent, la force nette disponible
pour causer la vélocité du raccourcissement est réduite de façon correspondante.

8.4. ASPECTS ENERGETIQUES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE

1. Travail fourni durant la contraction musculaire


2. Sources d’énergie pour la contraction musculaire
3. Rendement de la contraction musculaire

8.4.1. Travail fourni durant la contraction musculaire


Lorsqu’un muscle se contracte contre une charge, il accomplit du travail. En d’autres termes,
il y a un transfert d’énergie du muscle à la charge extérieure pour soulever un objet à une
hauteur plus élevée ou pour vaincre la résistance au mouvement.

En langage mathématique, le travail est défini par l’équation suivante:

W=LxD

Où W est le travail fourni, L la charge, et D la distance du mouvement contre la charge.


L’énergie nécessaire pour accomplir le travail provient des réactions chimiques qui se
déroulent dans les cellules musculaires pendant la contraction.

7.4.2. Sources d’énergie pour la contraction musculaire

La contraction musculaire exige de l’énergie et cette énergie est fournie par l’ATP. Le muscle a été
comparé à une machine qui convertit l’énergie chimique en travail mécanique. La plus grande partie
de l’ATP utilisée par la fibre musculaire sert à l’activité contractile (mouvement et détachement
199

des têtes de myosine, traction des filaments d’actine). Mais de quantités beaucoup plus petites sont
nécessaires (1) au fonctionnement de la pompe à calcium du réticulum sarcoplasmique qui pompe
les ions calcium ions du sarcoplasme vers la lumière du réticulum sarcoplasmique après la fin
de la contraction, et (2) au fonctionnement de la pompe à sodium-potassium du sarcoplasme qui
pompe les ions sodium et potassium pour maintenir un environnement ionique
transmembranaire approprié pour la propagation des potentiels d’action de la fibre
musculaire. D’où provient alors l’ATP nécessaire à l’activité contractile musculaire ?

7.4.2.1. ATP entreposée dans la fibre musculaire

Les quantités d’ATP emmagasinées dans les muscles ne sont pas très importantes : la concentration
d’ATP dans la fibre musculaire, environ 4 millimolaires, permet une contraction pleine tout
au plus de 1 à 2 secondes. Et pourtant, ces quantités suffisent ; ceci est dû au fait que l’ATP est
régénéré de façon continue. En effet, unefois que l’ATP, lors de la contraction, est hydrolysée en ADP
et en phosphate inorganique (Pi), sa régénération se fait en une fraction de seconde suivant trois voies :
(1) par interaction de l’ADP avec la créatinine phosphate, (2) à partirdu glycogène emmagasiné et par
une voie anaérobie appelée glycolyse anaérobie ;et (3)par respiration aérobie.

7.4.2.2. Créatine phosphate (= phosphocréatine)

Au début d’une activité musculaire intense, l’ATP emmagasiné dans les muscles actifs
s’épuisent rapidement. La première source d’énergie qui est utilisée pour reconstituer l’ATP
est la substance appelée la créatine phosphate (CP). C’est une molécule à haute énergie très
particulière emmagasinée dans les muscles ; elle est utilisée pour régénérer l’ATP pendant
que les voies métaboliques s’adaptent à l’augmentation soudaine de la demande en ATP. La
réaction qui a lieu alors couple la CP à l’ADP. Globalement, il en résulte un transfert presque
instantané d’énergie et d’un groupement phosphate de la CP vers l’ADP qui devient de l’ATP.

Créatinine phosphate + ADP Créatinine + ATP

La réaction couplée est facilement réversible, et les réserves de CP sont reconstituées au cours
des périodes d’inactivité alors que les fibres musculaires produisent plus d’ATP qu’elles n’en
ont besoin, par d’autres voies métaboliques.

Toutefois, la quantité totale de créatine phosphate dans la fibre musculaire est aussi très petite
— seulement environ cinq fois plus élevée que l’ATP. Les cellules musculaires emmagasinent
environ cinq fois plus de créatinine phosphate que d’ATP, et la création couplée, qui est
catalysée par la créatinine kinase, une enzyme, est tellement efficace que la concentration
200

cellulaire d’ATP change très peu au début de la concentration. Ensemble, l’ATP et la CP


présents dans le muscle permettent de maintenir une puissance musculaire maximale pendant
environ 5 à 8 secondes seulement.

7.4.2.3. Glycolyse anaérobie et production d’acide lactique

La seconde importante source d’énergie, qui est utilisée pour reconstituer aussi bien l’ATP
que la créatine phosphate, c’est la “glycolyse” du glycogène précédemment stocké dans les
cellules musculaires. La dégradation enzymatique rapide du glycogène en acide pyruvique et
en acide lactique libère de l’énergie qui est utilisée pour convertir l’ADP en ATP; l’ATP peut
ensuite soit être directement utilisée pour alimenter une contraction musculaire additionnelle,
soit pour reconstituer les stocks de créatine phosphate.

L’importance du mécanisme de glycolyse est double. Premièrement, les réactions


glycolytiques peuvent se dérouler en l’absence d’oxygène, permettant ainsi une contraction
musculaire soutenue pendant plusieurs secondes et parfois même pendant plus d’une minute,
même lorsque la fourniture de l’oxygène à partir du sang n’est plus disponible. Cette voie
s’active aussi bien en présence qu’en l’absence d’oxygène, mais comme elle n’utilise pas
d’oxygène, elle est appelée voie anaérobie. Deuxièmement, le taux de formation de l’ATP par
la voie glycolytique est environ 2.5 fois plus rapide que la formation de l’ATP en réponse aux
réactions cellulaires d’oxydation des nutriments. Par conséquent, lorsqu’il faut de grandes
quantités d’ATP durant de courtes périodes d’activité musculaire soutenue (30 à 40 secondes),
la glycolyse anaérobie peut en fournir une grande partie. Toutefois, la glycolyse anaérobie
procure environ seulement 5 % de l’ATP que fournit la voie aérobie par molécule de glucose
(2 ATP contre 36) ; les produits terminaux de la glycolyse qui s’accumulent dans les cellules
musculaires sont tellement nombreux que la glycolyse perd elle aussi sa capacité à soutenir
une contraction maximale après environ 1 minute. Par exemple, l’acide lactique qui
s’accumule contribue à la fatigue musculaire et est à l’origine, du moins en partie, de
l’endolorissement musculaire qui suit l’exercice intense.

7.4.2.4. Respiration cellulaire aérobie ou glycolyse aérobie

La troisième et dernière source d’énergie est le métabolisme oxydatif (phosphorylations


oxydatives ou respiration cellulaire aérobie). La respiration cellulaire aérobie se déroule dans
les mitochondries ; elle nécessite la présence d’oxygène et fait intervenir une suite de
réactions chimiques au cours desquelles l’oxygène se combine aux produits finaux de la
201

dégradation du glucose et de nombreux autres nutriments cellulaires pour libérer de l’ATP.


Plus de 95 pour cent de toute l’énergie utilisée par les muscles pour une contraction soutenue
et prolongée proviennent de cette source. Les nutriments brûlés sont les hydrates de carbone,
les graisses et les protéines. Lors d’une activité musculaire maximale à très long terme — sur
une période de plusieurs heures— la plus grande proportion d’énergie provient de loin des
graisses, mais pour des périodes de 2 à 4 heures, plus de la moitié de l’énergie provient des
hydrates de carbone stockés.

Les mécanismes détaillés de ces processus énergétiques sont discutés dans le cours de
Biochimie.

7.4.3. Rendement de la contraction musculaire

Le rendement d’une machine ou d’un moteur se définit comme le pourcentage de l’énergie


apportée qui est converti en travail et non en chaleur (E = W + Q ; rendement = W/E). Le
pourcentage de l’énergie apportée au muscle (l’énergie chimique des nutriments) qui peut être
converti en travail utile, même dans les meilleures conditions, est de moins de 25 pour cent, le
reste est transformé en chaleur. La raison de ce faible rendement est que la moitié de l’énergie
des nutriments est perdue lors de la formation de l’ATP et, même alors, seulement 40 à 45
pour cent de l’énergie de l’ATP lui-même pourront ensuite être convertis en travail.

Un rendement maximal peut être obtenu seulement lorsque le muscle se contracte à une
vélocité modérée. Si le muscle se contracte lentement ou sans aucun mouvement, de petites
quantités de chaleur de maintenance sont dégagées durant la contraction, bien qu’il y ait peu
ou pas de travail fourni, ce qui réduit le rendement de conversion à une valeur proche de zéro.
Réciproquement, si la contraction est trop rapide, d’importantes proportions d’énergie sont
utilisées vaincre la friction visqueuse au sein du muscle lui-même, cela aussi réduit le
rendement de la contraction. Normalement, le rendement maximum est développé lorsque la
vélocité de la contraction est à environ 30 pour cent du maximum.

7.5. CARACTERISTIQUES DE LA CONTRACTION D’UN MUSCLE ENTIER

Plusieurs aspects de la contraction musculaire peuvent être mis en évidence en obtenant des
secousses d’un seul muscle. La secousse musculaire est la réponse d’un muscle à un seul
stimulus liminaire de courte durée : le muscle se contracte rapidement, en une fraction de
seconde, puis se relâche. Une secousse musculaire peut être obtenue en excitant par un
202

courant électrique le nerf du muscle ou en faisant passer un bref stimulus électrique à travers
le muscle lui-même.
1. Secousse musculaire : types de contraction et des fibres musculaires
2. Aspects mécaniques de la contraction du muscle squelettique
3. Remodelage pour assurer la fonction
4. Rigidité cadavérique

7.5.1. Secousse musculaire : types de contraction et des fibres musculaires

7.5.1.1. Contraction isométrique et contraction isotonique

La contraction musculaire est dite isométrique (isos = même ; metron = mesure) lorsque le
muscle ne se raccourcit ni ne s’allonge durant la contraction. Les contractions isométriques se
caractérisent par une tension qui continue d’augmenter, mais le muscle ne raccourcit pas ni
ne s’allonge. La contraction musculaire est dite isotonique (isos = même ; tonos = tension),
lorsque le muscle se raccourcit ou s’allonge (réduisant ainsi l’angle à l’articulation), et il
déplace la charge. La tension demeure constante pendant la plus grande partiede la
contraction. Les systèmes servant à l’enregistrement de ces deux types de contraction
musculaire sont illustrés à la Figure 6–11.

Dans le système isométrique, le muscle se contracte contre un transducteur de force sans


diminution de la longueur du muscle, comme illustré à droite de la Figure 6–11. Dans le
système isotonique, le muscle se raccourcit contre une charge fixée; cela est illustré à la
gauche de la figure, montrant un muscle soulevant un pan de poids. Les caractéristiques de la
contraction isotonique dépendent de la charge contre laquelle le muscle se contracte, aussi
bien que de l’inertie de la charge. Cependant, le système isométrique enregistre strictement les
changements dans la force de la contraction musculaire elle-même. Ainsi, lorsqu’il s’agit de
comparer les caractéristiques fonctionnelles de différents types de muscle, le système
isométrique est le plus souvent utilisé.

7.5.1.2. Caractéristiques des secousses isométriques des différents muscles

Les muscles squelettiques du corps humain sont d’une grande diversité de taille —du
minuscule muscle stapedius dans l’oreille moyenne, mesurant à peine quelques millimètres de
long et un millimètre ou moins de diamètre, au très grand muscle quadriceps, un demi-million
de fois plus grand que le stapedius. D’autre part, la taille des fibres est tout aussi variable : le
diamètre peut être aussi petit que 10 micromètres ou, au contraire, être aussi grand que 80
203

micromètres. Au final, les aspects énergétiques de la contraction musculaire variant


considérablement d’un muscle à un autre. Ainsi, il n’est pas étonnant que les caractéristiques
mécaniques de la contraction musculaire diffèrent parmi les muscles.

La Figure 6–12 montre l’enregistrement des contractions isométriques de trois types de


muscle squelettique: le muscle du bulbe de l’œil (un muscle oculaire), qui a une durée de
contraction isométrique de moins de 1/40 seconde; le muscle gastrocnémien, qui a une durée
de contraction d’environ 1/15 seconde; et le muscle soléaire, qui a une durée de contraction
d’environ 1/3 seconde. Il est intéressant de noter que ces durées de contraction sont adaptées
aux fonctions des muscles respectifs. Les mouvements des globes oculaires doivent être
extrêmement rapides pour permettre la fixation du regard sur des objets spécifiques pour
assurer une vision précise. Les muscles affectés à cette fin sont donc véloces, appelés à
exécuter des mouvements fins, rapides et précis. Ils ont par conséquent des périodes de
contraction aussi brèves que 7,5ms. Le muscle gastrocnémien doit avoir une rapidité de
contraction modérée pour fournir suffisamment de vélocité au mouvement de la jambe pour la
course et le saut. Le muscle soléaire, quant à lui, est impliqué dans des mouvements
énergiques, lourds, soutenus pour supporter le corps contre la gravité. Il s’agit donc d’un
muscle lent, dont la durée de contraction dépasse 100 ms.

7.5.1.3. Fibres musculaires lentes et fibres musculaires rapides

Chaque muscle du corps est constitué d’un mélange de fibres musculaires rapides et lentes,
avec d’autres fibres intermédiaires entre ces deux extrêmes. Les muscles qui réagissent
rapidement sont constitués principalement de fibres “rapides” avec seulement un petit nombre
de fibres lentes. Inversement, les muscles qui répondent lentement mais une contraction
prolongée sont constituées principalement de fibres “lentes”. Les différences entre ces deux
types de fibres sont les suivantes.

7.5.1.3.1. Fibres rapides. (1) Elles ont tendance à être beaucoup plus grosses. En effet, elles
possèdent un grand nombre de filaments contractiles (leur grand diamètre l’indique) qui leur
permettent de produire des contractions puissantes. (2) Réticulum sarcoplasmique étendu pour
une libération rapide d’ions pour déclencher la contraction. (3) Grandes quantités d’enzymes
glycolytiques pourune libération rapide d’énergie par voie glycolytique. (4) Moindre
irrigation sanguine parce que le métabolisme oxydatif est d’importance secondaire (car elles
ne dépendent pas d’un apport continud’oxygène et de nutriments en provenance du sang). (5)
204

Par conséquent, elles possèdent peu de mitochondries, renferment peu de myoglobine (elles
sont blanches).

7.5.1.3.2. Fibres lentes. (1) Fibres plus minces (une grande quantité de cytoplasme empêche
la diffusion d’oxygène et des nutriments provenant dusang). (2) Innervées aussi par des fibres
nerveuses plus minces. (3) Système vasculaire et des capillaires plus étendu (caractéristiques
favorable à l’apport de grandes quantités d’oxygène et de glucose transporté par le sang). (4)
Un grand nombre de mitochondries (sites où se produit l’utilisation d’oxygène), pour soutenir
des niveaux élevés de métabolisme oxydatif. (5) Elles contiennent de grandes quantités de
myoglobine, une chromoprotéine contenant du fer, semblable à l’hémoglobine du globule
rouge. La myoglobine se lie à l’oxygène, en emmagasinent des réserves et facilite sa diffusion
à travers la cellule musculaire vers les mitochondries. L’abondance de myoglobine donne à la
fibre lente sa couleur rouge et son nom de muscle rouge, alors que le déficit en myoglobine
dans la fibre rapide a fait que cette dernière soit nommée muscle blanc.

7.5.2. Aspects mécaniques de la contraction du muscle squelettique

Le muscle squelettique, qui contient un très grand nombre de fibres, peut se contracter avec
une force variable plus ou moins longtemps. Pour comprendre comment cela se produit, nous
devons étudier l’ensemble fonctionnel nerveux et musculaire que l’on nomme unité motrice,
et voir comment le muscle répond à des stimuli de fréquence et d’intensité variables.

7.5.2.1. Unité motrice

Chaque neurone moteur sortant de la moelle épinière innerve plusieurs fibres musculaires, le
nombre de fibres innervées dépendant du type du muscle. On appelle unité motrice
l’ensemble formé par un neurone moteur ettoutes les fibres musculaires qu’il dessert. En
général, les petits muscles qui réagissent rapidement et dont le contrôle doit être précis ont
beaucoup de fibres nerveuses pour peu de fibres musculaires ; en d’autres termes, les unités
motrices de muscles qui exigent une très grande précision sont petites (par exemple, dans
certains muscles laryngés, on peut avoir deux ou trois fibres musculaires par unité motrice ;
autre exemple, les muscles qui déterminent le mouvement des doigts et des yeux ont de
petites unités motrices). Par contre, les gros muscles porteurs dont les mouvements ne sont
pas précis, comme le muscle soléaire, peuvent avoir plusieurs centaines de fibres musculaires
dans une unité motrice. Les unités motrices de ces muscles sont donc beaucoup plus grosses.
Conversely, large muscles that do not require fine control, such as the soleus muscle, may
205

have several hundred muscle fibers in a motor unit. En moyenne, le nombre de fibres
musculaires par unité motrice est de 80 à 100, mais ce nombre peut varier de quatre à
plusieurs centaines.

Les fibres musculaires d’une même unité motrice ne sont pas regroupées mais chevauchent
d’autres unités motrices dans des microfaisceaux de 3 à 15 fibres. Cette interpénétration
permet aux différentes unités motrices de se contracter en soutien l’une de l’autre plutôt que
comme des segments totalement individuels.

7.5.2.2. Contractions musculaires de différente force — Sommation de force

La sommation signifie l’addition des réponses contractiles individuelles pour augmenter


l’intensité de la contraction de l’ensemble du muscle. La sommation survenir de deux façons:
(1) en accroissant le nombre d’unités motrices qui se contractent simultanément, c’est ce
qu’on appelle la sommation spatiale, et (2) en augmentant la fréquence de la contraction, ce
que l’on appelle sommation temporelle et qui peut entraîner le tétanos. Les secousses
musculaires(contractions brusques et isoléesobservées en laboratoire) se produisent parfois à
cause d’anomalies neuromusculaires, mais elles ne représentent pas la façon dont les muscles
fonctionnent normalement dans l’organisme. En réalité, les contractions musculaires
physiologiques sont relativement longues et continues, et leur force varie en fonction des
besoins. Ces divers degrés de contraction musculaire indispensables à la régulation adéquate
des mouvements du squelette, sont appelés réponses graduées. En règle générale, la
contraction musculaire peut être modulée de deux façons, soit par le changement de la
fréquence (vitesse) des stimulations, soit par le changement de la force des stimuli.

7.5.2.2.1. Sommation spatiale ou recrutement. Quand le système nerveux central envoie un


signal faible pour contracter un muscle, ce sont les unités motrices plus petites qui sont
stimulées au détriment de plus grandes. Ensuite, comme la force du signal augmente, des
unités motrices de taille de plus en plus grande commencent à être excitées, les plus grandes
unités motrices ayant souvent une force contractile aussi grande 50 fois la force contractile
des unités les plus petites. C’est ce que l’on appelle le principe de la taille. Il est important,
parce qu’il permet à la force de la contraction musculaire de s’installer progressivement, étape
par étape en fonction des besoins. C’est ce qui fait que les contractions musculaires
physiologiques sont relativement longues et continues, et que leur force varie en fonction des
besoins. La raison explicative de ce principe de la taille est que les unités motrices plus petites
206

sont innervées par des fibres nerveuses motrices plus petites qui sont, au niveau de la moelle
épinière, plus excitables que celles de plus grande taille et donc excitées en premier.

Un autre aspect important de la sommation spatiale est que l’activation spinale de différentes
unités motrices se fait de manière asynchrone : la moelle épinière active un groupe d’unités
motrices, puis un autre. Ainsi, les contractions surviennent de manière alternative parmi les
unités motrices qui se contractent l’une après l’autre, produisant ainsi une contraction
régulière même à de basses fréquences d’influx nerveux.

7.5.2.2.2. Sommation temporelle et tétanos. La Figure 6–13 illustre la sommation temporelle


et le tétanos. A gauche nous avons les traces des secousses musculaires (contractions)
individuelles survenant l’une après l’autre à basse fréquence de stimulation. Comme la
fréquence de stimulation augmente (deux stimulations identiques –impulsions électriques
ouinflux nerveux– sont appliquées à un muscle dans un court intervalle), la seconde
contraction est plus vigoureuse que la première. Sur le myogramme, elle paraît chevaucher la
première contraction. La répétition du stimulus avant que la survenue de la relaxation a causé
une activation supplémentaire des éléments contractiles et une réponse qui s’additionne à la
contraction déjà en cours. Avec l’augmentation de la fréquence de stimulation, il y a une
augmentation progressive de la tension développée par la contraction. Avec une répétition
rapide des stimuli, la fréquence de stimulation atteint un niveau critique où l’activation du
mécanisme contractile se répète si vite qu’aucun relâchement ne se produit et les réponses
individuelles se fondent en une seule contraction soutenue. Cette réponse est appelée tétanos
ou contraction tétanique. À une fréquence légèrement plus élevée, la tension de la contraction
atteint son maximum, et aucune augmentation supplémentaire de la fréquence au dessus de ce
point ne peut entraîner une augmentation supplémentaire de la tension de la contraction. La
raison en est que suffisamment d’ions calcium sont encore retenus dans le sarcoplasme
musculaire, même entre les potentiels d’action, au point qu’un état contractile plein est
maintenu sans aucune relaxation entre les potentiels d’action.

7.5.2.3. Tension maximale de la contraction

La tension maximale d’une contraction tétanique d’un muscle fonctionnant à longueur


normale s’élève en moyenne à 3 à 4 kilogrammes per centimètre carré de muscle. Ainsi, le
quadriceps, un muscle qui a une grande surface exerce donc une tension considérable sur le
tendon rotulien. Ceci nous permet de comprendre pourquoi il est possible que les muscles
puissent arracher leurs tendons de leurs insertions osseuses.
207

7.5.2.4. Changements de la longueur du muscle au début de la contraction — Phénomène de


l’escalier

Lorsqu’un muscle commence à se contracter après une longue période de repos, la force qu’il
va exercer peut n’être que la moitié de celle qui résulterait d’un stimulus de même intensité
appliqué un peu plus tard (10 à 50 secousses plus tard). L’enregistrement de ces contractions
prend une forme caractéristique appelée escalier.

Bien que tous les facteurs impliqués dans le phénomène de l’escalier ne soient pas connus, il
est probable que ce phénomène soit le reflet de l’augmentation croissante de la quantité d’ions
calcium disponibles dans le sarcoplasme à la suite de la libération de quantités toujours plus
croissantes de ces ions calcium dans le cytosol à partir du réticulum sarcoplasmique à
l’occasion de chaque potentiel d’action du muscle. De plus, lorsque le muscle fonctionne et
s’échauffe, les réactions enzymatiques nécessaires à la production d’ATP et au glissement de
filaments deviennent plus efficaces. A cause de ces facteurs, les stimuli successifs produisent
des contractions de plus en plus fortes au cours de la première phase de l’activité musculaire.
C’est pour cette raison que les sportifs ont besoin d’une période d’échauffement.

7.5.2.5. Tonus du muscle squelettique ou tonus musculaire

C’est l’état de tension permanente, involontaire, des muscles squelettiques même au repos. Le
tonus musculaire est dû à des reflexes spinaux qui activent un groupe d’unités motrices, puis
un autre, en réaction à l’activation des mécanorécepteurs (sensibles à l’étirement) situés dans
les muscles et les tendons. Le tonus musculaire ne produit aucun mouvement, mais il permet
aux muscles de rester fermes et prêts à répondre à une stimulation. En outre, le tonus des
muscles squelettiques stabilise les articulations et assure le maintien de la posture.

7.5.2.6. Fatigue musculaire

C’est l’incapacité physiologique du muscle de se contracter. La fatigue musculaire fait suite à


une contraction prolongée et énergique du muscle (exercice intense prolongé). Les études
menées chez les athlètes ont montré que la fatigue musculaire augmentait en proportion quasi
directe au taux de déplétion du glycogène musculaire. Par conséquent, la fatigue musculaire
résulte principalement de l’incapacité de la machinerie contractile et métabolique des fibres
musculaires de continuer à pourvoir la même production de travail. D’autre part,
208

l’expérimentation a également montré qu’après une activité musculaire intense prolongée, la


transmission du signal nerveux au niveau de la jonction neuromusculaire peut diminuer à un
niveau très faible au point de diminuer à son tour la contraction musculaire. L’interruption de
l’irrigation sanguine dans un muscle en contraction conduit à une fatigue musculaire presque
complète en 1 à 2 minutes à cause de la perte de l’apport en nutriments, spécialement de
l’oxygène. En conclusion, les facteurs concourant à la fatigue musculaire sont : (1) la
déplétion du glycogène musculaire, (2) la diminution de la transmission du signal nerveux à
travers la jonction neuromusculaire et (3) l’interruption de l’irrigation sanguine, spécialement
l’arrêt de la fourniture d’oxygène.

7.5.2.7. Systèmes de levier de l’organisme

Les muscles fonctionnent en exerçant une tension sur leurs points d’insertion aux os, et les os
à leur tour forment divers types de systèmes de levier. La Figure 6–14 illustre le système de
levier activé par le muscle biceps pour soulever l’avant-bras. Le muscle biceps lors de sa
contraction produit une grande tension, pouvant au maximum atteindre 136 kilogrammes.
Mais pour fléchir l’avant-bras sur le bras, l’organisme ne fait pas usage toute cette force n’en
utilisant que le 1/7 ou moins, selon la position initiale de l’avant-bras. Lorsque l’avant-bras
est à angle droit du bras, la tension de flexion est de 1/7 ; lorsque le bras est complètement
étendu, la tension avec laquelle la main peut être ramenée en avant est de moins de 1/7.

En résumé, une analyse des systèmes de levier de l’organisme dépend de la connaissance (1)
du point d’insertion du muscle, (2) de sa distance par rapport au point d’appui du levier, (3) de
la longueur du bras du levier, et (4) de la position du levier. Plusieurs types de mouvement
sont exigés dans l’organisme, certains d’entre eux nécessitent une grande force et d’autres de
grandes distances ou amplitudes. C’est pour cela qu’il y a différents types de muscle; certains
sont longs et se contractent sur une longue distance, et d’autres sont courts mais épais et
peuvent se contracter avec une très grande force sur de courtes distances. L’étude des
différents types de muscles et systèmes de levier, et leurs mouvements est appelée la
kinésiologie et c’est une composante scientifique importante de la physio-anatomie humaine.

7.5.2.8. Positionnement des parties du corps par la contraction des muscles agonistes et
antagonistes sur les côtés opposés d’une articulation—“Co-activation” des muscles
antagonistes.
209

Pratiquement tous les mouvements du corps sont le résultat de la contraction synchronisée des
muscles agonistes et antagonistes sur les côtés opposés des articulations. C’est ce qu’on
appelle la co-activation des muscles agonistes et antagonistes ; elle est contrôlée par les
centres de contrôle moteur de l’encéphale et de la moelle épinière.

La position de chaque partie prise séparément, comme un bras ou une jambe, est déterminée
par les degrés de contraction relative des jeux de muscles agonistes et antagonistes. En faisant
varier les rapports du degré d’activation des muscles agonistes et antagonistes, le système
nerveux contrôle directement le positionnement des différentes parties du corps.

7.5.3. Remodelage du muscle pour assurer la fonction

Tous les muscles du corps sont continuellement en remodelage pour être en adéquation avec
les fonctions qui leur sont assignées. Le diamètre, la longueur, la puissance ou robustesse et
l’irrigation sanguine d’un muscle changent, et même les types de fibres musculaires changent
au moins légèrement. Ce processus de remodelage est souvent rapide, se déroulant en
quelques semaines. En effet, l’expérimentation animale a montré que dans des muscles plus
petits mais qui deviennent plus actifs, les protéines contractiles peuvent être remplacées en
l’espace de 2 semaines.

7.5.3.1. Hypertrophie et atrophie musculaires

On parle d’hypertrophie musculaire dès lors que la masse totale d’un muscle augmente. Le
terme d’hypotrophie ou d’atrophie désigne la diminution de la masse totale d’un muscle.

Toute hypertrophie musculaire résulte pratiquement d’une augmentation du nombre de


filaments d’actine et de myosine, causant l’augmentation du volume de chaque fibre
musculaire individuellement ; ceci est appelé simplement l’hypertrophie de la fibre.
L’hypertrophie apparaît avec une grande extension lorsque le muscle se contracte en résistant
à une charge. Le taux de synthèse des protéines contractiles du muscle est de loin plus élevé
lorsque l’hypertrophie se développe, entraînant aussi de façon progressive une augmentation
du nombre des filaments d’actine et de myosine dans les myofibrilles, cette augmentation
atteignant un taux aussi élevé que 50 pour cent. On a observé que certaines myofibrilles elles-
mêmes se divisaient à l’intérieur du muscle hypertrophié pour former de nouvelles
myofibrilles, mais l’importance quantitative de ce phénomène dans l’hypertrophie musculaire
ordinaire demeure encore inconnue.
210

Avec l’augmentation de taille des myofibrilles, les systèmes enzymatiques qui fournissent
l’énergie augmentent aussi. Ceci est particulièrement vrai pour les enzymes de la glycolyse,
qui permettent une fourniture rapide d’énergie durant une contraction musculaire puissante de
courte durée.

Lorsqu’un muscle demeure non utilisé pendant plusieurs semaines, le taux d’usure des
protéines contractiles est plus rapide que le taux de remplacement. Par conséquent, il apparaît
l’atrophie musculaire.

7.5.3.1.1. Ajustement de la longueur musculaire. Un autre type d’hypertrophie apparaît


lorsque les muscles sont étirés au-delà de leur longueur normale. Ceci amène de nouveaux
sarcomères à être ajoutés aux extrémités des fibres musculaires, où ils s’attachent aux
tendons. En fait, de nouveaux sarcomères peuvent s’ajouter avec une rapidité de plusieurs par
minute dans le nouveau muscle en développement, illustrant la rapidité de ce type
d’hypertrophie.

À l’inverse, lorsqu’un muscle demeure continuellement raccourci en deçà de sa longueur


normale, les sarcomères au niveau des extrémités des fibres musculaires peuvent alors
disparaître. C’est par ces processus que les muscles sont continuellement remodelés pour
avoir la longueur appropriée pour une contraction musculaire adéquate.

7.5.3.1.2. Hyperplasie des fibres musculaires. Sous de rares conditions de production d’une
force musculaire extrême, les fibres musculaires peuvent augmenter en nombre, en plus du
processus d’hypertrophie. Cette augmentation en nombre est appelée hyperplasie des fibres.
Lorsqu’elle apparaît, le mécanisme est un clivage linéaire des fibres préalablement
hypertrophiées.

7.5.3.2. Effets de la dénervation musculaire

Lorsqu’un muscle est privé de son innervation, il ne pourra plus recevoir les signaux
déclenchant une activité contractile nécessaire au maintien d’une taille musculaire normale.
Par conséquent, l’atrophie commence presqu’immédiatement. Au stade final de l’atrophie de
dénervation, la majorité des fibres musculaires sont détruites et remplacées par les tissus
fibreux et gras. Les fibres restantes sont constituées d’une longue membrane cellulaire avec
une mince bande de cytoplasme de cellule musculaire mais avec peu ou pas de propriétés
contractiles et dont la capacité de régénérer les myofibrilles en cas de régénération nerveuse
est faible ou nulle.
211

Le tissue fibreux qui remplace les fibres musculaires au cours de l’atrophie de dénervation ont
aussi tendance à un raccourcissement continu pour plusieurs mois, qui appelé est contracture.
Ainsi donc, l’un de plus importants problèmes en pratique de thérapie physique est de
protéger les muscles atrophiés du développement des contractures débilitantes et défigurant.
Ceci est atteint en étirant quotidiennement les muscles ou en faisant usage d’appareils qui
maintiennent les muscles étirés durant le processus d’atrophie.

7.5.3.2.1. Recouvrement de la contraction musculaire au cours de la poliomyélite :


développement d’unités macromotrices.Lorsqu’une partie, mais non la totalité, des fibres
nerveuses innervant un muscle sont détruites, comme cela arrive communément au cours de la
poliomyélite, le reste de fibres nerveuses se débranchent pour former de nouveaux axones qui
innervent ensuite plusieurs de fibres musculaires paralysées. Ceci donne naissance à de
grosses unités motrices appelées unités macromotrices, qui contiennent cinq fois plus de
fibres musculaires que les unités motrices normales. La conséquence est qu’il y a réduction de
la finesse du contrôle mais les muscles ont néanmoins divers degrés de puissance.

7.5.4. Rigidité cadavérique ou rigor mortis

C’est l’état état de contracture dans lequel entrent tous les muscles du corps plusieurs heures
après le décès. Les muscles se contractent et deviennent rigides, même sans potentiels
d’action. Cette rigidité résulte de la perte de tout l’ATP, lequel est nécessaire pour provoquer
la séparation des ponts d’union des filaments d’actine durant le processus de relaxation. Les
muscles demeurent en rigor jusqu’à ce que les protéines musculaires se détériorent environ 15
à 25 heures plus tard, ce qui résulte probablement de l’autolyse causée par les enzymes
libérées à partir des lysosomes. Tous ces événements se déroulent plus rapidement à des
températures plus élevées.
212

CHAPITRE 8 EXCITATION DU MUSCLE SQUELETTIQUE : TRANSMISSION


NEUROMUSCULAIRE ET COUPLAGE EXCITATION-CONTRACTION

Les fibres musculaires squelettiques sont innervées par de grosses fibres nerveuses
myélinisées qui proviennent des gros motoneurones de la corne antérieure de la moelle
épinière.

Objectifs

1° Décrire la jonction neuromusculaire


2° Décrire les étapes de la transmission du signal du nerf au muscle
3° Décrire les structures cellulaires impliqués dans le potentiel d’action du muscle
4° Décrire les structures cellulaires impliqués dans l’excitation-contraction

PLAN DU CHAPITRE
1. Jonction neuromusculaire
2. Biologie moléculaire de la formation et de la libération de l’acétylcholine
3. Implications pharmacologiques de la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire
4. Myasthénie grave
5. Potentiel d’action du muscle
6. Couplage Excitation-Contraction

8.1. JONCTION NEUROMUSCULAIRE : SECRETION DE L’ACETYLCHOLINE PAR


LES TERMINAISONS NERVEUSES

Comme souligné au Chapitre 7, chaque fibre nerveuse, après son entrée dans le muscle,
présente une multitude de ramifications, dont chacune innerve trois à plusieurs centaines de
fibres musculaires squelettiques. Chaque terminaison nerveuse forme avec la fibre musculaire
une jonction, appelée jonction neuromusculaire, placée à peu près au milieu de la fibre
musculaire. Le potentiel d’action généré dans la fibre musculaire par l’influx nerveux
chemine dans toutes les directions vers les extrémités de la fibre musculaire.En général,
chaque fibre musculaire ne possède qu’une seule terminaison neuromusculaire, à l’exception
d’environ 2 pour cent d’entre elles.

