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PLANS :

1. Acouphènes
2. Aération de l’oreille moyenne
3. Algies faciales
4. Anatomophysiologie de l’audition
5. Anatomophysiologie de la langue
6. Appareil branchial
7. Biologie tumorale et carcinogenèse
8. Cautérisation de la tache vasculaire
9. Chimiothérapie des carcinomes épidermoïdes ORL
10. Chirurgie ganglionnaire
11. Curiethérapie
12. Delayed vertigo ou hydrops endolymphatique retardé
13. Désinfection d’un fibroscope nasopharyngé (en consultation)
14. Diverticule pharyngo-œsophagien de Zenker
15. Fistule
16. Fistule de la première fente branchiale (fistule auriculo-branchiale)
17. Fistules branchiales cervicales basses
18. Grenouillette
19. HPV 16-18 et cancers des VADS
20. Laryngocèle externe
21. Lavage d’oreille pour extraction d’un bouchon de cérumen
22. Lésions précancéreuses des muqueuses des voies aérodigestives
supérieures
23. Lymphangiomes kystiques
24. Lymphomes ORL
25. Minor
26. Myringotomie et paracentèse

27. Otalgie réflexe

28. Otite externe

29. Paragangliomes temporaux

30. Paralysies des nerfs crâniens

31. Paralysies faciales périphériques (PFP)

32. Paralysies récurrentielles

33. Pathologie salivaire parotidienne non tumorale

34. Pathologie salivaire submandibulaire non tumorale

35. Pathologie salivaire tumorale

36. Radiothérapie

37. Schwannomes et autres tumeurs neurogènes bénignes

38. Sialendoscopie

39. Stridor de l’enfant

40. Surveillance d’un cancer ORL

41. Tamponnements choanal et nasopharyngien

42. TDM de l’oreille normale


A
Acouphènes
Ce sont des bruits perçus par le malade en – une surdité professionnelle ou une surdité
l’absence de stimulation acoustique extérieure. par traumatisme sonore est soupçonnée sur
On distingue les acouphènes objectifs, percep- la présence d’une « encoche » centrée sur le
tibles à l’auscultation périotique, et les acou- 4 000 Hz ;
phènes subjectifs non auscultables. – une étude des hautes fréquences au-delà de
• Les acouphènes pulsatiles et objectifs doivent 8 000 Hz est utile en cas d’acouphènes de
faire rechercher une malformation vasculaire ou tonalité aiguë avec audiométrie tonale normale
un paragangliome temporal (cf. encadré « Acou- chez un patient en cours de chimiothérapie par
phènes pulsatiles »). Parfois, ce sont des bruits sels de platine (cf. chapitre 7) ;
musculaires : myoclonies du muscle stapédien. – en cas de surdité de transmission à tympan
• Les acouphènes subjectifs non pulsatiles sont normal, la TDM recherche les hypodensités
les plus nombreux. Ils peuvent accompagner labyrinthiques de l’otospongiose ;
n’importe quel type de surdité ou rester complè- – en cas d’acouphènes unilatéraux fluctuants
tement isolés. C’est un symptôme monomorphe de tonalité grave avec atteinte sur les graves
pauvre. Le patient n’a que peu de mots pour les en audiométrie tonale, il faut rechercher des
décrire : sifflements, grésillements, jets de vapeur, symptômes d’hydrops : plénitude d’oreille,
bruits de moteur, dans l’oreille, dans toute la tête. fluctuations auditives, troubles de l’équilibre
Ce patient est surtout en demande d’un traite- (maladie de Menière, migraine) ;
ment médicamenteux. Aujourd’hui, on ne peut – une surdité de perception unilatérale pro-
que lui répondre qu’il n’y a pas de médicament gressive doit faire pratiquer une IRM à la
efficace. recherche d’un neurinome de l’acoustique ;
L’habituation devrait être la loi générale de leur – en cas de surdité sévère ou profonde, un
évolution. Toutefois, chez de nombreux patients, bilan en vue d’une implantation cochléaire peut
cette habituation ne se produit pas et la présence être programmé.
de ce symptôme angoissant signifie que plus rien • En l’absence de surdité, l’IRM est demandée
ne sera pareil et que c’est la fin des plaisirs. pour éliminer un accident vasculaire cérébral et
une tumeur de la fosse postérieure. Toutefois,
le patient doit être prévenu que l’imagerie des
Bilan ORL acouphènes est le plus souvent normale. Une
Outre l’otoscopie et l’auscultation à la recherche réponse comme la mise en évidence d’un conflit
d’un souffle dans le cadre d’un acouphène pul- vasculo-nerveux de l’angle ponto-cérébelleux
satile, il faut rechercher un trouble temporo- ne peut qu’exceptionnellement être validée, car
mandibulaire et de l’articulé dentaire (syndrome l’artère doit présenter un certain calibre, aborder
de Costen). Mais c’est le bilan auditif qui est le perpendiculairement le nerf, exercer un effet de
plus important. masse sur celui-ci au niveau de sa zone de faiblesse
• Les acouphènes peuvent apparaître en cas de à la jonction entre le nerf myélinisé et le nerf non
lésion de n’importe quel élément de la chaîne myélinisé.
de l’audition, depuis les structures de l’oreille
moyenne jusqu’au cerveau. L’audiométrie tonale Prise charge psychologique
et vocale, l’impédancemétrie doivent donc dépis-
ter une atteinte auditive et la caractériser : Si nous n’avons pas de médicament actif contre
– la découverte d’une presbyacousie fait les acouphènes, une erreur serait de déclarer au
s’engager dans une procédure d’appareillage ; patient : « Je ne peux rien faire pour vous, il n’y

Guide d'ORL
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a pas de traitement, c’est dans la tête, il faut vivre à 8 000 Hz avant de retourner sur une fréquence
avec, ce n’est pas la peine de revenir me voir. » un peu moins grave que la première, et ainsi de
Il faut comprendre que chez nombre d’entre eux, suite jusqu’à la détermination de la fréquence
la souffrance morale les déborde et génère une la plus proche de l’acouphène perçu. En cas de
aggravation. Cette aggravation réside dans l’inter- perte auditive, la fréquence de l’acouphène est
prétation que le patient fait de son acouphène. habituellement localisée dans la zone déficitaire.
Cette interprétation est propre à la structure de sa • L’intensité est mesurée en présentant au
personnalité. Il faut la deviner. Une intervention patient un son de fréquence différente de celle
psychologique peut ensuite être nécessaire pour le de son acouphène, d’intensité croissante, et en
faire sortir de ce cercle vicieux. lui demandant de signaler le moment ou le son
présenté est de même intensité que l’acouphène
L’interrogatoire perçu.
• Niveau de masquage : à l’aide d’un bruit blanc,
Il représente l’occasion de gagner la confiance du il est possible de déterminer à quelle intensité
patient, souvent déjà démoralisé par des confrères. l’acouphène n’est plus perçu et s’il existe une
Il faut prêter une oreille bienveillante à l’écoute inhibition résiduelle.
de sa souffrance. Branché sur son regard, on
reformule tout ce qu’il dit. Un premier objectif
est de savoir si l’acouphène varie dans son inten-
Que dire ?
sité et dans la gêne ressentie et de comprendre « Il n’y a aucun doute que vous soyez atteint
pourquoi. Un deuxième objectif est de savoir à d’une pathologie organique. En aucun cas, ce
quel point le patient se remet en question : « Je n’est un phénomène psychique. Mais la ten-
n’y arriverai pas » ; « J’aurai cela toute ma vie » ; sion psychique aggrave la situation en générant
« Ça ne peut que s’aggraver » ; « Personne n’y de l’anxiété1. Pire, elle empêche le phénomène
connaît rien » ; « Ça va me rendre sourd ». naturel d’habituation. Nous allons voir ensemble
Cet acouphène est-il ancien ou récent ? D’appari- ce qu’on peut mettre en place pour que vous
tion brusque ou progressive ? Uni- ou bilatéral ? développiez un processus d’adaptation et que
Permanent ou intermittent ? Isolé ou associé à des vous preniez du recul avec votre acouphène. »
vertiges, à une hypoacousie, à une hyperacousie ?
On arrive aux points essentiels : un événement Quelle thérapie pour les
particulier est-il à l’origine du symptôme (trau- patients acouphéniques ?
matisme sonore, accident et agressions diverses) ?
Les aggravations coïncident-elle avec le revécu Ces patients ne consultent pas pour qu’on leur
de cet événement ? Les troubles du sommeil dise que c’est psychologique. Il faut proposer une
sont un bon témoin de cette situation, traduisant prise en charge technique : abord sophrologique,
l’importance du stress qui le réveille chaque nuit. psychanalytique ou comportemental. Le patient
doit repartir rassuré, confiant, devenu acteur de
L’acouphénométrie sa prise en charge.

Sa précision est illusoire, mais elle permet d’éta- Thérapies cognitivo-comportementales


blir le lien entre la perte auditive et l’acouphène.
(TCC)
Le spectre de l’acouphène est l’image en miroir de
la perte auditive. Ces mesures ont des applications À la base, le patient se focalise sur son impuis-
thérapeutiques potentielles (cf. infra). sance à contrôler la situation. La survenue de
• La fréquence est déterminée en recherchant l’acouphène a provoqué un traumatisme psycho-
une égalisation avec le son présenté, en ipsi- ou en logique avec perte de son image narcissique et de
controlatéral. Il faut procéder par encadrement. l’estime de soi. L’interprétation du phénomène
Commencer par un son grave (250 Hz) en acouphénique nécessite donc un travail de deuil.
demandant au patient si son acouphène est plus La thérapie consiste à transformer son sentiment
aigu ou non. Puis on répète la mesure avec un son d’impuissance en efficacité par des outils qui

A 233


utilisent des mécanismes de pensée consciente. Solutions proposées
Le but est que le patient n’écoute plus son acou- par l’audioprothésiste
phène de façon obstinée dans l’espoir de redeve-
nir la personne qu’il était avant ce traumatisme. L’acouphénométrie comparée à l’audiométrie
Cette obstination anxieuse est le principal facteur tonale renseigne sur la forme du signal qui doit
d’amplification. être proposé aux patients. Elle cherche aussi à
savoir si cet acouphène subjectif est susceptible
d’être inhibé temporairement par un bruit mas-
Psychothérapies psychanalytiques
quant adapté.
Ici, l’hypothèse est que l’acouphène a déstabilisé En cas de surdité, l’amplification par une aide
une personnalité sous-jacente. Sa morbidité est auditive est souvent efficace. Cette réafférence de
donc le résultat d’un retour dans le corps de la zone sous-stimulée par la perte auditive fait dimi-
conflits refoulés. C’est le réveil des sentiments de nuer le gain sur la zone de l’acouphène. Certes,
dépendance, de régression, de frustration, avec l’acouphène réapparaît au retrait de l’aide audi-
résurgence d’angoisses infantiles. La psychothé- tive. Toutefois, il existe une période d’inhibition
rapie ne prend donc pas en charge directement résiduelle, pouvant parfois durer plusieurs heures.
l’acouphène, mais l’ensemble du patient dans Actuellement, les combis associent un générateur
toutes ses dimensions, conscientes et incons- de bruit à l’amplification qui reste nécessaire.
cientes. Le patient se découvre au fur et à mesure En l’absence de surdité, la technique du mas-
et se réapproprie son histoire personnelle avant quage seule n’est plus guère utilisée. Elle n’a pas
l’accident acouphénique, pendant et après. d’efficacité durable. Elle ne permet pas l’habitua-
tion. À l’arrêt de la stimulation sonore, l’acou-
Prise en charge d’une névrose phène peut être plus intense. Toutefois, en cas
d’hyperacousie, le recours à un bruit blanc de
Chez des patients possédant une prédisposition
faible émergence apporte des améliorations en
psychotique, en particulier paranoïaque, l’acou-
trois mois avec diminution du seuil d’inconfort.
phène peut déclencher un processus d’inter-
Enfin, un audiogramme « normal » ne permet
prétation persécutive visant une cible extérieure
pas d’exclure des distorsions supraliminaires. Il
supposée avoir l’intention de lui nuire. Apparaît
peut être proposé des solutions d’enrichissement
alors une angoisse massive avec risque de repli
de l’environnement sonore. Par exemple, pour
total ou de passage à un acte agressif. Il est donc
une gêne dans le calme principalement ou pour
parfois nécessaire de passer par une consultation
faciliter l’endormissement.
psychiatrique pour associer un traitement antidé-
Les résultats sont très variables. Le patient doit
presseur et antipsychotique.
avoir connaissance de l’existence de ces systèmes.
À lui de se décider pour un essai.
Conclusion
1. Sensation de boule dans la gorge, déglutition
Pour améliorer le vécu du patient, il est important
difficile, reflux, ballonnements, tensions musculaires,
de prendre en compte la structure psycholo- douleurs cervicales, maux de tête, manque de som-
gique du patient pour diminuer toutes les sources meil et difficultés de concentration, réactions cuta-
anxieuses, amplificatrices des acouphènes. nées avec sueurs froides, rougeurs, eczéma, etc.

Acouphènes pulsatiles Séquences d’IRM avec angio-IRM dynamiquea


Elles recherchent trois pathologies :
Otoscopie
Elle fait le diagnostic de paragangliome de l’oreille moyenne • hypertension intracrânienne idiopathique. Il existe
(cf. fiche « Paragangliomes temporaux »). Si l’otoscopie est parfois des signes ophtalmologiques : baisse de l’acuité
normale, une échocardiographie et un écho-Doppler des visuelle et œdème papillaire. Ce sont souvent des sujets
vaisseaux du cou feront d’abord le diagnostic de sténose en surpoids. L’angio-IRM peut montrer une sténose de la
athéromateuse carotidienne cervicale. partie externe des sinus latéraux et une légère dilatation

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de la gaine des nerfs optiques. La ponction lombaire TDM de l’os temporal
fait disparaître l’acouphène et le traitement repose sur Elle recherche :
l’acétazolamide ; • une procidence ou une ectasie du golfe de la veine
• fistule durale. L’acouphène est souvent objectif. La jugulaire ;
fistule est visible à l’angio-IRM dynamique sous la forme • une malposition carotidienne et une artère stapédo-
d’une opacification précoce d’un réseau anarchique hyoïdienne naissant de la carotide et circulant sur le
vasculaire postérieur au niveau d’un des sinus latéraux, promontoire jusqu’à la fenêtre ovale ;
l’autre ne présentant encore aucun signal. Il faut la • une déhiscence des canaux semi-circulaires antérieurs
confirmation d’une artériographie diagnostique, permet- sur les incidences dans le plan de Pöschl (cf. fiche « Minor
tant aussi l’embolisation ; (syndrome de) »). Dans ce cas, l’acouphène pulsatile est
• paragangliome jugulaire. L’angio-IRM dynamique en rapport avec la transmission des battements du liquide
montre une prise de contraste lésionnelle au temps céphalo-rachidien.
artériel de l’injection. a Acquisitions séquentielles avec injections réalisées toutes les
5 secondes pendant une minute.
A 235

Aération de l’oreille moyenne


L’aération de l’oreille moyenne consiste à faire cente en avion veulent souvent forcer la trompe
pénétrer de l’air dans la caisse du tympan. On dis- d’Eustache à s’ouvrir. Un Valsalva inapproprié
pose de plusieurs méthodes. venant s’ajouter à la surpression ambiante peut
aboutir à une otite barotraumatique congestive et
Mise en place d’un aérateur avec épanchement séreux ou sanguin.
tympanique
Procédé de Toynbee
C’est le plus sûr moyen de lutter contre l’otite séro-
muqueuse. Toutefois, si la mise en place d’un yoyo À l’inverse de la manœuvre de Valsalva, il a pour but
(ou diabolo) est efficace sur le processus inflamma- d’aspirer l’air dans la trompe, depuis la caisse jusqu’au
toire tubotympanique, il n’arrête pas l’évolution rhinopharynx. Pour exécuter cette manœuvre, il faut
d’une poche de rétraction ou d’une perforation fermer la bouche, se pincer les narines et déglutir.
marginale vers le cholestéatome (cf. chapitre 6). Il apparaît alors une dépression dans le cavum qui
aspire le contenu de la caisse du tympan.
Manœuvre de Valsalva
(vidéo A.1 ) Procédé de Politzer
(douche d’air)
Le sujet pince ses narines, ferme la bouche et fait
un effort d’expiration pour gonfler ses oreilles Matériel :
(fig. A.1). L’air pénètre alors dans la trompe. Ce • poire à air de Politzer avec embout de Gellé ;
procédé ne réussit pas toujours et a l’inconvénient • un verre d’eau.
de traumatiser l’oreille. Certains patients ont ce Ce procédé est utile à connaître en cas de catarrhe
tic permanent. Le tympan finit par s’atrophier. tubaire aigu et chronique avec tympan rétracté.
La manœuvre de Valsalva est aussi utilisée par Il est aussi utile dans les suites d’une myringo-
les plongeurs avec bouteille à la remontée. Une plastie ou d’une tympanoplastie où une insuf-
rééquilibration asymétrique des deux oreilles flation douce rétablit une bonne aération de la
moyennes peut être responsable d’un vertige caisse. Toutefois, les fosses nasales ne doivent pas
alterno-barique. Les passagers lors d’une des- être infectées sous peine d’envoyer des sécrétions
purulentes vers l’oreille moyenne.

Principe
Au moment de la déglutition, la trompe
d’Eustache s’ouvre tandis que le voile se relève,
obturant l’espace rhinopharyngien. L’air qu’on
envoie sous pression dans une fosse nasale passe
dans l’oreille moyenne.

Protocole
Le sujet est assis. Lui faire prendre une gorgée d’eau
dans la bouche sans l’avaler. Introduire dans l’une
des narines l’embout olivaire de la poire à insuffla-
tion de Politzer. Obturer hermétiquement la narine
opposée et, par les mêmes doigts, serrer l’embout
qui a été introduit dans la fosse nasale (fig. A.2).
Demander au sujet d’avaler le liquide contenu dans
sa bouche. Presser sur la poire. Le sujet doit entendre
Figure A.1. Manœuvre de Valsalva.
l’air siffler dans son oreille. Il faut faire attention qu’il

236 Fiches ORL de A à Z

Figure A.3. Cathétérisme de la trompe d’Eustache.


Figure A.2. Procédé de Politzer. A. Sondes d’Itard de différents calibres. B. Courbe de
Manière de serrer l’embout olivaire dans la narine la sonde accrochant la queue du cornet inférieur (en
gauche, tout en obturant la narine droite avec le pouce. pointillés), suivie d’une rotation en dehors accrochant le
bourrelet tubaire (flèche).
y ait un synchronisme parfait entre le moment où
l’on presse sur la poire et celui où le malade avale, • introduction de la sonde tournée vers le bas
sinon tout devra être recommencé. jusqu’à la queue du cornet inférieur ;
• on fait pivoter le bec de 90° en dehors ;
Cathétérisme à la sonde d’Itard • son bout s’engage alors directement dans la trompe ;
• la sonde se tient toute seule, anneau bien
La sonde d’Itard en métal possède une courbure horizontal et narine légèrement soulevée ;
à l’une de ses extrémités et un anneau soudé du • on finit par l’insufflation.
côté opposé, aligné sur cette courbure, qui permet C’est une technique difficile à utiliser d’une main
de savoir dans quelle direction elle est orientée. Le légère. Elle n’est plus guère utilisée que par les
cathétérisme se fait en plusieurs temps (fig. A.3) : médecins de cure thermale.

`` Complément en ligne Vidéo eA.1. Valsalva sur rétraction tympanique.


Il s’agit d’une membrane tympanique gauche très fine,
pellucide et complètement rétractée. Elle moule le fond
Un complément numérique est associé à cette de caisse et plus particulièrement la région de la fosse
fiche, il est indiqué dans le texte par un picto . ovale avec la branche descendante de l’enclume et
l’étrier. Toutefois, le patient arrive encore à tout décoller en
Il propose la vidéo de la fiche. Pour voir cette pratiquant une manœuvre de Valsalva. Il faut profiter de ces
vidéo, scannez le flashcode correspondant à l’aide derniers moments où la membrane n’est pas encore fixée au
de votre smartphone ou de votre tablette, ou fond de la caisse pour pratiquer une grande myringoplastie
connectez-vous sur http://www.em-consulte.com/ avec de l’aponévrose temporale et un renforcement par des
fragments de cartilage disposés en palissade.
e-complements/474503 et suivez les instructions.
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Algies faciales
Une douleur permanente est habituellement sinus correspond au blocage d’un ostium sinusien
symptomatique d’une sinusite, d’un cancer avec survenant à la descente d’un avion. Brutalement,
envahissement osseux, d’une affection stomato- le passager se plaint d’une violente douleur uni-
logique, ophtalmologique ou systémique. Les latérale, frontale ou maxillaire qui cède peu à
douleurs paroxystiques sont des douleurs par peu après l’atterrissage ou après pulvérisation de
crises séparées de périodes asymptomatiques. vasoconstricteur.
Ces manifestations sont dites essentielles quand
aucune cause n’est retrouvée. On les distingue
encore en névralgique ou non névralgique selon
Douleurs d’origine
qu’elles résultent de l’irritation d’un nerf à fibre ophtalmologique
sensitive (névralgie du trijumeau) ou non (algies Les douleurs du glaucome chronique sont habi-
de type vasculaire). Il faut se méfier d’une névral- tuellement orbitaires et s’accompagnent d’une
gie lorsqu’elle survient sur un fond continu, avec douleur à la pression du globe. L’hétérophorie,
hypoesthésie dans son territoire, car il pourrait un trouble de la réfraction, provoque des cépha-
bien y avoir une tumeur sous-jacente (névralgie lées maximales le soir et accentuées par la fatigue.
secondaire du trijumeau) (fig. A.4).

Troubles fonctionnels
Douleurs d’origine de l’articulation
nasosinusienne temporo-mandibulaire
Un simple rhume peut simuler une sinusite par Ce sont souvent des femmes jeunes avec hyper-
congestion des orifices de drainage. Le vacuum laxité ligamentaire. La douleur siège dans la région
parotido-massétérique avec otalgie. L’association
de bourdonnements à une sensation d’oreille
bouchée forme le syndrome de Costen. Les algies
sont en rapport avec une contracture musculaire
provoquée par un déséquilibre de l’articulé den-
taire. Il y a eu souvent des soins stomatologiques
récents (amalgame trop épais). Les douleurs sont
maximales le soir à la fatigue, après un repas ou
encore le matin en cas de bruxisme (mouvement
involontaire de grincement des dents pendant le
sommeil). Le diagnostic repose sur la découverte
d’un blocage à l’ouverture de la bouche, d’une
subluxation temporo-mandibulaire à l’ouverture
maximale de la mâchoire. Le meulage des appuis
anormaux et le rétablissement d’un bon articulé
dentaire sont d’abord nécessaires. Ensuite, on
peut aussi proposer une rééducation.
Figure A.4. Innervation sensitive de la face.
Les trois territoires du nerf trijumeau (V1, V2, V3).
L’angle de la mâchoire et la région occipitale
Maladie de Horton
sont innervés par les branches du plexus cervical
superficiel ; la conque ou zone de Ramsay-Hunt est
C’est une affection systémique touchant la per-
innervée par les fibres sensitives du VII (flèche). sonne âgée. Elle se caractérise par de violentes
Doyon D., Marsot-Dupuch K., Francke J.-P. Nerfs crâniens. céphalées temporales s’accompagnant d’une
Anatomie, clinique, imagerie. Paris : Masson, 2002, p. 102 hypersensibilité du cuir chevelu. La preuve en est
(figure 6.1).

