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LA RÉHABILITATION PROTHÉTIQUE DES PERTES DE

SUBSTANCE MAXILLAIRES (PDSM)


Pr BENTAHAR Oussama 2021-2022

Plan
Introduction

1. Notions fondamentales
1.1. Bases anatomiques
1.2. Étiologie des PDSM
1.3. Séquelles des PDSM
1.3.1. Troubles fonctionnelles
1.3.2. Troubles esthétiques
1.3.3. Problèmes infectieux
1.3.4. Troubles psychologiques et sociaux
1.4. Les formes cliniques

2. Prise en charge prothétique


2.1. Prothèses obturatrices
2.1.1. Classification selon la chronologie
2.1.2. Classification selon la résilience
2.2. Indications prothétiques
2.3. Stratégie de réhabilitation prothétique
2.3.1. Phase préopératoire
2.3.2. Phase peropératoire
2.3.3. Phase postopératoire

Conclusion

Objectifs

Objectif général :
• Maitriser la réhabilitation prothétique des PDSM.

Objectifs spécifiques :
• Citer les étiologies des PDSM.
• Mentionner les séquelles des PDSM.
• Décrire la dernière classification des PDSM.
• Décrire les différents obturateurs maxillaires.
• Indiquer le type d’obturateur en fonction des différentes situations cliniques.
• Préciser la stratégie de réhabilitation prothétique des PDSM. 1
INTRODUCTION
Une Perte De Substance Maxillaire (PDSM) peut être définie comme étant une perte
tissulaire acquise entraînant ou pas une communication de la cavité buccale avec les sinus
maxillaires et/ou les fosses nasales.

Les résections des maxillaires induisent des séquelles fonctionnelles et esthétiques


parfois très lourdes, avec tout le retentissement psychologique que l’on peut imaginer ; ce qui
suppose une prise en charge appropriée et une coopération active d’une équipe
multidisciplinaire. Malgré l’évolution des techniques chirurgicales de reconstruction et l’essor
de la microchirurgie, la réhabilitation prothétique des PDSM reste encore une solution
thérapeutique d’actualité. Dans ce contexte, elle se doit de restaurer les principales fonctions
de mastication, de phonation et de déglutition et de redonner au patient un aspect esthétique
satisfaisant. Les pertes de substance des maxillaires sont caractérisées par leurs aspects très
polymorphes. Ceci a une grande répercussion sur l’indication prothétique.

1. NOTIONS FONDAMENTALES
1.1. Bases anatomiques

Le squelette de l’étage moyen de la face est formé des os :

− Maxillaires ;
− Palatins ;
− Zygomatiques ;
− Vomer ;
− Lame perpendiculaire de
l’éthmoïde ;
− Lacrymaux ;
− Cornets inférieurs ;
− Nasaux.
Figure 1 : Éclaté du massif facial supérieur. 1 : os maxillaire ;
2 : os zygomatique ; 3 : os nasal ; 4 : ethmoïde ; 5 : unguis ;
6 : cornet nasal inférieur ; 7 : vomer ; 8 : os palatin.

Les maxillaires gauche et droit constituent la pièce maîtresse de l’étage moyen de la


face. Ils présentent des extensions dans les trois plans de l’espace, d’où les difficultés de

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reconstruction chirurgicale des PDSM. Ils sont creusés de vastes cavités, les sinus maxillaires
et contribuent à limiter la cavité buccale, les fosses nasales, les cavités orbitaires, le pharynx,
les fosses infra-temporales et les fosses ptérygo-palatines.

C’est un os compact (exceptés les bords alvéolaires, le processus palatin et le sommet


du corps), mince (membraneux), pneumatique (creusé des volumineux sinus maxillaires) et
appendu à la base du crâne.

Le squelette osseux de l’étage moyen de la face contribue à trois fonctions


principales :

− rôle de barrières anatomiques étanches par ses frontières supérieure et


inférieure. En haut, la base du crâne qui protège le cerveau des VADS ; en bas,
la voûte palatine qui sépare les voies aériennes des voies digestives.
− rôle de soutien. Son architecture complexe est faite schématiquement de trois
piliers : zygomatico-maxillaire, fronto-maxillaire et ptérygo-maxillaire.
− rôle de relation sociale et esthétique en définissant la forme, les contours et la
projection du visage.
Les tissus de revêtement de l’étage moyen de la face ont plusieurs fonctions. Ils sont
essentiels à la vie de relation d’un individu, ont un rôle de protection et possèdent également
des fonctions spécifiques.

