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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 20-205-A-10

20-205-A-10

Maladie de Ménière
P Herman
S Hervé
F Portier
Résumé. – La maladie de Ménière, archétype de la maladie vertigineuse invalidante, est une maladie
S Tronche
d’étiologie encore inconnue, bien qu’elle ait été décrite au siècle dernier et qu’elle ait suscité de très nombreux
C De Waele
travaux et ouvrages médicaux. Fréquente, elle se signe par un hydrops du liquide endolabyrinthique à
P Tran Ba Huy
l’origine d’une triade clinique caractéristique et pathognomonique ; cette triade associe un acouphène à type
de ronflement, unilatéral, du côté de l’oreille atteinte, une surdité de type perceptif du même côté,
prédominant classiquement sur les fréquences graves, et un grand vertige rotatoire de type périphérique, avec
nausées et vomissements. Cette triade survient par crises paroxystiques de plusieurs heures, dont la
périodicité est aléatoire. Entre les crises, le patient ne ressent aucun trouble et le bilan paraclinique est
normal. Faire le diagnostic de la maladie de Ménière est difficile si l’on n’assiste pas à une crise. L’évolution de
la maladie est hautement variable. Bien que bénigne, elle peut devenir fortement invalidante. Ces dernières
années, le traitement de la maladie de Ménière a fait de nombreux progrès ; mais si on peut aujourd’hui
contrôler et prévenir les crises vertigineuses, notamment par la section élective du nerf vestibulaire, on ne peut
toujours pas appréhender l’évolution de la surdité.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Ménière, hydrops, labyrinthectomie, neurotomie vestibulaire.

Définition individualisée comme telle. Le terme de « maladie de Ménière »


paraît donc le plus adapté, et autorise une appréhension d’ensemble
La maladie de Ménière peut se définir comme une affection de de la maladie ainsi qu’une unité de langage, avec les Anglo-Saxons
l’oreille interne de cause inconnue, mais dont le substratum notamment.
anatomopathologique est un hydrops endolymphatique. Elle se D’autres atteintes du système cochléovestibulaire, du nerf
caractérise par l’association d’une surdité fluctuante avec sensation cochléovestibulaire ou du système nerveux central peuvent entraîner
de plénitude de l’oreille, de crises vertigineuses avec signes des symptômes similaires à ceux de la maladie de Ménière. Le
neurovégétatifs marqués, et d’un acouphène. Ces symptômes diagnostic différentiel de cette affection s’avère souvent difficile et,
surviennent par crises paroxystiques et imprévisibles, selon un même pour un praticien expérimenté, il n’est pas toujours aisé de
rythme variable, touchent d’abord une oreille, voire les deux à long diagnostiquer une maladie de Ménière tant que la triade typique
terme, et au début s’amendent entre les crises. n’existe pas et qu’une pathologie rétrocochléaire n’a pas été écartée.
Ainsi, une surdité fluctuante isolée et des vertiges périphériques à
Le terme « maladie de Ménière » paraît préférable aux appellations
répétition isolés ne sauraient être assimilés à la maladie de Ménière,
trop communément admises de « vertige de Ménière » ou de
et ne peuvent être considérés qu’avec réserve comme des variantes
« syndrome de Ménière ». Le terme « vertige » accorde une place
cochléaire ou vestibulaire de l’affection.
prépondérante au symptôme vestibulaire qui, s’il est le plus bruyant,
n’est ni le plus constant ni le plus préoccupant de l’histoire de la L’American Academy of Otolaryngology-Head an Neck Surgery
maladie. C’est, en effet, la surdité qui soulève le plus de problèmes (AAO-HNS) a publié en 1995 des critères de définition de la maladie
thérapeutiques, et constitue le critère sans doute le plus tangible de Ménière (tableau I).
d’efficacité thérapeutique. Le terme de « syndrome » sous-entend
une étiologie possible à l’association des symptômes caractéristiques Historique
de l’affection. Or, si ceux-ci peuvent s’observer au cours d’affections
auto-immunes, du syndrome de Cogan ou de la syphilis, la maladie Après que Itard eut décrit l’association caractéristique d’un vertige,
de Ménière est, par définition, idiopathique et doit donc être d’une surdité et d’un acouphène en 1821 [82], Prosper Ménière
rapporta, en 1861, devant l’Académie impériale de médecine, la
présence d’une lymphe plastique rougeâtre, dans le labyrinthe de
deux malades ayant présenté des symptômes de congestion
Philippe Herman : Professeur des Universités, praticien hospitalier, hôpital Lariboisière, clinique d’ORL, 2, cérébrale apoplectiforme [120]. Si l’affection qu’il décrivit alors ne
rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex, France.
Sophie Tronche : Attachée. correspond vraisemblablement pas à ce que nous appelons
Catherine De Waele : Directeur de recherche. aujourd’hui maladie de Ménière, Prosper Ménière eut l’immense
Patrice Tran Ba Huy : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Hôpital Lariboisière, clinique d’ORL, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France. mérite de rapporter pour la première fois à l’oreille interne une
Stéphane Hervé : Médecin principal. Service ORL et CCF. HIA du Val de Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, symptomatologie alors systématiquement attribuée à un désordre
75230 Paris cedex 5, France.
Frédéric Portier : Praticien hospitalier. Service ORL, hôpital Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le
du système nerveux central. Il valida par la même occasion les lois
Kremlin-Bicêtre, France. de la physiologie vestibulaire édictées par Flourens en 1842 [53].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Herman P, Hervé S, Portier F, Tronche S, De Waele C et Tran Ba Huy P. Maladie de Ménière. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Oto-rhino-laryngologie, 20-205-A-10, 2003, 19 p.
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

Tableau I. – Échelle diagnostique de la maladie de Ménière selon Épidémiologie


l’American Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery
(AAO-HNS). De grandes variations existent au sein des incidences publiées de la
maladie de Ménière, peut-être en raison de nombreux aléas
Maladie de Ménière certaine plus confirmation
Maladie de Ménière authentifiée
histopathologique.
méthodologiques, notamment par absence de critères cliniques ou
Maladie de Ménière certaine Deux épisodes ou plus de vertiges ayant duré au paracliniques communs. Ces incidences seraient de 46/100 000
moins 20 minutes personnes en Suède, en excluant la forme cochléaire pure (surdité
Surdité documentée par un audiogramme en fluctuante isolée) [171], de 50/100 000 personnes au Japon [165], de
une occasion au moins
160/100 000 personnes en Angleterre [28] , de 15 à 21/100 000
Acouphène ou sensation de plénitude de l’oreille
Maladie de Ménière probable Un épisode certain de vertige
personnes aux États-Unis [43, 193] et 7,5/100 000 personnes en
Surdité documentée par un audiogramme en France [187].
une occasion au moins Kitahara et al [99] ont démontré qu’il n’existait pas de différence
Acouphène ou sensation de plénitude de l’oreille
significative de survenue de la maladie de Ménière dans différents
Maladie de Ménière possible Vertige épisodique sans surdité documentée
Surdité neurosensorielle, fluctuante ou fixée, groupes ethniques aux États-Unis, et aucune prépondérance
avec déséquilibre, mais sans épisodes paroxysti- sexuelle, raciale ou géographique n’a pu être démontrée à ce jour.
ques certains.
Le niveau social semble en revanche influencer la survenue de
l’affection, car elle touche plus volontiers les classes moyennes et
Ménière venait de donner naissance à une maladie vedette, qui supérieures [187].
devait, de par le monde, soulever passions et controverses. Trois Si elle peut apparaître à tout âge, la maladie de Ménière survient le
événements méritent d’être retenus parmi cette floraison de travaux : plus souvent entre la quatrième et la sixième décennie. Elle est rare
– en 1921, Portmann démontra sur des poissons le possible rôle du avant 20 ans [21, 187] et exceptionnelle chez l’enfant [119, 172]. En outre,
sac endolymphatique dans la genèse d’une hypertension une grande partie des enfants touchés par la maladie de Ménière
endolymphatique [140] ; peut être classée comme souffrant d’un syndrome de Ménière
« secondaire ou symptomatique », en raison d’antécédents rapportés
– en 1938, Hallpike et Cairns [67] découvrirent une dilatation du de surdité consécutive à des oreillons, à une méningite à
labyrinthe membraneux sur les os temporaux de deux patients Haemophilus influenzae, à une fracture temporale, à des atteintes
porteurs de l’affection ; otologiques congénitales ou embryopathiques, ayant dégénéré en
– à partir des travaux de Guild, qui, en 1927 [63], avait démontré sur une triade complète de Ménière quelques années plus tard [72].
l’animal que de la teinture injectée dans l’endolymphe cochléaire se L’atteinte prédominante de l’oreille gauche au cours de la maladie
retrouvait concentrée dans le sac endolymphatique, Naito fut de Ménière demeure inexpliquée [73]. Enfin, la survenue fréquente
capable, en 1959 [127, 128], d’induire un hydrops endolymphatique chez de plusieurs cas au sein d’une même famille laisse supposer
le cochon d’Inde, en détruisant chirurgicalement le canal et le sac l’existence de facteurs génétiques prédisposants [18, 19].
endolymphatiques. Cette méthode, améliorée par Kimura et
Schuknecht en 1965 [96], est aujourd’hui le modèle expérimental le
plus courant pour l’étude de l’hydrops endolymphatique. Syndrome clinique
En 1952, Tasaki et Fernandez [178] démontrèrent qu’une réduction
réversible des potentiels microphoniques et des potentiels d’action Le tableau clinique de la maladie de Ménière se caractérise par la
cochléaires pouvait être obtenue lorsqu’une solution de Ringert survenue, étalée dans le temps ou simultanée, d’une triade associant
comprenant 0,25 % de chlorure de sodium était injectée dans un vertige rotatoire survenant par crises, une surdité fluctuante et
l’espace périlymphatique de la cochlée. un acouphène unilatéral intermittent. Plus spécifiquement encore, le
En 1954, Smith, Lowry et Wu [169] démontrèrent que l’endolymphe patient relate de véritables attaques se déroulant comme suit :
présentait une faible concentration en sodium (3 à 5 mmol/L) et une
– sensation inaugurale de plénitude d’une oreille ;
forte concentration de potassium (130 à 145 mmol/L), tandis que
ces chiffres s’inversaient dans la périlymphe. – puis surdité ou aggravation d’une surdité ancienne de ce même
En 1959, Lawrence et McCabe [110] postulèrent que la rupture des côté ;
membranes endolymphatiques distendues par l’hydrops, suivie du – apparition ou aggravation d’un acouphène, toujours du même
mélange de l’endolymphe riche en potassium et de la périlymphe côté ;
riche en sodium, étaient à l’origine des symptômes de la maladie de
– suivies d’un vertige rotatoire, avec station debout difficile, nausées
Ménière. Cette hypothèse fut étayée expérimentalement par la
et vomissements.
provocation, chez l’animal d’attaques typiques de la maladie de
Ménière, en injectant une solution riche en potassium dans l’espace C’est l’interrogatoire qui retrouve généralement ces symptômes,
périlymphatique, jusqu’à ce que la concentration en potassium y fût mais ils peuvent aussi être observés lors d’une crise. L’examen
aussi élevée que dans l’endolymphe. Le concept d’une intoxication clinique est donc essentiel, les examens complémentaires
potassique des fibres démyélinisées de l’épithélium sensoriel de la cochléovestibulaires ne venant que confirmer le diagnostic.
cochlée et du vestibule fut alors adopté comme étant le mécanisme Cependant, la maladie ne débute pas toujours par la triade complète,
fondamental des crises. et se développe même souvent de façon monosymptomatique
De nombreux travaux ont ensuite porté sur la structure et les durant parfois 1 an, soit sur le plan vestibulaire, soit sur le plan
modifications pathologiques du sac endolymphatique, car cochléaire. Le diagnostic ne peut être affirmé qu’après la survenue
l’hypothèse la plus communément admise pour la genèse de de plusieurs crises, et après que la triade complète eût été
l’hydrops endolymphatique est un défaut de résorption de observée [21, 22, 70, 187].
l’endolymphe au niveau du sac. En 1983, Schuknecht [160] a observé,
sur des rochers de patients ayant présenté une maladie de Ménière,
non seulement un hydrops endolymphatique, mais aussi une fibrose Symptômes
et une oblitération osseuse du canal et du sac endolymphatiques.
Enfin, le sac endolymphatique aurait un rôle immunologique.
Cependant, comme nous le verrons plus loin, la pathogénie de la CRISES VERTIGINEUSES
maladie de Ménière reste inexpliquée, même si de nombreuses Les crises vertigineuses constituent le symptôme majeur de la
hypothèses ont été avancées. maladie de Ménière, et sont généralement le motif pour lequel les

