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17-018-C-10
Surdité de l’adulte
D Ayache
M Scart-Bercy
Résumé. – La surdité est un handicap sensoriel responsable d’un trouble de la communication dont les
P Elbaz
conséquences sont parfois très invalidantes dans notre société. La surdité est également un symptôme qui
impose une enquête diagnostique pour en établir la cause. Cet article aborde la stratégie diagnostique à
adopter face à une surdité de l’adulte et s’attache à traiter de façon synthétique et non exhaustive les
principales causes de troubles de l’audition de l’adulte.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Ayache D, Scart-Bercy M et Elbaz P. Surdité de l’adulte. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Neurologie, 17-018-C-10,
2001, 11 p.
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VOIES NERVEUSES ET CENTRES NERVEUX AUDITIFS reconnaître les caractères de fréquence et d’intensité du son,
Le nerf auditif chemine dans le conduit auditif interne (CAI) et transmission des informations aux structures centrales.
pénètre dans le tronc cérébral au niveau de la protubérance. Les mouvements des liquides labyrinthiques, induits par le
Différents relais vont s’effectuer au niveau du tronc cérébral (noyaux déplacement du système tympano-ossiculaire, entraînent une
cochléaires, complexe olivaire supérieur), du mésencéphale dépolarisation des CCI, conduisant à la genèse d’un potentiel
(colliculus inférieur), puis du thalamus (corps genouillés médians). d’action, responsable de l’innervation des fibres du nerf auditif. Le
Du thalamus, les projections se font vers le cortex auditif (situé dans message est ensuite véhiculé, après différents relais centraux, au
le lobe temporal). cortex auditif temporal.
Il existe pour la fréquence des sons une tonotopie cochléaire : chaque
CCI est sensible à une fréquence donnée. Cette tonotopie se retrouve
Physiologie de l’audition à tous les niveaux des voies auditives.
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diagnostic est porté lors de l’examen otoscopique. Le traitement permet le plus souvent d’obtenir la guérison de l’OSM. En cas de
repose essentiellement sur l’antibiothérapie associée aux antalgiques persistance, malgré un traitement médical bien conduit, on est
et l’hypoacousie régresse avec la guérison de l’otite. amené à mettre en place un aérateur transtympanique sous
anesthésie locale ou courte anesthésie générale.
Catarrhe tubaire
Il est lié au dysfonctionnement transitoire de la trompe d’Eustache Otites moyennes chroniques non cholestéatomateuses
lors d’une rhinite aiguë, d’une rhinopharyngite ou d’une sinusite. On appelle otite moyenne chronique tous les processus
Le patient consulte pour une hypoacousie avec sensation d’oreille inflammatoires ou infectieux de l’oreille moyenne, évoluant depuis
bouchée (impression de coton ou de liquide dans l’oreille), en plusieurs semaines. On distingue plusieurs tableaux d’otite
contexte rhinopharyngé aigu. L’otoscopie montre un tympan moyenne chronique, qui peuvent réaliser des états séquellaires
discrètement inflammatoire ou rétracté mais parfois normal. (certaines perforations tympaniques, lyses ossiculaires…) ou des
L’examen clinique confirme la rhinite ou la rhinopharyngite. La otites évolutives (otite fibroadhésives, otite atélectasique avec poche
manœuvre de Valsalva permet habituellement, mais de façon de rétraction tympanique évolutive…). Les otites moyennes
transitoire, de rétablir la perméabilité tubaire et l’audition. La chroniques non cholestéatomateuses sont habituellement qualifiées
tympanométrie montre un pic décalé vers les pressions négatives, de non dangereuses, mais certaines formes réalisent de véritables
témoignant de la mauvaise aération de la caisse du tympan par la états précholestéatomateux et peuvent évoluer vers un
trompe d’Eustache. Le traitement du catarrhe tubaire se confond cholestéatome.