Pilier zygomatico-maxillaire
Pilier fronto-maxillaire

Pilier ptérygo-maxillaire

Figure 2 : Piliers maxillaires selon Yamamoto et al.


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1.2. Étiologies des PDSM
• Tumeurs : Les tumeurs malignes les plus fréquentes au niveau de la voûte palatine et
des gencives maxillaires sont les carcinomes épidermoïdes. Les tumeurs bénignes (myxomes,
hémangiome etc.) sont rares mais peuvent dans certains cas être localement très agressives. Le
traitement chirurgical aboutit à des PDSM avec comme conséquence une communication
bucco-nasale (CBN), une communication bucco-sinusienne (CBS) ou une communication
bucco-naso-sinusienne (CBNS), une perte de soutien du contenu orbitaire (voire même une
exentération) ou une perte de soutien des téguments.

La maxillectomie est définie comme étant la résection chirurgicale de l’os maxillaire. Elle

peut être partielle, totale, uni- ou bilatérale. Dans le sens vertical, elle peut intéresser,

différents niveaux : l’infrastructure (gencive, palais et voile), la mésostructure (cavité nasale

et la partie centrale) ou la suprastructure (cadre orbitaire). La voie d’abord peut être intra-

buccale (voie vestibulaire ou Degloving et/ou voie palatine) ou extra-buccale

(paralatéronasale). La palatectomie correspond à une maxillectomie partielle intéressant le

plateau palatin, menée le plus souvent par abord intra-buccal.

Figure 4 : Incisions paralatéronasales.


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Figure 3 : Voie bivestibulaire. Figure 4 : Voie paralatéronasale.

• Traumatismes : les accidents du travail, de la voie publique (AVP), domestiques,


tentatives d’autolyse et d’homicide ou encore une nécrose ostéo-muqueuse induite par une
valve prothétique.
• Infections : l’actinomycose, la syphilis, la tuberculose, les infections mycosiques
(notamment chez des patients immunodéprimés) ou encore le noma.
• Iatrogénie : ostéoradionécrose, fusée arsenicale, biphosphonates, extraction d’une
dent antrale ou une dent incluse.
1.3. Séquelles des PDSM

Varient en fonction de la localisation et de l’étendue de la PDSM. Souvent on associe


le volume de la PDSM au retentissement psychologique ce qui est inexact, car le
retentissement psychologique n’en dépend pas.

• Troubles fonctionnels ;
• Troubles esthétiques ;
• Problèmes infectieux ;
• Troubles psychologiques.
1.3.1. Troubles fonctionnelles
− Troubles de la phonation : voix devient nasonnée et inintelligible avec des fois
impossibilité d’élocution. Le voile du palais devient dans ce cas inutile.
− Troubles de la déglutition : reflux dans le nez des aliments et des liquides et les fausses
routes. En l’absence d’une réhabilitation prothétique, l’assistance nutritive par voie
entérale s’impose (la sonde naso-gastrique le plus souvent et plus rarement la
gastrostomie).
− Troubles de la mastication : par perte des segments dentés et réduction de la pression
intra-buccale.
− Troubles ophtalmologiques avec perturbation de la statique oculaire et anomalies de la
vision (exophtalmie, enophtalmie, diplopie) ou encore une dysfonction du système
lacrymal (larmoiements).
− Limitation de l’ouverture buccale : elle peut être post-radique, post-opératoire ou
d’origine traumatique. Il faut mettre en place tous les moyens pour lever cette limitation
très contraignante. Un trismus est d’origine musculaire et est réversible, tandis qu’une
constriction permanente est souvent d’origine articulaire et est irréversible.
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− Rhinorrhée gustative : elle consiste en un écoulement de mucus clair du nez lors d'un
stimulus salivaire. Lors d'une maxillectomie, les fibres nerveuses allant aux glandes
salivaires palatines et responsables de leur sécrétion, ainsi que les fibres allant aux
glandes muqueuses nasales risquent une lésion. Une régénérescence anarchique de ces
deux groupes de fibres nerveuses pourra avoir comme conséquence une rhinorrhée
gustative si les fibres du premier groupe vont innerver par erreur les glandes nasales.

