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Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant


P. Chastagner, F. Doz, O. Klein, V. Bernier, E. Schmitt, G. Gauchotte, F. Fouyssac

Avec environ 500 nouveaux cas par en France, les tumeurs cérébrales représentent la première cause de
tumeurs solides et la deuxième cause de cancers après les leucémies chez l’enfant et l’adolescent. Elles
surviennent à tout âge, avec un pic entre 0 et 4 ans, mais leur incidence décroît avec l’âge, en particulier
pour les tumeurs malignes. La symptomatologie, dominée par les signes d’hypertension intracrânienne,
passe longtemps inaperçue, souvent atypique, expliquant l’important retard diagnostique. La réalisation
d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale est indispensable au diagnostic, suivie qua-
siment toujours d’un geste chirurgical pour obtenir au minimum une analyse biopathologique du tissu
tumoral. L’utilisation récente de la biologie et de la génétique moléculaire permet de mieux préciser les
indications thérapeutiques dans certains types tumoraux et de déterminer la possibilité de traiter par
une thérapie moléculaire ciblée. L’exérèse tumorale complète reste dans la grande majorité des cas le
meilleur facteur pronostique, mais est parfois irréalisable. La plupart des tumeurs cérébrales de l’enfant
sont radiosensibles, mais les séquelles engendrées par la radiothérapie sont fréquentes et souvent sévères
notamment neuro-intellectuelles et endocriniennes, d’autant plus que l’enfant est jeune au moment du
traitement. La chimiothérapie peut dans certains cas aider à la guérison et/ou à diminuer les doses de
la radiothérapie, à la différer, voire à l’éviter. Le taux de survie global est de l’ordre de 50 %, avec des
extrêmes allant de moins de 5 % à plus de 90 %, selon le type histologique, l’opérabilité, la chimiosen-
sibilité, la radiosensibilité et l’âge de l’enfant. Parmi tous les cancers survenant chez les enfants, ce sont
les tumeurs cérébrales qui ont l’index thérapeutique le plus faible.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Tumeurs cérébrales ; Enfants ; Neuroradiologie ; Neurochirurgie ; Radiothérapie ; Chimiothérapie ;


Thérapie moléculaire ciblée ; Séquelles

Plan ■ Thérapeutiques moléculaires ciblées 12


■ Surveillance 12
■ Introduction 1 ■ Effets secondaires du traitement 12
■ Épidémiologie 2 Séquelles neuro-intellectuelles 12
■ Classifications 2 Séquelles endocriniennes 13
Suivant la localisation 2 Séquelles neurosensorielles 13
Suivant l’histologie 2 Autres séquelles 13
Difficultés du diagnostic neuropathologique 4 ■ Qualité de vie 13
■ Biologie des tumeurs 4 ■ Principales tumeurs cérébrales primitives 14
■ Présentation clinique 4 Astrocytomes 14
Tumeurs embryonnaires 15
■ Examens neuroradiologiques 5 Tumeurs épendymaires 16
■ Diagnostic différentiel 7 Tumeurs de la région sellaire 17
■ Traitements 7 Tumeurs de la région pinéale 17

Tumeurs neuronales et glioneuronales 17
Chirurgie 7
Tumeurs germinales 18
Neuronavigation 8
Tumeurs des plexus choroïdes 18
Échographie peropératoire 9
■ Atteintes cérébrales des tumeurs extracérébrales 18
Sononavigation 9
Stimulations corticales et sous-corticales peropératoires 9 ■ Tumeurs secondaires 19
Chirurgie en condition éveillée 10 ■ Conclusion 19
Tractographie (imagerie par tenseurs de diffusion) 10
■ Radiothérapie 10
Modalités et progrès de la radiothérapie 10
■ Chimiothérapie 11  Introduction
Chimiothérapie efficace 12
Chimiothérapie inefficace 12 Les tumeurs cérébrales sont les plus fréquentes des tumeurs chez
Tumeurs dont la chimiosensibilité n’est pas clairement démontrée l’enfant et la deuxième cause de cancer après les leucémies. Elles se
mais qui bénéficient de ce traitement 12 distinguent des tumeurs cérébrales de l’adulte par leur fréquence

EMC - Pédiatrie 1
Volume 12 > n◦ 4 > octobre 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(17)75872-3
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(environ 25 % versus 2 % chez l’adulte), leur grande variété his- la ligne médiane est également importante à préciser. Environ
tologique et leur comportement biologique différent à histologie 50–55 % des tumeurs intracrâniennes sont localisées dans la fosse
identique. Elles représentent le groupe de tumeurs pour lesquelles postérieure. Les tumeurs sus-tentorielles prédominent avant l’âge
les progrès ont été les moins importants au cours de ces deux der- de 2 ans.
nières décennies. Le taux de survie global est de l’ordre de 50 %,
avec des extrêmes allant de moins de 5 % à plus de 90 %, selon le Tumeurs sous-tentorielles
type histologique. Les tumeurs cérébrales continuent à poser trois
types de problèmes chez l’enfant : la difficulté et donc le retard du Elles touchent le vermis, les hémisphères cérébelleux, le qua-
diagnostic, la prise en charge thérapeutique, et les séquelles. trième ventricule, le tronc cérébral, et l’émergence des nerfs
crâniens. Les histologies sont dominées par les gliomes, les médul-
loblastomes, puis les épendymomes.
 Épidémiologie
Tumeurs sus-tentorielles
L’incidence des tumeurs cérébrales en France est de 39 par mil-
Elles peuvent toucher soit les hémisphères cérébraux et les
lion d’enfants de moins de 15 ans et elle a augmenté en moyenne
ventricules latéraux, où dominent les tumeurs d’origine gliale
de 1,7 % par an entre 1978 et 1997 [1] . Cela est partiellement
puis les tumeurs embryonnaires, soit les structures de la ligne
expliqué par l’amélioration des moyens diagnostiques, mais sans
médiane : région sellaire et parasellaire (craniopharyngiomes,
pouvoir exclure une variation des facteurs de risque. Cette inci-
gliomes diencéphaliques, tumeurs germinales), région pinéale
dence décroît avec l’âge, le pic d’incidence étant observé dans la
(tumeurs germinales, tumeurs du parenchyme pinéal).
tranche d’âge 0–4 ans et elle est de 17 par million d’adolescents
Environ 10 % des tumeurs du système nerveux central sont
âgés de 15 à 19 ans [2] . Au total, environ 500 nouveaux cas sont
localisées au niveau médullaire et ne sont pas traitées dans ce
diagnostiqués par an en France dans la population des 0–18 ans.
chapitre.
Le sex-ratio est de 1,1.
Cette classification reste très insuffisante pour rendre compte
Les causes des tumeurs cérébrales de l’enfant restent mal
de la diversité de ces proliférations qui peuvent s’infiltrer d’une
connues. Les deux principaux facteurs étiologiques sont des fac-
région à une autre (tumeurs de la ligne médiane) ou être dissémi-
teurs de prédisposition génétique et l’exposition du système
nées.
nerveux central (SNC) à de fortes doses de radiations ionisantes.
Parmi les facteurs de prédisposition génétique, les plus fréquem-
ment retrouvés sont la neurofibromatose de type 1 (compliquée Suivant l’histologie
dans environ 15 % des cas de tumeurs gliales), la neurofibromatose
de type 2 (neurinomes et méningiomes), la sclérose tubéreuse de Les tumeurs cérébrales de l’enfant représentent un groupe très
Bourneville (astrocytomes sous-épendymaires à cellules géantes), hétérogène et complexe de tumeurs dont certaines sont iden-
et le syndrome de von Hippel-Lindau (hémangioblastomes). tiques à celles observées chez l’adulte, mais avec parfois des
De façon beaucoup plus rare, le syndrome de Gorlin, la poly- caractéristiques biologiques spécifiques. Différentes classifications
pose adénomateuse familiale et le syndrome de Rubinstein-Taybi ont été utilisées, parfois d’utilisation difficilement reproductible
prédisposent au développement de médulloblastomes, et le syn- d’un neuropathologiste à un autre, comme c’est le cas pour
drome de Turcot aux tumeurs gliales et aux médulloblastomes. l’établissement du grade dans les épendymomes.
Les tumeurs gliales, embryonnaires et des plexus choroïdes La classification histologique OMS des tumeurs cérébrales de
surviennent plus fréquemment chez les patients présentant le syn- l’enfant de ces tumeurs découle de celle de l’adulte avec de nom-
drome de Li-Fraumeni. Enfin, des lymphomes primitifs cérébraux breuses adaptations. La version 2016 de cette classification tient
peuvent compliquer l’évolution des patients atteints de déficits compte des données correspondant aux spécificités pédiatriques
immunitaires sévères, congénitaux ou acquis. et intègre les caractéristiques de biologie et génétique moléculaire
qui peuvent, dans certains cas, préciser le diagnostic (tumeurs
rhabdoïdes et tératoïdes, gliomes diffus de la ligne médiane avec
 Classifications mutation H3K27M), ou le degré de malignité (définition des cri-
tères d’anaplasie dans les xanthoastrocytomes pléomorphes). La
Les tumeurs primitives du SNC correspondent à un ensemble classification OMS 2016 des principales tumeurs primitives céré-
de tumeurs très diverses, subdivisées elles-mêmes en fonction brales est présentée dans le Tableau 1.
de leur degré de malignité et de leur localisation qui influent Schématiquement trois types de tumeurs représentent à elles
sur le pronostic. Malgré les progrès réalisés tant au niveau de seules la grande majorité des tumeurs cérébrales :
l’imagerie qu’au niveau de la neuropathologie, et surtout de la • les tumeurs gliales (astrocytomes ou gliomes), qui constituent
biologie et de la génétique moléculaire, cette classification reste les plus fréquentes des tumeurs cérébrales quel qu’en soit leur
complexe et incomplète, certaines tumeurs restant « non clas- siège, regroupent des tumeurs de type et de pronostic très
sées ». Dans un effort de rationalisation, la nouvelle classification divers. Leur grade de malignité est fonction de critères mor-
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 2016 des tumeurs phologiques, telle que la présence ou non d’atypies nucléaires,
cérébrales primitives tient compte, pour la première fois, en partie de mitoses, de nécrose, et de prolifération endothéliale, per-
de ces différents aspects [3] . mettant un classement en quatre grades (de I à IV), et de
critères biologiques. Il est également possible de les distinguer
en fonction de leur caractère diffus (astrocytome fibrillaire,

“ Point important astrocytome anaplasique, glioblastome) ou non (astrocytome


pilocytique, xanthoastrocytome pléomorphe, gangliogliome,
astrocytome subépendymaire à cellules géantes). Ces derniers
comportent des caractéristiques histologiques particulières et
La classification des tumeurs est en grande évolution grâce
ont un pronostic nettement plus favorable, à l’exception
aux progrès de l’imagerie et surtout de la biologie et de la des xanthoastrocytomes pléomorphes. Les oligodendrogliomes
génétique moléculaire. Elle tient de plus en plus compte font partie des tumeurs gliales. L’anomalie chromosomique
des corrélations historadiologiques et biopathologiques. la plus fréquente dans ce groupe histologique (perte de 1p
et 19q) est beaucoup plus rarement trouvée chez les enfants
par rapport aux tumeurs de l’adulte. Les difficultés diag-
nostiques les plus problématiques, en particulier entre un
Suivant la localisation astrocytome pilocytique et un gliome malin, ont été nette-
ment atténuées grâce à la biologie moléculaire. Par exemple,
Les tumeurs cérébrales sont classiquement classées en tumeurs l’absence de fusion BRAF : KIAA1549 et la présence d’une muta-
sous-tentorielles et sus-tentorielles. La localisation au niveau de tion des histones H3 orientent vers un gliome malin, alors que

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Tableau 1. Tableau 1.
Classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 2016 des (suite) Classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 2016
principales tumeurs primitives cérébrales. des principales tumeurs primitives cérébrales.
Tumeurs Grade Tumeurs Grade
Astrocytomes diffus et tumeurs oligodendrogliales Liponeurocytome cérébelleux II
Astrocytome diffus, IDH-mutant II Paragangliome
Astrocytome gemistocytique, IDH-mutant Tumeurs de la région pinéale
Astrocytome diffus, IDH-non muté Pinéalocytome I
Astrocytome diffus, sans autre indication Tumeur du parenchyme pinéal de différenciation II ou III
Astrocytome anaplasique, IDH-mutant III intermédiaire
Astrocytome anaplasique, IDH-non muté Pinéaloblastome IV
Astrocytome anaplasique, sans autre indication Tumeur papillaire de la région pinéale II ou III
Glioblastome, IDH-non muté IV Tumeurs embryonnaires
Glioblastome à cellules géantes Médulloblastomes définis génétiquement IV
Gliosarcome Médulloblastome du groupe WNT
Glioblastome épithélioïde Médulloblastome du groupe SHH et TP53-mutant
Glioblastome IDH-mutant IV Médulloblastome du groupe SHH et TP53 non muté
Glioblastome, sans autre indication IV Médulloblastome, non WNT, non SHH
Gliome diffus de la ligne médiane, H3K27M-mutant IV – Médulloblastome du groupe 3
Oligodendrogliome, IDH-mutant et 1p/19q codélété II – Médulloblastome du groupe 4
Oligodendrogliome, sans autre indication Médulloblastomes définis histologiquement IV
Oligodendrogliome anaplasique, IDH-mutant et III Médulloblastome classique
1p/19q codélété Médulloblastome desmoplasique/nodulaire
Oligodendrogliome anaplasique, sans autre indication Médulloblastome à nodularité extensive
Oligoastrocytome, sans autre indication Médulloblastome à grandes cellules/anaplasique
Oligoastrocytome anaplasique, sans autre indication Médulloblastome, sans autre indication IV
Autres tumeurs astrocytaires Tumeurs embryonnaires avec rosettes multistratifiées, IV
Astrocytome pilocytique I avec altération C19MC
Astrocytome pilomyxoïde Tumeurs embryonnaires avec rosettes multistratifiées,
sans autre indication
Astrocytome subépendymal à cellules géantes I
Médulloépithéliome IV
Xanthoastrocytome pléomorphe II
Neuroblastome du système nerveux central
Xanthoastrocytome pléomorphe anaplasique III
Ganglioneuroblastome du système nerveux central
Tumeurs épendymaires
Tumeurs embryonnaires du système nerveux central, IV
Subépendymome I
sans autre indication
Épendymome myxopapillaire I
Tumeur rhabdoïde et tératoïde atypique IV
Épendymome II Tumeur embryonnaire du système nerveux central, IV
Épendymome papillaire avec des inclusions rhabdoïdes
Épendymome à cellules claires Tumeurs germinales
Épendymome tanycytique Germinome
Épendymome avec transcrit de fusion RELA II ou III Carcinome embryonnaire
Épendymome anaplasique III Tumeur du sac vitellin
Autres gliomes Choriocarcinome
Gliome chordoïde du troisième ventricule II Tératome
Gliome angiocentrique I Tératome mature
Astroblastome Tératome immature
Tumeurs des plexus choroïdes Tératome avec transformation maligne
Papillome des plexus choroïdes I Tumeur germinale mixte
Papillome atypique des plexus choroïdes II Tumeurs de la région sellaire
Carcinome des plexus choroïdes III Craniopharyngiome I
Tumeurs neuronales et glioneuronales Craniopharyngiome adamantin
Tumeur neuroépithéliale dysembryoplasique I Craniopharyngiome papillaire
Gangliocytome I Tumeur à cellules granuleuses de la région pinéale I
Gangliogliome I Pituicytome I
Gangliogliome anaplasique III Oncocytome à cellules fusiformes I
Gangliocytome cérébelleux anaplasique (maladie de I
Lhermitte-Duclos)
Gangliogliome et astrocytome desmoplasique infantile I l’expression de CD34 associée à la mutation BRAFV600E (40 %
Tumeur papillaire glioneurale I des cas) oriente vers un xanthoastrocytome pléomorphe ou un
Tumeur glioneurale formant des rosettes I
gangliogliome ;
• les tumeurs embryonnaires représentent environ 20 % des
Tumeur glioneurale leptoméningée diffuse
tumeurs cérébrales. Elles ont la particularité de pouvoir dissé-
Neurocytome central II miner dans les espaces leptoméningés et de façon exception-
Neurocytome extraventriculaire II nelle au niveau systémique (ostéomédullaire). Leur principal