1. Anatomie physiologique
2. Sécrétion de l’acétylcholine par les terminaisons nerveuses
3. Effet de l’acétylcholine sur la membrane post-synaptique de la fibre musculaire
4. Destruction de l’acétylcholine libérée par l’acétylcholinestérase
5. Potentiel de plaque motrice et excitation de la fibre musculaire squelettique
6. Sécurité de la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire : fatigue de la jonction
213

8.1.1. Anatomie physiologique — la plaque motrice

La Figure 7–1A and B montre la jonction neuromusculaire d’une grosse fibre nerveuse
myélinisée avec une fibre musculaire squelettique. A son entrée dans le muscle, l’axone de
chaque neurone moteur présente une multitude de ramifications, chacune de ses terminaisons
axonales constituant une terminaison neuromusculaire. La terminaison axonale s’invagine
dans la membrane de surface de la fibre musculaire. La partie du sarcolemme de la fibre
musculaire qui forme un creux où se trouve la terminaison neuromusculaire est appelée la
plaque motrice. Elle est recouverte d’une ou plusieurs cellules de Schwann qui l’isole des
fluides environnants. Elle possède en outre de très nombreux replis. Ces plis jonctionnels
accroissent la superficie de la plaque motrice, qui possède à cet endroit des millions de
récepteurs membranaires de l’acétylcholine.
La Figure 7–1C montre un schéma de la micrographie électronique de la plaque motrice. La
membrane invaginée est appelée gouttière synaptique, et l’espace entre le renflement axonal
terminal ou bouton synaptique et la membrane post-synaptique est appelé espace ou fente
synaptique. Cet espace a une largeur de 20 à 30 nanomètres. Au fond de la gouttière (la partie
du sarcolemme de la fibre musculaire qui forme un creux) se trouvent de très nombreux replis
appelés puits sous-neuraux. Ces plis jonctionnels accroissent la superficie de la plaque
motrice, qui possède à cet endroit des millions de récepteurs membranaires de l’acétylcholine.
Dans la terminaison axonale se trouvent de nombreuses mitochondries qui fournissent
l’adénosine triphosphate (ATP), la source d’énergie utilisée pour la synthèse de
l’acétylcholine, le neurotransmetteur excitateur. Cette dernière, à son tour, excite le
sarcolemme. L’acétylcholine est synthétisée dans le cytoplasme de la terminaison nerveuse,
puis elle est rapidement stockée à l’intérieur de nombreuses petites vésicules, dont on trouve
normalement environ 300,000 dans les boutons terminaux de chaque plaque motrice. Dans
l’espace synaptique se trouvent de grandes quantités d’acétylcholinestérase, enzyme qui
dégrade l’acétylcholine en quelques millisecondes après sa libération des vésicules
synaptiques.

8.1.2. Sécrétion de l’acétylcholine par les terminaisons nerveuses

Lorsqu’un influx nerveux atteint la jonction neuromusculaire, environ 125 vésicules pré-
synaptiques contenant de l’acétylcholine sont libérées des terminaisons dans la fente
synaptique. Certains détails de ce mécanisme peuvent être vus dans la Figure 7–2, qui illustre
une vue détaillée de la fente synaptique avec la membrane neurale au-dessus et le sarcolemme
214

et ses plis jonctionnels en dessous. Sur la face intra-cytoplasmique de la membrane neurale on


trouve des barres linéaires denses, illustrées à la vue en coupe dans la Figure 7–2. De chaque
côté de chaque barre dense se trouvent des protéines qui traversent la membrane neurale : ce
sont les canaux calciques voltage-dépendants. Lorsqu’un potentiel d’action arrive à la
terminaison nerveuse, ces canaux s’ouvrent, laissant entrer les ions calcium qui diffusent ainsi
de la fente synaptique vers l’intérieur de la terminaison nerveuse terminal. Les ions calcium, à
leur tour, exercent une attraction sur les vésicules d’acétylcholine, les amenant au contact de
la membrane neurale adjacente aux barres denses. Les vésicules fusionnent ensuite avec la
membrane neurale et déversent leur acétylcholine dans l’espace synaptique dans un processus
d’exocytose.

8.1.3. Effet de l’acétylcholine sur la membrane post-synaptique de la fibre musculaire

La Figure 7–2 représente une illustration de nombreux très petits récepteurs d’acétylcholine
dans la membrane de la fibre musculaire; il s’agit de canaux ioniques acétylcholine-
dépendants et ils sont situés presqu’entièrement près de l’abouchement des puits sous-
neuraux, à proximité immédiate des barres denses d’où l’acétylcholine est déversée dans
l’espace synaptique. Chaque récepteur est un complexe protéinique d’un poids moléculaire de
275,000. Le complexe est constitué de cinq sous-unités protéiques : deux protéines alpha et
une de chacune des protéines suivantes : beta, delta, et gamma. Ces molécules protéiques sont
transfixiantes, constituant un cercle de chaque coté de la membrane de manière à former un
canal tubulaire tel qu’illustré à la Figure 7–3. Le canal demeure resserré, comme illustré à la
section A de la figure, jusqu’au moment où deux molécules d’acétylcholine vont se lier aux
deux sous-unités protéiques alpha. Cette liaison va entraîner un changement de conformation
qui va ouvrir le canal, tel qu’illustré à la section B de la figure.

Le canal acétylcholine-dépendant ouvert a un diamètre d’environ 0.65 nanomètre, taille


largement suffisante pour laisser passer les cations importants — sodium (Na+), potassium
(K+), et calcium (Ca++) — à travers. Les anions, par contre, comme les ions chlorures (Cl˗), ne
peuvent passer à travers ce canal à cause de la forte charge négative au niveau de
l’abouchement du canal qui les repousse.

En pratique, ce sont les ions sodium qui, plus que les autres cations, et cela de très loin,
s’écoulent à travers les canaux acétylcholine-dépendants, et cela pour deux raison.
Premièrement, il n’y a que deux cations à concentration élevée : les ions sodium dans le
liquide extracellulaire, et les ions potassium dans le liquide intracellulaire. Deuxièmement, le
215

potentiel très négatif du versant intracellulaire de la membrane de la fibre musculaire, –80 à –


90 millivolts, attire les ions sodium positivement chargés vers l’intérieur de la fibre, pendant
que simultanément il s’oppose à la sortie des ions potassium positivement chargés lorsque ces
derniers tentent de s’échapper hors de la fibre musculaire.

Comme l’illustre la Figure 7–3B, l’effet principal de l’ouverture des canaux acétylcholine-
dépendants est de permettre l’entrée d’un grand nombre d’ions sodium à l’intérieur de la fibre,
apportant avec eux un grand nombre de charges positives. Ceci crée un changement local
positif du potentiel à l’intérieur de la membrane de la fibre musculaire, appelé potentiel de
plaque motrice. A son tour, ce potentiel de plaque motrice initie un potentiel d’action qui se
propage le long de la membrane de la fibre musculaire et cause ainsi la contraction
musculaire.

8.1.4. Destruction de l’acétylcholine libérée par l’acétylcholinestérase

L’acétylcholine, une fois libérée dans l’espace synaptique, continue à activer ses récepteurs
aussi longtemps qu’elle est présente dans l’espace. L’acétylcholine est, toutefois, retirée
rapidement de l’espace synaptique par deux moyens: l’action de l’acétylcholinestérase et la
diffusion.
(1) Action de l’acétylcholinestérase. La plus grande partie d’acétylcholine est détruite par
cette enzyme qui est associée principalement à la couche spongieuse du fin tissu conjonctif
dont est rempli l’espace synaptique situé entre la terminaison nerveuse pré-synaptique et la
membrane musculaire post-synaptique.
(2) Diffusion. Une petite quantité d’acétylcholine diffuse hors de l’espace synaptique et n’est
ensuite plus disponible pour agir plus longtemps sur la membrane de la fibre musculaire.

Le peu de temps que l’acétylcholine reste dans l’espace synaptique — tout au plus quelques
millisecondes — est normalement suffisant pour exciter la fibre musculaire. Ensuite son
retrait rapide prévient une ré-excitation musculaire continue après que la fibre musculaire ait
récupéré de son potentiel d’action précédent.

8.1.5. Potentiel de plaque motrice et excitation de la fibre musculaire squelettique

L’irruption soudaine des ions sodium à l’intérieur de la fibre musculaire lors de l’ouverture
des canaux acétylcholine-dépendants cause une augmentation du potentiel électrique à
l’intérieur de la fibre au niveau local. Le potentiel de membrane augmente d’une valeur aussi
élevée que 50 to 75 millivolts vers le positif, créant un potentiel local appelé potentiel de
216

plaque motrice. Comme nous l’avons vu au Chapitre 5 avec le nerf, une augmentation
soudaine du potentiel de membrane de plus 20 à 30 millivolts est normalement suffisante pour
initier l’ouverture de plus en plus de canaux sodiques, initiant ainsi un potentiel d’action au
niveau de la membrane de la fibre musculaire.

La Figure 7–4 illustre le principe d’un potentiel de plaque motrice initiant un potentiel
d’action. Les potentiels de plaque motrice A et C sont trop faibles pour déclencher un
potentiel d’action, mais ils peuvent produire de faibles changements locaux de potentiel au
niveau de la plaque motrice, tel qu’enregistré dans la figure. Par contre, le potentiel de plaque
motrice B est beaucoup plus fort et provoque l’ouverture de suffisamment de canaux sodiques
qui permet au processus de rétro-activation de s’installer et d’initier un potentiel d’action. La
faiblesse du potentiel de plaque motrice au point A a été cause par l’empoisonnement de la
fibre musculaire au curare, une drogue qui bloque l’action d’ouverture de l’acétylcholine sur
les canaux acétylcholine-dépendants par compétition avec le neurotransmetteur au niveau des
sites récepteurs. La faiblesse de potentiel de plaque motrice au point C a résulté de l’effet de
la toxine botulinique, un poison bactérien qui diminue la quantité d’acétylcholine libérée par
les terminaisons nerveuses.

8.1.6. Sécurité de la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire : fatigue de


la jonction

Normalement, chaque influx qui arrive au niveau de la jonction neuromusculaire cause trois
fois plus de potentiel de plaque motrice que ce qui est nécessaire pour stimuler la fibre
musculaire. C’est ainsi que la jonction neuromusculaire est dite avoir un facteur de sécurité
élevé. Cependant, une stimulation de la fibre nerveuse à une fréquence de plus de 100 fois par
seconde pendant plusieurs minutes cause souvent une telle diminution du nombre de vésicules
d’acétylcholine que l’influx ne parvient pas à passer à la fibre musculaire. Cela est appelé
fatigue de la jonction neuromusculaire ou fatigue neuromusculaire tout simplement. C’est le
même effet qui cause la fatigue des synapses dans le système nerveux central lorsque les
synapses ont été surexcitées. Dans les conditions normales, c’est-à-dire physiologiques, la
fatigue neuromusculaire mesurable s’observe rarement.
217

8.2. BIOLOGIE MOLECULAIRE DE LA FORMATION ET LIBERATION DE


L’ACETYLCHOLINE

Les étapes de la formation et la libération de l’acétylcholine au niveau de la jonction


neuromusculaire sont les suivantes:

1. Formation des petites vésicules d’environ 40 nanomètres de diamètres dans l’appareil de


Golgi dans le corps cellulaire du motoneurone dans la moelle épinière. Transport
axoplasmique centrifuge des vésicules du corps cellulaire dans la moelle au bouton terminal
dans la jonction neuromusculaire des fibres nerveuses périphériques. On retrouve environ
300,000 de ces petites vésicules dans les terminaisons nerveuses d’une seule plaque motrice.
2. Synthèse de l’acétylcholine dans le cytosol de la terminaison de la fibre nerveuse et
transport immédiat à l’intérieur des vésicules, où le neurotransmetteur est stocké sous forme
hautement concentrée, dans une proportion d’environ 10,000 molécules d’acétylcholine dans
chaque vésicule.
3. Arrivée du potentiel d’action au niveau de la terminaison nerveuse; ouverture de nombreux
canaux calciques voltage-dépendants se trouvant en abondance à ce niveau ; afflux massif de
l’ion calcium à l’intérieur de l’axoplasme ; augmentation d’environ 100 fois de la
concentration de l’ion calcium du côté interne de la membrane de la terminaison ;
augmentation d’environ 10,000 fois du taux de fusion des vésicules d’acétylcholine avec la
membrane. Cette fusion fait rompre de nombreuses vésicules qui libèrent ainsi leur contenu,
l’acétylcholine, dans l’espace synaptique par exocytose. Habituellement, environ 125
vésicules se rompent à chaque potentiel d’action. Ensuite, après quelques millisecondes,
l’acétylcholine est clivée par l’acétylcholinestérase en ion acétate et choline, et cette dernière
est réabsorbée activement à l’intérieur de la terminaison neurale pour être réutilisée dans la
formation de nouvelles molécules d’acétylcholine. Cette séquence d’événements se déroule en
5 à 10 millisecondes.
4. Le nombre de vésicules disponibles dans la terminaison nerveuse est suffisant pour
permettre la transmission de seulement quelques milliers d’influx. Par conséquent, pour
assurer la continuité de la fonction de la jonction neuromusculaire, de nouvelles vésicules
doivent être formées rapidement. Dans les secondes qui suivent la fin d’un potentiel d’action,
des “puits recouverts” apparaissent dans la membrane de la terminaison nerveuse. La
formation de ces puits est due à la présence des protéines contractiles, spécialement la
clathrine, dans la terminaison nerveuse. La clathrine est attachée à la membrane au niveau
des sites des anciennes vésicules. En environ 20 secondes, les protéines se contractent et
218

causent l’invagination des puits vers l’intérieur de la membrane, formant ainsi de nouvelles
vésicules. En quelques autres secondes, l’acétylcholine est transportée à l’intérieur de ces
vésicules, qui sont de nouveau prêtes pour un nouveau cycle de libération de l’acétylcholine.

Les événements qui se déroulent à la terminaison neuromusculaires peuvent être modifiés par
des nombreuses toxines, drogues et maladies. Par exemple, la myasthénie (myos = muscle ; a
= sans ; sthénos = force) est due à un manque de récepteurs de 1’acétylcholine : elle se
manifeste par la chute des paupières supérieures, une difficulté à avaler et à parler ainsi
qu’une faiblesse et une fatigabilité musculaire. Le curare, un poison dont les autochtones
d’Amérique du Sud enduisent la pointe de leurs flèches, se combine avec les récepteurs
d’acétylcholine et empêche la liaison de l’acétylcholine par inhibition compétitive. En
conséquence, bien que les neurones continuent de libérer de l’acétylcholine (le « feu vert »),
les muscles ne peuvent plus se contracter et un arrêt respiratoire se produit.

8.3. IMPLICATIONS PHARMACOLOGIQUES DE LA TRANSMISSION AU NIVEAU


DE LA JONCTION NEUROMUSCULAIRE

1. Médicaments acétylcholine-mimétiques
2. Médicaments inactivant l’acétylcholinestérase
3. Médicaments bloquant la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire

8.3.1. Médicaments stimulant la fibre musculaire par une action acétylcholine-


mimétique

De nombreuses substances, parmi lesquelles la méthacholine, le carbachol, et la nicotine, ont


sur la fibre musculaire le même effet que l’acétylcholine. La différence entre ces drogues et
l’acétylcholine est que ces drogues soit ne sont pas détruites par la cholinestérase soit sont
détruites si lentement que leur action souvent persiste pendant plusieurs minutes ou quelques
heures. Ces substances agissent en causant la dépolarisation des portions localisées de la
membrane de la fibre musculaire au niveau de la plaque motrice où sont localisés les
récepteurs de l’acétylcholine. Ensuite, chaque fois que la fibre musculaire récupère d’une
contraction précédente, ces zones dépolarisées, par une fuite d’ions, initient un nouveau
potentiel d’action, causant ainsi un état de spasme musculaire.
219

8.3.2. Médicaments stimulant la jonction neuromusculaire par inactivation de


l’acétylcholinestérase

Trois médicaments particulièrement bien connus, la néostigmine, la physostigmine, et le


diisopropyl fluorophosphate, inactivent l’acétylcholinestérase dans les synapses, empêchant
ainsi l’hydrolyse de l’acétylcholine. Par conséquent, à chaque influx nerveux successif, de
l’acétylcholine additionnelle s’accumule et stimule la fibre musculaire de façon répétitive. Ce
qui cause un spasme musculaire même lorsque peu d’influx nerveux atteignent le muscle.
Malheureusement, ce spasme peut causer la mort par spasme laryngé, avec étouffement de la
personne.

La néostigmine et la physostigmine se combinent à l’acétylcholinestérase, ce qui a comme


résultat l’inactivation de l’enzyme pendant plusieurs heures ; après quoi ces substances sont
déplacées de leur liaison ce qui permet à cette dernière de redevenir à nouveau active. Ces
substances sont donc des anticholinestérases réversibles. Par contre le diisopropyl
fluorophosphate, qui a une application militaire comme un puissant gaz de combat, inactive
l’acétylcholinestérase pendant des semaines, ce qui en fait un poison particulièrement mortel.

8.3.3. Médicaments bloquant la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire

Un groupe de médicaments connus comme étant des médicaments curariformes, peuvent


bloquer le passage de l’influx de la terminaison nerveuse au muscle. Pour illustration, la D-
tubocurarine bloque l’action de l’acétylcholine sur les récepteurs cholinergiques de la fibre
musculaire, bloquant ainsi l’augmentation de la perméabilité des canaux de la membrane
musculaire pour initier un potentiel d’action.

8.4. MYASTHENIE GRAVE

La myasthénie grave, qu’on observe chez une personne sur 20,000, cause la paralysie
musculaire par suite de l’incapacité des jonctions neuromusculaires à transmettre
suffisamment de signaux des fibres nerveuses aux fibres musculaires. La pathogénie est
consécutive à la présence d’anticorps dirigés contre les canaux sodiques acétylcholine-
dépendants. Ainsi, la myasthénie grave est une maladie auto-immune au cours de laquelle les
patients développent une immunité contre leurs propres canaux ioniques acétylcholine-
dépendants.
Quelle que soit la cause, les potentiels de plaque motrice qui apparaissent dans les fibres sont
dans tous les cas trop faibles pour stimuler les fibres musculaires. Si la maladie est
220

suffisamment intense, le patient meurt de paralysie — en particulier de la paralysie des


muscles respiratoires. La maladie peut habituellement être améliorée pour plusieurs heures
par l’administration de la néostigmine ou d’autres médicaments anticholinestérases, qui
permettent à des quantités d’acétylcholine plus importantes que normalement de s’accumuler
dans l’espace synaptique. En quelques minutes, certains myasthéniques peuvent fonctionner
presque normalement, jusqu’à ce qu’une nouvelle dose de néostigmine soit requise quelques
heures plus tard.

8.5. POTENTIEL D’ACTION DU MUSCLE

Tout ce qui a été dit sur l’initiation et la conduction des potentiels d’action dans les fibres
nerveuses s’applique également aux fibres musculaires squelettiques, exceptées certaines
différences quantitatives. Voici ci-dessous quelques aspects quantitatifs des potentiels du
muscle:
1. Le potentiel de membrane de repos: environ –80 à –90 millivolts dans les fibres
squelettiques — la même valeur que dans les grosses fibres nerveuses myélinisées.
2. Durée du potentiel d’action: 1 à 5 millisecondes dans le muscle squelettique — environ
cinq fois plus longue que dans les grosses fibres nerveuses myélinisées.
3. Vitesse de conduction: 3 à 5 m/sec — environ le 1/13 de la vitesse de conduction dans les
grosses fibres nerveuses myélinisées qui excitent le muscle squelettique.

8.5.1. Propagation du potentiel d’action à l’intérieur de la fibre musculaire: fonction des


“Tubules transverses”

La fibre musculaire squelettique est si étendue que la propagation des potentiels d’action le
long du sarcolemme n’entraîne pratiquement aucun flux de courant profond dans la fibre. Et
pourtant, pour causer un maximum de contraction musculaire, le courant doit pénétrer
profondément dans la fibre musculaire pour atteindre les myofibrilles séparées adjacentes.
Cela est assuré par la transmission des potentiels d’action le long des tubules transverses
(tubules T) qui pénètrent de toute part à travers la fibre musculaire d’un côté à l’autre, comme
illustré dans la Figure 7–5. Les potentiels d’action du tubule T cause la libération des ions
calcium à l’intérieur de la fibre musculaire dans le voisinage immédiat des myofibrilles, et ces
ions calcium causent ensuite la contraction. L’ensemble de ce processus est appelé couplage
excitation-contraction.
221

8.6. COUPLAGE EXCITATION-CONTRACTION

Lorsqu’un potentiel de plaque motrice produit un potentiel d’action dans le sarcolemme, la


séquence d’événements qui survient entre le signal électrique et la contraction proprement
dite est appelée couplage excitation-contraction.Le couplage excitation-contraction passe par
les étapes suivantes :
1. Le potentiel se propage le long du sarcolemme et atteint les tubules T.
2. Lorsque le PA parvient aux triades, les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique
libèrent des ions calcium à l’intérieur du sarcoplasme, où les myofilaments peuvent les capter.
3. Une partie de ce calcium se lie à la troponine (TnC) qui change alors sa structure
tridimensionnelle, ce qui a pour effet d’écarter le tropomyosine du site de liaison sur la
molécule d’actine.
4. Les têtes de myosine se lient aux filaments d’actine et les tirent vers le milieu du sarcomère
(zone claire). Cela se produit quand le calcium intracellulaire atteint une concentration
d’environ 10-5 mol/L
5. Le signal calcique disparaît assez rapidement, habituellement moins de 30 ms après la fin
du PA. La chute de la concentration de calcium est rendue possible par la pompe à calcium,
qui utilise l’ATP et fonctionne sans arrêt pour ramener le calcium dans les tubules du RS où il
se trouve à nouveau emmagasiné ;
6. Lorsque la concentration intracellulaire de calcium est redevenue trop faible pour donner
lieu à une contraction (10 µmol/L), la tropomyosine reprend sa forme et masque à nouveau le
site de liaison, et les ATPases de la myosine sont inhibés. L’activité des têtes de myosine
prend fin et la fibre musculaire se détend.

8.6.1. Système Tubule transverse – Réticulum sarcoplasmique

La Figure 7–5 montre les myofibrilles entourées du système tubule T–réticulum


sarcoplasmique. Les tubules T sont très minces et sont disposés transversalement par rapport
aux myofibrilles. Ils ont leur origine au niveau de la membrane cellulaire et s’enfoncent de
toute part d’un côté à l’autre de la fibre musculaire. Ce que la figure ne montre pas est le fait
que ces tubules sont branches les uns aux autres au point de former des plans entiers de
tubules T enlaçant les différentes myofibrilles. Aussi, comme les tubules T ont leur origine au
niveau de la membrane cellulaire, ils sont ouverts à l’extérieur de la fibre musculaire. Ainsi,
ils communiquent avec le liquide extracellulaire entourant la fibre musculaire, et contiennent
eux-mêmes dans leur lumière le liquide extracellulaire. En d’autres termes, les tubules T sont
222

des invaginations internes de la membrane cellulaire. Par conséquent, lorsqu’un potentiel


d’action se propage à travers la membrane de la fibre musculaire, un changement de potentiel
se propage aussi le long des tubules T pour gagner la profondeur de l’intérieur de la fibre
musculaire. Les courants électriques entourant ces tubules T déclenchent ensuite la
contraction musculaire.
La Figure 7–5 montre aussi le réticulum sarcoplasmique, en beige. Il est constitué de deux
parties principales: (1) de larges chambres appelées citernes terminales, contiguës aux tubules
T, et (2) de longs tubules longitudinaux qui encerclent toutes les myofibrilles.

8.6.1.1. Réticulum sarcoplasmique

C’est un réticulum endoplasmique complexe. Son réseau de tubules enlace chaque


myofibrille. La majorité des ces tubules parcourent la myofibrille longitudinalement.
Toutefois, le réticulum sarcoplasmique forme aussi de plus grands canaux transversaux,
appelés citernes terminales, au dessus des jonctions des stries A et I. Les citernes terminales
sont accolées deux à deux au niveau de ces jonctions. La fonction principale du réticulum
sarcoplasmique consiste à régler la concentration intracellulaire de calcium ionique : il
emmagasine le calcium et le libère « sur demande » lorsqu’une stimulation entraîne la
contraction de la fibre.

8.6.1.2. Tubules transverses

A la jonction des stries A et I, le sarcolemme de la cellule musculaires pénètre à l’intérieur de


la cellule et forme ainsi un long tube nommé tubule transverse, ou tubule T, dont la lumière
communique avec le liquide interstitiel de l’espace extracellulaire. Chaque tubule T s’enfonce
loin dans la cellule, où il passe entre les paires de citernes terminales du réticulum
sarcoplasmique, formant ainsi des triades, qui sont les groupements des trois structures
membranaires (c’est-à-dire la citerne terminale située à l’extrémité d’un sarcomère, un tubule
transverse et la citerne terminale du sarcomère adjacent). En se faufilant d’une myofibrille à
l’autre, les tubules transverses encerclent chaque sarcomère. Le rôle du système T est de
transmettre rapidement le potentiel d’action du sarcolemme à toutes les myofibrilles du
muscle. En effet, la contraction musculaire est avant tout régie par les influx qui parcourent le
sarcolemme de la cellule musculaire. Etant donné que les tubules T sont en continuité avec le
sarcolemme, ils peuvent acheminer ces influx dans les régions les plus profondes de la cellule
musculaire et à chaque sarcomère. Par conséquent, les tubules T fonctionnent tel un réseau de
communication rapide : ils permettent à toutes les myofibrilles de la fibre musculaire de se
223

contracter rapidement en même temps. De plus, le tubule T constituent une voie d’entrée qui
met le liquide interstitiel (contenant du glucose, de l’oxygène et divers ions) en contact intime
avec les parties les plus profondes de la cellule musculaire.

8.6.1.3. Relation entre les éléments d’une triade

Le rôle des tubules T et celui du réticulum sarcoplasmique sont intimement liés en ce qui
concerne la transmission de signaux menant à la contraction musculaire. La relation étroite
entre ces organites a une traduction structurale au niveau de triades : à chaque triade, les
protéines du réticulum sarcoplasmique sont associées aux protéines du tubule T. Les protéines
du tubule T servent à détecter le voltage, et les protéines du réticulum sarcoplasmique sont
des récepteurs qui régissent la libération d’ions calcium depuis les citernes du réticulum
sarcoplasmique.

8.6.2. Libération des ions calcium par le réticulum sarcoplasmique

Un des aspects spécifiques du réticulum sarcoplasmique est de contenir au sein de ses tubules
et citernes un excès d’ions calcium en concentration élevée ions, et une grange quantité de ces
ions est libérée lorsqu’un potentiel d’action apparait dans le tubule adjacent.
La Figure 7–6 montre qu’un potentiel d’action du tubule T est à l’origine d’un flux de courant
à l’intérieur des citernes du réticulum sarcoplasmique adossées au tubule T. Ce qui, à son
tour, entraîne une ouverture rapide d’un grand nombre de canaux calciques à travers les
membranes des citernes et des tubules longitudinaux qui leur sont associés. Ces canaux
restent ouverts pendant quelques millisecondes; pendant ce temps, il y a libération d’une
quantité suffisante d’ions calcium dans le sarcoplasme entourant les myofibrilles pour causer
la contraction comme nous l’avons vu.

8.6.2.1. Pompe calcique et retrait des ions calcium fluide myofibrillaire après la contraction

Une fois que les ions calcium ont été libérés à partir des tubules sarcoplasmiques et diffusé
parmi les myofibrilles, la contraction musculaire se poursuit aussi longtemps que ces ions
demeurent en concentration élevée. Toutefois, la pompe à calcium localisée dans la
membrane du réticulum sarcoplasmique est continuellement active et pompe activement les
ions calcium, les retirant du fluide myofibrillaire pour les stocker à nouveau dans les tubules
sarcoplasmiques. Cette pompe peut concentrer les ions calcium environ 10,000-fois à
l’intérieur des tubules. Il y a en plus à l’intérieur de réticulum une protéine appelée
224

calséquestrine qui peut lier 40 fois plus de calcium. Le pompe à calcium du RS retire le
calcium du fluide sarcoplasmique, mettant ainsi fin à la contraction.

8.6.2.2. “Pouls” excitateur des ions Calcium

La concentration normale des ions calcium (moins de 10−7) à l’état de repos dans le fluide
cytosolique baignant les myofibrilles est trop basse pour déclencher la contraction. Ainsi
donc, le complexe troponine-tropomyosine garde les filaments d’actine inhibés et maintient
un état de relaxation du muscle.
À l’inverse, une excitation complète du système tubule T- réticulum sarcoplasmique entraîne
la libération de suffisamment d’ions calcium pour augmenter la concentration dans le fluide
myofibrillaire à des valeurs aussi élevées que 2 X 10−4 molaire, une augmentation de 500 fois,
qui est environ 10 fois le niveau requis pour causer une contraction musculaire maximale.
Immédiatement après, la pompe calcique baisse à nouveau la concentration cytosolique des
ions calcium. La durée totale de ce “pouls” de calcium est, dans une fibre musculaire
squelettique normale, de moins de 1/20 seconde environ. Cette durée peut être plusieurs fois
plus longue dans certaines fibres et plusieurs fois plus courte dans certaines autres. (Dans le
muscle cardiaque, le pouls de calcium dure environ 1/3 seconde à cause de la longue durée du
potentiel d’action cardiaque.)
Durant ce pouls de calcium, la contraction musculaire apparaît. Si la contraction se poursuit
sans interruption pendant de longs intervalles, une série de pouls de calcium devra être initiée
par une série continue de potentiels d’action répétitifs.
225

CHAPITRE 9 CONTRACTION ET EXCITATION DU MUSCLE LISSE

Al’exception du cœur, les muscles des parois des organes creux sont presque tous des muscles
lisses.

Objectifs
 Décrire les caractéristiques anatomiques du muscle lisse
 Décrire les différents types de muscle lisse
 Comparer les mécanismes contractiles du muscle lisse à ceux du muscle squelettique
 Décrire les facteurs contrôlant la contraction du muscle lisse
Plan
1. Contraction du muscle lisse
2. Contrôle nerveux et hormonal de la contraction du muscle lisse

9.1. CONTRACTION DU MUSCLE LISSE

Par rapport aux fibres musculaires squelettiques, les fibres musculaires lisses sont de
minuscules cellules : leur diamètre se situe généralement entre 1 et 5 micromètres et leur
longueur est seulement de 20 à 500 micromètres. Par comparaison, les fibres musculaires
squelettiques sont environ 30 fois plus larges et plusieurs milliers de fois plus longues. Il
existe de nombreuses similitudes dans le mécanisme de contraction des muscles lisse et
squelettique. La plus importante est que ce sont les mêmes forces attractives entre les
filaments de myosine et ceux d’actine qui sont dans la contraction aussi bien du muscle lisse
que du muscle squelettique. Toutefois, la disposition physique interne des fibres musculaires
lisses est très différente.

9.1.1. Types de muscle lisse

Le muscle lisse de chaque organe se distingue de ceux de la plupart d’autres organes par
plusieurs éléments : (1) les dimensions physiques, (2) l’organisation en couches ou en assises,
(3) la réponse à différents types de stimuli, (4) les caractéristiques de l’innervation, et (5)
fonction. Ainsi, pour des raisons de simplicité didactique, le muscle lisse est généralement
divisé en deux principaux types, qui sont illustrés dans la Figure 8–1: le muscle lisse multi-
unitaire et le muscle lisse unitaire (ou unité-unique).

9.1.1.1. Muscle lisse multi-unitaire


226

Ce type de muscle lisse est constitué des fibres musculaires lisses minces, séparées,
indépendantes les unes des autres. Chaque fibre fonctionne indépendamment des autres et est
souvent innervée par une seule terminaison nerveuse, comme dans les fibres musculaires
squelettiques. En plus, les surfaces externes de ces fibres, comme celles des fibres
musculaires squelettiques, sont recouvertes d’une fine couche d’une substance ressemblant à
la membrane basale, un mélange de fin collagène et de glycoprotéines, qui aide à isoler les
fibres les unes des autres.
La caractéristique la plus importante des fibres musculaires lisses multi-unitaires est que
chaque fibre peut se contracter indépendamment des autres, et que leur contrôle est assuré
principalement par les signaux nerveux. A l’opposé, le contrôle du muscle lisse unitaire est
exercé principalement par des stimuli non-nerveux.
Quelques exemples du muscle lisse multi-unitaire : muscles lisses des grosses voies
respiratoires et des grandes artères ; muscles érecteurs des poils, reliés aux follicules pileux ;
muscle ciliaire de l’œil et muscle iris de l’œil. Les muscles érecteurs des poils causent
l’érection des cheveux (phénomène de chair de poule) lorsqu’ils sont stimulés par le système
nerveux sympathique. Les muscles de l’œil règlent le diamètre pupillaire (iris muscle
sphincter de la pupille) et effectuent la mise au point (muscle ciliaire).

9.1.1.2. Muscle lisse unitaire

Le terme “unitaire” prête à confusion parce qu’il peut laisser penser qu’il s’agit des fibres
d’un muscle unique. Il signifie plutôt un amas de centaines ou de milliers de fibres
musculaires lisses qui se contractent ensemble comme une seule unité. Les fibres sont
habituellement disposées en couches ou assises denses, et leurs membranes cellulaires
adhèrent les unes aux autres en de multiples points à telle enseigne que la force générée dans
une fibre musculaire peut être transmise à la suivante. En plus, les membranes cellulaires sont
couplées électriquement les unes aux autres par des jonctions ouvertes à travers lesquelles les
ions peuvent circuler librement d’une cellule musculaire à la suivante. Ainsi, les potentiels
d’action ou de simples courants ioniques sans potentiels d’action peuvent cheminer d’une
fibre à une autre et amener les fibres musculaires à se contracter ensemble. Ce type de muscle
lisse est aussi connu comme muscle lisse à cause de ses interconnexions syncytiales parmi les
fibres. Il est aussi appelé muscle lisse viscéral parce qu’on le trouve dans les parois de la
plupart des viscères du corps, incluant le canal alimentaire, les conduits biliaires, les uretères,
l’utérus, et de nombreux vaisseaux sanguins.
227

9.1.2. Mécanisme de la contraction dans le muscle lisse

9.1.2.1. Bases chimiques de la contraction du muscle lisse

Le muscle lisse ne présente pas de stries transversales, d’où son nom. Il contient cependant
des filaments d’actine et de myosine qui ont des caractéristiques chimiques similaires aux
filaments d’actine et de myosine que l’on trouve dans les muscles squelettiques. Il ne semble
pas avoir de complexe de troponine qui nécessaire au contrôle de la contraction du muscle
squelettique ; le mécanisme de contrôle de la contraction est donc différent.

Les études chimiques ont montré que les filaments d’actine et de myosine du muscle lisse
interagissent entre eux de la même manière qu’ils le font dans le muscle squelettique : le
mécanisme de glissement des filaments relève donc de l’interaction de l’actine et de myosine.
En plus, la contraction finit par être déclenchée par une augmentation de la concentration
intracellulaire d’ions calcium, et de l’adénosine triphosphate (ATP) est dégradée en adénosine
diphosphate (ADP) pour fournir l’énergie de la contraction.

On note, cependant, de différences majeures dans l’organisation physique entre le muscle


lisse et le muscle squelettique, mais aussi de différences dans le couplage excitation-
contraction, dans le contrôle du processus contractile par les ions calcium, dans la durée de
contraction, et dans la quantité d’énergie requise pour la contraction.

9.1.2.2. Bases physiques de la contraction du muscle lisse

Comme dit supra, le muscle lisse n’a pas les mêmes striations faites d’une alternance de
filaments d’actine et de myosine qu’on trouve dans le muscle squelettique. A la place, les
techniques de micrographie électronique suggèrent l’organisation physique illustrée à la
Figure 8–2. Cette figure montre qu’il n’y a pas de sarcomères, mais que les filaments épais et
minces sont rassemblés en petits groupes disposés « en biais » dans la cellule, de sorte qu’il
semble suivre l’axe longitudinal de la cellule du muscle de façon hélicoïdale. On y voit
également de gros amas de filaments d’actine attachés à des structures appelées corps denses.
Les corps denses servent de points d’ancrage aux groupes de filaments minces ; ils sont donc
l’équivalent des lignes Z des muscles squelettiques. Certains de ces corps sont attachés à la
membrane cellulaire. D’autres sont dispersés à l’intérieur de la cellule. Certains corps denses
contigus au sarcolemme des cellules adjacentes sont liés ensemble par des ponts de protéines
intracellulaires. C’est principalement par l’entremise de ces liens que la force de contraction
est transmise d’une cellule à la cellule suivante.
228

Les filaments de myosine sont parsemés parmi les filaments d’actine dans la fibre musculaire.
Leur diamètre est plus du double de celui des filaments d’actine. En micrographie
électronique, on trouve habituellement 5 à 10 fois plus de filaments d’actine que de myosine.

A la droite de la Figure 8–2 nous avons une illustration de la structure suppose d’une unité
contractile individuelle au sein d’une cellule musculaire lisse : nous y voyons un grand
nombre de filaments d’actine irradiant à partir de deux corps denses; les extrémités de ces
filaments croisent un filament de myosine situé à mi-chemin entre les corps denses. Cette
unité contractile est similaire à l’unité contractile du muscle squelettique, mais sans la
régularité de la structure du muscle squelettique; en fait, les corps denses du muscle lisse joue
le même rôle que les disques Z dans le muscle lisse.

