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Katharina KLOCKEMANN 1996 Question n°= 71

Les anomalies du sens transversal

Mots clés: endoalvéolie, endognathie, exoalvéolie, syndrome de Cauhépé-Fieux, latérognathie,


latérodéviation, fonctions, téléradiographie de face et axiale, âge du patient

1. Introduction

1.1 Définition
1.2 Fréquence
1.3 Historique et intérêt de la question

2. Établissement et évolution du sens transversal (rappels de croissance)

2.1 Croissance transversale du maxillaire


2.2 Croissance transversale de la mandibule
2.3 Croissance alvéolaire

3. Diagnostic des anomalies du sens transversal

3.1 Interrogatoire
3.2 Examen exobuccal
3.3 Examen endobuccal

3.3.1 Examen statique


3.3.1.1 Examen intraarcade
3.3.1.2 Examen interarcade
3.3.2 Examen cinétique

3.4 Examen fonctionnel


3.5 Examen radiographique

3.5.1 Radiographie panoramique


3.5.2 Téléradiographies
3.5.3. Les tomographies

3.6 Examens complémentaires

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4. Diagnostic positif et formes cliniques

4.1 Anomalies transversales maxillaires

4.1.1 Endoalvéolie maxillaire

4.1.1.1 L'endoalvéolie maxillaire symétrique


- L'endoalvéolie maxillaire symétrique avec linguoclusion unilatérale:
- L'endoalvéolie maxillaire symétrique avec linguoclusion bilatérale:
4.1.1.2 L'endoalvéolie maxillaire asymétrique

4.1.2 L'exoalvéolie maxillaire


4.1.3 L'endognathie maxillaire

4.1.3.1 L'endognathie maxillaire symétrique avec linguoclusion


bilatérale
4.1.3.2 L'endognathie maxillaire asymétrique

4.2 Anomalies transversales mandibulaires

4.2.1 L'endoalvéolie mandibulaire


4.2.2 Latéromorphoses mandibulaires

4.2.2.1 La latérodéviation mandibulaire


4.2.2.2. La latérognathie mandibulaire

4.2.3 Les anomalies liées aux grands syndromes malformatifs de


l'extrémité céphalique

5. Etiopathogénie

5.1 Facteurs innés


5.2 Facteurs acquis
5.3 Causes locales

6. Diagnostic différentiel

7. Conclusion

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Les anomalies du sens transversal

1. Introduction

1.1 Définition

BASSIGNY définit les anomalies du sens transversal comme des troubles de l'occlusion dans le
sens vestibulo-lingual au niveau des secteurs latéraux, n'affectant que le maxillaire ou la
mandibule (d'autres auteurs pensent qu'elles peuvent coexister aux deux niveaux). La
malocclusion peut être symétrique ou asymétrique, alvéolaire ou basale. A ces anomalies
morphologiques peut s'adjoindre une anomalie cinétique (la latérodéviation).

D'autres anomalies associées (dentaires ou squelettiques du sens sagittal, vertical, DDM, DDD)
compliqueront le tableau clinique et le traitement.

Les anomalies du sens transversal sont intimement liées à la notion de symétrie faciale.
"La symétrie ou la concordance parfaite de structures, dans leur position, leur volume et leur
forme, de part et d'autre d'un plan de référence, est rarement atteinte en biologie.
Plus fréquente est la dissymétrie où certaines variabilités morphologiques d'entités homologues
peuvent se produire.
L'asymétrie est l'état pathologique d'absence de symétrie"(J.DAHAN).

1.2 Fréquence

La fréquence varie de 2 à 10% selon les auteurs.

1.3 Historique et intérêt de la question

De nombreux auteurs se sont intéressés au sens transversal au début de l'orthodontie. Cette


préoccupation répondait à une thérapeutique d'expansion bimaxillaire qui a été progressivement
abandonnée en raison de l'instabilité des résultats et de l'évolution des techniques.

1909 PONT établit les largeurs souhaitables d'arcade supérieure en fonction de "l'arc
incisif"(diamètre des quatre incisives supérieures).
1925 IZARD détermine que la largeur maximum d'arcade est la moitié du diamètre
bizygomatique osseux.
19?? CHATEAU a repris les indices de Pont en fonction de P10 (périmètre 10 dents antérieures
supérieures) à cause de la variabilité des incisives latérales supérieures.
Les modifications du sens transversal sont devenues un des critères de la philosophie
bioprogressive dans les années 1950.

