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GENERALE
PLAN DU COURS
PARTIE I
Introduction à la Physiologie :
Fondements généraux et cellulaires de la
Physiologie
1. Organisation Fonctionnelle de l’Organisme humain et Contrôle du “Milieu
Intérieur”
2. Compartiments liquidiens de l'organisme
3. La Cellule et ses fonctions
4. Contrôle génétique de la synthèse des protéines, de la fonction et de la reproduction
cellulaires
5. Communication cellulaire
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Objectifs
0. Introduction
1. Cellule : Unité fondamentale de la vie et du corps humain
2. Liquide extracellulaire — Le “milieu intérieur”
3. Mécanismes “homéostatiques” des principaux systèmes fonctionnels
4. Systèmes de contrôle de l’organisme
5. Résumé — Automatisme de l’organisme
1.0.1. Physiologie
les êtres vivants fonctionnent, comment se déroulent les processus vitaux à l’intérieur d’un
être vivant. Chaque forme de vie ayant des caractéristiques particulières, le vaste domaine de
la physiologie est divisé en physiologie virale, bactérienne, physiologie cellulaire, physiologie
végétale, physiologie humaine, et encore en beaucoup d’autres subdivisions.
Elle a pour domaine l’étude des caractéristiques et mécanismes qui font du corps humain un
être vivant. Le fait même de rester vivant échappe à peu près à notre décision car la faim nous
pousse à rechercher la nourriture et la peur à chercher refuge. Les sensations de froid nous
conduisent à générer la chaleur et d’autres forces nous poussent à rechercher la compagnie
d’autres humains ou à nous reproduire. L’être humain apparaît donc comme un automate
c’est-à-dire un système cybernétique et le fait d’être capable de perceptions, d’émotions,
comme d’accumuler des connaissances, caractérise la vie ; ces facultés permettent à
l’organisme humain d’exister dans des conditions extrêmement diverses.
C’est un champ d’action très vaste car les êtres humains sont composés des cellules, les
cellules forment les tissus, les tissus les organes et plusieurs organes réalisant un ensemble de
fonctions constituent un appareil ou un système. Aussi la physiologie humaine englobe-t-elle
plusieurs spécialités dont les plus communes portent sur le fonctionnement de systèmes
particuliers. Ainsi la physiologie rénale étudie le fonctionnement des reins et la production
d’urine, la neurophysiologie explique celui du système nerveux et la physiologie
cardiovasculaire examine le fonctionnement du cœur et des vaisseaux sanguins. L’étude du
fonctionnement des différentes parties du corps, c’est-à-dire sur la façon dont ces différentes
parties jouent leur rôle et permettent le maintien de la vie constitue la physiologie spéciale. En
physiologie humaine, on s’intéresse souvent à ce qui se passe au niveau cellulaire ou
moléculaire parce que les capacités fonctionnelles du corps dépendent du fonctionnement
cellulaire, qui est lui-même déterminé par les réactions chimiques à l’intérieur des cellules.
L’étude des processus vitaux au niveau cellulaire constitue la physiologie générale.
Bien qu’aucune cellule de l’organisme humain ne puisse être considérée comme « typique »
de toutes les cellules, il existe cependant un certain nombre de phénomènes communs à toutes
les cellules vivantes : nutrition avec production d’énergie, réaction à l’environnement,
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Le corps humain peut être considéré comme une machine composée de plusieurs pièces que
sont les organes et les systèmes. Ainsi les vaisseaux qui sont un organe, constituent avec un
autre organe, le cœur, le système cardiovasculaire, chargé de distribuer les nutriments,
l’oxygène et les produits du métabolisme. A côté du système cardiovasculaire, il y a le
système digestif chargé de digérer et d’absorber les aliments, le système respiratoire chargé de
capter l’oxygène et d’éliminer le gaz carbonique, le système urinaire chargé d’éliminer les
déchets, le système reproducteur chargé d’assurer la perpétuation de l’espèce, et le système
neuroendocrinien chargé de coordonner et d’intégrer les fonctions des autres systèmes.
L’étude du fonctionnement de ces différents systèmes et de la manière dont chacun d’eux
participe au fonctionnement de l’organisme considéré comme un tout, c’est la physiologie
spéciale.
permet l’élimination des résidus d’aliments impossibles à digérer. Les autres systèmes
de l’organisme sont : les systèmes tégumentaire, osseux, musculaire, nerveux,
endocrinien, respiratoire, lymphatique, urinaire et génital.
Le niveau de l’organisme.C’estle niveau suprême c’est-à-dire le dernier niveau
d’organisation ou niveau de l’être humain vivant. Le niveau de l’organisme représente
l’ensemble de tous ces niveaux précédents travaillant de concert pour assurer le
maintien de la vie.
Le système osseux. Il protège et soutient les autres organes : constitue une charpente
sur laquelle les muscles agissent pour produire le mouvement ; fabrique les globules
sanguins dans la moelle des os ; constitue une réserve de minéraux.
Le système endocrinien. Il est constitué de glandes qui secrètent des hormones réglant
des processus comme la croissance, la reproduction et l’utilisation des nutriments par
les cellules (métabolisme).
jouent un rôle dans l’immunité. Les cellules immunitaires s’attaquent aux substances
étrangères présentes dans l’organisme.
Le système digestif. Il dégrade les aliments en nutriments absorbés qui passent dans le
sang pour être redistribués aux cellules ; les substances non digérées sont rejetées sous
forme de selles.
Le système urinaire. Il élimine du corps les déchets azotés, règle l’équilibre hydrique
et électrolytique et acido-basique du sang.
Tout organisme vivant doit pouvoir maintenir des limites entre son environnement extérieur
(milieu externe) et son milieu interne (intérieur de l’organisme). Chez les organismes
unicellulaires, cette limite est constituée d’une membrane qui forme une enveloppe et laisse
entrer les substances utiles tout en empêchant le passage des substances inutiles ou nuisibles.
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De la même façon, toutes les cellules de l’organisme humain sont délimitées par une
membrane à perméabilité sélective. De plus, l’ensemble de l’organisme humain est recouvert
et protégé par le système tégumentaire (peau) qui prévient le dessèchement des organes
internes tout en les protégeant contre les bactéries et les effets nocifs de la chaleur, des rayons
du soleil ainsi que des innombrables substances chimiques présentes dans l’environnement.
2. Mouvement
Par mouvement, on entend toutes les activités permises par le système musculaire
(déplacement, marche, course, nage et manipulation d’objets dans l’environnement).Le
système osseux constitue la charpente sur laquelle les muscles peuvent agir. La circulation du
sang dans le système cardiovasculaire, le déplacement des aliments dans le système digestif et
l’écoulement des urines dans le système urinaire sont également des mouvements. Au niveau
cellulaire, la capacité des cellules musculaires de se raccourcir est appelée contractilité.
3. Excitabilité
Elle peut être définie comme la faculté de percevoir les changements (stimulus) de
l’environnement et d’y réagir de manière adéquate. Par exemple, si on se blesse la main sur
un éclat de verre, on a aussitôt un réflexe de retrait, c’est-à-dire qu’on éloigne
involontairement la main du stimulus douloureux. On n’a même pas le temps d’y penser, le
geste est automatique. Un phénomène similaire se produit quand la concentration du gaz
carbonique dans le sang s’élève jusqu’à atteindre un niveau dangereux : des signaux sont
envoyés aux centres de l’encéphale régissant la respiration, et le rythme respiratoire
s’accélère. Les cellules nerveuses sont spécialisées dans l’excitabilité : elles sont très
excitables et communiquent rapidement entre elles au moyen d’influx nerveux. Ainsi le
système nerveux joue un rôle déterminant dans l’excitabilité. Cependant, toutes les cellules de
l’organisme sont excitables dans une certaine mesure.
4. Digestion
C’est le processus de dégradation des aliments en molécules simples qui peuvent passer dans
le sang. Le sang chargé de nutriments est ensuite acheminé à toutes les cellules de
l’organisme par le système cardiovasculaire. Dans un organisme unicellulaire comme l’amibe,
c’est la cellule elle-même qui constitue l’ « usine de digestion » ; mais dans un organisme
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multicellulaire comme le corps humain, c’est le système digestif qui remplit cette fonction
pour l’ensemble de l’organisme.
5. Métabolisme
6. Excrétion
C’est l’élimination des excréta, ou des déchets de l’organisme. Pour fonctionner correctement,
les corps doit se débarrasser des substances inutiles, comme les résidus de la digestion, ou
même potentiellement toxiques, comme des sous-produits du métabolisme. La fonction
d’excrétion est accomplie par plusieurs systèmes : système digestif (selles), système urinaire
(urine), système respiratoire (gaz expiré).
7. Reproduction
sont très différents. En outre, le site de fécondation des ovules par les spermatozoïdes se
trouve dans les structures reproductrices de la femme, où le fœtus en cours de développement
est protégé et nourri jusqu’à la naissance.
8. Croissance
1. Nutrition
2. Respiration
L’oxygène est indispensable à l’utilisation des nutriments : seules des réactions oxydatives,
impossibles sans oxygène, permettent de tirer de l’énergie des nutriments. Les cellules ne
peuvent survivre que quelques minutes sans oxygène. Ce gaz représente 20 % de l’air que
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nous respirons. Il pénètre dans le sang et atteint les cellules grâce au travail conjoint du
système respiratoire et du système cardiovasculaire.
3. Apport en eau
4. Homéothermie
La pression atmosphérique c’est la force exercée par l’air sur la surface du corps : la
respiration et les échanges gazeux dans les poumons dépendent de la pression atmosphérique.
En altitude où l’air est peu dense et la pression atmosphérique faible, l’apport en oxygène est
parfois insuffisant pour que le métabolisme cellulaire puisse se maintenir.Pour assurer la
survie, non seulement les facteurs décrits ci-dessus doivent-ils exister, mais ils doivent être
présents en quantité appropriée ; les excès peuvent être tout aussi néfastes que les
insuffisances.
Tous les organismes multicellulaires aquatiques et terrestres, à l’exception des plus simples,
sont constitués de cellules baignant dans une mer intérieure limitée par les téguments. C’est
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dans ce liquide que la cellule puise son O2 et ses substances nutritives ; c’est aussi là qu’elle
rejette les déchets du métabolisme. Le milieu intérieur est plus dilué que l’eau de mer actuelle,
sa composition ressemble encore beaucoup à celle de l’océan primordial dans lequel toute vie
semble avoir commencé. Le milieu intérieur correspond à l'ensemble des liquides
extracellulaires (LEC).
contiennent les ions et les nutriments nécessaires à la vie des cellules. Toutes les cellules du
corps baignent donc dans le même environnement, le compartiment liquidien extracellulaire
de l’organisme (LEC), baptisé milieu intérieur par Claude Bernard, célèbre physiologiste
français du XIXe siècle. Les cellules vivent, grandissent, accomplissent leurs fonctions
spécifiques tant que les concentrations en O2, en glucose, en ions variés, en acides aminés (a.
a.), en substances lipidiques, et en autres constituants sont convenables dans le milieu
intérieur.
Chez les animaux dotés d’un système vasculaire clos, le LEC comprend deux parties : le
liquide interstitiel et le plasma sanguin circulant. Le plasma et les éléments figurés du sang,
constitués surtout par les globules rouges, occupent tout le système vasculaire. Ensemble, ils
constituent le volume sanguin total. Le liquide interstitiel est la portion du LEC compris entre
les parois capillaires et les membranes cellulaires (il baigne donc les cellules). Certains
liquides spéciaux, qualifiés collectivement de liquides transcellulaires, seront étudiés plus
loin. A peu près un tiers de l’eau du corps (eau corporelle totale ou ECT est extracellulaire
(LEC) ; le reste est intracellulaire (liquide intracellulaire ou LIC).Le liquide extracellulaire
(LEC) ou “milieu intérieur”représente environ le tiers de l'eau totale et correspond à l'eau
située à l’extérieur des cellules.
1.4. HOMEOSTASIE
tractus gastro-intestinal fournit les nutriments. La façon dont chaque viscère ou tissu contribue
à l’homéostasie constitue le domaine de la physiologie spéciale.En général, on considère que
l’homéostasie se maintient quand les besoins de l’organisme sont satisfaits et qu’il fonctionne
bien.
Le maintien de l’homéostasie est un processus complexe auquel presque tous les systèmes
contribuent.
Le transport du LEC à travers l’organisme s’effectue en deux étapes. La première étape est
celle du déplacement du sang dans l’appareil circulatoire et la seconde étape est celle des
déplacements de liquide entre les capillaires sanguins et les cellules. Le sang contenu dans
l’appareil circulatoire parcourt l’ensemble du circuit de la circulation environ une fois par
minute au repos et dix fois par minute chez un sujet qui effectue un exercice très intense.
Quand le sang traverse les capillaires, des échanges se produisent en permanence entre le
plasma sanguin et le liquide interstitiel (LI) ou liquide tissulaire qui occupe les espaces
intercellulaires ou péri cellulaires. Parce que les parois capillaires sont poreuses, de grandes
quantités de liquides et de substances dissoutes peuvent diffuser dans l’un ou l’autre sens, du
sang vers les tissus ou des tissus vers le sang. Partout dans l’organisme, les LEC, plasmatique
et interstitiel sont sans cesse mélangés, brassés, ce qui maintient leur homogénéité
pratiquement constante.
a) Système respiratoire
Chaque fois que le sang traverse l’organisme il traverse aussi les poumons. Dans les poumons, le sang
se charge en O2 contenu dans le gaz alvéolaire, O2 qu’il peut ensuite donner aux cellules. La
membrane qui sépare le gaz alvéolaire de la lumière des capillaires (membrane alvéolo-capillaire,
MAC) n’a que 0,4 à 2µm d’épaisseur et l’O2 diffuse à travers cette membrane de la même manière que
l’eau et les ions diffusent à travers la paroi des capillaires dans tous les tissus.
b) Tractus gastro-intestinal
Une grande partie du sang mis en mouvement par le cœur perfuse la paroi du tube digestif. C’est dans
cette paroi que les nutriments passent dans les LEC. Ce processus d’absorption concerne en particulier
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les hydrates de carbone, les acides gras, les acides aminés et d’autres substances issues des aliments
ingérés.
Toutes les substances absorbées par le tube digestif ne peuvent être utilisées par les cellules sous la
forme sous laquelle elles ont été absorbées. Le foie modifie la composition chimique de nombreuses
substances et les rend ainsi utilisables par les cellules. Les cellules adipeuses (du tissu gras), la
muqueuse digestive, les reins et les glandes endocrines participent également à la transformation des
nutriments ou à leur stockage jusqu’à leur utilisation ultérieure.
d) Appareil locomoteur
a) Appareil respiratoire
Lorsque le sang se charge en O2 dans les poumons, il abandonne simultanément du CO2 dans
les alvéoles. Le mouvement alternatif de l’air entrant dans les alvéoles et du gaz alvéolaire qui
est expiré transporte le CO2. Le CO2 est le plus abondant des produits terminaux du
métabolisme.
b) Reins
Lorsque le sang traverse les reins, ceux-ci soustraient du plasma de nombreuses substances
qui ne sont pas utiles aux cellules, en particulier différents produits terminaux du métabolisme
cellulaire, des électrolytes et de l’eau qui se sont accumulés dans les LEC. Les reins assurent
leur fonction d’abord par la filtration de grandes quantités de plasma à travers les glomérules,
suivie de la réabsorption et de la sécrétion tubulaires. Grace à ces propriétés, les reins
retiennent dans le sang les substances indispensables à l’organisme comme le glucose, les
acides aminés, des quantités appropriées d’eau et de plusieurs ions. La plupart d’autres
substances qui ne sont pas utiles à l’organisme, particulièrement les produits terminaux du
métabolisme comme l’urée, sont peu réabsorbées et éliminées dans l’urine.
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a) Système nerveux
Les récepteurs sensoriels captent des informations sur l’état de certaines parties de
l’organisme ou sur l’état de certaines composantes de l’environnement. Par exemple, les
récepteurs situés partout dans la peau préviennent chaque fois qu’un objet touche la personne
en un endroit quelconque. Les yeux sont des organes sensoriels qui fournissent une image de
l’environnement ; les oreilles aussi sont des organes sensoriels.
La partie motrice du système nerveux transmet ensuite des signaux appropriés de façon à
réaliser ce que la personne a décidé. Une partie importante du système nerveux s’appelle
système nerveux autonome ou système nerveux végétatif. Cette partie du système nerveux
fonctionne de façon inconsciente et tient sous son contrôle de nombreuses fonctions des
viscères, en particulier l’activité du cœur, les mouvements du tube digestif et les sécrétions de
différentes glandes.
Situées à différents endroits de l’organisme, huit glandes endocrines principales sécrètent des
substances chimiques, les hormones. Les hormones sont transportées partout dans l’organisme
par des LEC et elles aident à ajuster les fonctions cellulaires. Par exemple, l’hormone
thyroïdienne aide à ajuster le niveau d’activité de l’organisme. L’insuline contrôle le
métabolisme du glucose, les hormones surrénaliennes contrôlent le métabolisme des
électrolytes et des protéines, et l’hormone parathyroïdienne contrôle le métabolisme osseux.
Les hormones sont donc un système de régulation qui est complémentaire du système
nerveux.
D’une façon générale, le système nerveux règle plus particulièrement l’activité musculaire et
les activités sécrétoires dans l’organisme, alors que les hormones règlent surtout les fonctions
métaboliques.
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1.4.1.5. Reproduction
Le corps humain comporte des milliers de systèmes de régulation. Les plus compliqués sont
les systèmes génétiques de régulation qui dans toutes les cellules contrôlent les fonctions
intracellulaire et extracellulaire.
De nombreux autres systèmes de régulation contrôlent les fonctions de certaines parties des
organes ; d’autres agissent à travers l’organisme tout entier pour contrôler les relations entre
les organes. Par exemple, l’appareil respiratoire, en association avec le système nerveux
règlent la concentration du CO2 dans le LEC. Le foie et le pancréas règlent la concentration
du glucose dans les LEC. Les reins règlent les concentrations de sodium, de potassium, de
phosphates, et d’autres ions dans les LEC.
Le maintien d’une concentration à peu près constante d’O2 dans le LEC est important puisque
l’O2 est un de principaux composants qui interviennent dans les réactions chimiques
cellulaires. Le mécanisme de régulation dépend principalement des caractéristiques chimiques
de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. L’hémoglobine se combine avec l’O2
quand le sang traverse les poumons. Puis, quand le sang passe dans les capillaires des tissus,
l’hémoglobine ne relâche l’O2 dans les liquides des tissus que si la concentration y est faible,
de manière à rétablir une concentration tissulaire en O2 convenable. Ainsi la régulation de la
concentration tissulaire de l’O2 est, pour l’essentiel assurée par les caractéristiques chimiques
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Cette régulation est assurée par plusieurs systèmes différents ; l’un d’entre eux, le mécanisme
barorécepteur fournit un excellent exemple de mécanisme de régulation. On trouve dans la
paroi de la plupart des grosses artères de la partie supérieure du corps, particulièrement dans
la bifurcation carotidienne et dans la crosse de l’aorte, de nombreux récepteurs nerveux qu’on
appelle les barorécepteurs qui sont stimulés par la distension de la paroi artérielle.
L’augmentation de la pression artérielle stimule ce barorécepteurs et des signaux nerveux sont
transmis à la moelle épinière. Ces influx inhibent le centre vasomoteur, qui à son tour diminue
les stimulations qu’il envoie vers le cœur et les vaisseaux sanguins par l’intermédiaire du
système nerveux sympathique. La diminution de ces stimulations induit une diminution de
l’activité cardiaque et une augmentation du débit sanguin dans les vaisseaux périphériques,
deux effets qui diminuent la pression artérielle et la ramène vers la valeur normale.
A l’inverse, une diminution de la pression artérielle relâche les barorécepteurs, ce qui entraîne
une augmentation de l’activité du centre vasomoteur et provoque une augmentation de la
pression artérielle qui se rapproche de la valeur normale.
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Le tableau 1.1 contient une liste de constituants les plus importants des LEC avec des valeurs
normales, l’écart normal des valeurs et des limites maximales qui peuvent être atteintes sans
risque pendant de courtes périodes de temps.
On voit bien que l’étendue des valeurs normales pour chacune de ces variables est étroite. Les
valeurs qui se situent à l’extérieur de cet intervalle de variation sont en général la cause ou le
résultat d’une maladie.
Plus importantes encore sont les limites au-delà desquelles de valeurs anormales peuvent
entraîner la mort. Par exemple, une augmentation de la température corporelle de seulement 6
ou 7 degrés Celsius conduit à un cercle vicieux qui augmente le métabolisme cellulaire et
détruit les cellules. Il faut également noter l’étendue très étroite des variations du pH, témoin
de l’équilibre acido-basique. Le pH normal est de 7,4 et des écarts d’une demi-unité en plus
ou en moins conduisent à des valeurs létales. La concentration en potassium est également
très importante, car si cette valeur diminue à moins d’un tiers de la normale, le sujet risque la
paralysie car les fibres nerveuses sont alors incapables de propager les signaux nerveux.
Inversement, si la concentration en potassium dépasse deux fois la valeur normale, la
contractilité du muscle cardiaque risque de se trouver gravement diminuée. De même, quand
la concentration en calcium diminue de moitié, des signaux nerveux apparaissent
spontanément dans les nerfs périphériques et peuvent déclencher la contraction tétanique des
muscles du corps entier. Quand la concentration sanguine du glucose diminue à la moitié de la
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valeur normale, il arrive souvent que le sujet devienne extrêmement irritable et, parfois même,
qu’il se mette à convulser.
En effet, quel que soit le facteur contrôlé (appelé variable), tous les mécanismes de régulation
comportent au moins trois éléments indépendants : 1° un récepteur, 2° le centre de régulation
et 3° l’effecteur.
Le récepteur est essentiellement un capteur dont le rôle consiste à surveiller l’environnement
et à réagir aux changements, ou stimulus, en envoyant des informations (entrée) au second
élément, qui est le centre de régulation. Les informations vont du récepteur au centre de
régulation en suivant la voie afférente.
Le centre de régulation, qui fixe la valeur de référence (niveau ou fourchette) où la variable
doit être maintenue, analyse les données qu’il reçoit et détermine la réaction appropriée.
Le troisième élément est l’effecteur grâce auquel le centre de régulation produit une réponse
(sortie) au stimulus. Pour aller du centre de régulation à l’effecteur, l’information suit la voie
efférente. La réponse produit alors une rétroaction (rétrocontrôle) qui agit sur le stimulus. La
réponse produite par une boucle de régulation homéostatique agit toujours sur le stimulus qui
a été à l’origine de son déclenchement. Cette action– qui est au fait une rétroaction– peut
avoir comme effet : 1° de réduire le stimulus, on parle alors de rétroaction négative ou feed-
back négatif, de sorte que tout le mécanisme de régulation cesse son activité, ou 2° elle peut
le renforcer, on parle de rétroaction positive ou feed-back positif, de sorte que la réaction se
poursuit avec une intensité croissante.
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l’efficacité de la pompe cardiaque : chez un humain normal au repos, cette pompe fait circuler
environ cinq litres de sang chaque minute : c’est le débit cardiaque. Si le sujet perd tout à
coup deux litres de sang, le volume sanguin est tellement diminué qu’il n’est plus suffisant
pour que la pompe cardiaque reste efficace. La PA diminue et le débit sanguin dans le
myocarde diminue aussi. Puisque le tissu cardiaque n’est plus alimenté suffisamment, la force
de contraction cardiaque diminue, ce qui diminue encore le pompage et par conséquent le
débit coronaire, d’où une diminution encore plus grande de l’activité du cœur ; ce cercle
vicieux se répète jusqu’à la mort. On observe que chaque cycle de rétroaction aboutit à un
plus grand affaiblissement cardiaque. Autrement dit, le stimulus initial entraîne une réponse
qui le majore, c’est une rétroaction positive.
Dans certains cas, peu fréquents, l’organisme utilise à son avantage les rétroactions positives.
La coagulation sanguine en est un bon exemple. Lorsqu’un vaisseau sanguin est rompu et
qu’un caillot commence à se former, de nombreuses enzymes qu’on appelle facteurs de
coagulation, sont activées dans le caillot lui-même. Certains de ces facteurs agissent sur
d’autres enzymes encore inactivées dans le sang autour du caillot, les activent, ce qui
augmente la coagulation. Le processus se poursuit jusqu’à ce que le trou dans la paroi
vasculaire soit obstrué et que le saignement cesse.
Le rétrocontrôle positif joue également un rôle important dans la génération des signaux
nerveux (cycle de Hodgkin). En effet, quand la membrane d’une fibre nerveuse est stimulée, il
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se produit une entrée de Na+ dans la fibre, à travers des canaux membranaires spécifiques
pour le Na+. Les ions Na+ qui ont pénétré dans la fibre modifient le potentiel de la membrane,
ce qui ouvre d’autres canaux membranaires et augmente la variation de potentiel, et ainsi de
suite. Un débit initial discret de Na+ conduit ainsi à une entrée explosive qui donne naissance
au potentiel d’action. Le potentiel d’action, à son tour, propage l’excitation le long de la fibre
nerveuse et le processus se poursuit jusqu’à ce que le signal nerveux parvienne à l’extrémité
de la fibre nerveuse.
En fait, le mécanisme de rétrocontrôle positif, dans le cas où il est utile, s’intègre dans un
rétrocontrôle négatif plus vaste. Par exemple, le rétrocontrôle positif de la coagulation
appartient au rétrocontrôle négatif de conservation du volume sanguin. Les rétrocontrôles
positifs qui génèrent les influx nerveux font participer les nerfs à des milliers de rétrocontrôles
négatifs.
c) Régulations adaptatives
conditions normales sont maintenues dans ce milieu intérieur, les cellules de l’organisme vont
continuer à vivre et à fonctionner normalement. Chaque cellule bénéficie de l’homéostasie, et
en retour, contribue au maintien de l’homéostasie. Cette interaction réciproque permet un
automatisme permanent de l’organisme jusqu’à ce qu’un ou plusieurs systèmes fonctionnels
perdent leurs capacités d’assurer leurs fonctions. Lorsque cette situation se produit
(déséquilibre homéostatique), toutes les cellules de l’organisme souffrent. Un déséquilibre
homéostatique extrême entraîne la mort ; un déséquilibre modéré entraîne la maladie.
29
OBJECTIFS
Le corps humain adulte est constitué d’environ 60% de liquide (eau) : l’eau, le contenant des
substances minérales, est donc le constituant moléculaire le plus abondant de l’organisme.
Une grande partie de cette eau –2/3, soit 40% du poids corporel– est intracellulaire : on parle
de liquide intracellulaire (LIC). Mais 1/3 environ de cette eau constitue les liquides
extracellulaires (LEC) qui sont donc situés à l’extérieur des cellules. Le volume, la
composition en solutés et les propriétés physico-chimiques de différents compartiments sont
normalement stables. Cette stabilité constitue l’équilibre hydro-électrolytique. Différents
mécanismes nerveux et, surtout, hormonaux concourent à cet équilibre en assurant
l’annulation des bilans journaliers de l’eau et des électrolytes, c’est-à-dire l’égalité des entrées
(ou gains ou absorptions) et des sorties (ou pertes ou excrétions). Cette stabilité et les
mécanismes qui la maintiennent constituent l’homéostasie. Elle est particulièrement
importante pour le secteur interstitiel qui est le milieu ambiant de la vie cellulaire qu’on
appelle « milieu intérieur » depuis Claude Bernard.Les déséquilibres hydro-électrolytiques
sont fréquents en pathologie humaine, et leur correction est une composante importante de la
réanimation médicale.
2.1. CARACTERES GENERAUX DES LIQUIDES BIOLOGIQUES
2.1.1. Composition
Les liquides de l’organisme sont de solutions aqueuses. L’eau est le solvant unique des
organismes vivants. Ce solvant possède deux propriétés particulières. L’eau a une structure
dipolaire qui détermine la dissolution des sels, la dissociation électrolytique et l’ionisation.
L’eau est amphotère : elle peut accepter (comme une base faible) ou céder (comme un acide
faible) des protons H+ en fonction de l’affinité pour les protons des solutés qu’elle contient.
Les solutés sont divers. Ce sont des molécules simples ou complexes, dissociées ou non. Les
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électrolytes sont dissociés en ions par perte (cations) ou par gain (anions) d’électron(s).Un point
important est que les liquides biologiques ne sont pas vraiment des solutions idéales: la quantité de
solutés est importante par rapport au volume de solvant, la dissociation électrolytique n’y est pas
complète et toutes les particules n’ont pas un diamètre inférieur à 1nm.
Après l’injection intraveineuse d’une quantité connue Q d’un traceur coloré ou marqué, sa
concentration dans le plasma sanguin n’est jamais stable. On observe une augmentation
initiale jusqu’à un pic de concentration qui correspond à la dispersion du traceur dans le
compartiment sanguin. Puis, une seconde phase de décroissance irrégulière si le traceur
diffuse hors du compartiment plasmatique tout en commençant àdisparaître. Enfin, une
troisième phase plus ou moins tardive est la seule décelable quand la diffusion est achevée : la
décroissance de concentration n’est due qu’à la disparition du traceur par métabolisation et ou
excrétion et est fonction mono-exponentielle par rapport au temps. On peut ainsi déterminer la
concentration à l’origine (C0) et calculer le volume de dilution du traceur V = Q/C0.
b) Traceurs répartis dans des masses d’électrolytes
sanguin est prélevé à la 24e heure (par décision arbitraire car il faudrait un temps beaucoup
plus longue pour que l’isotope injecté se mélange à la totalité de la masse ionique
correspondante de l’organisme). On calcule « la masse ou capital échangeable en 24 heures »
de l’ion
𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑖𝑛𝑗𝑒𝑐𝑡é𝑒 − 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑑𝑎𝑛𝑠𝑙𝑒𝑠𝑢𝑟𝑖𝑛𝑒𝑠
𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑠𝑎𝑛𝑔𝑢𝑖𝑛𝑒à 24 ℎ
a) Concentration
𝑚𝑔/𝐿
𝑚𝑚𝑜𝑙/𝐿 =
𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑜𝑢𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒
La molalité et la molarité d’un soluté sont deux expressions proches mais pas identiques.
L’expression correcte devrait être molalité car la molarité est trompeusement modifiée quand
le rapport entre volume total des solutés et le volume du solvant s’écarte de la normale
(exemple : fausse diminution de la concentration molaire du sodium dans le plasma sanguin
quand le volume des solutés est augmenté par une grande hyperlipidémie).
Les gradients de concentrationentre deux compartiments liquidiens déterminent des transferts
passifs de solutés par diffusion.
b) Charge électrique
La dissociation électrolytique donne naissance à des ions porteurs des charges électriques par
gain ou perte de un ou plusieurs électrons. Un équivalent correspondant à la masse d’un anion
(gain d’électrons) se combinant à 1 g d’hydrogène H+ ou à la masse d’un cation (perte
d’électrons) se combinant à 17 g de radical OH−.
La «concentration électrolytique » d’un ion dans une solution biologique s’exprime le plus
souvent par en milliéquivalent (mEq).
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𝑚𝑔
⁄𝐿
𝑚𝐸𝑞/𝐿 = × 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒 = 𝑚𝑚𝑜𝑙/𝐿 × 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒
𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒
c) Osmotique
1) Osmose
Si on considère le même système, mais avec une membrane imperméable aux molécules de
soluté, on obtient un résultat tout à fait différent. L’eau diffuse alors rapidement du
compartiment 1 (le moins concentré en termes de solutés, mais le plus « concentré » en eau)
au compartiment 2 (le plus concentré en termes de solutés, mais le « concentré » en eau) et
son mouvement se poursuit jusqu’à ce que sa concentration (ainsi que celle du soluté) soit la
même des deux côtés de la membrane. Dans ce cas, l’équilibre résulte du seul mouvement de
l’eau, lequel produit un changement de volume remarquable dans les deux compartiments.
2) Pression osmotique
d) Potentiel acide
Un litre d’eau pure à 25° C contient 1000 g : 18 = 55,5 moles d’eau. L’eau pure étant
faiblement dissociée, les concentrations d’ions H+ (ou hydronium H3O)et d’ions OH-(ou
hydroxyle) sont toutes deux égales à 1.10-7 mole. Par commodité, le potentiel acide d’une
solution est exprimé par le pH, c’est-à-dire le logarithme changé de signe de la concentration
molaire des ions H+. Soit pH = - log [H+]. L’eau pure est neutre et son pHest 7. Del’acidité
extrême à l’alcalinité extrême, le pH d’une solution est noté de 0 ([H+] = 1 mole/L) à 14 ([H+]
= 1.10-14 mole/L). Les liquides de l’organisme ne sont pas neutres. En particulier, les liquides
35
des extracellulaires sont maintenus dans un état de faible alcalinité qui constitue l’équilibre
acido-basique.
L’eau est répartie dans l’organisme de manière non homogène en compartiments ou secteurs
séparés les uns des autres :
1) le volume plasmatique contenu dans le réseau vasculaire ;
2) le volume interstitielcompris entre les parois capillaires et les membranes cellulaires
(ils forment à eux deux le secteur ou volume extracellulaire) ;
3) le volume intracellulaire contenu à l’intérieur des membranes plasmiques
Toutes les cellules du corps humain baignent constamment dans un liquide extracellulaire,
appelé liquide interstitiel, qui est dérivé du sang. On peut considérer le liquide extracellulaire
comme une sorte de mer intérieure ou milieu intérieur : c’est l’environnement interne de
l’organisme. Dans un organisme vivant, cet environnement interne ou milieu intérieur est le
même pour toutes les cellules, c’est une sorte de « soupe » riche et nourrissante. Il contient
des milliers d’ingrédients, dont l’oxygène, des acides aminés, des sucres, des acides gras, des
vitamines, des substances régulatrices comme des hormones et des neurotransmetteurs, des
sels et des déchets dont le gaz carbonique. C’est dans le milieu intérieur que les cellules
puisent l’oxygène et les nutriments et déversent leurs déchets métaboliques. La membrane
plasmique sépare donc deux compartiments aqueux : le compartiment intracellulaire ou
liquide intracellulaire (LIC) et le compartiment extracellulaire ou liquide extracellulaire
(LEC).
2.2.1. Eau totale
Le capital hydrique total peut être mesuré à l’aide des traceurs qui traversent les parois
capillaires et les membranes cellulaires (urée, antipyrine, eau tritiée, eau lourde). Dans la
pratique médicale, une méthode très simple très utile pour évaluer les modifications de
l’hydratation totale consiste à suivre les variations rapides de la courbe de poids.Chez un
adulte de morphologie standard, l’eau représente environ 60%du poids. En raison de la faible
teneur en eau des tissus adipeux, le contenu en eau exprimé en %de poids identiques est
inférieur à 60 % chez les femmes, les vieillards et les obèses, et supérieurà60 % chez les
sujets longilignes ou maigres.
36
En pratique, c’est le volume le plus intéressant pour deux raisons : il peut être aisément
prélevé et étudié, et ses caractéristiques fournissent des informations indirectes sur l’état
d’autres volumes liquidiens.
Elle utilise des traceurs qui ne traversent pas la paroi des capillaires : soitdes macromolécules,
soit des colorants ou des molécules marquées (131iode) qui se fixent sur la sérumalbumine. Le
volume plasmatique représente normalement environ 4 % du poids corporel.
Elle passe par celle du volume sanguin total (VST). C’est le volume de distribution
d’hématies marquées au monoxyde de carbone ou au 51
chrome. Le VST représente
normalement environ 7 % du poids corporel. Le volume plasmatique est ensuite calculé à
partir de l’hématocrite (Hct %).
L’hématocrite est le volume occupé par les cellules (hématies), exprimé en pourcentage du
volume sanguin. On le mesure après centrifugation d’un faible volume sanguin (environ 60
37
µL) dans un tube capillaire en verre anticoagulant. Un peu plus élevé chez l’homme que chez
la femme, il est normalement compris entre 40 et 45 %. Le plasma représente donc 55 à 60%
du volume sanguin.
2.2.3.2. Composition
Le plasma sanguin est le surnageant obtenu par centrifugation de sang anti-coagulé (alors que
le sérum est le surnageant dépourvu de fibrinogène obtenu après coagulation spontanée).
C’est un liquide jaune clair, environ 2,2 fois plus visqueux que l’eau et limpide à jeun. Il est
constitué d’eau (92%), de protéines (70 à 72 g/L), de substances organiques non protéiques
(azotées, glucidiques et lipidiques) et de constituants minéraux.
La composition minérale est exprimée en charges anioniques et cationiques dont l’ensemble
constitue l’ionogramme plasmatique. Le langage courant utilise le préfixe normo, hypoet
hyper pour qualifier les concentrations ioniques (exemples : normokaliémie, hyponatrérnie,
hyperchlorémie…).
38
Les laboratoires ne dosent couramment que la natrémie, la kaliémie, la calcémie (soit presque
tous les cations), la chlorémie, la bicarbonatémie et les protéines (en g/L) ; il existe donc des
anions indosés ; en pratique courante, ils sont évalués par la formule :
Anions indosés= [Na+]─ ([Cl─]+ [HCO3─]),
Différence normalement inférieure à 12 ± 3 mEq/L. Lorsque la différence excède cette valeur,
on dit qu’il existe un trou anionique (exemples : acidocétose diabétique, acidose lactique …).
Mesuré par cryoscopie, le point de congélation du plasma normal est inférieur de 0,54° C à
celui de l’eau pure. Le point de congélation d’une solution dont la pression osmotique est de
1Osm/Kg étant inférieur de 1,86° C, selon la loi de Raoult, la pression osmotique totale du
plasma est 0,54/1,86 = 0,290 Osm/Kg ou 290 mOsm/Kg.
En pratique médicale, une valeur de la pression osmotique totale peut être obtenue par la
formule :
Pression osmotique totale = 2 natrémies +azotémie + glycémie en mmol/L
= 2 x 140 mmol/L + 5 mmol/L + 5,5 mmol/L
= 280 + 10,5
= 290,5 mOsm/Kg
= 290 m0sm/Kg
soit étirée au point de se rompre. La tonicité est la capacité d’une solution de modifier le tonus
ou la forme des cellules en agissant sur leur volume d’eau interne. Les solutions dans
lesquelles la concentration de soluté non diffusible est égale à celle que l’on trouve dans les
cellules sont dites isotoniques. Par exemple, une solution isotonique à la cellule aurait une
concentration de 0.3 mOsm/ml de NaCl. Les cellules placées dans ces solutions gardent leur
forme normale, et on observe dans leur cas aucune perte ni aucun gain d’eau. Les liquides
extracellulaires (ex. le plasma) et la plupart des solutions intraveineuses sont isotoniques. Les
solutions hypertoniques présentent une concentration plus élevée de soluté non diffusible que
les cellules vivantes. Les cellules placées dans des solutions hypertoniques perdent de l’eau
par osmose, ce qui cause une diminution de leur volume. Les solutions hypotoniques, sont
plus diluées (contiennent moins de soluté non diffusible) que l’intérieur des cellules. Les
cellules placées dans une solution hypotonique se gonflent rapidement d’eau.
Le terme tonicité est utilisé pour décrire la pression osmotique effective du plasma. Il existe
une différence entre l’osmolarité et la tonicité. Le facteur déterminant de la tonicité est la
présence de solutés non diffusibles, alors que l’osmolarité ou concentration osmolale dépend
de l’ensemble des solutés. La concentration osmolale du plasma est de 290 mOsm/L ; c’est
l’équivalent d’une pression osmotique de 7.3 atmosphère. On pourrait s’attendre à une
osmolarité plus élevée du fait que la somme de tous les équivalents cations et anions dans le
plasma est supérieure à 300. Mais la valeur n’est pas aussi élevée parce que le plasma n’est
pas une solution idéale, et les interactions ioniques réduisent le nombre de particules
dissociées pour exercer un effet osmotique. A l’exception de brefs moments suivant un
changement soudain de composition, tous les compartiments liquidiens de l’organisme sont
apparemment en équilibre osmotique ou presque.
Il est important de noter la contribution relative des divers constituants du plasma dans
l’osmolarité de ce fluide.
Le glucose, par exemple, est normalement présent dans le plasma à un taux qui tourne autour
de 80 mg/100 ml de plasma. Mais c’est une molécule qui n’est pas dissociée et dont le poids
moléculaire est de 180. Par conséquent, la concentration osmolale du glucose dans le plasma
normal est seulement de 80/180 x 10 = 4.4 mOsm/L.
Les protéines plasmatiques ont un poids moléculaire élevé mais sont présentes en si grande
quantité qu’elles n’interviennent que très peu dans l’osmolalité plasmatique. La contribution
osmolale des dérivés protéiques (autres que les électrolytes) est presque 0.36 x 30 mg / 100 =
10.8 mOsm/L.
40
De l’autre côté, le Na+ et le Cl- intervient pour environ 250 mOsm/L dans l’osmolalité
plasmatique. Etant donné que le Na+ est le principal cation du plasma, il existe une corrélation
satisfaisante entre la pression osmotique plasmatique et la concentration de Na+ dans le
plasma.
La pression osmotique efficacene tient pas compte ni du glucose ni de l’urée qui sont des
solutés très diffusibles dont les variations ne sont pas à l’origine des gradients osmotiques
entre les compartiments.
La pression osmotique efficace du plasma est d’environ 2 natrémies soit environ 280
mOsm/Kg
Les compartiments liquidiens ne sont pas des volumes statiques. Ils échangent en permanence
entre eux et avec le milieu extérieur ; l’équilibre hydro-électrolytique est dynamique. Ces
compartiments, constamment renouvelés, ne sont pas juxtaposés mais disposés de façon
concentrique : à la périphérie du dispositif, se trouve le volume plasmatique qui circule
rapidement et qui est en contact avec le milieu extérieur à travers quatre zones d’échange
d’eau et des électrolytes : la surface cutanée, le tube digestif, les voies respiratoires et le rein ;
au centre du dispositif, se trouve le compartiment intracellulaire ; entre les deux est interposé
le liquide interstitiel ou milieu intérieur.
Par les quatre organes d’échange cités ci-haut, l’individu prélève et rejette de façon
intermittente de l’eau et des électrolytes dans le milieu extérieur. Pour l’eau, le sodium, le
potassium, le calcium, le phosphore ou tout autre électrolyte,le bilan deces échanges est
normalement nul (ou les différentes balances sont en équilibre).
Le sujet a une activité sédentaire en climat tempéré et ingère une alimentation mixte.
- pertes :perspiration insensible 0,4 L, transpiration 0,4 L, air expiré 0,3 L, selles 0,1 L,
urines 1,2 L.
Bilan sodé annulé à 150 mmol/24h :
- gains :sodium des aliments 82 mmol, sel condiment 68 mmol (1 g NaCl = 17 mmol Na)
- pertes :sudation et selles 15 mmol, urines 135 mmol
Bilan potassique annulé à 100 mmol/24h :
- gains :potassium des aliments 100 mmol
- pertes :sudations et selles 10 mmol, urines 90 mmol
Deux points majeurs sont à souligner :
1° II n’existe pas un bilan normal mais une infinité de bilans normaux de l’eau et des
électrolytes selon les individus et les circonstances.
Un sujet ayant une activité physique importante en climat chaud perd plusieurs litres
d’eau par voie cutanée, compense par la prise de boissons et annule normalement son bilan
hydrique bien au-delà de 10 L/24 h ;un sujet abusant de sel peut en consommer 25g/24h, soit
425 mmo1, et annuler son bilan journalier par une augmentation proportionnée de la perte
urinaire.
2° Sans minimiser les mécanismes de la soif qui règle les prises de boissons et de
l’appétence pour le sel, l’organe principal de ces adaptations et de l’annulation des
bilans est le rein.
Les pertes urinaires sont réglées en permanence pour maintenir l’équilibre des
balances hydriques et électrolytiques. Cette fonction homéostatique est la fonction la plus
importantedes reins.
Ils empruntent deux voies : à travers la paroi capillaire et par le drainage lymphatique.
En présence d’un ou plusieurs ions non diffusibles d’un côté d’une barrière semi-perméable,
la distribution des ions diffusibles à l’équilibre, sera asymétrique d’une manière prévisible.
C’est l’équilibre de Donnan ou effet Donnan.
Considérons par exemple deux compartiments X et Y, séparés par une barrière semi-
perméable m, les deux compartiments sont des solutions de Na+ Cl- mais seul X contient de
plus un sel Na+ Prot- dans lequel Prot- est un anion non diffusible incapable de traverser la
membrane m. Les ions diffusibles (Na+ et Cl-) passe à travers la membrane jusqu’à ce que
l’équilibre soit atteint. A ce moment, il y aura à la fois la neutralité électrique dans chacun des
compartiments et égalité des produits des ions diffusibles de chaque côté (Equilibre de Gibbs-
Donnan). Nous pouvons exprimer cela de la manière suivante :
[Na+]X = [Cl-]X+ [Prot-]X et [Na+]Y = [Cl-]Y
Na+ Na+
Cl- Cl-
Prot-
Ce sont les échanges principaux parce qu’ils peuvent varier et modifier les deux volumes
concernés. Ils sont régis par la relation inégale entre les pressions hydrostatiques capillaires et
interstitielles (Pc et Pi) et les pressions oncotiques capillaires et interstitielles (πc et πi) selon
l’équation
𝐽𝑉 = 𝐾𝑓(∆𝑃 − ∆𝜋)
= 𝐾𝑓 [(𝑃𝑐 − 𝑃𝑖 ) − (𝜋𝑐 − 𝜋𝑖 )]
Où JV est le flux transcapillaire par unité de temps et Kf le coefficient d’ultrafiltration de la
paroi capillaire. La direction du flux c’est-a-dire la signe de JV change le long des capillaires
systémiques en raison de la diminution progressive de Pc due la résistance à l’écoulement du
sang. Aupôle artériel des capillaires, la résultante de ces forces est une pression de filtration
(Pf) d’environ 9 mm Hg et au pôle veineux une pression de réabsorption (Pr) d’environ 6
mmHg.
Le résultat est la sortie des capillaires d’environ 15 ml/min d’eau et de substances
dissoutes plasmatiques, suivi de la réabsorption d’environ 13,5 ml/min de volume filtré (pour
l’ensemble des capillaires systémiques chez un sujet au repos). Le volume non réabsorbé de
1,5ml/min est repris par les innombrables vaisseauxlymphatiques en doigts de gants qui
prennent naissance dans l’interstitium.
Les anomalies des pressions hydrostatiques et oncotiques capillaires peuvent
mécaniquement altérer ces transferts en diminuant ou en augmentant le flux. Par exemple, une
chute de la pression sanguine artérielle et de Pc, réduit la filtration et induit une anoxie
tissulaire, une diminution de la protidémie et de πc ou une augmentation de la pression
veineuse au pôle veinulaire par insuffisance cardiaque droite induit une diminution de la
réabsorption, une inflation interstitielle et des œdèmes.
2.3.2.2. Drainage lymphatique
Les vaisseaux lymphatiques,nés dans l’interstitium, se regroupent en canaux de plus-en-
plus gros qui forment le canal thoracique et la grande veine lymphatique. Ces derniers se
jettent dans la circulation générale au niveau des veines sous-clavières. Le drainage ramène
lentement 2 à4 L de lymphe canalisée par 24 heures des espaces interstitiels vers la circulation
systémique. La lymphe a la même composition que le liquide interstitiel mais contient 20 à
30g/L de protéine en moyenne.
44
2.4.1. Nourrisson
L’eau totale représente environ 80%du poids corporel d’un nouveau-né. La différence avec
l’adulte est due à l’importance des liquides extracellulaires (en fait, le liquide interstitiel) qui
représentent environ 40%du poids. De plus, le renouvellement et le besoin d’eau du
nourrisson sont proportionnellement beaucoup plus intenses. Par exemple, chez un adulte de
plus de 70 Kg, le liquide extracellulaire représentent 14 L ; un échange de 2L/24h avec le
milieu correspond à un renouvellement journalier de 1/7e. Chez un nourrisson de 3,75 Kg, les
liquides extracellulaires représentent 1,5 L ; l’échange avec le milieu est d’environ 0,5 L/ 24 h
qui correspond à un renouvellement journalier de 1/3. Le besoin hydrique et le risque du
déséquilibre du bilan sont donc beaucoup plus grands. D’autant plus que le nourrisson est
totalement dépendant de son environnement, que sa surface cutanée, sonimmaturité rénale et
sa forte activité métabolique tendent à majorer les pertes.
CONCLUSION
Résumé
L’eau et les substances minérales sont reparties dans l’organisme de façon non
homogène en volumes (ou compartiments ou secteurs) : volume intracellulaire et
volume extracellulaire qui comprend le volume plasmatique et le volume interstitiel,
véritable milieu intérieur de la vie cellulaire.
L’équilibre hydro-électrolytique implique la nullité des bilans externes de l’eau et des
substances minérales, c’est-à-dire l’égalité des gains et des pertes. Le rein tient un
rôle prédominant dans l’annulation des bilans.
La quantité de sodium détermine 1’état des volumes extracellulaires.
La concentration extracellulaire du sodium détermine la pression osmotique
extracellulaire efficace et l’état du volume cellulaire.
46
Chacune de 1014 (100 trillions) de cellules d’un être humain est une structure vivante qui peut
survivre pendant des mois voire plusieurs années à condition que le liquide dans lequel elle
baigne contienne des nutriments appropriés. Pour comprendre le fonctionnement des organes
et des autres structures de l’organisme, il est essentiel de connaître d’abord l’organisation
fondamentale de la cellule et les fonctions de chacun de ses constituants. Le présent chapitre
porte sur les structures et les fonctions communes à toutes les cellules animales. On pourrait
l’intituler « physiologie cellulaire ». Les présentes notes de cours n’ont pas la prétention de
traiter de la biologie développementale et, encore moins, de la biologie cellulaire. Toutefois,
une connaissance de base de la biologie cellulaire est essentielle à la compréhension du
fonctionnement des différents systèmes de l’organisme.
Objectifs
1. Organisation de la cellule
2. Structure physique de la cellule
3. Cellule eucaryote et autres formes de vie pré-cellulaires
4. Systèmes fonctionnels de la cellule
5. Locomotion cellulaire
47
Les cellules des différents organes sont hautement spécialisées et aucune ne peut être
considérée comme représentative de l’ensemble des cellules de l’organisme. Toutefois, un
certain nombre de structures (organelles ou organites) sont présentes dans la plupart d’entre
elles.
Une cellule humaine type, telle qu’observée en microscopie optique présente à décrire deux
régions principales : le noyau et le cytoplasme. Le noyau est séparé du cytoplasme par la
membrane nucléaire (ou, plus exactement, paroi nucléaire), tandis que le cytoplasme est
séparé du liquide péri-cellulaire environnant par la membrane cellulaire, appelée aussi
membrane plasmique.
Le cytoplasme contient un certain nombre de structures subcellulaires qu’on appelle organites
ou organelles. Ces derniers baignent dans une substance amorphe appelée protoplasme ou
cytosol.
Le cytosol est composé principalement de cinq matières: l’eau, les électrolytes, les protéines,
les lipides et les glucides.
Eau
L’eau est le principal fluide du milieu cellulaire (LIC) ; elle représente dans la plupart des
cellules, à l’exception des cellules adipeuses, 70 à 85% de la masse cellulaire totale. De
nombreuses substances chimiques sont dissoutes dans l’eau, tandis que d’autres sont à l’état
de suspension, sous forme de particules ou de vésicules entourés d’une membrane. Les
réactions chimiques se font entre les substances dissoutes ou à la surface des particules ou des
vésicules en suspension dans l’eau.
Électrolytes
Les électrolytes les plus importants de la cellule sont le potassium, le magnésium (Mg++), le
phosphate (H2PO2-), le sulfate (SO4--), le bicarbonate (HCO3-) et de petites quantités de
sodium (Na+), de chlorures (Cl-) et de calcium (Ca++). La composition électrolytique de la
cellule et des fluides environnants (LEC) fait l’objet d’une discussion plus détaillée dans les
chapitres ultérieurs qui traitent des interactions entre LIC et LEC. Les électrolytes fournissent
des substances chimiques inorganiques pour les réactions cellulaires. Ils sont également
nécessaires pour le déroulement de certains mécanismes cellulaires de contrôle. Par exemple,
48
Protéines
Avec 10 à 20 pour cent de la masse cellulaire totale, les protéines constituent, après l’eau, la
substance la plus abondante de la plupart des cellules. D’un point de vue fonctionnel, il existe
deux catégories de protéines : les protéines de structure et les protéines fonctionnelles, parmi
lesquelles les enzymes ; les protéines fonctionnelles sont aussi appelées protéines globulaires.
Les protéines de structure sont présentes dans la cellule principalement sous forme de longs
filaments qui sont eux-mêmes des polymères de plusieurs molécules protéiques individuelles.
Un usage majeur de ces filaments intracellulaires consiste en la formation de microtubules qui
vont former le “cytosquelette” des certaines organelles et structures cellulaires comme les cils,
les axones des nerfs, le fuseau mitotique des cellules en division. Une autre utilité des
filaments est la masse enchevêtrée de filaments minces qui maintient le cytoplasme et le
nucléoplasme ensemble, tout en les confinant chacun dans son compartiments. Dans le milieu
extracellulaire, on trouve des protéines fibreuses, spécialement dans les fibres collagènes et
élastines du tissu conjonctif et dans la paroi des vaisseaux sanguins, dans les tendons, les
ligaments, et ainsi de suite. Outre le collagène, qui est la protéine la plus abondante de
l’organisme, et l’élastine, les protéines structurales, aussi appelées fibreuses, comprennent
aussi la kératine, la titine et les protéines contractiles des muscles.
Les protéines fonctionnelles sont un type totalement différent de protéines, habituellement
composées de combinaisons de peu de molécules d’une structure tubulo-globulaire. Ces
protéines sont principalement des enzymes cellulaires et, contrairement aux protéines
fibreuses ou de structure, elles sont mobiles dans le cytosol. Ainsi, plusieurs de ces protéines
fonctionnelles sont adhérentes aux structures membranaires à l’intérieur de la cellule. Les
enzymes sont en contact direct avec d’autres substances dans le cytosol et ainsi catalysent des
réactions chimiques intracellulaires spécifiques. Par exemple, les réactions chimiques qui
lysent le glucose en ses composants, pour ensuite les combiner à l’oxygène pour former le
dioxyde de carbone et l’eau et simultanément dégager de l’énergie pour la fonction cellulaire,
sont toutes catalysées par une série de protéines enzymes.
Lipides
Les lipides comprennent composés qui sont regroupés ensemble à cause de leur propriété
commune qui est d’être insolubles dans l’eau mais très solubles dans les autres lipides et dans
49
les solvants organiques comme l’alcool, le chloroforme et l’éther. Les lipides comprennent
les graisses neutres ou triglycérides, les phospholipides, les stéroïdes et un certain nombre
d’autres substances lipidiques. Dans la majorité des cellules animales, les lipides les plus
abondants sont les phospholipides et le cholestérol, qui forment environ 2 pour cent de la
masse cellulaire totale. Ces lipides (phospholipides et cholestérol) jouent un rôle
particulièrement important : ils servent de support aux membranes cellulaires tout en leur
conférant une structure de barrière efficace capable de séparer les différents compartiments
aqueux à l’intérieur de la cellule ainsi que la séparation du milieu intracellulaire avec le milieu
extracellulaire.
En plus des phospholipides et du cholestérol, certaines cellules contiennent de nombreux
triglycérides, encore appelés graisses neutres. Dans les cellules adipeuses, les triglycérides
peuvent occuper jusqu’à 95 pour cent de la masse cellulaire totale. La graisse stockée dans ces
cellules représente la principale réserve énergétique du corps pouvant être mise à contribution
en cas de besoin. En effet, l’énergie stockée sous forme de graisse dans les cellules adipeuses
pourra toujours être extraite chaque fois que l’organisme en aura besoin.
Hydrates de carbone
D’une manière générale, et si l’on excepte les constituants glucidiques des glycoprotéines, les
hydrates de carbone ne jouent qu’un rôle mineur en tant que support physique à la structure
cellulaire. Ils jouent, par contre, un rôle majeur dans la nutrition cellulaire. Dans la plupart des
cellules humaines, le stock de réserve d’hydrates de carbone est peu abondant, habituellement
de l’ordre de 1 pour cent de la masse cellulaire totale. Mais dans certains types de cellule, les
hydrates de carbone peuvent représenter jusqu’à 3 pour cent de la masse cellulaire comme
dans les cellules musculaire et, voire 6 pour cent, à certaines occasions dans les cellules
hépatiques. Toutefois, un hydrate de carbone, le glucose dissous est toujours présent dans le
liquide extracellulaire péri cellulaire où il est à tout moment à la disposition de la cellule. En
outré, de petites quantités d’hydrates de carbone sont toujours virtuellement stockées dans les
cellules sous forme de glycogène. Le glycogène est un polymère insoluble du glucose qui peut
ester dépolymérisé et utilisé rapidement pour combler le besoin énergétique de la cellule.
La cellule n’est pas simplement un milieu liquide contenant des enzymes et des substances
chimiques et limité par la membrane plasmique. Elle est également faite de structures
physiques complexes, hautement organisées, appelées organelles (ou organites)
50
intracellulaires pour la plupart d’entre elles. Chacune de ces structures a un rôle aussi
important que celui des constituants chimiques participant à la fonction cellulaire. Par
exemple, sans l’une de ses organelles, les mitochondries,plus de 95 pour cent de l’énergie
cellulaire libérée à partir des nutriments pourrait cesser immédiatement. Les particules et
organelles cytoplasmiques sont de taille variable. Le fluide dans lequel baignent toutes ces
particules est appelé cytosol. Les organelles les plus importantes et les autres structures de la
cellule sont illustrées dans la Figure 2–2. 1. Les structures cellulaires comprennent les
structures membranaires de la cellule (membrane cellulaire et membranes des organelles), le
cytoplasme et ses organelles, et le noyau.
La membrane cellulaire (également appelée membrane plasmique), qui entoure la cellule est
une structure fine, souple, flexible, dont l’épaisseur est de 7.5 à 10 nanomètres seulement. Elle
est composée presqu’entièrement de protéines et de lipides.
La composition chimique approximative de la membrane plasmique est celle-ci : protéines
(55 pour cent); phospholipides (25 pour cent); cholestérol (13 pour cent); les autres lipides (4
pour cent); et les hydrates de carbone (3 pour cent).
51
En microscopie électronique, elle apparaît comme une structure tri-laminée comprenant deux
couches électro-denses d’environ vingt angströms d’épaisseur chacune, séparées par une
couche électro-translucide de 35à 40 angströms d’épaisseur. La couche centrale électro-
translucide correspond à la double couche lipidique ou bicouche lipidique. Les deux couches
électro-denses externes correspondant aux protéines et glycoprotéines.
La figure 2–3 montre la structure de la membrane cellulaire. Sa structure de base est une
bicouche lipidique, qui est un mince film, bi-laminé de lipides — chaque lame ou couche
étant épaisse seulement d’une molécule — et qui est continu enveloppant l’entièreté de la
surface cellulaire. Dans ce mince film lipidique, se trouvent « cloutées » de grosses molécules
protéiques globuleuses. La bicouche lipidiquereprésente la « trame »fondamentale de la
membrane, et les molécules protéiques y sont parsemées, formant des unités globulaires
séparées les unes des autres et qui apparaissent comme un cloutage irrégulier à la surface
interne et externe de la membrane.
Du fait du caractère hydrophobe de leurs queues hydrocarbonées qui se font face à l’intérieur
de la membrane, les lipides membranaires forment une barrière imperméable à l’eau et à
toutes les substances hydrosolubles (ions, glucose, et urée), empêchant ainsi leur libre
diffusion d’un compartiment cellulaire à un autre. Inversement, les substances liposolubles,
comme l’oxygène, le dioxyde de carbone, et l’alcool traversent cette partie de la membrane
facilement.
Les molécules de cholestérol présentes dans la membrane sont aussi des substances lipidiques
car leur noyau stéroïde est très liposoluble. Ces molécules sont, en quelque sorte, dissoutes
dans la bicouche de la membrane. Elles participent principalement à la détermination du degré
de perméabilité (ou d’imperméabilité) de la bicouche aux substances hydrosolubles des
liquides corporels. Le cholestérol, en association avec les phospholipides, contrôle la fluidité
de la membrane. Les queues sont de longueur variable (normalement de 14 à 24 atomes de
carbone) et l’une d’elles contient habituellement une ou plusieurs double liaison cis (elle est
insaturée et recourbée), contrairement à l’autre qui n’en contient pas (elle est saturée et
droite). Ces différences dans la longueur et la saturation de la queue sont importantes car elles
ont une influence sur la fluidité de la membrane. Le cholestérol, en empêchant la diminution
brutale de la fluidité et en augmentant la stabilité de la bicouche est un autre déterminant de la
fluidité de la membrane. En effet, en introduisant ses anneaux hydrocarbonés plats entre les
queues des phospholipides, le cholestérol immobilise partiellement ces dernières et stabilise la
membrane. Cela empêche également les phospholipides de s’agréger et rend donc la
membrane plus fluide. La fluidité d’une bicouche lipidique dépend donc de sa composition en
lipides.
