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ANATOMIE

DES TECHNIQUES
ANESTHÉSIQUES
INTRA-ORALES

Pierre CARPENTIER1
PU-PH
Rufino FELIZARDO1
AHU
Géraldine CLEDES1
CESMO 2ème année

1
Université Paris 7 Denis Diderot
AP-HP, Hôpital Hôtel Dieu, Service
d’Odontologie, Paris

MOTS CLES
Anatomie orale
L e contrôle de la douleur en dentiste-
rie est une nécessité quotidienne dont le
formance dépend avant tout du praticien
qui doit maîtriser un ensemble de
Anesthésie
Nerf alvéolaire inférieur résultat conditionne la faisabilité de l’acte méthodes lui permettant de surmonter
Nerfs alvéolaires supérieurs thérapeutique. Les solutions anesthé- les difficultés liées aux conditions anato-
siques et le matériel dont il a été ques- miques, inflammatoires ou infectieuses
tion précédemment étant aisément des tissus (26, 21). Les techniques
KEY WORDS accessibles, chaque praticien peut d’anesthésie intra-orales reposant toutes,
Oral anatomy
s’équiper pour exécuter une anesthésie sans exception, sur des données anato-
Anesthesia
Inferior alveolar nerve locale dans des conditions optimales. En miques, nous avons choisi de rassem-
Superior alveolar nerves revanche, aucun matériel ne peut rem- bler dans un seul et même chapitre ces
placer une bonne technique et toute ten- deux composantes pour une meilleure
tative de «rattrapage» par l’utilisation de compréhension des protocoles.
volumes plus importants, et/ou de solu-
tions plus concentrées, n’aboutit qu’à L’ANESTHÉSIE
augmenter les risques potentiels sans AU MAXILLAIRE
pour autant améliorer la qualité de l’anes- L’environnement anatomique des dents
thésie (3). Par ailleurs, aucune technique maxillaires étant très propice à l’anesthé-
n’étant universellement efficace, la per- sie, l’injection vestibulaire para-apicale est

REALITES CLINIQUES Vol. 17 n° 2, 2006 pp. 159-176


le plus souvent suffisante. En effet, la sous le contrôle des nerfs alvéolaires
majorité des apex occupe une position postéro-supérieurs qui pénètrent la tubé-
vestibulaire, et l’os présente une corticale rosité, le plus souvent à mi-hauteur, et
mince avec des fenestrations et déhis- se divisent dans l’épaisseur de la paroi
cences. De plus les nerfs alvéolaires osseuse en plusieurs rameaux destinés
supérieurs sont de faible calibre, les aux apex, à l’os et à la muqueuse sinu-
muscles faciaux minces et le maxillaire sienne de ce secteur (fig. 1) (14).
fixe par rapport à la base du crâne. Tout Prenons le cas d’une deuxième molaire
concourt donc à l’obtention d’une anes- dont la divergence radiculaire a permis
thésie efficace, à condition de respecter au sinus de s’insinuer entre les racines
les protocoles usuels et d’éviter les tra- vestibulaires d’un côté et la racine pala-
Fig. 1 - Eléments en rapport vées d’os cortical, telles le pilier maxillo- tine de l’autre. L’anesthésie vestibulaire
avec l’extrémité de l’aiguille zygomatique. L’anesthésie para-apicale para-apicale en regard de cette dent
lors d’une anesthésie tubérositaire.
ne posant pas de réel problème, nous aura peu de chance d’atteindre la racine
1 : artère infra-orbiraire,
2 : branche extra-osseuse de l’artère insisterons essentiellement sur l’intérêt palatine, nécessitant alors un complé-
alvéolaire postéro-supérieure, des blocs anesthésiques maxillaires, peu ment palatin. A l’inverse, l’anesthésie
3 : nerfs alvéolaires utilisés alors qu’ils sont très faciles à réali- tubérositaire, réalisée en amont, bloque-
postéro-supérieurs.
ser et évitent la multiplication des injec- ra tous les rameaux y compris ceux des-
Fig. 2 - Paroi antéro-latérale
tions lorsqu’on souhaite travailler sur plu- tinés aux racines palatines des molaires,
du maxillaire.
Flèches : nerfs alvéolaires sieurs dents adjacentes. rendant exceptionnelle la nécessité d’un
antéro-supérieurs et moyen, complément palatin.
1 : nerf infra-orbitaire, L’anesthésie tubérositaire Pour réaliser cette anesthésie, qui à
2 : fosse canine,
C’est la technique de choix pour le sec- l’avantage d’être parfaitement indolore,
3 : insertion du muscle releveur
de l’angle de la bouche (canin), teur molaire, que l’on souhaite anesthé- la clé du succès tient au dégagement du
4 : processus zygomatique sier une seule dent ou le bloc molaire vestibule molaire pour en favoriser
du maxillaire. dans son ensemble. Les molaires sont l’accès. A cette fin, il est demandé au

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patient d’ouvrir modérément la bouche ge obliquement en bas et en avant dans
et de déplacer la mandibule du côté de l’épaisseur de la paroi antérieure du
l’injection. La visualisation du point sinus maxillaire. Cheminant deux à neuf
d’impact de l’aiguille, de l’axe et de la millimètres sous le foramen infra-orbitai-
profondeur de pénétration est alors par- re, elle croise la partie supérieure de la
faitement contrôlable. On évitera de lon- fosse canine et différencie des branches
ger le périoste, afin de ne pas léser la sinusiennes et dentaires pour les inci-
branche extra-osseuse de l’artère alvéo- sives maxillaires, la canine, et parfois
laire postéro-supérieure dont l’axe pour les prémolaires lorsque le nerf
moyen est sensiblement le même que alvéolaire supérieur moyen fait défaut.
celui de l’aiguille (fig. 1). Pour cela, on Ces branches fines peuvent être anasto-
choisira un point de pénétration mosées avec celles des nerfs alvéolaires
muqueux au fond du vestibule en regard postéro-supérieurs et moyens (27).
de la deuxième molaire, un axe oblique On comprend tout l’intérêt d’une injec-
de 45° par rapport au plan d’occlusion et tion haute dans la fosse canine dont la
une angulation de la seringue de 45° par paroi osseuse est mince et laisse sou-
rapport au plan osseux. La profondeur vent percevoir les éléments nerveux
de pénétration sera fonction de la hau- (fig. 2).
teur du maxillaire, soit en moyenne 15 à Pour cette anesthésie, le patient main-
20 mm. La distance séparant les fora- tient ses arcades dentaires en contact,
mens alvéolaires postéro-supérieurs de tandis qu’une traction de la commissure
la partie la plus basse de la tubérosité labiale vers le haut permet de dégager et
est, dans la majorité des cas, comprise visualiser le vestibule. La palpation de la
entre 10 et 30 mm (14). paroi maxillaire permet d’apprécier son
Quelle que soit la zone anesthésiée, inclinaison, sa hauteur et ses reliefs
l’aspiration avant injection est de règle. caractéristiques. Le point de pénétration
Le processus zygomatique du maxillai- au fond du vestibule se situe en regard
re, constitué d’os compact, limite la pro- de l’apex de la première prémolaire (24),
fondeur du vestibule au niveau de la en arrière du pilier canin mais en avant
première molaire. Pour cette raison, de la seconde prémolaire (située quant à
l’anesthésie tubérositaire doit toujours elle dans l’axe du foramen infra-orbitaire).
être préférée à l’injection para-apicale L’aiguille progresse verticalement, et
pour cette dent. Un complément anes- parallèlement à la paroi osseuse, sur une
thésique en avant du processus zygo- profondeur adaptée à celle du maxillaire
matique est parfois nécessaire, la racine (soit en moyenne 15 à 20 millimètres
mésio-vestibulaire étant sous la dépen- pour un maxillaire de 4 à 5 centimètres
dance du nerf alvéolaire supérieur de hauteur). L’aspiration est de règle, la
moyen dans 28 % des cas (20). veine faciale et des branches de l’artère
infra-orbitaire croisant
Anesthésie du bloc incisivo-canin cette zone. Cette proximité
Elle peut être obtenue de façon conven- vasculaire explique par TABLEAU I - DISTANCE SÉPARANT LES
tionnelle par une injection vestibulaire, ailleurs le blanchiment fré- FORAMENS ALVÉOLAIRES POSTÉRO-
mais aussi comme nous le verrons par la quent des téguments SUPÉRIEURS DE LA PARTIE LA PLUS BASSE
suite, par une injection palatine. Le bloc observé dans cette zone DE LA TUBÉROSITÉ SELON HEASMAN (14)
incisivo-canin est innervé par le nerf après injection (fig. 3). Di stance verticale (mm) Nombre de cas
alvéolaire antéro-supérieur, qui se 0-10 2
détache du nerf infra-orbitaire, cinq à La voie palatine 11-20 13
vingt millimètres avant son débouché au En première analyse cette 21-30 19
foramen homonyme. Cette branche, approche peut sur- 31-40 5
dont le diamètre peut représenter le tiers prendre, mais elle a fait 41-50 1
à la moitié du nerf infra-orbitaire, se diri- l’objet de plusieurs publi-