Depuis que l'essentiel du diagnostic orthodontique se base sur l'analyse céphalométrique du


profil, le sens transversal a été négligé.

Pourtant, l'étude frontale devrait attirer notre attention car dans la vie quotidienne comme dans
notre vie professionnelle, le premier contact avec le autrui est un "face-à-face".

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Malgré tout, l'évolution des travaux, tenant compte du système neuro-musculaire, des dimensions
de l'arcade, des nouvelles thérapeutiques (nouveaux appareillages), ont permis d'appliquer ces
techniques d'expansion et de correction des anomalies du sens transversal avec un discernement
basé sur une approche diagnostique rigoureuse, et non plus de se conforter dans l'idée de
"l'expansion à tout prix" comme auparavant.

2. Établissement et évolution du sens transversal (rappels de croissance)

2.1 Croissance transversale du maxillaire

La croissance en largeur se fait: - par le jeu des sutures sagittales internasale,


intermaxillaire et interpalatine
- par remodelage des surfaces externes

La croissance transversale se fait jusqu'à l'âge de 5-6 ans par les sutures prémaxillaire,
intermaxillaire et interpalatine. Après 5 ans, ces sutures sont pratiquement inactives. Le palais
s'élargit en arrière par l'allongement divergent de l'arcade, au fur et à mesure de l'apparition des
dents monophysaires.

Après 5-6 ans, la partie antérieure du palais ne s'élargit que faiblement par l'éruption des dents
permanentes.

La suture intermaxillaire se synostose beaucoup plus tard, vers l'âge de 25 ans, ce qui permet une
action orthopédique.

De nombreuses études ont été réalisées sur la croissance en largeur du maxillaire:


1922 KEITH et CAMPION la suture médiane prend une part active dans la croissance
transversale du palais dur; comparaison de crânes d'adultes et d'enfants
1956,1967 SCOTT mise en évidence de la croissance active de la suture médiane pendant la vie
foetale.
1965 ENLOW processus de remodelage
1973-1975 PERSSON et MELSEN études histologiques confirmant une croissance suturale
active jusqu'à l'adolescence
1974 BJÖRK études par la méthode des implants montrant un accroissement de la suture au-delà
de la puberté; ces études radiologiques avec les implants métalliques montrent:
- même type de courbes pour la croissance staturale et la croissance suturale, avec
simultanéité d'un pic de croissance pubertaire superposable
- la croissance suturale prend fin deux ans avant la croissance staturale
- la largeur intermolaire augmente à la puberté puis diminue à 20 ans; elle est supérieure
de 1 mm de ce qu'elle était à l'âge de 6 ans (à l'éruption des 6 supérieures)
- la largeur intercanine augmente jusqu'à l'éruption totale des incisives permanentes puis
diminue jusqu'à l'âge adulte (elle augmente de 0,6 mm à partir de 4 ans jusqu'à l'âge adulte)
- la suture intermaxillaire s'élargit davantage dans la partie postérieure que dans la partie
antérieure; ainsi les deux hémimaxillaires effectuent une rotation dans la plan transversal, l'un par
rapport à l'autre; cette rotation réciproque des deux mâchoires a une influence importante sur le

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développement du maxillaire dans son ensemble, en conséquence, la longueur du maxillaire
diminuerait dans le plan sagittal médian.

Les radiographies de face montrent que l'accroissement appositionnel semble faible, relativement
à l'accroissement sutural.

2.2 Croissance transversale de la mandibule

La mandibule est un os membraneux avec cartilages secondaires.


La synchondrose symphysaire séparant les deux hémimandibules à la naissance, se ferme dès les
premiers mois de la vie.
La croissance transversale se fait alors essentiellement par l'allongement de la mandibule, par
divergence postérieure de deux hémimandibules. L'accroissement est plus sensible au niveau des
condyles.

2.3 Croissance alvéolaire

Elle est sous la dépendance de l'éruption dentaire.