La figure 2–3 montre aussi des masses globulaires flottant dans la couche lipidique. Ce sont
des protéines membranaires, dont la plupart sont des glycoprotéines.Elles forment des unités
globulaires séparées les unes des autres et qui apparaissent comme un cloutage irrégulier à la
surface interne et externe de la membrane. Deux types de protéines sont illustrés: les protéines
intégrales ou intrinsèques qui s’étendent sur toute l’épaisseur de la membrane et les
protéinespériphériques qui ne sont exposées à l’eau que d’un seul côté de la membrane, sans
la traverser de part en part. L’orientation d’une protéine membranaire dépend de la fonction
remplie par la protéine.
53
Les glucides membranaires sont toujours associés soit aux protéines membranaires
(glycoprotéines) soit aux lipides membranaires (glycoprotéines). Les portions “glyco” de ces
molécules font presque toujours protrusion à la face extracellulaire de la membrane, ballant à
l’extérieur à partir de la surface cellulaire. La proportion de glucides dans les membranes
plasmiques varie, en poids, entre 2 p. cent et 10 p. cent. Plusieurs autres composés
glucidiques, appelés protéoglycans—qui sont principalement des substances glucidiques liées
à de petits noyaux protéiques— sont lâchement attachés à la surface extérieur de la cellule.
54
Ainsi, l’entièreté de la surface externe de la cellule est souvent recouverte d’un manteau
faiblement adhérant, lâche d’hydrates de carbone qu’on appelle le glycocalyx. Le glycocalyx
(étymologiquement « tasse de sucre ») ou enveloppe cellulaire est la boue périphérique riche
en glucides situé à la surface de la plupart des cellules eucaryotes ; c’est une région floue et
un peu collant. On peut donc se représenter la cellule comme « enrobée de sucre » en quelque
sorte.
Les glucides constituant cette boue périphérique attachée à la surface extérieure de la cellule
d’une manière lâche assume plusieurs fonctions importantes: (1) Beaucoup d’entre eux sont
porteurs d’une charge électrique négative, laquelle est responsable, dans la plupart des
cellules, de la charge négative globale de la surface cellulaire qui repousse les autres objets
chargés négativement. (2) Le glycocalyx de certaines cellules s’attache au glycocalyx d’autres
cellules, les amarrant ainsi ensemble. (3) Beaucoup de glucides agissent comme substances
réceptrices pour lier les hormones, comme l’insuline; lorsque l’hormone (messager chimique)
est liée par le récepteur, cette combinaison active les protéines internes attachées qui, à leur
tour, activent une cascade d’enzymes intracellulaires. (4) Certains glucides du glycocalyx
interviennent dans les phénomènes immunologiques (reconnaissance mutuelle entre cellules :
identification de l’ovule par le spermatozoïde ; identification des bactéries et des particules
virales par les cellules du système immunitaire ; existence des différents groupes sanguins).
C’est un réseau de structures tubulaires et vésiculaires aplaties qui parcourt le cytoplasme. Les
tubules et les vésicules sont interconnectés. La membrane de ces structures est constituée de la
bicouche lipidique avec de grandes quantités protéines. Donc, sa structure est similaire à celle
de la membrane cellulaire. Le large repli de la membrane du RE lui assure une grande
surface : la surface totale de la membrane du RE représente d’une manière typique plus de la
55
moitié de la membrane totale dans une cellule. Dans certaines cellules, comme celles du foie,
par exemple, la surface totale de la membrane du RE peut être 30 à 40 plus étendue que la
surface de la membrane cellulaire.
La structure détaillée du RE montre un espace interne qui est la poche fermée formée par la
membrane : cet espace interne est appelé lumière ou la citerne du RE. La lumière du RE est
séparée du cytosol par une seule membrane, la membrane du RE qui permet la
communication entre ces deux compartiments. La lumière du RE et l’intérieur du noyau sont
aussi séparés par une seule membrane, la membrane nucléaire interne. La lumière du RE
contient une matrice endoplasmique, un fluide aqueux dont la composition est différente de
celle du cytosol. Les micrographies électroniques montrent que la lumière du RE est en
continuité avec l’espace inter-membranaire péri-nucléaire.
Le RE granuleux ou rugueux (RER), qui est parsemé de ribosomes sur la face cytoplasmique
de la membrane.La membrane externe de l’enveloppe nucléaire est aussi parsemée de
ribosomes et est en continuité avec la membrane du RER. Les ribosomes sont composés d’un
mélange d’ARN et de protéines, et leur fonction est la synthèse de nouvelles molécules
protéiques dans la cellule, comme discuté plus loin (Chapitre 3).Le RER est un haut lieu de la
synthèse et de la sécrétion des protéines.
Comme dit supra, c’est la parie du réticulum endoplasmique qui n’a pas de ribosomes
attachés. Le REL intervient dans la synthèse des lipides et dans la détoxification des drogues
et des composés dangereux produits par le métabolisme. Ces fonctions du REL sont rendues
possibles grâce à la présence des enzymes intra-réticulaires. REL consiste en un réseau de fins
tubules.
Il est constitué par un empilement de saccules en forme de disque avec des petites vésicules
associées. L’appareil de Golgi est habituellement localisé près du noyau, et il est fréquemment
disposé près de la paire de centrioles qui définit le centre de la cellule. Les saccules sont
limités par une membrane à surface lisse. Chaque série de saccules aplatis, en forme de
56
disque, forme une structure qui ressemble à une pile d’assiettes, appelée empilement de Golgi
ou dictyosome, environ 1 cm de diamètre. Habituellement un empilement contient environ 6
saccules. Le nombre de dictyosomes par cellule varie énormément en fonction du type de
cellule (d’un seul à des centaines). L’appareil de Golgi peut même représenter une grande
partie du volume cellulaire dans quelques cellules spécialisées comme la cellule « gobelet »
de l’épithélium intestinal qui sécrète du mucus dans l’intestin ; les glycoprotéines dans le
mucus sont glycosylées principalement dans l’appareil de Golgi.
Des multitudes de petites vésicules liées aux membranes sont toujours associées aux
dictyosomes. Elles sont regroupées sur le côté contigu au RE, ainsi que sur toute la
circonférence de l’empilement près des bords dilatés de chaque saccule. Dans les cellules
spécialisées produisant de grandes quantités d’un produit de sécrétion on trouve, en plus des
petites vésicules de Golgi, de nombreuses grandes vésicules, appelées aussi granules ou
vacuoles de sécrétion. Les vacuoles de sécrétion sont localisées sur le côté de l’appareil de
Golgi le plus proche de la membrane plasmique, et elles contiennent le produit concentré que
la cellule sécrète.
Fonctions de l’appareil de Golgi : (1) transport ; (2) synthèse et (3) concentration et stockage.
L’AG est le principal guide de la circulation des macromolécules dans la cellule. Il modifie
des macromolécules au cours de leur passage (modification du polysaccharide, protéolyse
spécifique, glycosylation, sulfonation, additions d’acides gras). C’est le lieu de formation de
polysaccharides très larges liés seulement à de petites quantités de protéines. Il assure aussi
« la maturation » des protéines dont la synthèse initiale (chaîne polypeptidique) est assurée
dans le RE ; en outre il assure le transport cellulaire ultérieur de ces protéines (vésicules de
sécrétion associées à l’appareil de Golgi) vers des sites spécifiques dans la cellule.L’appareil
de Golgi est aussi à concentrer et stocker de grandes quantités de produit de sécrétion dans
les vésicules de sécrétion qui lui sont associées. Les principaux polysaccharides synthétisés
par l’appareil de Golgi sont l’acide hyaluronique et la chondroïtine sulfate.
3.2.2.3. Lysosomes
Les lysosomes sont des organelles vésiculeuses qui naissent par bourgeonnement à partir de
l’appareil de Golgi et qui, ensuite, sont dispersés dans le cytoplasme. Les lysosomes sont les
sites principaux du systèmede digestion intracellulaire grâce à leurs enzymes hydrolytiques
qui permettent à la cellule de digérer (1) les structures cellulaires endommagées, (2) les
particules de nourriture ingérées par la cellule, (3) des corps indésirables comme les bactéries.
57
Le lysosome présente des formes différentes dans différents types de cellules, mais il a
généralement une taille de 250 à 750 nanomètres de diamètre. Ce sont des sacs membranaires
délimités par membrane bilipidique typique et remplis d’un grand nombre de petits granules
de 5 à 8 nanomètres de diamètre. Ces granules sont des agrégats de protéines correspondant à
plus ou moins 40 différentes enzymes digestives (hydrolases). Ils contiennent des enzymes
hydrolytiques servant à la digestion intracellulaire contrôlée des macromolécules. Ces
enzymes hydrolytiques comprennent des protéases, des nucléases, des glycosidases, des
lipases, des phospholipases, des phosphates et des sulfatases. Une enzyme hydrolytique a la
propriété de scinder un compose organique en deux ou plusieurs parties en combinant, à partir
de la molécule d’eau, l’hydrogène à une partie du composé et le groupement hydroxyl à
l’autre partie. Ainsi, les protéines sont hydrolysées en acides amines, le glycogène en glucose,
et les lipides en acides gras et glycérol.
Les enzymes lysosomiales sont toutes des hydrolases acides dont l’activité est optimale au
voisinage de pH 5 qui est le pH maintenu à l’intérieur de cet organite. La membrane du
lysosome est normalement imperméable à cers enzymes, protégeant ainsi le cytoplasme de
l’action de ces enzymes ; même s’il se produisait des détériorations conduisant à un défaut
d’étanchéité de la paroi lysosomiale, le fait que ces enzymes aient besoin d’un pH acide pour
avoir une activité optimale protège aussi le cytoplasme.
Ce sont des sacs membraneux de morphologie variée, contenant des substrats et des enzymes
hydrolytiques. Ils proviennent de la fusion répétée des lysosomes primaires avec une variété
de substrats liés à la membrane. La morphologie des lysosomes secondaires variera en
fonction de la pénétration et du conditionnement des différents substrats entourés de
membranes : les grands résulteront de la phagocytose, les plus petits de l’endocytose et ainsi
de suite.
3.2.2.4. Peroxysomes
Ce sont des organites présents dans toutes les cellules eucaryotes. Les peroxysomes
ressemblent physiquement aux lysosomes dont ils ont le même coefficient de sédimentation ;
mais dont ils diffèrent en deux points importants : premièrement, on pense qu’ils se forment
par autoréplication (ou peut-être par bourgeonnement à partir du réticulum endoplasmique
lisse) plutôt qu’à partir de l’appareil de Golgi ; deuxièmement par leur contenu enzymatique :
ils contiennent des oxydases plutôt que des hydrolases. Parmi ces dernières, la catalase
constitue jusqu’à 40 p cent de l’ensemble des protéines peroxysomales. Comme le lysosome,
le peroxysome est entouré par une membrane unique. Le peroxysome est un site essentiel
pour l’utilisation de l’O2. La formation du peroxysome se fait à partir du RE et son contenu
enzymatique est synthétisé dans le cytosol et transporté dans l’organite en cours de
formation. Plusieurs oxydases sont capables de combiner l’oxygène aux ions hydrogène
dérivés de différentes substances chimiques intracellulaires pour former le péroxyde
d’hydrogène (H2O2). Le péroxyde d’hydrogène est substance hautement oxydante et est
utilisée en association avec la catalase pour oxyder de nombreuses substances qui pourraient
être toxiques pour la cellule. La catalase permet l’utilisation de H2O2, formée au cours des
réactions d’oxydation, pour oxyder une variété de substrats par une réaction de
peroxydation. A titre d’exemple, environ la moitié de l’alcool ingurgité par un individu est
détoxifié par les peroxysomes des hépatocytes de cette manière.
L’une des fonctions les plus importantes de nombreuses vésicules sécrétoires c’est la
sécrétion des substances chimiques spécifiques, lesquelles sont quasiment formées dans le
système réticulum endoplasmique – appareil de Golgi et sont ensuite libérées dans le
cytoplasme par l’appareil de Golgi sous forme de vésicules de stockage appelés vésicules
59
ougranules sécrétoires. Dans les cellules acineuses du pancréas, par exemple, on peut voir des
vésicules sécrétoires typiques à l’intérieur ; ces vésicules contiennent des protéines qui sont
des proenzymes (enzymes non encore activées). Les proenzymes sont sécrétées plus tard à
l’extérieur de la membrane cellulaire dans les canaux pancréatiques qui s’abouchent
finalement dans le duodénum, où elles deviennent activées et servent à la fonction de
digestion des aliments dans le tractus intestinal.
3.2.2.6. Mitochondries
Les mitochondries présentent une grande variabilité de taille et de forme. Elles sont surtout
nombreuses dans les cellules très actives : dans les cellules du foie, par exemple, on trouve
1000 à 2000 de ces organites dans chaque cellule, et ils occupent ainsi à peu près le cinquième
du volume cellulaire normal. Leur importance quantitative dans une cellule dépend des
besoins énergétiques de la cellule. En plus, les mitochondries sont concentrées dans les parties
de la cellule qui sont le siège d’une activité métabolique intense. Les mitochondries de
certaines cellules forment ainsi de longs filaments mobiles ou chaînes alors que dans d’autres
types cellulaires elles sont fixées à proximité d’un site de consommation d’ATP
inhabituellement élevée : par exemple elles sont entassées entre les myofibrilles adjacentes du
muscle cardiaque et sont entièrement enroulées autour du flagelle dans les spermatozoïdes.
La membrane interne est plissée en crêtes, qui augmentent notablement sa surface. Le nombre
de crêtes est d’autant plus élevé que la cellule concernée demande beaucoup plus d’ATP.
Sa structure est celle de la membrane unitaire : une double couche lipidique dans laquelle sont
insérées des protéines. La couche lipidique a comme caractéristique une proportion
inhabituellement élevée de cardiolipide, un phospholipide qui intervient pour plus de 10 p
cent des lipides de la membrane interne et la rend imperméable aux ions ; elle contient aussi
de nombreuses protéines de transport qui la rendent sélectivement perméable à de petites
molécules qui sont métabolisées par les nombreuses enzymes mitochondriales concentrées
dans l’espace matriciel. Les protéines de transport spécifiques règlent le passage des
métabolites vers l’intérieur et vers l’extérieur de la matrice. Les autres protéines contenues
dans la membrane interne sont : 1) celles qui réalisent les réactions d’oxydation dans la chaîne
respiratoire, et 2) un complexe enzymatique appelé ATP synthétase qui fabrique l’ATP dans
la matrice.
Les mitochondries sont douées d’autoréplication; en d’autres termes, une mitochondrie peut
donner naissance à une deuxième, à une troisième et ainsi de suite, en fonction des besoins
cellulaires en ATP. C’est cette propriété qui justifie la présence de l’ADN mitochondrial ainsi
que de tout l’arsenal pour la synthèse des protéines. Au Chapitre 3 nous verrons que l’ADN
est le constituent chimique fondamentale du noyau qui contrôle la réplication de la cellule.
L’ADN mitochondrial joue un rôle similaire, contrôlant la réplication de la mitochondrie elle-
même.
61
Les deux plus importants types de filaments du cytosquelette sont les filaments d’actine et
les microtubules. Les filaments d’actine sont dits microfilaments et les microtubules
macrofilaments. Entre les microfilaments et les macrofilaments, on trouve une classe de
filaments protéiques d’un diamètre intermédiaire : on les appelle par conséquent filaments
intermédiaires ; leurs sous-unités protéiques fibreuses sont beaucoup plus stables.
Les microtubules ne sont pas isolés, sous forme de bâtonnets flexibles dans le cytoplasme : ils
seraient alors peu utiles à la cellule. Ils sont au contraire reliés à d’autres parties de la
cellule et servent ainsi de charpente structurale ou participent au mouvement cellulaire. La
plupart des microtubules sont ancrés par une extrémité : les cils s’achèvent par des
corpuscules basaux, alors que les microtubules cytoplasmiques des cellules en interphases
se terminent par une région particulière de la cellule adjacente au noyau, appelée centre
cellulaire. Le corpuscule basal et le centre cellulaire servent de noyaux de base autour
desquels la croissance des microtubules reprend après leur dépolymérisation ; c’est pourquoi
ils sont appelés centres organisateurs des microtubules.
De plus, de nombreux microtubules semblent être stabilisés reliés à d’autres structures par de
protéines accessoire sont les MAP (protéines associées aux microtubules et d’influencer les
interactions des microtubules avec d’autres composants de la cellule.
Le principal centre organisateur des microtubules de presque toutes les cellules animales est
une région cellulaire adjacente au noyau appelée centre cellulaire ou centrosome. Au milieu
du centrosome se trouve une paire de centrioles. Le centriole est un cylindre de 0,1µm de
diamètre et de 0,3µm de long. C’est un assemblage de 9 triplets de microtubules, le même
assemblagequ’on retrouve dans le corpuscule basal des cils et des flagelles. Dans un
centrosome, les microtubules en cours de régénération apparaissent d’abord sous la forme
62
d’une ou deux petites structures étoilées appelées asters, avant de s’allonger en direction de la
périphérie de la cellule.
Les filaments d’actine ont au moins deux fonctions dans les cellules non musculaires : ils
forment des faisceaux reliés par des liaisons transversales, qui constituent un support
mécanique pour diverses structures et prolongements cellulaires, et forment, en association
avec la myosine, divers systèmes contractiles responsables de nombreux mouvements
cellulaires.
3.2.4. Noyau
C’est le centre de régulation de la cellule et il contient les gènes. La plupart des cellules ne
possèdent qu’un seul noyau mais certaines cellules ont plusieurs noyaux (elles sont dites
multinucléées) : c’est le cas des cellules musculaires, des ostéoclastes (qui assurent la
résorption osseuse) et de certaines cellules hépatiques. La présence de plus d’un noyau
signifie habituellement que la cellule doit diriger une masse cytoplasmique supérieure à la
normale. Toutes les cellules de l’organisme sont nucléées, à l’exception des globules rouges
matures, qui éjectent leurs noyaux avant de pénétrer dans la circulation sanguine. Ces cellules
anucléées ne peuvent pas se reproduire et vivent donc trois à quatre mois dans le sang
avant de commencer à se détériorer. Sans noyau, la cellule ne peut fabriquer d’autres
protéines et il lui est impossible de remplacer ses enzymes et structures cellulaires lorsque ces
dernières commencent à se dégrader.
À l’instar de la mitochondrie, le noyau est délimité par une enveloppe nucléaire formée d’une
double membrane : la membrane nucléaire externe et la membrane nucléaire interne. L’espace
rempli de liquide situé entre les deux membranes est appelé espace péri-nucléaire : il esten
continuité avec la lumière du RE. À certains endroits, les deux membranes de l’enveloppe
nucléaire sont fusionnées et forment des pores nucléaires. La membrane nucléaire externe est
en continuité avec la membrane du RE du cytoplasme et est garnie de ribosomes sur sa face
externe.
L’enveloppe nucléaire a une perméabilité sélective, mais le passage des diverses substances
est beaucoup plus facile dans ce cas parce que les pores sont relativement gros ; les molécules
de protéines venant du cytoplasme et les molécules d’ARN sortant du noyau les traversent
facilement. La totalité des molécules d’ARN et des ribosomes d’une cellule est fabriquée
dans le noyau et exportée vers le cytosol alors que la totalité des protéines fonctionnant dans
le noyau est synthétisée dans le cytosol et doit être importée. On pense que les échanges de
matériaux entre le noyau et le cytosol ont lieu à travers les pores nucléaires qui sont des
canaux formés à travers des sites de connexion entre les membranes nucléaires interne et
externe.
La lumière nucléaire, un réseau de protéines fibreuses qui tapissent la face interne de la
membrane nucléaire interne aide à donner une forme au noyau et à organiser ses
chromosomes.
condensation de la chromatine qui forme alors courts bâtonnets appelés chromosomes. Les
chromosomes se déplacent beaucoup pendant la division cellulaire ; leur forme compacte les
empêche de s’emmêler et évite que les fragiles filaments de chromatine se brisent au cours de
ces mouvements. Les nucléosomes (« corps du noyau ») sont les unités fondamentales de la
chromatine. Ce sont des amas sphériques de huit histones autour desquelles se trouvent
enroulées de très longues molécules d’ADN. Les nucléosomes s’enroulent à leur tour dans la
fibre de chromatine. Cette structure condensée permet aux longues macromolécules d’ADN
de trouver place dans le noyau.
Les nucléoles (= « petits noyaux » étymologiquement) sont les corpuscules sphériques situés
à l’intérieur du noyau qui retiennent bien le colorant. Ils ne sont pas entourés d’une
membrane.
Chaque cellule contient habituellement un ou deux nucléoles, parfois plus. Ils sont le site
d’assemblage des sous-unités de ribosomes ; par conséquent, ils sont généralement très gros
dans les cellules en croissance qui fabriquent de grandes quantités de protéines pour les
tissus.
Les nucléoles sont associés aux régions de chromatine contenant l’ADN qui fournit les
instructions pour la synthèse de l’ARN ribosomal (ARNr). Ces segments d’ADN sont appelés
région organisatrice du nucléole. Les deux types de sous-unités ribosomales sont formés à
l’intérieur d’un nucléole par combinaison des molécules d’ARNr en cours de synthèse avec
des protéines. Les sous-unités quittent ensuite le noyau par les pores nucléaires et passent
dans le cytoplasme, où elles sont assemblées en ribosomes fonctionnels.
La formation des nucléoles (et des ribosomes cytoplasmiques se trouvant en dehors du noyau)
commence dans le noyau.
Il est admis que la cellule est le niveau le plus élémentaire d’organisation des êtres vivants.
Cependant, la cellule est une structure très complexe qui a nécessité plusieurs centaines de
millions d’années pour se développer après l’apparition des formes de vie plus primitives dont
les représentants sur terre sont les virus actuels, les premiers à être apparus. Quand on
compare le cellule eucaryote aux formes de vie plus primitives que sont (1) les plus petits
virus connus, (2) les grands virus, (3) les rickettsies, et (4) les bactéries, il se dégage du point
65
de vue de la taille que le diamètre de la cellule eucaryote est environ 1000 plus grand que
celui du plus petit virus et que, par conséquent, le volume de la cellule eucaryote est environ 1
milliard de fois plus grand que celui du plus petit virus. Parallèlement, les fonctions et
l’organisation anatomique de la cellule sont de loin plus complexes que celles des virus.
Le matériel génétique des petits virus est un acide nucléique enveloppé dans un manteau de
protéines. Cet acide nucléique est composé des mêmes constituants fondamentaux des acides
nucléiques (ADN ou ARN) trouvés dans les cellules des mammifères, et est capable
d’autoréplication dans les conditions appropriées. Ainsi, le virus perpétue sa lignée de
génération en génération et est par conséquent un être vivant au même titre la cellule et les
êtres humains.
Dans les stades plus avancés de la vie, particulièrement aux stades de rickettsie et de bactérie,
les organelles se sont développées dans les organismes. Il s’agit de structures physiques
constituées d’agrégats chimiques et qui assurent les fonctions d’une manière plus efficace que
ne le feraient les substances chimiques dispersées dans le cytosol.
Enfin, dans la cellule nucléée, des organelles encore plus complexes se sont développées, le
plus important d’entre elles étant le noyau lui-même. Le noyau distingue ce type de cellule de
toutes les formes plus primitives de vie; le noyau fournit un centre de contrôle pour toutes les
activités cellulaires, et garantit une reproduction exacte de nouvelles cellules génération après
génération, chaque nouvelle cellule ayant exactement la même structure que son progéniteur.
1. Endocytose
2. Fonction des lysosomes
3. Fonctions du réticulum endoplasmique et de l’appareil de Golgi
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Ce sont les mécanismes permettant aux cellules de rejeter et d’absorber des macromolécules
spécifiques (protéines, polynucléotides ou polysaccharides) à travers leurs membranes ; ils
impliquent la formation puis la fusion de vésicules entourées d’une membrane. Ce mode de
transport est aussi appelé transport vésiculaire ou en vrac ; il est activé par l’ATP.
Une caractéristique importante des processus d’exocytose et d’endocytose est que les
macromolécules sécrétées ou ingérées sont isolées à l’intérieur de vésicules et ne se
mélangent généralement pas à d’autres macromolécules ou organites de la cellule. Par des
mécanismes inconnus, chaque vésicule ne fusionne qu’avec des structures membranaires
spécifiques, ce qui assure un transfert ordonné des macromolécules entre l’extérieur et
l’intérieur de la cellule. La plupart des vésicules d’endocytose finissent par fusionner avec des
lysosomes primaires pour former des lysosomes secondaires, dans lesquels la plus grande
partie du contenu macromoléculaire des vésicules est digérée , alors que la plus grande partie
des composants de la membrane de la vésicule est récupérée et restituée à la membrane
plasmique.
3.4.1.1. Endocytose
Lors de l’endocytose, la substance qui doit pénétrer dans la cellule est graduellement entourée
par une invagination de la membrane plasmique. Lorsque la vésicule est formée, elle se
déplace de la membrane plasmique et entre dans le cytoplasme, où son contenu est ensuite
digéré.
3.4.1.1.1. Phagocytose
C’est l’action de manger d’une cellule, au cours de laquelle une portion de la membrane
plasmique et du cytoplasme s’étendent pour entourer un objet relativement gros ou solide,tel
un amas de bactéries ou de débris cellulaire, des polluants ou encore des allergènes, et
l’englobent. La vésicule ainsi formé est appelé phagosome (« corps mangé »). Dans la plupart
des cas, le phagosome fusionne avec un lysosome, soit une structure cellulaire spécialisée
contenant des enzymes digestives, et la partie digestible de son contenu est hydrolysée (celle
qui le l’est constitue un corps résiduel).
Dans l’organisme humain, la phagocytose est accomplie entre autres par les macrophages et
les granulocytes. Ces cellules phagocytaires contribuent à la défense et au nettoyage de
l’organisme pour l’ingestion et l’élimination de bactéries, d’autres substances étrangères et
des cellules mortes. La majorité des phagocytes peuvent se déplacer par des mouvements
amiboïdes, c’est-à-dire qu’ils rampent sur des prolongements du cytoplasme formant des
pseudopodes temporaires.
3.4.1.1.2. Pinocytose
C’est l’ « action de boire de la cellule ». Ici l’endocytose porte sur une gouttelette de liquide
extracellulaire contenant des molécules dissoutes. La gouttelette entre dans la cellule à
l’intérieur d’une minuscule vésicule pinocytaire. Contrairement à la phagocytose, la
pinocytose est très commune chez la plupart des cellules. Elle revêt une importance toute
particulière pour les cellules qui assurent l’absorption des nutriments, comme celles qui
tapissent l’intestin.
Dans un cas comme dans l’autre, l’endocytose peut être dépendante des récepteurs. C’est un
mécanisme extrêmement sélectif, contrairement à la phagocytose et à la pinocytose
constitutives qui sont des mécanismes d’ingestion non spécifiques. L’endocytose dépendante
des récepteurs s’effectue en majeure partie par des structures spécialisées de la membrane
plasmique appelées puits recouverts de clathrine.
L’endocytose dépendante des récepteurs est déclenchée par la liaison de différents ligands à
leurs récepteurs à la surface de la cellule. Certains récepteurs sont localisés dans des puits
recouverts de clathrine. D’autres se mettent à se déplacer latéralement dans la membrane
68
quand un ligand les occupe, pour finalement s’agglomérer dans un des puits. Le puits se
détache alors par pincement pour former une vésicule recouverte de clathrine. La vésicule
devient un endosome précoce. Plusieurs des récepteurs ainsi ingérés recyclent à la membrane
à partir de ces endosomes précoces pour y être réutilisés.
L’endocytose dépendante des récepteurs est plus spécifique que l’endocytose constitutive et
elle peut s’effectuer plus rapidement du fait que les particules qui la déclenchent se
concentrent sur leurs récepteurs dans les puits, donc dans les vésicules recouvertes de
clathrine. L’endocytose par récepteurs interposés est responsable de l’internalisation des
lipoprotéines de basse densité – secteur important du métabolisme du cholestérol – et de la
capture de plusieurs substances comme l’insuline, le facteur de croissance épidermique, le
facteur de croissance nerveuse, la toxine diphtérique et plusieurs virus différents.
La membrane plasmique contient aussi des petites cavéoles, des indentations recouvertes de la
protéine cavéoline plutôt que de clathrine. Ces structures sont responsables de l’ingestion de
l’ingestion de diverses vitamines via des récepteurs des vitamines.
3.4.1.2. Exocytose
Les protéines que sécrètent les cellules passent du réticulum endoplasmique à l’appareil de
Golgi et une fois dans le Golgi trans, elles sont expulsées dans des granules ou vésicules de
sécrétion. Lors de l’exocytose, la substance ou le produit cellulaire devant être libéré est
d’abord enfermé dans un sac membraneux appelé vésicule. Lorsque le stimulus approprié est
reçu, la vésicule migre en direction de la membrane plasmique, elle fusionne avec elle et
déverse son contenu à l’extérieur de la cellule. L’exocytose requiert du Ca2+ et de l’énergie,
mais aussi des protéines d’arrimage.
Il y a deux voies différentes par lesquelles une cellule peut sécréter. Dans la voie non
constitutive, les protéines venant du Golgi entrent d’abord dans des granules de sécrétion et
c’est là que les pro-hormones sont transformées en hormones matures avant l’exocytose. Dans
la voie constitutive, par contre, les protéines sont rapidement transportées à la membrane
69
Ainsi, les lysosomes secondaires peuvent, à juste titre, ester appelés organes digestifs des
cellules.
Les tissus de l’organisme, souvent diminuent de taille de façon physiologique. Prenons les
exemples de l’involution utérine survenant après la grossesse, de l’atrophie des muscles
squelettiques lors de longues périodes d’inactivité, et des glandes mammaires à la fin de la
lactation. Les lysosomes sont responsables de la grande partie de cette régression de masse.
Le mécanisme par lequel le manque d’activité dans un tissu déclenche une augmentation de
l’activité lysosomiale est inconnu.
Une autre action spécifique des lysosomes est l’élimination des cellules endommagées ou des
portions des cellules endommagées des tissus. Les dommages tissulaires — causés par la
chaleur, le froid, le traumatisme, les substances chimiques ou d’autres facteurs — induisent
une rupture des lysosomes. Les hydrolases ainsi libérées se mettent immédiatement à digérer
les substances organiques d’alentour. Si la lésion tissulaire est légère, seule la partie lésée de
70
la cellule sera éliminée, suivie de la réparation de la cellule. Si la lésion est sévère, toute la
cellule sera digérée, un processus appelé autolyse. Dans ce processus, la cellule est
complètement éliminée, et le même type de cellule est forme par reproduction mitotique de la
cellule adjacente pour remplacer la vieille cellule endommagée éliminée.
Les lysosomes contiennent également des agents bactéricides capables de tuer les bactéries
phagocytées avant que ces dernières ne causent des dommages cellulaires. Ces agents
comprennent (1) le lysozyme, qui dissout la membrane cellulaire de la bactérie; (2) la
lysoferrine, qui lie le fer et d’autres substances avant que la bactérie ne les utilise pour sa
croissance; et (3) son pH acide, d’environ 5, active les les hydrolases et inactive les systèmes
métaboliques bactériens.
La plupart des synthèses commencent dans le réticulum endoplasmique. Les produits formés
passent ensuite dans l’appareil de Golgi où ils sont complétés et orientés avant leur libération
dans le cytoplasme. Nous allons noter les produits spécifiques synthétisés par des parties
spécifiques du RE et de l’AG.
Le RER est caractérisé par la présence de nombreux grains de ribosomes sur la face
cytoplasmique de sa membrane, comme nous l’avons vu. Comme nous allons le voir au
Chapitre 3, les protéines sont synthétisées dans les ribosomes. Les ribosomes déversent
certaines de ces protéines directement dans le cytosol, mais ils déversent aussi plusieurs autres
à travers la paroi du RER à l’intérieur des vésicules et des tubules du RE.
71
Pour protéger le RE d’une croissance excessive, compte tenu du besoin des cellules, de petites
vésicules appelées vésicules du RE ou vésicules de transport se rompent continuellement du
REL et la plupart d’entre elles migrent rapidement vers l’appareil de Golgi.
Les autres fonctions substantielles du RE, spécifiquement du REL sont les suivantes :
1. Il fournit les enzymes qui contrôlent la glycogénolyse lorsque le glycogène doit être utilisé
pour l’énergie.
2. Il fournit une gamme variée d’enzymes intervenant dans la détoxification des substances,
comme les médicaments, qui peuvent endommager sérieusement les cellules. Il achève le
détoxification par la coagulation, l’oxydation, l’hydrolyse, la conjugaison avec l’acide
glycuronique, et par d’autres voies.
2.4.3.2.1. Fonctions de synthèse. Bien que la fonction principale de l’appareil de Golgi soit de
fournir une voie de circulation aux substances déjà prêtes synthétisées dans le RE, il est aussi
capable de synthétiser certains glucides que le RE ne peut synthétiser. Ceci est
particulièrement vrai pour la synthèse de gros polysaccharides liés à de petites quantités de
protéines, dont les plus importants sont l’acide hyaluronique et la chondroïtine sulfate.
(3) ils sont les principaux constituants de la matrice organique aussi bien dans l’os que dans
le cartilage.
2.4.3.2.2. Circulation des secrétions du RE par l’AG— Formation des Vésicules. Au fur et à
mesure que des substances sont synthétisées dans le RE, spécialement les protéines, elles sont
transportées à travers les tubules vers les parties du REL qui sont voisines, contiguës à l’AG.
A ce point, de petits vésicules de transport constituées de petites enveloppes du REL se
rompent continuellement et diffusent vers la plus profonde couche de l’AG. A l’intérieur de
ces vésicules sont synthétisées des protéines et d’autres produits à partir du RE.
2.4.3.2.3. Types de vésicules formées par l’AG— Vésicules sécrétoires et Lysosomes. Dans
les cellules ayant une activité sécrétoire élevée, les vésicules formées par l’AG sont
principalement des vésicules sécrétoires contenant des substances protéiques destinées à être
sécrétées à travers la membrane plasmique. Ces vésicules sécrétoires migrant d’abord vers la
membrane plasmique, ensuite fusionnent avec cette dernière et se vident de leur contenu à
l’extérieur dans le processus d’exocytose. Dans la plupart des cas, l’exocytose est stimulée par
l’entrée des ions calcium dans la cellule; les ions calcium interagissent avec la membrane
vésiculaire par un mécanisme qui n’est pas encore totalement élucidé et provoquent sa fusion
avec la membrane plasmique, suivie d’exocytose—qui est, au fait, l’ouverture de la
membrane à l’extérieur et le déversement de son contenu hors de la cellule. Certaines
vésicules, cependant, sont destinées à un usage intracellulaire.
En bref, presque toutes ces réactions se déroulent à l’intérieur des mitochondries, et l’énergie
libérée est utilisée pour former un composé haute énergie appelé ATP. C’est l’ATP, et non les
nutriments, qui est utilisé pour alimenter toutes les autres réactions métaboliques
intracellulaires subséquentes.
L’ATP est un nucléotide composé de (1) la base azotée adénine, (2) le sucre pentose ribose, et
(3) trois radicaux phosphate. Les deux derniers radicaux phosphate sont connectés au reste de
la molécule par des liaisons phosphate haute-énergie, lesquelles sont représentées par le
symbole ~. Dans les conditions physiques et chimiques du corps, chacune de ces liaisons
haute-énergie contient environ 12,000 calories d’énergie par mole d’ATP. Cette énergie est
plusieurs fois plus importante que l’énergie stockée dans une liaison chimique ordinaire,
raison pour laquelle elle dite haute-énergie. D’autre part, la liaison phosphate haute-énergie
est très labile, au point qu’elle peut être dégagée quasi instantanément sur demande chaque
fois que l’énergie est requise pour assurer d’autres réactions intracellulaires.
Lorsque l’ATP libère son énergie, un radical acide phosphorique est perdu, et l’adénosine
diphosphate (ADP) est formée. L’énergie libérée est utilisée pour alimenter pratiquement
toutes les autres fonctions cellulaires, comme la synthèse des substances et la contraction
musculaire.
Pour reconstituer l’ATP cellulaire au fur de son utilisation, l’énergie provenant des nutriments
cause la combinaison de l’ADP et de l’acide phosphorique pour former de nouvelles
molécules d’ATP, et le processus se répète encore et encore. Pour ces raisons, l’ATP a été
74
appelée l’arbre de transmission de l’énergie cellulaire parce qu’elle peut être dépensée et re-
synthétisée continuellement, avec un turnover de seulement quelques minutes.
3.4.4.1.1. Processus chimiques dans la production d’ATP — Rôle des mitochondries. A son
entrée dans les cellules, le glucose est exposé aux enzymes cytoplasmiques qui le transforme
en acide pyruvique (dans un processus appelé glycolyse). Une petite quantité d’ADP est
changée en ATP par l’énergie libérée durant la glycolyse (conversion du glucose en acide
pyruvique), mais cette quantité ne représente que moins de 5 pour cent de l’énergie
métabolique totale de la cellule.
De loin, la plus grande partie de l’ATP produite dans la cellule, environ 95 pour cent, l’est
dans les mitochondries. L’acide pyruvique dérivé des hydrates de carbone, les acides gras
provenant des lipides, et les acides amines provenant des protéines sont éventuellement
convertis en acétyl-CoA dans la matrice mitochondriale. Cette substance est, à son tour,
davantage dissoute (dans le but d’en extraire l’énergie) par une autre série d’enzymes de la
matrice mitochondriale, subissant la dissolution dans une séquence de réactions chimiques
appelée cycle de l’acide citrique, ou cycle de Krebs. Ces réactions chimiques sont si
importantes qu’elles font l’objet d’un exposé détaillé dans le cours de Biochimie.
C’est l’acétyl-CoA qui entre dans le cycle de l’acide citrique et est entièrement dégradé par
les enzymes mitochondriales. Le cycle de l’acide citrique peut produire de l’énergie par
l’oxydation des produits de dégradation des glucides, des lipides et des protéines. Certains
intermédiaires du cycle de l’acide citrique peuvent être détournés et servir à la synthèse
d’acides gras et d’acides animés non essentiel. Donc, le cycle de l’acide citrique, en plus
d’être la vase commune finale de la dégradation des combustibles alimentaires, est donc
également une source de matériaux structuraux pour les réactions anaboliques.
Dans le cycle de l’acide citrique, l’acétyl-CoA est dégradé en ses composants, les atomes
d’hydrogène et le dioxyde de carbone. Le dioxyde de carbone diffuse hors de la mitochondrie
et éventuellement hors de la cellule; finalement, il est excrété du corps au niveau des
poumons.
Les atomes d’hydrogène, par contre, sont hautement réactifs, et se combinent instantanément
avec l’oxygène qui a également diffusé à l’intérieur des mitochondries. Aucune des réactions
du cycle de l’acide citrique n’utilise directement l’oxygène. Cette fonction ne se retrouve que
dans la chaîne de transport des électrons, ou chaîne respiratoire, qui se charge des dernières
75
Ceci libère une quantité énorme d’énergie, qui est utilisée par les mitochondries pour
convertir de très quantités d’ADP en ATP. Le déroulement de ces réactions est complexe,
nécessitant la participation de nombreuses enzymes protéiques insérées dans la membrane
mitochondriale interne, au niveau des crêtes. Le transfert d’électrons à l’oxygène libère de
grandes quantités d’énergie (réaction exothermique) ; si l’hydrogène se combinait directement
à l’oxygène moléculaire, l’énergie serait libérée d’un seul coup et perdu en grande partie sous
forme de chaleur. Au lieu de cela, l’énergie est libérée graduellement en de nombreuses
petites étapes au fur et à mesure que les électrons passent d’un accepteur à l’autre. Chaque
transporteur possède une affinité pour les électrons plus grande que ceux qui le précédent
dans la série. Par conséquent,les électrons descendent en « cascade » à des niveaux
énergétiquesde plus en plus bas, et finissent par être transférés à l’oxygène, qui possède la
plus grande affinité électronique de tous les intermédiaires.
76
La chaîne de transport des électrons libère énergie électronique par étape pour faire passer les
protons du liquide de la matrice àl’espace inter-membranaire, et elle agit donc comme une
machine de conversion de l’énergie. Comme la membrane des crêtes est presque imperméable
aux ions H+, ce processus chimiosmotiquecrée un gradient électrochimique de protons (H+)
entre les deux faces de la membrane interne ; une énergie potentielle est donc emmagasinée
temporairement (gradient d’énergie). On désigne cette source d’énergie sous le nom de force
motrice protonique pour indiquer que ce gradient peut produire un travail.
L’ATP synthétase agit comme une pompe ionique fonctionnant à l’envers. Eneffet les pompes
à ions (solutés) consomment de l’ATP comme source d’énergie pour déplacer les ions contre
leur gradient électrochimique. Dans le cas présent, les ATP synthétases, pour produire de
l’ATP, consomment de l’énergie provenant d’un gradient ionique (de protons) cette énergie
est captée lorsque les ions H+ s’écoulent par les canaux de l’ATP synthétase en suivant leur
gradient.
Le stimulus qui déclenche la production d’ATP est l’entrée de l’ADP dans la matrice
mitochondriale. Au fur et à mesure que l’ADP arrive à l’intérieur, l’ATP est emportée vers
l’extérieur par un mécanismede transport couplé.
3.4.4.1.3. Utilisation de l’ATP pour la fonction cellulaire. L’énergie de l’ATP sert à assurer
trois principales fonctions cellulaires: (1) le transport des substances à travers les multiples
structures membranaires cellulaires, (2) la synthèse des composés chimiques à travers la
cellule, et (3) le travail mécanique. Comme illustration de chacun de ces usages de l’ATP,
nous pouvons citer: (1) la fourniture de l’énergie pour assurer le transport du sodium à travers
la membrane plasmique, (2) la promotion de la synthèse des protéines par les ribosomes, et
(3) la fourniture de l’énergie requise durant la contraction musculaire.
molécule de protéine peut être constituée de plusieurs milliers d’acides aminés liés l’un à
l’autre par des liaisons peptidiques. La formation de chaque liaison peptidique nécessite de
l’énergie. Et cette énergie est fournie par le rupture de quatre liaisons haute énergie; c’est
ainsi que plusieurs milliers de molécules d’ATP doivent libérer leur énergie chaque fois
qu’une molécule de protéine est synthétisée. Par conséquent, dans certaines cellules plus de
75 pour cent de tout l’ATP produite sont affectés simplement à la synthèse de nouveaux
composes chimiques, spécifiquement les molécules de protéines; ceci est particulièrement vrai
durant la phase de croissance des cellules.
Une des fonctions principales qui est assurée par l’ATP est de fournir de l’énergie à des
cellules spécialisées qui fournissent un travail mécanique. Nous verrons ultérieurement dans
ce cours que chaque contraction d’une fibre musculaire nécessite la dépense d’une quantité
énorme d’énergie sous forme d’ATP. Les autres aspects du travail mécanique comprennent
les mouvements ciliaire et amiboïde que nous discutons plus loin dans ce chapitre. La source
d’énergie pour tous ces types de travail mécanique est l’ATP.
En résumé, l’ATP est toujours disponible pour libérer son énergie rapidement et pratiquement
toujours de façon explosive chaque fois que la cellule en besoin. Pour remplacer l’ATP
utilisée par la cellule, des réactions chimiques plus lentes oxydent les hydrates de carbone, les
graisses et les protéines et utilisent l’énergie qui en est issue pour la synthèse de nouveaux
stocks d’ATP. Plus de 95 pour cent de cette ATP sont produits dans les mitochondries, raison
pour laquelle ces organelles sont dites “centrales énergétiques” de la cellule.
2.4.5.1.2. Types de cellules douées de locomotion amiboïde. Dans le corps humain, les
cellules qui, typiquement, sont douées de mouvements amiboïdes, sont les globules blancs
(GB) ou leucocytes. En effet, ces cellules, habituellement, quittent le sang pour se retrouver
dans les tissus où certaines deviennent des macrophages tissulaires. D’autres types de cellules
peuvent aussi se mouvoir par locomotion amiboïde dans certaines circonstances. Citons, à
titre d’exemple, les fibroblastes qui migrent dans les tissus lésés pour procéder à la réparation
tissulaire, et même les cellules germinales de la peau qui migrent vers une zone coupée pour
assurer la réparation. En fin, la locomotion cellulaire est particulièrement importante dans le
développement de l’embryon et du fœtus après la fécondation. Par exemple, les cellules
embryonnaires souvent migrant sur de longues distances par rapport à leur localisation
d’origine vers de nouveaux sites pendant le développement des structures spéciales.
chimiotactique vers un tissu à teneur plus élevée — ce qui est appelé chimiotactisme positif.
Certaines cellules s’éloignent des tissus regorgeant de substance chimiotactique, ce qui est
appelé chimiotactisme négatif.
Mais par quel mécanisme le chimiotactisme contrôle-t-il les mouvements amiboïdes ? bien
que le mécanisme intime ne soit pas connu avec certitude, il est connu que le côté de la cellule
plus exposé à la substance chimiotactique développe des changements membranaires à
l’origine de la protrusion des pseudopodes.
Un cil a l’aspect d’un fil droit pointu ou d’une mèche de cheveu incurvée qui se projette de 2
à 4 micromètres de la surface de la cellule. Plusieurs cils souvent se projettent de la surface
d’une seule cellule — par exemple, plus de 200 cils se trouvent sur la surface de chaque
cellule épithéliale tapissant les voies respiratoires. Le cil est recouvert par la membrane
plasmique, et est constitué de 11 microtubules—9 tubules en paires périphériques formant le
pourtour du cil, et 2 simples se trouvant au centre du cil. Chaque cil est une excroissance d’un
structure ancrée immédiatement sous la membrane plasmique, appelée le corpuscule basal du
cil.
Le flagelle du spermatozoïde a une structure similaire à celle d’un cil; en fait, il possède
beaucoup de ressemblance du point de vue de la structure et du mécanisme contractile. La
différence est que le flagelle est beaucoup plus long et assure la propulsion de la cellule par
des mouvements quasi-sinusoïdaux.
81
Les gènes, localisés dans les noyaux des cellules de l’organisme, contrôlent la transmission
des caractères héréditaires des parents aux enfants et contrôlent aussi le fonctionnement de
toutes les cellules de l’organisme jour après jour. Les gènes contrôlent la fonction cellulaire
en déterminant la nature des substances qui seront synthétisées dans la cellule — parmi
lesquelles les protéines structurales, les enzymes, les substances chimiques. Le schéma
général du contrôle génétique implique que chaque gène, qui est au fait un acide nucléique
appelé acide désoxyribonucléique (ADN), contrôle automatiquement la formation d’un autre
acide nucléique, l’acide ribonucléique (ARN);cet ARN se déploie ensuite à travers la cellule
pour contrôler la formation d’une protéine spécifique. Comme il y a plus de 30,000 gènes
différents dans chaque cellule, il est théoriquement possible de former un très grand nombre
de protéines cellulaires différentes. Certaines protéines cellulaires sont des protéines
structurales, qui, en association avec différents lipides et glucides, forment les structures de
nombreux constituants cellulaires parmi lesquels les organelles intracellulaires. Cependant, la
grande majorité de protéines cellulaires sont les enzymes qui catalysent les différentes
réactions chimiques cellulaires. En guise d’exemple, les enzymes promeuvent toutes les
réactions oxydatives qui fournissent de l’énergie à ma cellule, et elles favorisent la synthèse
de toutes les substances chimiques cellulaires, comme les lipides, le glycogène, et l’adénosine
triphosphate (ATP).
Objectifs
Plan du chapitre
1. Noyau et Gènes
2. Transfert du code génétique du noyau au cytoplasme — Le processus de transcription
3. Formation des protéines sur les ribosomes— La “Traduction”
4. Synthèse des autres substances dans la cellule
5. Contrôle de la fonction génique et de l’activité biochimique dans les cellules
6. ADN et Reproduction cellulaire
7. Différentiation cellulaire
8. Apoptose —Mort cellulaire programmée
9. Cancer
Dans le noyau cellulaire, un grand nombre de gènes sont attachés bout à bout dans une double
hélice extrêmement longue de molécules d’ADN ayant des poids moléculaires de l’ordre de
plusieurs milliards. Un très court segment d’une telle molécule est composé de plusieurs
composés chimiques simples liés ensemble d’une manière régulière. La Figure 3–2 montre un
segment d’une molécule d’ADN.
1. Aspects structuraux
2. Code génétique
Les composés chimiques constituant les éléments de base de la structure de l’ADN sont
(1) l’acide phosphorique,
(2) un pentose appelé le désoxyribose (comme dans « désoxyribonucléique »), et
(3) quatre bases azotées (deux purines, l’adénine et la guanine, et deux pyrimidines, la
thymine et la cytosine).
La molécule d’ADN est long polymère bi-caténaire, c’est-à-dire formée d’une double chaîne.
L’acide phosphorique et le désoxyribose forment les « montants » de l’échelle ; les deux
montants sont maintenus ensemble par les « barreaux » formés par les bases azotées reliées
entre elles par des liaisons hydrogène. Le tout a donc la forme d’une échelle. Les
« montants » de l’échelle sont constitués par l’alternance des unités de sucre et de phosphate
de chacune des chaînes, et les « barreaux » sont formés par les bases reliées entre elles. Les
liaisons entre les bases se forment de façon très spécifique : l’adénine est toujours associée à
83
4.1.1.2. Nucléotides
Comme nous l’avons étudié, un nombre très grand de nucléotides sont liés ensemble pour
former les deux brins de la molécule d’ADN. Les deux brins sont, à leur tour, faiblement
relies l’un à l’autre par de lâches liaisons hydrogène. Il est à noter que chaque “montant” d’un
brin d’ADN est composé d’une alternance de molécules d’acide phosphorique et de
désoxyribose. En revanche, les bases purines et pyrimidines sont liées aux molécules de
désoxyribose. Ensuite, à la faveur des liaisons hydrogènes entre les bases purines et
pyrimidines, les deux brins respectifs d’ADN sont maintenus ensemble. Et il faut noter ce qui
suit: (1) Chaque base purine adénine d’un brin se lie toujours à la base pyrimidine thymine de
l’autre brin, et (2) Chaque base purine guanine se lie toujours à la base pyrimidine cytosine. À
cause du caractère lâche des liaisons hydrogène, les deux brins peuvent se séparer facilement,
et ils le font d’ailleurs à plusieurs reprises tout au long de leur cycle de fonctionnement dans
la cellule.
protéines. Ce fait n’est guère surprenant d’autant plus que les protéines structurales
représentent la plus grande partie du poids sec de la cellule et que les protéines fonctionnelles
dirigent et sous-tendent toutes les activités cellulaires. Les cellules sont essentiellement de
minuscules usines synthétisant l’énorme gamme de protéines qui déterminent la nature
chimique et physique des cellules et, par conséquent, de l’ensemble de l’organisme.
On peut définir un gène comme un segment d’une molécule d’ADN qui porte les instructions
correspondant à une chaîne polypeptidique. Il existe cependant certains gènes particuliers qui
déterminent la structure de certains types d’ARN qui sont leurs produits finaux. L’ADN
contrôle la synthèse des protéines au moyen du code génétique qui est la séquence des bases
azotées au niveau de chacun de ses brins.
Les quatre bases entrant dans la composition des nucléotides (adénine, guanine, thymine et
cytosine) sont les « lettres » de l’alphabet génétique, et c’est l’ordre dans lequel elles sont
placées qui constituent l’information contenue dans l’ADN. On peut considérer chaque
ensemble de trois bases, appelé triplet, comme un « mot » correspondant à un certain acide
aminé. Par exemple, le triplet AAA code pour la phénylalanine et CCT code pour la glycine.
L’ordre des triplets chaque gène forme une « phrase » qui détermine précisément comme un
polypeptide doit être assemblé, c’est-à-dire le nombre d’acides aminés devant constituer cette
protéine, leur identité et leur ordre d’assemblage. Les diverses combinaisons possibles de A,
T, C et G permettent aux cellules de produire tous les types de protéines dont elles ont besoin.
4.2. TRANSCRIPTION
1. Synthèse de l’ARN
2. Assemblage des chaînes d’ARN à partir des nucléotides activés utilisant un brin d’ADN
comme matrice : la transcription
Les éléments de base de la structure de l’ARN sont pratiquement les mêmes que ceux de
l’ADN, à deux différences près. D’abord, le désoxyribose n’est pas utilisé dans la formation
de l’ARN. A sa place, un autre pentose, le ribose, est utilisé. Ce sucre est légèrement différent
du désoxyribose dans sa structure: il contient un ion hydroxyle extra attaché à la structure
cyclique du pentose. Deuxièmement, dans l’ARN, la thymine est remplacée par une autre
pyrimidine, l’uracile. Il existe 3 variétés d’ARN qui diffèrent par leur taille relative et leur
forme, chacune ayant un rôle précis dans l’exécution des instructions fournies par l’ADN.
Les éléments de base de la synthèse des nucléotides des différents types d’ARN sont
exactement les mêmes que ceux qui ont été précédemment décrits pour la synthèse de l’ADN.
Comme pour l’ADN, quatre différents nucléotides sont utilisés dans la formation de l’ARN.
Ces nucléotides ont comme bases l’adénine, la guanine, la cytosine, et l’uracile. Noter que ce
sont les mêmes bases que celles trouvées dans l’ADN, sauf que dans l’ARN l’uracile
remplace la thymine.
La première étape dans la synthèse de l’ARN c’est l’“activation” de ses nucléotides par une
enzyme, l’ARN polymérase. Elle se fait par l’addition de deux radicaux phosphates extra à
chaque nucléotide pour former des triphosphates. Ces deux derniers phosphates se combinent
au nucléotide grâce aux liaisons phosphates haute énergie provenant de l’ATP cellulaire. Le
86
résultat de ce processus d’activation est que de grandes quantités d’énergie de l’ATP sont
mises à disposition pour chacun des nucléotides, et cette énergie est utilisée pour assurer les
réactions chimiques qui ajoutent chaque nouveau nucléotide de l’ARN au bout de la chaîne
d’ARN en formation.
3.2.2. Assemblage des chaînes d’ARN à partir des nucléotides activés utilisant un brin
d’ADN comme matrice : la transcription
d. Dès que le nouveau brin d’ARN est formé, il rompt ses liens hydrogène avec la matrice
d’ADN et s’en éloigne parce que l’ADN a une haute affinité pour se relier avec son propre
brin complémentaire. Ensuite, la chaîne d’ARN est expulsée de l’AND et libérée dans le
nucléoplasme.
Ainsi, le code contenu dans le brin d’ADN est transmis dans la forme complémentaire de la
chaîne d’ARN. Les bases nucléotides du ribose se combinent toujours avec les bases
nucléotides du désoxyribose dans les combinaisons suivantes:
Guanine Cytosine
Cytosine Guanine
Adénine Uracile
Thymine Adénine
Il y a trois différents types d’ARN, qui joue chacun un rôle particulier, indépendant et
entièrement différent dans la synthèse des protéines: l’ARN messager, qui transporte le code
génétique dans le cytoplasme pour contrôler le type de protéines formées ; l’ARN de
transfert, qui transporte les acides aminés activés vers les ribosomes en vue de leur
assemblage en molécules de protéines ; et l’ARN ribosomal, qui, avec environ 75 protéines
différentes, forme les ribosomes, qui sont les structures physiques et chimiques sur lesquelles
les molécules de protéines sont assemblées.
Les molécules d’ARN messager sont longues ; il s’agit des brins simples d’ARN suspendus
dans le cytoplasme. Ces molécules sont constituées de plusieurs centaines à plusieurs milliers
de nucléotides d’ARN en brins impairs, et contiennent les codons qui sont exactement
complémentaires au code des triplets des gènes d’ADN. Une représentation schématique d’un
petit segment d’une molécule d’ARN pourra montrer ses codons. Par exemple, les codons
CCG, UCU, et GAA sont ceux des acides aminés proline, sérine, et acide glutamique. La
transcription de ces codons se fait à partir de la molécule d’ADN.
3.2.2.1.1.Codons d’ARN pour différents acides aminés.Le tableau 3–1 donne les codons
d’ARN pour les 20 acides aminés les plus communément retrouvés dans les molécules
88
protéiques. Remarquer que la plupart d’acides aminés sont représentés par plus d’un codon;
aussi, un codon représente le signal “commencer la fabrication de la molécule de protéine” et
trois représentent “arrêter la fabrication de la molécule de protéine.” Dans le tableau 3–1, ces
deux types de codons sont désignés CI pour “initiation de la chaîne” et CT pour “terminer la
chaîne”.
Tableau 3–1. Codons d’ARN pour les acides aminés et pour début et arrêt.
Méthionine AUG
Tryptophane UGG
Un autre type d’ARN qui joue un rôle essentiel dans la synthèse des protéines c’est l’ARN de
transfert, ainsi appelé parce qu’il transfert les molécules d’acides aminés aux molécules de
protéines au fur de la synthèse de ces dernières. Chaque type d’ARN de transfert se combine
spécifiquement avec 1 des 20 acides aminés qui devront être incorporés dans les protéines.
L’ARN de transfert agit ensuite comme un remorqueur qui transporte son type spécifique
d’acide aminé vers les ribosomes où les molécules de protéines sont assemblées. Dans les
ribosomes, chaque type spécifique d’ARN de transfert reconnaît un codon particulier de
l’ARN-messager (décrit ci-haut) et par conséquent, livre l’acide aminé approprié à la place
appropriée dans la chaîne de la molécule protéique nouvellement en formation.
L’ARN de transfert, qui ne contient qu’environ 80 nucléotides, est une molécule relativement
petite en comparaison avec l’ARN-messager. C’est une chaîne plissée de nucléotides ayant
un aspect de trèfle. A l’une des extrémités de la molécule se trouve toujours un acide
adénylique; c’est à ce niveau que l’acide aminé transporté s’attache au groupement hydroxyl
du ribose dans l’acide adénylique.
Puisque la fonction de l’ARN de transfert est de provoquer l’attachement d’un acide aminé
spécifique pour former une chaîne protéique, il est essentiel que chaque type d’ARN de
transfert soit aussi spécifique d’un codon particulier dans l’ARN messager. Le code
spécifique dans l’ARN de transfert lui permettant de reconnaître un codon spécifique est
encore un triplet de bases nucléotides et est appelé un anticodon. L’anticodon est localisé
approximativement au milieu de la molécule d’ARN de transfert (au niveau de la branche
médiane du trèfle). Pendant la formation de la molécule de protéine, les bases de l’anticodon
se lient faiblement par des liaisons hydrogène aux bases du codon de l’ARN messager. Par ce
moyen, les acides aminés respectifs sont alignés l’un après l’autre le long de la chaîne d’ARN
messager, établissant ainsi la séquence appropriée des acides aminés dans la molécule
protéique nouvellement en formation.
Le troisième type d’ARN qu’on trouve dans la cellule est l’ARN ribosomal; il constitue
environ 60 pour cent du ribosome. Le reste du ribosome est constitué des protéines, qui sont
d’environ 75 types différents et à la fois des protéines structurales et des enzymes nécessaires
à la fabrication des molécules de protéines.
3.2.2.3.1. Formation des ribosomes dans le noyau. Les gènes d’ADN pour la formation
d’ARN ribosomal sont localisés dans cinq paires de chromosomes dans le noyau, chacun de
ces chromosomes contenant plusieurs copies de ces gènes particuliers à cause de grandes
quantités d’ARN ribosomal nécessaire à la fonction cellulaire.
Au fur et à mesure de sa formation, l’ARN ribosomal est stocké dans le nucléole, formant une
structure spécialisée grossière adjacente aux chromosomes. Lorsque de grandes quantités
d’ARN ribosomal ont été synthétisées, comme cela se produit dans les cellules qui
synthétisent de grandes quantités de protéines, le nucléole est une grande structure, alors que
dans les cellules qui synthétisent de petites quantités de protéines, le nucléole peut ne pas être
visible. L’ARN ribosomal est spécialement développé dans le nucléole, où il se lie aux
“protéines ribosomales ” pour former les produits de condensation granulaires qui les
premières sous-unités des ribosomes. Ces sous-unités sont ensuite libérées du nucléole et
transportées à travers de larges pores de l’enveloppe nucléaire vers toutes les parties du
cytoplasme. Après leur entrée dans le cytoplasme, les sous-unités sont assemblées pour
former les ribosomes matures, fonctionnels. Toutefois, les protéines sont formées dans le
cytoplasme cellulaire, mais non dans le noyau, parce que le noyau ne contient pas de
ribosomes matures.