avec celui de la rhinite aiguë ou de la rhinopharyngite (désinfection La symptomatologie est dominée par la surdité et les épisodes
rhinopharyngée, gouttes nasales à base de vasoconstricteurs, d’otorrhée, témoignant d’une surinfection. Certaines otites
anti-inflammatoires). moyennes chroniques peuvent évoluer à bas bruit et être de
découverte fortuite à l’occasion d’un examen otoscopique
Otite séreuse ou séromuqueuse systématique. Le diagnostic positif repose sur l’examen otoscopique
L’otite séreuse ou séromuqueuse (OSM) se caractérise par la qui est, au mieux, réalisé par le spécialiste ORL sous microscope
présence d’un épanchement séreux ou séromuqueux dans les cavités binoculaire. L’audiométrie permet d’apprécier le type et
de l’oreille moyenne, derrière un tympan fermé. Il s’agit d’une l’importance de la surdité : il s’agit le plus souvent d’une surdité de
pathologie avant tout pédiatrique, mais qui peut également se voir transmission, mais certaines formes peuvent présenter un certain
chez l’adulte. Elle peut être secondaire à un dysfonctionnement degré de labyrinthisation, c’est-à-dire de dégradation
tubaire idiopathique, à une allergie, à un foyer infectieux neurosensorielle (ce qui réduit d’autant les possibilités de
nasosinusien, à une irradiation sur le cavum ou à une tumeur du réhabilitation chirurgicale).
cavum (cancer surtout). Il faut donc retenir que toute OSM La prise en charge thérapeutique repose tout d’abord sur le
survenant chez l’adulte doit faire examiner le cavum à la recherche traitement médical des poussées de surinfection (gouttes auriculaires
d’un cancer. et/ou antibiothérapie par voie générale). Lorsque l’oreille est
L’OSM se manifeste habituellement par une sensation de plénitude « sèche », il est possible d’envisager un traitement chirurgical
d’oreille ou d’oreille bouchée avec autophonie et hypoacousie. (tympanoplastie), dont le but est de mettre l’oreille à l’abri des
L’examen otoscopique montre un tympan épaissi, infiltré et dépoli. infections et d’améliorer l’audition. Certaines surdités postotitiques
On peut également voir un niveau liquide rétrotympanique ou un ne sont pas accessibles à la chirurgie et il peut être utile de proposer
épanchement rétrotympanique de couleur jaune chamois, ou des un appareillage auditif.
bulles aériques rétrotympaniques. La tympanométrie montre une
courbe plate, témoignant de la présence d’un épanchement Otite chronique cholestéatomateuse
rétrotympanique. L’audiogramme confirme l’existence d’une surdité Le cholestéatome est une otite chronique dangereuse par son
de transmission et permet d’en apprécier l’importance. potentiel d’érosion osseuse et d’infection, susceptible d’engendrer
La prescription d’un traitement médical, associant antibiotiques et de graves complications. Il se définit par la présence d’un épithélium
corticoïdes par voie générale et vasoconstricteurs par voie nasale, malpighien kératinisé dans les cavités de l’oreille moyenne. Le
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cholestéatome est le plus souvent secondaire et acquis postotitique, l’enclume et la fenêtre ovale, afin de restaurer la transmission des
mais peut également être d’origine post-traumatique ou iatrogène sons aux liquides de l’oreille interne. L’appareillage prothétique
(par exemple après une tympanoplastie) ou plus rarement représente une alternative intéressante à la chirurgie lorsque celle-ci
congénital. est contre-indiquée (atteinte importante de l’oreille interne, cophose
Les deux principaux symptômes pouvant révéler un cholestéatome controlatérale...) ou refusée par le patient.
sont une otorrhée purulente et fétide et une surdité d’importance De façon beaucoup plus rare, certaines affections peuvent être
variable. Plus rarement, le cholestéatome se révèle à l’occasion d’une responsables d’ankylose stapédovestibulaire et provoquer une
complication : paralysie faciale, vertige, labyrinthite, méningite... surdité de transmission à tympan normal : maladie de Lobstein,
L’examen otoscopique au microscope binoculaire permet dans la maladie de Paget, tympanosclérose.