Travaux de MORREES:
- phase d'établissement de la denture temporaire: la largeur intercanine maxillaire
augmente de 5 mm
la largeur intercanine mandibulaire
augmente de 3,5 mm
- phase de denture temporaire stable: stabilité
- phase d'établissement de la denture mixte: la larguer intercanine maxillaire augmente de
3 à 4 mm
la largeur intercanine mandibulaire augmente
de 2 à 3 mm
- phase de denture mixte stable: stabilité
- phase d'établissement de la denture adulte jeune: stable
diamètre ? canin ou 1,5 mm
diamètre 2ème PM maxillaire 0,5 mm/ an
mandibulaire 0,2 mm/an
diamètre 1ère molaire maxillaire 2 mm/ an
mandibulaire 0,2 mm/an?

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3. Diagnostic des anomalies du sens transversal

L'observation clinique va permettre de déterminer un diagnostic positif, étiologique et différentiel


des anomalies du sens transversal.

3.1 Interrogatoire

Age : essentiel, pour la possibilité d'un traitement précoce


Il faut noter: antécédents familiaux et médicaux
traitement antérieur
habitudes déformantes
la motivation

3.2 Examen exobuccal

L'examen de face est indispensable, par contre l'examen de profil ne donnera aucun
renseignement.
Cet examen ne renseignera que si l'anomalie transversale présente un certain degré de gravité.

Il peut se faire:
- sur le patient
- sur des photographies de face
La tête sera orientée selon la plan de Francfort horizontal.
On observera: Ligne verticale : l'alignement des points ophryon, point sous-nasal, labial
supérieur et inférieur, menton.
Le parallélisme des lignes remarquables : ophryaque, bipupillaire, ,
bicommissurale.
Une symétrie des volumes droit et gauche de la face
Un éventuel aplatissement du bord mandibulaire
Dystopies orbitaires...

Une dissymétrie légère reste normale: variation de 3 à 5 mm pour les points latéraux
variation de 1 à 2 mm pour les points médians

3.3 Examen endobuccal

3.3.1 Examen statique

3.3.1.1 Examen intraarcade

Il se fait en bouche et sur les modèles.

Langue: macroglossie, angiome, position basse ou "proglossie haute"(CHATEAU), frein court

Parodonte: freins médians supérieur et inférieur, permet de faire la différence entre une déviation
dentaire (frein oblique)et squelettique (frein vertical) (CHATEAU)

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Denture:
- formule dentaire, stade de la denture
- forme d'arcade - symétrie
- palais plus profond dans le cas d'endognathie
- orientation des procès alvéolaires latéraux (axes convergents à l'examen du modèle par l'arrière)
- abrasions, permet de visualiser les interférences (canines temporaires)
- malpositions; si l'ectopie est unitaire et qu'elle concerne??? canine, prémolaire et molaire, sans
encombrement à la mandibule, c'est un signe pathognomonique d'une anomalie transversale
squelettique (VAUGEOIS)
- inclinaison du plan occlusal
- DDM, DDD: différencier une pathologie transversale d'une expression possible de DDM
comme l'arcade "en lyre"

3.3.1.2 Examen interarcade

- coïncidence des milieux incisifs


- inversé d'articulé latéral: unilatéral/bilatéral; linguoclusion/vestibuloclusion (syndrome de
BRODIE), son intensité et les dents responsables (maxillaire ou mandibule)
- Classe d'Angle, mésiopositions asymétriques (provoquant une asymétrie fonctionnelle (M.
CHATEAU,1955)

3.3.2 Examen cinétique

Chemin de fermeture:
rechercher le signe pathognomonique de l'endoalvéolie maxillaire symétrique avec
latérodéviation: en position de repos, les milieux incisifs supérieur et inférieur coïncident (s'il
n'existe pas d'autre anomalies) et on observe une déviation du milieu inférieur au cours du
chemin de fermeture, de la relation centrée jusqu'à l'intercuspidie maximale
Pour une latérognathie mandibulaire on trouve un décalage des milieux en ICM et RC et lors
d'une endoalvéolie maxillaire asymétrique, on trouve une coïncidence des milieux en RC et ICM.

