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BIOPHYSIQUE DE LA CIRCULATION SANGUINE

INTRODUCTION 2
I. LE SYSTEME CARDIO-VASCULAIRE 3
I.1- RAPPEL ANATOMIQUE 3
I.2- LE CŒUR 4
I.2.1- Rôle 4
I.2.2- Volume et Débit 4
I.2.3- Pression 5
I.2.4- Travail et Puissance 6
I.3- LES VOIES DE CIRCULATION DU SANG 7
I.3.1- Débit et vitesse 7
I.3.2- Pression 8
I. 3.3- Résistance – loi d’Ohm 9
II. LOIS DE L’ECOULEMENT 10
II.1- NOTION DE CHARGE 10
II.1.1- Théorème de Bernouilli 10
II.1.2- Loi de Pascal 11
II.2- ECOULEMENT DU SANG 13
II.2.1- La loi de Poiseuille 13
II.2.2- Régime d’écoulement 13
II.2.3- Viscosité du sang 14
III. PROPRITE MECANIQUE DES VAISSEAUX 16
III.1- CONSTITUTION DES PAROIS VASCULAIRES 16
III.2- DIAGRAMME TENSION-RAYON 16
III. 3- LOI DE LAPLACE 17
III.4- APPLICATION 18
IV. EFFET CAPACITIF ARTERIEL 18
IV.1- DEFINITION 18
IV.2- REGULARISATION DU DEBIT 19
IV.3- DIMINUTION DU TRAVAIL CARDIAQUE 21
TEST D’EVALUATION 22

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BIOPHYSIQUE DE LA CIRCULATION SANGUINE
INTRODUCTION
Le système circulatoire est constitué par le sang circulant dans les vaisseaux
(artères - artérioles - capillaires - veinules - veines) entre les différents points de
l’organisme grâce à des différences de pression créées par l’activité d’une double pompe,
le cœur. Le sang, environ 5 litres, transporte vers les tissus l’oxygène et les nutriments, les
débarrasse des catabolites toxiques et du CO 2 ; il assure également d’autres fonctions
comme l’immunité humorale.
Ce volume sanguin est réparti entre deux types de circulations ; 75% dans la circulation
systémique et 25% dans la circulation pulmonaire, dans lesquels la répartition dans les
trois secteurs est de 15% dans les artères, 5% dans les capillaires et 80% dans le réservoir
veineux.
Le sang est un liquide visqueux, son écoulement nécessite une énergie fournie par le
cœur. En tant que liquide, il est soumis aux lois de la physique :
 hydrostatique en raison des différences de hauteur entre la tête, le coeur et les
membres inférieurs,
 hydrodynamique en raison de l’écoulement impulsé par le coeur.
Mais il s’agit d’un liquide particulier :
 suspension de cellules déformables (globules rouges), dans du plasma.
 qui s’écoule dans des vaisseaux à architecture complexes et à parois élastiques.
Le sang va donc présenter des propriétés de circulation particulières par rapport à un
liquide banal. Nous verrons, dans ce cours, dans quelles mesures nous pourrons appliquer
les lois simples de la dynamique et la statique des liquides pour expliquer les particularités
d’écoulement du sang, dans un réseau vasculaire complexe et élastique.

Objectifs du cours :
Au terme de cet enseignement, l’étudiant doit être capable de :
1. décrire les voies de circulation du sang en distinguant la circulation systémique et la
circulation pulmonaire.
2. définir la pression, donner les relations entre les unités utilisées pour l’exprimer.
3. définir le débit d’écoulement du sang et donner l’expression qui permet de le
calculer.
4. établir les lois d’écoulement : théorème de Bernouilli et la loi de Poisueille et donner
les conditions d’application.
5. expliquer la mesure de la pression artérielle et expliquer l’effet de la pesanteur sur
cette pression.
6. expliquer les particularités de la viscosité du sang et décrire une technique de sa
mesure.
7. expliquer la relation entre tension des parois artérielles et leur rayon.
8. définir l’effet capacitif des artères et expliquer son rôle physiologique.