Lors de la synthèse des protéines, à l’étape de la traduction, la langue des acides nucléiques
(séquences de bases) est traduite dans le langage des protéines (séquences d’acides aminés).
91
Lorsque la molécule d’ARN messager entre en contact avec un ribosome, elle voyage à
travers le ribosome, commençant à une extrémité prédéterminée spécifiée par une séquence
appropriée de bases appelée codon “ initiateur de la chaîne”. Ensuite, pendant que l’ARN
messager voyage le long du ribosome, une molécule de protéine est formée —un a processus
appelé traduction. Ainsi, le ribosome lit les codons de l’ARN messager de la même manière
qu’un lecteur de bande magnétique lit la bande au fil de son déroulement. Lorsqu’un codon
“stop” (ou “arrêt de la chaîne”) passe dans le ribosome, la fin de la molécule protéique est
signalée et cette dernière est libérée dans le cytoplasme.La production se déroule dans le
cytoplasme et fait l’intervenir les trois formes d’ARN.
(1) L’ARN messager en provenance du noyau s’associer à une petite sous-unité ribosomal
présente dans le cytoplasme ; cette association se fait par liaison des bases de l’ARN
messager avec celles de l’ARN ribosomal.
(2) L’ARN de transfert transporte les acides aminés jusqu’au brin d’ARN messager et
reconnaît le codon qui correspond à son acide aminé grâce à son pouvoir d’appariement avec
les bases du codon (au moyen de son anticodon). Ainsi donc, non seulement l’ARN de
transfert doit amener un acide aminé au site de synthèse de la protéine, mais il doit également
« reconnaître » le codon qui correspond à l’acide aminé en question. La structure minuscule
de la molécule d’ARN de transfert est bien adaptée à cette double fonction. L’acide aminé est
lié à une extrémité de l’ARN de transfert appelée queue. A l’autre extrémité, la tête, se trouve
une séquence de trois bases nommée anticodon ; l’anticodon est complémentaire au codon
d’ARN messager qui code pour l’acide aminé par l’acide aminé transporté par cet ARN de
transfert. La traduction commence lorsque l’anticodon d’un ARN de transfert portent l’acide
aminé reconnaît le codon « initiateur », qui est le premier codon de l’ARN messager, et se lié
à lui. Cet événement entraîne la liaison d’une grande sous-unité ribosomale ; l’assemblage du
ribosome fonctionnel est complété et l’ARN messager est placé de façon appropriée dans le
« sillon » formé entre les deux sous-unités ribosomales.
(3) Le ribosome progresse le long du filament d’ARN messager en lisant les codons un à un.
Les acides aminés sont annexés en position l’un après l’autre, les liaisons peptidique sont
formés entre eux et la chaîne polypeptidique s’allonger ainsi progressivement.
(4) Au moment où chaque acide aminé est lié au précédent, l’ARN de transfert
correspondant est libéré du site et s’éloigne du ribosome ; il est alors prêt à capturer un autre
acide aminé
92
(5) Au fur et à mesure que l’ARN messager est lu, le début de la chaîne s’éloigne du
ribosome et peut s’attacher successivement à plusieurs ribosomes qui lisent tous le même
message simultanément. Le complexe ribosomes et ARN messager ainsi formé, appelé
polysome, est un système efficace de production d’un grand nombre de copie de la même
protéine.
(6) La lecture du brin d’ARN messager se poursuit dans le même ordre jusqu’à ce que le
dernier codon, on d’arrêt, pénètre dans la rainure du ribosome. Ce codon est le «point» qui
marque la fin de la phrase et qui termine la traduction de l’ARN messager. La chaîne
polypeptidique se détache alors du ribosome. Si aucune autre molécule d’ARN messager ne
se joint à elles, les sous-unités du ribosome se séparent.
L’information génétique de la cellule permet la production des protéines par l’intermédiaire
d’une suite de transfert d’informations ; l’information passe du gène de l’ADN à la molécule
d’ARN messager qui lui est complémentaire, et dont les codons sont ensuite « lus » par les
anticodons de l’ARN de transfert. Remarquez que les anticodons de l’ARN de transfert,
lorsqu’ils « lisent » l’ARN messager, reconstituent la séquence de bases (triplets) du code
génétique de l’ADN (mais que T est remplacé par U).
4.3.1. Polyribosomes
Au fur et à mesure que l’ARN messager est lu, le début de la chaîne s’éloigne du ribosome et
peut s’attacher successivement à plusieurs ribosomes qui lisent tous le même message
simultanément. Le complexe ribosomes et ARN messager ainsi formé, appelé polysome, est
un système efficace de production d’un grand nombre de copie de la même protéine. Comme
nous l’avons souligné plus haut, une seule molécule d’ARN messager peut servir à la synthèse
des protéines dans plusieurs ribosomes simultanément parce que l’extrémité initiale du brin
d’ARN peut être s’attacher successivement à plusieurs ribosomes. Les molécules de protéines
sont à différents stades de développent dans chaque ribosome. Comme résultat, des amas de
ribosomes apparaissent fréquemment, 3 à 10 ribosomes étant attachés à une molécule unique
d’ARN messager au même moment. Ces amas de ribosomes sont appelés polyribosomes. Il
est spécialement important de noter qu’un ARN messager peut induire la synthèse d’une
molécule protéique dans n’importe quel ribosome; il n’y a donc pas de spécificité ribosomale
pour des types donnés de protéines. Le ribosome est simplement un équipement physique de
fabrication dans lequel les réactions chimiques se déroulent.
93
Il est évident que les gènes, en contrôlant la synthèse des protéines, contrôlent toutes les
fonctions cellulaires, aussi bien physique que chimique. Cependant, le degré d’activation de
différents gènes respectifs doit aussi être contrôlé; sinon, certaines parties de la cellule
pourront connaître une croissance excessive ou certaines réactions biochimiques pourront être
excédentaires jusqu’à tuer la cellule. Chaque cellule dispose de puissants mécanismes internes
de rétrocontrôle négatif qui maintiennent les différents processus fonctionnels de la cellule
chacun sous le contrôle d’un autre. Pour chaque gène (il y a plus de 30,000 gènes au total), il
y a au final un tel mécanisme de rétrocontrôle.
Il existe deux systèmes fondamentaux par lesquels les activités biochimiques sont contrôlées
dans la cellule : la régulation génétique et la régulation enzymatique. Dans le cadre de la
régulation génétique, le degré d’activation des gènes eux-mêmes est contrôlé, et dans la
95
régulation enzymatique, le niveau d’activités des enzymes déjà synthétisées dans la cellule est
contrôlé.
L’“Opéron” est une région du génome constitué d’une séquence de gènes situés l’un après
l’autre sur le même brin de l’ADN chromosomique et comprenant un “Promoteur” et des
gènes structuraux. Les gènes structuraux sont les gènes responsables de la formation des
enzymes respectives qui catalysent une série de réactions aboutissant à la synthèse d’un
produit biochimique cellulaire. Le promoteur est un groupe de nucléotides ayant une affinité
spécifique pour l’ARN polymérase. La polymérase doit se lier à ce promoteur avant qu’elle ne
commence à se déplacer le long du brin d’ADN pour synthétiser l’ARN. Ainsi, le promoteur
est un élément essentiel pour l’activation de l’opéron.
Figure 3–12. Opéron, gènes structuraux, contrôle de la synthèse de trois enzymes respectives,
synthèse de produit intracellulaire spécifique.
Enfin, la présence dans la cellule d’une quantité critique d’un produit synthétisé peut causer
une inhibition, par rétrocontrôle négatif, de l’opéron responsable de la synthèse du dit produit.
Cela peut se faire soit en causant la liaison de la protéine régulatrice répressive à l’opérateur
répresseur soit en causant le détachement de la protéine régulatrice activatrice de l’opérateur
activateur. Dans un cas comme dans l’autre, l’opéron devient inhibé. Ainsi, une fois que le
96
produit synthétisé requis devient suffisamment abondant pour une fonction cellulaire bien
précise, l’opéron devient dormant. Inversement, lorsque le produit synthétisé est dégradé dans
la cellule et que sa concentration baisse, l’opéron devient à nouveau actif. De cette manière, la
concentration désirée du produit est contrôlé automatiquement.
1. Un opéron est fréquemment contrôlé par un gène régulateur situé n’importe où dans le
complexe génétique du noyau. C’est ce gène régulateur qui à l’origine de la formation d’une
protéine régulatrice qui agit comme une substance activatrice ou répressive pour contrôler
l’opéron.
3. Certains opérons sont contrôlés non pas au point de départ de la transcription sur le brin
d’ADN mais plus loin le long du brin. Parfois le contrôle n’est même pas exercé sur le brin
d’ADN lui-même mais pendant le déplacement des molécules d’ARN dans le noyau avant
leur libération dans le cytoplasme; rarement, le contrôle pourra avoir lieu au niveau de la
formation des protéines dans le cytoplasme durant la traduction de l’ARN par les ribosomes.
4. Dans les cellules nucléées, l’ADN nucléaire est empaqueté dans des unités structurales
spécifiques, les chromosomes. Dans chaque chromosome, l’ADN est enroulé autour de petites
protéines appelées histones, qui à leur tour sont retenues fermement ensemble dans un état
compact par d’autres protéines immobiles. Aussi longtemps que l’ADN est dans cet état
compact, il ne peut pas fonctionner pour former l’ARN. Cependant, on a commencé à
découvrir de multiples mécanismes de contrôle pouvant causer un décompactage des zones
sélectives des chromosomes pendant un moment permettant ainsi une transcription partielle
de l’ARN. Et même encore, un certain “facteur transcripteur” spécifique contrôle le taux de
transcription actuel par l’entremise d’un opéron distinct dans le chromosome. Ainsi, des
contrôles toujours plus affinés sont utilisés pour mettre en place une fonction cellulaire
97
Puisqu’il y a plus de 30,000 gènes différents dans chaque cellule humaine, le nombre
impressionnant de voies par lesquelles l’activité génique est contrôlée n’est pas surprenant.
Les systèmes de contrôle des gènes est spécialement important pour contrôler les
concentrations intracellulaires des acides aminés, des dérivés d’acides aminés, des substrats
intermédiaires et des produits du métabolisme des hydrates de carbone, des lipides et des
protéines.
L’inhibition enzymatique est un autre exemple du rétrocontrôle négatif; elle est responsable
du contrôle des concentrations intracellulaires de multiples acides aminés, purines,
pyrimidines, vitamines, et autres substances.
Les enzymes, souvent inactives normalement, peuvent être activées en cas de besoin. Un
exemple de cela s’observe en cas de déplétion des stocks cellulaires d’ATP : il commence
alors à se former une quantité considérable d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc)
comme produit de dégradation de l’ATP; la présence de cet AMPc à son tour active
98
Résumé. En résumé, il existe deux principales modalités par lesquelles les cellules contrôlent
les proportions et quantités appropriées de différents constituants cellulaires: (1) le mécanisme
de la régulation génique et (2) le mécanisme de la régulation enzymatique. Les gènes peuvent
être soit activés soit inhibés, de même, les systèmes enzymatiques peuvent être soit activés
soit inhibés. La plupart de ces mécanismes de régulation fonctionnent comme des systèmes de
rétrocontrôle qui surveillent continuellement la composition biochimique de la cellule et
opèrent des ajustements appropriés. Mais dans certaines circonstances, des substances
d’origine extracellulaire (spécialement certaines hormones) contrôlent aussi les réactions
biochimiques intracellulaires en activant ou en inhibant un ou plusieurs de systèmes de
contrôle intracellulaire.
La reproduction cellulaire est une autre illustration du rôle ubiquitaire que le système
génétique-ADN joue dans tous les processus vitaux. Les gènes et leurs mécanismes
régulateurs déterminent les caractéristiques de la croissance des cellules et aussi le moment où
les cellules doivent se diviser pour donner de nouvelles cellules. De cette façon, l’omniprésent
système génétique contrôle chaque étape du développement de l’organisme humain, depuis le
zygote (ovule fécondé) jusqu’à l’organisme entier pleinement développé. Ainsi, s’il y a une
constante centrale à la vie, c’est bel et bien le système génétique-ADN.
99
Le cycle cellulaire est la suite de transformations que subit une cellule entre l’instant où elle
est formée et le moment où elle se reproduit.
Le cycle cellulaire comporte deux périodes ou phases principales : l’interphase, période
pendant laquelle la cellule croît et poursuit la majeure partie de ses activités, et la division
cellulaire, ou phase mitotique, période pendant laquelle la cellule se reproduit.
4.6.1. Interphase
Cette phase représente tant le laps de temps allant de la formation de la cellule à sa division.
L’interphase est faussement qualifiée de phase de repos du cycle cellulaire ; en effet les
premiers cytologistes ignoraient que la cellule était le siège d’une activité moléculaire
constante et étaient impressionnés par les mouvements qu’ils pouvaient facilement observer
durant la division cellulaire. Cependant, il s’agissait d’une conception totalement erronée
puisque la cellule accomplit toutes ses fonctions normales au cours de l’interphase et que le «
repos » ne concerne que la division cellulaire. Le terme interphase indique simplement qu’il
ne s’agit que d’une étape qui a lieu entre deux divisions cellulaires. Il serait sans doute plus
juste de parler de phase métabolique ou de phase de croissance. L’interphase est la partie du
cycle cellulaire pendant laquelle la cellule croît et poursuit ses activités métaboliques
normales.
En plus d’assurer les réactions qui lui permettent de survivre, la cellule en interphase se
prépare à la prochaine division. L’interphase se divise en trois sous-phases nommées G1, S et
G2. Pendant la phase G1 (growth 1 = croissance 1), c’est-à-dire la première partie de
l’interphase, les cellules ont une activité métabolique, elles synthétisent des protéines et
croissent rapidement. C’est la phase dont la durée est la plus variable. Chez les cellules qui se
divisent fréquemment, la phase G1 peut durer de quelque minutes à quelques heures ; chez
celles qui se divisent moins souvent, elle peut durer des jours ou même des années. Les
cellules qui ont définitivement cessé de se diviser sont dites en phase G0.
4.6.1.2. Phase S
Pendant la plus grande partie de G1, il ne se produit pratiquement aune activité liée à la
division cellulaire ; cependant, à la fin de G1, les centrioles commencent à se répliquer.
Pendant la phase suivante, c’est-à-dire la phase S (de synthèse), l’ADN se réplique de sorte
que les deux cellules qui seront produites pourront recevoir des copies identiques du matériel
génétique. Il y a formation de nouvelles histones qui sont assemblées en chromatine.
4.6.1.3. Phase G2
C’est la dernière phase de l’interphase; elle est très courte ; les enzymes et les autres protéines
nécessaires à la division sont synthétisées et amenées aux sites appropriés. A la fin de G2, la
réplication des centrioles est terminée. La croissance et les processus cellulaires habituels se
poursuivent pendant toute la durée des S et G2.
Plusieurs enzymes contribuent à la synthèse de l’ADN. Les ADN polymérase, enzymes qui
positionnent les nucléotides d’ADN les uns par rapport aux autres et les lient, ne peuvent
101
fonctionner que dans une direction. Par conséquent, la synthèse de l’un des brins, le brin
avancé, se poursuit de façon continue en suivant l’ouverture de la fourche de réplication.
L’autre brin, appelé brin retardé, est construit par segment dans la direction apposée ; ces
segments sont liés ensemble plus tard par une autre enzyme, une ADN ligase. La vitesse
d’assemblage des nucléotides à chaque fourche de réplication est de l’ordre de 10 à la
seconde.
Comme nous l’avons déjà vu, les bases des nucléotides s’apparient toujours de façon
complémentaire : A-T et C-G. Grâce à ce mode précis d’appariement, l’ordre des nucléotides
de la matrice détermine l’ordre d’assemblage du brin en cours de synthèse, ce qui permet à la
réplication de se faire sans erreur. Par exemple, une séquence TACTGC d’une matrice
s’associerait avec des nouveaux nucléotides dans l’ordre ATGACG ; quant à la région
correspondante de l’autre matrice, qui porte la séquence ATGACG, elle se lierait avec
nucléotides dans l’ordre TACTGC. On se retrouve donc en fin de compte avec deux
molécules d’ADN synthétisées à partir de l’ADN de l’hélice d’origine et identiques à cette
dernière, puisque chacune de nouvelles molécules est constituée d’une vielle chaîne de
nucléotides et d’une chaîne nouvellement assemblée. C’est pourquoi on qualifie le mécanisme
de réplication de l’ADN de réplication semi- conservative.
Dès que la réplication est terminée, des histones s’associent à l’ADN, complétant ainsi la
formation de deux nouveaux brins de chromatine qui se condensent en formant des
chromatides reliées par un centromère. Les chromatides restent attachées ensemble jusqu’à ce
que la cellule soit parvenue à l’étape de la division cellulaire donnant deux cellules-filles de
sorte que chacune de celles-ci reçoit exactement la même information génétique.
Tous les individus d’une espèce ont le même nombre et les mêmes types de chromosomes. La
composition chromosomique ou caryotype peut donc servir à définir une espèce. Dans
l’espèce humaine, le nombre de chromosomes est de 46, arrangés en 23 paires. Cet
102
Les noyaux d’histones jouent un rôle important dans la régulation de l’activité de l’ADN
parce qu’aussi longtemps que l’ADN est emballé solidement, il ne peut pas fonctionner
comme matrice ni pour la formation de l’ARN ni pour la réplication d’un nouvel ADN. C’est
ainsi que certaines protéines régulatrices ont comme mécanisme d’action le détachement de
l’emballage d’histones de l’ADN, ce qui permet à de petits segments alors à former de l’ARN.
La réplication des chromosomes se déroule dans son entièreté durant les quelques petites
minutes qui suivent la fin de la réplication de l’ADN ; les nouvelles hélices d’ADN
rassemblent de nouvelles molécules de protéines nécessaires. Les deux chromosomes
nouvellement formés restent attachés l’un à l’autre par un petit corpuscule central en forme de
103
bouton, le centromère. Ces chromosomes répliqués mais encore attachés sont appelés
chromatides.
Peu de temps avant que la mitose ne commence, les deux paires de centrioles commencent à
s’éloigner l’une de l’autre. Ce mouvement de séparation est due à la polymérisation des
protéines des microtubules qui croissent entre les deux paires de centrioles et les repoussent
l’une de l’autre. Au même moment, d’autres microtubules croissant de façon radiaire à partir
de chaque paires de centrioles, formant une étoile épineuse, appelée l’aster, dans chacun des
pôles de la cellule. Certaines des épines de l’aster pénètrent à l’intérieur de la membrane
nucléaire et aide à la séparation de deux jeux de chromatides durant la mitose. Le complexe
de microtubules s’étendant entre les deux nouvelles paires de centrioles est appelé le fuseau,
le jeu entier de microtubules plus les deux paires de centrioles est appelé l’appareil mitotique.
4.6.4.2. Prophase
La prophase est la première et la plus longue des phases de la mitose ; elle débute lorsque les
filaments de chromatine commencent à s’enrouler et à se condenser pour former des
chromosomes en forme de bâtonnets, visibles au microscope optique. Lorsque les
chromosomes deviennent visibles, les nucléoles disparaissent et les microtubules du
cytosquelette se disloquent ; les paires de centrioles se séparent l’une de l’autre. Les
104
4.6.4.3. Pro-métaphase
Pendant que les centrioles s’éloignent encore l’un de l’autre, la membrane nucléaire se
fragmente, permettant ainsi au fuseau d’occuper le centre de la cellule et d’interagir avec les
chromosomes. Les centrioles produisent des asters, des microtubules qui irradient à partir des
extrémités du fuseau et ancrent celui-ci à la membrane plasmique. Pendant ce temps, certains
des microtubules du fuseau en formation s’attachent à des complexes protéiques spéciaux
appelés kinétochores, qui sont situés sur le centromère de chaque chromosome. Ces
microtubules sont appelés microtubules du kinétochore. Les tubules du fuseau qui ne
s’attachent pas à des chromosomes sont les microtubules polaires. Les microtubules du
kinétochore tirent sur chaque chromosome finissent par se placer au milieu de la cellule.
4.6.4.4. Métaphase
C’est la deuxième phase de la mitose. Les chromosomes se regroupent au centre de la
cellule, leurs centromères alignés avec précision sur le milieu du fuseau, ou équateur. On
appelle plaque équatoriale cet alignement de chromosomes sur le plan médian de la cellule
(à mi-chemin entre les deux pôles).
4.6.4.5. Anaphase
L’anaphase, la troisième phase de la mitose, commence brusquement au moment où les
centromères des chromosomes se séparent et où chaque chromatide devient un chromosome
indépendant. Les microtubules du kinétochore se raccourcissent et, comme des élastiques
tendus qui ont été relâchés, ils tirent chacun des chromosomes vers le pôle correspondant. Les
microtubules polaires glissent les uns sur les autres et s’allongent en repoussant les deux
pôles, ce qui a pour effet d’allonger l’ensemble de la cellule. Il est facile de reconnaître
l’anaphase parce que les chromosomes prennent la forme d’un V. les centromères, auxquels
sont fixés les microtubules du kinétochore, précèdent les « bras » des chromosomes qui
traînent derrière eux. L’anaphase est la phase la plus courte de la mitose ; elle ne dure
habituellement que quelques minutes. Les chromosomes sont courts et compacts, ce qui
facilite leur déplacement et leur séparation. En effet, de longs filaments de chromatine diffuse
s’entremêleraient et se briseraient, ce qui endommagerait le matériel génétique et entraverait
la « distribution » d’information identique aux cellules filles.
105
4.6.4.6. Télophase
La télophase commence aussitôt que le déplacement des chromosomes est terminé. Cette
dernière phase ressemble à la prophase à l’envers. Les chromosomes, qui sont répartis en
deux jeux identiques situés à chaque extrémité de la cellule, se déroulent et redeviennent des
filaments de chromatine diffuse. Une nouvelle membrane nucléaire dérivée du RE rugueux se
reforme autour de chaque masse de chromatine. Des molécules réapparaissent dans les
noyaux, et le fuseau mitotique se désintègre et disparaît. C’est alors la fin de la mitose ;
pendant un bref instant, la cellule a deux noyaux (elle est binucléée), identiques à celui de
la cellule mère.
4.6.4.7. Cytocinèse
La division du cytoplasme ou cytocinèse (kutos= cellule ; kines= mouvement), commence à la
fin de la télophase. Elle est causée par la formation d’un anneau contractile de microfilaments
d’actine et probablement de myosine (protéines contractiles du muscle). Cet anneau tire vers
l’intérieur la partie de la membrane plasmique qui entoure le centre de la cellule (la plaque
équatoriale), formant ainsi un sillon annulaire. Ce sillon devient de plus en plus profond
jusqu’à ce que la masse cytoplasmique de départ se trouve partagée en deux de sorte qu’à la
fin de la cytocinèse il y a deux cellules filles. Chacune est plus petite et contient moins de
cytoplasme que la cellule mère, mais elle lui est génétiquement identique. Les cellules filles
entrent alors dans l’interphase du cycle cellulaire, croissent et poursuivent leurs activités
normales jusqu’à ce qu’elles se divisent à leur tour.
Dans certains tissus, une insuffisance de certains types de cellules amène ces dernières à
croître et à se reproduire rapidement jusqu’à ce que leur nombre approprié soit de nouveau
atteint. En guise d’illustration, chez certains jeunes animaux les sept huitièmes du foie
peuvent subir une ablation chirurgicale, et les cellules du huitième restant vont croître et se
diviser jusqu’à ce que la masse de l’organe retrouve quasiment son volume normal. La même
106
Peu de choses sont connues sur les mécanismes qui le nombre approprié de différents types de
cellules dans l’organisme. Toutefois, les expériences ont, en fin de compte, montré trios voies
par lesquelles la croissance cellulaire peut être contrôlée. D’abord, la croissance cellulaire est
souvent contrôlée par des facteurs de croissance en provenance d’autres parties de
l’organisme. Certains de ces facteurs circulent dans le sang, mais d’autres proviennent des
tissus adjacents. Par exemple, les cellules épithéliales de certaines glandes, comme le
pancréas, connaissent une insuffisance de croissance en l’absence d’un facteur de croissance
provenant du tissu conjonctif sous-jacent de la glande. Deuxièmement, la plupart de cellules
normales stoppent leur croissance dès qu’elles ont occupé tout l’espace disponible pour la
croissance. Ceci s’observe avec les cellules croissant en culture cellulaire: les cellules
croissent jusqu’à ce qu’elles entrent en contact avec un objet solide ; elles stoppent aussitôt
leur croissance. Troisièmement, les cellules croissant en culture tissulaire stoppent souvent
leur croissance lorsque de petites quantités de leurs propres sécrétions peuvent être collectées
dans le milieu de culture. Ce qui est un argument en faveur du rétrocontrôle négatif de la
croissance cellulaire.
La vie de l’organisme humain commence sous la forme d’une cellule unique, l’ovule fécondé,
dont descendent toutes les cellules du corps.
107
Par conséquent, il apparait clairement que la différenciation résulte non pas de la perte des
gènes mais plutôt d’une répression sélective de différents opérons génétiques. Au fait, les
micrographies électroniques suggèrent que certains segments d’hélices d’ADN entourés de
noyaux d’histones deviennent si condensés qu’ils n’ont plus suffisamment d’espace pour être
transcrits en molécules d’ARN. Une explication à cela est ce qui suit: on a supposé qu’à
certain stade de la différenciation cellulaire le génome cellulaire se met à produire une
protéine régulatrice qui va réprimer de manière définitive un groupe sélectionné de gènes.
Ainsi, les gènes réprimés ne vont plus jamais fonctionner à nouveau. Faisant fi du mécanisme,
les cellules humaines matures produisent un maximum d’environ 8000 à 10.000 protéines
plutôt que les potentielles 30.000 ou plus si tous les gènes étaient actifs.
108
Les 100 trillions de cellules de l’organisme humain sont des membres d’une communauté
hautement organisée; le nombre total de cellules est étroitement régulé non seulement en
contrôlant le taux de division cellulaire en contrôlant le taux de mort cellulaire. Lorsque
l’organisme n’en a plus besoin ou lorsqu’elles sont devenues une menace pour l’organisme,
les cellules dans un processus de mort cellulaire programmée. L’apoptose ou mort cellulaire
programmé est un processus physiologique caractérisé par une succession d’événement
ordonnés aboutissant à la condensation de la chromatine et à la fragmentation de l’ADN. Les
fragments oligonucléosomiques ainsi formés sont empaquetés dans des structures
membranaires avant d’être phagocytés puis éliminés par les cellules phagocytaires. Cette
séquence d’événements explique comment une cellule apoptotique peut disparaître sans
laisser des traces.
En contraste avec la mort programmée, les cellules qui meurent à la suite d’agression aiguë
gonflent et éclatent à cause de la perte de l’intégrité de la membrane plasmique, dans un
processus appelé nécrose cellulaire. Les cellules nécrosées peuvent déverser leur contenu,
causant l’inflammation et la lésion des cellules environnantes.
Les mécanismes induisant ou inhibant l’apoptose font intervenir essentiellement trois familles
de protéines. L’apoptose est initiée par l’activation d’une famille de protéases appelées
caspases. Ce sont des enzymes synthétisées et stockées dans la cellule sous forme de
procaspases inactives. Les mécanismes d’activation des caspases sont complexes, mais une
fois actives, ces enzymes clivent et activent d’autres procaspases, entraînant une cascade de
réactions qui dégradent rapidement des protéines dans la cellule. La cellule se désagrège elle-
même, et ses restes sont rapidement digérés par cellules phagocytaires avoisinantes.
Une formidable quantité d’apoptose se produit dans les tissus en cours de modelage lors du
développement embryonnaire. Même chez les individus adultes, des milliards de cellules
meurent chaque jour dans des tissus comme l’intestin et la moelle osseuse et sont remplacées
par de nouvelles cellules. La mort cellulaire programmée est, cependant, précisément
compensée par la formation de nouvelles cellules chez les adultes sains. Autrement, les tissus
du corps pourraient rétrécir ou grossir démesurément. Des études récentes suggèrent que les
anomalies de l’apoptose pourraient jouer un rôle primordial dans les maladies neurologiques
dégénératives comme la maladie d’Alzheimer, mais aussi dans le cancer et dans les désordres
109
auto-immunes. Certains médicaments qui ont été utilisés avec succès en chimiothérapie
semblent induire l’apoptose dans les cellules cancéreuses.
4.9. CANCER
Seule une infime fraction de cellules ayant muté entraîne un cancer dans l’organisme. Il y a
plusieurs raisons à cela. D’abord, parce que la plupart de cellules ayant subi une mutation ont
une capacité de survie moindre que celle des cellules normales et meurent tout simplement.
La deuxième raison est que, même si cellules ayant muté parviennent à survivre, seule une
petite quantité d’entre elles deviennent cancéreuses ; en effet, les mécanismes normaux de
rétrocontrôle prévenant une croissance cellulaire subsistent encore dans la plupart de cellules
ayant subi une mutation. Troisièmement, il y a le système immunitaire qui détruit souvent, si
pas toujours, les cellules potentiellement cancéreuses avant que ces dernières ne se
développent en. L’action du système immunitaire se déroule par le mécanisme suivant: la
plupart de cellules mutantes synthétisent des protéines anormales, et ces protéines activent le
système immunitaire, induisant la formation d’anticorps ou en sensibilisant des lymphocytes.
Cette réponse immunitaire dirigée contre les cellules cancéreuses les détruit. Un argument en
faveur de ce mécanisme est le constat que les sujets dont le système immunitaire est déprimé,
comme ceux sous traitement immunosuppresseur, ont une probabilité plus élevée de
développer un cancer (5 fois plus élevée). En fin, il faut que plusieurs oncogènes soient
simultanément activés pour causer un cancer. Par exemple, tel gène pourrait promouvoir la
reproduction rapide d’une lignée cellulaire, mais un cancer ne survient pas parce qu’il n’y a
pas simultanément un gène mutant pour la formation des néo-vaisseaux nécessaires.
Quelles sont alors les causes de l’altération des gènes? Quand on considère que chaque année
plusieurs milliers de milliards de cellules sont formées dans l’organisme humain, la meilleure
question serait plutôt: pourquoi ne développons-nous pas nous tous de millions ou de
milliards de cellules cancéreuses mutantes? La réponse est l’incroyable précision avec
laquelle les brins d’ADN chromosomiques se répliquent dans chaque cellule avant la mitose,
110
et aussi le processus de correction qui coupe et répare tout brin d’ADN anormal avant que la
mitose ne se déclenche. Toutefois, malgré toutes ces précautions de la nature, il se forme
probablement une cellule mutante sur un million de cellules nouvellement formées. Ainsi, le
hasard seul est tout ce qui est requis pour que des mutations puissent survenir ; nous pouvons
donc supposer qu’un grand nombre de cancers sont principalement le résultat d’une apparition
malencontreuse. Cependant, la probabilité de survenue des mutations peut être augmentée de
plusieurs fois en cas d’exposition aux facteurs chimiques, physiques ou biologiques suivants:
1. Radiations ionisantes: il est connu que les rayons-x, rayons gamma, et particules
radioactives émanant de substances radioactives, et même la lumière ultraviolet peuvent
prédisposer les individus au cancer. Les ions formés dans les cellules des tissus sous
l’influence de ces radiations sont hautement réactifs et peuvent briser des brins d’ADN,
causant ainsi plusieurs mutations.
2. Certains types de substances chimiques aussi ont une grande propension à causer des
mutations. Depuis longtemps on a découvert que de nombreux dérivés d’aniline utilisés
comme colorants provoquaient le cancer : les ouvriers des industries produisant ces
substances avaient, en cas de non protection, une prédisposition spéciale au cancer. Les
substances chimiques pouvant causer une mutation sont appelées carcinogènes. Les
carcinogènes responsables du plus grand nombre de décès sont ceux qu’on trouve dans la
fumée de cigarette. Ils sont responsables d’environ un décès sur quatre par cancer.
3. Les irritants physiques, comme l’abrasion chronique des couches de la paroi de l’intestin
par certains types d’aliments, exposent également au cancer. Le dommage infligé aux tissus
entraîne des mitoses plus nombreuses et plus rapides pour remplacer les cellules ; et plus les
mitoses sont rapides, plus grandes sont les chances de survenue des mutations.
4. Dans de nombreuses familles, il existe une forte tendance héréditaire à développer le
cancer. Ceci résulte du fait que la plupart des cancers nécessitent, pour leur survenue, non pas
une mutation mais deux ou plus. On pense que dans les familles qui présentent une
prédisposition au cancer, il existe un ou plusieurs gènes cancéreux ayant déjà muté, prêt dans
le génome hérité. Ainsi, dans ces familles, de très petites mutations additionnelles doivent
survenir avant que ne se développe un cancer.
5. Chez les animaux de laboratoire, certains types de virus peuvent causer quelques types de
cancer dont les leucémies. Cela arrive par l’un des mécanismes suivants. En cas de virus à
ADN ou DNA virus, le brin d’ADN viral s’insère directement dans l’un des chromosomes et
cause ensuite une mutation qui aboutira au cancer. En cas de virus à ARN ou RNA virus, dont
certains sont porteurs d’une enzyme appelée transcriptase inverse qui amène la transcription
111
l’ADN à partir de l’ARN, l’ADN viral rétro-transcrit va s’insérer dans le génome de la cellule
animale, entraînant le cancer.
La réponse à cette question paraît évidente. Le tissu cancéreux est en compétition avec le tissu
normal pour les nutriments. Comme les cellules cancéreuses continuent à proliférer
indéfiniment, leur nombre se multipliant jour après jour, elles sont très voraces et s’accaparent
de tous les nutriments disponibles ou presque au détriment du reste de l’organisme. Le résultat
est qu’au final les tissus normaux souffrent progressivement d’une dénutrition qui va conduire
à la mort.
112
La vie de tout organisme pluricellulaire repose sur la communication et les interactions entre
les cellules qui le composent. En effet, la communication cellulaire est un aspect essentiel
d’un fonctionnement physiologique intégré chez les organismes multicellulaires et, dans la
plupart des cas, elle est assurée par des molécules de signalisation (médiateurs chimiques)
comme les hormones et les neurotransmetteurs. Les échanges d’informations entre les cellules
conditionnent et régulent le fonctionnement des organes et déterminent l’homéostasie à
l’échelle de l’organisme entier. Les informations sont aussi transmises de cellules en cellules
sous forme de molécules, dont la nature et la fonction déterminent les mécanismes d’action au
niveau cellulaire et leurs conséquences fonctionnelles au niveau tissulaire.
Les cellules sont en quelque sorte des mini-usines biologiques ; comme toutes les usines,
elles reçoivent des ordres de l’extérieur et yenvoient elles-mêmes des ordres. Mais comment
la cellule interagit-elle avec son milieu? C’est par l’entremise des substances chimiques
extracellulaires telles que les hormones et les neurotransmetteurs, mais aussi avec les
molécules de la matrice extracellulaire qui servent de signaux et guident la migration
cellulaire pendant le développement embryonnaire et la cicatrisation. Les interactions,
directes ou indirectes, entre la cellule et son milieu se font toujours au moyen du glycocalyx.
Deux grandes catégories de molécules du glycocalyx sont actuellement bien connues dans
leur action : les récepteurs membranaires et les molécules d’adhérence cellulaire. Les
interactions entre la cellule et son milieu font l’objet de ce point.
Objectifs
Définir les différents types de communication intercellulaire
Définir un récepteur
Plan du chapitre
1. Types de communication cellulaire
2. Transduction des signaux : Signalisation inter- et intracellulaire
Ce type de communication n’est utilisé que si deux cellules sont suffisamment proches l’une
de l’autre. On distingue deux types de communication par contact direct :à travers les
jonctions communicantes et par l’intermédiaire des molécules d’adhérence.
Elles permettent le passage direct entre deux cellules voisines de petites molécules (de P.M.
inférieur à 1500 Da) comme les électrolytes (Ca2+) et les seconds messagers (AMPc).
Les molécules de signalisation sont des substances chimiques d’origine cellulaire, capables de
jouer le rôle de messagers en mettant en communication deux cellules plus ou moins distantes
l’une de l’autre. Elles appartiennent à diverses familles physiologiques et/ou biochimiques :
- Neurotransmetteurs
- Hormones et neurohormones
- Cytokines
- Immunoglobulines
- Eicosanoïdes (dérivés de l’acide arachidonique)
- Gaz (NO, CO)
On distingue divers types de communication cellulaire selon la nature des cellules qui
émettent et/ou qui reçoivent le signal moléculaire, et la disposition de ces cellules les unes par
rapport aux autres : communications endocrine, paracrine, neurocrine, autocrine, intracrine et
juxtacrine.
4.1.2.2.1. Communication endocrine. Elle permet de relier, par des signaux chimiques, des
cellules situées à distance les unes des autres. Les molécules de signalisation sont des
hormones. Elles utilisent la circulation sanguine pour atteindre la cellule cible à partir de la
cellule émettrice. Par définition, les cellules émettrices appartiennent aux glandes endocrines ;
les molécules de signalisation qu’elles synthétisent sont appelées des hormones. Les nouvelles
hormones peuvent agir soit sur la première cellule émettrice (principe de rétroaction), soit sur
une autre cellule cible (action en cascade). Ces mécanismes de rétroaction (feed back en
anglais) et ou d’actions en cascades permettent de contrôler la synthèse des hormones et un
ajustement précis de leurs effets sur les organes cibles.
local. Notons que le NO synthétisé par la cellule endothéliale agit également sur les plaquettes
sanguines circulantes en inhibant leur agrégation. L’action anti-agrégante plaquettaire est
également un effet paracrine, et non pas un effet endocrine, du NO. Ceci est dû au fait que
bien qu’ayant lieu dans le sang, l’effet du NO ne s’exerce que sur des plaquettes de voisinage
et non sur l’ensemble de plaquette de l’organisme. Ainsi, c’est bien la notion de proximité (ou
de distance) entre deux cellules qui déterminent le type de communication (paracrine ou
endocrine) mise en jeu.
liant à un récepteur intracellulaire. Ainsi, c’est la nature de récepteur qui détermine le type de
communication autocrine ou intracrine. Un récepteur de type membranaire est nécessairement
impliqué dans la communication autocrine alors qu’un récepteur intracellulaire est requis dans
la communication intracrine. Dans les deux cas, les récepteurs appartiennent à la cellule qui a
donné naissance au signal.
Résumé
La communication cellulaire s’effectue soit par contact direct entre deux cellules voisines,
soit par l’intermédiaire des molécules de signalisation. On distingue six types de
communication cellulaire selon la distance séparant la cellule émettrice de la cellule cible, et
les moyens de transport empruntés par les molécules de signalisation pour aller de l’une à
l’autre.
Les substances hydrosolubles sont soit des molécules de gros poids moléculaires (des
peptides), soit des petites molécules dérivées des acides aminés (les catécholamines). Ces
substances sont soit des hormones, soit des neurotransmetteurs. Les neurohormones
représentent une classe particulière de substances qui, bien que synthétisées par des neurones,
agissent comme des hormones.
117
Les substances liposolubles sont des molécules de petites tailles, caractérisées par leur
capacité à diffuser à travers la membrane cellulaire. Selon leurs natures biochimiques, ces
substances peuvent être classées en :
- Substances dérivées du cholestérol constituant la famille des hormones stéroïdiennes ;
- Substances dérivées d’un acide aminé, la tyrosine, formant la famille des hormones
thyroïdiennes ;
- Composés gazeux : monoxyde d’azote (NO) et monoxyde de carbone (CO).
Les signaux portés par les molécules hydrosolubles, étant bloqués au niveau de la surface de
la cellule, doivent être captés à ce niveau par des récepteurs membranaires.
Les signaux des molécules liposolubles, capables de traverser la membrane cellulaire, sont
liés à l’intérieur de la cellule à des récepteurs intracellulaires. Cesderniers peuvent, selon les
circonstances, être localisés soit dans le cytosol (récepteurs cytosoliques) soitdans le noyau
(récepteurs nucléaires). A l’exception des récepteurs des hormones thyroïdiennes qui ne
sortent pas de noyau, la majeure partie des récepteurs intracellulaires des hormones
liposolubles voyage sans cesse entre les deux compartiments, cytosolique et nucléaire. Pour
les hormones corticoïdes, le passage à l’intérieur du noyau (encore appelé translocation
nucléaire) du récepteur survient suite à sa liaison avec l’hormone. Le complexe hormone-
récepteur ainsi formé a la même fonction physiologique qu’un facteur de transcription activé.
Il régule (en activant ou en inhibant) la transcription de gènes spécifiques et rend compte des
effets physiologiques et/ou physiopathologiques des hormones stéroïdiennes.
118
Neurotransmetteurs et neuropeptides
Les molécules de signalisation agissant sur des récepteurs membranaires sont les hormones
peptidiques (hormones hypothalamiques, hormones adénohypophysaires, hormones
neurohypophysaires, calcitonine, parathormone, hormones pancréatiques et endothéline), les
cytokines, les éicosanoïdes et les neurotransmetteurs (noradrénaline, acétylcholine,
sérotonine, etc.) et neuropeptides.
Les molécules de signalisation agissant sur les récepteurs intracellulaires sont les hormones
stéroïdiennes (gluco- et minéralocorticoïdes, stéroïdes sexuels et Vitamine D), les hormones
thyroïdiennes (T3/T4) et les gazotransmetteurs (CO, NO)
Les hormones peptidiques, ainsi que les autres molécules hydrosolubles agissent, en se liant à
des protéines membranaires : d’où le terme de « ligand » parfois utilisé.
L’interaction ligand-récepteur membranaire est le début d’une série de réactions aboutissant à
diverses modifications du comportement cellulaire. Ces modifications sont de trois ordres
(fig.3.9.) :
119
5.2.2. Récepteurs
Un récepteur est une structure cellulaire de nature macromoléculaire par laquelle des
molécules de signalisation exercent leurs effets physiologiques. Les récepteurs sont situés,
selon leur nature et leur fonction, à la surface cellulaire (récepteurs membranaires) ou plus
profondément dans les organites cytoplasmiques, voire dans le noyau (récepteurs
cytoplasmiques, récepteurs nucléaires). Les récepteurs, qui sont principalement des protéines,
ne sont pas des composantes statiques des cellules ; ils peuvent augmenter ou diminuer en
nombre sous l’effet de divers stimuli et leurs propriétés peuvent changer selon les conditions
physiologiques. Un excès d’hormones ou de neurotransmetteurs a tendance à faire diminuer le
nombre de récepteurs actifs (régulation à la baisse), tandis qu’une insuffisance de messagers
fait plutôt augmenter leur nombre (régulation à la haute).
Les molécules de signalisation extracellulaires, ou premiers messagers, sont reconnues par des
récepteurs protéiques spécifiques situés au niveau de la cellule cible. Ces récepteurs sont de
type 1 (récepteurs membranaires) ou de type 2 (récepteurs intracellulaires).
Les récepteurs de type 1 reconnaissent les facteurs de croissance, les catécholamines,
l’insuline, les cytokines, les prostaglandines et plusieurs autres substances, bref les substances
hydrosolubles.
Les récepteurs de type 2 comprennent les récepteurs des substances liposolubles (hormones
stéroïdiennes et hormones thyroïdiennes) ; ils contrôlent l’expression génique.
Quelle que soit sa localisation, chaque récepteur possède deux propriétés essentielles : la
cinétique de liaison et l’affinité.
4.2.2.2.1. Cinétique de liaison. Elle est marquée par le caractère saturable et réversible de
l’interaction ligand-récepteur. Les études de relations ligand-récepteur permettent de
déterminer les constantes d’association et de dissociation qui sont une expression
mathématique des vitesses de formation et de dissociation du complexe ligand-récepteur. Ces
vitesses sont influencées par la température et le pH.
120
complexe pendant que la sous-unité fixant le ligand ainsi activée interagit avec l’ADN,
influençant ainsi l’expression génique. Les modifications de l’activité transcriptionnelle
résultant de l’action de ces hormones sont modulées de plusieurs façons : formation
d’hétérodimères ayant d’autres activités transcriptionnelles, recrutement des cofacteurs
activateurs ou suppresseurs de l’expression génique, etc.
Tableau 4.2. Principaux mécanismes par lesquels les messagers chimiques du LEC induisent
des changements de l’activité cellulaire
Mécanismes Exemples
Ouverture ou fermeture de canaux dans la Acétylcholine et récepteur cholinergique
membrane cellulaire nicotinique ;
noradrénaline et canaux K+ dans le cœur
Action sur des récepteurs cytoplasmiques ou Hormones thyroïdiennes, acide rétinoïque,
nucléaires pour augmenter la transcription hormones stéroïdes
d’ARNm particuliers
Activation de la phospholipase C avec Angiotensine II,
production intracellulaire de DAG, d’IP3 et autres noradrénaline via les récepteurs α1-
inositols phosphates adrénergiques,
vasopressine via les récepteurs V1
Activation ou inhibition de l’adénylcyclase avec Noradrénaline via les récepteurs β1-
augmentation ou diminution de la production adrénergiques (augmentation de l’AMPc) ;
intracellulaire d’AMPc Noradrénaline via les récepteurs α2-
adrénergiques (diminution de l’AMPC)
Augmentation de la GMPc dans la cellule ANP ; monoxyde d’azote (EDRF)
Augmentation de l’activité de la tyrosine kinase Insuline, EGF, PDGF, M-CSF
de la portion cytoplasmique des récepteurs
5.2.4.2. Protéines G
Ce sont des protéines régulatrices de nucléotides qui lient la GTP. La GTP est l’analogue
guanosine de l’ATP. Quand une protéine G reçoit le signal, elle échange la GDP contre une
GTP. Une fois formé, le complexe GTP-protéine déclenche l’effet. L’activité GTPase
inhérente à la protéine G transforme ensuite la GTP en GDP, ce qui rétablit l’état de repos.
L’activité GTPase est elle-même stimulée par de protéines activatrices de GTPase (GAP).
De petites protéines G interviennent dans plusieurs fonctions cellulaires comme la circulation
des vésicules, les interactions entre cytosquelette et membrane plasmique et la croissance.
Les protéines G qui relient les récepteurs membranaires aux unités catalytiques responsables
de la formation intracellulaire des seconds messagers ou à des canaux ioniques, sont plus
grosses et appartiennent à la famille des protéines G hétérotrimériques. Ces protéines G sont
composées de trois sous-unités appelées α, β et γ.
Ils sont des plus variables et comprennent photons, molécules de petites tailles (molécules
odorantes, catécholamines, prostaglandines), hormones peptidiques (TSH, LH,
FSH,parathormone, glucagon, endothéline, etc.) et cytokines (interleukine-8, etc.)
Ainsi les conséquences des effets cellulaires des protéines G (et de leurs sous-unités α et β/γ)
sur les effecteurs sont l’activation (ou l’inhibition) de la synthèse de petites molécules,
appelés seconds messagers et l’altération de la perméabilité ionique de la membrane
cellulaire.
123
Ce sont des petites molécules synthétisées (ou libérées) dans la cellule en réponse
auxmolécules de signalisation extracellulaires dont elles prennent la suite sous la forme de
signaux intracellulaires. Les seconds messagers déclenchent plusieurs changements
transitoires de l’activité cellulaire, en modifiant par exemple l’activité de certaines enzymes
ou en déclenchant l’exocytose, mais ils peuvent aussi modifier la transcription de différents
gènes.
Lorsqu’ils sont activés, plusieurs récepteurs membranaires déclenchent la libération de
seconds messagers ou autres phénomènes intracellulaires via des protéines G (protéines liant
la GTP). Les seconds messagers activent généralement des protéines kinases, des enzymes qui
catalysent la phosphorylation des protéines. La phosphorylation change la configuration des
protéines, modifiant ainsi leur activité et, donc, l’activité de la cellule. Il est certain que les
phosphatases jouent aussi un rôle important, puisque l’enlèvement d’un groupe phosphate
inactive certaines enzymes ou protéines de transport alors qu’il en active d’autres.
Les seconds messagers appartiennent à plusieurs familles : les nucléotides cycliques (AMPc,
GMPc), les ions (Ca2+), les glucides (Inositol 1, 4, 5- triphosphate ou IP3) et les lipides (1, 2-
diacylglycérol ou DAG).
L’AMPc intervient dans de nombreux processus cellulaires. Dans la plupart de cas, l’action
intracellulaire de ce second messager passe par l’activation de la PKA. La PKA étant capable
de reconnaître un grand nombre de substrats, ce qui explique la diversité des effets
physiologiques de l’augmentation de la concentration intracellulaire de l’AMPc, allant de la
relaxation du muscle lisse bronchique, aux processus de la mémorisation en passant par des
effets métaboliques de la libération du glucose à partir du glycogène.
L’adénylcyclase peut être soit activée soit inhibée par des ligands. L’activation survient à la
suite de la stimulation de la protéine Gs, alors que l’inhibition est consécutive àla stimulation
de protéine Gi par des récepteurs membranaires différents (respectivement couplés àGS, et
àGi). Il est à noter qu’une même molécule de signalisation peut avoir des effets
diamétralement opposés, selon qu’elle active un récepteur couplé àGS ou à Gi. Ainsi,
l’adrénaline stimule la synthèse de l’AMPc lorsqu’elle est liée au récepteur β2 - adrénergique
(couplé à GS). A l’inverse, la liaison de l’adrénaline au récepteur α2 - adrénergique (couplé
àGi) inhibe la synthèse de l’AMPc. On retiendra donc que ce n’est pas tant la nature du
premier messager que la spécificité du récepteur (et le type de la protéine G liée au récepteur)
quidétermine la réaction cellulaire et la synthèse du second messager en réponse au premier
messager.
Elle est synthétisée à partir de la guanosine triphosphate (GTP) grâce à l’action catalytique de
la guanylcyclase. Il existe deux formes de guanylcyclase, la forme membranaire et la forme
soluble. La guanylcyclase membranaire est l’exemple typiquede récepteur-enzyme qui
reconnaît comme ligands les hormones peptidiques de la famille des peptides natriurétiques
synthétisées par l’oreillette (atrial natriuretic peptide, ANP). La guanylcyclase soluble est le
récepteur intracellulaire du NO et du CO. Le principal effet physiologique du NO (plus
accessoirement du CO) est donc la stimulation de la synthèse du GMPc par la guanylcyclase
soluble.
Le Ca++ contrôle des processus physiologiques nombreux et variés tels que la prolifération
cellulaire, la signalisation nerveuse, l’apprentissage, la contraction musculaire, la sécrétion et
la fécondation, si bien que la régulation de cet ion est d’une importance primordiale. Dans le
cytoplasme, la concentration cytosolique du Ca++ libre est maintenue à environ 100 nmol/L
(de 10 à 300 nM) dans les cellules au repos. Dans le liquide interstitiel, elle est à peu près 12
125
000 fois plus élevée, soit 1 200 000 nmol/L ; il y a donc un très fort gradient de concentration
entrant de même qu’un gradient électrique dans le même sens. Une grande partie du Ca++
intracellulaire est liée au réticulum endoplasmique et à d’autres organites et ces structures
constituent un réservoir à partir duquel cet ion peut être mobilisé pour augmenter la
concentration de Ca++ libre dans le cytoplasme. Lorsque sa concentration cytoplasmique
augmente, le Ca++ se lie à protéines spécifiques pour les activer et celles-ci, à leur tour,
activent un certain nombre de protéines kinases.
Le Ca++ entre dans les cellules par deux types de canaux calciques, ceux qui sont sensibles au
voltage et ceux qui dépendent d’un ligand. Les canaux calciques sensibles au voltage, dont il
existe au moins quatre types, sont activés par la dépolarisation, tandis que ceux qui dépendent
d’un ligand le sont par divers neurotransmetteurs et hormones. On pense qu’il y en a aussi qui
sont activés par l’étirement.
Le Ca++ est pompé hors des cellules en échange de deux H+ par une ATP ase Ca++-H+ ; il est
aussi transporté hors des cellules par un antiport commandé par le gradient du Na+ qui
échange trois ions Na+ contre un ion Ca++.
Plusieurs protéines liant le calcium ont été décrites, dont la troponine, la calmoduline et la
calbindine. La troponine intervient dans la concentration du muscle squelettique. La
calmoduline contient 148 acides aminés et possède quatre domaines de liaison du Ca++.
Lorsqu’elle lie le Ca++, la calmoduline est capable d’activer cinq kinases calmoduline-
dépendantes différentes. L’une d’elles est la kinase de chaînes légères de la myosine (MLCK)
qui phosphoryle la myosine. Son activation est responsable de la contraction du muscle lisse.
Une autre est la phosphorylase kinase qui active l’enzyme phosphorylase. Les
126
Le lien qui existe entre la liaison membranaire d’un messager qui agit via le Ca++ et
l’augmentation du Ca++ intracellulaire qui s’ensuit est souvent l’inositol triphosphate (inositol
1,4,5-triphosphate, IP3). Quand un ligand de cette nature se lie à son récepteur, celui-ci est
activé et active à son tour la phospholipase C (PLC) sur la surface interne de la membrane via
la protéine Gq ou une autre protéine G. huit isomères de la PLC ont déjà été identifiés et les
formes PLCβ1 et PLCβ2 sont activées par des protéines G. elles catalysent l’hydrolyse du
phosphatidylinositol 4,5-diphosphate (PIP2) en IP3 et en diacylglycérol (DAG). Les
récepteurs qui sont liés à la tyrosine kinase peuvent aussi produire de l’IP3 et du DAG en
activant la PLCγ1. L’IP3 diffuse alors au réticulum endoplasmique pour y déclencher une
libération de Ca++ dans le cytoplasme. Le récepteur de l’ l’IP3 ressemble au récepteur
ryanodine, le canal calcique qu’on trouve dans le réticulum sarcoplasmique du muscle
squelettique, sauf qu’il est deux fois plus petit.
Le DAG agit aussi comme second ; il reste dans la membrane cellulaire pour y activer un des
sept sous-types de protéine kinase C (tableau 4.3). Le tableau 4.1 énumère un certain nombre
de ligands qui agissent via ces seconds messagers.
Tableau 4.3. Effets des protéines G sur les effecteurs membranaires : conséquences
moléculaires et cellulaires.
Protéines G Sous-unité Effecteurs Conséquences Effets physiologiques cellulaires
moléculaires
Gs αs Adénylcyclase Synthèse d’AMPc Relaxation du m. lisse
stimulée Métabolisme glucidique
Gi αi Adénylcyclase Synthèse d’AMPc Diminution de la relaxation du m.
inhibée lisse
β/γ Canaux K+ Efflux d’ions K+ Hyperpolarisalion membranaire
Relaxation musculaire
Gq αq Phospolipase C Synthèse du DAG Prolifération cellulaire
et de l’IP3 Contraction musculaire
Gt αt Phospodiestérase Hydrolyse du Perception lumineuse
GMPc en GMP
Une importance de plus en plus grande est attribuée aux facteurs de croissance dans différents
domaine de la physiologie. Ces polypeptides et protéines son habituellement divisés en trois
grands groupes. Le premier comprend des agents qui stimulent la multiplication ou le
développement de divers types de cellules ; citons à titre d’exemple le facteur de croissance
nerveuse, le facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-I), les activines et les inhibines
et le facteur de croissance épidermique (EGF). Plus de 20 ont déjà été décrits. Le deuxième
groupe est celui des cytokines. Ces facteurs sont produits par les macrophages et les
lymphocytes et ils jouent un rôle important dans la régulation du système immunitaire. On en
a également décrit plus de 20. Le troisième groupe est composé des facteurs stimulant la
formation de colonies qui contrôlent la prolifération et la maturation des éléments figurés du
sang.
Les protéines kinases activées par des signaux mitogènes (mitogen-activated protein (MAP)-
kinases) assurent la liaison entre l’activation des récepteurs membranaires et celle des gènes
du noyau.
Du fait de leur contrôle sur l’activité transcriptionnelle du noyau, les MAP kinases jouent un
rôle fondamental dans de nombreux processus impliquant la multiplication cellulaire. Des
anomalies constitutives ou acquises d’un (ou de plusieurs) élément(s) de cette voie sont à
l’origine de plusieurs maladies cancéreuses humaines. La mise en route des MAP kinases met
en jeu une série d’activations en cascade, que l’on peut schématiquement découper en cinq
étapes :
1. Activation d’un récepteur transmembranaire par un signal extracellulaire (par exemple
le facteur de croissance EGF, epidermal growth factor) ;
5. Transcription des gènes contrôlés par les facteurs de transcription activés par la voie
des MAPkinases.
Activines et inhibines
Cytokines
Résumé
- Selon leurs capacités (ou non) à travers la membrane cellulaire, les molécules de
signalisation peuvent se lier soit à des récepteurs membranaires soit àdesrécepteurs
intracellulaires.
- Il existetrois familles principales de récepteurs membranaires : les récepteurs-canaux,
les récepteurs-enzymes etles récepteurs couplés à une protéine G (RCPG)
- L’activation des récepteurs donne lieu à la synthèse des seconds messagers :
molécules de petite taille permettant la signalisation intracellulaire en relais du
premier signal porté par les molécules de signalisation extracellulaire (premiers
messagers).
- La transcription de gènes dépend de l’activité intranucléaire des facteurs de
transcriptions, eux-mêmes contrôlés par des réactions en cascade (phosphorylation
des protéines, assemblage et désassemblage de sous-unités protéiques) déclenchées
par des signaux extracellulaires.
130
PARTIE II
Physiologie membranaire: Cellules et
Tissus excitables: Nerf et Muscle
1. Transport transmembranaire
2. Potentiels de membrane et Potentiels d’action
3. Contraction du muscle squelettique
4. Excitation du muscle squelettique: Transmission Neuromusculaire et
couplage Excitation-Contraction
5. Contraction et Excitation du muscle lisse
131
INTRODUCTION
La vie implique un certain nombre d’activités vitales ou physiologiques retrouvés chez tout
être vivant : utilisation de l’énergie, consommation des substances, et expulsion des produits
finis ou des déchets. Ces processus vitaux nécessitent un mouvement continu des substances
de part et d’autre des membranes cellulaires : c’est le transport transmembranaire qui est une
fonction importante assurée par la membrane plasmique. Les principaux modes de transport à
travers les membranes cellulaires sont la diffusion, le transport actif, l’exocytose et
l’endocytose.
L’examen des compositions approximatives des liquides extra- et intracellulaires montre des
différences caractéristiques, lesquelles jouent un rôle considérable dans les phénomènes
vitaux cellulaires. La différence de composition entre le LIC et le liquide interstitiel est due
aux propriétés uniques de la membrane plasmique : les différences de concentrations ou
gradients de concentration s’opèrent par l’intermédiaire des mécanismes de transport au sein
de la membrane plasmique. Le but de ce chapitre est d’expliquer comment ces différences
s’opèrent par l’intermédiaire des mécanismes de transport au sein de la membrane plasmique.
Objectifs
Plan
La membrane plasmique est constituée d’une bicouche lipidique où sont insérées un grand
nombre de molécules protéiques dont certaines la traversent.
La bicouche lipidique constitue une barrière contre les mouvements de la plupart des
molécules d’eau et des substances solubles dans l’eau entre les compartiments intra- et
extracellulaires. Cependant certaines substances peuvent traverser cette barrière et peuvent
soit entrer dans la cellule, soit la quitter en passant directement à travers la substance
lipidique.
D’autre part, les molécules de protéines ont des propriétés de transport entièrement
différentes ; leurs structures moléculaires interrompent la continuité de la bicouche lipidique
et constituent une voie traversant la membrane cellulaire. La plupart de ces protéines
intégrales ou transfixiantes ou encore transmembranaires sont des protéines de transport.
Certaines sont hydrophiles permettant le mouvement libre pour certains ions ou molécules :
ces protéines sont appelées les canaux membranaires ; d’autres sont appelées les protéines de
transport accrochant les substances et les transportant à travers la membrane vers l’autre côté
de la cellule par un changement de leur conformation. Ces deux types de protéines sont très
sélectifs.
Les mouvements des substances à travers la membrane plasmique peut se produire de deux
façons : activement ou passivement. Dans les mécanismes passifs, les molécules traversent la
membrane sans que la cellule dépense de l’énergie. Dans les mécanismes actifs, la cellule
dépense une énergie métabolique (ATP) pour transporter la substance en question à travers
membrane. Les mécanismes passifs sont représentés essentiellement par la diffusion, la
filtrationne se produisant généralement qu’à travers les parois des capillaires et l’osmose étant
la diffusion non assistée de l’eau.Les deux principaux mécanismes actifs de transport
membranaire sont le transport actif et le transport vésiculaire.