Examen articulaire:
palpation musculaire: rechercher des spasmes douloureux
palpation articulaire: rechercher des possibles asymétries des trajets condyliens; possibilité de
ressauts...

Examen occlusocinétique:
L'angle fonctionnel masticateur PLANAS est toujours plus petit du côté croisé, car c'est le côté
de mastication principal, sinon exclusif; plus les angles diffèrent et moins le patient mange de
l'autre côté, depuis longtemps.

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3.4 Examen fonctionnel

Posture habituelle de la langue:


position basse , interposition latérale ou antérieure; "proglossie haute"(poussée en avant sur les
incisives supérieures; la langue ainsi effilée est moins large, facteur d'endoalvéolie supérieure
légère (CHATEAU); ce syndrome de proglossie haute est déclenché par toute habitude de
succion ou d'interposition, lui survit après abandon de l'habitude déformante, et entretient les
déformations.

Mastication:
en cas d'occlusion croisée unilatérale, le patient mastique du côté croisé

Ventilation:
- les corrélations anatomiques font qu'à un palais étroit dû à un hypodéveloppement des deux
maxillaires (endognathie maxillaire) correspond également un plancher des fosses nasales étroites
- rechercher une obstruction nasale unilatérale de la respiration nasale (sinusite chronique,
obstruction narinaire déviation du septum nasal) en cas d'inversé unilatéral
- une respiration buccale
- un encombrement pharyngé

Déglutition:
la déglutition n'est que le témoin d'une posture linguale anormale. La déglutition primaire
associée à une position basse de la langue en posture habituelle sont présents dans le syndrome de
CAUHEPE-FIEUX

Parafonctions:
toute habitude de succion, ou d'interposition déclenche un syndrome de "proglossie haute".

3.5 Examen radiographique

3.5.1 Radiographie panoramique

Voir la symétrie du corps mandibulaire et des condyles, ainsi que leur différence éventuelle de
forme.
Rechercher des fractures, absences de condyles...

3.5.2 Téléradiographies

Une étude rigoureuse de l'architecture de la tête est obtenue à l'aide d'un dossier tridimensionnel,
car une possibilité de critiques des documents est offerte (VION).

La téléradiographie de profil:
Elle apporte peu de renseignements. Une asymétrie de la branche et du corps mandibulaire se
retrouve, mais l'image peut aussi être due à un rouis de la tête.

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La téléradiographie de face:
Elle permet d'analyser la symétrie vertico-transversale.
Plusieurs analyses céphalométriques existent:
analyses de Ricketts, de Sassouni, de Vion (dossier tridimensionnel)
- appréciation de la symétrie
- diagnostic différentiel entre endo-alvéolie et endognathie maxillaire

La téléradiographie axiale ou basale:


Elle permet l'étude de la symétrie antéro-transversale.
- Incidence de BOUVET, perpendiculaire au plan d'occlusion:
Les limites internes des 6 inférieures doivent normalement être à 1 mm en dedans du bord
interne du corps mandibulaire
Les limites internes des 6 maxillaires doivent normalement être à 0,5 mm en dehors de la
limite interne du sinus maxillaire
Le diagnostic d'endo ou exoalvéolie maxillaire ou mandibulaire peut être ainsi posé.

- Incidence de HIRTZ, perpendiculaire au plan de Francfort:


Cette incidence est employée pour l'analyse basale de DELAIRE et de DAHAN(simultanément
en 1964). On réalise des projections perpendiculaires des structures sur une ligne des symétrie
passant par le milieu du foramen magnum, de la dent de l'atlas en arrière, et l'ENA ou le nasion
en avant. On peut ainsi mettre en évidence des asymétries de la voûte, de la base du câne, du
maxillaire et de la mandibule.

3.5.3. Les tomographies

Elles précisent la forme, la symétrie des condyles et la relation condyle-fosse mandibulaire

3.6 Examens complémentaires

- Examen ORL: insuffisance respiratoire, tonsilles palatines et pharyngiennes, déviation de la


cloison nasale...
- Set-up
- Occlusogramme de Burstone: set-up photographique
- Montage en articulatuer semi-adaptable pour l'étude des trajets de fermeture

4. Diagnostic positif et formes cliniques

On distingue les formes maxillaires et mandibulaires, basales ou alvéolaires, symétriques ou


asymétriques et l'anomalie cinétique.
Les différentes formes peuvent être isolées, associées entre-elles ou à d'autres dysmorphoses.