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I. LE SYSTEME CARDIO-VASCULAIRE
I.1- RAPPEL ANATOMIQUE
Le sang circule dans un système vasculaire fermé, formé par un ensemble de
vaisseaux en série et en parallèle (artères - artérioles - capillaires - veinules - veines). Il
comporte deux circuits en série, alimentés par une double pompe cardiaque (droite :
oreillette droite OD et ventricule droit VD et gauche : oreillette gauche OG et ventricule
gauche VG) (fig. 1).

Figure 1 : schéma de la double pompe cardiaque avec les deux


circuits de circulations sanguine en série

Le premier circuit constitue la circulation pulmonaire ou petite circulation (nommée


ainsi, parce que physiquement plus courte) ; il est compris entre le VD et l’OG et comporte
l’artère pulmonaire et ses branches lobaires et segmentaires, les capillaires, les vénules et
veines pulmonaires (fig.2a).
Le deuxième circuit constitue la circulation systémique ou grande circulation (nommée
ainsi, parce que physiquement plus longue) ; il est compris entre le VG et l’OD et comporte
l’aorte et ses branches artérielles, les artérioles, les capillaires, les veinules, les veines et
les veines caves supérieures et inférieure (fig. 2b).

a- circulation pulmonaire
VD OG

b- circulation systémique
VG OD

Figure 2 : système cardiovasculaire

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I.2- LE CŒUR
I.2.1- Rôle
Le coeur est un organe musculaire creux en forme de poire situé entre les poumons. La
taille d'un coeur adulte est comparable à celle du poing. Chez un individu moyen, il mesure
environ 13cm de long sur 8cm de large, et pèse moins de 500g. Il comprend quatre
cavités. Les cavités supérieures sont appelées oreillettes, les cavités inférieures sont
appelées ventricules. Ces cavités constituent deux pompes en série : (VG+OD) d’une part
et (VD+OG) d’autre part. Il assure la circulation du sang dans tout l'organisme.
I.2.2- Volumes et Débit
Le cœur ayant une activité cyclique, il se contracte (systole) et se relâche (diastole) à la
fréquence F c= 70 fois par mn environ. Le volume du VG en fin de diastole (volume télé
diastolique=VTD) vaut environ 130ml, alors qu’en fin de systole (volume télé systolique=
VTS) il n’est que de 60ml. On appelle volume d’éjection systolique Vs=VTD – VTS = 70ml.
Pour rendre compte de l’efficacité de la pompe cardiaque on mesure un paramètre appelé
VTD  VTS
fraction d’éjection FE, définit par : FE  , exprimée en pourcent. Sa valeur est
VTD
d’environ 55%.
Le débit d’écoulement d’un liquide est défini par le rapport du volume dV de ce liquide qui
s’écoule pendant l’unité de temps dt. On le note par la lettre Q et on l’exprime en m 3s-1
dans le système international d’unité (SI), ce qui se traduit par la relation :
dV
Q  m 3 s 1
dt
Dans la pratique, on exprime le débit en l.mn -1 ou ml.mn-1.
C’est seulement pendant la systole que les deux ventricules gauche et droit éjectent le
sang respectivement dans la circulation systémique et la circulation pulmonaire, et avec le
même débit : Qc 15 lmn 1 . Pendant la diastole les ventricules se remplissent de sang et
n’en envoient rien dans la circulation périphérique et le débit est alors nul pendant cette
phase, on dit que l’on a affaire à un débit pulsatile (fig.3). On peut calculer un débit
cardiaque moyen Qc , en tenant compte de la durée de la systole t s et celle de la diastole t d
t s  Qc  t d  0 Qc
(la durée td#2ts), par la relation suivante : Qc    5 lmn 1
ts  td 3

Qc lmn-1

15

débit moyen = 5 lmn -1


Figure 3 : débit
cardiaque
ts td temps

Le débit cardiaque est multiplié par 4 à 5 fois lors d’un exercice physique, il peut alors
atteindre 25 lmn-1.