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représentant, le médulloblastome, est localisé au niveau du tologique dans une étude française, 18,2 % ont été finalement
cervelet (environ 20 % des tumeurs sous-tentorielles). La nou- considérés comme étant de bas grade, après une relecture centra-
velle classification OMS des tumeurs cérébrales a individualisé, lisée [7] . En France, la plupart des tumeurs qui posent des difficultés
en plus de la forme classique, trois variants de médulloblas- diagnostiques sont relues dans le cadre d’un groupe de relecture,
tomes : desmoplasique/nodulaire, à nodularité prédominante, le Groupe d’étude de neuropathologie oncologique pédiatrique
anaplasique/à grandes cellules. Par ailleurs, les outils de bio- (GENOP).
logie et génétique moléculaire ont permis de proposer un
consensus sur quatre sous-groupes basés sur les altérations
géniques (groupe SHH, groupe WNT, non WNT non SHH de  Biologie des tumeurs
groupe 3, et non WNT non SHH de groupe 4), à l’origine d’une
redéfinition des facteurs pronostiques (cf. infra). Par ailleurs, Les progrès de l’immunohistochimie, de la biologie moléculaire
le diagnostic de tumeur neuroectodermique primitive (PNET) et de la génétique ont permis d’obtenir de nombreuses informa-
centrale a été supprimé, pour être remplacé par le diagnos- tions sur les altérations moléculaires et les gènes impliqués dans
tic de tumeur embryonnaire du système nerveux central, sans le développement de différents types de tumeurs du SNC.
autre indication, en l’absence de caractéristiques morpholo- D’une façon générale, l’indice de prolifération, obtenu facile-
giques ou moléculaires spécifiques. Les tumeurs embryonnaires ment en immunohistochimie (Ki-67), est corrélé à la malignité
avec des rosettes multistratifiées (ETMR) et les médulloépithé- des tumeurs gliales et au pronostic des gliomes de grades I et II.
liomes, tumeurs exceptionnelles survenant chez des enfants En ce qui concerne les tumeurs gliales de haut grade, contraire-
âgés de moins de 5 ans, font également partie de ce groupe, ment à ce qui est observé chez l’adulte, où les gliomes de haut
ainsi que les tumeurs rhabdoïdes et tératoïdes atypiques (ATRT). grade sont le plus souvent le résultat de la transformation pro-
Ces dernières, observées essentiellement chez des enfants de gressivement maligne d’une prolifération initialement d’un grade
moins de 3 ans, sont très hautement malignes et leur diagnos- moins élevé, celles observées chez l’enfant sont le plus souvent
tic doit être confirmé par la mise en évidence de la mutation des tumeurs malignes « de novo ». Il semble exister à l’intérieur
du gène hSNF5/INI1, également appelé SMARCB1. D’autres même de la population pédiatrique une corrélation entre l’âge
tumeurs encore plus rares sont décrites dans ce groupe des de survenue des gliomes malins et les voies de tumorigenèse.
tumeurs embryonnaires ; Ainsi, dans une étude portant sur 77 gliomes malins confirmés
• les épendymomes, développés à partir des cellules épendy- histologiquement de façon centralisée, la fréquence de la muta-
maires tapissant les cavités ventriculaires, représentent environ tion TP 53 est statistiquement supérieure chez les enfants âgés de
10 % de l’ensemble des tumeurs cérébrales. Ils sont subdivi- plus de 3 ans (11,8 versus 40 % ; p = 0,04) [8] . Les anomalies géno-
sés en cinq sous-groupes, comportant des tumeurs bénignes miques sont en cours de démembrement, mais il a déjà été montré
(épendymome myxopapillaire, tumeur subépendymaire), et qu’à histologie identique les gliomes malins de l’enfant ont un
beaucoup plus fréquemment l’épendymome, l’épendymome statut biologique régulièrement différent de celui observé chez
à transcrit de fusion RELA, et l’épendymome anaplasique, l’adulte ; par exemple, l’amplification du gène EGFR, l’altération
tumeurs de moins bon pronostic. La nouvelle classification de PTEN et la codélétion 1p/19q sont moins fréquentes chez
moléculaire distingue les épendymomes en quatre sous- l’enfant [9] .
groupes, deux de localisation sus-tentorielle et deux de Certaines anomalies génétiques sont utilisées à titre diagnos-
localisation sous-tentorielle [4] . Pour les localisations sus- tique telle la perte du gène hSNF5/INI1, spécifique des tumeurs
tentorielles, on distingue les sous-groupes avec transcrit RELA rhabdoïdes, la mutation H3K27, spécifique d’un type de gliomes
positif et les épendymomes YAP1, de meilleur pronostic. Pour diffus de la ligne médiane, ou la codélétion 1p/19q spécifique
les localisations sous-tentorielles, le groupe A est de mau- des oligodendrogliomes. Enfin, des nouvelles classifications repo-
vais pronostic, de localisation latéralisée chez des enfants plus sant sur l’expression de combinaisons de gènes sont en cours
jeunes, contrairement au groupe B. de validation. Elles auront une valeur pronostique extrêmement
Les autres tumeurs ne représentent, suivant les localisations, importante, notamment pour les médulloblastomes [10] car elles
que 5 à 15 % des tumeurs cérébrales. permettront de stratifier l’intensité du traitement à partir de mar-
L’âge a un rôle important dans la fréquence des différentes his- queurs biologiques. La place de cette biologie sera détaillée dans
tologies et des localisations tumorales. Ainsi, chez les enfants de les chapitres propres à chaque type de tumeurs.
moins de 1 an, les tumeurs les plus fréquentes sont les astro-
cytomes suivis des médulloblastomes, des épendymomes et des
tumeurs des plexus choroïdes [5] . De la même façon, à histologie
identique, le comportement tumoral peut varier significative-
ment en fonction de l’âge, telles l’agressivité des gliomes de bas
“ Point important
grade et la chimiosensibilité des gliomes de haut grade qui sont
plus fréquentes chez les plus jeunes enfants. Ces différences de Les gliomes de l’enfant ont des caractéristiques biolo-
comportement commencent à trouver une explication grâce à giques différentes de celles de l’adulte et nécessitent des
la biologie moléculaire qui révèle des modifications dans la fré- études, tant biologiques que cliniques, spécifiques.
quence des altérations géniques en fonction de l’âge [6] .

Difficultés du diagnostic neuropathologique


 Présentation clinique
Le diagnostic neuropathologique pose d’importants problèmes
pour quatre raisons principales : la grande diversité des tumeurs Les tumeurs cérébrales correspondent aux tumeurs pour les-
cérébrales, qu’elles soient bénignes ou malignes ; la grande hété- quelles le délai diagnostique est le plus long, avec une médiane
rogénéité histologique à l’intérieur d’une même tumeur (jusqu’à de 3,5 mois pour l’ensemble des tumeurs, et d’autant plus long
21 caryotypes différents répertoriés dans un gliome malin) ; que l’enfant est plus âgé et que l’histologie est de faible grade de
l’interprétation d’un matériel souvent en petite quantité, en cas malignité [11] . Ce délai diagnostique peut être expliqué par :
de biopsie stéréotaxique ; la rareté des marqueurs immunohis- • le caractère souvent isolé et la banalité chez l’enfant des signes
tochimiques ; ou encore la grande hétérogénéité en biologie ou d’hypertension intracrânienne (HIC) ;
génétique moléculaire pour un même type neuropathologique. • la difficulté de l’examen neurologique du petit enfant ;
Par ailleurs, l’expérience des pathologistes dans chaque centre pre- • une certaine banalisation de l’ensemble de ces symptômes par
nant en charge les tumeurs cérébrales de l’enfant est d’autant plus les parents et les médecins. Fréquemment, les enfants ont une
réduite que chaque type histologique est très rare. Ainsi, à la suite prise en charge psychologique, voire pédopsychiatrique, pour
de la relecture centralisée de la neuropathologie de 51 tumeurs un changement de comportement ou des vomissements mati-
provenant de patients traités pour un gliome de haut grade his- naux parfois étiquetés « phobie scolaire », et ce avant que ne

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Tableau 2.
Fréquence des différents symptômes en fonction de la localisation, de l’âge et du terrain (d’après [12] ).
Symptômes/localisations Sus-tentorielle hémisphérique Médiane Fosse postérieure Tronc Spinale NF1 < 4 ans
Signes non précisés d’HIC 47 49
Céphalées 67 23
Nausées, vomissements 19 75 30
Troubles de la coordination 60 78
Atteinte visuelle 41
Strabisme 21 19
Atteinte des paires crâniennes 52
Syndrome pyramidal 33
Convulsions 38
Macrocéphalie 41
Irritabilité 24
Léthargie 21
Exophtalmie 16
Atrophie optique 15
Œdème papillaire 21 34
Mouvements oculaires anormaux 21

NF1 : neurofibromatose de type 1 ; HIC : hypertension intracrânienne.

soit réalisée une imagerie cérébrale qui objective une tumeur. En cas de localisation au niveau du tronc cérébral, ce sont les
Le diagnostic est encore parfois posé, après plusieurs années, déficits des nerfs crâniens et moteurs des voies longues qui prédo-
chez un enfant traité pour une épilepsie. minent.
La symptomatologie dépend de l’âge et surtout de la locali- Les troubles endocriniens peuvent également constituer des
sation tumorale. On distingue les signes cliniques en rapport signes d’appel de tumeurs de la ligne médiane : troubles de la crois-
avec les lésions dues directement à la tumeur et ceux en rap- sance surtout, et manifestations hypothalamiques (obésité ou au
port avec l’hydrocéphalie, souvent au premier plan en cas de contraire cachexie diencéphalique réalisant le syndrome de Russel
localisation sous-tentorielle ou de la région pinéale. Ces derniers chez les très jeunes enfants), hypopituitarisme, diabète insipide,
sont fréquents, parfois révélateurs, précédant de plusieurs jours, puberté précoce.
voire semaines les signes directement liés à la tumeur, expli- Une méta-analyse de plus de 4000 présentations cliniques de
quant la longueur du délai diagnostique. L’hydrocéphalie, en tumeurs cérébrales a permis de préciser la fréquence des diffé-
rapport avec un obstacle à l’écoulement du liquide cérébrospinal rents symptômes en fonction de la localisation, de l’âge et du
(LCS) ou exceptionnellement avec une tumeur des plexus cho- terrain (Tableau 2) [12] .
roïdes qui produisent le LCS, s’exprime par des céphalées plus
ou moins persistantes, des vomissements typiquement en jet et
préférentiellement le matin, un strabisme dû à une paralysie de
la sixième paire crânienne, de troubles de l’humeur accompagnés
d’irritabilité, de troubles du sommeil, une baisse des performances
“ Point important
intellectuelles, une attitude en retrait de l’enfant. Ces signes
peuvent être associés, mais également isolés aboutissant alors Les signes cliniques sont banals, souvent isolés ; une aug-
souvent à une errance diagnostique. Chez les tout-petits, la fon- mentation de la fréquence et/ou de l’intensité de ces signes
tanelle est tendue et il peut exister une macrocéphalie d’autant doit faire suspecter le diagnostic de tumeur cérébrale et
plus fréquente et nette que l’hypertension intracrânienne (HIC) proposer la réalisation d’une imagerie.
survient chez un enfant plus jeune, ou se développe lentement.
À l’examen du fond d’œil, l’œdème papillaire est habituel hormis
chez le nourrisson dont les fontanelles ne sont pas fermées. Des
troubles du tonus (torticolis, crises toniques postérieures) doivent
faire évoquer un engagement des amygdales cérébelleuses dans le
trou occipital et correspondent à une urgence vitale et neurochi-
rurgicale.
 Examens neuroradiologiques
Les signes neurologiques de localisation ont plus de valeur (Fig. 1 à 6)
d’orientation.
En cas de localisation sus-tentorielle, il peut s’agir de crises Dans tous les cas, ce sont les examens neuroradiologiques
convulsives, peu fréquentes (moins de 25 % des cas), de troubles qui vont objectiver un processus expansif intracrânien :
moteurs et/ou sensitifs si la tumeur est hémisphérique, de troubles tomodensitométrie (TDM) et surtout imagerie par résonance
visuels (diminution de l’acuité visuelle, anomalies du champ magnétique (IRM). Si la TDM (sans et avec produit de contraste) est
visuel) lorsque la tumeur atteint les voies optiques, syndrome le plus souvent réalisée en première intention et permet de diag-
vestibulaire, troubles de la déglutition, de la phonation, de nostiquer plus de 80 % des tumeurs, l’IRM constitue l’examen de
l’oculomotricité en cas d’atteinte des noyaux des nerfs crâ- référence pour l’exploration des tumeurs cérébrales. Elle permet
niens, syndrome de Parinaud en cas de tumeur de la région d’en préciser la taille, le siège et les rapports avec les structures
pinéale. En cas d’épilepsie, les tumeurs les plus fréquentes sont de voisinage. Ces imageries sont également indispensables pour
les tumeurs dysembryoplasiques, les gangliogliomes et les oligo- définir l’opérabilité et/ou planifier les champs d’irradiation. L’IRM
dendrogliomes. est particulièrement utile pour les tumeurs de petit volume, et
Lorsque la tumeur siège au niveau du cervelet, les signes d’HIC celles du tronc cérébral, souvent mal explorées par le scanner. Elle
peuvent s’accompagner de signes cérébelleux plus ou moins permet également la recherche d’une dissémination à distance,
marqués : troubles de l’équilibre, chutes fréquentes, maladresse, en particulier au niveau de l’axe spinal, qui peut exister en cas
nystagmus. de tumeurs embryonnaires, de tumeurs germinales malignes, de

EMC - Pédiatrie 5
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

A B C

A B

D E F
Figure 3. Médulloblastome (scanner sans injection [A], axiale T2 [B],
cartographie d’ADC [C], axiale T1 [D], axiale T1 gadolinium [E], sagit-
tale T1 gadolinium [F]). Lésion charnue développée dans le quatrième
ventricule, spontanément hyperdense en scanner, en isosignal T2, de
rehaussement un peu hétérogène, peu intense. ADC : apparent diffusion
coefficient.
C D
Figure 1. Astrocytome pilocytique (sagittale T2 [A], axiale FLAIR [B],
coronale T1 gadolinium [C], axiale FLAIR [D]). Lésion kystique et charnue
en pondération T2 et FLAIR, développée dans l’hémisphère cérébelleux
gauche, et de rehaussement intense. Hydrocéphalie sus-jacente avec signe
de résorption transépendymaire.