Il existe une autre différence: la plupart des filaments de myosine ont ce qu’on appelle ponts
croisés “polarisés par côté” disposés de telle façon que les ponts situés sur un côté pivotent
dans une direction et ceux situés sur l’autre côté pivotent dans la direction opposée. Cela
permet au filament de myosine de tirer le filament d’actine dans une direction sur un côté
pendant que simultanément il tire un autre filament d’actine dans la direction opposée sur
l’autre côté. L’importance de cette organisation est qu’elle permet aux cellules musculaires
lisses de se contracter à plus de 80 pour cent de leur longueur au lieu de se limiter à moins de
30 pour cent, comme dans le muscle squelettique.

9.1.2.3. Comparaison de la contraction du muscle lisse et de la contraction du muscle


squelettique

Alors que le muscle squelettique se contracte et se relaxe rapidement, le muscle lisse se


contracte de façon lente et continue : sa contraction est une contraction tonique prolongée,
durant parfois des heures ou même des jours. Par conséquent, quand on compare les
caractéristiques physiques et chimiques du muscle lisse versus muscle squelettique, on note
certaines différences. En voici quelques unes.

1° Lenteur de cycle des ponts croisés de myosine.

La rapidité avec laquelle les ponts croisés de myosine se forment et se détachent de l’actine et
ensuite se forment à nouveau pour se détacher encore est beaucoup trop lente dans le muscle
229

lisse par rapport au muscle squelettique ; en fait la fréquence du cycle formation des ponts
croisés-détachement de l’actine dans le muscle squelettique est aussi basse que 1/10 à 1/300
de celle du muscle squelettique. Ainsi, la fraction de temps que les ponts croisés restent
attachés aux filaments d’actine, qui le facteur principal déterminant la force de la force de la
contraction, est grandement augmentée dans le muscle lisse. Une des raisons pouvant
expliquer cette lenteur du cycle formation et de détachement des ponts croisés est que les têtes
de myosine ont une activité ATPasique moindre que dans le muscle squelettique; par
conséquent, la dégradation de l’ATP qui alimente les mouvements de formation de ponts
croisés par ces têtes est grandement réduite, ce qui entraîne une lenteur correspondante du
cycle.

2° Energie nécessaire à la contraction du muscle lisse

Le muscle lisse peut exercer la même tension contractile pendant delongues périodes en ne
consommant que moins de 1/10 à 1/300 de l’énergie dépensées par le muscle squelettique.
Cela est aussi le résultat de la lenteur du cycle d’attachement-détachement des ponts croisés et
parce que seulement une molécule d’ATP est nécessaire pour chaque cycle, peut importe la
durée du cycle.

Le type de contraction peu exigeant en ATP qui se produit dans les muscles lisses revêt une
extrême importance pour l’homéostasie de l’organisme. En effet, les organes comme les
intestins, la vessie, la vésicule biliaire, et les autres viscères maintiennent souvent une
contraction musculaire tonique presque indéfiniment.

3° Lenteur du début de contraction et de relaxation de la totalité du tissu musculaire lisse

Un tissu musculaire lisse typique commence à se contracter 50 à 100 millisecondes après


avoir été excité, atteint la contraction complète environ 0.5 seconde plus tard, et ensuite la
force contractile se met à diminuer en 1 à 2 secondes, donnant un temps total de contraction
de 1 à 3 secondes. Ce qui fait que par rapport au muscle squelettique, la durée de contraction
du muscle lisse est de 30 fois plus longue. Mais comme il y a tellement plusieurs types de
muscle lisse, selon leur fonctionnalité, la contraction de certains types peut durer un temps
aussi bref que 0.2 seconde ou aussi long que 30 secondes.

La lenteur dans le début de la contraction du muscle lisse, aussi bien que sa contraction
prolongée sont causées par la lenteur de l’attachement et du détachement des ponts croisés
230

avec les filaments d’actine. En plus, l’initiation de la contraction en réponse aux ions calcium
est beaucoup plus lente que dans le muscle squelettique.

4° Force de la contraction musculaire

Malgré le fait que dans le muscle lisse, il y a relativement peu de filaments de myosine, et que
le temps d’attachement-détachement des ponts croisés est plus lent, la force maximum de
contraction du muscle lisse est souvent plus grande que celle du muscle squelettique —aussi
grande que 4 à 6 kg/cm2 de tranche de section pour le muscle lisse, contre 3 à 4 kilogrammes
pour le muscle squelettique. Cette grande force de contraction du muscle lisse est due à
l’attachement prolongé des têtes de ponts croisés de myosine aux filaments d’actine.

5° Mécanisme de “loquet” pour une tenue prolongée des contractions du muscle lisse

Une fois que le muscle lisse a développé une contraction complète, la quantité d’excitation
continuelle peut généralement être réduite à niveau très bas, de loin plus bas que le niveau
initial, alors que le muscle maintient sa pleine force de contraction. En outré, l’énergie
dépensée pour maintenir la contraction est souvent très minime, parfois moins de 1/300 de
l’énergie requise pour une comparable contraction musculaire soutenue dans le muscle
squelettique. C’est ce qu’on appelle mécanisme de “loquet”.

L’importance du mécanisme de loquet réside dans le fait qu’une contraction tonique


prolongée peut ainsi être maintenue pendant des heures dans le muscle lisse avec une faible
dépense d’énergie. Un faible signal excitateur continu est requis en provenance des fibres
nerveuses ou des sources hormonales.

6° Stress-Relaxation du muscle lisse

Une autre caractéristique importante du muscle lisse, spécialement le muscle lisse unitaire
viscéral de nombreux organes creux, c’est sa capacité à revenir rapidement à la valeur initiale
de sa force de contraction quelques secondes ou minutes après avoir été étiré ou raccourci. Par
exemple, une soudaine augmentation du volume urinaire dans la vessie étire le muscle lisse de
la paroi vésicale et cause une grande augmentation de la pression dans la vessie. Cependant,
dans les prochaines 15 à 60 secondes ou plus, malgré l’étirement continu de la paroi vésicale,
la pression retourne presqu’exactement à son niveau initial. Ensuite, lorsque le volume
augmente à un autre stade, le même phénomène s’observe à nouveau.
231

A l’inverse, lorsque le volume diminue soudainement, la pression chute très bas dans un
premier temps mais augmente ensuite en quelques secondes ou minutes vers le niveau initial.
Ces phénomènes sont appelés réponses contraction-relâchement et contraction-relâchement
inverse. Leur importance est que, à l’exception de courtes périodes de temps, ils permettent
aux organes creux de maintenir la même pression à l’intérieur de leurs lumières malgré de
grandes variations de volume.

9.1.3. Régulation de la contraction par les ions calcium

Comme dans le muscle squelettique, la contraction finit par être déclenchée par une
augmentation de la concentration intracellulaire d’ions calcium. Cette augmentation peut être
cause dans différents types de muscle lisse par la stimulation nerveuse de la fibre musculaire
lisse, par la stimulation hormonale, par l’étirement de la fibre, ou même par un changement
dans l’environnement chimique de la fibre.
Puisque le muscle lisse ne contient pas de troponine, la protéine régulatrice qui est activée par
les ions calcium, sa contraction est activée un mécanisme totalement différent que nous
décrivons ci-dessous.

9.1.3.1. Rôle de la calmoduline — Activation de la myosine kinase et phosphorylation des


têtes de myosine

Le muscle lisse ne contient pas de troponine : les filaments minces n’ont pas de troponine
pour masquer le site de liaison des têtes de myosine et sont donc toujours prêts à se contracter.
À la place de la troponine, les cellules musculaires lisses contiennent une grande quantité
d’une autre protéine régulatrice appelée calmoduline. Bien que cette protéine soit semblable à
la troponine, elle s’en distingue par sa manière de déclencher la contraction. La calmoduline
déclenche la contraction en activant les ponts croisés de myosine. Située sur les filaments de
myosine, la calmoduline agit en association avec une kinase appelée kinase des chaînes
légères de la myosine ou MLC kinase, qui fait partie des filaments de myosine. La séquence
d’événement est la suivante :
1. Les ions calcium se lient à la calmoduline, et l’activent ;
2. La combinaison calmoduline-calcium se lie à la myosine kinase, une enzyme
phosphorylante, et l’active;
3. L’une de chaînes légères de chaque tête de myosine, appelée chaîne régulatrice,
devient phosphorylée en réponse à cette myosine kinase. Lorsque cette chaîne n’est
pas phosphorylée, le cycle attachement-détachement de la tête de myosine avec le
232

filament d’actine ne se produit pas. Mais lorsque la chaîne régulatrice est


phosphorylée, la tête a la capacité de se lier de manière répétitive au filament d’actine
et de cheminer dans le processus complet du cycle de “tractions,” intermittentes, le
même que dans le muscle squelettique, qui cause alors la contraction musculaire.
9.1.3.2. Fin de la contraction — Rôle de la myosine phosphatase

Le muscle lisse se détend quand la concentration intracellulaire des ions calcium diminue.
Lorsque la concentration intracellulaire des ions calcium chute à niveau critique, les
processus ci-haut mentionnés s’inversent automatiquement, à l’exception de la
phosphorylation de la tête de myosine. L’inversion de cette étape exige l’action d’une autre
enzyme, la myosine phosphatase, située dans les liquides de la cellule musculaire lisse, qui
enlève le phosphate de la chaîne légère régulatrice. Ensuite le cycle attachement-détachement
s’arrête et la contraction cesse. Le temps nécessaire à la relaxation de la contraction
musculaire, est ainsi déterminé en grande partie par la quantité de myosine phosphatase active
dans la cellule.

9.1.3.3. Mécanisme évoqué de la régulation du phénomène de loquet

À cause de son importance dans le muscle lisse, et parce qu’il permet le maintien à long terme
d’un tonus dans plusieurs muscles lisses des organes sans une grande dépense d’énergie, le
phénomène de loquet a fait l’objet de plusieurs hypothèses explicatives. Parmi plusieurs
mécanismes évoqués, l’un des plus simples est le suivant.
Lorsque les enzymes myosine kinase et myosine phosphatase sont toutes deux fortement
activées, la fréquence du cycle des têtes de myosine et la vitesse de la contraction sont
élevées. Ensuite, comme l’activation des enzymes diminue, la fréquence du cycle des têtes de
myosine diminue, mais au même moment, la désactivation de ces enzymes permet aux têtes
de myosine de demeurer attachées au filament d’actine pendant plus longtemps et dans une
plus grande proportion de la période du cycle. Ainsi donc, le nombre de têtes de myosine
attachées au filament d’actine à un moment donné reste important. Et comme le nombre de
têtes de myosine attachées au filament d’actine détermine la force statique de la contraction,
la tension est maintenue, ou “loquée”; alors peu d’énergie est utilisée par le muscle, parce que
l’ATP n’est pas dégradée en ADP sauf dans de rares occasions lorsqu’une tête se détache.

9.2. CONTROLE NERVEUX ET HORMONAL DE LA CONTRACTION DU MUSCLE


LISSE
233

Contrairement aux myocytes squelettiques dont les contractions résultent exclusivement


d’influx nerveux, le myocyte lisse peut se contracter en réponse à plusieurs types de signaux :
nerveux, hormonaux, étirement du muscle, et de plusieurs autres types. La raison principale
de cette différence est que la membrane du myocyte lisse contient de nombreux types de
récepteurs protéiques pouvant déclencher le processus contractile. Il existe aussi d’autres
récepteurs protéiques pouvant inhiber la contraction du myocyte lisse ; c’est là une autre
différence avec le myocyte squelettique. Dans cette section, nous exposons le contrôle
nerveux de la contraction du muscle lisse, suivi du contrôle hormonal et d’autres moyens de
contrôle.

9.2.1. Jonctions neuromusculaires du muscle lisse

9.2.1.1. Anatomie physiologique des jonctions neuromusculaires du muscle lisse

Les muscles lisses ne possèdent pas de terminaisons neuromusculaires très élaborées comme
celles du muscle squelettique. Par contre, les fibres nerveuses autonomiques qui innervent le
muscle lisse généralement se ramifient de façon diffuse au dessus d’une couche de fibres
musculaires, comme le montre la Figure 8–3.

Dans la plupart des cas, ces fibres n’entrent pas en contact direct avec les membranes des
myocytes lisses mais plutôt par l’entremise des structures dénommées varicosités axonales; ce
sont de nombreux renflement bulbeux formé à la terminaison des neurofibres du système
autonome. Ces varicosités libèrent le neurotransmetteur dans une large fente synaptique,
d’une largeur de quelques nanomètres à quelques micromètres, située dans la région des
cellules musculaires lisses. Ces jonctions sont appelées jonctions diffuses. Le
neurotransmetteur diffuse ensuite vers les myocytes. En outre, là où il y a plusieurs couches
de myocytes, les fibres nerveuses, souvent, n’innervent que la couche la plus externe, et
l’excitation musculaire chemine de cette couche externe vers les couches plus en profondeur
par la propagation du potentiel d’action dans la masse musculaire ou par une diffusion
additionnelle du neurotransmetteur.
Les axones qui innervent les myocytes lisses ne possèdent pas les ramifications typiques de la
terminaison axonale de type plaque motrice des myocytes squelettiques. A la place, la plupart
de fines terminaisons axonales ont de multiples varicosités distribuées le long de leurs axes.
Au niveau de ces points les cellules de Schwann qui recouvrent les axones s’interrompent de
manière que le neurotransmetteur peut être sécrété par les parois des varicosités. Dans les
varicosités se trouvent des vésicules semblables à celles de la plaque motrice du muscle
234

squelettique contenant le neurotransmetteur. Mais, contrairement aux vésicules des jonctions


du muscle squelettique qui contiennent toujours de l’acétylcholine, les vésicules des
terminaisons des fibres nerveuses autonomiques contiennent de l’acétylcholine dans certaines
fibres et de la noradrénaline dans d’autres — et parfois d’autres substances éventuellement.

Dans peu de cas, particulièrement dans le muscle lisse de type multi-unitaire, la distance qui
sépare les varicosités de la membrane du myocyte est de moins de 20 à 30 nanomètres — la
même largeur que la fente synaptique de la jonction du muscle squelettique. Ces jonctions
sont appelées jonctions de contact, et fonctionnent de beaucoup de la même manière que la
jonction neuromusculaire du muscle squelettique; la rapidité de contraction des ces fibres
musculaires lisses est de loin plus grande que celle des fibres stimulées par les jonctions
diffuses.

9.2.1.2. Neurotransmetteurs excitateurs et inhibiteurs sécrétés au niveau de la jonction


neuromusculaire du muscle lisse

Les neurotransmetteurs les plus importants sécrétés par les nerfs autonomiques innervant le
muscle lisse sont l’acétylcholine et la noradrénaline. Toutefois, ces substances ne sont jamais
sécrétées par les mêmes fibres nerveuses. L’acétylcholine est neurotransmetteur excitateur des
fibres musculaires lisses dans certains organes mais inhibiteur dans d’autres organes. Lorsque
l’acétylcholine excite une fibre musculaire, la noradrénaline, normalement l’inhibe.
Inversement, lorsque l’acétylcholine inhibe une fibre, la noradrénaline, normalement l’excite.

Cette différence dans la réponse à la présence d’un neurotransmetteur s’explique par la nature
des récepteurs membranaires auxquels se lie le neurotransmetteur. Toutes les deux,
l’acétylcholine et la noradrénaline excitent ou inhibent le muscle lisse par leur liaison à un
récepteur protéique sur la surface de la membrane du myocyte. Certains des récepteurs
protéiques sont excitateurs, alors que d’autres sont inhibiteurs. Ainsi, c’est le type de
récepteur qui détermine si le muscle lisse est inhibé ou excite et aussi lequel de deux
neurotransmetteurs, acétylcholine ou noradrénaline, est excitateur ou inhibiteur.

9.2.2. Potentiels de membrane et potentiels d’action dans le muscle lisse

9.2.2.1. Potentiels de membrane dans le muscle lisse


235

Le niveau quantitatif du voltage du potentiel de membrane du muscle lisse dépend de la


condition du muscle au moment de la mesure. A l’état normal de repos, le potentiel
intracellulaire est habituellement d’environ −50 à −60 millivolts, soit environ 30 millivolts
moins négatif que dans le muscle squelettique.

9.2.2.2. Potentiels d’action dans le muscle lisse unitaire

Dans le muscle lisse unitaire (comme un viscéral par exemple), les potentiels d’action
apparaissent de la même façon que dans le muscle squelettique. Normalement, dans de
nombreux muscles lisses multi-unitaires, si pas dans la plupart d’entre eux, il n’apparaît pas
de potentiel d’action.

Les potentiels d’action du muscle lisse viscéral se présentent sous l’une de deux formes
suivantes: (1) potentiels de pointe ou (2) potentiels d’action avec plateau.

9.2.2.2.1. Potentiels de pointe. Des potentiels de pointe typiques, comme ceux qui s’observe
dans le muscle squelettique, apparaissent dans la plupart des muscles lisses unitaires. La durée
de ce type de potentiel d’action est de 10 à 50 millisecondes, comme illustré à la Figure 8–4A.
de tels potentiels d’action peuvent être déclenchés de plusieurs façons, par exemple, par la
stimulation électrique, par l’action des hormones sur le muscle lisse, par l’action des
neurotransmetteurs à partir des fibres nerveuses, par l’étirement, ou à la suite d’une génération
spontanée dans la fibre musculaire elle-même.

9.2.2.2.2. Potentiels d’action avec plateau. La Figure 8–4C montre un potentiel d’action avec
plateau d’un muscle lisse. Le début de ce potentiel d’action est semblable à celui du potentiel
de pointe typique. Toutefois, au lieu d’une repolarisation rapide de la membrane de la fibre
musculaire, le repolarisation est retardée de plusieurs centaines à plus d’un millier de
millisecondes (quelques secondes). L’importance du plateau est qu’il rend compte de la
contraction prolongée qui survient dans certains types de muscle lisse, comme l’uretère,
l’utérus sous certaines conditions, et certains types de muscle lisse vasculaire. Ce type de
potentiel d’action est également observe dans les fibres musculaires cardiaques qui ont une
période de contraction prolongée.

9.2.2.3. Canaux calciques et genèse du potentiel d’action dans le muscle lisse


236

La membrane cellulaire du myocyte lisse possède de loin plus de canaux calciques voltage-
dépendants que le myocyte squelettique mais moins de canaux sodiques voltage-dépendants.
Ainsi donc, le sodium participe moins dans la genèse du potentiel d’action dans la plupart des
muscles lisses. A la place, c’est le flux des ions calcium vers l’intérieur de la fibre qui est le
principal facteur responsable du potentiel d’action. Cela se produit de la même manière
autorégénérative que pour les canaux sodiques dans les fibres nerveuses et musculaires
squelettiques. Cependant, les canaux calciques s’ouvrent de loin plus lentement que les
canaux sodiques, et aussi demeurent ouverts pendant plus longtemps. Cette propriété est en
grande partie responsable du plateau prolongé des potentiels d’action de certaines fibres
musculaires lisses.
Un autre aspect important de l’entrée de l’ion calcium dans les cellules durant le potentiel
d’action est que les ions calcium agissent directement sur le mécanisme contractile du muscle
lisse pour causer la contraction. Ainsi, le calcium fait d’une pierre deux coups.

9.2.2.4. Potentiels d’onde lente dans le muscle lisse unitaire et genèse spontanée des potentiels
d’action

Certains muscles lisses sont auto-excitables. En d’autres termes, ils peuvent produire eux-
mêmes des potentiels d’action en l’absence de tout stimulus externe. Cette propriété est
souvent associée à un rythme d’ondes lentes de base du potentiel de membrane. Une onde
lente typique du muscle lisse de l’intestin est illustrée à la Figure 8–4B. L’onde lente elle-
même n’est pas un potentiel d’action. Ceci étant, elle n’est pas non plus un processus
autorégénératif qui se propage progressivement par-dessus les membranes des fibres
musculaires. Il s’agit plutôt d’une propriété locale des fibres musculaires lisses qui prépare la
masse musculaire.

L’origine du rythme d’ondes lentes est inconnue. Il a été suggéré que les ondes lentes sont
causes par l’accroissement et le décroissement du pompage des ions positifs (probablement
les ions sodium) en dehors à travers la membrane de la fibre musculaire; ainsi, le potentiel de
membrane devient plus négatif lorsque le sodium est pompé rapidement et moins négatif
lorsque le pompage du sodium devient moins actif. Une autre hypothèse est que les
conductances des canaux ioniques augmentent et diminuent de façon rythmique.

L’importance des ondes lentes est que, lorsqu’elles sont suffisamment fortes, elles peuvent
déclencher un potentiel d’action. Les ondes lentes ne peuvent pas causer par elles-mêmes la
contraction musculaire, mais lorsque le pic du potentiel négatif d’onde lente sur le versant
237

intracellulaire augmente vers des valeurs moins négatives de −60 à environ −35 millivolts (le
seuil approximatif du déclenchement des potentiels d’action dans la plupart des muscles lisses
viscéraux), un potentiel d’action se développe et se propage par-dessus la masse musculaire.
Ensuite la contraction survient. La Figure 8–4B illustre cet effet, montrant qu’au pic de
chaque onde lente, un ou plusieurs potentiels d’action apparaissent. Ces séquences répétitives
des potentiels d’actions déclenchent les contractions rythmiques de la masse du muscle lisse.
Ainsi donc, les ondes lentes sont appelées ondes pacemaker. En Physiologie digestive, il est
dit que ce type d’activité pacemaker contrôle les contractions rythmiques de l’intestin.

9.2.2.5. Excitation du muscle lisse viscéral par l’étirement du muscle

Lorsque le muscle lisse viscéral (unitaire) est étiré suffisamment, des potentiels d’action
spontanés sont généralement produits. Ils sont le résultat de la combinaison (1) de potentiels
d’onde lente normaux et (2) de la diminution de la négativité globale du potentiel de
membrane causée par l’étirement lui-même. Cette réponse à l’étirement permet à la paroi
intestinale, lorsqu’elle excessivement étirée, de se contracter de façon automatique et
rythmique. Par exemple, lorsque l’intestin est rempli du contenu intestinal, des contractions
automatiques locales souvent créent des ondes péristaltiques qui déplacent le contenu hors de
l’intestin rempli, habituellement vers la direction de l’anus.

9.2.2.6. Dépolarisation du muscle multi-unitaire en l’absence de potentiels d’action

Les fibres musculaires lisses du muscle lisse multi-unitaire (comme le muscle iris de l’œil ou
le muscle pilo-érecteur de chaque cheveu) normalement se contractent principalement en
réponse à des stimuli nerveux. Les terminaisons nerveuses sécrètent de l’acétylcholine pour
certains muscles lisses multi-unitaires et de la noradrénaline pour d’autres. Dans les deux cas,
le neurotransmetteur cause la dépolarisation de la membrane du muscle lisse, ce qui, à son
tour, déclenche la contraction. Généralement, il ne se développe pas de potentiels d’action; la
raison en est que ces fibres sont trop minces pour produire un potentiel d’action. (Lorsque des
potentiels d’action sont produits dans un muscle lisse viscéral unitaire, 30 à 40 fibres
musculaires lisses doivent se dépolariser simultanément avant qu’un potentiel d’action auto-
propagé ne s’ensuive.) Toutefois, les petites cellules musculaires lisses, même sans un
potentiel d’action, la dépolarisation locale (appelée le potentiel de jonction) causée par le
neurotransmetteur se propage elle-même “électroniquement” à travers la fibre entière et c’est
tout ce qui est requis pour causer la contraction musculaire.
238

9.2.3. Effet des facteurs tissulaires locaux et des hormones pour causer la contraction en
l’absence des potentiels d’action

Probablement la moitié de l’ensemble de la contraction du muscle lisse est initiée par des
facteurs stimulants qui agissent directement sur la machinerie contractile du muscle lisse et en
l’absence de potentiels d’action. Deux types de facteurs stimulants non-nerveux et non–
potentiel d’action initiant souvent impliqués sont (1) les facteurs chimiques tissulaires locaux
et (2) les diverses hormones.

9.2.3.1. Contraction du muscle lisse en réponse aux facteurs chimiques tissulaires locaux

Le muscle lisse vasculaire des petits vaisseaux (artérioles, méta-artérioles et sphincters pré-
capillaires) se contracte ou se dilate en réponse à des stimuli chimiques. Cette propriété est à
la base du contrôle du débit sanguin tissulaire local (Voir Physiologie cardio-vasculaire). En
effet, les vaisseaux les plus petits ont peu ou pas d’innervation ; or le muscle lisse est très
contractile, répondant rapidement aux changements des conditions chimiques locales dans le
liquide interstitiel environnant.
A l’état normal de repos, plusieurs de ces petits vaisseaux sanguins demeurent contractés.
Mais lorsqu’un supplément de flux sanguin vers le tissu s’avère nécessaire, de multiples
facteurs peuvent relaxer la paroi vasculaire, permettant ainsi une augmentation du débit. C’est
de cette façon qu’un puissant système de rétroaction local contrôle le débit sanguine tissulaire
local. Ci-dessous quelques facteurs spécifiques de contrôle:
1. L’hypoxie tissulaire locale est à l’origine d’une relaxation du muscle lisse et, donc, d’une
vasodilatation.
2. L’excès de dioxyde de carbone cause la vasodilatation.
3. L’augmentation de la concentration d’ions hydrogène cause la vasodilatation.
L’adénosine, l’acide lactique, l’augmentation des ions potassium, la diminution de la
concentration de l’ion calcium, et l’augmentation de la température corporelle sont tous des
facteurs pouvant causer une vasodilatation locale.

9.2.3.2. Effets des hormones sur la contraction du muscle lisse

La plupart d’hormones circulant dans le sang affectent la contraction du muscle lisse à


certains degrés, et certaines ont des effets profonds. Parmi les plus importantes d’entre elles
nous avons la noradrénaline, l’adrénaline, l’acétylcholine, l’angiotensine, l’endothéline, la
vasopressine, l’ocytocine, la sérotonine, et l’histamine.
239

Une hormone cause la contraction d’un muscle lisse lorsque la membrane du myocyte lisse
contient des récepteurs excitateurs hormone-dépendants à cette hormone. Inversement,
l’hormone cause l’inhibition si la membrane contient des récepteurs inhibiteurs pour
l’hormone plutôt que des récepteurs excitateurs.

9.2.3.3. Mécanismes de l’excitation ou inhibition du muscle lisse par les hormones ou les
facteurs tissulaires locaux

Certains récepteurs d’hormone dans la membrane du muscle lisse ouvrent des canaux
ioniques sodiques ou calciques et dépolarisent la membrane, de la même façon qu’après une
stimulation nerveuse. Parfois des potentiels d’action sont produits, ou alors des potentiels
d’action qui sont sur le point de se produire peuvent être amplifiés. Dans d’autres cas, la
dépolarisation survient en l’absence de tout potentiel d’action, et cette dépolarisation permet à
l’ion calcium d’entrer à l’intérieur de la cellule et d’initier la contraction.

L’inhibition, au contraire, s’observe lorsque l’hormone (ou un autre facteur tissulaire) ferme
les canaux sodiques et calciques empêchant l’entrée de ces cations; l’inhibition apparait aussi
si les canaux potassiques, fermés à l’état normal, s’ouvrent, laissant sortir les ions potassium
positifs hors de la cellule. Toutes ces deux actions accroissent le degré de négativité sur le
versant intracellulaire de la membrane du myocyte, un état appelé hyperpolarisation, qui
inhibe fortement la contraction musculaire.

Parfois la contraction or l’inhibition du muscle lisse est initiée par les hormones sans qu’il y
ait un quelconque changement du potentiel de membrane. Dans ces cas, l’hormone active un
récepteur membranaire qui n’ouvre ni ne ferme des canaux ioniques mais entraîne un
changement interne dans la fibre musculaire, comme par exemple une libération des ions
calcium à partir du réticulum sarcoplasmique intracellulaire; le calcium ensuite induit la
contraction. Pour inhiber la contraction, d’autres mécanismes ont été identifiés au niveau des
récepteurs; par exemple l’activation des enzymes membranaires adénylcyclase ou
guanylcyclase dans la membrane cellulaire. Certains récepteurs (des récepteurs couplés à la
protéine G) ont des portions faisant protrusion vers l’intérieur de la cellule. Ces portions sont
couplées à ces enzymes, causant la formation de l’adénosine monophosphate cyclique
(cAMP) ou de la guanosine monophosphate cyclic (cGMP), substances aussi dites « seconds
messagers ». L’AMPc ou la GMPc a de nombreux effets, dont l’un est de changer le degré de
phosphorylation de plusieurs enzymes qui inhibent indirectement la contraction. Par exemple,
il y a activation de pompe qui retire les ions calcium du fluide sarcoplasmique pour les
240

stocker à l’intérieur du réticulum sarcoplasmique; il y a également activation de la pompe


calcique membranaire qui expulse les ions calcium hors de la cellule. Ces effets réduisent la
concentration sarcoplasmique de l’ion calcium, par conséquent inhibent la contraction.

Le muscle lisse présente une grande diversité quant à comment il initie la contraction ou la
relaxation en réponse aux différents hormones, neurotransmetteurs et autres substances. Dans
certains cas, la même substance peut causer soit la relaxation soit la contraction du muscle
lisse dans différentes localisations. Par exemple, la noradrénaline inhibe la contraction du
muscle lisse dans l’intestin mais stimule la contraction du muscle lisse dans les vaisseaux
sanguins.

9.2.4. Source d’ions calcium à l’origine de la contraction

(1) à travers la membrane cellulaire et (2) à partir du réticulum sarcoplasmique

Dans le muscle lisse, le processus contractile est activé, comme dans le muscle squelettique,
par les ions calcium ions; toutefois, la source de ces ions diffère. Le réticulum
sarcoplasmique, pourvoyeur de la quasi-totalité des ions calcium activant la contraction du
muscle squelettique, est beaucoup moins développé dans la plupart des muscles lisses. A la
place, la quasi-totalité des ions calcium activant la contraction entre dans le myocyte à partir
du liquide extracellulaire au moment du potentiel d’action ou d’un autre stimulus. En effet, il
existe un immense gradient chimique en faveur de l’entrée des ions calcium dans le myocyte:
la concentration des ions calcium dans le liquide extracellulaire est supérieure à 10−3 molaire,
en comparaison avec moins de 10−7molaire à l’intérieur du myocyte lisse. Cet immense
gradient chimique est à l’origine d’une diffusion rapide des ions calcium vers l’intérieur de la
cellule dès que les pores calciques s’ouvrent. Le temps nécessaire à l’apparition de cette
diffusion avoisine les 200 à 300 millisecondes et est appelé période de latence avant le début
de la contraction. Comparé au muscle squelettique, la période de latence de la contraction du
muscle lisse est environ 50 fois plus grande.

9.2.4.1. Rôle du réticulum sarcoplasmique du muscle lisse

La Figure 8–5 montre des tubules sarcoplasmiques peu développés de certains grands
myocytes lisses : ces tubules cheminent près du sarcolemme. On y voit également de petites
241

invaginations du sarcolemme, appelées cavéoles, accolées aux surfaces de ces tubules. Les
cavéoles correspondent à un analogue rudimentaire du système des tubules transverses du
muscle squelettique. Lorsqu’un potentiel d’action est transmis aux cavéoles, la libération des
ions calcium à partir des tubules sarcoplasmiques accolés est déclenchée de la même manière
que le potentiel d’action dans les tubules transverses du muscle squelettique cause la
libération des ions calcium à partir des tubules sarcoplasmiques longitudinaux. D’une manière
générale, dans une fibre musculaire lisse, plus le réticulum sarcoplasmique est développé, plus
rapidement la fibre se contracte.

9.2.4.2. Effet du changement de la concentration extracellulaire de l’ion calcium sur la


contraction du muscle lisse

Alors que le changement de la concentration extracellulaire de l’ion calcium au départ de la


normale a peu d’effet sur la force de contraction dans le muscle squelettique, cela n’est pas
vrai pour le muscle lisse. Lorsque la concentration extracellulaire de l’ion calcium chute à
environ 1/3 à 1/10 de la normale, la contraction du muscle lisse habituellement cesse. Par
conséquent, la force de la contraction du muscle lisse est habituellement hautement
dépendante de la concentration extracellulaire de l’ion calcium.

9.2.4.3. Relaxation du muscle lisse: rôle des pompes calciques

Pour que survienne la relaxation du muscle lisse après la contraction, les ions calcium doivent
être retires du fluide sarcoplasmique. Cette élimination est assurée par les pompes caciques
qui pompent les ions hors de la fibre musculaire lisse, les retournant dans le liquide
extracellulaire, ou dans la lumière du réticulum sarcoplasmique, si ce dernier est présent. La
pompe calcique du réticulum sarcoplasmique du muscle lisse est à action lente en
comparaison avec la pompe calcique à action rapide du réticulum sarcoplasmique du muscle
squelettique. C’est ainsi que la contraction d’un muscle lisse isolé souvent dure des secondes
contre quelques centièmes à quelques dixièmes de seconde, dans un muscle squelettique.

Tableau 9.1. Comparaison des muscles squelettique, cardiaque et lisse


242

Squelettique Cardiaque Lisse


Caractéristique
Situation Attachée aux os ou à la Parois du cœur Unitaires : parois des organes
peau viscéraux (autres que le cœur) ;
Multi-unitaire : œil (muscle
ciliaire et sphincter de la pupille)
Forme et apparence des Cylindriques très longue, Chaînes ramifiées de Cellules autonomes, fusiformes,
cellules cellules autonomes, cellules ; à un ou deux mononucléees, non striées
multinucléées et portant noyaux ; striés.
des stries transversales
évidentes
Tissus conjonctifs Epimysium. Périmysium et Endomysium fixé au Endomysium
endomysium squelette fibreux du
cœur
Présence de myofibrilles Oui Oui, mais l’épaisseur des Non, mais les filaments d’actine
composées de sarcomère myofibrilles est irrégulier et de myosine sont présents
dans toutes la cellule ; les corps
denses et les bandes denses
ancrent les filaments d’actine

Présence de tubules T et Oui ; deux dans chaque Oui ; un dans chaque Non.
site de l’invagination sarcomère aux jonctions sarcomère aux lignes Z ;
A-I diamètre plus important
que dans les muscles
squelettiques
Réticulum Oui Moins que dans le muscle Equivalent de celui du muscle
sarcoplasmique squelettique (1 à 8 % du cardiaque.
développé volume cellulaire)
citernes terminales rares
Les fibres ont des Oui Non Oui, dans les muscles multi
terminaisons unitaires.
neuromusculaires
séparées
Régulation de la Volontaire, par l’entremise Involontaire ; régulation Involontaires ; neurofibres
contraction des terminaisons axonales par un système autonomes, hormones,
du système nerveux intrinsèque; régulation substances chimiques au niveau
somatique également par le local, étirement
système nerveux
autonomes hormones;
étirement
Source de Ca2+ pour le Réticulum sarcoplasmique RS et liquide RS et liquide interstitiel
signal électrique (RS) interstitiel
Présence d’un centre Non Oui Oui (dans les muscles unitaires
rythmogène seulement)
Effet de la stimulation Excitation Excitation ou inhibition Excitation ou inhibition
nerveuse
Vitesse de la contraction Lente à rapide Lente Très lente
Contractions rythmiques Non Oui Oui, dans les muscles unitaires
Réponse à l’étirement La force de contraction La force de contraction Réponse contraction
augmente avec le degré augmente avec le degré relâchement
d’étirement (jusqu’à une d’étirement
certaine valeur)
Respiration Aérobie et anaérobie Aérobie Surtout anaérobie
243

PARTIE
III Métabolisme et Thermorégulation
1. Métabolisme des hydrates de carbone, et formation de l’ATP
2. Métabolisme des lipides
3. Métabolisme des protéines
4. Le foie : Organe métabolique
5. Equilibre alimentaire; Régulation de l’appétit; Obésité et Maigreur ;
Vitamines et Minéraux
6. Bioénergétique et taux du métabolisme
7. Température corporelle, Thermorégulation, et fièvre
244

CHAPITRE 10 METABOLISME DES HYDRATES DE CARBONE, ET FORMATION


DE L’ADENOSINE TRIPHOSPHATE (ATP)

Ce chapitre et les quelques chapitres qui suivent traitent du métabolisme du corps humain qui
est une gamme incroyable de réactions biochimiques nécessaire au maintien de la vie. Le but
poursuivi dans ce cours n’étant pas de présenter les détails chimiques de toutes les différentes
réactions cellulaires, chose qui sera faite dans le cours de Biochimie, nous nous bornerons (1)
à passer en revue les principaux processus chimiques dans les cellules et (2) à analyser leurs
implications physiologiques, spécialement la manière dont ils s’agencent dans le concept
global d’homéostasie.