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

patients consultent un spécialiste. Elles sont éminemment variables Leur deuxième intérêt est de rapporter, tout comme la surdité, le
dans leurs modalités de survenue, leur déroulement, leur durée, leur vertige présenté par le patient à une pathologie de l’oreille interne,
intensité et leur fréquence. ce qui lui évite de s’égarer dans une autre spécialité. Leur troisième
Elles peuvent survenir à toute heure : en pleine nuit, réveillant le intérêt est d’indiquer le côté atteint.
patient, à l’occasion d’un stress, d’une fatigue ou d’une variation de L’intensité des acouphènes peut être cotée en trois degrés :
pression atmosphérique. Elles sont généralement précédées durant – degré 1 : acouphènes uniquement perceptibles dans le silence ;
15 à 60 minutes de signes précurseurs auditifs, isolés ou associés,
mais unilatéraux : apparition ou modification d’acouphènes ou – degré 2 : acouphènes perceptibles dans n’importe quel
d’une hypoacousie, sensation de plénitude ou de pression environnement mais diminuant lors d’activités mentales ;
auriculaire. Ces signes prémonitoires, véritables auras de la crise – degré 3 : acouphènes permanents et retentissant sur la vie du
vertigineuse, permettent au patient, qui a déjà eu une crise, de patient.
prendre certaines mesures de sécurité : s’asseoir, s’allonger, Cette classification, bien que subjective, permet d’apprécier le
descendre d’une hauteur, garer sa voiture, etc. Puis, survient un retentissement psychique de ces acouphènes et d’évaluer le résultat
grand vertige rotatoire, empêchant la station debout et des traitements instaurés.
s’accompagnant de signes neurovégétatifs importants : malaises,
lipothymie, sueurs, nausées, vomissements, diarrhée, céphalée. Cela Les acouphènes peuvent persister longtemps après que le vertige et
la surdité aient disparu. À long terme, ils deviennent permanents et
souligne la valeur localisatrice des signes auditifs, qui permettent
invalidants.
de rapporter à l’oreille une symptomatologie digestive, et également
de définir le côté affecté par la maladie. Il n’existe normalement pas
de perte de connaissance, même si des syncopes ont parfois été SYMPTÔMES ASSOCIÉS
rapportées.
D’autres symptômes peuvent s’associer à la triade spécifique de la
La sensation vertigineuse atteint son acmé en quelques minutes et maladie de Ménière :
dure environ 2 à 3 heures, pour s’estomper ensuite, laissant un
malade épuisé qui s’endort volontiers. Si, lors de la crise inaugurale, – les céphalées et les migraines sont parfois rapportées par les
le vertige peut durer 24 heures, il ne dépasse jamais cette durée. De patients, sans qu’il soit possible d’établir une relation pathogénique
même, il ne dure jamais moins de 1 minute. Une fois la crise passée, précise entre ces manifestations et la maladie de Ménière. Par
le patient peut soit se sentir tout à fait disponible, soit se plaindre ailleurs, il est établi qu’au cours ou entre des crises d’authentique
durant quelques jours de malaise, d’asthénie et/ou d’instabilité lors migraine basilaire peuvent survenir des symptômes
des mouvements. otoneurologiques, et tout particulièrement des vertiges rotatoires [71,
92]
, parfois même accompagnés de signes auditifs. Il paraît donc
Parfois, notamment à un stade plus tardif, la crise survient sans important d’identifier, devant tout tableau évoquant une maladie de
prodrome et peut se traduire par une sensation de tangage, de Ménière, une éventuelle migraine, susceptible de répondre à un
roulis, d’ascension, de descente ou de latéralisation. traitement adapté ;
La fréquence de ces crises vertigineuses varie considérablement d’un
– le contexte psychologique constitue pour certains un élément
patient à l’autre et chez un même patient, allant de plusieurs crises
essentiel du tableau clinique. De nombreuses publications ont
par semaine à quelques crises espacées de plusieurs mois ou années.
évoqué le rôle du stress, de la fatigue, des soucis familiaux ou
Théoriquement, cette fréquence décroît au fur et à mesure de
professionnelsl ou encore des chocs affectifs, dans la survenue des
l’évolution, bien que certains estiment qu’elle soit indépendante de
crises [77, 192] . Les patients affectés d’une maladie de Ménière
la durée de l’évolution.
présentent volontiers un profil psychologique particulier, fait
d’intelligence, de grande culture, mais aussi de méticulosité, de
SURDITÉ perfectionnisme, voire d’obsession. Certains auteurs vont même
jusqu’à faire de ce profil un élément indispensable au diagnostic [88].
La surdité fluctuante de l’oreille atteinte, qui apparaît ou s’aggrave D’autres ont pu parler de maladie psychosomatique, « d’ulcère de
lors des crises, est l’un des deux symptômes les plus fréquents de la l’oreille interne ». Andersson, cependant, au cours d’une méta-
maladie, avec le vertige. Au stade initial, elle peut même être isolée analyse, n’a pas trouvé d’élément statistiquement significatif en
et faire poser le diagnostic de surdité brusque. Elle a une valeur faveur d’un rôle précurseur du stress dans la maladie de Ménière.
localisatrice et diagnostique. La multiplication des crises est même susceptible de déclencher le
Au début de l’évolution, l’hypoacousie domine sur les fréquences stress, qui n’apparaît plus alors que comme un symptôme
graves et présente des fluctuations caractéristiques, avec retour à la secondaire [5].
normale en quelques heures ou quelques jours. Elle s’associe
souvent à une sensation d’oreille bouchée, de plénitude ou de
pression, qui cède en règle après l’attaque. Elle peut aussi Histoire naturelle
s’accompagner d’une atteinte de la discrimination, d’une intolérance
aux sons forts, d’une distorsion sonore ou d’une diplacousie, qui Imprévisible, mystérieuse et pouvant devenir bilatérale, tels sont
signent une atteinte endocochléaire. sans doute les épithètes qui paraissent le plus appropriés pour
Au cours de l’évolution, la surdité s’accentue, touche l’ensemble des définir et résumer l’histoire de la maladie de Ménière. Pareille notion
fréquences, perd ses fluctuations si caractéristiques et se stabilise doit être soulignée d’emblée, pour donner une information claire au
entre 50 et 70 dB de perte, la cophose restant exceptionnelle. patient et pour obtenir une appréciation lucide des résultats
thérapeutiques.
Tous les auteurs sont d’accord pour affirmer que, dans l’immense
ACOUPHÈNES majorité des cas, l’affection est au début unilatérale. Quatre phases
Les acouphènes dans la maladie de Ménière simulent classiquement évolutives peuvent être décrites.
un bruit de conque marine, mais ils peuvent aussi se présenter
comme des sifflements, un ronronnement ou un vrombissement.
Constants ou intermittents, non pulsatiles, ils apparaissent ou PHASE INITIALE
s’accentuent en règle dans les minutes précédant la crise La maladie s’installe en règle entre 40 et 60 ans, sur un mode le plus
vertigineuse. Ils présentent donc l’intérêt d’avertir le patient de souvent unilatéral et monosymptomatique, mais elle peut bien sûr
l’imminence de la crise, ce qui lui permet de prendre des mesures débuter par la triade complète. N’importe lequel des trois
de sécurité. symptômes majeurs peut donc inaugurer et précéder, pour une

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période indéterminée, l’apparition des deux ou trois autres. Pour CATASTROPHES OTOLITHIQUES DE TUMARKIN
certains, l’acouphène et la surdité précèdent le plus souvent le En 1936, le Britannique Tumarkin rapporta les cas de trois patients
vertige de plusieurs mois ou années, du fait du site de qui souffraient de chutes brutales sans prodromes ou « drop
développement initial de l’hydrops, à savoir le canal cochléaire [21]. attacks » [189]. Il s’agissait de sensations brutales de poussées linéaires,
Malgré tout, la maladie peut débuter par des crises de vertige sans faisant chuter le patient. Elles survenaient sans prodromes, ne
signes cochléaires. En règle, le tableau clinique est complet au bout s’accompagnaient pas de perte de connaissance, n’étaient pas
de 1 an. induites par des déplacements, et pouvaient provoquer des blessures
ou des fractures tant elles étaient brutales. Les crises de Tumarkin
sont brèves, durant moins de 1 minute. Elles surviennent souvent à
PHASE ACTIVE un stade ultime de l’affection, et chez 10 % des patients porteurs de
C’est durant cette phase que la maladie revêt sa forme la plus la maladie de Ménière [158]. Tumarkin lui-même a supposé que
typique. La triade symptomatique s’installe de façon paroxystique, l’origine de ces crises était vestibulaire. Aujourd’hui, on pense qu’en
avec des périodes de rémission complète. Cette phase peut durer raison de cette symptomatologie clinique, l’hydrops
entre 5 et 20 ans. endolymphatique se situe chez ces patients dans l’appareil
otolithique et non dans les canaux semi-circulaires, d’où le nom de
« catastrophes otolithiques ». Sur une série de 11 patients porteurs
PHASE DE DÉCLIN de cette forme clinique, Black et al ont montré qu’une récupération
Durant cette phase, l’atteinte cochléovestibulaire devient irréversible. complète était impossible avec un traitement médical seul [20]. Tous
Les crises vertigineuses perdent de leur intensité, alors que la les patients furent finalement traités chirurgicalement, soit par
fonction auditive s’altère progressivement [49, 55, 80]. Les fluctuations labyrinthectomie, soit par neurotomie. En revanche, certaines séries
disparaissent, les rémissions deviennent rares, et le patient se plaint font état d’une rémission spontanée en quelques mois [15, 85].
d’une sensation d’instabilité plus ou moins permanente. La surdité
est plate et fluctuante, et une hyporéflexie vestibulaire s’installe [80]. Examen clinique
Il diffère selon qu’il est mené durant ou entre les crises.
PHASE FINALE
La phase finale de la maladie de Ménière réalise le classique DURANT UNE CRISE
« Ménière vieilli ». Les vertiges ont disparu, mais le malade, sourd Durant une crise, l’examen clinique est limité, mais riche
sévère, bourdonne en permanence et de façon intense. La perte d’enseignements. L’interrogatoire est tout d’abord fondamental pour
auditive est une subcophose, à 60-70 dB, la réflexivité vestibulaire caractériser le syndrome et surtout localiser l’oreille atteinte, en se
est minimale, mais cophose et aréflexie sont rares. renseignant sur le côté de l’acouphène et de la surdité.
Toutefois, cette description de l’histoire naturelle de la maladie de L’otoscopie est normale. L’acoumétrie instrumentale oriente vers
Ménière n’est que schématique, et sa division en quatre phases une surdité de perception, du côté de l’acouphène. Mais surtout, le
empirique. Tout peut en effet s’observer au cours de cette maladie, médecin objective la réalité du vertige, en mettant en évidence, au
et une stabilisation ou une reprise peuvent survenir à tout moment. mieux derrière des lunettes de Bartels ou de Frenzel, un nystagmus
vestibulaire spontané. Ce nystagmus est typiquement spontané,
horizontorotatoire et atténué par la fixation oculaire, bref de type
BILATÉRALISATION périphérique. Le problème essentiel est posé par sa direction. En
Élément essentiel de l’évolution, l’atteinte bilatérale voit son effet, il a été clairement établi qu’il pouvait changer de sens au cours
pourcentage augmenter proportionnellement à la durée du suivi du de la crise [119], battant vers l’oreille affectée au tout début de la crise,
patient [125]. L’étude de la littérature permet d’observer qu’après et c’est alors un nystagmus de type « irritatif », puis battant très
2 ans d’évolution de la maladie, 15 % des cas sont bilatéraux, et rapidement après la phase initiale, au cœur de la crise, vers l’oreille
qu’après 10 ou 20 ans, ce taux s’élève à 30 voire à 60 % [98, 125, 132, 172]. saine, et c’est alors un nystagmus de type « destructif ». Un
La grande variation des incidences rapportées dans les différentes nystagmus « irritatif » peut enfin être observé en fin de crise ; il est
publications ne résulte pas seulement de durées d’observation alors appelé « nystagmus de récupération ». ce dernier serait lié à
différentes, mais aussi de critères diagnostiques différents. Sur une un phénomène d’adaptation centrale réactionnel à la sidération
série de 67 rochers autopsiés et ayant été le siège d’un hydrops vestibulaire critique. Lorsque cesse la crise apparaît une stimulation
endolymphatique, Kitahara a observé 30 % d’atteintes bilatérales [98]. apparente et paradoxale du côté opposé. Cette hypothèse, également
Il semble enfin que cette bilatéralisation soit indépendante du stade mise en avant pour le phénomène de surcompensation (cf infra),
de l’atteinte controlatérale [48, 193]. reste une hypothèse, et le mécanisme réel de la variation
directionnelle du nystagmus au cours de la crise de Ménière reste
Cette bilatéralisation, qui grève sérieusement l’avenir fonctionnel du
inexpliqué.
patient, pose un problème thérapeutique, car toute décision, et
notamment de chirurgie destructive, doit prendre en considération Deux remarques doivent être faites :
cette menace évolutive. – il est erroné d’assimiler « irritation » et « hyperexcitabilité ». Si le
premier est utilisé par opposition à destruction, le second est
synonyme d’hyperfonctionnement, ce qui reste difficile à admettre
Formes cliniques d’un organe fonctionnel en état de souffrance aiguë. La prudence
invite donc à ne plus parler, à propos de la crise de Ménière,
d’hyperexcitabilité labyrinthique ;
SYNDROME DE LERMOYEZ – dans tous les cas, le sens du nystagmus observé ne permet pas de
En 1919, Lermoyez décrivit un vertige paroxystique récidivant préjuger à lui seul du côté qui souffre.
s’accompagnant de l’amélioration d’une surdité habituelle ; c’était Après cet examen cochléovestibulaire succinct (le patient est souvent
« le vertige qui fait entendre » [113]. Ce syndrome fut étiqueté comme incapable d’effectuer les manœuvres de déviations segmentaires), le
une forme clinique de la maladie de Ménière. Lermoyez lui-même reste de l’examen clinique doit bien sûr être complet, surtout aux
prétendait qu’un spasme des vaisseaux labyrinthiques était à plans ORL et neurologique.
l’origine de la surdité et de l’acouphène, et que la levée soudaine de
ce spasme durant le vertige entraînait une amélioration de l’audition EN PÉRIODE INTERCRITIQUE
ainsi qu’une atténuation des vertiges. Il est observé chez environ L’examen ORL et neurologique est classiquement négatif en période
1 % des patients porteurs d’une maladie de Ménière, et n’est peut- intercritique. Tout élément déficitaire observé doit orienter vers une
être qu’une variante chronologique et temporaire de l’affection [187]. autre cause que la maladie de Ménière. Dans les formes évoluées de

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

la maladie, il est cependant classique de provoquer l’apparition d’un


nystagmus lorsque l’on crée une hyperpression dans le méat
acoustique externe (au doigt ou au spéculum pneumatique). C’est le
signe d’Hennebert ou « signe de la fistule sans fistule », qui serait lié
à une fibrose intralabyrinthique solidarisant la base du stapes aux
structures vestibulaires [158]. Il s’observerait dans près d’un tiers de
ces formes évoluées, notamment lors des variations brutales de
pression : mouchages, éternuements, vibrations fortes, etc.

Examens paracliniques
Toute suspicion de maladie de Ménière doit faire l’objet d’un bilan
cochléovestibulaire, radiologique et biologique, dans le dessein
d’étayer le diagnostic et d’éliminer une autre pathologie possible.

BILAN COCHLÉOVESTIBULAIRE
La maladie de Ménière provoque une surdité de perception
endocochléaire caractéristique, tout du moins dans les premiers 2 Même patient que figure 1 au décours de la crise : la courbe audiométrique et la vo-
cale s’améliorent.
temps, et un déficit tardif de la réflexivité vestibulaire. Actuellement,
le bilan initial doit comporter au minimum une audiométrie tonale,
une audiométrie vocale, une impédancemétrie, un examen calorique
et un test osmotique.