A B

A B

C D
Figure 4. Gliome du tronc cérébral (axiale T2 [A], sagittale FLAIR [B],
axiale T1 [C], axiale T1 gadolinium [D]). Lésion centrée sur la protubérance
qui est nettement augmentée de volume, en hypersignal T2 et FLAIR et
C D
se rehaussant très faiblement en son centre.
Figure 2. Épendymome (axiale T2 [A], sagittale FLAIR [B], axiale T1
gadolinium [C], cartographie ADC [D]). Lésion développée dans le qua-
trième ventricule, s’étendant vers l’avant via les foramens de Lushka Ces imageries ne permettent pas de préciser l’histologie, mais
(surtout à droite), en iso-hypersignal T2 et FLAIR, de rehaussement hété- suffisent, parfois, à évoquer un diagnostic et à suivre une conduite
rogène et avec un ADC augmenté. ADC : apparent diffusion coefficient. thérapeutique comme c’est le cas pour les gliomes de bas grade
histologique des voies optiques chez les enfants porteurs d’une
neurofibromatose de type 1 (NF1). Elles permettent, toutefois,
gliomes malins et exceptionnellement de bas grade histologique, d’approcher dans une certaine mesure l’identification histolo-
et d’épendymomes. Cette évaluation peut conditionner la mise gique et de rechercher les caractères de bénignité et de malignité.
en place d’une dérivation ventriculaire préalable et la voie d’abord Ainsi, la présence d’une nécrose, d’une hémorragie, ou d’un
chirurgicale. œdème péritumoral est un signe de malignité ; une lésion

6 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

“ Point important
L’IRM est l’examen de référence pour le diagnostic des
tumeurs cérébrales et permet de guider les indications
thérapeutiques.

A B  Diagnostic différentiel
Les principales lésions, habituelles et rares, sont précisées dans
le Tableau 3 en fonction de la localisation.

 Traitements
Le traitement standard des tumeurs cérébrales fait appel aux
trois principaux moyens thérapeutiques que constituent la chi-
rurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Il faut maintenant
C D associer à ces traitements classiques la possibilité d’utiliser, dans le
cadre d’essais thérapeutiques, des thérapies moléculaires ciblées.
Figure 5. Germinome bifocal (sagittale FLAIR [A], sagittale T2 [B], sagit- Dans certains cas correspondant à des tumeurs gliales de bas
tale T1 gadolinium [C], sagittale T1 gadolinium après chimiothérapie [D]). grade histologique et/ou à des contextes particuliers comme la
Lésions de la région hypothalamo-hypophysaire et épiphysaire en isosi- maladie de Recklinghausen (NF1), une simple surveillance peut
gnal T2 se rehaussant de façon homogène. Contrôle après deux cures de être proposée.
chimiothérapie. Dans les autres cas, la chirurgie est indiquée en première inten-
tion, dans le but d’obtenir au minimum une biopsie pour préciser
le diagnostic histologique (nature, grade, voire portrait molécu-
laire de la tumeur). Parfois elle permet de réaliser une exérèse
complète, qui offre les meilleures chances de guérison. La place
vermienne spontanément hyperdense en TDM sans injection des traitements adjuvants reste difficile à préciser dans la mesure
évoque un médulloblastome ; une lésion sus-tentorielle calcifiée, où la méthodologie des essais thérapeutiques est rendue délicate
avec des prises de contraste annulaires, évoque un oligodendro- par la grande diversité et la rareté des tumeurs cérébrales, et par
gliome ; une lésion comportant une portion charnue fortement les difficultés à surveiller de façon précise leur évolution à moyen
rehaussée par le produit de contraste et des plages kystiques est en ou long terme.
faveur d’un astrocytome pilocytique ; un aspect nécrotique et très
hétérogène évoque un glioblastome. Il est également très impor-
tant de savoir si la lésion est circonscrite ou diffuse, mais ce type
d’imagerie présente d’importantes limites, notamment en ce qui  Chirurgie
concerne les gliomes malins où des cellules tumorales peuvent
exister à quelques centimètres de la tumeur et ne pas être visua- La chirurgie doit toujours être considérée dès le diagnos-
lisées dans du tissu d’apparence normale. À l’inverse des tumeurs tic radiologique. Elle pourra être réalisée en urgence en cas
cérébrales de l’adulte, la présence d’un important rehaussement d’engagement. Elle débutera parfois par le traitement préalable
de la lésion après injection de produit de contraste n’est pas un d’une hydrocéphalie (tumeurs de fosse cérébrale postérieure surtout)
facteur prédictif de tumeur agressive (par exemple, les astrocy- par ventriculocisternostomie endoscopique (le plus souvent),
tomes pilocytiques se rehaussent de façon beaucoup plus intense ou dérivation ventriculopéritonéale ou dérivation ventriculaire
que les ATRT). L’inverse est vrai aussi. externe du liquide cérébrospinal. En cas d’impossibilité chi-
Les IRM de perfusion, de diffusion et la spectroscopie par réso- rurgicale ou d’exérèse incomplète, une nouvelle évaluation de
nance magnétique (spectro-IRM), même si elles ne permettent pas possibilité d’exérèse doit être systématiquement proposée aux
non plus un diagnostic histologique, apportent de plus en plus de différentes étapes thérapeutiques par chimio- ou radiothérapie.
précisions quant à la nature de la tumeur et à son envahissement Différentes techniques sont récemment apparues, permettant
dans les tissus voisins. Ainsi, la présence d’un hypersignal diffu- d’améliorer la qualité de l’exérèse. Dans la grande majorité des
sion avec une baisse du coefficient de diffusion de la lésion est un cas, cette chirurgie se déroule sous microscope opératoire, à l’aide
argument pour une hypercellularité et donc un signe d’agressivité d’instruments de microchirurgie dédiés.
tumorale. La chirurgie la plus fréquente, même si elle est loin d’être
Les progrès permanents en IRM permettent d’obtenir actuel- exclusive, est celle des tumeurs de la fosse cérébrale postérieure.
lement des imageries haute définition et tridimensionnelles en L’installation de l’enfant se fait soit en décubitus ventral, soit en
coupes millimétriques, particulièrement utiles pour les toutes position assise (Fig. 7, 8).
petites lésions. En ôtant progressivement la tumeur, on dégage progressive-
L’angiographie à visée thérapeutique (embolisation) est par- ment le plancher du quatrième ventricule, sur toute sa hauteur.
fois indiquée en préopératoire en cas de tumeurs d’apparence Dans ce type de chirurgie, le rôle du neurochirurgien est impor-
très vascularisées comme les méningiomes, hémangioblastomes, tant pour limiter les séquelles postopératoires, en particulier le
et tumeurs des plexus choroïdes, afin de limiter les risques mutisme cérébelleux (transitoire) et les troubles cognitifs sur le
d’hémorragie peropératoire. long terme [13] . Pour ce faire, le chirurgien doit tout faire pour
De nouvelles approches d’imagerie sont en cours d’évaluation éviter d’inciser ou de léser le vermis cérébelleux, les noyaux den-
(spectroscopie IRM, imagerie métabolique) afin d’approcher la telés et ainsi épargner les voies dentato-thalamo-corticales [14, 15] .
détermination de la nature de la tumeur et de différencier une Ces dernières sont impliquées dans la cognition par leurs
tumeur d’une radionécrose. La tomodensitométrie par émission connexions avec le cortex préfrontal dorsolatéral [16] et dans le
de positons à la méthionine marquée est également intéressante mutisme cérébelleux (25 % des tumeurs de la fosse cérébrale
pour distinguer une récidive d’une radionécrose. postérieure) [17] .

EMC - Pédiatrie 7
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

A B

C D
Figure 6. Extensions métastatiques.
A. Métastase du fond du cul-de-sac dural et arachnoïdite métastatique périmédullaire vue en sagittale et en axiale. Contexte de médulloblastome.
B. Métastase nodulaire en regard du cône et arachnoïdite métastatique périmédullaire. Contexte d’épendymome.
C. Métastase arachnoïdienne operculaire droite. Contexte de médulloblastome.
D. Métastase nodulaire intraventriculaire d’un épendymome.

Neuronavigation comme un véritable « GPS » intracérébral. Elle est utile en cas


d’exérèse tumorale pour une tumeur profondément située, pour
Les systèmes de neuronavigation aident le chirurgien à loca- choisir le meilleur angle d’approche possible. En peropératoire, la
liser une lésion intracérébrale. Leur principe est de mettre en neuronavigation guide le chirurgien et l’oriente dans ses déplace-
concordance l’anatomie du patient avec une imagerie de référence ments. Elle sert à planifier et à optimiser l’acte chirurgical (éviter
(scanner ou le plus souvent IRM). Cette technique nécessite donc les zones éloquentes, les artères et veines importantes) et à mini-
un protocole d’imagerie spécifique pour l’acquisition des images, miser la taille du volet osseux. Elle permet donc des interventions
puis leur traitement à partir d’une console dédiée. Elle s’utilise moins invasives. Elle est parfois utilisée pour réaliser une biopsie

8 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

Tableau 3.
Principales lésions, habituelles et rares, précisées en fonction de la localisation.
Localisation Tumeurs habituelles Tumeurs rares
Fosse postérieure
Tronc cérébral Gliome infiltrant Cavernome
Gliome de bas grade Tumeur embryonnaire
IVe ventricule Médulloblastome Papillome du plexus choroïde
Épendymome Carcinome du plexus choroïde
Astrocytome Kystes dermoïdes
Cervelet Astrocytome Hémangioblastome
Médulloblastome
IIIe ventricule
Antérieur Craniopharyngiome Épendymome
Gliome des voies optiques Résidu poche de Rathke
Gliome hypothalamique Kyste (épi)dermoïde
Tumeur germinale maligne Hamartome
Kyste neuroglial
Région pinéale Kyste dermoïde Pinéalocytome
Gliome astrocytaire Tumeur du parenchyme pinéal à
différenciation intermédiaire
Tumeurs germinales
Pinéaloblastome
Noyaux gris centraux Gliome malin Astrocytome pilocytique
Germinome
Ventricules latéraux
Plexus choroïdes Papillome Méningiome
Carcinome
Parois Astrocytome sous-épendymaire à cellules géantes Subépendymome
Épendymome
Hémisphères
Astrocytome Tumeurs embryonnaires
Oligodendrogliome Tumeurs neuronales
DNET Métastases
Épendymome Sarcomes primitifs
Extracérébrale
Méningiome (NF2) Hémopathies
Neurinomes (NF2)
Disséminations

DNET : tumeurs neuroépithéliales dysembryoplasiques ; NF2 : neurofibromatose de type 2.

(lésion de la région pinéale, par exemple) et simuler plusieurs tra- En pratique, un échographe standard suffit à mettre en œuvre
jectoires avant de réaliser le geste biopsique (éviter les vaisseaux). cette technique. La sonde est placée dans un emballage stérile et
Dans la pratique, elle est utilisée pour pratiquement toutes les posée à même le cerveau.
tumeurs supratentorielles de l’enfant.

Sononavigation
Échographie peropératoire Elle permet de combiner l’anatomie cérébrale ultrasonique
(échographie peropératoire) et les techniques de neuronaviga-
Elle est régulièrement utilisée au cours de l’exérèse des tumeurs tion [19] . L’avantage est d’obtenir en temps réel des informations
gliales dites de bas grade, sus-tentorielles, car ces dernières sont sur la qualité d’une exérèse chirurgicale et de connaître et maîtriser
parfois difficilement (voire pas du tout) différenciables du tissu le shift cérébral en cours d’intervention.
cérébral sain adjacent [18] . En effet, le gliome de bas grade est spon-
tanément hyperéchogène et la distinction par rapport au tissu sain
est tout à fait nette. D’autre part, en zone peu ou non fonction- Stimulations corticales et sous-corticales
nelle, l’échographie permet de mettre en évidence l’infiltration peropératoires
du tissu cérébral par la tumeur et permet d’augmenter la zone
de résection tumorale. Il est en effet important d’ôter le plus de Elles sont utiles pour les tumeurs rolandiques, prérolandiques,
tissu pathologique, car il est alors possible de modifier l’évolution ou envahissant la région centrale [20] . Elles sont également utili-
naturelle du gliome de bas grade (retarder ou empêcher une trans- sées pour l’exérèse de tumeurs envahissant les aires du langage
formation anaplasique). (pied de F3 par exemple) et les tumeurs de l’insula en réalisant
L’échographie peut aussi s’avérer précieuse pour localiser une une cartographie fonctionnelle peropératoire. Cette cartographie
tumeur profonde (elle rejoint alors les indications de la neurona- concerne aussi bien les régions corticales que sous-corticales. En
vigation), par exemple exérèse d’un cavernome profond du lobe pratique, le cortex cérébral est directement stimulé par une élec-
temporal. trode bipolaire qui envoie un courant pouvant déclencher des

EMC - Pédiatrie 9
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

nécessite l’absence de curarisation. Chez l’enfant, le facteur limi-


tant est, selon l’âge, la myélinisation incomplète des faisceaux
corticaux et sous-corticaux, ce qui gêne la réponse à la stimula-
tion. En pratique, cette technique peut surtout s’appliquer à partir
de l’âge de 7–8 ans. Les stimulations corticales et sous-corticales
peropératoires permettent d’envisager une chirurgie d’exérèse de
meilleure qualité chez certains enfants, tout en diminuant le
risque de séquelles postopératoires. Ces éléments ont récemment
pu être évalués.