4.1 Anomalies transversales maxillaires

L'endoalvéolie et l'endognathie maxillaires sont les dysmorphoses les plus fréquentes;


l'exoalvéolie maxillaire est par contre rare, étant le plus souvent due à un traitement antérieur par
expansion transversale ( il faut attendre la complète récidive avant de reprendre le traitement).

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"L'endoalvéolie maxillaire est une anomalie morphologique du sens transversal caractérisée par
une inclinaison linguale de l'un ou des deux secteurs latéraux maxillaires, dans le cas à
prédominance alvéolaire"(BASSIGNY).
"L'endognathie maxillaire correspond à une insuffisance de développement transversal du
maxillaire caractérisé par une inclinaison normale des molaires et prémolaires, associé à un
encombrement incisif maxillaire, dans les cas à prédominance basale"(BASSIGNY).
Toutes deux ont comme conséquence une linguoclusion de l'un ou des deux secteurs latéraux.
L'exoalvéolie, exceptionnelle est caractérisée par une vestibuloclusion des dents maxillaires dans
les secteurs latéraux.

4.1.1 Endoalvéolie maxillaire

Elle peut être: symétrique :


- avec linguoclusion unilatérale et latérodéviation
- avec linguoclusion bilatérale et pas de latérodéviation
ou asymétrique :
- linguoclusion unilatérale sans latérodéviation.

L'endoalvéolie peut donc être isolée, avec ou sans latérodéviation, ou associée à d'autres
anomalies. On la retrouve: dans les malocclusions de la classification
d'Angle
dans les cas d'agénésie unilatérale d'incisive
latérale supérieure

4.1.1.1 L'endoalvéolie maxillaire symétrique

- L'endoalvéolie maxillaire symétrique avec linguoclusion unilatérale:

La latérodéviation est de règle.; c'est une anomalie fréquente: il s'agit du syndrome de Cauhépé
Fieux.

Les signes faciaux : de face, déviation du menton quand enfant serre les dents
Les signes occlusaux :
en denture temporaire : occlusion croisée unilatérale et latérodéviation s'observent après le
suçage du pouce, mais est parfois transitoire
en denture mixte : arcade mandibulaire normale
défaut d'abrasion des canines temporaires et des cupides palatines
maxillaires et vestibulaires mandibulaires des dents temporaires au niveau du secteur inversé
en denture définitive : facettes d'abrasion atypiques
occlusion : signe pathognomonique: repos : coïncidence milieu inter-incisif et en
ICM : non coïncidence milieu inter-incisif (déviation du milieu inférieur en chemin de fermeture
de la position de repos à l'ICM)

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Les signes fonctionnels :
déglutition primaire, arcades non serrées
situation basse de la langue en posture habituelle
encombrement pharyngé
La téléradiographie axiale permet d'objectiver la symétrie mandibulaire

- L'endoalvéolie maxillaire symétrique avec linguoclusion bilatérale:

Il n'existe pas de latérodéviation. L'encombrement maxillaire est minime. Il est difficile de


différencier cette anomalie d'une endognathie maxillaire vraie. Le diagnostic repose sur la
téléradiographie (incidence de Bouvet)

4.1.1.2 L'endoalvéolie maxillaire asymétrique

On a linguoclusion asymétrique sans latérodéviation mandibulaire.


Cette anomalie est beaucoup plus rare. Il s'agit d'un développement asymétrique du maxillaire
sans troubles cinétiques.

Signes occlusaux:
asymétrie de la forme d'arcade du maxillaire; la mandibule est normale
coïncidence des milieux incisifs en ICM et en RC

4.1.2 L'exoalvéolie maxillaire

L'exoalvéolie maxillaire est caractérisée par une inclinaison vestibulaire exagérée des procès
alvéolaires des secteurs latéraux, qui entraîne une largeur excessive de l'arcade avec une base
normale.
C'est très rare et le plus souvent dû à un traitement antérieur par expansion.

4.1.3 L'endognathie maxillaire

Elle peut être symétrique ou asymétrique.