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Deux paramètres déterminent le débit cardiaque : la fréquence cardiaque Fc et le volume
dV
d’éjection systolique V s=70ml. En considérant la définition du débit Q   , dans cette
dt
relation le volume dV= Vs et dt=ts qui vaut environ le tiers de la durée du cycle cardiaque,
c’est à dire, 1/3Fc. Soit Qc = Vs x3Fc = 70x3x70 = 3x4900 ml # 15 lmn -1 et le débit moyen
serait donc le Qc/3 soit Q c  Fc  Vs
La mesure de Qc est considérée comme l’élément fondamental d’appréciation de la
performance cardiaque, étant donné que la fonction essentielle du coeur est de fournir une
quantité de sang riche en substrats et O2 aux tissus pour satisfaire leurs besoins
métaboliques.

I.2.3- Pression
La pression en un point d’un milieu est définie comme étant le rapport de la
composante normale FN de la force qui s’exerce sur une surface, autour du point
F
considéré, par l’aire S de cette surface (fig. 4) : P  N
S

FN

Figure 4 : pression en un point d’un milieu

La pression est une grandeur numérique, dont la dimension est le kg.m-1s-2 ; elle s’exprime
en Nm-1, dans le système SI, ou encore en pascal (Pa) ou multiple du Pa (comme le kPa =
103Pa). D’autres unités continuent à être utiliser en médecine comme le mmHg et le
cmH2O (nous verrons plus loin comment se fait la conversion d’une unité de pression à
une autre).
La pression du sang dans les cavités ventriculaires varie au cours du cycle cardiaque pour
atteindre environ 16kPa (120mmHg) en systole dans le VG et 3,5kPa (25mmHg) dans le
VD (fig. 5); alors que dans les cavités auriculaires, elle est quasiment nulle pendant toute la
durée du cycle.
Sur la courbe de pression du VG en fonction du temps (fig. 5), nous avons représenté par
des étoiles les instants de fermeture et ouverture des valves mitrales (FVM et OVM) et les
instants de fermeture et ouverture des valves aortiques (FVA et OVA). Les bruits du cœur
B1 et B2 sont, respectivement, générés aux instants de FVM et FVA.

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P(kPa)

14
84
12  FVA
84 Pression du VG
10  OVA Pression du VD
84
8
4
6
4
4 FVM

2 OVM

Temps
ts td
B1 B2 B1 B2

Figure 5 : Variation de la pression du VG et VD en fonction du temps

I.2.4- Travail et Puissance


L’activité du coeur fournit du travail qui sert à mettre sous tension les fibres du
myocarde (travail fourni pendant les phases de contraction et relaxation isovolumique) et à
mobiliser le sang en lui donnant de l’énergie cinétique et de l’énergie de pression pour son
écoulement dans le système vasculaire (travail fourni pendant les phases de remplissage
et d’éjection) (fig.6).

Figure 6 : courbe de pression - volume du VG

Le travail mécanique W exécuté par une force F qui déplace son point d’application sur une
distance L est égal au produit FxL. Dans le cas du coeur, la contraction ventriculaire exerce
une force destinée à vaincre la résistance qu’oppose au passage du sang la pression qui
règne dans les artères. La force systolique ventriculaire F est donc égale à : F=PxS où P
est la pression moyenne dans Ao (VG) ou dans l’AP (VD) et S la surface de section de