Chirurgie en condition éveillée


Elle est très rarement (pour ne pas dire exceptionnellement)
utilisée chez l’enfant et peut éventuellement être discutée pour
certaines tumeurs temporo-insulaires ou temporofrontales (F3)
gauches.

Tractographie (imagerie par tenseurs


de diffusion)
Technique récente, la tractographie est encore très peu utilisée
dans le champ de la neurochirurgie pédiatrique [21] . Nul doute
que cette utilisation ne fera que croître dans les années à venir.
Cette technique d’imagerie, basée sur le principe de la diffusion en
Figure 7. Tumeur de la fosse cérébrale postérieure : installation en posi- IRM, permet, en préopératoire, de visualiser, in vivo, des faisceaux
tion assise. Tracé de l’incision : sur la ligne médiane, de la protubérance entiers de substance blanche (faisceau pyramidal par exemple), ou
occipitale externe jusqu’à l’apophyse épineuse de C2. de situer les faisceaux du langage, ce qui peut s’avérer très utile
pour les identifier et les respecter au cours de la planification (et
parfois de la réalisation) de l’acte chirurgical. Les faisceaux ainsi
identifiés peuvent être « exportés » dans un système de neurona-
vigation.

 Radiothérapie
Longtemps seul traitement proposé, souvent associée à la chi-
rurgie, la radiothérapie reste une arme thérapeutique majeure
pour le contrôle des tumeurs cérébrales, mais est à l’origine de
séquelles, en particulier neurocognitives et endocriniennes parfois
très invalidantes.
Le développement de la chimiothérapie à partir de la fin des
années 1980 a permis d’envisager une diminution des doses
d’irradiation, ou de retarder la radiothérapie, voire de s’en abs-
tenir. Elle reste néanmoins administrée dans environ 70 % des
tumeurs cérébrales, essentiellement chez les enfants âgés de plus
de 5 ans.

“ Point important
Principales indications de la radiothérapie
• Gliomes de bas grade (évolutifs sous chimiothérapie,
inopérables et en fonction de l’âge)
Figure 8. Tumeur de la fosse cérébrale postérieure : installation en • Gliomes malins
position assise. • Médulloblastomes
• Épendymomes
• Tumeurs germinales malignes
crises d’épilepsie. Il est important de disposer en salle d’opération
• Craniopharyngiomes
d’eau stérile glacée qui est versée à même le cerveau pour faire
cesser la crise. Ces stimulations permettent d’une part de repérer
les zones du langage (chirurgie en condition éveillée) et d’autre
part de repérer la voie motrice principale (faisceau pyramidal) à la
fois en cortical, mais également en sous-cortical (ce qui nécessite Modalités et progrès de la radiothérapie
d’augmenter l’intensité de stimulation). La stimulation permet de
repérer l’homonculus moteur en obtenant une réponse motrice : La nécessité d’améliorer le contrôle de la maladie tout en dimi-
flexion ou extension du poignet, des doigts, du coude, etc. Ces nuant le plus possible le risque de séquelles a conduit à réaliser
stimulations guident les résections tumorales et permettent de d’importants progrès techniques en tentant de mieux conformer
s’assurer de l’intégrité de la voie motrice principale (VMP) en fin le volume irradié au volume lésionnel pour diminuer les consé-
d’intervention, par exemple. Ainsi, même si le patient présente quences sur le tissu sain.
un déficit moteur postopératoire, celui-ci est transitoire en cas L’irradiation d’un volume tumoral nécessite l’adjonction de
d’intégrité de la VMP vérifiée en fin d’intervention. Il faut prévenir marges d’incertitude, liées à l’imprécision de l’appréciation de
le médecin anesthésiste de l’utilisation de cette technique, car elle l’extension naturelle de la lésion, des mouvements du patient au

10 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

cours du traitement, des caractéristiques du rayonnement ioni- contrôle et de repositionnement tout au long de l’irradiation
®
sant et de la machine (accélérateur). Toute amélioration de l’un comme pour le Cyberknife , qui permettent de diminuer les
de ces paramètres permet de diminuer cette marge, et donc de marges d’incertitude, et donc d’accroître la précision et/ou
diminuer le volume de tissu sain avoisinant inclus dans le volume d’augmenter la dose administrée. Cette technique s’adresse à
irradié. des lésions de petit volume, particulièrement les gliomes de bas
Les progrès de la radiothérapie comprennent : grade, le craniopharyngiome, l’épendymome, et le gliome des
• la confection systématique d’une contention personnalisée voies optiques [24] .
(masque thermoformé), qui limite les mouvements de la tête Par ailleurs, indépendamment de ces progrès techniques, dif-
au cours du traitement, améliorant ainsi la précision ; férents essais thérapeutiques ont permis d’améliorer l’index
• les logiciels de fusion d’image qui permettent le report de toute thérapeutique de la radiothérapie. On citera la désescalade de dose
imagerie (IRM, scintigraphie, PET scan [positon emission tomo- et/ou de volume, l’hyperfractionnement et la radiopotentialisa-
graphy], etc.) sur le scanner utilisé pour l’étude de la dosimétrie. tion.
Les progrès en imagerie, notamment l’IRM, permettent de Ainsi, l’irradiation craniospinale a-t-elle été remplacée, pour
mieux visualiser le volume tumoral et ses extensions (par les épendymomes, par une irradiation tumorale focalisée [25] . La
exemple, la séquence FLAIR pour la visualisation de l’œdème). Il chimiothérapie a permis de diminuer la dose de radiothérapie pro-
est probable que les nouvelles séquences (tenseur de diffusion, phylactique dans le traitement des médulloblastomes de risque
IRM fonctionnelle, etc.) ou les futurs isotopes scintigraphiques standard, en passant de 36 Gy à 23,4 Gy [26] , alors qu’en son
apporteront encore un gain dans la précision de l’extension absence le risque de rechute est supérieur [27] , et la réduction
tumorale et dans la précision des zones fonctionnelles à préser- du volume sur le lit de la tumeur plutôt que l’irradiation de
ver de l’irradiation ; l’ensemble de la fosse postérieure est à l’étude.
• les logiciels de dosimétrie, qui permettent de visualiser sur les La radiosensibilité des tissus sains est dépendante de la dose
coupes scanners acquises lors de la phase préparatoire, en posi- par fraction. Carrie et al. ont montré une efficacité au moins
tion de traitement et avec la contention, la répartition du identique au fractionnement standard, en utilisant le bifraction-
rayonnement administré. Ainsi, il est possible de quantifier nement (deux séances quotidiennes de 1 Gy) avec un bénéfice sur
la dose reçue par volume d’organe sain ou tumoral, repor- la toxicité neurocognitive, dans le traitement du médulloblastome
tée sur des courbes appelées histogramme dose-volume (HDV). de risque standard [28] .
Cette notion est importante pour la surveillance des séquelles Enfin, la radiopotentialisation qui vise à utiliser la synergie
à moyen et à long termes. Il est alors possible de limiter, par d’action entre un agent médicamenteux et le rayonnement ioni-
exemple, la dose administrée aux lobes temporaux, siège de la sant afin d’accroître l’efficacité antitumorale a également été
mémorisation ; testée mais sans succès dans les gliomes du tronc cérébral [29] .
• les systèmes de collimation du faisceau d’irradiation, qui, grâce à
un système de multiples lames, avec une précision d’autant plus
fine que la largeur des lames est faible (3 à 5 mm) permettent de
conformer la forme du faisceau issu de l’accélérateur de parti-  Chimiothérapie
cules au volume souhaité (tumoral et ses extensions), Autrefois
grossièrement parallélépipédiques, les volumes d’irradiation Malgré les limites dues aux mécanismes de résistance cellulaire
sont devenus complexes, épousant les formes des lésions, et aux agents cytotoxiques et à la relative difficulté à délivrer ces
épargnant ainsi plus de tissu cérébral sain. La radiothérapie est agents à travers la barrière hématotumorale, la chimiothérapie
devenue conformationnelle en trois dimensions (RTC 3D). La garde un rôle important dans la prise en charge des tumeurs céré-
RTC 3D utilise une dose uniforme d’irradiation avec une dis- brales primitives de l’enfant. Différents schémas d’administration
tribution de dose qui se conforme ainsi à la géométrie de la et différentes doses de chimiothérapie sont utilisés. On distingue
tumeur ; les doses « conventionnelles », c’est-à-dire peu hématotoxiques,
• l’intensité du rayonnement issu de l’accélérateur, qui est modu- délivrées environ toutes les trois-quatre semaines. Il s’agit le
lée au sein du faisceau par l’intermédiaire de systèmes de plus souvent d’associations du type « carboplatine ou cis-
modulation d’intensité du faisceau, créant une inhomogénéité platine + étoposide », « cisplatine + carmustine + vincristine »,
contrôlée et volontaire, par exemple pour intensifier partiel- administrées avant ou après la radiothérapie selon les histologies
lement la dose au sein d’un volume, ou inversement pour la et les protocoles de traitement. La chimiothérapie à haute dose
diminuer dans une zone juxtatumorale à préserver telle que suivie de la réinjection de cellules souches hématopoïétiques auto-
la moelle épinière. Cette technique est appelée radiothéra- logues est parfois réalisée, dans le cadre de projets de recherche
pie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) ou clinique, chez les patients à très haut risque de rechute et pour
intensity-modulated radiotherapy (IMRT). Les faisceaux sont soit lesquels une chimiosensibilité de la maladie a été prouvée par
stationnaires, soit rotationnels (arcthérapie et tomothérapie) ; une réponse à la chimiothérapie conventionnelle. C’est le cas
• les systèmes de dosimétrie in vivo qui permettent, outre les notamment pour les tumeurs embryonnaires de haut risque. À
contrôles classiques de maintenance des appareils d’irradiation, l’opposé, l’efficacité de très faibles doses, « métronomiques »,
le contrôle du rayonnement effectivement émis par le faisceau est également à l’étude, avec une action antiangiogénique et
à l’aide de diodes placées sur le patient, permettant une ultime immunologique [30] . Cette stratégie est en cours de validation
vérification et assurant une sécurité optimale ; en complément thérapeutique chez les plus jeunes enfants ayant
• la protonthérapie qui utilise l’avantage du pic de Bragg, cor- bénéficié d’une chimiothérapie à haute dose mais sans radiothé-
respondant au dépôt de l’énergie dans le tissu traversé à une rapie prophylactique craniospinale [31] . Enfin, la chimiothérapie
profondeur donnée par l’énergie initiale de ce faisceau incident, peut être délivrée plus directement au niveau du système nerveux
épargnant ainsi les structures précédant et surtout succédant à central par l’intermédiaire d’injections intrathécales lors de ponc-
la cible. La protonthérapie qui nécessite un accélérateur dédié tion lombaire ou à travers un réservoir intraventriculaire, pour les
est disponible en France, au centre d’Orsay ou au centre de Nice, tumeurs pouvant disséminer dans les méninges [32] .
pour des indications limitées (certains cas de médulloblastome, La chimiothérapie peut être administrée de façon semi-
tumeurs gliales non infiltrantes, craniopharyngiomes, gliomes continue, à dose faiblement hématotoxique, sous la forme de
des voies optiques, tumeurs malignes de la face). L’intérêt cures associant un ou plusieurs médicaments, espacées d’une à
théorique pour l’irradiation craniospinale du médulloblastome, trois semaines. Cette procédure est actuellement réalisée dans le
avec diminution des doses reçues par l’oreille interne, le cœur traitement des gliomes de bas grade et des médulloblastomes de
et l’appareil digestif a été démontré [22] . Par ailleurs, cette moda- risque standard, notamment chez les enfants de moins de 5 ans.
lité thérapeutique permettrait de diminuer le risque de cancer Cependant, la place de la chimiothérapie reste particulièrement
secondaire radio-induit [23] ; difficile à préciser. En effet, la plupart des essais de phase II (étude
• la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fait appel à des sys- des taux de réponse) de chimiothérapie sont anciens et ont été réa-
tèmes soit de contention (masque spécifique ou cadre implanté lisés sur des effectifs restreints et avec des moyens d’investigation
dans la table osseuse crânienne tel le cadre de Leksell), soit de peu performants, empêchant de tirer des conclusions

EMC - Pédiatrie 11
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

statistiquement significatives [33] . Les essais thérapeutiques


de phase III (étude des taux de guérison) sont également rares,
étant donné le nombre de patients nécessaire dans une étude ran-
domisée, et n’ont été correctement réalisés que pour les gliomes
“ Point important
de haut grade et les médulloblastomes. Au total, quatre types
Chaque arme thérapeutique classique du traitement des
tumoraux ont principalement été étudiés : les médulloblastomes,
les gliomes de haut grade et de bas grade histologique, et, à
cancers pose un problème particulier dans le cas de la prise
un moindre degré, les épendymomes et les tumeurs germinales en charge des tumeurs cérébrales.
malignes. La place de la chimiothérapie sera précisée à l’intérieur La chirurgie d’exérèse n’est réalisable que dans 90 % des
des chapitres consacrés à chaque type de tumeur. cas, et ne permet pas d’obtenir régulièrement une exé-
On peut distinguer schématiquement trois situations pour les- rèse complète ou subtotale ; la radiothérapie est à l’origine
quelles : de séquelles neuro-intellectuelles et endocriniennes dans
• la chimiothérapie a fait la preuve de son efficacité ; la majorité des cas ; la chimiothérapie pose le problème
• la chimiothérapie est inefficace ; de l’accessibilité des médicaments dans la tumeur, de sa
• son efficacité en termes de survie n’est pas clairement démon- toxicité et de possibles séquelles.
trée malgré une certaine chimiosensibilité.

