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Principes
de l’ostéopathie
Introduction
Chapitre 3
Principes
de l’ostéopathie
Tout le monde a le droit d’avoir tort sur des principes,
mais personne n’a le droit d’avoir tort sur les faits.
Bernard Baruch
de filtration ; un muscle fibrosé n’a plus la motri- Une fonction perturbée peut également
cité suffisante pour actionner le segment qui lui altérer une structure. C’est notamment le cas
est attaché, etc. de différentes pathologies viscérales, une
Cette relation entre la structure et la fonc- dysfonction ou dyskinésie biliaire pouvant
tion est acceptée par toutes les écoles de causer une douleur à l’épaule droite. Si cette
médecine car elle est logique. L’originalité de dysfonction n’est pas soignée, la douleur
l’ostéopathie est d’avoir compris que la struc- risque de devenir chronique et de se transfor-
ture n’influence pas seulement la fonction mer en une pseudopériarthrite de l’épaule
localement mais aussi à distance, certaines avec des signes d’enraidissement par autopro-
dysfonctions étant en effet très éloignées de tection. L’origine de ce phénomène est à
leur cause structurelle. rechercher parmi les liens fonctionnels exis-
Les liens unissant la structure et la fonction tant entre les différents composants de l’orga-
sont toujours les mêmes. Ils sont mécaniques nisation métamérique.
(muscles, fascias, tendons, ligaments, etc.),
neurologiques et fluidiques (systèmes lym-
phatique, artérioveineux et liquide céphalora-
Troisième principe :
chidien). Ces deux derniers types de liens sont le potentiel d’autoguérison
bien connus en médecine allopathique : on de l’organisme
sait qu’une hernie discale lombaire peut
provoquer une sciatalgie ou un trouble fonc- Ce troisième principe ne peut plus être illustré
tionnel viscéral. Ce sont donc eux qui sont par le mouvement d’horlogerie car celui-ci est
mis en cause dans le phénomène d’« exporta- intrinsèquement inerte : il n’est pas animé par
tion » d’un trouble fonctionnel. cette « énergie vitale », dont parle A.T. Still et
On peut donc affirmer qu’il existe une qui, précisément, caractérise la vie. Celle-ci est
interrelation entre la structure et la fonction, non seulement capable de se perpétuer dans
l’une dépendant de l’autre et inversement. le temps grâce à son pouvoir de reproduction,
mais aussi de se protéger elle-même contre
Remarque différents types d’agressions, en utilisant des
moyens très divers.
« La loi de l’artère est suprême » ! Dans Tout d’abord, il existe une équilibration
le domaine de la circulation des fluides d’une série de constantes qui témoignent de
de l’organisme, cette formule proposée cette activité intense définissant la vie. C’est
par A.T. Still est une illustration intéres- le phénomène d’« homéostasie » qui permet,
sante du rapport existant entre la struc- notamment, de réguler la température,
ture et la fonction. La structure du réseau d’équilibrer la tension artérielle ainsi que
artérioveineux doit être parfaite pour que diverses concentrations ioniques. Ensuite, en
la fonction « circulatoire » – dont l’impor- cas de crise, l’organisme utilise des mécanis-
tance ne faisait aucun doute au mes qui vont préserver les principales fonc-
XIXe siècle – le soit également ! tions vitales : vascularisation du système
Aujourd’hui, qui peut lui donner tort ? nerveux central, pompe cardiaque, échanges
Dans le nord de notre hémisphère, la civi- gazeux, filtration, etc. Mais cette capacité de
lisation développe des pathologies dites protection permet aussi de vivre dans un
d’« excès » dont les méfaits touchent milieu agressif en permanence. Les armes
précisément la structure du système arté- s’adaptent alors au type d’agression : elles
rioveineux. Nous connaissons tous les sont immunitaires en cas d’envahissement
lourdes conséquences fonctionnelles qui par des micro-organismes ; il peut s’agir du
en résultent. rejet face à un corps étranger, de la formation
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d’un kyste autour d’un agresseur ou d’un s’appliquent à notre planète et à l’univers.