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Fig. 3 - Eléments vasculaires cations ces dernières années, son avan- L’utilisation du Wand Plus® pour cette
en rapport avec l’extrémité tage principal étant d’éviter l’anesthésie anesthésie permettrait d’obtenir une
de l’aiguille dans le secteur labio-naso-jugale qui est habituelle dans douleur moindre lors de l’injection (25 %
prémolaire.
1 : veine faciale, toutes les techniques vestibulaires (8, 9, versus 42 % conventionnelle), ainsi
2 : artère infra-orbitaire. 10). Elle est préconisée lors de restaura- qu’une efficacité supérieure (35 % à 58 %
Fig. 4 - Injection intra-artérielle tions du secteur antérieur, permettant pour le Wand Plus® versus 20 % à 42 %
de latex vert. La muqueuse palatine alors d’harmoniser la forme de contour conventionnelle) (28, 29).
est sectionnée en regard de la canine des dents et la situation de leur bord libre Cette technique présente donc des
et réclinée pour visualiser l’artère
grande palatine et les orifices avec la ligne du sourire, ou lorsque le avantages, mais il semblerait toutefois
vasculaires palatins. patient doit assumer des obligations que l’installation de l’anesthésie soit
Position de l’aiguille socio-professionnelles qui l’amènent, par lente, que le taux de succès concernant
dans la technique d’anesthésie exemple, à s’exprimer en public immé- la première prémolaire, la canine et l’inci-
palatine du nerf alvéolaire
supérieur moyen. diatement après une séance de soins. sive latérale reste relativement faible, et
Cette technique peut être mise en que l’anesthésie de l’incisive médiale et
œuvre avec du matériel d’injection de la seconde prémolaire soit encore
conventionnel, ou à l’aide d’injecteurs plus aléatoire (19). Cette technique ne
électroniques automatiques permettant peut donc à notre sens constituer une
de programmer la vitesse d’injection, alternative à la voie vestibulaire, son
tels l’Anaeject ou le Wand (11). champ d’application étant trop restreint.
Dans cette approche, le point de péné-
tration de l’aiguille est situé à mi-distan- L’incisive médiale
ce entre la suture palatine médiane et le Il n’est pas exceptionnel de rencontrer
collet des prémolaires. Après aspiration, des difficultés à anesthésier cette dent,
un volume de solution anesthésique même en l’absence d’inflammation pul-
allant de 0,9 à 1,8 ml (9, 11) est injecté paire. Plusieurs facteurs concourent à
lentement, la diffusion à travers l’os cet état de fait. Tout d’abord, l’apex de
maxillaire se faisant via les nombreux l’incisive médiale est en étroit rapport
orifices vasculaires palatins (fig. 4). avec l’épine nasale antérieure où

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convergent la pointe du vomer et le plan- te au fond du vestibule 5 à
cher nasal. Cet éperon d’os compact est 10 millimètres en dehors de
relié au cartilage de la cloison nasale par la ligne de réflexion
de puissants ligaments qui s’étendent muqueuse pour rechercher
plus ou moins latéralement (fig. 5). la limite du contact osseux,
L’injection dans ce paquet fibreux est dou- c’est-à-dire le bord inférieur
loureuse, nécessitant une forte pression de l’orifice piriforme. A ce
sur le piston de la seringue, et ne permet stade, la seringue est bas-
pas de déposer une quantité suffisante de culée horizontalement
solution. Pour éviter cela, il est d’usage de pour progresser au contact
déporter le point d’injection vers l’apex de du plancher nasal sur une 5
l’incisive latérale, mais cela ne suffit pas longueur d’environ 5 mm,
toujours à obtenir une anesthésie profon- avant de déposer 0,3 ml de
de. Il est possible que les nerfs naso-pala- solution par côté. Fig. 5 - Secteur incisivo-canin
maxillaire.
tins, descendant de part et d’autre de la
cloison nasale avant de s’engager dans le L’ANESTHÉSIE 1 : insertions fibreuses du cartilage
de la cloison nasale sur l’épine nasale
canal incisif, contribuent à ces difficultés À LA MANDIBULE antérieure,
anesthésiques. Cependant, leur anasto- L’anesthésie des dents mandibulaires 2 : insertion du muscle abaisseur
du septum nasal (myrtiforme).
mose avec le plexus incisif n’a pas été doit être abordée de façon sectorielle, les
Position de l’aiguille pour anesthésier
anatomiquement démontrée. conditions environnementales étant très la 11.
En présence d’un échec, il est recom- différentes selon les sites considérés. Au
mandé dans un premier temps d’infiltrer plan osseux, le secteur incisivo-canin
le vestibule de l’autre côté du frein bénéficie de conditions comparables à
labial, puis la papille inter-incisive, du l’os maxillaire, mais l’innervation y est
côté vestibulaire puis du côté palatin. plus complexe du fait des suppléances
Cette progression permet d’aborder la potentielles. Le secteur prémolaire offre
papille incisive pour pénétrer dans le un orifice naturel, le foramen mentonnier,
canal incisif sur une profondeur d’envi- à travers lequel la solution anesthésique
ron 5 millimètres. La forme du canal peut migrer en direction des apex des
dépend des rapports du vomer avec les dents bordantes. Le secteur molaire pré-
berges osseuses maxillaires au cours sente, quant à lui, un étui cortical épais
de l’organogenèse : le canal est en Y si qui limite la diffusion de l’anesthésie et
l’interposition vomérienne est modérée, exige selon la nature et la durée de l’acte
tandis que l’on observe deux canaux envisagé, soit un bloc du nerf alvéolaire
parallèles en cas d’interposition complè- inférieur, soit une technique intra-osseu-
te. Dans ces deux configurations, on se, et bien souvent les deux si une anes-
peut donc rencontrer un obstacle thésie pulpaire est recherchée.
médian, d’où l’intérêt de progresser
avec une aiguille fine en longeant les Le secteur incisivo-canin
murs latéraux du canal, le biseau de Cette région est caractérisée par la min-
l’aiguille faisant face à l’os. Il n’est pas ceur du processus alvéolaire dont la table
nécessaire d’atteindre le plancher nasal, vestibulaire présente parfois des fenes-
une injection de 0,3 ml dans le canal dif- trations et des déhiscences.
fusant en direction des cavités nasales. Les apex occupant une position vestibu-
Une autre technique proposée par Gaudy laire, l'anesthésie para-apicale dans le
(12) consiste à anesthésier le seuil nari- vestibule est le plus souvent efficace,
naire à partir du vestibule maxillaire. Une sous réserve de bien contrôler la profon-
première infiltration est réalisée de part et deur de pénétration de l'aiguille dont la
d’autre du frein en regard des apex des pointe doit se situer en regard des apex.
incisives médiales et un massage est Une pénétration trop profonde est la
pratiqué. L’aiguille est à nouveau introdui- première source d’échec, car l’os basal