Chimiothérapie efficace
C’est le cas pour les tumeurs germinales malignes et les médul-
 Surveillance
loblastomes dont les taux de réponses sont respectivement de
l’ordre de 80 et de 37 % [33] . En ce qui concerne les médulloblas- Idéalement, le contrôle de la qualité de l’exérèse doit être fait
tomes, le taux de réponse varie significativement selon qu’il s’agit par IRM dans les 24–48 heures qui suivent la chirurgie, avant que
de patients nouvellement diagnostiqués (62 %) ou en rechute les phénomènes de cicatrisation ne s’accompagnent d’une néoan-
(32 %) [33] . Par ailleurs, les taux de réponses sont plus importants giogenèse empêchant l’identification d’un résidu tumoral. Les
en cas d’utilisation de dérivés du platine [33] . Cette chimiosensibi- éventuelles complications postopératoires sont également éva-
lité a permis pour ces deux types tumoraux de diminuer la dose de luées : œdème massif, hémorragie, ischémie. En cas de résidu
radiothérapie associée, mais pas de l’éviter hormis dans certains tumoral d’une tumeur histologiquement maligne, l’évolution
cas de médulloblastome chez le très jeune enfant. sous traitement pose le problème des méthodes de mensurations,
notamment celui de la détermination des limites réelles de la
tumeur. Les critères neuroradiologiques d’évaluation des réponses
Chimiothérapie inefficace aux traitements, bien que codifiés, sont appliqués de façon hétéro-
gène comme en témoignent les relectures centralisées. Dans une
C’est le cas pour les tumeurs gliales malignes pour lesquelles les étude américaine, la réduction du taux de réponse à la chimiothé-
taux de réponse sont inférieurs à 15 % avec une survie globale qui rapie, après la relecture centralisée, est de l’ordre de 50 % (18 au
n’est pas améliorée en cas de réponse [33] . Les taux de réponse à la lieu de 33 %) [37] . De nouveaux critères sont utilisés dans les essais
chimiothérapie sont également très bas en cas d’épendymomes, thérapeutiques les plus récents [38] .
mais l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante est toujours discuté La surveillance des récidives est difficile à codifier. Sa fréquence
et fait l’objet d’un essai prospectif randomisé européen. Les cra- et sa durée sont principalement fonction du type histologique
niopharyngiomes et les méningiomes ne sont pas des tumeurs et de la qualité de l’exérèse. Dans tous les cas, il faut insister
chimiosensibles. sur la nécessité d’une surveillance clinique régulière. La récidive
locale précoce est difficile à évaluer avec certitude en raison de la
persistance pendant plusieurs mois de phénomènes de cicatrisa-
Tumeurs dont la chimiosensibilité n’est pas tion avec rehaussement. Les disséminations à distance sont plus
clairement démontrée mais qui bénéficient faciles à mettre en évidence, en IRM après injection de produit
de ce traitement de contraste, au niveau encéphalique et spinal, sous l’apparence
d’un rehaussement sous-arachnoïdien linéaire ou nodulaire.
Les gliomes de bas grade histologique, malgré leur faible taux
de prolifération, bénéficient régulièrement de la chimiothérapie
à l’origine de réponses volumétriques mais également de stabi-
lités tumorales prolongées permettant de différer, voire d’éviter
 Effets secondaires du traitement
l’utilisation de la radiothérapie et donc de diminuer le risque de Plus que pour tout autre cancer chez l’enfant, les tumeurs céré-
séquelles intellectuelles (cf. infra). brales présentent le double défi d’augmenter le taux de guérison
tout en diminuant le risque de séquelles. Ainsi, les enfants traités
pour une tumeur cérébrale ont en moyenne plus d’effets secon-
 Thérapeutiques moléculaires daires à long terme par rapport aux enfants traités pour d’autres
types de cancers [39] .
ciblées Ces effets secondaires du traitement sont multiples.
L’importance du phénomène angiogénique au sein des tumeurs
cérébrales, notamment malignes tels les glioblastomes, incite à Séquelles neuro-intellectuelles
tester les antiangiogéniques dans ces tumeurs. Peu d’essais théra-
peutiques ont été réalisés chez l’enfant, utilisant notamment des Les différents facteurs influençant les séquelles neuro-
anticorps monoclonaux, des inhibiteurs de tyrosine kinases ou intellectuelles correspondent à l’âge au diagnostic, au terrain
des protéases matricielles, et de la chimiothérapie à dose métro- (phacomatose), à la localisation tumorale, au geste chirurgical, à
nomique. Cependant, la réalisation de plus en plus systématique la radiothérapie, à la chimiothérapie, à l’environnement parental
de portrait moléculaire des tumeurs permet actuellement de pro- et scolaire, et à la qualité de la prise en charge de ces séquelles [40] .
poser, dans le cadre d’essais contrôlés, des thérapies moléculaires D’une façon générale, les lésions cérébrales à l’origine de
ciblées sur les altérations géniques et des voies de signalisation séquelles intellectuelles sont d’autant plus importantes que le
observées, en particulier concernant les médulloblastomes et les diagnostic a été plus tardif et que l’enfant est jeune, notamment
gliomes de bas et haut grades histologiques [34] . Ainsi, des essais en rapport avec l’hydrocéphalie. Elles sont également le résultat
thérapeutiques sont conduits afin de tester l’efficacité des inhi- de lésions qui peuvent être dues [40] :
biteurs de la voie SHH pour les médulloblastomes et de la voie • au traumatisme secondaire à la chirurgie, à la possibilité de
RAS/RAF/MEK/MAPK pour les gliomes de bas et haut grades [35, 36] . complications postopératoires de type méningite ;

12 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

• à la chimiothérapie par l’intermédiaire de troubles sensoriels traitement par hormone de croissance est indiqué lorsqu’il existe
(surdité due en partie à l’utilisation de dérivés du platine) ou un déficit complet objectivé par les tests de provocation. Cepen-
en rapport avec une encéphalopathie plus souvent observée dant, ce traitement ne permet pas d’obtenir dans tous les cas une
lorsque la chimiothérapie est associée à la radiothérapie ; récupération totale du déficit statural. Le risque d’augmenter, sous
• et surtout à la radiothérapie. hormone de croissance, la fréquence des récidives tumorales n’a
La radiothérapie est la première cause de séquelles intellec- jusqu’à présent pas été rapporté [49] .
tuelles. Les manifestations cliniques sont rarement immédiates, D’autres déficits neuroendocriniens peuvent survenir.
le plus souvent tardives, se traduisant par une encéphalopa- L’anomalie la plus fréquente est alors une dysfonction gonadique
thie progressive, source de troubles neurocognitifs progressifs et (0–91 %), pour laquelle le rôle de la chimiothérapie est très
irréversibles en rapport avec des lésions du type atrophie, calcifica- important, puis l’hypothyroïdie qui survient dans plus de la
tions, dégénérescence de la substance blanche, et nécroses focales. moitié des cas en rapport avec l’irradiation de la thyroïde elle-
L’âge de trois ans semble être le seuil en deçà duquel la toxicité est même et/ou de l’axe hypothalamo-pituitaire [50] . L’hypothyroïdie
majeure. est dose-dépendante et peut survenir dès la dose de 25 Gy sur
Des batteries de différents tests permettent d’identifier des le cou. En raison du risque carcinologique d’une stimulation
anomalies dans les domaines de l’attention, de la mémoire, de prolongée de la thyroïde par la thyréostimuline (TSH) à la suite
la coordination, de la rapidité de motricité fine, de processus de l’irradiation thyroïdienne, une surveillance annuelle est
moteurs visuels, des mathématiques et des relations spatiales [41] . nécessaire et, éventuellement, un traitement par thyroxine.
L’altération de l’efficience intellectuelle est la conséquence la plus La puberté peut survenir de façon prématurée, due à une
fréquente et importante. La chute du quotient intellectuel, même hydrocéphalie prolongée et surtout à l’irradiation prophylactique
si elle ne reflète pas complètement les capacités d’adaptation intel- encéphalique [51] , très rarement de façon retardée et le plus sou-
lectuelle, est le paramètre le plus souvent utilisé pour rapporter vent normalement. Des anomalies de l’axe corticosurrénalien
l’altération des performances intellectuelles. Elle peut survenir dès sont rares.
la première année suivant la radiothérapie et se poursuivre avec le Une autre conséquence de la radiothérapie de l’ensemble du
temps. Ainsi, dans l’étude de Hoppe-Hirsch et al., à la suite d’une névraxe correspond à une anomalie de la croissance staturale.
radiothérapie à la dose prophylactique de 35 Gy sur l’encéphale et En effet, l’irradiation spinale entraîne, indépendamment de toute
curative de 55 Gy sur la fosse postérieure, un quotient intellectuel anomalie de l’hormone de croissance, une diminution de la crois-
(QI) inférieur à 80 est observé dans 42 % et 85 % des cas res- sance de la colonne vertébrale due à l’irradiation des cartilages de
pectivement à cinq ans et dix ans du diagnostic [42] . L’altération croissance vertébraux. Celle-ci est d’autant plus importante que
intellectuelle est d’autant plus importante que l’irradiation sur- l’âge au moment de l’irradiation est jeune, pouvant aboutir à un
vient tôt dans la vie, ce qui a conduit à éviter l’irradiation chez les déficit statural de l’ordre de 9 cm au niveau du tronc [52] .
enfants âgés de moins de 5 ans [40] . Dans une étude sur le suivi lon-
gitudinal du QI, les enfants âgés de moins de 7 ans au moment
de l’irradiation ont significativement un QI en fin d’étude plus
Séquelles neurosensorielles
bas que celui des enfants plus âgés, et les enfants ayant un QI La plus fréquente correspond à une chute de l’audition en
initialement supérieur à 100 sont ceux dont la chute du QI est rapport avec l’utilisation de dérivés du platine mais également
la plus importante [43] . L’altération intellectuelle est également en rapport avec la radiothérapie. Elle est dose-dépendante et est
d’autant plus sévère que le volume d’irradiation est important sévère dans environ 10 % des cas [53] .
(ensemble de la fosse postérieure versus lit tumoral), et que la
dose d’irradiation est importante (par exemple, irradiation pro-
phylactique du névraxe à la dose de 35 Gy versus 25 Gy) [41, 44] . Autres séquelles
Ainsi, dans les études de Mulhern et al. et de Kieffer-Renaux et al., La radionécrose cérébrale est une complication grave mais rare
les enfants ayant reçu une irradiation prophylactique à la dose (< 5 %) qui peut survenir de quelques mois à plusieurs années
de 35 Gy avaient en moyenne un score de QI plus bas de res- après la radiothérapie. L’étendue de sa traduction clinique va
pectivement huit et dix points par rapport à ceux ayant reçu la de formes asymptomatiques à des troubles neurologiques sévères
dose de 24 Gy [41, 44] . L’IRM a permis de montrer que la substance dont l’évolution peut être fatale. Elle se manifeste par un effet de
blanche était la plus vulnérable à l’irradiation, avec des modifica- masse important avec œdème et nécrose, et un rehaussement irré-
tions visibles dès 20 Gy. Une baisse de la capacité de prolifération gulier par les produits de contraste, ce qui la rend très difficile à
des cellules neuronales notamment au niveau de l’hippocampe distinguer d’une récidive à laquelle elle peut, en outre, être asso-
expliquerait les troubles de la mémorisation, l’atrophie du volume ciée [54] . Des essais d’identification spécifique par spectroscopie RM
de l’hippocampe et les anomalies de la substance blanche consta- et par méthodes isotopiques sont en cours d’évaluation [55] . Le trai-
tées en IRM après irradiation. Il semble exister une corrélation tement qui peut comporter des corticoïdes, de l’oxygénothérapie
entre une altération du QI et la survenue d’anomalies de la sub- hyperbare et/ou du bévacizumab, n’est pas codifié.
stance blanche observée à l’imagerie par tenseur de diffusion [45] . La survenue de tumeurs radio-induites, découvertes jusqu’à
plusieurs dizaines d’années après le traitement, consiste le plus
souvent en des méningiomes, mais on peut observer des gliomes
Séquelles endocriniennes malins ou des sarcomes [56] . La fréquence de l’hémangiome caver-
neux est également très augmentée après radiothérapie cérébrale
L’altération de la sécrétion d’hormone de croissance repré- (3,4 à 43 % en incidence cumulée selon les séries) [55] . Les facteurs
sente la première cause de séquelle endocrinienne. À la suite de de risque retrouvés sont l’âge inférieur à 10 ans au moment de
l’irradiation de l’axe hypothalamo-hypophysaire un ralentisse- l’irradiation et une dose supérieure à 30 Gy qui raccourcit le délai
ment anormal de croissance peut être détecté dès le troisième d’apparition (délai médian 8,9 ans). Souvent asymptomatique, il
mois [46] . Une réponse anormale au test de stimulation de importe de les dépister par IRM afin de diminuer le risque majeur
l’hormone de croissance et/ou une diminution de la vélocité de d’hémorragie par une exérèse chirurgicale.
croissance peuvent être observées chez 80–100 % des enfants
ayant reçu une dose supérieure à 30 Gy, deux à cinq ans après
l’irradiation et seulement 15–30 % des enfants ayant reçu une  Qualité de vie
dose inférieure à 30 Gy ont une sécrétion normale après cinq
ans [47] . Le rôle de la chimiothérapie associée est également incri- Peu d’études rapportent la qualité de vie des patients traités
miné dans la sévérité du retard statural [48] . La survenue d’une durant l’enfance pour une tumeur cérébrale. Cependant, elles
puberté précoce peut poser le problème diagnostique d’une vélo- mettent en évidence que les adultes traités dans l’enfance pour
cité de croissance normale due aux sécrétions de gonadotrophines une tumeur cérébrale ont significativement plus de problèmes
chez un enfant ayant une altération de la sécrétion de l’hormone de santé, plus d’incapacité physique et/ou intellectuelle, à tra-
de croissance ; elle aboutit alors à une taille finale diminuée en vailler et à conduire [57] . L’outil actuellement le plus performant
raison d’une fusion trop précoce des cartilages de croissance. Le pour mesurer la qualité de vie (Health Utility Index Mark 2 et 3)