corps étranger ; mais il y a aussi la fuite, l’atta- Imaginons, par exemple, que l’on tente de
que, l’inhibition, etc. Tous ces mécanismes dévier la Lune de sa trajectoire orbitale ; cela
qui tendent à maintenir un niveau de santé ne se ferait pas sans provoquer de graves
optimal sont bien connus de la médecine conséquences sur la Terre. Dans cette hypo-
traditionnelle. En revanche, lorsque ce sont thèse incongrue, cet univers, qui peut être
des forces qui altèrent les tissus et leurs fonc- qualifié de vivant, devrait retrouver un équili-
tions (agression mécanique), les mécanismes bre. La structure (l’orbite) ayant changé, la
sont moins bien compris et donc pas ou peu fonction (les marées) serait perturbée à des
décrits. Pourtant, sans eux, la vie sociale ne milliers voire des millions de kilomètres de
serait pas possible. distance (l’unité fonctionnelle).
Le pouvoir d’autoguérison ne suffit Par ailleurs, personne ne peut prétendre
malheureusement pas toujours à restituer cet aujourd’hui qu’il n’y a pas de relation entre
équilibre – instable – que l’on appelle la les éruptions volcaniques, les tremblements
« santé ». L’organisme intègre donc la patho- de terre, les cyclones, les grandes modifica-
logie ou la blessure et s’y adapte (phénomène tions géophysiques et les rejets massifs de
d’adaptation). L’exemple le plus illustratif est CO2 ou l’exploitation des gisements miné-
celui d’un rein qui s’hypertrophie pour raux. Les climatologues étudient la relation
compenser un alter ego absent ou inefficace. qui existe entre les variations de climat à la
Ces phénomènes d’adaptation permettent à surface de notre planète et la force des
tout l’organisme, malgré l’existence d’une courants marins profonds aux deux pôles. La
dysfonction quelconque, d’assurer ses fonc- Terre, en tant qu’unité fonctionnelle, doit
tions essentielles telles que la mobilité ou donc s’adapter aux modifications – naturel-
l’équilibre. les ou non – qu’elle subit. Elle doit satisfaire
Pour s’autoguérir, l’organisme doit recher- ses constantes, l’équilibre de ses masses,
cher ses ressources en lui-même. A.T. Still l’équilibre magnétique et bien d’autres para-
disait : « Il n’y a rien à retrancher, il n’y a rien mètres encore. Le Tsunami qui a touché
à rajouter ». Il comparait aussi l’organisme l’Asie du Sud-Est en 2004 est hélas un exem-
humain au ple récent d’adaptation fonctionnelle à un
drugstore de Dieu, dans lequel on trouve tous les trouble structurel majeur au niveau de
liquides, les drogues, les lubrifiants, les opiacés, l’univers. Un immense transfert de masse
les acides et les antiacides, ainsi que tous les s’est produit à cause d’un déplacement
remèdes qui lui ont semblé utiles à l’épanouisse- violent des plaques tectoniques qui a engen-
ment de l’homme et à sa santé. dré une immense lame de fond évoluant à
grande vitesse dans le sens de la rotation de
la Terre. Cette masse en mouvement a accé-
Trois principes indissociables léré le mouvement de rotation de notre
Il est impossible de décrire un des trois princi- planète de quelques millisecondes. Celle-ci
pes de l’ostéopathie sans évoquer les deux s’est alors adaptée à cette nouvelle donnée en
autres. Cela corrobore l’idée d’une cohésion variant son axe de rotation de quelques infi-
totale et d’une globalité fonctionnelle de mes fractions de degré.
l’entité corporelle. Parce qu’ils sont naturels et universels, les
Cette entité corporelle fonctionne elle- trois principes de l’ostéopathie ont un intérêt
même au sein d’une entité planétaire, la Terre, pratique majeur : ils permettent à la fois de
qui fait partie de la « grande horloge univer- gouverner le processus de diagnostic et de
selle ». On peut dès lors constater que ces trois dicter les gestes thérapeutiques. Par l’observa-
principes ont une portée universelle car ils tion et l’écoute, l’ostéopathe pourra compren-
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dre et dénouer les mécanismes des réactions sance et conscience. Mais il ne pourra en
tissulaires. Une fois qu’il les aura identifiés, il aucun cas se substituer aux efforts entrepris
sera capable d’induire une indication de trai- par l’organisme pour s’autoguérir ; il devra, au
tement à l’organisme, en parfaites connais- contraire, l’y aider.