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Fig. 6 - Innervation des incisives à ce niveau possède une corticale très laire au niveau des incisives, avec croi-
controlatérales épaisse qui s’opposera à la diffusion de sement de la ligne médiane, a en effet
d’après Wadu et al. (36).
l'anesthésie. été observée dans 40 % des cas étudiés
Fig. 7 - Nerf du mylo-hyoïdien
et du ventre antérieur du digastrique
Pour développer une stratégie concrète (8 sur 20) par Pogrel et al. (31). L’inner-
pénétrant la corticale linguale face à un échec dans ce secteur, pre- vation des incisives pouvant être homo
(flèches). nons l’exemple d’une 42 qui, suite à comme controlatérale par cette voie,
l’injection d’une demi-cartouche dans le l’anesthésie de ces dents est inconstante
vestibule, n’est pas anesthésiée. lors d’une anesthésie loco-régionale au
La première démarche consistera à foramen mandibulaire (40). L’anesthésie
injecter le vestibule de l’autre côté du de l’incisive médiale est obtenue dans
frein labial, en regard de la 31, l’anes- 39 % des cas avec une anesthésie loco-
thésie de l’incisive médiale controlatéra- régionale unilatérale, et dans 66 % des
le suite à une injection para-apicale uni- cas lorsqu’elle est réalisée bilatérale-
latérale ayant été rapportée par certains ment (40). Dans ces mêmes conditions,
auteurs (39). Ces données cliniques ont l’anesthésie de l’incisive latérale passe
reçu le support anatomique des travaux de 50 % à 74 %, ce qui démontre une
de Wadu et al. (36) qui, sur 6 mandi- innervation croisée des incisives, sans
bules, observent 5 cas de franchisse- que l’on sache si elle résulte des nerfs
ment de la ligne médiane par des incisifs ou mentonniers.
rameaux du nerf incisif en direction de Ce modèle théorique vise à expliquer la
l’incisive médiale controlatérale. complexité de l’innervation mentonnière.
Si l’anesthésie n’est toujours pas instal- On peut s’en absoudre dans le cas d’un
lée, on réalisera alors un complément soin ponctuel et préférer une anesthésie
lingual, de part et d’autre du frein, en intra-osseuse. Par contre, il prend toute
regard des incisives latérales afin d’évi- sa valeur en chirurgie si un prélèvement
ter d’injecter dans le muscle génio-glos- osseux ou l’exérèse d’un kyste menton-
se. Cette injection vise à bloquer l’éven- nier est envisagé.
tuelle suppléance du nerf du mylo-hyoï-
dien et du ventre antérieur du digas- Le secteur prémolaire
trique qui, dans 50 % des cas pénètre la L'anesthésie au foramen mentonnier a
mandibule dans ce secteur et s’anasto- des indications assez limitées, mais peut
mose avec le plexus incisif (22) (fig. 7). s'imposer dans certains cas comme la
Enfin, si la douleur persiste, il faudra technique de choix. C’est une anesthésie
envisager le bloc des deux nerfs men- intra-osseuse qui utilise un orifice naturel
tonniers. Une réentrée des neurofibres comme voie de diffusion. Il est largement
dans le périoste et l’os alvéolaire vestibu- admis aujourd'hui que la pénétration d'un

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foramen ou d'un canal osseux avec une
aiguille n'est pas recommandée en raison
des risques de lésion des pédicules vas-
culo-nerveux, même si la réparation est
le plus souvent totale en quelques jours.
Il est donc préférable de déposer un tiers
de cartouche à proximité du foramen
mentonnier et de procéder à un massage
pendant deux minutes pour favoriser la
migration de la solution vers l'os spon-
gieux (24). L’absence de pénétration du
foramen s’avère moins efficace pour
anesthésier la seconde prémolaire et la
canine, mais il n’y a pas de différence 8
significative entre ces deux approches
pour la première prémolaire, les neuro-
fibres destinées à cette dent étant les
plus proches du foramen (18). Elle est combinaison permet d’augmenter le Fig. 8 - Innervation des prémolaires
innervée par une branche récurrente du taux de réussite. Pour une revue plus selon Wadu et al. (36).
nerf mentonnier qui retourne dans la large, concernant notamment la tech- 1 : branche issue du nerf alvéolaire
inférieur,
mandibule par le foramen, tandis que la nique de Gow-Gates (13), le lecteur 2 : branche issue d’un rameau
deuxième prémolaire est majoritairement pourra consulter des traités plus déve- dentaire,
innervée par des fibres issues du nerf loppés (12, 24). 3 : branche issue du nerf incisif.
alvéolaire inférieur avant sa division en Il est possible que la branche 2
nerfs mentonnier et incisif (36) (fig. 8). L’ANESTHÉSIE AU ne soit pas bloquée
par une anesthésie au foramen
L’anesthésie de la première prémolaire FORAMEN MANDIBULAIRE mentonnier.
constitue la véritable indication de la Longtemps désignée sous le terme
technique, qui nécessite toujours une d’anesthésie à l’épine de Spix, alors
localisation du foramen mentonnier par que son principe est avant tout de l’évi-
une radiographie rétro-alvéolaire, étant ter, cette méthode connaît plusieurs
donné la grande variabilité de sa posi- variantes dont certaines sont hasar-
tion (5). L’approche avec l’aiguille se deuses quant à leur précision. Dans
fera de l’arrière vers l’avant, de même notre pratique, nous restons fidèles à la
que le massage qui devra être utilisé en méthode anatomique décrite par Jor-
première intention, avant d’envisager gensen et Hayden (17) car elle offre à
une pénétration dans le foramen. Il est notre sens la plus grande reproductibili-
à noter que le massage augmente té. Elle nécessite cependant une aptitu-
l’absorption de l’anesthésique dans le de à corréler l’anatomie palpatoire et la
torrent circulatoire (24). représentation spatiale des structures
acquises dans les ouvrages d’anatomie
Le secteur molaire clinique ou, ce qui est préférable, en
Les techniques intra-osseuses (7, 33), observant un crâne sec.
qui connaissent une grande vogue
aujourd’hui et nécessitent un matériel La cible
spécifique, seront décrites dans le cha- Pour bien intégrer le principe de cette
pitre suivant. Nous aborderons essen- technique, il faut revenir à l’anatomie en
tiellement les blocs du nerf alvéolaire observant tout d’abord une mandibule
inférieur dans la fosse infra-temporale prise isolément. La face médiale de la
(ptérygo-maxillaire), en nous limitant branche mandibulaire présente au-des-
volontairement à la description des deux sus du foramen mandibulaire (entrée du
techniques les plus accessibles dont la canal mandibulaire) une dépression ova-