238 Fiches ORL de A à Z


faite par la biopsie de l’artère temporale, montrant et para-amygdalienne. La zone gâchette est située
une artérite granulomateuse à cellules géantes. au niveau de l’amygdale ou de la paroi latérale du
La vitesse de sédimentation et la CRP (protéine pharynx. Elle est actionnée par la déglutition ou
C-réactive) sont très élevées. la phonation. Son irradiation à l’oreille est atroce
(nerf de Jacobson) avec impression d’éclatement
du tympan, de « flamme sortant de l’oreille ».
Névralgie du trijumeau Chez un sujet alcoolo-tabagique, il faut se méfier
(tic douloureux de la face car l’otalgie réflexe est un signe fréquent de
ou maladie de Trousseau) cancer de la base de langue et du sinus piriforme
(cf. chapitres 2 et 3).
Dans sa forme essentielle, elle survient après l’âge
de 50 ans, plus fréquemment chez la femme.
Les douleurs réalisent des décharges électriques Névralgie du ganglion géniculé
brèves, unilatérales, se répétant en salves pendant
quelques minutes. Dans deux tiers des cas, elles La névralgie essentielle du VII bis siège au niveau
débutent dans une mâchoire en regard des pré- du conduit auditif externe. Elle est le plus souvent
molaires ; dans les autres cas, elles partent de la secondaire au zona auriculaire.
région orbitaire, irradiant vers la joue ou la région
nasale. Elles sont typiquement déclenchées par la Névralgie du grand nerf
stimulation d’une zone gâchette : attouchement occipital (C1-C2)
de certaines portions cutanées lors du rasage, par
exemple. Bien que son siège soit à point de départ occipital,
L’examen est strictement normal. Il n’y a pas les irradiations se font aux vertex, à l’hémicrâne
en particulier d’hypoesthésie. La carbamazépine et jusque dans la région latérale de la face. C’est
est efficace au début. Dans la plupart des cas, une douleur unilatérale, réveillée par les mouve-
la cause est un conflit vasculo-nerveux entre le ments brusques de la tête : flexion, et éternue-
segment cisternal du V et une boucle formée par ments. L’efficacité de l’infiltration de xylocaïne
une branche de l’artère cérébelleuse supérieure. à l’émergence de C1-C2 constitue un bon test
La non-visibilité de la boucle à l’IRM n’exclut pas thérapeutique.
le diagnostic. L’intervention neurochirurgicale
consiste à interposer une mousse de téflon entre
Algie vasculaire de la face
la boucle et le nerf. Les résultats sont souvent
spectaculaires. Elle réalise schématiquement l’équivalent d’une
Il faut se méfier de douleurs atypiques durant migraine dans le territoire de la carotide externe :
plusieurs heures et siégeant sur deux branches artère faciale, artère temporale superficielle ou
du nerf. Surtout s’il existe des signes otologiques artère maxillaire interne (ancien syndrome de Slu-
associés, il faut rechercher un cancer du rhinopha- der, syndrome de Charlin, sympathalgies, migrai-
rynx par fibroscopie nasopharyngée. Par ailleurs, nous nevralgia, cluster headache). C’est un homme
le moindre déficit sensitif dans le territoire du le plus souvent entre 10 et 30 ans. Les douleurs
trijumeau (abolition d’un réflexe cornéen +++) sont unilatérales, siégeant toujours du même côté.
doit faire pratiquer une IRM à la recherche d’une L’accès douloureux débute à la racine du nez, dans
tumeur de la fosse postérieure ou d’une métastase l’angle interne de l’œil, au niveau de l’aile du nez,
cérébrale lésant le ganglion de Gasser (névralgie ou encore au front ou à la tempe. La douleur,
symptomatique du trijumeau). souvent pulsatile, s’accroît progressivement en
intensité et en territoire jusqu’à atteindre son acmé
Névralgie du glosso-pharyngien en 10 à 15 minutes. Puis brusquement, la douleur
cède au bout de 30 à 180 minutes. Les crises sur-
Dans sa forme essentielle, la douleur est localisée viennent typiquement 1 à 3 fois par jour, tous les
à la région parotido-massétérique, amygdalienne jours pendant quelques semaines. Les rémissions

A 239


sont souvent longues. Il existe des signes neurové- souffrir tous les jours depuis des années. Leur
gétatifs accompagnateurs : larmoiement, signe de siège peut être évocateur : langue (glossodynie),
Claude Bernard-Horner, injection conjonctivale, sensation de brûlure de l’aile du nez. L’abord
photophobie, obstruction nasale, écoulement nasal, de ces malades est difficile car, d’une part on
rougeurs de la face. Un bon test thérapeutique est craint de méconnaître une affection organique,
constitué par l’efficacité du tartrate d’ergotamine en et d’autre part la multiplication des examens
pulvérisation nasale ou par voie parentérale, utilisé complémentaires installe le malade dans son
dès les premiers signes (1 à 2 mg). Le traitement de « système pathologique ». En pratique, il faut
fond est celui des migraines. essayer de retrouver la nature de l’agression
sociale ou familiale qui engendre l’angoisse et
amener le malade à faire le lien avec les algies.
Douleur faciale Il faut traiter le facteur local de manière aussi
d’origine psychique peu agressive que possible, car la thérapeutique
On y pense lorsque la douleur est mal défi- ne sert que de soutien jusqu’à ce que le malade
nie, qu’elle est ancienne et que le malade dit puisse se prendre en charge.
240 Fiches ORL de A à Z

Anatomophysiologie de l’audition
Les vibrations aériennes pénètrent par l’oreille Troisième transducteur :
externe. Elles sont transformées en vibrations l’oreille interne
liquidiennes par l’oreille moyenne au niveau de
la platine de l’étrier. La cochlée (oreille interne) La cochlée possède une structure vibratoire méca-
convertit les vibrations liquidiennes en un signal nique et un système de cellules ciliées sensorielles.
électrochimique véhiculé par les voies auditives Mais la sensation est affinée par un contrôle
jusqu’au cortex. central géré par l’oreille interne elle-même.

Premier transducteur : Structure mécanique


le tympan La cochlée est une cavité osseuse de 3 cm de
long, enroulée sur elle-même en deux tours et
La membrane tympanique est un capteur de pres- demi de spire, rappelant une coquille d’escargot
sion fonctionnant sous un régime d’oscillations (limaçon). Elle contient un seul tube mem-
forcées. Elle est fixée au sulcus par l’annulus, et braneux enroulé sur lui-même. Si on déroule ce
elle est solidaire de la chaîne des osselets par le tube (fig. A.7), on constate qu’il est en forme
manche du marteau (fig. A.5). de U par la réunion de deux rampes : la rampe
vestibulaire qui s’ouvre dans la caisse du tympan
Deuxième transducteur : par une fenêtre fermée par la platine de l’étrier.
la chaîne des osselets L’autre rampe, dite tympanique, s’ouvre aussi
dans la caisse du tympan par une fenêtre fermée,
La chaîne ossiculaire est un transformateur mais cette fois par la fine membrane de la fenêtre
d’impédance (fig. A.6). L’énergie acoustique ronde. Les rampes vestibulaire et tympanique
transmise dépend de la vitesse de l’étrier et pas sont remplies de périlymphe. Celle-ci est mise
du volume d’endolymphe déplacé qui est infini- en vibration par les mouvements alternatifs de
tésimal. l’étrier, compensés par l’élasticité de la membrane
de la fenêtre ronde.

Structure sensorielle
• Le canal cochléaire longe toute la longueur du
limaçon. Il est rempli d’endolymphe. C’est lui qui
contient les cellules ciliées de l’organe sensoriel
auditif de Corti. Sur une coupe (fig. A.8), on dis-
tingue la rampe vestibulaire, la rampe tympanique
et le canal cochléaire. Le canal cochléaire repose
sur la membrane basilaire et est séparé de la rampe
vestibulaire par la membrane de Reissner.
• Les cellules sensorielles ciliées situées dans le
canal cochléaire constituent une sorte de piano
où chaque touche représente une fréquence : fré-
quences aiguës à la base du limaçon et fréquences
graves au sommet. La base des cellules ciliées
repose sur la membrane basilaire, mais le sommet
Figure A.5. Membrane tympanique droite et marteau. des cils est enchâssé dans une membrane vibrante
TM : tête du marteau ; An : annulus.
Sauvage J.-P., Vergnolles P. Anatomie de l’oreille moyenne. EMC
qui longe aussi tout le limaçon : la membrane
(Elsevier Masson Paris), ORL, 2008, 18 p. [Article 20-015-A-10]. tectoriale.

A 241

Figure A.6. Chaîne des


osselets.
Legent F., Perlemuter L.,
Vandenbrouck C. Cahiers
d’anatomie ORL. Oreille A, Volume 2,
4e édition. Masson, 1986.

Figure A.7. Système perceptif auditif.


A. Face interne de la caisse du tympan après ablation des osselets. 1 : seuil de l’additus ; 2 : saillie du canal semi-
circulaire latéral ; 3 : fenêtre ovale (la platine de l’étrier a été retirée) ; 4 : promontoire (saillie du premier tour de spire
de la cochlée) ; 5 : fenêtre ronde ; 6 : subiculum en avant du sinus tympani (flèche a) ; 7 : tendon du muscle de
l’étrier sortant de la pyramide. B. Cochlée déroulée avec rampe vestibulaire et rampe tympanique communiquant
par l’intermédiaire de l’hélicotréma situé au sommet de la cochlée. La membrane tectoriale et les cellules ciliées sont
dans le canal cochléaire rempli d’endolymphe (en bleu).
D’après : Sauvage J.-P., Vergnolles P. Anatomie de l’oreille moyenne. EMC, Paris (Elsevier Masson), ORL, 2008, 18 p. [Article 20-015-A-10].

• Sous l’effet des vibrations transmises par l’étrier Cellules ciliées internes, cellules
aux liquides labyrinthiques, la membrane tecto- ciliées externes et courbes d’accord
riale et la membrane basilaire entrent en vibration.
La cochlée traite le signal acoustique en périphérie
Cette vibration est analysée par les cellules ciliées
pour une meilleure compréhension des sons au
dont l’activité est transmise aux centres par les
niveau central.
axones du nerf cochléaire.

242 Fiches ORL de A à Z


Figure A.8. Tubes hélicéens
de la cochlée.
A : rampe vestibulaire ; B :
canal cochléaire ; C : rampe
tympanique ; 1 : organe de
Corti ; 2 : membrane basilaire ;
3 : membrane de Reissner ;
4 : ligament spiral. Au piano,
l’organe de Corti longeant tout
le limaçon.

Figure A.9. Coupe de l’organe


de Corti.
CI : cellules ciliées internes ;
CE : cellules ciliées externes.
Comparaison des courbes de
sélectivité au niveau de la membrane
basilaire (ligne continue) et au niveau
d’une fibre nerveuse (ligne pointillée).
Aran J.-M., Harrison R.-V. Physiologie
de la cochlée, in : Physiologie
neurosensorielle. Paris : Masson, 1983,
p. 81 (fig. 77).

Il y a deux sortes de cellules ciliées dans l’organe 235 et vérifier que c’est bien la bonne note qui
de Corti. Les vraies cellules sensorielles sont les a été entendue. C’est le principe de l’affinement
cellules ciliées internes, dont il n’existe qu’une des courbes d’accord (fig. A.9) où le gain de
seule rangée. Ce sont elles qui informent les sélectivité au niveau de la fibre nerveuse est très
centres. En revanche, les cellules ciliées externes, supérieur à ce qu’on pourrait attendre de la mem-
distribuées en trois rangées, ont un rôle différent. brane basilaire. La perte des cellules ciliées avec
Elles ont des propriétés contractiles. En fait, l’âge a donc un effet désastreux. Le sujet entend
elles agissent pour tendre la membrane tectoriale mais ne comprend plus.
et affiner la perception par les cellules ciliées
internes.
Supposons qu’on fasse entendre une note : un La Conclusion
235. Ce n’est pas une seule cellule ciliée interne
qui est mise en jeu, mais tout un groupe de L’oreille interne n’est pas un simple microphone
cellules de part et d’autre de cette fréquence. Le envoyant passivement des messages auditifs aux
message qui parvient aux centres est donc flou. centres. C’est plutôt un micro-ordinateur dialo-
Les centres vont alors agir pour tendre la mem- guant avec l’encéphale pour affiner et ajuster ses
brane tectoriale de part et d’autre de la zone La réponses.
A 243

Anatomophysiologie de la langue
Cf. aussi fig. 1.14, 1.15 et 3.3. muscles de la face dorsale. Elle est mince et
La langue mobile appartient à la cavité buccale. non adhérente à la face inférieure, expliquant la
Elle représente les deux tiers antérieurs de la formation d’œdèmes jusqu’au plancher.
langue. Son tiers postérieur est la base de langue Les lymphatiques de la langue mobile se drainent
qui appartient à l’oropharynx. Ces deux parties vers les nœuds lymphatiques submentaux et sub-
sont séparées par le V lingual, constitué par mandibulaires. Les lymphatiques de la base de
les papilles gustatives caliciformes. Le V lingual langue se drainent vers les nœuds lymphatiques
est ouvert en avant et se termine latéralement submandibulaires et jugulo-carotidiens. Les zones
par l’insertion des piliers antérieurs de la loge médio-linguales ont un drainage bilatéral.
amygdalienne. En arrière, il se termine en pointe L’innervation motrice est principalement assu-
au niveau du foramen cæcum, vestige de l’orifice rée par le nerf hypoglosse (XII). L’innervation
du canal thyréoglosse. sensitive et gustative des deux tiers antérieurs de
La langue mobile présente une face dorsale, deux la langue dépend du nerf lingual (V3) puis de la
bords latéraux se terminant par la pointe et une corde du tympan et du nerf facial rejoignant le
face ventrale divisée en deux par le frein de la ganglion géniculé, et enfin du nerf intermédiaire
langue se prolongeant jusqu’au plancher de la de Wrisberg (VII bis) qui finit en se connectant
bouche. De part et d’autre du frein, le plancher au noyau gustatif supérieur du plancher du 4e
est soulevé par les caroncules sublinguales et les ventricule. Le nerf glosso-pharyngien (IX) assure
abouchements des canaux de Wharton (glandes l’innervation de la base de langue. La gustation
submandibulaires) et des sublinguales. basi-linguale passe par une connexion au noyau
La base de langue est presque verticale et ne peut gustatif inférieur.
être examinée qu’avec un miroir laryngien. Sa
palpation est donc primordiale.
Le squelette ostéo-fibreux de la langue est formé
de l’os hyoïde avec la membrane hyoglosse et
le septum lingual réalisant une lame fibreuse et
verticale tendue de la membrane hyoglosse en bas
jusqu’à la pointe de la langue en haut (fig. A.10).
C’est sur ce squelette que s’appuient les muscles
de la langue pour obtenir sa protraction (dix-sept
muscles dont les fibres s’entrecroisent dans les
trois plans de l’espace). Figure A.10. Squelette de la langue.
La muqueuse linguale est formée d’un épithélium Rouvière H. Anatomie humaine. Tome I. Tête et Cou.
Paris : Masson, 1959, p. 408 (fig. 261).
pavimenteux, non kératinisé, très adhérent aux
244 Fiches ORL de A à Z

Appareil branchial (embryologie de l’)


Pour comprendre la formation des kystes et fis-
tules branchiaux et les anomalies des arcs aor-
tiques, il est essentiel de connaître quelques
éléments d’embryologie.

Appareil branchial
À l’examen de la région céphalique d’un embryon
de poisson, on constate une série de fissures dorso-
ventrales alternant avec des épaississements dorso-
ventraux : ce sont les fentes et les arcs de l’appareil
branchial. Les fentes sont constituées de poches
ectoblastiques et de poches endoblastiques, se
creusant en regard les unes des autres et s’acco-
lant pour former une membrane obturante. En Figure A.12. Région branchiale d’un très jeune
revanche, les arcs séparant les fentes possèdent embryon humain.
une masse épaisse de mésoblastes entre les deux La flèche en pointillés indique le stomodæum. BF :
épithéliums. bourgeon frontal ; BMS : bourgeon maxillaire supérieur.
Giroud A., Lelièvre A. Éléments d’embryologie. Paris : Librairie E.
Dans chaque arc se développent : un squelette, des Le François, 1960, p. 216 (fig. 143).
éléments musculaires, des vaisseaux et des nerfs.
Ces nerfs constitueront les paires crâniennes : ces arcs aortiques qui, par leur réunion à droite
pour le 1er arc, la Ve paire ; pour le 2e arc, la VIIe et à gauche, constituent les aortes dorsales de
paire ; pour le 3e arc, la IXe paire ; et pour le 4e arc l’embryon (fig. A.11). Chez les poissons, la mem-
et les suivants, la Xe paire. Les vaisseaux sont des brane obturante disparaît, formant des ouvertures
branches des aortes ventrales qui montent dor- directes avec l’extérieur qui, en se garnissant de
salement chacune dans un arc différent. Ce sont lamelles branchiales richement vascularisées, vont
assurer l’hématose et la respiration.
Chez les embryons humains (fig. A.12), on ne voit
extérieurement que la trace de quatre arcs séparés
par leurs poches ectoblastiques. La dépression du
stomodæum est située entre le bourgeon frontal
doublé par le bourgeon maxillaire supérieur et
bordée en bas par le 1er arc dit mandibulaire.
En arrière de l’arc mandibulaire, on trouve le
2e arc, dit arc hyoïdien. Le développement de
l’encéphale entraîne une inflexion considérable de
l’extrémité céphalique. Le 2e arc vient alors passer
au-dessus des 3e et 4e arcs pour limiter la cavité
du sinus cervical dont la coalescence de ses parois
amène rapidement à son occlusion (fig. A.13).

Figure A.11. Arcs aortiques du côté gauche. Destinée des formations


Leur confluence du côté dorsal forme l’aorte dorsale branchiales
gauche. Les deux aortes dorsales droite et gauche se
réunissent pour former l’aorte médiane. Toutes les poches ectoblastiques sont appelées
Giroud A., Lelièvre A. Éléments d’embryologie. Paris : Librairie E.
Le François, 1960, p. 222 (fig. 149). à disparaître, à l’exception de la première qui

A 245

Figure A.14. Schéma des dérivés du squelette des arcs.


Figure A.13. Formation du sinus cervical. Giroud A., Lelièvre A. Éléments d’embryologie. Paris : Librairie E.
Giroud A., Lelièvre A. Éléments d’embryologie. Paris : Librairie E. Le François, 1960, p. 223 (fig. 150).
Le François, 1960, p. 220 (fig. 147).

donne le conduit auditif externe. La première Kystes et fistules branchiaux


poche endoblastique persiste, s’allonge, et son
extrémité dorsale s’intercale entre l’oreille interne Normalement, les restes du sinus cervical et des
et l’oreille externe pour constituer la caisse du poches branchiales qu’il renferme disparaissent.
tympan, tandis que le reste de la poche donnera la Mais ils peuvent donner lieu à des kystes (kystes
trompe d’Eustache. La deuxième poche donnera branchiaux ou kystes amygdaloïdes) siégeant au
naissance à l’amygdale palatine. Les autres poches niveau du sterno-cléido-mastoïdien (cf. chapitre 4).
sont à l’origine du thymus et des parathyroïdes. La persistance d’une fente branchiale est à l’ori-
Le squelette du premier arc branchial est repré- gine d’une fistule latérale du cou. Elle se carac-
senté par le cartilage de Meckel donnant le térise par un orifice situé dans la partie moyenne
marteau, l’enclume et la mandibule (fig. A.14). du muscle sterno-cléido-mastoïdien. Elle peut se
Le squelette du deuxième arc est le cartilage prolonger en profondeur pour s’ouvrir au sommet
de Reichert dont dérivent l’étrier, l’apophyse de l’amygdale palatine. Il peut aussi exister des fis-
styloïde, le ligament stylo-hyoïdien et les petites tules seulement internes, dites borgnes, provenant
cornes de l’os hyoïde. de la persistance de poches endoblastiques.
B
Biologie tumorale et carcinogenèse

Gène p53 EGF (epidermal growth factor)


Il interviendrait fréquemment dans les carcinomes Il intervient sur la division, la migration, l’adhésion,
épidermoïdes de la tête et du cou. C’est un gène la différenciation et l’apoptose cellulaires par la
suppresseur de tumeur, impliqué dans plusieurs voie de la tyrosine kinase. Une surexpression du
voies de régulation cellulaire : contrôle du cycle récepteur à EGF paraît corrélée à la sévérité de la
de la cellule, réparation de l’ADN, apoptose. Le dysplasie dans les lésions précancéreuses. Certaines
gène p53 est situé sur le chromosome 17p et code modifications génétiques sont précocement obser-
une protéine instable : le 53 kDa qu’on trouve à vées dans les états précancéreux de la cavité buc-
faible concentration dans les cellules normales. cale : 30 % des lésions hyperplasiques présentent des
Cette protéine interviendrait dans la phase d’arrêt pertes chromosomiques en 9p21 et 3p14. Celles-ci
cellulaire G1 quand l’ADN est endommagé par sont plus fréquentes chez les patients développant
un carcinogène. La mutation du gène p53 est une cancérisation. Ces pertes chromosomiques pré-
à l’origine d’une accumulation de protéine p53 coces peuvent précéder les mutations p53.
anormale et stable. Elle est alors détectée dans Le niveau d’expression du récepteur à l’epidermal
plus de 50 % des carcinomes épidermoïdes de la growth factor (REGF) peut être mesuré à partir
cavité buccale. des biopsies. C’est un facteur pronostique.

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C
Cautérisation de la tache vasculaire
Ce sont des enfants scolarisés de moins de 7 ans pour éviter la récidive des épistaxis. Dans ce but,
devant quitter fréquemment la classe pour l’infir- son efficacité est certaine ; toutefois, sa répéti-
merie en raison de saignements de nez itératifs. tion risque d’entraîner des troubles trophiques
favorisant eux-mêmes les saignements de nez.
On peut quand même pratiquer les cautérisations
Matériel au moment de l’hémorragie lorsque l’artériole
• Spéculum de Duplay (ouvert sur le côté) ou qui saigne est directement visible à l’examen des
mieux spéculum de Palmer (fig. C.1A). fosses nasales.
• Stylet (porte-caustique plat).
• Coton, Xylocaïne® à 5 %. Préparation
• Pinces de Politzer.
• Lampe à alcool. • Examiner d’abord la cloison avec un bon éclai-
• Crayons de nitrate d’argent ou cristaux d’acide rage : on repère ainsi la tache vasculaire au niveau
chromique. de la partie antéro-inférieure de la cloison. Parfois,
En principe, le malade n’est pas en période une petite croûte de sang séchée révèle le point
hémorragique et la cautérisation est employée qui saigne. Cette croûte surmonte fréquemment

Figure C.1. Cautérisation de la tache vasculaire.


A. Mise en place du spéculum de Palmer. B. Préparation d’un porte-coton très fin pour une application d’acide
chromique liquide. C. Préparation d’une perle à partir de cristaux d’acide chromique sur une lampe à alcool.
D. Porte-cautère prêt à l’emploi.

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250 Fiches ORL de A à Z


la saillie acuminée de l’artériole en cause. Parfois, même avec le crayon de nitrate d’argent tenu
celle-ci est au ras du vestibule cutané qu’il faut par son protecteur.
retrousser pour la distinguer. Un tampon imbibé de
Xylocaïne® à 5 % est appliqué sur la cloison pendant Cautérisation proprement dite
15 minutes en demandant à l’enfant de pincer son
nez. Après avoir mis en place le spéculum de Palmer,
• Préparer une application de produits chi- enfoncer le coton imbibé d’anesthésique au-delà
miques comme l’acide trichloracétique ou de la tache vasculaire : il protégera la partie pos-
l’acide chromique au tiers. Leur action est térieure des fosses nasales. Appliquer la perle
surtout sclérosante. Pour les appliquer, il faut sur la zone hypervascularisée en insistant plus
préparer un porte-coton bien serré et très fin longuement sur les vaisseaux directement visibles.
(fig. C.1B). On peut préférer confectionner une La cautérisation est terminée lorsque l’escarre
perle d’acide chromique à l’abri du regard de est nette, brune et exsangue. Le coton est alors
l’enfant pour ne pas l’effrayer. Le stylet porte- ramené en avant, essuyant les coulées d’acide ou
caustique est chauffé au rouge dans la flamme de nitrate. Un ou deux éternuements violents sont
de la lampe à alcool, le cristal d’acide chro- à prévoir : ils éprouvent la qualité de l’hémostase.
mique est déposé sur le plat du porte-caustique La coagulation bipolaire est une méthode agres-
(fig. C.1C). On en dirige la fusion pour obtenir sive qui, trop répétée, risque de produire une
« une perle » (fig. C.1D). On peut procéder de perforation du septum nasal.
C 251

Chimiothérapie des carcinomes épidermoïdes ORL


La place de la chimiothérapie dans le traitement Thérapeutiques ciblées
des cancers des VADS évolue sans cesse.
Deux facteurs sont visés : l’EGF (epidermal growth
factor), facteur de croissance épidermique fré-
Lexique quemment surexprimé par les carcinomes épider-
moïdes, et le VEGF (vascular endothelial growth
Chimiothérapie d’induction factor), facteur de croissance pro-angiogénique
(ou néo-adjuvante) généré par la cellule tumorale (cf. fiche « Biologie
Chimiothérapie utilisée en premier et complétée tumorale et carcinogenèse ») :
en fonction de la réponse par une radiothérapie • cétuximab : anticorps monoclonal entrant en
ou par une radio-chimiothérapie. compétition avec l’EGF au niveau de son récep-
teur tumoral (le seul actuellement utilisé) ;
• bévacizumab : anticorps monoclonal anti-
Chimiothérapie adjuvante angiogénique ciblant le VEGF pour inhiber la
Chimiothérapie réalisée en fin de séquence théra- formation de nouveaux vaisseaux dans la tumeur
peutique, après la chirurgie et/ou la radiothéra- et empêcher sa croissance. Il reste encore à
pie. Elle n’est que rarement utilisée. évaluer.