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l’une ou l’autre artère à son abouchement. Considérons une tranche de sang contenue
dans l’aorte. La contraction systolique l’élève d’une hauteur H, le travail d’une systole est
donc : W = FxH ce qui devient W = PxSxH. Or SxH est égal au volume systolique V s d’où
W = PxVs
Fc étant la fréquence cardiaque, le travail par minute (c’est-à-dire la puissance, P = W/tps
exprimée en watt) est égal à P = PxVs xFc et comme Vs xFc=Qc on a :
Puissance  Qc  Pr ession
La puissance du VG est 4 plus élevée que celle du VD : PVG = 4 PVD , puisque à débit égal,
VG travaille à une pression environ 4 fois plus élevée.
Tout ce qui augmentera la fréquence cardiaque, la pression artérielle, augmentera la
consommation d’oxygène myocardique.
Le rendement du cœur est donné par le rapport de l’énergie fournie au sang par l’énergie
dépensée. Il atteint environ 5 %.

I.3- LES VOIES DE CIRCULATION DU SANG

I.3.1- Débit et vitesse


Si l’on considère un volume V de sang dans un vaisseau de rayon r (de
section S  2 r 2 ) s’écoulant à la vitesse moyenne v (fig.7), le débit est donné par la
relation :
dV S  dx
Q   Sv
dt dt

v Q S v
S

dx

Figure 7 : écoulement dans un vaisseau de section S à la vitesse v

Si le vaisseau subit une réduction de son rayon par une plaque d’athérome (dépôt de
cholestérol dans la paroi) par exemple, le débit d’écoulement reste constant en vertu de la
loi de conservation de la matière. Ce qui se traduit par la relation : S1  v1  s2  V2 où v1 et
V2 sont respectivement les vitesses d’écoulement dans la partie de section S1 et celle de
section s2 du vaisseau (fig.8). Quand la section se réduit la vitesse d’écoulement
augmente.

v1
S1 s2 V2

Figure 8 : variation de la vitesse avec la section

Par contre, si un vaisseau se divise en ramifications de plus petites sections (fig.9), la


vitesse d’écoulement n’augmente pas forcément. On a en effet : S1v1  s2 v2  s2 v2  2s2 v2

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On a supposé, dans ce cet exemple que les
v2 deux ramifications sont de même section, avec
une somme 2s2>S1. Ainsi v2<v1
S2
v1
S1
S2
v2

Figure 9 : vitesse d’écoulement dans les ramifications

Le lit vasculaire, fait de la circulation systémique et la circulation pulmonaire, constitue un


circuit fermé. Le débit sanguin global reste donc constant. Comme la somme des sections
des vaisseaux augmente quand on passe des artères vers les artérioles et les capillaires
d’une part et des veines vers les vénules d’autre part, la vitesse d’écoulement varie en
sens inverse (fig.10). Ainsi la vitesse d’écoulement diminue depuis l’aorte vers les
capillaires, puis augmente des capillaires vers la veine cave.

Figure 10 : variation des vitesses d’écoulement et des sections des différents vaisseaux

La section de l’aorte est de l’ordre de 3cm2 avec une vitesse moyenne d’écoulement du
sang d’environ 30cms -1, pour la veine cave la section est d’environ 4,5 cm2 et la vitesse du
sang est de 20 cms-1. Pour l’ensemble des capillaires (plus d’un milliard) la section est
d’environ 600cm2 et la vitesse dans chacun ne dépasse pas 1mms -1.

I.3.2- Pression
La pression dans les vaisseaux sanguins est une surpression par rapport à la
pression extérieure. On l’appelle pression transmurale ou improprement tension. La
pression dans les artères est supérieure à la pression dans les veines.
Dans le circuit vasculaire, le sang circule dans le sens du côté haute pression vers le côté
basse pression. En effet pour la circulation systémique, l’écoulement se fait de l’aorte où la
pression moyenne est environ 13kPa (100mmHg) vers la veine cave où la pression
moyenne est 0,1kPa (7mmHg), négligeable devant la pression artérielle; alors que pour la
circulation pulmonaire, la circulation se fait de l’artère pulmonaire où la pression moyenne
est 2,5kPa (18mmHG) vers la veine pulmonaire où la pression est négligeable et vaut
0,1kPa (7mmHg)

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La pression est oscillante dans l’aorte et les gros troncs artériels (carotides, artères
humérales, artères fémorales…) avec une valeur de pression systolique P s = 16kPa
(120mmHg) et une valeur de pression diastolique P d= 1kPa (80mmHg). Elle est également
oscillante dans l’artère pulmonaire mais l’amplitude d’oscillation est plus faible. La pression
vasculaire subit une chute importante dans les artérioles en raison d’une forte résistance à
l’écoulement dans cette partie du circuit vasculaire. Cette chute dépasse les 7kPa (fig.11).