¶ Audiométrie tonale
Cet examen objective deux des caractéristiques essentielles de la
surdité de perception du Ménière : son aspect ascendant ou plat et
son évolution fluctuante.
Des études ayant porté sur de grandes séries de patients ont montré
que cette surdité était de type ascendant, affectant les fréquences
graves jusqu’à 1 kHz d’environ 30 à 50 dB, en période critique (fig 1).
Au stade précoce de la maladie et durant de nombreuses années,
l’audition s’améliore, voire se normalise en période intercritique
(fig 2). À un stade avancé, les fréquences aiguës sont elles aussi
affectées, la ligne audiométrique se stabilisant entre 40 et 60 dB de
perte sur toutes les fréquences ; puis la surdité perd son caractère
réversible (fig 3). On n’observe toutefois qu’exceptionnellement une
cophose.
Quatre faits doivent être signalés :
3 Aspect audiométrique à un stade avancé de la maladie. On observe une subcophose
– le caractère ascendant et fluctuant de la courbe audiométrique est avec vocale effondrée.
très évocateur d’hydrops endolymphatique. Il n’est cependant pas
pathognomonique de la maladie de Ménière ; – un Rinne de 10 à 15 dB peut être observé sur les fréquences
– les fluctuations du début de l’affection sont au mieux objectivées graves. Il serait dû à une distorsion harmonique déplaçant vers la
par le test osmotique que nous reverrons plus loin ; base de la cochlée la zone de résonance ;
– une chute sur les fréquences aiguës peut parfois être observée,
dont la signification n’est pas connue.

¶ Impédancemétrie
L’impédancemétrie permet, par la détermination du réflexe
stapédien (RS), de préciser la nature endocochléaire de la surdité, en
objectivant un autre élément très caractéristique de l’affection : le
recrutement. Aucune autre pathologie cochléaire n’est capable de
s’accompagner d’un phénomène aussi intense. Ainsi, les seuils des
RS restent normaux, quelle que soit l’intensité de la surdité, celle-ci
ne dépassant jamais 60 à 70 dB. Ce recrutement est également bien
objectivé par les potentiels évoqués auditifs (PEA), mais ceux-ci sont
d’obtention moins facile et moins rapide que l’impédancemétrie.

¶ Audiométrie vocale
Elle montre une discordance souvent marquée avec les scores en
audiométrie tonale. Exprimée en décibels d’intelligibilité, en
pourcentage de discrimination ou par le simple aspect de la courbe,
1 Aspect typique de l’hypoacousie lors d’une crise de Ménière ; la surdité est de type elle révèle en effet de plus mauvaises performances que
perceptif ou mixte, prédominante sur les fréquences graves, ce qui confère à la courbe l’audiométrie tonale, ce qui explique les faibles possibilités
audiométrique un aspect ascendant. Le tympanogramme est normal, la vocale effon- d’appareillage de ces patients (fig 1). Elle fluctue elle aussi avec
drée. l’évolution de la maladie (fig 2), mais assez rapidement dans

5
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

4 La crise de Ménière s’accompagne générale-


ment d’une hyporéflexie vestibulaire (A), rare-
ment d’une aréflexie (B). En période intercriti-
que, l’épreuve calorique calibrée est normale (C).

*
A *
B *
C

déséquilibre, le noyau vestibulaire central controlatéral au côté


5 Aspect typique de la fonction vestibu-
atteint freine son activité spontanée ; lorsque cesse la période de
laire à un stade avancé de la maladie. Il
existe une hyporéflexie du côté atteint. souffrance du labyrinthe malade, l’activité du noyau vestibulaire
homolatéral se rétablit. C’est alors le côté sain qui paraît
hypoexcitable, expliquant la prépondérance paradoxale.
Il a été démontré au sein de canaux semi-circulaires postérieurs de
grenouilles, que les récepteurs ampullaires étaient inhibés par une
augmentation de la pression hydrostatique, peut-être à cause d’une
modification du largage des neurotransmetteurs au niveau du pôle
synaptique des cellules ciliées [196].
L’épreuve rotatoire est plus rarement pratiquée. En période
intercritique, elle ne semble normale que dans 15 % des cas. Une
asymétrie des réponses est retrouvée dans près d’un cas sur deux [39].
Un recrutement vestibulaire n’a pas été objectivé, après des épreuves
rotatoires chez des patients atteints de maladie de Ménière [56].
¶ Test au glycérol
En 1966, Klockhoff, en adaptant un test de dépistage du
glaucome [101], constata que la prise de glycérol, un puissant agent
l’évolution, la courbe vocale n’atteint plus les 100 % de osmotique, pouvait temporairement soulager un hydrops
discrimination, et présente souvent un aspect en dôme ou en cloche endolymphatique, et donc induire une amélioration temporaire de
(fig 3). La raison de ce phénomène pourrait être une atteinte élective la fonction des cellules ciliées externes (cf infra) et du seuil auditif.
du ganglion spiral, secondaire à une dégénérescence nerveuse Les tests osmotiques ont ainsi acquis un grand intérêt diagnostique,
rétrograde [171]. car ils constituent le seul moyen disponible permettant d’objectiver
l’hydrops endolymphatique. Ils ont par ailleurs une valeur
¶ Épreuves vestibulaires pronostique, car leur positivité témoigne du stade encore a priori
réversible de l’affection, et une valeur thérapeutique, car ils
Pratiquées en dehors de tout traitement vertigineux ou sédatif, elles constituent une aide dans le choix du traitement. Cependant, un
restent dominées par l’épreuve calorique calibrée. Cet examen résultat négatif n’écarte pas la maladie de Ménière [70].
fournit, en effet, et de façon concordante dans la littérature, des
informations quant à la réflexivité et à la prépondérance Principe
directionnelle. Nous n’évoquerons ici que les résultats des épreuves Le principe de ces tests repose sur l’induction d’un gradient entre
effectuées en période intercritique. les compartiments vasculaire et labyrinthique, par la rapide et
La fonction vestibulaire reste longtemps subnormale, et se transitoire élévation de l’osmolalité sanguine que provoque
caractérise par une grande variabilité des réponses aux épreuves, l’ingestion ou l’injection d’une substance à fort pouvoir osmotique.
sans parallélisme avec les réponses auditives (fig 4). Elle se détériore Ce gradient entraîne un déplacement d’eau hors de l’oreille interne,
cependant au fil du temps, et dans 50 à 70 % des cas s’installe une qui soulage l’hyperpression intralabyrinthique et, par là, améliore la
hyporéflectivité du côté atteint [89] (fig 5). Finalement, l’hyporéflexie transduction mécanoélectrique au sein de l’oreille interne, donc
se stabilise à la moitié ou au tiers de sa valeur initiale. L’aréflexie, améliore la fonction auditive ou vestibulaire. Cette amélioration est
comme la cophose, est, en principe, exceptionnelle (5 à 10 % des cas objectivée par des tests fonctionnels, réalisés avant et après le test.
à la phase terminale) et impose, si elle est retrouvée à plusieurs Le fait que la soustraction chirurgicale d’endolymphe puisse
examens successifs, de toujours chercher une autre étiologie, détériorer l’audition, tandis que l’administration de glycérol
tumorale notamment. l’améliore, pourrait signifier que le déplacement liquidien induit par
La prépondérance directionnelle, contrairement à l’hyporéflectivité, le test osmotique concerne la périlymphe plutôt que l’endolymphe,
n’a pas de valeur localisatrice, car elle peut être dirigée vers l’oreille et que la baisse de pression périlymphatique serait instantanément
saine ou l’oreille atteinte. En revanche, elle révèle parfois le transmise à l’endolymphe [187].
phénomène de surcompensation, caractérisé par une prépondérance Cependant, l’hypothèse d’un simple effet osmotique direct ne suffit
directionnelle du côté de l’oreille atteinte, alors qu’elle est pas à expliquer les différences observées entre les divers produits
normalement dirigée du côté sain. Un tel signe s’observe au décours utilisés. D’autres mécanismes, tels qu’une augmentation du débit
d’une période de crises vertigineuses de quelques jours ou semaines, sanguin cochléaire [109] ou un effet hémodynamique direct de la
et s’explique par un mécanisme central : pour atténuer le pression artérielle [28], ont été évoqués.

6
Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

Technique rétrocochléaire pouvant simuler cliniquement une maladie de


Ménière, et ils montrent le recrutement si spécifique de cette
Le produit le plus couramment utilisé est le glycérol. Celui-ci est
affection.
administré per os, à jeun, au repos strict, à raison de 1,5 g/kg de
poids, mélangé à un volume égal de sérum salé isotonique et à
Otoémissions acoustiques
quelques gouttes de jus de citron, si le goût ne plaît pas au patient.
Outre ses effets sur l’audition, il peut provoquer une céphalée (par Elles montreraient, par leur absence, la souffrance des cellules ciliées
hypotension du liquide céphalorachidien) ou des vomissements. externes, et seraient susceptibles de réapparaître sous test osmotique.
L’urée est parfois utilisée, per os, à raison de 20 g mélangés à 200 mL
de jus de fruit. Le mannitol peut être utilisé, par voie veineuse, avec Autres tests peu usités
semble-t-il d’excellents résultats. Citons enfin quelques tests peu usités, soit du fait de leur manque
Juste avant le test et dans les deux ou trois premières heures qui de spécificité, soit du fait de leur complexité :
suivent l’ingestion du produit sont effectués des examens
audiométriques. – étude des courbes d’accord psychoacoustiques.
La déformation imposée à la membrane basilaire par l’hydrops se
Résultats traduit par une perte de sélectivité et une perte du pouvoir
masquant, ce qu’explorent les courbes d’accord [42]. Cette épreuve
L’audiométrie tonale est la plus couramment pratiquée. Le critère de reste du domaine de quelques laboratoires seulement ;
positivité communément admis est une amélioration des seuils
tonaux de 10 dB au moins sur deux des trois fréquences 500, 1 000 – test à l’acétazolamide.
et 2 000 Hz. Il consiste à pratiquer une audiométrie tonale juste avant et
45 minutes après administration intraveineuse en 1 minute de
L’audiométrie vocale est considérée comme plus sensible que 500 mg d’acétazolamide. Cette substance est un inhibiteur de
l’audiométrie tonale. Une amélioration de la discrimination de 10 % l’anhydrase carbonique contenue en grandes quantités dans l’oreille
est considérée comme significative. interne. Son mécanisme reste mal expliqué. Il pourrait entraîner une
Le test au glycérol est positif dans environ 60 % des cas de maladie chute transitoire de l’osmolalité sanguine. Ce test est considéré
de Ménière, en ce qui concerne l’audiométrie. En fait, cette positivité comme positif s’il existe une aggravation des seuils d’au moins
dépend du stade de l’affection. En raison du caractère fluctuant de 10 dB. D’une grande sensibilité, provoquant une aggravation et non
l’audition, on conçoit en effet qu’il puisse être négatif en dehors une amélioration auditive, il pourrait permettre de prédire la
d’une crise. Certains auteurs ont proposé de le sensibiliser par une bilatéralisation en présence d’une oreille controlatérale
surcharge sodée dans les jours qui précèdent, ce qui aggrave apparemment saine ;
momentanément l’audition [10]. Les tests à l’urée et au mannitol
semblent globalement moins sensibles que le test au glycérol. De – test vestibulaire au furosémide.
plus, la prise de ces produits peut, dans certains cas, entraîner non Curieusement, les substances osmotiques déjà mentionnées n’ont
pas une amélioration, mais une aggravation. pas d’effet sur le vestibule [7]. Le furosémide, en revanche, paraît
susceptible de modifier la fonction vestibulaire chez les patients
L’électrocochléographie par électrode transtympanique est une porteurs d’une maladie de Ménière [57, 58]. Le test consiste à pratiquer
méthode d’enregistrement de potentiels évoqués auditifs très une épreuve calorique froide (50 mL à 30 °C) avant et 1 heure après
précoces, c’est-à-dire une latence maximale de 2 ms. L’origine de l’administration intraveineuse de 20 mg. Il est positif s’il existe un
ces potentiels se situe dans la cochlée ou dans le nerf cochléaire. Le accroissement de la vitesse maximale du nystagmus supérieur à
potentiel électrocochléographique est constitué de trois éléments : les 9,4 %. Il serait positif dans 80 % des maladies de Ménière typiques,
potentiels microphoniques, qui seront éliminés ; les potentiels de et pourrait être positif au stade de surdité stable, alors que le test au
sommation, qui reflètent le déplacement statique de la membrane glycérol n’est plus positif. En raison d’effets secondaires gênants
basilaire ; et les potentiels d’action nerveux, qui proviennent de (céphalée, diarrhée, vomissements, diurèse augmentée), les
l’origine du nerf cochléaire. L’amplitude des potentiels de diurétiques osmotiques (glycérol, furosémide, etc) ne sont pas
sommation est augmentée en valeur absolue dans la maladie de utilisés couramment. De plus, le diabète, la déshydratation,
Ménière par rapport à celle des sujets normaux. Cette augmentation l’insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique sont des contre-
est corrélée à la distension de la membrane basilaire vers la rampe indications à leur emploi ;
tympanique. Eggermont a mis au point une méthode d’évaluation
de ces potentiels, en calculant le rapport des amplitudes des – l’enceinte hypobare.
potentiels de sommation sur celles de potentiels d’action (PS/PA). En 1975, Densert [42] rapporta que l’hypoacousie de trois patients en
Si ce ratio est supérieur à 0,35, un hydrops endolymphatique peut crise de Ménière avait été améliorée par des séjours de 30 à
être affirmé [47]. Sous l’action du glycérol d’ailleurs, l’amplitude des 129 minutes, à -300, -900 mm d’eau, dans une enceinte hypobare.
PS diminue (traduisant sans doute la diminution de la distension de L’auteur supposa que la crise de Ménière était due à une obstruction
la membrane basilaire), tandis que celle des PA augmente (traduisant partielle ou totale, mais temporaire, du canal endolymphatique, par
l’amélioration de l’audition). L’électrocochléographie, qui montrerait une stase veineuse. Dès lors, si l’organisme était exposé à une baisse
une augmentation du rapport PS/PA dans 80 % des cas, apparaît de la pression ambiante, il se pourrait que les vaisseaux de l’oreille
donc actuellement comme la meilleure méthode pour objectiver un interne se décongestionnent, comme ceux de l’oreille moyenne, et
hydrops endolymphatique [40]. Cependant, un test négatif ne permet que l’hypertension endolymphatique soit ainsi neutralisée.
pas d’écarter formellement un hydrops, car une diminution de ce Plus récemment, Kitahara et al ont décrit un test diagnostique de la
dernier peut s’être produite avant le test [70]. Par ailleurs, la technique maladie de Ménière [100]. Les patients supposés atteints sont placés
demande à être codifiée, et il existe encore des problèmes pour dans une enceinte hypobare, d’abord à une pression ambiante de
obtenir des enregistrements stables et reproductibles [83]. -500 mm d’eau puis, après 5 minutes, à -700 mm d’eau. La pression
est maintenue à ce niveau durant 5 autres minutes, puis ramenée à
Certains auteurs pensent que le test au glycérol permet de repérer
0 mm d’eau. Cette procédure est effectuée trois fois de suite. Il est
les patients ayant une maladie de Ménière au stade précoce, et
demandé aux patients de n’effectuer des manœuvres d’équilibration
utilisent ce test comme un indicateur de la réponse au traitement [83].
des oreilles moyennes que lorsque la pression est à 0 mm d’eau. Un
gain de 10 dB sur au moins deux des fréquences 250, 500 et 1 000 Hz
¶ Autres tests cochléaires
est considéré comme un effet positif du test. L’audition ne fut
améliorée que chez les patients porteurs d’une maladie de Ménière
Potentiels évoqués auditifs
(50 %) et/ou d’une forme cochléaire pure de la maladie (32 %). Pour
À défaut d’imagerie par résonance magnétique (IRM), leur intérêt les auteurs, un résultat estimé positif à ce test signe une maladie de
est double : ils permettent d’éliminer un processus tumoral Ménière. En revanche, ils ne parviennent pas à expliquer pourquoi