majorité des cas d’affirmer, à lui seul, le diagnostic de cholestéatome
en visualisant les squames épidermiques au niveau des cavités de ¶ Traumatismes de l’oreille moyenne [16]
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crâne. Il s’agit de tumeurs très vascularisées responsables de (enchondrome, défaut de plicature...) et doivent être suspectées
complications graves par leur extension. Cliniquement, elles sont devant toute malformation du pavillon. Elles sont responsables de
responsables de surdité de transmission avec acouphènes pulsatiles. surdité de transmission à tympan normal. Elles peuvent être
L’otoscopie montre un bombement du tympan refoulé par une accessibles à un geste chirurgical d’ossiculoplastie, en l’absence de
masse rouge violacé rétrotympanique ou une masse bourgeonnante malformation associée de l’oreille interne, qui est dépistée par un
et hémorragique extériorisée dans le CAE. Elles peuvent être scanner des rochers.
responsables d’atteintes des paires crâniennes. Le bilan
otoneurologique permet d’en évaluer l’extension grâce au scanner Surdités de perception
et à l’angio-imagerie par résonance magnétique (angio-IRM). Le
traitement repose sur l’artériographie avec embolisation sélective Les surdités de perception (fig 2) sont la conséquence d’une atteinte
suivie d’exérèse chirurgicale. de l’oreille interne (cochlée ou labyrinthe antérieur), des voies
Le neurinome du nerf facial est très rare et se développe cochléaires (VIII) ou des centres auditifs. On distingue donc trois
habituellement dans l’oreille moyenne. Il est responsable d’une types de surdité de perception : les surdités de perception
surdité de transmission progressive à tympan normal associée à une endocochléaires, les surdités de perception rétrocochléaires (ou
paralysie faciale périphérique. Le traitement est chirurgical. radiculaires) et les surdités de perception centrales.
Les tumeurs malignes de l’oreille moyenne sont également Une fois le diagnostic de surdité de perception affirmé par l’examen
extrêmement rares. Il s’agit le plus souvent d’un carcinome clinique et le bilan audiométrique, on cherche à déterminer le siège
épidermoïde. Les signes d’appel sont une otorrhée chronique de l’atteinte lésionnelle (endocochléaire, rétrocochléaire, centrale).
sanguinolente avec surdité de transmission et volontiers compliquée Le diagnostic topographique d’une surdité de perception repose
de paralysie faciale. Le traitement repose sur la chirurgie et la sur :
radiothérapie. – l’examen clinique : syndrome vestibulaire, paralysie faciale, signes
de déficit neurologique... ;
¶ Malformations de l’oreille externe et de l’oreille
– la confrontation de l’audiométrie tonale et vocale : une
moyenne
discordance entre ces deux examens évoque une atteinte
Aplasies majeures rétrocochléaire ;
Elles sont caractérisées par une atrésie du pavillon (qui est souvent – l’étude du réflexe stapédien permet également d’orienter sur le
réduit à un simple bourrelet cartilagineux) et une imperforation du siège lésionnel : l’enregistrement du réflexe stapédien à des seuils
CAE. Des anomalies de l’oreille moyenne peuvent s’y associer. Les normaux, malgré la baisse d’audition, est appelé recrutement et est
aplasies majeures posent deux problèmes : esthétique et fonctionnel. en faveur d’une atteinte endocochléaire (alors que l’absence de
L’atteinte fonctionnelle est représentée par une surdité de réflexe stapédien évoque une atteinte rétrocochléaire) ;
transmission importante pouvant atteindre 60 dB. Celle-ci n’est prise – les explorations électrophysiologiques des voies auditives
en charge que si l’oreille controlatérale est pathologique. En (potentiels évoqués auditifs, électrocochléographie, otoémissions
revanche, dans les aplasies majeures unilatérales avec audition acoustiques) et les explorations fonctionnelles vestibulaires ;
controlatérale normale, on ne s’occupe que du problème esthétique – l’imagerie essentiellement représentée par l’IRM.
(chirurgie plastique ou épithèse de pavillon).