Figure 11 : variation de la pression en fonction du secteur vasculaire

I. 3.3- Résistance – loi d’Ohm


La chute de pression P dans une portion du circuit vasculaire est donc due à la
résistance R à l’écoulement du sang avec le débit Q.
Par analogie avec la loi d’Ohm en électricité U = RxI (où U= chute de tension, R
résistance du circuit et I l’intensité du courant), on peut dire que pour un débit moyen Q
donné, la chute de pression P est d’autant plus importante que la résistance R est élevée.
On peut donc écrire : P = RxQ et la résistance sera donnée par la relation :
R = P/Q exprimée en kg.m-4s-1
PAo  Pvc
Ainsi, la résistance de la circulation systémique serait égale Rs  où P Ao est la
QC
t P t P
pression moyenne dans l’aorte ( PAo  s s d d  13kPa ), Pvc est la pression dans la veine
ts  td
cave (P vc=0,1kPa) et Qc est le débit cardiaque (Qc = 5 lmn-1= 0,83x10-4 m3s-1). Ce qui
13  10 3  0,1 10 3
donne : Rs  4
 1,5  108 kg.m 4 s 1
0,83  10

Et la résistance de la circulation pulmonaire n’est que : R p 


2,5  0,1103  0,3kgm4 s 1
0,83  10 4

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De même que pour les circuits électriques, on peut remplacer des résistances en parallèles
par une résistance équivalente dont l’inverse de la valeur est égale à la somme de l’inverse
1 1
des résistances en parallèles :  et remplacer des résistances en série par une
Req Ri
résistance équivalente dont la valeur est la somme des résistances : Req  Ri

II. LOIS DE L’ECOULEMENT


II.1- NOTION DE CHARGE
On appelle charge E, d’un volume dV d’un liquide en mouvement, l’énergie totale de
ce volume. En supposant que ce volume dV s’écoule à la vitesse v dans une conduite,
nous pouvons définir trois formes d’énergie :
 l’énergie de pesanteur E g = mgh = ρxdVxgxh avec g l’accélération de la
pesanteur,  la masse volumique du liquide et h la hauteur à laquelle se trouve le
volume dV par rapport à un niveau de référence
 l’énergie cinétique Ec = 1/2mv2 = 1/2ρxdVxv2
 l’énergie de pression Ep = PxdV
La charge E s’écrit alors : E= E g + Ec + Ep = ρxdVxgxh + 1/2ρxdVxv2 + PxdV
La charge E par unité de volume s’écrit E/dV = ρxgxh + 1/2ρxv2 + P
Ainsi, étant donné que P est la pression statique, 1/2ρxv2 est une pression dynamique
et ρxgxh une pression de gravitation.

II.1.1- Théorème de Bernouilli


Le théorème de Bernouilli stipule que, pour un liquide non visqueux (sans perte
d’énergie) en écoulement permanent (vitesse d’écoulement indépendante du temps), la
charge reste constante tout le long de la conduite.
Ce qui donne pour le volume dV (fig.12) vérifiant les conditions d’application du théorème
de Bernouilli : E 1 = E2 = C te
z
dV

1 2 1
Z1
P1
P1  gz1  v1  P2  gz 2  v 22  C te
V1
2 2

dV
P2
Z2
V2

Figure 12 : écoulement d’un volume dV


dans une conduite de section variable

APPLICATIONS :
1) Cas d’une conduite horizontale : Soit le cas d’un vaisseau d’axe horizontal avec
une plaque d’athérome réduisant sa lumière (fig.13).