10.1. GENERALITES SUR LE METABOLISME

Le métabolisme (metabolê = changement) est l’ensemble de réactions par lesquelles les


nutriments passent à l’intérieur des cellules de l’organisme. Au cours du métabolisme, des
substances sont continuellement élaborées et dégradées. Les cellules consomment de l’énergie
pour pouvoir extraire des nutriments une plus grande quantité d’énergie, puis elles utilisent
cette même énergie pour subvenir à leurs besoins. Même au repos, l’organisme dépense
beaucoup d’énergie.

10.1.1. Libération de l’énergie à partir des aliments, et concept d’“Energie libre”

Une grande proportion de réactions chimiques dans les cellules porte sur l’extraction de
l’énergie disponible dans les aliments et son utilisation par les différents systèmes
physiologiques cellulaires. Par exemple, il faut de l’énergie pour alimenter l’activité
contractile musculaire, la sécrétion glandulaire, le maintien des potentiels de membrane par
les cellules excitables, la synthèse des substances dans les cellules, l’absorption des
nutriments au niveau du tractus gastro-intestinal, et plusieurs autres fonctions.

10.1.1.1. Réactions couplées

Tous les aliments énergétiques — hydrates de carbone, lipides, et protéines — peuvent être
oxydés dans les cellules, et tout au long de ce processus, de quantités considérables d’énergie
sont libérées. Ces mêmes aliments peuvent également être brûlés avec de l’oxygène pur en
dehors du corps dans un feu: il en résultera également la libération de grandes quantités
d’énergie; dans ce cas, cependant, l’énergie est libérée soudainement, en totalité sous forme
de chaleur. Les processus physiologiques cellulaires n’utilisent pas une énergie sous forme de
245

chaleur, mais plutôt une énergie capable de causer un mouvement mécanique pour le cas de la
fonction musculaire, de concentrer les solutés pour le cas de la sécrétion glandulaire, et
d’effectuer plusieurs autres fonctions ou tâches. Pour fournir cette énergie dont les cellules
ont besoin, les réactions chimiques doivent être “couplées” aux systèmes responsables de ces
fonctions physiologiques. Ce couplage est accompli par des systèmes enzymatiques
cellulaires spéciaux de transfert d’énergie. Certains de ces systèmes seront brièvement
présentés dans ce chapitre et dans les chapitres suivants.

10.1.1.2. “Energie libre”

La quantité d’énergie libérée par l’oxydation complète d’un aliment est appelée énergie libre
de l’oxydation de l’aliment concerné, et est habituellement représenté par le symbole ∆G.
L’énergie libre est habituellement exprimée en termes de calories par mole de substance. Par
exemple, la quantité d’énergie libre libérée par l’oxydation complète d’1 mole (180 grammes)
de glucose est 686,000 calories.

10.1.2. Rôle de l’Adénosine triphosphate (ATP) dans le métabolisme

L’adénosine triphosphate (ATP) est le lien essentiel entre les fonctions utilisatrices et les
fonctions productrices d’énergie de l’organisme (Figure 10–1). C’est ainsi que l’ATP, qui est
appelé arbre de transmission de l’énergie de l’organisme, peut être formé et dépensé de
manière répétitive.

L’énergie provenant de l’oxydation des nutriments (hydrates de carbone, protéines, et lipides)


est utilisée pour convertir l’adénosine di-phosphate (ADP) en ATP, qui est ensuite consommé
dans de nombreux processus physiologiques indispensables à la survie de l’organisme : (1) le
transport actif des molécules à travers les membranes cellulaires; (2) la contraction des
muscles et l’accomplissement d’un travail mécanique; (3) de nombreuses réactions de
synthèse pour former les hormones, les membranes cellulaires, et plusieurs autres molécules
essentielles du corps; (4) la conduction des influx nerveux; (5) la division et la croissance
cellulaires; et (6) de nombreuses autres fonctions physiologiques indispensables au maintien
et à la propagation de la vie.

L’ATP est un composé chimique labile présent dans toutes les cellules. Sa structure chimique
est montrée dans la Figure 10–2. Dans cette structure, on voit que l’ATP est une combinaison
d’adénine, ribose, et trois radicaux phosphates. Les deux derniers radicaux phosphate sont
246

attachés au reste de la molécule par des liaisons haute-énergie, qui sont indiquées par le
symbole ~. La quantité d’énergie libre de ces liaisons haute-énergie par mole d’ATP est
d’environ 7300 calories sous les conditions standard et 12,000 calories sous les conditions de
température et de concentrations des réactifs dans l’organisme. Ainsi donc, dans l’organisme,
l’ablation de chacun de deux derniers radicaux phosphates libère environ 12,000 calories
d’énergie. Après la perte d’un radical phosphate, le compose devient l’ADP, et après la perte
du second radical phosphate, il devient l’adénosine mono-phosphate (AMP).

Les inter-conversions entre l’ATP, l’ADP, et l’AMP sont les suivantes:

L’ATP est un composé ubiquitaire: on le trouve dans toutes les cellules, aussi bien dans le
cytoplasme que dans le nucléoplasme ; et pratiquement tous les processus physiologiques
nécessitant de l’énergie pour leur déroulement tirent cette énergie directement de l’ATP (ou
d’un autre composé haute-énergie similaire — la guanosine triphosphate [GTP]). En
contrepartie, les aliments sont progressivement oxydés dans les cellules, et l’énergie ainsi
libérée est utilisée pour former de nouvelles molécules d’ATP, maintenant un apport
permanent de cette substance. Tous ces transferts d’énergie se déroulent au moyen des
réactions couplées.

L’objectif principal de ce chapitre est d’expliquer comment l’énergie libérée par la


dégradation des hydrates de carbone peut être utilisée pour la formation de l’ATP dans les
cellules. Normalement, 90 pour cent ou plus de tous les hydrates de carbone utilisés par
l’organisme servent à cette fin.

10.2. ROLE CENTRAL DU GLUCOSE DANS LE METABOLISME DES HYDRATES DE


CARBONE

Les produits finaux de la digestion des hydrates de carbone dans le tractus digestif sont
presque toujours le glucose, le fructose, et le galactose — le glucose représentant en moyenne
environ 80 pour cent de l’ensemble de ces monosaccharides. Après leur absorption dans le
tractus intestinal, la majeure partie du fructose et presque tout le galactose sont rapidement
convertis en glucose dans le foie. Ainsi donc, peu de fructose et de galactose sont présents
247

dans le sang circulant. Le glucose devient dès lors la voie commune finale pour le transport de
presque tous les hydrates de carbone aux cellules des tissus.
Dans les hépatocytes, il existe des enzymes appropriées pour assurer des inter-conversions
parmi les monosaccharides — glucose, fructose, et galactose — comme illustré dans la Figure
10–3. En outré, les dynamiques des réactions sont telles que lorsque le foie libère des
monosaccharides en retour dans le sang, le produit final est presqu’entièrement le glucose.
Cela s’explique par le fait que le foie contient de grandes quantités de glucose phosphatase :
c’est ainsi que le glucose-6-phosphate peut être dégradé en glucose et phosphate, et le glucose
peut ensuite être transporté à travers la membrane cellulaire de l’hépatocyte pour retourner
dans le sang.
En fois de plus, l’attention doit être attirée sur le fait qu’habituellement plus de 95 pour cent
de tous les monosaccharides qui circulent dans le sang le sont sous la forme du produit final
de conversion, le glucose.

10.3. TRANSPORT TRANSMEMBRAIRE DU GLUCOSE

Avant que les cellules des tissus de l’organisme ne puissant l’utiliser, le glucose doit traverser
la membrane cellulaire et se retrouver dans le cytoplasme. Or, le glucose ne diffuse pas
aisément à travers les pores de la membrane cellulaire à cause de sa taille: les particules qui
diffusent sans difficulté ont un poids moléculaire de 100 au maximum alors que celui du
glucose est de 180. Ainsi, le glucose ne peut passer à l’intérieur des cellules avec une certaine
facilité que par un mécanisme de diffusion facilitée. Les principes de ce mode de transport ont
été discutés dans une section de ce cours.
La diffusion facilitée est le mode de transport du glucose à travers les membranes de
quasiment toutes les cellules des tissus de l’organisme. Cependant, au niveau des épithéliums
sécrétant ou absorbants — comme l’épithélium gastro-intestinal ou l’épithélium tubulaire
rénal — le transport du glucose se fait selon une modalité tout à fait différente : le co-
transport actif sodium-dépendant. Ce mécanisme de sodium-dépendant fonctionne seulement
dans les cellules épithéliales spéciales qui spécifiquement adaptées pour l’absorption active du
glucose.

10.3.1. Diffusion facilitée du glucose: rôle de l’insuline

Le taux de transport du glucose, comme celui de certains autres monosaccharides, est


grandement accru par l’insuline. Lorsque de grandes quantités d’insuline sont sécrétées par le
pancréas, le taux de transport du glucose à l’intérieur des cellules augmente de 10 fois ou plus
248

par rapport au taux de transport en l’absence de l’insuline. Inversement, en l’absence de


l’insuline, les quantités de glucose pouvant diffuser à l’intérieur des cellules de l’organisme, à
l’exception des neurones cérébraux et des hépatocytes, sont trop faibles pour assurer un
apport en glucose normalement requis pour le métabolisme énergétique. En fait, le taux
d’utilisation du glucose dans la plupart des cellules est contrôlé par le taux de sécrétion de
l’insuline par le pancréas.

10.3.2. Phosphorylation du glucose

Immédiatement après son entrée dans les cellules, le glucose se combine à un radical
phosphate selon la réaction suivante:

Cette phosphorylation est catalysée principalement par les enzymes glucokinase dans le foie
et hexokinase dans la plupart d’autres cellules. La phosphorylation du glucose est presque
toujours totalement irréversible sauf dans les hépatocytes, les cellules épithéliales tubulaires
rénales, et les cellules épithéliales intestinales; dans ces cellules, une autre enzyme, le glucose
phosphatase, est aussi disponible, et quand cette enzyme est activée, elle peut inverser la
réaction. Dans la plupart de tissus du corps, la phosphorylation sert à capturer le glucose dans
la cellule. Ceci parce qu’à la suite de cette liaison quasi instantanée au phosphate, le glucose
ne pourra plus rétrodiffuser à l’extérieur, sauf dans les cellules spéciales, spécialement les
hépatocytes, qui possèdent la phosphatase.

10.4. LE GLYCOGENE

Une fois à l’intérieur de la cellule, le glucose peut être immédiatement utilisé pour libérer de
l’énergie pour les besoins de la cellule, ou être stocké sous forme de glycogène, qui est un
gros polymère de glucose.
Toutes les cellules de l’organisme sont capables de stocker au moins une certaine quantité de
glycogène. Mais certaines cellules peuvent stocker des quantités beaucoup plus importantes:
c’est le cas notamment des hépatocytes, qui peuvent stocker plus de 5 à 8 pour cent de leur
poids sous forme de glycogène, et des cellules musculaires, qui peuvent stocker plus de 1 à 3
pour cent glycogène. Les molécules de glycogène peuvent se polymériser quasiment à l’infini,
atteignant en moyenne un poids moléculaire de 5 million ou plus; la majeure partie du
glycogène précipite sous forme de granules solides.
249

Cette conversion des monosaccharides en un composé de haut poids moléculaire qui précipite
(le glycogène) rend possible le stockage de grandes quantités d’hydrates de carbone sans qu’il
y ait une altération significative de la pression osmotique des liquides intracellulaires. En
effet, de hautes concentrations des monosaccharides solubles de faible poids moléculaire
pourrait interférer avec les relations osmotiques entre les liquides intracellulaire et
extracellulaire.

10.4.1. Processus de formation du glycogène — La glycogénogenèse

Les réactions chimiques impliquées dans la glycogénogenèse sont reprises dans la Figure 10–
4. Dans cette figure, on peut voir que le glucose-6-phosphate peut devenir le glucose-1-
phosphate; ce dernier est converti en uridine di-phosphate glucose, lequel est finalement
converti en glycogène. Plusieurs enzymes spécifiques sont nécessaires à ces conversions, et
tout monosaccharide qui peut être converti en glucose peut entrer dans ces réactions. Certains
composes plus petits, comme l’acide lactique, le glycérol, l’acide pyruvique, et quelques
acides aminés désaminés, peuvent également être convertis en glucose ou en composés
apparentés et ensuite être convertis en glycogène.

10.4.2. Mobilisation du glycogène stocké — La glycogénolyse

La glycogénolyse (= destruction, dégradation du glycogène) signifie la dégradation du


glycogène cellulaire stocké pour reformer du glucose dans les cellules. Le glucose peut
ensuite être utilisé pour fournir de l’énergie. La glycogénolyse ne se déroule pas par inversion
des réactions chimiques ayant servi à la formation du glycogène; à la place, les molécules de
glucose sont arrachées une à une sur chaque branche du polymère de glycogène, par
phosphorylation. La réaction est catalysée par une enzyme, la phosphorylase.
Dans les conditions de repos, la phosphorylase est sous une forme inactive, et le glycogène
demeure stocké. Quand il s’avère nécessaire de reformer du glucose à partir du glycogène, la
phosphorylase doit d’abord être activée. Cette activation peut se faire par plusieurs voies,
parmi lesquelles l’activation par les hormones.
Deux hormones, l’adrénaline et le glucagon, peuvent activer la phosphorylase et par
conséquent induire une glycogénolyse rapide. L’effet initial de chacune de ces hormones est
de favoriser la formation de l’AMP cyclique dans les cellules, et l’AMP cyclique va initier
une cascade de réactions chimiques qui activent la phosphorylase.
250

10.4.2.1. Adrénaline

C’est une hormone libérée par la médulla surrénale en réponse à une stimulation du système
nerveux sympathique. Ainsi donc, l’une des fonctions du system nerveux sympathique est
d’accroître la disponibilité du glucose pour un métabolisme énergétique rapide. Cette fonction
de l’adrénaline apparaît de façon marquée dans les hépatocytes et le muscle, contribuant ainsi,
avec les autres effets de la stimulation sympathique, à préparer l’organisme à l’action.

10.4.2.2. Glucagon

C’est une hormone sécrétée par les cellules alpha du pancréas lorsque la concentration
sanguine du glucose chute trop bas. Le glucagon stimule la formation de l’AMP cyclique
principalement dans les hépatocytes, ce qui à son tour favorise la conversion du glycogène
hépatique en glucose et la libération de ce dernier dans le sang, ce qui élève la concentration
sanguine du glucose.

10.5. LIBERATION DE L’ENERGIE DE LA MOLECULE DE GLUCOSE: LA


GLYCOLYSE

Puisque l’oxydation complète d’une molécule-gramme de glucose libère 686,000 calories


d’énergie et que seulement 12,000 calories d’énergie sont nécessaires pour 1 molécule-
gramme d’ATP, l’énergie serait gaspillée si le glucose était oxydé en eau et dioxyde de
carbone dans une réaction instantanée, semi-explosive pour former une seule molécule
d’ATP. Fort heureusement, toutes les cellules du corps possèdent des enzymes protéiques
spéciales qui permettent une dégradation progressive de la molécule de glucose dans un
processus complexe, lent, progressif qui libère de l’énergie graduellement, en petites quantités
utilisables sous forme de composés spéciaux phosphates haute énergie ou ATP. L’énergie
produite par la dégradation du glucose sert donc à former une molécule d’ATP à la fois,
donnant ainsi un total de 38 moles d’ATP pour chaque mole de glucose métabolisée par les
cellules.
Les réactions chimiques qui se déroulent au cours des processus par lesquels la molécule de
glucose est progressivement dégradée sont décrites en Biochimie.
Le processus de dégradation de la molécule de glucose et de l’extraction de l’énergie y
contenue pour former l’ATP peut se résumer en trois étapes :
251

1° glycolyse et formation d’acide pyruvique ;


2° conversion de l’acide pyruvique en acétyl-coenzyme A et cycle de l’acide citrique (ou de
Krebs) ;
3° phosphorylation oxydative

10.5.1. Glycolyse et formation d’acide pyruvique

La glycolyse c’est la scission de la molécule de glucose pour former deux molécules d’acide
pyruvique. Elle glycolyse se déroule en 10 réactions chimiques successives, chacune étant
catalysée par au moins une enzyme spécifique. A l’issue de l’étape de glycolyse, le gain net
en molécules d’ATP est de seulement 2 moles pour chaque mole de glucose utilisée. Ce qui
chiffre à 24,000 calories l’énergie transférée à l’ATP, alors qu’au cours de la glycolyse, un
total de 56,000 calories d’énergie a été dégagé du glucose, donnant une efficacité globale de
la formation d’ATP de seulement 43 pour cent. Les 57 pour cent d’énergie restants ont été
perdus sous forme de chaleur.

10.5.2. Conversion de l’acide pyruvique en acétyl-coenzyme A et cycle de l’acide citrique

La prochaine étape dans la dégradation du glucose est la conversion en deux temps de deux
molécules d’acide pyruvique en deux molécules d’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA), selon la
réaction ci-dessous:

On voit que dans cette réaction deux molécules de dioxyde de carbone et quatre atomes
d’hydrogène sont libérés, alors que les parties restantes des deux molécules d’acide pyruvique
se combinent au coenzyme A, un dérivé de la vitamine acide pantothénique, pour former deux
molécules d’acétyl-CoA. Dans cette conversion, il n’y a d’ATP formé, mais plus de six
molécules d’ATP seront formées lorsque les quatre atomes d’hydrogène seront oxydés.
252

La conversion de l’acide pyruvique en acétyl-coenzyme A est suivie du cycle de l’acide


citrique (ou cycle de l’acide tricarboxylique ou cycle de Krebs). C’est une séquence de
réactions chimiques au cours desquelles la partie acétyle de l’acétyl-CoA est dégradée en
dioxyde de carbone et atomes d’hydrogène. Ces réactions se déroulent toutes dans la matrice
mitochondriale. Les atomes d’hydrogène libérés s’ajoutent au nombre de ces atomes qui
seront oxydés dans la suite, libérant d’énormes quantités d’énergie pour former de l’ATP.

Le cycle de l’acide citrique en lui-même ne libère pas une grande quantité d’énergie; dans
seulement une de réactions chimiques —lors du changement de l’aide cétoglutarique à l’acide
succinique— il se forme une molécule d’ATP. Ainsi, pour chaque molécule de glucose
métabolisée, deux molécules d’acétyl-CoA entrent dans le cycle de l’acide citrique, chacune
formant une molécule d’ATP, soit un total de deux molécules d’ATP formées.

10.5.2.1. Fonction des déshydrogénases et du NAD

Comme dit supra, des atomes d’hydrogène sont libérés durant les différentes réactions
chimiques du cycle de l’acide citrique —4 atomes d’hydrogène lors de la glycolyse, 4 lors de
la formation d’acétyl-CoA à partir de l’acide pyruvique, et 16 dans le cycle de l’acide
citrique ; ce qui fait un total de 24 atomes d’hydrogène libérés pour chaque molécule de
glucose de départ. Cependant, les atomes d’hydrogène ne sont pas simplement rejetés dans le
liquide intracellulaire. A la place, ils sont libérés en paquets de deux, et dans chaque cas, cette
libération est catalysée par une enzyme protéique spécifique appelée une déshydrogénase.
Vingt de 24 atomes d’hydrogène se combinent immédiatement au nicotinamide adénine di-
nucléotide (NAD+), un dérivé de la vitamine niacine, dans la réaction suivante:

Cette réaction nécessite l’action catalytique d’une déshydrogénase spécifique et la présence


du NAD+ qui agit comme transporteur d’hydrogène. En effet, l’ion hydrogène libre et
l’hydrogène liés au NAD+ interviennent ensuite dans de multiples réactions chimiques
d’oxydation qui forment d’énormes quantités d’ATP.
253

Les quatre atomes d’hydrogène restants libérés au cours de la dégradation du glucose— les
quatre libérés au cours du cycle de l’acide citrique entre les stades des acides succinique et
fumarique — se combinent à une déshydrogénase spécifique mais ne sont pas ensuite libérés
sur le NAD+. A la place, ils passent directement de la déshydrogénase au processus oxydatif.

Les déshydrogénases et le NAD ont pour fonction de causer la libération des atomes
d’hydrogène dans le cycle de l’acide citrique.

10.5.2.2. Fonction des décarboxylases

En se référant encore aux réactions chimiques du cycle de l’acide citrique et de la formation


de l’acétyl-CoA à partir de l’acide pyruvique, on remarque qu’il y a trois étapes au cours
desquels le dioxyde de carbone est libéré. Pour causer la libération du dioxyde de carbone,
d’autres protéines enzymatiques spécifiques, appelées décarboxylases, détachent le dioxyde
de carbone du substrat. Le dioxyde de carbone est ensuite dissout dans les liquides corporels
et transporté aux poumons où il est éliminé de l’organisme.

10.5.3. Phosphorylation oxydative

Malgré toute la complexité de leurs réactions chimiques, la glycolyse, le cycle de l’acide


citrique, la déshydrogénation et la décarboxylation ne permettent que la formation des
quantités incroyablement petites d’ATP : deux molécules d’ATP à l’issue de la glycolyse et
deux autres dans le cycle de l’acide citrique, pour chaque molécule de glucose métabolisée.

Par contre, il se forme de grandes quantités d’ATP par oxydation de l’hydrogène, processus
qu’on appelle phosphorylation oxydative. En effet, presque 90 pour cent du total de l’ATP
généré par le métabolisme du glucose sont formés au cours de l’oxydation subséquente des
atomes d’hydrogène qui ont été libérés au cours des étapes initiales de la dégradation du
glucose dégradation. Ainsi, la finalité ultime de toutes ces étapes initiales est rendre
l’hydrogène de la molécule de glucose disponible dans des formes permettant son oxydation.

L’oxydation de l’hydrogène se fait, comme illustré dans la Figure 10–7, par une série de
réactions catalysées par les enzymes dans les mitochondries. Ces réactions (1) détachent
chaque atome d’hydrogène en un ion hydrogène et un électron et (2) utilisent les électrons
éventuellement pour combiner l’oxygène dissous des liquides aux molécules d’eau pour
former les ions hydroxyle. Ensuite l’hydrogène et les ions hydroxyle se combinent l’un à
l’autre pour forme de l’eau. Au cours de cette séquence de réactions oxydatives, d’énormes
254

quantités d’énergie sont libérées pour former l’ATP. Ce processus de formation de l’ATP est
appelé phosphorylation oxydative. Il se déroule totalement dans les mitochondries par un
processus hautement spécialisé appelé mécanisme chimiosmotique.

10.5.4. Mécanisme de la formation de l’ATP dans la mitochondrie : la chimiosmose

Les étapes de la phosphorylation oxydative sont les suivantes : 1° ionisation des atomes
d’hydrogène, 2° transport des électrons dans la chaîne de transport d’électrons, 3° pompage
des protons dans l’espace inter-membranaire de la mitochondrie et 4° formation de l’ATP.

10.5.4.1. Ionisation de l’hydrogène

La première étape de la phosphorylation oxydative dans les mitochondries est l’ionisation des
atomes d’hydrogène qui ont été arrachés des substrats énergétiques. Comme souligné plus
haut, ces atomes d’hydrogène sont arrachés par paires: un devient immédiatement un ion
hydrogène, H+; l’autre se combine au NAD+ pour former le NADH. La partie supérieure de la
Figure 10–7 montre le sort ultérieur du NADH et de l’ion H+. Le premier effet est de libérer
l’autre atome d’hydrogène du NADH pour former un autre ion hydrogène, H+; ce qui
reconstitue le NAD+ qui sera alors réutilisé encore et encore.

10.5.4.2. Transport des électrons dans la chaîne de transport d’électrons

Les électrons arrachés des atomes d’hydrogène— et dont la perte est à l’origine de
l’ionisation de l’hydrogène— entrent immédiatement dans une chaîne de transport d’électrons
constituée d’accepteurs d’électrons qui font partie intégrante de la membrane interne (la
membrane repliée) de la mitochondrie. Les accepteurs d’électrons peuvent, de façon
réversible, être réduits ou oxydés en acceptant ou en cédant des électrons. Les membres
importants de cette chaîne de transport d’électrons comprennent la flavoprotéine, plusieurs
protéines sulfate de fer, l’ubiquinone, et les cytochromes B, C1, C, A, et A3. Chaque est
transporté d’un de ces accepteurs au suivant, jusqu’à ce qu’il atteigne finalement le
cytochrome A3, qui est appelé cytochrome oxydase parce qu’il est capable de céder deux
électrons à l’oxygène élément et par conséquent le réduire pour former l’oxygène ionique,
lequel se combine aux ions hydrogène pour former l’eau. Ainsi, la Figure 10–7 montre le
transport des électrons à travers la chaîne de transport d’électrons et ensuite leur utilisation
ultime par le cytochrome oxydase pour causer la formation des molécules d’eau. Durant le
transport de ces électrons à travers la chaîne de transport d’électrons, l’énergie est libérée et
va servir à la synthèse d’ATP.
255

10.5.4.3. Pompage des protons dans l’espace inter-membranaire

Comme les électrons passent à travers la chaîne des transporteurs des électrons, de grandes
quantités d’énergie sont libérées. Cette énergie est utilisée pour pomper les ions hydrogène de
l’espace matriciel à l’espace inter-membranaire (de droite à gauche dans la Figure 10–7). Ce
pompage crée une haute concentration des ions hydrogène positivement chargés dans l’espace
inter-membranaire ; il crée aussi un puissant potentiel électrique négatif dans l’espace
matriciel.

10.5.4.4. Formation de l’ATP

L’étape suivante dans la phosphorylation oxydative est la conversion de l’ADP en ATP. Elle a
lieu grâce à une grande molécule protéique qui traverse toute l’épaisseur de la membrane
interne mitochondriale, faisant protrusion dans la matrice avec une tête en forme de bouton.
Cette molécule est une ATPase, dont la structure physique est illustrée dans la Figure 10–7.
Elle est appelée ATP synthétase.

La concentration élevée d’ions hydrogène positivement chargés dans l’espace inter-


membranaire et l’énorme différence de potentiel électrique de part et d’autre de la membrane
interne sont à l’origine d’un flux d’ions hydrogène vers l’espace matriciel à travers la
substance de la molécule d’ATPase. En rentrant dans la matrice, l’énergie provenant du
mouvement de ces ions hydrogène est utilisée par l’ATPase pour convertir l’ADP en ATP en
combinant l’ADP à un radical phosphate ionique libre (Pi), ajoutant ainsi une autre liaison
phosphate haute-énergie à la molécule.

L’étape finale du processus de production d’énergie est le transfert de l’ATP de la


mitochondrie au cytoplasme cellulaire. Ce transfert se fait par diffusion facilitée à travers la
membrane interne mitochondriale, puis par diffusion simple à travers la membrane externe
mitochondriale. A son tour, l’ADP est continuellement transférée dans l’autre direction pour
sa conversion continue en ATP. Pour chaque deux électrons qui passent à travers la chaîne
entière des transporteurs des électrons (ce qui représente l’ionisation de deux atomes
hydrogène), plus de trois molécules d’ATP sont synthétisées.

10.5.5. Résumé de la formation de l’ATP durant le catabolisme du glucose

Nous pouvons maintenant déterminer le nombre total de molécules d’ATP qui, sous les
conditions optimales, peuvent être formées par l’énergie libérée par une molécule de glucose.
256

1. Au cours de la glycolyse, quatre molécules d’ATP sont formées, et deux sont dépensées
pour causer la phosphorylation initiale du glucose qui permet au processus de s’enclencher.
Ce qui donne un gain net de deux molécules d’ATP.
2. Au cours de chaque révolution du cycle de l’acide citrique, une molécule d’ATP est
formée. Toutefois, comme chaque molécule de glucose se scinde en deux molécules d’acide
pyruvique, il y a deux révolutions du cycle pour chaque molécule de glucose métabolisée,
donnant une production nette de deux molécules supplémentaires d’ATP.
3. Durant l’entièreté de la dégradation du glucose, un total de 24 atomes d’hydrogène est
libéré au cours de la glycolyse et du cycle de l’acide citrique. Vingt de ces atomes sont oxydés
selon le schéma du mécanisme chimiosmotique montré dans la Figure 10–7, avec la libération
de trois molécules d’ATP par deux atomes d’hydrogène métabolisé. Ce qui donne 30
molécules additionnelles d’ATP.
4. Les quatre atomes d’hydrogène restants sont libérés par leurs déshydrogénases dans le
processus oxydatif chimiosmotique dans la mitochondrie au-delà de la première étape de la
Figure 67–7. Deux molécules d’ATP sont habituellement libérées pour chaque deux atomes
d’hydrogène oxydés, donnant ainsi un total de quatre molécules d’ATP supplémentaires.

En additionnant toutes les molécules d’ATP formées, nous trouvons un maximum de 38


molécules d’ATP formées pour chaque molécule de glucose dégradée en dioxyde de carbone
et eau. Ainsi, 456,000 calories d’énergie peuvent être stockées sous forme d’ATP, alors que
686,000 calories sont libérées lors de l’oxydation complète de chaque molécule-gramme de
glucose. Ce qui représente une efficacité maximum globale de transfert d’énergie de 66 pour
cent. Les 34 per cent d’énergie restants deviennent de la chaleur, et ne peuvent par conséquent
pas être utilisés par les cellules pour accomplir des fonctions spécifiques.

10.5.6. Contrôle de la libération de l’énergie à partir du glycogène stocké en cas de


besoin supplémentaire d’énergie: effet des concentrations cellulaires d’ATP et d’ADP
dans le contrôle du taux de la glycolyse

Une libération continuelle de l’énergie à partir du glucose lorsque les cellules n’en ont pas
besoin pourrait s’avérer comme du gaspillage. C’est ainsi que la glycolyse et l’oxydation
subséquente des atomes d’hydrogène sont contrôlées, étroitement et de façon continue, en
conformité aux besoins cellulaires en ATP. Ce contrôle est assuré par de nombreux
mécanismes de contrôle par rétroaction négative à l’intérieur des systèmes chimiques. Parmi
les plus importants de ces mécanismes de contrôle, on trouve les effets des concentrations
257

cellulaires de l’ADP et de l’ATP dans le contrôle des taux des réactions chimique dans la
séquence du métabolisme énergétique.

Par exemple, l’ATP inhibe la phosphofructokinase. Comme cette enzyme favorise la


formation du fructose-1,6-diphosphate, l’une des étapes initiales dans la série des réactions de
la glycolyse, l’effet global d’un excès d’ATP cellulaire sera de ralentir ou même de stopper la
dégradation du glucose, ce qui à son tour arrête le métabolisme des hydrates de carbone.
Inversement, l’ADP (et aussi l’AMP) a un effet opposé sur l’activité de cette enzyme : il
l’augmente considérablement. Chaque fois que l’ATP est utilisée par les tissus pour alimenter
la grande partie de Presque toutes les réactions chimiques intracellulaires, il se produit une
diminution de son effet sur la phosphofructokinase et au même moment il y a accroissement
de l’activité de cette enzyme à cause de l’excès de l’ADP formé. Ainsi, le processus de
dégradation du glucose est mis en branle, et le stock total d’ATP cellulaire renfloué.

Un autre niveau de contrôle est représenté par l’ion citrate formé au cours du cycle de l’acide
citrique. Un excès de cet ion inhibe fortement la phosphofructokinase, empêchant ainsi en
amont le processus glycolytique de fournir au cycle de l’acide citrique l’acide pyruvique qui
aura été formé à l’issue de la glycolyse.

Une troisième voie par laquelle le système ATP-ADP-AMP contrôle le métabolisme des
hydrates de carbone, mais aussi la libération de l’énergie par les lipides et les protéines, est la
suivante : si tout l’ADP cellulaire est convertie en ATP, il ne se forme plus d’ATP
supplémentaire tout simplement. Comme résultat, toute la séquence impliquée dans
l’utilisation des nutriments —glucose, graisses, et protéines— pour former l’ATP s’arrête.
Ensuite, lorsque l’ATP est utilisée pour alimenter les différentes fonctions physiologiques
cellulaires, l’ADP et l’AMP nouvellement formées allument de nouveau le processus de
libération de l’énergie, et ces deux produits retournent à l’état d’ATP. De cette façon, un stock
essentiellement plein d’ATP est maintenu automatiquement, sauf durant une activité cellulaire
extrême, comme un exercice très intense.

10.5.7. Libération anaérobique de l’énergie— “Glycolyse anaérobique”

Il arrive que l’oxygène ne soit pas disponible ou qu’il soit insuffisant, au point que les
phosphorylations oxydatives ne se déroulent pas. Même dans ces conditions là, une petite
quantité d’énergie peut encore être libéré aux cellules par l’étape glycolytique de la
258

dégradation des hydrates de carbone. En effet, les réactions chimiques impliquées dans la
dégradation du glucose en acide pyruvique n’exigent pas la présence de l’oxygène.

Ce processus est extrêmement dispendieux pour le glucose, parce que seulement 24,000
calories d’énergie sont utilisées pour former l’ATP pour chaque molécule de glucose
métabolisée, ce qui représente seulement un peu plus de 3 pour cent de l’énergie totale dans la
molécule de glucose. Toutefois, cette libération de l’énergie glycolytique aux cellules, qui est
appelée l’énergie anaérobique, peut s’avérer une mesure salvatrice pour quelques minutes
lorsque l’oxygène devient non disponible.

10.5.7.1. Formation de l’acide lactique durant la glycolyse anaérobique: libération de


l’énergie extra anaérobique

La loi d’action des masses stipule que lorsque les produits finaux d’une réaction chimique
s’accumulent dans une réaction réversible, le taux de la réaction diminue, approchant zéro.
Les deux produits finaux des réactions glycolytiques (voir Figure 10–5) sont (1) l’acide
pyruvique et (2) les atomes d’hydrogène combinés au NAD+ pour former le NADH et l’ion
H+. L’accumulation d’un ou de ces deux produits pourrait stopper le processus glycolytique et
prévenir une formation ultérieure d’ATP. Lorsque leurs quantités commencent à devenir
excessives, ces deux produits finaux réagissent l’un avec l’autre pour former l’acide lactique,
selon l’équation suivante:

Ainsi, dans les conditions d’anaérobiose, la grande partie d’acide pyruvique est convertie en
acide lactique, qui diffuse rapidement hors des cellules dans le liquide extracellulaire et même
dans le liquide intracellulaire d’autres cellules moins actives. Par conséquent, l’acide lactique
259

représente une sorte de “trou d’évier” dans lequel les produits finaux de la glycolyse peuvent
disparaître, permettant ainsi à la glycolyse de se poursuivre le plus longtemps possible.
Effectivement, la glycolyse ne pourrait durer que quelques secondes sans cette conversion.
Grace à cette conversion, elle peut au contraire durer plusieurs minutes, alimentant le corps
avec de considérables extra quantités d’ATP, même en l’absence de l’oxygène respiratoire.

10.5.7.2. Reconversion de l’acide lactique en acide pyruvique lorsque l’oxygène est à


nouveau disponible

Lorsque l’on se remet à respire à nouveau de l’oxygène après une période de métabolisme
anaérobique, l’acide lactique est rapidement reconverti en acide pyruvique et NADH plus H+.
De larges quantités de ces métabolites sont immédiatement oxydées pour former de grandes
quantités d’ATP. Cet excès d’ATP est à l’origine d’un excès d’acide pyruvique dont les trois
quarts seront reconvertis à nouveau en glucose.