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laire dont le grand axe oblique en haut et rond), lui-même situé en arrière du fora-
en arrière est orienté en direction du col men ovale. Ce montage permet de
mandibulaire (fig. 9). visualiser le bord antérieur du ligament
Elle est bordée en avant par une crête sphéno-mandibulaire, et donc la porte
mousse qui naît juste au-dessus de la d’accès à la cible. Si on souhaite parfai-
lingula (épine de Spix) et gagne le col re le montage, il suffit de le compléter en
condylien, tandis que son bord posté- ajoutant un deuxième fil entre l’épine du
rieur issu de l’antilingula rejoint celui de sphénoïde et l’antilingula. On visualise
la branche mandibulaire. Cette dépres- alors la largeur du ligament sphéno-
sion, désignée sous le terme de «Groo- mandibulaire à son insertion sur la man-
ve of the mandibular neck» dans la litté- dibule et l’angle qu’il réalise avec le plan
rature anglo-saxone, constitue l’endroit osseux (fig. 10). Ce ligament, qui consti-
idéal pour déposer la solution anesthé- tue la limite postérieure du fascia ptéry-
sique sans léser le pédicule alvéolaire goïdien (aponévrose inter-ptérygoïdien-
inférieur, puisqu’elle ne correspond pas ne), est constant. C’est un reliquat
à l’empreinte de ce dernier. fibreux du cartilage du premier arc (Mec-
En poursuivant l’observation, on kel) avec lequel nous devons composer
remarque que le bord antérieur de la pour obtenir une anesthésie efficace du
mandibule, toujours vif et saillant, pré- nerf alvéolaire inférieur.
sente une concavité. En calant le pouce La solution doit être déposée dans
dans la partie la plus profonde de ce l’entonnoir anatomique formé par le liga-
bord, on constate qu’une droite passant ment sphéno-mandibulaire en dedans,
par le milieu de l’ongle, passe égale- et la branche mandibulaire en dehors.
ment 5 millimètres au-dessus de la lin- On comprend que l’angle entre ces deux
gula, et que l’extrémité du pouce vient structures peut être plus ou moins fermé
au contact de la crête temporale. En selon la typologie du patient et qu’il est
piquant immédiatement en arrière du préférable, pour être certain de franchir
pouce, la pointe de l’aiguille est désor- la porte d’accès, d’être au contact
Fig. 9 - Face médiale de la branche mais située sur la face médiale de la osseux et de préférence plus haut que
mandibulaire. Une aiguille croisant branche mandibulaire. En poursuivant plus bas.
la partie la plus profonde du bord mentalement le chemin de l’aiguille, on Enfin, il n’est pas suffisant de déposer la
antérieur, parallèlement au plan
d’occlusion mandibulaire, passe comprend que le contact osseux établi solution anesthésique au bon endroit :
en moyenne 5 millimètres au-dessus en arrière de la crête temporale va dis- encore faut-il qu’elle y reste. Si une car-
de la lingula et surplombe le foramen paraître dès que la pointe franchira la touche est injectée en trente secondes
mandibulaire. limite antérieure de la cible évoquée et que le patient ferme la bouche, avale
précédemment. Cette perte du contact sa salive, parle, se rince, etc… la solu-
osseux atteste du bon positionnement tion n’est plus à l’endroit où elle a été
de l’aiguille car son extrémité surplombe déposée. Cet effet «essuie-glace» du
alors le foramen mandibulaire. ligament sphéno-mandibulaire et de la
Pour compléter l’analyse, il faut disposer musculature bordante explique que des
du bloc crânio-facial correspondant de branches du nerf maxillaire soient par-
préférence à la mandibule observée, et fois anesthésiées à la place des dents
articuler les deux pièces en plaçant les mandibulaires !
têtes mandibulaires dans les fosses cor- Pour que la solution reste au contact du
respondantes. L’idéal serait de fixer la tronc nerveux, il est impératif que la
mandibule en position d’ouverture, mais durée d’injection soit de deux minutes
ceci est plus difficile à réaliser et apporte pour une cartouche. Ce point s’ajoute
peu au propos. On tend ensuite un fil en aux arguments utilisés classiquement
fixant une extrémité sur la lingula et pour justifier une injection lente, tels les
l’autre sur l’épine du sphénoïde située effets systémiques liés à la toxicité des
9 en arrière du foramen épineux (petit solutions anesthésiques.

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Il faut savoir perdre du temps à l’injec- La réalisation technique Fig. 10 - Modélisation sur crâne sec
du ligament sphéno-mandibulaire
tion pour en gagner ensuite. Le patient placé en décubitus est invité à et vue anatomique de ce même
ouvrir la bouche pour permettre l’obser- ligament.
La voie d’accès vation et la palpation de la zone. Fig. 11 - Voie d’accès au pédicule
Tous les blocs anesthésiques du nerf alvéolaire inférieur bordée par :
alvéolaire inférieur utilisent la même Les repères muqueux 1. le muscle ptérygoïdien médial,
2. le tendon profond du muscle
voie d’accès à la fosse infra-temporale Même s’ils sont inconstants et variables temporal,
(fosse ptérygo-maxillaire), seules les d’un patient à l’autre, ils constituent des 3. le tendon superficiel du muscle
hauteurs et les axes de pénétration dif- indicateurs permettant d’éviter des temporal,
erreurs grossières, mais doivent tou- 4. le masseter,
fèrent. 5. le nerf lingual dans la partie basse
Deux muscles masticateurs principaux jours être corrélés aux repères osseux, du défilé.
bordent l’accès à la cible définie précé- qui sont de loin les plus fiables.
demment, le ptérygoïdien médial en Le ligament ptérygo-mandibulaire, insé-
dedans, et la pars orbitalis du muscle ré sur l’hamulus (crochet du processus
ptérygoïde) descend obliquement en
temporal, que nous désignerons clini-
bas, en avant et en dehors pour s’insé-
quement sous le terme de tendon pro-
rer vestibulairement sur la crête bucci-
fond du temporal, latéralement (fig.11).
natrice, située au-dessus de la ligne
Dans ce défilé intermusculaire, le nerf
oblique (ligne oblique externe). Ce liga-
lingual chemine au contact du muscle
ment qui croise le bord antérieur du pté-
ptérygoïdien médial. En effet, il est situé
rygoïdien médial de dedans en dehors
en dedans du ptérygoïdien latéral, tan-
n’est pas constant. Il correspond à une
dis qu’il contourne médialement en aval zone d’inflexion du plan musculaire buc-
l’insertion mandibulaire du constricteur cinato-pharyngé et marque la limite ana-
supérieur du pharynx pour rejoindre le tomique entre le faisceau ptérygo-man-
plancher oral. Le nerf lingual étant en dibulaire du constricteur supérieur du
quelque sorte détourné de sa trajectoire pharynx et le buccinateur qui le prolon-
directe par le muscle ptérygoïdien ge, ces deux éléments appartenant à la
médial, il est plus proche de celui-ci que même nappe musculaire.
du tendon profond du temporal. Pour Lorsque ce ligament est présent et
éviter la blessure du tronc nerveux, il sous-tend la muqueuse, il apporte une
est donc préférable de situer l’aiguille indication concernant le point de péné-
immédiatement en dedans du tendon tration de l’aiguille (fig. 12). Après avoir
profond et suffisamment haut dans le calé l’extrémité du pouce dans la partie
défilé intermusculaire. la plus profonde du bord antérieur de la

