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résumé
gnostics à évoquer est l’otospon- Les limites d’exposition au bruit fatigue auditive. Elle se définit
giose, trouble de l’ossification du (Lex,durée) et les valeurs limites d’ex- par des modifications au niveau
rocher, qui sera mis en évidence position (VLE) aux substances des synapses des cellules ciliées
par une tomodensitométrie. ototoxiques ne sont pas adaptées internes : délivrance massive de
Paradoxalement, il peut y avoir un dans le contexte des multi-exposi- glutamate au niveau de la fente
retard au diagnostic d’une surdité tions. Les fondements de la règle- synaptique et vacuolisation des
brusque, car le patient ne vient pas mentation sur la protection de terminaisons afférantes. Si l’or-
consulter tout de suite. Pourtant, l’audition ont été réalisés par des gane de Corti ne récupère pas, il
la perte auditive peut être récupé- études sur des sujets sains, jeunes, apparaît une fatigue métabolique,
rable si un traitement corticoïde est sans aucune fragilité de l’oreille un épuisement du glutamate et la
rapidement instauré. Dans toutes interne. Dans des situations production de radicaux libres dans
les situations, il est nécessaire d’éli- concrètes de travail, l’oreille peut le liquide endolymphatique. Il est
miner une pathologie tumorale. être fragilisée par l’âge, la consom- donc très important de s’offrir des
Le diagnostic de maladie de Me- mation de médicaments, la pré- périodes de calme pour protéger
nière se pose d’après des critères sence de substances ototoxiques l’oreille afin d’éviter que la fatigue
très précis : surdité de perception dans l’environnement, du bruit ou auditive ne se transforme en perte
unilatérale, vertige d’au moins par la combinaison de toutes ces auditive.
20 minutes, atteinte des fréquences nuisances. L’audiométrie tonale Les effets des substances chimiques
graves. liminaire ne décèle pas les trau- ototoxiques dépendent de leurs
La plus fréquente des surdités de matismes légers de la cochlée car qualités physicochimiques : lipo-
transmission est la presbyacousie, ils sont compensés par des ajus- philes ou hydrophiles. Les anti-
lente et progressive, apparaissant tements centraux. Des mesures tumoraux traversent la barrière
autour de 50 ans, affectant les fré- cochléaires objectives pourraient hémato-labyrinthique avant de
quences aiguës, parfois accompa- compléter l’audiométrie afin de pénétrer dans l’oreille interne et
gnée d’acouphènes. L’appareillage déceler les atteintes cochléaires de détruire les cellules ciliées. Ils
bilatéral précoce est indiqué, afin précoces. modifient la composition électro-
d’éviter l’altération des fonctions Le niveau critique du bruit qui, chimique des liquides de l’oreille
cognitives. Si la presbyacousie dans le règne animal, est d’envi- interne et ont une demi-vie de
apparaît avant 50 ans, il ne s’agit ron 110 dBA, détruit les stéréocils plusieurs semaines, voire plu-
pas d’une « surdité précoce », mais qui réalisent le lien mécanique sieurs mois. L’association avec le
d’une surdité génétique, à investi- entre les membranes tectoriale et bruit accroît le déficit auditif. Les
guer. réticulaire dans l’organe de Corti. diurétiques produisent des sur-
En réduisant l’énergie acoustique dités passagères qui, heureuse-
BRUIT ET SUBSTANCES qui entre dans la cochlée, le ré- ment, n’ont pas d’effet synergique
OTOTOXIQUES : flexe stapédien protège l’organe avec le bruit. En revanche, l’asso-
CO-EXPOSITIONS de Corti contre les déplacements ciation d’antibiotiques avec des
PROFESSIONNELLES ET induits par de trop fortes inten- diurétiques est très délétère. Les
EXTRAPROFESSIONNELLES sités du bruit. La difficulté est de solvants ont un effet à la fois co-
P. Campo, INRS, Vandœuvre-lès- distinguer la surdité provoquée chléotoxique et neurotoxique, ils
Nancy par les agents chimiques de celle agissent sur le réflexe stapédien
Le bruit demeure la nuisance la occasionnée par le bruit, car l‘au- et sur les cellules ciliées externes.
plus nocive pour l’audition et diométrie tonale ne permet pas de L’association solvants-bruit a un
d’autres expositions (profession- différencier l’agression chimique effet synergique sur l’amplitude
nelles ou non) sont susceptibles du traumatisme cochléaire induit des pertes auditives.