7
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

une diminution de la pression ambiante peut améliorer l’audition Diagnostics différentiels


de patients atteints d’une maladie de Ménière ;
– autres tests. Le problème du diagnostic différentiel se pose essentiellement
Le test de Fowler, le SISI test, le Bekesy, le Tone Decay Test, lorsque la triade clinique n’est pas complète.
confirment la nature endocochléaire de l’affection, mais ils ne sont
plus pratiqués. SYNDROME COCHLÉAIRE ISOLÉ
Devant un syndrome cochléaire isolé, il faut éliminer :
IMAGERIE – une forme cochléaire pure de la maladie, encore appelée surdité
L’imagerie a, dans le cadre de la maladie de Ménière, un double fluctuante.
but : L’individualisation d’une forme cochléaire pure de Ménière est
discutée par de nombreux auteurs (AAO-HNS), au motif qu’il n’est
– éliminer une affection susceptible d’emprunter la nullement démontré que le substratum physiopathologique en soit
symptomatologie méniérique : neurinome de l’acoustique, un hydrops endolymphatique. Mieux vaut donc parler de « surdité
méningiome de l’angle pontocérébelleux, malformation congénitale fluctuante, en attendant l’éventuelle survenue de crises vertigineuses
de l’oreille interne (syndrome de Mondini), malformation de la associées, pour pouvoir évoquer une maladie de Ménière. Cette
colonne cervicale ou de la charnière occipitoatloïdienne ; maladie peut en effet évoluer de nombreuses années sur un mode
– tenter de mettre en évidence des variations anatomiques de monosymptomatique ;
l’oreille interne, susceptibles de favoriser le développement de la – une surdité brusque.
maladie. Les surdités brusques, lorsqu’elles sont réversibles en quelques
Les progrès de l’imagerie médicale, et notamment l’avènement du heures ou jours, peuvent faire évoquer le diagnostic de maladie de
scanner, ont permis de corroborer les constatations histologiques Ménière débutante. C’est seulement la surveillance à long terme, en
d’une petite taille de l’aqueduc du vestibule, et d’une diminution de montrant l’absence ou au contraire la survenue de récidives, qui
la pneumatisation mastoïdienne périaqueducale chez les patients permet de poser le diagnostic exact ;
atteints d’une maladie de Ménière [148, 149] . Ainsi, des coupes – une labyrinthite séreuse.
scanographiques de l’os pétreux ont montré une hypoplasie de la Une atteinte inflammatoire, aiguë ou chronique, de l’oreille
région rétrolabyrinthique [194], et de l’aqueduc du vestibule [176], chez moyenne, peut engendrer un hydrops réactionnel [131] . Il est
des patients atteints. Toutefois, d’autres travaux, fondés sur des d’ailleurs très courant de noter une sensation de plénitude de
scanners des rochers, n’ont pas permis de porter des conclusions l’oreille et de léger déséquilibre, ainsi qu’une courbe ascendante de
définitives quant aux caractéristiques de l’aqueduc du vestibule, car la CO, sur l’audiogramme d’otites séreuses. Le diagnostic repose sur
le diamètre du canal endolymphatique n’est pas strictement corrélé l’otoscopie et le contexte clinique ;
à celui de l’aqueduc.
– une syphilis labyrinthique.
Plus récemment, les études d’imagerie par résonance magnétique
La syphilis dans sa phase tertiaire se traduit histologiquement par
(IRM) ont semblé montrer que l’aqueduc du vestibule était
une atteinte inflammatoire du labyrinthe membraneux, avec
significativement moins souvent visualisé chez les patients porteurs
hydrops, évoluant secondairement vers la fibrose. Le diagnostic
de la maladie de Ménière que chez des sujets témoins [151, 177, 191].
repose sur les antécédents, les classiques signes associés, le signe
Nous reverrons plus loin que le calibre de l’aqueduc du vestibule
d’Hennebert (signe de la fistule sans fistule), particulièrement net ici
semble jouer un rôle prépondérant dans la genèse de la maladie.
du fait de la fibrose, et surtout les réactions sérologiques ;
L’IRM a également montré que la distance entre la partie verticale
du canal semi-circulaire postérieur et la fosse cérébrale postérieure – un syndrome de Cogan ou une autre maladie auto-immune.
était représentative de la taille du sac endolymphatique d’une part, Le syndrome de Cogan est une entité rare, qui associe, aux signes
et que cette distance était significativement inférieure, chez les labyrinthiques, une kératite et des signes de vascularite diffuse. Son
patients porteurs d’une maladie de Ménière, à celle mesurée chez diagnostic, confié à des spécialistes de médecine interne, repose sur
les patients indemnes, d’autre part [118]. Cependant, les mêmes des stigmates généraux suggérant un désordre immunitaire, et sur
auteurs n’ont pas observé de différence significative entre une oreille un bilan explorant la fonction immunitaire. Le diagnostic, rarement
affectée et une oreille non affectée, chez une même personne. Ils posé, appelle un traitement associant, à des degrés divers,
évoquent pour finir une anomalie anatomique congénitale. corticothérapie, immunodépresseurs, voire plasmaphérèse. La
Il faut donc se méfier de possibles variations interindividuelles et lourdeur de ces traitements impose de ne poser ce diagnostic
du manque d’études comparatives, en raison du défaut de qu’avec la plus extrême prudence.
codification des techniques d’imagerie utilisées. La non-visualisation
radiologique de l’aqueduc du vestibule ne doit pas être considérée SYNDROME VESTIBULAIRE ISOLÉ
comme étant significative de son atteinte fonctionnelle. L’imagerie Devant un syndrome vestibulaire isolé, il faut éliminer :
sert, pour certains, uniquement à éliminer d’autres pathologies, et
– une forme vestibulaire pure de la maladie.
notamment un neurinome vestibulaire [70].
Il faut attendre la survenue de signes cochléaires, durant des années
et après avoir éliminé tous les diagnostics différentiels possibles,
BILAN BIOLOGIQUE avant de pouvoir poser ce diagnostic ;
Toute suspicion de maladie de Ménière impose un bilan biologique, – une névrite vestibulaire.
à la recherche d’une anomalie causale ou intercurrente, dont la La névrite vestibulaire se différencie de la maladie de Ménière par
correction est, théoriquement, susceptible d’améliorer l’allure l’absence de symptômes cochléaires associés, l’unicité de la crise
évolutive de l’affection. vertigineuse, sa durée, qui dépasse en règle quelques heures pour
Sont ainsi demandés : un ionogramme sanguin, une glycémie à jeun durer quelques jours, l’hypo- ou l’aréflexie unilatérale souvent
et, au moindre doute, une hyperglycémie provoquée orale, une définitive aux épreuves vestibulaires, et par le phénomène de
osmolalité sanguine, un bilan lipidique, une sérologie de la syphilis. compensation centrale, qui s’installe en quelques jours à quelques
D’autres examens ont parfois été recommandés : dosage des semaines ;
hormones thyroïdiennes, tests immunitaires (recherche d’anticorps – un vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB).
antinucléaires, électrophorèse des protéines sériques, bilan Le VPPB se caractérise par des épisodes vertigineux brefs, de l’ordre
inflammatoire, étude du système human leucocyte antigen [HLA]). de quelques secondes, apparaissant à certains mouvements
Toutefois, comme nous le verrons plus loin, l’hypothèse d’une céphaliques. Ils sont reproductibles par la manœuvre de Dix et
affection auto-immune n’a pour l’instant pas pu être prouvée. Hallpike ;

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

– un vertige d’origine centrale. Le canal endolymphatique naît de l’union de deux fins canalicules,
Trois affections peuvent s’accompagner de manifestations qui se détachent des parois médiales de l’utricule et du saccule. Ce
vertigineuses pouvant évoquer une origine périphérique : la sclérose canal s’engage dans l’aqueduc du vestibule et se termine sous la
en plaques et le syndrome de Wallenberg, authentifiés par l’IRM et dure-mère de l’angle pontocérebélleux, au niveau de la fossette
l’insuffisance vertébrobasilaire. unguéale, par un renflement, le sac endolymphatique. L’importance
de la vascularisation de cette région est probablement due à de
possibles et nombreux échanges liquidiens.
SIGNES VESTIBULAIRES ET COCHLÉAIRES
Devant des signes vestibulaires et cochléaires, on élimine :
ÉTUDES HISTOPATHOLOGIQUES HUMAINES
– une labyrinthite, ou encore une surdité brusque avec atteinte
labyrinthique.
¶ Hydrops endolymphatique
Elle se caractérise par la baisse, brutale et unilatérale, de l’audition
et de la fonction vestibulaire, associée à un acouphène homolatéral. Le premier pas vers la compréhension de la pathologie de la maladie
Contrairement à la maladie de Ménière, la symptomatologie dure de Ménière fut la constatation histologique d’un hydrops
plusieurs jours et la récupération est aléatoire, comme pour la endolymphatique par Hallpike et Cairns [67] en 1938. Ces auteurs
surdité brutale et la névrite vestibulaire ; décrivirent, sur des rochers de patients décédés des suites de
– un neurinome de l’acoustique. neurectomies vestibulaires, l’existence d’une distension du
Dans sa forme classique, intracanalaire puis pontocérébelleuse, le labyrinthe membraneux, que les auteurs anglais appelèrent
neurinome de l’acoustique est diagnostiqué par l’IRM, demandée « hydrops endolymphatique ». Rauch, en 1989, constata, lors d’une
en raison de l’absence de récupération après la première crise. En étude en double aveugle portant sur l’histoire clinique et sur l’étude
revanche, dans son exceptionnelle variante à point de départ histopathologique de l’os temporal chez 119 patients, que les
intralabyrinthique, il peut simuler longtemps une maladie de 13 patients ayant présenté une maladie de Ménière clinique étaient
Ménière [187]. Ce n’est souvent qu’après plusieurs années que le porteurs d’un hydrops endolymphatique ; en revanche, six des
diagnostic est posé, devant l’apparition de symptômes atypiques, 106 patients témoins, qui n’avaient pas présenté de symptomatologie
avec notamment extériorisation tumorale dans l’oreille moyenne, clinique, étaient eux aussi porteurs d’un hydrops endo-
voire externe. Ce diagnostic doit donc être présent à l’esprit devant lymphatique [143]. Ces constatations placent l’hydrops au cœur de la
toute maladie de Ménière comportant des éléments atypiques, pathogénie.
aréflexie vestibulaire et cophose notamment ; Cet hydrops est constamment observé dans le canal cochléaire, où il
– une fistule labyrinthique. se traduit par une déformation de la membrane vestibulaire, qui,
D’origine traumatique (traumatisme crânien, barotraumatisme) ou selon le stade de l’affection, peut être localisée ou généralisée [8]. Il
iatrogène (chirurgie otologique), la fistule labyrinthique se traduit débute pratiquement toujours à l’apex puis s’étend au reste de la
par des sensations vertigineuses fugaces déclenchées par l’effort, et cochlée. La membrane vestibulaire se distend progressivement et,
associées à une baisse de l’audition progressive par paliers. Un tel dans les stades évolués, peut combler la totalité de la rampe
tableau prête rarement à confusion avec une maladie de Ménière. vestibulaire et s’engager au travers de l’hélicotréma dans la rampe
Pourtant, il a été signalé que des fistules périlymphatiques de la tympanique. À la base, le cæcum vestibulaire du canal cochléaire
fenêtre cochléaire pouvaient revêtir toutes les caractéristiques distendu saillit dans le vestibule. L’importance de l’hydrops semble
cliniques de la maladie de Ménière, et que seule l’exploration corrélée à celle de la surdité : au-dessous de 70 dB de perte, il reste
chirurgicale pouvait les identifier et les traiter ; modéré et prédomine à l’apex, ce qui rend probablement compte de
l’atteinte initiale des fréquences graves ; au-dessus de 70 dB de perte,
– l’ototoxicité médicamenteuse. il apparaît important et prédomine à la base [8].
De nombreuses spécialités pharmacologiques sont susceptibles de
L’hydrops est également retrouvé dans le saccule. Ce dernier, une
léser l’oreille interne (antibiotiques tels les aminosides, par
fois dilaté, vient au contact de l’utricule, des canaux semi-circulaires
exemple) [14]. D’autres possèdent un effet inhibiteur sur le labyrinthe,
et de la base du stapes (platine de l’étrier), sur laquelle il se moule
tels les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les antiépileptiques et
dans près de 60 % des cas [131], et avec laquelle il développe parfois
les sédatifs [21]. L’interrogatoire, qui doit être policier, révèle une
des adhérences, dont nous reverrons plus loin les incidences
relation entre la prise du médicament et l’apparition des symptômes.
cliniques.
La crise dure par ailleurs plus longtemps qu’une crise de Ménière.
L’utricule et les canaux semi-circulaires sont touchés de façon
inconstante par le processus hydropique [8, 76]. Peut-être est-ce dû à
Physiopathologie la valvule utriculo-endolymphatique qui protège longtemps la pars
superior de l’hydrops né en aval [159].
La physiopathologie de la maladie de Ménière est encore imprécise,
en dépit de nombreux travaux expérimentaux qu’il n’est pas ¶ Ruptures, fistules et collapsus
possible de rapporter ici de façon exhaustive. Nous nous limiterons
à n’exposer que les plus marquants d’entre eux, en différenciant les Des ruptures du labyrinthe membraneux ont été notées selon des
études histopathologiques humaines (d’après autopsie) et les fréquences variables, en toutes parts du labyrinthe, à l’exception de
modèles expérimentaux. Mais auparavant, un bref rappel l’utricule et du saccule [158]. Antoli-Candela en a distingué deux
anatomique s’impose. types [8] :
– le type I n’est observé que dans le labyrinthe cochléaire et la partie
RAPPEL ANATOMIQUE inférieure du labyrinthe postérieur, c’est-à-dire là où les parois
membraneuses sont les plus fines, et donc les plus susceptibles
L’aqueduc du vestibule est un canal osseux très étroit (0,5 mm de
d’artefacts de préparation histologique. Les berges n’en paraissent
diamètre sur la plus grande partie de son trajet), qui s’étend du
en effet pas remaniées, et ne présentent pas d’altération des
vestibule à la cavité crânienne. Il débute sur la paroi médiale du
structures neurosensorielles de voisinage ;
vestibule, à l’extrémité supérieure de la gouttière sulciforme, au-
dessous et en avant de l’orifice non ampullaire des canaux semi- – le type II, en revanche, paraît correspondre à des ruptures vraies
circulaires supérieur et postérieur. De là, il se dirige en arrière, ante mortem, survenant au point de distension maximum, et
médialement et en bas, en décrivant une courbe à concavité caractérisées sur leurs berges par des signes d’atrophie ou plus
inférolatérale, pour aller s’ouvrir sur la paroi postérosupérieure du volontiers de cicatrisation hypertrophique. Parfois, le defect est
rocher, au niveau de la fossette unguéale, 1 cm environ en arrière du obturé par un fin voile unicellulaire. Ailleurs, ce type de rupture
pore du méat acoustique interne. conduit à une fistule organisée et permanente entre espaces endo- et