SURDITÉS DE PERCEPTION ENDOCOCHLÉAIRES
Aplasies mineures
Elles intéressent essentiellement l’oreille moyenne et en particulier ¶ Presbyacousie
les osselets (blocage, atrophie ou malformation ossiculaire). Elles La sénescence auditive ou presbyacousie [19] se définit comme une
peuvent être associées à une anomalie minime du pavillon altération lente de la fonction auditive liée au vieillissement. De
{ évoquer
systématiquement { IRM IRM
- affection du TC
Bilatérale Unilatérale - neurinome VIII - surdité corticale
- autre tumeur APC - hyper- ou hypotension
intracrânienne
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façon plus générale, il faut englober sous ce terme les difficultés de par crises et dont le substratum histopathologique est un hydrops
communication et les problèmes sociopsychologiques qui en endolymphatique. L’hydrops endolymphatique est une distension
résultent. L’ensemble des structures composant l’appareil auditif est du labyrinthe membraneux, en rapport avec une hyperpression du
sensible aux effets du vieillissement, depuis l’oreille interne liquide endolymphatique relevant soit d’une hypersécrétion, soit
jusqu’aux centres nerveux. Il a d’ailleurs été montré que les cellules d’une insuffisance de résorption. Ces accès d’hyperpression
qui forment l’appareil auditif, depuis l’oreille interne jusqu’au endolymphatique sont responsables des crises puis des séquelles (en
cortex, sont incapables de se reproduire. La presbyacousie comporte particulier auditives) de la maladie de Ménière. Les mécanismes et
donc des atteintes multiétagées de l’appareil auditif, avec association l’origine de l’hydrops endolymphatique demeurent actuellement
d’altérations périphériques et centrales. Schématiquement, le inconnus. L’incidence de la maladie varie selon les séries de 0,1 à
vieillissement auditif se manifeste à la fois par : des lésions 1,5 ‰. Elle touche avec prédilection l’adulte d’âge moyen (45 ±
cochléaires périphériques, touchant les différentes structures de la 25 ans), sans prédominance de sexe. La maladie de Ménière s’inscrit
cochlée et de façon préférentielle les CCE, des désordres nerveux au très fréquemment dans un contexte psychologique et
niveau des fonctions synaptiques des cellules sensorielles, du nerf environnemental particulier (stress, anxiété, surmenage
auditif et des relais du tronc cérébral (faisant intervenir des lésions professionnel, soucis personnels ou professionnels, chocs
de dégénérescence et des troubles de la régulation des émotionnels...).
neuromédiateurs, comme par exemple la dopamine, dont le rôle Le diagnostic de la maladie de Ménière repose essentiellement sur
protecteur a récemment été montré au niveau du noyau l’anamnèse (à la recherche de crises itératives associant la triade
olivocochléaire latéral du tronc cérébral), et des altérations centrales symptomatique) et sur l’examen clinique et audiovestibulaire.
au niveau des connexions corticales et sous-corticales. Dans sa forme typique, la maladie de Ménière en crise associe :
Le tableau clinique s’installe de façon progressive et insidieuse chez
un sujet de plus de 50-60 ans. Chez le sujet plus jeune, on parle de – des vertiges rotatoires durant de plusieurs minutes à quelques
presbyacousie précoce ou accélérée, pour laquelle il est classique de heures (rarement plus de 24 heures) avec syndrome neurovégétatif
rechercher des facteurs favorisants ou aggravants : terrain familial, marqué et syndrome vestibulaire périphérique harmonieux ;
troubles du métabolisme glucidolipidique, exposition anormale au – une surdité unilatérale (ou l’aggravation d’une surdité
bruit, traitements ototoxiques. Les troubles débutent par une gêne préexistante), avec diplacousie, distorsion sonore et sensation
auditive dans le bruit, puis l’audition va s’altérer progressivement. d’oreille bouchée (ou de plénitude d’oreille) ;
Ce mode d’installation très progressif retarde la première
consultation, car le patient s’adapte naturellement à ce déficit. Le – des acouphènes ipsilatéraux, le plus souvent de tonalité grave
patient signale surtout des difficultés de compréhension, (mais pouvant être de tout type).