Elle se retrouve dans des malformations faciales (maladie de Crouzon, syndrome d'Apert).

4.1.3.1 L'endognathie maxillaire symétrique avec


linguoclusion bilatérale

Tout le volume osseux est diminué: il n'existe pas d'endognathie sans brachygnathie: il faut donc
parler de micrognathie (CHATEAU).

Signes occlusaux:
En denture temporaire : l'occlusion croisée bilatérale est un signe d'endognathie maxillaire
future
En denture mixte : encombrement incisif maxillaire important
absence d'abrasion des canines temporaires et des cuspides
d'appui droite et gauche des dents temporaires
voûte palatine symétrique et parfois relativement profonde
(ogivale), mais c'est un signe inconstant

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l'arcade mandibulaire est normale
On retrouve une coïncidence des milieux en ICM et en RC
Signes fonctionnels:
déglutition primaire: la langue s'étale entre les arcades au cours de la phase buccale de la
déglutition
ventilation buccale : obstruction haute ou moyenne
Ces deux dysfonctions constituent des facteurs étiologiques déterminants.

Signes téléradiographiques:
de face: analyse de Ricketts
axiale: incidence de Bouvet

4.1.3.2 L'endognathie maxillaire asymétrique

Elle est beaucoup plus rare. elle s'observe dans les fentes labio-maxillaires. On a alors un
déplacement des segments latéraux de part et d'autre des berges des fentes ou des fissures.
Ces déplacements entraînent:
- une version antérieure du prémaxillaire et une absence de continuité de la lèvre
supérieure
- une linguoversion des fragments latéraux provoquant une endognathie localisée au
secteur latéral antérieur ou plus rarement une vestibuloversion;
ces linguoversions de fragments latéraux peuvent être unilatérales ou bilatérales avec
quelquefois une occlusion normale au niveau des molaires
dans le cas avec linguoversion unilatérale, on a une déviation importante du milieu incisif
supérieur vers la berge.

4.2 Anomalies transversales mandibulaires

4.2.1 L'endoalvéolie mandibulaire

"C'est une anomalie de très faible fréquence, caractérisée par une linguoversion des secteurs
latéraux inférieurs. Le signe majeur est une vestibuloversion exagérée des secteurs latéraux
maxillaires ou même une inocclusion totale dans les cas graves" (BASSIGNY).

Signes occlusaux:
Supraclusion incisive sévère correspondant à l'occlusion en "couvercle de boîte", les bords
libres des incisives inférieures étant en contact avec la muqueuse palatine (syndrome de
BRODIE)
les cuspides primaires supérieures sont plus ou moins en rapport avec les cuspides
primaires inférieures
préjudice fonctionnel important

Téléradiographie:
de profil: l'étage inférieur de la face est diminué
habituellement vestibuloversion incisive mandibulaire
axiale: incidence de Bouvet, la mandibule est inscrite dans le maxillaire et l'image des
molaires et prémolaires se projette lingualement par rapport à la ligne d'arcade

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Signe fonctionnel étiologique:
Situation haute de la langue

4.2.2 Latéromorphoses mandibulaires

Ce sont des "anomalies caractérisées par un déplacement latéral de la mandibule par rapport au
plan sagittal médian et une perturbation transversale ou sagittale de l'occlusion
dentaire"(J.DAHAN).

Les latéromorphoses comprennent:


- les latéropositions fonctionnelles (IZARD, CHATEAU), latéroglissements ou latérodéviations;
- les latérognathies structurales

4.2.2.1 La latérodéviation mandibulaire

C'est une anomalie cinétique ou fonctionnelle.

"Les latérodéviations s'apparentent aux troubles de coordination mandibulotransversales et sont


des perturbations d'attitude mandibulaire" (J. DAHAN)
IZARD et MÜLLER: "le latéroglissement ou latéroposition est un déplacement de la mandibule
latéralement. Ce glissement latéral engendre peu à peu, par déviation des tractions musculaires,
une distorsion ligamentaire et une déformation osseuse de la mandibule qui constitue la
latérognathie mandibulaire."