Ainsi donc, les grandes quantités d’acide lactique produites lors de la glycolyse anaérobique
ne sont pas perdues par l’organisme parce que, lorsque l’oxygène est à nouveau disponible,
l’acide lactique peut être soit reconverti en glucose ou directement utilisé pour l’énergie. La
majeure partie de cette reconversion se déroule dans le foie, mais une petite partie se déroule
aussi dans d’autres tissus.

10.5.7.3. Utilisation de l’acide lactique pour la production de l’énergie par le cœur

Le muscle cardiaque est spécialement capable de convertir l’acide lactique en acide pyruvique
et ensuite utiliser l’acide pyruvique pour l’énergie. Ceci survient à grande échelle durant un
exercice intense, lorsque de grandes quantités d’acide lactique sont déversées dans le sang par
les muscles squelettiques et brulées comme une source d’énergie extra par le cœur.

10.6. LIBERATION DE L’ENERGIE DU GLUCOSE: LA VOIE DES PENTOSES


PHOSPHATE

Dans presque tous les muscles du corps, essentiellement tous les hydrates de carbone utilisés
pour la production de l’énergie sont dégradés en acide pyruvique par la glycolyse et ensuite
oxydés. Cependant, ce système de la glycolyse n’est pas l’unique voie par laquelle le glucose
peut être dégradé et utilisé pour fournir de l’énergie. Il existe un second mécanisme important
pour la dégradation et l’oxydation glucose qu’on appelle la voie des pentoses phosphate (ou la
260

du phosphogluconate) ; cette voie est responsable du catabolisme de plus de 30 pour cent de


glucose dans le foie et même plus que cela dans les cellules adipeuses.

Cette voie est spécialement importante parce qu’elle peut pourvoir de l’énergie
indépendamment de toutes les enzymes du cycle de l’acide citrique et constitue ainsi une voie
alternative pour le métabolisme énergétique lorsque certaines anomalies enzymatiques
apparaissent dans les cellules. Elle a une capacité spéciale de fournir de l’énergie aux
multiples processus cellulaires de synthèse.

10.6.1. Libération du dioxyde de carbone et de l’hydrogène dans la voie des pentoses


phosphate

Les réactions chimiques fondamentales de la voie des pentoses phosphate aboutissent à la


transformation du glucose, après plusieurs étapes de conversion, en un sucre à cinq carbone,
le D-ribulose. Cette substance peut être changée progressivement en plusieurs autres sucres à
cinq, quatre, sept et trois carbone. Finalement, les diverses combinaisons de ces sucres peut
synthétiser à nouveau le glucose. Toutefois, seulement cinq molécules de glucose sont
synthétisées pour chaque six molécules de glucose initialement introduites dans les réactions.
C’est le cycle des pentoses phosphate qui est un processus cyclique dans lequel une molécule
de glucose est métabolisée dans chaque révolution du cycle. Ainsi, en repentant le cycle
encore et encore, la totalité du glucose peut éventuellement être convertie en dioxyde de
carbone et en hydrogène, et l’hydrogène peut entrer dans la voie de la phosphorylation
oxydative pour former de l’ATP; le plus souvent, cependant, cette voie métabolique est
utilisée pour la synthèse d’autres substances, notamment les graisses.

10.6.2. Utilisation de l’hydrogène pour la synthèse des lipides; fonction du NADP

Contrairement à la voie glycolytique, l’hydrogène libéré lors du cycle des pentoses phosphate
ne se combine pas au NAD+, mais plutôt au nicotinamide adénine di-nucléotide phosphate
(NADP+), qui est presqu’identique au NAD+ mais qui s’en distingue par la par la présence
d’un radical phosphate, P. cette différence est extrêmement significative, parce que seul
l’hydrogène fixé au NADP+ dans la forme du NADPH peut être utilisé pour la synthèse des
graisses à partir des hydrates de carbone et pour la synthèse de quelques autres substances.

Lorsque la voie glycolytique de l’utilisation du glucose se ralentit à la suite d’une inactivité


cellulaire, la voie des pentoses phosphate demeure opérationnelle (principalement dans le
foie) pour réduire l’excès de glucose qui continue à être transporté à l’intérieur des cellules, et
261

le NADPH devient abondant pour aider à la conversion de l’acétyl-CoA, aussi dérivé du


glucose, en de longues chaines d’acides gras. Il s’agit là d’une autre voie par laquelle
l’énergie de la molécule de glucose est utilisée à des fins autres que la formation de l’ATP —
dans ces cas de figure, pour la formation et le stockage des graisses dans le corps.

10.7. CONVERSION DU GLUCOSE EN GLYCOGENE OU EN LIPIDES

Lorsque le glucose n’est pas immédiatement nécessaire pour la libération de l’énergie, le


glucose extra qui continue à pénétrer dans les cellules est soit stocké sous forme de glycogène
soit converti en graisses. Le glucose est préférentiellement stocké sou forme de glycogène
jusqu’à ce que la capacité de stockage des cellules soit atteint —une quantité suffisante pour
fournir les besoins énergétiques corporels pour seulement 12 à 24 heures.

Lorsque les cellules stockant le glycogène (premièrement les hépatocytes et les cellules
musculaires) approchent la saturation avec le glycogène, le supplément de glucose est
converti en graisses dans le foie et dans les cellules adipeuses et stocké comme graisses dans
les cellules adipeuses.

10.8. FORMATION DES HYDRATES DE CARBONE A PARTIR DES PROTEINES ET


DES LIPIDES— LA “GLUCONEOGENESE”

Lorsque le stock corporel d’hydrates de carbone baisse en dessous d’un seuil critique, des
quantités modérées de glucose peuvent être formées à partir d’acides aminés et de la partie
glycérol des graisses. Ce processus est appelé la gluconéogenèse.

La gluconéogenèse est spécialement importante dans la prévention d’une réduction excessive


de la concentration sanguine du glucose pendant le jeûne. Le glucose est le substrat
énergétique primaire dans les tissus comme le cerveau et les globules rouges sanguins, et des
quantités adéquates de glucose doivent être présentes dans le sang pendant plusieurs heures
entre les repas. Le foie joue un rôle clé dans le maintien des taux sanguins du glucose pendant
le jeûne en convertissant le glycogène stocké en glucose (glycogénolyse) et en synthétisant le
glucose, principalement à partir du lactate et des acides aminés (gluconéogenèse).
Approximativement 25 pour cent de la production hépatique du glucose pendant la période de
jeûne proviennent de la gluconéogenèse, aidant à assurer un apport suffisant de glucose au
cerveau. En cas de jeûne prolongé, les reins synthétisent également de quantités considérables
de glucose à partir d’acides aminés et d’autres précurseurs.
262

Environ 60 pour cent d’acides aminés des protéines corporelles peuvent facilement être
convertis en hydrates de carbone; les 40 pour cent restants ont des configurations chimiques
qui rendent cette conversion difficile, voire impossible. Chaque acide aminé est converti en
glucose par un processus chimique légèrement différent. Par exemple, l’alanine peut être
directement convertie en acide pyruvique par simple désamination; l’acide pyruvique est
ensuite converti en glucose ou en glycogène stocké. Plusieurs des acides aminés plus
compliqués peuvent être convertis en différents sucres contenant trois, quatre, cinq ou sept
atomes de carbone; ils peuvent ensuite emprunter la voie du phosphogluconate et
éventuellement former le glucose. Ainsi, au moyen de la désamination plus plusieurs inter-
conversions simples, beaucoup d’acides aminés peuvent devenir du glucose. Des inter-
conversions similaires peuvent transformer le glycérol en glucose ou en glycogène.

10.8.1. Régulation de la gluconéogenèse

La diminution des hydrates de carbone dans les cellules et du sucre dans le sang sont les
stimuli à la base du déclenchement de l’augmentation du taux de gluconéogenèse. La
diminution des hydrates de carbone peut inverser directement plusieurs réactions des voies de
dégradation du glucose (glycolyse et voie du phosphogluconate), permettant ainsi la
conversion d’acides aminés désaminés et du glycérol en hydrates de carbone. En plus,
l’hormone cortisol est spécialement importante dans cette régulation.

10.8.1.1. Effet de l’ACTH (Corticotropine) et des glucocorticoïdes sur la gluconéogenèse

Lorsque des quantités normales d’hydrates de carbone ne sont pas disponibles aux cellules,
l’adénohypophyse, pour des raisons qui ne sont pas encore totalement comprises, se met à
sécréter des quantités croissantes de l’hormone adrénocorticotrope ou ACTH. Cette dernière
stimule le cortex surrénal à produire de grandes quantités d’hormones glucocorticoïdes,
spécialement le cortisol. A son tour, le cortisol mobilise les protéines à partir des cellules du
corps essentiellement, les rendant ainsi disponibles sous forme d’acides aminés dans les
liquides corporels. Une proportion élevée de ces acides amines subissent la désamination dans
le foie et pourvoient des substrats appropriés pour la conversion en glucose. Ainsi, un des
moyens les plus importants par lequel la gluconéogenèse est accentuée c’est à travers la
libération des glucocorticoïdes par le cortex surrénal.
263

10.9. LE GLUCOSE SANGUIN

La concentration sanguine normale du glucose chez une personne à jeun (pas de repas depuis
3 à 4 heures) est d’environ 90 mg/dl. Après un repas riche en hydrates de carbone, ce taux
s’élève vers 140 mg/dl si la personne ne souffre pas de diabète sucré.
La régulation de la concentration sanguine du glucose est assurée principalement par les
hormones pancréatiques: l’insuline et le glucagon. Ces deux hormones seront etudes en detail
en physiologie endocrinienne.
264

CHAPITRE 11 METABOLISME DES LIPIDES

GENERALITES SUR LES LIPIDES

Les lipides forment un groupe hétérogène de composés comprenant : les graisses, les huiles,
les stéroïdes, les cires et certaines substances qui leur sont apparentées. Ils sont davantage
apparentés par leurs propriétés physiques que chimiques. Ils ont pour propriété commune
d’être (1) relativement insolubles dans l’eau et (2) solubles dans les solvants non polaires tels
l’éther et le chloroforme. Les lipides sont d’importants constituants du régime alimentaire,
non seulement à cause de leur grande valeur énergétique, mais aussi à cause des vitamines
liposolubles et des acides gras essentiels contenus dans les graisses des aliments naturels. Les
graisses sont stockées dans le tissu adipeux où elles servent aussi de matériau isolant
thermique dans les tissus sous-cutanés et autour de certains organes. Les lipides non polaires
jouent le rôle d’isolants électriques permettant la propagation rapide des ondes de
dépolarisation le long des nerfs myélinisés. Des combinaisons des lipides et des protéines
(lipoprotéines) servent à transporter les lipides dans le sang. Les lipides jouent des rôles
essentiels dans la nutrition et la bonne santé ; une connaissance de leur métabolisme est
nécessaire pour la compréhension de plusieurs domaines médicaux essentiels.

Classification des lipides

Plusieurs composés chimiques retrouvés dans les aliments et dans l’organisme sont classés
comme des lipides. Les lipides sont classés en lipides simples et en lipides complexes. On
peut y ajouter une troisième classe, les précurseurs des lipides et les lipides dérivés
1. Lipides simples : ce sont les esters d’acides gras et de divers alcools
a) Les graisses : Esters d’acides gras et du glycérol. Les huiles sont les graisses à
l’état liquide.
b) Les cires : Esters d’acides gras et d’alcools monohydriques de poids
moléculaires plus élevé.
2. Lipides complexes : Esters d’acides gras contenant divers groupes en plus de l’acide
gras et de l’alcool.
a) Les phospholipides : Lipides contenant, en plus des acides gras et d’un alcool,
un résidu d’acide phosphorique. Ils possèdent fréquemment des bases azotées
et d’autres substituants. Par exemple, dans les glycérophospholipides l’alcool
est le glycérol et dans les sphingophospholipides, l’alcool est la sphingosine.
265

b) Les glycolipides (glycosphingolipides) : Lipides formés d’un acide gras, de la


sphingosine et de sucre.
c) Autres lipides complexes : Lipides tels que les sulfolipides et les aminolipides.
Les lipoprotéines peuvent également être classées dans cette catégorie.
3. Précurseurs et dérivés lipidiques : ceux-ci comprennent les acides gras, le glycérol, les
stéroïdes, des alcools autres que le glycérol et les stérols, les aldéhydes gras et les corp
cétoniques, les hydrocarbures, les vitamines liposolubles et les hormones.
Parce qu’ils ne sont pas chargés, les acylglycérols (glycérides), le cholestérol et les esters du
cholestérol sont appelés lipides neutres.

Acides gras : éléments structuraux de base des principaux lipides

Sur le plan chimique, le statut lipidique fondamental des triglycérides et des phospholipides
est constitué par les acides gras qui sont de simples chaînes linéaires d’atomes de carbone et
d’hydrogène (chaînes hydrocarbonées) dont une extrémité comporte un groupement acide
organique (-COOH). Un des acides gras les plus fréquemment rencontré est l’acide palmitique
dont la formule chimique est la suivante: CH3(CH2)14COOH.

Les acides gras existent dans le corps surtout comme esters dans les graisses et les huiles
naturelles, mais aussi sous une forme non estérifiée, comme acides gras libres, une forme de
transport dans le plasma.

Structure chimique de base des triglycérides (Graisses neutres)

Les triacylglycérols ou triglycérides sont les principales formes de stockage des acides gras.
Puisque ce chapitre a comme objet l’utilisation des triglycérides pour la production de
l’énergie, la structure de base typique de la molécule de triglycéride doit être comprise.

Les triacylglycérols sont des esters du glycérol, qui a trois fonctions OH, et d’acides gras.
Lors de la synthèse des graisses neutres, trois chaînes d’acides gras se lient à une molécule
de glycérol pour former une molécule en forme de « E ». Les trois acides gras les plus
fréquents dans les triglycérides du corps humain sont (1) l’acide stéarique (que nous voyons
266

dans l’exemple de la tristéarine ci-dessus), qui a une chaîne saturée de 18 atomes de carbone;
(2) l’acide oléique, qui a aussi une chaîne de 18 atomes de carbone mais avec une liaison
double au milieu de la chaîne; et (3) l’acide palmitique, qui 16 atomes de carbone et qui est
totalement saturée.
Les graisses et les huiles (lipides) qui sont ingérées doivent être dégradées en leurs unités de
base avant de pouvoir être absorbées. On trouve également dans les tissus des mono- et
diacylglycérols dans lesquels un ou deux acides gras sont estérifiés avec le glycérol. Ceux-ci
jouent un rôle particulièrement dans la synthèse et l’hydrolyse des triacylglycérols.

Bien que le cholestérol ne contienne pas d’acide gras, son noyau stérol est synthétisé à partir
des parties de molécule d’acide gras, et cela lui donne de nombreuses propriétés physiques et
chimiques d’autres substances lipidiques. Les triglycérides représentent la source la plus
concentrée d’énergie utilisable par l’organisme ; en effet, lorsqu’elles sont oxydées, elles
produisent de grandes quantités d’énergie. Ils sont donc utilisés dans l’organisme
principalement comme source d’énergie pour différents processus métaboliques, une fonction
qu’ils partagent pratiquement à 50-50 avec les hydrates de carbone. En plus de cette fonction
énergétique, certains lipides, notamment le cholestérol, les phospholipides, et de petites
quantités de triglycérides, sont utilisés pour former les membranes des cellules du corps ou
pour assurer d’autres fonctions cellulaires.

Objectifs

Plan

1. Transport des lipides dans les liquides corporels


2. Dépôts graisseux
3. Utilisation des Triglycérides pour l’énergie: Formation de l’ATP
4. Régulation de la libération d’énergie à partir des triglycérides
5. Phospholipides et Cholestérol
6. Athérosclérose

11.1. TRANSPORT DES LIPIDES DANS LES LIQUIDES CORPORELS

11.1.1. Transport des triglycérides et d’autres lipides à partir du tractus gastro-


intestinal par la lymphe — Les chylomicrons
Presque toutes les graisses apportées par l’alimentation, à l’exception de quelques acides gras
à chaîne courte, sont absorbées au niveau de l’intestin par la lymphe intestinale. Au cours de
267

la digestion, la plupart des triglycérides sont scindés en mono-glycérides et en acides gras.


Ensuite, lors de leur passage dans les cellules épithéliales intestinales, les mono-glycérides et
les acides gras sont couplés dans de nouvelles molécules de triglycérides qui gagnent ensuite
la lymphe sous forme de minuscules gouttelettes dispersées qu’on appelle chylomicrons. Les
chylomicrons ont un diamètre variant de 0.08 à 0.6 micron. Une petite quantité d’apoprotéine
B est adsorbée sur la surface externe des chylomicrons. Ceci permet d’accroître la stabilité de
suspension des chylomicrons dans le fluide lymphatique et empêche leur adhésion à la paroi
des vaisseaux lymphatiques.

La quasi-totalité du cholestérol et des phospholipides absorbés au niveau du tractus gastro-


intestinal entrent dans les chylomicrons. Ainsi, bien que les chylomicrons soient composés
principalement de triglycérides, ils contiennent aussi environ 9 pour cent de phospholipides, 3
pour cent de cholestérol, et 1 pour cent d’apoprotéine B. Les chylomicrons sont ensuite
déversés dans le canal thoracique et gagnent le sang veineux circulant au niveau de la jonction
des veines jugulaire et sous-clavière.

11.1.2. Retrait des chylomicrons du sang


Environ 1 heure après un repas riche en graisses, la concentration de chylomicrons dans le
plasma peut augmenter à 1 à 2 pour cent du plasma total, et à cause de la grande taille des
chylomicrons, le plasma apparaît trouble et parfois jaune. Toutefois, les chylomicrons ont une
demi-vie de moins d’une heure, et le plasma redevient clair au bout de quelques heures. La
graisse contenue dans les chylomicrons est enlevée du sang principalement de la manière ci-
dessous.

11.1.2.1. Action de la lipoprotéine lipase et rôle du tissu adipeux et des hépatocytes

La plupart des chylomicrons sont retirés du sang circulant lors de leur passage dans les
capillaires du tissu adipeux ou du foie. Les deux tissus, adipeux et hépatique, contiennent de
grandes quantités de l’enzyme lipoprotéine lipase. Cette enzyme est spécialement active dans
l’endothélium capillaire, où elle hydrolyse les triglycérides des chylomicrons dès qu’ils
entrent en contact avec la paroi endothéliale, libérant ainsi les acides gras et le glycérol.
Les acides gras, à cause de leur grande liposolubilité, diffusent immédiatement à l’intérieur
des cellules adipeuses et des hépatocytes. Dans ces cellules, les acides gras sont utilisés pour
la synthèse des triglycérides, avec un nouveau glycérol fourni par la machinerie métabolique
268

de ces cellules de stockage. La lipase hydrolyse aussi les phospholipides; libérant ainsi des
acides gras qui seront stockés de la même manière.

11.1.3. Transport des “acides gras libres” dans le sang


Lorsque la graisse stockée dans le tissu adipeux doit être utilisée n’importe où dans le pour
fournir de l’énergie, elle doit au préalable être transportée du site de stockage (tissue adipeux)
au site utilisateur. Ce transport se fait principalement sous forme d’acides gras libres. Et cela
grâce à l’hydrolyse des triglycérides qui libère à nouveau les acides gras et le glycérol.

Au moins deux types de stimuli jouent des rôles importants dans le déclenchement de cette
hydrolyse. D’abord, lorsque la quantité de glucose disponible à l’adipocyte est inadéquate, un
des produits de la dégradation du glucose, l’α-glycérophosphate, est aussi disponible en
quantités insuffisantes. Comme cette substance est nécessaire pour maintenir la partie glycérol
des triglycérides, la conséquence de son manque est l’hydrolyse des triglycérides.
Deuxièmement, une lipase cellulaire hormone-sensible peut être activée par de nombreuses
hormones des glandes endocrines, et cela aussi favorise une hydrolyse rapide des
triglycérides.

Dès qu’ils quittent les cellules graisseuses, les acides gras s’ionisent fortement dans le plasma,
et la partie ionisée se combine immédiatement avec l’albumine, une protéine plasmatique.
C’est combinés à l’albumine que les acides gras sont transportés dans le sang. Les acides gras
liés de cette manière sont appelés acides gras libres ou acides gras non-estérifiés, pour les
distinguer des autres acides gras dans le plasma qui existent sous forme (1) d’esters de
glycérol, (2) de cholestérol, ou (3) d’autres substances.

La concentration plasmatique d’acides gras libres est, dans les conditions de repos, d’environ
15 mg/dl, ce qui est un total de seulement 0.45 grammes d’acides gras dans tout le système
circulatoire. Bizarrement, même cette petite quantité rend compte de presque tout le transport
des acides gras d’une partie du corps à une autre pour les raisons suivantes:
1. Malgré l’infime quantité d’acides gras libres dans le sang, leur taux de “turnover” est
extrêmement rapide: la moitié des acides gras plasmatiques est remplacée par de nouveaux
acides gras toutes les 2 à 3 minutes. On peut facilement s’apercevoir qu’à cette vitesse de
renouvellement, pratiquement tous les besoins énergétiques normaux de l’organisme peuvent
être assurés par l’oxydation d’acides gras transportés, sans qu’il soit usage d’hydrates de
carbone ni de protéines pour l’énergie.
269

2. Les conditions qui accroissent le taux d’utilisation de graisse pour l’énergie cellulaire
accroissent également la concentration sanguine d’acides gras libres; en fait, cette
concentration parfois augmente cinq à huit fois. Une telle augmentation s’observe notamment
en cas de famine et diabète sucré; dans ces deux circonstances, le sujet puise peu ou pas du
tout d’énergie métabolique des hydrates de carbone.

Dans les conditions normales, seulement environ 3 molécules d’acides gras se combinent à
chaque molécule d’albumine, mais lorsque le besoin de transport d’acide gras est urgent, plus
de 30 molécules d’acides gras peuvent se combiner à une seule molécule d’albumine. Il s’agit
là d’une illustration de comment le taux de transport des lipides peut varier dans différentes
conditions physiologiques.

11.1.4. Transport du cholestérol et des phospholipides— Fonction des lipoprotéines


En période postprandiale, après que les chylomicrons aient été retirés du sang, plus de 95 pour
cent de tous les lipides plasmatiques sont sous forme de lipoprotéines. Ces dernières sont de
petites particules — beaucoup plus petites que les chylomicrons, mais de composition
qualitative similaire — contenant triglycérides, cholestérol, phospholipides, et protéines. La
concentration plasmatique totale des lipoprotéines est moyenne d’environ 700 mg pour 100
ml de plasma — soit 700 mg/dl. Elle peut être subdivisée selon chaque constituant des
lipoprotéines:

mg/dl de plasma

Cholestérol 180

Phospholipides 160

Triglycérides 160

Protéines 200

11.1.4.1. Types des lipoprotéines

À côté des chylomicrons, qui sont eux-mêmes de très grosses lipoprotéines, il y a quatre types
principaux de lipoprotéines, classes selon leurs densités mesurées en ultracentrifugation: (1)
lipoprotéines à très faible densité (VLDL pour very low density lipoproteins), qui contiennent
des concentrations élevées de triglycérides et des concentrations modérées de cholestérol et de
phospholipides; (2) lipoprotéines à densité intermédiaire (IDL pour intermediate-density
270

lipoproteins), qui sont des VLDL desquelles a été retiré une partie de triglycérides, et dont les
concentrations de cholestérol et de phospholipides sont par conséquent augmentées; (3)
lipoproteins à faible densité ( LDL pour low-density lipoproteins), qui proviennent des IDL
par retrait de pratiquement tous les triglycerides, laissant une concentration particulièrement
élevée de cholestérol et une concentration modérément élevée de phospholipides; et (4)
lipoprotéines à densité élevée ( HDL pour high-density lipoproteins), qui contiennent une
concentration élevée de protéines (environ 50 pour cent) mais de faibles concentrations de
cholestérol et de phospholipides.

11.1.4.2. Formation et fonction des lipoprotéines

Pratiquement toutes les lipoprotéines sont formées dans le foie, où sont aussi synthétisés la
majorité du cholestérol, des phospholipides, et des triglycérides plasmatiques. En outré, de
petites quantités de HDL sont synthétisées dans l’épithélium intestinal au cours de
l’absorption des acides gras à ce niveau.

La fonction primaire des lipoprotéines est le transport de leurs composants lipidiques dans le
sang. Les VLDL transportent les triglycérides synthétisés dans le foie vers le tissue adipeux
principalement, alors que les autres lipoprotéines sont spécialement importantes dans les
différentes étapes du transport des phospholipides et du cholestérol du foie aux tissus
périphériques ou des tissus périphériques au foie. Le transport du cholestérol peut être associé
à des problèmes spécifiques de dépôts des plaques de graisse dans la paroi artérielle amenant
à l’athérosclérose.

11.1.4.3. Composition des lipoprotéines plasmatiques chez l’Homme

Les lipoprotéines comportent un cœur non polaires et une simple couche de lipides
amphiphiles à leur surface. Le cœur lipidique non polaire comporte essentiellement des
triacylglycérols et des esters de cholestérol, entourés en surface, d’une couche unique de
molécules de phospholipides amphiphiles et de cholestérol. Celles-ci sont orientées de
manière à ce que leur groupement polaire soit exposé au milieu aqueux, comme dans la
membrane cellulaire. La partie protéique d’une lipoprotéine est dénommée apolipoprotéine ou
apoprotéine et représente près de 70% de certaines HDL, et seulement 1% des chylomicrons.
Certaines apolipoprotéines sont inamovibles alors que d’autres peuvent être librement
transférées à d’autres lipoprotéines.

Tableau 11-1. Composition des lipoprotéines plasmatiques chez l’Homme


271

Li S C
poprotéines ource omposition
D P
ensité
D rincipaux
P L
iamètre ( c
rotéine ipide
(nm) g/ml) omposants
( (
l
%) %)
ipidiques
C I 9 ˂ 1 9 T
hylomicrons ntestin 0-1000 0,95 -2 8-99 riacylglycérol
R C 4 ˂ 6 9 T
ésidus de hylomicrons 5-150 1,006 -8 2-94 riacylglycérol
Chylomicrons P
hospholipides
C
holestérol
V F 3 0 7 9 T
LDL oie (intestin) 0-90 ,95-1,006 -10 0-93 riacyglycérol
I V 2 1 1 8 T
DL LDL 5-35 ,006-1,019 1 9 riacylglycérol,
C
holestérol

L V 2 1 2 7 C
DL LDL 0-25 ,019-1,063 1 9 holestérol
H F P
DL oie, intestin, hospholipides,
V C
LDL, holestérol
C
hylomicrons

11.2. DEPOTS GRAISSEUX

11.2.1. Tissu adipeux


272

De grandes quantités de graisse sont stockées dans deux principaux tissus du corps, le tissu
adipeux et le foie. Le tissue adipeux est communément appelé dépôts graisseux ou
simplement tissus graisseux.
La fonction principale du tissu adipeux est le stockage des triglycérides jusqu’à ce que
l’organisme en ait besoin pour la fourniture de l’énergie n’importe où dans le corps. Une
fonction annexe est d’assurer l’isolation du corps : les dépôts de graisses neutres se trouvent
surtout sous la peau où ils isolent du froid les tissus plus profonds ; ainsi chez les
Mammifères et chez les Oiseaux, les glycérides servent d’isolants thermiques.

11.2.1.1. Cellules graisseuses (Adipocytes)

Les cellules graisseuses (adipocytes) du tissu adipeux sont des fibroblastes modifiés qui
stockent des triglycérides presque purs en des quantités aussi élevées que 80 à 95 pour cent du
volume cellulaire entier. A l’intérieur des adipocytes, les triglycérides sont habituellement
sous forme liquide. Lorsque les tissus sont exposés à un froid prolongé, les chaînes d’acides
gras des triglycérides cellulaires deviennent, pendant plusieurs semaines, plus courtes ou plus
insaturées au point que leur que leur point de fusion diminue, ce qui permet ainsi à la graisse
de demeurer toujours dans un état liquide. Ceci est particulièrement important, parce que
seule la graisse liquide peut être hydrolysée et transportée à partir des adipocytes.

Les adipocytes peuvent synthétiser de très petites quantités d’acides gras et de triglycérides à
partir d’hydrates de carbone; cette fonction supplée la synthèse de graisse dans le foie.

11.2.1.2. Echange de graisse entre le tissu adipeux et le sang — Lipases tissulaires

Le tissue adipeux dispose de grandes quantités de lipases. Certaines de ces enzymes


catalysent le dépôt des triglycérides cellulaires à partir des chylomicrons et des lipoprotéines.
D’autres cependant, lorsqu’elles sont activées par les hormones, causent le catabolisme des
triglycérides des adipocytes pour libérer les acides gras libres. Comme l’échange des acides
gras est rapide, dans les adipocytes les triglycérides sont renouvelés environ une fois toutes
les 2 à 3 semaines; en d’autres termes, le stockage des graisses est très dynamique.

11.2.2. Lipides du foie

Le foie joue un rôle central dans le transport et le métabolisme des lipides. Le foie accomplit
les fonctions essentielles suivantes dans le métabolisme lipidique :
273

1. Il facilite la digestion et l’absorption des lipides en produisant la bile qui contient du


cholestérol et des sels biliaires synthétisés dans le foie de novo ou après capture du
cholestérol de lipoprotéines.
2. Le foie effectue activement la synthèse et l’oxydation des acides gras (catabolisme des
acides gras en de petits composés pouvant être utilisés pour l’énergie), et également la
synthèse des triacylglycérols (principalement à partir des hydrates de carbone, mais
aussi à un bien moindre degré des protéines) et des autres lipides, notamment le
cholestérol et les phospholipides à partir d’acides gras.
3. Il transforme les acides gras en corps cétoniques.
4. Il fait partie intégrante de la synthèse et du métabolisme des lipoprotéines
plasmatiques.
Les hépatocytes, en plus de contenir des triglycérides, contiennent de grandes quantités de
phospholipides et de cholestérol, qui sont continuellement synthétisés par le foie. Les
hépatocytes ont une capacité de désaturation des acides gras plus élevée que celle des autres
tissus; c’est ainsi que les triglycérides du foie sont normalement beaucoup plus insaturés que
ceux du tissu adipeux. Cette capacité du foie à désaturer les acides gras est importante sur le
plan fonctionnel à tous les tissus du corps, parce que beaucoup d’éléments structuraux de
toutes les cellules contiennent des quantités raisonnables de graisses insaturées, et celles-ci
proviennent essentiellement du foie. Cette désaturation est assurée par une déshydrogénase
dans les hépatocytes.

Aspects cliniques

Un déséquilibre entre le taux de formation des triacylglycérols et leur exportation conduit à


leur accumulation dans le foie pouvant aboutir à la stéatose hépatique.

Les causes d’accumulation des lipides dans le foie sont diverses.

1. Le foie gras non alcoolique. C’est la maladie hépatique la plus répandue à l’échelle
mondiale. De grandes quantités de triglycérides apparaissent dans le foie dans certaines
circonstances: (1) durant les stades précoces de la famine, (2) dans le diabète sucré, et (3)
dans toute autre circonstance au cours de laquelle les graisses plutôt que les hydrates de
carbone sont utilisées pour la production de l’énergie. Dans ces circonstances, de grandes
quantités de triglycérides sont mobilisées à partir du tissu adipeux, transportées dans le sang
sous forme d’acides gras libres, et redéposées sous forme de triglycérides dans le foie, où les
274

étapes initiales de la majeure partie du catabolisme des graisses commencent. Ainsi, dans les
conditions physiologiques normales, la quantité totale des triglycérides dans le foie est
déterminée en grande partie par le taux global de l’utilisation des lipides comme source
d’énergie.
L’accumulation chronique de lipides dans le foie peut provoquer des altérations—
inflammatoires ou de type fibrose— qui conduisent à la stéatose, à la cirrhose, au cancer du
foie et à une insuffisance hépatique fonctionnelle.
2. L’alcoolisme. L’éthanol conduit tout d’abord à une stéatose hépatique alcoolique puis à la
stéatohépatite alcoolique et finalement à la cirrhose.

11.3. UTILISATION DES TRIGLYCERIDES POUR L’ENERGIE: FORMATION DE


L’ATP

Dans un régime alimentaire américain typique, environ 40 pour cent des calories proviennent
des lipides, ce qui est pratiquement égal aux calories provenant des hydrates de carbone. Ainsi
donc, l’utilisation des lipides comme substrat énergétique par le corps est aussi importante
que l’est celle des hydrates de carbone. En plus, de nombreux hydrates de carbone ingérés à
l’occasion de chaque repas sont convertis en triglycérides, puis stockés, et plus tard utilisés à
de fins énergétiques sous forme d’acides gras libérés à partir des triglycérides.

11.3.1. Hydrolyse des triglycérides

La première étape dans l’utilisation des triglycérides pour produire de l’énergie c’est leur
dégradation en acides gras et glycérol. Ensuite, les acides gras et le glycérol sont transportés
dans le sang pour gagner les tissus actifs, où ils seront oxydés pour fournir de l’énergie.
Pratiquement toutes les cellules— à l’exception de quelques unes, comme les cellules du
cerveau et les globules rouges du sang— peuvent utiliser les acides gras pour produire de
l’énergie.

Les acides gras sont à la fois oxydés en acétyl- CoA et synthétisés à partir d’acétyl- CoA ;
toutefois, l’oxydation des acides gras n’est pas simplement la réaction inverse de leur
biosynthèse, mais un processus complètement différent qui a lieu dans un autre compartiment
de la cellule. La séparation entre oxydation dans la mitochondrie et biosynthèse dans le
cytosol permet que chaque processus soit contrôlé de manière individuelle et intégrée selon
les besoins tissulaires.
275

Le glycérol, à son entrée dans le tissu actif, est immédiatement transformé en glycérol-3-
phosphate par les enzymes intracellulaires. Le glycérol-3-phosphate entre dans la voie
glycolytique de la dégradation du glucose et est ensuite utilisé pour libérer l’énergie.

L’augmentation de l’oxydation des acides gras est caractéristique du jeûne et du diabète sucré
et conduit à la production des corps cétoniques par le foie. Les acides gras, avant qu’ils ne
soient utilisés pour fournir de l’énergie, passent par les étapes qui suivent.

11.3.2. Entrée des acides gras dans les mitochondries

La dégradation et l’oxydation des acides gras ne se déroulent que dans les mitochondries. Par
conséquent, la première dans l’utilisation des acides gras c’est leur transport vers l’intérieur
des mitochondries. Dans le plasma, les acides gras libres à longue chaîne sont combinés à
l’albumine, et dans la cellule, ils sont couplés à une protéine (FABP « fatty acid-binding
protein). Les acides gras à chaîne plus courte sont davantage solubles dans l’eau et existent en
tant qu’acides non ionisés ou comme acides gras anioniques.

Les acides gras sont activés avant leur catabolisme : ils sont pour cela transformés en un
intermédiaire activé : en présence d’ATP et de coenzyme A, l’acyl-CoA synthétase
(thiokinase) catalyse la conversion d’un acide gras en un « acide gras activé » ou acyl- CoA.
Les acyl-CoA synthétases sont localisées dans le réticulum endoplasmique, dans les
peroxysomes et à l’intérieur de la mitochondrie et sur sa membrane externe.

Les acides gras à longue chaîne pénètrent dans la membrane mitochondriale interne sous la
forme de dérivés de la carnitine. Cette dernière est largement distribuée ; elle est
particulièrement abondante dans le muscle. En présence de carnitine, la carnitine
palmityltransférase I, située dans la membrane mitochondriale externe, transforme les acyl-
CoA à longue chaîne en acylcarnitine, qui est capable de pénétrer la membrane
mitochondriale interne et d’accéder aux enzymes de la β-oxydation. Une fois à l’intérieur des
mitochondries, les acides gras se détachent de la carnitine et sont dégradés et oxydés.