P. CARPENTIER et al. 167


12 13

Fig. 12 - Le point de pénétration mandibule, on évalue la distance sépa- La pénétration


muqueux se situe aux deux tiers L’aiguille doit avoir une longueur et un
rant le ligament du bord antérieur. Le
de la distance séparant le ligament
ptérygo-mandibulaire du bord point de pénétration se situe habituelle- diamètre suffisants, respectivement de
antérieur de la branche mandibulaire ment au tiers de cette distance mesurée l’ordre de 35 mm et de 0,5 mm (25
matérialisé par l’extrémité du doigt. à partir du ligament et donc toujours en gauge). Nous ne rentrerons pas dans le
Fig. 13 - Vue médiale de la branche
dehors de lui (24). débat hexagonal des aiguilles souples
mandibulaire après résection ou rigides qui repose plus sur des sen-
du muscle ptérygoïdien médial.
sations et des pratiques personnelles
1: masséter, Les repères osseux
2 : tendon superficiel du temporal, que sur des données scientifiquement
Nous ne reviendrons pas sur les repères
3 : tendon profond du temporal, contrôlées. Pour s’en convaincre, il suffit
4 : nerf lingual, osseux évoqués précédemment si ce
de constater que les adeptes des
5 : nerf alvéolaire inférieur, n’est pour préciser que leur identification
6 : artère alvéolaire inférieure,
aiguilles rigides ont une pratique chirur-
est incontournable, même si elle est moins gicale prédominante voire exclusive,
7 : ligament sphéno-mandibulaire
dont la partie antérieure aisée in vivo que sur l’os sec. Le bord qu’ils ont été formés et qu’ils opèrent le
a été réséquée. antérieur de la mandibule reçoit l’insertion plus souvent au bloc opératoire à l’hôpi-
tendineuse de la pars temporalis du tem- tal où les seringues à cartouche ne sont
poral et celle du faisceau zygomatico- généralement pas disponibles.
mandibularis. Ces deux éléments fusion-
nant au bord antérieur de la mandibule Faut-il «tracer»
sans qu’il soit possible de les discriminer ou ne pas «tracer» ?
par la palpation, nous les désignerons glo- La muqueuse ayant été préalablement
balement sous le nom de tendon superfi- séchée à l’aide d’une compresse et badi-
ciel du temporal. La minceur de ce tendon geonnée d’anesthésique de contact, sa
fait que le bord antérieur est toujours per- traversée et celle du buccinateur qui lui
est accolé est peu douloureuse. Le cou-
ceptible, même à travers l’épaisseur de la
loir entre le ptérygoïdien médial et le ten-
muqueuse et du buccinateur (fig. 13). A
don profond du temporal étant plus ou
l’inverse, le tendon profond du temporal
moins étroit, il faut éviter de tracer lorsque
masque très souvent par son épaisseur le l’aiguille pénètre plus en profondeur car il
relief de la crête temporale et reste l’élé- est fréquent d’embrocher au passage les
ment difficile à appréhender. Avec un peu myofibres bordant ce défilé. Les anesthé-
de pratique, on perçoit son relief à l’extré- siques injectés dans le muscle induisant
mité du pouce. Il suffit alors de piquer cinq une nécrose localisée, il nous semble pré-
millimètres en arrière et de pénétrer férable de traverser sans injecter pour évi-
jusqu’à l’obtention d’un contact osseux. ter une myosite secondaire source de tris-

REALITES CLINIQUES Vol. 17 n° 2 2006


168
mus. Par contre, on réalise au contact avant d’injecter très lentement la totalité
osseux, un bouton anesthésique (0,1ml) de la cartouche. Le matériel doit per-
permettant, si nécessaire, de réorienter la mettre cette aspiration d’une seule main,
seringue, sans douleur lorsque l’angle afin de conserver les repères anato-
d’attaque de la branche mandibulaire est miques pour la séquence suivante.
trop fermé et bloque la progression de
l’aiguille. Il est préférable de diriger la Complément buccal
seringue dans l’axe de la seconde prémo- Nous réalisons systématiquement, dans
laire, voire de la première molaire, car il la foulée, un bloc anesthésique du nerf
est toujours plus aisé de corriger l’axe de buccal à l’aide d’une autre seringue
l’arrière vers l’avant qu’inversement. Le équipée d’une aiguille de plus faible lon-
biseau doit être placé face à l’os pour gueur (17 millimètres). Celle-ci aura été
favoriser le glissement et autoriser au préparée préalablement pour être dispo-
besoin une correction automatique de tra- nible dès le retrait de la précédente, ce
jectoire par une légère déflexion de qui permet au praticien de maintenir le
l’aiguille. Ce contact osseux fuyant dispa- repère du bord antérieur de la branche
raît fréquemment lorsque la profondeur de mandibulaire et d’éviter que le patient ne
pénétration atteint 20 millimètres et il ne ferme la bouche, prolongeant d’autant
faut surtout pas chercher à le retrouver. l’imprégnation du nerf alvéolaire infé-
Cette perte de contact atteste du bon posi- rieur par la solution anesthésique.
tionnement de l’aiguille car elle correspond Un léger retrait du pouce permet de pla-
au franchissement de la crête mousse qui cer l’extrémité du doigt sur le bord anté-
borde antérieurement la cible visée. Il n’est rieur et de piquer immédiatement en
pas impératif d’ajuster la profondeur de arrière pour injecter 0,5 ml en dehors de
pénétration à 25 millimètres, sauf si la la crête temporale. Le nerf buccal, qui
perte de contact n’a pas été perçue. descend le long du bord antérieur du
On peut certes reprocher à cette tech- tendon profond du temporal, se dégage
nique anatomique de provoquer une éra- du fascia à ce niveau et se dirige en bas
flure périostée sur une longueur de et en avant, parcourant la face externe
quelques millimètres. Cet argument est du buccinateur. Dès qu’il émerge du
d’ailleurs souvent avancé pour justifier temporal, le nerf buccal traverse un tissu
une méthode qualifiée de «directe», qui fibreux plus ou moins dense qui amarre
consiste à atteindre le foramen mandibu- latéralement le fascia buccinato-pharyn-
laire en visant à mi-distance entre le bord gé au pied de la branche mandibulaire
antérieur et le bord postérieur de la et écarte le muscle buccinateur des
branche mandibulaire saisis entre le molaires mandibulaires. A ce niveau, le
pouce et l’index. Au-delà du caractère nerf buccal détache de fins rameaux
plus aléatoire de cette méthode au plan descendants qui rejoignent le périoste
anatomique, le risque d’embrocher le nerf du vestibule molaire mandibulaire. Cer-
lingual et le pédicule vasculo-nerveux tains peuvent pénétrer l’os et rejoindre
alvéolaire inférieur est évident. Pour cette le plexus alvéolaire inférieur, ce qui vient
raison, nous préférons aborder la zone supporter les données cliniques démon-
en longeant la paroi osseuse, pour situer trant que l’anesthésie du nerf buccal
l’aiguille en dehors de ces éléments et du améliore significativement l’efficacité du
ligament sphéno-mandibulaire. bloc alvéolaire inférieur (fig. 14). C’est
d’ailleurs l’argument utilisé pour expli-
Aspiration et injection quer la plus grande efficacité des tech-
Lorsque la bonne profondeur de péné- niques hautes d’Akinosi et de Gow-
tration est atteinte et que l’extrémité de Gates qui, selon leurs auteurs, bloque-
l’aiguille surplombe le foramen mandibu- raient à la fois le nerf alvéolaire inférieur
laire, une aspiration doit être réalisée et le nerf buccal (1) .