133
6.2. DIFFUSION
La diffusion est la tendance qu’ont les molécules et les ions à se répandre dans
l’environnement. En effet, les particules de matière (molécules et ions) ont une certaine
énergie cinétique et sont en mouvement constant ; comme elles se déplacent au hasard et à
haute vitesse, elles entrent en collision et rebondissent les unes sur les autres en changeant de
direction après chaque collision. L’effet global de ce mouvement aléatoire est que les
particules s’éloignent des zones de concentration élevée où les collisions sont fréquentes pour
des zones de basse concentration jusqu’à l’égalisation ou uniformisation de la concentration
dans tout l’espace ou volume disponible, on dit que les particules diffusent suivant leur
gradient de concentration. L’importance ou l’intensité de la tendance d’une substance à
diffuser d’un compartiment vers un autre est proportionnelle à la différence des
concentrations de la substance dans les compartiments considérés c’est-à-dire au gradient de
concentration ou gradient chimique. Ainsi plus le gradient chimique entre deux zones ou
compartiments est élevé, plus le flux net de diffusion des particules est important. La
diffusion des particules chargées (ions) est aussi affectée par leurs charges. Ainsi quand il y a
une différence de potentiel électrique entre deux compartiments, les ions chargés positivement
se déplacent selon leur gradient électrique vers le compartiment chargé plus négativement, les
anions se déplacent dans la direction opposée.
Comme la source d’énergie de la diffusion est l’énergie cinétique des molécules elles-mêmes,
la vitesse de la diffusion dépend de leur taille (plus elles sont petites, plus elles diffusent vite)
et de leur température (plus celle-ci est élevée, plus la diffusion est rapide). Dans un récipient
fermé, la diffusion finit par produire un mélange uniforme des divers types de molécules ;
autrement dit, le système atteint un état d’équilibre où les molécules se déplacent également
dans toutes les directions (aucun mouvement net).
Dans l’organisme, la diffusion a lieu non seulement dans les compartiments liquidiens mais
aussi d’un compartiment à l’autre. Ce qui prouve que les barrières entre les compartiments
sont perméables aux substances diffusibles. Il n’y a cependant pas uniformisation des divers
types de molécules à cause principalement de la nature des barrières séparant les différents
compartiments. La vitesse de diffusion de la plupart des solutés à travers les barrières
organiques est beaucoup plus lente que la vitesse de diffusion de l’eau. Mais la diffusion reste
tout de même la force majeure gouvernant la distribution de l’eau et des solutés.
134
Comme l’intérieur de la membrane est composé de lipides et est donc hydrophobe, celle-ci
constitue une barrière à la diffusion simple. Cependant, la diffusion passive d’une molécule à
travers la membrane plasmique est possible si la molécule répond à l’une des conditions
suivantes : (1) elle est liposoluble, (2) elle est assez petite pour passer dans les pores de la
membrane ou (3) elle est aidée par une molécule porteuse.
La diffusion non assistée de particules liposolubles est appelée diffusion simple. La diffusion
à travers les pores est aussi une diffusion simple mais portant sur des petites substances
hydrosolubles ; on parle de la diffusion à travers les canaux protéiques. La diffusion assistée
est appelée diffusion facilitée.
L’un des plus importants facteurs qui déterminent la vitesse du mouvement d’une substance à
travers la bicouche lipidique est sa liposolubilité. Par exemple, la liposolublité des substances
comme l’oxygène, l’azote, le gaz carbonique et les alcools est tellement élevée que ces
substances se dissolvent directement dans la bicouche lipidique et diffusent à travers la
membrane cellulaire exactement de la même façon que la diffusion des solutés s’effectue dans
une solution aqueuse. Pour des raisons évidentes, la vitesse de diffusion à travers la
membrane de chacune de ces substances est directement proportionnelle à leurs solubilités
lipidiques. Spécialement, de grandes quantités d’oxygène peuvent être transportées par cette
voie ; ainsi l’oxygène peut être fourni au compartiment intracellulaire comme si la membrane
n’existait pas.
Les substances qui diffusent rapidement se distribuent de part et d’autre de la membrane selon
leur gradient de concentration. Ces substances comprennent l’oxygène, le gaz carbonique, les
graisses et l’alcool. L’oxygène est toujours plus concentré dans le sang que dans les cellules
des tissus, et il se déplace continuellement vers l’intérieur de ces dernières ; quant au gaz
carbonique, il est plus concentré dans les cellules et diffuse vers le sang. Donc le mouvement
net de ces substances c’est-à-dire leur distribution finale est toujours fonction du gradient de
135
La diffusion simple suffit pour expliquer les observations de la distribution des hormones et
médicaments liposolubles comme les hormones stéroïdiennes, les prostaglandines, l’aspirine
ou les anesthésiques locaux, et aussi la distribution de petites molécules neutres comme
l’oxygène, le gaz carbonique et dans certaines circonstances l’eau.
Même si l’eau est hautement insoluble dans lipides membranaires, elle traverse quand même
facilement la membrane et la majorité de ces molécules passe directement à travers la
bicouche lipidique alors qu’une petite quantité passe à travers les canaux protéiques. La
vitesse avec laquelle les molécules d’eau traversent la membrane cellulaire est stupéfiante. A
titre d’exemple, la quantité totale d’eau qui diffuse dans chaque direction à travers la
membrane plasmique du globule rouge chaque seconde est environ 100 fois le volume du
globule rouge lui-même.
Contrairement à l’eau et aux autres petites molécules non chargées qui diffusent facilement à
travers la bicouche lipidique, les ions, même les plus petits, tels les ions hydrogène, sodium,
potassium, etc., traversent la bicouche lipidique environ 1 millions de fois moins rapidement
que les molécules d’eau. Par conséquent, un transport d’une telle importance doit s’effectuer à
travers les canaux protéiques. La diffusion à travers les pores est aussi une diffusion simple
mais portant sur des petites substances hydrosolubles ; on parle de la diffusion à travers les
canaux protéiques.
D’autres molécules lipo-insolubles peuvent aussi passer à travers les pores des canaux
protéiques de la même manière que les molécules d’eau si elles sont hydrosolubles et
suffisamment petites. Cependant, quand elles deviennent plus volumineuses, leur pénétration
diminue rapidement. A titre d’exemple, le diamètre de la molécule d’urée est plus grand que
celui de la molécule d’eau de seulement 20 pour cent, cependant son passage à travers les
pores de la membrane est 1000 fois moins que celui de l’eau. Malgré cette petite quantité qui
diffuse, le taux stupéfiant du passage de l’eau permet un transport rapide de l’urée à travers la
membrane en quelques minutes.
Certaines molécules, notamment le glucose et d’autres sucres simples, sont à la fois non
liposolubles et trop volumineuse pour passer à travers la bicouche lipidique ou les pores
136
Les reconstructions informatisées en trois dimensions ont montré que les canaux ioniques ou
protéiques étaient des protéines membranaires transfixiantes formant des pores ou conduites
aqueuses reliant le liquide extracellulaire au liquide intracellulaire. Par conséquent, les
substances peuvent diffuser directement à travers ces canaux d’un côté de la membrane à
l’autre.
Ces canaux se distinguent par trois caractéristiques importantes : (1) perméabilité sélective ;
(2) la majorité de ces canaux sont « vannés » ; (3) le mode de vannage. De plus, certains
canaux sont béants c’est-à-dire toujours ouverts.
5.2.2.1.1. Perméabilité sélective des canaux protéiques. La majorité des canaux protéiques
sont extrêmement sélectifs pour le transport d’un ou plusieurs ions ou molécules. Ainsi, il
existe des canaux sodiques qui ne laissent passer que les ions sodium : le canal sodique est
alors dit spécifique aux ions sodium.
Il existe un autre type de canaux protéiques spécifiques au transport des ions potassium.
Il existe des canaux pour le K+, le Na+, le Ca 2+ et le Cl−, et chacun présente plusieurs formes,
avec des propriétés différentes.
5.2.2.1.2. Portes des canaux protéiques ou vannage. Les portes ou vannes des canaux
protéiques sont un moyen pour contrôler leur perméabilité. Il s’agit des changements de
conformation des molécules de ces canaux, changements qui ont pour conséquence
l’ouverture ou la fermeture du canal. Dans le cas des canaux sodiques, il existe deux vannes :
une vanne sur le côté extracellulaire de la membrane et une deuxième vanne sur le côté
intracellulaire. Pour les canaux potassiques, il n’existe qu’une seule vanne se trouvant sur le
côté intracellulaire de la membrane. Le changement de conformation ouvrant ou fermant la
vanne est contrôlé par deux paramètres : le changement de voltage et la présence d’un ligand.
137
5.2.2.1.3. Canaux dépendant du voltage. Dans ce cas, la conformation moléculaire des portes
répond à un changement du potentiel électrique à travers la membrane cellulaire. Ainsi, quand
il y a une charge négative du côté interne de la membrane, les portes du canal sodique restent
bien fermées ; d’autre part, quand l’intérieur de la membrane perd sa charge négative, ces
portes s’ouvrent brusquement et permettent à d’énormes quantités de sodium de passer vers
l’intérieur. Ceci est la cause de la génération des potentiels d’action dans les nerfs qui sont
responsables du signal nerveux. Les portes potassiques s’ouvrent aussi quand l’intérieur de la
membrane cellulaire devient chargé négativement mais cette réponse est moins rapide que
celle des portes sodiques.
5.2.2.1.4. Canaux dépendant d’un ligand. Certaines portes des canaux protéiques sont
ouvertes après la fixation d’une autre molécule à la protéine ; ceci provoque un changement
de conformation de la molécule membranaire qui ouvre ou ferme ces portes. La molécule
protéique fixant une autre molécule est appelée récepteur − il s’agit ici d’un récepteur-canal −,
et la molécule fixée est le ligand. Il existe donc des canaux ligand-dépendants. L’un des
exemples de récepteur-canal le plus important est celui du récepteur de l’acétylcholine : le
ligand (acétylcholine) ouvre les portes du canal d’environ 0.65 nm de diamètre permettant à
toutes les molécules et aux petits ions de passer. Cette porte est extrêmement importante dans
la transmission des signaux d’une cellule nerveuse à une autre et des cellules nerveuses vers
les effecteurs musculaires ou glandulaires.
Elle est aussi appelée diffusion par l’intermédiaire d’un transporteur membranaire, car la
substance transportée de cette façon ne peut passer à travers la membrane qu’à l’aide d’un
transporteur protéique spécifique. C’est donc un mécanisme faisant intervenir un transporteur
spécifique intra-membranaire qui se lie au substrat et le rend liposoluble.Ce sont des
changements de conformation du transporteur protéique qui font passer le site de liaison d’une
face de la membrane à l’autre.
glucose est inhibé par la phlorétine. Par contre, l’insuline, une hormone pancréatique, accroît
l’activité de ce transporteur, augmentant ainsi la vitesse de la diffusion facilitée du glucose
d’environ 10 à 20 fois.
Le transport est limité par le nombre de récepteurs présents. Par exemple, lorsque tous les
transporteurs de glucose sont « occupés », on dit qu’ils sont saturés, et le transport du glucose
se fait alors à sa vitesse maximale. Ainsi, la diffusion facilitée diffère de la diffusion simple et
de la diffusion à travers les pores ; dans ces deux derniers processus la vitesse de la diffusion
croît proportionnellement avec la concentration de la substance considérée, alors que dans la
diffusion facilitée la vitesse atteint un maximum appelé Vmax quand la concentration de la
substance augmente. L’existence de Vmax est due à la conjonction d’au moins deux facteurs :
le nombre limité des sites de fixation du substrat dans le transporteur et la vitesse de
changement de conformation du transporteur protéique.
Parmi les substances les plus importantes qui traversent la membrane cellulaire par diffusion
facilitée figurent aussi la plupart des acides aminés.
L’oxygène, l’eau, le glucose et les acides aminés sont essentiels à l’homéostasie de la cellule.
Par conséquent, leur transport passif par diffusion représente une énorme économie d’énergie
cellulaire. Si toutes ces substances (et le gaz carbonique) devraient être transportées de façon
active, on constaterait un accroissement énorme de la dépense cellulaire d’ATP.
La perméabilité de la membrane à une substance donnée est exprimée par le débit net de la
diffusion de cette substance à travers chaque unité de surface membranaire pour une
139
Un autre facteur qui affecte la quantité de la diffusion est la superficie de la membrane. Donc,
pour déterminer la perméabilité totale d’une barrière de diffusion (membrane cellulaire, paroi
capillaire,…), on doit multiplier sa perméabilité par sa surface totale. Cette perméabilité totale
est exprimée en fonction du coefficient de diffusion ; sa relation avec la perméabilité est :
D=PxA
Soit deux compartiments e et i séparés par la membrane plasmique, et qu’il s’y trouve une
substance S dans des concentrations différentes [S]e et [S]i. Le débit de diffusion des
molécules de S est proportionnel à la différence de concentration ou gradient de concentration
entre les compartiments e et i, et l’on peut écrire :
Dans cette équation [S]e représente la concentration dans le compartiment e ; [S]i représente la
concentration dans le compartiment i et D le coefficient de diffusion de la membrane pour la
substance S.
140
Si l’on applique à une membrane semi-perméable un potentiel électrique, les ions, par suite de
leur charge électrique, se déplacent à travers la membrane, même s’il n’existe pas de gradient
de concentration capable de déterminer leur mouvement. Le déplacement des ions sous l’effet
du potentiel électrique va créer un gradient de concentration dans la direction opposée au
gradient électrique. Ainsi, la différence de concentration tend à faire déplacer les ions dans un
sens, alors que le gradient électrique tend à les faire déplacer dans l’autre sens. A l’équilibre,
les deux forces se neutralisent. A la température corporelle normale (37°C), la différence
électrique qui équilibre exactement une différence de concentration donnée d’ions univalents
peut être déterminée à partir de l’équation de Nernst :
Dans cette formule, FEM représente la force électromotrice (voltage) entre les côtés 1 et 2 de
la membrane, C1 représente la concentration du côté 1 et C2 la concentration du côté 2. La
polarité nécessaire est positive pour les ions négatifs, et négative pour les ions positifs. Cette
équation est extrêmement importante pour la compréhension de la transmission de l’influx
nerveux.
Dans certains cas, on note l’apparition d’une différence de pression considérable entre les
deux côtés d’une membrane semi-perméable. Ce phénomène se produit par exemple au
niveau de la paroi capillaire où la pression interne est supérieure de 20 mm Hg environ à la
pression externe. La pression correspond en fait à la somme de toutes les forces des
différentes molécules qui frappent une unité de surface en un moment donné. L’augmentation
de la pression d’un côté de la membrane est capable de produire un passage des molécules du
côté de haute pression vers celui de basse pression : c’est la filtration.
La filtration est le mécanisme par lequel l’eau et les solutés traversent une membrane ou la
paroi d’un vaisseau sous l’effet de la pression hydrostatique. Comme la diffusion, la filtration
est un processus de transport passif et fait intervenir le gradient de pression. La filtration tend
à faire passer un liquide contenant des solutés (filtrat) d’une région à pression élevée vers une
région à pression moins élevée. Dans les capillaires, la pression hydrostatique exercée par le
sang tend à faire sortir les liquides et ces liquides contiennent des solutés d’importance
variable pour les tissus. Les liquides secrétés par les reins sous forme d’urine sont également
141
produits par filtration. La filtration n’est pas sélective : seuls les globules sanguins et les
molécules de protéines, trop volumineux pour passer à travers les pores des membranes
restent dans le compartiment d’origine.
L’osmose c’est la diffusion nette d’eau résultant d’une différence de concentration de part et
d’autre d’une membrane. Dans ce cas la cellule se gonfle ou se rétracte en fonction de la
direction dans laquelle se fait la diffusion nette de l’eau.
Pour illustrer les mécanismes de l’osmose, nous allons considérer quelques systèmes non
vivants avant de décrire ce qui se produit dans l’organisme.
En présence d’eau distillée de deux côtés d’une membrane à perméabilité sélective, il n’y a
aucun mouvement osmotique net, bien que les molécules d’eau traversent la membrane dans
les deux sens. Cependant, dans une solution donnée, si la concentration de soluté augmente, la
concentration d’eau diminue ; par conséquent, si la concentration de soluté n’est pas la même
des deux côtés de la membrane, il y a aussi une différence entre les concentrations d’eau.
Dans ce cas, on dit que les deux solutions sont d’osmolarités différentes. Lorsque deux
solutions d’osmolarités différentes et de même volume sont séparées par une membrane qui
est perméable à toutes les molécules du système, il se produit simultanément une diffusion
nette de soluté et de l’eau, chacune des substances se déplaçant suivant son gradient de
concentration. Au bout d’un certain temps, les concentrations d’eau et de soluté sont les
mêmes dans les deux compartiments et le système atteint un état d’équilibre.
Si on considère le même système, mais avec une membrane imperméable aux molécules de
soluté, on obtient un résultat tout à fait différent. L’eau diffuse alors rapidement du
compartiment 1 au compartiment 2 et son mouvement se poursuit jusqu’à ce que sa
concentration (ainsi que celle du soluté) soit la même des deux côtés de la membrane.
Dans ce cas, l’équilibre résulte du seul mouvement de l’eau, lequel produit un changement de
volume remarquable dans les deux compartiments.
Dans les systèmes non vivants illustrant le mécanisme de l’osmose, les volumes des
compartiments peuvent augmenter indéfiniment, et on ne prend pas en considération la
pression exercée par le poids supplémentaire de la colonne de liquide la plus haute.
142
Les cellules animales ne sont pas entourées de parois rigides et ne comportent que des
membranes souples, par conséquent elles ne subissent pas de changements aussi marqués de
leur pression hydrostatique (ni osmotique). C’est ici qu’interviennent les notions de pression
osmotique et de tonicité.
Quand nous considérons l’osmose, à l’équilibre, il y a une différence de volume entre les deux
compartiments, représentée par la hauteur de la colonne de liquide (h). La force que cette
différence de niveau engendre compense une autre force, de valeur égale et de sens opposé,
que l’on appelle pression osmotique.
La pression osmotique exercée par des particules non diffusibles en solution, qu’il s’agisse de
molécules ou d’ions, est déterminée par le nombre de particules par unité de volume liquidien
et non par la masse des particules. Ce phénomène est dû à ce que chaque particule en solution,
quelle que soit sa masse, exerce en moyenne la même pression contre la membrane.
Cependant, les grosses particules qui ont une masse (m) plus importante se déplacent à une
vitesse (v) plus faible, alors que les petites particules se déplacent à des vitesses plus
importantes de telle façon que leurs énergies cinétiques deviennent identiques. En
conséquence, le facteur qui détermine la pression osmotique d’une solution est la
concentration de cette solution en fonction du nombre de particules (qui est le même que leur
concentration molaire lorsqu’il s’agit d’une molécule non dissociée) et non pas en fonction de
la masse du soluté.
Une osmole correspond au nombre de particules de soluté non dissociées exprimé en gramme.
Par exemple, 180 grammes de glucose équivalent à 1 mole de glucose, correspondent à 1
osmole de glucose parce que ce dernier n’est pas dissocié. Par contre si le soluté est dissocié
143
en deux ions, une mole de ce soluté est égale à 2 osmoles parce que le nombre de particules
actives du point de vue osmotique est maintenant deux fois plus grand que dans le cas d’un
soluté non dissocié. Dans ces conditions, 1 mole de NaCl, c’est-à-dire 58.5 g, est égale à 2
osmoles.
Dans le cas d’une solution qui a 1 osmole de soluté dissoute dans 1 Kg d’eau, on dit que
l’osmolalité est égale à 1 osmole par Kg et dans le cas d’une solution qui a 1/1000 osmole
dissoute par Kg, l’osmolalité est égale à 1 milliosmole par Kg. L’osmolalité normale des
liquides extracellulaire et intracellulaire est égale à environ 300 mOsm/Kg.
A la température corporelle normale, 37°C, une concentration égale à 1 Osm par litre
détermine une pression osmotique égale à 19 300 mmHg dans la solution. De même, une
concentration égale à 1 mOsm/l est équivalente à une pression osmotique de 19.3 mmHg. En
multipliant cette valeur par 300 mOsm des liquides corporels, on a une pression osmotique
totale de 5 790 mmHg pour ces liquides. La valeur mesurée fait en moyenne 5 500 mmHg. La
raison de cette différence est que beaucoup d’ions dans les liquides corporels, tels que les ions
sodium et les ions chlore, sont fortement attirés les uns par les autres. Alors, ils ne peuvent
pas se déplacer librement dans ce liquide et créer leur potentiel osmotique total. Ainsi, en
moyenne, la pression osmotique réelle est d’environ 0.93 fois la valeur calculée.
5.2.4.5. Osmolarité
Par suite des difficultés que l’on rencontre pour mesurer des kilogrammes d’eau dans une
solution, lorsqu’on parle des caractéristiques osmotiques des liquides biologiques on emploi
l’expression « osmolarité » ; cette dernière correspond à la concentration osmolaire exprimée
en osmoles par litre de solution et non en osmoles par kilogrammes d’eau. Bien qu’au sens
strict l’osmolalité exprime mieux la pression osmotique, dans le cas des solutions diluées,
comme celle que l’on rencontre dans l’organisme, les différences quantitatives entre
l’osmolalité et l’osmolarité sont inférieures à 1 p. 100 ; on préfère donc utiliser l’expression
« osmolarité » dans les études physiologiques, surtout que cette valeur est plus commode à
calculer.
144
On parle de transport actif quand la membrane cellulaire déplace les molécules ou les ions
contre un gradient de concentration et avec consommation d’énergie.
Les différentes substances qui sont activement transportées à travers la membrane cellulaire
sont les ions sodium, potassium, calcium, fer, hydrogène, chlore, l’iode, l’urée, plusieurs
sucres et la plupart des acides aminés.
Selon la source d’énergie dont ils dépendent pour assurer le transport, on divise le transport
actif en deux types : le transport actif primaire et le transport actif secondaire. Le transport
actif primaire est alimenté directement par l’hydrolyse de l’ATP ou d’un autre composé
phosphate haute énergie. Dans le transport actif secondaire, l’énergie est dérivée
secondairement de l’énergie qui a été stockée sous forme de gradients ioniques ou chimiques
de part et d’autre de la membrane cellulaire, à la suite du fonctionnement des pompes de
transport actif primaire. Dans les deux cas, le transport fait intervenir des transporteurs
protéiques situés dans la membrane cellulaire comme la diffusion facilitée. Cependant, dans le
transport actif, la protéine porteuse fonctionne différemment de celle de la diffusion facilitée,
parce qu’étant capable d’utiliser de l’énergie pour transporter la substance contre le gradient
électrochimique. Dans les lignes qui suivent nous allons détailler quelques exemples de
transports actifs et secondaires, avec leurs principes de fonctionnement.
Parmi les substances qui sont transportées par transport actif primaire se trouvent le sodium
(Na+), le potassium (K+), le calcium (Ca2+), l’hydrogène (H+), le chlorure (Cl-), et quelques
autres ions.
La pompe à sodium-potassium est le mécanisme de transport actif qui a été le plus étudié et
avec beaucoup de détails. C’est un système de transport qui, au niveau de la membrane
cellulaire de toutes les cellules, expulse les ions Na+ hors de la cellule et simultanément
transporte les ions K+ à l’intérieur de la cellule. Cette pompe est responsable du maintien des
145
La pompe à Na+-K+ est une machine macromoléculaire qu’on retrouve dans les membranes de
surface de toutes les cellules animales. La protéine de transport est une enzyme membranaire
composée de deux sous-unités faites de protéines globulaires :une plus grande appelée sous-
unité α, d’un poids moléculaire d’environ 100.000, et une plus petite appelée sous-unité β,
d’un poids moléculaire d’environ 55.000. Bien que la fonction de la petite sous-unité ne soit
pas très bien connue (elle pourrait servir de complexe protéique d’ancrage aux lipides
membranaires), la grande sous-unité a trois aspects spécifiques qui sont importants pour le
fonctionnement de la pompe:
1. Elle dispose de trois sites récepteurs sur la portion de la protéine faisant protrusion sur le
versant intracellulaire : ils servent à lier les ions sodium.
2. Elle a deux sites récepteurs pour les ions potassium sur le versant extracellulaire.
3. Sa portion intérieure, proche des sites de liaison du sodium, possède une activité ATPase.
Le modèle de fonctionnement de la pompe est le suivant: lorsque deux ions potassium se
fixent sur le versant extracellulaire et que trois ions sodium se fixent sur le versant
intracellulaire, la fonction ATPase de la protéine devient activée. Elle clive ensuite une
molécule d’ATP, scindant l’adénosine diphosphate (ADP) et libérant l’énergie d’une liaison
phosphate haute énergie. L’énergie ainsi libérée sert à causer un changement chimique et de la
conformation de la protéine porteuse, expulsant les trois ions et incorporant les deux ions
potassium. Ainsi, cette enzyme membranaire transporte ses substances selon le modèle
stoïchiométrique. Les deux mouvements sont si intimement couplé que la pompe est dite
pompe à Na+-K+. Ce couplage peut être exprimé dans une équation stoïchiométrique simple.
Pompe
L’équation dit que 3 Na+ sont expulsés pour chaque 2 K+ incorporés. Donc nous avons un
rapport 3: 2.
146
Dans certaines cellules, comme les cellules nerveuses électriquement actives, les cellules du
tubule rénal et les hématies, 60 à 70 pour cent des besoins énergétiques relèvent du
fonctionnement de la pompe à Na+-K+.
Le contrôle du volume cellulaire est l’une des plus importantes fonctions de la pompe sans
laquelle beaucoup de cellules du corps, les hématies notamment, pourraient se gonfler jusqu’à
l’éclatement. Le mécanisme de contrôle du volume cellulaire est le suivant : à l’intérieur de la
cellule on trouve une grande quantité de protéines et d’autres composés organiques qui ne
peuvent pas s’échapper de la cellule ; la plupart de ces molécules sont chargées négativement
et attirent de grandes quantités de potassium, de sodium, et de nombreux autres cations.
Toutes ces substances provoquent ainsi un mouvement osmotique de l’eau vers la cellule ; si
la distribution de ces particules osmotiquement actives n’est pas contrôlée, la cellule se
gonflera d’eau indéfiniment jusqu’à ce qu’elle s’éclate. Cependant, ceci n’arrive pas grâce au
fonctionnement de la pompe à Na+-K+: celle-ci pompe trois ions sodium vers l’extérieur de la
cellule contre deux ions potassium vers l’intérieur. En plus, la membrane est beaucoup moins
perméable aux ions sodium qu’aux ions potassium, donc une fois à l’extérieur, les ions
sodium auront une forte tendance à y rester. Ceci représente une perte nette et continue des
substances ioniques à l’extérieur de la cellule ce qui provoque une sortie d’eau vers l’extérieur
de la cellule. En outre, quand la cellule commence à se gonfler elle active automatiquement la
pompe à Na+-K+, produisant l’expulsion des ions accompagnés de molécules d’eau vers le
milieu extracellulaire. Ainsi, la pompe à Na+-K+ permet la surveillance et le maintien continu
du volume normal de la cellule.
Le fait que la pompe à Na+-K+ déplace trois ions Na+ à l’extérieur pour chaque deux ions K+
transportés à l’intérieur veut dire qu’à chaque cycle de fonctionnement il y a un transfert net
d’une charge positive hors de la cellule. Ceci crée une positivité à l’extérieur de la cellule
mais laisse un déficit d’ions positifs à l’intérieur de la cellule ; ce qui cause une négativité à
l’intérieur. Puisqu’il se crée un potentiel électrique de part et d’autre de la membrane
cellulaire sous l’effet de son fonctionnement, la pompe à Na+-K+ est dite électrogène.
147
Le pompage du sodium peut être arrêté par les médicaments appelés glycosides cardiaques ou
stéroïdes cardiotoniques. Ce sont des dérivées glycosylés utilisés dans le traitement de la
décompensation cardiaque. Ces produits naturels bénéfiques mais potentiellement très
toxiques sont extraits des plantes du genre Digitalis, Strophantus et Urginea et ont pendant
longtemps fait partie de la pharmacopée herbeuse au cours de siècles. Les glycosides
cardiaques inhibent la pompe à Na+ - K+ d’une façon spécifique : ils entrent en compétition
avec les ions K+ extracellulaire pour la même forme du système de transport.
- par le contrôle des particules osmotiquement les plus importantes (ions), la pompe, en
association avec la « fuite » ionique régule le volume cellulaire ;
- dans plusieurs cellules, l’énergie stockée dans le gradient du Na+ est utilisée pour
assurer le transport onéreux des acides aminés, des sucres et d’autres ions et substrats
vitaux vers l’intérieur de la cellule, processus appelé transport actif secondaire étant
donné que ce transport couplé n’est pas alimenté directement par l’ATP ;
- en plus, beaucoup d’enzymes cytoplasmiques sont stimulées, activées par les ions K+
et inhibées par les ions Na+ ;
- la pompe revêt une importance particulière dans les cellules excitables électriquement
comme la cellule nerveuse ou la cellule musculaire ; en effet ces cellules utilisent les
gradients de Na+ et de K+ pour produire les courants électriques des signaux. Le nerf et
le muscle utilisent aussi l’énergie stockée dans le gradient de sodium pour acheminer
les ions Ca2+ hors de la cellule ;
148
6.3.3. Transport actif primaire des ions calcium et d’autres substances : Autres ATP
ases de transport
En dehors de la pompe à Na+- K+, il existe d’autres ATP ases membranaires assurant le
transport transmembranaire. Dans les cellules animales, au moins cinq types d’ATP ases
assurant le transport actif de petits cations hors du cytoplasme ont été identifiés. Ces ATP ases
de transport (pompes), à l’instar de la pompe à Na+- K+, établissent toutes d’importants
gradients électrochimiques des substances qu’elles pompent ; elles utilisent un mécanisme
comportant des modifications de conformation E1–E2 et une phospho-enzyme intermédiaire.
Parmi les ATP ases de transport nous avons les pompes à Ca2+ et les pompes à H+.
Les pompes calciques ou ATP ases activées par le Ca2+ sont impliquées dans de nombreux
processus physiologiques et on les retrouve dans de nombreuses structures membranaires des
cellules : la membrane plasmique, la membrane de certains organelles cytoplasmiques.
La pompe calcique membranaire pompe les ions calcium à l’extérieur de la cellule. La pompe
calcique de la membrane de certains organelles pompe les ions calcium dans la lumière d’un
ou de plusieurs organelles intracellulaires vésiculaires comme le réticulum sarcoplasmique
des cellules musculaires et les mitochondries dans toutes les cellules.
Ce sont des mécanismes de transport actif primaire. Dans chacun de ces cas, la protéine
porteuse traverse la membrane et fonctionne comme une enzyme ATPase, ayant la même
capacité de cliver l’ATP comme l’ATPase de la protéine porteuse du sodium. La différence
est que la protéine des ATPases à calcium possède un site de fixation hautement spécifique au
calcium à la place du sodium. La pompe à Ca2+ de la membrane correspond à une activité
ATP asique activée par le Ca2+, le Ca2+ est expulsé hors du cytoplasme contre son gradient de
concentration avec hydrolyse de l’ATP.
149
Le transport actif primaire des ions hydrogène est particulièrement important à deux endroits
de l’organisme: (1) dans les glandes gastrique de l’estomac, et (2) dans le néphron au niveau
du tube distal et des tubes collecteurs corticaux.
Au niveau des glandes gastriques, les cellules pariétales de la muqueuse gastrique possèdent
le plus puissant mécanisme de transport actif des ions hydrogène de l’organisme. Cette pompe
à protons transporte les protons du cytoplasme vers la lumière, c’est-à-dire dans le suc
gastrique), contre un immense gradient de concentration. Le pompage est assuré par une
ATPase H+ - K+ qui semble assurer un échange électro-neutre d’un proton contre un ion K+
par liaison haute énergie clivée. C’est la base de la sécrétion de l’acide chlorhydrique dans le
suc gastrique.
Dans le néphron (tubule rénal) se trouvent des cellules intercalées spéciales situées au niveau
du tube distal et des tubes collecteurs corticaux. Elles transportent aussi activement les ions
hydrogène par un mécanisme de transport actif primaire. Dans ce cas, de grandes quantités
d’ions hydrogène sont sécrétés du sang dans l’urine dans le but d’éliminer l’excès de ces ions
des liquides corporels. Les ions hydrogène peuvent être sécrétés dans l’urine contre un
gradient de concentration gradient d’environ 900 fois.
La quantité d’énergie nécessaire au transport actif d’une substance à travers la membrane est
déterminée par le degré de concentration de cette substance durant le transport. Pour
concentrer les substances dix fois ou cent fois plus, il faut deux fois plus d’énergie, et pour la
concentrer mille fois plus, il en faut trois fois plus. Donc, l’énergie nécessaire est
proportionnelle au logarithme du degré de la concentration de la substance considérée,
exprimée par la formule suivante :
L’énergie étant en calories, la quantité d’énergie nécessaire pour concentrer dix fois 1 osmole
de la substance est environ de 1 400 calories, et pour cent fois est de 2 800 calories. On
remarquera que l’énergie dépensée pour concentrer des substances dans les cellules ou pour
les en expulser contre un gradient de concentration peut être énorme. Certaines cellules telles
que les cellules des tubules rénaux, ainsi que la plupart des cellules glandulaires, dépensent
150
En faisant passer le sodium ou les protons à travers la membrane plasmique contre leurs
propres gradients, les pompes primaires emmagasinent de l’énergie sous forme de gradient
ionique. En effet, lorsque les ions sodium (ou les protons) sont transportés à l’extérieur des
cellules par transport actif primaire, il s’établit un gradient de concentration sodique (ou
protonique) important de part et d’autre de la membrane cellulaire — une concentration
élevée à l’extérieur et une concentration très basse à l’intérieur. Ce gradient représente une
énergie emmagasinée parce que l’excès de sodium (ou de proton) à l’extérieur de la
membrane cellulaire amène toujours cet ion à diffuser à l’intérieur. Tout comme l’eau qui a
été pompée vers le haut peut effectuer un travail lorsqu’elle redescend (par exemple activer
une turbine), toute substance qui a été transportée activement à travers une membrane peut
effectuer un travail lorsqu’elle revient à son point de départ. Dans les conditions appropriées,
l’énergie de cette diffusion (retour au point de départ) pourra servir pour le transport d’autres
substances avec le sodium (ou le proton) à travers la membrane cellulaire. Ce phénomène est
appelé co-transport ; c’est une des formes du transport actif secondaire.
Pour que le sodium (ou le proton) puisse transporter avec lui une autre substance, un
mécanisme couplé est nécessaire. Ceci est assuré encore par la présence d’une protéine
porteuse (un transporteur) dans la membrane cellulaire. Le transporteur servira dans ce cas
comme site de fixation à la fois de l’ion Na+ (ou du proton) et de la substance à transporter.
Dès que les deux sont fixés, le changement de conformation de la protéine transporteuse se
produit et le gradient d’énergie de l’ion sodium entraîne le transport simultané des deux,
ensemble, vers l’intérieur de la cellule.
En ce qui concerne le contre-transport, les ions sodium sont de nouveau prêts à diffuser vers
l’intérieur de la cellule à cause de leur fort gradient de concentration. Cependant, la substance
à transporter se trouve à l’intérieur de la cellule et doit être transportée vers l’extérieur de la
cellule. Ici encore il faut un transporteur protéique : l’ion sodium se fixe sur son site situé sur
la partie extracellulaire du transporteur et la substance à contre-transporter sur la partie
intracellulaire. Dès que les deux sont fixés, le changement de conformation se produit de
nouveau, et l’énergie fournie par le mouvement de l’ion sodium de l’extérieur vers l’intérieur
151
Ainsi, divers acides aminés, certains sucres et de nombreux ions sont co-transportés de cette
façon vers l’intérieur des cellules qui tapissent l’intestin grêle. Bien que les deux substances
ainsi transportées se déplacent de façon passive, le sodium doit être à nouveau pompé vers la
lumière capillaire pour que son gradient de diffusion soit maintenu.
Deux mécanismes de contre-transport particulièrement importants sont celui portant sur les
ions calcium et celui portant sur les ions hydrogène.
Le transporteur protéique impliqué dans ce transport possède deux sites de fixation sur son
côté extérieur : un pour le sodium et un autre pour le glucose. Aussi, la concentration des ions
sodium est très élevée à l’extérieur et très basse à l’intérieur, pourvoyant ainsi de l’énergie
pour le transport. Une propriété spécifique du transporteur protéique est que le changement de
conformation permettant le mouvement du sodium vers l’intérieur ne se produit pas jusqu’à ce
que la molécule de glucose soit aussi fixée. Dès que les deux sont tous fixés, le changement
de conformation se produit automatiquement, et le sodium et le glucose sont transportés à
l’intérieur de la cellule simultanément. C’est ainsi que l’on parle d’un mécanisme de co-
transport sodium-glucose.
Ce transport est restreint à l’intestin, au rein et à petit nombre d’organes. C’est ainsi que
l’absorption du sucre à partir de la lumière intestinale exige la présence d’ions Na+ dans la
lumière, et l’absorption d’ions Na+ à partir de la lumière est augmentée par la présence des
sucres transportables dans la lumière. Le mouvement d’une mole de sucre est accompagné
d’un mouvement parallèle de 1 ou 3 moles d’ions Na+ et est électrogène. Le transport actif
152
secondaire des sucres (glucose) subit une inhibition compétitive par la phloridzine (glycoside
végétale) à des concentrations de 10-6 M.
La plupart des cellules du corps par contre dont le muscle et le GR, reçoivent leur glucose par
un mécanisme de diffusion facilitée, Na+-indépendant au niveau de leurs membranes de
surface.
Le co-transport sodium-dépendant des acides aminés se déroule de la même manière que celui
du glucose, sauf qu’il se fait à l’aide d’un complexe protéique de transport différent. Cinq
protéines de transport des acides aminés ont été identifiées. Chacune d’elles assure le
transport d’un sous-groupe d’acides aminés avec des caractéristiques moléculaires
spécifiques.
Comme pour le glucose, ce transport actif secondaire des acides aminés couplé au sodium se
déroule dans toutes les cellules de l’organisme, particulièrement au niveau de l’intestin et du
rein, rendant ainsi possible l’absorption de ces substances dans le sang.
Les acides aminés peuvent ainsi être accumulés dans le cytoplasme de l’entérocyte à des
concentrations de loin supérieures à celles du milieu extracellulaire par le processus de
transport Na+ - dépendant décrit supra. L’entrée des acides aminés montre une cinétique de
saturation avec respect de la concentration d’acides aminés. Si un acide aminé simple comme
la glycine ou l’alanine est absorbé, l’entrée est électrogène, rendant le cytoplasme plus positif.
Le transport d’acides aminés est un mécanisme de co-transport pour les acides aminés et les
ions Na+.
Les neurotransmetteurs sont des médiateurs chimiques libérés par les terminaisons nerveuses
au niveau des jonctions synaptiques (neuro-nerveuses ou neuro-effectrices), pour
communiquer avec d’autres cellules. Une fois libéré, le neurotransmetteur pourra alors agir
sur les récepteurs membranaires de la cellule-cible, et il est ensuite récapté par la cellule
nerveuse grâce à un système de haute affinité sodium-dépendant. Le recaptage met fin à
l’action du médiateur et refait le plein du stock dans la terminaison nerveuse. Les systèmes de
captage Na+-dépendants ont été mis en évidence pour la choline, le GABA, le glutamate, la
glycine, la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine.
Ils sont aussi dits moyens d’échange couplés au Na+. En effet, les gradients ioniques peuvent
également servir de source d’énergie aux systèmes antiport comme ceux qui expulsent des
ions hydrogène (H+) et calcium (Ca2+) à l’aide du gradient de sodium.
Le système de transport actif secondaire sodium-dépendant des ions calcium existe dans
toutes ou presque toutes les membranes de surface des cellules. Les ions sodium diffusent à
l’intérieur et les ions calcium sont expulsés, étant tous fixés à la même protéine de transport
dans un mode d’échange. Ce mécanisme de transport intervient, avec le système de transport
actif primaire des ions calcium qui se déroule dans certaines cellules, au maintien de la
concentration intracellulaire très basse de l’ion Ca2+ libre (habituellement en dessous de 10-7
M, malgré une concentration calcique extracellulaire de 1 à 4.10-3 M et un potentiel de
membrane négatif qui favorisent l’entrée du Ca2+). Toutefois, l’on ne saurait dire lequel de
deux mécanismes est prédominant ; le mécanisme d’échange est prédominant dans les cellules
excitables, qui ont en moyenne un potentiel de repos plus négatif que les autres types de
cellule.
Un autre ion divalent, le Mg2+ a une concentration libre intracellulaire plus basse (environ
1.10-3 M) que celle prévue par l’équilibre. Dans les membranes axonales tout au moins, il
existe un transporteur échangeur Na+-Mg2+ ATP indépendant qui maintient la concentration
154
L’échangeur Na+-H+ fonctionne dans la membrane plasmique de toutes les cellules animales.
Le pH du sang et celui des cellules sont étroitement régulés, malgré la production d’ions H+
liée à l’alimentation et à l’activité métabolique. Les mécanismes de transport déplaçant les
protons et d’autres déplaçant les ions bicarbonate contribuent à cette régulation. Le
cytoplasme des cellules des vertébrés a pratiquement le même pH que le liquide interstitiel,
entre 7.1 et7.4. Si les protons étaient en équilibre électronique de part et d’autre de la
membrane plasmique, le pH intracellulaire serait approximativement d’une unité plus basse
que le pH extracellulaire à cause de la négativité du potentiel de membrane. En effet des
potentiels membranaires de repos de l’ordre de −40 à −90 mV correspondraient à des valeurs
d’équilibre du pH intracellulaire de 0,7 à 1,6 unités plus basses que le pH extracellulaire. Dès
lors, toutes les cellules ont besoin d’un transport actif des équivalents acide du cytoplasme
vers le plasma.
(iii) c’est un maillon de la voie de signalisation cellulaire basée sur les variations du pH
cellulaire.
En effet, dès son entrée dans le courant sanguin, le CO2, une petite molécule neutre diffuse
promptement à travers la membrane plasmique du GR vers l’intérieur où l’anhydrase
carbonique (AC) catalyse sans hydratation, les ions HCO3- intracellulaires qui en résultent
sont ensuite retournés dans le plasma sanguin en échange contre les ions Cl- du plasma. Cet
échange, le « déplacement du chlorure » accroît de façon considérable la capacité effective de
transport du CO2 par le sang. Au niveau des poumons, ce processus est inversé pour libérer le
CO2 dans les gaz expirés.
5.3.7.3.2. Echangeurs complexes de Cl-. Ils échangent HCO3- + Na+ contre Cl- + H+ et pour
certains NaCO3- contre Cl-. Tous ces mécanismes sont électro-neutres comme dans celui d’un
simple échange d’anions.
La pompe à sodium et les autres mécanismes de transport que nous venons de décrire servent
ainsi à conduire des flux nets de solutés à travers des assises cellulaires entières dans plusieurs
épithéliums de transport. Ces mécanismes de transport sont donc indispensables à l’absorption
des nutriments dans l’intestin, à la formation des urines, et à la sécrétion de la salive, des sucs
digestifs, du liquide céphalo-rachidien et de l’humeur vitrée.
Typiquement, un épithélium de transport ne comporte qu’une seule assise cellulaire qui
présente deux pôles : un pôle apical ou muqueux et un pôle basal ou séreux. Donc le transport
156
transépithélial est un transport polarisé : les solutés transportés entrent dans la cellule par un
pôle et la quittent par l’autre pôle.
Ainsi dans un épithélium de transport, notamment dans un épithélium absorbant les
mécanismes de transport de Na+ ont des localisations préférentielles sur les faces muqueuse
(pôle apical) ou séreuse (pôle basal) de l’épithélium. Les sites de la pompe à Na+ sont sur le
versant basal de l’épithélium. Cette pompe expulse les ions Na+ dans le milieu interstitiel et
incorpore le K+ dans la cellule. La conséquence de cette activité est la mise en place d’un
gradient de concentration de Na+ dirigé vers l’entrée, et peut-être d’un gradient électrique
d’entrée, sur le versant luminal. Selon l’épithélium, la membrane luminale permet l’entrée du
Na+ par plusieurs mécanismes : pores Na+ sélectifs (PNa+) qui sont bloqués par l’amiloride ;
co-transport sodium-dépendant des nutriments qui passent ensuite dans le liquide interstitiel
par diffusion simple ou facilitée – la sortie du glucose sur le versant basal peut être bloquée
par la phlorétine - ; co-transport Na+ Cl-.
Des potentiels électriques existent de part et d’autre des membranes de pratiquement toutes
les cellules de l’organisme. Toutefois, certaines cellules, comme les cellules nerveuse et
musculaire, ont la propriété de modifier leurs potentiels de membrane les faisant passer de l’état de
polarisation à l’état de dépolarisation et cela en une fraction de seconde. Ces impulsions
électrochimiques ou influx sont utilisés pour transmettre les signaux le long des membranes de
ces cellules. En outre, dans d’autres types de cellules, comme les cellules glandulaires, les
macrophages, et les cellules ciliées, les modifications locales des potentiels de membrane
activent aussi plusieurs fonctions cellulaires. Dans ce chapitre, nous discutons des potentiels
de membrane au repos et des potentiels d’actions des cellules nerveuse et musculaire.
Objectifs
Décrire les différents types de fibres nerveuses et leurs caractères distinctifs par
rapport à la propagation de l’influx nerveux
Plan du Chapitre
La différence de potentiel E, mesurée en volts est définie par le travail que nécessite le
déplacement d’une charge donnée entre deux points. Le travail électrique pour déplacer un
Faraday de charge à travers une différence de potentiel E est F.E.
Wélectrique = ns zs F.E
Dans les cellules eucaryotes il existe une différence de potentiel électrique de part et d’autre
de la membrane plasmique. Cette différence de potentiel électrique ou voltage ou potentiel de
membrane résulte de la séparation de charges de signe opposé.
Au repos, les cellules eucaryotes sont donc électriquement polarisées: le cytoplasme est
chargé négativement par rapport au LEC. On peut mesurer cette différence de potentiel à
l’aide d’une micropipette capillaire en verre et d’un voltmètre. Avec un tel montage, on
mesure donc le potentiel de membrane EM. Les potentiels de membrane sontdonc mesurés en
tant que différence de potentiel en deux points, et les potentiels de membrane des cellules
isolées sont toujours définis comme la différence entre le potentiel intracellulaire et le
potentiel extracellulaire (EM = Ei - Ee).
Au repos, le potentiel de membrane EM est négatif ; cela veut dire que l’intérieur de la cellule
est chargé négativement par rapport à l’extérieur. Le potentiel de membrane change pendant
l’activité : il s’élève à la suite des mouvements ioniques comme nous le verrons plus loin.
Dans une fibre nerveuse il existe un important gradient de concentration de l’ion potassium de
part et d’autre de la membrane : du côté intracellulaire la concentration est élevée, alors
160
qu’elle est très basse de l’autre du côté extracellulaire. Supposons que cette membrane soit
perméable uniquement aux ions potassium et non aux autres ions. Puisqu’il existe un
important gradient de concentration potassique de l’intérieur vers l’extérieur, il y aura une
forte tendance pour les ions potassium de diffuser selon ce gradient vers l’extérieur à travers
la membrane. Avec 1’accumulation des charges positives dans le compartiment
extracellulaire, un champ électrique va se mettre en place, s’opposant à un mouvement plus
prononcé des ions K+. Ce processus peut durer seulement une fraction de milliseconde avant
d’atteindre la condition d’équilibre électrochimique. En une fraction de milliseconde, la
différence de potentiel entre l’intérieur et l’extérieur, appelée potentiel de diffusion, devient
suffisamment grande pour bloquer toute diffusion nette ultérieure du potassium à l’extérieur,
malgré le gradient de concentration potassique élevé. La diffusion d’ions K+ selon leur
gradient de concentration a créé un léger déséquilibre des charges suffisant pour l’instauration
d’un potentiel membranaire d’équilibre stable. Normalement, dans la fibre nerveuse de
mammifère, la différence de potentiel requise est d’environ 94 millivolts, avec la négativité du
coté intérieur de la membrane de la fibre.
Le mouvement des ions diffusibles de part et d’autres de la membrane obéit à deux forces : la
force chimique (= gradient chimique ou de concentration) et la force électrique (vo1tage ou
potentiel). L’équilibre s’établit lorsque les deux forces se neutralisent exactement. Le
potentiel permettant cet équilibre est appelé le potentiel d’équilibre de Nernst pour l’ion
concerné. C’est un terme que nous avons introduit au Chapitre 5. La valeur de ce potentiel
peut être déterminée par le rapport des concentrations de l’ion concerné de part et d’autre de
la membrane. L’équation suivante, appelée équation de Nernst établit la relation
mathématique qui existe entre le potentiel électrique et le gradient de concentration. Elle peut
161
être utilisée pour calculer le potentiel de Nernst pour tout ion monovalent à la température
corporelle normale de 98,6°F (37°C):
L’équation de Nernst peut être exprimée d’une autre façon, quand on considère que
conventionnellement en biologie, les potentiels de membrane sont définis comme la
différence entre l’intérieur et l’extérieur, ce qui donne :
En convertissant en log10 et en calculant RT/F pour 20°C, nous avons une expression plus
pratique :
En regardant cette équation (3), il se dégage que pour un ion monovalent, un gradient de
concentration dix fois plus grand peut produire un potentiel de membrane de 58.2mV. Le
signe du potentiel change si le signe de l’ion diffusible change et si la direction du gradient
change.
Pour les ions K+ chez les mammifères, le gradient chimique direct de sortie est de 39 fois plus
grand et la valeur calculée de EK+ à 20°C est de - 92 mV.
Pour les ions Na+, le gradient chimique d’entrée est 12 fois plus grand, ce qui donne ENa+ = +
67 mV.
Le potentiel membranaire de repos mesuré au niveau de la cellule musculaire est plus sous la
dépendance de EK+ (donc proche de EK+) que de ENa+ parce que la membrane au repos est
normalement beaucoup plus perméable aux ions K+ qu’aux ions Na+.
EM=RT/F ln((PK+[K+]e+PNa+[Na+]e+PCl˗[Cl˗]i)/(PK+[K+]i+PNa+[Na+]i+PCl˗[Cl˗]e))
Où PK+, PNa+ et PCl˗ sont la perméabilité membranaire aux ions potassium, sodium et chlorure.
Cette équation stipule la même chose que celle de Nernst et indique que les ions qui ont un
facteur Perméabilité x Concentration plus grand contribuent de façon plus importante au
potentiel de membrane. Si la perméabilité à tous les ions est nulle, sauf à un seul, nous
retrouvons l’équation de Nernst.
(Na+) contre 2 admis (K+), l’activité de la pompe correspond à la perte nette d’une charge
positive, ce qui laisse l’intérieur de la cellule plus négative.
Il existe dans la membrane de la fibre nerveuse au repos des canaux protéiques non vannés ou
béants dits canaux de « fuite » à travers lesquels les ions potassium et sodium peuvent passer
librement. Ceci est illustré à la Figure 5–4 qui montre un canal protéique dans une membrane
nerveuse. Ce canal est appelé canal de “fuite” potassique-sodique. De nombreuses protéines
de ce type ont été actuellement mises en évidence, avec des caractéristiques différentes. Ce
qui est remarquable c’est la fuite du potassium : en général ces canaux, et par conséquent la
membrane de la fibre nerveuse, sont 100 fois plus perméables aux ions potassium qu’aux ions
sodium. Cette différence de perméabilité est excessivement importante dans la détermination
du niveau du potentiel de repos de la membrane.
Le potentiel de potentiel de Nernst pour l’ion sodium est de +67 millivolts ; mais comme la
membrane est plus perméable aux ions potassium, le potentiel de diffusion de l’ion sodium
doit être combiné au potentiel de diffusion de l’ion potassium et ceci donne, en vertu de
l’équation de GHK, une valeur de −86 millivolts, compte tenu de la prédominance de la
diffusibilité de l’ion potassium à travers la membrane (100 fois plus que l’ion sodium)
La pompe à Na+-K+ pourvoit une contribution additionnelle au potentiel de repos. Le fait que
la quantité d’ions sodium pompés à l’extérieur dépasse celle d’ions potassium pompés à
l’intérieur cause une perte continue des charges positives depuis l’intérieur de la membrane;
ceci crée un degré supplémentaire de négativité (environ –4 millivolts supplémentaire) à
l’intérieur en plus de ce qui est apporté par la diffusion seule.
En résumé, les potentiels de diffusion seuls causés par la diffusion de potassium et sodium
concourent au potentiel de membrane pour environ –86 millivolts, la quasi-totalité
pratiquement étant déterminée par la diffusion du potassium. Ensuite, un supplément de –4
millivolts est apporté au potentiel de membrane par l’action continue de la pompe à Na+-K+
électrogène, donnant un potentiel de membrane net de –90 millivolts.
Les signaux nerveux sont transmis par des potentiels d’action ; ces derniers sont des
changements rapides du potentiel de membrane qui se propagent rapidement le long de la
membrane de la fibre nerveuse. Chaque potentiel d’action commence avec un changement
brusque du potentiel qui part soudainement de sa valeur négative de repos, dépasse 0 millivolt
et amorce son retour vers la valeur négative tout aussi rapidement. La durée totale du
phénomène ne dépasse pas quelques millisecondes. Pour conduire un signal nerveux, le
potentiel d’action chemine le long de la fibre nerveuse jusqu’à atteindre l’extrémité de la
fibre.
166
Cette phase est caractérisée par deux processus qui se suivent : l’accroissement de la
perméabilité au sodium et inversiondu potentielde membrane et la diminution de la perméabilité
au sodium.
A ce moment, la membrane devient très brusquement perméable aux ions sodium : les charges
positives portées par ces ions diffusent du compartiment extracellulaire vers le compartiment
intracellulaire de l’axone. L’état “polarisé” de repos (–90 millivolts) est immédiatement
neutralisé par l’entrée des ions sodium charges positivement, avec montée rapide du potentiel
167
vers des valeurs positives. Ceci est appelé dépolarisation. Par convention, une cellule est dite
en dépolarisation lorsque son potentiel de membrane devient moins négatif.
Dans les grosses fibres nerveuses, l’afflux massif d’ions sodium positifs vers l’intérieur
amène le potentiel de membrane à un niveau critique appelé seuil d’excitation (souvent situé
entre -55et -50 millivolts), puis à environ +30 millivolts. Dans certaines petites fibres, mais
aussi dans plusieurs neurones du système nerveux central, le potentiel s’approche simplement
de 0 et n’atteint pas le seuil critique qui amène à des valeurs positives.
Quand le seuil est atteint, le processus de dépolarisation se poursuit de lui-même, alimenté par
la rétro-activation. Autrement dit, après avoir été déclenchée par le stimulus, la dépolarisation
de l’axone se poursuit grâce aux courants ioniques engendrés par les entrées de sodium. A
mesure que s’accroît la quantité de sodium qui entre dans la cellule, le voltage est à nouveau
modifié et ouvre d’autres canaux à sodium voltage-dépendants jusqu’à ce que tous les canaux
à sodium soient ouverts. A ce moment-la, la perméabilité aux ions sodium est environ 1000
fois plus grande qu’elle ne l’est dans un neurone au repos. Ainsi, le potentiel de membrane
devient de moins en moins négatif puis monte à environ +30 mV à mesure que les ions
sodium diffusent vers l’intérieur de la cellule (gradient électrochimique). Cette dépolarisation
et cette inversion de polarité rapides de la membrane plasmique de l’axone produisent le pic
du potentiel d’action.
potassium diffusent passivement vers l’extérieur de la cellule, dans le sens de leur gradient
électrochimique. L’intérieur de la cellule perd progressivement sa positivité, et le potentiel de
membrane revient au niveau de repos. Ce phénomène est appelé repolarisation. La brusque
diminution de la perméabilité au sodium ainsi que l’augmentation de la perméabilité au
potassium participent à ce processus.
Elle est marquée par le maintien de la perméabilité au potassium. Comme les canaux
àpotassium réagissent lentement au signal de dépolarisation, la période de perméabilité accrue
aux ions potassium dure un peu plus longtemps qu’il n’est nécessaire pour rétablir la
polarisation. Par suite de la perte excessive d’ions potassium on observe parfois une
hyperpolarisation tardive, c’est-à-dire une légère inflexion du tracé après la courbe
représentant le PA. La repolarisation rétablit les conditions électriques du potentiel de repos,
mais elle ne rétablit pas les distributions ioniques initiales. Cela s’accomplit après
repolarisation, par l’activation de la pompe àsodium et potassium.
Les canaux sodiques voltage-dépendants qui sont en réalité pourvus de deux vannes
réagissent à la dépolarisation de la membrane : une vanne d’activation qui réagit rapidement
en s’ouvrant, et une vanne d’inactivation qui réagit très lentement en se fermant. Il s’ensuit
que la dépolarisation provoque l’ouverture puis la fermeture des canaux sodiques. Les deux
vannes doivent être ouvertes pour que les ions Na+ entrent dans le canal, mais la fermeture de
l’une des cannes ferme le canal. Quand le potentiel membranaire est de -90 mV, la porte
d’activation est fermée, ce qui empêche l’entrée des ions sodium vers l’intérieur de la fibre ;
cependant la porte d’inactivation est ouverte. Quand le potentiel membranaire devient moins
négatif, c’est-à-dire il atteint entre -70 mV et -50 mV, la porte d’activation est brusquement
169
ouverte : c’est l’état activé durant lequel les ions Na+ peuvent passer à l’intérieur à travers le
canal en augmentant la perméabilité de la membrane aux ions Na+ d’environ 500 à 5 000 fois.
Le même accroissement de voltage qui ouvre la porte d’activation ferme également la porte
d’inactivation. Cependant, la fermeture de la porte d’activation se produit en quelques
10.000èmes de seconde après l’ouverture de la porte d’activation. La fermeture de la porte
d’inactivation est un processus lent, tandis que l’ouverture de la porte d’activation est un
processus rapide. Une caractéristique importante est que la porte d’inactivation ne pourra
s’ouvrir que lorsque le potentiel de membrane revient à sa valeur de repos. Par conséquent, les
canaux sodiques à fonction active ne peuvent s’ouvrir avant que la fibre nerveuse ne soit
repolarisée.
Ils sont munis d’une seule porte. Durant le temps de repos, la porte est fermée et les ions K+
sont bloqués à l’intérieur. Quand le potentiel de membrane augmente de −90 mV à 0 mV, ce
changement de potentiel provoque une ouverture lente de la porte et permet la diffusion des
ions K+ vers l’extérieur. Cependant, à cause de leur ouverture lente, les canaux potassiques
s’ouvrent principalement juste au moment où les canaux sodiques commencent à s’inactiver.
Donc, l’entrée réduite du Na+ dans la cellule et l’accroissement simultané de la sortie du K+
accélèrent le processus de repolarisation, conduisant en quelques 10.000èmes de seconde au
potentiel membranaire de repos.
Jusqu’ici, nous n’avons considéré que les rôles des ions sodium et potassium dans la genèse
du potentiel d’action. Deux autres types d’ions au moins doivent être considérés: les anions et
les ions calcium.
Les membranes de pratiquement toutes les cellules de l’organisme possèdent une pompe à
calcium similaire à la pompe à sodium, et le calcium sert, avec le sodium ou à la place du
sodium, à causer dans certaines cellules la majorité du potentiel d’action. Comme la pompe à
sodium, la pompe calcique pompe les ions calcium du compartiment intracellulaire vers le
compartiment extracellulaire (ou vers la lumière du réticulum endoplasmique de la cellule),
créant un gradient ionique de calcium d’environ 10,000-fois. Le calcium quitte le
compartiment intracellulaire où sa concentration est d’environ 10–7 molaires, pour le milieu
extracellulaire où il est à une concentration d’environ 10–3 molaire.
Les cellules qui produisent un potentiel d’action possèdent en plus des canaux calciques
voltage-dépendants. Ces canaux sont légèrement perméables aux ions sodium et perméables
aux ions calcium; lorsqu’ils s’ouvrent, les ions calcium et sodium entrent à l’intérieur de la
fibre. C’est pourquoi ces canaux sont aussi appelés canaux Ca++-Na+. Les canaux calciques
sont lents à s’activer, nécessitant 10 à 20 fois plus de temps d’activation que les canaux
sodiques. C’est pourquoi ils aussi appelés canaux lents, par opposition aux canaux calciques
qui sont eux appelés canaux rapides.
Les canaux calciques sont nombreux dans les muscles cardiaque et lisse. Au fait, dans certains
types de muscle lisse, les canaux sodiques rapides sont à peine presents, au point que les
171
potentiels d’action sont dans leur majorité causés entièrement par l’activation des canaux
calciques lents.
La concentration extracellulaire des ions calcium a aussi un profond effet sur le niveau de
voltage qui active les canaux sodiques. En cas de déficit d’ions calcium, les canaux sodiques
s’activent à l’occasion d’une très petite augmentation du potentiel de membrane au-dessus de
la valeur normale, très négative. Par conséquent, la fibre nerveuse devient très excitable,
déchargeant parfois de façon répétitive en l’absence de toute excitation au lieu de rester dans
un état de repos. Au fait, il suffit que la concentration de l’ion calcium chute de seulement 50
pour cent en dessous de la normale pour qu’une décharge spontanée apparaisse dans certains
nerfs périphériques, causant souvent la “tétanie” musculaire. Cette situation peut être létale à
cause de la contraction tétanique des muscles respiratoires.