EMC - Pédiatrie 13
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

n’a été pour l’instant que rarement utilisé pour évaluer le deve- (notamment lié à des problèmes d’échantillonnage), même en
nir des patients. Une étude sur la qualité de vie d’enfants traités l’absence de signe histologique d’anaplasie ;
pour une tumeur cérébrale avec ou sans radiothérapie a montré • l’astrocytome sous-épendymaire à cellules géantes (SEGA) est une
que la qualité de vie et la mobilité étaient significativement infé- tumeur gliale de bas grade localisée au niveau de la paroi
rieures chez les patients irradiés, de façon corrélée à l’importance ventriculaire qui survient chez 5–14 % des patients atteints
de l’ostéopénie [58] . Celle-ci est multifactorielle, en rapport avec d’une sclérose tubéreuse de Bourneville. Lorsqu’elle est située
l’irradiation mais également avec la prise de corticoïdes, la chi- au niveau des trous de Monroe, elle peut être à l’origine d’un
miothérapie, un alitement prolongé, une HIC prolongée. risque d’hydrocéphalie aiguë pouvant mettre en jeu le pronos-
tic vital. Malgré un potentiel évolutif lent, ces tumeurs doivent
être enlevées afin d’éviter que leur effet propre s’ajoute aux
 Principales tumeurs cérébrales déficits fonctionnels liés à la sclérose tubéreuse de Bourneville.
Leur prise en charge repose sur une résection chirurgicale, mais
primitives également sur un traitement par inhibiteur de mTOR (mam-
malian target of rapamycin), l’évérolimus, lorsque l’exérèse n’est
Astrocytomes pas possible ou incomplète, dont plusieurs études ont montré
l’efficacité sur la régression du volume tumoral [60] . Les effets à
Les astrocytomes constituent un sous-groupe extrêmement long terme de ce traitement et les possibilités de l’arrêter sont
hétérogène, tant d’un point de vue anatomique qu’histologique encore mal connus. Le pronostic tumoral est excellent ;
et surtout biologique. Ils sont à l’origine de symptomatolo- • les autres types d’astrocytomes de bas grade histologique sont beau-
gies diverses, en fonction de la localisation. Leurs traitements coup plus rares et ne diffèrent pas dans leur prise en charge,
et pronostic sont principalement fonction de leur nature his- qui pourrait bénéficier d’une thérapie moléculaire ciblée en
tomoléculaire et de la possibilité ou non d’en réaliser l’exérèse cas de mutation de BRAFV600E (environ 70 % des xan-
chirurgicale. Les apports récents de la biologie et de la génétique thoastrocytomes pléomorphes et 40 % des gangliogliomes).
moléculaire ont permis de définir des sous-groupes de pronostic Contrairement aux astrocytomes pilocytiques, les astrocytomes
différent dont les altérations génomiques laissent envisager la pos- diffus, xanthoastrocytomes pléomorphes et les oligodendro-
sibilité d’utiliser des thérapies moléculaires ciblées. Les facteurs gliomes sont le plus souvent de localisation sus-tentorielle.
pronostiques de maladie progressive sont un âge inférieur à 1 an, Le traitement repose de première intention sur la chirurgie :
une résection incomplète et une histologie correspondant à un • en cas d’exérèse complète, il n’y a pas, a priori, d’indication à
astrocytome diffus. un traitement complémentaire ;
• en cas d’exérèse incomplète, l’évolution de ces lésions est diffi-
cilement prévisible : souvent elles peuvent évoluer sur de très
Astrocytomes de bas grade histologique longues périodes et n’engendrer aucun trouble alors que dans
Ils représentent la majorité des gliomes chez l’enfant, environ d’autres cas elles sont susceptibles d’un développement local
35 % de l’ensemble des tumeurs cérébrales primitives, et sont rapide, voire, exceptionnellement, d’une dissémination à dis-
subdivisés en différents sous-groupes histologiques dont le plus tance.
fréquent est l’astrocytome pilocytique : La décision d’un éventuel traitement complémentaire n’est
• l’astrocytome pilocytique représente 15 % de l’ensemble des pas univoque et doit, avant tout, tenir compte de possibles
tumeurs cérébrales de l’enfant. Il peut être localisé à n’importe séquelles iatrogènes. Il est admis par la majorité des équipes que
quel endroit du SNC mais préférentiellement au niveau du l’abstention thérapeutique post-chirurgicale doit être privilégiée
cervelet et des voies optiques, localisation préférentielle en en l’absence de troubles fonctionnels, en réservant les traitements
cas de NF1. Il peut être kystique, plus souvent situé alors au complémentaires (chimiothérapie, ou thérapie moléculaire ciblée
niveau du cervelet avec un nodule tumoral plus ou moins en cas de cible moléculaire identifiée, voire radiothérapie en cas
gros et un ou plusieurs kystes adjacents. Il est très hypodense d’échec). La chimiothérapie, donnée de façon prolongée à dose
et peut prendre le produit de contraste. Son évolution est le peu intense a permis de stabiliser, voire de faire régresser des
plus souvent très lente, mais son potentiel de croissance est lésions tumorales [61] . Ainsi, elle permet de retarder ou d’éviter
extrêmement variable : des arrêts d’évolution, voire des régres- la radiothérapie en cas d’une nouvelle évolution tumorale dont
sions spontanées ont été observés, notamment au niveau des l’exérèse est jugée impossible, et donc de diminuer les séquelles
voies optiques. Il n’existe pratiquement jamais de dégénéres- intellectuelles.
cence maligne secondaire alors que des disséminations au sein Le pronostic de ces astrocytomes de bas grade est très bon,
du système nerveux central sont possibles, observées dans 3 à très nettement supérieur à celui des astrocytomes de haut grade,
5 % des cas. Il existe une variante pilomyxoïde d’agressivité qui puisque la survie à dix ans des tumeurs hémisphériques réséquées
semble être plus importante. Les réarrangements de l’oncogène est de l’ordre de 75 %. Le risque de transformation maligne, en
BRAF sont les altérations génomiques les plus fréquentes. Un dehors des astrocytomes pilocytiques, est de l’ordre de 7 % à
transcrit de fusion KIAA1549 : BRAF, témoignant d’une dupli- 15 ans d’évolution et ne semble pas être corrélé à l’utilisation de
cation en 7q34, est retrouvé dans 70 à 80 % des astrocytomes la radiothérapie [62] . Récemment, il a été montré que les signatures
pilocytiques, principalement de localisation sous-tentorielle, moléculaires, génétiques et épigénétiques étaient d’importants
tandis qu’une mutation V600E de BRAF est présente dans envi- facteurs pronostiques. Ainsi, la présence de la protéine de fusion
ron 10 % des cas, quasi exclusivement dans des localisations BRAF-KIAA1549 a une valeur pronostique très favorable en cas
sus-tentorielles [59] . Ces altérations de BRAF donnent alors la d’astrocytome pilocytique alors que la délétion p16 a été identi-
possibilité de proposer, dans le cadre d’essais thérapeutiques fiée comme étant un facteur de plus mauvais pronostic dans les
contrôlés, des thérapies moléculaires ciblées ; gliomes de bas grade [63] .
• l’astrocytome diffus, de bas grade, se présente différemment : La localisation des gliomes au niveau des voies optiques mérite
tumeur infiltrante, observée surtout au niveau du tronc cérébral d’être individualisée. Ils représentent environ 5 % de l’ensemble
(cf. infra), plus rarement au niveau des hémisphères cérébraux, des tumeurs cérébrales de l’enfant, ont la particularité d’être fré-
elle est hypodense au scanner, souvent hétérogène. Le rehaus- quemment associés à une neurofibromatose (environ un tiers des
sement est variable, souvent inexistant, parfois nodulaire. Son cas), et d’être constitués presque exclusivement d’astrocytomes de
potentiel évolutif est plus important que celui de l’astrocytome bas grade. Ils peuvent être limités au seul nerf optique (type I de
pilocytique. D’un point de vue moléculaire, la mutation d’IDH la classification de Dodge modifié), mais aussi envahir le chiasma
1 ou 2, classiquement retrouvée chez les adultes jeunes, est très (type II) et l’hypothalamus (type III). Les symptômes corres-
rarement présente chez l’enfant, mais constitue un marqueur pondent à une diminution progressive de l’acuité et/ou du champ
de bon pronostic. Au contraire, la découverte d’altérations visuels, éventuellement associée dans les formes chiasmatiques
moléculaires plus spécifiques des gliomes de haut grade (par et hypothalamiques à des signes endocriniens, notamment une
exemple, amplification d’EGFR ou mutation des histones) doit puberté précoce. Le traitement diffère selon la localisation : en
faire évoquer la possibilité d’une sous-estimation du grade cas de prolifération limitée au nerf optique, la chirurgie ne peut

14 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

pas être curatrice, et s’il existe une altération de l’acuité visuelle, à une simple biopsie de façon à obtenir du matériel tumoral et à
la chimiothérapie ou la radiothérapie doit être proposée ; le plus rechercher des anomalies en biologie moléculaire orientant vers
souvent, il s’agit de formes étendues nécessitant l’utilisation d’une des possibilités de thérapies moléculaires ciblées ou à titre pronos-
chimiothérapie et/ou d’une radiothérapie. La radiothérapie per- tique. D’après la classification OMS 2016, un gliome diffus de la
met d’obtenir une amélioration ou une stabilisation de l’acuité ligne médiane présentant une mutation H3.3 K27M est par défi-
visuelle dans plus de la moitié des cas, mais doit être réservée nition un gliome de haut grade (grade IV). La chimiothérapie,
aux enfants âgés de plus de 5–7 ans, et évitée chez ceux atteints quelles qu’en soient les modalités, n’a jamais fait la preuve de
d’une NF1 en raison du risque majeur de vasculopathie survenant son efficacité [72] et la radiothérapie permet, au mieux, d’améliorer
dans un délai médian de 36 mois [64] . La chimiothérapie utilise la situation clinique durant quelques mois. Un essai de thérapie
en général deux agents cytotoxiques (carboplatine et vincristine) moléculaire ciblée (BIOMEDE) testant trois agents thérapeutiques
donnés à doses peu hématotoxiques pour une durée d’environ choisis, pour la première fois, en fonction de l’altération génique
18 mois. Elle permet d’obtenir une régression ou une stabilisation déterminée grâce à la biopsie, est en cours dans le cadre du
tumorale dans environ 80 % des cas et d’éviter l’irradiation dans réseau de thérapeutique innovante ITCC (Innovative Therapy for
environ deux tiers des cas après un suivi médian de cinq ans, ce Children with Cancer). Leur pronostic dépend essentiellement
qui limite le risque de séquelles notamment intellectuelles chez du type histologique : 10 % environ de survie à deux ans avec
les enfants les plus jeunes. L’utilisation de bévacizumab, anticorps une médiane de dix mois dans les gliomes de haut grade contre
monoclonal antiangiogénique (inhibiteur du vascular endothelial 60 % dans les gliomes de bas grade. Ces derniers sont souvent
growth factor [VEGF]) a montré une certaine efficacité, mais qui de localisation bulbaire, voire bulbomédullaire et peuvent avoir
n’est que transitoire [65] . une composante exophytique permettant de réaliser une exérèse
rarement complète.
Astrocytomes de haut grade La gliomatose cérébrale, entité retirée de la classification
OMS 2016, est une forme très particulière de tumeur affectant
Ils représentent environ 15 % de l’ensemble des tumeurs
d’emblée au moins trois lobes cérébraux. Cette entité ne semble
cérébrales. Ils gardent un pronostic particulièrement péjoratif.
pas se distinguer des autres gliomes de haut grade du point de vue
Les caractéristiques radiologiques de malignité sont une den-
des altérations géniques. Le pronostic est très péjoratif, d’autant
sité et un signal irréguliers comprenant des zones nécrotiques et
plus s’il existe une atteinte bithalamique, malgré les traitements
hémorragiques ; un rehaussement plutôt périphérique, irrégulier
par radiothérapie et chimiothérapie, l’exérèse étant par ailleurs
entourant des foyers d’œdème, d’hémorragie ou de nécrose ; un
irréalisable [71, 73] .
œdème périlésionnel impossible à différencier de la partie la plus
périphérique, de contour flou. Le meilleur facteur pronostique
reste la qualité de l’exérèse chirurgicale, elle-même fonction de Oligodendrogliomes
la localisation tumorale [66] . L’exérèse complète est le plus sou- Ils sont peu fréquents et s’expriment volontiers par une
vent difficile, voire impossible à obtenir en raison du caractère épilepsie au long cours en raison de leur localisation cortico-sous-
très infiltrant, expliquant les récidives locorégionales dans un corticale, surtout en cas de grade II. Leur traitement est assimilé à
délai relativement court. Dans une étude de la Société française celui des astrocytomes avec la même distinction entre bas et haut
d’oncologie pédiatrique réalisée sur 60 cas de gliomes malins nou- grade de malignité. Il est notable que les pertes du chromosome
vellement diagnostiqués, une simple biopsie, une exérèse partielle 1p et 19q sont associées à une meilleure réponse à la radio- et
ou une exérèse subtotale/totale ont été réalisées respectivement chimiothérapie chez l’adulte, mais que cela n’est pas clairement
dans 28, 57 et 15 % des cas [7] . Les taux de survie sans récidive établi chez l’enfant, d’autant plus que cette codélétion 1p/19q,
à cinq ans ont été respectivement de 0, 17 et 45 %. Les mêmes couplée à une mutation d’IDH, n’est que très rarement retrouvée
constatations ont été observées dans les séries allemandes et amé- chez l’enfant.
ricaines [66–68] .
La radiothérapie (50–60 Gy) reste un traitement de référence
malgré son efficacité modeste et les séquelles qu’elle engendre. Tumeurs embryonnaires
Elle est généralement réalisée au décours de la chirurgie en cas
Elles représentent environ 40 % de l’ensemble des tumeurs
d’exérèse complète, ou après une chimiothérapie dans le cadre
cérébrales de l’enfant et sont principalement composées des
d’un essai thérapeutique en cas de résidu tumoral [62] .
médulloblastomes, des tumeurs rhabdoïdes et tératoïdes aty-
Leur chimiosensibilité est faible avec des taux de réponse régu-
piques, et des tumeurs embryonnaires du SNC, sans autre
lièrement inférieurs à 20 %, et un taux de réponse cumulé, pour
indication. Les caractéristiques ultrastructurales et moléculaires
l’ensemble des essais de phase II, de l’ordre de 10 % [33] . De plus, la
sont différentes à l’intérieur de ce groupe de tumeurs, expliquant
réponse à la chimiothérapie n’est pas corrélée à l’augmentation de
leur comportement et leur pronostic différents.
la survie [7] . Des essais de chimiothérapies à haute dose suivies de
Le médulloblastome représente 10 à 15 % de l’ensemble des
la greffe de cellules souches hématopoïétiques n’ont pas démontré
tumeurs cérébrales de l’enfant ; l’âge médian de survenue est de
de bénéfice thérapeutique [33] . Le pronostic de ces tumeurs reste
6 ans. Il se révèle le plus souvent par des signes d’hypertension
très sombre avec une survie de l’ordre de 30 % à cinq ans. Cepen-
intracrânienne fréquemment associés à des troubles cérébelleux.
dant, la possibilité d’un meilleur pronostic chez des enfants âgés
En imagerie, il apparaît le plus souvent, comme une masse solide,
de moins de 3–5 ans et traités par chirurgie, chimiothérapie et
arrondie, au centre de la fosse postérieure, homogène, hyperdense
radiothérapie différée, voire omise, a été rapportée dans plusieurs
au scanner, hyperintense en T2, rehaussée de façon assez homo-
études [69, 70] . Ainsi, dans la série française de 21 enfants, la survie
gène par l’injection de produit de contraste. Dès le diagnostic de
sans récidive à cinq ans a été de 35 %, et parmi les 12 enfants
tumeur de la fosse postérieure, une IRM spinale doit être réalisée
vivant à cinq ans, dix n’ont pas été irradiés [70] . La nouvelle classi-
avant l’intervention chirurgicale afin de détecter une éventuelle
fication OMS tient compte, en plus de l’histologie, de la biologie
dissémination sous la forme de prises de contraste linéaires ou
et de la localisation tumorale, avec, dans certains cas un pronostic
nodulaires, localisées ou diffuses. Ces métastases sont présentes
différent. À titre d’exemple, la mutation K27M de l’histone H3.3,
dans environ un tiers des cas au diagnostic. Exceptionnellement,
entraînant une perte de triméthylation (H3K27me3), confère un
il peut exister des métastases extradurales, en particulier osseuses,
pronostic plus péjoratif, par rapport aux mutations H3.1, G34R/V,
à ne rechercher qu’en cas de signe d’appel. Une exérèse totale,
et IDH1/2 [71] .
possible dans plus de 90 % des cas, est fréquemment précédée
d’une dérivation du liquide cérébrospinal (LCS) par ventriculo-
Gliomes du tronc cérébral cisternostomie, ou exceptionnellement maintenant, par la pose
Les gliomes du tronc cérébral regroupent à la fois des gliomes de d’une valve de dérivation ventriculopéritonéale, permettant de
bas et de haut grade. Ces derniers représentent la grande majorité rechercher des cellules malignes dans le LCS. Un contrôle du
des cas et sont fréquemment diffus, infiltrant la protubérance, ce LCS, prélevé par ponction lombaire, est de toute façon à réaliser
qui rend impossible toute tentative d’exérèse chirurgicale à visée 15 jours après l’intervention, pour confirmation. Le diagnostic est
curatrice. L’exérèse peut être au mieux partielle, sinon correspond obtenu par l’analyse anatomopathologique de la pièce opératoire