P. CARPENTIER et al. 169


nine, prostaglandines) sensibilisant les
récepteurs spécifiques des fibres nocicep-
tives en modifiant leur activité fonctionnelle
(voir article de Y. Boucher). Il est démontré
que la suppression de la douleur requiert
l’association de deux conditions : une
14 concentration suffisante de l’anesthésique
au contact du tronc nerveux, et une lon-
gueur suffisante du tronc nerveux au
contact de la solution (3 cm). On constate
que ces deux exigences sont antago-
Fig. 14 - LA TECHNIQUE
1 : nerf buccal, nistes. En effet, si une injection lente favo-
2 : rameau pénétrant la corticale D’AKINOSI (2)
rise la concentration de la solution à un
de la fosse rétro-molaire.
Cette technique n’a pas été l’objet d’un endroit précis, comme dans le bloc alvéo-
soutien médiatique comparable à celui laire inférieur décrit précédemment, à
dont a bénéficié la technique de Gow- l’inverse, une injection rapide, comme le
Gates, considérée comme la grande nou- préconise Gow-Gates (13), favorise la dif-
veauté du siècle précédent en matière fusion et donc la longueur de nerf exposé.
d’anesthésie loco-régionale des dents Cela se traduit par une concentration
mandibulaires (23). moindre, nécessitant le recours à un plus
Elle mérite pourtant tout notre intérêt, cer- grand volume d’anesthésique. On com-
tains praticiens l’ayant d’ailleurs adoptée prend alors l’intérêt de combiner les tech-
définitivement à la place de la méthode niques en cas d’échec, en associant à un
classique décrite précédemment. bloc alvéolaire inférieur classique, une
Ses avantages sont multiples. Le premier injection de type Akinosi ou Gow-gates,
est sa simplicité de mise en œuvre en plutôt que de renouveler une seule et
l’absence d’une grande culture anato- même technique.
mique. De surcroît, elle est peu douloureu-
se (25) et peut surtout être pratiquée en Mise en œuvre
présence d’une ouverture buccale très Le matériel nécessaire est identique à
limitée. Ce dernier critère la rend incon- celui recommandé pour un bloc alvéolai-
tournable, car elle est la seule à permettre re inférieur classique, soit une aiguille
une anesthésie des dents mandibulaires d’une longueur de 35 mm et d’un dia-
dans ce contexte, entraînant souvent la mètre de 0,5 mm. La seule difficulté ren-
levée d’un trismus d’origine réflexe. contrée réside dans la visualisation du
Signalons qu’il est possible d’obtenir le point d’impact de l’aiguille au fond du
même résultat en anesthésiant d’abord le vestibule maxillaire, les dents étant en
nerf massétérin par voie extra-orale au occlusion. Pour faciliter cette étape, on
niveau de l’incisure mandibulaire (échan- demande au patient d’effectuer un mou-
crure coronoïde). Il faut toutefois éviter vement de latéralité du côté de l’injec-
d’injecter en sous-cutané pour ne pas blo- tion, tout en gardant des contacts inter-
quer les rameaux frontaux et zygoma- arcades. On repère avec l’index le bord
tiques du nerf facial, même si la paralysie antérieur du processus coronoïde, puis
n’est que passagère. on aligne l’aiguille le long de la ligne
La technique d’Akinosi est également muco-gingivale maxillaire, le corps de la
intéressante en cas d’échec d’un bloc seringue au contact du processus zygo-
alvéolaire inférieur classique. matique du maxillaire. La pénétration
En présence d’une pulpite, l’obtention du s’effectue en dedans du processus coro-
silence opératoire sera plus difficile à obte- noïde et donc du muscle temporal, sans
nir que chez un patient asymptomatique, douleur et sans aucune résistance, sur
les médiateurs de l’inflammation (bradyki- une profondeur maximale de 20 milli-

REALITES CLINIQUES Vol. 17 n° 2 2006


170
mètres en veillant à bien rester au
contact du maxillaire. Après aspiration,
une cartouche est injectée lentement.
Aucun contact osseux n’est recherché
dans cette technique, ce qui peut sem-
bler déroutant au premier abord. 15

LA TECHNIQUE
DE GOW-GATES (13)
Dans un article paru en 1982 (4), nous
évoquions les avantages de la technique
de Gow-Gates et la nécessité de son
enseignement au cours de la formation
initiale des chirurgiens-dentistes, nous
référant à l’étude de Malamed, consa-
crée à son évaluation (23). Cet enthou-
siasme initial s’est progressivement
estompé, et celà pour deux raisons. La
première est liée à la difficulté d’appren-
tissage de la technique, qui nécessite de
16
corréler les repères extra-oraux et intra-
oraux pour déposer précisément l’anes-
thésique au niveau du col mandibulaire,
expliquant que les résultats obtenus en
phase d’initiation s’avérent souvent DISCUSSION Fig. 15 - Position de l’aiguille
moins bons que ceux obtenus par la ET CONCLUSION dans la technique d’Akinosi.
technique classique. Un guide extra-oral La littérature consacrée aux techniques Fig. 16 - Rapports de l’aiguille
dans la technique de Gow-Gates.
a d’ailleurs été conçu pour pallier cet d’anesthésie intra-orale est étendue et 1. artère maxillaire,
inconvénient. Si son utilisation porte le souvent contradictoire. Nous limiterons 2. artère alvéolaire inférieure,
taux de réussite de 77,5 % à 97,5 % et volontairement cette revue à l’anesthésie 3. artère massétérine,
minore l’effet de l’expérience du praticien des molaires mandibulaires, qui repré- 4. artère petite méningée,
5. nerf alvéolaire inférieur,
(16), la mise en place du dispositif nous sente la principale cause d’échec en pra- 6. nerf lingual,
paraît constituer une source non négli- tique quotidienne, en comparant les blocs 7. muscle ptérygoïdien médial,
geable d’inquiétude pour le patient. anesthésiques du nerf alvéolaire inférieur 8. lame latérale du processus
La seconde raison relève des données de (l’anesthésie directe «classique», la tech- ptérygoïde.
la littérature, dont certaines révisent à la nique d’Akinosi et la technique de Gow-
baisse son efficacité, sans parler des Gates). Les techniques complémentaires
erreurs gestuelles conduisant à des injec- intra-osseuses, dont l’apport est essentiel
tions intra-musculaires ou intra-articulaires. pour obtenir dans certaines situations un
Cette technique est certainement plus opé- contrôle total de la douleur, seront abor-
rateur-dépendante que les autres, expli- dées dans un autre chapitre.
quant qu’elle puisse donner d’excellents Une première remarque concerne la dif-
résultats dans des mains expertes et des ficulté à comparer les études entre elles.
performances moindres dans le cas inver- En effet, les protocoles diffèrent par plu-
se. Watson (37), qui a établi le support sieurs variables : les volumes et la natu-
anatomique de cette technique, évoque re des solutions, la présence ou non de
les barrières mentales des cliniciens face à vasoconstricteur et leurs concentrations,
de nouveaux concepts anesthésiques qui le matériel utilisé, le type de seringue (à
se trouvent à l’opposé des données anato- aspiration automatique ou manuelle), la
mo-cliniques classiques enseignées dans taille des aiguilles et la méthode d’éva-
les facultés (38). luation de la douleur. De plus, de nom-