11.3.3. Dégradation des acides gras en acétyl Coenzyme par la β-oxydation

Dans les mitochondries, la molécule d’acide gras est dégradée par une libération progressive
des unités à deux atomes de carbone l’une après l’autre, sous forme d’acétyl-coenzyme A, à
partir de l’extrémité carboxylique des molécules d’acyl-CoA. Ce processus est appelé la β-
oxydation des acides gras.
276

Les étapes chimiques de la β-oxydation des acides gras sont les suivantes:
(1) Acide gras + CoA + ATP Acyl-CoA +AMP +Pyrophosphate
(2) Acyl-CoA+ FAD RCH2CH=CHCOCoA + FADH2

(3) RCH2CH=CHCOCoA + H2O RCH2CHOHCH2COCoA

(4) RCH2CHOHCH2COCoA + NAD+ RCH2COCH2COCoA + NADH


+ H+

(5) RCH2COCH2COCoA + CoA RCH2COCoA + CH3COCoA (Acyl-


CoA + Acetyl-CoA)

Pour comprendre les étapes essentielles de la β-oxydation, remarquez que dans l’équation (1)
la première étape est la combinaison de la molécule d’acide gras au coenzyme A (CoA) pour
former l’acyl-CoA. Dans les équations (2), (3), et (4) le carbone β (le deuxième carbone à
partir de la droite) de l’acyl-CoA se lie à une molécule d’oxygène — ce qui fait que le
carbone β devient oxydé.

Ensuite, dans l’équation (5), l’unité de deux atomes de carbone du coté droit de la molécule
est clivée pour libérer l’acétyl-CoA dans le cytosol. Au même moment, l’autre molécule de
CoA se fixe à l’extrémité de la partie restante de la molécule d’acide gras, et forme une
nouvelle molécule d’acyl-CoA; à ce moment précis, la molécule est plus courte de deux
atomes de carbone à cause de la perte du premier acétyl-CoA de son extrémité terminale.

Dans la suite, cet acyl-CoA raccourci entre dans l’équation (2) et progresse dans les équations
(3), (4), et (5) pour libérer encore une autre molécule d’acétyl-CoA, raccourcissant ainsi la
molécule d’acide gras de départ de deux autres carbones encore. En plus de la libération des
molécules d’acétyl-CoA, quatre atomes d’hydrogène sont libérés de la molécule d’acide gras
au même moment, totalement en dehors de l’acétyl-CoA.

11.3.4. Oxydation de l’acétyl-CoA.

Les molécules d’acétyl-CoA formées par la β-oxydation des acides gras dans les
mitochondries entrent immédiatement dans le cycle de l’acide citrique. La réaction de chaque
molécule d’acetyl-CoA dans le cycle de l’acide citrique est la suivante:
277

Ainsi, après la dégradation des acides gras en acétyl-CoA, leur produit final est exactement le
même que celui de l’acétyl-CoA formé lors du métabolisme of glucose. Et les atomes
d’hydrogène extra sont aussi oxydés le même système oxydatif chimiosmotique des
mitochondries utilisé dans l’oxydation des hydrates de carbone et qui libère d’énormes
quantités d’adénosine triphosphate (ATP).

11.3.5. Aspects quantitatifs de la formation d’ATP par la β-oxydation des acides gras

Il y a 4 atomes d’hydrogène libérés chaque fois qu’une molécule d’acétyl-CoA est clivée à
partir de la chaîne d’acide gras ; ils sont libérés sous forme de FADH2, NADH, and H+.
Ainsi, pour chaque molécule d’un acide gras comme l’acide stéarique dont le catabolisme
aboutit à la formation de 9 molécules d’acétyl-CoA, 32 atomes d’hydrogène sont détachés. En
plus, pour chacune de 9 molécules d’acétyl-CoA qui sont dans la suite dégradées par le cycle
de l’acide citrique, 8 autres atomes d’hydrogène sont détachés, faisant un supplément de 72
hydrogènes. Ce qui fait un total de 104 atomes d’hydrogène effectivement libérés par le
catabolisme de chaque molécule d’acide stéarique. De ce groupe, 34 sont détachés à partir du
catabolisme des acides gras par les flavoprotéines, et 70 sont détachés par le nicotinamide
adénine di-nucléotide (NAD+) comme NADH et H+.

Ces deux groups d’atomes d’hydrogène sont oxydés dans les mitochondries, mais ils entrent
dans le système oxydatif en différents points; ainsi 1 molécule d’ATP est synthétisée pour
chacun des 34 hydrogènes des flavoprotéines, et 1.5 molécules d’ATP sont synthétisées pour
chacun des 70 hydrogènes du NADH et H+. Ce qui fait 34 plus 105, soit un total de 139
molécules d’ATP formées par l’oxydation de l’hydrogène provenant de chaque molécule
d’acide stéarique. 9 autres molécules d’ATP sont formées dans le cycle de l’acide citrique lui-
même (en dehors de l’ATP libéré par l’oxydation de l’hydrogène), une pour chacune de 9
molécules d’acétyl-CoA métabolisée. Ainsi, un total de 148 molécules d’ATP sont formées
lors de l’oxydation complète d’une molécule d’acide stéarique. Cependant, comme deux
liaisons haute-énergie sont consommées dans la combinaison initiale du CoA avec la
molécule d’acide stéarique, cela fait un gain net de 146 molécules d’ATP. Cela représente
68% de l’énergie libre de combustion de l’acide stéarique.
278

11.3.6. Formation de l’acide acéto-acétique dans le foie et son transport dans le sang

Une grande partie du catabolisme des acides gras se déroule dans le foie, particulièrement
lorsque des quantités importantes de lipides sont utilisées comme substrat énergétique.
Cependant, le foie n’utilise, pour son propre métabolisme énergétique, qu’une faible
proportion d’acides gras. A la place, lorsque des chaînes d’acides gras ont été clivées en
acétyl-CoA, deux molécules d’acétyl-CoA condensent pour former une molécule d’acide
acéto-acétique, qui est ensuite transportée dans le sang vers d’autres cellules du corps, où elle
est utilisée pour l’énergie. Le processus chimique est le suivant:

Une partie de l’acide acéto-acétique est aussi convertie en acide β-hydroxybutyrique, et des
quantités infimes sont converties en acétone en vertu des réactions suivantes:

Ces substances, l’acide acéto-acetique, l’acide β-hydroxybutyrique, et l’acétone, diffusent


librement à travers les membranes des hépatocytes et transportées dans le sang jusqu’aux
tissus périphériques. Dans les tissus elles diffusent à nouveau à l’intérieur des cellules, où se
déroulent les réactions inverses aboutissant à la formation des molécules d’acétyl-CoA. Ces
dernières entrent dans le cycle de l’acide citrique.
279

Normalement, l’acide acéto-acétique et l’acide β-hydroxybutyrique qui entrent dans le sang


sont transportés si rapidement vers les tissus que leur concentration plasmatique combinée
monte rarement au dessus de 3 mg/dl. Malgré cette faible concentration dans le sang, de
grandes quantités sont réellement transportées, comme cela est aussi vrai pour le transport
d’acides gras libres. Le transport rapide de ces substances résulte de leur liposolubilité élevée
qui fait qu’elles soient très solubles dans les membranes des cellules cibles et diffusent quasi
instantanément à l’intérieur des cellules.

11.3.6.1. Cétose au cours de l’inanition, du diabète sucré, et d’autres maladies

Les concentrations des acides acéto-acétique et β-hydroxybutyrique, et de l’acétone peuvent,


dans certaines circonstances, augmenter de plusieurs fois au dessus de la normale dans le sang
et dans les liquides interstitiels. Cet état est appelé cétose, parce que l’acide acéto-acétate est
un céto-acide ou acide cétonique. Les trois composés sont appelés corps cétoniques. La cétose
apparait spécialement au cours de l’inanition (jeûne), dans le diabète sucré, et parfois en cas
de diète constituée presqu’exclusivement de lipides. Dans toutes ces trios circonstances, il n’y
a pas métabolisation (ou presque) des hydrates de carbone — au cours de l’inanition et d’un
régime exclusivement lipidique les hydrates de carbone ne sont pas disponibles, et dans le
diabète sucré il n’y a pas d’insuline pour assurer le transport du glucose vers l’intérieur des
cellules.

Lorsque les hydrates de carbone ne sont pas utilisés pour la production de l’énergie, toute
l’énergie de l’organisme doit provenir du catabolisme des lipides. Le manqué é d’hydrates de
carbone automatiquement augmente le taux de mobilisation d’acides gras à partir des tissus
adipeux; en plus, plusieurs facteurs hormonaux — comme l’augmentation de la sécrétion des
glucocorticoïdes par le cortex surrénal, l’augmentation de la sécrétion de glucagon par le
pancréas, et la diminution de la sécrétion d’insuline par le pancréas— amplifient davantage la
mobilisation d’acides gras à partir des tissus adipeux. Comme résultat, d’énormes quantités
d’acides gras deviennent disponibles (1) aux cellules des tissus périphériques pour être
utilisées à des fins énergétiques et (2) aux hépatocytes, où la grande partie d’acides gras est
transformée en corps cétoniques.

Les corps cétoniques s’écoulent du foie pour être transportés vers les cellules. La capacité des
cellules à oxyder les corps cétoniques est limitée par plusieurs raisons, la plus importante
étant la suivante: un des produits du métabolisme des hydrates de carbone est l’oxalo-acétate
280

qui est nécessaire pour se lier à l’acétyl-CoA avant d’entrer dans le cycle de l’acide citrique.
Par conséquent, une déficience en oxalo-acétate provenant des hydrates de carbone limite
l’entrée de l’acétyl-CoA dans le cycle de l’acide citrique, et lorsqu’au même moment il
s’écoule du foie de grandes quantités d’acide acéto-acétique et d’autres corps cétoniques, les
concentrations sanguines des acides acéto-acétique et β-hydroxybutyrique augmentent parfois
à des valeurs atteignant 20 fois la normale, entraînant ainsi une acidose très prononcée.

L’acétone qui se forme lors de la cétose est une substance volatile, dont de petites quantités
s’échappent des poumons avec l’air expiré. C’est qui donne à la respiration cette haleine
acétonique (odeur fruitée, aigrelette) qui est fréquemment utilisée comme critère diagnostique
de la cétose.

11.3.6.2. Adaptation à une diète riche en graisses

Lorsque l’on change progressivement d’une alimentation faite d’hydrates de carbone à une
alimentation complètement lipidique, l’organisme s’adapte à utiliser des quantités d’acide
acéto-acétique beaucoup plus grandes que d’habitude, et dans ces circonstances, la cétose
n’apparaît normalement pas. Par exemple, les Inuit (Eskimos), qui parfois vivent
presqu’entièrement d’un régime lipidique, ne développe pas de cétose. Il existe sans doute
plusieurs facteurs, aucun n’étant clarifié, qui amplifient le taux du métabolisme de l’acide
acéto-acétique par les cellules. Après quelques semaines, mêmes les cellules cérébrales, qui
normalement tirent la quasi-totalité de leur énergie du métabolisme du glucose, peuvent
extraire 50 à 75 pour cent de leur énergie des graisses.

11.3.7. Synthèse des triglycérides à partir des hydrates de carbone

Chaque fois l’apport d’hydrates de carbone dépasse les besoins énergétiques de l’organisme et
la capacité de stockage sous forme de glycogène, — c.à.d. la quantité apportée ne peut ni être
immédiatement utilisée pour la production de l’énergie ni être stockée sous forme de
glycogène — l’excès est rapidement converti en triglycérides et stocké sous cette forme dans
le tissu adipeux.

Chez les êtres humains, la majeure partie de la synthèse des triglycérides se déroule dans le
foie, mais d’infimes quantités sont également synthétisées dans le tissu adipeux lui-même.
Les triglycérides formés dans le foie sont transportés principalement sous forme de VLDL
vers le tissu adipeux où ils sont stockés.
281

11.3.7.1. Conversion de l’acétyl-CoA en acides gras

La première étape de la synthèse des triglycérides est la conversion des hydrates de carbone
en acétyl-CoA. La formation de l’acétyl-CoA est une étape de la dégradation du glucose dans
la voie glycolytique. Comme les acides gras sont en réalité de gros polymères d’acide
acétique, il est aisé de comprendre comment l’acétyl-CoA peut être converti en acides gras.
Toutefois, cette synthèse n’est pas une simple inversion de la dégradation oxydative. Elle
implique plutôt des réactions biochimiques complexes faisant intervenir le malonyl-CoA et le
NADPH comme principaux intermédiaires dans le processus de polymérisation.

11.3.7.2. Combinaison d’acides gras à l’α-glycérophosphate pour former des triglycérides

Une fois que les chaînes synthétisées d’acides gras ont atteint une taille de 14 à 18 atomes de
carbone, elles se lient au glycérol pour former les triglycérides. Les enzymes qui catalysent
cette conversion sont hautement spécifiques des acides gras de chaîne de 14 atomes de
carbone ou plus, un facteur qui contrôle la qualité physique des triglycérides stockés dans le
corps.

La partie glycérol des triglycérides est fournie par l’α-glycérophosphate, qui est un produit
provenant du système glycolytique de la dégradation du glucose.

11.3.7.3. Efficacité de la conversion des hydrates de carbone en graisses

Lors de la synthèse des triglycérides, seulement environ 15 pour cent de l’énergie d’origine
dans le glucose est perdue sous forme de chaleur ; les 85 pour cent restants sont transférés
dans les triglycérides stockés.

11.3.7.4. Importance de la synthèse et du stockage des graisses

La synthèse des graisses à partir d’hydrates de carbone est particulièrement importante pour
deux raisons:
1. La capacité des différentes cellules du corps à stocker les hydrates de carbone sous forme
de glycogène est généralement limitée; un maximum de seulement quelques centaines de
grammes de glycogène peut être stocké dans le foie, dans le muscle squelettique, et dans tous
les autres tissus du corps pris ensemble. A l’inverse, plusieurs kilogrammes de graisse
peuvent etre stockés. Ainsi donc, la synthèse des graisses pourvoit un moyen par lequel
l’énergie de l’excès d’hydrates de carbone (et de protéines) ingérés peut être stockée en vue
282

d’u usage ultérieure. En effet, une personne moyenne a presque 150 fois plus d’énergie
stockée sous forme de graisse que d’hydrates de carbone.
2. En termes de calories d’énergie, chaque gramme de graisse contient presque 2,5 fois
l’énergie contenue dans chaque gramme de glycogène. Ainsi donc, pour un gain de poids
donné, une personne peut stocker une très grande quantité d’énergie sous forme de graisse
(plusieurs fois plus importante que l’énergie stockée sous forme d’hydrates de carbone): ceci
est un atout pour les animaux qui doivent demeurer très mobiles pour assure leur survie.

11.3.7.5. Défaillance de la synthèse des graisses à partir d’hydrates de carbone en l’absence


d’insuline

Lorsque l’insuline n’est pas disponible, comme dans le diabète sucré, les lipides sont
faiblement synthétisés ou pas du tout, pour les raisons suivantes: d’abord, en cas d’absence de
l’insuline, le glucose n’entre pas dans les cellules (adipocytes, hépatocytes) de façon
satisfaisante ; en conséquence, il y a peu d’acétyl-CoA et de NADPH provenant du glucose et
indispensables à la synthèse des lipides. Deuxièmement, le manque du glucose dans les
adipocytes réduit la disponibilité de l’α-glycérophosphate, ce qui ajoute une difficulté
supplémentaire aux tissus pour former les triglycérides.

11.3.8. Synthèse des triglycérides à partir des protéines

De nombreux acides amines peuvent être convertis en acétyl-CoA et ce dernier peut ensuite
servir à la synthèse des triglycerides. Ainsi donc, lorsqu’un régime alimentaire apporte plus de
proteins que ce que les tissus peuvent utiliser comme matériau structural, un grande partie de
cet excédent est stockée sous forme de graisses.

11.4. REGULATION DE LA LIBERATION D’ENERGIE A PARTIR DES


TRIGLYCERIDES

11.4.1. Hydrates de carbones: substrat énergétique préféré de l’organisme

Lorsque des quantités importantes d’hydrates de carbone lui sont disponibles, ces nutriments
sont préférés aux lipides pour l’extraction de l’énergie. Il y a plusieurs raisons à cet effet
“épargneur des lipides” des hydrates de carbone. L’une des plus importantes est la suivante:
les lipides présents dans les adipocytes le sont sous deux formes: les triglycérides stockés et
de petites quantités d’acides gras libres. Ces deux formes sont en équilibre constant l’une avec
l’autre. Lorsque des quantités excessives d’α-glycérophosphate sont présentes (ce qui s’arrive
283

lorsque les hydrates de carbone sont disponibles en excès), l’α-glycérophosphate en excès lie
les acides gras libres pour former les triglycérides stockés. Le résultat est que l’équilibre,
entre les acides gras libres et les triglycérides, glisse vers les triglycérides stockés; en
conséquence, seules des quantités infimes d’acides gras libres sont disponibles pour être
utilisées à des fins énergétiques. Comme l’α-glycérophosphate est produit important du
métabolisme du glucose, la disponibilité de grandes quantités de glucose inhibe
automatiquement l’utilisation des acides gras pour la production de l’énergie.
Deuxièmement, lorsque les hydrates de carbone sont disponibles en excès, la synthèse des
acides gras se fait plus rapidement que leur dégradation. Cet effet est dû en partie à de grandes
quantités d’acétyl-CoA formées par les hydrates de carbone et à la faible concentration des
acides gras libres dans le tissu adipeux, créant ainsi les conditions appropriées pour la
conversion de l’acétyl-CoA en acides gras.
Un effet tout aussi important qui favorise la conversion d’hydrates de carbone en graisses est
le suivant: la première étape, qui est aussi l’étape limitante, dans la synthèse des acides gras
est la carboxylation de l’acetyl-CoA pour former le malonyl-CoA. La vitesse de cette réaction
est contrôlée essentiellement par l’enzyme acetyl-CoA carboxylase, dont l’activité est
accélérée en présence d’intermédiaires du cycle de l’acide citrique. Quand les hydrates de
carbone sont utilisés en abondance, ces intermédiaires augmentent, entraînant
automatiquement une augmentation de la synthèse d’acides gras.
Donc, une abondance d’hydrates de carbone dans l’alimentation n’agit pas seulement comme
un épargneur des graisses mais augmente aussi les stocks de graisses. En réalité, tout excès
d’hydrates de carbone qui n’est pas utilisé pour la production de l’énergie ou qui n’est pas
stocké dans les maigres réserves de glycogène du corps est converti en graisses pour stockage.

11.4.2. Accélération de l’utilisation des graisses comme substrat énergétique en l’absence


d’hydrates de carbone

Tous les effets épargneur des graisses des hydrates de carbone sont perdus et effectivement
inversés lorsque ces substrats ne pas disponibles. L’équilibre glisse dans la direction oppose,
les graisses sont mobilisées à partir des adipocytes et utilisées pour la libération de l’énergie à
la place des hydrates de carbone.
De nombreuses actions hormonales interviennent pour favoriser la rapide mobilisation des
acides gras dans le tissu adipeux. Parmi les actions hormonales les plus importantes il y une
diminution prononcée de la sécrétion pancréatique d’insuline causée par l’absence d’hydrates
de carbone. L’absence d’insuline ne réduit pas seulement le taux d’utilisation du glucose par
284

les tissus mais aussi diminue le stockage des graisses, ce qui fait davantage glisser l’équilibre
en faveur du métabolisme des lipides en lieu et place des hydrates de carbone.

11.4.3. Régulation hormonale de l’utilisation des graisses

Pas moins de sept hormones sécrétées par les glandes endocrines ont des effets palpables sur
l’utilisation des graisses. Certains effets importants des hormones sur le métabolisme des
lipides — en plus du manque d’insuline, dont nous avons parlé ci-dessus — sont épinglés ici.
L’augmentation la plus spectaculaire survenant dans l’utilisation des graisses est
probablement celle qui s’observe durant un exercice intense. Elle résulte presqu’entièrement
de la libération de l’adrénaline et de la noradrénaline par la médulla surrénale pendant
l’exercice, comme conséquence de la stimulation sympathique. Ces deux hormones activent
directement la triglycéride lipase hormone-sensible, qui est présente en abondance dans les
adipocytes, et qui cause une dégradation rapide des triglycérides et la mobilisation des acides
gras. Parfois la concentration d’acides gras libres dans le sang d’une personne en plein
exercice intense augmente de huit fois, et l’utilisation de ces acides gras par les muscles pour
la production de l’énergie est augmentée de manière correspondante. Les autres types de
stress qui activent le système nerveux sympathique peuvent également augmenter la
mobilisation et l’utilisation des acides gras de manière similaire.
Le stress est également à l’origine d’une libération de grandes quantités de corticotrophine
(ACTH) par l’adéno-hypophyse, ce qui amène le cortex surrénal à sécréter de grandes
quantités de glucocorticoïdes. La corticotropine et les glucocorticoïdes activent la même
triglycéride lipase hormone-sensible que celle activée par l’adrénaline et la noradrénaline ou
une lipase similaire. Lorsque la corticotropin et les glucocorticoïdes sont sécrétés en quantités
excessive pendant de longues périodes, comme au cours d’une maladie endocrine appelée
maladie de Cushing, les lipides sont fréquemment mobilisés à une telle extension qu’il en
résulte de la cétose. La corticotropine et les glucocorticoïdes sont ainsi dits avoir un effet
cétogène. L’hormone de croissance a un effet similaire mais plus faible que celui de la
corticotropine et des glucocorticoïdes dans l’activation de la lipase hormone-sensible. Par
conséquent, l’hormone de croissance peut aussi avoir un effet cétogène léger.
Enfin, les hormones thyroïdiennes entraînent une mobilisation rapide des graisses, qui résulte
indirectement de l’augmentation du taux global du métabolisme énergétique dans toutes les
cellules du corps sous l’influence de ces hormones. La réduction subséquente dans les cellules
des concentrations d’acétyl-CoA et d’autres intermédiaires du métabolisme des lipides et des
hydrates de carbone est un stimulus pour la mobilisation des graisses.
285

Les effets des différentes hormones sur le métabolisme seront discutés en détail en
Physiologie spéciale.

11.4.4. Obésité

L’obésité signifie le dépôt d’un excès de graisse dans le corps. Ce sujet est traité dans le
chapitre parlant de l’équilibre alimentaire. Mais brièvement, l’obésité résulte de l’ingestion de
quantités trop grandes d’aliments, plus grandes que les besoins énergétiques de l’organisme.
L’excès d’apports alimentaires, que ce soit les graisses, les hydrates de carbone, ou les
protéines, est ensuite stocké presqu’entièrement comme graisse dans le tissu adipeux, pour
une utilisation ultérieure dans la production de l’énergie.
Il y a une composante héréditaire à l’obésité. Les études d’observation chez l’homme ont noté
la tendance. L’expérimentation animale a permis d’objectiver que chez certaines souches
d’animaux de laboratoire, l’obésité était causée par l’inefficacité de la mobilisation des
graisses à partir du tissu adipeux par la lipase tissulaire, pendant que la synthèse et le stockage
des graisses continuaient à se dérouler normalement. De même tout processus entraînant une
augmentation progressive du stockage des graisses aboutit à l’obésité sévère.

11.5. PHOSPHOLIPIDES ET CHOLESTÉROL

11.5.1. Phospholipides

Les phospholipides peuvent être considérés comme les dérivés de l’acide phosphatidique,
dans lesquels le phosphate est estérifié avec le groupement –OH d’un alcool approprié. Les
principaux types de phospholipides du corps sont les lécithines, les céphalines, et la
sphingomyéline; leur structure chimique se caractérise par la présence d’un radical acide
phosphorique, et contient habituellement une amine. Bien que leurs structures chimiques
puissant montrer une grande variabilité, les propriétés physiques des phospholipides sont
similaires : ils sont tous liposolubles, transportés dans les lipoprotéines, et utilisés partout
dans l’organisme comme matériau structural, comme dans les membranes cellulaires et
intracellulaires.

Les lécithines ou phosphatidylcholines sont des phosphoacylglycérols contenant de la choline.


Ce sont les phospholipides les plus abondants de la membrane cellulaire. Une autre lécithine,
la dipalmityl-lécithine, agent tensioactif très efficace, est le constituant majeur du surfactant.

11.5.1.2. Formation des phospholipides


286

Les phospholipides sont synthétisés dans pratiquement toutes les cellules du corps, même si
certaines cellules ont une capacité particulière d’en synthétiser de grandes quantités.
Probablement 90 pour cent de phospholipides sont formés dans les hépatocytes; des quantités
substantielles sont aussi formées par les cellules épithéliales intestinales lors de l’absorption
des lipides au niveau de l’intestin.
Le taux de formation des phospholipides est gouverné à un certain niveau par les facteurs qui
contrôlent habituellement le taux global du métabolisme des graisses parce que, lorsque les
triglycérides sont entreposés dans le foie, le taux de formation des phospholipides augmente.
En outre, certaines substances chimiques spécifiques sont nécessaires à la formation de
certains phospholipides. Par exemple la choline, qui est à la fois apportée par l’alimentation et
synthétisée par l’organisme, est nécessaire à la formation de lécithine, parce que la choline est
la base azotée de la molécule de lécithine. De même, l’inositol est nécessaire à la formation de
certaines céphalines.

11.5.1.2. Usages spécifiques de phospholipides

Les nombreuses fonctions des phospholipides sont les suivantes: (1) ils sont un constituent
important des lipoprotéines sanguines et sont essentiels à la formation et à la fonction de ces
dernières; en l’absence des lipoprotéines, de sérieuses anomalies de transport du cholestérol et
des autres lipides peuvent apparaître. (2) La thromboplastine nécessaire au déclenchement du
processus de coagulation est composée principalement d’un des céphalines. (3) Des quantités
importantes de sphingomyéline sont présentes dans le système nerveux; cette substance agit
comme un isolant électrique dans la gaine de myéline entourant les fibres nerveuses. (4) Les
phospholipides sont des donneurs des radicaux phosphate lorsque ces radicaux sont requis
pour le déroulement de différentes réactions chimiques dans les tissus. (5) La fonction la plus
importante des phospholipides est certainement leur participation dans la formation
d’éléments structuraux — principalement les membranes — dans toutes les cellules du corps.
Les phospholipides assurent cette fonction de concert avec le cholestérol.

11.5.2. Cholestérol

Le cholestérol, est présent dans les régimes alimentaires de tous les peoples du monde, et peut
être absorbé lentement au niveau du tractus the gastro-intestinal dans la lymphe intestinale. Il
est très soluble dans les graisses (liposolubilité élevée) et relativement insoluble dans l’eau. Il
est particulièrement apte à former des esters avec les acides gras. En effet, environ 70 pour du
cholestérol des lipoprotéines plasmatiques le sont sous forme d’esters de cholestérol.
287

11.5.2.1. Formation du cholestérol

À côté du cholestérol absorbé chaque jour au niveau du tractus gastro-intestinal, qui est appelé
cholestérol exogène, un peu plus de la moitié du cholestérol de l’organisme est produit par
synthèse (environ 700mg/jour) : c’est qu’on appelle le cholestérol endogène. Pratiquement
tout le cholestérol endogène qui circule dans le plasma transporté dans les lipoprotéines est
synthétisé par le foie, mais toutes les autres cellules du corps synthétisent un peu de
cholestérol ; ce qui n’a rien d’étonnant parce que plusieurs de nombreuses structures
membranaires de toutes les cellules sont partiellement composées de cette substance.

La structure de base du cholestérol est un noyau stérol. Ce noyau est synthétisé entièrement à
partir de plusieurs molécules d’acétyl-CoA et il va subir des modifications qui vont donner (1)
le cholestérol; (2) l’acide cholique, qui est la base des acides biliaires formés dans le foie ; (3)
et plusieurs hormones stéroïdes importantes sécrétées par le cortex surrénal, les ovaires et les
testicules.

11.5.2.2. Facteurs affectant la concentration plasmatique du cholestérol — Rétrocontrôle du


cholestérol corporel

Les facteurs importants affectant la concentration plasmatique du cholestérol sont les


suivants:
1. Une augmentation de la quantité de cholestérol ingéré chaque jour augmente légèrement la
concentration plasmatique. Toutefois, lorsque le cholestérol est ingéré, l’augmentation de sa
concentration inhibe la plus importante des enzymes essentielles pour la synthèse endogène
du cholestérol, la 3-hydroxy-3-methylglutaryl CoA, pourvoyant ainsi un système de
rétrocontrôle intrinsèque qui empêche une augmentation excessive de la concentration du
cholestérol dans le plasma. Le résultat est que la concentration plasmatique du cholestérol
habituellement ne change pas au dessus ou en dessous de ±15 pour cent quelle que soit la
quantité apportée par l’alimentation, bien que les individus aient des réponses
remarquablement différentes. En effet, les facteurs héréditaires jouent le rôle le plus important
en déterminant les concentrations individuelles en cholestérol sérique.
2. Les facteurs alimentaires et environnementaux jouent cependant également un rôle. Une
alimentation très riche en lipides saturés augmente la concentration sanguine de 15 à 25 pour
cent. C’est le résultat d’une augmentation des dépôts dans le foie, ce qui pourvoit de quantités
accrues d’acétyl-CoA dans les hépatocytes pour la production du cholestérol. En
288

conséquence, pour faire baisser la concentration sanguine du cholestérol, il est habituellement


important, sinon très important, de maintenir une diète aussi bien pauvre en lipides saturés
qu’en cholestérol.
3. Le plus bénéfique consiste à remplacer dans le régime les acides gras saturés par des acides
gras polyinsaturés et mono-insaturés. Les huiles végétales de maïs et de tournesol par
exemple, contiennent une grande proportion d’acides gras polyinsaturés, tandis que l’huile
d’olive a une concentration élevée en acides gras mono-insaturés. Par ailleurs, la graisse du
beurre, celle du bœuf et l’huile de palme contiennent des proportions élevées d’acides gras
saturés. L’ingestion des lipides contenant des acides gras polyinsaturés habituellement baisse
la concentration sanguine du cholestérol de façon légère ou modérée. Les mécanismes de cet
effet sont inconnus ; ce que cet effet soit ne constante dans toutes les observations.
4. Le manqué d’insuline ou d’hormone thyroïdienne augmente la concentration sanguine du
cholestérol, alors que l’excès d’hormone thyroïdienne diminue la concentration. Ces effets
sont probablement dus aux modifications dans le degré d’activation d’enzymes spécifiques
responsables du métabolisme de substances lipidiques.

11.5.2.3. Utilisations spécifiques du cholestérol dans l’organisme

De fort loin, la plus importante utilisation non membranaire du cholestérol dans le corps est la
formation de l’acide cholique dans le foie. Au moins 80 pour cent de cholestérol sont
convertis en acide cholique. Ce dernier est conjugué à d’autres substances pour former les sels
biliaires qui participent à la digestion et a l’absorption des graisses.

Une petite quantité de cholestérol est utilisée par (1) les glandes corticales surrénales pour
former les hormones cortico-surrénaliennes, (2) les ovaires pour former la progestérone et les
œstrogènes, et (3) les testicules pour former la testostérone. Ces glandes peuvent également
synthétiser leurs propres stérols et ensuite former des hormones à partir de ces derniers.

Une grande quantité de cholestérol est précipitée dans la cornée de la peau. Ceci permet, avec
les autres lipides, de rendre la peau très résistante à l’absorption de substances hydrosolubles
et à l’action de nombreux agents chimiques; effet, le cholestérol and et les autres lipides de la
peau sont très inertes aux acides et à de nombreux solvants qui peuvent entre autre pénétrer
facilement pénétrer dans le corps. Aussi, ces substances lipides aident à empêcher
l’évaporation de l’eau au niveau de la peau; sans cette protection, la quantité d’eau évaporée
au niveau de la peau serait de 5 à 10 litres par jour (comme cela se passe chez les patients
brûlés qui ont perdu leur peau) au lieu de 300 à 400 millilitres habituels.
289

11.5.3. Fonctions structurales cellulaires des phospholipides et du cholestérol — Spécialement


dans les membranes

Les usages des phospholipides et du cholestérol dont nous avons mention ci-dessus ne
constituent qu’une moindre importance en comparaison avec leur fonction de former des
structures spécialisées, principalement les membranes, dans toutes les cellules de l’organisme.
Nous savons que de grandes quantités de phospholipides et de cholestérol sont présentes dans
la membrane cellulaire et dans les membranes des organelles internes de toutes les cellules.
Nous savons également que le rapport cholestérol phospholipides membranaires est
spécialement important pour déterminer la fluidité des membranes cellulaires.

Pour que les membranes soient formées, des substances non hydrosolubles doivent être
disponibles. D’une manière générale, les seules substances du corps qui ne sont pas
hydrosolubles (à coté des substances inorganiques de l’os) sont les lipides et certaines
protéines. Ainsi, l’intégrité physique des cellules n’importe où dans l’organisme est basée
principalement sur les phospholipides, le cholestérol, et certaines protéines insolubles. Aussi,
les charges polaires des phospholipides réduisent la tension inter-faciale entre les membranes
cellulaires et les fluides environnants.

Un autre fait qui illustre l’importance des phospholipides et du cholestérol dans la formation
des éléments structuraux des cellules c’est le taux lent de leur turnover dans la plupart des
tissus en dehors du foie — leur taux de turnover se mesure en mois ou en années. Par
exemple, leur fonction de servir de support au processus de mémoire dans les cellules du
cerveau est liée principalement à leurs propriétés physiques indestructibles.

11.6. ATHEROSCLEROSE

L’athérosclérose est une maladie des artères de gros et de moyen calibres, caractérisée par le
dépôt des plaques d’athérome dans les parois artérielles. Les plaques d’athérome sont
constituées de cholestérol et d’esters de cholestérol des lipoprotéines plasmatiques.
L’artériosclérose par contre est un terme général qui se rapport à l’épaississement et à la
rigidité des vaisseaux sanguins de toute taille.

La lésion de l’endothélium vasculaire est une anomalie précoce qu’on peut détecter dans les
vaisseaux sanguins qui vont plus tard devenir athéroscléreux. A son tour, cette lésion
augmente l’expression des molécules d’adhésion sur les cellules endothéliales et diminue la
capacité des cellules endothéliales à libérer l’oxyde nitrique (NO) et les autres substances
290

intervenant dans la prévention de l’adhésion des macromolécules, des plaquettes, et des


monocytes à l’endothélium. Une fois que l’endothélium vasculaire lésé, les monocytes
circulant et les lipides (surtout les LDL) commencent à s’accumuler sur le site de la lésion
(Figure 11–6A). Les monocytes franchissent l’endothélium, entrent dans l’intima de la paroi
vasculaire, se différencient en macrophages, qui dans la suite ingèrent et oxydent les
lipoprotéines accumulées, ce qui leur donne une apparence spumeux. Ces cellules
macrophages spumeuses s’agrègent ensuite sur le vaisseau sanguin et forment une strie
graisseuse visible.

Avec le temps, les stries graisseuses grandissent encore et encore et confluent, et les tissus
environnants, musculaire lisse et fibreux, prolifèrent pour former des plaques de plus en plus
larges (voir Figure 11–6B). En outre, les macrophages libèrent des substances qui causent
l’inflammation (cytokines) et davantage de prolifération du tissu musculaire lisse et fibreux
sur les surfaces internes de la paroi artérielle. Les dépôts lipidiques et la prolifération
cellulaire deviennent si importants que la plaque bombe à l’intérieur de la lumière de l’artère
et réduit grandement le flux sanguin, parfois obstrue complètement le vaisseau. Même sans
occlusion, les fibroblastes de la plaque déposent finalement des quantités considérables de
tissu conjonctif dense ; la sclérose (fibrose) devient si importante que les artères deviennent
rigides et dures. Plus tard encore, les sels de calcium souvent précipitent avec le cholestérol et
les autres lipides des plaques, donnant naissance à des calcifications dures comme l’os qui
vont faire des artères des tubes rigides. Tous ces stades Tardifs de la maladie sont appelés
“durcissement des artères.”

Les artères athéroscléreuses ont perdu la majeure partie de leur distensibilité, et à cause des
zones de dégénérescence dans leurs parois, ils se rupturent facilement. En outré, là où les
plaques font protrusion dans le flux sanguine, leurs surfaces rugueuses peuvent être à l’origine
de la formation d’un caillot, formation subséquente d’un thrombus ou d’un embol, pouvant se
solder par un arrêt soudain de tout le flux sanguin dans l’artère.