Radio-chimiothérapie concomitante Schéma PF


Association simultanée de chimiothérapie et de Association 5-fluorouracile (5-FU) et sel de pla-
radiothérapie. La chimiothérapie rendrait les cel- tine ayant une synergie thérapeutique.
lules cancéreuses plus radiosensibles en accrois-
sant leur oxygénation et en bloquant leur cycle Schéma TPF
cellulaire. En revanche, la toxicité aiguë et chro-
nique est très augmentée. Docétaxel-cisplatine-5-FU, dernière-née des asso-
ciations.
5-fluorouracile (5-FU)
Antimétabolite inhibant la thymidylate synthase,
Voies d’administration
enzyme essentielle au métabolisme des bases pyri- • Voie intraveineuse par dispositifs intraveineux
midiques de l’ARN et de l’ADN tumoral. de longue durée (chambre implantable sous la
peau reliée à un cathéter intraveineux). Le risque
Cisplatine (CDDP) et son dérivé, d’infections sur cathéter impose des règles d’asep-
le carboplatine sie très strictes.
• Voie intra-artérielle par cathéters placés dans
Sels de platine alkylants agissant sur les interbrins
l’artère temporale après dissection de l’artère.
de l’ADN. Ils sont très émétisants et doivent
Le cathéter est ensuite poussé par voie rétro-
être administrés sous couvert d’antiémétiques
grade jusqu’à l’origine de l’artère vascularisant
(sétrons).
la tumeur. Cette voie est surtout utilisée pour
les carcinomes épidermoïdes de la langue, du
Taxanes plancher de la bouche et de l’oropharynx. Le
Alcaloïdes de l’if, classés parmi les poisons du cisplatine est le plus souvent utilisé par cette
fuseau. Le plus utilisé est le docétaxel, administré voie, associé à l’administration intraveineuse
sous couvert d’une corticothérapie orale pour de thiosulfate de sodium pour en atténuer la
diminuer les réactions d’hypersensibilité et pour toxicité. La chimiothérapie intra-artérielle (CIA)
réduire la rétention hydrique. délivre in situ une dose supérieure à tout mode

252 Fiches ORL de A à Z


d’administration systémique. Connue depuis Résultats
20 ans, la CIA reste une technique difficile,
réservée à quelques équipes. Une CIA d’induc- Chimiothérapie exclusive
tion ou avec radiothérapie concomitante a été Elle ne doit pas être considérée comme un traite-
utilisée à la manière des protocoles de préserva- ment standard.
tion laryngée.
Radio-chimiothérapie
Effets secondaires et toxiques concomitante avec cisplatine
• Leucopénie granulocytaire exposant à des chocs Versus radiothérapie exclusive, elle a donné de meil-
septiques graves (tous les cytotoxiques). leurs résultats avec une réponse clinique complète
• Atteinte des muqueuses : stomatite doulou- dans 10 à 50 % des cas et une réponse histologique
reuse, diarrhées sévères, colites nécrotiques et complète entre 5 et 30 %. La radio-chimiothéra-
perforations (5-FU, taxanes). pie concomitante est actuellement le traitement
• Dénutrition imposant la surveillance du poids, reconnu des carcinomes épidermoïdes de la tête
pouvant amener le recours à une alimentation et du cou à un stade avancé, améliorant significa-
entérale par sonde nasogastrique ou gastrostomie. tivement la survie sans récidive et la survie globale.
• Polyneuropathie sensitive distale (paresthésies)
et autres atteintes neurologiques (cisplatine). Schéma PF
• Acouphènes et surdité de perception bilatérale C’est le premier utilisé dans les chimiothérapies
imposant une surveillance audiométrique (cis- d’induction pour la préservation laryngée.
platine).
• Tubulonéphrites (cisplatine). Schéma TPF
• Éruptions cutanées maculo-papuleuses et éry-
thémateuses, suivies d’une desquamation des Pour la préservation laryngée, il obtient de meil-
mains et des pieds (syndrome main-pied), d’une leures réponses que le schéma PF. Toutefois,
alopécie (docétaxel) et d’un rash acnéiforme il augmente aussi significativement le risque de
(cétuximab). neutropénie et de décès par choc septique. Le
• Syndrome de rétention hydrique avec œdèmes schéma TPF est le nouveau standard dans la
périphériques, ascite, pleurésie et péricardite chimiothérapie d’induction.
(docétaxel).
Tumeurs avancées mais
résécables de la cavité
Indicateurs prédictifs buccale et de l’oropharynx
de chimio-radiosensibilité
L’apport d’une chimiothérapie d’induction, y
C’est une importante voie de recherche. Par compris par TPF, n’est pas validé pour le moment.
exemple, la présence dans le carcinome épider-
moïde de la protéine p53 indique un meilleur Cétuximab
taux de réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante
et une meilleure survie. Cette présence est aussi Il n’est utilisé qu’en seconde intention dans les
corrélée aux cancers des VADS, associés aux tumeurs localement évoluées inopérables ou réci-
human papillomavirus (HPV positifs). divées et/ou métastatiques.
C 253

Chirurgie ganglionnaire
Quelle que soit la porte d’entrée des cancers • Évidement postéro-latéral correspondant à
ORL, la présence d’une extension ganglionnaire l’évidement du triangle cervical postérieur de
impose des gestes chirurgicaux qualifiés d’évide- niveau V et de la chaîne jugulaire profonde de
ments ganglionnaires. Historiquement, la valeur niveaux II, III et IV, adapté aux mélanomes et
pronostique négative de cette extension régionale cancers épidermoïdes postérieurs.
a dicté une attitude dite radicale, en bloc, vis-à-
vis de tout le tissu ganglionnaire cervical, même
au prix d’importantes séquelles. Puis le concept Technique chirurgicale
d’évidement fonctionnel s’est développé, basé de l’évidement fonctionnel
sur la dissection des plans de clivage du cou,
considérés comme des barrières carcinologiques • L’incision classique de Sébileau-Carrega, avec
permettant de préserver les structures principales son incision en Y, comporte une zone de cica-
non envahies (travaux d’Yves et Bernard Guer- trisation difficile à la réunion de ses trois branches.
rier, de Montpellier). Récemment, est apparu le Elle a été supplantée par l’incision de Paul André
concept de ganglion sentinelle. donnant le meilleur accès possible à tous les
groupes ganglionnaires (fig. C.2).
Évidements radicaux • Séparation du muscle sterno-cléido-mastoïdien
de son aponévrose après ligature de la veine jugu-
traditionnels complets
laire externe. Dissection antérieure, le long des
Ce sont des évidements emportant le tissu cellulo- fibres musculaires des faces antérieure et médiale
ganglionnaire des niveaux I à V (cf. encadré 4.2) du muscle (fig. C.3).
avec sacrifice du muscle sterno-cléido-mastoïdien, • À la jonction entre le tiers supérieur et le
du nerf spinal et de la veine jugulaire interne. tiers moyen du muscle sterno-cléido-mastoïdien,
L’évidement pouvait facilement être élargi à apparaît le nerf spinal à l’entrée du muscle. Il
d’autres structures, telles que les nerfs crâniens, est exposé jusqu’au niveau de la veine jugulaire
les muscles, la peau, etc. interne (fig. C.4).
• Dissection du triangle sous-mandibulaire en
suivant le muscle digastrique jusqu’au muscle
Évidement radical modifié
mylo-hyoïdien en préservant les nerfs lingual et
Dans le type I, on préserve le nerf spinal. Dans grand hypoglosse. Toute la loge sous-maxillaire
le type II, on préserve le nerf spinal et le muscle est réséquée après repérage du croisement du
sterno-cléido-mastoïdien. Dans le type III ou rameau mentonnier du nerf facial avec l’artère
évidement fonctionnel, on préserve le nerf spinal, faciale.
le muscle sterno-cléido-mastoïdien et la veine • Triangle postérieur : l’accès à la région supra-
jugulaire interne. claviculaire se fait en arrière du muscle sterno-
cléido-mastoïdien. La limite inférieure est le bord
Évidements sélectifs supérieur de la clavicule, la limite postérieure le
bord antérieur du muscle trapèze, et la frontière
• Évidement sus-omohyoïdien correspondant à supérieure le nerf spinal à sa sortie du muscle
l’évidement des niveaux I, II et III, adapté aux sterno-cléido-mastoïdien jusqu’à sa pénétration
cancers de la cavité buccale. dans le muscle trapèze. Le pédicule cervical trans-
• Évidement jugulaire correspondant à l’évide- verse et le ventre postérieur du muscle omo-
ment des niveaux II, III et IV, adapté aux cancers hyoïdien sont repérés, ainsi que le plexus brachial
du pharynx et du larynx. et le nerf phrénique.
• Évidement du compartiment central corres- • On termine par la dissection de la gaine caro-
pondant à l’évidement récurrentiel dans le cadre tidienne entourant la veine jugulaire interne, la
des carcinomes thyroïdiens. carotide interne et le nerf vague (fig. C.5). Elle

254 Fiches ORL de A à Z

Figure C.2. Incisions cutanées


cervicales.
Zanaret M., Paris J., Duflo S.
Évidements ganglionnaires cervicaux.
EMC, Paris (Elsevier Masson),
Techniques chirurgicales – Tête et cou,
2005 [Article 46-470].

Figure C.4. Dissection du triangle rétrospinal.


Figure C.3. Ouverture de la gaine du sterno-cléido- VJI : veine jugulaire interne ; XI : nerf spinal ;
mastoïdien. SCM : sterno-cléido-mastoïdien ; S-Max : glande
Zanaret M., Paris J., Duflo S. Évidements ganglionnaires sous-maxillaire ; Dig : muscle digastrique.
cervicaux. EMC, Paris (Elsevier Masson), Techniques chirurgicales Zanaret M., Paris J., Duflo S. Évidements ganglionnaires
– Tête et cou, 2005 [Article 46-470]. cervicaux. EMC, Paris (Elsevier Masson), Techniques chirurgicales
– Tête et cou, 2005 [Article 46-470].

doit être disséquée et emportée, tout en respec-


tant son contenu. Du côté gauche où s’abouche relais ganglionnaire de drainage de la lésion
le canal thoracique, il faut traiter toute déchirure initiale. Après injection d’un élément radioactif
afin d’éviter les lymphorrhées secondaires. (99mTc) au niveau de la tumeur primitive, ce gan-
glion est repéré au moyen d’une gamma-caméra.
Intérêt et principe La technique a été particulièrement développée
pour la prise en charge des mélanomes cervico-
du ganglion sentinelle
faciaux sans adénopathie associée. L’utilisation
En l’absence d’adénopathie palpable, le principe de cette technique dans le cadre des carcinomes
du ganglion sentinelle correspond au premier épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures

C 255


reste encore actuellement au stade de la recherche
clinique. Son intérêt serait de diagnostiquer les
patients porteurs de métastases cervicales occultes
et d’éviter ainsi la réalisation d’évidements cervi-
caux systématiques chez les patients N0.

Figure C.5. Dissection de la gaine vasculaire.


CI : carotide interne ; VJI : veine jugulaire interne ;
X : nerf vague ; MOH : muscle omo-hyoïdien ; SCM :
sterno-cléido-mastoïdien.
Zanaret M., Paris J., Duflo S. Évidements ganglionnaires cervicaux.
EMC, Paris (Elsevier Masson), Techniques chirurgicales – Tête et
cou, 2005 [Article 46-470].
256 Fiches ORL de A à Z

Curiethérapie

Principe faible, et un facteur de nécrose s’il est trop fort.


Pour les tumeurs du plancher buccal, le champ
La curiethérapie interstitielle a consisté histori- d’irradiation doit rester à distance de l’os mandi-
quement à introduire des aiguilles radioactives bulaire. La curiethérapie peut être employée en
de radium dans la tumeur. Elle est à la fois association avec une radiothérapie externe avec
le chirurgien détruisant la tumeur et le radio- prudence.
thérapeute irradiant les tissus voisins à des fins
prophylactiques. La dose est délivrée en une fois,
mais nécessite une hospitalisation en chambre
plombée.

Technique (fig. C.6)


Les rayonnements gamma de l’iridium 192 sont
utilisés. L’énergie des photons est de 380 keV
avec une demi-vie de 74 jours. Ce ne sont plus
des aiguilles comme aux temps historiques du
radium, mais des fils de 0,3 à 0,5 mm de diamètre,
souples, résistants, maniables, sécables suivant la
dimension voulue. La curiethérapie permet en
quelques jours de délivrer une dose élevée dans
un petit volume bien délimité. La mise en place
utilise des tubes plastiques ou gouttières vectrices
directement implantées dans la tumeur. Dose et
volume cible sont calculés à l’aide d’un système
dosimétrique informatisé. Après avoir vérifié la
bonne géométrie du montage par l’imagerie, les
vecteurs sont chargés avec le matériel radioactif.
La dose totale est de l’ordre de 60 à 70 Gy. Le Figure C.6. Exemple d’une curiethérapie pour cancer
débit de dose est un facteur d’échec s’il est trop de la lèvre inférieure.
D
Delayed vertigo ou hydrops endolymphatique retardé
C’est une entité s’apparentant à la maladie de calorique. Du côté opposé, les épreuves caloriques
Menière. La différence est que les crises vertigi- sont le plus souvent normales. Le traitement est
neuses sont précédées d’une surdité de percep- médical : diurétiques, glycérol, mannitol et diète
tion profonde brutale (cophose), 5 à 40 années hydrosodée.
auparavant. On en distingue deux types : la forme
ipsilatérale et la forme controlatérale.
Le chaînon manquant
de la maladie de Menière ?
Forme ipsilatérale
Schuknecht s’est intéressé à l’hydrops endolym-
La symptomatologie retardée consiste en crises phatique retardé dès 19901 à partir de l’examen
vertigineuses récurrentes disparaissant après laby- anatomopathologique de rochers de patients ayant
rinthectomie chirurgicale du côté cophotique. présenté une forme controlatérale de leur vivant
Les causes de la surdité profonde initiale sont très et décédés d’une cause intercurrente. Son inter-
variées : oreillons, méningite, traumatisme crânien, prétation est que le sujet subit d’abord une attaque
traumatisme sonore, chirurgie otologique. Les virale bilatérale se traduisant d’un côté par une sur-
épreuves caloriques montrent habituellement une dité profonde et du côté opposé par une atteinte
normoréflexie. L’hypothèse physiopathologique subclinique restant asymptomatique pendant plu-
est que la cause de la surdité profonde initiale a sieurs années. Dans un second temps, apparaissent
laissé des voies endolymphatiques intactes. Dans une fibrose et une atrophie des voies endolympha-
un délai pouvant atteindre plusieurs années, une tiques, responsables des manifestations cliniques
atrophie ou une oblitération fibreuse apparaissent. d’hydrops endolymphatique controlatéral.
Un hydrops endolymphatique se produirait avec
crises vertigineuses analogues à celles rencontrées
dans la maladie de Menière. Conclusion
La maladie de Menière, dans sa forme classique,
Forme controlatérale ne serait qu’une forme particulière d’hydrops
endolymphatique retardé, où l’attaque virale ini-
La symptomatologie consiste cette fois en une tiale serait passée inaperçue. Ainsi s’expliquerait la
surdité fluctuante sur les fréquences graves dans survenue d’une bilatéralisation.
l’oreille restée saine, accompagnée de crises ver-
1. Schuknecht HF, Suzuka Y, Zimmermann C.
tigineuses récurrentes évoquant une maladie de
Delayed endolymphatic hydrops and its relationship
Menière typique. Du côté de la cophose, dont to Menière’s disease. Ann Otol Rhinol Laryngol,
la cause reste inconnue, il existe une aréflexie 1990 ; 99 : 843-53.

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258 Fiches ORL de A à Z

Désinfection d’un fibroscope nasopharyngé


(en consultation)

Prétraitement
En salle d’examen, essuyer la gaine externe avec
des compresses non tissées à usage unique, imbi-
bées d’une solution d’Hexanios®.

Figure D.1. Gaine pour fibroscope nasopharyngé souple.


En salle d’entretien 1 : emplacement de l’insertion de l’endoscope (raccord
proximal) ; 2 : tubulure en élastomère recouvrant le tube
• Test d’étanchéité : vérifier l’intégrité de la gaine d’insertion de l’endoscope ; 3 : fenêtre transparente
externe de l’endoscope. Avant immersion partielle protectrice avec joint au niveau de la pointe distale
ou totale de l’endoscope, tester l’étanchéité de la de la gaine.
gaine en raccordant l’appareil au manomètre de
pression. S’assurer que l’aiguille ne redescend pas
et que l’endoscope ne bulle pas. Si fuite, laisser le Placement de la gaine
manomètre sous pression pendant toute la durée 1. Détacher la partie supérieure de l’emballage
du nettoyage. et soulever légèrement le raccord proximal sans
• Nettoyage : éliminer les souillures en immer- retirer la gaine de l’emballage.
geant le matériel pendant 15 minutes dans un bac 2. Tenir l’endoscope et redresser la flexion sur la
contenant la solution d’Hexanios® renouvelée à position neutre.
chaque utilisation. 3. Tenir le raccord proximal et l’aligner sur l’axe
• Rinçage intermédiaire à l’eau stérile pour élimi- de l’endoscope.
ner les résidus de détergent. 4. Faire glisser le raccord proximal sur le collier
• Désinfection pour éliminer les micro-orga- de serrage de l’endoscope jusqu’à ce qu’il soit
nismes par immersion pendant 10 minutes dans fixé. La gaine sera étirée d’approximativement 1 à
un bac contenant une solution désinfectante 1,5 cm pendant l’installation.
d’acide peracétique (Anioxyde 1000®).
• Rinçage terminal à l’eau stérile pour éliminer Retrait du système
les résidus de désinfectant.
• Séchage pour éliminer l’eau de rinçage propice 1. Tenir l’endoscope et l’articuler pour redresser la
au développement de Pseudomonas. flexion sur la position neutre.
• Stockage dans un bac adapté. 2. Saisir le raccord proximal de la gaine de l’autre
main, tourner et tirer doucement pour le dégager
Système de gaine de 1 à 2 cm. Éliminer tout plissement en glissant
Slide-On® EndoSheath® à nouveau le raccord proximal vers le collier de
serrage du scope.
Ce système est indiqué pour les examens endo- 3. Saisir doucement le milieu de la gaine et déga-
scopiques réalisés avec un fibroscope nasopharyngé ger la fenêtre transparente de la pointe du naso-
(fig. D.1). Le type de gaine doit correspondre à la pharyngoscope.
marque et au modèle de l’endoscope. La gaine est 4. Une fois la fenêtre dégagée de la pointe, saisir
à usage unique et doit être jetée après utilisation. cette extrémité et faire glisser la gaine hors du scope.
La gaine est fournie stérile. Le fibroscope naso- Si la gaine ne glisse pas librement, instiller une faible
pharyngé doit se déplacer librement à l’intérieur de quantité de sérum physiologique ou d’alcool à l’inté-
la gaine pendant les procédures d’installation et de rieur du raccord proximal à l’aide d’une seringue
retrait. En cas de résistance, il ne faut pas continuer. sans aiguille pour séparer la gaine de l’endoscope.
D 259

Diverticule pharyngo-œsophagien de Zenker

Définition
Le diverticule pharyngo-œsophagien de Zenker
est une hernie de la muqueuse hypopharyngée
s’extériorisant entre le muscle constricteur infé-
rieur du pharynx et le muscle cricopharyngien
constituant le sphincter supérieur de l’œsophage.
Ces deux muscles délimitent une zone de fai-
blesse (triangle de Killian) où se situe le collet
du diverticule (fig. D.2). C’est le résultat d’un
mécanisme de pulsion sur un obstacle en aval,
créé par un dysfonctionnement du muscle crico- Figure D.2. Triangle de Killian.
pharyngien consistant en une relaxation retardée Voie d’abord cervicale gauche. CI : muscle constricteur
au moment du temps pharyngo-œsophagien de inférieur du pharynx ; MCP : muscle cricopharyngien ;
la déglutition. La cause serait une dégénérescence D : diverticule pharyngo-œsophagien ; O : œsophage
fibreuse des fibres de ce muscle. cervical ; T : thyroïde. Flèche : direction de l’extrémité
céphalique.
S. Périé, J. Lacau St Guily. Diverticules pharyngo-œsophagiens.
EMC, Paris (Elsevier Masson), ORL, 1998 :1-0 [Article 20-840-A-10].

Physiologie du sphincter supérieur dilatation du sphincter à l’aide de sondes alourdies par


de l’œsophage du mercure était proposée, mais l’effet était transitoire.
À l’époque, elle constituait aussi un test thérapeutique.
Ce sphincter protège les voies aériennes d’un reflux
Clinique
œsophagien vers le pharynx et empêche le passage d’air
Le diverticule de Zenker touche deux populations dis-
vers l’estomac lors de la respiration. Il se caractérise en
tinctes : des adultes de 55 à 65 ans (plutôt des hommes)
manométrie par une zone de pression élevée sur une
et des sujets de plus de 80 ans (plutôt des femmes).
hauteur de 3 à 4 cm. Son ouverture se déclenche sous
Beaucoup de diverticules restent longtemps asymptoma-
l’effet de la pulsion du bol alimentaire par relaxation des
tiques. Lorsque les troubles de la déglutition apparais-
fibres du muscle cricopharyngien. Ce réflexe se produit
sent, ils sont constitués d’efforts répétés pour déglutir
en même temps que l’ascension laryngée qui décolle
une même bouchée, de sensations d’accrochage du bol
le cartilage cricoïde de la paroi pharyngée postérieure,
alimentaire, de ruminations (régurgitations d’aliments non
libérant ainsi la bouche de l’œsophage. Un transit baryté
digérés plusieurs heures après les repas), de fausses-
avec radiocinéma permet son étude dynamique.
routes secondaires se manifestant par des accès de toux,
Le défaut d’ouverture du sphincter supérieur de l’œso-
d’épisodes asphyxiques et de pneumopathies de déglu-
phage est le plus souvent lié à une absence ou à un retard
tition. Il s’y associe une sialorrhée et une haleine fétide.
de relaxation musculaire par un processus myopathique
Au début, c’est seulement un allongement de la durée
ou de vieillissement (achalasie). Le terme de « spasme du
des repas et l’éviction de certains aliments. Au maximum,
cricopharyngien » ne devrait pas être employé, car il s’agit
c’est une aphagie avec amaigrissement et altération de
de déficit musculaire et non d’hyperactivité. C’est en effet
l’état général.
rarement une hypertonie dans le cadre d’un processus
Le diagnostic différentiel est représenté par les autres
dystonique neurologique ou post-traumatique. Dans les
causes de dysphagie sévère isolée : sclérose latérale
affections neurologiques, la myotomie du cricopharyngien
amyotrophique et myasthénie, sans oublier les cancers
y est une indication rare et il ne faut pas sous-estimer la
de l’hypopharynx.
diminution de la force de propulsion pharyngée. Jadis, la

260 Fiches ORL de A à Z


Bilan
La fibroscopie nasopharyngée montre une stase salivaire
dans les sinus piriformes. Si le diverticule est volumineux,
il s’extériorise en région cervicale et devient palpable. Sa
pression provoque des régurgitations et des bruits hydro-
aériques. Le transit baryté pharyngo-œsophagien est
demandé en première intention (fig. D.3). Le diverticule se
présente comme une poche arrondie se projetant souvent
à gauche de l’œsophage cervical. De profil, le collet se
projette en regard de la sixième vertèbre cervicale. En cas
de corps étranger bloqué dans la bouche œsophagienne,
l’œsophagoscopie au tube rigide doit être prudente en
raison du risque de perforation du fond de la poche
diverticulaire.