P. CARPENTIER et al. 171


breuses variantes sont regroupées sous l’ouverture d’une chambre pulpaire en
le terme de bloc alvéolaire inférieur «clas- présence d’une pulpite.
sique» (technique anatomique, technique Les études comparant la technique
directe et technique antérieure). «classique» à la technique d’Akinosi sont
Il est cependant possible d’isoler certains les plus fréquentes. Un seul article compa-
critères de jugement communs permet- re la technique de Gow-Gates à la tech-
tant une lecture comparative. Ce sont nique «classique» de même qu’une seule
notamment la fréquence d’aspiration posi- étude compare les trois techniques selon
tive, le pourcentage d’anesthésie de la un protocole expérimental satisfaisant (35).
lèvre inférieure obtenu cinq minutes après
l’injection, l’efficacité anesthésique (fré- Aspiration positive
quence d’échec et nécessité d’un complé- Quelle que soit l’étude, l’aspiration positive
ment buccal) et la douleur à l’injection. est retrouvée majoritairement dans les
Depuis 1986, seules six études permet- techniques classiques : son taux de surve-
tant une comparaison des techniques de nue varie de 13,3% (35) à 46,4% (25).
bloc anesthésique du nerf alvéolaire infé- L’utilisation de méthodes de repérage ana-
rieur atteignent le niveau de preuve [1a] tomique et d’injection, différentes selon les
du «Center for Evidence-Based Medici- auteurs, explique la variabilité (selon un
ne» de l’Université d’Oxford, correspon- facteur 1 à 3) des résultats obtenus. Dans
dant aux études randomisées contrôlées. la technique d’Akinosi, Donkor et al. (6) et
Elles sont rapportées dans le tableau II. Todorovic (35) l’observent respectivement
Deux grands modèles expérimentaux ont dans 2 et 6,6 % des cas. Enfin, elle sur-
été utilisés dans ces études. Le premier vient dans 6,6 % des cas dans la tech-
correspond à une répartition aléatoire des nique de Gow-Gates (35).
patients en deux ou trois groupes iden-
tiques recevant chacun une anesthésie Anesthésie labio-mentonnière
uni- ou bilatérale au foramen mandibulai- Rappelons que l’anesthésie labio-menton-
re, la technique employée différant selon nière (signe de Vincent) n’est pas un critè-
les groupes. Le deuxième protocole re absolu d’analgésie des molaires mandi-
consiste en la réalisation d’une anesthé- bulaires puisque les fibres de gros dia-
sie bilatérale chez chaque patient, en utili- mètres (Aa et Ab) sont plus réceptives aux
sant une technique différente des deux anesthésiques locaux que les fibres noci-
côtés. L’anesthésie est toujours réalisée ceptives (Ad et C) (article Y.Boucher).
dans le but d’effectuer l’avulsion des troi- L’ensemble des expérimentateurs a
sièmes molaires. Notons que ce critère recherché cette anesthésie de la lèvre
est beaucoup moins performant pour éva- inférieure cinq minutes après l’injection.
luer l’efficacité de l’anesthésie que Celle-ci est présente dans 85 à 97 % des

TABLEAU II - ETUDES RANDOMISÉES


Etudes Nb patients Techniques Nb de séries Solutions anesthésiques employées

Hung 2006 (15) 162 C- GG 2 séries 2,7 ml Xylocaine 2 %


Martinez 2003 (25) 56 C-A 2 séries 1,8 ml articaine + adrénaline 1/100000
Yucel 1995 (41) 250 C-A 2 séries 2 ml lignocaine + adrénaline 1/100000
Donkor 1990 (6) 200 C-A 2 séries 2,2 ml lignocaine + adrénaline 1/100000
Todorovic 1986 (35) 90 C-A-GG 3 séries 2 ml lidocaine + adrénaline 1/80000
Sisk 1986 (32) 20 C-A 1 coté Class. 1,8 ml lidocaine + adrénaline 1/100000
1 coté Akinosi
C : classique - A : Akinosi - GG : Gow-Gates

REALITES CLINIQUES Vol. 17 n° 2 2006


172
cas dans la technique classique (32,15), être capable de mettre en œuvre un plan
varie de 51 % à 90 % dans la méthode alternatif permettant de surmonter les diffi-
Akinosi (41, 32), et atteint 88,7 % dans la cultés. L’anesthésie au foramen mandibu-
technique de Gow-Gates (15). laire selon la méthode anatomique, com-
Les techniques hautes (Akinosi et Gow- plétée par une anesthésie du nerf buccal,
Gates) sont réputées induire le blocage de conserve notre préférence. Nous n’avons
plusieurs structures nerveuses dont le nerf cependant pas expérimenté la technique
buccal, dispensant du complément vesti- antérieure qui, selon ses auteurs, donne
bulaire indispensable dans la technique un taux de réussite de 74 % sans présen-
conventionnelle. Néanmoins, dans les ter de risque de lésions nerveuses ni vas-
études consultées, une anesthésie com- culaire, la profondeur de pénétration
plémentaire du nerf buccal s’est avérée n’étant que de 10 mm (34, 30).
nécessaire après une injection de type Aki- En cas d’échec et en fonction de l’état
nosi dans 20 % (32) à 46 % des cas (25). inflammatoire des tissus, de la nature et
On peut juger de l’efficacité anesthé- de la durée de l’acte envisagé, une tech-
sique par le silence opératoire obtenu et nique haute et/ou une technique intra-
l’inutilité d’une injection complémentaire. osseuse s’avéreront nécessaires en com-
Pour l’ensemble des études citées, la plément de la technique classique.
méthode « classique » est la plus perfor- L’éventail des techniques doit donc être
mante en terme de taux de succès, maîtrisé, afin de ne pas avoir à mettre en
celui-ci étant en moyenne de 89,3 à 98 œuvre en situation d’échec une technique
% (89,3 % (25), 90 % (32), 96 % (35), 97 jamais expérimentée auparavant. Comme
% (6) et 98 % (41). Vient ensuite la tech- nous l’avons expliqué, la vitesse d’injec-
nique de Gow-Gates dont le taux de suc- tion est un élément capital dans la tech-
cès est de 90 % (35), puis la méthode nique classique, mais force est de consta-
d’Akinosi qui donne les résultats les plus ter que ce message récurrent n’est pas
modérés, son taux de réussite variant de assimilé par les praticiens, puisque 80 %
76 % (35), à 90 % (32). d’entre eux injectent une cartouche en
La douleur lors de l’injection a été évaluée moins de vingt secondes (24). En ce
par deux auteurs (35, 25). Il ressort que la sens, les dispositifs d’injection électro-
technique Akinosi est la moins douloureu- nique pourraient constituer un progrès
se puisque 19 % des patients ne ressen- certain. Gageons qu’ils finiront par s’impo-
tent aucune douleur à l’injection, et 65 % ser, tout comme le brossage électrique l’a
une douleur légère. Comparativement, la emporté sur le brossage manuel. En effet,
technique « classique » n’est jamais per- en terme d’efficacité, la durée de l’injec-
çue comme indolore par les patients, tion est à l’anesthésie ce que la durée du
mais comme légèrement douloureuse brossage est à l’hygiène orale.
dans 73 % des cas (25). Todorovik (35)
rapporte quant à lui une absence de dou-
leur dans un tiers des cas pour les tech-
niques hautes, et dans un cinquième des
cas pour la technique classique. La tech-
EN PRAT I Q U E
nique de GowGates obtient dans cette Une grande partie de notre activité clinique nécessite une anesthésie de
étude le plus mauvais score, avec 40 % qualité. Pour obtenir cette anesthésie il est important de connaître l’ana-
de douleurs modérées et seulement 26 % tomie car aucune technique n’est fiable systématiquement.
de douleurs légères.
En cas d’échec, il est inutile de multiplier les doses mais il est préférable
Une conclusion s’impose à l’issue de cette
d’employer une autre technique pour réaliser une anesthésie au niveau
revue de littérature : aucune technique
d’un autre site anatomique.
n’est efficace à cent pour cent, quel que
soit l’opérateur. Il ne faut donc pas culpa- Dans tous les cas, l’aspiration avant l’injection (qui doit être obligatoire)
biliser en présence d’un échec, mais ainsi qu’une injection lente sont nécessaires à une réussite de l’anesthésie.
essayer d’en comprendre les raisons pour