9
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

périlymphatiques, voire entre structures endolymphatiques elles- En 1982, Kodama et Sando [103] ont étudié la morphologie de
mêmes, avec fréquemment un collapsus des parois ou structures l’aqueduc du vestibule et du sac endolymphatique, sur 79 rochers
voisines. humains, sans maladie de Ménière préalablement connue. Ils
Cependant, ces ruptures n’ont pas été retrouvées par tous les observèrent 17 hypoplasies de ces deux structures (21,5 %),
auteurs [54, 131], ce qui remet en question cette théorie et fournit un 38 normoplasies (48,1 %) et 24 hyperplasies (30,4 %). En 1984, Sando
argument de poids contre la théorie de l’intoxication potassique, que et Ikeda [149] étudièrent les rochers de 27 sujets porteurs d’une
nous reverrons plus loin. maladie de Ménière ; 16 d’entre eux étaient hypoplasiques, soit
59,3 %. Comme nous l’avons déjà signalé dans le chapitre traitant
¶ Lésions fibreuses de l’imagerie, des coupes scanographiques du rocher ont montré
une hypoplasie de la région rétrolabyrinthique chez les patients
Dans de nombreux cas, une prolifération de tissu fibreux est
porteurs d’une maladie de Ménière [194]. En 1997, Takeda et al ont
observée à l’intérieur du labyrinthe, entre membrane vestibulaire et
montré, par le biais de mesures scanographiques, que les patients
endoste cochléaire de la rampe vestibulaire, ou entre membranes
porteurs d’une maladie de Ménière présentaient un aqueduc du
vestibulaires et parois du vestibule osseux. Des bandes fibreuses
vestibule hypoplasique et avec un orifice externe étroit [176]. Depuis
cloisonnent ainsi la cavité labyrinthique, amarrant notamment la
quelques années, l’IRM, qui a permis de visualiser le canal et le sac
base du stapes aux structures vestibulaires profondes [158].
endolymphatiques, a montré qu’ils étaient moins souvent visualisés
¶ Organes sensoriels chez les patients présentant une maladie de Ménière que chez les
sujets indemnes [151, 177, 191]. Cette constatation radiologique a même
L’organe spiral (ou de Corti) et les ampoules et macules vestibulaires été confirmée après exploration chirurgicale, dans une série de
ne présentent pas de lésions significatives. Les altérations observées 41 patients [102].
à leur niveau paraissent indépendantes du processus méniérique, et Cependant, toutes ces lésions ne sont ni constantes, ni spécifiques [54,
plutôt en rapport avec l’âge [3, 106]. 131]
. La « fibrose périsacculaire » observée pourrait ne résulter que
Dans l’organe de Corti peuvent être observées une perte de cellules des techniques de coupe employées (cf infra).
ciliées, une atrophie des cellules de soutien, une distension ou une
atrophie de la membrane tectoriale. Ces diverses lésions ¶ Lésions vasculaires
prédominent à l’apex, et s’accompagnent parfois d’une perte des
neurones correspondants. Le ganglion spiral ne présente pas Outre l’ischémie périsacculaire déjà signalée, l’absence congénitale
d’anomalies notables. Dans le vestibule, les crêtes sont refoulées par de la veine satellite de l’aqueduc du vestibule a été rapportée,
les parois vestibulaires distendues, ce qui en altère le mouvement associée au développement d’une circulation de drainage
[144]
. Les macules otolithiques utriculaires et sacculaires sont parfois collatérale [65, 66]. Or, ce système veineux assure le drainage de la
disloquées, mais il est très rare d’observer une atteinte des fibres partie non sensorielle du vestibule et tout particulièrement des
nerveuses vestibulaires [187]. cellules sombres, qui contrôlent la sécrétion de l’endolymphe (le
reste du système cochléovestibulaire étant drainé par la veine
¶ Strie vasculaire et tissus sécrétoires cochléaire inférieure, satellite de l’aqueduc cochléaire).

Bien que dans leur description princeps, Hallpike et Cairns aient


signalé une dégénérescence de la strie vasculaire, celle-ci n’a pas été MODÈLES EXPÉRIMENTAUX
confirmée dans les travaux ultérieurs. Les zones d’atrophie Sur ces bases histopathologiques, de nombreuses études se sont
éventuellement observées paraissent, comme pour les structures proposées de développer un modèle animal d’hydrops
sensorielles, pouvoir s’expliquer par un banal processus de endolymphatique (HE) et d’en étudier les aspects histologiques,
vieillissement [ 1 5 8 ] . En revanche, des formations papillaires biochimiques, électrophysiologiques et thérapeutiques.
choroïdiennes ont été décrites dans le ductus reuniens [158]. De telles Portmann, dès 1921, a observé des anomalies du comportement
structures sont caractéristiques des tissus engagés dans les natatoire, chez des élasmobranches chez lesquels il avait cautérisé le
phénomènes de transport et de production liquidiens. canal et le sac endolymphatique. Il en a conclu que le sac
endolymphatique jouait un rôle dans l’homéostasie des liquides
¶ Sac endolymphatique
labyrinthiques, et que son atteinte pouvait entraîner un HE [140].
De très nombreux travaux histologiques lui ont été consacrés, dans À partir de ces travaux historiques, Naito réussit en 1950 à induire
la mesure où il apparaît comme le site électif de réabsorption de un HE chez le cobaye, par l’oblitération directe du sac et du canal
l’endolymphe. Les auteurs ayant travaillé sur ce sujet se sont endolymphatiques [127]. Cette expérience fut reproduite avec le même
attachés à décrire les modifications, soit du sac lui-même, soit de succès par Kimura en 1965 chez le cobaye, et par Schuknecht en
l’aqueduc du vestibule. 1968 chez le chat [96, 161]. Cette procédure, capable de produire un HE
La fibrose périsacculaire et la disparition du tissu conjonctif sous- chez 100 % des cobayes, fut utilisée pour tenter de déterminer
épithélial paraissent constituer le stigmate histopathologique le plus l’efficacité des traitements de l’hydrops.
constant, mais leur valeur pathologique est encore discutée. Déjà Cependant, ce modèle a une spécificité d’espèce. Si un HE est obtenu
constatées par Hallpike et Cairns en 1938, elles ont été retrouvées chez 100 % des cobayes ainsi traités, et concerne alors les labyrinthes
par de nombreux auteurs [3, 150, 158]. Une atteinte dégénérative avec cochléaire et vestibulaire, tout comme chez le rat et le lapin, il est
de l’épithélium du sac avec fibrose et adhérences intraluminales moins constamment obtenu chez le chat, et ne concerne alors que sa
identiques à celles observées après infection virale, a également été cochlée [93]. Enfin, l’HE est très difficile à provoquer par cette
rapportée [9]. méthode chez le chinchilla et le singe. Par ailleurs, les cobayes et les
D’autres auteurs ont retrouvé des signes évocateurs d’ischémie : une chats ne présentent pas de nystagmus après l’oblitération de
diminution nette de l’apport vasculaire serait possible [81]. Cela l’aqueduc du vestibule, tandis que le lapin et la gerbille en
corrobore le travail de Shambaugh [162] et Clémis [34] qui, dans les présentent un durant plusieurs jours après la chirurgie. L’explication
années 1960, constatèrent en peropératoire une ischémie du sac et la plus probable est le blocage de la veine de l’aqueduc du vestibule,
une obstruction intraluminale de l’aqueduc du vestibule, bientôt qui est absente chez le cobaye et le chat, et présente chez la gerbille
appuyées par des observations radiologiques [34]. et le lapin. Or, l’oblitération sélective de cette veine induit un
Enfin, de façon contingente ont été rapportées des lésions peut-être nystagmus chez la gerbille, de façon inconstante, peut-être en raison
susceptibles de générer un hydrops, mais ne pouvant rendre compte de l’existence d’un drainage veineux collatéral chez certains
de la maladie de Ménière : agénésie [81] ou atrophie [9] du sac, animaux [97].
obstruction ou oblitération du canal endolymphatique par un La principale conséquence de l’oblitération du sac endolymphatique
ostéome ou une exostose [4, 54], voire une réaction péritumorale [67]. consiste en la distension de la membrane de Reissner et des parois

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

des cavités membraneuses vestibulaires. Cet HE survient – depuis sa description initiale en 1938, l’observation d’un hydrops
rapidement, souvent en 24 heures, mais de façon variable selon les ne repose en tout et pour tout, que sur l’examen d’environ
espèces. La dilatation de la membrane de Reissner s’effectue aux 150 rochers humains, chiffre qui n’autorise aucune certitude
dépens des cellules existantes, et non par prolifération cellulaire [164]. absolue ;
Pareille constatation est en contradiction avec certaines observations – enfin, il est observé dans d’autres affections que la maladie de
faites sur rochers humains, faisant état d’une multiplication Ménière.
cellulaire en réponse à un étirement [64, 86]. Enfin, les jonctions serrées C’est en gardant à l’esprit cette notion critique qu’il convient
entre cellules épithéliales sont comparables à celles observées chez d’aborder les paragraphes suivants.
l’animal normal [164], ce qui va à l’encontre d’une augmentation de la
perméabilité membranaire, évoquée comme possible mécanisme de ¶ Pathogénie de l’hydrops endolymphatique
fuite ionique. Aucune étude n’a pu déterminer avec certitude la composition
Une atrophie des cellules ciliées est par ailleurs souvent notée, qui biochimique de l’endolymphe accumulée dans les labyrinthes
touche davantage les cellules externes qu’internes. Une atteinte des hydropiques, ou encore montrer si cette endolymphe était
cellules du ganglion spiral et des cellules de la strie vasculaire est normale [22, 142].
également observée. Toutes ces lésions prédominent à l’apex, ce qui La dilatation du labyrinthe membraneux relève a priori, soit d’une
suggère un mécanisme lésionnel différent de celui des traumatismes hyperproduction d’endolymphe, soit d’un dysfonctionnement des
sonores ou des drogues ototoxiques [1]. De plus, elles ne sont épithéliums labyrinthiques, qui régulent les concentrations en
observées qu’au bout de 1 à 2 mois après l’oblitération du sac, soit électrolytes et les osmolarités de l’endolymphe et de la périlymphe,
bien plus tard que l’HE. soit d’une insuffisance de résorption de l’endolymphe par le sac
Par ailleurs, des fistules sont observées au niveau des parois des endolymphatique.
saccules de certaines espèces (singe, chinchilla, rat) et, dans ce cas, Une hyperproduction peut théoriquement résulter de trois
aucun hydrops n’est mis en évidence. À l’inverse, chez le cobaye, phénomènes :
où aucune fistule ne peut être retrouvée, un hydrops est observé de
façon quasi constante [95]. Pareille discordance s’explique sans doute – une élévation de la pression hydrostatique dans le segment
par des différences interespèces d’élasticité membranaire ou de artériel de la strie vasculaire entraînant une augmentation de la fuite
physiologie liquidienne. Quoi qu’il en soit, ces fistules semblent liquidienne du capillaire vers la scala media, ou une diminution de
prévenir le développement de l’HE et être la conséquence d’une la pression oncotique plasmatique réduisant le retour des fluides
augmentation de pression à l’intérieur du labyrinthe membraneux, dans le segment veineux. Cette hypothèse ne tient pas compte de ce
bien que leur siège sacculaire, proche des canal et sac que l’endolymphe résulte d’une sécrétion active et non d’une
endolymphatiques, suggère qu’elles puissent n’être qu’une ultrafiltration ;
conséquence de phénomènes inflammatoires postchirurgicaux. Elles – une stimulation des processus de sécrétion. Feldman et Brusilow
n’entraînent, semble-t-il, aucune lésion significative des cellules ont ainsi rapporté que l’injection de toxine cholérique dans la scala
sensorielles, ce qui suggère que la contamination de l’endolymphe media entraînait un HE [50]. Mais cette hypothèse fut abandonnée,
par la périlymphe est limitée. car cette expérience n’a jamais pu être reproduite ;
Les fistules induites expérimentalement, simultanément à – une augmentation de la pression osmotique endolymphatique par
l’oblitération du sac, retentissent de façon variable sur le accumulation de débris cellulaires ou de macromolécules, par perte
développement de l’HE. Effectuées dans le canal cochléaire, elles de la fonction de phagocytose du sac endolymphatique [45] ou par
semblent en diminuer l’importance, alors que, réalisées dans le déficit en hyaluronidase, provoquant l’accumulation de grosses
vestibule, elles ne semblent d’aucun effet. Elles cicatrisent par molécules hydrophiles [62]. Cette hypothèse n’a pu être confirmée [186].
ailleurs très rapidement, surtout dans le vestibule [95]. Une réabsorption insuffisante de l’endolymphe par le sac
De ces données expérimentales, on peut retenir que : endolymphatique est l’hypothèse la plus communément admise
– le modèle d’HE expérimental repose sur l’oblitération du sac ou aujourd’hui. Elle repose sur la théorie du flux longitudinal, suggérée
du canal endolymphatique. L’HE est d’apparition rapide, prédomine il y a déjà plus de 60 ans par les expériences de Portmann [140] et de
à l’apex, mais n’est obtenu que dans certaines espèces, ce qui rend Guild [63]. Ce dernier, ayant injecté des billes d’encre indienne dans
difficile une extrapolation à l’homme, d’autant que les animaux la scala media, les a retrouvées quelques jours plus tard dans le sac.
rendus hydropiques manifestent rarement des symptômes Cette théorie a ensuite été étayée par des études en microscopie
vestibulaires typiques de la maladie de Ménière [6] ; électronique [114], qui ont montré que le sac dispose de l’équipement
– les altérations sensorielles prédominent, comme chez l’homme, à cellulaire caractéristique des épithéliums engagés dans les
l’apex, mais ne peuvent rendre compte à elles seules des symptômes phénomènes de transports et d’échanges liquidiens et métaboliques.
cochléaires observés en clinique humaine. Elles sont d’apparition Ainsi, grâce au flux longitudinal lui sont acheminés eau et solutés
retardée par rapport à l’HE ; endolymphatiques, notamment les protéines ayant pénétré dans
l’espace endolymphatique. La purification et la réabsorption s’y
– les fistules induites ne limitent le développement de l’HE que effectueraient ensuite selon trois mécanismes possibles :
lorsqu’elles sont effectuées dans le canal cochléaire, ce qui pourrait
constituer un argument en faveur des shunts chirurgicaux – sortie passive transcellulaire d’eau. La matrice non collagène sous-
endocochléaires. épithéliale crée un gradient osmotique transépithélial élevé en
regard de certaines zones atrophiées, ce qui attire l’eau vers les
PATHOGÉNIE vaisseaux qui entourent le sac, d’où concentration de l’endolymphe ;
Sur la base de ces données histopathologiques humaines et – transport actif transcellulaire des ions vers les espaces
expérimentales, de nombreuses hypothèses pathogéniques ont été intercellulaires, ce qui augmente l’osmolarité et induit
avancées, qui seront envisagées selon qu’elles concernent l’HE ou secondairement un appel d’eau passif ;
les symptômes observés en clinique. Dans les deux cas, cependant, – vacuolisation active transcellulaire transportant l’endolymphe de
ces hypothèses posent comme établie la réalité de l’hydrops la lumière du sac vers les vaisseaux périphériques [190].
endolymphatique, dont elles se proposent d’expliquer la survenue Cette théorie du défaut de résorption du liquide endolymphatique a
ou s’en servent pour éclairer la symptomatologie clinique. Or, le été renforcée par les études histopathologiques humaines, qui ont
concept même d’hydrops en tant que substratum histopathologique montré une fibrose autour du sac [67], une hypoplasie ou une atrophie
de la maladie ne peut être accepté sans réserve, car : du sac [9]. Notons que si le sac est défaillant, l’aqueduc du vestibule
– il n’est pas constant chez des patients ayant pourtant présenté tous paraît être hypoplasique chez les patients atteints de Ménière ; cela
les symptômes caractéristiques de l’affection (il est ainsi absent chez pourrait expliquer la fréquente impossibilité de visualiser l’aqueduc
10 des 22 patients de Paparella [131]) ; du vestibule sur l’imagerie [191].