La possible voie par laquelle les ions calcium affectent les canaux sodiques est la suivante:
ces ions semblent se fixer aux surfaces extérieures de la molécule protéique du canal sodique.
Les charges positives de ces ions calcium altèrent à leur tour l’état électrique du canal
protéique lui-même, altérant ainsi le niveau de voltage requis pour ouvrir la vanne du canal
sodique.
D’abord, aussi longtemps que la membrane d’une fibre nerveuse ne subit aucune perturbation,
aucun potentiel d’action ne survient dans un nerf normal. Cependant, si un quelconque
événement cause une augmentation initiale du potentiel de membrane de –90 millivolts vers le
niveau zéro, cette augmentation du voltage entraîne l’ouverture des canaux sodiques à
fonction active. L’ouverture des canaux sodiques voltage-dépendants entraîne la diffusion du
sodium du compartiment extracellulaire vers le compartiment intracellulaire. Cet afflux de
charges positives dépolarise encore davantage la membrane axonale, si bien que l’intérieur de
la fibre devient progressivement moins négatif, ce qui accroît davantage le potentiel de
172
Aucun potentiel d’action n’est engendré jusqu’à ce que l’augmentation initiale du potentiel de
membrane soit suffisamment élevée pour créer le cycle de rétro-activation ci-haut décrit. Ceci
arrive lors que le nombre d’ions sodium diffusant à l’intérieur dépasse celui d’ions potassium
quittant la fibre. Le seuil d’excitation est généralement atteint quand la membrane a été
dépolarisée de 15 à 30 millivolts. Ainsi donc, quand le potentiel de membrane passe de –90
millivolts à environ –65 millivolts dans une grosse fibre nerveuse, celle-ci « fait feu » (fire
level). Ce niveau de –65 millivolts est appelé le seuil de stimulation.
Pour que le potentiel d’action produit serve àdes fins de signalisation, il doit être propagé
(envoyé ou transmis) tout au long de l’axone. Le mécanisme de la propagation du potentiel
d’action est illustré à la Figure 5–11. La Figure 5–11A montre une fibre nerveuse normale au
repos, et la Figure 5–11B montre une fibre nerveuse qui a été excitée dans sa portion
moyenne. Comme nous l’avons vu, le potentiel d’action est produit par le mouvement des
ions sodium vers le cytoplasme, et la portion de la membrane axonale dépolarisée subit une
inversion de polarité sa face interne devient positive, tandis que sa face externe devient
négative.
La flèche montre un flux de courant de “circuit local” des aires dépolarisées de la membrane
vers les aires adjacentes de la membrane en repos. Les ions positifs de l’axoplasme se
déplacent latéralement de la région d’inversion de polarité vers la région de la membrane qui
est encore négative (polarisée), et ceux qui se trouvent dans le liquide interstitiel migrent vers
la région de plus grande charge négative (la région d’inversion de polarité) : le cycle est
bouclé. Des flux de courant locaux sont ainsi établis par le déplacement latéral des ions : ces
courants locaux dépolarisent les régions adjacentes de la membrane plasmique (en s’éloignant
173
du point d’origine de l’influx nerveux), ainsi donc, les canaux sodiques dans ces nouvelles
portions s’ouvrent immédiatement, comme le montre les montrent les Figure 5–11C et D, et
un potentiel d’action explosif se propage.
Comme la région située dans la direction opposée vient de produire un potentiel d’action, les
canaux àNa+ sont fermés, et aucun nouveau potentiel d’action ne peutêtre produità cet endroit.
Par conséquent, l’influx se propage toujours en s’éloignant de sonpoint d’origine. (Si un
axone isolé est stimulé par une électrode, l’influx nerveux se déplace dans les deux directions
le long de la membrane àpartir du point de stimulus.). Dans l’organisme, les potentiels
d’action sont toujours engendrés à l’une de deux extrémités de l’axone et, de là, envoyés vers
ses terminaisons (soit le corpuscule nerveux terminal, soit le corps cellulaire).
Une fois engendré, un potentiel d’action se propage de lui-mêmele long de l’axone à vitesse
constante (phénomène auto-propagé).
Bien que courante, l’expression conduction de l’influx nerveuxn’est pas exacte dans la mesure
où les influx nerveux ne sont pas vraiment conduits comme l’est le courant avec un fil isolé.
En réalité, les neurones sont d’assez piètres conducteurs : si les flux de courant locaux
décroissent rapidement avec la distance, c’est parce que les charges fuient à travers la
membrane. L’expression propagation de l’influx nerveuxest plus juste, car un potentiel
d’action est régénéréen chaque point de la membrane, et tout potentiel d’action subséquent est
identique à celui qui avait été engendré initialement.
174
Comme illustré à la Figure 5–11, une membrane excitable n’a pas une seule direction de
propagation, mais le potentiel d’action se propage dans toutes les directions à partir du
stimulus — même le long de toutes les branches de la fibre nerveuse — jusqu’à ce que la
membrane entière soit dépolarisée.
Une fois qu’un potentiel d’action est déclenché en un quelconque point de la membrane sur
une fibre normale, le processus de dépolarisation se propage sur l’entièreté de la membrane si
les conditions sont réunies, ou ne se propage pas si les conditions ne sont pas réunies. C’est la
loi du tout ou rien, et elle s’applique à tous les tissus excitables normaux. Il peut arriver qu’un
potentiel d’action atteigne un point de la membrane et n’y génère pas un voltage suffisant
pour stimuler la portion adjacente de la membrane. Lorsque ceci se produit, la propagation de
la dépolarisation s’arrête. Par conséquent, pour qu’une propagation continue de l’influx se
produise, le rapport potentiel d’action/seuil d’excitation doit être toujours supérieur à 1. Cette
exigence “supérieur à 1” est appelée sécurité pour la propagation.
Environ 70% de l’énergie requise par le neurone est utilisée par l’ATP ase Na+-K+ pour
assurer le maintien de la polarité membranaire. Durant une activité maximale, le métabolisme
du neurone double ; à titre de comparaison, le métabolisme du muscle squelettique peut
augmenter jusqu’à 100 fois.
La transmission de chaque potentiel d’action le long d’une fibre nerveuse n’entame que très
légèrement le gradient de concentration transmembranaire de sodium et de potassium ; en
effet le sodium diffuse à l’intérieur lors de la dépolarisation et le potassium à l’extérieur lors
de la repolarisation. Pour un seul potentiel d’action, l’effet de dissipation du gradient ionique
175
est tellement minime qu’il est indétectable. Il peut cependant arriver qu’il y ait nécessité de
transmettre 100,000 à 50 millions d’influx, notamment dans les grosses fibres nerveuses, et
cela avant que les gradients ioniques ne soient dissipés au point provoquer un arrêt de la
propagation du potentiel d’action. Dans ces conditions, il est donc impérieux de ré-établir le
gradient de concentration transmembranaire de sodium et de potassium. Ceci est assuré par
l’action de la pompe à Na+-K+: les ions sodium qui avaient diffusé à l’intérieur durant les
potentiels d’action et les ions potassium qui avaient diffusé à l’extérieur doivent être
retournés à leur état d’origine par la pompe. Comme cette pompe nécessite de l’énergie pour
l’opération, ce “rechargement” de la fibre nerveuse est un processus métabolique actif,
utilisant de l’énergie à partir du système énergétique ATP de la cellule. La Figure 5–12
montre que la fibre nerveuse produit un excès de chaleur durant le rechargement : la dépense
d’énergie augmente donc lorsque la fréquence des influx nerveux augmente.
Un aspect spécial de la pompe ATPase Na+-K+ est que son degré d’activité est fortement
stimulée quand il y a un excès d’ions sodium accumulés du côté interne de la membrane
cellulaire. Au fait, l’activité de pompage augmente approximativement en proportion du cube
(puissance 3) de cette concentration intracellulaire du sodium. C’est ainsi que si la
concentration intracellulaire du sodium augmente de 10 à 20 mEq/L, l’activité de la pompe ne
double pas simplement, mais augmente environ 8 fois. Par conséquent, il est facile de
comprendre comment le processus de “rechargement” de la fibre nerveuse peut se faire
rapidement chaque fois que les gradients transmembranaires des ions sodium et potassium
commencent à “se dissiper.”
Un deuxième facteur qui pourrait en partie être responsable du plateau est le fait que les
canaux potassiques sensibles au voltage sont plus lents à s’ouvrir. Souvent, ils ne s’ouvrent
pas en grand nombre jusqu’à la fin du plateau. Il y a donc une diminution simultanée de la
perméabilité de la membrane au potassium, ce qui prolonge aussi le plateau et prévient une
repolarisation rapide c’est-à-dire retarde le retour du potentiel de membrane à sa valeur
normale négative de repos de –80 à –90 millivolts.
Il existe, dans l’organisme, des tissus dont les cellules sont auto-excitables : elles peuvent
produire elles-mêmes leur dépolarisation et la propager et cela de manière spontanée et
rythmique. Cette propriété est appelée automaticité. Elle s’observe au niveau du cœur, dans la
plupart des muscles lisses, et dans de nombreux neurones dans le système nerveux central.
Ces décharges rythmiques sont à l’origine (1) des battements rythmiques du cœur, (2) du
péristaltisme rythmique des intestins, et (3) aussi des événements neuronaux comme le
contrôle rythmique de la respiration.
Toutefois, quasiment tous les autres tissus excitables peuvent produire une décharge répétitive
si le seuil de stimulation des cellules du tissu est réduit à niveau suffisant bas. Par exemple,
même, les grosses fibres nerveuses et les fibres musculaires squelettiques, normalement très
stables, se mettent à produire une décharge répétitive lorsqu’elles sont placées dans une
solution contenant la vératrine ou lorsque la concentration de l’ion calcium chute en dessous
d’une valeur critique. Dans ces deux situations, la perméabilité de la membrane aux ions
sodium est augmentée.
177
Pour qu’une rythmicité spontanée puise survenir, la membrane même dans son état naturel
doit être perméable à suffisamment d’ions sodium (ou aux ions calcium et sodium à travers
les canaux calciques-sodiques lents) pour permettre une dépolarisation automatique de la
membrane. Ainsi, la Figure 5–14 montre que le potentiel de membrane de “repos” membrane
dans le centre de contrôle rythmique du cœur n’est que de –60 à –70 millivolts. Ce potentiel
n’est pas suffisamment négatif pour maintenir totalement fermés les canaux sodiques et
calciques. Il s’ensuit alors les événements suivants: (1) les ions sodium et calcium vont
diffuser lentement dans la cellule; (2) l’intérieur de la membrane devient de moins en moins
négatif (augmentation du voltage de la membrane vers des valeurs plus positives), ce qui
accroît la perméabilité de la membrane; (3) diffusion dans la cellule de plus d’ions positifs; et
(4) la perméabilité augmente encore davantage et lorsque le seuil d’excitation (–40 millivolts)
est atteint, les canaux rapides à calcium et à sodium s’ouvrent et permettent l’entrée du Ca2+ et
du Na+, générant ainsi un potentiel d’action. Ensuite, à la fin du potentiel d’action, la
membrane se repolarise. Après un autre délai de quelques millisecondes ou secondes,
l’excitabilité spontanée provoque encore la dépolarisation, un nouveau potentiel d’action
apparaît spontanément. Ce cycle se poursuit encore et encore et est à l’origine de l’auto-
excitation rythmique du tissu excitable.
La Figure 5–15 montre la coupe transversale d’un petit nerf typique. On y remarque la
présence de plusieurs grosses fibres nerveuses constituant la plus grande partie de l’aire de
section. Cependant, un examen plus attentif de cette figure permet de voir plusieurs très
petites fibres situées entre de plus grosses. Les grosses fibres sont myélinisées, et les petites
sont non myélinisées. En moyenne un tronc nerveux contient environ deux fois plus de fibres
non myélinisées que de fibres myélinisées.
La Figure 5–16 montre une fibre myélinisée typique. L’axe central de la fibre est l’axone, et
la membrane de l’axone est la membrane qui propage le potentiel d’action. L’axone est rempli
en son sein d’axoplasme, qui est un liquide intracellulaire visqueux. Autour de l’axone se
trouve la gaine de myéline qui est souvent plus épaisse que l’axone lui-même. A environ
chaque 1 à 3 millimètres le long de la longueur de la gaine de myéline on trouve un nœud de
Ranvier.
La gaine de myéline est enroulée autour de l’axone par la cellule de Schwann de la manière
suivante: la membrane d’une cellule de Schwann enveloppe d’abord l’axone. Ensuite la
cellule de Schwann s’enroule autour de l’axone plusieurs fois, posant plusieurs couches de sa
membrane contenant la substance lipidique appelée sphingomyéline. Cette substance est un
excellent isolant électrique qui diminue la diffusion des ions à travers la membrane d’environ
5000-fois. A la jonction entre deux cellules de Schwann successive le long de l’axone, une
petite aire non isolée de seulement 2 à 3 micromètres de longueur demeure, là où les ions
peuvent encore diffuser aisément à travers la membrane axonale entre le liquide
extracellulaire et le liquide intracellulaire à l’intérieur de l’axone. Cette aire est appelée nœud
de Ranvier.
Comme la myéline joue le rôle d’un isolant et empêche presque toutes les fuites de charges, il
n’y a pratiquement aucune diffusion ionique à travers ses épaisses gaines dans les nerfs
179
La conduction saltatoire est plus bénéfique pour deux raisons. D’abord, elle est beaucoup plus
rapide que la propagation continue d’une dépolarisation le long des membranes amyélinisées.
En effet, en amenant la dépolarisation à sauter par dessus de longs intervalles le long de
l’axone, cette conduction augmente la vitesse de propagation dans les fibres myélinisées de
plus de 5- à 50-fois. Secundo, la conduction saltatoire est plus économique du point de vue du
coût énergétique. En ne dépolarisant que les nœuds, la dissipation des gradients ioniques
transmembranaires qu’elle induit est 100 moins élevée que celle induite par la propagation de
proche en proche. Ainsi, de l’énergie est épargnée car les gradients dissipés étant moindres,
leur rétablissement va se faire à un coût métabolique tout aussi moindre après une série
d’influx nerveux.
Un autre aspect supplémentaire de la propagation dans les grosses fibres myélinisées est le
suivant: l’excellente isolation fournie par la gaine de myéline et la diminution de 50 fois de la
capacitance de la membrane permet à la repolarisation de se produire avec un transfert très
minime d’ions.
La vitesse de conduction dans les fibres nerveuses varie considérablement de moins de 0.25
m/sec dans les très petites fibres amyelinisées à des valeurs aussi élevées que 100 m/sec (la
longueur d’un terrain de football en 1 seconde) dans les très grosses fibres myélinisées.
Fondamentalement, tout facteur entraînant la diffusion des ions sodium à l’intérieur de la fibre
en nombre suffisant pour enclencher le cycle de Hodgkin déclenchera un potentiel d’action.
180
C’est ce que l’on appelle un stimulus. Le stimulus pourra être mécanique (une perturbation
mécanique de la membrane), il pourra être chimique (effets chimiques sur la membrane) ou
électrique (passage du courant électrique à travers la membrane). Ces différents stimuli sont
utilisés au niveau de différents endroits du corps pour déclencher des potentiels d’actions
nerveux ou musculaire. La pression mécanique excite les terminaisons nerveuses sensorielles
de la peau, les messagers chimiques (neurotransmetteurs) transmettent les signaux d’un
neurone à l’autre dans l’encéphale, et le courant électrique transmet les signaux entre les
cellules musculaires adjacentes dans le cœur et dans l’intestin. Les stimulations électriques
ont permis la compréhension du processus d’excitation. Il est dès lors possible de définir les
qualités de l’excitabilité d’une membrane et d’établir les lois de l’excitabilité nerveuse qui
permettent de définir les conditions d’efficacité d’un excitant.
6.6.1. Excitation d’une fibre nerveuse à l’aide d’une électrode métallique charge
négativement
Pourquoi cette stimulation? Rappelons-nous que le potentiel d’action est initié par l’ouverture
des canaux sodiques voltage-dépendants. En outre, ces canaux s’ouvrent en réponse à une
diminution du potentiel électrique de repos normal de l’autre côté de la membrane. Ceci
étant, le courant négatif de l’électrode diminue le voltage sur le côté externe de la membrane à
une valeur plus proche du voltage du potentiel négatif à l’intérieur de la fibre. Ceci diminue la
différence de potentiel électrique de part et d’autre de la membrane et permet l’ouverture des
canaux sodiques, ce qui aboutit à un potentiel d’action. Inversement, au niveau de l’électrode
positive, l’injection des charges positives sur le coté externe de la membrane nerveuse
augmente davantage la différence de potentiel par rapport à l’autre côté de la membrane plus
qu’il ne la baisse. Cela cause une hyperpolarisation qui diminue l’excitabilité de la fibre plutôt
que de causer un potentiel d’action.
Un stimulus électrique négatif faible ne pourra pas exciter la fibre. Cependant, lorsque le
voltage du stimulus est augmenté, il arrive un point où l’excitation se produit. La Figure 5–18
montre les effets de l’application successive des stimuli d’intensité progressivement
croissante. Un stimulus très faible au point A entraine un changement du potentiel de
membrane de –90 à –85 millivolts, mais ce changement n’est pas suffisant pour activer le
cycle de rétroactivation qui permet le déclenchement du potentiel d’action. Au point B, le
stimulus est plus intense, mais une fois de plus, l’intensité n’est pas encore suffisante. Le
stimulus peut, cependant, entraîner des modifications locales du potentiel de membrane
pendant 1 milliseconde ou plus après ces deux stimuli faibles. Ce sont des modifications
locales du potentiel de membrane sont appelées potentiels lents ou potentiels « gradués »
parce que leur voltage est directement proportionnel à l’intensité ou à la force du stimulus.
Lorsque les potentiels gradués ne parviennent pas à déclencher potentiel d’action, ils sont
appelés potentiels infraliminaires.
Au point C dans la Figure 5–18, le stimulus est même plus fort. À présent le potentiel local a
juste atteint le niveau requis pour déclencher un potentiel d’action, appelé niveau seuil; mais
le potentiel d’action n’apparaît qu’après une courte “période de latence.” Au point D, le
stimulus est encore plus fort, le potentiel aigu local est aussi plus fort, et le potentiel d’action
apparaît après une petite période de latence. Ainsi, cette figure montre que même un stimulus
très faible est à l’origine d’une modification du potentiel au niveau de la membrane, mais
l’intensité du potentiel local doit s’élever jusqu’à un niveau seuil avant de déclencher le
potentiel d’action.
C’est la période durant laquelle un potentiel d’action ne peut être déclenché. Elle est dite
absolue (période réfractaire absolue) lorsque le potentiel d’action ne peut être déclenché,
même avec un stimulus fort. Elle est dite relative lorsque le potentiel d’action peut être
déclenché avec un stimulus plus fort que la normale. La durée de la période réfractaire
absolue pour les grosses fibres nerveuses myélinisées est d’environ 1/2500 secondes. Par
conséquent, un simple calcul rapide montre qu’une telle fibre peut transmettre un maximum
d’environ 2500 influx par seconde.
Un nouveau potentiel d’action ne peut être déclenché dans une fibre excitable aussi
longtemps que la membrane est encore dépolarisée à la suite du potentiel d’action précédent.
182
La raison en est que peu après l’initiation du potentiel d’action, les canaux sodiques voltage-
dépendants (ou les canaux calciques, ou les deux) deviennent inactivés, et aucun stimulus, si
fort soit-il, appliqué à ces canaux à ce point, ne peut ouvrir les vannes d’inactivation.
L’unique condition qui va les amener à se rouvrir c’est le retour du potentiel de membrane à
sa valeur de repos d’origine ou à une valeur proche. Ensuite, en une autre petite fraction de
seconde, les portes d’inactivation des canaux s’ouvrent, et un nouveau potentiel d’action peut
être déclenché.
Contrairement aux facteurs qui augmentent l’excitabilité nerveuse, d’autres, appelés facteurs
stabilisant la membrane, peuvent diminuer l’excitabilité. Par exemple, une concentration
élevée d’ions calcium dans le liquide extracellulaire diminue la perméabilité de la membrane
aux ions sodium et en même temps réduit l’excitabilité. C’est ainsi que les ions calcium sont
dits être un “stabilisant.”
Les muscles ne comprennent pas que les masses musculaires saillantes des sportifs : le cœur
et les parois des autres organes ceux contiennent aussi une certaine proportion de tissu
musculaire. Sous ses différences forme, le tissu musculaire représente presque la moitié de
notre masse corporelle. Environ 40 pour cent de la masse corporelle sont constitués de muscle
squelettique, et peut-être 10 autres pour cent sont faits de muscles lisse et cardiaque. La
principale caractéristique du tissu musculaire, du point de vue fonctionnel, et son aptitude à
transformer une énergie chimique, l’ATP, en énergie mécanique dirigée. Grâce à cette
propriété, les muscles sont capables d’exercer une force. On peut considérer les muscles
comme les « moteurs » de l’organisme. La mobilité du corps dans son ensemble résulte de
l’activité des muscles squelettiques. Les muscles squelettiques se distinguent des muscles des
organes internes dont la plupart font circuler des liquides et d’autres substances dans les
canaux de notre organisme. Certains des mêmes principes fondamentaux de la contraction
s’appliquent à tous ces différents types de muscle. Dans ce chapitre, nous allons considérer
principalement le fonctionnement du muscle squelettique; les fonctionnements des muscles
lisse et cardiaque sont traités dans des chapitres ultérieurs.
Objectifs
Plan du chapitre
Ils sont illustrés à La Figure 6–1. En partant du plus complexe au plus simple on peut noter le
muscle, les faisceaux et les fibres. Chaque muscle squelettique est ainsi constitué de
nombreuses fibres musculaires de 10 à 80 micromètres de diamètre. Les fibres musculaires
constituent ensuite des sous-unités, appelées faisceaux musculaires. Les faisceaux, tout
comme les fibres qui les constituent, sont alignés dans l’axe du muscle. Dans pratiquement
tous les muscles squelettiques, chaque fibre musculaire s’étend sur toute la longueur du
muscle. A l’exception d’environ 2 pour cent d’entre elles, chaque fibre est habituellement
innervée seulement par une seule terminaison nerveuse, située près du milieu de la fibre.
Dans un muscle intact, les fibres (ou cellules) musculaires sont enveloppées et maintenues
ensemble par différentes couches de tissu conjonctif. Ces enveloppes de tissu conjonctif
comprennent l’endomysium, le périmysium et l’épimysium. L’endomysium est la fine gaine
de tissu conjonctif aréolaire enveloppant chaque fibre musculaire squelettique. Le périmysium
185
est la gaine plus épaisse de tissu conjonctif délimitant un faisceau. L’épimysium est un
revêtement plus grossier composé de tissu conjonctif dense régulier qui regroupe les
faisceaux, enveloppant ainsi l’ensemble du muscle. A l’extérieur de l’épimysium, le fascia,
une couche encore plus grossière de tissu conjonctif dense, regroupe les muscles d’un même
groupe fonctionnel et recouvre aussi certaines autres structures. Toutes ces gaines de tissu
conjonctif constituent un ensemble continu incluant aussi les tendons qui relient les muscles
aux os. Lorsque les fibres musculaires se contractent, elles tirent donc sur leurs différentes
gaines, lesquelles, à leur tour, transmettent la force à un os spécifique. Les couches de tissu
conjonctif soutiennent chaque cellule, renforcent l’ensemble du muscle et contribuent à
l’élasticité naturelle du tissu musculaire. Elles fournissent également les voies d’entrée et de
sortie des vaisseaux sanguins et des fibres nerveuses qui desservent le muscle.
L’activité normale d’un muscle squelettique est tributaire de son innervation et d’un
approvisionnement sanguin abondant. Contrairement aux fibres musculaires cardiaques et
lisses, qui peuvent se contracter en l’absence de toute stimulation nerveuse, chaque fibre
musculaire squelettique est dotée d’une terminaison nerveuse qui régit son activité.
La contraction des fibres musculaires représente une énorme dépense d’énergie, d’où la
nécessité d’un apport plus ou moins continu en oxygène et en nutriments par l’intermédiaire
des artères. Les cellules musculaires produisent également de grandes quantités de déchets
métaboliques qui doivent être évacués par les veines pour assurer l’efficacité de la
contraction. De façon générale, chaque muscle est desservi par une artère et une ou plusieurs
veines.
8.1.1.4. Attaches
La plupart des muscles recouvrent des articulations et s’attachent à des os (ou à d’autres
structures) en au moins deux endroits ; d’autre part, lorsqu’un muscle se contracte, l’os
mobile (l’insertion du muscle) se déplace en direction de l’os fixe ou moins mobile (l’origine
du muscle). Les attaches du muscle, qu’il s’agisse de l’origine ou de l’insertion, peuvent être
directes ou indirectes. Dans les attaches directes l’épimysium du muscle est soudé au périoste
d’un os ou au périchondre d’un cartilage. Dans les attaches indirectes, les enveloppes de tissu
conjonctif se joignent à un tendon cylindrique ou à une aponévrose plate et large. Le muscle
se trouve aussi ancré à la gaine de tissu conjonctif d’un élément du squelette (os ou cartilage)
186
ou au fascia d’autres muscles. Les attaches indirectes sont de loin les plus répandues dans
l’organisme en raison de leur petite taille et de leur solidité. En effet, les tendons composés
presqu’exclusivement de fibres collagènes résistantes, supportent beaucoup mieux la friction
des saillies osseuses que le tissu musculaire. D’autre part, les tendons, de taille relativement
petite, peuvent traverser une articulation en plus grand nombre que les muscles plus charnus.
La Figure 6–1 montre l’organisation du muscle squelettique. On y voit que tous les muscles
squelettiques sont constitués de nombreuses cellules ou fibres musculaires qu’on appelle
myocytes. Les myocytes squelettiques sont des cellules énormes. Leur diamètre se situe
habituellement entre 10 et 100 µm, soit jusqu’à dix fois celui d’une cellule moyenne de
l’organisme, et leur longueur prodigieuse peut atteindre 30 cm. Chacune de ces cellules est un
syncytium (littéralement, «cellules fusionnées») résultant de l’union de centaines de cellules
embryonnaires. Les fibres individuelles qui forment le muscle squelettique sont les unités de
base du système musculaire, au même titre que les neurones sont les unités de base du
système nerveux. La plupart des muscles squelettiques se terminent aux deux bouts par des
tendons et les myocytes qui les composent sont disposés en parallèle entre ces extrémités
tendineuses, de sorte que la contraction des différentes unités produit des forces qui
s’additionnent.
8.1.2.1. Sarcolemme
Le sarcolemme est la membrane cellulaire du myocyte. Chaque myocyte squelettique est une
longue cellule cylindrique renfermant de nombreux noyaux ovales, entourée du sarcolemme.
Il n’y a pas de ponts syncytiaux entre les fibres.
La structure du sarcolemme est celle de la membranecellulaire ou membrane plasmique avec,
en plus sur le versant externe, une fine couche d’un matériel polysaccharide contenant de
nombreuses fines fibres collagène. A chaque extrémité de la fibre musculaire, cette couche
superficielle du sarcolemme fusionne avec les fibres tendineuses, et les fibres tendineuses à
leur tour fusionnent en faisceaux pour former les tendons musculaires qui s’insèrent au niveau
de l’os.
187
Les myocytes contiennent les organites habituels ainsi que des organites fortement modifiés,
soit les myofibrilles et le réticulum sarcoplasmique.
Selon sa taille, chaque myocyte peut posséder des centaines ou des milliers de myofibrilles,
qui constituent environ 80 % de son volume. Les myofibrilles, disposées parallèlement,
parcourent toute la longueur de la cellule. La Figure 6–1C permet de voir sur chaque
myofibrille une alternance des bandes claires et sombres. Mesurant chacune de 1 à 2 µm de
diamètre, les myofibrilles sont si serrées les unes contre les autres qu’elles semblent coincer
entre elles les mitochondries et les autres organites.
Les myofibrilles représentent les éléments contractiles des myocytes squelettiques. Les
myofibrilles sont formées par la disposition ordonnée de deux types de myofilarnents : les
filaments épais et les filaments minces qui sont des protéines contractiles. Comme illustré à la
Figure 6–1D et E, chaque myofibrille comporte environ 1500 filaments de myosine adjacents
et 3000 filaments d’actine, qui sont de grosses molécules polymérisées qui sont responsables
de la contraction musculaire. Ces filaments peuvent être observés en micrographie
électronique; la Figure 6–1, en montre une illustration schématique. Les filaments épais dans
le diagramme sont constitués de myosine, et les filaments minces sont constitués d’actine.
Remarquons à la Figure 6–1 E que les filaments de myosine et d’actine se chevauchent
partiellement ; ce chevauchement est à l’origine de l’alternance de bandes sombres et claires
appelées stries qu’on observe sur les myofibrilles, tel qu’illustré à la Figure 6–2. Sur la
longueur de chaque myofibrille, on remarque une alternance de bandes sombres et claires
appelées stries. Ces stries sont responsables des stries transversales qu’on observe dans le
muscle squelettique et sont dues au fait que les différentes parties des myofibrilles ont des
indices de réfraction différents. Examinées à la lumière polarisée, les bandes claires, nommées
stries I, sont isotropes, ou non polarisantes. Les bandes sombres sont nommées stries A parce
qu’elles sont anisotropes, c’est-à-dire qu’elles polarisent la lumière visible.
Les stries I sont constituées uniquement de filaments d’actine. Les stries sombres comportent
des filaments de myosine, mais aussi des extrémités de filaments d’actine qui enrobent la
myosine. Ainsi, les filaments épais parcourent toute la longueur de la strie A et les filaments
minces s’étendent le long de la strie I et d’une partie de la strie A. Noter aussi de petites
projections partant des bords des filaments de myosine à la Figure 6–1 E and L. Ce sont des
ponts d’union. C’est l’interaction entre ces ponts d’union et les filaments d’actine qui cause la
contraction.
188
La Figure 6–1E montre aussi que les extrémités des filaments d’actine sont attachées au
disque Z. De ce disque, ces filaments s’étendent dans les deux directions pour enrober les
filaments de myosine. Le disque Z est lui-même composé de protéines filamenteuses
différentes de filaments d’actine et de myosine. Le disque Z ou ligne Z, aussi appelé
télophragme, est en fait une couche de protéines en forme de pièce de monnaie qui ancre les
filaments minces et qui unit aussi les myofibrilles entre elles sur toute l’épaisseur de la cellule
musculaire. Ainsi donc, dans une fibre musculaire intacte, les bandes des myofibrilles sont
presque parfaitement alignées, d’où l’aspect strié de l’ensemble de la cellule. Ces stries
donnent aux muscles squelettique et cardiaque leur aspect strié.
8.1.2.3. Sarcomère
La région d’une myofibrille (ou de la fibre musculaire entière) comprise entre deux lignes Z
successives est appelée sarcomère (littéralement « segment de muscle »). Lorsque la fibre
musculaire est contractée, comme illustré en bas de la Figure 6–4, la longueur du sarcomère
est d’environ 2 micromètres. A cette longueur, les filaments d’actine chevauchent
complètement les filaments de myosine, et leurs bouts commencent juste de se chevaucher les
uns les autres. Nous allons plus tard voir qu’à cette longueur le muscle est capable de générer
sa plus grande force de contraction. Mesurant environ 2 µm de long, le sarcomère est la plus
petite unité contractile de la fibre musculaire. Chaque unité fonctionnelle du muscle
squelettique est donc une très petite portion de myofibrille, et on peut se présenter les
myofibrilles comme des chaînes de sarcomères placés bout à bout tels les wagons d’un train.
De nouveaux types de filaments musculaires ont été découverts au cours des dernières
décennies, imposant la nécessité de revoir la définition du muscle strié, jusque là considéré
comme un système à deux filaments. L’un de ces nouveaux types de filaments, le filament
élastique, est composée d’une protéine élastique appelée titine (aussi nommée connectine).
Chaque molécule de titine a un poids moléculaire d’environ 3 million, ce qui en fait l’une de
plus grosses molécules protéiques de l’organisme. Cette protéine géante s’étend sur environ
1cm depuis la ligne Z jusqu’à la ligne M. En plus d’attacher les filaments épais et minces aux
lignes Z, la titine se trouve en quantité abondante dans les filaments épais et semble jouer un
rôle important dans l’organisation même des stries A des myofibrilles et de la cellule
189
musculaire dans son ensemble. La portion de titine qui traverse les stries I est élastique et rend
la cellule musculaire capable de reprendre sa forme après étirement.
8.1.2.5. Sarcoplasme
Les nombreuses myofibrilles de chaque fibre musculaire sont suspendues côte à côte à
l’intérieur du cytoplasme de la fibre musculaire qu’on appelle sarcoplasme. Le sarcoplasme
est comparable au cytoplasme des autres cellules. Les espaces entre les myofibrilles sont
remplis du fluide sarcoplasmique (le cytosol) contenant de grandes quantités de potassium,
magnésium, et de phosphate, plus de multiples protéines enzymatiques. Dans le sarcoplasme
se trouve également une grande quantité de mitochondries alignées parallèlement aux
myofibrilles. Elles fournissent aux myofibrilles qui se contractent de grandes quantités
d’énergie sous forme d’adénosine triphosphate (ATP) qui s’y forme. Le sarcoplasme abrite
des réserves importantes de glycogène ainsi que de la myoglobine, une protéine qui se lie à
l’oxygène et n’existe dans aucun autre type de cellule. La myoglobine est un pigment rouge
qui constitue un réservoir d’oxygène à l’intérieur de la cellule musculaire ; elle s’apparente à
l’hémoglobine, le pigment qui transporte l’oxygène dans les globules rouges du sang.
1. Glissement de filaments
2. Caractéristiques moléculaires des filaments contractiles
3. Interaction myosine-actine sous l’action de l’ion calcium
4. Quantité d’actine et de myosine et tension développée par la contraction
5. Relation vitesse de contraction-charge
successives diminue, les stries I sont raccourcies, les zones claires H disparaissent et les stries
A se rapprochent les unes des autres sans que la longueur des filaments diminue. Lorsqu’une
cellule musculaire se contacte, chacun de ses sarcomères raccourcit. Comme la longueur de
leurs sarcomères diminue, les myofibrilles raccourcissent également, de même que l’ensemble
de la cellule. Le raccourcissement de la cellule musculaire s’explique par la théorie de la
contraction par glissement des filaments (Hugh Huxley, 1954). Cette théorie stipule que
durant la contraction, les filaments minces (actine) glissent le long des filaments épais
(myosine), de tel le sorte que les filaments d’actine et de myosine se chevauchent davantage.
Mais pourquoi les filaments d’actine glissent-ils le long des filaments de myosine? La base
moléculaire du phénomène de glissement des filaments se trouve être les têtes de myosine
(ponts d’union) qui font saillie tout autour des extrémités des filaments épais. Quand les
cellules musculaires sont stimulées par le système nerveux, les têtes de myosine s’accrochent
aux sites de liaison de l’actine situés sur les filaments minces, et le glissement s’amorce. Au
repos, il n’y a pas d’interaction entre les têtes de myosine et les sites de liaison de l’actine.
Mais lorsqu’un potentiel d’action chemine le long de la fibre musculaire, il déclenche une
libération de grandes quantités d’ions calcium par le réticulum sarcoplasmique. Rapidement,
ces derniers entourent les myofibrilles et activent les forces entre les filaments de myosine et
ceux d’actine, et la contraction commence. Mais il faut de l’énergie pour que le processus
contractile se poursuive. Cette énergie est fournie par les liaisons phosphates haute énergie
dans la molécule d’ATP. L’ATP est dégradée en ADP pour libérer l’énergie.
Dans les prochaines sections, nous allons décrire en détail les aspects moléculaires de la
contraction musculaire.
Les filaments épais (d’un diamètre d’environ 16 nm) comprennent essentiellement une
protéine appelée myosine. Le filament de myosine est composé de multiple molécules de
myosine, ayant chacune un poids moléculaire d’environ 480,000. La Figure 6–5A montre une
molécule prise isolément; la Figure 6–5B montre l’organisation de plusieurs molécules pour
former un filament de myosine; elle montre aussi l’interaction de ce filament sur un côté avec
deux extrémités de filaments d’actine.
192
7.3.2.1.1. Structure. La structure de la myosine est très particulière : elle ressemble à un bâton
de golf ; sa tige cylindrique se termine à l’une de ses extrémités par une tête sphérique
comportant elle-même deux lobes.
Les lobes, parfois appelés points d’union, sont les « sites actifs » de la myosine, car ils lient
ensemble les myofilarnents épais et les myofilaments minces durant la contraction. Ce sont
les têtes de myosine qui génèrent la tension exercée lors de la contraction de la cellule
musculaire.
Dans un sarcomère, chaque filament épais compte environ 200 molécules de myosine. Les
molécules de myosine sont regroupées de telle sorte que leurs tiges représentent la partie
centrale du filament et que les lobes de leur tête sphérique sont orientés dans des directions
opposées. Par conséquent, la partie centrale du filament épais est lisse, mais ses extrémités
sont garnies de têtes de myosine disposées de façon hélicoïdale autour de son axe.
7.3.2.1.2. Activité ATPasique de la tête de myosine. Les têtes des molécules de myosine
contiennent des sites de liaison de l’ATP, ainsi que des enzymes ATPases qui dissocient
l’ATP pour produire l’énergie nécessaire à la contraction musculaire.
La composition du filament mince est complexe. Les trois protéines qui le constituent sont
l’actine, la tropomyosine, et la troponine. Les filaments minces (d’un diamètre de 7 à 8 µm)
sont principalement composés d’actine. L’épine dorsale du filament mince est un double brin
de la molécule d’actine, tel que représenté à la Figure 6–6. Les deux brins sont entrelacés dans
une hélice de la même manière que la molécule de myosine. Chaque brin de la double hélice
d’actine F est constitué de molécules d’actine G polymérisées. Chaque monomère d’actine G
a un poids moléculaire d’environ 42,000. Les polypeptides d’actine G portent des sites de
liaison sur lesquels les têtes de myosine se fixent lors de la contraction. Les sites actifs sur les
deux brins d’actine F de la double hélice sont échelonnés, donnant un site actif tous les 2.7
nanomètres sur l’ensemble du filament d’actine.
193
Chaque filament d’actine mesure environ 1 micromètre de long. Les bases des filaments
d’actine sont fortement insérées dans les disques Z ; tandis que leurs extrémités avancent dans
les deux directions pour se glisser dans les espaces entre les molécules de myosine, comme
illustré à la Figure 6–4.
Le filament mince comprend aussi une autre protéine, la tropomyosine. C’est une protéine
cylindrique d’un poids moléculaire de 70,000 et de 40 nanomètres de longueur. Des
molécules de tropomyosine sont placées bout à bout le long des filaments d’actine et, dans
une fibre musculaire au repos, elles bloquent les sites actifs d’actines de telle sorte que les
têtes de myosine ne peuvent pas réagir avec le filament mince.
Une autre protéine du filament mince c’est la troponine. Elle est attachée de façon
intermittente le long des côtés des molécules de tropomyosine. La troponine, est en fait un
complexe de trois polypeptides dont chacun joue un rôle spécifique dans la régulation de la
contraction musculaire. L’un de ces polypeptides est une sous-unité inhibitrice, la troponine I
(TnI) qui a une forte affinité pour l’actine. Un autre polypeptide, la sous-unité T ou troponine
T (TnT) a une forte affinité pour la tropomyosine et l’aligne avec l’actine. Le troisième
polypeptide, la troponine C (TnC) a une forte affinité pour les ions calcium. Le complexe
tropononine attache la tropomyosine à l’actine. Sa forte affinité pour les ions calcium est
responsable du déclenchement de la contraction. La troponine et la tropomyosine contribuent
à la régulation des interactions myosine-actine qui se produisent au cours de la contraction.
Les sites actifs sont, dans un filament d’actine normal d’un muscle au repos, inhibés ou
masqués par le complexe troponine-tropomyosine. Les sites ne peuvent donc pas s’attacher
aux têtes de myosine pour causer la contraction. Pour que la contraction ait lieu, il faut que
l’effet inhibiteur du complexe troponine-tropomyosine soit lui-même inhibé.
C’est à ce niveau qu’interviennent les ions calcium. En présence de grandes quantités d’ions
calcium, l’effet inhibiteur du complexe troponine-tropomyosine sur les filaments d’actine est
lui-même inhibé. Le mécanisme n’est pas encore connu, mais l’on pense que lorsque les ions
194
calcium se lient à la troponine C, dont chaque molécule peut fixer fortement quatre ions
calcium, le complexe troponine subit un changement de conformation qui la fait détacher
momentanément de l’actine et déplace la tropomyosine, exposant ainsi les sites de liaison de
la myosine sur les filaments d’actine. Cette “mise à nu” des sites actifs de l’actine, permet
ainsi à ces derniers d’attirer les têtes de myosine et de déclencher la contraction. Bien que ce
mécanisme ne soit qu’une hypothèse, elle met de l’emphase sur le fait que la relation normale
entre le complexe troponine-tropomyosine et l’actine est altérée par les ions calcium, créant
une nouvelle condition qui conduit à la contraction. En présence de calcium, le masque
produit par la tropomyosine est donc levé.
Les têtes de myosine ont besoin d’ions calcium pour se fixer à l’actine ; l’influx nerveux qui
déclenche la contraction provoque une augmentation de la quantité d’ions calcium à
l’intérieur de la cellule. Dès que le filament d’actine devient activé par les ions calcium, les
têtes de myosine (ponts d’union) sont attirées vers les sites actifs du filament d’actine, s’y
accrochent ; et le glissement s’amorce et cela cause la contraction. Malgré que la manière
précise par laquelle cette interaction entre les têtes de myosine et l’actine cause la contraction
soit encore en partie théorique, une hypothèse en faveur de laquelle existe une évidence
considérable est la théorie de “glissement” de la contraction.
La Figure 6–7 démontre ce mécanisme évoqué de la contraction par glissement. Cette figure
montre les têtes de myosine qui s’attachent aux sites actifs de filament d’actine et s’en
désengagent. Il est postulé que lorsqu’une tête s’attache à un site actif, cet attachement cause
au même moment de profonds changements dans les forces intramoléculaires entre la tête et
le bras du pont ainsi formé. Le nouvel alignement des forces amène la tête à se pencher vers
le bras et à entraîner le filament avec elle dans le même mouvement. Cette inclinaison de la
tête est appelée le coup de force. Ensuite, immédiatement après l’inclinaison, la tête se
détache du site actif et rentre dans sa position d’extension. Dans cette position, elle se lie avec
un nouveau site actif plus loin le long du filament d’actine; ensuite, la tête se penche encore
pour causer un nouveau coup de force, et le filament d’actine se déplace à une autre étape.
Chaque tête de myosine s’attache et se détache plusieurs fois pendant la contraction, agissant
comme une minuscule crémaillère pour produire une tension et tirer le filament d’actine vers
le centre du filament de myosine. Ainsi donc, les têtes de myosine (ponts d’union) se
195
penchent et avancent pas à pas le long du filament d’actine. Comme ce phénomène se déroule
simultanément dans les sarcomère de toutes les myofibrilles, la cellule musculaire raccourcit.
On pense que chaque pont croisé fonctionne indépendamment des autres, chacun attachant et
tirant dans un cycle répété continu. Par conséquent, à tout moment plus grand est le nombre
de ponts croisés en contact avec le filament d’actine, plus grande est, théoriquement, la force
de contraction.
Lorsqu’un muscle se contracte, il y a du travail qui est fourni et cela exige de l’énergie.
Durant la contraction, de granges quantités d’ATP sont clivées pour former de l’ADP; plus
grande est la quantité de travail fournie par le muscle, plus grande est la quantité d’ATP
clivée : c’est ce que l’on appelle l’effet Fenn. On pense que les événements se succèdent
rapidement de la manière suivante:
1. Mise sous tension de la tête de myosine. Avant le début de la contraction, l’ATP se fixe sur
les têtes des ponts d’union. L’activité ATPase de la tête de myosine clive immédiatement
l’ATP mais les produits de clivage, l’ADP et l’ion phosphate, y restent encore fixés. Cette
hydrolyse de l’ATP fournit l’énergie grâce à laquelle la tête de myosine peut reprendre sa
forme haute énergie (sous tension). C’est cette énergie potentielle qui activera la prochaine
séquence de liaison phase active de la tête de myosine. A ce stade, la conformation est telle
que la tête s’étend perpendiculairement vers le filament d’actine sans toutefois y être encore
attachée.
2. Dès que le complexe troponine-tropomyosine se lie aux ions calcium, les sites actifs du
filament d’actine sont démasqués, et les têtes de myosine s’y attachent, comme illustré à la
Figure 6–7.
3. La liaison de la tête du pont d’union avec le site actif sur le filament d’actine cause un
changement de conformation de la tête, la rendant plus prompte à pivoter vers le bras du pont
d’union. Ceci pourvoit le coup de force pour tirer le filament d’actine. L’énergie activant le
coup de force est une énergie déjà stockée dans le changement de conformation qui a eu lieu
au niveau de la tête lors du clivage, plus tôt, de la molécule d’ATP.
4. Une fois que la tête du pont d’union pivote, il y a libération de l’ADP et de l’ion phosphate
précédemment attachés à la tête. Au site de libération de l’ADP se fixe une nouvelle molécule
196
Ainsi donc, le processus se répète encore et encore jusqu’à ce que les filaments d’actine tirent
la ligne Z contre les extrémités de filaments de myosine ou que la charge sur le muscle soit si
grande qu’une autre traction ne peut apparaître.
Le glissement des filaments minces se poursuit tant que le signal calcique et l’ATP sont
présents. Lorsque les pompes à Ca2+ du RS récupèrent les ions calciums du sarcoplasme et
que la troponine change de nouveau sa forme, la tropomyosine masque les sites actifs de
l’actine, la contraction prend fin et les filaments reprennent leur position initiale.
Chaque tête de myosine s’attache et se détache plusieurs fois pendant la contraction, agissant
comme une minuscule crémaillère pour produire une tension et tirer le filament mince vers le
centre du sarcomère. Comme ce phénomène se déroule simultanément dans les sarcomère de
toutes les myofibrilles, la cellule musculaire raccourcit. Les têtes de myosine ont besoin
d’ions calcium pour se fixer à l’actine ;l’influx nerveux qui déclenche la contraction provoque
une augmentation de la quantité d’ions calcium à l’intérieur de la cellule.
active est de zéro. Ensuite, comme le sarcomère se raccourcit et le filament d’actine se met à
chevaucher le filament de myosine, la tension augmente progressivement jusqu’à ce que le
sarcomère se raccourcisse à environ 2,2 micromètres. A ce point, le filament d’actine a
chevauché pratiquement tous les ponts d’union du filament de myosine mais n’a pas encore
atteint le centre de ce filament. Avec plus de raccourcissement, le sarcomère maintient une
tension maximale jusqu’à atteindre le point B : la longueur du sarcomère est alors d’environ 2
micromètres. A ce point, les extrémités de deux filaments d’actine commencent à se
chevaucher l’un sur l’autre, en plus du chevauchement des filaments de myosine. Comme la
longueur du sarcomère passe de 2 à environ 1.65 micromètres, au point A, la force de la
contraction décroît rapidement. A ce point, les deux disques Z du sarcomère touchent les
extrémités des filaments de myosine. Ensuite, comme la contraction se poursuit pour
raccourcir encore avantage le sarcomère, les extrémités des filaments de myosine se froissent
et, comme l’illustre la figure, la force de la contraction approche zéro, mais le muscle entier
est maintenant contracté à sa plus courte longueur.
8.3.5. Effet de la longueur du muscle sur la force de contraction dans un muscle entier
intact
La courbe supérieure de la Figure 6–9 est similaire à celle de la Figure 6–8, mais la courbe
dans la Figure 6–9 dépeint la tension d’un muscle intact, entier plutôt que celle d’une fibre
musculaire prise isolément. Le muscle entier contient une grande quantité de tissu conjonctif;
par conséquent, les sarcomères dans les différentes parties du muscle ne se contractent pas
toujours en même quantité. C’est pourquoi la courbe montre des différences de dimension par
rapport à la courbe d’une fibre musculaire individuelle. Cependant, elle montre la même
forme générale pour la pente dans l’intervalle normal de contraction comme noté dans la
Figure 6–9.
Noter dans la Figure 6–9 que lorsque le muscle est à sa longueur normale de repos, soit
environ 2 micromètres de longueur pour un sarcomère, il se contracte sur activation avec le
maximum de force appropriée de contraction. Toutefois, l’augmentation dans la tension qui
survient durant la contraction, appelée tension active, diminue lorsque le muscle est étiré au-
delà de sa longueur normale — soit sarcomère d’une longueur plus grande que 2.2
micromètres environ. Ceci est illustré par la diminution de la longueur de la flèche dans la
figure à une longueur plus grande que le muscle normal.
198
W=LxD
La contraction musculaire exige de l’énergie et cette énergie est fournie par l’ATP. Le muscle a été
comparé à une machine qui convertit l’énergie chimique en travail mécanique. La plus grande partie
de l’ATP utilisée par la fibre musculaire sert à l’activité contractile (mouvement et détachement
199
des têtes de myosine, traction des filaments d’actine). Mais de quantités beaucoup plus petites sont
nécessaires (1) au fonctionnement de la pompe à calcium du réticulum sarcoplasmique qui pompe
les ions calcium ions du sarcoplasme vers la lumière du réticulum sarcoplasmique après la fin
de la contraction, et (2) au fonctionnement de la pompe à sodium-potassium du sarcoplasme qui
pompe les ions sodium et potassium pour maintenir un environnement ionique
transmembranaire approprié pour la propagation des potentiels d’action de la fibre
musculaire. D’où provient alors l’ATP nécessaire à l’activité contractile musculaire ?
Les quantités d’ATP emmagasinées dans les muscles ne sont pas très importantes : la concentration
d’ATP dans la fibre musculaire, environ 4 millimolaires, permet une contraction pleine tout
au plus de 1 à 2 secondes. Et pourtant, ces quantités suffisent ; ceci est dû au fait que l’ATP est
régénéré de façon continue. En effet, unefois que l’ATP, lors de la contraction, est hydrolysée en ADP
et en phosphate inorganique (Pi), sa régénération se fait en une fraction de seconde suivant trois voies :
(1) par interaction de l’ADP avec la créatinine phosphate, (2) à partirdu glycogène emmagasiné et par
une voie anaérobie appelée glycolyse anaérobie ;et (3)par respiration aérobie.
Au début d’une activité musculaire intense, l’ATP emmagasiné dans les muscles actifs
s’épuisent rapidement. La première source d’énergie qui est utilisée pour reconstituer l’ATP
est la substance appelée la créatine phosphate (CP). C’est une molécule à haute énergie très
particulière emmagasinée dans les muscles ; elle est utilisée pour régénérer l’ATP pendant
que les voies métaboliques s’adaptent à l’augmentation soudaine de la demande en ATP. La
réaction qui a lieu alors couple la CP à l’ADP. Globalement, il en résulte un transfert presque
instantané d’énergie et d’un groupement phosphate de la CP vers l’ADP qui devient de l’ATP.
La réaction couplée est facilement réversible, et les réserves de CP sont reconstituées au cours
des périodes d’inactivité alors que les fibres musculaires produisent plus d’ATP qu’elles n’en
ont besoin, par d’autres voies métaboliques.
Toutefois, la quantité totale de créatine phosphate dans la fibre musculaire est aussi très petite
— seulement environ cinq fois plus élevée que l’ATP. Les cellules musculaires emmagasinent
environ cinq fois plus de créatinine phosphate que d’ATP, et la création couplée, qui est
catalysée par la créatinine kinase, une enzyme, est tellement efficace que la concentration
200
La seconde importante source d’énergie, qui est utilisée pour reconstituer aussi bien l’ATP
que la créatine phosphate, c’est la “glycolyse” du glycogène précédemment stocké dans les
cellules musculaires. La dégradation enzymatique rapide du glycogène en acide pyruvique et
en acide lactique libère de l’énergie qui est utilisée pour convertir l’ADP en ATP; l’ATP peut
ensuite soit être directement utilisée pour alimenter une contraction musculaire additionnelle,
soit pour reconstituer les stocks de créatine phosphate.
Les mécanismes détaillés de ces processus énergétiques sont discutés dans le cours de
Biochimie.
Un rendement maximal peut être obtenu seulement lorsque le muscle se contracte à une
vélocité modérée. Si le muscle se contracte lentement ou sans aucun mouvement, de petites
quantités de chaleur de maintenance sont dégagées durant la contraction, bien qu’il y ait peu
ou pas de travail fourni, ce qui réduit le rendement de conversion à une valeur proche de zéro.
Réciproquement, si la contraction est trop rapide, d’importantes proportions d’énergie sont
utilisées vaincre la friction visqueuse au sein du muscle lui-même, cela aussi réduit le
rendement de la contraction. Normalement, le rendement maximum est développé lorsque la
vélocité de la contraction est à environ 30 pour cent du maximum.
Plusieurs aspects de la contraction musculaire peuvent être mis en évidence en obtenant des
secousses d’un seul muscle. La secousse musculaire est la réponse d’un muscle à un seul
stimulus liminaire de courte durée : le muscle se contracte rapidement, en une fraction de
seconde, puis se relâche. Une secousse musculaire peut être obtenue en excitant par un
202
courant électrique le nerf du muscle ou en faisant passer un bref stimulus électrique à travers
le muscle lui-même.
1. Secousse musculaire : types de contraction et des fibres musculaires
2. Aspects mécaniques de la contraction du muscle squelettique
3. Remodelage pour assurer la fonction
4. Rigidité cadavérique
La contraction musculaire est dite isométrique (isos = même ; metron = mesure) lorsque le
muscle ne se raccourcit ni ne s’allonge durant la contraction. Les contractions isométriques se
caractérisent par une tension qui continue d’augmenter, mais le muscle ne raccourcit pas ni
ne s’allonge. La contraction musculaire est dite isotonique (isos = même ; tonos = tension),
lorsque le muscle se raccourcit ou s’allonge (réduisant ainsi l’angle à l’articulation), et il
déplace la charge. La tension demeure constante pendant la plus grande partiede la
contraction. Les systèmes servant à l’enregistrement de ces deux types de contraction
musculaire sont illustrés à la Figure 6–11.
Les muscles squelettiques du corps humain sont d’une grande diversité de taille —du
minuscule muscle stapedius dans l’oreille moyenne, mesurant à peine quelques millimètres de
long et un millimètre ou moins de diamètre, au très grand muscle quadriceps, un demi-million
de fois plus grand que le stapedius. D’autre part, la taille des fibres est tout aussi variable : le
diamètre peut être aussi petit que 10 micromètres ou, au contraire, être aussi grand que 80
203
Chaque muscle du corps est constitué d’un mélange de fibres musculaires rapides et lentes,
avec d’autres fibres intermédiaires entre ces deux extrêmes. Les muscles qui réagissent
rapidement sont constitués principalement de fibres “rapides” avec seulement un petit nombre
de fibres lentes. Inversement, les muscles qui répondent lentement mais une contraction
prolongée sont constituées principalement de fibres “lentes”. Les différences entre ces deux
types de fibres sont les suivantes.
7.5.1.3.1. Fibres rapides. (1) Elles ont tendance à être beaucoup plus grosses. En effet, elles
possèdent un grand nombre de filaments contractiles (leur grand diamètre l’indique) qui leur
permettent de produire des contractions puissantes. (2) Réticulum sarcoplasmique étendu pour
une libération rapide d’ions pour déclencher la contraction. (3) Grandes quantités d’enzymes
glycolytiques pourune libération rapide d’énergie par voie glycolytique. (4) Moindre
irrigation sanguine parce que le métabolisme oxydatif est d’importance secondaire (car elles
ne dépendent pas d’un apport continud’oxygène et de nutriments en provenance du sang). (5)
204
Par conséquent, elles possèdent peu de mitochondries, renferment peu de myoglobine (elles
sont blanches).
7.5.1.3.2. Fibres lentes. (1) Fibres plus minces (une grande quantité de cytoplasme empêche
la diffusion d’oxygène et des nutriments provenant dusang). (2) Innervées aussi par des fibres
nerveuses plus minces. (3) Système vasculaire et des capillaires plus étendu (caractéristiques
favorable à l’apport de grandes quantités d’oxygène et de glucose transporté par le sang). (4)
Un grand nombre de mitochondries (sites où se produit l’utilisation d’oxygène), pour soutenir
des niveaux élevés de métabolisme oxydatif. (5) Elles contiennent de grandes quantités de
myoglobine, une chromoprotéine contenant du fer, semblable à l’hémoglobine du globule
rouge. La myoglobine se lie à l’oxygène, en emmagasinent des réserves et facilite sa diffusion
à travers la cellule musculaire vers les mitochondries. L’abondance de myoglobine donne à la
fibre lente sa couleur rouge et son nom de muscle rouge, alors que le déficit en myoglobine
dans la fibre rapide a fait que cette dernière soit nommée muscle blanc.
Le muscle squelettique, qui contient un très grand nombre de fibres, peut se contracter avec
une force variable plus ou moins longtemps. Pour comprendre comment cela se produit, nous
devons étudier l’ensemble fonctionnel nerveux et musculaire que l’on nomme unité motrice,
et voir comment le muscle répond à des stimuli de fréquence et d’intensité variables.
Chaque neurone moteur sortant de la moelle épinière innerve plusieurs fibres musculaires, le
nombre de fibres innervées dépendant du type du muscle. On appelle unité motrice
l’ensemble formé par un neurone moteur ettoutes les fibres musculaires qu’il dessert. En
général, les petits muscles qui réagissent rapidement et dont le contrôle doit être précis ont
beaucoup de fibres nerveuses pour peu de fibres musculaires ; en d’autres termes, les unités
motrices de muscles qui exigent une très grande précision sont petites (par exemple, dans
certains muscles laryngés, on peut avoir deux ou trois fibres musculaires par unité motrice ;
autre exemple, les muscles qui déterminent le mouvement des doigts et des yeux ont de
petites unités motrices). Par contre, les gros muscles porteurs dont les mouvements ne sont
pas précis, comme le muscle soléaire, peuvent avoir plusieurs centaines de fibres musculaires
dans une unité motrice. Les unités motrices de ces muscles sont donc beaucoup plus grosses.
Conversely, large muscles that do not require fine control, such as the soleus muscle, may
205
have several hundred muscle fibers in a motor unit. En moyenne, le nombre de fibres
musculaires par unité motrice est de 80 à 100, mais ce nombre peut varier de quatre à
plusieurs centaines.
Les fibres musculaires d’une même unité motrice ne sont pas regroupées mais chevauchent
d’autres unités motrices dans des microfaisceaux de 3 à 15 fibres. Cette interpénétration
permet aux différentes unités motrices de se contracter en soutien l’une de l’autre plutôt que
comme des segments totalement individuels.
sont innervées par des fibres nerveuses motrices plus petites qui sont, au niveau de la moelle
épinière, plus excitables que celles de plus grande taille et donc excitées en premier.
Un autre aspect important de la sommation spatiale est que l’activation spinale de différentes
unités motrices se fait de manière asynchrone : la moelle épinière active un groupe d’unités
motrices, puis un autre. Ainsi, les contractions surviennent de manière alternative parmi les
unités motrices qui se contractent l’une après l’autre, produisant ainsi une contraction
régulière même à de basses fréquences d’influx nerveux.
Lorsqu’un muscle commence à se contracter après une longue période de repos, la force qu’il
va exercer peut n’être que la moitié de celle qui résulterait d’un stimulus de même intensité
appliqué un peu plus tard (10 à 50 secousses plus tard). L’enregistrement de ces contractions
prend une forme caractéristique appelée escalier.
Bien que tous les facteurs impliqués dans le phénomène de l’escalier ne soient pas connus, il
est probable que ce phénomène soit le reflet de l’augmentation croissante de la quantité d’ions
calcium disponibles dans le sarcoplasme à la suite de la libération de quantités toujours plus
croissantes de ces ions calcium dans le cytosol à partir du réticulum sarcoplasmique à
l’occasion de chaque potentiel d’action du muscle. De plus, lorsque le muscle fonctionne et
s’échauffe, les réactions enzymatiques nécessaires à la production d’ATP et au glissement de
filaments deviennent plus efficaces. A cause de ces facteurs, les stimuli successifs produisent
des contractions de plus en plus fortes au cours de la première phase de l’activité musculaire.
C’est pour cette raison que les sportifs ont besoin d’une période d’échauffement.