Figure D.3. Transit baryté pour diverticule


pharyngo-œsophagien de Zenker.

D 261


Traitement chirurgical toute sa hauteur au laser CO2, au laser KTP/532 ou
Voie endoscopique (fig. D.4) avec une pince coupante autosuturante. La poche
Elle réalise une myotomie transmuqueuse du collet marsupialisée persistera, mais communiquera largement
diverticulaire (diverticulotomie). Le diverticule est d’abord avec l’œsophage. Ces procédés sont bien adaptés aux
exposé grâce à un diverticuloscope à valves positionné à sujets âgés, permettant une réalimentation dès le premier
cheval sur le collet. Le collet est sectionné sur presque jour postopératoire.

Figure D.4. Traitement par voie endoscopique.


A. Exposition du collet diverticulaire à l’aide d’un
diverticuloscope. B. Mise en place de cotonoïdes en
avant dans la lumière œsophagienne (flèche) et en
arrière dans le diverticule (double flèche) C. Section
du septum intermusculaire au laser CO2. D. La
section permet de supprimer le collet du diverticule,
la paroi du diverticule est ainsi en continuité avec
l’œsophage. Quelques fibres musculaires n’ont pas
été sectionnées. E. La section a été complète.
S. Périé, J. Lacau St Guily. Diverticules pharyngo-œsophagiens.
EMC, Paris (Elsevier Masson), ORL, 1998 :1-0
[Article 20-840-A-10].


262 Fiches ORL de A à Z


Voie cervicale (fig. D.5)
La cervicotomie latérale est pratiquée à gauche pour
mieux respecter le nerf récurrent. Le diverticule est dis-
séqué jusqu’à son collet. Il est indispensable de réaliser
une myotomie extramuqueuse du sphincter, étendue
au muscle cricopharyngien et à la musculature striée
de l’œsophage cervical sous peine de récidive. On
termine en pratiquant une diverticulectomie. Certains
opérateurs ne la font pas, mais suspendent la poche
en position verticale pour qu’elle se vide naturelle-
ment dans l’œsophage (diverticulopexie). D’autres ne
pratiquent qu’une simple myotomie pour réduire la
morbidité opératoire. Figure D.5. Diverticule pharyngo-œsophagien géant.
Injections de toxine botulique Exérèse par voie cervicale.
Elles ont été proposées dans les achalasies. Mais elles ne
sont vraiment efficaces que dans les rares et véritables
dystonies du sphincter, comme dans les séquelles du
syndrome de Wallenberg.
F
Fistule (signe de la)
Le signe de la fistule caractérise une communica- peut même contrôler les variations de pression
tion anormale entre l’oreille moyenne et l’oreille positives ou négatives avec précision.
interne. Sa recherche consiste à exercer une aug- Le nystagmus est observé avec des lunettes de
mentation de pression dans le conduit auditif Frenzel ou de vidéonystagmoscopie.
externe. Le signe est positif quand on déclenche
ainsi un nystagmus, un vertige et une déviation Significations
de la posture. Cette variation de pression dans le
conduit peut être obtenue par une simple pression • Lorsque la compression déclenche un nystagmus
du doigt. Le spéculum de Siegle est bien adapté, horizontal battant vers l’oreille comprimée, il s’agit
car il présente un joint permettant d’obtenir probablement d’une fistule de la coque du canal
une adaptation étanche avec le conduit auditif semi-circulaire latéral en rapport avec une otite
externe. Avec une sonde d’impédancemétrie, on chronique cholestéatomateuse (fig. F.1 et F.2).

Figure F.1. Vues coronale et axiale : TDM d’une fistule du canal latéral droit d’origine cholestéatomateuse (flèches).

Figure F.2. Mécanisme


du signe de la fistule.
A. Fistule du canal
semi-circulaire latéral droit
vue en position opératoire
après évidement radical
droit pour cholestéatome.
B. L’augmentation de pression
produite par le doigt provoque
un courant ampullipète stimulant
pour le canal latéral droit.
Le résultat est un nystagmus
battant vers l’oreille atteinte.
U : utricule.


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264 Fiches ORL de A à Z


• Lorsque le nystagmus bat vers l’oreille opposée Il est attribué à une hyperlaxité du ligament
à la compression, la fistule siège au niveau de la annulaire de la platine de l’étrier (classiquement
platine de l’étrier. C’est ce que l’on obtient en cas d’origine syphilitique). On l’a aussi décrit dans
de fracture de la platine de l’étrier. l’hydrops de la maladie de Menière et les patho-
• Le signe de Hennebert ou « signe de la fistule logies pressionnelles labyrinthiques en général.
sans fistule » appartient à la seconde catégorie.
F 265

Fistule de la première fente branchiale


(fistule auriculo-branchiale)
C’est une anomalie de la première fente branchiale auditif externe, à sa partie moyenne au niveau
par défaut d’accolement des berges ectodermiques de la jonction ostéo-cartilagineuse. Sous micro-
du sillon destiné à l’ébauche du conduit auditif scope, la palpation avec un stylet mousse facilite
externe (cf. fiche « Appareil branchial (embryolo- son repérage. L’aspect typique est celui d’une
gie de l’) »). Ce peut être une simple duplication bride membraneuse prémyringienne triangulaire
en cul-de-sac du conduit auditif externe. Plus sou- suivant le quadrant antéro-inférieur du tympan.
vent, c’est une structure tubulaire plus ou moins Cet aspect dit en « foc de voilier » est retrouvé
cartilagineuse, se dirigeant en bas et en avant, dans 30 à 50 % des cas (fig. F.4).
entrant en rapport avec le nerf facial et devenant
sous- et rétro-angulo-mandibulaire.

Fistules complètes
L’orifice externe est situé dans une zone de pro-
jection cutanée définie par E. Poncet qui réalise
un triangle oto-hyo-mandibulaire dont le sommet
est le plancher du conduit auditif externe et la
base est une ligne réunissant la pointe du menton
et le milieu de l’os hyoïde (fig. F.3). Souvent,
cette fistule externe est secondaire à l’ouverture
d’un kyste surinfecté associé.
L’orifice supérieur passe souvent inaperçu. Une
otoscopie minutieuse peut retrouver un petit
orifice punctiforme du plancher du conduit
Figure F.4. Fistule auriculo-branchiale gauche.
Otoscopie.
Bride prémyringienne (flèche rouge). Orifice supérieur
(flèche noire).

Chirurgie
Toute fistule auriculo-branchiale doit être opérée
avant la survenue des surinfections. Si le diagnos-
tic n’est porté qu’après des épisodes infectieux,
il convient de n’opérer qu’après refroidissement
complet des lésions (fig. F.5). Aucun examen
complémentaire n’est indispensable avant de
proposer l’exérèse chirurgicale. La fistulographie
ne peut que rarement opacifier tout le trajet
fistuleux.
La voie d’abord est celle utilisée pour une paroti-
Figure F.3. Aire de projection des fistules dectomie en associant une petite résection circu-
auriculo-branchiales. laire de l’orifice fistuleux externe. L’intervention
Vazel L., Martins C., Potard G., et al. Fistules et kystes
congénitaux du cou. EMC, Paris (Elsevier Masson),
commence par le repérage du nerf facial (fig. F.6).
ORL, 2006 : 1-6 [Article 20-860-A-10]. Ce premier temps est rendu délicat par l’existence

266 Fiches ORL de A à Z

Figure F.5. Double fistule auriculo-branchiale gauche. Figure F.6. Découverte du nerf facial gauche.
Jeune femme de 18 ans. Suppurations sous-auriculaires La branche temporo-faciale cravate une formation
et sous-angulo-maxillaires à répétition depuis l’enfance. tubulaire cartilagino-ectodermique : la fistule
Plusieurs incisions. de la 1re fente branchiale.

d’une duplication du conduit auditif externe,


obligeant la branche temporo-faciale du VII à
la contourner et à devenir très superficielle, au
ras de la peau. En fait, cette branche peut alors
être blessée dès l’incision de la voie d’abord.
La fistule est ensuite disséquée de proche en
proche en contrôlant le nerf facial et ses branches
(fig. F.7 et F.8). Une parotidectomie super-
ficielle peut parfois s’avérer nécessaire. S’il existe,
l’orifice supérieur est réséqué avec ablation d’un
fragment cartilagineux du plancher du conduit
Figure F.7. Extirpation complète de la fistule jusqu’à auditif externe.
son orifice externe.

Figure F.8. Suites postopératoires.


Pas de paralysie faciale.
F 267

Fistules branchiales cervicales basses


Elles concernent les fistules et kystes des deuxième, Les tentatives de cathétérisme permettent de fran-
troisième et quatrième fentes branchiales. chir le plan du peaucier. Mais la fistule peut être
borgne et non cathétérisable. L’orifice fistuleux
Fistule et kyste de la deuxième interne, inconstant, est rarement retrouvé. Il est
fente branchiale situé classiquement au bord postéro-supérieur de
la loge amygdalienne, mais il peut aussi se situer
Ce sont les plus fréquentes des fistules congéni- sur les piliers ou sur le bord libre du voile.
tales latéro-cervicales. Elles correspondent, pour Une fistulographie ne permet d’apprécier l’exten-
la plupart, à un défaut de résorption du sinus sion en profondeur que lorsque le trajet de
cervical (cf. fiche « Appareil branchial (embryo- la fistule n’a pas été remanié par des épisodes
logie de l’) »). En cas de fistule aveugle, sans infectieux répétés (fig. F.10).
orifice externe ni interne, il se forme un kyste La constatation d’une fistule de la 2e fente, sur-
isolé ou kyste amygdaloïde (cf. chapitre 4). En tout si elle est bilatérale, doit faire rechercher un
cas de fistule complète avec orifice cutané externe syndrome branchio-oto-rénal par une échogra-
et orifice muqueux interne, le 2e sillon et la phie abdominale.
2e poche endobranchiale mettent en communi- Parfois, le diagnostic n’est fait qu’à l’âge adulte, à
cation la muqueuse et la peau. Le trajet de ces l’occasion d’une poussée de surinfection révélant
fistules passe entre les structures des 2e et 3e arcs une fistule ou un kyste restés asymptomatiques.
branchiaux, c’est-à-dire entre les carotides interne L’imagerie met alors en évidence des opacités
et externe, au-dessus du nerf grand hypoglosse et ovalaires sous-hyoïdiennes situées à proximité de
au-dessous du ligament stylo-hyoïdien. La fistule la bifurcation carotidienne.
gagne ensuite la région de l’amygdale palatine à Le traitement chirurgical emporte l’orifice cutané
proximité de la fossette de Rosenmüller. externe, la fistule, et un éventuel kyste situé sur
Le diagnostic est facile quand il existe un ori- son trajet (fig. F.11). La dissection est poursuivie
fice cutané externe. C’est une petite dépres- le plus haut possible au-delà de la bifurcation
sion punctiforme, à bords nets, située en regard carotidienne. Une incision complémentaire en
du milieu du bord antérieur du muscle sterno- regard de l’os hyoïde est souvent nécessaire pour
cléido-mastoïdien (fig. F.9). Cette fistule coule par reprendre la dissection haute du trajet fistuleux à
intermittences, évacuant des sécrétions troubles. proximité du pharynx (fig. F.12).

Figure F.9. Fistule de la deuxième fente chez une


mère et son fils.
Orifices externes au bord antérieur du muscle Figure F.10. Fistulographie d’une fistule
sterno-cléido-mastoïdien (flèches). de la deuxième fente branchiale.

268 Fiches ORL de A à Z


Kystes et fistules des troisième
et quatrième poches
endobranchiales
Ces kystes et fistules ont en commun d’avoir un
orifice interne au niveau du sinus piriforme : à sa
partie haute pour la 3e poche et au niveau du fond
pour la 4e. Puis leur trajet se fait au contact du
lobe thyroïdien (fig. F.13). Il n’y a pas d’orifice
cutané primitif. Ces fistules se révèlent habituelle-
ment par une complication infectieuse simulant
Figure F.11. Exérèse d’une fistule de la 2e fente une thyroïdite suppurée. Une fistulisation secon-
(incision basse). daire est toujours possible.
L’endoscopie réalisée sous anesthésie générale
retrouve l’orifice fistuleux sous le carrefour des
trois replis pour la 3e fente et au fond du sinus
piriforme, sous un repli muqueux, pour la 4e. Il
laisse sourdre du pus lors du massage cervical.
L’échographie et la tomodensitométrie cervicales
permettent d’éliminer une pathologie tumorale

Figure F.12. Exérèse d’une fistule de la 2e fente


(incision haute).
La fistule rejoint le pharynx en passant entre la carotide Figure F.13. Fistule de la troisième fente branchiale.
interne et la carotide externe au-dessus du nerf grand Elle est occupée par un aspergillome et refoule
hypoglosse (XII). la glande thyroïde.

F 269


thyroïdienne et précisent les rapports du kyste précédentes. Il faut repérer le nerf récurrent
avec la thyroïde et l’axe laryngo-trachéal. jusqu’au sinus piriforme (fig. F.14 et F.15) et
Le traitement chirurgical est toujours difficile parfois emporter le lobe thyroïdien ipsilatéral du
du fait d’incisions ou des tentatives d’exérèse fait de l’importance des adhérences.

Figure F.14. Fistule de la quatrième fente branchiale.


Son trajet rejoint le sinus piriforme gauche (flèche). Figure F.15. Abord chirurgical d’une fistule
de la 4e poche branchiale gauche.
Nerf récurrent (flèche blanche pleine). Entrée de la
fistule sous l’aile thyroïdienne (flèche blanche creuse).
G
Grenouillette
La grenouillette (ou ranula pour les Anglo- mylo-hyoïdien et nécessiter un abord chirurgical
saxons) résume la pathologie de la glande sublin- cervical (fig. G.1). Cette appellation a pour auteur
guale. C’est une dilatation kystique de la glande Ambroise Paré en raison de l’altération de la voix
sublinguale pouvant dépasser le plan du muscle de ces patients qui croassent comme une grenouille.

Figure G.1. Grenouillette ou ranula du plancher de la bouche droit.


Schéma : Delas B., Dehesdin D. Chirurgie de la glande sous-mandibulaire et sublinguale. EMC, Paris (Elsevier Masson), Techniques
chirurgicales – Tête et cou, 2009, p. 7, fig. 9 [Article 46-539].

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H
HPV 16-18 et cancers des VADS
Ce sont des virus à ADN qui ont un tropisme pour d’HPV dans un carcinome buccal est cinq fois
les épithéliums malpighiens. On les retrouve dans plus élevée que dans la muqueuse orale saine de
les cancers du col de l’utérus et dans les cancers voisinage. Deux sous-types d’HPV, 16 et 18, sont
de la cavité buccale et de l’oropharynx. Certains carcinogènes et associés à une mutation de p53
HPV (human papillomavirus), notamment HPV- (cf. fiche « Biologie tumorale et carcinogenèse »).
16 et HPV-18, auraient un rôle étiologique dans Il existe donc une relation étroite entre l’infection
le développement des cancers des VADS, que à HPV-16 et le cancer de l’oropharynx. Cette
les patients présentent ou non une intoxication relation entre infection à HPV et cancer est
alcoolo-tabagique. moins nette pour les tumeurs de la cavité buc-
cale. L’infection par le virus de la papillomatose
humaine HPV est donc suspectée d’être à la base
Argumentation de nombreux cancers de l’oropharynx en raison
Le risque de carcinome épidermoïde de la tête et des pratiques sexuelles oro-génitales.
du cou chez les sujets séropositifs pour HPV-16
est multiplié par deux. La présence d’HPV dans les Une forme clinique particulière
tissus néoplasiques de la cavité orale varie de 14 à
91 %. L’acide désoxyribonucléique (ADN) viral est Sur le plan pronostique, les cancers des VADS
retrouvé dans 72 % des tumeurs de l’oropharynx. associés à l’infection à HPV semblent présenter
Étudiés par PCR (polymerase chain reaction), 50 % un meilleur pronostic qu’en l’absence d’infection
des carcinomes oropharyngés et 14 % des carci- virale. Cependant, cette différence évolutive n’a
nomes de la langue contiennent de l’acide désoxy- été bien mise en évidence que pour les tumeurs
ribonucléique (ADN) de HPV-16. L’expression de l’oropharynx.

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L
Laryngocèle externe
Elle est formée par une dilatation du ventricule Traitement chirurgical (fig. L.2)
laryngé sous l’effet d’un gradient de pression
endolaryngé positif sus-glottique brutal, comme Après un abord cervical latéral, on dissèque la
on en rencontre chez les trompettistes et les poche. Il est nécessaire de réséquer la partie
souffleurs de verre. Sa caractéristique est d’être supérieure de l’aile thyroïdienne pour lier le
réductible à la pression en s’accompagnant de collet le plus en dedans possible. Les laryn-
bruits hydro-aériques. Elle se reproduit lorsque le gocèles internes se traitent par voie endosco-
patient bloque sa glotte comme lorsqu’on soulève pique : marsupialisation en réséquant la bande
un poids. Le larynx présente un aspect normal. ventriculaire.
Lors de la manœuvre de Valsalva, à l’auscultation,
on entend un sifflement.

Signes cliniques
Dans le cas présenté ici (fig. L.1), c’est une
pseudo-tumeur remplie d’air, située en avant du
bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoï-
dien. Elle fait issue en arrière du larynx au niveau
des membranes thyro-hyoïdienne ou cricothy-
roïdienne. Le patient a consulté pour des accès
de suffocation laryngée avec dysphonie inter-
mittente. Ailleurs, il peut aussi s’agir d’une laryn-
gocèle interne qui ne fait que soulever la bande
ventriculaire jusqu’à faire bomber la vallécule
Figure L.1. Laryngocèle externe : TDM.
sans s’extérioriser. Si le collet herniaire se ferme, Matar N., Remacle M. Tumeurs bénignes du larynx.
il apparaît un pyolaryngocèle. La cause peut être EMC, Paris (Elsevier Masson), ORL, 2015 ; 10(3) : 1-12
une tumeur du ventricule. [Article 20-700-A-10].

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276 Fiches ORL de A à Z


Diagnostic et réductible lors de la pression de son pôle
supérieur et elle est située nettement en dessous
On ne peut pas confondre une laryngocèle avec du larynx.
une phlébectasie de la veine jugulaire interne
car celle-ci n’apparaît qu’à l’effort, elle est molle

Figure L.2. Laryngocèle externe droite.


Abord chirurgical. Le doigt déprime la tumeur aérique.
L 277

Lavage d’oreille pour extraction d’un bouchon de cérumen

Matériel (en l’absence de perforation tympanique :


Antibio-synalar®, Panotile®, etc.)
• Énéma (fig. L.3A) ;
• canule souple en polyester ;
• eau bouillie tiède : 200 à 300 cc avec 3 à 4 cuil- Difficultés
lerées à soupe de Mercryl® ou de Cetavlon® ;
• coton. Si le bouchon ne vient pas rapidement c’est qu’il
est soit trop gros, soit trop dur :
• introduire dans le conduit auditif externe une
Technique mèche à lisière de 1 cm imbibée de glycérine au
Faire asseoir le malade, une alèse sur l’épaule de contact du bouchon pendant 20 minutes avant le
l’oreille à laver. Lui faire tenir le bassin en forme lavage ;
de haricot sous l’oreille, la tête légèrement inclinée • ou faire revenir le malade après qu’il a pratiqué
du côté opposé. Demander au patient de tirer plusieurs jours de suite des bains d’oreille avec
lui-même sur le pavillon de l’oreille en haut et Cérulyse®.
en arrière pour redresser la courbure du conduit NB. L’énéma peut être remplacé par une seringue
auditif externe. Pour cela, il doit faire passer la main de 20 à 30 cc.
qui lui reste libre par-dessus la tête, l’autre tenant
le haricot. Amorcer l’énéma en actionnant la poire
de la main gauche (fig. L.3B). Diriger le jet d’eau
tiède avec la main droite, non pas dans l’axe du
conduit, mais vers la paroi postéro-supérieure du
conduit auditif externe de façon à ce que le liquide
parvenu au fond du conduit revienne en ramenant
tout ce qui l’obstrue. Le bouchon doit s’extraire
au bout de 3 à 4 coups de poire (fig. L.3C).
Sécher ensuite le conduit avec du coton hydrophile
dont on laissera une grosse boule dans la conque
jusqu’au retour au domicile pour éviter le froid.