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20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

dans l’espace périlymphatique d’une solution potassique est


susceptible de bloquer les réponses cochléaires [178] ou de provoquer
un nystagmus paralytique [45].
Lorsque la concentration de potassium augmente dans la
périlymphe, les fibres nerveuses afférentes qui traversent cette
K+ dernière sont les premières affectées. Ces fibres sont tout d’abord
excitées, car leur potentiel membranaire se rapproche du potentiel
d’activation des canaux à sodium. Si la concentration de potassium
continue à augmenter, les potentiels d’action sont bloqués, d’où une
réduction de l’activité spontanée, liée à l’inactivation des canaux à
sodium axonaux [16] . Cela a été reproduit chez le cobaye, en
perfusant de l’endolymphe artificielle dans les espaces
périlymphatiques [25] . Un tel mécanisme explique pourquoi le
nystagmus est de type irritatif au début de la crise, puis change de
sens pour devenir de type destructif. Enfin, lorsque l’excès de
potassium est épuré, le nystagmus bat de nouveau vers l’oreille
malade (nystagmus de récupération), avant de disparaître. La durée
de ce cycle varie selon le délai nécessaire au renouvellement
6 Théorie de la rupture membranaire. Sous l’effet de la distension progressive, le la- liquidien.
byrinthe membraneux finit par se rompre, libérant ainsi le potassium endolymphati-
que qui, selon le siège de la rupture, diffuse soit dans la périlymphe de la citerne vesti- La direction du nystagmus et du vertige pourrait dépendre
bulaire, soit dans celle de la rampe vestibulaire du canal cochléaire d’où il gagne ensuite, également de l’endroit où s’effectue la rupture membranaire. Une
à travers l’hélicotrema, la rampe tympanique. analyse récente en trois dimensions du nystagmus spontané, chez
quatre patients atteints de maladie de Ménière, a montré toutefois
Au plan étiologique, l’HE est classé actuellement en malformatif ou qu’il n’existait que deux composantes dans les mouvements
acquis [160]. Le type malformatif est rare, et pourrait être dû à une oculaires chez ces patients : horizontale et rotatoire [185] . Ces
dysplasie de Mondini [155]. Le type acquis serait dû à une agression constatations ont conduit à supposer que les fibres afférentes de tous
du labyrinthe, inflammatoire (virale ou bactérienne) ou traumatique les canaux semi-circulaires étaient stimulées au cours de la crise.
[160]
. On peut en rapprocher le « delayed vertigo » ou HE retardé, qui Lorsque les deux canaux verticaux sont stimulés, la composante
survient chez des patients ayant présenté une surdité sévère rotatoire prédomine, tandis que les composantes verticales opposées
unilatérale, d’origine infectieuse ou traumatique, et qui, après une s’annulent.
période prolongée, développent, soit un vertige épisodique du Ainsi, Schuknecht [158] a formulé « un concept logique du mécanisme
même côté, soit une surdité fluctuante du côté controlatéral, associée de la surdité fluctuante et des vertiges paroxystiques dans la maladie
parfois à un vertige récidivant [154]. Une atteinte auto-immune de de Ménière » :
l’oreille interne a aussi été évoquée, notamment après la découverte
d’immuns complexes circulants [43] et d’autoanticorps anti-sac – diminution de la résorption endolymphatique. Une hypoplasie de
endolymphatique [2]. l’oreille interne, un traumatisme ou une labyrinthite virale altèrent
la fonction de résorption du sac endolymphatique ;
Par ailleurs, un HE peut être présent mais asymptomatique :
– hydrops. Il s’ensuit une accumulation lente d’endolymphe, à
– s’il n’y a déjà plus de fonction cochléovestibulaire ; l’origine d’un hydrops et d’une distension de la membrane
– si une fistule s’est déjà produite spontanément [153, 160]. labyrinthique ;
La constatation que la migraine est souvent associée à la maladie de – ruptures. L’accroissement du volume d’endolymphe provoque des
Ménière et que son traitement peut aussi atténuer la ruptures répétées du système endolymphatique et une
symptomatologie méniérique [135] ne suffit pas pour prouver que contamination du liquide périlymphatique, qui paralyse
l’origine de la maladie de Ménière est vasculaire. Cependant, temporairement les fonctions cochléaire et vestibulaire, provoquant
Oliveira et al ont rapporté en 1997 la présence de ces deux vertige et/ou surdité ;
pathologies au sein d’une même famille, ce qui pourrait témoigner
d’une même origine autosomique dominante [129]. – cicatrisation des ruptures. Les déchirures se cicatrisent, autorisant
la reproduction du processus entier ;
¶ Pathogénie des symptômes
– distension et atrophie. À un stade avancé, le labyrinthe
membraneux présente des déformations permanentes, responsables
Théorie de la rupture membranaire de surdité et de déséquilibre, également permanents, cependant que
L’hypothèse la plus classique pour expliquer les symptômes de la la cavité vestibulaire est occupée par des plages de tissu fibreux
maladie de Ménière est celle décrite par Lawrence et McCabe en dense, stigmates des nombreux processus de fistulisation et de
1959 [110], reprise et développée par Schuknecht en 1974 [158] : la cicatrisation intervenus au décours de l’évolution. Ces connexions
rupture du labyrinthe membraneux et l’intoxication potassique. Sous fibreuses assurent la transmission des stimuli mécaniques entre les
l’effet de la distension progressive, le labyrinthe membraneux finit différentes structures qu’elles relient, et notamment entre base du
par se rompre, libérant ainsi le potassium endolymphatique qui, stapes et structures vestibulaires. Ainsi s’explique le classique signe
selon le siège de la rupture, diffuse soit dans la périlymphe de la d’Hennebert (cf supra).
citerne vestibulaire, soit dans celle de la rampe vestibulaire du canal Cette théorie de l’intoxication potassique secondaire à une rupture
cochléaire d’où il gagne ensuite, à travers l’hélicotrema, la rampe membraneuse soulève, cependant, de nombreuses objections : des
tympanique (fig 6). ruptures ne sont pas toujours retrouvées sur des autopsies de
Le labyrinthe membraneux et les nerfs baignent dans de la rochers humains ; le processus cyclique distension-rupture-
périlymphe, dont la composition en électrolytes est similaire à cicatrisation suppose un certain délai difficilement compatible avec
celle du liquide cérébrospinal (Na+ = 143 mmol/L, K+ = 8 mmol/L). la répétition de crises parfois quotidiennes ; les dosages effectués
En revanche, le taux de potassium dans l’endolymphe sur liquides de prélèvements labyrinthiques humains ne montrent
(K+ = 150 mmol/L, Na+ = 15 mmol/L) est suffisamment élevé pour pas de concentrations potassiques significativement élevées dans la
provoquer une dépolarisation axonale à l’origine d’un blocage de la périlymphe, comme l’indiquerait la notion d’intoxication
conduction nerveuse [169]. Il a ainsi été démontré que la perfusion permanente [186].

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

Théorie de la dysperméabilité membranaire de la pression endolabyrinthique, qui provoque elle-même une