C’est l’état de tension permanente, involontaire, des muscles squelettiques même au repos. Le
tonus musculaire est dû à des reflexes spinaux qui activent un groupe d’unités motrices, puis
un autre, en réaction à l’activation des mécanorécepteurs (sensibles à l’étirement) situés dans
les muscles et les tendons. Le tonus musculaire ne produit aucun mouvement, mais il permet
aux muscles de rester fermes et prêts à répondre à une stimulation. En outre, le tonus des
muscles squelettiques stabilise les articulations et assure le maintien de la posture.
Les muscles fonctionnent en exerçant une tension sur leurs points d’insertion aux os, et les os
à leur tour forment divers types de systèmes de levier. La Figure 6–14 illustre le système de
levier activé par le muscle biceps pour soulever l’avant-bras. Le muscle biceps lors de sa
contraction produit une grande tension, pouvant au maximum atteindre 136 kilogrammes.
Mais pour fléchir l’avant-bras sur le bras, l’organisme ne fait pas usage toute cette force n’en
utilisant que le 1/7 ou moins, selon la position initiale de l’avant-bras. Lorsque l’avant-bras
est à angle droit du bras, la tension de flexion est de 1/7 ; lorsque le bras est complètement
étendu, la tension avec laquelle la main peut être ramenée en avant est de moins de 1/7.
En résumé, une analyse des systèmes de levier de l’organisme dépend de la connaissance (1)
du point d’insertion du muscle, (2) de sa distance par rapport au point d’appui du levier, (3) de
la longueur du bras du levier, et (4) de la position du levier. Plusieurs types de mouvement
sont exigés dans l’organisme, certains d’entre eux nécessitent une grande force et d’autres de
grandes distances ou amplitudes. C’est pour cela qu’il y a différents types de muscle; certains
sont longs et se contractent sur une longue distance, et d’autres sont courts mais épais et
peuvent se contracter avec une très grande force sur de courtes distances. L’étude des
différents types de muscles et systèmes de levier, et leurs mouvements est appelée la
kinésiologie et c’est une composante scientifique importante de la physio-anatomie humaine.
7.5.2.8. Positionnement des parties du corps par la contraction des muscles agonistes et
antagonistes sur les côtés opposés d’une articulation—“Co-activation” des muscles
antagonistes.
209
Pratiquement tous les mouvements du corps sont le résultat de la contraction synchronisée des
muscles agonistes et antagonistes sur les côtés opposés des articulations. C’est ce qu’on
appelle la co-activation des muscles agonistes et antagonistes ; elle est contrôlée par les
centres de contrôle moteur de l’encéphale et de la moelle épinière.
La position de chaque partie prise séparément, comme un bras ou une jambe, est déterminée
par les degrés de contraction relative des jeux de muscles agonistes et antagonistes. En faisant
varier les rapports du degré d’activation des muscles agonistes et antagonistes, le système
nerveux contrôle directement le positionnement des différentes parties du corps.
Tous les muscles du corps sont continuellement en remodelage pour être en adéquation avec
les fonctions qui leur sont assignées. Le diamètre, la longueur, la puissance ou robustesse et
l’irrigation sanguine d’un muscle changent, et même les types de fibres musculaires changent
au moins légèrement. Ce processus de remodelage est souvent rapide, se déroulant en
quelques semaines. En effet, l’expérimentation animale a montré que dans des muscles plus
petits mais qui deviennent plus actifs, les protéines contractiles peuvent être remplacées en
l’espace de 2 semaines.
On parle d’hypertrophie musculaire dès lors que la masse totale d’un muscle augmente. Le
terme d’hypotrophie ou d’atrophie désigne la diminution de la masse totale d’un muscle.
Avec l’augmentation de taille des myofibrilles, les systèmes enzymatiques qui fournissent
l’énergie augmentent aussi. Ceci est particulièrement vrai pour les enzymes de la glycolyse,
qui permettent une fourniture rapide d’énergie durant une contraction musculaire puissante de
courte durée.
Lorsqu’un muscle demeure non utilisé pendant plusieurs semaines, le taux d’usure des
protéines contractiles est plus rapide que le taux de remplacement. Par conséquent, il apparaît
l’atrophie musculaire.
7.5.3.1.2. Hyperplasie des fibres musculaires. Sous de rares conditions de production d’une
force musculaire extrême, les fibres musculaires peuvent augmenter en nombre, en plus du
processus d’hypertrophie. Cette augmentation en nombre est appelée hyperplasie des fibres.
Lorsqu’elle apparaît, le mécanisme est un clivage linéaire des fibres préalablement
hypertrophiées.
Lorsqu’un muscle est privé de son innervation, il ne pourra plus recevoir les signaux
déclenchant une activité contractile nécessaire au maintien d’une taille musculaire normale.
Par conséquent, l’atrophie commence presqu’immédiatement. Au stade final de l’atrophie de
dénervation, la majorité des fibres musculaires sont détruites et remplacées par les tissus
fibreux et gras. Les fibres restantes sont constituées d’une longue membrane cellulaire avec
une mince bande de cytoplasme de cellule musculaire mais avec peu ou pas de propriétés
contractiles et dont la capacité de régénérer les myofibrilles en cas de régénération nerveuse
est faible ou nulle.
211
Le tissue fibreux qui remplace les fibres musculaires au cours de l’atrophie de dénervation ont
aussi tendance à un raccourcissement continu pour plusieurs mois, qui appelé est contracture.
Ainsi donc, l’un de plus importants problèmes en pratique de thérapie physique est de
protéger les muscles atrophiés du développement des contractures débilitantes et défigurant.
Ceci est atteint en étirant quotidiennement les muscles ou en faisant usage d’appareils qui
maintiennent les muscles étirés durant le processus d’atrophie.
C’est l’état état de contracture dans lequel entrent tous les muscles du corps plusieurs heures
après le décès. Les muscles se contractent et deviennent rigides, même sans potentiels
d’action. Cette rigidité résulte de la perte de tout l’ATP, lequel est nécessaire pour provoquer
la séparation des ponts d’union des filaments d’actine durant le processus de relaxation. Les
muscles demeurent en rigor jusqu’à ce que les protéines musculaires se détériorent environ 15
à 25 heures plus tard, ce qui résulte probablement de l’autolyse causée par les enzymes
libérées à partir des lysosomes. Tous ces événements se déroulent plus rapidement à des
températures plus élevées.
212
Les fibres musculaires squelettiques sont innervées par de grosses fibres nerveuses
myélinisées qui proviennent des gros motoneurones de la corne antérieure de la moelle
épinière.
Objectifs
PLAN DU CHAPITRE
1. Jonction neuromusculaire
2. Biologie moléculaire de la formation et de la libération de l’acétylcholine
3. Implications pharmacologiques de la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire
4. Myasthénie grave
5. Potentiel d’action du muscle
6. Couplage Excitation-Contraction
Comme souligné au Chapitre 7, chaque fibre nerveuse, après son entrée dans le muscle,
présente une multitude de ramifications, dont chacune innerve trois à plusieurs centaines de
fibres musculaires squelettiques. Chaque terminaison nerveuse forme avec la fibre musculaire
une jonction, appelée jonction neuromusculaire, placée à peu près au milieu de la fibre
musculaire. Le potentiel d’action généré dans la fibre musculaire par l’influx nerveux
chemine dans toutes les directions vers les extrémités de la fibre musculaire.En général,
chaque fibre musculaire ne possède qu’une seule terminaison neuromusculaire, à l’exception
d’environ 2 pour cent d’entre elles.
1. Anatomie physiologique
2. Sécrétion de l’acétylcholine par les terminaisons nerveuses
3. Effet de l’acétylcholine sur la membrane post-synaptique de la fibre musculaire
4. Destruction de l’acétylcholine libérée par l’acétylcholinestérase
5. Potentiel de plaque motrice et excitation de la fibre musculaire squelettique
6. Sécurité de la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire : fatigue de la jonction
213
La Figure 7–1A and B montre la jonction neuromusculaire d’une grosse fibre nerveuse
myélinisée avec une fibre musculaire squelettique. A son entrée dans le muscle, l’axone de
chaque neurone moteur présente une multitude de ramifications, chacune de ses terminaisons
axonales constituant une terminaison neuromusculaire. La terminaison axonale s’invagine
dans la membrane de surface de la fibre musculaire. La partie du sarcolemme de la fibre
musculaire qui forme un creux où se trouve la terminaison neuromusculaire est appelée la
plaque motrice. Elle est recouverte d’une ou plusieurs cellules de Schwann qui l’isole des
fluides environnants. Elle possède en outre de très nombreux replis. Ces plis jonctionnels
accroissent la superficie de la plaque motrice, qui possède à cet endroit des millions de
récepteurs membranaires de l’acétylcholine.
La Figure 7–1C montre un schéma de la micrographie électronique de la plaque motrice. La
membrane invaginée est appelée gouttière synaptique, et l’espace entre le renflement axonal
terminal ou bouton synaptique et la membrane post-synaptique est appelé espace ou fente
synaptique. Cet espace a une largeur de 20 à 30 nanomètres. Au fond de la gouttière (la partie
du sarcolemme de la fibre musculaire qui forme un creux) se trouvent de très nombreux replis
appelés puits sous-neuraux. Ces plis jonctionnels accroissent la superficie de la plaque
motrice, qui possède à cet endroit des millions de récepteurs membranaires de l’acétylcholine.
Dans la terminaison axonale se trouvent de nombreuses mitochondries qui fournissent
l’adénosine triphosphate (ATP), la source d’énergie utilisée pour la synthèse de
l’acétylcholine, le neurotransmetteur excitateur. Cette dernière, à son tour, excite le
sarcolemme. L’acétylcholine est synthétisée dans le cytoplasme de la terminaison nerveuse,
puis elle est rapidement stockée à l’intérieur de nombreuses petites vésicules, dont on trouve
normalement environ 300,000 dans les boutons terminaux de chaque plaque motrice. Dans
l’espace synaptique se trouvent de grandes quantités d’acétylcholinestérase, enzyme qui
dégrade l’acétylcholine en quelques millisecondes après sa libération des vésicules
synaptiques.
Lorsqu’un influx nerveux atteint la jonction neuromusculaire, environ 125 vésicules pré-
synaptiques contenant de l’acétylcholine sont libérées des terminaisons dans la fente
synaptique. Certains détails de ce mécanisme peuvent être vus dans la Figure 7–2, qui illustre
une vue détaillée de la fente synaptique avec la membrane neurale au-dessus et le sarcolemme
214
La Figure 7–2 représente une illustration de nombreux très petits récepteurs d’acétylcholine
dans la membrane de la fibre musculaire; il s’agit de canaux ioniques acétylcholine-
dépendants et ils sont situés presqu’entièrement près de l’abouchement des puits sous-
neuraux, à proximité immédiate des barres denses d’où l’acétylcholine est déversée dans
l’espace synaptique. Chaque récepteur est un complexe protéinique d’un poids moléculaire de
275,000. Le complexe est constitué de cinq sous-unités protéiques : deux protéines alpha et
une de chacune des protéines suivantes : beta, delta, et gamma. Ces molécules protéiques sont
transfixiantes, constituant un cercle de chaque coté de la membrane de manière à former un
canal tubulaire tel qu’illustré à la Figure 7–3. Le canal demeure resserré, comme illustré à la
section A de la figure, jusqu’au moment où deux molécules d’acétylcholine vont se lier aux
deux sous-unités protéiques alpha. Cette liaison va entraîner un changement de conformation
qui va ouvrir le canal, tel qu’illustré à la section B de la figure.
En pratique, ce sont les ions sodium qui, plus que les autres cations, et cela de très loin,
s’écoulent à travers les canaux acétylcholine-dépendants, et cela pour deux raison.
Premièrement, il n’y a que deux cations à concentration élevée : les ions sodium dans le
liquide extracellulaire, et les ions potassium dans le liquide intracellulaire. Deuxièmement, le
215
Comme l’illustre la Figure 7–3B, l’effet principal de l’ouverture des canaux acétylcholine-
dépendants est de permettre l’entrée d’un grand nombre d’ions sodium à l’intérieur de la fibre,
apportant avec eux un grand nombre de charges positives. Ceci crée un changement local
positif du potentiel à l’intérieur de la membrane de la fibre musculaire, appelé potentiel de
plaque motrice. A son tour, ce potentiel de plaque motrice initie un potentiel d’action qui se
propage le long de la membrane de la fibre musculaire et cause ainsi la contraction
musculaire.
L’acétylcholine, une fois libérée dans l’espace synaptique, continue à activer ses récepteurs
aussi longtemps qu’elle est présente dans l’espace. L’acétylcholine est, toutefois, retirée
rapidement de l’espace synaptique par deux moyens: l’action de l’acétylcholinestérase et la
diffusion.
(1) Action de l’acétylcholinestérase. La plus grande partie d’acétylcholine est détruite par
cette enzyme qui est associée principalement à la couche spongieuse du fin tissu conjonctif
dont est rempli l’espace synaptique situé entre la terminaison nerveuse pré-synaptique et la
membrane musculaire post-synaptique.
(2) Diffusion. Une petite quantité d’acétylcholine diffuse hors de l’espace synaptique et n’est
ensuite plus disponible pour agir plus longtemps sur la membrane de la fibre musculaire.
Le peu de temps que l’acétylcholine reste dans l’espace synaptique — tout au plus quelques
millisecondes — est normalement suffisant pour exciter la fibre musculaire. Ensuite son
retrait rapide prévient une ré-excitation musculaire continue après que la fibre musculaire ait
récupéré de son potentiel d’action précédent.
L’irruption soudaine des ions sodium à l’intérieur de la fibre musculaire lors de l’ouverture
des canaux acétylcholine-dépendants cause une augmentation du potentiel électrique à
l’intérieur de la fibre au niveau local. Le potentiel de membrane augmente d’une valeur aussi
élevée que 50 to 75 millivolts vers le positif, créant un potentiel local appelé potentiel de
216
plaque motrice. Comme nous l’avons vu au Chapitre 5 avec le nerf, une augmentation
soudaine du potentiel de membrane de plus 20 à 30 millivolts est normalement suffisante pour
initier l’ouverture de plus en plus de canaux sodiques, initiant ainsi un potentiel d’action au
niveau de la membrane de la fibre musculaire.
La Figure 7–4 illustre le principe d’un potentiel de plaque motrice initiant un potentiel
d’action. Les potentiels de plaque motrice A et C sont trop faibles pour déclencher un
potentiel d’action, mais ils peuvent produire de faibles changements locaux de potentiel au
niveau de la plaque motrice, tel qu’enregistré dans la figure. Par contre, le potentiel de plaque
motrice B est beaucoup plus fort et provoque l’ouverture de suffisamment de canaux sodiques
qui permet au processus de rétro-activation de s’installer et d’initier un potentiel d’action. La
faiblesse du potentiel de plaque motrice au point A a été cause par l’empoisonnement de la
fibre musculaire au curare, une drogue qui bloque l’action d’ouverture de l’acétylcholine sur
les canaux acétylcholine-dépendants par compétition avec le neurotransmetteur au niveau des
sites récepteurs. La faiblesse de potentiel de plaque motrice au point C a résulté de l’effet de
la toxine botulinique, un poison bactérien qui diminue la quantité d’acétylcholine libérée par
les terminaisons nerveuses.
Normalement, chaque influx qui arrive au niveau de la jonction neuromusculaire cause trois
fois plus de potentiel de plaque motrice que ce qui est nécessaire pour stimuler la fibre
musculaire. C’est ainsi que la jonction neuromusculaire est dite avoir un facteur de sécurité
élevé. Cependant, une stimulation de la fibre nerveuse à une fréquence de plus de 100 fois par
seconde pendant plusieurs minutes cause souvent une telle diminution du nombre de vésicules
d’acétylcholine que l’influx ne parvient pas à passer à la fibre musculaire. Cela est appelé
fatigue de la jonction neuromusculaire ou fatigue neuromusculaire tout simplement. C’est le
même effet qui cause la fatigue des synapses dans le système nerveux central lorsque les
synapses ont été surexcitées. Dans les conditions normales, c’est-à-dire physiologiques, la
fatigue neuromusculaire mesurable s’observe rarement.
217
causent l’invagination des puits vers l’intérieur de la membrane, formant ainsi de nouvelles
vésicules. En quelques autres secondes, l’acétylcholine est transportée à l’intérieur de ces
vésicules, qui sont de nouveau prêtes pour un nouveau cycle de libération de l’acétylcholine.
Les événements qui se déroulent à la terminaison neuromusculaires peuvent être modifiés par
des nombreuses toxines, drogues et maladies. Par exemple, la myasthénie (myos = muscle ; a
= sans ; sthénos = force) est due à un manque de récepteurs de 1’acétylcholine : elle se
manifeste par la chute des paupières supérieures, une difficulté à avaler et à parler ainsi
qu’une faiblesse et une fatigabilité musculaire. Le curare, un poison dont les autochtones
d’Amérique du Sud enduisent la pointe de leurs flèches, se combine avec les récepteurs
d’acétylcholine et empêche la liaison de l’acétylcholine par inhibition compétitive. En
conséquence, bien que les neurones continuent de libérer de l’acétylcholine (le « feu vert »),
les muscles ne peuvent plus se contracter et un arrêt respiratoire se produit.
1. Médicaments acétylcholine-mimétiques
2. Médicaments inactivant l’acétylcholinestérase
3. Médicaments bloquant la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire
La myasthénie grave, qu’on observe chez une personne sur 20,000, cause la paralysie
musculaire par suite de l’incapacité des jonctions neuromusculaires à transmettre
suffisamment de signaux des fibres nerveuses aux fibres musculaires. La pathogénie est
consécutive à la présence d’anticorps dirigés contre les canaux sodiques acétylcholine-
dépendants. Ainsi, la myasthénie grave est une maladie auto-immune au cours de laquelle les
patients développent une immunité contre leurs propres canaux ioniques acétylcholine-
dépendants.
Quelle que soit la cause, les potentiels de plaque motrice qui apparaissent dans les fibres sont
dans tous les cas trop faibles pour stimuler les fibres musculaires. Si la maladie est
220
Tout ce qui a été dit sur l’initiation et la conduction des potentiels d’action dans les fibres
nerveuses s’applique également aux fibres musculaires squelettiques, exceptées certaines
différences quantitatives. Voici ci-dessous quelques aspects quantitatifs des potentiels du
muscle:
1. Le potentiel de membrane de repos: environ –80 à –90 millivolts dans les fibres
squelettiques — la même valeur que dans les grosses fibres nerveuses myélinisées.
2. Durée du potentiel d’action: 1 à 5 millisecondes dans le muscle squelettique — environ
cinq fois plus longue que dans les grosses fibres nerveuses myélinisées.
3. Vitesse de conduction: 3 à 5 m/sec — environ le 1/13 de la vitesse de conduction dans les
grosses fibres nerveuses myélinisées qui excitent le muscle squelettique.
La fibre musculaire squelettique est si étendue que la propagation des potentiels d’action le
long du sarcolemme n’entraîne pratiquement aucun flux de courant profond dans la fibre. Et
pourtant, pour causer un maximum de contraction musculaire, le courant doit pénétrer
profondément dans la fibre musculaire pour atteindre les myofibrilles séparées adjacentes.
Cela est assuré par la transmission des potentiels d’action le long des tubules transverses
(tubules T) qui pénètrent de toute part à travers la fibre musculaire d’un côté à l’autre, comme
illustré dans la Figure 7–5. Les potentiels d’action du tubule T cause la libération des ions
calcium à l’intérieur de la fibre musculaire dans le voisinage immédiat des myofibrilles, et ces
ions calcium causent ensuite la contraction. L’ensemble de ce processus est appelé couplage
excitation-contraction.
221
contracter rapidement en même temps. De plus, le tubule T constituent une voie d’entrée qui
met le liquide interstitiel (contenant du glucose, de l’oxygène et divers ions) en contact intime
avec les parties les plus profondes de la cellule musculaire.
Le rôle des tubules T et celui du réticulum sarcoplasmique sont intimement liés en ce qui
concerne la transmission de signaux menant à la contraction musculaire. La relation étroite
entre ces organites a une traduction structurale au niveau de triades : à chaque triade, les
protéines du réticulum sarcoplasmique sont associées aux protéines du tubule T. Les protéines
du tubule T servent à détecter le voltage, et les protéines du réticulum sarcoplasmique sont
des récepteurs qui régissent la libération d’ions calcium depuis les citernes du réticulum
sarcoplasmique.
Un des aspects spécifiques du réticulum sarcoplasmique est de contenir au sein de ses tubules
et citernes un excès d’ions calcium en concentration élevée ions, et une grange quantité de ces
ions est libérée lorsqu’un potentiel d’action apparait dans le tubule adjacent.
La Figure 7–6 montre qu’un potentiel d’action du tubule T est à l’origine d’un flux de courant
à l’intérieur des citernes du réticulum sarcoplasmique adossées au tubule T. Ce qui, à son
tour, entraîne une ouverture rapide d’un grand nombre de canaux calciques à travers les
membranes des citernes et des tubules longitudinaux qui leur sont associés. Ces canaux
restent ouverts pendant quelques millisecondes; pendant ce temps, il y a libération d’une
quantité suffisante d’ions calcium dans le sarcoplasme entourant les myofibrilles pour causer
la contraction comme nous l’avons vu.
8.6.2.1. Pompe calcique et retrait des ions calcium fluide myofibrillaire après la contraction
Une fois que les ions calcium ont été libérés à partir des tubules sarcoplasmiques et diffusé
parmi les myofibrilles, la contraction musculaire se poursuit aussi longtemps que ces ions
demeurent en concentration élevée. Toutefois, la pompe à calcium localisée dans la
membrane du réticulum sarcoplasmique est continuellement active et pompe activement les
ions calcium, les retirant du fluide myofibrillaire pour les stocker à nouveau dans les tubules
sarcoplasmiques. Cette pompe peut concentrer les ions calcium environ 10,000-fois à
l’intérieur des tubules. Il y a en plus à l’intérieur de réticulum une protéine appelée
224
calséquestrine qui peut lier 40 fois plus de calcium. Le pompe à calcium du RS retire le
calcium du fluide sarcoplasmique, mettant ainsi fin à la contraction.
La concentration normale des ions calcium (moins de 10−7) à l’état de repos dans le fluide
cytosolique baignant les myofibrilles est trop basse pour déclencher la contraction. Ainsi
donc, le complexe troponine-tropomyosine garde les filaments d’actine inhibés et maintient
un état de relaxation du muscle.
À l’inverse, une excitation complète du système tubule T- réticulum sarcoplasmique entraîne
la libération de suffisamment d’ions calcium pour augmenter la concentration dans le fluide
myofibrillaire à des valeurs aussi élevées que 2 X 10−4 molaire, une augmentation de 500 fois,
qui est environ 10 fois le niveau requis pour causer une contraction musculaire maximale.
Immédiatement après, la pompe calcique baisse à nouveau la concentration cytosolique des
ions calcium. La durée totale de ce “pouls” de calcium est, dans une fibre musculaire
squelettique normale, de moins de 1/20 seconde environ. Cette durée peut être plusieurs fois
plus longue dans certaines fibres et plusieurs fois plus courte dans certaines autres. (Dans le
muscle cardiaque, le pouls de calcium dure environ 1/3 seconde à cause de la longue durée du
potentiel d’action cardiaque.)
Durant ce pouls de calcium, la contraction musculaire apparaît. Si la contraction se poursuit
sans interruption pendant de longs intervalles, une série de pouls de calcium devra être initiée
par une série continue de potentiels d’action répétitifs.
225
Al’exception du cœur, les muscles des parois des organes creux sont presque tous des muscles
lisses.
Objectifs
Décrire les caractéristiques anatomiques du muscle lisse
Décrire les différents types de muscle lisse
Comparer les mécanismes contractiles du muscle lisse à ceux du muscle squelettique
Décrire les facteurs contrôlant la contraction du muscle lisse
Plan
1. Contraction du muscle lisse
2. Contrôle nerveux et hormonal de la contraction du muscle lisse
Par rapport aux fibres musculaires squelettiques, les fibres musculaires lisses sont de
minuscules cellules : leur diamètre se situe généralement entre 1 et 5 micromètres et leur
longueur est seulement de 20 à 500 micromètres. Par comparaison, les fibres musculaires
squelettiques sont environ 30 fois plus larges et plusieurs milliers de fois plus longues. Il
existe de nombreuses similitudes dans le mécanisme de contraction des muscles lisse et
squelettique. La plus importante est que ce sont les mêmes forces attractives entre les
filaments de myosine et ceux d’actine qui sont dans la contraction aussi bien du muscle lisse
que du muscle squelettique. Toutefois, la disposition physique interne des fibres musculaires
lisses est très différente.
Le muscle lisse de chaque organe se distingue de ceux de la plupart d’autres organes par
plusieurs éléments : (1) les dimensions physiques, (2) l’organisation en couches ou en assises,
(3) la réponse à différents types de stimuli, (4) les caractéristiques de l’innervation, et (5)
fonction. Ainsi, pour des raisons de simplicité didactique, le muscle lisse est généralement
divisé en deux principaux types, qui sont illustrés dans la Figure 8–1: le muscle lisse multi-
unitaire et le muscle lisse unitaire (ou unité-unique).
Ce type de muscle lisse est constitué des fibres musculaires lisses minces, séparées,
indépendantes les unes des autres. Chaque fibre fonctionne indépendamment des autres et est
souvent innervée par une seule terminaison nerveuse, comme dans les fibres musculaires
squelettiques. En plus, les surfaces externes de ces fibres, comme celles des fibres
musculaires squelettiques, sont recouvertes d’une fine couche d’une substance ressemblant à
la membrane basale, un mélange de fin collagène et de glycoprotéines, qui aide à isoler les
fibres les unes des autres.
La caractéristique la plus importante des fibres musculaires lisses multi-unitaires est que
chaque fibre peut se contracter indépendamment des autres, et que leur contrôle est assuré
principalement par les signaux nerveux. A l’opposé, le contrôle du muscle lisse unitaire est
exercé principalement par des stimuli non-nerveux.
Quelques exemples du muscle lisse multi-unitaire : muscles lisses des grosses voies
respiratoires et des grandes artères ; muscles érecteurs des poils, reliés aux follicules pileux ;
muscle ciliaire de l’œil et muscle iris de l’œil. Les muscles érecteurs des poils causent
l’érection des cheveux (phénomène de chair de poule) lorsqu’ils sont stimulés par le système
nerveux sympathique. Les muscles de l’œil règlent le diamètre pupillaire (iris muscle
sphincter de la pupille) et effectuent la mise au point (muscle ciliaire).
Le terme “unitaire” prête à confusion parce qu’il peut laisser penser qu’il s’agit des fibres
d’un muscle unique. Il signifie plutôt un amas de centaines ou de milliers de fibres
musculaires lisses qui se contractent ensemble comme une seule unité. Les fibres sont
habituellement disposées en couches ou assises denses, et leurs membranes cellulaires
adhèrent les unes aux autres en de multiples points à telle enseigne que la force générée dans
une fibre musculaire peut être transmise à la suivante. En plus, les membranes cellulaires sont
couplées électriquement les unes aux autres par des jonctions ouvertes à travers lesquelles les
ions peuvent circuler librement d’une cellule musculaire à la suivante. Ainsi, les potentiels
d’action ou de simples courants ioniques sans potentiels d’action peuvent cheminer d’une
fibre à une autre et amener les fibres musculaires à se contracter ensemble. Ce type de muscle
lisse est aussi connu comme muscle lisse à cause de ses interconnexions syncytiales parmi les
fibres. Il est aussi appelé muscle lisse viscéral parce qu’on le trouve dans les parois de la
plupart des viscères du corps, incluant le canal alimentaire, les conduits biliaires, les uretères,
l’utérus, et de nombreux vaisseaux sanguins.
227
Le muscle lisse ne présente pas de stries transversales, d’où son nom. Il contient cependant
des filaments d’actine et de myosine qui ont des caractéristiques chimiques similaires aux
filaments d’actine et de myosine que l’on trouve dans les muscles squelettiques. Il ne semble
pas avoir de complexe de troponine qui nécessaire au contrôle de la contraction du muscle
squelettique ; le mécanisme de contrôle de la contraction est donc différent.
Les études chimiques ont montré que les filaments d’actine et de myosine du muscle lisse
interagissent entre eux de la même manière qu’ils le font dans le muscle squelettique : le
mécanisme de glissement des filaments relève donc de l’interaction de l’actine et de myosine.
En plus, la contraction finit par être déclenchée par une augmentation de la concentration
intracellulaire d’ions calcium, et de l’adénosine triphosphate (ATP) est dégradée en adénosine
diphosphate (ADP) pour fournir l’énergie de la contraction.
Comme dit supra, le muscle lisse n’a pas les mêmes striations faites d’une alternance de
filaments d’actine et de myosine qu’on trouve dans le muscle squelettique. A la place, les
techniques de micrographie électronique suggèrent l’organisation physique illustrée à la
Figure 8–2. Cette figure montre qu’il n’y a pas de sarcomères, mais que les filaments épais et
minces sont rassemblés en petits groupes disposés « en biais » dans la cellule, de sorte qu’il
semble suivre l’axe longitudinal de la cellule du muscle de façon hélicoïdale. On y voit
également de gros amas de filaments d’actine attachés à des structures appelées corps denses.
Les corps denses servent de points d’ancrage aux groupes de filaments minces ; ils sont donc
l’équivalent des lignes Z des muscles squelettiques. Certains de ces corps sont attachés à la
membrane cellulaire. D’autres sont dispersés à l’intérieur de la cellule. Certains corps denses
contigus au sarcolemme des cellules adjacentes sont liés ensemble par des ponts de protéines
intracellulaires. C’est principalement par l’entremise de ces liens que la force de contraction
est transmise d’une cellule à la cellule suivante.
228
Les filaments de myosine sont parsemés parmi les filaments d’actine dans la fibre musculaire.
Leur diamètre est plus du double de celui des filaments d’actine. En micrographie
électronique, on trouve habituellement 5 à 10 fois plus de filaments d’actine que de myosine.
A la droite de la Figure 8–2 nous avons une illustration de la structure suppose d’une unité
contractile individuelle au sein d’une cellule musculaire lisse : nous y voyons un grand
nombre de filaments d’actine irradiant à partir de deux corps denses; les extrémités de ces
filaments croisent un filament de myosine situé à mi-chemin entre les corps denses. Cette
unité contractile est similaire à l’unité contractile du muscle squelettique, mais sans la
régularité de la structure du muscle squelettique; en fait, les corps denses du muscle lisse joue
le même rôle que les disques Z dans le muscle lisse.
Il existe une autre différence: la plupart des filaments de myosine ont ce qu’on appelle ponts
croisés “polarisés par côté” disposés de telle façon que les ponts situés sur un côté pivotent
dans une direction et ceux situés sur l’autre côté pivotent dans la direction opposée. Cela
permet au filament de myosine de tirer le filament d’actine dans une direction sur un côté
pendant que simultanément il tire un autre filament d’actine dans la direction opposée sur
l’autre côté. L’importance de cette organisation est qu’elle permet aux cellules musculaires
lisses de se contracter à plus de 80 pour cent de leur longueur au lieu de se limiter à moins de
30 pour cent, comme dans le muscle squelettique.
La rapidité avec laquelle les ponts croisés de myosine se forment et se détachent de l’actine et
ensuite se forment à nouveau pour se détacher encore est beaucoup trop lente dans le muscle
229
lisse par rapport au muscle squelettique ; en fait la fréquence du cycle formation des ponts
croisés-détachement de l’actine dans le muscle squelettique est aussi basse que 1/10 à 1/300
de celle du muscle squelettique. Ainsi, la fraction de temps que les ponts croisés restent
attachés aux filaments d’actine, qui le facteur principal déterminant la force de la force de la
contraction, est grandement augmentée dans le muscle lisse. Une des raisons pouvant
expliquer cette lenteur du cycle formation et de détachement des ponts croisés est que les têtes
de myosine ont une activité ATPasique moindre que dans le muscle squelettique; par
conséquent, la dégradation de l’ATP qui alimente les mouvements de formation de ponts
croisés par ces têtes est grandement réduite, ce qui entraîne une lenteur correspondante du
cycle.
Le muscle lisse peut exercer la même tension contractile pendant delongues périodes en ne
consommant que moins de 1/10 à 1/300 de l’énergie dépensées par le muscle squelettique.
Cela est aussi le résultat de la lenteur du cycle d’attachement-détachement des ponts croisés et
parce que seulement une molécule d’ATP est nécessaire pour chaque cycle, peut importe la
durée du cycle.
Le type de contraction peu exigeant en ATP qui se produit dans les muscles lisses revêt une
extrême importance pour l’homéostasie de l’organisme. En effet, les organes comme les
intestins, la vessie, la vésicule biliaire, et les autres viscères maintiennent souvent une
contraction musculaire tonique presque indéfiniment.
La lenteur dans le début de la contraction du muscle lisse, aussi bien que sa contraction
prolongée sont causées par la lenteur de l’attachement et du détachement des ponts croisés
230
avec les filaments d’actine. En plus, l’initiation de la contraction en réponse aux ions calcium
est beaucoup plus lente que dans le muscle squelettique.
Malgré le fait que dans le muscle lisse, il y a relativement peu de filaments de myosine, et que
le temps d’attachement-détachement des ponts croisés est plus lent, la force maximum de
contraction du muscle lisse est souvent plus grande que celle du muscle squelettique —aussi
grande que 4 à 6 kg/cm2 de tranche de section pour le muscle lisse, contre 3 à 4 kilogrammes
pour le muscle squelettique. Cette grande force de contraction du muscle lisse est due à
l’attachement prolongé des têtes de ponts croisés de myosine aux filaments d’actine.
5° Mécanisme de “loquet” pour une tenue prolongée des contractions du muscle lisse
Une fois que le muscle lisse a développé une contraction complète, la quantité d’excitation
continuelle peut généralement être réduite à niveau très bas, de loin plus bas que le niveau
initial, alors que le muscle maintient sa pleine force de contraction. En outré, l’énergie
dépensée pour maintenir la contraction est souvent très minime, parfois moins de 1/300 de
l’énergie requise pour une comparable contraction musculaire soutenue dans le muscle
squelettique. C’est ce qu’on appelle mécanisme de “loquet”.
Une autre caractéristique importante du muscle lisse, spécialement le muscle lisse unitaire
viscéral de nombreux organes creux, c’est sa capacité à revenir rapidement à la valeur initiale
de sa force de contraction quelques secondes ou minutes après avoir été étiré ou raccourci. Par
exemple, une soudaine augmentation du volume urinaire dans la vessie étire le muscle lisse de
la paroi vésicale et cause une grande augmentation de la pression dans la vessie. Cependant,
dans les prochaines 15 à 60 secondes ou plus, malgré l’étirement continu de la paroi vésicale,
la pression retourne presqu’exactement à son niveau initial. Ensuite, lorsque le volume
augmente à un autre stade, le même phénomène s’observe à nouveau.
231
A l’inverse, lorsque le volume diminue soudainement, la pression chute très bas dans un
premier temps mais augmente ensuite en quelques secondes ou minutes vers le niveau initial.
Ces phénomènes sont appelés réponses contraction-relâchement et contraction-relâchement
inverse. Leur importance est que, à l’exception de courtes périodes de temps, ils permettent
aux organes creux de maintenir la même pression à l’intérieur de leurs lumières malgré de
grandes variations de volume.
Comme dans le muscle squelettique, la contraction finit par être déclenchée par une
augmentation de la concentration intracellulaire d’ions calcium. Cette augmentation peut être
cause dans différents types de muscle lisse par la stimulation nerveuse de la fibre musculaire
lisse, par la stimulation hormonale, par l’étirement de la fibre, ou même par un changement
dans l’environnement chimique de la fibre.
Puisque le muscle lisse ne contient pas de troponine, la protéine régulatrice qui est activée par
les ions calcium, sa contraction est activée un mécanisme totalement différent que nous
décrivons ci-dessous.
Le muscle lisse ne contient pas de troponine : les filaments minces n’ont pas de troponine
pour masquer le site de liaison des têtes de myosine et sont donc toujours prêts à se contracter.
À la place de la troponine, les cellules musculaires lisses contiennent une grande quantité
d’une autre protéine régulatrice appelée calmoduline. Bien que cette protéine soit semblable à
la troponine, elle s’en distingue par sa manière de déclencher la contraction. La calmoduline
déclenche la contraction en activant les ponts croisés de myosine. Située sur les filaments de
myosine, la calmoduline agit en association avec une kinase appelée kinase des chaînes
légères de la myosine ou MLC kinase, qui fait partie des filaments de myosine. La séquence
d’événement est la suivante :
1. Les ions calcium se lient à la calmoduline, et l’activent ;
2. La combinaison calmoduline-calcium se lie à la myosine kinase, une enzyme
phosphorylante, et l’active;
3. L’une de chaînes légères de chaque tête de myosine, appelée chaîne régulatrice,
devient phosphorylée en réponse à cette myosine kinase. Lorsque cette chaîne n’est
pas phosphorylée, le cycle attachement-détachement de la tête de myosine avec le
232
Le muscle lisse se détend quand la concentration intracellulaire des ions calcium diminue.
Lorsque la concentration intracellulaire des ions calcium chute à niveau critique, les
processus ci-haut mentionnés s’inversent automatiquement, à l’exception de la
phosphorylation de la tête de myosine. L’inversion de cette étape exige l’action d’une autre
enzyme, la myosine phosphatase, située dans les liquides de la cellule musculaire lisse, qui
enlève le phosphate de la chaîne légère régulatrice. Ensuite le cycle attachement-détachement
s’arrête et la contraction cesse. Le temps nécessaire à la relaxation de la contraction
musculaire, est ainsi déterminé en grande partie par la quantité de myosine phosphatase active
dans la cellule.
À cause de son importance dans le muscle lisse, et parce qu’il permet le maintien à long terme
d’un tonus dans plusieurs muscles lisses des organes sans une grande dépense d’énergie, le
phénomène de loquet a fait l’objet de plusieurs hypothèses explicatives. Parmi plusieurs
mécanismes évoqués, l’un des plus simples est le suivant.
Lorsque les enzymes myosine kinase et myosine phosphatase sont toutes deux fortement
activées, la fréquence du cycle des têtes de myosine et la vitesse de la contraction sont
élevées. Ensuite, comme l’activation des enzymes diminue, la fréquence du cycle des têtes de
myosine diminue, mais au même moment, la désactivation de ces enzymes permet aux têtes
de myosine de demeurer attachées au filament d’actine pendant plus longtemps et dans une
plus grande proportion de la période du cycle. Ainsi donc, le nombre de têtes de myosine
attachées au filament d’actine à un moment donné reste important. Et comme le nombre de
têtes de myosine attachées au filament d’actine détermine la force statique de la contraction,
la tension est maintenue, ou “loquée”; alors peu d’énergie est utilisée par le muscle, parce que
l’ATP n’est pas dégradée en ADP sauf dans de rares occasions lorsqu’une tête se détache.
Les muscles lisses ne possèdent pas de terminaisons neuromusculaires très élaborées comme
celles du muscle squelettique. Par contre, les fibres nerveuses autonomiques qui innervent le
muscle lisse généralement se ramifient de façon diffuse au dessus d’une couche de fibres
musculaires, comme le montre la Figure 8–3.
Dans la plupart des cas, ces fibres n’entrent pas en contact direct avec les membranes des
myocytes lisses mais plutôt par l’entremise des structures dénommées varicosités axonales; ce
sont de nombreux renflement bulbeux formé à la terminaison des neurofibres du système
autonome. Ces varicosités libèrent le neurotransmetteur dans une large fente synaptique,
d’une largeur de quelques nanomètres à quelques micromètres, située dans la région des
cellules musculaires lisses. Ces jonctions sont appelées jonctions diffuses. Le
neurotransmetteur diffuse ensuite vers les myocytes. En outre, là où il y a plusieurs couches
de myocytes, les fibres nerveuses, souvent, n’innervent que la couche la plus externe, et
l’excitation musculaire chemine de cette couche externe vers les couches plus en profondeur
par la propagation du potentiel d’action dans la masse musculaire ou par une diffusion
additionnelle du neurotransmetteur.
Les axones qui innervent les myocytes lisses ne possèdent pas les ramifications typiques de la
terminaison axonale de type plaque motrice des myocytes squelettiques. A la place, la plupart
de fines terminaisons axonales ont de multiples varicosités distribuées le long de leurs axes.
Au niveau de ces points les cellules de Schwann qui recouvrent les axones s’interrompent de
manière que le neurotransmetteur peut être sécrété par les parois des varicosités. Dans les
varicosités se trouvent des vésicules semblables à celles de la plaque motrice du muscle
234
Dans peu de cas, particulièrement dans le muscle lisse de type multi-unitaire, la distance qui
sépare les varicosités de la membrane du myocyte est de moins de 20 à 30 nanomètres — la
même largeur que la fente synaptique de la jonction du muscle squelettique. Ces jonctions
sont appelées jonctions de contact, et fonctionnent de beaucoup de la même manière que la
jonction neuromusculaire du muscle squelettique; la rapidité de contraction des ces fibres
musculaires lisses est de loin plus grande que celle des fibres stimulées par les jonctions
diffuses.
Les neurotransmetteurs les plus importants sécrétés par les nerfs autonomiques innervant le
muscle lisse sont l’acétylcholine et la noradrénaline. Toutefois, ces substances ne sont jamais
sécrétées par les mêmes fibres nerveuses. L’acétylcholine est neurotransmetteur excitateur des
fibres musculaires lisses dans certains organes mais inhibiteur dans d’autres organes. Lorsque
l’acétylcholine excite une fibre musculaire, la noradrénaline, normalement l’inhibe.
Inversement, lorsque l’acétylcholine inhibe une fibre, la noradrénaline, normalement l’excite.
Cette différence dans la réponse à la présence d’un neurotransmetteur s’explique par la nature
des récepteurs membranaires auxquels se lie le neurotransmetteur. Toutes les deux,
l’acétylcholine et la noradrénaline excitent ou inhibent le muscle lisse par leur liaison à un
récepteur protéique sur la surface de la membrane du myocyte. Certains des récepteurs
protéiques sont excitateurs, alors que d’autres sont inhibiteurs. Ainsi, c’est le type de
récepteur qui détermine si le muscle lisse est inhibé ou excite et aussi lequel de deux
neurotransmetteurs, acétylcholine ou noradrénaline, est excitateur ou inhibiteur.
Dans le muscle lisse unitaire (comme un viscéral par exemple), les potentiels d’action
apparaissent de la même façon que dans le muscle squelettique. Normalement, dans de
nombreux muscles lisses multi-unitaires, si pas dans la plupart d’entre eux, il n’apparaît pas
de potentiel d’action.
Les potentiels d’action du muscle lisse viscéral se présentent sous l’une de deux formes
suivantes: (1) potentiels de pointe ou (2) potentiels d’action avec plateau.
9.2.2.2.1. Potentiels de pointe. Des potentiels de pointe typiques, comme ceux qui s’observe
dans le muscle squelettique, apparaissent dans la plupart des muscles lisses unitaires. La durée
de ce type de potentiel d’action est de 10 à 50 millisecondes, comme illustré à la Figure 8–4A.
de tels potentiels d’action peuvent être déclenchés de plusieurs façons, par exemple, par la
stimulation électrique, par l’action des hormones sur le muscle lisse, par l’action des
neurotransmetteurs à partir des fibres nerveuses, par l’étirement, ou à la suite d’une génération
spontanée dans la fibre musculaire elle-même.
9.2.2.2.2. Potentiels d’action avec plateau. La Figure 8–4C montre un potentiel d’action avec
plateau d’un muscle lisse. Le début de ce potentiel d’action est semblable à celui du potentiel
de pointe typique. Toutefois, au lieu d’une repolarisation rapide de la membrane de la fibre
musculaire, le repolarisation est retardée de plusieurs centaines à plus d’un millier de
millisecondes (quelques secondes). L’importance du plateau est qu’il rend compte de la
contraction prolongée qui survient dans certains types de muscle lisse, comme l’uretère,
l’utérus sous certaines conditions, et certains types de muscle lisse vasculaire. Ce type de
potentiel d’action est également observe dans les fibres musculaires cardiaques qui ont une
période de contraction prolongée.
La membrane cellulaire du myocyte lisse possède de loin plus de canaux calciques voltage-
dépendants que le myocyte squelettique mais moins de canaux sodiques voltage-dépendants.
Ainsi donc, le sodium participe moins dans la genèse du potentiel d’action dans la plupart des
muscles lisses. A la place, c’est le flux des ions calcium vers l’intérieur de la fibre qui est le
principal facteur responsable du potentiel d’action. Cela se produit de la même manière
autorégénérative que pour les canaux sodiques dans les fibres nerveuses et musculaires
squelettiques. Cependant, les canaux calciques s’ouvrent de loin plus lentement que les
canaux sodiques, et aussi demeurent ouverts pendant plus longtemps. Cette propriété est en
grande partie responsable du plateau prolongé des potentiels d’action de certaines fibres
musculaires lisses.
Un autre aspect important de l’entrée de l’ion calcium dans les cellules durant le potentiel
d’action est que les ions calcium agissent directement sur le mécanisme contractile du muscle
lisse pour causer la contraction. Ainsi, le calcium fait d’une pierre deux coups.
9.2.2.4. Potentiels d’onde lente dans le muscle lisse unitaire et genèse spontanée des potentiels
d’action
Certains muscles lisses sont auto-excitables. En d’autres termes, ils peuvent produire eux-
mêmes des potentiels d’action en l’absence de tout stimulus externe. Cette propriété est
souvent associée à un rythme d’ondes lentes de base du potentiel de membrane. Une onde
lente typique du muscle lisse de l’intestin est illustrée à la Figure 8–4B. L’onde lente elle-
même n’est pas un potentiel d’action. Ceci étant, elle n’est pas non plus un processus
autorégénératif qui se propage progressivement par-dessus les membranes des fibres
musculaires. Il s’agit plutôt d’une propriété locale des fibres musculaires lisses qui prépare la
masse musculaire.
L’origine du rythme d’ondes lentes est inconnue. Il a été suggéré que les ondes lentes sont
causes par l’accroissement et le décroissement du pompage des ions positifs (probablement
les ions sodium) en dehors à travers la membrane de la fibre musculaire; ainsi, le potentiel de
membrane devient plus négatif lorsque le sodium est pompé rapidement et moins négatif
lorsque le pompage du sodium devient moins actif. Une autre hypothèse est que les
conductances des canaux ioniques augmentent et diminuent de façon rythmique.
L’importance des ondes lentes est que, lorsqu’elles sont suffisamment fortes, elles peuvent
déclencher un potentiel d’action. Les ondes lentes ne peuvent pas causer par elles-mêmes la
contraction musculaire, mais lorsque le pic du potentiel négatif d’onde lente sur le versant
237
intracellulaire augmente vers des valeurs moins négatives de −60 à environ −35 millivolts (le
seuil approximatif du déclenchement des potentiels d’action dans la plupart des muscles lisses
viscéraux), un potentiel d’action se développe et se propage par-dessus la masse musculaire.
Ensuite la contraction survient. La Figure 8–4B illustre cet effet, montrant qu’au pic de
chaque onde lente, un ou plusieurs potentiels d’action apparaissent. Ces séquences répétitives
des potentiels d’actions déclenchent les contractions rythmiques de la masse du muscle lisse.
Ainsi donc, les ondes lentes sont appelées ondes pacemaker. En Physiologie digestive, il est
dit que ce type d’activité pacemaker contrôle les contractions rythmiques de l’intestin.
Lorsque le muscle lisse viscéral (unitaire) est étiré suffisamment, des potentiels d’action
spontanés sont généralement produits. Ils sont le résultat de la combinaison (1) de potentiels
d’onde lente normaux et (2) de la diminution de la négativité globale du potentiel de
membrane causée par l’étirement lui-même. Cette réponse à l’étirement permet à la paroi
intestinale, lorsqu’elle excessivement étirée, de se contracter de façon automatique et
rythmique. Par exemple, lorsque l’intestin est rempli du contenu intestinal, des contractions
automatiques locales souvent créent des ondes péristaltiques qui déplacent le contenu hors de
l’intestin rempli, habituellement vers la direction de l’anus.
Les fibres musculaires lisses du muscle lisse multi-unitaire (comme le muscle iris de l’œil ou
le muscle pilo-érecteur de chaque cheveu) normalement se contractent principalement en
réponse à des stimuli nerveux. Les terminaisons nerveuses sécrètent de l’acétylcholine pour
certains muscles lisses multi-unitaires et de la noradrénaline pour d’autres. Dans les deux cas,
le neurotransmetteur cause la dépolarisation de la membrane du muscle lisse, ce qui, à son
tour, déclenche la contraction. Généralement, il ne se développe pas de potentiels d’action; la
raison en est que ces fibres sont trop minces pour produire un potentiel d’action. (Lorsque des
potentiels d’action sont produits dans un muscle lisse viscéral unitaire, 30 à 40 fibres
musculaires lisses doivent se dépolariser simultanément avant qu’un potentiel d’action auto-
propagé ne s’ensuive.) Toutefois, les petites cellules musculaires lisses, même sans un
potentiel d’action, la dépolarisation locale (appelée le potentiel de jonction) causée par le
neurotransmetteur se propage elle-même “électroniquement” à travers la fibre entière et c’est
tout ce qui est requis pour causer la contraction musculaire.
238
9.2.3. Effet des facteurs tissulaires locaux et des hormones pour causer la contraction en
l’absence des potentiels d’action
Probablement la moitié de l’ensemble de la contraction du muscle lisse est initiée par des
facteurs stimulants qui agissent directement sur la machinerie contractile du muscle lisse et en
l’absence de potentiels d’action. Deux types de facteurs stimulants non-nerveux et non–
potentiel d’action initiant souvent impliqués sont (1) les facteurs chimiques tissulaires locaux
et (2) les diverses hormones.
9.2.3.1. Contraction du muscle lisse en réponse aux facteurs chimiques tissulaires locaux
Le muscle lisse vasculaire des petits vaisseaux (artérioles, méta-artérioles et sphincters pré-
capillaires) se contracte ou se dilate en réponse à des stimuli chimiques. Cette propriété est à
la base du contrôle du débit sanguin tissulaire local (Voir Physiologie cardio-vasculaire). En
effet, les vaisseaux les plus petits ont peu ou pas d’innervation ; or le muscle lisse est très
contractile, répondant rapidement aux changements des conditions chimiques locales dans le
liquide interstitiel environnant.
A l’état normal de repos, plusieurs de ces petits vaisseaux sanguins demeurent contractés.
Mais lorsqu’un supplément de flux sanguin vers le tissu s’avère nécessaire, de multiples
facteurs peuvent relaxer la paroi vasculaire, permettant ainsi une augmentation du débit. C’est
de cette façon qu’un puissant système de rétroaction local contrôle le débit sanguine tissulaire
local. Ci-dessous quelques facteurs spécifiques de contrôle:
1. L’hypoxie tissulaire locale est à l’origine d’une relaxation du muscle lisse et, donc, d’une
vasodilatation.
2. L’excès de dioxyde de carbone cause la vasodilatation.
3. L’augmentation de la concentration d’ions hydrogène cause la vasodilatation.
L’adénosine, l’acide lactique, l’augmentation des ions potassium, la diminution de la
concentration de l’ion calcium, et l’augmentation de la température corporelle sont tous des
facteurs pouvant causer une vasodilatation locale.
Une hormone cause la contraction d’un muscle lisse lorsque la membrane du myocyte lisse
contient des récepteurs excitateurs hormone-dépendants à cette hormone. Inversement,
l’hormone cause l’inhibition si la membrane contient des récepteurs inhibiteurs pour
l’hormone plutôt que des récepteurs excitateurs.
9.2.3.3. Mécanismes de l’excitation ou inhibition du muscle lisse par les hormones ou les
facteurs tissulaires locaux
Certains récepteurs d’hormone dans la membrane du muscle lisse ouvrent des canaux
ioniques sodiques ou calciques et dépolarisent la membrane, de la même façon qu’après une
stimulation nerveuse. Parfois des potentiels d’action sont produits, ou alors des potentiels
d’action qui sont sur le point de se produire peuvent être amplifiés. Dans d’autres cas, la
dépolarisation survient en l’absence de tout potentiel d’action, et cette dépolarisation permet à
l’ion calcium d’entrer à l’intérieur de la cellule et d’initier la contraction.
L’inhibition, au contraire, s’observe lorsque l’hormone (ou un autre facteur tissulaire) ferme
les canaux sodiques et calciques empêchant l’entrée de ces cations; l’inhibition apparait aussi
si les canaux potassiques, fermés à l’état normal, s’ouvrent, laissant sortir les ions potassium
positifs hors de la cellule. Toutes ces deux actions accroissent le degré de négativité sur le
versant intracellulaire de la membrane du myocyte, un état appelé hyperpolarisation, qui
inhibe fortement la contraction musculaire.
Parfois la contraction or l’inhibition du muscle lisse est initiée par les hormones sans qu’il y
ait un quelconque changement du potentiel de membrane. Dans ces cas, l’hormone active un
récepteur membranaire qui n’ouvre ni ne ferme des canaux ioniques mais entraîne un
changement interne dans la fibre musculaire, comme par exemple une libération des ions
calcium à partir du réticulum sarcoplasmique intracellulaire; le calcium ensuite induit la
contraction. Pour inhiber la contraction, d’autres mécanismes ont été identifiés au niveau des
récepteurs; par exemple l’activation des enzymes membranaires adénylcyclase ou
guanylcyclase dans la membrane cellulaire. Certains récepteurs (des récepteurs couplés à la
protéine G) ont des portions faisant protrusion vers l’intérieur de la cellule. Ces portions sont
couplées à ces enzymes, causant la formation de l’adénosine monophosphate cyclique
(cAMP) ou de la guanosine monophosphate cyclic (cGMP), substances aussi dites « seconds
messagers ». L’AMPc ou la GMPc a de nombreux effets, dont l’un est de changer le degré de
phosphorylation de plusieurs enzymes qui inhibent indirectement la contraction. Par exemple,
il y a activation de pompe qui retire les ions calcium du fluide sarcoplasmique pour les
240
Le muscle lisse présente une grande diversité quant à comment il initie la contraction ou la
relaxation en réponse aux différents hormones, neurotransmetteurs et autres substances. Dans
certains cas, la même substance peut causer soit la relaxation soit la contraction du muscle
lisse dans différentes localisations. Par exemple, la noradrénaline inhibe la contraction du
muscle lisse dans l’intestin mais stimule la contraction du muscle lisse dans les vaisseaux
sanguins.
Dans le muscle lisse, le processus contractile est activé, comme dans le muscle squelettique,
par les ions calcium ions; toutefois, la source de ces ions diffère. Le réticulum
sarcoplasmique, pourvoyeur de la quasi-totalité des ions calcium activant la contraction du
muscle squelettique, est beaucoup moins développé dans la plupart des muscles lisses. A la
place, la quasi-totalité des ions calcium activant la contraction entre dans le myocyte à partir
du liquide extracellulaire au moment du potentiel d’action ou d’un autre stimulus. En effet, il
existe un immense gradient chimique en faveur de l’entrée des ions calcium dans le myocyte:
la concentration des ions calcium dans le liquide extracellulaire est supérieure à 10−3 molaire,
en comparaison avec moins de 10−7molaire à l’intérieur du myocyte lisse. Cet immense
gradient chimique est à l’origine d’une diffusion rapide des ions calcium vers l’intérieur de la
cellule dès que les pores calciques s’ouvrent. Le temps nécessaire à l’apparition de cette
diffusion avoisine les 200 à 300 millisecondes et est appelé période de latence avant le début
de la contraction. Comparé au muscle squelettique, la période de latence de la contraction du
muscle lisse est environ 50 fois plus grande.
La Figure 8–5 montre des tubules sarcoplasmiques peu développés de certains grands
myocytes lisses : ces tubules cheminent près du sarcolemme. On y voit également de petites
241
invaginations du sarcolemme, appelées cavéoles, accolées aux surfaces de ces tubules. Les
cavéoles correspondent à un analogue rudimentaire du système des tubules transverses du
muscle squelettique. Lorsqu’un potentiel d’action est transmis aux cavéoles, la libération des
ions calcium à partir des tubules sarcoplasmiques accolés est déclenchée de la même manière
que le potentiel d’action dans les tubules transverses du muscle squelettique cause la
libération des ions calcium à partir des tubules sarcoplasmiques longitudinaux. D’une manière
générale, dans une fibre musculaire lisse, plus le réticulum sarcoplasmique est développé, plus
rapidement la fibre se contracte.
Pour que survienne la relaxation du muscle lisse après la contraction, les ions calcium doivent
être retires du fluide sarcoplasmique. Cette élimination est assurée par les pompes caciques
qui pompent les ions hors de la fibre musculaire lisse, les retournant dans le liquide
extracellulaire, ou dans la lumière du réticulum sarcoplasmique, si ce dernier est présent. La
pompe calcique du réticulum sarcoplasmique du muscle lisse est à action lente en
comparaison avec la pompe calcique à action rapide du réticulum sarcoplasmique du muscle
squelettique. C’est ainsi que la contraction d’un muscle lisse isolé souvent dure des secondes
contre quelques centièmes à quelques dixièmes de seconde, dans un muscle squelettique.
Présence de tubules T et Oui ; deux dans chaque Oui ; un dans chaque Non.
site de l’invagination sarcomère aux jonctions sarcomère aux lignes Z ;
A-I diamètre plus important
que dans les muscles
squelettiques
Réticulum Oui Moins que dans le muscle Equivalent de celui du muscle
sarcoplasmique squelettique (1 à 8 % du cardiaque.
développé volume cellulaire)
citernes terminales rares
Les fibres ont des Oui Non Oui, dans les muscles multi
terminaisons unitaires.
neuromusculaires
séparées
Régulation de la Volontaire, par l’entremise Involontaire ; régulation Involontaires ; neurofibres
contraction des terminaisons axonales par un système autonomes, hormones,
du système nerveux intrinsèque; régulation substances chimiques au niveau
somatique également par le local, étirement
système nerveux
autonomes hormones;
étirement
Source de Ca2+ pour le Réticulum sarcoplasmique RS et liquide RS et liquide interstitiel
signal électrique (RS) interstitiel
Présence d’un centre Non Oui Oui (dans les muscles unitaires
rythmogène seulement)
Effet de la stimulation Excitation Excitation ou inhibition Excitation ou inhibition
nerveuse
Vitesse de la contraction Lente à rapide Lente Très lente
Contractions rythmiques Non Oui Oui, dans les muscles unitaires
Réponse à l’étirement La force de contraction La force de contraction Réponse contraction
augmente avec le degré augmente avec le degré relâchement
d’étirement (jusqu’à une d’étirement
certaine valeur)
Respiration Aérobie et anaérobie Aérobie Surtout anaérobie
243
PARTIE
III Métabolisme et Thermorégulation
1. Métabolisme des hydrates de carbone, et formation de l’ATP
2. Métabolisme des lipides
3. Métabolisme des protéines
4. Le foie : Organe métabolique
5. Equilibre alimentaire; Régulation de l’appétit; Obésité et Maigreur ;
Vitamines et Minéraux
6. Bioénergétique et taux du métabolisme
7. Température corporelle, Thermorégulation, et fièvre
244
Ce chapitre et les quelques chapitres qui suivent traitent du métabolisme du corps humain qui
est une gamme incroyable de réactions biochimiques nécessaire au maintien de la vie. Le but
poursuivi dans ce cours n’étant pas de présenter les détails chimiques de toutes les différentes
réactions cellulaires, chose qui sera faite dans le cours de Biochimie, nous nous bornerons (1)
à passer en revue les principaux processus chimiques dans les cellules et (2) à analyser leurs
implications physiologiques, spécialement la manière dont ils s’agencent dans le concept
global d’homéostasie.
Une grande proportion de réactions chimiques dans les cellules porte sur l’extraction de
l’énergie disponible dans les aliments et son utilisation par les différents systèmes
physiologiques cellulaires. Par exemple, il faut de l’énergie pour alimenter l’activité
contractile musculaire, la sécrétion glandulaire, le maintien des potentiels de membrane par
les cellules excitables, la synthèse des substances dans les cellules, l’absorption des
nutriments au niveau du tractus gastro-intestinal, et plusieurs autres fonctions.
Tous les aliments énergétiques — hydrates de carbone, lipides, et protéines — peuvent être
oxydés dans les cellules, et tout au long de ce processus, de quantités considérables d’énergie
sont libérées. Ces mêmes aliments peuvent également être brûlés avec de l’oxygène pur en
dehors du corps dans un feu: il en résultera également la libération de grandes quantités
d’énergie; dans ce cas, cependant, l’énergie est libérée soudainement, en totalité sous forme
de chaleur. Les processus physiologiques cellulaires n’utilisent pas une énergie sous forme de
245
chaleur, mais plutôt une énergie capable de causer un mouvement mécanique pour le cas de la
fonction musculaire, de concentrer les solutés pour le cas de la sécrétion glandulaire, et
d’effectuer plusieurs autres fonctions ou tâches. Pour fournir cette énergie dont les cellules
ont besoin, les réactions chimiques doivent être “couplées” aux systèmes responsables de ces
fonctions physiologiques. Ce couplage est accompli par des systèmes enzymatiques
cellulaires spéciaux de transfert d’énergie. Certains de ces systèmes seront brièvement
présentés dans ce chapitre et dans les chapitres suivants.