de potentialiser ses effets : sol- par le bruit, tous deux diminuant Dans le contexte des multiexpo-
vants aromatiques ou chlorés, la qualité de l’audition autour de sitions, les VLE, établies à partir
monoxyde de carbone, acide cyan- 4-6 KHz (scotome auditif). de situations unifactorielles, ne
hydrique, certains antibiotiques, Le deuxième paramètre qui carac- permettent pas toujours de proté-
diurétiques, salicylates, antitumo- térise le bruit est la durée, para- ger les salariés. Une surveillance
raux (sels de platine). mètre insidieux, provoquant la audiométrique plus fréquente est
en forme de dôme ouvert, lais- Les femmes sont plus obser- à une sensibilisation. L’hypersen-
sant passer les sons graves. Ces vantes et commencent l’appa- sibilisation, réaction anormale,
modèles sont adaptés à des pertes reillage plus tôt que les hommes. immunologique ou non, à une
d’audition légères et débutantes. L’appareillage des deux oreilles substance étrangère, apparaît à de
Pour des pertes auditives plus concerne 80 % des personnes, et faibles doses d’allergène.
importantes, des écouteurs sont 17 % ont une contre-indication au L’irritation, souvent confondue
mis dans l’embout de l’appareil, bi-appareillage. Ce dernier doit avec l’allergie, est une réaction
à l’intérieur de l’oreille. Cet appa- être mis en place le plus tôt pos- inflammatoire limitée à la zone de
reillage est destiné à des surdi- sible car l’oreille perd la capacité contact et dépend de la fréquence,
tés de perception à conduction d’entendre quand elle n’est pas de la durée et de l’intensité de l’ex-
aérienne. stimulée, une réorganisation de position. D’origine physique mé-
Pour des pathologies de l’oreille l’aire corticale auditive apparais- canique ou chimique, l’irritation
moyenne, moins nombreuses sant par la suite, confirmée par peut atteindre le système cutané
(otospongioses ou otites) dans le l’IRM cérébrale. Une personne sur et respiratoire et facilite l’appari-
but de laisser libre le conduit au- deux porte l’appareil plus de 2 h /j, tion d’allergie.
ditif externe, on utilise des appa- le retour et le non équipement La classification de Gell et
reils externes, des vibrateurs, qui prothétique étant d’environ 10- Coombs sépare l’hypersensibilité
transmettent l’information direc- 20 %. en 4 groupes. Le groupe 1 concerne
tement à l’oreille interne. Une ex- Le dépistage de la baisse de l’au- l’hypersensibilité dite immédiate,
tension de ces systèmes est l’im- dition et l’appareillage précoce médiée par les IgE, et comprend
plant de l’oreille moyenne, réalisé sont essentiels afin d’éviter la les urticaires, les rhinites, les
au niveau de la partie ascendante réorganisation de l’aire corticale asthmes. Le groupe 4 ou hyper-
de l’enclume, pour des surdités auditive. La cohérence entre le sensibilité retardée à médiation
de transmission avec agénésie du discours des médecins et celui de cellulaire est représenté notam-
conduit auditif. l’audioprothésiste demeure indis- ment par les eczémas de contact,
En 2014, sont apparus les appa- pensable pour la prise en charge la maladie de Lyell… Les groupes 2
reils auditifs qui communiquent optimale de la personne malen- et 3 ne sont pas causés par l’envi-
entre eux, présentant un disposi- tendante. ronnement professionnel. Une
tif qui dirige le son du côté ayant nouvelle classification est utilisée :
la meilleure audition. L’appareil- la classification Johanson sépa-
lage bilatéral présente l’avantage rant l’hypersensibilité allergique
de mieux localiser le son. LES ALLERGIES médiée par les IgE et l’hypersensi-
Une autre nouveauté est la capa- bilité non allergique, sans terrain
cité, pour chaque appareil auditif, LE PROCESSUS ALLERGIQUE : prédisposant.