EMC - Pédiatrie 15
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

qui doit être complétée par une analyse en biologie moléculaire, tant que traitement adjuvant, est démontrée chez les enfants à
de valeur pronostique à l’étude. haut risque âgés de plus de 5 ans [74] et chez les enfants âgés de
Au terme des bilans pré- et postopératoires, les médulloblas- moins de 5 ans, permettant d’éviter l’irradiation craniospinale
tomes étaient jusqu’à présent distingués en deux groupes : prophylactique dans 40 % des cas à « risque standard » ayant
• les médulloblastomes à « risque standard » : exérèse totale ou bénéficié d’une exérèse complète [75] . La stratégie thérapeutique,
subtotale (absence de reliquat tumoral identifiable en image- dans cette population, consiste à administrer une polychimio-
rie postopératoire précoce, ou résidu d’un volume < 1,5 cm3 ), thérapie peu aplasiante sur une période de 12 à 18 mois [75, 76] .
absence de métastase sus-tentorielle ou le long de l’axe spi- En cas de rechute, une nouvelle exérèse peut être tentée, suivie
nal, absence de dissémination méningée, absence de facteur de d’une chimiothérapie à haute dose avec greffe de cellules souches
risque biologique ; hématopoïétiques, et d’une radiothérapie sur la fosse postérieure.
• les médulloblastomes à « haut risque » : reliquat tumoral Le taux de survie globale à 5 ans est de 73 % dans la popula-
mesurable supérieur à 1,5 cm3 , et/ou existence de métastases tion d’enfants ayant bénéficié d’une exérèse complète dans l’étude
sus-tentorielles ou le long de l’axe spinal, et/ou présence d’un française BBSFOP [75] .
envahissement du LCS. Le rôle de la chimiothérapie dans l’amélioration des taux de sur-
Le pronostic était fonction de différents facteurs parmi lesquels : vie n’est pas encore clairement démontré dans les formes à risque
• l’âge de l’enfant : le pronostic est d’autant plus grave que l’enfant standard, mais a permis de diminuer la dose de la radiothérapie
est jeune (moins de 3 ans) ; prophylactique de 36 à 23,4 Gy.
• la qualité de la chirurgie : la possibilité d’une exérèse chirur- Le pronostic des médulloblastomes de risque standard est rela-
gicale complète conditionne en grande partie la qualité de tivement bon avec un taux de survie à cinq ans de l’ordre de 80 %,
l’évolution ; alors qu’il n’est que de 60 % en cas de médulloblastome de haut
• la présence ou non de métastases au diagnostic. risque.
Actuellement, grâce à l’amélioration des outils de biologie et La forme desmoplasique/nodulaire est une forme particulière de
génétique moléculaire, de nouveaux facteurs pronostiques sont médulloblastome, souvent localisé au niveau des hémisphères
proposés et un consensus sur quatre sous-groupes basés sur les cérébelleux. Il se différencie au niveau histologique par une des-
altérations géniques est admis (groupe SHH, groupe WNT, groupe moplasie (richesse en fibres de réticuline) et des zones nodulaires.
3 et groupe 4), à l’origine d’une redéfinition des facteurs pronos- Il survient le plus souvent chez des enfants âgés de moins de
tiques [10] . D’après la classification OMS 2016, la stratification du 3 ans et est plus fréquent chez les enfants présentant un syndrome
risque peut être établie en tenant compte de groupe moléculaire de Gorlin. Cette forme avec le médulloblastome à différencia-
(WNT, SHH, non WNT, non SHH de groupes 3 et 4). tion neuronale dont il partage l’aspect histologique en « grappe »
On distingue : semble avoir un meilleur pronostic et des protocoles proposant
• le sous-groupe de bas risque (> 90 % de survie), qui corres- un allègement thérapeutique sont à l’étude [77] .
pond aux patients de mois de 16 ans, présentant une tumeur Les autres tumeurs embryonnaires, beaucoup plus rares, sont
du groupe WNT, d’histologie classique, non métastatique, ou constituées des tumeurs embryonnaires avec des rosettes multis-
cas de tumeur avec activation SHH présentant un aspect his- tratifiées (ETMR) [78] (incluant les tumeurs embryonnaires avec
tologique desmoplasique/nodulaire ou à nodularité extensive ; neuropile abondante et rosettes vraies [ETANTR], le médulloépi-
et aux patients du groupe 4, dont la tumeur a une perte du théliome, l’épendymoblastome et le médulloblastome LIN28A+),
chromosome 11 et/ou un gain du chromosome 17 ; des neuroblastomes du SNC et des tumeurs rhabdoïdes et téra-
• le sous-groupe de risque standard (75–90 % de survie), qui cor- toïdes atypiques (ATRT). En l’absence d’aspect morphologique ou
respond aux patients du groupe SHH (hors TP53 mutés, MYCN d’altération moléculaire spécifique, on retient le diagnostic de
non amplifiés) d’histologie standard, et des groupes 3 et 4 non tumeur embryonnaire du SNC, sans autre indication. Leur pro-
métastatiques, MYCN non amplifiés, sans perte du chromo- nostic est bien pire que celui des médulloblastomes et le très jeune
some 11 ; âge conduit à utiliser des chimiothérapies intensives associées à
• le sous-groupe de haut risque (50–75 % de survie), qui l’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques [79] . Les ATRT
correspond aux patients du groupe SHH MYCN amplifiés (méta- sont très rapidement évolutives et disséminent souvent dans les
statiques ou non), et métastatiques supérieurs à cinq ans, non leptoméninges. Elles peuvent survenir dans le cadre de syndrome
TP53 mutés du groupe SHH et du groupe 4 métastatiques ; de prédisposition aux tumeurs rhabdoïdes. Leur histologie peut
• le sous-groupe de très haut risque (< 50 % de survie), qui corres- être délicate à interpréter en raison de la présence de nombreux
pond aux patients du groupe SHH, TP53 mutés et du groupe 3 contingents associant des cellules rhabdoïdes, mésenchymateuses
métastatiques, MYCN amplifiés. et épithéliales à des composants neuroectodermiques primitifs.
Les stratégies thérapeutiques sont encore discutées et font L’immunohistochimie, se caractérisant par une perte d’expression
l’objet de différents essais internationaux, notamment pour pré- d’INI1, a une très bonne spécificité pour ce diagnostic, et il est
ciser la place de la chimiothérapie, et, dans certains cas, pour recommandé d’utiliser ce marqueur devant toute tumeur indif-
diminuer les doses de radiothérapie. férenciée de haut grade chez l’enfant. Le diagnostic formel est
En effet, si la radiosensibilité et la chimiosensibilité de ces possible grâce à la mise en évidence du gène hSNF5/INI1 situé en
tumeurs sont clairement démontrées, leurs toxicité et séquelles 22q11.2. Le pronostic est extrêmement péjoratif, d’autant plus
sont également importantes à considérer et le schéma offrant le que l’âge au diagnostic est inférieur à 36 mois et qu’il existe des
meilleur index thérapeutique reste à trouver. métastases, et le traitement reste mal codifié. L’efficacité de la
La radiothérapie délivre classiquement, lorsque la chimiothéra- chimiothérapie est modeste, et la radiothérapie délétère chez ces
pie lui est associée, des doses de l’ordre de 54 Gy sur la fosse très jeunes enfants. Dans la plus grande série publiée, la survie
cérébrale postérieure, associée à une irradiation prophylactique médiane est de 16,5 mois [80] . Dans une analyse multivariée à par-
aux doses de 23,4 Gy sur la moelle et sur l’encéphale dans les tir d’une méta-analyse sur 332 patients, les facteurs associés à une
formes de risque standard, et de 36 Gy en cas de forme à haut amélioration de la survie sont l’utilisation de la radiothérapie et
risque. Dans tous les cas, elle est de réalisation difficile et un d’une chimiothérapie à haute dose suivie de l’autogreffe de cel-
contrôle de qualité incluant la révision des clichés de centrage lules souches hématopoïétiques, mais pas la résection subtotale
et des imageries est nécessaire pour évaluer les résultats thérapeu- ni l’utilisation d’une chimiothérapie intrathécale [81] .
tiques.
En ce qui concerne la chimiothérapie : le médulloblastome est
la tumeur cérébrale la plus chimiosensible après les tumeurs ger- Tumeurs épendymaires
minales comme en témoignent les taux de réponse qui varient
entre 60 et 90 % selon les études de phase II [33] . Les meilleurs Elles représentent environ 10 % de l’ensemble des tumeurs
taux de réponse ont été obtenus avec des polychimiothérapies cérébrales. Dérivées des cellules épendymaires, elles siègent
comportant un dérivé du platine. Elle est toujours utilisée en cas essentiellement au niveau du système ventriculaire et plus par-
de médulloblastome de haut risque et encore, le plus souvent, ticulièrement au niveau du plancher du quatrième ventricule, et
en cas de risque standard. L’efficacité de la chimiothérapie, en au niveau de l’angle pontocérébelleux. Elles peuvent aussi être

16 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

localisées en sus-tentoriel ou dans le canal médullaire (environ mixte, à développement irrégulier, multinodulaire, cisternal ou
10 % des cas). Elles sont kystiques dans 20 % des cas et calcifiées intraparenchymateux. Ses parois charnues ou les parois des kystes
dans 15 %. sont denses, rehaussées par le produit de contraste, souvent cal-
La classification des épendymomes en quatre grades de gra- cifiées (90 % des cas). Les kystes contiennent un liquide verdâtre
vité croissante n’est plus d’actualité, étant donné les difficultés contenant des cristaux de cholestérol.
à les grader et le manque de corrélation pronostique de cette Le traitement reste débattu, mais est avant tout chirurgical,
classification, alors que les anomalies biologiques apportent des visant à retirer un maximum de tissu tumoral sans léser les struc-
informations pertinentes, tant diagnostiques que pronostiques. tures environnantes afin de préserver les fonctions visuelles et
Ainsi, les épendymomes sont-ils maintenant subdivisés en quatre hypothalamiques. Même si l’ablation est complète, il existe un
sous-groupes : les épendymomes sus-tentoriels avec transcrit de risque de récidive. En cas d’exérèse partielle, le taux de réévo-
fusion RELA, ou les épendymomes YAP1, et les épendymomes lution est de 71–90 %. Dans ces cas, une nouvelle intervention
sous-tentoriels de groupe A ou B. Leur pic de fréquence se situe peut être nécessaire et/ou un traitement par radiothérapie. Une
aux alentours de 5 ans et la symptomatologie clinique est domi- approche plus conservatrice, plus personnalisée, associant une
née par les signes d’hypertension intracrânienne. Il peut exister chirurgie moins agressive, une irradiation ou un traitement par
une extension vers le canal rachidien et/ou une dissémination à interféron endokystique dans les formes kystiques, et selon les cas
distance sur les voies d’écoulement du LCS, notamment en cas de une irradiation conformationnelle, pouvant utiliser les protons,
localisation au niveau de la fosse postérieure. est actuellement proposée [86, 87] .
La chirurgie reste le principal temps thérapeutique, bien que Le taux de survie à dix ans est très bon, excédant 90 %, alors
fréquemment incomplète du fait de la localisation des lésions que le taux de survie sans récidive est de l’ordre de 40 à 60 %
au niveau du plancher du quatrième ventricule. Elle doit alors selon le traitement initial [88] . À l’opposé, le pronostic neurosen-
être impérativement rediscutée, l’exérèse complète constituant le soriel et endocrinien est souvent péjoratif. La fréquence du déficit
principal facteur pronostique. Le rôle d’une irradiation complé- en hormone de croissance est alors de 70–92 %. Plus de la moi-
mentaire est démontré, mais en utilisant de fortes doses (au tié des patients développent un surpoids important dans les six
minimum 55 Gy) à l’origine d’importantes séquelles. La survie à 12 mois suivant le traitement, associé au risque de syndrome
à cinq ans est de l’ordre de 60 % en cas d’association chirurgie- métabolique et de pathologies cardiovasculaires. Les éventuelles
radiothérapie. La localisation sus-tentorielle est de meilleur lésions du nerf optique sont irréversibles. On décrit également des
pronostic, en particulier pour le sous-groupe YAP1. En cas de loca- troubles de la mémoire et de l’attention, des troubles du sommeil,
lisation sous-tentorielle, le meilleur pronostic est observé pour une dysrégulation de la température corporelle, de la soif, de la
les patients du groupe B, pour lesquels la survie globale excède tension artérielle [89] .
80 %. Néanmoins, le pronostic global semble varier en fonction Les adénomes hypophysaires sont exceptionnels chez l’enfant
de l’âge : la survie à deux ans, à traitement égal, serait plus faible et ne seront pas traités ici.
chez l’enfant de moins de 7 ans que chez les enfants plus âgés
(27 versus 45 %). Les recommandations thérapeutiques actuelles
incluent [82] : Tumeurs de la région pinéale
• une chirurgie première tentant de retirer le maximum de tissu
La nouvelle classification de l’OMS mentionne quatre types de
tumoral sans risquer de léser les structures neurologiques saines
tumeurs de la région pinéale qui correspondent aux tumeurs issues
de voisinage ;
du parenchyme pinéal (pinéalocytome, tumeur pinéale paren-
• une irradiation comportant un minimum de 55 Gy sur la zone
chymateuse à différenciation intermédiaire, pinéaloblastome et
tumorale initiale : soit limitée à l’aire lésionnelle si la tumeur
tumeur papillaire). Cependant, ces tumeurs ne représentent
reste localisée, le principal risque étant la rechute locale ; soit
qu’environ un tiers des tumeurs de cette région, les deux autres
étendue à l’ensemble de l’axe spinal en cas de dissémination
tiers correspondant aux tumeurs germinales et aux gliomes,
dans le SNC ;
tumeurs décrites dans les autres chapitres [90] .
• la chimiothérapie. Elle est testée dans le cadre d’essais théra-
La conduite thérapeutique comporte une exérèse la plus
peutiques multicentriques, en particulier chez le jeune enfant,
complète possible en cas de pinéalocytome qui est une tumeur
compte tenu des risques de séquelles neurologiques liés à
bénigne (grade I histologique), alors que l’association de la chi-
l’irradiation. La chimiothérapie à hautes doses n’a pas entraîné
rurgie, de la chimiothérapie et de la radiothérapie est la règle pour
de bénéfice thérapeutique. Dans la série d’enfants âgés de moins
le pinéaloblastome qui est une tumeur maligne et dont le taux de
de 5 ans, traités par chirurgie et chimiothérapie sans radiothéra-
survie à cinq ans est de l’ordre de 40 % [91] . Celui-ci est plus impor-
pie dans le cadre de la Société française d’oncologie pédiatrique,
tant chez les patients de plus de 5 ans, non métastatiques, chez
aucune réponse à la chimiothérapie n’a été observée, mais 23 %
lesquels la radiothérapie craniospinale prophylactique est réalisée.
des enfants n’ont pas reçu de radiothérapie pour une réévolu-
Concernant les tumeurs pinéales parenchymateuses à différencia-
tion tumorale à quatre ans du diagnostic [83] .
tion intermédiaire et les tumeurs papillaires, de grade histologique
Les épendymomes myxopapillaires sont des entités à part, sur-
intermédiaire, la conduite thérapeutique est plus mal codifiée,
venant exclusivement au niveau de la moelle épinière au niveau
comportant généralement une radiothérapie adjuvante à l’exérèse
thoracique bas et surtout lombaire chez des enfants dont l’âge
chirurgicale [92] .
médian est de 9 ans [84] . Malgré la possibilité de métastases lep-
toméningées, le pronostic est excellent à la suite d’un traitement
associant toujours une exérèse chirurgicale éventuellement suivie Tumeurs neuronales et glioneuronales
d’une radiothérapie.
Ce groupe comporte de nombreuses entités, toutes très rares et
de bas grade histologique hormis le gangliogliome anaplasique.
Tumeurs de la région sellaire Les principales tumeurs sont représentées par :
• les tumeurs neuroépithéliales dysembryoplasiques (dysembryo-
Elles sont essentiellement représentées par le craniopharyn- plastic neuroepithelial tumor [DNET]) sont découvertes le plus
giome dont le traitement repose avant tout sur la chirurgie. souvent à la suite d’une épilepsie partielle à foyer bien loca-
Le craniopharyngiome est la tumeur la plus fréquente de lisé, souvent rebelles aux traitements médicaux, chez un jeune
l’extrémité antérieure du troisième ventricule. Il s’agit d’une enfant [93] . Il s’agit de tumeurs intracorticales, bien circonscrites,
tumeur bénigne qui représente environ la moitié des tumeurs sans effet de masse ni œdème péritumoral, hypo-intenses en
de la région sellaire et suprasellaire. Le diagnostic est souvent IRM pondérée T1, hyperintenses en T2 et FLAIR, non rehaussées
fait des années après les premiers symptômes représentés par des par le produit de contraste. Leur croissance est lente, expliquant
signes visuels (62–84 %) associés ou non à des signes endocriniens la possibilité d’une empreinte sur la table osseuse (40 % des cas).
(40–87 %), notamment de type diabète insipide présent dans envi- Elles sont le plus souvent localisées au niveau du lobe tem-
ron 20 % des cas [85] . Le pic de fréquence est observé chez l’enfant poral, mais peuvent exister ailleurs en intracrânien ; des cas
entre 5 et 10 ans. Il peut être uni- ou multikystique, charnu, ou exceptionnels de localisation sous-tentorielle ont été décrits,