1.3.2. Troubles esthétiques


− Cicatrices visibles et disgracieuses lorsque la voie est transfaciale (abord para-latéro-
nasal).
− Problème de soutien par affaissement tégumentaire.
1.3.3. Problèmes infectieux

Une infection à répétition des VADS ou une bronchite peuvent résulter d’une
communication bucco-naso-sinusienne.

1.3.4. Répercussions psychologiques et sociales

Toute mutilation faciale affecte profondément les patients et les rend vulnérables et
isolés de leur environnement familial et socioprofessionnel. La défiguration, la douleur,
l’altération des fonctions et le préjudice esthétique entrainent une perturbation profonde de la
relation du malade au monde. En cancérologie, il faut ajouter le problème lié à la maladie
elle-même se manifestant par une projection inévitable dans la mort.

1.4. Formes cliniques

Il existe plusieurs classifications des PDSM dont certaines sont à visée chirurgicale et
d’autres adaptées à la pratique prothétique. La plus récente est celle proposée par Bentahar et
al. en 2008.

Dans le sens vertical :


▪ i (infrastructure) : en présence d’une communication bucco-naso-sinusienne avec
conservation du pilier zygomatico-maxillaire et/ou de l’épine nasale antérieure;
▪ m (mésostructure) : quand la PDSM emporte le pilier zygomatico-maxillaire et/ou
l’épine nasale antérieure ; le plancher orbitaire étant conservé;

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▪ s (suprastructure) : une PDSM intéressant la suprastructure avec résection du plancher
orbitaire. Si l’ablation conserve le contenu orbitaire, une reconstruction par un
lambeau est indispensable, sous peine d’exposer le patient à une énophtalmie majeure
associée à une diplopie invalidante.

Figure 5 : Classification des PDSM selon Bentahar et al.


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Dans le sens transversal :
▪ Classe I : une PDSM médiale conservant l’arcade alvéolodentaire chez le denté ou
l’édenté partiel et conservant l’arcade alvéolaire chez l’édenté complet. Ce sont des
communications bucco-nasale, bucco-sinusienne ou bucco-naso-sinusienne
occasionnées par les projectiles, une chute avec objet dans la bouche (stylo, sucette
etc.), les systèmes de ventouse des PAC ou une résection chirurgicale des tumeurs. Le
traitement est soit chirurgical par plastie ou prothétique par plaque palatine.
▪ Classe II : une PDSM encastrée. Elle peut intéresser le prémaxillaire (a) ou le secteur
latéral (b) ; les dents postérieures ou la tubérosité maxillaire étant conservées. Le fait
que la cavité d’exérèse soit délimitée par des éléments anatomiques susceptibles de
participer à l’équilibre de la prothèse participe favorablement à améliorer le pronostic
prothétique.
▪ Classe III : ablation de tout l’hémipalais avec éventuellement résection de tout le
prémaxillaire.
▪ Classe IV : maxillectomie totale bilatérale.
Pour les classes I, II et III, il faut préciser s’il s’agit d’un édenté partiel ou d’un édenté
complet.

Les PDSM, notamment, les classes III et IV peuvent s’associer à une perte du
revêtement cutané dont la réhabilitation prothétique nécessite une association d’appareillages
intra- et extra-oraux (Prothèse à étages).

2. PRISE EN CHARGE PROTHÉTIQUE


2.1. Prothèses obturatrices

La prothèse obturatrice est un dispositif artificiel de remplacement destiné à assurer


la fermeture étanche d’une CBN et/ou CBS; le but étant de rétablir une fonction et un
profil esthétique normaux.
Il existe plusieurs types d’obturateurs en fonction du stade de la prise en charge et
la résilience.
2.1.1. Classification selon la chronologie

L’appareillage des PDSM dépend de leur étendue, de l’état des dents restantes mais
aussi et surtout du moment où le patient est adressé au prosthodontiste maxillofacial.