particulièrement en milieu bruyant (« j’entends, mais ne comprends L’audiométrie tonale montre, lorsqu’elle est réalisée à proximité
pas bien »), témoignant d’une atteinte de l’intégration centrale. Des d’une crise ou au stade des séquelles, une surdité neurosensorielle
acouphènes sont présents dans 10 à 40 % des cas (intermittents ou avec une courbe de type ascendant (prédominant sur les fréquences
permanents). graves) ou en « plateau », avec un recrutement témoignant de
L’audiométrie tonale montre typiquement une surdité de perception l’origine endocochléaire de l’affection, ce que viennent confirmer les
pure, bilatérale et symétrique, prédominant sur les fréquences potentiels évoqués auditifs. Le test osmotique au glycérol montre
aiguës. La perte auditive moyenne est représentée par la moyenne classiquement une amélioration des seuils auditifs. Cette surdité est
des seuils auditifs, sur les fréquences 500, 1 000, 2 000 et 3 000 Hz. habituellement fluctuante (en particulier au début de l’affection). Les
La tympanométrie est normale. Le seuil des réflexes stapédiens est explorations fonctionnelles vestibulaires (examen calorique ou
conservé, malgré l’élévation des seuils auditifs (recrutement). épreuve rotatoire avec vidéonystagmographie) peuvent montrer une
L’audiométrie vocale est un examen essentiel pour apprécier la hyper- ou une hyporéflectivité en période de crise, puis un aspect
valeur réelle de l’audition. Il est assez fréquent de retrouver en d’hyporéflectivité après un certain temps d’évolution de la maladie.
audiométrie vocale des altérations plus marquées que ne l’aurait L’imagerie (IRM) n’apporte pas d’argument en faveur de la maladie
laissé supposer l’audiométrie tonale. Cette discordance entre de Ménière, mais est souvent réalisée pour éliminer une autre
l’audiométrie tonale et vocale est le témoin de troubles de pathologie des voies audiovestibulaires (en particulier neurinome
l’intégration auditive, d’origine centrale. de l’acoustique, malformation de l’oreille interne...).
De nombreux traitements médicamenteux, proposés pour améliorer L’évolution classique est marquée par la survenue, à une fréquence
les « troubles du déficit intellectuel du sujet âgé », peuvent être variable (et imprévisible), de crises associant vertiges, hypoacousie
prescrits dans la presbyacousie. La place réelle de ces traitements et acouphènes. Au début, les crises régressent, spontanément ou
reste à définir et une étude prospective multicentrique est d’ailleurs sous traitement, en laissant peu ou pas de séquelles. Au fil du temps,
en cours en France. Il ne faut, bien sûr, pas en attendre d’effets la symptomatologie des crises se modifie avec des vertiges de moins
spectaculaires sur les seuils auditifs, mais certaines molécules en moins violents, mais avec une aggravation de la symptomatologie
permettent d’améliorer les phénomènes d’intégration centrale et de cochléaire (surdité en « plateau » se stabilisant aux environs de
compréhension de la parole. L’appareillage auditif est le seul moyen 50-70 dB, acouphènes). Néanmoins, l’évolution de la maladie de
d’éviter l’exclusion sociale du sujet presbyacousique. La prescription Ménière est extrêmement variable d’un patient à l’autre, totalement
doit classiquement être précoce et au mieux bilatérale (pour essayer imprévisible et capricieuse.
d’obtenir un effet de stéréophonie). Si l’indication d’appareillage Le traitement de la maladie de Ménière est difficile et décevant. Il
peut être orientée par des critères audiométriques (à partir d’une permet le plus souvent de contrôler les vertiges, mais est assez peu
perte auditive moyenne de 30 dB), la décision doit surtout tenir efficace sur l’évolution de la surdité (et des acouphènes). Le
compte de la gêne et de la demande du patient. Dans tous les cas, traitement de la crise repose essentiellement sur le repos avec
l’intérêt d’un appareillage, mais aussi ses limites, doivent être administration d’antivertigineux par voie orale (acétyl-d-leucine,
clairement expliqués au patient, pour éviter les déceptions d’une méclozine) ou parentérale (acétyl-d-leucine), d’antiémétiques et
attente excessive (« la prothèse est une aide auditive et pas une parfois de sédatifs. On y associe volontiers à la phase aiguë des
oreille neuve »). corticoïdes, des vasodilatateurs ou de la bétahistine, des diurétiques
ou des substances osmotiques (acétazolamide, mannitol, sulfate de
¶ Maladie de Ménière [22]
magnésium...). Une hospitalisation initiale est parfois nécessaire
La maladie de Ménière répond à une définition relativement précise, pour instaurer un traitement par voie parentérale, notamment
essentiellement clinique et évolutive. C’est une affection lorsque la symptomatologie vestibulaire est marquée.