Signes faciaux: en position de repos, la face est symétrique


Signes occlusaux:
L'étude des arcades permet de déceler les causes dentaires d'une latérodéviation comme
l'endoalvéolie maxillaire (Cauhépé,1951), des mésiopositions asymétriques(M.Chateau, 1955) ou
une prématurité, en général les canines temporaires.
En RC, la latérodéviation disparaît (concordance des milieux incisifs)
l'origine de la déviation (dentaire ou musculaire) est recherchée: la latérodéviation
disparaît en ouverture simple en cas d'origine dentaire; en cas d'origine musculaire, la
latérodéviation ne disparaît qu'en ouverture maximum.
Signes musculaires: différences d'activité musculaire entre les côtés droit et gauche.

4.2.2.2. La latérognathie mandibulaire

"Anomalie basale caractérisée par une asymétrie de forme ou d'insertion de la mandibule, avec
occlusion inversée unilatérale"(BASSIGNY). C'est une anomalie squelettique grave de faible
fréquence.

"La latérognathie mandibulaire est une asymétrie faciale causée par la déviation latérale,
permanente du corps du maxillaire inférieur" (P.LANDAIS, 1948).

Signes faciaux:
retentissement esthétique important
asymétrie faciale perceptible

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de face, la ligne sagittale médiane est déplacée dans sa partie inférieure ; il y a toujours
latérogénie; les lignes remarquables convergent du côté de la déviation
de profil, pour H.MÜLLER, dans un cas sur quatre, on a des rapports des lèvres normaux
ou avec prochéilie supérieure et rétrochéilie inférieure; dans les 3/4 cas, on a une prochéilie
inférieure associée à une progénie

Signes occlusaux:
linguoclusion unilatérale
déviation des milieux incisifs en ICM et position de repos
pas de proglissement

Signes radiologiques:
de profil: non coïncidence des hémi-mandibules droite et gauche
axiale: asymétrie de forme
avec asymétrie de situation des fosses mandibulaires

Les différentes formes de latérognathies mandibulaires:

- par hyperplasies condyliennes (hypercondylie unilatérale): le diagnostic est basé sur l'apparition
tardive et la forte déformation de l'étage inférieur de la face
- par hypoplasies condyliennes (hypocondylie unilatérale): elles sont congénitales liées à un
trouble du premier arc branchial
- par ostéïte mandibulaire touchant la condyle
- par ankylose temporo-mandibulaire unilatérale ou "raideur" articulaire précoce
Le diagnostic est posé sur l'apparition précoce et sur les difficultés de déplacement mandibulaire
dans les trois derniers cas.
- latérognathies mandibulaires "essentielles": probablement une origine fonctionnelle (trouble de
l'occlusion; trouble de l'attitude mandibulaire; parfois pulsion linguale latérale)

4.2.3 Les anomalies liées aux grands syndromes malformatifs de l'extrémité


céphalique

Les atteintes faciales:


hémiatrophies ou hémihypertrophies faciales

Le syndrome asymétrique cranio-facial:


Il se définit comme l'asymétrie conjuguée de la base du crâne et de la face. Il se caractérise dans
sa forme complète par les signes cardinaux suivants:
- plagio-céphalie occipitale et frontale alterne
- une dissymétrie faciale avec aplatissement et recul de l'hémiface du côté du recul frontal
- des troubles de l'articulé dentaire avec décalage du point interincisif inférieur par rapport au
supérieur
- une asymétrie de la base du crâne qui est le maître symptôme et se traduit par le recul d'une
hémibase par rapport à l'autre
A ces signes s'associent, mais de façon moins constante, des troubles de la statique vertébrale.

5. Etiopathogénie

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L'étiopathogénie semble être due :
principalement à des troubles fonctionnels pour les problèmes alvéolaires
à des troubles de croissance + problèmes fonctionnels pour troubles basaux.

5.1 Facteurs innés

Héréditaire:
- petit maxillaire : endognathie
- asymétrie base du crâne : latérognathie mandibulaire.

"Une tête dolichocéphale et leptoprosope possède ipso facto des maxillaires étroits, ce qui est une
forme d'endognathie, mais non pathologique car la dolichocéphalie est accompagnée de
dolichognathie, chaque millimètre supplémentaire en longueur comptant double pour l'espace
habitable" (CHATEAU).