Contre-indications
• Antécédents d’otite chronique ou de perfora-
tion tympanique.
• Bouchons épidermiques : il s’agit de squames
épidermiques provoquées par une dermite du
conduit auditif externe, appelée souvent à tort
« eczéma du conduit ».
Dans ces cas, le lavage risque de déclencher une
poussée inflammatoire douloureuse, voire une
otite externe. Le nettoyage de l’oreille dans ces
conditions doit être fait avec des porte-cotons ou
Figure L.3. Lavage d’oreille pour extraction
mieux avec une aspiration après avoir fait pratiquer
d’un bouchon de cérumen.
pendant plusieurs jours des bains d’oreilles avec A. Énéma. B. Amorçage. C. Le jet d’eau est dirigé vers la
une solution auriculaire antibiotique et corticoïde paroi postéro-supérieure du conduit auditif externe.
278 Fiches ORL de A à Z

Lésions précancéreuses des muqueuses des voies


aérodigestives supérieures
La plupart des cancers de la cavité buccale, de progrès des optiques et de la microchirurgie
l’oropharynx et du larynx sont des épithéliomas laryngée pour un diagnostic précoce.
malpighiens liés au tabagisme. Le concept de L’étude des lésions précancéreuses a trois
lésion précancéreuse est fondé sur le fait que dans objectifs :
un grand nombre de cas, on observe l’apparition • réaliser la prophylaxie des cancers par l’éradi-
du cancer sur une lésion ancienne dont toute cation des lésions primaires ;
modification brutale et récente indique qu’elle • saisir le stade in situ ou micro-invasif par
a déjà dégénéré. La filiation dysplasie-carcinome la surveillance clinique (aspect érythémateux ou
intra-épithélial est admise, variant de 5 à 20 % érosif) et histologique (rupture de la membrane
des patients. basale). Le degré de dysplasie observé au sein de
Les leucoplasies (fig. L.4) sont des plaques l’épithélium est un bon témoin du risque de can-
blanches plus ou moins bien limitées, localisées cérisation, de même que la présence d’un infiltrat
à la cavité buccale. On distingue les kératoses inflammatoire dense (infiltrat du chorion, exocy-
simples, bénignes, des kératoses dysplasiques à tose lymphocytaire, nécrose kératinocytaire) ;
potentiel « sévère », proches du carcinome intra- • comprendre les modes de transformation
épithélial. Dysplasies et carcinomes peuvent sur- d’une lésion précancéreuse en cancer. Par exem-
venir sur des lichens atrophiques ou sur des ple, la présence de Candida albicans catalyse la
candidoses chroniques. formation de nitrosamines, importants carcino-
Exceptionnelle, la papillomatose orale floride est gènes. L’utilisation de substances topiques, telles
à la limite d’être un authentique cancer. L’éry- que les rétinoïdes, peut faire régresser les lichens
throplasie est une zone rouge, déprimée, érosive et les leucoplasies de la cavité buccale.
ou ulcérée sur le plancher buccal. Elle se caracté- Malheureusement, le multicentrisme des lésions
rise par des cellules dysplasiques et volumineuses et la poursuite du tabagisme expliquent les résul-
(maladie de Bowen). La cancérisation dépasse tats incomplets et les échecs. La kératose récidive
alors 90 % des cas. comme si le tissu sous-jacent avait appris à sus-
Pour le larynx, il existe de nombreuses lésions citer cette différenciation anormale dans le nouvel
présumées bénignes : leucoplasie simple, kératose, épithélium. Parfois, un cancer apparaît à côté de
kératose exophytique, hyperkératose, kératose la lésion précancéreuse.
verruqueuse, polype kératosique, papillome flo- Schématiquement, 10 % des patients suivis pour
ride, susceptibles d’évoluer vers un authentique lichen ou pour leucoplasie ont présenté un cancer
cancer. Ces lésions bénéficient maintenant des de la cavité buccale et 17 % des dossiers de
cancers de la cavité buccale, toutes localisations
confondues, font mention d’une lésion dite pré-
cancéreuse. Dans un grand nombre de cas, la
transformation s’est produite littéralement
sous contrôle médical.
Au niveau du larynx, l’évolution est imprévisible
et oblige à recourir à la microchirurgie et souvent
à des sacrifices laryngés importants. Dans ces
conditions, les lésions précancéreuses ne sont pas
en elles-mêmes particulièrement dangereuses, à
condition d’être traitées. Elles incitent toutefois à
une surveillance ORL, car elles témoignent d’une
propension à la cancérisation des muqueuses des
Figure L.4. Leucoplasie de la cavité buccale. voies aérodigestives supérieures.
L 279

Lymphangiomes kystiques
Sous ce nom, on désigne des malformations lym- prévoir les conséquences à venir : envahissement
phatiques par absence de communication des de la base de langue et compression du carrefour
lymphatiques avec le système périphérique. Elles pharyngo-laryngé. Le rôle d’un staff de diagnos-
réalisent des tuméfactions molles, dépressibles, tic prénatal est d’aider les parents à décider de la
indolores, pouvant atteindre des tailles impres- poursuite ou non de la grossesse et des modalités
sionnantes à la naissance (Elephant Man). Elles de naissance à envisager avec l’équipe obstétricale.
évoluent ensuite par poussées, en rapport avec • Après la naissance, plusieurs options se
des infections sur les voies aériennes supérieures. présentent :
D’autres formes se déclarent plus tard, jusqu’à – surveillance : le caractère rapidement évolutif
l’adolescence, restant de taille modeste et plus de ces malformations oblige rapidement à pas-
facilement contrôlables. ser à l’action ;
– ponction à l’aiguille : elle peut être proposée
pour soulager transitoirement une compres-
Anatomopathologie sion des voies aériennes dans un contexte
Ce sont des lésions kystiques polylobées avec des d’urgence ;
cloisons non vascularisées constituant des cavités – trachéotomie : elle s’impose dans les formes
de 1 mm à 10 cm de diamètre. Des hémorragies dyspnéisantes, associée à une alimentation enté-
intrakystiques peuvent donner lieu à un hémo- rale par sonde nasogastrique ;
lymphangiome. – injection d’agents sclérosants : elle a pour
Les lymphangiomes kystiques siègent surtout but théorique de bloquer l’apport de lymphe
dans la région cervico-faciale au niveau du trian- au niveau du kyste en provoquant une réaction
gle postéro-inférieur du cou, de la parotide et de inflammatoire locale ;
la région sous-mandibulaire. On distingue deux – chirurgie d’exérèse : ces tumeurs ont des
formes topographiques : limites anatomiques imprécises, difficiles à dis-
• d’une part, les lymphangiomes macrokystiques tinguer des tissus sains. Les kystes sont incon-
sous-hyoïdiens en rapport avec la persistance sistants, fragiles et souvent hémorragiques.
d’une communication entre les voies lympha- L’exérèse d’un lymphangiome kystique est
tiques et la veine jugulaire interne ; donc toujours difficile en raison d’absence de
• d’autre part, les lymphangiomes microkystiques plan de clivage. Dans la plupart des cas, il faut
sus-hyoïdiens atteignant la langue, le plancher de donc se résoudre à une exérèse incomplète
la bouche et l’espace parapharyngé. Ils sont dits pour éviter des séquelles nerveuses, musculaires
capillaires, mal limités et infiltrants, résultant d’un et cutanées.
trouble de connexion des vésicules lymphatiques
entre elles.
Indications
L’échographie précise s’il existe un contenu liqui-
dien et le caractère mono- ou multikystique. • Dans les formes sous-hyoïdiennes, souvent
À la TDM, il y a des masses homogènes de très impressionnantes, l’exérèse complète est plus
densité liquidienne ne se rehaussant pas après souvent possible au prix du sacrifice de la veine
injection de produit de contraste. L’IRM montre jugulaire interne ou du tronc veineux linguo-
un hypersignal en T2 montrant les différents facial. La sclérothérapie est aussi plus efficace, car
cloisonnements. ce sont des formes macrokystiques.
• En revanche, le pronostic des formes sus-
hyoïdiennes est réservé, car l’exérèse chirurgi-
Prise en charge
cale complète est souvent impossible et il s’agit
• À la période anténatale, l’échographie et l’IRM de formes microkystiques difficiles à scléroser
peuvent arriver à un diagnostic permettant de (fig. L.5).

280 Fiches ORL de A à Z


• Quelle que soit la méthode choisie, le risque
de récidive ou de poussée sur reliquats est majeur
chez un enfant soumis aux infections ORL de
la petite enfance. L’adéno-amygdalectomie est
proposée plus facilement que dans les recom-
mandations officielles. Les associations antibio-
tique-corticoïde par voie générale sont également
largement prescrites.

Figure L.5. Récidive de lymphangiome kystique


sus-hyoïdien.
Infiltration de tout le plancher de la bouche chez
un enfant de 6 ans.
L 281

Lymphomes ORL
Les lymphomes malins sont des proliférations souvent nécessaire, mais il ne faut pas compter
de cellules lymphocytaires B et T formant des avoir le résultat en extemporané.
tumeurs ganglionnaires ou extraganglionnaires.
Les voies aérodigestives supérieures (VADS) sont
riches en cellules lymphoïdes immunocompé- Formes cliniques
tentes, expliquant que le lymphome non hodgki-
nien est la seconde étiologie des tumeurs malignes • Au niveau des VADS, ils touchent préféren-
de la tête et du cou, derrière les carcinomes tiellement l’adulte et sont représentés par les
épidermoïdes. lymphomes B folliculaires, les lymphomes de
type MALT (lymphome extraganglionnaire de
la zone marginale du tissu lymphoïde associé aux
Épidémiologie muqueuses) et les lymphomes diffus à grandes
cellules B. Les localisations aux fosses nasales, au
Leur fréquence a augmenté au cours de ces 25 cavum (amygdale pharyngée) et à l’oropharynx
dernières années. Les facteurs de risque sont (amygdale palatine) se présentent sous forme
l’immunodéficience (en particulier les traitements d’une tumeur molle, pâle ou violacée, évoquant
immunosuppresseurs pour greffes d’organes) et d’emblée un lymphome malin non hodgkinien
la manipulation de pesticides et d’insecticides. (fig. L.6). Les adénopathies cervicales sont sou-
Ce sont aussi des pathologies virus-dépendantes : vent volumineuses et homogènes, atteignant tous
virus EVB (Epstein-Barr), notamment pour les les territoires, y compris les chaînes ganglionnaires
fosses nasales. du tronc. Les lymphomes de la parotide et de la
thyroïde sont plutôt de type MALT. Chez le sujet
Classification plus âgé, une macropolyadénopathie débutant
au niveau du cou fait évoquer une leucémie lym-
Elle prend en compte l’architecture folliculaire phoïde chronique.
ou diffuse de la prolifération tumorale, le phéno- • Le lymphome de Burkitt, d’évolution rapide
type B ou T/NK (natural killer) et les données avec adénopathies, est le plus grave. En Afrique,
permettant d’identifier certaines translocations il se présente sous la forme d’une tumeur cervico-
ou la présence d’un génome viral. Les trois faciale avec atteinte maxillaire. En Occident, la
principales entités anatomo-cliniques rencontrées maladie, plus rare, se présente avec une atteinte
en ORL sont les lymphomes non hodgkiniens de abdominale. Le lymphome de Burkitt est fréquent
phénotype B, les lymphomes non hodgkiniens de chez l’enfant (fig. L.7). Classiquement, il débute
phénotype T et les lymphomes hodgkiniens ou par le signe de la houppe du menton : anesthésie
maladie de Hodgkin. localisée en rapport avec une atteinte du tronc
cérébral.
Bilan • Les formes plasmocytaires sont tantôt des
plasmocytomes osseux (formes particulières de
Le bilan de l’extension locale et disséminée repose maladie de Kahler localisées à l’os), tantôt des
sur le PET-scan (tomographie à émission de formes muqueuses. En cas de myélome à immu-
positons). L’imagerie classique précise l’exten- noglobuline de type A (IgA), une amylose est
sion osseuse sinusienne (TDM) et les atteintes associée dans 10 % des cas avec macroglossie,
ganglionnaires (IRM). Biologiquement, les lym- atteintes glottique et oculaire. Ce sont des dépôts
phomes sont caractérisés par un taux de LDH de fibrilles prenant la coloration rouge Congo.
(lacticodéshydrogénase) élevé et la présence de • Forme sinuso-nasale : parmi les lymphomes
marqueurs de l’hémophagocytose. Le cytodia- T/NK extraganglionnaires, la forme localisée aux
gnostic par ponction à l’aiguille fine peut être fosses nasales et au palais était autrefois appelée
complété par une cytométrie. La biopsie est granulome malin centro-facial. Elle est fréquente

282 Fiches ORL de A à Z

Figure L.6. Lymphome folliculaire de l’amygdale palatine droite avec adénopathie cervicale.
Noter l’aspect violacé de l’amygdale palatine droite (*). L’adénopathie cervicale satellite mesure 9 cm de diamètre.
Il existe aussi une adénopathie inguinale droite envahie.

Figure L.7. Lymphome de Burkitt.


Enfant âgé de 5 ans examiné à l’occasion d’une otite séreuse bilatérale douloureuse. Il existe une hypertrophie
gingivale avec tuméfaction submandibulaire, extrusion dentaire et aspect lacunaire maxillaire et mandibulaire.
On note également une localisation testiculaire douloureuse. La sérologie EBV était positive. Le diagnostic
anatomopathologique a été fait sur les prélèvements stomatologiques et l’orchidectomie.

en Asie, mais rare en France. Il s’agit de lésions fait de proche en proche. Un prurit, des sueurs et
médio-faciales nécrosantes et destructrices. En de la fièvre sont évocateurs. Le pronostic est bon,
Europe, on trouve des formes héréditaires chez car le traitement consiste en l’induction d’une
des migrants asiatiques, dont l’incidence diminue immunité T détruisant les cellules tumorales.
au fil des générations. On a incriminé des facteurs
alimentaires (poissons séchés), des facteurs géné- Traitement
tiques (groupes HLA [Human Leucocyte Anti-
gen]) et des facteurs viraux (EBV différents dans Les formes ORL localisées réagissent bien à la
les populations asiatiques). Le principal diagnostic radiothérapie. Les formes disséminées relèvent de
différentiel est la maladie de Wegener. la chimiothérapie. Pour les lymphomes T/NK
• Lymphome hodgkinien ou maladie de Hodg- extraganglionnaires, la L-asparaginase apporte un
kin : elle survient chez l’adulte jeune entre 15 progrès important. Son principe repose sur le fait
et 30 ans et chez l’adulte après 50 ans. Dans la que les cellules pathologiques sont incapables de
plupart des cas, la maladie débute par une atteinte synthétiser l’asparagine, qui est un précurseur pep-
ganglionnaire cervicale. Elle est caractérisée par la tidique. Toutefois, comme c’est une protéine, une
cellule de Sternberg. L’évolution est lente et se immunité peut se développer contre le médicament.
M

Minor (syndrome de)


Ce syndrome associe des troubles auditifs et des cérébrospinal : sons intenses (phénomène de Tul-
troubles vestibulaires induits par des stimulations lio), éternuements ou efforts physiques (activité
pressionnelles ou sonores. Il est lié à un défaut sportive). Un déséquilibre chronique est possible.
de couverture osseuse de la coque du canal semi- Il s’associe divers symptômes auditifs : acouphène
circulaire antérieur. La cause de cette déhiscence pulsatile transmis par la méninge, autophonie
est encore l’objet de débats : origine congénitale, durant la phonation, sensation de plénitude
trouble du métabolisme osseux ou déminéralisa- de l’oreille ou de pression auriculaire. Certains
tion au contact des pulsions intracrâniennes ? patients se plaignent d’entendre leurs yeux bou-
ger dans les orbites.
À l’examen, le tympan est normal. Les symptômes
Théorie de la troisième vestibulaires sont reproduits par la manœuvre de
fenêtre mobile Valsalva. Lors de la pneumo-otoscopie avec un
Le canal membraneux antérieur est situé au spéculum de Siegle, on déclenche un vertige avec
contact de la méninge, ce qui a plusieurs consé- un nystagmus vertical (signe de Hennebert).
quences sur le fonctionnement des liquides L’audiométrie tonale retrouve une pseudo-surdité
labyrinthiques avec perte d’énergie acoustique de transmission prédominant sur les fréquences
et stimulation anormale du système otolithique. graves, parfois importante, avec conservation des
• Pour des sons de forte intensité, l’énergie sonore réflexes stapédiens, ce qui la distingue de l’otos-
traverse le canal antérieur, s’échappe par la 3e fenêtre pongiose. Le seuil de conduction osseuse est
et déclenche un vertige (phénomène de Tullio). supra-normal (c’est-à-dire meilleur que 0 dB).
• Lors de l’audiométrie tonale, la déperdition
d’énergie sonore entraîne une baisse de la conduc- Diagnostic
tion aérienne.
• Lors de la mesure de la conduction osseuse, la Il est apporté par la réalisation de coupes TDM
vibration osseuse est renforcée par réverbération (fig. M.1) dans le plan du canal antérieur (plan
dans le labyrinthe postérieur, ce qui se traduit par de Pöschl). L’étude des potentiels évoqués otoli-
un seuil en osseux situé au-dessus de la courbe des thiques (PEO) est utile en montrant un abais-
sujets normaux. sement caractéristique des seuils de détection
du côté malade entre 70 et 80 dB, alors que le
seuil est normalement de l’ordre de 90 dB. Le
Clinique pourcentage de déhiscences canalaires supérieures
Il y a une grande variabilité interindividuelle. asymptomatiques est évalué à environ 1 %.
Il existe des épisodes d’instabilité, de vertige ou
d’oscillopsie provoqués par le rire, la toux, le Traitement
mouchage, la montée d’une côte ou le levage
de gros poids. Lors d’efforts à glotte fermée, il On pratique une voie sus-pétreuse avec volet
peut apparaître une diplopie verticale, une perte osseux. La déhiscence est découverte en dedans
d’équilibre ou un changement de direction lors de l’eminentia arcuata. On réalise son comble-
de la marche. Les facteurs déclenchants des symp- ment avec de la cire de Horsley, de la poudre
tômes sont toutes les situations entraînant des d’os ou d’hydroxyapatite. Il existe souvent une
variations pressionnelles dans l’oreille interne ou période vertigineuse de plusieurs semaines après
les espaces sous-arachnoïdiens contenant le liquide l’intervention.

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284 Fiches ORL de A à Z

Figure M.1. Syndrome de Minor gauche.


Déhiscence du canal antérieur gauche en coupe TDM dans le plan de Pöschl (flèches) à comparer au côté droit
sain. Patiente ayant subi une stapédotomie gauche pour otospongiose ayant déclenché un acouphène pulsatile
très violent. Persistance de l’acouphène malgré deux reprises successives du montage piston-interposition. Cette
coïncidence d’une authentique otospongiose et d’une déhiscence jusque-là asymptomatique a été révélée en
ouvrant la troisième fenêtre au niveau de la platine de l’étrier.
M 285

Myringotomie et paracentèse

Paracentèse classique un anti-inflammatoire pour prévenir une dermite


du conduit.
Autrefois, c’était un geste difficile effectué au Les dangers de cette paracentèse effectuée à
miroir de Clar pour ouvrir une otite purulente la volée étaient la plaie du promontoire ou du
bien mûre entre la 24 et la 48e heure avec une conduit provoquant un saignement important,
aiguille à paracentèse. Chez l’enfant très jeune, voire une luxation de l’enclume. À noter que
l’anesthésie était remplacée par une bonne conten- l’anesthésie locale avec du liquide de Bonain a été
tion en position couchée, le corps enroulé dans un accusée de favoriser les nécroses de la membrane
drap. Dans la seconde enfance, on employait du tympanique.
chlorure d’éthyle. Chez l’enfant plus grand et
chez l’adulte, le conduit était désinfecté, asséché
à l’alcool à 60° et anesthésié localement avec Myringotomie
une boulette de ouate imbibée de liquide de
Bonain1. L’incision se faisait à travers le spéculum Elle ne se conçoit plus sans microscope opératoire
d’oreille, dans le quadrant postéro-inférieur du ni anesthésie.
tympan, entre le cadre et le manche du marteau, Elle est effectuée pour réaliser des prélèvements
de bas en haut pour être aussi longue que pos- à visée bactériologique chez le nourrisson avant
sible (fig. M.2). Le pus était aspiré et une mèche l’âge de 4 mois, où les germes sont souvent
à lisière de 1 cm était laissée en place pour faire atypiques, ou en cas d’otite aiguë résistant à deux
des bains d’oreille comportant un antibiotique et cures d’antibiotiques différents. Le prélèvement
du liquide d’oreille est réalisé par aspiration. Il
faut éviter de contaminer ce prélèvement par
la flore bactérienne du conduit auditif externe
(composée de bacilles à Gram négatif, de sta-
phylocoques et de corynébactéries). Les milieux
ensemencés sont constitués au minimum d’une
gélose au sang incubée en aérobiose, d’une gélose
au sang cuit incubée sous 5 % de gaz carbonique
permettant la culture d’Haemophilus influenzae,
ainsi que d’une gélose Columbia incubée en
anaérobiose. Les cultures restent stériles dans 15
à 30 % des cas.
La myringotomie est aussi le premier temps de
la mise en place d’un aérateur tympanique (cf.
fig. 6.5). L’incision se fait cette fois dans le qua-
Figure M.2. Paracentèse et inclinaison du tympan. drant antéro-inférieur.
La paracentèse effectuée de haut en bas risque d’être
incomplète et réduite à une simple poncture. Gellé 1. Composition du liquide de Bonain : chlorhydrate
conseillait de la faire de bas en haut pour être aussi de cocaïne et menthol à parties égales, additionnés
longue que possible. d’acide phénique neigeux.
O
Otalgie réflexe
Une douleur d’oreille en rapport avec une lésion
de l’oreille est une otodynie. L’otalgie est le
moins spécifique de tous les symptômes. L’oreille
n’est pas obligatoirement en cause. Une otalgie
peut révéler de nombreuses pathologies cranio-
faciales et pharyngo-laryngées, car il existe un
véritable plexus tympanique formé des différentes
anastomoses entre les nerfs crâniens (fig. O.1).

Figure O.1. Sièges des causes d’otalgie.


Oreille externe et moyenne ; rhinopharynx et
orifice de la trompe d’Eustache (1) ; articulation
temporo-mandibulaire et parotide (2) ; sinus maxillaire
(3) ; amygdale palatine (4) ; dents et langue (5) ;
grosse tubérosité de l’atlas (6) ; hypopharynx et sinus
piriforme (7) ; œsophage supérieur (8) ; larynx (9).

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288 Fiches ORL de A à Z

Otite externe
L’otite externe diffuse est une infection caractérisée finit par permettre de voir le tympan en quelques
par une violente douleur exacerbée par la mastica- jours. Rappelons que les aminosides locaux sont
tion, une traction sur le pavillon de l’oreille ou une contre-indiqués en cas de perforation tympanique.
pression sur le tragus. Elle est très fréquente après L’otite externe nécrosante dite maligne est sou-
une baignade sur une plage chaude, humide et pol- vent déclenchée par un lavage d’oreille chez
luée. L’otoscopie est gênée par une sténose presque des sujets diabétiques ou immunodéprimés. Elle
complète du conduit auditif externe, empêchant commence par une cellulite diffuse qui se trans-
de voir le tympan. Le traitement est local. Il faut forme en chondrite, puis en ostéite de l’os tym-
réussir à introduire un coin de mèche à lisière de panal. Le germe responsable est Pseudomonas
1 cm pour conduire les gouttes auriculaires le plus aeruginosa. La TDM montre d’importantes des-
profondément possible (fig. O.2). Ces gouttes tructions osseuses, évoluant rapidement en dépit
auriculaires sont composées d’antibiotiques et de d’antibiothérapies de plusieurs mois (biantibio-
corticoïdes. Les germes ne sont pas ceux de l’otite thérapie par ceftazidime et ciprofloxacine). Para-
moyenne aiguë. Ce sont des germes Gram négatif lysie faciale, cophose et syndrome vestibulaire ne
ou des staphylocoques seulement sensibles aux sont pas rares dans cette pathologie.
aminosides ou aux quinolones. Le corticoïde local Voir aussi le chapitre 8 « L’otoscopie découvre
finit par dégonfler la peau du conduit. La mise en une atteinte de l’oreille externe » et les vidéos O.1
place successive de mèche et de pop de Merocel® et O.2 .

Figure O.2. Pansement d’oreille pour otite externe diffuse.