P. CARPENTIER et al. 173


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p.carpentier@easyconnect.fr

RÉSUMÉ
ANATOMIE DES TECHNIQUES ANESTHÉTIQUES INTRA-ORALES
La revue de la littérature consacrée à l’anesthésie locale en odontostomatologie montre qu’aucune technique n’est
efficace à cent pour cent quel que soit l’opérateur. Le praticien doit donc maîtriser un éventail de techniques pour être
en mesure de les associer en situation d’échec. Pour favoriser la compréhension, le support anatomique a été intégré
dans la description des principales techniques, car il en constitue le fondement. L’anesthésie para-apicale ne posant
pas de réel problème au maxillaire, seuls les blocs anesthésiques vestibulaires et palatins sont abordés. A la
mandibule, les méthodes les plus usuelles d’anesthésie du nerf alvéolaire inférieur sont comparées sur la base des
études cliniques répondant à un niveau de preuve (1a). En termes d’efficacité, la technique classique « à l’épine de
Spix » se classe première, suivie de la Gow-Gates et de l’Akinosi. La technique classique recouvre en réalité plusieurs
variantes, anatomique, directe et antérieure. Notre préférence va naturellement à la première car elle permet un
contrôle précis de la position de l’aiguille. Cependant, dans un site entouré de muscles masticateurs, il n’est pas
suffisant de déposer la solution anesthésique au bon endroit : encore faut-il qu’elle y reste. L’aspiration est donc de
règle, car une injection intra-vasculaire, au-delà des effets systémiques potentiels, est un échec. Enfin, un temps
d’injection de deux minutes par cartouche doit être respecté pour limiter la diffusion de la solution à distance du tronc
nerveux. Ce message récurrent n’est toujours pas perçu comme essentiel, puisque 80% des dentistes injectent une
cartouche en vingt secondes. Il faut savoir perdre du temps à l’injection pour en gagner ensuite, en se persuadant que
la durée de l’injection est à l’anesthésie ce que la durée du brossage est à l’hygiène orale.

P. CARPENTIER et al. 175


ABSTRACT
ANATOMY OF ORAL ANESTHETIC TECHNIQUES
Analysis of the literature dealing with local anesthesia in dentistry reveals that no technique is universally successful
in every case for every practitioner. Consequently, the dentist must master a wide range of alternative and/or
complimentary techniques so that he may associate them when faced with anesthetic failure. To promote
understanding, this article integrates the anatomical bases in step-by-step descriptions of the primary local anesthetic
techniques. Since peri-apical anesthesia poses no problem in the maxilla, only vestibular and palatal blocks are
discussed. In the mandible, the most common methods of anesthesia of the inferior alveolar nerve are compared,
based on evidence-based-medicine criteria (1a). This analysis reveals that the “classic” technique is the most
efficient, followed by the Gow-Gates and the Akinosi. The classic technique refers, in fact, to three different methods:
anatomic, direct, and anterior. Among these, the anatomic technique allows the greatest precision and safety, since
the needle crosses the lingual and inferior alveolar nerves laterally. However, in an area surrounded by masticatory
muscles, it is not enough to inject the anesthetic solution in the right place, since the contact time between the nerve
and the solution is also a critical factor.The infiltration must be preceded by aspiration to avoid anesthetic failure and
systemic effects due to intra-vascular injection.
An injection time of two minutes per carpule must be respected in order to limit the diffusion of the material beyond
the nerve trunk. Unfortunately, 80% of the practitioners inject a carpule in twenty seconds. It is preferable to lose
some time during the injection in order to gain success. Infiltration time is to anesthesia what tooth brushing time is to
oral hygiene.

RESUMEN
ANATOMÍA DE LAS TÉCNICAS ANESTÉSICAS INTRAORALES
La revisión de la literatura médica consagrada a la anestesia local en odontoestomatología muestra que ninguna téc-
nica es eficaz al cien por ciento, cualquiera que sea el operador. Por lo tanto el dentista debe manejar un abanico de
técnicas para estar en condiciones de asociarlas si surge una situación de fracaso. Para favorecer la comprensión, se
ha integrado el soporte anatómico en la descripción de las principales técnicas, ya que constituye el fundamento.
Como la anestesia para-apical no provoca problemas al maxilar, sólo se abordan los bloques anestésicos vestibulares
y palatino. En cuanto a la mandíbula, se comparan los métodos más comunes de anestesia del nervio alveolar inferior
sobre la base de los estudios clínicos que cumplen un nivel de prueba (1a.). En términos de eficacia, la técnica clásica
de la espina de Spix se clasifica primera, seguida por la Gow-Gates y la Akinosi. La técnica clásica comprende en
realidad diversas variantes : anatómica, directa, anterior. Nuestra preferencia va naturalmente a la primera, ya que
permite un control preciso de la posición de la aguja. Sin embargo, en un sitio rodeado de músculos masticadores, no
es suficiente depositar la solución anestésica en el lugar correcto: hay que asegurarse de que permanezca. La aspira-
ción es, por consiguiente la regla, ya que una inyección intravascular, más allá de los efectos sistémicos, es un fraca-
so. Finalmente, debe respetarse un tiempo de inyección de dos minutos por cartucho, para limitar la difusión de la
solución a distancia del tronco nervioso. Este mensaje recurrente no es siempre percibido como esencial, ya que el
80% de los dentistas inyectan un cartucho en 20 segundos. Hay que saber tomar tiempo para la inyección para ganar
después, convenciéndose de que la duración de la inyección es a la anestesia lo que la duración del cepillado es a la
higiene oral.

REALITES CLINIQUES Vol. 17 n° 2 2006


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