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C’est en fonction de ce dernier paramètre qu’on pourra décrire des obturateurs
chirurgicaux, transitoires ou d’usage.
Types d’obturateur Mise en place Types de l’appareillage
immédiat En peropératoire - Prothèse en résine
- Plaque en résine transparente
- Plaque estampée
Obturateur
- Prothèse existante modifiée
chirurgical
semi- Dans la semaine - Prothèse en résine
qui suit - Plaque en résine transparente
immédiat l’intervention - Plaque estampée
- Prothèse existante modifiée
Obturateur transitoire 3 à 4 semaines - Prothèse en résine monobloc
après - Prothèse avec un obturateur
l’intervention, souple
voire plus - Prothèse obturatrice immédiate
rebasée
Obturateur d’usage 3 mois à 1 an - Prothèse obturatrice en résine
après monobloc
l’intervention - Prothèse avec un obturateur
souple
- Prothèse métallique solidarisée à
un obturateur rigide

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2.1.2. Classification selon la résilience

Obturateurs rigides Obturateurs souples


• Réalisés en résine PMMA, en • Réalisés en silicone ;
alliage cobalt-chrome ou titane ; • L’obturateur et la prothèse dentaire
• La prothèse dentaire et l’obturateur constituent deux pièces
constituent une seule pièce indépendantes ;
(monobloc) ; • Indiqués dans le cas d’une
• Indiqués en l’absence d’une limitation de l’ouverture buccale ;
limitation de l’ouverture buccale ; • Indiqués pour les PDSM de
• Indiqués chez un denté, un édenté moyenne et de grande étendue
partiel ou un édenté complet ; chez un édenté complet ;
• Hygiène et entretien aisés. • Hygiène et polissage délicats.
Les obturateurs souples sont de moins en moins utilisés compte-tenu des
traumatismes infligés à la PDSM lors de l’insertion-désinsertion. Ils sont généralement
réservés aux grandes PDSM chez un édenté complet.
2.2. Indications prothétiques

Classe de Type d’édentement Indications prothétiques


PDSM
Denté complet Plaque palatine en résine solidaire d’un obturateur
rigide et munie de crochets façonnés.
Cl I Édenté partiel Plaque palatine métallique avec des crochets coulés
et remplaçant les dents absentes.
Édenté complet Prothèse amovible complète solidaire à un obturateur
rigide.
Édenté partiel Prothèse amovible partielle métallique solidaire à un
obturateur rigide.
Cl II Édenté complet Prothèse amovible complète solidaire à un obturateur
rigide.

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Édenté partiel Prothèse amovible partielle métallique solidaire à un
obturateur rigide.
Édenté complet - Prothèse amovible complète solidaire à un
Cl III obturateur rigide.
- Prothèse amovible complète+obturateur souple en
silicone.
Prothèse amovible complète+obturateur souple en
Cl IV silicone.

2.3. Stratégie de la réhabilitation prothétique


2.3.1. Phase préopératoire

La consultation préchirurgicale permet :


- La prise de contact entre le praticien et le futur opéré. Ce contact est
important sur le plan psychologique (le prosthodontiste maxillofacial doit prendre le
temps d’expliquer les différentes séquences prévues. À ce stade les patients sont
anxieux et très interrogatifs) ;
- La constitution du dossier médical ;
- La mise en état de la cavité buccale ;
- La prise des empreintes à partir desquelles des modèles en plâtre sont
réalisés ;
- L’enregistrement des rapports maxillo-mandibulaires lorsque cela est
possible (parfois le volume de la tumeur empêche une telle manœuvre).
2.3.1.1. Examen clinique

L’examen clinique est complexe, car il doit englober tous les éléments qui
contribuent à l’établissement et à la réussite du plan de traitement d’un défect
maxillaire, éléments à la fois psychologiques, biologiques et prothétiques. Comme il
s’agit d’un traitement long et complexe, le praticien doit expliquer au malade

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l’essentiel de ce qui sera fait, les principales étapes et la durée approximative de
l’appareillage.

▪ L’interrogatoire doit être fait avec le patient verbalement ou avec autres moyens de
communication (mimique ou écriture) s’il ne peut pas s’exprimer. L’entourage peut
également contribuer à cette phase de l’examen clinique. En cas de manque de
renseignements le praticien pourra demander un complément d’information auprès
du médecin traitant.
▪ L’examen exobuccal est conduit en deux temps :
− Examen par inspection ;
− Examen par palpation ;
On examine les articulations temporo-mandibulaires et le visage de face et de profil en
soulignant les asymétries et la présence des cicatrices.
▪ L’examen endobuccal : On examine les structures dento-parodontales, la perte de
substance ou la tumeur selon que le patient est envoyé avant ou après
l’intervention, les structures ostéo-muqueuses, les fonctions de l’appareil
stomathognathique, la dynamique mandibulaire.
▪ Les examens complémentaires : Imagerie, examens anatomo-pathologiques. Tous
ces renseignements seront notés sur une fiche d’observation qui sera tenue
régulièrement à jour.