Saisir 2 cm de mèche et la tremper avec de l’alcool à 60°. Si possible, malgré la douleur, tirer légèrement le pavillon
de l’oreille en haut et en arrière pour agrandir la sténose inflammatoire. On introduit très progressivement la mèche
alcoolisée (B) ou un pop de Merocel® qui gonflera dans le conduit avec l’introduction des gouttes auriculaires
(le pansement alcoolisé a un effet décongestionnant immédiat).
O 289

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pondant à l’aide de votre smartphone ou de votre
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Vidéo eO.1. Ostéite bénigne circonscrite Vidéo eO.2. Otomycose à Candida albicans.
de l’os tympanal. Cet aspect de papier buvard ou de coton mouillé
Voici un conduit auditif externe droit. La troisième avec quelques reflets verdâtres est caractéristique
portion du nerf facial a été complètement dénudée par de l’otomycose à Candida albicans. Les lésions ne sont
le processus ostéitique. Le nerf facial lui-même est intact pas douloureuses mais fréquemment prurigineuses.
sans paralysie. Le tympan est normal. L’ostéite bénigne Dans la plupart des cas, des bains d’oreille avec
circonscrite de l’os tympanal n’est pas une otite externe antibiotiques ont déjà été prescrits et se sont avérés
banale. C’est une pathologie nécrotique silencieuse inefficaces. L’association à des corticoïdes a même
primitive bilatérale et symétrique. L’ostéite siège avec pu entraîner une aggravation. Le traitement est local
prédilection sur le plancher et la paroi postérieure du avec des antifongiques.
conduit auditif externe osseux. Au début, elle est difficile
à distinguer d’un bouchon épidermique avec érosion
osseuse. Pour terminer, voici le côté gauche qui est
également atteint.
P
Paragangliomes temporaux
Les paragangliomes (PG) sont des tumeurs du carotidienne, du ganglion du pneumogastrique,
système neuro-endocrinien diffus issu des cellules de l’adventice du dôme du golfe jugulaire et du
de la crête neurale (fig. P.1). Durant l’embryoge- nerf de Jacobson et de la branche auriculaire
nèse, ces cellules migrent des crêtes neurales vers du X). On distingue les paragangliomes jugu-
les nerfs crâniens et certains gros vaisseaux pour y laires et les paragangliomes tympaniques, les deux
constituer les cellules paraganglionnaires. Ce sys- étant regroupés sous le terme de paragangliomes
tème est composé de cellules capables de sécréter temporaux.
des catécholamines ou de réguler la fonction de À noter qu’historiquement, ces paragangliomes
cellules adjacentes. Elles entretiennent d’étroites avaient été successivement appelés : apudomes,
relations avec les cellules nerveuses, d’où le terme chémodectomes, tumeurs glomiques, glomérocy-
de cellules neuro-endocrines. Ce système est dif- tomes, réceptomes et tumeurs non chromaffines.
fus, car il est présent dans de nombreux organes Le terme de chémodectome reste utilisé pour les
au sein desquels on trouve d’autres tumeurs chémodectomes de la bifurcation carotidienne.
neuro-endocrines : pancréas, poumon, thyroïde,
leptoméninges, peau et paraganglions. Ainsi, les
PG peuvent-ils être associés à d’autres tumeurs :
Caractéristiques
astrocytome, cancer médullaire thyroïdien, phéo- anatomo-cliniques
chromocytome, adénome parathyroïdien, etc. Les PG affectent davantage la femme que l’homme
Les paragangliomes se distinguent en deux avec un sex-ratio de 6/1. L’âge moyen du diag-
groupes : ceux liés au système sympathique du nostic se situe entre 40 et 60 ans. Leur crois-
médiastin postérieur et du rétropéritoine (phéo- sance est lente avec un temps de doublement de
chromocytome d’origine médullo-surrénalienne), 4,2 ans, voire beaucoup plus. Ce sont des tumeurs
et ceux liés au système parasympathique de la bénignes, mais elles présentent une agressivité
tête et du cou (paraganglions de la bifurcation locale importante avec érosions osseuses et infil-
trations des tissus mous avoisinants. En particu-
lier, leur croissance requiert beaucoup d’énergie
et d’oxygène, expliquant le caractère hypervas-
cularisé des paragangliomes.
Environ 30 % des cas sont associés à une mutation
d’un gène, dont celui de la SDH (cofacteur AF2
de l’enzyme mitochondrial succinyl-déshydrogé-
nase). D’autres mutations expliquent l’association
à une néoplasie endocrinienne multiple (NEM2), à
une neurofibromatose (NF1) ou à un syndrome
de Von Hippel-Lindau. Ainsi distingue-t-on
les formes sporadiques des formes familiales et
Figure P.1. Crêtes neurales chez un embryon
à l’issue de la gastrulation et de la neurulation.
héréditaires où la multicentricité synchrone ou
1 : somites ; 2 : crêtes neurales ; 3 : tube neural ; métachrone est très fréquente. Le mode de trans-
4 : ectoderme ; 5 : pièce intermédiaire ; 6 : somatopleure ; mission est autosomique et dominant. Toutefois,
7 : splanchnopleure ; 8 : aorte ; 9 : notochorde ; cette transmission est soumise à l’empreinte géno-
10 : endoderme. mique maternelle. L’enfant ne pourra développer
Catala M., Grapin-Botton A., Garabédian E.-N. Arcs branchiaux :
aspects normaux et pathologiques. EMC, Paris (Elsevier Masson), la maladie que s’il a hérité la mutation de son père.
ORL, 2000, 12 p. [Article 20-850-A-10]. En revanche, s’il reçoit la maladie de sa mère, il

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292 Fiches ORL de A à Z


ne développera pas l’affection, mais pourra la Bilan biologique
transmettre à la génération suivante. Un test
Il est effectué dans tous les cas, que le paragan-
génétique peut être proposé comme test diagnos-
gliome soit ou non sécrétant : dosage des métané-
tique ou dans le cadre d’une enquête familiale.
phrines plasmatiques et urinaires (la mesure de
l’acide vanylmandélique n’est plus pratiquée).
Diagnostic
Imagerie
Circonstances de découverte
• La tomodensitométrie montre l’opacité tis-
Le patient consulte pour un acouphène pulsa-
sulaire homogène de la tumeur et en précise
tile objectif perçu à l’auscultation. Il s’y associe
l’extension, aux berges du foramen jugulaire, au
souvent une surdité. Les vertiges sont plus rares,
plancher de la caisse du tympan, aux parois du
traduisant un envahissement de l’oreille interne.
canal carotidien, au canal de Fallope et à la coque
Une dysphonie, des troubles de la déglutition,
labyrinthique.
une rhinolalie, une gêne à la mobilisation d’une
• L’angioscanner avec injection d’un produit de
épaule ou un signe de Claude Bernard-Horner
contraste iodé met en évidence un rehaussement
traduisent l’atteinte des IX, X, XI et du sympa-
massif synchrone de celui de l’axe carotidien
thique dans le compartiment nerveux antérieur
externe, témoignant de l’hypervascularisation.
du foramen jugulaire. Les capacités sécrétrices des
• L’IRM en séquences T1, T2, avec injection
PG jugulo-tympaniques sont rares, 5 % des cas se
de gadolinium et suppression de graisse, révèle
manifestant par une hypertension artérielle.
l’aspect typique « poivre et sel » de la tumeur.
La composante « poivre » reflète les zones
Otoscopie hypo-intenses correspondant au flux artériel
Elle peut montrer une masse pulsatile, rouge rapide. La composante « sel » traduit la pré-
framboise, comblant l’hypotympanum réalisant le sence de la composante charnue de la tumeur.
classique signe du « soleil levant » (fig. P.2). Le rehaussement sous gadolinium est intense.
L’IRM recherche aussi une extension à la fosse
postérieure.
Examen audiologique
• L’angio-IRM identifie les pédicules nourriciers
Il reste normal ou montre une surdité de transmis- carotidiens externes et internes ou vertébraux.
sion parfois déjà mixte, témoignant de l’atteinte Elle confirme le rehaussement très précoce par
de la coque labyrinthique. gadolinium. Elle étudie aussi le retour veineux
homo- et controlatéral.
• Scintigraphie à l’Octréoscan® : le pentétréo-
tide est un analogue de la somatostatine qui se
fixe sur les récepteurs de la somatostatine para-
ganglionnaires. La contre-indication est la gros-
sesse. La scintigraphie comprend un corps entier
et un examen tomographique couplé à une
acquisition scanner centrée sur les zones cibles.
Sa sensibilité diagnostique est de 95 % pour les
PG jugulaires. Elle permet de révéler une mul-
ticentricité et de suivre les patients à risque de
récidive.
• Angiographie : elle est pratiquée en préambule
Figure P.2. Paragangliome oreille droite. Otoscopie. de l’embolisation.

P 293


Classification • Type C : tumeur née du golfe jugulaire, pou-
vant s’étendre dans toutes les directions (veine
• Type A : tumeur localisée à la caisse du tympan jugulaire interne, nerfs mixtes, capsule otique,
(fig. P.3). méat auditif interne et oreille moyenne) (fig. P.5).
• Type B : tumeur tympano-mastoïdienne res- • Type D : tumeur jugulaire avec extension intra-
pectant le dôme jugulaire (fig. P.4). crânienne extradurale ou intradurale (fig. P.6).
Une tuméfaction cervicale haute rétro- ou sous-
angulo-maxillaire pourrait correspondre à une
extension cervicale ou à la coexistence d’un PG
vagal développé au niveau du pneumogastrique.
Plus bas située, elle évoquerait plutôt un chémo-
dectome carotidien (fig. P.7).

Figure P.3. Paragangliome tympanique type A.

Figure P.4. Paragangliome tympano-mastoïdien Figure P.6. Récidive paragangliome de type D.


extériorisé dans le conduit auditif externe (type B). IRM montrant une extension intracrânienne.

Figure P.5. Paragangliome tympano-jugulaire type C.


Examen TDM et angiographie.

294 Fiches ORL de A à Z


Chirurgie
1. Type A : exérèse par voie endaurale.
2. Type B : évidement pétro-mastoïdien avec frai-
sage des traînées cellulaires sous-faciales.
3. Type C : voie infratemporale avec contrôle du
golfe jugulaire, du sinus pétreux inférieur et de
l’artère carotide interne intrapétreuse. La trans-
position antérieure du nerf facial (ou déroutation
du VII) sous monitorage procure une bonne
exposition, mais occasionne des paralysies faciales
du fait d’une dévascularisation du nerf.
4. Type D : en cas d’extension extradurale, le
clivage de la tumeur de la méninge est aisé,
sauf au niveau du conduit auditif interne. En
cas d’extension intradurale, l’exérèse neurochi-
rurgicale pose le problème de l’étanchéité de la
fermeture durale.
Figure P.7. Paragangliome (chémodectome)
intercarotidien.
Angiographie montrant l’aspect en lyre caractéristique. Radiothérapie
Elle est souvent préférée en traitement primaire
Traitement chez le sujet de plus de 60 ans ou en complément
d’une chirurgie subtotale dans tous les cas. Cette
Embolisation attitude trouve sa justification chaque fois qu’une
Elle n’est indiquée que pour les PG de type B, chirurgie radicale compromettrait la qualité de vie
C ou D. au-delà du supportable pour une lésion bénigne.
P 295

Paralysies des nerfs crâniens


Paralysie du III (fig. P.8-III) Paralysie du IX (fig. P.8-IX) (nerf
[n. moteur oculaire commun] glosso-pharyngien), du X ou
nerf vague [n. pneumogastrique]
Trois signes : et de la branche interne
• ptosis (chute de la paupière supérieure) ;
ou bulbaire du XI
• strabisme externe (divergent) ;
• diplopie dans le regard en dedans et mydriase L’examen pharyngo-laryngé explore en pratique
du côté paralysé. le IX, le X et la branche interne du XI :
• trouble de la déglutition avec sensation de
Paralysie du IV ou nerf gosier trop étroit ;
• reflux des liquides par le nez avec quintes de
trochléaire [nerf pathétique]
toux ;
L’œil monte lorsqu’on le tourne en adduction • voile abaissé du côté paralysé et déviation de la
avec diplopie dans le regard en bas et en dedans luette du côté sain (vidéo P.1 ) ;
(à ne pas confondre avec la skew deviation ou • signe du rideau de Vernet (lorsque le malade
diplopie verticale par paralysie otolithique). émet le son A, la paroi postérieure du pharynx,
constituée par le muscle constricteur supérieur,
se déplace en masse vers le côté sain comme un
Paralysie du V moteur rideau qui se ferme) ;
• Creusement de la fosse temporale avec atrophie • paralysie des cordes vocales (cf. fiche « Paraly-
du muscle temporal paralysé. sies récurrentielles »).
• Bouche ouverte ovalaire avec déviation du
menton du côté paralysé. Paralysie du XI ou nerf
• Paralysie de la diduction vers le côté sain (NB : accessoire [n. spinal]
abolition du réflexe cornéen par atteinte du V
sensitif). L’atteinte du XI médullaire se traduit par une
paralysie de la céphalogyrie avec paralysie du
muscle sterno-cléido-mastoïdien (visible lors des
Paralysie du VI (fig. P.8-VI) rotations contrariées menton abaissé) et du mus-
ou nerf abducens [n. cle trapèze (abaissement du moignon de l’épaule
moteur oculaire externe] projeté en avant, accentué lorsqu’on demande de
hausser les épaules).
Strabisme interne (convergent) de l’œil atteint
avec diplopie dans le regard en dehors.
Paralysie du XII (fig. P.8-XII)
ou nerf hypoglosse
Paralysie du VII
Hémiatrophie du côté paralysé avec à la pro-
• Paralysie de type périphérique avec paralysies des traction, déviation vers le côté paralysé.
hémifaces supérieure et inférieure (fig. P.8-VIIA). NB. Signe de Claude Bernard-Horner (fig. P.8-
• Paralysie de type central avec hémiface supé- sympathique cervical) se traduisant par un myosis,
rieure normale et hémiface inférieure paralysée une énophtalmie et un rétrécissement de la fente
(fig. P.8-VIIB). palpébrale.

296 Fiches ORL de A à Z

Figure P.8. Synthèse des paralysies des nerfs crâniens, auxquelles on a ajouté les atteintes du sympathique
cervical (syndrome de Claude Bernard-Horner).
Gouazé A. Neuro-anatomie clinique, 4e édition. Paris : Expansion scientifique française, 1994, pp. 157-164 (fig. 67 à 70).

`` Complément en ligne Vidéo eP.1. Paralysie du voile du palais gauche.


Paralysie du voile du palais gauche à la phonation.
Paralysie du nerf pneumogastrique (X) d’origine tumorale
Un complément numérique est associé à cette au niveau du foramen jugulaire.
fiche, il est indiqué dans le texte par un picto .
Il propose une vidéo de la fiche. Pour voir la
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P 297

Paralysies faciales périphériques (PFP)


Le nerf est constitué d’axones protégés par la du tympan pour rejoindre le ganglion géniculé.
gaine de Schwann, responsable de la myélinisa- Les fibres végétatives empruntent le nerf grand
tion et fournissant l’oxygène. En cas de section, pétreux se détachant au sommet du ganglion
l’axone est renouvelé depuis son corps cellulaire, géniculé et rejoignant la glande lacrymale.
à raison d’un millimètre par jour. Une paralysie faciale comportant les éléments
Il y a cinq stades de gravité des lésions nerveuses. suivants n’est pas périphérique et doit faire trans-
1. La neurapraxie est la perte temporaire et réver- férer le patient en urgence dans une unité neu-
sible de la conductibilité, par altération de la gaine rovasculaire pour suspicion d’accident vasculaire
de myéline. sylvien : fermeture de l’œil normale, troubles sen-
2. L’axonotmesis correspond à la mort des axones, sitifs de l’hémiface paralysée, hémianopsie latérale
avec préservation des gaines de soutien. Une homonyme et paralysie brachiale.
récupération complète est encore possible.
3. La neuronotmesis s’accompagne d’une atteinte Clinique
des gaines de soutien. La régénération sera incom-
plète et s’accompagnera d’erreurs d’aiguillage Une paralysie faciale périphérique complète
(clignement d’œil intempestif lors du sourire : entraîne une asymétrie du visage. Au repos, le
syncinésie). côté paralysé est lisse avec effacement des rides,
4 et 5. Les lésions sont telles qu’une chirurgie est déviation de la bouche du côté sain et ouver-
nécessaire (greffes). ture de l’œil. Cette asymétrie est majorée par la
La plupart des PFP idiopathiques et des PFP mimique. Le signe de Charles Bell correspond
d’origine herpétique ne dépassent pas les deux à l’impossibilité de fermer les paupières du côté
premiers stades. Les stades 4 et 5 correspondent paralysé, avec déviation de l’œil vers le haut sous
aux PFP d’origine tumorale ou traumatique. la paupière supérieure. Il faut humidifier l’œil avec
des larmes artificielles et prescrire de fermer les
Anatomie et physiologie paupières le soir avec une bande adhésive.
du nerf facial La paralysie faciale peut être fruste. Dans le signe
de Souques, les cils paraissent plus longs du côté
Le nerf facial (VII) est formé de deux racines, l’une paralysé lors de l’occlusion palpébrale, et il y a une
motrice et l’autre sensitive, sensorielle et sécrétoire asymétrie du clignement.
formant le nerf intermédiaire de Wrisberg (VII bis). La classification des PFP de House et Brackmann
Le noyau moteur du VII innerve l’ensemble des tient compte à la fois de la force musculaire et
muscles peauciers de la face, sauf le releveur de du tonus :
la paupière supérieure. Il innerve également le • grade I : fonction faciale normale ;
muscle de l’étrier (réflexe stapédien). Il reçoit des • grade II : faiblesse légère visible à l’examen
fibres des deux aires motrices corticales droite et attentif ;
gauche pour la mimique supérieure et ne reçoit • grade III : atteinte modérée sans défiguration ;
que des fibres de l’aire motrice controlatérale • grade IV : faiblesse évidente avec défiguration ;
pour la mimique inférieure. C’est pourquoi, dans • grade V : mouvements ténus avec conservation
une paralysie faciale centrale supranucléaire, le du tonus de repos ;
territoire facial supérieur est respecté. • grade VI : paralysie totale avec perte du tonus
Le VII bis assure l’innervation sensitive de la de repos.
partie postérieure du conduit auditif externe,
de la conque, de la région du tragus et de Bilan étiologique et pronostic
l’antitragus formant la zone de Ramsay-Hunt
(siège d’éruptions vésiculaires lors des paralysies On recherche :
faciales zostériennes). Il reçoit aussi les fibres gus- • des antécédents traumatiques, les notions de
tatives innervant les deux tiers antérieurs de la vertiges, d’acouphènes, de surdité, d’hyperacou-
langue, cheminant par le nerf lingual et la corde sie douloureuse et de troubles du goût ;

298 Fiches ORL de A à Z


• une éruption vésiculaire dans la zone de Ramsay- Toutefois, 30 % d’entre elles vont présenter des
Hunt ; séquelles après une évolution plus ou moins
• des signes otoscopiques d’infection de l’oreille longue : absence de régression ou régression
moyenne ; incomplète, récidive homolatérale, existence
• une masse tumorale parotidienne par la d’autres signes neurologiques. L’IRM confirme
palpation ; le diagnostic en montrant une prise de contraste
• d’autres paralysies des nerfs crâniens. linéaire après injection de gadolinium au niveau
L’audiométrie tonale, vocale, la tympanométrie et de la portion canalaire du VII, de la portion laby-
les potentiels évoqués auditifs seront demandés en rinthique et du ganglion géniculé. Elle élimine la
fonction du contexte. présence d’une tumeur au contact du nerf facial.
Le test de Schirmer compare la sécrétion lacry- La prise en charge rééducative a pour but d’éviter
male des côtés sain et paralysé. Une bandelette l’évolution vers la contracture et les syncinésies.
de buvard est accrochée au rebord palpébral Les injections de toxine botulique permettent de
inférieur. On fait renifler de l’ammoniaque et on les minimiser. Les stimulations électriques qui les
compare les zones imprégnées de larme. Quand favorisent doivent être proscrites.
il est pathologique, il témoigne d’une atteinte en
amont de l’origine du nerf grand pétreux ou sur Paralysie zostérienne
son trajet. Le réflexe stapédien est aboli quand
la lésion siège en amont de l’origine du nerf du La réactivation du virus de la varicelle et du zona
muscle de l’étrier (cf. chapitre 7). La gustométrie au niveau du ganglion géniculé ou syndrome
est pathologique si la lésion est en amont du de Ramsay-Hunt est responsable d’un tableau
départ de la corde du tympan. clinique proche de celui de la paralysie faciale
L’électroneurographie d’Esslen détermine le pour- idiopathique. Les otalgies sont plus intenses avec
centage de fibres axonales dégénérées du côté une éruption vésiculeuse au niveau de la conque
atteint par rapport au côté sain. Elle utilise une et une atteinte vestibulaire (cf. fig. 8.21).
stimulation électrique du tronc du nerf facial au
foramen stylo-mastoïdien de durée 0,2 ms. On Maladie de Lyme
recueille le potentiel d’action musculaire évoqué
La maladie de Lyme se complique d’une PF dans
par une électrode de surface unique placée dans la
10 % des cas. Elle est bilatérale dans 25 % des
région nasogénienne. Une perte axonale supérieure
cas. L’IRM montre une multinévrite avec rehaus-
à 90 % survenant avant le dixième jour est de mau-
sement de plusieurs paires crâniennes. Elle frappe
vais pronostic. Cet examen doit être réalisé avant
surtout l’enfant. Il faut effectuer des sérologies
le dixième jour suivant l’installation de la paralysie.
dans le sang et le LCR, qui ne sont pas toujours
contributives.
Formes cliniques
Paralysie faciale post-traumatique
Paralysie faciale idiopathique
Les fractures longitudinales extralabyrinthiques
C’est une réactivation virale (herpès simplex virus du rocher s’accompagnent d’une PFP dans 20 %
de type 1), responsable d’une inflammation pré- des cas. Le nerf est le plus souvent atteint au
dominant au niveau du ganglion géniculé. La voisinage du ganglion géniculé. Dans les fractures
paralysie faciale s’installe brutalement, précédée transversales translabyrinthiques, il y a une PFP
de prodromes à type d’otalgie, de dysesthésie dans 50 % des cas. Elle est souvent immédiate et
faciale et d’hyperacousie douloureuse. Elle peut complète, par transsection.
se compléter entre 24 à 48 heures. L’examen cli-
nique est normal en dehors de la paralysie faciale.
Elle représente 80 % des paralysies faciales périphé-
Pathologie inflammatoire
riques. Son évolution est le plus souvent favorable de l’oreille moyenne
sans traitement. Le témoin de ce bon pronostic Une otite moyenne aiguë peut être responsable
est l’ébauche d’une récupération dès le 15e jour. d’une PFP régressant après traitement. La TDM

P 299


doit rechercher une déhiscence du segment tym- l’otoscopie oriente le diagnostic en montrant
panique du facial. Dans les otites chroniques une masse rétrotympanique blanchâtre (choles-
cholestéatomateuses, la TDM situe le site de la téatome primitif) ou rosée (glomus). Dans la
compression et montre la destruction des parois parotide, toute masse associée à une PF est sus-
du canal facial. Une PFP survenant sur une pecte de malignité.
otite chronique non cholestéatomateuse doit
faire évoquer le diagnostic de tuberculose. L’otite Paralysies faciales néonatales
nécrosante externe survient chez le sujet âgé
diabétique. Elle est due à une infection par Pseu- La paralysie faciale obstétricale est liée à la pres-
domonas aeruginosa. Elle envahit le VII par le sion des forceps sur la troisième portion du canal
foramen stylo-mastoïdien. Le diagnostic diffé- facial, très exposée en l’absence de mastoïde. Elle
rentiel avec les tumeurs malignes est difficile. régresse spontanément en quelques semaines.
L’hypoplasie isolée du VII est bien visible en
TDM haute résolution. Le syndrome de Mœbius
Pathologie tumorale associe une diplégie faciale et une paralysie des
Les PFP y sont soit progressives, soit brutales nerfs abducens. Il serait dû à une atteinte d’ori-
mais récidivantes. Dans le tronc cérébral, les gine ischémique, anténatale des noyaux dans le
tumeurs primitives ou secondaires donnent une tronc cérébral.
atteinte de plusieurs paires crâniennes. Les lésions Les paralysies faciales idiopathiques sont moins
de la fosse postérieure sont les plus fréquentes : fréquentes que chez l’adulte, mais restent majo-
neurinome du VIII et méningiome. En IRM, le ritaires (40 à 60 % des cas). Il faut noter la
premier est centré sur le conduit auditif interne. fréquence des PFP post-traumatiques (fig. P.9). Il
Le méningiome, au contraire, possède une large n’est pas rare qu’un cholestéatome congénital se
base d’implantation. Dans la caisse et la mastoïde, révèle par une paralysie faciale.

Figure P.9. Paralysie faciale droite traumatique chez un enfant âgé de 3 ans.
A. Plaie par ciseau. B. Paralysie faciale droite. C. Exploration ne montrant qu’une simple contusion.
300 Fiches ORL de A à Z

Paralysies récurrentielles Cette paralysie bilatérale s’observe essentiellement


dans les suites de thyroïdectomies totales pour
Le diagnostic de paralysie laryngée ne peut être cancer. Leur traitement chirurgical est complexe.
fait que par une laryngoscopie au miroir ou en • Des fausses-routes : celles-ci s’observent lorsque
fibroscopie nasopharyngée chez le patient trop la paralysie laryngée est liée à une lésion du nerf
nerveux. L’immobilité de la corde vocale avec pneumogastrique ou de son noyau. Dans ces cas,
bascule de l’aryténoïde en dedans témoigne d’une l’association d’une anesthésie du nerf laryngé
lésion dont le siège est sur le nerf récurrent lui- supérieur entraîne des troubles de la déglutition
même, sur le nerf pneumogastrique ou sur le (syndrome du trou déchiré postérieur, syndrome
noyau vagal (vidéo P.2 ). de Collet-Sicard, syndrome d’Avellis, syndrome de
Jackson, etc.).
Ces paralysies se manifestent
par trois symptômes Cas d’une paralysie
récurrentielle gauche
• Une dysphonie isolée souvent bitonale : c’est isolée (fig. P.10)
une paralysie récurrentielle dont le diagnostic
étiologique varie selon qu’elle est droite ou L’examen du cou apporte parfois la solution
gauche (cf. infra). Sa cause la plus fréquente en découvrant une cicatrice de thyroïdectomie
est une complication de la chirurgie du corps ancienne ou un nodule thyroïdien à la palpation.
thyroïde où le repérage et la dissection du nerf L’échographie thyroïdienne est le premier exa-
récurrent devraient être systématiques. men complémentaire à demander (cf. chapitre 4).
• Une dyspnée : la paralysie récurrentielle bila- Du côté gauche, il faut aussi penser au cancer de
térale entraîne une dyspnée laryngée obligeant l’œsophage, car le nerf récurrent gauche chemine
généralement à pratiquer une trachéotomie. En dans l’angle trachéo-œsophagien. La fibroscopie
effet, les cordes vocales ne s’écartent plus à l’ins- œsophagienne est le second examen à demander.
piration et sont au contraire aspirées dans la tra- Dans les causes thoraciques, la compression du
chée qu’elles obstruent complètement (cf. infra). nerf récurrent par une grosse oreillette ou un

Figure P.10. Enquête étiologique devant une paralysie récurrentielle gauche isolée.