Environ 50% de l’ensemble des décès aux États-Unis et en Europe sont dus aux maladies
cardiovasculaires. Environ les deux tiers de ces décès sont dus à la thrombose d’un ou
plusieurs artères coronaires. Le tiers restant est cause par la thrombose ou l’hémorragie des
vaisseaux d’autres organes du corps, particulièrement le cerveau (causant les attaques), mais
aussi les reins, le foie, le tractus gastro-intestinal, les membres, et bien d’autres.
291

11.6.1. Causes fondamentales de l’athérosclérose — Rôles du cholestérol et des


lipoprotéines

11.6.1.1. Augmentation des LDL

Un facteur important dans l’étiologie de l’athérosclérose c’est une concentration plasmatique


élevée en cholestérol sous forme de LDL. La concentration plasmatique de ces LDL à haute
teneur de cholestérol est augmentée par plusieurs facteurs, parmi lesquels la consommation de
graisses hautement saturées dans l’alimentation quotidienne, l’obésité, et l’inactivité
physique. A un degré moindre, consommer un excès de cholestérol peut aussi élever les taux
plasmatiques des LDL.

Un exemple intéressant est l’observation faite chez les rats ; normalement, ces animaux ont
des concentrations plasmatiques basses en cholestérol à cause de leur régime végétarien. Le
fait d’ajouter à leur diète journalière de grandes quantités de cholestérol est à l’origine de la
formation de graves plaques d’athérosclérose à travers leurs systèmes artériels.

11.6.1.2. Hypercholestérolémie familiale

Il s’agit d’une maladie héréditaire due à un défaut des gènes codant pour la formation des
récepteurs des LDL sur la surface de la membrane des cellules. En l’absence de ces
récepteurs, le foie ne peut absorber ni les IDL ni les LDL. Sans cette absorption, la machinerie
cholestérol des hépatocytes s’emballe, produisant du nouveau cholestérol; il n’y a plus de
réponse inhibitrice rétroactive du flux entrant du cholestérol sur la transcription des gènes de
nombreuses enzymes impliquées dans la synthèse du cholestérol. Le résultat est qu’il y a
augmentation de la synthèse et diminution de la capture du cholestérol que les LDL libèrent
en excès dans le plasma.

Les patients avec hypercholestérolémie familiale ont des concentrations sanguines de


cholestérol de 600 à 1000 mg/dl, soit quatre à six fois plus élevé que la normale. Beaucoup de
ces gens meurent avant l’âge de 20 ans d’infarctus du myocarde ou d’autres complications de
l’obstruction athéroscléreuse des vaisseaux sanguins à travers le corps.
292

11.6.1.3. Rôle des HDL dans la prévention de l’athérosclérose

Comparativement aux LDL, on connaît beaucoup moins de choses sur la fonction des HDL.
On pense que les HDL absorbent les cristaux de cholestérol qui commencent à se déposer
dans les parois artérielles. Que cet effet soit vrai ou non, les HDL aident à protéger contre le
développement de l’athérosclérose. Ainsi, lorsqu’une personne a un rapport HDL/LDL élevé,
le risque de développer l’athérosclérose est fortement réduit.

11.6.2. Autres facteurs majeurs de risque d’athérosclérose

Chez certaines personnes ayant des taux parfaitement normaux de cholestérol et des
lipoprotéines, l’athérosclérose peut néanmoins se développer. Certains facteurs sont connus
comme prédisposant à l’athérosclérose: (1) l’inactivité physique et l’obésité, (2) le diabète
sucré, (3) l’hypertension artérielle, (4) l’hyperlipidémie, et (5) le tabagisme.

11.6.3. Prévention de l’athérosclérose

Les mesures prophylactiques les plus importantes pour lutter contre le développement de
l’athérosclérose et sa progression vers une maladie vasculaire grave sont (1) maintenir un
poids sain, avoir de l’exercice physique, et consommer contenant principalement des graisses
insaturées avec peu de cholestérol; (2) lutter contre l’hypertension artérielle en consommant
des aliments sains et en ayant de l’exercice physique, ou en contrôlant efficacement la
pression artérielle avec des médicaments antihypertenseurs si l’hypertension artérielle se
développe; (3) contrôler efficacement la glycémie avec un traitement à l’insuline ou aux
autres médicaments si le diabète sucré se développe; et (4) abandonner la consommation des
cigarettes.

Il existe plusieurs médicaments hypolipémiants et hypocholestérolémiants.


293

CHAPITRE 12 METABOLISME DES PROTEINES

Les trois quarts du poids sec du corps sont constitués des protéines. Celles-ci comprennent les
protéines structurales, les enzymes, les nucléoprotéines, les protéines qui transportent
l’oxygène, les protéines du muscle qui sont responsables de la contraction musculaire, et de
nombreux autres types assurant des fonctions intracellulaires et extracellulaires spécifiques à
travers tout l’organisme. Les propriétés chimiques fondamentales des protéines qui expliquent
leurs diverses fonctions sont si nombreuses qu’elles constituent une section importante du
cours de Biochimie.

Objectifs

Connaître les aspects spécifiques du métabolisme des protéines permettant de comprendre


certains principes physiologiques
1. Enumérer les propriétés fondamentales des protéines
2. Décrire le transport et le stockage des acides aminés
3. Enumérer les fonctions des protéines plasmatiques
4. Décrire la régulation hormonale du métabolisme des protéines

Plan du chapitre

1. Propriétés fondamentales
2. Transport et stockage d’acides aminés
3. Rôles fonctionnels des protéines plasmatiques
4. Régulation hormonale du métabolisme des protéines

12.1. PROPRIETES FONDAMENTALES

12.1.1 Acides aminés

Les acides aminés sont les unités constitutives des protéines; 20 acides aminés sont présents
en quantités significatives dans les protéines de l’organisme. La formule chimique des acides
aminés montre qu’ils ont en commun deux caractéristiques: chacun possède un groupement
carboxylique (—COOH) ou acide et un atome d’azote attaché à la molécule généralement
sous forme d’un groupement amine (—NH2).
294

12.1.1.1. Liaisons et chaînes peptidiques

Dans les protéines, les acides aminés sont assemblés dans de longues chaînes par l’entremise
des liaisons peptidiques. La nature chimique de cette liaison est illustrée par la réaction ci-
dessous :

Remarquez que dans cette réaction l’azote d’un groupement amine d’un des acides aminés se
lie au carbone du groupement carboxylique de l’autre acide aminé. Un ion hydrogène est
libéré par le groupement amine, et un ion hydroxyle est libéré par le groupement
carboxylique; les deux se combinent pour former une molécule d’eau. Après la formation de
la liaison peptidique, groupement amine et un groupement carboxylique sont aux extrémités
opposées de la nouvelle, plus longue molécule. Chacun de ces groupements peut encore se
combiner avec d’autres acides aminés pour former une chaîne peptidique. Certaines
molécules protéiques complexes sont constituées de plusieurs milliers d’acides aminés
assemblés par des liaisons peptidiques, et même la plus petite molécule de protéine est
habituellement constituée de plus de 20 acides aminés reliés par liaisons peptidiques. La
moyenne est d’environ 400 acides aminés.

12.1.1.2. Autres types de liaisons dans les molécules protéiques

Certaines molécules protéiques sont constituées de plusieurs chaînes peptidiques plutôt que
d’une seule, et ces chaînes sont reliées les unes autres par d’autres types de liaisons, souvent
des liaisons hydrogène entre les radicaux CO et NH des peptides, de la manière suivante:
295

Plusieurs chaînes peptidiques sont enroulées ou plissées, et les rouleaux ou plis successifs
sont maintenus ensemble dans une hélice serrée ou dans d’autres formes par des liaisons
hydrogène similaires et d’autres forces.

12.2. TRANSPORT ET STOCKAGE D’ACIDES AMINES

12.2.1. Acides aminés du sang


La concentration normale d’acides aminés dans le sang varie entre 35 et 65 mg/dl. Ce qui fait
une moyenne d’environ 2 mg/dl pour chacun des 20 acides aminés, même si certains sont
présents en quantités de loin beaucoup plus grandes que les autres. Comme les acides aminés
sont des acides relativement forts, ils sont présents dans le sang principalement sous forme
ionisée, résultant de la perte d’un atome d’hydrogène par le groupement NH2 radical. Ils
contribuent pour 2 à 3 milliequivalents d’ions negatives dans le sang. La distribution précise
de différents acides aminés dans le sang dépend de l’importance des types de protéines
consommés, mais au final les concentrations de certains acides aminés particuliers sont
régulées par une synthèse sélective dans différentes cellules.

12.2.1.1. Sort des acides aminés absorbés à partir du tractus gastro-intestinal

Les protéines apportées par l’alimentation sont digérées dans le tractus gastro-intestinal et
absorbées presqu’entièrement sous forme d’acides aminés : ces derniers sont donc les produits
finaux de la digestion des protéines ; l’absorption des polypeptides ou des molécules
protéiques du tractus digestif au sang est très rare. Immédiatement après un repas, la
concentration d’acides aminés dans le sang augmente, mais cette augmentation est
généralement de seulement quelques milligrammes par décilitre, pour deux raisons: d’abord
parce que la digestion et l’absorption des protéines s’étendent généralement sur 2 à 3 heures,
ne permettant l’absorption que de petites quantités d’acides aminés par unité de temps.
Ensuite, une fois dans le sang, l’excédent d’acides aminés est absorbé dans les 5 à 10 minutes
par les cellules de l’organisme, particulièrement les hépatocytes. Ainsi donc, il ne s’observe
296

presque jamais des concentrations élevées d’acides aminés accumulés dans le sang et dans les
fluides tissulaires. Néanmoins, le taux de turnover des acides aminés est si rapide que
plusieurs grammes de protéines peuvent être transportés d’une partie du corps à une autre
sous forme d’acides aminés chaque heure.

12.2.1.2. Transport actif des acides aminés vers l’intérieur des cellules

Les molécules de tous les acides aminés sont trop volumineuses pour pouvoir diffuser
facilement à travers les pores des membranes cellulaires. C’est ainsi que des quantités
significatives d’acides amines ne peuvent être transportées à travers les membranes vers
l’intérieur ou vers l’extérieur des cellules que par transport facilité ou par transport actif
utilisant des mécanismes transporteurs. La nature de certains de ces mécanismes transporteurs
est encore peut connue, mais quelques uns ont été discutés dans le Chapitre sur le transport
transmembranaire.

12.2.1.3. Seuil plasmatique rénal des acides aminés

Les acides aminés sont librement filtrés au niveau des membranes glomérulaires dans les reins
et se retrouvent dans l’ultrafiltrat glomérulaire (urine primitive) ; cependant ils ne sont pas
éliminés dans l’urine (aminoacidurie), car ils sont activement réabsorbés à travers
l’épithélium tubulaire proximal, ce qui les soustrait du filtrat glomérulaire et les retourne dans
le sang. Cependant, comme c’est le cas pour les autres mécanismes de transport actif dans les
tubules rénaux, il existe une limite supérieure au taux auquel chaque type d’acide aminé peut
être transporté. Pour cette raison, lorsque la concentration d’un acide aminé particulier devient
trop élevée dans le plasma et par conséquent dans le fluide tubulaire, l’excès qui ne peut être
réabsorbé activement est perdu dans l’urine.

12.2.2. Stockage d’acides aminés comme protéines dans les cellules

Presqu’immédiatement après leur entrée dans les cellules tissulaires, les acides aminés se
combinent les uns aux autres par des liaisons peptidiques, sous la direction de l’ARN
messager et du système ribosomal de la cellule, pour former des protéines cellulaires. Ainsi
donc, la concentration d’acides aminés libres à l’intérieur des cellules demeure habituellement
basse. De ce fait, il n’apparaît pas de stockage de grandes quantités d’acides aminés dans les
cellules; ces derniers sont plutôt stocké principalement sont formes de protéines. Cependant,
beaucoup de ces protéines intracellulaires peuvent rapidement être décomposées à nouveau en
acides aminés sous l’influence d’enzymes digestives lysosomiales intracellulaires; à leur tour,
297

les acides aminés peuvent ensuite être transportés à nouveau hors des cellules pour retourner
dans le sang. Font exception à ce processus réversible les protéines des chromosomes dans le
noyau et les protéines structurales comme le collagène et les protéines contractiles du muscle;
les protéines ci-haut citées ne participent pas de manière significative dans cette digestion
réversible et ce rétro-transport hors des cellules.

Certains tissus du corps ont une plus grande capacité de stockage des acides aminés que
d’autres. C’est le cas du foie qui est un organe volumineux disposant d’un équipement
enzymatique approprié pour le métabolisme des acides aminés ; il peut stocker de grandes
quantités de protéines rapidement échangeables; ceci est également vrai, mais dans une
moindre mesure, pour les reins et la muqueuse intestinale.

12.2.2.1. Régulation de la concentration plasmatique des acides aminés

Chaque fois que les concentrations plasmatiques des acides aminés tombent en dessous des
niveaux normaux, les acides aminés concernés sont transportés hors des cellules pour que leur
plein dans le plasma soit fait. De cette manière, la concentration plasmatique de chaque type
d’acide aminé est maintenue à une valeur constante raisonnable. Certaines hormones sécrétées
par les glandes endocrines sont capables de modifier la balance entre les protéines tissulaires
et les acides aminés circulant. Ainsi, l’hormone de croissance et l’insuline augmentent la
formation des protéines tissulaires, alors que les hormones glucocorticoïdes cortico-
surrénaliennes augmentent la concentration des acides aminés dans le plasma. La libération
d’acides aminés des cellules dans le plasma est moyen de régulation de la concentration
plasmatique d’acides aminés.

12.2.2.2. Equilibre réversible entre les protéines dans différentes parties du corps

Puisque les protéines cellulaires dans le foie (et, dans une moindre mesure, dans les autres
tissus) peuvent être synthétisées rapidement à partir des acides amines du plasma, et puisque
plusieurs de ces protéines peuvent être dégradées et retourner au plasma presqu’aussi
rapidement, il y a un échange et un équilibre constants entre les acides aminés du plasma et
les protéines labiles dans virtuellement toutes les cellules du corps. Par exemple, si un tissue
particulier a besoin des protéines, il peut synthétiser de nouvelles protéines à partir des acides
aminés du sang; d’autre part, le plein d’acides aminés dans le sang est fait par la dégradation
des protéines à partir d’autres cellules du corps, particulièrement à partir des hépatocytes. Ces
effets sont particulièrement remarquables quand on considère la synthèse des protéines dans
298

les cellules cancéreuses : les cellules cancéreuses sont souvent des utilisateurs prolifiques des
acides aminés ; ce qui a pour effet une déplétion marquée des protéines de toutes les autres
cellules.

12.2.2.3. Limite supérieure du stockage des protéines

Chaque type particulier de cellule à une limite supérieure quant à la quantité de protéines
qu’elle peut stocker. Une fois que toutes les cellules ont atteint leurs limites, les acides aminés
en excès encore présents dans la circulation sont dégradés en d’autres produits et utilisés pour
la production de l’énergie, ou sont convertis en graisses ou en glycogène et stockés sous ces
formes.

12.3. PROTEINES PLASMATIQUES: FONCTIONS ET SYNTHESE

Les principaux types de protéines présentes dans le plasma sont l’albumine, les globulines, et
le fibrinogène. La principale fonction de l’albumine est de fournir la pression osmotique
colloïde du plasma ; cette pression empêche la fuite du plasma au niveau des capillaires. Les
globulines assurent de nombreuses fonctions enzymatiques dans le plasma, mais elles ont
aussi une fonction tout aussi importante : ce sont les principaux responsables de la défense de
l’organisme (voir Immunologie). Le fibrinogène se polymérise en de longs filaments de
fibrine durant la coagulation sanguine, formant ainsi les caillots sanguins qui aident à réparer
la fuite dans le système circulatoire.

12.3.1. Formation des protéines plasmatiques

Les protéines plasmatiques sont formées essentiellement dans le foie: la quasi-totalité de


l’albumine et du fibrinogène, 50 à 80 pour cent des globulines. Le restant des globulins est
formé presqu’entièrement dans les tissus lymphoïdes ; il s’agit principalement des gammas
globulines qui constituent les anticorps utilisés dans le system immunitaire.

Le taux de formation des protéines plasmatiques par le foie peut être extrêmement élevé, aussi
élevé que 30 g/jour. Certaines conditions de maladie se caractérisent entre autres par perte
rapide des protéines plasmatiques: les brulures étendues et certaines néphropathies
glomérulaires, pour ne citer que celles-là. La production rapide des protéines plasmatiques par
le foie s’avère précieuse pour empêcher le décès dans de telles circonstances.
299

Au cours de la cirrhose du foie, des quantités importantes de tissu fibreux se développent par
les cellules parenchymateuses hépatiques, entraînant une réduction de leur capacité à
synthétiser les protéines plasmatiques. Le résultat en est la diminution de la pression
osmotique colloïde du plasma, qui est à l’origine d’un œdème généralisé.

12.3.2. Protéines plasmatiques: source d’acides aminés pour les tissus

Lorsque les tissus deviennent pauvres en protéines, les protéines plasmatiques peuvent servir
de source de reconstitution rapide. En effet, en cas de besoin, des protéines plasmatiques
entières peuvent être englouties totalement par les macrophages tissulaires grâce au processus
de pinocytose; une fois dans ces cellules, elles sont dégradées en acides amines qui sont retro-
transportés dans le sang et utilisés à travers le corps pour construire les protéines cellulaires là
où c’est nécessaire. De cette manière, les protéines plasmatiques fonctionnent comme pool
intermédiaire labile de stockage des protéines et représentent une source rapidement
mobilisable d’acides aminés dès qu’un tissu particulier en a besoin.

12.3.3. Equilibre réversible entre protéines plasmatiques et protéines tissulaires

Il existe un état d’équilibre constant, comme illustré dans la Figure 12–2, entre les protéines
plasmatiques, les acides aminés du plasma, et les protéines tissulaires. Grâce aux études
utilisant des traceurs radioactifs, il a été estimé que dans les conditions normales environ 400
grammes de protéines du corps sont synthétisées et dégradées chaque jour comme partie de
l’état continu du flux d’acides aminés. Ceci est une preuve du principe général de l’échange
réversible d’acides aminés entre les différentes protéines du corps. Même durant le jeûne ou
au cours des maladies sévères débilitantes, le rapport du total des protéines tissulaires sur le
total des protéines plasmatiques dans le corps demeure relativement constant à environ 33:1.
Cet équilibre réversible entre les protéines plasmatiques et les autres protéines du corps a une
implication pratique : l’une des thérapies les plus efficaces dans la prise en charge de la
déficience sévère, aigüe en protéines du corps entier c’est la transfusion intraveineuse des
protéines plasmatiques. En quelques jours, ou parfois en quelques heures, les acides aminés
des protéines administrées sont distribués à travers les cellules du corps pour former de
nouvelles protéines là où il y a besoin.
300

12.4. ACIDES AMINES ESSENTIELS ET NON ESSENTIELS

Dix des acides aminés normalement présents dans les protéines animales peuvent être
synthétisés dans les cellules, alors que les 10 autres soit ne peuvent pas être synthétisés soit
sont synthétisés en quantités trop petites pour couvrir les besoins de l’organisme. Ce
deuxième groupe d’acides aminés qui ne peuvent être synthétisés sont appelés acides aminés
essentiels. Le mot “essentiel” ne signifie pas que les 10 autres acides aminés “non essentiels”
ne sont pas nécessaires à la formation des protéines, mais plutôt qu’ils ne sont pas
indispensables dans l’alimentation car pouvant être synthétisés par l’organisme.

La synthèse des acides aminés “non essentiels” dépend principalement de la formation des
quantités appropriées d’α-cétoacides, qui sont des précurseurs des acides aminés
correspondant. Par exemple, l’acide pyruvique, formé en grandes quantités lors de la
dégradation glycolytique du glucose, est le cétoacide précurseur de l’acide aminé alanine.
Ensuite, par l’entremise du processus de transamination, un groupement amine est transféré à
l’α-cétoacide, et le cétooxygène est transféré au donneur du groupement amine. Cette réaction
est illustrée dans la figure 12–3. Remarquez dans cette figure que le groupement amine est
transféré à l’acide pyruvique à partir d’une autre substance chimique fortement apparentée
aux acides aminés, la glutamine. La glutamine est présente en grandes quantités dans les
tissus, et l’une de ces principales fonctions est de servir comme lieu de stockage du
groupement amine. En outré, les groupements amines peuvent être transférés de l’asparagine,
de l’acide glutamique, et de l’acide aspartique.

Figure 12–3. Synthèse de l’alanine à partir de l’acide pyruvique par transamination.


301

La transamination est catalysée par de nombreuses enzymes, parmi lesquelles on trouve les
aminotransférases ou transférases, qui sont des dérivés de la pyridoxine, une vitamine du
groupe B (vitamine B6). En l’absence de cette vitamine, la synthèse d’acides aminés est
réduite, et la formation des protéines ne peut se faire normalement.

12.5. UTILISATION DES PROTEINES A DES FINS ENERGETIQUES

Une fois que les cellules sont remplies à capacité de protéines stockées, c’est-à-dire qu’elles
ont atteint leurs limites de stockage, tous les acides aminés en excès dans les fluides corporels
sont catabolisés en intermédiaires amphiboliques utilisés comme source d’énergie ou alors
sont stockés principalement sous forme de graisses ou secondairement sous forme de
glycogène. Ce catabolisme se déroule presqu’entièrement dans le foie et commence avec la
désamination.

12.5.1. Désamination

La désamination est la perte des groupements amines par les acides aminés. Elle se fait
principalement par transamination, qui est le transfert du groupement amine à une substance
réceptrice, ce qui est l’inverse de la transamination impliquée dans la synthèse des acides
aminés.

La plus grande quantité de désamination se déroule selon le schéma suivant de


transamination:

Remarquez que dans ce schéma, le groupement amine de l’acide aminé est transféré à l’acide
α-cétoglutarique qui devient alors l’acide glutamique. L’acide glutamique peut à son tour
transférer le groupement amine à d’autres substances encore ou le libérer sous forme
302

d’ammoniac (NH3). Dans ce processus de perdre le groupement amine, l’acide glutamique


devient de nouveau l’acide α-cétoglutarique, et le cycle peut se répéter encore et encore. Pour
déclencher ce processus, l’excès d’acides amines dans les cellules, particulièrement dans le
foie, induit l’activation de grandes quantités d’aminotransférases, les enzymes responsables
pour initier le plus de désamination.

12.5.3. Biosynthèse de l’urée au niveau du foie

L’ammoniac libéré lors de la désamination des acides amines est éliminé du sang
presqu’entièrement par sa conversion en urée; deux molécules d’ammoniac et une molécule
de dioxyde de carbone se combinent selon la réaction suivante:

L’essentiel de la biosynthèse de l’urée chez l’homme se déroule dans le foie. En l’absence du


foie ou en cas de maladie hépatique grave, l’ammoniac s’accumule dans le corps. C’est une
substance très toxique, surtout sur le cerveau, entraînant souvent un état appelé coma
hépatique. Les étapes de la biosynthèse de l’urée sont les suivantes : (1) une transamination,
(2) la désamination oxydative du glutamate, (3) le transport de l’ammoniac, et (4) les
réactions du cycle de l’urée.

Les réactions du cycle de l’urée peuvent être résumées de la manière suivante :

Après sa synthèse, l’urée diffuse hors des hépatocytes vers les fluides corporels et est excrétée
par les reins.
303

12.5.3. Oxydation des acides aminés désaminés

Une fois désaminés les acides aminés, les cétoacides qui en résultent peuvent, dans la plupart
des cas, être oxydés pour fournir de l’énergie servant au métabolisme. Cela se passe
généralement en deux étapes successive: (1) le cétoacide est transformé en un intermédiaire
métabolique approprié capable d’entrer dans le cycle de l’acide citrique, et (2) l’intermédiaire
est catabolisé dans le cycle et utilisé pour produire de l’énergie de la même manière que
l’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA) provenant du métabolisme des hydrates de carbone et des
lipides est utilisé. D’une manière générale, la quantité d’adénosine triphosphate (ATP) formée
par chaque gramme de protéine oxydée est légèrement inférieure à celle formée par chaque
gramme de glucose oxydé.

12.5.4. Néoglucogenèse et cétogenèse

Certains acides aminés désaminés ressemblent aux substrats normalement utilisés par les
cellules, notamment par les hépatocytes, pour synthétiser le glucose ou les acides gras. Par
exemple, la désamination de l’alanine donne l’acide pyruvique. Ce dernier peut être en
glucose ou en glycogène. Il peut également être converti en acétyl-CoA, qui sera ensuite
polymérisé en acides gras. D’autre part, deux molécules d’acétyl-CoA peuvent condenser
pour former l’acide acétoacétique, qui est l’un des corps cétoniques.

La conversion des acides amines en glucose ou en glycogène est appelée néoglucogenèse, et


la conversion des acides aminés en cétoacides est appelée cétogenèse. Sur les 20 acides
amines, 18 ont une structure chimique telle que leur désamination permet la conversion en
glucose, et 19 d’entre eux peuvent être convertis en acides gras.

12.6. DEGRADATION OBLIGATOIRE DES PROTEINES

Lorsque l’alimentation n’apporte pas de protéines, une certaine proportion de protéines


corporelles est dégradée en acides aminés et ensuite désaminée et oxydée. Cette dégradation
porte sur 20 à 30 grammes de protéines chaque jour, qu’on appelle perte obligatoire des
protéines. Ainsi, pour prévenir la perte nette des protéines dans l’organisme, un individu doit
ingérer un minimum de 20 à 30 grammes de protéines chaque jour ; pour plus de sécurité, un
minimum de 60 à 75 grammes est habituellement recommandé.

La teneur en différents acides aminés dans les protéines alimentaires doit être quasiment la
même que celle dans les tissus corporels si la protéine alimentaire entière doit être utilisée de
304

façon optimale pour former de nouvelles protéines tissulaires. Si un quelconque acide aminé
essentiel est en moindre concentration, les autres deviennent inutilisables parce que les
cellules synthétisent soit des protéines entières soit pas de protéines du tout (voir chapitre en
relation avec la synthèse des protéines). Les acides aminés inutilisables sont désaminés et
oxydés. Une protéine ayant une teneur en acides amines différente de celle de la moyenne des
protéines corporelles est dite protéine partielle ou protéine incomplète, et elle est d’une valeur
nutritive moindre qu’une protéine complète.

12.6.1. Effet du jeûne sur la dégradation des protéines

À l’exception des 20 à 30 grammes de la dégradation obligatoire journalière, l’organisme


utilise comme substrat énergétique presqu’exclusivement les hydrates de carbone ou les
graisses, aussi longtemps que ces derniers sont disponibles. Cependant, après quelques
semaines dejeûne, lorsque les stocks d’hydrates de carbone ou de graisses commencent à
s’épuiser, les acides aminés du sang sont rapidement désaminés et oxydés pour la production
d’énergie. À partir de ce point, les protéines tissulaires se dégradent rapidement — à un
rythme aussi élevé que 125 grammes par jour — et comme résultat, les fonctions cellulaires
se détériorent précipitamment. Puisque dans les conditions physiologiques normales, les
hydrates de carbone et les graisses sont préférés aux protéines comme substrat énergétique,
les hydrates de carbone et les graisses sont dits « épargneurs » des protéines.

12.7. REGULATION HORMONALE DU METABOLISME DES PROTEINES

Plusieurs hormones on tune action régulatrice sur le métabolisme des protéines: l’hormone de
croissance, l’insuline, les glucocorticostéroïdes, la testostérone, les œstrogènes et la thyroxine.

Hormone de croissance

L’hormone de croissance augmente la synthèse des protéines cellulaires et est à l’origine de la


croissance des protéines tissulaires. Le mécanisme précis de cette action n’est pas connu,
mais l’on pense qu’elle résulte principalement de l’effet qu’a l’hormone de croissance
d’augmenter le transport des acides aminés à travers les membranes cellulaires et d’accélérer
les processus de transcription et traduction de l’ADN et de l’ARN pour la synthèse des
protéines.
305

Insuline

L’insuline est nécessaire à la synthèse des protéines. Le manque total d’insuline réduit la
synthèse des protéines à presque zéro. Le mécanisme ici aussi n’est pas bien élucidé; mais
l’insuline accélère le transport de certains acides aminés vers l’intérieur des cellules, ce qui
pourrait être le stimulus de la synthèse des protéines. D’autre part, l’insuline augmente la
disponibilité du glucose aux cellules, au point que le besoin d’utiliser les acides aminés à des
fins énergétiques est réduit de façon correspondante.

Glucocorticostéroïdes

Les glucocorticostéroïdes augmentent la dégradation de la majorité des protéines tissulaires.


Ces hormones du cortex surrénal diminuent la quantité des protéines dans la plupart des tissus
et au même moment augmentent la concentration des acides aminés dans le plasma, aussi bien
que les protéines du foie et les protéines plasmatiques. On pense que les glucocorticostéroïdes
agissent en augmentant la dégradation des protéines extra-hépatiques, augmentant ainsi les
quantités d’acides aminés disponibles dans les liquides corporels. Ceci permet au foie de
synthétiser des quantités accrues de protéines hépatocytaires et plasmatiques.

Testostérone

La testostérone, l’hormone sexuelle male, entraîne une augmentation du dépôt des protéines
dans tous les tissus du corps, particulièrement les protéines contractiles des muscles (une
augmentation de 30 à 50 pour cent). Le mécanisme de cet effet est inconnu, mais il est
fondamentalement différent de l’effet de l’hormone de croissance, de la manière que voici:
l’hormone de croissance entraîne une croissance presqu’illimitée des tissus, alors que la
testostérone entraîne une hypertrophie des muscles et, dans une moindre mesure, celle de
quelques autres protéines tissulaires seulement pour quelques mois. Une fois que les muscles
et les autres protéines tissulaires ont atteint un maximum, tout dépôt supplémentaire des
protéines cesse malgré l’administration continue de testostérone.

Œstrogènes

Les œstrogènes, principales hormones sexuelles femelles, entraînent aussi quelques dépôts de
protéines, mais leurs effets sont relativement insignifiants comparativement à ceux de
testostérone.
306

Thyroxine

La thyroxine augmente le taux du métabolisme de toutes les cellules et, comme conséquence,
affecte indirectement le métabolisme protéique. Si les hydrates de carbone et les graisses sont
disponibles en quantité insuffisante pour la production de l’énergie, la thyroxine entraîne une
dégradation rapide des protéines et leur utilisation pour produire l’énergie. Inversement, si des
quantités adéquates d’hydrates de carbone et de graisses sont disponibles ainsi qu’un excès
d’acides aminés dans le liquide extracellulaire, la thyroxine peut augmenter le taux de
synthèse des protéines. Chez les animaux et les humains en croissance, le déficit en thyroxine
entraîne une inhibition de la croissance par défaut de la synthèse des protéines.
Fondamentalement, on pense que la thyroxine a peu d’effet spécifique sur le métabolisme
protéique mais un effet général important en augmentant les taux des réactions protéiques
normales anaboliques et cataboliques.
307

CHAPITRE 13 LE FOIE EN TANT QU’ORGANE METABOLIQUE


Le foie assure plusieurs différentes fonctions qui font de lui un organe vital ; plusieurs de ces
fonctions présentent des relations les unes avec les autres. Le but de ce chapitre est de résumer
les différentes fonctions du foie. Nous allons nous appesantir sur le rôle du foie dans le
métabolisme des hydrates de carbone, des protéines, des lipides, des hormones, et de
substances chimiques étrangères (toxiques); les autres fonctions du foie étant exposées dans
d’autres cours. Nous allons décrire les fonctions métaboliques qui sont particulièrement
importantes pour la compréhension de la physiologie intégrée de l’organisme.

Objectifs

Décrire le rôle du foie dans le maintien d’une glycémie normale


Décrire les aspects du métabolisme des graisses se déroulant principalement dans le foie
Décrire les fonctions hépatiques les plus importantes dans le métabolisme des protéines
Enumérer les autres fonctions métaboliques du foie

Plan

1. Métabolisme des hydrates de carbone


2. Métabolisme des lipides
3. Métabolisme des protéines
4. Autres fonctions métaboliques du foie

13.1. METABOLISME DES HYDRATES DE CARBONE

En rapport avec le métabolisme des hydrates de carbone, le foie assure les fonctions
suivantes:
1. Stockage de grandes quantités de glycogène
2. Conversion du galactose et du fructose en glucose
3. Néoglucogenèse
4. Synthèse de nombreux composes chimiques à de produits intermédiaires du métabolisme
des hydrates de carbone

Le foie est particulièrement important pour le maintien d’une glycémie normale. Grace au
stockage du glycogène, le foie enlève l’excès de glucose dans le sang et le stocke; il pourra
ensuite retourner le glucose dans le sang lorsque la glycémie commence à chuter trop bas.
Ceci est appelé la fonction “tampon du glucose” du foie. Chez une personne avec fonction
308

hépatique amoindrie, la glycémie après un repas riche en hydrates de carbone peut augmenter
à des valeurs deux à trois fois plus élevées que chez la personne avec fonction hépatique
normale.
La néoglucogenèse hépatique est toute aussi importante pour maintenir une glycémie
normale, parce qu’elle se déclenche de manière substantielle seulement lorsque la glycémie
chute en dessous de la normale. Dans ce cas, de quantités importantes d’acides aminés et de
glycérol provenant des triglycérides sont converties en glucose, aidant ainsi à maintenir une
concentration sanguine de glucose relativement normale.

13.2. METABOLISME DES LIPIDES

Bien que pratiquement toutes les cellules de l’organisme métabolisent les graisses, certains
aspects du métabolisme des lipides se déroulent principalement dans le foie. Les fonctions
spécifiques du foie dans le métabolisme des lipides sont les suivantes:
1. Oxydation des acides gras pour fournir l’énergie pour les autres fonctions corporels
2. Synthèse de grandes quantités de cholestérol, de phospholipides, et de la plupart des
lipoprotéines
3. Synthèse des graisses à partir des protéines et des hydrates de carbone

Pour en extraire de l’énergie, les graisses neutres sont d’abord séparées en glycérol et acides
gras ; ensuite les acides gras détachés par la beta-oxydation en radicaux acétyl deux-carbone
qui forment l’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA). Ce dernier peut alors entrer dans le cycle de
l’acide citrique et être oxydé pour libérer d’énormes quantités d’énergie. La beta-oxydation
peut se dérouler dans toutes les cellules de l’organisme, mais elle se déroule de manière
particulièrement rapide dans les hépatocytes. The liver itself cannot use all the acetyl-CoA
that is formed; instead, it is converted by the condensation of two molecules of acetyl-CoA
into acetoacetic acid,a highly soluble acid that passes from the hepatic cells into the
extracellular fluid and is then transported throughout the body to be absorbed by other tissues.
These tissues reconvert the acetoacetic acid into acetyl-CoA and then oxidize it in the usual
manner. Thus, the liver is responsible for a major part of the metabolism of fats.

About 80 per cent of the cholesterol synthesized in the liver is converted into bile salts, which
are secreted into the bile; the remainder is transported in the lipoproteins and carried by the
blood to the tissue cells everywhere in the body. Phospholipids are likewise synthesized in the
liver and transported principally in the lipoproteins. Both cholesterol and phospholipids are
309

used by the cells to form membranes, intracellular structures, and multiple chemical
substances that are important to cellular function.

Almost all the fat synthesis in the body from carbohydrates and proteins also occurs in the
liver. After fatis synthesized in the liver, it is transported in the lipoproteins to the adipose
tissue to be stored.

13.3. METABOLISME DES PROTEINES

L’organisme ne peut se passer de l’apport du foie sur le métabolisme des protéines: la mort
s’en suivrait en quelques jours. Les plus importantes fonctions du foie en rapport avce le
métabolisme des protéines sont les suivantes:
1. Désamination des acides aminés
2. Formation de l’urée pour éliminer l’ammoniac des fluides corporels
3. Synthèse des protéines plasmatiques
4. Inter-conversions de différents acides aminés et synthèse d’autres composés à partir des
acides aminés

La désamination des acides aminés est le préalable à leur utilisation pour produire de l’énergie
ou à leur conversion en hydrates de carbone ou en graisses. D’autres tissus du corps,
spécialement les reins, peuvent être un site d’une désamination à petite échelle; mais la
désamination qui s’y déroule est beaucoup moins importante que celle qui se passe au niveau
du foie.