idiopathique du labyrinthe membraneux, caractérisée par une triade Le traitement de fond vise à prévenir la récidive des crises et est
clinique associant des crises vertigineuses, une surdité souvent instauré au décours de celles-ci. Il n’y a pas de traitement
neurosensorielle fluctuante et des acouphènes ipsilatéraux, évoluant type, mais plutôt plusieurs choix thérapeutiques qui peuvent être
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proposés seuls ou en association en fonction de la réponse et de la ¶ Surdités de perception d’origine infectieuse [18]
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L’audiométrie tonale montre une surdité de perception unilatérale conventionnel ou implantation cochléaire) est difficile, en raison des
ou bilatérale et asymétrique, avec des troubles de l’intelligibilité en troubles de l’intelligibilité qui accompagnent l’affection (comme en
audiométrie vocale (classique discordance tonale-vocale). Les témoignent les perturbations souvent importantes de l’audiométrie
réflexes stapédiens sont souvent abolis, ce qui doit orienter vers une vocale).
atteinte rétrocochléaire. Les potentiels évoqués auditifs permettent,
si la perte auditive n’est pas trop importante, de différencier l’origine
endo- ou rétrocochléaire de la surdité. L’atteinte rétrocochléaire est SURDITÉS CENTRALES
objectivée par l’allongement des latences des ondes III et V avec L’hypoacousie est liée à une atteinte des voies auditives situées en
allongement des intervalles I-III et I-V et aspect désorganisé des amont du nerf auditif : tronc cérébral, thalamus, cortex auditif
tracés. Néanmoins, des potentiels évoqués auditifs normaux temporal.
n’éliminent pas formellement la présence d’un neurinome. Les
Les surdités secondaires à une atteinte du tronc cérébral sont
explorations fonctionnelles vestibulaires sont souvent perturbées, et
rarement révélatrices et s’associent le plus souvent à d’autres
leur association aux potentiels évoqués auditifs en augmente la
manifestations neurologiques qui dominent le tableau clinique. La
sensibilité diagnostique.
surdité est de type rétrocochléaire avec absence de recrutement et
Le diagnostic de neurinome de l’acoustique est assuré par l’IRM désynchronisation des potentiels évoqués auditifs. Le diagnostic
avec injection de gadolinium, qui entraîne un rehaussement de la étiologique est habituellement apporté par l’IRM. Parmi les
tumeur, permettant de mettre en évidence de minuscules affections du tronc cérébral pouvant entraîner une surdité, on peut
neurinomes intracanalaires. L’IRM permet également de mesurer et citer : lésions tumorales (gliome du tronc cérébral), accidents
de classer le neurinome en fonction de sa taille. vasculaires (syndrome de Wallenberg), affection démyélinisante
La prise en charge des neurinomes de l’acoustique dépend de (sclérose en plaques), traumatisme crânien…
nombreux paramètres : âge et état général du patient, taille du Les atteintes auditives d’origine corticale sont rares, car les
neurinome et rapports avec le tronc cérébral, état de l’audition ipsi- informations sonores empruntent des voies bilatérales à partir de
et controlatérale… En fonction de ces différents paramètres, l’étage sous-cortical. La symptomatologie se manifeste plus par des
plusieurs attitudes peuvent être adoptées : abstention et surveillance troubles de l’intelligibilité ou des distorsions dans la perception des
régulière (clinique, audiométrique et radiologique), exérèse par voie sons (ce qui rend les explorations auditives difficiles à réaliser avec
oto-neuro-chirurgicale, radiochirurgie stéréotaxique (gamma knife). des réponses souvent incohérentes et discordantes) que par une
Beaucoup plus rarement, d’autres tumeurs de la base du crâne surdité à proprement parler. L’atteinte auditive se voit lors de lésions