P 301


anévrysme lors de son trajet autour de l’aorte • syndrome de Collet-Sicard : paralysie du IX,
est une cause classique. Mais c’est le cancer du X, du XI et du XII (lésion située dans le crâne
du poumon qu’on redoute le plus. L’imagerie au-dessus du trou déchiré postérieur) ;
pulmonaire est donc le troisième examen complé- • syndrome de Jackson : paralysie du X, du XI et
mentaire à demander. Enfin, après avoir évoqué du XII (lésion située dans le crâne au-dessus du
quelques rares causes toxiques (plomb, oxyde de trou déchiré postérieur, elle épargne le IX plus
carbone et arsenic), aucune cause n’étant trouvée, antérieur) ;
il faut alors se résoudre au diagnostic de paralysie • syndrome de Vernet ou du trou déchiré pos-
cryptogénétique, probablement d’origine virale. térieur : paralysie du IX, du X et du XI ;
La rééducation vocale est essentielle en atten- • syndrome de Schmidt : paralysie du X et du XI ;
dant sous surveillance une forte probabilité de • syndrome d’Avellis : paralysie du X et du XI au
récupération. niveau de l’émergence du nerf laryngé supérieur ;
• syndrome de Tapia : paralysie du X, du XI et
du XII au-dessous de l’émergence du nerf laryngé
Atteinte unilatérale du nerf supérieur et au-dessus de l’émergence du nerf
pneumogastrique en amont récurrent.
Tout autre est l’apparition d’une paralysie laryn-
gée en association avec d’autres atteintes des nerfs Paralysie des dilatateurs
crâniens (fig. P.11) : ou syndrome de Gerhardt
• syndrome de Garcin : paralysie unilatérale de
tous les nerfs crâniens du même côté (tumeur C’est une paralysie des deux cordes vocales en
de base de crâne) ; adduction. Elle entraîne une dyspnée nécessitant
• syndrome de Villaret ou syndrome de l’espace souvent une trachéotomie en urgence. La cause
sous-parotidien postérieur : paralysie du IX, du X, périphérique est postopératoire, mais elle peut
du XI, du XII et du sympathique ; aussi être centrale : syringobulbie ou sclérose

Figure P.11. Syndromes associant une lésion du X et d’autres nerfs crâniens.



302 Fiches ORL de A à Z


latérale amyotrophique avec atteinte de la péri- graisse autologue ou polymère de silicone en
phérie des noyaux des nerfs pneumogastriques suspension. On peut aussi proposer des thyro-
(atteinte en lunette). plasties consistant à mettre en place un implant
inerte par l’intermédiaire d’une fenêtre réalisée
dans l’aile cartilagineuse thyroïdienne ipsilatérale
Techniques chirurgicales (silastic, silicone, hydroxyapatite, titane, cartilage
autologue).
Paralysies unilatérales
Les techniques chirurgicales consistent à rappro-
cher passivement le bord libre de la corde vocale
Paralysies bilatérales
paralysée de la ligne médiane (action de médiali- Les plus fréquentes sont en fermeture. Les pro-
sation). Le but est de favoriser son affrontement cédés visent donc à élargir la filière respiratoire :
avec la corde controlatérale au cours de la pho- cordotomie et aryténoïdectomie au laser. Par voie
nation. Pour atteindre ce but, on injecte divers cervicale, on propose une aryténoïdopexie. En
matériaux au sein de la corde vocale paralysée : dernier recours, il reste la trachéotomie.

Complément en ligne Vidéo eP.2. Paralysie récurrentielle en laryngoscopie


indirecte.
L’examen est pratiqué en laryngoscopie indirecte.
Un complément numérique est associé à cette L’épiglotte est en haut. C’est une paralysie récurrentielle
fiche, il est indiqué dans le texte par un picto . gauche en adduction, c’est-à-dire que la corde vocale
paralysée reste en position médiane. C’est la paralysie
Il propose une vidéo de la fiche. Pour voir la dont les causes sont les plus diverses : non seulement
vidéo, scannez le flashcode correspondant à l’aide thyroïdienne et broncho-pulmonaire, mais aussi
de votre smartphone ou de votre tablette, ou œsophagienne et même aortique ou cardiaque.
connectez-vous sur http://www.em-consulte.com/
e-complements/474503 et suivez les instructions.
P 303

Pathologie salivaire parotidienne non tumorale


Lésions kystiques Angiomes veineux
et pseudo-kystiques Ils sont présents à la naissance et peuvent se
Kyste parotidien retrouver à l’âge adulte. La présence de phlébo-
lithes est un bon argument à rechercher en TDM.
Les parotidites chroniques s’accompagnent
parfois de nodules intraglandulaires ou kystiques.
En échographie, ce sont des lésions hypoécho- Sialite de la parotide
gènes. Elles ne sont ni rehaussées en TDM après
La sialite est une infection ou une inflammation
injection de produit de contraste iodé, ni en IRM
d’une glande salivaire. La sialadénite est une
après injection de gadolinium. En cas de doute,
inflammation à point de départ parenchymateux.
c’est l’indication d’une cytoponction avec étude
La sialadochite est une inflammation à point de
bactériologique et antibiothérapie d’épreuve.
départ canalaire (lithiase, par exemple).
Ces lésions ne relèvent pas nécessairement de la
chirurgie.
Sialite virale
Kyste salivaire (sialocèle) La parotidite virale survient par épidémies. Les
virus en cause sont le virus ourlien, grippal,
Il est lié à la dilatation d’un canal excréteur en
influenzae A, coxsackie A, échovirus, cytoméga-
amont d’une obstruction. En sialo-IRM, il y
lovirus et Epstein-Barr. Dans les oreillons, outre
a typiquement une connexion avec les canaux
le gonflement bilatéral des parotides, il existe une
salivaires. Sauf complication, la chirurgie n’est pas
otalgie fébrile et un érythème de l’ostium du canal
nécessaire.
de Sténon (signe de Koplick). Le risque d’orchite
avec stérilité secondaire, de méningite et de sur-
Lymphangiome kystique (cf. fiche dité justifie le maintien de la vaccination par le
« Lymphangiomes kystiques ») cadre du ROR (rougeole-oreillons-rubéole).
C’est une pathologie de l’enfant pouvant se ren-
contrer dans les régions parotidienne et subman- Sialite aiguë microbienne
dibulaire où leur exérèse avec préservation du VII C’est une pathologie en rapport avec la déshydra-
et du nerf lingual peut s’avérer délicate. tation chez des sujets grabataires (cf. chapitre 4).

Lésions vasculaires Sialite tuberculeuse


de la parotide Elle est soupçonnée devant un nodule prétragien
Hémangiome parotidien qui se fistulise à la peau. L’intradermoréaction à la
tuberculine est positive. Le prélèvement par cyto-
Il apparaît 10 à 15 jours après la naissance ponction établit le diagnostic mettant en évidence
puis prolifère jusque vers l’âge de 9 mois pour le follicule tuberculeux avec nécrose caséeuse. Elle
régresser et disparaître à l’adolescence. L’aspect permet la culture du bacille de Koch (BK).
échographique est évocateur : hyperéchogéni-
cité hétérogène avec plages pseudo-kystiques et
hypervascularisation Doppler. L’IRM montre un Sialite chronique non spécifique
hypersignal hétérogène en T1 et T2 avec prise de C’est une tuméfaction évoluant par poussées
contraste après injection de gadolinium. avec douleurs à la mastication, rencontrée dans

304 Fiches ORL de A à Z


diverses circonstances : parotidite de l’enfant, Sarcoïdose ou maladie
mégacanaux, sténoses des canaux excréteurs et de Besnier-Boeck-Schaumann (BBS)
syndrome de Gougerot-Sjögren. L’échographie
C’est une granulomatose d’étiologie inconnue
met en évidence la destruction du parenchyme
en rapport avec une réponse immunitaire anor-
parotidien et les dilatations canaliculaires. La sia-
male. Dans 5 % des cas, elle comporte une
lographie montre les dilatations des canaux et
parotidomégalie indolore, bilatérale, d’installation
les images dites en pommier japonais portant ses
progressive. L’atteinte des glandes salivaires acces-
fruits. La sialographie avait un effet thérapeutique
soires survient dans 50 % des cas. L’association
bénéfique lorsque le lipiodol était encore autorisé.
d’une hypertrophie parotidienne bilatérale, d’une
L’évolution est très récidivante chez l’enfant, mais
uvéite et d’une paralysie faciale réalise le syn-
s’arrête à la puberté. Une parotidectomie n’est
drome de Heerfordt. En cas d’association avec
indiquée que dans les malformations canalaires
une atteinte des glandes lacrymales, c’est le syn-
sévères (mégadolichosténon). La dissection du
drome de Mikulicz. Les autres manifestations sont
nerf facial y est toujours diabolique.
cutanées, osseuses, pulmonaires, ganglionnaires,
viscérales et neurologiques. L’intradermoréaction
Sialite lithiasique à la tuberculine est négative.
Les lithiases salivaires touchent trois fois moins Le syndrome biologique comporte une accé-
la glande parotide que la glande sous-maxillaire. lération de la vitesse de sédimentation, une
Les coliques salivaires typiques ne comportent hypergammaglobulinémie, une hypercalcémie.
que des douleurs survenant au moment des repas. L’activité plasmatique de l’enzyme de conversion
L’association à une augmentation de volume de de l’angiotensine est typiquement augmentée.
la glande correspond à une hernie salivaire régres- L’examen histologique au niveau des glandes sali-
sant entre les repas. L’échographie permet le diag- vaires accessoires montre des nodules contenant
nostic. Le tableau de sialite aiguë suppurée fébrile des cellules géantes, des cellules épithélioïdes, des
avec pérennisation de la tuméfaction glandulaire macrophages et des lymphocytes T sans caséum.
s’accompagne d’une inflammation cutanée en La corticothérapie est réservée aux localisations
regard. L’IRM est intéressante en cas de sus- sévères.
picion d’abcès. L’exérèse des lithiases peut être
réalisée par voie endoscopique ou par lithotripsie. Syndrome de Gougerot-Sjögren
Les sténoses canalaires représentent 10 à 25 % des
C’est un syndrome dit sec. À la parotidomé-
cas de pathologie obstructive des parotides. Un
galie bilatérale s’associe une sécheresse ocu-
aspect classique est celui des mégacanaux salivaires
laire (xérophtalmie) et buccale (xérostomie). Il
avec parotidomégalie bilatérale d’origine incon-
entre dans le cadre des maladies auto-immunes
nue. L’aspect radiologique associe un chapelet de
comportant de multiples manifestations associées
sténoses et de dilatations des canaux parotidiens,
possibles : polyarthrite rhumatoïde, lupus éry-
bien visible en sialo-IRM.
thémateux disséminé, atteintes digestives, rénales,
musculaires et neurologiques. Ce sont des femmes
Sialoses de la parotide entre 40 et 60 ans. Le diagnostic est fait sur la
biopsie d’une glande salivaire accessoire. Il peut
Une sialose est une augmentation de volume évoluer vers un lymphome parotidien.
chronique asymptomatique de plusieurs glandes
salivaires ; dans la sialadénose, le gonflement sali-
vaire s’associe à une sécheresse buccale et oculaire.
Autres sialadénoses
Les glandes salivaires atteintes sont tuméfiées, Le tableau clinique ressemble au syndrome de
indolores, de consistance ferme et élastique. Leur Gougerot-Sjögren, mais les affections générales
augmentation de volume est chronique, mais sous-jacentes identifiées sont très nombreuses.
varie dans le temps. Il y a presque toujours une Insistons sur le rôle de la carence protidique illus-
pathologie générale sous-jacente. trée par trois causes :

P 305


• l’anorexie mentale avec aménorrhée et paro- Maladie de Kimura
tidomégalie bilatérale, connue autrefois sous le
nom de chlorose des jeunes filles ; Le tableau clinique comprend une parotidoméga-
• causes iatrogéniques (antidépresseurs, phéno- lie bilatérale, des nodules sous-cutanés cervicaux
thiazines, réserpine) ; indolores et une polyadénopathie cervicale. C’est
• alcoolisme. une prolifération lympho-plasmocytaire avec
Parmi d’autres causes, citons le diabète, l’hypo- fibrose touchant de jeunes hommes d’origine asia-
thyroïdie, l’hyperfolliculinémie de la ménopause. tique. Le diagnostic est anatomo-pathologique.

Kyste lympho-épithélial Parotidomégalies essentielles


chez un sujet VIH+
Ces grosses parotides se rencontrent chez les
Cette séroconversion déclenche une hyperplasie obèses alcooliques et les goutteux. Il y a aussi un
lymphoïde kystique au niveau des deux glandes facteur familial.
parotides, bien visible en échographie. Elle est
souvent associée à une hypertrophie des amyg-
dales palatine, pharyngée et linguale. Ces locali- Lésions congénitales
sations imposent de pratiquer une sérologie VIH
devant des lésions kystiques ou pseudo-kystiques Les fistules de la première fente (cf. fiche « Fistule
parotidiennes bilatérales. La régression est obte- de la première fente branchiale (fistule auriculo-
nue par le traitement antirétroviral. Sinon, une branchiale) »), avec un orifice externe dans le
parotidectomie superficielle à visée esthétique triangle de Poncet, développent des abcès paroti-
peut être proposée. diens à répétition.
306 Fiches ORL de A à Z

Pathologie salivaire submandibulaire non tumorale


La pathologie inflammatoire domine. Après avoir Pathologie canalaire
confirmé l’origine salivaire, il faut différencier les obstructive non lithiasique
causes obstructives (lithiase) des causes non obs-
Les sténoses canalaires sont à l’origine de douleurs
tructives (infectieuses, auto-immunes, ou plus
salivaires. En échographie, il existe une succession
rarement tumorales)
de sténoses-dilatations en chapelet quasi patho-
gnomonique en l’absence de lithiase visible.
Pathologie canalaire obstructive Parmi les autres causes, on trouve des polypes, des
paquets de mucus et des corps étrangers acces-
Lithiase salivaire sibles à un traitement endoscopique.
L’association douleur + gonflement submandi-
bulaire au moment des repas évoque une patho- Sous-maxillites
logie obstructive entraînant une dilatation en
amont. Dans la plupart des cas, c’est un calcul Sous-maxillites bactériennes
salivaire responsable de sous-maxillite. Il est sou- La présence de bulles aériques intraglandulaires,
vent visible sur de simples clichés. Toutefois, la voire intracanalaires, est le témoin d’une cellulite
moitié des lithiases sont radio-transparentes. Il gangréneuse souvent rattachée à un mauvais état
siège souvent dans la partie antérieure du canal dentaire.
submandibulaire de Wharton. Il déclenche alors
des coliques salivaires à chaque repas. L’exérèse
peut se faire sous anesthésie locale sous contrôle
Sous-maxillites « iodées »
de la palpation au niveau du plancher antérieur de (iodide mumps)
la cavité buccale. C’est un gonflement sensible des glandes sali-
Ailleurs, la lithiase augmente progressivement vaires submandibulaires apparaissant quelques
de taille dans le bassinet de la glande restant heures après l’injection de produit de contraste
longtemps asymptomatique. Il y a des accidents iodé et spontanément résolutif en 24 à 48 heures.
inflammatoires à répétition avec dilatation modé- Ce n’est pas une réaction allergique. L’échogra-
rée des canaux intraglandulaires. L’évolution se phie montre une augmentation bilatérale des
fait vers une glande scléro-atrophique indurée glandes avec hypervascularisation sans dilatation
pseudo-tumorale. des canaux salivaires.
P 307

Pathologie salivaire tumorale


Le système glandulaire salivaire comprend : Adénome pléomorphe,
• les glandes salivaires principales (parotides et cystadénolymphome
submandibulaires) ; (adénolymphome ou
• les glandes salivaires mineures (sublinguales), tumeur de Warthin)
accessibles par voie endobuccale ;
• les glandes salivaires accessoires (îlots glan- Le diagnostic et la prise en charge de ces tumeurs
dulaires), réparties dans la muqueuse buccale et ont été envisagés au chapitre 4.
palatine.

Tumeurs bénignes rares


Répartition de la
pathologie tumorale Schwannome du nerf
facial intraparotidien
Près de 80 % des tumeurs salivaires sont paroti-
diennes. Seules 10 % atteignent les glandes sub- C’est un nodule arrondi et ferme simulant un
mandibulaires et 10 % les glandes sublinguales adénome pléomorphe. Il n’y a généralement pas
et accessoires. Mais plus la glande salivaire est de paralysie faciale. À l’IRM, c’est un hyposignal
petite, plus le pourcentage de lésion maligne en T1 et un hypersignal en T2 avec rehaussement
augmente : 20 % des tumeurs parotidiennes, intense après injection de gadolinium. Le trou
50 % des tumeurs submandibulaires, 80 % des stylo-mastoïdien et la 3e portion intramastoï-
tumeurs des glandes salivaires accessoires. dienne de l’aqueduc de Fallope sont élargis avec
La richesse de la pathologie tumorale paroti- prise de contraste évocatrice. Après cytoponction
dienne vient de ce qu’on trouve dans cette région pour confirmer le diagnostic, il vaut mieux annu-
les dérivés des trois feuillets embryologiques : ler toute chirurgie.
ectoderme, endoderme et mésoderme. Tout type
de tumeur peut y être rencontré : tumeurs épithé- Lipome intraparotidien
liales, tumeurs glandulaires, tumeurs myoépithé- ou extraparotidien
liales conjonctives myxoïdes, tumeurs vasculaires,
Il est diagnostiqué sur un hypersignal T1 s’effa-
nerveuses et graisseuses. Enfin, la parotide pos-
çant après suppression du signal de graisse et
sède anatomiquement en son sein des structures
sans rehaussement significatif après injection de
lymphoïdes dont dérivent le cystadénolymphome,
gadolinium.
le lymphome dans sa forme ganglionnaire, les
métastases ganglionnaires, les kystes lympho-
épithéliaux du VIH, etc. Tumeurs malignes
En revanche, un gonflement douloureux au niveau
submandibulaire est une pathologie inflammatoire Pour chacune d’entre elles, l’histologie distingue
dans 70 % des cas. Encore faut-il distinguer entre trois grades de malignité :
sous-maxillite, adénite sous-maxillaire et cellulite • bas grade (nodule parotidien isolé) ;
d’origine dentaire. Après avoir confirmé l’origine • grade intermédiaire (mauvaise différenciation
salivaire, on évoque de principe une cause obs- cellulaire et atypies cellulaires) ;
tructive lithiasique. Les causes non obstructives • haut grade (paralysie faciale, augmentation
sont bien plus rares qu’au niveau parotidien. rapide de taille, douleurs et fixité à la palpation).

308 Fiches ORL de A à Z


L’IRM est en faveur d’une lésion maligne en Les indications chirurgicales diffèrent selon qu’il
montrant plusieurs éléments : s’agit de parotidectomie ou de sous-maxillectomie.
• la tumeur est en hyposignal T2 avec des Le geste chirurgical sur la parotide comporte le
contours irréguliers ; risque de paralysie faciale définitive. Il ne doit donc
• le coefficient apparent de diffusion est inférieur être pris qu’en connaissance de cause. Le geste
à 1 (du fait de l’augmentation de la cellularité) ; chirurgical sur la glande submandibulaire ou sur
• l’injection de gadolinium montre une prise la glande sublinguale comporte un risque nerveux
de contraste hétérogène avec des séquences moindre : lésion du nerf lingual ou du rameau men-
dynamiques de type C (pic précoce et lavage tonnier du facial. Il sera proposé plus facilement.
progressif) ;
• il existe des adénopathies suspectes dépassant Pathologies ganglionnaires malignes
15 mm de diamètre, arrondies avec un hile non
échogène. • Lymphome parotidien développé à partir d’un
ganglion intraparotidien : en échographie, il s’agit
de masses pseudo-kystiques souvent multiples et
Cancers bilatérales. Du fait de la forte cellularité du lym-
• Carcinome muco-épidermoïde (souvent kys- phome, le coefficient ADC est très bas (inférieur
tique et de bas grade). à 0,5). Le traitement repose sur la radio-chimio-
• Carcinome adénoïde kystique (ou cylin- thérapie.
drome) : ce cancer a une propension naturelle à • Lymphome parotidien de forme parenchyma-
s’étendre par l’intermédiaire des gaines des nerfs. teuse primitive se présentant avec une augmen-
L’injection de gadolinium permet d’apprécier son tation de volume global de la glande et des
extension le long du VII dans l’aqueduc de antécédents de maladie auto-immune (Gougerot-
Fallope, nécessitant une exploration transmas- Sjögren) ou un contexte d’infection VIH : l’IRM
toïdienne. Il donne des métastases à distance, en retrouve un aspect plurinodulaire et bilatéral avec
particulier pulmonaires. des adénopathies cervicales.
• Carcinome à cellules acineuses. • Métastase ganglionnaire intraparotidienne : elle
• Adénocarcinome (le plus souvent de haut est évoquée en cas d’association à d’autres adéno-
grade). Son pronostic reste très sévère malgré le pathies cervicales. La prise en charge dépend de
traitement. la tumeur primitive. Elle est chirurgicale s’il s’agit
Leur traitement repose sur la parotidectomie d’un épithélioma cutané ou d’un mélanome situé
totale avec exploration ganglionnaire cervicale dans les territoires cutanés de la face (pavillon de
suivie de radiothérapie. l’oreille, régions temporales et frontales, etc.).
R
Radiothérapie
La radiothérapie est un traitement permettant le utilisée d’emblée en association avec une chi-
contrôle local du cancer au même titre que la chi- miothérapie (3). À noter que l’avantage d’une
rurgie. La radiothérapie est délicate à manier. Une radiothérapie postopératoire est que les stratégies
radiothérapie de qualité insuffisante impacte néga- peuvent être adaptées en fonction de l’examen
tivement le contrôle locorégional de la tumeur de anatomopathologique des pièces opératoires.
20 % (Peters L. JCO 2010). Pour la radiothérapie
externe, les faisceaux de rayonnements ionisants
Radiothérapie conformationnelle 3D
sont produits par un accélérateur linéaire de parti-
cules. Les rayonnements les plus utilisés sont des La distribution de la dose peut être calculée en
photons et des rayonnements d’électrons pour fonction des volumes tumoraux macroscopiques,
détruire les cellules cancéreuses. La dose est déli- des volumes à risque d’extension microscopique
vrée en séances quotidiennes cinq fois par semaine et des organes à risque. L’irradiation des tissus
pendant 5 à 7 semaines. sains avoisinants est ainsi réduite.

Synergie entre radiothérapie Radiothérapie conformationnelle


et chimiothérapie avec modulation d’intensité
La chimiothérapie seule laisse des lésions micro-
Dans cette technique, les faisceaux d’irradiation
scopiques, sources de récidives. Mais elle augmente
ont une intensité qui varie d’un côté à l’autre du
l’oxygénation dans la tumeur et bloque les cycles
faisceau. Avec de multiples faisceaux d’intensité
cellulaires, potentialisant ainsi l’effet de la radio-
variable, la cible reçoit une dose homogène maxi-
thérapie. Ainsi, quand la radiothérapie exclusive
mum qui ne déborde que progressivement sur
atteint un contrôle local dans 50 à 70 % des cas,
les tissus sains avoisinants (préservation salivaire).
l’impact positif d’une radio-chimiothérapie conco-
mitante est de 8 à 10 %. D’autre part, la chimio-
thérapie d’induction permet de trier les patients qui Dose exprimée en gray (Gy)
seront de bons répondeurs à la radiothérapie. Le gray est une unité correspondant à une énergie
Enfin, pour analyser les essais cliniques compara- de 1 joule, absorbée dans une masse de 1 kg (du
tifs, il faut se rappeler qu’autrefois, il suffisait qu’il nom d’un physicien anglais).
y ait une extension cartilagineuse même minime
pour qu’une tumeur soit classée T4. Actuellement,
cette tumeur ne serait que classée T3 dans la Principales étapes
dernière classification TNM qui distingue les T4a
(tumeurs modérément étendues où une chirurgie 1re étape : acquisition
reste encore parfois possible) des T4b (tumeurs des données anatomiques
très étendues inopérables). Il faut donc rester pru- Elle repose sur l’examen TDM de repérage avec
dent dans l’interprétation de ces essais cliniques. des coupes tous les 3 mm, éventuellement complé-
tées par l’injection de produit de contraste. Il faut
Lexique penser à bien descendre et dégager les épaules au
moment de l’examen, sinon les doses délivrées à
Radiothérapie adjuvante (1),
la base du cou ne seront pas homogènes. L’IRM
exclusive (2) et concomitante (3) n’est pas très utile. Un bilan TEP n’est pas indis-
Équivalents de : radiothérapie postopératoire (1), pensable, mais peut parfois servir à mieux préciser
radiothérapie utilisée seule (2) et radiothérapie l’extension ganglionnaire.