2.3.1.2. Préparation de la prothèse obturatrice chirurgicale immédiate

Parmi les prothèses obturatrices, la PO chirurgicale immédiate reste celle qui a


fait couler beaucoup d’encre dans la littérature scientifique.
Au cours d’une réunion de l’équipe multidisciplinaire, les limites de la future
zone réséquée sont tracées sur le modèle (l’imagerie médicale actuelle permet une
assez bonne approximation de l’étendue des lésions). Cette discussion permet au
prosthodontiste maxillofacial de suggérer la conservation des dents et des éléments
anatomiques jugés stratégiques pour l’équilibre de la prothèse, mais tout en respectant
les marges de sécurité en termes de résection chirurgicale. Au laboratoire, les modèles
sont montés sur articulateur (lorsque le cas clinique le permet) ; les dents devant être

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extraites pendant l’intervention sont supprimées ainsi qu’une éventuelle voussure due
à la tumeur. Sur le modèle corrigé, on confectionne une plaque palatine de préférence
en résine transparente (qui permet, lors de la mise en place, le contrôle visuel des
zones de compression) munie d’un maximum de crochets sur les dents restantes. Au
niveau de l’intrados de la plaque et en regard de la future résection, on fixe des
cavaliers de rétention pour assurer une adhésion mécanique du matériau de
comblement.
2.3.2. Phase peropératoire

En fin d’intervention, le prosthodontiste maxillofacial façonne un matériau


(FITT de Kerr® ou Optosil®) qui comble la PDSM ; la plaque palatine est mise en
bouche modelant la face inférieure de l’obturateur. Si le matériau choisi pour combler
le défect est la résine à prise retardée, les cavaliers de rétention ne sont pas nécessaires.
Chez le patient édenté complet, la rétention peut être améliorée par différents moyens :
fils métalliques suspendus aux processus zygomatiques et/ou à l’épine nasale
antérieure, des fils de suture ou encore des vis trans-osseuses (vis auto-taraudante en
titane ou en acier inoxydable de 13 à 16 mm).
La prothèse obturatrice chirurgicale immédiate est une solution qui représente
pour le patient un intérêt considérable en permettant :
- la restauration des fonctions de mastication, de phonation et de déglutition
immédiatement après le réveil ;
- le soutien des tissus mous de la face, évitant ainsi les rétractions fibreuses et donc
facilitant la cicatrisation ;
- l’amélioration de l’hémostase ;
- la protection de la plaie des traumatismes et des contaminations générés par les
aliments ;
- d’éviter les douloureux méchages et déméchages postopératoires ;
- le soutien psychologique et le maintien d’une vie relationnelle normale.
C’est une prothèse préparée en préopératoire, insérée en peropératoire et laissée
en place pendant 3 à 4 semaines, voire même plus.

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2.3.3. Phase postopératoire
2.3.3.1. Prothèse obturatrice chirurgicale semi-immédiate

Lorsque la mise en bouche d’une prothèse obturatrice immédiate en


peropératoire est irréalisable pour des raisons techniques ou faute de mobilisation du
personnel médical, en particulier en l’absence d’une proximité des unités de chirurgie
et de prothèse, la POC semi-immédiate est indiquée. Le prosthodontiste maxillofacial
voit le patient avant ou après l’intervention pour une prise d’empreinte et réalisation de
l’appareillage. L’empreinte et la confection de la plaque se font de préférence en
préopératoire. Cependant la prise d’empreinte dans la semaine qui suit l’intervention
est possible sous peine d’un risque hémorragique et d’inconfort pour le malade.
L’appareillage est mis en place dans les 7 jours qui suivent l’opération. Cet
appareillage présente, malgré l’insertion différée, les mêmes avantages qu’une
prothèse immédiate. L’inconvénient principal réside dans le fait qu’entre le jour de
l’opération et la mise en place de l’obturateur, le patient ne peut s’alimenter que par
voie entérale (une sonde gastrique).