Congénitales:
- fentes labio-alvéolaires et palatines (endognathie)
- syndrome oto-mandibulaire
- hypercondylie ou hypocondylie unilatérale (latéro-mandibulie)
- ankylose temporo-mandibulaire unilatérale (latéro-mandibulie)
- hypertrophies congénitales du squelette facial

5.2 Facteurs acquis

Généraux : trauma obstétrical : latéromandibulie


dissymétries post-traumatiques
rachitisme: endognathie maxillaire
séquelles de fractures canines: latéromandibulie
séquelles d'ostéites
Proximolocales:
- muscles: myopathie unilatérale des muscles masticateurs : latérodéviation mandibulaire

- dyskinésies non traitées: latéromandibulie

- langue:
volume: une microglosssie entraîne une endo-alvéolie maxillaire et plus encore
mandibulaire
position basse ( par frein court par exemple) favorise la largeur mandibulaire aux dépens de
la largeur maxillaire, d'où occlusion croisée unilatérale en général (endo-alvéolie ou
endognathie maxillaire)
position haute et postérieure : syndrome de Brodie
proglossie haute, endo-alvéolie maxillaire

- ventilation: insuffisance ventilatoire unilatérale ou bilatérale, qu'elle qu'en soit la cause entraîne
un sous-développement maxillaire, avec endognathie

- déglutition primaire: endoalvéolie ou endognathie maxillaire.

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- mastication: insuffisance qualitative et quantitative de la fonction masticatrice (PLANAS):
endoalvéolie

5.3 Causes locales

Prématurités, interférences : latérodéviation entraînant latérognathie


Absence d'usure des canines
Anomalies du chemin d'éruption.
Parafonctions
Mésiopositions asymétriques supérieures ou inférieures

6. Diagnostic différentiel

Il faut repérer:
- Articulé inversé isolé au niveau d'une dent: signe d'encombrement qui doit faire penser à une
DDM(arcade en lyre)

- Pathologie touchant à la fois la mandibule et le maxillaire

- Pathologie du sens sagittal: le rétablissement des rapports en normocclusion fait disparaître le


trouble transversal

- Mésiopostions molaires qui entraînent une diminution du diamètre transversal

- Agénésies d'une ou de plusieurs dents, symétrique ou non

- Asymétrie faciale

- Diagnostic différentiel entre latérodéviation et latérognathie mandibulaire: les latéropositions


fonctionnelles sont réductibles extemporanément, les latérognathies non

- Diagnostic différentiel entre une anomalie alvéolaire et une anomalie basale à l'aide de
l'examen clinique et radiologique.

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7. Conclusion

L'examen approfondi du sens transversal, notamment par une étude radiologique


tridimensionnelle, est souvent négligée par l'orthodontiste, alors que les formes cliniques sont très
nombreuses et le diagnostic positif, étiologique et différentiel difficile à poser. Pourtant, ceci est
essentiel pour un traitement adéquat, pluridisciplinaiure si nécessaire. L'âge du patient prend ici
une importance supplémentaire: pris suffisament jeune, on pourra éviter qu'une anomalie
cinétique ne se transforme en anomalie morphologique ou encore ne soit à l'origine d'un
problème articulaire.

BIBLIOGRAPHIE

M. CHATEAU:Orthopédie dento-faciale, tome2, Editions CdP, 1993

F. BASSIGNY: Manuel d'orthopédie dento-faciale, 2è édition, Masson, 1991

L'orthodontie française, volume 45, numéro 1, 1974 (consacré aux dissymétries de la face)

Ph. GUGNY: Guide illustré des malformations faciales les plus répendues; Revue d'ODF,
volume24, numéro 4, 1990: p439-463

Revue d'ODF, volume 29, numéro 2, 1995 (consacré au sens transversal: céphalométrie,
croissance transversale du prémaxillaire et incisives maxillaires, thérapeutiques par le CROZAT
et par le QUAD-HELIX)

J. DAHAN: Latéromorphoses mandibulaires, Encyclopédie médico-chirurgicale (Paris), 23472


F10- 2- 1990

J. LOREILLE: Céphalométrie et orthodontie, Editions SNPMD, 1992

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