EMC - Pédiatrie 17
4-100-M-50  Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant

ainsi que des lésions multifocales. Leur aspect histologique, de tendent aussi à disséminer. Leur traitement comporte une chi-
composition hétérogène neurogliale, est bénin. Le traitement miothérapie de première intention suivie d’une radiothérapie,
repose sur la chirurgie qui est décidée en cas d’épilepsie phar- associées à une exérèse chirurgicale en cas de résidu tumoral. En
macorésistante et qui permet d’obtenir la disparition des crises cas de forme métastatique, l’irradiation doit être craniospinale.
épileptiques invalidantes dans environ deux tiers des cas ; un Un taux d’␣FP supérieur à 1000 ng/ml dans le LCS est un facteur
délai plus court entre les premiers signes cliniques et la chi- de moins bon pronostic. Le pronostic est globalement bon avec
rurgie, la guérison rapide de l’épilepsie après la chirurgie, ainsi un taux de guérison de l’ordre de 80 % [97] .
qu’une localisation temporale seraient associés à une meilleure
évolution de l’épilepsie à long terme [94] . Il n’y a pas de récidive
tumorale après l’exérèse.
Tumeurs des plexus choroïdes
Les autres tumeurs incluent essentiellement le neurocytome, Les tumeurs choroïdiennes sont de localisation intraven-
le gangliogliome, le gangliocytome. Ce sont des tumeurs denses, triculaire, souvent découvertes chez le nouveau-né et le
bien limitées, souvent kystiques et calcifiées, habituellement net- nourrisson, génératrices d’hydrocéphalie majeure même en
tement rehaussées. Elles affectent l’adolescent et le jeune adulte, l’absence d’obstruction des voies du LCS, par une hyperproduc-
mais une forme rare, le gangliogliome desmoplastique infantile, tion du LCS. Elles représentent environ 1 % de l’ensemble des
atteint exclusivement le nourrisson. Le traitement de ces tumeurs tumeurs cérébrales. On distingue trois entités, une bénigne, le
repose sur l’exérèse chirurgicale qui doit être la plus complète papillome, une de pronostic intermédiaire, le papillome atypique
possible. et une maligne, le carcinome. Leur traitement repose sur l’exérèse
chirurgicale qui permet toujours la guérison en cas de papillome
et au minimum y contribue en cas de papillome atypique ou de
Tumeurs germinales carcinome.
Le papillome des plexus choroïdes, qui correspond à envi-
Ce sont des tumeurs développées le long de la ligne médiane ron deux tiers des tumeurs des plexus choroïdes, est une
en particulier dans la région pinéale et la région suprasellaire, de tumeur bénigne, bourgeonnante, multilobée, souvent volumi-
différenciation et de malignité variables. On distingue : neuse, très fortement rehaussée par les produits de contraste. Il
• les germinomes (synonymes : séminomes, dysgerminomes) peut s’encastrer dans une corne ventriculaire, mais il n’infiltre
représentant 60 % des cas ; pas le parenchyme adjacent à l’inverse du carcinome qui est une
• les tumeurs non germinomateuses : soit extra-embryonnaires tumeur maligne. Découvert à un âge plus tardif que le papillome,
(tumeurs du sac vitellin, choriocarcinome), 10 % des cas ; soit il est radiologiquement comparable mais les parois ventriculaires
embryonnaires (tératomes qui peuvent être matures ou imma- sont le plus souvent infiltrées, avec un envahissement paren-
tures, carcinome embryonnaire). chymateux. Une dissémination leptoméningée est possible dans
Le bilan diagnostique doit donc toujours inclure la recherche 20–25 % des cas. Le pronostic est beaucoup plus péjoratif et le
des marqueurs biologiques spécifiques de tumeurs germinales rôle de la radiothérapie (très séquellogène à cet âge) et de la chi-
dans le sérum et le LCS, qui en cas de positivité permet de porter miothérapie, y compris à hautes doses, est à l’étude [98] . La survie
le diagnostic et d’éviter une biopsie. En cas d’absence de sécré- sans progression tumorale à cinq ans est de l’ordre de 30–40 %. Le
tion, une preuve histologique est indispensable pour préciser le papillome atypique, qui peut être métastatique dans environ 5 %
diagnostic. Les tumeurs bifocales non sécrétantes sont considérées des cas, répond relativement bien à la chimiothérapie et à la radio-
comme des germinomes et ne nécessitent pas de biopsie [95] . thérapie, permettant d’obtenir un taux de survie sans progression
Les germinomes purs ou dysgerminomes sont les plus fré- tumorale à cinq ans de l’ordre de 80 % [99] .
quents. Leur aspect histologique est le même que celui des
séminomes du testicule. Ils peuvent se développer dans la région
pinéale et/ou à l’extrémité antérieure du troisième ventricule et
peuvent être découverts des mois ou des années après l’apparition
 Atteintes cérébrales des tumeurs
d’un diabète insipide pour les localisations suprasellaires. Plus extracérébrales
rarement, ils peuvent se développer dans le thalamus. Ils appa-
raissent comme des masses relativement bien délimitées, parfois Les tumeurs extracérébrales sont beaucoup moins fréquentes
hémorragiques, parfois calcifiées, rehaussées par les produits de chez l’enfant que chez l’adulte. On peut les classer suivant leur
contraste. Une dissémination vers les cavités ventriculaires et localisation au niveau des structures osseuses, des structures
les espaces sous-arachnoïdiens est possible rendant indispen- durales ou au niveau des citernes.
sable l’étude cytologique du LCS. Il s’agit de tumeurs malignes Les tumeurs méningées sont exceptionnelles : le méningiome
mais qui répondent remarquablement bien à la chimio- et à est souvent volumineux, rehaussé de façon diffuse par le pro-
la radiothérapie, permettant d’obtenir des taux de guérison duit de contraste. Chez l’enfant, le méningiome se voit presque
supérieurs à 90 % [96] . Les protocoles thérapeutiques tentent exclusivement dans le cadre de la neurofibromatose de type 2
donc d’optimiser ces traitements afin de limiter au minimum et est exceptionnellement malin (< 10 % des cas) [100] . Il se pré-
les risques de séquelles, notamment, les champs et les doses sente souvent sous la forme de multiples petites masses avec une
d’irradiation optimaux sont toujours à l’étude. En cas de forme infiltration en plaque, au niveau spinal aussi bien qu’au niveau
métastatique, le traitement consiste en une irradiation craniospi- encéphalique, en association avec des neurinomes en cas de NF2.
nale, sans chimiothérapie. Les tumeurs sécrétant de faibles taux Les sarcomes méningés primitifs sont pratiquement impossibles
d’alphafœtoprotéine (␣FP) (< 25 ng/ml) et/ou de bêta human cho- à différencier, en scanner ou en IRM, des méningiomes. On peut
rionic gonadotropin (␤-hCG) (< 50 UI/l) sont traitées comme des également observer des fibromes, des fibrosarcomes méningés ou
germinomes purs. autres types de sarcomes. Le traitement est basé sur l’exérèse chi-
Les tératomes se voient surtout dans la région pinéale, mais rurgicale qui doit être la plus complète possible, réalisable dans
aussi au niveau de la fosse postérieure. Ils peuvent être congéni- 75 % des cas, associée à une radiothérapie en cas de récidives
taux et parfois très volumineux. Bénins ou malins, selon leur degré multiples.
de différenciation, ils sont hétérogènes, irrégulièrement rehaussés, Les tumeurs osseuses peuvent être primitives (sarcome d’Ewing –
partiellement ossifiés, ou cartilagineux. Le traitement consiste en appelé également PNET périphérique, et autres sarcomes osseux,
l’exérèse chirurgicale qui permet la guérison en cas de tératome kyste anévrismal) ou secondaires (neuroblastomes, sarcomes
bénin et devrait être associée à la radiothérapie et la chimiothéra- osseux, autres proliférations hématologiques).
pie en cas de tératome malin dont le pronostic est moins bon que Les neurinomes (schwannomes) ne se voient chez l’enfant que
celui des tumeurs germinales séminomateuses. dans le cadre d’une neurofibromatose : masses cisternales mul-
Les autres tumeurs, tumeur du sac vitellin, choriocarcinome et tiples, avant tout au niveau des deux nerfs acoustiques, mais aussi
carcinome embryonnaire qui sécrètent respectivement de l’␣FP de la racine sensitive de n’importe quel nerf crânien ou rachi-
(> 50 ng/ml), de la ␤-hCG et de l’antigène carcinoembryonnaire dien. Isodenses ou iso-intenses au parenchyme, ces masses sont
(ACE), sont malignes, volontiers hétérogènes, bien rehaussées, et bien limitées, rehaussées par l’injection de produit de contraste

18 EMC - Pédiatrie
Tumeurs cérébrales primitives de l’enfant  4-100-M-50

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neurochirurgie garde une place prépondérante, elle n’est pas tou- of hemispheric tumors. Neurosurgery 2003;53:556–62.
jours suffisante pour assurer la guérison de toutes les lésions. La [20] Duffau H, Lopes M, Arthuis F, Bitar A, Sichez JP, Van Effenterre R, et al.
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modalités d’administration restent à définir pour la plupart des grade gliomas: a comparative study between two series without (1985-
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P. Chastagner, Professeur des Universités, praticien hospitalier pédiatrie (p.chastagner@chru-nancy.fr).


Service d’onco-hématologie pédiatrique, Hôpital d’enfants, CHRU de Nancy, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.
F. Doz, Professeur des Universités, praticien hospitalier pédiatrie.
Faculté de médecine Paris-Descartes et département d’oncologie pédiatrique/adolescents jeunes adultes, Institut Curie, Paris, France.
O. Klein, Professeur des Universités, praticien hospitalier neurochirurgie.
Service de neurochirurgie et chirurgie de la face pédiatrique, Hôpital d’enfants, CHRU de Nancy, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.
V. Bernier, Médecin de centre.
Institut de cancérologie de Lorraine, 6, avenue de Bourgogne, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.
E. Schmitt, praticien hospitalier neuroradiologie.
Service de neuroradiologie, Hôpital des neurosciences, CHRU de Nancy, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.
G. Gauchotte, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service d’anatomopathologie, CHRU de Nancy, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.
F. Fouyssac, Praticien hospitalier pédiatrie.
Service d’onco-hématologie pédiatrique, Hôpital d’enfants, CHRU de Nancy, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chastagner P, Doz F, Klein O, Bernier V, Schmitt E, Gauchotte G, et al. Tumeurs cérébrales primitives de
l’enfant. EMC - Pédiatrie 2017;12(4):1-21 [Article 4-100-M-50].

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