de se connecter individuellement DU SILENCE AUX Les explorations sont disponibles
directement à un smartphone, EXPRESSIONS CLINIQUES pour rechercher l’étiologie de la
permettant ainsi au microphone M.T. Le Cam, Centre hospitalier pathologie. Les prick-tests sont
de la prothèse de capter la position intercommunal de Créteil (CHIC) utilisés lors de la recherche de
de la source, la fréquence du bruit L’allergie se définit par une réac- l’agent causal pour les patholo-
et d’adapter le signal de la parole tion immunitaire spécifique d’un gies médiées par les IgE (forma-
en conséquence. Le système peut allergène de l’environnement mé- tion de papules en 20 minutes
extraire certains paramètres diée par des cellules, des immuno- suite à l’injection de la substance :
caractérisant la parole et en re- globulines (Ig) et des cytokines. À pneumallergène, trophallergène
hausser le signal pour gagner en la différence de l’allergie, l’atopie et médicament). Des tests de pro-
intelligibilité. Une connexion, via est une prédisposition génétique vocation nasale ou bronchique
internet, peut se faire avec l’audio- avec un risque majoré de sensibi- peuvent être faits pour les symp-
prothésiste, pour des questions ou lisation allergique aux protéines tômes de l’asthme et de rhinite
des réglages à distance, facilitant de l’environnement. La détection mais très peu de laboratoires fran-
ainsi l’acceptabilité de cette pro- d’IgE spécifiques en l’absence de çais le proposent. Un dosage des
thèse par son porteur. symptômes cliniques correspond IgE spécifiques d’un allergène ou
Les « gold standards » des tests L’OBSERVATOIRE croissante des biocides, des cosmé-
de sensibilisation sont des expé- DES DERMARTOSES tiques, des produits de décoloration,
rimentations in vivo, notamment ALLERGIQUES des époxy et de l’isothiazolinone,
chez les souris. Cependant la direc- PROFESSIONNELLES : ainsi que la diminution du rôle du
tive européenne 2010/63/UE rela- LE PROJET ODERMAP ciment. Néanmoins, l’imprécision
tive à la protection des animaux L. Bensefa-Colas, Hôtel Dieu, Paris dans l’identification de l’agent cau-
utilisés à des fins scientifiques Les dermatoses professionnelles sal et des biais de codage rendent
impose le remplacement et la allergiques de contact, représen- difficiles la progression dans la
réduction d’utilisation d’animaux tant 70 % des dermatoses profes- connaissance de ces dermatoses
de laboratoire. Ainsi des méthodes sionnelles, regroupent la derma- professionnelles et leur prévention.
in vitro ont été développées pour tite irritative de contact (DIC), la Il est ainsi apparu nécessaire de
les tests de sensibilisation. Ces dermatite allergique de contact mettre en place une nouvelle
modèles étudient la voie de toxi- (DAC) et la dermatite urticarienne source de données sur les derma-
cité nommé Adverse Outcome de contact. Ces atteintes cutanées toses professionnelles allergiques,
Patheway au niveau moléculaire sont fréquentes, quoique sous esti- avec notamment une méthodo-
et cellulaire. À ce jour, seuls des mées (incidence 11 à 86/100 000 logie précise de recueil des don-
modèles cutanés sont validés par travailleurs). En France, elles repré- nées, d’identification de l’allergène
l’Organisation de coopération et sentent moins de 1 % des maladies incriminé et d’analyse des tests
de développement économiques professionnelles reconnues, mais épicutanés. Le projet ODERMAP
(OCDE) ; la détection de sensibi- cette proportion peut atteindre (observatoire des dermatoses aller-
lisants respiratoires et oculaires jusqu’à 50 % dans d’autres pays du giques professionnelles) va concer-
n’est pas encore au point. Les Nord de l’Europe. Elles touchent les ner, dans un premier temps, les
modèles moléculaires, c’est-à-dire mains dans 85 % des cas et peuvent deux centres de consultation de
qui étudient l’interaction hap- avoir un impact important sur la dermatologie professionnelle d’Île-
tène / protéine, n’évaluent pas la vie personnelle et professionnelle de-France (Hôtel Dieu à Paris et le
puissance de la sensibilisation des travailleurs et leur maintien Centre hospitalier intercommunal
des substances. Les modèles cel- dans l’emploi. de Créteil). Son objectif est la mise
lulaires, sur des kératinocytes ou En France, le RNV3P (réseau natio- en place d’un dispositif pilote dans
des cellules dendritiques, n’éva- nal de vigilance et de prévention lequel seront inclus les patients
luent que les modifications phé- des pathologies professionnelles, vus en consultation dans ces deux
notypiques et non fonctionnelles. s’appuyant sur 32 centres de patho- centres, sur une période de 2 ans,
L’analyse d’une substance par logie professionnelle) a déjà pu avec un recueil standardisé des
un modèle n’est pas suffisante et recueillir des données cliniques et données sociodémographiques,
nécessite la combinaison de diffé- professionnelles portant notam- cliniques, professionnelles et des
rents modèles pour pallier à leurs ment sur l’identification des nui- tests épicutanés, que la pathologie
limites respectives. Ces modèles sances et l’imputabilité estimée. cutanée allergique soit imputable
in vitro sont en voie de développe- Ainsi, entre 2001 et 2010, 3 800 ou aggravée par le travail. Un suivi
ment et de nombreux projets sont cas ont été enregistrés, permet- à 6 mois sera également mis en
en cours d’élaboration. tant d’identifier la responsabilité place.