peuvent être responsables d’une surdité de perception de type bitemporales, dont l’origine peut être un accident vasculaire, un
rétrocochléaire : méningiome, chémodectome, kyste arachnoïdien, traumatisme, une encéphalite…
cholestéatome primitif de l’angle pontocérébelleux, granulome à
Les atteintes de l’audition liées à des troubles de la pression du
cholestérine de l’apex pétreux…
liquide céphalorachidien (LCR) sont plus difficiles à classer, car elles
¶ Neuropathies auditives sont, en fait, dues à des variations pressionnelles des liquides
labyrinthiques, par le biais des voies de communication existant
Les progrès des méthodes d’exploration des voies auditives ont entre les espaces sous-arachnoïdiens et périlymphatiques. Ainsi, les
récemment permis d’isoler une nouvelle entité nosologique, la hypotensions intracrâniennes peuvent être responsables de
neuropathie auditive [21]. Il s’agit d’une atteinte non tumorale du nerf manifestations cochléovestibulaires (acouphènes, surdité de
auditif. La neuropathie auditive se présente comme une surdité de perception, vertiges) dont la principale caractéristique est de
perception de type rétrocochléaire avec abolition des réflexes prédominer en position debout et de s’amender plus ou moins
stapédiens, potentiels évoqués auditifs perturbés, otoémissions complètement en position allongée [3, 24]. Des surdités liées à une
acoustiques conservées (témoignant du bon fonctionnement des perte de LCR ont été rapportées après ponction lombaire, chirurgie
CCE de la cochlée) et audiométrie vocale beaucoup plus perturbée intracrânienne, rachianesthésie [8, 24]. En l’absence de récupération
que l’audiométrie tonale (expliquant les difficultés de l’adaptation spontanée, une surdité secondaire à une ponction lombaire ou à une
audioprothétique). L’IRM permet d’éliminer une atteinte tumorale. rachianesthésie peut utilement bénéficier d’un blood-patch [8]. De
Une fois le diagnostic de neuropathie auditive établi, on fait même, on peut observer des manifestations cochléovestibulaires
pratiquer un bilan neurologique complet afin d’en déterminer (acouphènes pulsatiles, syndrome méniériforme) secondaires à une
l’étiologie. Plusieurs publications ont déjà permis de rapporter hypertension intracrânienne [15, 20]. Ces relations entre les espaces
certains cas de neuropathies auditives à une affection neurologique périlymphatiques et sous-arachnoïdiens ont permis de développer
caractérisée : maladie de Charcot-Marie-Tooth [21], ataxie de un système d’exploration non invasive de la pression intracrânienne,
Friedreich [12] . D’autres neuropathies périphériques peuvent appelé tympanic membrane displacement analyser ou test de
s’accompagner d’une surdité qui correspond probablement à une Marchbanks [14]. Le principe consiste à enregistrer les mouvements
neuropathie auditive : syndrome de Guillain-Barré, neuropathie de la membrane tympanique par l’intermédiaire d’une simple sonde
diabétique, neuropathie toxique [21]. Plusieurs cas de neuropathies introduite dans le CAE. Les variations de mouvements de la
auditives isolées et d’étiologie indéterminée ont été publiés [21]. membrane tympanique dépendent de la pression périlymphatique
Certaines de ces neuropathies auditives peuvent être la première et/ou intracrânienne. Des résultats intéressants sur la surveillance
manifestation d’une neuropathie périphérique, ce qui impose, outre des valves de dérivation ventriculaire ou sur l’exploration de
une surveillance audiologique, un suivi neurologique régulier. La certaines pathologies cochléovestibulaires ont été publiés [5, 9, 17], mais
prise en charge audioprothétique (que ce soit par appareillage demandent à être confirmés et validés [1].
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Références
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