Guide d'ORL
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310 Fiches ORL de A à Z


2e étape : contention rigide (masque entre la chirurgie et l’irradiation postopératoire de
thermoformable à 5 points) plus de 7 semaines.
L’objectif est d’obtenir une immobilisation avec
un alignement du patient parfaitement reproduc- Effets secondaires
tible à chaque séance. Un repose-tête doit être
également adapté. Les erreurs de positionnement Mucite
sont évitées et aussi contrôlées régulièrement par C’est une inflammation de la muqueuse avec
des imageries. parfois des ulcérations. Elle apparaît deux à trois
semaines après le début de l’irradiation et se
3e étape : simulation (contourage) manifeste par une sensation d’irritation, des dou-
Les machines utilisées permettent de contourer leurs à la déglutition, des difficultés d’élocution.
plusieurs volumes pour évaluer l’extension tumo- Cette mucite augmente le risque de candidose.
rale et ganglionnaire et contourer les organes à Elle atteint son maximum cinq semaines après le
risque (parotide, larynx, plexus brachial et surtout début de l’irradiation. Si des difficultés d’alimen-
le tronc cérébral et la moelle cervicale). Il y a le tation risquent de provoquer une pause dans le
volume cible tumoral macroscopique tumoral traitement, il faut recourir à la nutrition par sonde
et ganglionnaire, palpé ou repéré par l’imagerie nasogastrique, voire à une gastrostomie perendo-
(gross target volumes) : GTV-T et GTV-N. Il y a scopique.
aussi les volumes des prolongements visibles ou
invisibles microscopiques définissant une zone de Conséquences cutanées
sécurité ou CTV (clinical tumor volume) avec des et sous-cutanées
marges variables autour du GTV. La conjonction
Elles vont du simple érythème cutané à la nécrose
des deux volumes précédents et les paramètres
tissulaire. Elles sont plus fréquentes chez le sujet
physiques des faisceaux d’irradiation définissent
âgé et dénutri. Le cétuximab les aggrave. Elles
enfin un volume traité irradié homogène ou PTV
peuvent être responsables de l’arrêt de la radiothé-
(planning treatment volume). Schématiquement,
rapie. Moins graves et tardives sont les séquelles
sont ainsi déterminées deux sortes de zones :
esthétiques : pigmentation, alopécie et fibrose. Le
celles devant recevoir une irradiation thérapeu-
risque d’apparition d’un trismus est proportionnel
tique et celles devant recevoir une irradiation
à la dose reçue par les muscles masticateurs.
prophylactique.

Xérostomie
Doses d’irradiation
et fractionnement Conséquence de l’irradiation des glandes sali-
vaires, cette hyposialie entraîne des carries et des
Elles sont de 64 à 66 Gy pour les irradiations thé- candidoses buccales. Elle apparaît en même temps
rapeutiques et de 50 à 54 Gy pour les irradiations que la mucite et peut être irréversible.
prophylactiques. Le fractionnement convention-
nel comprend 2 Gy par fraction, une fraction par
jour, à raison de 5 par semaine jusqu’à atteindre
Ostéoradionécrose mandibulaire
70 Gy en irradiation thérapeutique (35 fractions) Elle est la conséquence de soins dentaires après la
et 50 Gy en irradiation prophylactique (25 frac- radiothérapie. Un bilan dentaire avant traitement
tions). Il faut souligner qu’une pause d’une avec remise en état dentaire si nécessaire est indis-
semaine peut compromettre le contrôle local par pensable. L’application fluorée quotidienne par
accélération de la repopulation des clones tumo- des gouttières doit aussi durer jusqu’à la fin de
raux. C’est également le cas à partir d’un délai vie du patient.
S
Schwannomes et autres tumeurs neurogènes bénignes
• Le schwannome est une tumeur nerveuse osseux comme le schwannome de l’acoustique. La
bénigne composée de cellules de Schwann diffé- lenteur de leur évolution et le relatif respect des
renciées. C’est une tumeur sphérique, de consis- fibres du tronc à partir duquel elles se développent
tance variable. expliquent la rareté des déficits neurologiques.
• Le neurofibrome se développe aussi à partir des C’est leur volume qui finit par entraîner une sen-
cellules de Schwann, mais celles-ci sont différentes sation de corps étranger, une gêne à la déglutition
des cellules normales. Contrairement au schwan- ou des modifications de la voix. Leur découverte
nome, sa transformation maligne est possible. Des est le plus souvent fortuite au cours d’un examen
neurofibromes multiples peuvent entrer dans le de la cavité buccale. Elles se traduisent par une
cadre de la maladie de Recklinghausen. voussure de la paroi pharyngée latérale refoulant
• Le névrome traumatique se développe à l’extré- le pilier postérieur et l’amygdale palatine en avant
mité proximale d’un nerf sectionné ou traumatisé. et en dedans. Le toucher pharyngien indique leur
Il se présente sous la forme de petits nodules consistance et leur caractère non pulsatile. Il faut
composés de filets nerveux au sein d’une prolifé- rechercher un signe de Claude Bernard-Horner,
ration anarchique de cellules de Schwann. évocateur d’un ganglioneurome.
• Le ganglioneurome se développe à partir de
cellules ganglionnaires du système sympathique Localisations latéro-cervicales
prenant alors le nom de sympathome. Il est
toujours bénin. Le neuroblastome et le gan- Elles sont plus rares : tumeurs neurogènes du
glioneuroblastome sont développés aux dépens nerf pneumogastrique (X) et du grand hypoglosse
des cellules souches sympathiques. Ce sont des (XII). La tuméfaction est de forme allongée dans
tumeurs malignes. l’axe du nerf intéressé et mobile dans le sens

Formes cliniques
La plus fréquente des tumeurs nerveuses bénignes
est le schwannome de l’acoustique ou neurinome
du VIII (cf. chapitre 8). Une tumeur nerveuse
cervicale peut aussi se développer à partir des
troncs nerveux des nerfs crâniens (VII, IX, X, XI,
XII), du ganglion sympathique cervical supérieur
ou des plexus cervical et brachial. Elle peut aussi
se développer à partir de leurs branches les plus
fines (fig. S.1).

Localisations dans l’espace


rétrostylien
Cet espace rassemble tous les éléments nerveux
concernés. Ainsi s’explique la fréquence des
tumeurs nerveuses siégeant à l’étage supérieur
du cou. Elles respectent longtemps la fonction,
car elles ne sont pas comprimées dans un conduit Figure S.1. Schwannome intralaryngé.

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312 Fiches ORL de A à Z


transversal à cet axe. Les adénopathies cervi- Chirurgie
cales, les kystes congénitaux latéro-cervicaux, les
En l’absence de paralysie préopératoire, l’exérèse
tumeurs glomiques et les anévrysmes carotidiens
chirurgicale intracapsulaire (fig. S.3) doit être
constituent le diagnostic différentiel.
proposée avec prudence, car la conservation de la
continuité nerveuse n’est pas garantie. Elle peut
Imagerie laisser d’importantes séquelles qui ne seraient
Elle montre un processus expansif arrondi, bien apparues que des années après : paralysie laryngée,
limité, d’aspect iso-dense au muscle en TDM, linguale ou d’un membre supérieur. Quand la
avec une prise de contraste importante et homo- tumeur devient grosse et compressive, c’est un
gène, après injection de produit de contraste. dilemme difficile.
L’IRM montre une lésion iso-intense au muscle
en T1 devenant hyper-intense. Le signal en T1
se rehausse après gadolinium. L’IRM permet
parfois de situer le nerf au sein de la masse : en
périphérie pour le schwannome (fig. S.2) et au
centre pour le neurofibrome. Une angiographie
est parfois nécessaire pour éliminer une patholo-
gie vasculaire.

Ponction cytologique à l’aiguille


fine sous guidage échographique
Elle n’est pas toujours possible compte tenu de la
profondeur de la lésion. Son objectif est de recher- Figure S.3. Exploration chirurgicale droite.
cher des arguments en faveur de la malignité. Il Patient de la figure S.2. Il s’agissait d’une tumeur
convient aussi de reconnaître le neurofibrome enchâssée dans le nerf pneumogastrique. L’exérèse
a permis de conserver la continuité du nerf.
de la maladie de Recklinghausen en recherchant
L’examen microscopique montra qu’il s’agissait d’un
d’autres signes de la maladie. La chirurgie en ce schwannome kystique. Une paralysie de l’hémilarynx
cas est réputée augmenter les risques de dégéné- droit persista pendant un an avant de récupérer
rescence. partiellement.

Figure S.2. Schwannome du nerf pneumogastrique : échographie et TDM. Patient âgé de 47 ans qui présentait
depuis quelques mois une tuméfaction arrondie latéro-thyroïdienne droite isolée mesurant 3 × 5 cm de diamètre.
La fibroscopie nasopharyngée montrait une mobilité laryngée normale. L’échographie-Doppler montra une masse
cloisonnée partiellement kystique avasculaire située entre la veine jugulaire interne et la carotide primitive droite.
S 313

Sialendoscopie
La sialendoscopie est la dernière-née des tech- chirurgicaux proposés jusqu’alors. Le traitement
niques endoscopiques. Elle est indiquée dans les classique d’une sialadénite sous-maxillaire est en
sialadénites lithiasiques pour retirer les calculs et effet la sous-maxillectomie. Pour la parotide, le
traiter les sténoses. De plus, c’est une méthode traitement proposé est plus souvent médicamen-
diagnostique permettant de chercher et de repé- teux à cause du risque élevé de paralysie faciale
rer les lithiases, les sténoses et les dilatations après parotidectomie dans un contexte inflamma-
des canaux salivaires, mieux qu’à l’imagerie. Les toire. D’autre part, les études anatomopatholo-
sténoses sont plus fréquentes qu’on ne le pense. giques ont montré que les glandes retirées étaient
La moitié d’entre elles sont asymptomatiques normales dans un grand nombre de cas. Pour
et découvertes lors de la sialendoscopie. Elles les auteurs suisses, la sialendoscopie a permis de
peuvent être dilatées au ballonnet ou à l’endo- diviser par 10 les indications chirurgicales.
scope modulaire. On laisse un calibrage pendant La complication possible est la perforation. Au
une quinzaine de jours. niveau du canal de Sténon, elle est le plus souvent
C’est une technique qui peut se faire sous anesthésie asymptomatique. Lorsqu’elle se situe au niveau
locale ou sous anesthésie générale avec ventilation du canal de Wharton, il y a un risque d’emphy-
au masque laryngé. Ses résultats sont plus satisfai- sème du plancher buccal et du cou avec infection
sants que ceux des traitements médicamenteux ou à traiter par antibiothérapie.
314 Fiches ORL de A à Z

Stridor de l’enfant
Le stridor de l’enfant est un bruit inspiratoire de Le signe de gravité principal est la présence d’une
tonalité aiguë, exacerbé par les pleurs et comparé bradypnée inspiratoire avec tirage sus-sternal,
au cri du dindon. Il est intermittent durant l’éveil intercostal et sous-xiphoïdien. La stagnation pon-
et variable durant le sommeil. II commence entre dérale est le témoin du retentissement de la dys-
le 8e et le 15e jour après la naissance. Dans 90 % pnée. L’alimentation devient une lutte, la durée
des cas, le stridor de l’enfant est en rapport avec de prise alimentaire augmente : jusqu’à 1 heure
une laryngomalacie (stridor laryngé congénital pour chaque biberon, sans pouvoir le finir.
essentiel). C’est un collapsus isolé des structures Dans les formes sévères de laryngomalacie, une
supralaryngées à l’inspiration sans signes de endoscopie laryngée au bloc opératoire doit être
gravité. envisagée. Si le diagnostic reste confirmé, une
La confirmation est apportée par une fibroscopie supraglottoplastie ouvrant le larynx consiste à
pharyngo-laryngée dynamique sans prémédica- sectionner les replis ary-épiglottiques, ce qui a
tion chez un enfant à jeun depuis plus de 3 heures. pour effet de déployer l’épiglotte.
Dans une laryngomalacie, elle montre une épi- Ailleurs, l’existence de symptômes associés sug-
glotte tubulisée avec des replis ary-épiglottiques gère la présence d’une malformation laryngée qui
raccourcis et des cordes vocales bien mobiles sera confirmée par l’endoscopie sous anesthésie
(fig. S.4). générale :
Le stridor congénital essentiel s’aggrave jusqu’au • un stridor et une dyspnée dès la naissance
quatrième mois puis se stabilise pour régresser traduisent des lésions kystiques intralaryngées ou
ensuite lentement jusqu’à l’âge de 12 à 18 mois. siégeant dans la vallécule glosso-épiglottique ;
• un stridor avec dysphonie congénitale évoquent
des palmures laryngées ou une atrésie laryngée ;
• des fausses-routes associées au stridor peuvent
témoigner d’une paralysie laryngée, d’une dyski-
nésie laryngée ou d’un diastème laryngo-trachéal
(fente interaryténoïdienne de la paroi postérieure
du larynx s’étendant vers la trachée et faisant
communiquer œsophage et trachée) ;
• une toux rauque avec apparition retardée du
stridor et présence d’un angiome plan facial font
craindre un angiome sous-glottique ;
• un stridor, des troubles de déglutition, des
apnées périphériques et centrales dressent un
Figure S.4. Caractéristique d’une laryngomalacie :
tableau neurologique complexe ;
épiglotte tubulisée, replis ary-épiglottiques courts. • un stridor après séjour en service de néonatolo-
Photo : Dr Stéphane Orsel. Service ORL, CHU Limoges. gie suggère une sténose post-intubation.
S 315

Surveillance d’un cancer ORL


Elle incombe à la fois au médecin généraliste et au • Dépistage des pneumopathies de déglutition en
spécialiste ORL. cas de chirurgie laryngée partielle.
• Enfin, la prise en charge morale du laryngecto-
misé total est un point important de la responsabi-
Maladie cancéreuse lité du médecin de famille. Chez ce grand mutilé,
• Palpation régulière des aires ganglionnaires. souvent guéri mais déprimé, tout doit concourir
• Surveillance au fibroscope nasopharyngé des à la réinsertion sociale : compréhension familiale,
structures restantes tous les deux mois. reprise du travail, vie associative (association des
• Recherche régulière des autres localisations mutilés de la voix), stages d’apprentissage de
cancéreuses ++ : cavité buccale, poumons et la voix œsophagienne. Les implants phonatoires
œsophage. posent des problèmes spécifiques à la charge du
centre qui a procédé à leur mise en place.

Nutrition
Suites de l’irradiation
• Surveillance du poids, dont la chute témoigne
d’un obstacle à une alimentation correcte (mucite • Œdème facial et cervical sont aggravés par
post-radique, sténose de l’orifice œsophagien). l’exposition des zones irradiées au soleil : prescrire
• Recherche d’une complication de la nutrition des séances de drainage lymphatique.
entérale : constipation liée à l’absence de résidus, • Hypothyroïdie et sténose carotidienne survien-
diarrhée liée à un excès d’alimentation lactée ou nent parfois plusieurs années après. Les patients
à une malposition de la sonde nutritive, vomis- irradiés doivent donc bénéficier d’un dosage
sements liés à un bol alimentaire trop abondant annuel de la TSH et d’un Doppler cervical au
ou mal fractionné, dénutrition par carence pro- moindre doute.
tidique, déficits vitaminiques, etc. Dans cette • Asialie : définitive, elle est responsable de
situation, il est important de faire appel à une sécheresse des muqueuses, de nécrose des racines
diététicienne afin de mieux gérer la nutrition dentaires, d’ostéite après extraction dentaire et
artificielle. d’ostéoradionécrose. Il est essentiel que le patient
• L’utilisation d’une nutripompe à débit continu comprenne qu’il doit appliquer quotidiennement
et le recours aux traitements antiémétiques et ses gouttières fluorées toute sa vie. À défaut, les
antispasmodiques, ainsi qu’une surveillance atten- dents restantes noirciront et finiront par être res-
tive de la sonde de nutrition entérale (rinçage ponsables de complications infectieuses.
de la sonde après chaque administration et rem-
placement mensuel) sont des éléments importants
pour prévenir les complications.

Suites opératoires
• Hygiène de la canule au moins une fois par jour
par une infirmière à domicile en cas de trachéoto-
mie. Prescription de deux jeux de canule (canule,
chemise et mandrin), location d’un aspirateur,
d’un générateur d’aérosols. La surveillance du tra-
chéostome est plus facile en cas de laryngectomie
totale : trachéite croûteuse, granulome, bouchon,
récidive trachéale (fig. S.5). Figure S.5. Trachéostome après laryngectomie totale.

316 Fiches ORL de A à Z


Douleurs alerté par de petits saignements annonçant une
rupture cataclysmique de la carotide primitive.
Les séquelles douloureuses et la limitation de Embolisation et ligature de la carotide externe
l’amplitude articulaire de l’épaule en abduction doivent être proposées à temps.
sont la conséquence de l’évidement ganglion-
naire, spécialement en cas de section du nerf spi-
nal. Il est donc souhaitable de prescrire de façon Dyspnée
systématique une rééducation précoce de l’épaule Elle est laryngée. Souvent précédée d’une agi-
par un kinésithérapeute. Antalgiques : paracéta- tation liée à l’hypercapnie, il ne faut pas donner
mol, puis paracétamol + codéine, puis morphines de sédatifs mais des corticoïdes à doses massives.
orales… L’intubation est souvent impossible et il n’y a pas
d’autre solution que de pratiquer la trachéotomie
Hémorragies sous anesthésie locale.

Elles sont presque toujours liées à une nécrose


surinfectée des gros vaisseaux. Il faut savoir être
S 317

Syndromes neurologiques de la face


Siège Nerfs atteints Nom Cause la plus fréquente
Angle ponto-cérébelleux (APC) V, VII, VIII, parfois le IX Syndrome de l’APC Neurinome, méningiome, tumeur pétreuse
Apex pétreux V, VI Gradenigo Pétrosite et tumeurs de l’apex pétreux
Paroi latérale du sinus III, IV, V1, ± V2, VI Si syndrome inflammatoire : Anévrysme/thrombose du sinus caverneux,
caverneux Tolosa-Hunt granulome inflammatoire, tumeur sellaire
invasive
Fissure orbitaire supérieure III, IV, V1, V2, VI Foix Tumeur invasive du sinus sphénoïdal,
anévrysme
Doyon D., Marsot-Dupuch K., Francke J.-P. Nerfs crâniens. Anatomie, clinique,
imagerie. Paris : Masson, 2002, p. 102 (tableau 6.1).
T
Tamponnements choanal et nasopharyngien
Dans une épistaxis postérieure, si on ne dispose sort de la cavité buccale (fig. T.1B). On tire sur
pas de sonde à ballonnet ou si l’usage de celle-ci la sonde par l’extrémité qui sort de la fosse nasale
est restreint par une déviation septale, il faut reve- de telle sorte que le tampon est amené successive-
nir aux techniques classiques de tamponnements ment dans la cavité buccale, dans le rhinopharynx,
choanal et nasopharyngien. jusqu’à la choane et même dans le tiers postérieur
de la fosse nasale (fig. T.1C). Cette manœuvre
doit être exécutée rapidement en s’aidant du
Matériel doigt pour faciliter le passage du tampon derrière
le voile.
• Feuilles grasses 20 × 20 cm.
• Pratiquer ensuite un tamponnement antérieur
• Soie en bobine no 2.
par Merocel®. Les deux fils sortant de la fosse
• Xylocaïne® à 5 %.
nasale sont noués en force sur une compresse
• Sondes de Nélaton ou petites sondes d’aspira-
pour bloquer définitivement le tampon choanal
tion no 10 à 15.
(fig. T.1D). Les deux fils dépassant de la cavité
• Ciseaux.
buccale sont attachés avec une bande adhésive.
• Abaisse-langue.
Ils serviront de rappel au moment du déméchage
• Miroir de Clar.
(fig. T.1E).
• Spéculum de nez.
• Le tamponnement postérieur doit être gardé
• Pince de Kocher.
72 heures : calmants et antibiotiques sont le plus
souvent indispensables. Il existe un risque certain
Principe d’infection auriculaire rétrograde par blocage de
l’orifice tubaire.
Introduire un tampon dans la partie postérieure
des fosses nasales avant de compléter par un
tamponnement antérieur. Protocole du tamponnement
nasopharyngien
Protocole du tamponnement À la différence du tamponnement choanal uni-
choanal unilatéral latéral, il est amarré dans chaque fosse nasale et
bloque complètement le nasopharynx. Beaucoup
• Mouchage narine après narine pour débarrasser plus efficace, il est aussi plus mal toléré.
les fosses nasales des caillots qui les encombrent ; • Les sondes de Nélaton sont d’abord passées
anesthésie locale par pulvérisation de Xylocaïne® dans chacune des deux fosses nasales et rattrapées
à 5 % dans les fosses nasales (au besoin prémédi- séparément dans l’oropharynx.
cation une demi-heure avant par diazépam 10 mg • Le tampon est alors attaché par ses deux fils
intramusculaire en surveillant la ventilation). à l’extrémité des sondes qui sortent de la cavité
• Confection d’un tampon de feuilles grasses buccale (fig. T.2A). On tire en même temps sur
ficelées avec la soie, de telle sorte que les quatre les deux sondes par leurs extrémités qui sortent
chefs restent longs. Introduction de la sonde de des fosses nasales de telle sorte que le tampon
Nélaton dans la narine incriminée. Récupération est amené successivement dans la cavité buccale
de la sonde dans le pharynx à l’aide de la pince de jusque dans le rhinopharynx. Cette manœuvre doit
Kocher (fig. T.1A). Le tampon est alors attaché être exécutée en s’aidant du doigt pour faciliter le
par deux de ses fils à l’extrémité de la sonde qui passage du tampon derrière le voile (fig. T.2B).
x

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320 Fiches ORL de A à Z

x
• Après avoir fermement bloqué le tampon dans • Enfin, les deux chefs sont noués sur une
le nasopharynx, on procède à un tamponnement compresse roulée protégeant la columelle. Un
antérieur bilatéral par Merocel®. fil de rappel sortant par la bouche est gardé pour
faciliter le déméchage (fig. T.2C).

Figure T.1. Tamponnement choanal unilatéral.


A. Passage de la sonde de Nélaton par la fosse nasale et préhension de celle-ci avec une pince de Kocher.
B. Fixation du tampon choanal. C. Mise en place du tampon choanal dans le rhinopharynx. D. Nœud antérieur
sur une compresse pliée. E. Résultat avec le fil de rappel (le tamponnement antérieur n’a pas été représenté).
x
T 321

Figure T.2. Tamponnement nasopharyngien.


A. Confection d’un tampon avec quatre chefs longs, dont deux seront noués aux sondes de Nélaton, une fois
celles-ci passées par les fosses nasales. B. Geste de l’index faisant franchir le voile du palais au tampon et le faisant
entrer dans le rhinopharynx. C. Résultat et fil de rappel passant par la bouche.
322 Fiches ORL de A à Z

TDM de l’oreille normale

Figure T.3. Schéma de la région atticale vue par sa face interne.


A, B et C. Coupes TDM coronales. D et E. Coupes TDM axiales. 1 : fossette sus-tubaire ; 2 : muscle du marteau ;
3 : flèche montrant la communication entre la fossette sus-tubaire et la trompe d’Eustache ; 4 : flèche dans
la trompe d’Eustache ; 5 : crête sus-tubaire ; 6 : annulus tympanique. Astérisque rouge : Cloison osseuse tombant
verticalement du tegmen limitant la fossette sus-tubaire en arrière (parfois appelée cog).
Schéma d’après : Sauvage J.-P., Vergnolles P. Anatomie de l’oreille moyenne. EMC, Paris (Elsevier Masson), ORL, 2008 [Article 20-015-A10].
TDM : Dubrulle F., Martin Duverneuil N., Moulin G. Imagerie en ORL. Elsevier Masson, 2010, p. 255 (fig. 15.2a).

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