2.3.3.2. Prothèse obturatrice transitoire

Elle est appelée également prothèse provisoire, médiate et évolutive. Elle est
construite 3 à 4 semaines après l’intervention. Elle a l’enjeu de rétablir la fonction et
l’esthétique tout en évoluant dans le temps en fonction de la cicatrisation. Ces
modifications permettent de préfigurer l’appareillage d’usage et de préparer le patient
à la réhabilitation définitive. Les étapes de réalisation doivent être conduites d’une
façon rigoureuse en fonction de la situation clinique.
Empreinte primaire : Une mèche vaselinée est posée au fond de la cavité d’exérèse
pour éviter une fusée du matériau d’empreinte. Le porte-empreinte est choisi en
fonction de l’arcade alvéolodentaire et de la PDSM et peut être modifié si nécessaire
pour améliorer l’adaptation. Le matériau de choix est l’alginate.
Empreinte secondaire : après confection du porte-empreinte individuel, elle est
réalisée en enregistrant à la fois le joint périphérique et les contours de la PDSM (Pâte

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de Kerr® ou un silicone de moyenne viscosité) ; un surfaçage viendra améliorer
l’intimité de contact.
Rapport maxillomandibulaire : plus la PDSM est étendue, plus l’enregistrement du
RMM est délicat et doit être mené d’une manière méticuleuse.
Mise en place de la prothèse : après la polymérisation de la prothèse, l’obturateur est
évidé pour diminuer le poids. La prothèse est ensuite posée. Elle peut être rebasée par
une résine à prise retardée qui améliore la cicatrisation, le confort et l’étanchéité.
Lorsque la prothèse obturatrice immédiate présente des dents et que l’équilibre
prothétique et l’occlusion sont jugés satisfaisants, elle peut être utilisée comme
prothèse transitoire en transformant l’obturateur de silicone en résine. Le patient est vu
en consultation une fois toutes les semaines pour des éventuelles retouches et
changement du matériau de rebasage.
2.3.3.3. Prothèse obturatrice d’usage

La prothèse d’usage ne peut être envisagée que 3 mois à 1 an après


l’intervention. Les changements dimensionnels dus au remodelage et au processus
cicatriciel des contours du défect durent approximativement 1 an et sont plus en
rapport avec des remaniements des tissus mous qu’avec ceux du tissu osseux. La
décision d’une réhabilitation définitive dépend de l’étendue de la PDSM, des
traitements associés notamment la radiothérapie qui prolonge le processus de
cicatrisation, du pronostic de la tumeur, et de l’ouverture buccale qui doit être
compatible avec la prise des empreintes. Une cicatrisation est jugée satisfaisante en
l’absence d’élimination des séquestres et en présence d’une cavité d’exérèse bien
réépithélialisée et non infectée.
Les étapes de réalisation doivent être menées avec la même rigueur précitée
pour la prothèse transitoire.
La mise en place d’un obturateur souple nécessite une technique d’empreinte
spécifique (Empreinte fragmenté de Soulet) et un mode de liaison entre le silicone et la
résine ayant recours à des masses magnétiques.

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2.3.3.4. Maintenance

Plus que toute autre, ces prothèses doivent être régulièrement surveillées. Elles
ne doivent jamais être traumatisantes pour la muqueuse. Une irritation continue peut,
si la résection a été faite pour traiter une tumeur maligne, jouer un rôle dans
l'apparition d'une récidive. Si une érosion, ou une zone hémorragique ne disparaît pas
dans les quelques jours qui suivent la retouche de la prothèse, un prélèvement
biopsique doit être fait. Les parois de la perte de substance peuvent se modifier soit
spontanément, sous l'effet de la rétraction fibreuse des tissus, soit en raison de
l'élimination très tardive de fragments osseux nécrosés. En outre, des retouches
chirurgicales peuvent être rendues nécessaires par l'évolution de l'affection en cause.
Si ces modifications sont faibles, elles peuvent être corrigées par un rebasage de
l'obturateur si celui-ci est construit en résine dure. Mais, si elles sont importantes,
mieux vaut refaire complètement la partie obturatrice. Pour les obturateurs souples le
rebasage est irréalisable d’où la nécessité de sa réfection totale.
CONCLUSION

La prothèse obturatrice doit constituer une entité intégrante des protocoles de


prise en charge des tumeurs et traumatismes maxillaires. Elle permet une amélioration
indéniable de la qualité de vie. Dans ce sens la prothèse et la reconstruction
chirurgicale ne sont pas des disciplines en compétition, mais bien au contraire, elles
doivent être mises en œuvre en complémentarité dans le but d’optimiser la prise en
charge des patients concernés.

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