augmentation de l’activité électrique du nerf ampullaire et qui cesse
La théorie de la dysperméabilté membranaire a été opposée à celle
avec elle. Il existe donc une relation directe entre l’augmentation de
d’une augmentation brutale de la perméabilité du compartiment
pression et l’activité électrique. De même, une augmentation
endolymphatique [84]. Les jonctions intercellulaires, qui assurent la
continue de pression induit un courant liquidien ampullopète (car
parfaite étanchéité électrochimique de ce compartiment, perdraient
l’augmentation de pression se propage plus rapidement dans l’étroit
brusquement leurs propriétés et autoriseraient une fuite de
canal semi-circulaire que dans la vaste cavité utriculaire). À l’inverse,
potassium qui, en raison d’un gradient électrochimique hautement
une baisse de pression induit un courant ampullofuge. Ces données
favorable, s’effectuerait massivement en direction des espaces
expliquent la direction des nystagmus spontanés observés au cours
périlymphatiques. Toutefois, cette hypothèse n’a pu être confirmée
de la crise, d’abord ipsilatérale, puis controlatérale [74, 75].
par la suite [124]. Elle a donc été abandonnée [21].
Cependant, ni l’augmentation de pression endolymphatique ni une
Théorie mécanique contamination potassique ne peuvent expliquer le caractère prolongé
du nystagmus et du vertige lors de la crise, et celui permanent et
Dans une série d’expériences menées sur un modèle cochléaire, non fluctuant de l’hyporéflectivité vestibulaire quasi constante au
Tonndorf a proposé une théorie dite « mécanique », des symptômes cours de l’évolution de l’affection. Cette théorie, qui ne s’applique
de la maladie de Ménière [182, 183]. Tant que les membranes limitantes, qu’aux symptômes et pas à l’hydrops, n’exclut pas la possibilité de
Reissner et basilaire, conservent leurs propriétés élastiques, une ruptures du labyrinthe membraneux, responsables des crises.
augmentation du volume endolymphatique, sous l’effet de
l’hydrops, entraîne une augmentation de la pression, qui réduit la Autres hypothèses
sensibilité vibratoire de la membrane basilaire là où elle est la plus
souple, c’est-à-dire à l’apex et déplace le siège de la réponse Pour expliquer la survenue de la crise, de nombreuses autres
maximale, c’est-à-dire de la fréquence de résonance, vers la base, hypothèses ont été proposées, qui ne sont pas reconnues
d’où des distorsions harmoniques. Le degré de ces altérations serait actuellement comme valables : déséquilibre neurovégétatif avec
directement proportionnel à l’augmentation de volume. Lorsque ces hypersympathicotonie [29], allergie [33], accident immunologique [195],
membranes deviendraient flaccides, perdant leur élasticité, à-coups osmolaires, qui provoqueraient des mouvements d’eau en
l’augmentation de volume affecterait alors les capacités vibratoires direction du labyrinthe membraneux [87], vasculaire, une atteinte
de la totalité du canal cochléaire, en raison de l’excès de masse qui primitive, congénitale ou autre, du système veineux de l’aqueduc
lui serait imposé. du vestibule étant alors à l’origine d’une hyperpression veineuse
d’amont, retentissant sur les régions sécrétoires vestibulaires et sur
De telles conclusions expliquent bien les principaux symptômes
les mécanismes de transport liquidien [65].
observés : surdité fluctuante touchant les basses fréquences avec
diplacousie et distorsion à un stade de début, puis surdité en plateau
non fluctuante avec diplacousie à un stade avancé. Quand
prédominerait l’effet de rigidité, le déplacement des fréquences de
Traitement
résonance se ferait vers les hautes fréquences et ce serait l’inverse
Le traitement de la maladie de Ménière devrait avoir quatre
quand prédominerait l’effet de masse.
objectifs :
Par la suite, Tonndorf fait l’hypothèse du découplage entre stéréocils
et membrane tectoriale provoqué par l’augmentation pressionnelle – traiter la crise ;
intralabyrinthique. La surdité s’explique alors par l’altération de la – prévenir la survenue d’autres crises ;
transduction mécanoélectrique. Son intensité varie avec le degré de
– améliorer et/ou préserver les fonctions cochléaire et vestibulaire ;
découplage et le nombre de cellules concernées. La mauvaise
discrimination vocale du Ménière résulte du silence périodique lié – prévenir le développement d’une maladie bilatérale.
au découplage qui affecte la structure des formants. Les acouphènes Pour l’instant, les traitements conservateurs et chirurgicaux n’ont
sont quant à eux liés à l’agitation spontanée des stéréocils qui, prouvé leur efficacité que pour les deux premiers. Il existe par
détachés de leur ancrage tectorial, sont animés de mouvements ailleurs une grande confusion dans la littérature internationale pour
spontanés « browniens ». Ce mécanisme explique encore que les déterminer le traitement médical le plus efficace. Aucune autre
acouphènes puissent être masqués par un son incident reconnectant pathologie vestibulaire n’a suscité un aussi grand nombre d’articles
stéréocils et membrane tectoriale, et soient directement fonction du (environ 1 500 entre 1966 et 1996), ce qui illustre la complexité du
siège du découplage : durant les premières crises, la surdité problème.
prédomine sur les graves et s’accompagne d’acouphènes de tonalité Les patients doivent être instruits sur la façon de gérer les crises, et
grave. ils doivent être informés de l’évolution globalement bénigne de la
La corrélation entre pression liquidienne et audition est confirmée maladie, avec la survenue d’une rémission spontanée dans la
par les travaux récents menés sur des patients atteints de maladie plupart des cas, ou du moins de la réduction du nombre de crises
de Ménière. Les auteurs suédois [104] ont mesuré les seuils auditifs et au bout de quelques années.
réalisé une électrocochléographie avant et après passage dans un
caisson hypobare, afin d’obtenir une hyperpression tympanique
relative. L’hyperpression tympanique, probablement parce qu’elle TRAITEMENT DE LA CRISE
comprime la fenêtre ronde, améliore statistiquement les seuils Le traitement de la crise est essentiellement dirigé contre le vertige
auditifs et les enregistrements électrocochléographiques. À noter que et comporte :
le développement du test de Marchbanks [117] a un temps fait espérer
– des mesures générales, que le patient doit connaître : arrêt de toute
la possibilité de mesurer la pression périlymphatique de façon non
activité, notamment à risque (conduite) dès les prodromes
invasive chez les patients porteurs d’une maladie de Ménière.
(acouphène notamment), position assise ou allongée pour prévenir
Malheureusement, les résultats de ce test semblent peu probants [14,
une chute, puis mise au repos absolu, isolé, au calme et dans
145]
.
l’obscurité, durant toute la crise ;
La relation entre volumes liquidiens et pressions s’applique aux
symptômes vestibulaires, d’une part parce que les manifestations – l’évitement des changements de position rapides de la tête, pour
vertigineuses observées lors d’une crise peuvent être enrayées par ne pas aggraver le vertige ;
la mise du patient dans une chambre de pression, qui diminue le – l’administration parentérale d’un sédatif, type diazépam
gradient de pression entre endo- et périlymphe [42], d’autre part parce (Valiumt), 10 mg, diménhydrinate (Dramaminet), 50 mg. Les
que l’augmentation expérimentale du volume liquidien dans des benzodiazépines ont une puissante action vestibulopressive en
canaux de grenouilles entraîne une augmentation proportionnelle renforçant l’inhibition cérébelleuse sur les neurones vestibulaires ;

13
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

– on peut associer à ce sédatif des antihistaminiques, en raison de aveugle sur le contrôle du vertige. Cependant, aucun traitement n’a
leur action antiémétique et antivertigineuse, type prométhazine d’efficacité prouvée sur la surdité ni sur l’évolution à long terme de
(Phénergant), 25 mg, et/ou un antiœdémateux cérébral (sulfate de la maladie :
magnésium à 15 %, en injection intraveineuse lente) ;
– les diurétiques à doses filées, hydrochlorothiazide (Esidrext),
– dans les cas rares ne cédant pas à de telles prescriptions, on peut associés à un régime hyposodé, ont ainsi été recommandés pour le
essayer un neuroleptique. traitement au long cours de la maladie de Ménière. Une telle
L’injection intramusculaire d’un dérivé des butyrophénones comme association thérapeutique agirait par déshydratation globale, ou
le dropéridol (Droleptant) 10 mg, se montre généralement efficace. directement sur l’homéostasie des liquides labyrinthiques ;
Les dérivés de la phénotiazine, comme la métopimazine (Vogalènet) – la bétahistine hydrochloride (Serct) a été recommandée comme
ou le sulpiride (Dogmatilt), sont également intéressants, en raison traitement de première intention de la maladie de Ménière [31, 111],
de leur puissante action antiémétique. L’administration d’un agent car, en supposant que l’hydrops résulte d’un spasme des sphincters
osmotique est conseillée par certains auteurs [173]. Le principe en est précapillaires de la strie vasculaire, ce spasme pourrait être levé par
le même que celui des tests osmotiques. Le mannitol trouve ainsi l’histamine produite sur place par une décarboxylation de
une indication (500 mL à 10 %, perfusé en 2 heures, deux fois par l’histidine. Une étude prospective en double aveugle a conclu que
jour, durant la période vertigineuse). Parmi les multiples autres ce traitement était préférable à tout traitement et à un placebo [130],
médicaments conseillés, citons la lidocaïne (Xylocaïnet) efficacité également retrouvée dans l’étude de Meyer [121]. Pour
intraveineuse, 1 mg/kg de solution à 1 %, à raison de 6 mg/min, prévenir les crises, la bétahistine doit être administrée durant 6 à 12
qui aurait une grande efficacité sur les troubles neurovégétatifs grâce mois. À l’opposé, les antihistaminiques H1, comme le
à son action corticale. Enfin, des tests caloriques calibrés « répétés » diménhydrinate (Dramaminet) ou le diphénhydramine diacéfylline
durant la période intercritique, ont été proposés à titre de (Nautaminet), atténueraient les stimulations labyrinthiques.
« psychothérapie comportementale », chez les patients dont les crises
vertigineuses provoquent des réactions de panique. ¶ Labyrinthectomie chimique
Toutes ces drogues ont aussi pour effet de gêner la pratique
d’épreuves vestibulaires percritiques. Par ailleurs, elles doivent être La « labyrinthectomie fonctionnelle » à l’aide d’aminoglycosides
suivies, au décours de la crise, d’un relais par un traitement de fond. (gentamycine ou streptomycine), a été proposée par Schuknecht dès
1957 [123, 152, 166] . Elle était basée sur les effets ototoxiques des
aminoglycosides et sur l’affinité préférentielle de certains d’entre eux
TRAITEMENT DE FOND pour le vestibule. Schuknecht traita huit patients avec de la
Le traitement de fond, prescrit durant les phases intercritiques, vise streptomycine. Cinq d’entre eux présentèrent une disparition des
à empêcher ou à retarder la survenue d’une nouvelle crise, à crises vertigineuses, mais les huit perdirent l’audition. Silverstein
préserver l’audition et à empêcher la survenue d’un acouphène poursuivit cette méthode [166] ; depuis, la streptomycine n’a plus été
invalidant. Les changements de théories sur la pathogénie de la employée. Depuis la fin des années 1970, ce sont des instillations
maladie de Ménière ont suscité le développement d’un grand locales de gentamicine par voie transtympanique qui sont utilisées
nombre de protocoles. La multiplicité des traitements illustre la par de nombreux auteurs, selon des protocoles variés. La
difficulté de démontrer l’efficacité de telle ou telle thérapeutique. gentamicine s’est révélée plus agressive envers les cellules ciliées
vestibulaires qu’envers les cellules ciliées cochléaires [147]. De plus,
¶ Règles hygiénodiététiques et traitements un grand nombres d’études animales ont semblé montrer que les
médicamenteux aminoglycosides étaient toxiques pour les cellules sombres de la
Les programmes diététiques, incluant une restriction de l’apport de strie vasculaire, supposée produire l’endolymphe, ce qui pourrait
sel, d’eau, d’alcool, de nicotine, de caféine sont aussi peu efficaces induire une diminution du volume endolymphatique et donc de
que l’exercice physique, le fait de ne pas s’exposer aux températures l’hydrops [ 1 3 4 , 1 3 6 ] . L’observation par certains auteurs d’une
basses, ou les passages en enceinte hypobare. L’anesthésie du amélioration des vertiges, voire de l’audition, avant que ne
ganglion stellaire, l’administration de diurétiques, de drogues disparaisse, aux épreuves caloriques, la fonction vestibulaire, les a
vasoactives, ont été préconisées sous la présomption qu’il était conduits à évoquer la possibilité d’une atteinte première des cellules
possible de diminuer l’HE en changeant le flux sanguin dans l’oreille sécrétoires de l’endolymphe avant la destruction des cellules
interne. Un traitement médicamenteux de l’anxiété est préconisé par sensorielles. Ainsi, l’hydrops serait-il soulagé avant que ne soit
de nombreux auteurs ; il est très largement dominé par les affectée la fonction sensorielle vestibulaire et que ne s’installent, en
benzodiazépines (Valiumt, Tranxènet, Urbanylt, etc), mais peut contrepartie de la disparition des vertiges, une ataxie et des
reposer aussi sur les barbituriques faiblement dosés qui, en dehors oscillopsies particulièrement invalidantes. En jouant sur les doses et
d’une contre-indication respiratoire ou hépatique, sont utiles par les modalités d’administration, on peut donc théoriquement
leur effet discrètement sédatif. L’hydroxyzine (Ataraxt), à des transformer un traitement destructif en un traitement
posologies de 300 à 400 mg, est très bien acceptée et efficace au étiopathogénique.
décours d’une période vertigineuse. Les bêtabloquants (Sectralt ou En pratique, c’est la gentamicine qui est préconisée dans la
Avlocardylt) ont une remarquable action anxiolytique, et sont littérature, par voie locale. Elle fut d’abord employée en Europe à
sûrement indiqués lorsque le malade signale des céphalées ou des l’aide de sulfate de gentamicine (Gentallinet), instillé
migraines. L’administration d’antidépresseurs sédatifs trouve ici une quotidiennement au travers d’un tube de plastique inséré derrière
excellente indication. L’amitriptyline (Laroxylt), la miansérine l’annulus fibreux, au travers d’un abord transméatal [108] . Les
(Athymilt) peuvent être prescrites en prises vespérales à doses instillations étaient stoppées lorsque l’audiométrie ou l’observation
réduites. Enfin, il peut être prescrit un neuroleptique ou du lithium. d’un nystagmus indiquait un début de désafférentation
Tous ces traitements ont été à la mode à un moment ou à un autre, cochléovestibulaire. Par la suite, les indications et les techniques du
mais excepté les diurétiques et la bétahistine, leur efficacité n’a traitement local par gentamicine ont changé, spécialement après que
jamais été démontrée. En 1977, Torok [184] étudia 834 articles l’on eût observé que l’ototoxicité était retardée de quelques jours
médicaux qui avaient été publiés sur une période de 25 ans ; il jusqu’à 1 semaine après l’instillation de la drogue [116] . Les
conclut que, tous traitements confondus, l’efficacité des traitements instillations transtympaniques d’aminoglycosides permettent le
médicaux sur la maladie de Ménière était comprise entre 60 et 80 %. traitement isolé d’une seule oreille, sans effet systémique. La drogue
En 1991, Ruckenstein et al [146] allèrent même plus loin, en concluant atteint l’oreille interne, d’abord au travers de la fenêtre cochléaire,
que tous ces patients avaient en fait bénéficié la plupart du temps puis, secondairement, au travers du ligament annulaire, par voie
d’un effet placebo. sanguine, lymphatique ou au travers de lacunes osseuses [17].
Selon une récente revue de la littérature [32], seuls les diurétiques [138] L’hypothèse d’une toxicité en plusieurs étapes de la gentamicine a
et la bétahistine ont prouvé leur efficacité dans des études en double été étayée par la constatation que le déficit vestibulaire était