La biosynthèse de l’urée par le foie permet l’élimination de l’ammoniac des liquides


corporels. De grandes quantités d’ammoniac sont formées par le processus de désamination,
et des quantités supplémentaires sont continuellement formées par la flore intestinale et
ensuite absorbées dans le sang. En l’absence de la formation de l’urée par le foie, la
concentration plasmatique d’ammoniac augmente rapidement et se solde par le coma
hépatique et le mort. Indeed, even greatly decreased blood flow through the liver—as occurs
occasionally when a shunt develops between the portal vein and the vena cava—can cause
excessive ammonia in the blood, an extremely toxic condition.

Essentially all the plasma proteins, with the exception of part of the gamma globulins, are
formed by the hepatic cells. This accounts for about 90 per cent of all the plasma proteins.
The remaining gamma globulins are the antibodies formed mainly by plasma cells in the
lymph tissue of the body. The liver can form plasma proteins at a maximum rate of 15 to 50
310

g/day. Therefore, even if as much as half the plasma proteins are lost from the body, they can
be replenished in 1 or 2 weeks.

It is particularly interesting that plasma protein depletion causes rapid mitosis of the hepatic
cells and growth of the liver to a larger size; these effects are coupled with rapid output of
plasma proteins until the plasma concentration returns to normal. With chronic liver disease
(e.g., cirrhosis), plasma proteins, such as albumin, may fall to very low levels, causing
generalized edema and ascites, as explained in Chapter 29.

Among the most important functions of the liver is its ability to synthesize certain amino acids
and to synthesize other important chemical compounds from amino acids. For instance, the
so-called nonessential amino acids can all be synthesized in the liver. To do this, a keto acid
having the same chemical composition (except at the keto oxygen) as that of the amino acid to
be formed is synthesized.Then an amino radical is transferred through several stages of
transaminationfrom an available amino acid to the keto acid to take the place of the keto
oxygen.

13.4. AUTRES FONCTIONS METABOLIQUES DU FOIE

Site de stockage des vitamines

Le foie est un site de stockage des vitamines ayant une grande capacité de stockage; il est
connu depuis longtemps comme une excellente source de certaines vitamines pour le
traitement des patients. La vitamine stockée en plus quantité dans le foie est la vitamine A,
mais de grandes quantités de vitamine D et de vitamine B12 sont également normalement
stockées. Des quantités suffisantes de vitamine A peuvent être stockées au point de prévenir la
déficience en cette vitamine pour une période aussi longue que 10 mois. Suffisamment de
vitamine D peuvent être stockées pour prévenir la déficience pendant 3 à 4 mois, et
suffisamment de vitamine B12 peuvent être stockées pour une période d’au moins 1 année et
voire plusieurs années.

Stockage du fer sous forme de ferritine

En dehors du fer présent dans l’hémoglobine du sang, la proportion la plus grande, et de loin,
du fer de l’organisme est stockée dans le foie sous forme de ferritine. Les hépatocytes
contiennent de grandes quantités d’une apoprotéine appelée apoferritine, qui est capable de se
combiner de façon réversible au fer. Ainsi, quand le fer est présent dans les liquides corporels
311

en quantités excessive, il se combine à l’apoferritine pour former le ferritine et est stocké sous
cette forme dans les hépatocytes jusqu’à ce qu’il y ait besoin. Lorsque le fer circulant dans les
liquides corporels atteint un niveau bas, la ferritine libère le fer. Donc le système apoferritine-
ferritine du foie agit comme un tampon du fer sanguin, et aussi comme un médiateur de
stockage.

Synthèse des facteurs de la coagulation

Le foie synthétise la majeure partie de substances utilisées dans la coagulation, appelées


« facteurs de coagulation ». Les facteurs de coagulation synthétisés par le foie comprennent le
fibrinogène, la prothrombine, la globuline accélératrice, le Facteur VII, et beaucoup d’autres
facteurs importants. La vitamine K est nécessaire aux processus métaboliques du foie pour la
synthèse de plusieurs facteurs de coagulation, notamment la prothrombine et les Facteurs VII,
IX, et X. en l’absence de la vitamine K, les concentrations de toutes ces substances baissent
de façon marquée.

Fonction émonctoire du foie

Le foie élimine ou excrète les médicaments, les hormones, et bien d’autres substances. Grace
à son équipement enzymatique exceptionnellement fourni, le foie est bien connu pour sa
capacité à détoxifier ou à excréter dans la bile de nombreux médicaments dont les
sulfonamides, la pénicilline, l’ampicilline, et l’érythromycine.

De la même manière, plusieurs des hormones sécrétées par les glandes endocrines sont soit
chimiquement modifiées (métabolisation hépatique) soit excrétées par le foie. Parmi ces
hormones nous avons la thyroxine et essentiellement toutes hormones stéroïdiennes, comme
les estrogènes, le cortisol, et l’aldostérone. Une altération du foie peut être à l’origine d’une
accumulation excessive d’une ou plusieurs de ces hormones dans les liquides corporels et
d’une hyperactivité des systèmes hormonaux.

Pour finir, une des principales voies de l’excrétion du calcium par l’organisme est sa sécrétion
dans la bile par le foie. De la bile le calcium passe dans l’intestin et est éliminé avec les
matières fécales.
312

CHAPITRE 14 EQUILIBRE ALIMENTAIRE; REGULATION DE L’APPETIT; OBESITE


ET MAIGREUR ; VITAMINES ET MINERAUX
14.1. Apport et dépense d’énergie dans les conditions d’équilibre

14.2. Equilibre alimentaire

14.2.1. Energie disponible dans les aliments

14.2.2. Méthodes de détermination de l’utilisation métabolique des protéines, des hydrates de


carbone, et des lipides

14.3. Régulation de l’apport alimentaire et du stockage de l’énergie

14.3.1. Régulation nerveuse

14.3.2. Facteurs régulant la quantité d’aliments ingérés

14.4. Obésité

14.4.1. Causes

14.4.2. Traitement

14.5. Jeûne, Anorexie, et Cachexie

14.6. Famine

14.7. Vitamines

Vitamine A

Thiamine (Vitamine B1)

Niacine

Riboflavine (Vitamine B2)

Vitamine B12

Acide folique (Acide ptéroylglutamique)

Pyridoxine (Vitamine B6)

Acide pantothénique

Acide ascorbique

Vitamine D

Vitamine E

Vitamine K
313

14.8. Métabolisme des minéraux


314

CHAPITRE 15 BIOENERGETIQUE ET TAUX DU METABOLISME

15.1. Adénosine triphosphate (ATP): “Arbre de transmission de l’énergie” dans le


métabolisme

15.1.1. Créatine-phosphate (Phosphocréatine)

15.1.2. Energie anaérobie Versus énergie aérobie

15.1.3. Résumé de l’utilisation de l’énergie par les cellules

15.2. Contrôle de la libération d’énergie dans la cellule

15.3. Taux du métabolisme

15.3.1. Mesure du taux du métabolisme total

15.4. Métabolisme énergétique —Facteurs influençant la dépense d’énergie

15.4.1. Besoins totaux en énergie pour les activités journalières

15.4.2. Taux du métabolisme basal (TMB) — La dépense minimale d’énergie pour l’existence
de l’organisme (coût énergétique de la vie)

15.4.3. Energie utilisée pour les activités physiques

15.4.4. Energie utilisée pour la digestion des aliments —Thermogenèse alimentaire

15.4.5. Energie utilisée pour la thermogenèse non liée au frissonnement —Rôle de la


stimulation sympathique

3. EQUILIBRE ENERGETIQUE

La « combustion »des sources d’énergie alimentaires dans les cellules consomme de


l’oxygène et dégage de la chaleur. En vertu du premier principe de la thermodynamique,
l’énergie de liaison libérée lors de l’oxydation des aliments est en équilibre parfait avec la
dépense énergétique totale de l’organisme. Il y a donc un équilibre dynamique entre l’apport
et la dépense d’énergie :

Apport énergétique = dépense énergétique totale (Chaleur + travail + mise en réserve de


l’énergie). On considère que l’apport énergétique est égal à l’énergie dégagée par l’oxydation
des nutriments. Les aliments non digérés n’entrent pas dans l’équation parce que leur
contribution énergétique est nulle. La dépense énergétique comprend l’énergie (1)
immédiatement perdue sous forme de chaleur (environ 60 %du total), (2) utilisée sous forme
d’ATP pour effectuer un travail et (3) emmagasinée sous forme de lipides ou de glycogène.
315

Un examen attentif révèle que presque toute l’énergie tirée des aliments finit par être
convertie en chaleur. Toutes les activités cellulaires donnent lieu àune déperdition de
chaleur : la formation des liaisons d’ATP et la production d’un travail par leur clivage pendant
la contraction musculaire tout comme la fraction du sang passant dans les vaisseaux sanguins.
Les cellules ne peuvent pas mettre cette énergie àprofit pour effectuer un travail, mais les
tissus sont aussi réchauffés, ce qui rend possible le maintien de la température corporelle par
homéostasie et permet aux réactions métaboliques de se dérouler de façon efficace. La mise
en réserve de l’énergie ne devient une partie importante de l’équation qu’au cours des
périodes de croissance et de dépôt net de lipides.

3.1. Régulation de l’apport alimentaire

Lorsque l’apport énergétique et l’énergie réellement dépensée sont en équilibre, la masse


corporelle demeure stable ; dans le cas contraire, il y a gain ou perte pondérale. Mais le poids
de la plupart des gens est étonnamment stable ; il existe donc des mécanismes physiologiques
qui régissent l’apport alimentaire (et donc la quantité de nutriments oxydés) ou la production
de chaleur, ou les deux.

La régulation de l’apport alimentaire est un processus complexe et les théories actuelles sur la
régulation du comportement nutritionnel et de la faim portent sur un ou plusieurs des cinq
facteurs suivants : signaux nerveux provenant du tube digestif, signaux transportés par le sang
et relatifs aux réserves d’énergie de l’organisme, hormones, température corporelle et facteurs
psychologiques. Tous ces facteurs semblent exercer une rétroaction sur les centres de la faim
situés dans l’encéphale.
3.2. Vitesse du métabolisme et production de chaleur corporelle
On appelle vitesse du métabolisme la dépense énergétique de l’organisme par unité de temps
(généralement exprimée par heure). C’est la quantité totale de chaleur dégagée par l’ensemble
des réactions chimiques de l’organisme et du travail mécanique effectué par celui-ci.

3.2.1. Calorimétrie

On peut mesurer la quantité totale de chaleur dégagée par l’organisme directement ou


indirectement : c’est la calorimétrie. Pour la méthode directe (calorimétrie directe), le sujet
entre dans un caisson appelé calorimètre et la chaleur dégagée par le corps est absorbée par de
l’eau qui circule autour du caisson. L’échauffement de l’eau est directement proportionnel à la
316

quantité de chaleur provenant du corps du sujet. La détermination par la méthode indirecte se


fait à l’aide d’un appareil appelé respiromètre qui mesure la consommation d’oxygène, celle-
ci étant directementproportionnelle à la quantité de chaleur produite. L’organisme dégage
environ 20 kJ de chaleur par litre d’oxygène.

3.2.2. Métabolisme basal

C’est la vitesse du métabolisme mesurée dans des conditions normalisées. Le sujet doit être à
jeun (il n’a pas mangé depuis au moins 12 heures), couché etmentalement et physiquement
détendu ; la température ambiante est maintenue entre 20 et25° C. La valeur obtenue dans ces
conditions est appelée métabolisme basal ; c’est l’énergie dépensée par l’organisme pour
assurer uniquement ses fonctions essentielles comme la respiration et l’activité des organes au
repos. Le métabolisme basal, souvent considéré comme le « coût de la vie en énergie », est
exprimé en kilojoules par mètre carré de surface corporelle par heure (kJ/m2/h).
Un adulte moyen pesant 70 kg a un métabolisme basal d’environ 250 à 300 kJ/h. On peut
calculer approximativement cette valeur en multipliant sa masse corporelle en kilogrammes
par le facteur 4 pour les hommes et3,6 pour les femmes.
MB = Poids (en kg) x 4 (homme)
= Poids (en kg) x 3,6 (femme)
Le métabolisme basal n’est pas le métabolisme le plus bas qui soit possible pour l’organisme.
On observe cette dernière valeur pendant le sommeil, lorsque les muscles sont complètement
détendus.

2.2.3. Facteurs influençant le métabolisme basal.

Ces facteurs comprennent la surface corporelle, l’âge, le sexe, le stress etles hormones.

a) La surface corporelle. Bien que le métabolisme basal soit relié à la masse corporelle et
à la taille, le facteur déterminant est la surface corporelle plutôt que la masse elle-
même. En effet, la déperdition de chaleur augmente comme le rapport entre la surface
et le volume du corps ; lorsque la surface est plus importante, le métabolisme doit
donc être plus rapide pour remplacer la chaleur perdue. Entre deux personnes de
même poids, celle qui est la plus grande etla plus mince aura un métabolisme basal
plus élevé que celle qui est plus petite et trapue.
317

b) L’âge. En général, plus une personne est jeûne, plus son métabolisme basal est élevé.
Les enfants et les adolescents ont besoin de beaucoup d’énergie pour assurer leur
croissance. Au cours de la vieillesse, le métabolisme basal diminue de façon très
marquée lorsque les muscles commencent à s’atrophier.
c) Le sexe. Les hommes ont généralement un métabolisme basal beaucoup plus élevé que
les femmes parce qu’ilspossèdent plus de tissu musculaire, dont le métabolisme est
très actif même au repos. Le tissu adipeux, dont l’abondance relative est plus grande
chez les femmes, a un métabolisme beaucoup plus lent que le tissu musculaire.
d) La température corporelle. Elle tend àfluctuer en même temps que le métabolisme.
L’élévation de la température corporelle (fièvre, hyperthermie) qu’elle soit causée par
des infections ou d’autres facteurs, accroît sensiblement la vitesse du métabolisme.
e) Le stress de nature physique ou émotionnelle fait augmenter la vitesse du métabolisme
en mobilisant le système nerveux sympathique. La noradrénaline et l’adrénaline, qui
sont transportées par la circulation sanguine, produisent une augmentation du
métabolisme surtout par stimulation du catabolisme des lipides.
f) Les hormones. La quantité de thyroxine produite par la glande thyroïde est
probablement le facteur hormonal qui a le plus d’influences sur le métabolisme basal,
et c’est pour cetteraison qu’on a surnommé la thyroxine l’ « hormone métabolique ».
Son effet direct sur la majorité des cellules (sauf celles de l’encéphale) est de faire
augmenter la consommation d’oxygène, sans doute en accélérantle fonctionnement de
la pompe àsodium et àpotassium par une utilisation accrue de l’ATP. A mesure que les
réserves d’ATP décroissent, la respiration cellulaire s’accroît par conséquent, plus la
glande thyroïde produit de thyroxine, plus le métabolisme basal est élevé. Autrefois, la
plupart des évaluations du métabolisme basal qui étaient effectuées visaient à
déterminer si la production de thyroxine était suffisante. De nos jours, l’activité
thyroïdienne est évaluée par des tests sanguins (dosages hormonaux).
L’hyperthyroïdie produit une augmentation du métabolisme, ce qui entraîne une
foule de problèmes. L’organisme catabolise les lipides emmagasinés et les protéines
tissulaires et, dans de nombreux cas, le sujet continue de perdre du poids bien qu’il ait
souvent faim et mange davantage. Les os s’affaiblissent et les muscles, y compris le cœur,
commencent à s’atrophier. A l’inverse, l’hypothyroïdie provoque un ralentissement du
métabolisme, l’obésité et un ralentissement du processus de pensée.
2.2.4. Métabolisme total.
318

Ce terme désigne la consommation totale d’énergie par toutes les activités de l’organisme,
involontaires et volontaires. Le métabolisme basal représente une partie étonnamment
importante du métabolisme total. Par exemple, chez une femme dont les besoins énergétiques
quotidiens s’élèvent à 8.400 kJ, plus de la moitié de cette énergie (environ 5.900 kJ) peut
servir à assurer les activités vitales de l’organisme. C’est l’activité des muscles squelettiques
qui produit les changements les plus spectaculaires du métabolisme total, ce qui reflète le fait
que ces organes constituent près de la moitié de la masse corporelle. Chez un athlète bien
entraîné, lors d’une activité physique intense maintenue durant plusieurs minutes, le
métabolisme peut atteindre une valeur de 15 à20 fois supérieure à la normale et rester élevé
pendant plusieurs heures par la suite. Une masse musculaire importante (athlètes entraînés) a
peu d’effet sur le métabolisme basal : il y a très peu de différence entre le métabolisme basal
mesuré chez les champions de body building (culturisme) et chez les personnes de même sexe
et de même surface corporelle.

2.2.5. Thermogenèse d’origine alimentaire.


C’est l’augmentation rapide du métabolisme total à la suite de l’ingestion d’aliments. Cet effet
est plus marqué lorsqu’on consomme des protéines. L’activité métabolique du foie, qui
s’accroît à l’état postprandial, représente probablement une part importante de cette dépense
énergétique supplémentaire. A l’inverse, l’état de jeûne ou la présence d’un apport
énergétique très faible ralentit le métabolisme ainsi que la dégradation des réserves de
l’organisme.

1.1.Thermorégulation

L’homme est un animal homéotherme c’est-à-dire sa température corporelle reste constante,


en dépit des variations de la température ambiante. L’homéothermie résulte d’un équilibre
entre la production de la chaleur (thermogenèse) et la déperdition de la chaleur (thermolyse).
319

Figure 8.2 Facteurs contribuant au maintien de la constance de la température


corporelle (homéothermie).

Les facteurs qui contribuent à la productionde chaleur figurent du côté gauche de la


balance ; ceux qui contribuent à la déperdition de chaleur (et au refroidissement) figurent du
coté droit de la balance.

La température corporelle résulte de l’équilibre entre la production et les déperditions de


chaleur. Tous les tissus produisent de la chaleur, mais ce sont les plus actifs du point de vue
métabolique qui en produisent le plus. Dans un organisme au repos, la plus grande partie de la
chaleur provient du foie, du cœur, de l’encéphale et des glandes endocrines. Les muscles
squelettiques au repos fournissent de 20 à 30 % de la chaleur corporelle. Mais cette situation
change totalement en présence de modifications même légères du tonus musculaire ; au cours
d’une activité intense, la quantité de chaleur produite par les muscles squelettiques peut être
de 30 à 40 fois supérieure à celle qui provient du reste de l’organisme. L’activité musculaire
est donc l’un des meilleurs moyens de modifier la température corporelle.
La température corporelle moyenne est de 36,8° Cet elle se maintient habituellement dans un
intervalle étroit allant de 36,6 à 37,4, même en présence de fluctuations considérables de la
température ambiante. La température d’un individu en bonne santé varie d’environ 1° C(0,8°
C)en 24 heures, le minimum se produisant au début de la matinée et le maximum à la fin de
l’après-midi ou au début de la soirée.
320

Une homéostasie précise de la température corporelle est fondamentale à cause des effets de
la température sur les réactions biochimiques, et particulièrement l’activité enzymatique. A la
température corporelle normale, les conditions sont optimales pour l’activité enzymatique. En
cas d’échauffement, la catalyse s’intensifie : pour chaque augmentation de 1° C,les réactions
chimiques s’accélèrent d’environ 10 %. Au-dessus de la limite supérieure normale, l’activité
des neurones ralentit et les protéines commencent à se dénaturer. La plupart des adultes sont
pris de convulsion lorsque la température atteint 41° C, et toute survie semble impossible au-
delà de 43°C. En revanche, la plupart des tissuspeuvent résister à des baisses marquées de la
température si les autres conditions restent parfaitement contrôlées. C’est ce phénomène qui
permet de recourir à l’hypothermie, ou refroidissement corporel, lors d’interventions
chirurgicales pendant lesquelles le cœur doit être arrêté. L’hypothermie permet de réduire la
vitesse du métabolisme, ce qui laisse au chirurgien le temps d’opérer sans que les tissus soient
endommagés.

1.1.1. Température centrale et température de surface.

Au repos,les différentes régions du corps n’ont pas la même température. La température


centrale (celle des organes situés dans le crâne et les cavités thoracique et abdominale) est la
plus élevée. La plupart du temps, c’est la surface, c’est-à-dire essentiellement la peau (par où
la chaleur se dissipe), qui est la moins chaude. En situation clinique, on mesure
habituellement la température en trois régions du corps : le creux axillaire, le rectum et la
cavité orale. La température du rectum est généralement supérieure de 0,4° Cà celle de la
cavité orale, cette dernière est supérieure d’environ 0,2° Cà celle du creux axillaire. C’est la
température rectale qui indique le mieux la température centrale.
C’est la température centrale qui est réglée avec précision. Le sang est le principal agent de
transfert, ou transporteur de chaleur, entre l’intérieur du corps et sa surface. Lorsque la
surface est plus chaude que l’environnement, il y a toujours déperdition de chaleur. Par
conséquent, chaque fois que la chaleur doit être dissipée, l’organisme laisse le sang chaud
passer dans les capillaires de la peau. Par contre, lorsque la chaleur doit être conservée, le
sang évite en grande partie le réseau capillaire de la peau, ce qui réduit les pertes de chaleur
tout en permettant à la température de surface de s’abaisser et de se rapprocher de celle du
milieu ambiant. Par conséquent, la température centrale reste relativement constante mais la
surface peut connaître d’importantes fluctuations thermiques (elle peut passer par exemple de
321

20 à 40° C) parce que son « épaisseurs » varie en fonction de l’activité corporelle et de la


température externe.

1.1.2. Mécanismes d’échange de chaleur

Lesmécanismes physiques qui déterminent les transferts de chaleur entre la peau et


l’environnement sont les mêmes que ceux qui règlent les échanges de chaleur entre les objets
inanimés. La chaleur va des régions chaudes aux régions froides. Les échanges de chaleur de
l’organisme se font par quatre mécanismes : le rayonnement, la conduction, la convection et
l’évaporation.

a) Rayonnement. C’est la perte de chaleur sous forme d’ondes infrarouges (énergie


thermique). Tout objet dense plus chaud que les objets de son voisinage cède de la
chaleur à ces objets. Dans des conditions normales, près de la moitié de la déperdition
de chaleur de l’organisme est due au rayonnement.

Etant donné que l’énergie radiante s’écoule toujours de l’endroit le plus froid, le rayonnement
permet d’expliquer pourquoi une pièce froide au départ seréchauffe en peu de temps quand
plusieurs personnes s’y trouvent. Le corps peut aussi capter de la chaleur par rayonnement,
comme on le remarque quand on s’expose au soleil.
b) Conduction et convection. La conduction est le transfert de chaleur entre des objets
qui sont directement en contact l’un avec l’autre. Par exemple le transfert de chaleur
des mains aux haltères, tout comme des fesses chaudes cèdent de la chaleur à une
chaise. Contrairement au rayonnement, la conduction exige un contact entre les
molécules des objets en question, c’est-à-dire que l’énergie thermique doit passer par
un milieu matériel.

Lorsque la surface du corps transfère de la chaleur à l’air environnant, il se produit également


une convection. Les gaz chauds ont tendance à se dilater et à s’élever, et les gaz plus froids
(donc plus denses) à descendre ; l’air chauffé par le corps est donc continuellement remplacé
par des molécules d’air plus frais. Ce phénomène, appelé convection, accroît
considérablement, les échanges thermiques entre la surface du corps et l’air parce que l’air
froid absorbe la chaleur plus rapidement que celui qui est déjà réchauffé. Ensemble, la
conduction et la convection comptent pour 15 à 20 % de la déperdition totale de chaleur. Ces
322

phénomènes sont amplifiés par tout ce qui accélère le mouvement de l’air à la surface de la
peau comme le vent ou un ventilateur ; on parle alors de convection forcée.
c) Evaporation. L’eau s’évapore parce que ses molécules absorbent de la chaleur et
acquièrent assez d’énergie pour s’échapper sous forme de gaz (vapeur d’eau). La
chaleur absorbée par l’eau lorsqu’elle se transforme en vapeur est appelée chaleur de
vaporisation. L’eau absorbe une grande quantité de chaleur corporelle en s’évaporant à
la surface de la peau, et elle contribue donc largement à refroidir l’organisme. Chaque
gramme d’eau qui s’évapore à la surface du corps consomme 2.43 kJ de chaleur.

Il existe un taux minimal de déperdition de chaleur corporelle dû à l’évaporation continue de


l’eau provenant des poumons, de la muqueuse de la bouche et de la peau. On appelle perte
insensible d’eau ou perspiration insensible l’ensemble de ces sorties d’eau qui passent souvent
inaperçues, et déperdition insensible de chaleur, le dégagement de chaleur qui l’accompagne.
La déperdition insensible de chaleur représente environ 10 % de la production minimale de
chaleur corporelle et reste constante, c’est-à-dire qu’elle n’est pas assujettie aux phénomènes
de thermorégulation. Cependant, il existe des mécanismes régulateurs qui déclenchent la
production de chaleur pour équilibrer cette perte lorsque cela est nécessaire.
La déperdition de chaleur par évaporation devient un processus actif (sensible) lorsque la
température corporelle s’élève et que la transpiration permet l’évaporation de quantités
supplémentaires. Les états émotionnels extrêmes activent le système nerveux sympathique,
qui élève la température corporelle d’environ1° C, et une activité physique intense peut
provoquer un brusque échauffement de 2 à 3° C.Au cours d’une activité musculaire intense,
l’organisme peut produire par heure 1 à 2 L de sueur dont l’évaporation consomme de 2500
à5000 kJ, c’est-à-dire plus 30 fois la déperdition insensible de chaleur.

Lorsque la transpiration est abondante, surtout chez les personnes non entraînées, la perte
d’eau et de sel (NaCl)peut provoquer des spasmes douloureux des muscles squelettiques
appelés crampes de chaleur. Pourcorriger cette situation,il suffit de boire des liquides.
4.3.3. Rôle de l’hypothalamus.
L’hypothalamus, et notamment le noyau pré optique, forme le principal centre d’intégration
de la thermorégulation. Ensemble, le centre de la thermolyse (situé antérieurement) et le
centre de la thermogenèse constituent les centres thermorégulateurs.
L’hypothalamus reçoit des influx afférents provenant (1) des thermorécepteurs périphériques
qui se trouvent à la surface de l’organisme (dans la peau) et (2) des récepteurs centraux (qui
323

mesurent la température du sang) situés plus profondément, y compris dans la portion


antérieure de l’hypothalamus lui-même. Tout comme un thermostat, l’hypothalamus réagit
àces influx en déclenchant les mécanismes appropriés de thermogenèse ou de thermolyse au
moyen de réflexes et par l’intermédiaire des voies effectrices autonomes.

4.3.4 Mécanismes dethermogenèse.

Lorsque la température du milieu ambiant est basse (ou que celle de la circulation sanguine
s’abaisse), le centre hypothalamique de thermogenèse est activé. Il maintient ou accroît alors
la température centrale en déclenchant un ou plusieurs des mécanismes suivants :
1. vasoconstriction des vaisseaux sanguins cutanés. L’activation des neurofibres du
système sympathique qui desservent les vaisseaux sanguins cutanés provoque une
forte constriction. Le sang reste ainsi dans les régions profondes du corps et évite en
bonne partie la peau. Etant donné que la peau est isolée des organes profonds par une
couche de tissu adipeux sous-cutané, la perte de chaleur par la surface est
considérablement diminuée et la température superficielle tend à s’abaisser pour
atteindre celle de l’environnement.
La restriction de la circulation sanguine dans la peau ne pose pas de problème tant qu’elle
est de durée limitée, mais si elle se prolonge trop longtemps (comme lors d’une exposition
prolongée à un froid intense) les cellules cutanées privées d’oxygène et de nutriments
commencent à mourir. Ce phénomène extrêmement grave est appelé gelure.
2. Augmentation de la vitesse du métabolisme. Le froid stimule la libération de la
noradrénaline par les neurofibres du système nerveux sympathique. La noradrénaline accroît
la vitesse du métabolisme, ce qui fait augmenter la production de chaleur. Ce mécanisme est
appelé thermogenèse chimique.

3. Frisson. Si les mécanismes décrits jusqu’ici ne suffisent pas, les frissons commencent. Les
centres de l’encéphale qui règlent le tonus musculaire s’activent, et lorsque le tonus devient
suffisant pour stimuler alternativement les mécanorécepteurs des muscles antagonistes, on
observe des contractions involontaires des muscles squelettiques. Le frisson accroît la
température corporelle de façon très efficace parce que l’activité musculaire dégage de
grandes quantités de chaleur.
324

4. Augmentation de la libération de thyroxine. Quand la température environnante diminue


graduellement, comme lors de la transition d’une saison chaude à une saison froide, la glande
thyroïde libère une plus grande quantité d’hormones thyroïdiennes (13 et 14) dans le sang.
Celles-ci accroissent la vitesse du métabolisme et donc la production de chaleur, ce qui
permet à l’organisme de maintenir une température constante lorsqu’il fait froid.

En plus de ces adaptations involontaires, l’homme fait souvent appel à des modifications
comportementales pour empêcher tout abaissement excessif de la température centrale :

 port des vêtements appropriés ;


 prise de boissons chaudes (café, thé ...) ;
 changer de posture pour réduire la surface corporelle exposée (se recroqueviller ou
croiser les bras autour de la poitrine) ;
 augmenter l’activité musculaire pour produire plus de chaleur (sauter sur place, taper
des mains).

4.3.5 Mécanismes de thermolyse.

Ils protègent l’organisme des températures trop élevées, qui peuvent être extrêmement
néfastes. La plus grande partie de la déperdition de chaleur se fait par la peau par
l’intermédiaire des mécanismes physiques que nous avons décrits au point 3.3.2.Comment les
mécanismes d’échange de température interviennent-ils dans le système de régulation par
thermolyse ? C’est par le biais de l’hypothalamus :lorsque la température centrale du corps
s’élève au-dessus de la normale, le centre hypothalamique de thermogenèse est inhibé et,
simultanément, le centre de thermolyse est activé et déclenche l’une des réactions suivantes,
ou les deux à la fois :

1. Vasodilatation des vaisseaux sanguins cutanés. L’inhibition des neurofibres vasomotrices


des vaisseaux sanguins cutanés permetà ces derniers de se dilater. Dès que les vaisseaux de la
peau sont gorgés de sang chaud, la chaleur se dissipe à la surface de la peau par rayonnement,
conduction et convection.

2. Augmentation de la transpiration. Si le corps est très surchauffé ou si la température du


milieu ambiant est telle (33° C) qu’aucune autre forme de refroidissement n’est possible, une
augmentation de l’évaporation devient nécessaire. Les neurofibres du système sympathique
325

stimulent fortement les glandes sudoripares, qui excrètent de grandes quantités de sueurs.
L’évaporation de la sueur est une forme de refroidissement efficace si l’air est sec. Lorsque
l’humidité est élevée, cependant, l’évaporation est beaucoup plus lente : dans ce cas, les
mécanismes de refroidissement ne fonctionnent pas bien et l’on se sent mal à l’aise et
irritable.
Pour réduire la température corporelle, l’homme adopte souvent des mesures volontaires ; par
exemple :

 réduire l’activité ;
 rechercher un endroit plus frais (ombragé), augmenter la convection à l’aide d’un
ventilateur ou mettre en marche un climatiseur ;
 porter des vêtements amples de couleur claire qui réfléchissent l’énergie de
rayonnement et réduisent les apports de chaleur.
Lorsque le processus normaux de refroidissement deviennent inefficace, il s’ensuite une
hyperthermie, ou élévation de la température corporelle, qui inhibe l’hypothalamus. Tous les
mécanismes de thermorégulation sont donc interrompus, ce qui crée une boucle de
rétro-activation néfaste : l’échauffement rapide de l’organisme accroît la vitesse du
métabolisme qui à son tour fait augmenter la production de chaleur. La peau devient chaude et
sèche, et comme la température continue de grimper, divers organes (dont le cerveau) risquent
de plus en plus de subir des lésions. Ce phénomène appelé coup de chaleur peut être fatal à
moins qu’on prenne immédiatement des mesures correctives (refroidissement efficace de
l’organisme par immersion dans des l’eau fraiche et ingestion de liquides).

4.3.6. Fièvre.

La fièvre est une hyperthermie contrôlée. Elle est généralement causée par l’infection de
l’organisme tout entier ou d’une région de l’organisme mais elle peut aussi être provoquée par
d’autres troubles. Les globules blancs, les cellules des tissus atteints et
les macrophages libèrent des pyrogènes (pyros = feu ; genos = donner naissance) ou
« matières servant à allumer un feu » ; ces substances agissent directement sur
l’hypothalamus qui remonte la valeur de référence du thermostat et déclenche ainsi dans
l’organisme les mécanismes de thermogenèse. La température s’élève jusqu’à la nouvelle
valeur de référence, puis elle se maintient à ce niveau jusqu’à ce que les défenses naturelles de
326

l’organisme ou des antibiotiques inversent le processus morbide en cause. Le thermostat


revient alors à une valeur plus basse (ounormale), ce qui met en marche les mécanismes de
thermolyse.

3. Formation des protéines sur les ribosomes— La “Traduction”


4. Synthèse des autres substances dans la cellule
5. Contrôle de la fonction génique et de l’activité biochimique dans les cellules
5.1. Régulation génétique
5.2. Contrôle de la fonction intracellulaire par la régulation enzymatique
6. ADN et Reproduction cellulaire
6.1. Cycle cellulaire
6.1.1. Interphase
6.1.2. Phase S
6.1.3. Phase G2
6.2. Réplication de l’ADN
6.3. Chromosomes et leur réplication
6.4. Division cellulaire
6.4.1. Appareil mitotique: fonction des centrioles
6.4.2. Prophase
6.4.3. Pro-métaphase
6.4.4. Métaphase
6.4.5. Anaphase
6.4.6. Télophase
6.4.7. Cytocinèse
6.5. Contrôle de la croissance et de la reproduction cellulaires
6.5.1. Régulation de la taille cellulaire
7. Différentiation cellulaire
8. Apoptose —Mort cellulaire programmée
9. Cancer
9.1. Caractéristique invasive de la cellule cancéreuse
9.2. Létalité des cellules cancéreuses

3.2. Transfert du code génétique du noyau au cytoplasme — Le processus de transcription


2.1. Synthèse de l’ARN
2.1.1. Blocs de base de l’ARN
2.1.2. Formation des nucléotides de l’ARN
2.1.3. Activation des nucléotides de l’ARN
2.2. Assemblage des chaînes d’ARN à partir des nucléotides activés utilisant un brin d’ADN
comme matrice : la transcription
2.2.1. ARN Messager— Les Codons
2.2.2. ARN de Transfert —Les anticodons
2.2.3. ARN Ribosomal
3. Formation des protéines sur les ribosomes— La “Traduction”
4. Synthèse des autres substances dans la cellule
5. Contrôle de la fonction génique et de l’activité biochimique dans les cellules
5.1. Régulation génétique
5.2. Contrôle de la fonction intracellulaire par la régulation enzymatique
6. ADN et Reproduction cellulaire
327

6.1. Cycle cellulaire


6.1.1. Interphase
6.1.2. Phase S
6.1.3. Phase G2
6.2. Réplication de l’ADN
6.3. Chromosomes et leur réplication
6.4. Division cellulaire
6.4.1. Appareil mitotique: fonction des centrioles
6.4.2. Prophase
6.4.3. Pro-métaphase
6.4.4. Métaphase
6.4.5. Anaphase
6.4.6. Télophase
6.4.7. Cytocinèse
6.5. Contrôle de la croissance et de la reproduction cellulaires
6.5.1. Régulation de la taille cellulaire
7. Différentiation cellulaire
8. Apoptose —Mort cellulaire programmée
9. Cancer
9.1. Caractéristique invasive de la cellule cancéreuse
9.2. Létalité des cellules cancéreuses

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