La quantité d’énergie libérée par l’oxydation complète d’un aliment est appelée énergie libre
de l’oxydation de l’aliment concerné, et est habituellement représenté par le symbole ∆G.
L’énergie libre est habituellement exprimée en termes de calories par mole de substance. Par
exemple, la quantité d’énergie libre libérée par l’oxydation complète d’1 mole (180 grammes)
de glucose est 686,000 calories.
L’adénosine triphosphate (ATP) est le lien essentiel entre les fonctions utilisatrices et les
fonctions productrices d’énergie de l’organisme (Figure 10–1). C’est ainsi que l’ATP, qui est
appelé arbre de transmission de l’énergie de l’organisme, peut être formé et dépensé de
manière répétitive.
L’ATP est un composé chimique labile présent dans toutes les cellules. Sa structure chimique
est montrée dans la Figure 10–2. Dans cette structure, on voit que l’ATP est une combinaison
d’adénine, ribose, et trois radicaux phosphates. Les deux derniers radicaux phosphate sont
246
attachés au reste de la molécule par des liaisons haute-énergie, qui sont indiquées par le
symbole ~. La quantité d’énergie libre de ces liaisons haute-énergie par mole d’ATP est
d’environ 7300 calories sous les conditions standard et 12,000 calories sous les conditions de
température et de concentrations des réactifs dans l’organisme. Ainsi donc, dans l’organisme,
l’ablation de chacun de deux derniers radicaux phosphates libère environ 12,000 calories
d’énergie. Après la perte d’un radical phosphate, le compose devient l’ADP, et après la perte
du second radical phosphate, il devient l’adénosine mono-phosphate (AMP).
L’ATP est un composé ubiquitaire: on le trouve dans toutes les cellules, aussi bien dans le
cytoplasme que dans le nucléoplasme ; et pratiquement tous les processus physiologiques
nécessitant de l’énergie pour leur déroulement tirent cette énergie directement de l’ATP (ou
d’un autre composé haute-énergie similaire — la guanosine triphosphate [GTP]). En
contrepartie, les aliments sont progressivement oxydés dans les cellules, et l’énergie ainsi
libérée est utilisée pour former de nouvelles molécules d’ATP, maintenant un apport
permanent de cette substance. Tous ces transferts d’énergie se déroulent au moyen des
réactions couplées.
Les produits finaux de la digestion des hydrates de carbone dans le tractus digestif sont
presque toujours le glucose, le fructose, et le galactose — le glucose représentant en moyenne
environ 80 pour cent de l’ensemble de ces monosaccharides. Après leur absorption dans le
tractus intestinal, la majeure partie du fructose et presque tout le galactose sont rapidement
convertis en glucose dans le foie. Ainsi donc, peu de fructose et de galactose sont présents
247
dans le sang circulant. Le glucose devient dès lors la voie commune finale pour le transport de
presque tous les hydrates de carbone aux cellules des tissus.
Dans les hépatocytes, il existe des enzymes appropriées pour assurer des inter-conversions
parmi les monosaccharides — glucose, fructose, et galactose — comme illustré dans la Figure
10–3. En outré, les dynamiques des réactions sont telles que lorsque le foie libère des
monosaccharides en retour dans le sang, le produit final est presqu’entièrement le glucose.
Cela s’explique par le fait que le foie contient de grandes quantités de glucose phosphatase :
c’est ainsi que le glucose-6-phosphate peut être dégradé en glucose et phosphate, et le glucose
peut ensuite être transporté à travers la membrane cellulaire de l’hépatocyte pour retourner
dans le sang.
En fois de plus, l’attention doit être attirée sur le fait qu’habituellement plus de 95 pour cent
de tous les monosaccharides qui circulent dans le sang le sont sous la forme du produit final
de conversion, le glucose.
Avant que les cellules des tissus de l’organisme ne puissant l’utiliser, le glucose doit traverser
la membrane cellulaire et se retrouver dans le cytoplasme. Or, le glucose ne diffuse pas
aisément à travers les pores de la membrane cellulaire à cause de sa taille: les particules qui
diffusent sans difficulté ont un poids moléculaire de 100 au maximum alors que celui du
glucose est de 180. Ainsi, le glucose ne peut passer à l’intérieur des cellules avec une certaine
facilité que par un mécanisme de diffusion facilitée. Les principes de ce mode de transport ont
été discutés dans une section de ce cours.
La diffusion facilitée est le mode de transport du glucose à travers les membranes de
quasiment toutes les cellules des tissus de l’organisme. Cependant, au niveau des épithéliums
sécrétant ou absorbants — comme l’épithélium gastro-intestinal ou l’épithélium tubulaire
rénal — le transport du glucose se fait selon une modalité tout à fait différente : le co-
transport actif sodium-dépendant. Ce mécanisme de sodium-dépendant fonctionne seulement
dans les cellules épithéliales spéciales qui spécifiquement adaptées pour l’absorption active du
glucose.
Immédiatement après son entrée dans les cellules, le glucose se combine à un radical
phosphate selon la réaction suivante:
Cette phosphorylation est catalysée principalement par les enzymes glucokinase dans le foie
et hexokinase dans la plupart d’autres cellules. La phosphorylation du glucose est presque
toujours totalement irréversible sauf dans les hépatocytes, les cellules épithéliales tubulaires
rénales, et les cellules épithéliales intestinales; dans ces cellules, une autre enzyme, le glucose
phosphatase, est aussi disponible, et quand cette enzyme est activée, elle peut inverser la
réaction. Dans la plupart de tissus du corps, la phosphorylation sert à capturer le glucose dans
la cellule. Ceci parce qu’à la suite de cette liaison quasi instantanée au phosphate, le glucose
ne pourra plus rétrodiffuser à l’extérieur, sauf dans les cellules spéciales, spécialement les
hépatocytes, qui possèdent la phosphatase.
10.4. LE GLYCOGENE
Une fois à l’intérieur de la cellule, le glucose peut être immédiatement utilisé pour libérer de
l’énergie pour les besoins de la cellule, ou être stocké sous forme de glycogène, qui est un
gros polymère de glucose.
Toutes les cellules de l’organisme sont capables de stocker au moins une certaine quantité de
glycogène. Mais certaines cellules peuvent stocker des quantités beaucoup plus importantes:
c’est le cas notamment des hépatocytes, qui peuvent stocker plus de 5 à 8 pour cent de leur
poids sous forme de glycogène, et des cellules musculaires, qui peuvent stocker plus de 1 à 3
pour cent glycogène. Les molécules de glycogène peuvent se polymériser quasiment à l’infini,
atteignant en moyenne un poids moléculaire de 5 million ou plus; la majeure partie du
glycogène précipite sous forme de granules solides.
249
Cette conversion des monosaccharides en un composé de haut poids moléculaire qui précipite
(le glycogène) rend possible le stockage de grandes quantités d’hydrates de carbone sans qu’il
y ait une altération significative de la pression osmotique des liquides intracellulaires. En
effet, de hautes concentrations des monosaccharides solubles de faible poids moléculaire
pourrait interférer avec les relations osmotiques entre les liquides intracellulaire et
extracellulaire.
Les réactions chimiques impliquées dans la glycogénogenèse sont reprises dans la Figure 10–
4. Dans cette figure, on peut voir que le glucose-6-phosphate peut devenir le glucose-1-
phosphate; ce dernier est converti en uridine di-phosphate glucose, lequel est finalement
converti en glycogène. Plusieurs enzymes spécifiques sont nécessaires à ces conversions, et
tout monosaccharide qui peut être converti en glucose peut entrer dans ces réactions. Certains
composes plus petits, comme l’acide lactique, le glycérol, l’acide pyruvique, et quelques
acides aminés désaminés, peuvent également être convertis en glucose ou en composés
apparentés et ensuite être convertis en glycogène.
10.4.2.1. Adrénaline
C’est une hormone libérée par la médulla surrénale en réponse à une stimulation du système
nerveux sympathique. Ainsi donc, l’une des fonctions du system nerveux sympathique est
d’accroître la disponibilité du glucose pour un métabolisme énergétique rapide. Cette fonction
de l’adrénaline apparaît de façon marquée dans les hépatocytes et le muscle, contribuant ainsi,
avec les autres effets de la stimulation sympathique, à préparer l’organisme à l’action.
10.4.2.2. Glucagon
C’est une hormone sécrétée par les cellules alpha du pancréas lorsque la concentration
sanguine du glucose chute trop bas. Le glucagon stimule la formation de l’AMP cyclique
principalement dans les hépatocytes, ce qui à son tour favorise la conversion du glycogène
hépatique en glucose et la libération de ce dernier dans le sang, ce qui élève la concentration
sanguine du glucose.
La glycolyse c’est la scission de la molécule de glucose pour former deux molécules d’acide
pyruvique. Elle glycolyse se déroule en 10 réactions chimiques successives, chacune étant
catalysée par au moins une enzyme spécifique. A l’issue de l’étape de glycolyse, le gain net
en molécules d’ATP est de seulement 2 moles pour chaque mole de glucose utilisée. Ce qui
chiffre à 24,000 calories l’énergie transférée à l’ATP, alors qu’au cours de la glycolyse, un
total de 56,000 calories d’énergie a été dégagé du glucose, donnant une efficacité globale de
la formation d’ATP de seulement 43 pour cent. Les 57 pour cent d’énergie restants ont été
perdus sous forme de chaleur.
La prochaine étape dans la dégradation du glucose est la conversion en deux temps de deux
molécules d’acide pyruvique en deux molécules d’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA), selon la
réaction ci-dessous:
On voit que dans cette réaction deux molécules de dioxyde de carbone et quatre atomes
d’hydrogène sont libérés, alors que les parties restantes des deux molécules d’acide pyruvique
se combinent au coenzyme A, un dérivé de la vitamine acide pantothénique, pour former deux
molécules d’acétyl-CoA. Dans cette conversion, il n’y a d’ATP formé, mais plus de six
molécules d’ATP seront formées lorsque les quatre atomes d’hydrogène seront oxydés.
252
Le cycle de l’acide citrique en lui-même ne libère pas une grande quantité d’énergie; dans
seulement une de réactions chimiques —lors du changement de l’aide cétoglutarique à l’acide
succinique— il se forme une molécule d’ATP. Ainsi, pour chaque molécule de glucose
métabolisée, deux molécules d’acétyl-CoA entrent dans le cycle de l’acide citrique, chacune
formant une molécule d’ATP, soit un total de deux molécules d’ATP formées.
Comme dit supra, des atomes d’hydrogène sont libérés durant les différentes réactions
chimiques du cycle de l’acide citrique —4 atomes d’hydrogène lors de la glycolyse, 4 lors de
la formation d’acétyl-CoA à partir de l’acide pyruvique, et 16 dans le cycle de l’acide
citrique ; ce qui fait un total de 24 atomes d’hydrogène libérés pour chaque molécule de
glucose de départ. Cependant, les atomes d’hydrogène ne sont pas simplement rejetés dans le
liquide intracellulaire. A la place, ils sont libérés en paquets de deux, et dans chaque cas, cette
libération est catalysée par une enzyme protéique spécifique appelée une déshydrogénase.
Vingt de 24 atomes d’hydrogène se combinent immédiatement au nicotinamide adénine di-
nucléotide (NAD+), un dérivé de la vitamine niacine, dans la réaction suivante:
Les quatre atomes d’hydrogène restants libérés au cours de la dégradation du glucose— les
quatre libérés au cours du cycle de l’acide citrique entre les stades des acides succinique et
fumarique — se combinent à une déshydrogénase spécifique mais ne sont pas ensuite libérés
sur le NAD+. A la place, ils passent directement de la déshydrogénase au processus oxydatif.
Les déshydrogénases et le NAD ont pour fonction de causer la libération des atomes
d’hydrogène dans le cycle de l’acide citrique.
Par contre, il se forme de grandes quantités d’ATP par oxydation de l’hydrogène, processus
qu’on appelle phosphorylation oxydative. En effet, presque 90 pour cent du total de l’ATP
généré par le métabolisme du glucose sont formés au cours de l’oxydation subséquente des
atomes d’hydrogène qui ont été libérés au cours des étapes initiales de la dégradation du
glucose dégradation. Ainsi, la finalité ultime de toutes ces étapes initiales est rendre
l’hydrogène de la molécule de glucose disponible dans des formes permettant son oxydation.
L’oxydation de l’hydrogène se fait, comme illustré dans la Figure 10–7, par une série de
réactions catalysées par les enzymes dans les mitochondries. Ces réactions (1) détachent
chaque atome d’hydrogène en un ion hydrogène et un électron et (2) utilisent les électrons
éventuellement pour combiner l’oxygène dissous des liquides aux molécules d’eau pour
former les ions hydroxyle. Ensuite l’hydrogène et les ions hydroxyle se combinent l’un à
l’autre pour forme de l’eau. Au cours de cette séquence de réactions oxydatives, d’énormes
254
quantités d’énergie sont libérées pour former l’ATP. Ce processus de formation de l’ATP est
appelé phosphorylation oxydative. Il se déroule totalement dans les mitochondries par un
processus hautement spécialisé appelé mécanisme chimiosmotique.
Les étapes de la phosphorylation oxydative sont les suivantes : 1° ionisation des atomes
d’hydrogène, 2° transport des électrons dans la chaîne de transport d’électrons, 3° pompage
des protons dans l’espace inter-membranaire de la mitochondrie et 4° formation de l’ATP.
La première étape de la phosphorylation oxydative dans les mitochondries est l’ionisation des
atomes d’hydrogène qui ont été arrachés des substrats énergétiques. Comme souligné plus
haut, ces atomes d’hydrogène sont arrachés par paires: un devient immédiatement un ion
hydrogène, H+; l’autre se combine au NAD+ pour former le NADH. La partie supérieure de la
Figure 10–7 montre le sort ultérieur du NADH et de l’ion H+. Le premier effet est de libérer
l’autre atome d’hydrogène du NADH pour former un autre ion hydrogène, H+; ce qui
reconstitue le NAD+ qui sera alors réutilisé encore et encore.
Les électrons arrachés des atomes d’hydrogène— et dont la perte est à l’origine de
l’ionisation de l’hydrogène— entrent immédiatement dans une chaîne de transport d’électrons
constituée d’accepteurs d’électrons qui font partie intégrante de la membrane interne (la
membrane repliée) de la mitochondrie. Les accepteurs d’électrons peuvent, de façon
réversible, être réduits ou oxydés en acceptant ou en cédant des électrons. Les membres
importants de cette chaîne de transport d’électrons comprennent la flavoprotéine, plusieurs
protéines sulfate de fer, l’ubiquinone, et les cytochromes B, C1, C, A, et A3. Chaque est
transporté d’un de ces accepteurs au suivant, jusqu’à ce qu’il atteigne finalement le
cytochrome A3, qui est appelé cytochrome oxydase parce qu’il est capable de céder deux
électrons à l’oxygène élément et par conséquent le réduire pour former l’oxygène ionique,
lequel se combine aux ions hydrogène pour former l’eau. Ainsi, la Figure 10–7 montre le
transport des électrons à travers la chaîne de transport d’électrons et ensuite leur utilisation
ultime par le cytochrome oxydase pour causer la formation des molécules d’eau. Durant le
transport de ces électrons à travers la chaîne de transport d’électrons, l’énergie est libérée et
va servir à la synthèse d’ATP.
255
Comme les électrons passent à travers la chaîne des transporteurs des électrons, de grandes
quantités d’énergie sont libérées. Cette énergie est utilisée pour pomper les ions hydrogène de
l’espace matriciel à l’espace inter-membranaire (de droite à gauche dans la Figure 10–7). Ce
pompage crée une haute concentration des ions hydrogène positivement chargés dans l’espace
inter-membranaire ; il crée aussi un puissant potentiel électrique négatif dans l’espace
matriciel.
L’étape suivante dans la phosphorylation oxydative est la conversion de l’ADP en ATP. Elle a
lieu grâce à une grande molécule protéique qui traverse toute l’épaisseur de la membrane
interne mitochondriale, faisant protrusion dans la matrice avec une tête en forme de bouton.
Cette molécule est une ATPase, dont la structure physique est illustrée dans la Figure 10–7.
Elle est appelée ATP synthétase.
Nous pouvons maintenant déterminer le nombre total de molécules d’ATP qui, sous les
conditions optimales, peuvent être formées par l’énergie libérée par une molécule de glucose.
256
1. Au cours de la glycolyse, quatre molécules d’ATP sont formées, et deux sont dépensées
pour causer la phosphorylation initiale du glucose qui permet au processus de s’enclencher.
Ce qui donne un gain net de deux molécules d’ATP.
2. Au cours de chaque révolution du cycle de l’acide citrique, une molécule d’ATP est
formée. Toutefois, comme chaque molécule de glucose se scinde en deux molécules d’acide
pyruvique, il y a deux révolutions du cycle pour chaque molécule de glucose métabolisée,
donnant une production nette de deux molécules supplémentaires d’ATP.
3. Durant l’entièreté de la dégradation du glucose, un total de 24 atomes d’hydrogène est
libéré au cours de la glycolyse et du cycle de l’acide citrique. Vingt de ces atomes sont oxydés
selon le schéma du mécanisme chimiosmotique montré dans la Figure 10–7, avec la libération
de trois molécules d’ATP par deux atomes d’hydrogène métabolisé. Ce qui donne 30
molécules additionnelles d’ATP.
4. Les quatre atomes d’hydrogène restants sont libérés par leurs déshydrogénases dans le
processus oxydatif chimiosmotique dans la mitochondrie au-delà de la première étape de la
Figure 67–7. Deux molécules d’ATP sont habituellement libérées pour chaque deux atomes
d’hydrogène oxydés, donnant ainsi un total de quatre molécules d’ATP supplémentaires.
Une libération continuelle de l’énergie à partir du glucose lorsque les cellules n’en ont pas
besoin pourrait s’avérer comme du gaspillage. C’est ainsi que la glycolyse et l’oxydation
subséquente des atomes d’hydrogène sont contrôlées, étroitement et de façon continue, en
conformité aux besoins cellulaires en ATP. Ce contrôle est assuré par de nombreux
mécanismes de contrôle par rétroaction négative à l’intérieur des systèmes chimiques. Parmi
les plus importants de ces mécanismes de contrôle, on trouve les effets des concentrations
257
cellulaires de l’ADP et de l’ATP dans le contrôle des taux des réactions chimique dans la
séquence du métabolisme énergétique.
Un autre niveau de contrôle est représenté par l’ion citrate formé au cours du cycle de l’acide
citrique. Un excès de cet ion inhibe fortement la phosphofructokinase, empêchant ainsi en
amont le processus glycolytique de fournir au cycle de l’acide citrique l’acide pyruvique qui
aura été formé à l’issue de la glycolyse.
Une troisième voie par laquelle le système ATP-ADP-AMP contrôle le métabolisme des
hydrates de carbone, mais aussi la libération de l’énergie par les lipides et les protéines, est la
suivante : si tout l’ADP cellulaire est convertie en ATP, il ne se forme plus d’ATP
supplémentaire tout simplement. Comme résultat, toute la séquence impliquée dans
l’utilisation des nutriments —glucose, graisses, et protéines— pour former l’ATP s’arrête.
Ensuite, lorsque l’ATP est utilisée pour alimenter les différentes fonctions physiologiques
cellulaires, l’ADP et l’AMP nouvellement formées allument de nouveau le processus de
libération de l’énergie, et ces deux produits retournent à l’état d’ATP. De cette façon, un stock
essentiellement plein d’ATP est maintenu automatiquement, sauf durant une activité cellulaire
extrême, comme un exercice très intense.
Il arrive que l’oxygène ne soit pas disponible ou qu’il soit insuffisant, au point que les
phosphorylations oxydatives ne se déroulent pas. Même dans ces conditions là, une petite
quantité d’énergie peut encore être libéré aux cellules par l’étape glycolytique de la
258
dégradation des hydrates de carbone. En effet, les réactions chimiques impliquées dans la
dégradation du glucose en acide pyruvique n’exigent pas la présence de l’oxygène.
Ce processus est extrêmement dispendieux pour le glucose, parce que seulement 24,000
calories d’énergie sont utilisées pour former l’ATP pour chaque molécule de glucose
métabolisée, ce qui représente seulement un peu plus de 3 pour cent de l’énergie totale dans la
molécule de glucose. Toutefois, cette libération de l’énergie glycolytique aux cellules, qui est
appelée l’énergie anaérobique, peut s’avérer une mesure salvatrice pour quelques minutes
lorsque l’oxygène devient non disponible.
La loi d’action des masses stipule que lorsque les produits finaux d’une réaction chimique
s’accumulent dans une réaction réversible, le taux de la réaction diminue, approchant zéro.
Les deux produits finaux des réactions glycolytiques (voir Figure 10–5) sont (1) l’acide
pyruvique et (2) les atomes d’hydrogène combinés au NAD+ pour former le NADH et l’ion
H+. L’accumulation d’un ou de ces deux produits pourrait stopper le processus glycolytique et
prévenir une formation ultérieure d’ATP. Lorsque leurs quantités commencent à devenir
excessives, ces deux produits finaux réagissent l’un avec l’autre pour former l’acide lactique,
selon l’équation suivante:
Ainsi, dans les conditions d’anaérobiose, la grande partie d’acide pyruvique est convertie en
acide lactique, qui diffuse rapidement hors des cellules dans le liquide extracellulaire et même
dans le liquide intracellulaire d’autres cellules moins actives. Par conséquent, l’acide lactique
259
représente une sorte de “trou d’évier” dans lequel les produits finaux de la glycolyse peuvent
disparaître, permettant ainsi à la glycolyse de se poursuivre le plus longtemps possible.
Effectivement, la glycolyse ne pourrait durer que quelques secondes sans cette conversion.
Grace à cette conversion, elle peut au contraire durer plusieurs minutes, alimentant le corps
avec de considérables extra quantités d’ATP, même en l’absence de l’oxygène respiratoire.
Lorsque l’on se remet à respire à nouveau de l’oxygène après une période de métabolisme
anaérobique, l’acide lactique est rapidement reconverti en acide pyruvique et NADH plus H+.
De larges quantités de ces métabolites sont immédiatement oxydées pour former de grandes
quantités d’ATP. Cet excès d’ATP est à l’origine d’un excès d’acide pyruvique dont les trois
quarts seront reconvertis à nouveau en glucose.
Ainsi donc, les grandes quantités d’acide lactique produites lors de la glycolyse anaérobique
ne sont pas perdues par l’organisme parce que, lorsque l’oxygène est à nouveau disponible,
l’acide lactique peut être soit reconverti en glucose ou directement utilisé pour l’énergie. La
majeure partie de cette reconversion se déroule dans le foie, mais une petite partie se déroule
aussi dans d’autres tissus.
Le muscle cardiaque est spécialement capable de convertir l’acide lactique en acide pyruvique
et ensuite utiliser l’acide pyruvique pour l’énergie. Ceci survient à grande échelle durant un
exercice intense, lorsque de grandes quantités d’acide lactique sont déversées dans le sang par
les muscles squelettiques et brulées comme une source d’énergie extra par le cœur.
Dans presque tous les muscles du corps, essentiellement tous les hydrates de carbone utilisés
pour la production de l’énergie sont dégradés en acide pyruvique par la glycolyse et ensuite
oxydés. Cependant, ce système de la glycolyse n’est pas l’unique voie par laquelle le glucose
peut être dégradé et utilisé pour fournir de l’énergie. Il existe un second mécanisme important
pour la dégradation et l’oxydation glucose qu’on appelle la voie des pentoses phosphate (ou la
260
Cette voie est spécialement importante parce qu’elle peut pourvoir de l’énergie
indépendamment de toutes les enzymes du cycle de l’acide citrique et constitue ainsi une voie
alternative pour le métabolisme énergétique lorsque certaines anomalies enzymatiques
apparaissent dans les cellules. Elle a une capacité spéciale de fournir de l’énergie aux
multiples processus cellulaires de synthèse.
Contrairement à la voie glycolytique, l’hydrogène libéré lors du cycle des pentoses phosphate
ne se combine pas au NAD+, mais plutôt au nicotinamide adénine di-nucléotide phosphate
(NADP+), qui est presqu’identique au NAD+ mais qui s’en distingue par la par la présence
d’un radical phosphate, P. cette différence est extrêmement significative, parce que seul
l’hydrogène fixé au NADP+ dans la forme du NADPH peut être utilisé pour la synthèse des
graisses à partir des hydrates de carbone et pour la synthèse de quelques autres substances.
Lorsque les cellules stockant le glycogène (premièrement les hépatocytes et les cellules
musculaires) approchent la saturation avec le glycogène, le supplément de glucose est
converti en graisses dans le foie et dans les cellules adipeuses et stocké comme graisses dans
les cellules adipeuses.
Lorsque le stock corporel d’hydrates de carbone baisse en dessous d’un seuil critique, des
quantités modérées de glucose peuvent être formées à partir d’acides aminés et de la partie
glycérol des graisses. Ce processus est appelé la gluconéogenèse.
Environ 60 pour cent d’acides aminés des protéines corporelles peuvent facilement être
convertis en hydrates de carbone; les 40 pour cent restants ont des configurations chimiques
qui rendent cette conversion difficile, voire impossible. Chaque acide aminé est converti en
glucose par un processus chimique légèrement différent. Par exemple, l’alanine peut être
directement convertie en acide pyruvique par simple désamination; l’acide pyruvique est
ensuite converti en glucose ou en glycogène stocké. Plusieurs des acides aminés plus
compliqués peuvent être convertis en différents sucres contenant trois, quatre, cinq ou sept
atomes de carbone; ils peuvent ensuite emprunter la voie du phosphogluconate et
éventuellement former le glucose. Ainsi, au moyen de la désamination plus plusieurs inter-
conversions simples, beaucoup d’acides aminés peuvent devenir du glucose. Des inter-
conversions similaires peuvent transformer le glycérol en glucose ou en glycogène.
La diminution des hydrates de carbone dans les cellules et du sucre dans le sang sont les
stimuli à la base du déclenchement de l’augmentation du taux de gluconéogenèse. La
diminution des hydrates de carbone peut inverser directement plusieurs réactions des voies de
dégradation du glucose (glycolyse et voie du phosphogluconate), permettant ainsi la
conversion d’acides aminés désaminés et du glycérol en hydrates de carbone. En plus,
l’hormone cortisol est spécialement importante dans cette régulation.
Lorsque des quantités normales d’hydrates de carbone ne sont pas disponibles aux cellules,
l’adénohypophyse, pour des raisons qui ne sont pas encore totalement comprises, se met à
sécréter des quantités croissantes de l’hormone adrénocorticotrope ou ACTH. Cette dernière
stimule le cortex surrénal à produire de grandes quantités d’hormones glucocorticoïdes,
spécialement le cortisol. A son tour, le cortisol mobilise les protéines à partir des cellules du
corps essentiellement, les rendant ainsi disponibles sous forme d’acides aminés dans les
liquides corporels. Une proportion élevée de ces acides amines subissent la désamination dans
le foie et pourvoient des substrats appropriés pour la conversion en glucose. Ainsi, un des
moyens les plus importants par lequel la gluconéogenèse est accentuée c’est à travers la
libération des glucocorticoïdes par le cortex surrénal.
263
La concentration sanguine normale du glucose chez une personne à jeun (pas de repas depuis
3 à 4 heures) est d’environ 90 mg/dl. Après un repas riche en hydrates de carbone, ce taux
s’élève vers 140 mg/dl si la personne ne souffre pas de diabète sucré.
La régulation de la concentration sanguine du glucose est assurée principalement par les
hormones pancréatiques: l’insuline et le glucagon. Ces deux hormones seront etudes en detail
en physiologie endocrinienne.
264
Les lipides forment un groupe hétérogène de composés comprenant : les graisses, les huiles,
les stéroïdes, les cires et certaines substances qui leur sont apparentées. Ils sont davantage
apparentés par leurs propriétés physiques que chimiques. Ils ont pour propriété commune
d’être (1) relativement insolubles dans l’eau et (2) solubles dans les solvants non polaires tels
l’éther et le chloroforme. Les lipides sont d’importants constituants du régime alimentaire,
non seulement à cause de leur grande valeur énergétique, mais aussi à cause des vitamines
liposolubles et des acides gras essentiels contenus dans les graisses des aliments naturels. Les
graisses sont stockées dans le tissu adipeux où elles servent aussi de matériau isolant
thermique dans les tissus sous-cutanés et autour de certains organes. Les lipides non polaires
jouent le rôle d’isolants électriques permettant la propagation rapide des ondes de
dépolarisation le long des nerfs myélinisés. Des combinaisons des lipides et des protéines
(lipoprotéines) servent à transporter les lipides dans le sang. Les lipides jouent des rôles
essentiels dans la nutrition et la bonne santé ; une connaissance de leur métabolisme est
nécessaire pour la compréhension de plusieurs domaines médicaux essentiels.
Plusieurs composés chimiques retrouvés dans les aliments et dans l’organisme sont classés
comme des lipides. Les lipides sont classés en lipides simples et en lipides complexes. On
peut y ajouter une troisième classe, les précurseurs des lipides et les lipides dérivés
1. Lipides simples : ce sont les esters d’acides gras et de divers alcools
a) Les graisses : Esters d’acides gras et du glycérol. Les huiles sont les graisses à
l’état liquide.
b) Les cires : Esters d’acides gras et d’alcools monohydriques de poids
moléculaires plus élevé.
2. Lipides complexes : Esters d’acides gras contenant divers groupes en plus de l’acide
gras et de l’alcool.
a) Les phospholipides : Lipides contenant, en plus des acides gras et d’un alcool,
un résidu d’acide phosphorique. Ils possèdent fréquemment des bases azotées
et d’autres substituants. Par exemple, dans les glycérophospholipides l’alcool
est le glycérol et dans les sphingophospholipides, l’alcool est la sphingosine.
265
Sur le plan chimique, le statut lipidique fondamental des triglycérides et des phospholipides
est constitué par les acides gras qui sont de simples chaînes linéaires d’atomes de carbone et
d’hydrogène (chaînes hydrocarbonées) dont une extrémité comporte un groupement acide
organique (-COOH). Un des acides gras les plus fréquemment rencontré est l’acide palmitique
dont la formule chimique est la suivante: CH3(CH2)14COOH.
Les acides gras existent dans le corps surtout comme esters dans les graisses et les huiles
naturelles, mais aussi sous une forme non estérifiée, comme acides gras libres, une forme de
transport dans le plasma.
Les triacylglycérols ou triglycérides sont les principales formes de stockage des acides gras.
Puisque ce chapitre a comme objet l’utilisation des triglycérides pour la production de
l’énergie, la structure de base typique de la molécule de triglycéride doit être comprise.
Les triacylglycérols sont des esters du glycérol, qui a trois fonctions OH, et d’acides gras.
Lors de la synthèse des graisses neutres, trois chaînes d’acides gras se lient à une molécule
de glycérol pour former une molécule en forme de « E ». Les trois acides gras les plus
fréquents dans les triglycérides du corps humain sont (1) l’acide stéarique (que nous voyons
266
dans l’exemple de la tristéarine ci-dessus), qui a une chaîne saturée de 18 atomes de carbone;
(2) l’acide oléique, qui a aussi une chaîne de 18 atomes de carbone mais avec une liaison
double au milieu de la chaîne; et (3) l’acide palmitique, qui 16 atomes de carbone et qui est
totalement saturée.
Les graisses et les huiles (lipides) qui sont ingérées doivent être dégradées en leurs unités de
base avant de pouvoir être absorbées. On trouve également dans les tissus des mono- et
diacylglycérols dans lesquels un ou deux acides gras sont estérifiés avec le glycérol. Ceux-ci
jouent un rôle particulièrement dans la synthèse et l’hydrolyse des triacylglycérols.
Bien que le cholestérol ne contienne pas d’acide gras, son noyau stérol est synthétisé à partir
des parties de molécule d’acide gras, et cela lui donne de nombreuses propriétés physiques et
chimiques d’autres substances lipidiques. Les triglycérides représentent la source la plus
concentrée d’énergie utilisable par l’organisme ; en effet, lorsqu’elles sont oxydées, elles
produisent de grandes quantités d’énergie. Ils sont donc utilisés dans l’organisme
principalement comme source d’énergie pour différents processus métaboliques, une fonction
qu’ils partagent pratiquement à 50-50 avec les hydrates de carbone. En plus de cette fonction
énergétique, certains lipides, notamment le cholestérol, les phospholipides, et de petites
quantités de triglycérides, sont utilisés pour former les membranes des cellules du corps ou
pour assurer d’autres fonctions cellulaires.
Objectifs
Plan
La plupart des chylomicrons sont retirés du sang circulant lors de leur passage dans les
capillaires du tissu adipeux ou du foie. Les deux tissus, adipeux et hépatique, contiennent de
grandes quantités de l’enzyme lipoprotéine lipase. Cette enzyme est spécialement active dans
l’endothélium capillaire, où elle hydrolyse les triglycérides des chylomicrons dès qu’ils
entrent en contact avec la paroi endothéliale, libérant ainsi les acides gras et le glycérol.
Les acides gras, à cause de leur grande liposolubilité, diffusent immédiatement à l’intérieur
des cellules adipeuses et des hépatocytes. Dans ces cellules, les acides gras sont utilisés pour
la synthèse des triglycérides, avec un nouveau glycérol fourni par la machinerie métabolique
268
de ces cellules de stockage. La lipase hydrolyse aussi les phospholipides; libérant ainsi des
acides gras qui seront stockés de la même manière.
Au moins deux types de stimuli jouent des rôles importants dans le déclenchement de cette
hydrolyse. D’abord, lorsque la quantité de glucose disponible à l’adipocyte est inadéquate, un
des produits de la dégradation du glucose, l’α-glycérophosphate, est aussi disponible en
quantités insuffisantes. Comme cette substance est nécessaire pour maintenir la partie glycérol
des triglycérides, la conséquence de son manque est l’hydrolyse des triglycérides.
Deuxièmement, une lipase cellulaire hormone-sensible peut être activée par de nombreuses
hormones des glandes endocrines, et cela aussi favorise une hydrolyse rapide des
triglycérides.
Dès qu’ils quittent les cellules graisseuses, les acides gras s’ionisent fortement dans le plasma,
et la partie ionisée se combine immédiatement avec l’albumine, une protéine plasmatique.
C’est combinés à l’albumine que les acides gras sont transportés dans le sang. Les acides gras
liés de cette manière sont appelés acides gras libres ou acides gras non-estérifiés, pour les
distinguer des autres acides gras dans le plasma qui existent sous forme (1) d’esters de
glycérol, (2) de cholestérol, ou (3) d’autres substances.
La concentration plasmatique d’acides gras libres est, dans les conditions de repos, d’environ
15 mg/dl, ce qui est un total de seulement 0.45 grammes d’acides gras dans tout le système
circulatoire. Bizarrement, même cette petite quantité rend compte de presque tout le transport
des acides gras d’une partie du corps à une autre pour les raisons suivantes:
1. Malgré l’infime quantité d’acides gras libres dans le sang, leur taux de “turnover” est
extrêmement rapide: la moitié des acides gras plasmatiques est remplacée par de nouveaux
acides gras toutes les 2 à 3 minutes. On peut facilement s’apercevoir qu’à cette vitesse de
renouvellement, pratiquement tous les besoins énergétiques normaux de l’organisme peuvent
être assurés par l’oxydation d’acides gras transportés, sans qu’il soit usage d’hydrates de
carbone ni de protéines pour l’énergie.
269
2. Les conditions qui accroissent le taux d’utilisation de graisse pour l’énergie cellulaire
accroissent également la concentration sanguine d’acides gras libres; en fait, cette
concentration parfois augmente cinq à huit fois. Une telle augmentation s’observe notamment
en cas de famine et diabète sucré; dans ces deux circonstances, le sujet puise peu ou pas du
tout d’énergie métabolique des hydrates de carbone.
Dans les conditions normales, seulement environ 3 molécules d’acides gras se combinent à
chaque molécule d’albumine, mais lorsque le besoin de transport d’acide gras est urgent, plus
de 30 molécules d’acides gras peuvent se combiner à une seule molécule d’albumine. Il s’agit
là d’une illustration de comment le taux de transport des lipides peut varier dans différentes
conditions physiologiques.
mg/dl de plasma
Cholestérol 180
Phospholipides 160
Triglycérides 160
Protéines 200
À côté des chylomicrons, qui sont eux-mêmes de très grosses lipoprotéines, il y a quatre types
principaux de lipoprotéines, classes selon leurs densités mesurées en ultracentrifugation: (1)
lipoprotéines à très faible densité (VLDL pour very low density lipoproteins), qui contiennent
des concentrations élevées de triglycérides et des concentrations modérées de cholestérol et de
phospholipides; (2) lipoprotéines à densité intermédiaire (IDL pour intermediate-density
270
lipoproteins), qui sont des VLDL desquelles a été retiré une partie de triglycérides, et dont les
concentrations de cholestérol et de phospholipides sont par conséquent augmentées; (3)
lipoproteins à faible densité ( LDL pour low-density lipoproteins), qui proviennent des IDL
par retrait de pratiquement tous les triglycerides, laissant une concentration particulièrement
élevée de cholestérol et une concentration modérément élevée de phospholipides; et (4)
lipoprotéines à densité élevée ( HDL pour high-density lipoproteins), qui contiennent une
concentration élevée de protéines (environ 50 pour cent) mais de faibles concentrations de
cholestérol et de phospholipides.
Pratiquement toutes les lipoprotéines sont formées dans le foie, où sont aussi synthétisés la
majorité du cholestérol, des phospholipides, et des triglycérides plasmatiques. En outré, de
petites quantités de HDL sont synthétisées dans l’épithélium intestinal au cours de
l’absorption des acides gras à ce niveau.
La fonction primaire des lipoprotéines est le transport de leurs composants lipidiques dans le
sang. Les VLDL transportent les triglycérides synthétisés dans le foie vers le tissue adipeux
principalement, alors que les autres lipoprotéines sont spécialement importantes dans les
différentes étapes du transport des phospholipides et du cholestérol du foie aux tissus
périphériques ou des tissus périphériques au foie. Le transport du cholestérol peut être associé
à des problèmes spécifiques de dépôts des plaques de graisse dans la paroi artérielle amenant
à l’athérosclérose.
Les lipoprotéines comportent un cœur non polaires et une simple couche de lipides
amphiphiles à leur surface. Le cœur lipidique non polaire comporte essentiellement des
triacylglycérols et des esters de cholestérol, entourés en surface, d’une couche unique de
molécules de phospholipides amphiphiles et de cholestérol. Celles-ci sont orientées de
manière à ce que leur groupement polaire soit exposé au milieu aqueux, comme dans la
membrane cellulaire. La partie protéique d’une lipoprotéine est dénommée apolipoprotéine ou
apoprotéine et représente près de 70% de certaines HDL, et seulement 1% des chylomicrons.
Certaines apolipoprotéines sont inamovibles alors que d’autres peuvent être librement
transférées à d’autres lipoprotéines.
Li S C
poprotéines ource omposition
D P
ensité
D rincipaux
P L
iamètre ( c
rotéine ipide
(nm) g/ml) omposants
( (
l
%) %)
ipidiques
C I 9 ˂ 1 9 T
hylomicrons ntestin 0-1000 0,95 -2 8-99 riacylglycérol
R C 4 ˂ 6 9 T
ésidus de hylomicrons 5-150 1,006 -8 2-94 riacylglycérol
Chylomicrons P
hospholipides
C
holestérol
V F 3 0 7 9 T
LDL oie (intestin) 0-90 ,95-1,006 -10 0-93 riacyglycérol
I V 2 1 1 8 T
DL LDL 5-35 ,006-1,019 1 9 riacylglycérol,
C
holestérol
L V 2 1 2 7 C
DL LDL 0-25 ,019-1,063 1 9 holestérol
H F P
DL oie, intestin, hospholipides,
V C
LDL, holestérol
C
hylomicrons
De grandes quantités de graisse sont stockées dans deux principaux tissus du corps, le tissu
adipeux et le foie. Le tissue adipeux est communément appelé dépôts graisseux ou
simplement tissus graisseux.
La fonction principale du tissu adipeux est le stockage des triglycérides jusqu’à ce que
l’organisme en ait besoin pour la fourniture de l’énergie n’importe où dans le corps. Une
fonction annexe est d’assurer l’isolation du corps : les dépôts de graisses neutres se trouvent
surtout sous la peau où ils isolent du froid les tissus plus profonds ; ainsi chez les
Mammifères et chez les Oiseaux, les glycérides servent d’isolants thermiques.
Les cellules graisseuses (adipocytes) du tissu adipeux sont des fibroblastes modifiés qui
stockent des triglycérides presque purs en des quantités aussi élevées que 80 à 95 pour cent du
volume cellulaire entier. A l’intérieur des adipocytes, les triglycérides sont habituellement
sous forme liquide. Lorsque les tissus sont exposés à un froid prolongé, les chaînes d’acides
gras des triglycérides cellulaires deviennent, pendant plusieurs semaines, plus courtes ou plus
insaturées au point que leur que leur point de fusion diminue, ce qui permet ainsi à la graisse
de demeurer toujours dans un état liquide. Ceci est particulièrement important, parce que
seule la graisse liquide peut être hydrolysée et transportée à partir des adipocytes.
Les adipocytes peuvent synthétiser de très petites quantités d’acides gras et de triglycérides à
partir d’hydrates de carbone; cette fonction supplée la synthèse de graisse dans le foie.
Le foie joue un rôle central dans le transport et le métabolisme des lipides. Le foie accomplit
les fonctions essentielles suivantes dans le métabolisme lipidique :
273
Aspects cliniques
1. Le foie gras non alcoolique. C’est la maladie hépatique la plus répandue à l’échelle
mondiale. De grandes quantités de triglycérides apparaissent dans le foie dans certaines
circonstances: (1) durant les stades précoces de la famine, (2) dans le diabète sucré, et (3)
dans toute autre circonstance au cours de laquelle les graisses plutôt que les hydrates de
carbone sont utilisées pour la production de l’énergie. Dans ces circonstances, de grandes
quantités de triglycérides sont mobilisées à partir du tissu adipeux, transportées dans le sang
sous forme d’acides gras libres, et redéposées sous forme de triglycérides dans le foie, où les
274
étapes initiales de la majeure partie du catabolisme des graisses commencent. Ainsi, dans les
conditions physiologiques normales, la quantité totale des triglycérides dans le foie est
déterminée en grande partie par le taux global de l’utilisation des lipides comme source
d’énergie.
L’accumulation chronique de lipides dans le foie peut provoquer des altérations—
inflammatoires ou de type fibrose— qui conduisent à la stéatose, à la cirrhose, au cancer du
foie et à une insuffisance hépatique fonctionnelle.
2. L’alcoolisme. L’éthanol conduit tout d’abord à une stéatose hépatique alcoolique puis à la
stéatohépatite alcoolique et finalement à la cirrhose.
Dans un régime alimentaire américain typique, environ 40 pour cent des calories proviennent
des lipides, ce qui est pratiquement égal aux calories provenant des hydrates de carbone. Ainsi
donc, l’utilisation des lipides comme substrat énergétique par le corps est aussi importante
que l’est celle des hydrates de carbone. En plus, de nombreux hydrates de carbone ingérés à
l’occasion de chaque repas sont convertis en triglycérides, puis stockés, et plus tard utilisés à
de fins énergétiques sous forme d’acides gras libérés à partir des triglycérides.
La première étape dans l’utilisation des triglycérides pour produire de l’énergie c’est leur
dégradation en acides gras et glycérol. Ensuite, les acides gras et le glycérol sont transportés
dans le sang pour gagner les tissus actifs, où ils seront oxydés pour fournir de l’énergie.
Pratiquement toutes les cellules— à l’exception de quelques unes, comme les cellules du
cerveau et les globules rouges du sang— peuvent utiliser les acides gras pour produire de
l’énergie.
Les acides gras sont à la fois oxydés en acétyl- CoA et synthétisés à partir d’acétyl- CoA ;
toutefois, l’oxydation des acides gras n’est pas simplement la réaction inverse de leur
biosynthèse, mais un processus complètement différent qui a lieu dans un autre compartiment
de la cellule. La séparation entre oxydation dans la mitochondrie et biosynthèse dans le
cytosol permet que chaque processus soit contrôlé de manière individuelle et intégrée selon
les besoins tissulaires.
275
Le glycérol, à son entrée dans le tissu actif, est immédiatement transformé en glycérol-3-
phosphate par les enzymes intracellulaires. Le glycérol-3-phosphate entre dans la voie
glycolytique de la dégradation du glucose et est ensuite utilisé pour libérer l’énergie.
L’augmentation de l’oxydation des acides gras est caractéristique du jeûne et du diabète sucré
et conduit à la production des corps cétoniques par le foie. Les acides gras, avant qu’ils ne
soient utilisés pour fournir de l’énergie, passent par les étapes qui suivent.
La dégradation et l’oxydation des acides gras ne se déroulent que dans les mitochondries. Par
conséquent, la première dans l’utilisation des acides gras c’est leur transport vers l’intérieur
des mitochondries. Dans le plasma, les acides gras libres à longue chaîne sont combinés à
l’albumine, et dans la cellule, ils sont couplés à une protéine (FABP « fatty acid-binding
protein). Les acides gras à chaîne plus courte sont davantage solubles dans l’eau et existent en
tant qu’acides non ionisés ou comme acides gras anioniques.
Les acides gras sont activés avant leur catabolisme : ils sont pour cela transformés en un
intermédiaire activé : en présence d’ATP et de coenzyme A, l’acyl-CoA synthétase
(thiokinase) catalyse la conversion d’un acide gras en un « acide gras activé » ou acyl- CoA.
Les acyl-CoA synthétases sont localisées dans le réticulum endoplasmique, dans les
peroxysomes et à l’intérieur de la mitochondrie et sur sa membrane externe.
Les acides gras à longue chaîne pénètrent dans la membrane mitochondriale interne sous la
forme de dérivés de la carnitine. Cette dernière est largement distribuée ; elle est
particulièrement abondante dans le muscle. En présence de carnitine, la carnitine
palmityltransférase I, située dans la membrane mitochondriale externe, transforme les acyl-
CoA à longue chaîne en acylcarnitine, qui est capable de pénétrer la membrane
mitochondriale interne et d’accéder aux enzymes de la β-oxydation. Une fois à l’intérieur des
mitochondries, les acides gras se détachent de la carnitine et sont dégradés et oxydés.
Dans les mitochondries, la molécule d’acide gras est dégradée par une libération progressive
des unités à deux atomes de carbone l’une après l’autre, sous forme d’acétyl-coenzyme A, à
partir de l’extrémité carboxylique des molécules d’acyl-CoA. Ce processus est appelé la β-
oxydation des acides gras.
276
Les étapes chimiques de la β-oxydation des acides gras sont les suivantes:
(1) Acide gras + CoA + ATP Acyl-CoA +AMP +Pyrophosphate
(2) Acyl-CoA+ FAD RCH2CH=CHCOCoA + FADH2
Pour comprendre les étapes essentielles de la β-oxydation, remarquez que dans l’équation (1)
la première étape est la combinaison de la molécule d’acide gras au coenzyme A (CoA) pour
former l’acyl-CoA. Dans les équations (2), (3), et (4) le carbone β (le deuxième carbone à
partir de la droite) de l’acyl-CoA se lie à une molécule d’oxygène — ce qui fait que le
carbone β devient oxydé.
Ensuite, dans l’équation (5), l’unité de deux atomes de carbone du coté droit de la molécule
est clivée pour libérer l’acétyl-CoA dans le cytosol. Au même moment, l’autre molécule de
CoA se fixe à l’extrémité de la partie restante de la molécule d’acide gras, et forme une
nouvelle molécule d’acyl-CoA; à ce moment précis, la molécule est plus courte de deux
atomes de carbone à cause de la perte du premier acétyl-CoA de son extrémité terminale.
Dans la suite, cet acyl-CoA raccourci entre dans l’équation (2) et progresse dans les équations
(3), (4), et (5) pour libérer encore une autre molécule d’acétyl-CoA, raccourcissant ainsi la
molécule d’acide gras de départ de deux autres carbones encore. En plus de la libération des
molécules d’acétyl-CoA, quatre atomes d’hydrogène sont libérés de la molécule d’acide gras
au même moment, totalement en dehors de l’acétyl-CoA.
Les molécules d’acétyl-CoA formées par la β-oxydation des acides gras dans les
mitochondries entrent immédiatement dans le cycle de l’acide citrique. La réaction de chaque
molécule d’acetyl-CoA dans le cycle de l’acide citrique est la suivante:
277
Ainsi, après la dégradation des acides gras en acétyl-CoA, leur produit final est exactement le
même que celui de l’acétyl-CoA formé lors du métabolisme of glucose. Et les atomes
d’hydrogène extra sont aussi oxydés le même système oxydatif chimiosmotique des
mitochondries utilisé dans l’oxydation des hydrates de carbone et qui libère d’énormes
quantités d’adénosine triphosphate (ATP).
11.3.5. Aspects quantitatifs de la formation d’ATP par la β-oxydation des acides gras
Il y a 4 atomes d’hydrogène libérés chaque fois qu’une molécule d’acétyl-CoA est clivée à
partir de la chaîne d’acide gras ; ils sont libérés sous forme de FADH2, NADH, and H+.
Ainsi, pour chaque molécule d’un acide gras comme l’acide stéarique dont le catabolisme
aboutit à la formation de 9 molécules d’acétyl-CoA, 32 atomes d’hydrogène sont détachés. En
plus, pour chacune de 9 molécules d’acétyl-CoA qui sont dans la suite dégradées par le cycle
de l’acide citrique, 8 autres atomes d’hydrogène sont détachés, faisant un supplément de 72
hydrogènes. Ce qui fait un total de 104 atomes d’hydrogène effectivement libérés par le
catabolisme de chaque molécule d’acide stéarique. De ce groupe, 34 sont détachés à partir du
catabolisme des acides gras par les flavoprotéines, et 70 sont détachés par le nicotinamide
adénine di-nucléotide (NAD+) comme NADH et H+.
Ces deux groups d’atomes d’hydrogène sont oxydés dans les mitochondries, mais ils entrent
dans le système oxydatif en différents points; ainsi 1 molécule d’ATP est synthétisée pour
chacun des 34 hydrogènes des flavoprotéines, et 1.5 molécules d’ATP sont synthétisées pour
chacun des 70 hydrogènes du NADH et H+. Ce qui fait 34 plus 105, soit un total de 139
molécules d’ATP formées par l’oxydation de l’hydrogène provenant de chaque molécule
d’acide stéarique. 9 autres molécules d’ATP sont formées dans le cycle de l’acide citrique lui-
même (en dehors de l’ATP libéré par l’oxydation de l’hydrogène), une pour chacune de 9
molécules d’acétyl-CoA métabolisée. Ainsi, un total de 148 molécules d’ATP sont formées
lors de l’oxydation complète d’une molécule d’acide stéarique. Cependant, comme deux
liaisons haute-énergie sont consommées dans la combinaison initiale du CoA avec la
molécule d’acide stéarique, cela fait un gain net de 146 molécules d’ATP. Cela représente
68% de l’énergie libre de combustion de l’acide stéarique.
278
11.3.6. Formation de l’acide acéto-acétique dans le foie et son transport dans le sang
Une grande partie du catabolisme des acides gras se déroule dans le foie, particulièrement
lorsque des quantités importantes de lipides sont utilisées comme substrat énergétique.
Cependant, le foie n’utilise, pour son propre métabolisme énergétique, qu’une faible
proportion d’acides gras. A la place, lorsque des chaînes d’acides gras ont été clivées en
acétyl-CoA, deux molécules d’acétyl-CoA condensent pour former une molécule d’acide
acéto-acétique, qui est ensuite transportée dans le sang vers d’autres cellules du corps, où elle
est utilisée pour l’énergie. Le processus chimique est le suivant:
Une partie de l’acide acéto-acétique est aussi convertie en acide β-hydroxybutyrique, et des
quantités infimes sont converties en acétone en vertu des réactions suivantes:
Lorsque les hydrates de carbone ne sont pas utilisés pour la production de l’énergie, toute
l’énergie de l’organisme doit provenir du catabolisme des lipides. Le manqué é d’hydrates de
carbone automatiquement augmente le taux de mobilisation d’acides gras à partir des tissus
adipeux; en plus, plusieurs facteurs hormonaux — comme l’augmentation de la sécrétion des
glucocorticoïdes par le cortex surrénal, l’augmentation de la sécrétion de glucagon par le
pancréas, et la diminution de la sécrétion d’insuline par le pancréas— amplifient davantage la
mobilisation d’acides gras à partir des tissus adipeux. Comme résultat, d’énormes quantités
d’acides gras deviennent disponibles (1) aux cellules des tissus périphériques pour être
utilisées à des fins énergétiques et (2) aux hépatocytes, où la grande partie d’acides gras est
transformée en corps cétoniques.
Les corps cétoniques s’écoulent du foie pour être transportés vers les cellules. La capacité des
cellules à oxyder les corps cétoniques est limitée par plusieurs raisons, la plus importante
étant la suivante: un des produits du métabolisme des hydrates de carbone est l’oxalo-acétate
280
qui est nécessaire pour se lier à l’acétyl-CoA avant d’entrer dans le cycle de l’acide citrique.
Par conséquent, une déficience en oxalo-acétate provenant des hydrates de carbone limite
l’entrée de l’acétyl-CoA dans le cycle de l’acide citrique, et lorsqu’au même moment il
s’écoule du foie de grandes quantités d’acide acéto-acétique et d’autres corps cétoniques, les
concentrations sanguines des acides acéto-acétique et β-hydroxybutyrique augmentent parfois
à des valeurs atteignant 20 fois la normale, entraînant ainsi une acidose très prononcée.
L’acétone qui se forme lors de la cétose est une substance volatile, dont de petites quantités
s’échappent des poumons avec l’air expiré. C’est qui donne à la respiration cette haleine
acétonique (odeur fruitée, aigrelette) qui est fréquemment utilisée comme critère diagnostique
de la cétose.
Lorsque l’on change progressivement d’une alimentation faite d’hydrates de carbone à une
alimentation complètement lipidique, l’organisme s’adapte à utiliser des quantités d’acide
acéto-acétique beaucoup plus grandes que d’habitude, et dans ces circonstances, la cétose
n’apparaît normalement pas. Par exemple, les Inuit (Eskimos), qui parfois vivent
presqu’entièrement d’un régime lipidique, ne développe pas de cétose. Il existe sans doute
plusieurs facteurs, aucun n’étant clarifié, qui amplifient le taux du métabolisme de l’acide
acéto-acétique par les cellules. Après quelques semaines, mêmes les cellules cérébrales, qui
normalement tirent la quasi-totalité de leur énergie du métabolisme du glucose, peuvent
extraire 50 à 75 pour cent de leur énergie des graisses.
Chaque fois l’apport d’hydrates de carbone dépasse les besoins énergétiques de l’organisme et
la capacité de stockage sous forme de glycogène, — c.à.d. la quantité apportée ne peut ni être
immédiatement utilisée pour la production de l’énergie ni être stockée sous forme de
glycogène — l’excès est rapidement converti en triglycérides et stocké sous cette forme dans
le tissu adipeux.
Chez les êtres humains, la majeure partie de la synthèse des triglycérides se déroule dans le
foie, mais d’infimes quantités sont également synthétisées dans le tissu adipeux lui-même.
Les triglycérides formés dans le foie sont transportés principalement sous forme de VLDL
vers le tissu adipeux où ils sont stockés.
281
La première étape de la synthèse des triglycérides est la conversion des hydrates de carbone
en acétyl-CoA. La formation de l’acétyl-CoA est une étape de la dégradation du glucose dans
la voie glycolytique. Comme les acides gras sont en réalité de gros polymères d’acide
acétique, il est aisé de comprendre comment l’acétyl-CoA peut être converti en acides gras.
Toutefois, cette synthèse n’est pas une simple inversion de la dégradation oxydative. Elle
implique plutôt des réactions biochimiques complexes faisant intervenir le malonyl-CoA et le
NADPH comme principaux intermédiaires dans le processus de polymérisation.
Une fois que les chaînes synthétisées d’acides gras ont atteint une taille de 14 à 18 atomes de
carbone, elles se lient au glycérol pour former les triglycérides. Les enzymes qui catalysent
cette conversion sont hautement spécifiques des acides gras de chaîne de 14 atomes de
carbone ou plus, un facteur qui contrôle la qualité physique des triglycérides stockés dans le
corps.
La partie glycérol des triglycérides est fournie par l’α-glycérophosphate, qui est un produit
provenant du système glycolytique de la dégradation du glucose.
Lors de la synthèse des triglycérides, seulement environ 15 pour cent de l’énergie d’origine
dans le glucose est perdue sous forme de chaleur ; les 85 pour cent restants sont transférés
dans les triglycérides stockés.
La synthèse des graisses à partir d’hydrates de carbone est particulièrement importante pour
deux raisons:
1. La capacité des différentes cellules du corps à stocker les hydrates de carbone sous forme
de glycogène est généralement limitée; un maximum de seulement quelques centaines de
grammes de glycogène peut être stocké dans le foie, dans le muscle squelettique, et dans tous
les autres tissus du corps pris ensemble. A l’inverse, plusieurs kilogrammes de graisse
peuvent etre stockés. Ainsi donc, la synthèse des graisses pourvoit un moyen par lequel
l’énergie de l’excès d’hydrates de carbone (et de protéines) ingérés peut être stockée en vue
282
d’u usage ultérieure. En effet, une personne moyenne a presque 150 fois plus d’énergie
stockée sous forme de graisse que d’hydrates de carbone.
2. En termes de calories d’énergie, chaque gramme de graisse contient presque 2,5 fois
l’énergie contenue dans chaque gramme de glycogène. Ainsi donc, pour un gain de poids
donné, une personne peut stocker une très grande quantité d’énergie sous forme de graisse
(plusieurs fois plus importante que l’énergie stockée sous forme d’hydrates de carbone): ceci
est un atout pour les animaux qui doivent demeurer très mobiles pour assure leur survie.
Lorsque l’insuline n’est pas disponible, comme dans le diabète sucré, les lipides sont
faiblement synthétisés ou pas du tout, pour les raisons suivantes: d’abord, en cas d’absence de
l’insuline, le glucose n’entre pas dans les cellules (adipocytes, hépatocytes) de façon
satisfaisante ; en conséquence, il y a peu d’acétyl-CoA et de NADPH provenant du glucose et
indispensables à la synthèse des lipides. Deuxièmement, le manque du glucose dans les
adipocytes réduit la disponibilité de l’α-glycérophosphate, ce qui ajoute une difficulté
supplémentaire aux tissus pour former les triglycérides.
De nombreux acides amines peuvent être convertis en acétyl-CoA et ce dernier peut ensuite
servir à la synthèse des triglycerides. Ainsi donc, lorsqu’un régime alimentaire apporte plus de
proteins que ce que les tissus peuvent utiliser comme matériau structural, un grande partie de
cet excédent est stockée sous forme de graisses.
Lorsque des quantités importantes d’hydrates de carbone lui sont disponibles, ces nutriments
sont préférés aux lipides pour l’extraction de l’énergie. Il y a plusieurs raisons à cet effet
“épargneur des lipides” des hydrates de carbone. L’une des plus importantes est la suivante:
les lipides présents dans les adipocytes le sont sous deux formes: les triglycérides stockés et
de petites quantités d’acides gras libres. Ces deux formes sont en équilibre constant l’une avec
l’autre. Lorsque des quantités excessives d’α-glycérophosphate sont présentes (ce qui s’arrive
283
lorsque les hydrates de carbone sont disponibles en excès), l’α-glycérophosphate en excès lie
les acides gras libres pour former les triglycérides stockés. Le résultat est que l’équilibre,
entre les acides gras libres et les triglycérides, glisse vers les triglycérides stockés; en
conséquence, seules des quantités infimes d’acides gras libres sont disponibles pour être
utilisées à des fins énergétiques. Comme l’α-glycérophosphate est produit important du
métabolisme du glucose, la disponibilité de grandes quantités de glucose inhibe
automatiquement l’utilisation des acides gras pour la production de l’énergie.
Deuxièmement, lorsque les hydrates de carbone sont disponibles en excès, la synthèse des
acides gras se fait plus rapidement que leur dégradation. Cet effet est dû en partie à de grandes
quantités d’acétyl-CoA formées par les hydrates de carbone et à la faible concentration des
acides gras libres dans le tissu adipeux, créant ainsi les conditions appropriées pour la
conversion de l’acétyl-CoA en acides gras.