14
Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

réversible à un stade précoce, et devenait irréversible à un stade – le sac ne peut plus réabsorber l’endolymphe sécrétée dans le
tardif [69]. L’administration de gentamicine en excès peut donc causer labyrinthe membraneux : pour résorber l’hydrops qui en résulte, la
des dégâts indésirables et non nécessaires au niveau des récepteurs chirurgie consiste à inciser la face mastoïdienne du sac, réalisant un
de l’oreille interne, et notamment des cellules ciliées cochléaires. shunt mastoïdien. L’ouverture ainsi créée peut être maintenue par
L’administration de faibles doses, qui peuvent même ne pas atténuer divers procédés : lambeau dure-mérien, prothèse en Silastict [170] ou
les réponses caloriques de l’oreille traitée, a montré son efficacité [46], en polyéthylène [163], valve [91], ballonnets [79], etc ;
et est donc recommandée aujourd’hui par certains comme procédure – le sac ne peut plus transmettre au labyrinthe membraneux, et
standard [21, 22]. donc à la face supérieure de la membrane basilaire, les variations de
Les indications de l’administration de gentamicine par voie pression intracrânienne, qui sont, en revanche, normalement
transtympanique sont les suivantes : transmises par l’aqueduc cochléaire à la périlymphe et donc à la
face inférieure de cette même membrane : la chirurgie consiste ici à
– évolution résistante au traitement médical, avec crises
établir une communication entre lumière du sac et espaces sous-
vertigineuses fréquentes ou chutes brutales évoluant depuis plus de
arachnoïdiens, maintenue par l’insertion d’une prothèse, réalisant
6 mois ;
un shunt sous-arachnoïdien [60, 78].
– persistance des crises malgré une neurotomie vestibulaire (qui Quelle que soit la technique utilisée, les résultats font état d’une
peut être due à des anomalies anatomiques) [122]. amélioration des symptômes dans 50 à 80 % des cas [59, 133, 141], y
Cette technique fait courir le risque d’altérer l’audition. Aussi compris à long terme [179]. Cette amélioration, toutefois, semble
certains la réservent-ils aux pertes auditives moyennes supérieures s’estomper au fil du temps [35, 36, 115], vraisemblablement parce que la
à 60 dB. Cependant, certains auteurs en administrent même chez les brèche chirurgicale évolue inéluctablement vers une fibrose qui tend
patients présentant des surdités modérées, à condition que l’audition à obturer secondairement le shunt. L’audition, théoriquement
de l’oreille controlatérale soit normale [126]. Les manifestations respectée, semble pour certains se détériorer en postopératoire dans
bilatérales de la maladie de Ménière sont une contre-indication 35 % des cas [35].
relative du traitement ototoxique. Les partisans de la chirurgie du sac endolymphatique préconisent
Il n’existe pas de consensus sur la concentration optimale, la dose d’intervenir tôt dans l’évolution de la maladie de Ménière, avant
par séance, le nombre d’instillations, le rythme des séances et la dose l’installation d’une hyporéflexie vestibulaire définitive. Cependant,
totale à administrer. Des concentrations de gentamicine égales ou il n’est pas démontré qu’un drainage du sac puisse retentir sur le
inférieures à 30 mg/mL ont été administrées dans la plupart des système endolymphatique d’amont et, ainsi, lever l’hydrops.
séries rapportées [116, 126]. Deux à trois instillations consécutives se L’analyse de la littérature ne permet pas de conclure à l’efficacité
sont avérées efficaces, tout en offrant moins d’effets adverses, comme réelle de cette chirurgie. Ainsi, il a été montré que la chirurgie du
la surdité, que quatre injections ou plus [126] . Une injection sac endolymphatique n’était pas plus efficace qu’une intervention
hebdomadaire est recommandée pour gérer au mieux les effets placebo (simple mastoïdectomie) [146, 157, 181], y compris à long
ototoxiques retardés ; 1 à 2 mL, pour une concentration inférieure à terme [24, 25].
30 mg/mL sont ainsi instillés au travers du tympan, par le biais
d’une paracentèse, avec une seconde incision pour faire appel d’air. Sacculotomies
Environ 15 % des patients porteurs d’une désafférentation Toutes ces interventions semblent donner des résultats identiques :
vestibulaire unilatérale présentent les symptômes d’une insuffisance excellents pour leurs auteurs, moyens, sinon franchement mauvais
vestibulaire chronique [69] , tels que des oscillopsies lors des pour les autres. Globalement, les vertiges paraissent améliorés dans
mouvements céphaliques, et une instabilité durant les déplacements. 50 à 90 % des cas, cependant que le risque d’aggravation auditive
Cela peut être attribué à une fonction vestibulaire altérée dans le atteint 50 % dans certaines études. Dans tous les cas, l’analyse des
labyrinthe considéré comme sain, ou à une compensation centrale résultats révèle de nombreuses insuffisances méthodologiques. De
prise en défaut lors des mouvements rapides de la tête [12]. plus, le mécanisme d’action de ces interventions repose sur des
hypothèses pathogéniques dont le bien-fondé reste pour le moins
critiquable. Aussi les techniques de sacculotomies sont-elles
TRAITEMENTS CHIRURGICAUX
abandonnées aujourd’hui.
Les traitements chirurgicaux de la maladie de Ménière peuvent être Les sacculotomies visent à diminuer la pression endolymphatique
classés en interventions « destructrices », qui suppriment la fonction par la création d’une fistule entre le saccule et la caisse du tympan
labyrinthique, et en interventions « non destructrices », qui visent, ou les espaces périlymphatiques. Il en existe trois types :
soit à lever l’hydrops et on peut dire qu’elles sont à visée
étiopathogénique, ce sont la chirurgie du sac endolymphatique et – la sacculotomie transplatinaire, décrite par Fick [51], consiste à
les sacculotomies, soit à supprimer électivement les vertiges et elles perforer par le biais d’une platinotomie le saccule dilaté, situé au
sont à visée symptomatique, l’exemple-type étant la section du nerf contact de la base du stapes. La formation secondaire d’une
vestibulaire. membrane perméable au lieu de la platinotomie permettrait la
filtration permanente de l’excès d’endolymphe, et donc un contrôle
¶ Traitements non destructeurs permanent de la pression endolymphatique. Le mécanisme d’action
d’un tel procédé reste cependant douteux. Expérimentalement, il n’a
Chirurgie du sac endolymphatique pas été observé chez le singe [37], ni chez le chat [90], de collapsus de
l’ensemble du système endolymphatique, comme on aurait pu
La chirurgie du sac endolymphatique a été décrite en 1927 par pourtant s’y attendre. Quant au risque auditif, si Kaufman [90]
Portmann [141], puis modifiée par Shambaugh dans les années n’observe pas de modification des potentiels microphoniques
1960 [162]. Ses indications et les modalités techniques des nombreuses cochléaires chez le chat, Colman [37] constate des surdités sévères et
variantes qui en ont été proposées reposent schématiquement sur définitives, mais sans atteintes histologiques de l’organe de Corti ;
quatre hypothèses pathogéniques :
– la pose d’un clou transplatinaire peut, pour certains auteurs [35],
– la fibrose du tissu périvasculaire transforme les parois du sac en assurer la permanence de la fistule sacculaire, en décomprimant
une gangue inextensible gênant son expansion : la chirurgie consiste automatiquement le saccule qui vient s’empaler sur le clou à chaque
à le décomprimer, en fraisant son couvercle osseux mastoïdien [162] ; épisode de distension. L’efficacité de cette technique n’a pas été
– le sac, englobé dans cette gangue fibreuse, ne reçoit plus de prouvée [180] ;
vascularisation suffisante : la chirurgie consiste, après l’avoir – la cochléosacculotomie a été proposée par Schuknecht en 1982 [156],
décomprimé, à tenter de le revasculariser par des lambeaux de considérant qu’une fistule endopérilymphatique est seule capable
voisinage ; de prévenir les distensions et ruptures répétitives du labyrinthe

15
20-205-A-10 Maladie de Ménière Oto-rhino-laryngologie

7 Neurotomie vestibulaire par voie rétrosigmoïde. Le nerf


vestibulaire est sectionné de façon élective, dans sa totalité.

membraneux, puisque les fistules du canal cochléaire restent Autres interventions symptomatiques et conservatrices
permanentes, contrairement à celles du vestibule membraneux [95].
La destruction sélective de la fonction vestibulaire par application
Pratiquée à un stade précoce, la fistule du canal cochléaire serait
compatible avec une audition normale pour les fréquences ne d’ultrasons sur le canal semi-circulaire latéral ou sur la région des
correspondant pas à la zone lésée. Techniquement, l’auteur introduit fenêtres, après ouverture chirurgicale de la caisse du tympan, a été
un crochet à travers la fenêtre cochléaire en direction de la fenêtre défendue par certains auteurs [12, 168]. Cependant, il y avait pour
vestibulaire, traversant successivement la lame spirale, le canal d’autres auteurs [137] un risque de paralysie faciale, et d’atteinte
cochléaire et le saccule dilatés. cochléaire. Ces risques potentiels, joints aux difficultés techniques
de la méthode, ont rendu ce traitement caduc.
Neurectomie vestibulaire La cryothérapie consiste à congeler les structures vestibulaires à
La neurectomie vestibulaire, ou plutôt neurotomie, est une l’aide d’une sonde apposée sur les canaux semi-circulaires ou sur le
intervention conservatrice à visée symptomatique, dont le but est de promontoire [175], afin de créer une fistule endopérilymphatique
supprimer les vertiges tout en préservant l’audition. Décrite par définitive. Les résultats de cette technique sont superposables à ceux
Dandy, introduite en France par Aubry et Ombredanne, puis reprise obtenus avec les ultrasons, son mécanisme d’action est également
par Fisch [52], elle consiste à désafférenter le vestibule par la section discuté, et la pratique pareillement obsolète.
(neurotomie) ou la résection partielle (neurectomie) des nerfs
vestibulaires avec le ganglion vestibulaire (ou de Scarpa), tout en ¶ Traitement destructeur
préservant les nerfs cochléaire et facial. La neurotomie permet une
manipulation nerveuse moins traumatisante vis-à-vis de l’audition, Le traitement destructeur de la maladie de Ménière est représenté
et la neurectomie interdit toute possibilité de régénération. Plusieurs par la labyrinthectomie. Elle consiste à détruire chirurgicalement le
voies d’abord sont possibles : labyrinthe, ce qui supprime les vertiges, mais au prix d’une surdité
totale et définitive. Quant aux acouphènes, leur devenir est lié à la
– la voie sus-pétreuse, de réalisation délicate et susceptible « centralisation » de ce symptôme, qui rend malheureusement
d’entraîner des lésions du lobe temporal, mais qui permet de aléatoire les effets de la destruction périphérique. Sur le plan
respecter l’oreille interne et de sectionner les anastomoses technique, il convient de bien détruire les éléments neurosensoriels
acousticofaciales, qui pourraient avoir un rôle physiologique dans des canaux. Certains auteurs réalisent la labyrinthectomie par voie
l’apparition des vertiges ; transméatale en fraisant le pont osseux qui sépare les fenêtres
– les voies rétrolabyrinthique, rétrosigmoïde ou sous-occipitale vestibulaire et cochléaire, puis déposent à cet endroit de la
respectent le labyrinthe et permettent une section élective du nerf streptomycine. D’autres réalisent cette labyrinthectomie par voie
vestibulaire dans l’angle pontocérébelleux, à son entrée dans le méat transmastoïdienne, ce qui revient à réaliser les premiers pas d’une
acoustique interne, en dedans du ganglion vestibulaire (fig 7). Les voie translabyrinthique, jusqu’à visualisation du fond du méat
complications sont celles de tout abord de la fosse postérieure : acoustique interne sur son versant labyrinthique.
hémorragie, otoliquorrhée, méningite, etc. Cette technique est indiquée chez les patients souffrant d’une
Le choix entre ces différentes voies d’abord repose sur l’âge du maladie de Ménière unilatérale, avec des vertiges invalidants,
patient, l’état de son audition et sur l’expérience du chirurgien. Les associés à une surdité profonde du côté atteint. La fréquente
résultats, tous concordants [23, 27, 52], font état d’une disparition des bilatéralisation de cette maladie ne doit faire envisager la
crises vertigineuses rotatoires dans plus de 95 % des cas. L’audition labyrinthectomie que dans des cas bien pesés et, bien évidemment,
est théoriquement conservée, voire améliorée, grâce à la section des jamais en première intention.
anastomoses acousticofaciales. Il n’est pas rare cependant d’observer
Au total, l’analyse de la littérature, souvent contradictoire,
une détérioration de l’audition en postopératoire, immédiate ou
secondaire, de façon inexpliquée. Surtout peut persister un état concernant le traitement chirurgical de la maladie de Ménière,
d’instabilité, dont le degré et la durée paraissent fonction des amène à ces conclusions :
capacités de compensation centrale de l’individu et de la pratique – la chirurgie du sac endolymphatique a un intérêt controversé ;
d’une rééducation vestibulaire postopératoire efficace [174]. Dans les
suites, il est encore volontiers noté la survenue de crises dépourvues – la labyrinthectomie, la cryochirurgie et les irradiations par
de leur composante vertigineuse. Cela témoigne de ce que la ultrasons ont été plus ou moins abandonnées, en faveur de la section
neurectomie vestibulaire reste une intervention purement du nerf vestibulaire, chez les rares patients qui présentent une
symptomatique, n’affectant pas le mécanisme pathologique de maladie invalidante et non maîtrisable médicalement. La neurotomie
l’hydrops, donc l’évolution naturelle de l’affection, et n’empêchant vestibulaire par voie rétrosigmoïde semble en effet être la meilleure
donc pas la survenue d’une surdité fluctuante. Ses indications sont, technique pour préserver l’audition et réduire la morbidité
là encore, les vertiges invalidants retentissant de façon majeure sur postopératoire [61, 107, 167]. Cependant, et notamment chez les sujets
la vie socioprofessionnelle rebelles aux traitements médicaux, avec âgés, ces techniques chirurgicales peuvent provoquer une instabilité
une audition encore utile. Certains la proposent d’emblée, alors que posturale à long terme, en raison des mauvaises capacités de
pour d’autres il doit s’agir d’un recours en cas d’échec de la compensation centrale après suppression de l’un des deux organes
labyrinthectomie chimique. vestibulaires.

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Oto-rhino-laryngologie Maladie de Ménière 20-205-A-10

SCHÉMA THÉRAPEUTIQUE PRÉCONISÉ locales, ou de première intention chez ce même type de patients,
DANS LA MALADIE DE MÉNIÈRE mais dont l’audition est conservée.
Les drogues sédatives, telles que les benzodiazépines, le L’amélioration des protocoles de labyrinthectomie chimique pourrait
diménhydrinate, ou la scopolamine, atténuent la symptomatologie permettre d’envisager cette technique, y compris lorsque l’audition
vertigineuse et neurovégétative lors des crises. est encore de bonne qualité.
La bétahistine est la drogue de première intention pour le traitement
de fond et la prévention des crises (8-16 mg par jour, durant 6 à 12
mois).
Conclusion
Les diurétiques viennent en deuxième intention pour la prévention
des crises vertigineuses.
L’association de la bétahistine et d’un diurétique peut être essayée Malgré les études innombrables menées jusqu’à ce jour, la maladie de
si une monothérapie échoue. Ménière n’a toujours pas livré ses secrets, et continue de passionner les
praticiens et chercheurs du monde entier. On ignore par exemple
L’instillation de gentamicine dans la caisse du tympan par voie toujours son étiopathogénie exacte et, si au plan du mécanisme de la
transtympanique est le traitement de première intention pour survenue des crises, la théorie des ruptures membraneuses est la plus
prévenir les crises vertigineuses ou les crises de Tumarkin, chez les communément admise, de nombreuses zones d’ombre persistent. Enfin,
rares patients présentant des crises fréquentes, voire subintrantes, quoique le plus souvent bénigne, son évolution est capricieuse et
depuis 6 à 12 mois, malgré les traitement médicaux précédents, et éminemment variable d’un patient à l’autre. Retenons enfin que la
avec une audition non utile au niveau de l’oreille atteinte. labyrinthectomie chimique et la neurotomie vestibulaire ont
La neurectomie vestibulaire est considérée comme un traitement de révolutionné la prise en charge des patients présentant une
deuxième intention après échec de la gentamicine en applications symptomatologie vertigineuse invalidante.

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