Un effet tout aussi important qui favorise la conversion d’hydrates de carbone en graisses est
le suivant: la première étape, qui est aussi l’étape limitante, dans la synthèse des acides gras
est la carboxylation de l’acetyl-CoA pour former le malonyl-CoA. La vitesse de cette réaction
est contrôlée essentiellement par l’enzyme acetyl-CoA carboxylase, dont l’activité est
accélérée en présence d’intermédiaires du cycle de l’acide citrique. Quand les hydrates de
carbone sont utilisés en abondance, ces intermédiaires augmentent, entraînant
automatiquement une augmentation de la synthèse d’acides gras.
Donc, une abondance d’hydrates de carbone dans l’alimentation n’agit pas seulement comme
un épargneur des graisses mais augmente aussi les stocks de graisses. En réalité, tout excès
d’hydrates de carbone qui n’est pas utilisé pour la production de l’énergie ou qui n’est pas
stocké dans les maigres réserves de glycogène du corps est converti en graisses pour stockage.
Tous les effets épargneur des graisses des hydrates de carbone sont perdus et effectivement
inversés lorsque ces substrats ne pas disponibles. L’équilibre glisse dans la direction oppose,
les graisses sont mobilisées à partir des adipocytes et utilisées pour la libération de l’énergie à
la place des hydrates de carbone.
De nombreuses actions hormonales interviennent pour favoriser la rapide mobilisation des
acides gras dans le tissu adipeux. Parmi les actions hormonales les plus importantes il y une
diminution prononcée de la sécrétion pancréatique d’insuline causée par l’absence d’hydrates
de carbone. L’absence d’insuline ne réduit pas seulement le taux d’utilisation du glucose par
284
les tissus mais aussi diminue le stockage des graisses, ce qui fait davantage glisser l’équilibre
en faveur du métabolisme des lipides en lieu et place des hydrates de carbone.
Pas moins de sept hormones sécrétées par les glandes endocrines ont des effets palpables sur
l’utilisation des graisses. Certains effets importants des hormones sur le métabolisme des
lipides — en plus du manque d’insuline, dont nous avons parlé ci-dessus — sont épinglés ici.
L’augmentation la plus spectaculaire survenant dans l’utilisation des graisses est
probablement celle qui s’observe durant un exercice intense. Elle résulte presqu’entièrement
de la libération de l’adrénaline et de la noradrénaline par la médulla surrénale pendant
l’exercice, comme conséquence de la stimulation sympathique. Ces deux hormones activent
directement la triglycéride lipase hormone-sensible, qui est présente en abondance dans les
adipocytes, et qui cause une dégradation rapide des triglycérides et la mobilisation des acides
gras. Parfois la concentration d’acides gras libres dans le sang d’une personne en plein
exercice intense augmente de huit fois, et l’utilisation de ces acides gras par les muscles pour
la production de l’énergie est augmentée de manière correspondante. Les autres types de
stress qui activent le système nerveux sympathique peuvent également augmenter la
mobilisation et l’utilisation des acides gras de manière similaire.
Le stress est également à l’origine d’une libération de grandes quantités de corticotrophine
(ACTH) par l’adéno-hypophyse, ce qui amène le cortex surrénal à sécréter de grandes
quantités de glucocorticoïdes. La corticotropine et les glucocorticoïdes activent la même
triglycéride lipase hormone-sensible que celle activée par l’adrénaline et la noradrénaline ou
une lipase similaire. Lorsque la corticotropin et les glucocorticoïdes sont sécrétés en quantités
excessive pendant de longues périodes, comme au cours d’une maladie endocrine appelée
maladie de Cushing, les lipides sont fréquemment mobilisés à une telle extension qu’il en
résulte de la cétose. La corticotropine et les glucocorticoïdes sont ainsi dits avoir un effet
cétogène. L’hormone de croissance a un effet similaire mais plus faible que celui de la
corticotropine et des glucocorticoïdes dans l’activation de la lipase hormone-sensible. Par
conséquent, l’hormone de croissance peut aussi avoir un effet cétogène léger.
Enfin, les hormones thyroïdiennes entraînent une mobilisation rapide des graisses, qui résulte
indirectement de l’augmentation du taux global du métabolisme énergétique dans toutes les
cellules du corps sous l’influence de ces hormones. La réduction subséquente dans les cellules
des concentrations d’acétyl-CoA et d’autres intermédiaires du métabolisme des lipides et des
hydrates de carbone est un stimulus pour la mobilisation des graisses.
285
Les effets des différentes hormones sur le métabolisme seront discutés en détail en
Physiologie spéciale.
11.4.4. Obésité
L’obésité signifie le dépôt d’un excès de graisse dans le corps. Ce sujet est traité dans le
chapitre parlant de l’équilibre alimentaire. Mais brièvement, l’obésité résulte de l’ingestion de
quantités trop grandes d’aliments, plus grandes que les besoins énergétiques de l’organisme.
L’excès d’apports alimentaires, que ce soit les graisses, les hydrates de carbone, ou les
protéines, est ensuite stocké presqu’entièrement comme graisse dans le tissu adipeux, pour
une utilisation ultérieure dans la production de l’énergie.
Il y a une composante héréditaire à l’obésité. Les études d’observation chez l’homme ont noté
la tendance. L’expérimentation animale a permis d’objectiver que chez certaines souches
d’animaux de laboratoire, l’obésité était causée par l’inefficacité de la mobilisation des
graisses à partir du tissu adipeux par la lipase tissulaire, pendant que la synthèse et le stockage
des graisses continuaient à se dérouler normalement. De même tout processus entraînant une
augmentation progressive du stockage des graisses aboutit à l’obésité sévère.
11.5.1. Phospholipides
Les phospholipides peuvent être considérés comme les dérivés de l’acide phosphatidique,
dans lesquels le phosphate est estérifié avec le groupement –OH d’un alcool approprié. Les
principaux types de phospholipides du corps sont les lécithines, les céphalines, et la
sphingomyéline; leur structure chimique se caractérise par la présence d’un radical acide
phosphorique, et contient habituellement une amine. Bien que leurs structures chimiques
puissant montrer une grande variabilité, les propriétés physiques des phospholipides sont
similaires : ils sont tous liposolubles, transportés dans les lipoprotéines, et utilisés partout
dans l’organisme comme matériau structural, comme dans les membranes cellulaires et
intracellulaires.
Les phospholipides sont synthétisés dans pratiquement toutes les cellules du corps, même si
certaines cellules ont une capacité particulière d’en synthétiser de grandes quantités.
Probablement 90 pour cent de phospholipides sont formés dans les hépatocytes; des quantités
substantielles sont aussi formées par les cellules épithéliales intestinales lors de l’absorption
des lipides au niveau de l’intestin.
Le taux de formation des phospholipides est gouverné à un certain niveau par les facteurs qui
contrôlent habituellement le taux global du métabolisme des graisses parce que, lorsque les
triglycérides sont entreposés dans le foie, le taux de formation des phospholipides augmente.
En outre, certaines substances chimiques spécifiques sont nécessaires à la formation de
certains phospholipides. Par exemple la choline, qui est à la fois apportée par l’alimentation et
synthétisée par l’organisme, est nécessaire à la formation de lécithine, parce que la choline est
la base azotée de la molécule de lécithine. De même, l’inositol est nécessaire à la formation de
certaines céphalines.
Les nombreuses fonctions des phospholipides sont les suivantes: (1) ils sont un constituent
important des lipoprotéines sanguines et sont essentiels à la formation et à la fonction de ces
dernières; en l’absence des lipoprotéines, de sérieuses anomalies de transport du cholestérol et
des autres lipides peuvent apparaître. (2) La thromboplastine nécessaire au déclenchement du
processus de coagulation est composée principalement d’un des céphalines. (3) Des quantités
importantes de sphingomyéline sont présentes dans le système nerveux; cette substance agit
comme un isolant électrique dans la gaine de myéline entourant les fibres nerveuses. (4) Les
phospholipides sont des donneurs des radicaux phosphate lorsque ces radicaux sont requis
pour le déroulement de différentes réactions chimiques dans les tissus. (5) La fonction la plus
importante des phospholipides est certainement leur participation dans la formation
d’éléments structuraux — principalement les membranes — dans toutes les cellules du corps.
Les phospholipides assurent cette fonction de concert avec le cholestérol.
11.5.2. Cholestérol
Le cholestérol, est présent dans les régimes alimentaires de tous les peoples du monde, et peut
être absorbé lentement au niveau du tractus the gastro-intestinal dans la lymphe intestinale. Il
est très soluble dans les graisses (liposolubilité élevée) et relativement insoluble dans l’eau. Il
est particulièrement apte à former des esters avec les acides gras. En effet, environ 70 pour du
cholestérol des lipoprotéines plasmatiques le sont sous forme d’esters de cholestérol.
287
À côté du cholestérol absorbé chaque jour au niveau du tractus gastro-intestinal, qui est appelé
cholestérol exogène, un peu plus de la moitié du cholestérol de l’organisme est produit par
synthèse (environ 700mg/jour) : c’est qu’on appelle le cholestérol endogène. Pratiquement
tout le cholestérol endogène qui circule dans le plasma transporté dans les lipoprotéines est
synthétisé par le foie, mais toutes les autres cellules du corps synthétisent un peu de
cholestérol ; ce qui n’a rien d’étonnant parce que plusieurs de nombreuses structures
membranaires de toutes les cellules sont partiellement composées de cette substance.
La structure de base du cholestérol est un noyau stérol. Ce noyau est synthétisé entièrement à
partir de plusieurs molécules d’acétyl-CoA et il va subir des modifications qui vont donner (1)
le cholestérol; (2) l’acide cholique, qui est la base des acides biliaires formés dans le foie ; (3)
et plusieurs hormones stéroïdes importantes sécrétées par le cortex surrénal, les ovaires et les
testicules.
De fort loin, la plus importante utilisation non membranaire du cholestérol dans le corps est la
formation de l’acide cholique dans le foie. Au moins 80 pour cent de cholestérol sont
convertis en acide cholique. Ce dernier est conjugué à d’autres substances pour former les sels
biliaires qui participent à la digestion et a l’absorption des graisses.
Une petite quantité de cholestérol est utilisée par (1) les glandes corticales surrénales pour
former les hormones cortico-surrénaliennes, (2) les ovaires pour former la progestérone et les
œstrogènes, et (3) les testicules pour former la testostérone. Ces glandes peuvent également
synthétiser leurs propres stérols et ensuite former des hormones à partir de ces derniers.
Une grande quantité de cholestérol est précipitée dans la cornée de la peau. Ceci permet, avec
les autres lipides, de rendre la peau très résistante à l’absorption de substances hydrosolubles
et à l’action de nombreux agents chimiques; effet, le cholestérol and et les autres lipides de la
peau sont très inertes aux acides et à de nombreux solvants qui peuvent entre autre pénétrer
facilement pénétrer dans le corps. Aussi, ces substances lipides aident à empêcher
l’évaporation de l’eau au niveau de la peau; sans cette protection, la quantité d’eau évaporée
au niveau de la peau serait de 5 à 10 litres par jour (comme cela se passe chez les patients
brûlés qui ont perdu leur peau) au lieu de 300 à 400 millilitres habituels.
289
Les usages des phospholipides et du cholestérol dont nous avons mention ci-dessus ne
constituent qu’une moindre importance en comparaison avec leur fonction de former des
structures spécialisées, principalement les membranes, dans toutes les cellules de l’organisme.
Nous savons que de grandes quantités de phospholipides et de cholestérol sont présentes dans
la membrane cellulaire et dans les membranes des organelles internes de toutes les cellules.
Nous savons également que le rapport cholestérol phospholipides membranaires est
spécialement important pour déterminer la fluidité des membranes cellulaires.
Pour que les membranes soient formées, des substances non hydrosolubles doivent être
disponibles. D’une manière générale, les seules substances du corps qui ne sont pas
hydrosolubles (à coté des substances inorganiques de l’os) sont les lipides et certaines
protéines. Ainsi, l’intégrité physique des cellules n’importe où dans l’organisme est basée
principalement sur les phospholipides, le cholestérol, et certaines protéines insolubles. Aussi,
les charges polaires des phospholipides réduisent la tension inter-faciale entre les membranes
cellulaires et les fluides environnants.
Un autre fait qui illustre l’importance des phospholipides et du cholestérol dans la formation
des éléments structuraux des cellules c’est le taux lent de leur turnover dans la plupart des
tissus en dehors du foie — leur taux de turnover se mesure en mois ou en années. Par
exemple, leur fonction de servir de support au processus de mémoire dans les cellules du
cerveau est liée principalement à leurs propriétés physiques indestructibles.
11.6. ATHEROSCLEROSE
L’athérosclérose est une maladie des artères de gros et de moyen calibres, caractérisée par le
dépôt des plaques d’athérome dans les parois artérielles. Les plaques d’athérome sont
constituées de cholestérol et d’esters de cholestérol des lipoprotéines plasmatiques.
L’artériosclérose par contre est un terme général qui se rapport à l’épaississement et à la
rigidité des vaisseaux sanguins de toute taille.
La lésion de l’endothélium vasculaire est une anomalie précoce qu’on peut détecter dans les
vaisseaux sanguins qui vont plus tard devenir athéroscléreux. A son tour, cette lésion
augmente l’expression des molécules d’adhésion sur les cellules endothéliales et diminue la
capacité des cellules endothéliales à libérer l’oxyde nitrique (NO) et les autres substances
290
Avec le temps, les stries graisseuses grandissent encore et encore et confluent, et les tissus
environnants, musculaire lisse et fibreux, prolifèrent pour former des plaques de plus en plus
larges (voir Figure 11–6B). En outre, les macrophages libèrent des substances qui causent
l’inflammation (cytokines) et davantage de prolifération du tissu musculaire lisse et fibreux
sur les surfaces internes de la paroi artérielle. Les dépôts lipidiques et la prolifération
cellulaire deviennent si importants que la plaque bombe à l’intérieur de la lumière de l’artère
et réduit grandement le flux sanguin, parfois obstrue complètement le vaisseau. Même sans
occlusion, les fibroblastes de la plaque déposent finalement des quantités considérables de
tissu conjonctif dense ; la sclérose (fibrose) devient si importante que les artères deviennent
rigides et dures. Plus tard encore, les sels de calcium souvent précipitent avec le cholestérol et
les autres lipides des plaques, donnant naissance à des calcifications dures comme l’os qui
vont faire des artères des tubes rigides. Tous ces stades Tardifs de la maladie sont appelés
“durcissement des artères.”
Les artères athéroscléreuses ont perdu la majeure partie de leur distensibilité, et à cause des
zones de dégénérescence dans leurs parois, ils se rupturent facilement. En outré, là où les
plaques font protrusion dans le flux sanguine, leurs surfaces rugueuses peuvent être à l’origine
de la formation d’un caillot, formation subséquente d’un thrombus ou d’un embol, pouvant se
solder par un arrêt soudain de tout le flux sanguin dans l’artère.
Environ 50% de l’ensemble des décès aux États-Unis et en Europe sont dus aux maladies
cardiovasculaires. Environ les deux tiers de ces décès sont dus à la thrombose d’un ou
plusieurs artères coronaires. Le tiers restant est cause par la thrombose ou l’hémorragie des
vaisseaux d’autres organes du corps, particulièrement le cerveau (causant les attaques), mais
aussi les reins, le foie, le tractus gastro-intestinal, les membres, et bien d’autres.
291
Un exemple intéressant est l’observation faite chez les rats ; normalement, ces animaux ont
des concentrations plasmatiques basses en cholestérol à cause de leur régime végétarien. Le
fait d’ajouter à leur diète journalière de grandes quantités de cholestérol est à l’origine de la
formation de graves plaques d’athérosclérose à travers leurs systèmes artériels.
Il s’agit d’une maladie héréditaire due à un défaut des gènes codant pour la formation des
récepteurs des LDL sur la surface de la membrane des cellules. En l’absence de ces
récepteurs, le foie ne peut absorber ni les IDL ni les LDL. Sans cette absorption, la machinerie
cholestérol des hépatocytes s’emballe, produisant du nouveau cholestérol; il n’y a plus de
réponse inhibitrice rétroactive du flux entrant du cholestérol sur la transcription des gènes de
nombreuses enzymes impliquées dans la synthèse du cholestérol. Le résultat est qu’il y a
augmentation de la synthèse et diminution de la capture du cholestérol que les LDL libèrent
en excès dans le plasma.
Comparativement aux LDL, on connaît beaucoup moins de choses sur la fonction des HDL.
On pense que les HDL absorbent les cristaux de cholestérol qui commencent à se déposer
dans les parois artérielles. Que cet effet soit vrai ou non, les HDL aident à protéger contre le
développement de l’athérosclérose. Ainsi, lorsqu’une personne a un rapport HDL/LDL élevé,
le risque de développer l’athérosclérose est fortement réduit.
Chez certaines personnes ayant des taux parfaitement normaux de cholestérol et des
lipoprotéines, l’athérosclérose peut néanmoins se développer. Certains facteurs sont connus
comme prédisposant à l’athérosclérose: (1) l’inactivité physique et l’obésité, (2) le diabète
sucré, (3) l’hypertension artérielle, (4) l’hyperlipidémie, et (5) le tabagisme.
Les mesures prophylactiques les plus importantes pour lutter contre le développement de
l’athérosclérose et sa progression vers une maladie vasculaire grave sont (1) maintenir un
poids sain, avoir de l’exercice physique, et consommer contenant principalement des graisses
insaturées avec peu de cholestérol; (2) lutter contre l’hypertension artérielle en consommant
des aliments sains et en ayant de l’exercice physique, ou en contrôlant efficacement la
pression artérielle avec des médicaments antihypertenseurs si l’hypertension artérielle se
développe; (3) contrôler efficacement la glycémie avec un traitement à l’insuline ou aux
autres médicaments si le diabète sucré se développe; et (4) abandonner la consommation des
cigarettes.
Les trois quarts du poids sec du corps sont constitués des protéines. Celles-ci comprennent les
protéines structurales, les enzymes, les nucléoprotéines, les protéines qui transportent
l’oxygène, les protéines du muscle qui sont responsables de la contraction musculaire, et de
nombreux autres types assurant des fonctions intracellulaires et extracellulaires spécifiques à
travers tout l’organisme. Les propriétés chimiques fondamentales des protéines qui expliquent
leurs diverses fonctions sont si nombreuses qu’elles constituent une section importante du
cours de Biochimie.
Objectifs
Plan du chapitre
1. Propriétés fondamentales
2. Transport et stockage d’acides aminés
3. Rôles fonctionnels des protéines plasmatiques
4. Régulation hormonale du métabolisme des protéines
Les acides aminés sont les unités constitutives des protéines; 20 acides aminés sont présents
en quantités significatives dans les protéines de l’organisme. La formule chimique des acides
aminés montre qu’ils ont en commun deux caractéristiques: chacun possède un groupement
carboxylique (—COOH) ou acide et un atome d’azote attaché à la molécule généralement
sous forme d’un groupement amine (—NH2).
294
Dans les protéines, les acides aminés sont assemblés dans de longues chaînes par l’entremise
des liaisons peptidiques. La nature chimique de cette liaison est illustrée par la réaction ci-
dessous :
Remarquez que dans cette réaction l’azote d’un groupement amine d’un des acides aminés se
lie au carbone du groupement carboxylique de l’autre acide aminé. Un ion hydrogène est
libéré par le groupement amine, et un ion hydroxyle est libéré par le groupement
carboxylique; les deux se combinent pour former une molécule d’eau. Après la formation de
la liaison peptidique, groupement amine et un groupement carboxylique sont aux extrémités
opposées de la nouvelle, plus longue molécule. Chacun de ces groupements peut encore se
combiner avec d’autres acides aminés pour former une chaîne peptidique. Certaines
molécules protéiques complexes sont constituées de plusieurs milliers d’acides aminés
assemblés par des liaisons peptidiques, et même la plus petite molécule de protéine est
habituellement constituée de plus de 20 acides aminés reliés par liaisons peptidiques. La
moyenne est d’environ 400 acides aminés.
Certaines molécules protéiques sont constituées de plusieurs chaînes peptidiques plutôt que
d’une seule, et ces chaînes sont reliées les unes autres par d’autres types de liaisons, souvent
des liaisons hydrogène entre les radicaux CO et NH des peptides, de la manière suivante:
295
Plusieurs chaînes peptidiques sont enroulées ou plissées, et les rouleaux ou plis successifs
sont maintenus ensemble dans une hélice serrée ou dans d’autres formes par des liaisons
hydrogène similaires et d’autres forces.
Les protéines apportées par l’alimentation sont digérées dans le tractus gastro-intestinal et
absorbées presqu’entièrement sous forme d’acides aminés : ces derniers sont donc les produits
finaux de la digestion des protéines ; l’absorption des polypeptides ou des molécules
protéiques du tractus digestif au sang est très rare. Immédiatement après un repas, la
concentration d’acides aminés dans le sang augmente, mais cette augmentation est
généralement de seulement quelques milligrammes par décilitre, pour deux raisons: d’abord
parce que la digestion et l’absorption des protéines s’étendent généralement sur 2 à 3 heures,
ne permettant l’absorption que de petites quantités d’acides aminés par unité de temps.
Ensuite, une fois dans le sang, l’excédent d’acides aminés est absorbé dans les 5 à 10 minutes
par les cellules de l’organisme, particulièrement les hépatocytes. Ainsi donc, il ne s’observe
296
presque jamais des concentrations élevées d’acides aminés accumulés dans le sang et dans les
fluides tissulaires. Néanmoins, le taux de turnover des acides aminés est si rapide que
plusieurs grammes de protéines peuvent être transportés d’une partie du corps à une autre
sous forme d’acides aminés chaque heure.
12.2.1.2. Transport actif des acides aminés vers l’intérieur des cellules
Les molécules de tous les acides aminés sont trop volumineuses pour pouvoir diffuser
facilement à travers les pores des membranes cellulaires. C’est ainsi que des quantités
significatives d’acides amines ne peuvent être transportées à travers les membranes vers
l’intérieur ou vers l’extérieur des cellules que par transport facilité ou par transport actif
utilisant des mécanismes transporteurs. La nature de certains de ces mécanismes transporteurs
est encore peut connue, mais quelques uns ont été discutés dans le Chapitre sur le transport
transmembranaire.
Les acides aminés sont librement filtrés au niveau des membranes glomérulaires dans les reins
et se retrouvent dans l’ultrafiltrat glomérulaire (urine primitive) ; cependant ils ne sont pas
éliminés dans l’urine (aminoacidurie), car ils sont activement réabsorbés à travers
l’épithélium tubulaire proximal, ce qui les soustrait du filtrat glomérulaire et les retourne dans
le sang. Cependant, comme c’est le cas pour les autres mécanismes de transport actif dans les
tubules rénaux, il existe une limite supérieure au taux auquel chaque type d’acide aminé peut
être transporté. Pour cette raison, lorsque la concentration d’un acide aminé particulier devient
trop élevée dans le plasma et par conséquent dans le fluide tubulaire, l’excès qui ne peut être
réabsorbé activement est perdu dans l’urine.
Presqu’immédiatement après leur entrée dans les cellules tissulaires, les acides aminés se
combinent les uns aux autres par des liaisons peptidiques, sous la direction de l’ARN
messager et du système ribosomal de la cellule, pour former des protéines cellulaires. Ainsi
donc, la concentration d’acides aminés libres à l’intérieur des cellules demeure habituellement
basse. De ce fait, il n’apparaît pas de stockage de grandes quantités d’acides aminés dans les
cellules; ces derniers sont plutôt stocké principalement sont formes de protéines. Cependant,
beaucoup de ces protéines intracellulaires peuvent rapidement être décomposées à nouveau en
acides aminés sous l’influence d’enzymes digestives lysosomiales intracellulaires; à leur tour,
297
les acides aminés peuvent ensuite être transportés à nouveau hors des cellules pour retourner
dans le sang. Font exception à ce processus réversible les protéines des chromosomes dans le
noyau et les protéines structurales comme le collagène et les protéines contractiles du muscle;
les protéines ci-haut citées ne participent pas de manière significative dans cette digestion
réversible et ce rétro-transport hors des cellules.
Certains tissus du corps ont une plus grande capacité de stockage des acides aminés que
d’autres. C’est le cas du foie qui est un organe volumineux disposant d’un équipement
enzymatique approprié pour le métabolisme des acides aminés ; il peut stocker de grandes
quantités de protéines rapidement échangeables; ceci est également vrai, mais dans une
moindre mesure, pour les reins et la muqueuse intestinale.
Chaque fois que les concentrations plasmatiques des acides aminés tombent en dessous des
niveaux normaux, les acides aminés concernés sont transportés hors des cellules pour que leur
plein dans le plasma soit fait. De cette manière, la concentration plasmatique de chaque type
d’acide aminé est maintenue à une valeur constante raisonnable. Certaines hormones sécrétées
par les glandes endocrines sont capables de modifier la balance entre les protéines tissulaires
et les acides aminés circulant. Ainsi, l’hormone de croissance et l’insuline augmentent la
formation des protéines tissulaires, alors que les hormones glucocorticoïdes cortico-
surrénaliennes augmentent la concentration des acides aminés dans le plasma. La libération
d’acides aminés des cellules dans le plasma est moyen de régulation de la concentration
plasmatique d’acides aminés.
12.2.2.2. Equilibre réversible entre les protéines dans différentes parties du corps
Puisque les protéines cellulaires dans le foie (et, dans une moindre mesure, dans les autres
tissus) peuvent être synthétisées rapidement à partir des acides amines du plasma, et puisque
plusieurs de ces protéines peuvent être dégradées et retourner au plasma presqu’aussi
rapidement, il y a un échange et un équilibre constants entre les acides aminés du plasma et
les protéines labiles dans virtuellement toutes les cellules du corps. Par exemple, si un tissue
particulier a besoin des protéines, il peut synthétiser de nouvelles protéines à partir des acides
aminés du sang; d’autre part, le plein d’acides aminés dans le sang est fait par la dégradation
des protéines à partir d’autres cellules du corps, particulièrement à partir des hépatocytes. Ces
effets sont particulièrement remarquables quand on considère la synthèse des protéines dans
298
les cellules cancéreuses : les cellules cancéreuses sont souvent des utilisateurs prolifiques des
acides aminés ; ce qui a pour effet une déplétion marquée des protéines de toutes les autres
cellules.
Chaque type particulier de cellule à une limite supérieure quant à la quantité de protéines
qu’elle peut stocker. Une fois que toutes les cellules ont atteint leurs limites, les acides aminés
en excès encore présents dans la circulation sont dégradés en d’autres produits et utilisés pour
la production de l’énergie, ou sont convertis en graisses ou en glycogène et stockés sous ces
formes.
Les principaux types de protéines présentes dans le plasma sont l’albumine, les globulines, et
le fibrinogène. La principale fonction de l’albumine est de fournir la pression osmotique
colloïde du plasma ; cette pression empêche la fuite du plasma au niveau des capillaires. Les
globulines assurent de nombreuses fonctions enzymatiques dans le plasma, mais elles ont
aussi une fonction tout aussi importante : ce sont les principaux responsables de la défense de
l’organisme (voir Immunologie). Le fibrinogène se polymérise en de longs filaments de
fibrine durant la coagulation sanguine, formant ainsi les caillots sanguins qui aident à réparer
la fuite dans le système circulatoire.
Le taux de formation des protéines plasmatiques par le foie peut être extrêmement élevé, aussi
élevé que 30 g/jour. Certaines conditions de maladie se caractérisent entre autres par perte
rapide des protéines plasmatiques: les brulures étendues et certaines néphropathies
glomérulaires, pour ne citer que celles-là. La production rapide des protéines plasmatiques par
le foie s’avère précieuse pour empêcher le décès dans de telles circonstances.
299
Au cours de la cirrhose du foie, des quantités importantes de tissu fibreux se développent par
les cellules parenchymateuses hépatiques, entraînant une réduction de leur capacité à
synthétiser les protéines plasmatiques. Le résultat en est la diminution de la pression
osmotique colloïde du plasma, qui est à l’origine d’un œdème généralisé.
Lorsque les tissus deviennent pauvres en protéines, les protéines plasmatiques peuvent servir
de source de reconstitution rapide. En effet, en cas de besoin, des protéines plasmatiques
entières peuvent être englouties totalement par les macrophages tissulaires grâce au processus
de pinocytose; une fois dans ces cellules, elles sont dégradées en acides amines qui sont retro-
transportés dans le sang et utilisés à travers le corps pour construire les protéines cellulaires là
où c’est nécessaire. De cette manière, les protéines plasmatiques fonctionnent comme pool
intermédiaire labile de stockage des protéines et représentent une source rapidement
mobilisable d’acides aminés dès qu’un tissu particulier en a besoin.
Il existe un état d’équilibre constant, comme illustré dans la Figure 12–2, entre les protéines
plasmatiques, les acides aminés du plasma, et les protéines tissulaires. Grâce aux études
utilisant des traceurs radioactifs, il a été estimé que dans les conditions normales environ 400
grammes de protéines du corps sont synthétisées et dégradées chaque jour comme partie de
l’état continu du flux d’acides aminés. Ceci est une preuve du principe général de l’échange
réversible d’acides aminés entre les différentes protéines du corps. Même durant le jeûne ou
au cours des maladies sévères débilitantes, le rapport du total des protéines tissulaires sur le
total des protéines plasmatiques dans le corps demeure relativement constant à environ 33:1.
Cet équilibre réversible entre les protéines plasmatiques et les autres protéines du corps a une
implication pratique : l’une des thérapies les plus efficaces dans la prise en charge de la
déficience sévère, aigüe en protéines du corps entier c’est la transfusion intraveineuse des
protéines plasmatiques. En quelques jours, ou parfois en quelques heures, les acides aminés
des protéines administrées sont distribués à travers les cellules du corps pour former de
nouvelles protéines là où il y a besoin.
300
Dix des acides aminés normalement présents dans les protéines animales peuvent être
synthétisés dans les cellules, alors que les 10 autres soit ne peuvent pas être synthétisés soit
sont synthétisés en quantités trop petites pour couvrir les besoins de l’organisme. Ce
deuxième groupe d’acides aminés qui ne peuvent être synthétisés sont appelés acides aminés
essentiels. Le mot “essentiel” ne signifie pas que les 10 autres acides aminés “non essentiels”
ne sont pas nécessaires à la formation des protéines, mais plutôt qu’ils ne sont pas
indispensables dans l’alimentation car pouvant être synthétisés par l’organisme.
La synthèse des acides aminés “non essentiels” dépend principalement de la formation des
quantités appropriées d’α-cétoacides, qui sont des précurseurs des acides aminés
correspondant. Par exemple, l’acide pyruvique, formé en grandes quantités lors de la
dégradation glycolytique du glucose, est le cétoacide précurseur de l’acide aminé alanine.
Ensuite, par l’entremise du processus de transamination, un groupement amine est transféré à
l’α-cétoacide, et le cétooxygène est transféré au donneur du groupement amine. Cette réaction
est illustrée dans la figure 12–3. Remarquez dans cette figure que le groupement amine est
transféré à l’acide pyruvique à partir d’une autre substance chimique fortement apparentée
aux acides aminés, la glutamine. La glutamine est présente en grandes quantités dans les
tissus, et l’une de ces principales fonctions est de servir comme lieu de stockage du
groupement amine. En outré, les groupements amines peuvent être transférés de l’asparagine,
de l’acide glutamique, et de l’acide aspartique.
La transamination est catalysée par de nombreuses enzymes, parmi lesquelles on trouve les
aminotransférases ou transférases, qui sont des dérivés de la pyridoxine, une vitamine du
groupe B (vitamine B6). En l’absence de cette vitamine, la synthèse d’acides aminés est
réduite, et la formation des protéines ne peut se faire normalement.
Une fois que les cellules sont remplies à capacité de protéines stockées, c’est-à-dire qu’elles
ont atteint leurs limites de stockage, tous les acides aminés en excès dans les fluides corporels
sont catabolisés en intermédiaires amphiboliques utilisés comme source d’énergie ou alors
sont stockés principalement sous forme de graisses ou secondairement sous forme de
glycogène. Ce catabolisme se déroule presqu’entièrement dans le foie et commence avec la
désamination.
12.5.1. Désamination
La désamination est la perte des groupements amines par les acides aminés. Elle se fait
principalement par transamination, qui est le transfert du groupement amine à une substance
réceptrice, ce qui est l’inverse de la transamination impliquée dans la synthèse des acides
aminés.
Remarquez que dans ce schéma, le groupement amine de l’acide aminé est transféré à l’acide
α-cétoglutarique qui devient alors l’acide glutamique. L’acide glutamique peut à son tour
transférer le groupement amine à d’autres substances encore ou le libérer sous forme
302
L’ammoniac libéré lors de la désamination des acides amines est éliminé du sang
presqu’entièrement par sa conversion en urée; deux molécules d’ammoniac et une molécule
de dioxyde de carbone se combinent selon la réaction suivante:
Après sa synthèse, l’urée diffuse hors des hépatocytes vers les fluides corporels et est excrétée
par les reins.
303
Une fois désaminés les acides aminés, les cétoacides qui en résultent peuvent, dans la plupart
des cas, être oxydés pour fournir de l’énergie servant au métabolisme. Cela se passe
généralement en deux étapes successive: (1) le cétoacide est transformé en un intermédiaire
métabolique approprié capable d’entrer dans le cycle de l’acide citrique, et (2) l’intermédiaire
est catabolisé dans le cycle et utilisé pour produire de l’énergie de la même manière que
l’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA) provenant du métabolisme des hydrates de carbone et des
lipides est utilisé. D’une manière générale, la quantité d’adénosine triphosphate (ATP) formée
par chaque gramme de protéine oxydée est légèrement inférieure à celle formée par chaque
gramme de glucose oxydé.
Certains acides aminés désaminés ressemblent aux substrats normalement utilisés par les
cellules, notamment par les hépatocytes, pour synthétiser le glucose ou les acides gras. Par
exemple, la désamination de l’alanine donne l’acide pyruvique. Ce dernier peut être en
glucose ou en glycogène. Il peut également être converti en acétyl-CoA, qui sera ensuite
polymérisé en acides gras. D’autre part, deux molécules d’acétyl-CoA peuvent condenser
pour former l’acide acétoacétique, qui est l’un des corps cétoniques.
La teneur en différents acides aminés dans les protéines alimentaires doit être quasiment la
même que celle dans les tissus corporels si la protéine alimentaire entière doit être utilisée de
304
façon optimale pour former de nouvelles protéines tissulaires. Si un quelconque acide aminé
essentiel est en moindre concentration, les autres deviennent inutilisables parce que les
cellules synthétisent soit des protéines entières soit pas de protéines du tout (voir chapitre en
relation avec la synthèse des protéines). Les acides aminés inutilisables sont désaminés et
oxydés. Une protéine ayant une teneur en acides amines différente de celle de la moyenne des
protéines corporelles est dite protéine partielle ou protéine incomplète, et elle est d’une valeur
nutritive moindre qu’une protéine complète.
Plusieurs hormones on tune action régulatrice sur le métabolisme des protéines: l’hormone de
croissance, l’insuline, les glucocorticostéroïdes, la testostérone, les œstrogènes et la thyroxine.
Hormone de croissance
Insuline
L’insuline est nécessaire à la synthèse des protéines. Le manque total d’insuline réduit la
synthèse des protéines à presque zéro. Le mécanisme ici aussi n’est pas bien élucidé; mais
l’insuline accélère le transport de certains acides aminés vers l’intérieur des cellules, ce qui
pourrait être le stimulus de la synthèse des protéines. D’autre part, l’insuline augmente la
disponibilité du glucose aux cellules, au point que le besoin d’utiliser les acides aminés à des
fins énergétiques est réduit de façon correspondante.
Glucocorticostéroïdes
Testostérone
La testostérone, l’hormone sexuelle male, entraîne une augmentation du dépôt des protéines
dans tous les tissus du corps, particulièrement les protéines contractiles des muscles (une
augmentation de 30 à 50 pour cent). Le mécanisme de cet effet est inconnu, mais il est
fondamentalement différent de l’effet de l’hormone de croissance, de la manière que voici:
l’hormone de croissance entraîne une croissance presqu’illimitée des tissus, alors que la
testostérone entraîne une hypertrophie des muscles et, dans une moindre mesure, celle de
quelques autres protéines tissulaires seulement pour quelques mois. Une fois que les muscles
et les autres protéines tissulaires ont atteint un maximum, tout dépôt supplémentaire des
protéines cesse malgré l’administration continue de testostérone.
Œstrogènes
Les œstrogènes, principales hormones sexuelles femelles, entraînent aussi quelques dépôts de
protéines, mais leurs effets sont relativement insignifiants comparativement à ceux de
testostérone.
306
Thyroxine
La thyroxine augmente le taux du métabolisme de toutes les cellules et, comme conséquence,
affecte indirectement le métabolisme protéique. Si les hydrates de carbone et les graisses sont
disponibles en quantité insuffisante pour la production de l’énergie, la thyroxine entraîne une
dégradation rapide des protéines et leur utilisation pour produire l’énergie. Inversement, si des
quantités adéquates d’hydrates de carbone et de graisses sont disponibles ainsi qu’un excès
d’acides aminés dans le liquide extracellulaire, la thyroxine peut augmenter le taux de
synthèse des protéines. Chez les animaux et les humains en croissance, le déficit en thyroxine
entraîne une inhibition de la croissance par défaut de la synthèse des protéines.
Fondamentalement, on pense que la thyroxine a peu d’effet spécifique sur le métabolisme
protéique mais un effet général important en augmentant les taux des réactions protéiques
normales anaboliques et cataboliques.
307
Objectifs
Plan
En rapport avec le métabolisme des hydrates de carbone, le foie assure les fonctions
suivantes:
1. Stockage de grandes quantités de glycogène
2. Conversion du galactose et du fructose en glucose
3. Néoglucogenèse
4. Synthèse de nombreux composes chimiques à de produits intermédiaires du métabolisme
des hydrates de carbone
Le foie est particulièrement important pour le maintien d’une glycémie normale. Grace au
stockage du glycogène, le foie enlève l’excès de glucose dans le sang et le stocke; il pourra
ensuite retourner le glucose dans le sang lorsque la glycémie commence à chuter trop bas.
Ceci est appelé la fonction “tampon du glucose” du foie. Chez une personne avec fonction
308
hépatique amoindrie, la glycémie après un repas riche en hydrates de carbone peut augmenter
à des valeurs deux à trois fois plus élevées que chez la personne avec fonction hépatique
normale.
La néoglucogenèse hépatique est toute aussi importante pour maintenir une glycémie
normale, parce qu’elle se déclenche de manière substantielle seulement lorsque la glycémie
chute en dessous de la normale. Dans ce cas, de quantités importantes d’acides aminés et de
glycérol provenant des triglycérides sont converties en glucose, aidant ainsi à maintenir une
concentration sanguine de glucose relativement normale.
Bien que pratiquement toutes les cellules de l’organisme métabolisent les graisses, certains
aspects du métabolisme des lipides se déroulent principalement dans le foie. Les fonctions
spécifiques du foie dans le métabolisme des lipides sont les suivantes:
1. Oxydation des acides gras pour fournir l’énergie pour les autres fonctions corporels
2. Synthèse de grandes quantités de cholestérol, de phospholipides, et de la plupart des
lipoprotéines
3. Synthèse des graisses à partir des protéines et des hydrates de carbone
Pour en extraire de l’énergie, les graisses neutres sont d’abord séparées en glycérol et acides
gras ; ensuite les acides gras détachés par la beta-oxydation en radicaux acétyl deux-carbone
qui forment l’acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA). Ce dernier peut alors entrer dans le cycle de
l’acide citrique et être oxydé pour libérer d’énormes quantités d’énergie. La beta-oxydation
peut se dérouler dans toutes les cellules de l’organisme, mais elle se déroule de manière
particulièrement rapide dans les hépatocytes. The liver itself cannot use all the acetyl-CoA
that is formed; instead, it is converted by the condensation of two molecules of acetyl-CoA
into acetoacetic acid,a highly soluble acid that passes from the hepatic cells into the
extracellular fluid and is then transported throughout the body to be absorbed by other tissues.
These tissues reconvert the acetoacetic acid into acetyl-CoA and then oxidize it in the usual
manner. Thus, the liver is responsible for a major part of the metabolism of fats.
About 80 per cent of the cholesterol synthesized in the liver is converted into bile salts, which
are secreted into the bile; the remainder is transported in the lipoproteins and carried by the
blood to the tissue cells everywhere in the body. Phospholipids are likewise synthesized in the
liver and transported principally in the lipoproteins. Both cholesterol and phospholipids are
309
used by the cells to form membranes, intracellular structures, and multiple chemical
substances that are important to cellular function.
Almost all the fat synthesis in the body from carbohydrates and proteins also occurs in the
liver. After fatis synthesized in the liver, it is transported in the lipoproteins to the adipose
tissue to be stored.
L’organisme ne peut se passer de l’apport du foie sur le métabolisme des protéines: la mort
s’en suivrait en quelques jours. Les plus importantes fonctions du foie en rapport avce le
métabolisme des protéines sont les suivantes:
1. Désamination des acides aminés
2. Formation de l’urée pour éliminer l’ammoniac des fluides corporels
3. Synthèse des protéines plasmatiques
4. Inter-conversions de différents acides aminés et synthèse d’autres composés à partir des
acides aminés
La désamination des acides aminés est le préalable à leur utilisation pour produire de l’énergie
ou à leur conversion en hydrates de carbone ou en graisses. D’autres tissus du corps,
spécialement les reins, peuvent être un site d’une désamination à petite échelle; mais la
désamination qui s’y déroule est beaucoup moins importante que celle qui se passe au niveau
du foie.
Essentially all the plasma proteins, with the exception of part of the gamma globulins, are
formed by the hepatic cells. This accounts for about 90 per cent of all the plasma proteins.
The remaining gamma globulins are the antibodies formed mainly by plasma cells in the
lymph tissue of the body. The liver can form plasma proteins at a maximum rate of 15 to 50
310
g/day. Therefore, even if as much as half the plasma proteins are lost from the body, they can
be replenished in 1 or 2 weeks.
It is particularly interesting that plasma protein depletion causes rapid mitosis of the hepatic
cells and growth of the liver to a larger size; these effects are coupled with rapid output of
plasma proteins until the plasma concentration returns to normal. With chronic liver disease
(e.g., cirrhosis), plasma proteins, such as albumin, may fall to very low levels, causing
generalized edema and ascites, as explained in Chapter 29.
Among the most important functions of the liver is its ability to synthesize certain amino acids
and to synthesize other important chemical compounds from amino acids. For instance, the
so-called nonessential amino acids can all be synthesized in the liver. To do this, a keto acid
having the same chemical composition (except at the keto oxygen) as that of the amino acid to
be formed is synthesized.Then an amino radical is transferred through several stages of
transaminationfrom an available amino acid to the keto acid to take the place of the keto
oxygen.
Le foie est un site de stockage des vitamines ayant une grande capacité de stockage; il est
connu depuis longtemps comme une excellente source de certaines vitamines pour le
traitement des patients. La vitamine stockée en plus quantité dans le foie est la vitamine A,
mais de grandes quantités de vitamine D et de vitamine B12 sont également normalement
stockées. Des quantités suffisantes de vitamine A peuvent être stockées au point de prévenir la
déficience en cette vitamine pour une période aussi longue que 10 mois. Suffisamment de
vitamine D peuvent être stockées pour prévenir la déficience pendant 3 à 4 mois, et
suffisamment de vitamine B12 peuvent être stockées pour une période d’au moins 1 année et
voire plusieurs années.
En dehors du fer présent dans l’hémoglobine du sang, la proportion la plus grande, et de loin,
du fer de l’organisme est stockée dans le foie sous forme de ferritine. Les hépatocytes
contiennent de grandes quantités d’une apoprotéine appelée apoferritine, qui est capable de se
combiner de façon réversible au fer. Ainsi, quand le fer est présent dans les liquides corporels
311
en quantités excessive, il se combine à l’apoferritine pour former le ferritine et est stocké sous
cette forme dans les hépatocytes jusqu’à ce qu’il y ait besoin. Lorsque le fer circulant dans les
liquides corporels atteint un niveau bas, la ferritine libère le fer. Donc le système apoferritine-
ferritine du foie agit comme un tampon du fer sanguin, et aussi comme un médiateur de
stockage.
Le foie élimine ou excrète les médicaments, les hormones, et bien d’autres substances. Grace
à son équipement enzymatique exceptionnellement fourni, le foie est bien connu pour sa
capacité à détoxifier ou à excréter dans la bile de nombreux médicaments dont les
sulfonamides, la pénicilline, l’ampicilline, et l’érythromycine.
De la même manière, plusieurs des hormones sécrétées par les glandes endocrines sont soit
chimiquement modifiées (métabolisation hépatique) soit excrétées par le foie. Parmi ces
hormones nous avons la thyroxine et essentiellement toutes hormones stéroïdiennes, comme
les estrogènes, le cortisol, et l’aldostérone. Une altération du foie peut être à l’origine d’une
accumulation excessive d’une ou plusieurs de ces hormones dans les liquides corporels et
d’une hyperactivité des systèmes hormonaux.
Pour finir, une des principales voies de l’excrétion du calcium par l’organisme est sa sécrétion
dans la bile par le foie. De la bile le calcium passe dans l’intestin et est éliminé avec les
matières fécales.
312
14.4. Obésité
14.4.1. Causes
14.4.2. Traitement
14.6. Famine
14.7. Vitamines
Vitamine A
Niacine
Vitamine B12
Acide pantothénique
Acide ascorbique
Vitamine D
Vitamine E
Vitamine K
313
15.4.2. Taux du métabolisme basal (TMB) — La dépense minimale d’énergie pour l’existence
de l’organisme (coût énergétique de la vie)
3. EQUILIBRE ENERGETIQUE
Un examen attentif révèle que presque toute l’énergie tirée des aliments finit par être
convertie en chaleur. Toutes les activités cellulaires donnent lieu àune déperdition de
chaleur : la formation des liaisons d’ATP et la production d’un travail par leur clivage pendant
la contraction musculaire tout comme la fraction du sang passant dans les vaisseaux sanguins.
Les cellules ne peuvent pas mettre cette énergie àprofit pour effectuer un travail, mais les
tissus sont aussi réchauffés, ce qui rend possible le maintien de la température corporelle par
homéostasie et permet aux réactions métaboliques de se dérouler de façon efficace. La mise
en réserve de l’énergie ne devient une partie importante de l’équation qu’au cours des
périodes de croissance et de dépôt net de lipides.
La régulation de l’apport alimentaire est un processus complexe et les théories actuelles sur la
régulation du comportement nutritionnel et de la faim portent sur un ou plusieurs des cinq
facteurs suivants : signaux nerveux provenant du tube digestif, signaux transportés par le sang
et relatifs aux réserves d’énergie de l’organisme, hormones, température corporelle et facteurs
psychologiques. Tous ces facteurs semblent exercer une rétroaction sur les centres de la faim
situés dans l’encéphale.
3.2. Vitesse du métabolisme et production de chaleur corporelle
On appelle vitesse du métabolisme la dépense énergétique de l’organisme par unité de temps
(généralement exprimée par heure). C’est la quantité totale de chaleur dégagée par l’ensemble
des réactions chimiques de l’organisme et du travail mécanique effectué par celui-ci.
3.2.1. Calorimétrie
C’est la vitesse du métabolisme mesurée dans des conditions normalisées. Le sujet doit être à
jeun (il n’a pas mangé depuis au moins 12 heures), couché etmentalement et physiquement
détendu ; la température ambiante est maintenue entre 20 et25° C. La valeur obtenue dans ces
conditions est appelée métabolisme basal ; c’est l’énergie dépensée par l’organisme pour
assurer uniquement ses fonctions essentielles comme la respiration et l’activité des organes au
repos. Le métabolisme basal, souvent considéré comme le « coût de la vie en énergie », est
exprimé en kilojoules par mètre carré de surface corporelle par heure (kJ/m2/h).
Un adulte moyen pesant 70 kg a un métabolisme basal d’environ 250 à 300 kJ/h. On peut
calculer approximativement cette valeur en multipliant sa masse corporelle en kilogrammes
par le facteur 4 pour les hommes et3,6 pour les femmes.
MB = Poids (en kg) x 4 (homme)
= Poids (en kg) x 3,6 (femme)
Le métabolisme basal n’est pas le métabolisme le plus bas qui soit possible pour l’organisme.
On observe cette dernière valeur pendant le sommeil, lorsque les muscles sont complètement
détendus.
Ces facteurs comprennent la surface corporelle, l’âge, le sexe, le stress etles hormones.
a) La surface corporelle. Bien que le métabolisme basal soit relié à la masse corporelle et
à la taille, le facteur déterminant est la surface corporelle plutôt que la masse elle-
même. En effet, la déperdition de chaleur augmente comme le rapport entre la surface
et le volume du corps ; lorsque la surface est plus importante, le métabolisme doit
donc être plus rapide pour remplacer la chaleur perdue. Entre deux personnes de
même poids, celle qui est la plus grande etla plus mince aura un métabolisme basal
plus élevé que celle qui est plus petite et trapue.
317
b) L’âge. En général, plus une personne est jeûne, plus son métabolisme basal est élevé.
Les enfants et les adolescents ont besoin de beaucoup d’énergie pour assurer leur
croissance. Au cours de la vieillesse, le métabolisme basal diminue de façon très
marquée lorsque les muscles commencent à s’atrophier.
c) Le sexe. Les hommes ont généralement un métabolisme basal beaucoup plus élevé que
les femmes parce qu’ilspossèdent plus de tissu musculaire, dont le métabolisme est
très actif même au repos. Le tissu adipeux, dont l’abondance relative est plus grande
chez les femmes, a un métabolisme beaucoup plus lent que le tissu musculaire.
d) La température corporelle. Elle tend àfluctuer en même temps que le métabolisme.
L’élévation de la température corporelle (fièvre, hyperthermie) qu’elle soit causée par
des infections ou d’autres facteurs, accroît sensiblement la vitesse du métabolisme.
e) Le stress de nature physique ou émotionnelle fait augmenter la vitesse du métabolisme
en mobilisant le système nerveux sympathique. La noradrénaline et l’adrénaline, qui
sont transportées par la circulation sanguine, produisent une augmentation du
métabolisme surtout par stimulation du catabolisme des lipides.
f) Les hormones. La quantité de thyroxine produite par la glande thyroïde est
probablement le facteur hormonal qui a le plus d’influences sur le métabolisme basal,
et c’est pour cetteraison qu’on a surnommé la thyroxine l’ « hormone métabolique ».
Son effet direct sur la majorité des cellules (sauf celles de l’encéphale) est de faire
augmenter la consommation d’oxygène, sans doute en accélérantle fonctionnement de
la pompe àsodium et àpotassium par une utilisation accrue de l’ATP. A mesure que les
réserves d’ATP décroissent, la respiration cellulaire s’accroît par conséquent, plus la
glande thyroïde produit de thyroxine, plus le métabolisme basal est élevé. Autrefois, la
plupart des évaluations du métabolisme basal qui étaient effectuées visaient à
déterminer si la production de thyroxine était suffisante. De nos jours, l’activité
thyroïdienne est évaluée par des tests sanguins (dosages hormonaux).
L’hyperthyroïdie produit une augmentation du métabolisme, ce qui entraîne une
foule de problèmes. L’organisme catabolise les lipides emmagasinés et les protéines
tissulaires et, dans de nombreux cas, le sujet continue de perdre du poids bien qu’il ait
souvent faim et mange davantage. Les os s’affaiblissent et les muscles, y compris le cœur,
commencent à s’atrophier. A l’inverse, l’hypothyroïdie provoque un ralentissement du
métabolisme, l’obésité et un ralentissement du processus de pensée.
2.2.4. Métabolisme total.
318
Ce terme désigne la consommation totale d’énergie par toutes les activités de l’organisme,
involontaires et volontaires. Le métabolisme basal représente une partie étonnamment
importante du métabolisme total. Par exemple, chez une femme dont les besoins énergétiques
quotidiens s’élèvent à 8.400 kJ, plus de la moitié de cette énergie (environ 5.900 kJ) peut
servir à assurer les activités vitales de l’organisme. C’est l’activité des muscles squelettiques
qui produit les changements les plus spectaculaires du métabolisme total, ce qui reflète le fait
que ces organes constituent près de la moitié de la masse corporelle. Chez un athlète bien
entraîné, lors d’une activité physique intense maintenue durant plusieurs minutes, le
métabolisme peut atteindre une valeur de 15 à20 fois supérieure à la normale et rester élevé
pendant plusieurs heures par la suite. Une masse musculaire importante (athlètes entraînés) a
peu d’effet sur le métabolisme basal : il y a très peu de différence entre le métabolisme basal
mesuré chez les champions de body building (culturisme) et chez les personnes de même sexe
et de même surface corporelle.
1.1.Thermorégulation
Une homéostasie précise de la température corporelle est fondamentale à cause des effets de
la température sur les réactions biochimiques, et particulièrement l’activité enzymatique. A la
température corporelle normale, les conditions sont optimales pour l’activité enzymatique. En
cas d’échauffement, la catalyse s’intensifie : pour chaque augmentation de 1° C,les réactions
chimiques s’accélèrent d’environ 10 %. Au-dessus de la limite supérieure normale, l’activité
des neurones ralentit et les protéines commencent à se dénaturer. La plupart des adultes sont
pris de convulsion lorsque la température atteint 41° C, et toute survie semble impossible au-
delà de 43°C. En revanche, la plupart des tissuspeuvent résister à des baisses marquées de la
température si les autres conditions restent parfaitement contrôlées. C’est ce phénomène qui
permet de recourir à l’hypothermie, ou refroidissement corporel, lors d’interventions
chirurgicales pendant lesquelles le cœur doit être arrêté. L’hypothermie permet de réduire la
vitesse du métabolisme, ce qui laisse au chirurgien le temps d’opérer sans que les tissus soient
endommagés.
Etant donné que l’énergie radiante s’écoule toujours de l’endroit le plus froid, le rayonnement
permet d’expliquer pourquoi une pièce froide au départ seréchauffe en peu de temps quand
plusieurs personnes s’y trouvent. Le corps peut aussi capter de la chaleur par rayonnement,
comme on le remarque quand on s’expose au soleil.
b) Conduction et convection. La conduction est le transfert de chaleur entre des objets
qui sont directement en contact l’un avec l’autre. Par exemple le transfert de chaleur
des mains aux haltères, tout comme des fesses chaudes cèdent de la chaleur à une
chaise. Contrairement au rayonnement, la conduction exige un contact entre les
molécules des objets en question, c’est-à-dire que l’énergie thermique doit passer par
un milieu matériel.
phénomènes sont amplifiés par tout ce qui accélère le mouvement de l’air à la surface de la
peau comme le vent ou un ventilateur ; on parle alors de convection forcée.
c) Evaporation. L’eau s’évapore parce que ses molécules absorbent de la chaleur et
acquièrent assez d’énergie pour s’échapper sous forme de gaz (vapeur d’eau). La
chaleur absorbée par l’eau lorsqu’elle se transforme en vapeur est appelée chaleur de
vaporisation. L’eau absorbe une grande quantité de chaleur corporelle en s’évaporant à
la surface de la peau, et elle contribue donc largement à refroidir l’organisme. Chaque
gramme d’eau qui s’évapore à la surface du corps consomme 2.43 kJ de chaleur.
Lorsque la transpiration est abondante, surtout chez les personnes non entraînées, la perte
d’eau et de sel (NaCl)peut provoquer des spasmes douloureux des muscles squelettiques
appelés crampes de chaleur. Pourcorriger cette situation,il suffit de boire des liquides.
4.3.3. Rôle de l’hypothalamus.
L’hypothalamus, et notamment le noyau pré optique, forme le principal centre d’intégration
de la thermorégulation. Ensemble, le centre de la thermolyse (situé antérieurement) et le
centre de la thermogenèse constituent les centres thermorégulateurs.
L’hypothalamus reçoit des influx afférents provenant (1) des thermorécepteurs périphériques
qui se trouvent à la surface de l’organisme (dans la peau) et (2) des récepteurs centraux (qui
323
Lorsque la température du milieu ambiant est basse (ou que celle de la circulation sanguine
s’abaisse), le centre hypothalamique de thermogenèse est activé. Il maintient ou accroît alors
la température centrale en déclenchant un ou plusieurs des mécanismes suivants :
1. vasoconstriction des vaisseaux sanguins cutanés. L’activation des neurofibres du
système sympathique qui desservent les vaisseaux sanguins cutanés provoque une
forte constriction. Le sang reste ainsi dans les régions profondes du corps et évite en
bonne partie la peau. Etant donné que la peau est isolée des organes profonds par une
couche de tissu adipeux sous-cutané, la perte de chaleur par la surface est
considérablement diminuée et la température superficielle tend à s’abaisser pour
atteindre celle de l’environnement.
La restriction de la circulation sanguine dans la peau ne pose pas de problème tant qu’elle
est de durée limitée, mais si elle se prolonge trop longtemps (comme lors d’une exposition
prolongée à un froid intense) les cellules cutanées privées d’oxygène et de nutriments
commencent à mourir. Ce phénomène extrêmement grave est appelé gelure.
2. Augmentation de la vitesse du métabolisme. Le froid stimule la libération de la
noradrénaline par les neurofibres du système nerveux sympathique. La noradrénaline accroît
la vitesse du métabolisme, ce qui fait augmenter la production de chaleur. Ce mécanisme est
appelé thermogenèse chimique.
3. Frisson. Si les mécanismes décrits jusqu’ici ne suffisent pas, les frissons commencent. Les
centres de l’encéphale qui règlent le tonus musculaire s’activent, et lorsque le tonus devient
suffisant pour stimuler alternativement les mécanorécepteurs des muscles antagonistes, on
observe des contractions involontaires des muscles squelettiques. Le frisson accroît la
température corporelle de façon très efficace parce que l’activité musculaire dégage de
grandes quantités de chaleur.
324
En plus de ces adaptations involontaires, l’homme fait souvent appel à des modifications
comportementales pour empêcher tout abaissement excessif de la température centrale :
Ils protègent l’organisme des températures trop élevées, qui peuvent être extrêmement
néfastes. La plus grande partie de la déperdition de chaleur se fait par la peau par
l’intermédiaire des mécanismes physiques que nous avons décrits au point 3.3.2.Comment les
mécanismes d’échange de température interviennent-ils dans le système de régulation par
thermolyse ? C’est par le biais de l’hypothalamus :lorsque la température centrale du corps
s’élève au-dessus de la normale, le centre hypothalamique de thermogenèse est inhibé et,
simultanément, le centre de thermolyse est activé et déclenche l’une des réactions suivantes,
ou les deux à la fois :
stimulent fortement les glandes sudoripares, qui excrètent de grandes quantités de sueurs.
L’évaporation de la sueur est une forme de refroidissement efficace si l’air est sec. Lorsque
l’humidité est élevée, cependant, l’évaporation est beaucoup plus lente : dans ce cas, les
mécanismes de refroidissement ne fonctionnent pas bien et l’on se sent mal à l’aise et
irritable.
Pour réduire la température corporelle, l’homme adopte souvent des mesures volontaires ; par
exemple :
réduire l’activité ;
rechercher un endroit plus frais (ombragé), augmenter la convection à l’aide d’un
ventilateur ou mettre en marche un climatiseur ;
porter des vêtements amples de couleur claire qui réfléchissent l’énergie de
rayonnement et réduisent les apports de chaleur.
Lorsque le processus normaux de refroidissement deviennent inefficace, il s’ensuite une
hyperthermie, ou élévation de la température corporelle, qui inhibe l’hypothalamus. Tous les
mécanismes de thermorégulation sont donc interrompus, ce qui crée une boucle de
rétro-activation néfaste : l’échauffement rapide de l’organisme accroît la vitesse du
métabolisme qui à son tour fait augmenter la production de chaleur. La peau devient chaude et
sèche, et comme la température continue de grimper, divers organes (dont le cerveau) risquent
de plus en plus de subir des lésions. Ce phénomène appelé coup de chaleur peut être fatal à
moins qu’on prenne immédiatement des mesures correctives (refroidissement efficace de
l’organisme par immersion dans des l’eau fraiche et ingestion de liquides).
4.3.6. Fièvre.
La fièvre est une hyperthermie contrôlée. Elle est généralement causée par l’infection de
l’organisme tout entier ou d’une région de l’organisme mais elle peut aussi être provoquée par
d’autres troubles. Les globules blancs, les cellules des tissus atteints et
les macrophages libèrent des pyrogènes (pyros = feu ; genos = donner naissance) ou
« matières servant à allumer un feu » ; ces substances agissent directement sur
l’hypothalamus qui remonte la valeur de référence du thermostat et déclenche ainsi dans
l’organisme les mécanismes de thermogenèse. La température s’élève jusqu’à la nouvelle
valeur de référence, puis elle se maintient à ce niveau jusqu’à ce que les défenses naturelles de
326