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v1
S1 s2 V2
p2
P1

Figure 13 : effet du rétrécissement d’un vaisseau sur la pression statique

En faisant l’hypothèse que les conditions d’application du théorème de Bernouilli


soient applicables (on néglige la viscosité du sang et on considère une vitesse
1 1
moyenne d’écoulement indépendante du temps), on a : P1  v12  P2  v 22
2 2
Comme v2>v1 (S1v1 = s2V2 débit constant et S 1>s2), on a P 2<P1, ainsi dans les
zones rétrécies de vaisseaux par des plaques d‘athérome, la pression statique
baisse et cela peut conduire à un collapsus (fermeture du vaisseau) et donc à une
ischémie (absence d’apport d’O 2 en aval).

2) Le Tube de Pitot : Il s’agit d’un dispositif qui permet de mesurer le débit


d’écoulement du sang en se basant sur le théorème de Bernouilli (fig.14).
Soit v la vitesse d’écoulement et P la pression
 statique du liquide dans le vaisseau de section S.
Z1 Au niveau de l’ouverture  du tube de Pitot, la
pression P 1 qui règne est la somme de la pression
h
statique P et la pression dynamique 1/2ρv2 , Au
Z2 niveau de l’ouverture , la pression P2 qui règne
est seulement la pression statique P. Ainsi la
différence (P 1-P2)= 1/2ρv2. Cette différence est
donnée par la différence de hauteur h de liquide
v entre les deux branches verticales. Soit, comme
on le verra dans le paragraphe suivant (loi de
Figure 14 : tube de Pitot
Pascal), 1/2ρv2 = ρgh. D’où Q  Sv  S 2 gh

II.1.2- Loi de Pascal


Si dans le théorème de Bernouilli on considère la vitesse nulle (absence
d’écoulement), l’équation du théorème, appliquée à la conduite de la figure 12, s’écrit :
P1  gz1  P2  gz 2
Cette équation traduit la loi de Pascal.

APPLICATIONS :
1) Points d’égale pression : si l’on considère des points de même ordonnée z, dans
un même liquide (même ρ), ces points sont à la même pression. Inversement des
points d’une surface horizontale d’un liquide sont à la même pression.
2) Relation d’équivalence pour les unités de pression : On se propose de chercher la
relation qui donne l’équivalence entre la pression exprimée en Pa et en mmHg. En
utilisant la loi de Pascal sous la forme P1  P2  g ( z 2  z1 )  P  gz  gh ; une

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hauteur h=1mmHg serait équivalente à 13,6x10 3x9,81x10-3=133,4Pa (on a
remplacé ρ par sa valeur 13,6x103 kgm-3, g par 9,81ms-2 et h par 10-3)
Ainsi 1mmHg = 133,4Pa # 4/3x102 Pa
De la même manière on peut montrer que 1cm d’eau (unité encore utilisée pour
exprimer la pression veineuse) vaut 103x9,81x10-2 = 98,1 Pa. 1cm d’eau # 100Pa

3) Mesure de la pression artérielle : la mesure de la pression artérielle se fait sur un


sujet couché au niveau du bras à l’aide d’un brassard et d’un manomètre à
mercure. La lecture de la dénivellation du mercure entre les deux branches du
manomètre exprime la pression en mmHg (fig.15).
manomètre Le principe de mesure de la pression
artérielle systolique, consiste à gonfler le
brassard brassard d’air à l’aide de la poire. Quand le
pouls ou le bruit de l’écoulement n’est plus
perçu, c’est que la surpression de l’air dans
poire
le brassard est égale à la pression artérielle,
qui est une surpression par rapport à la
pression externe. L’air dans le brassard
étant en communication avec une des
branches du manomètre à mercure, il se
stéthoscope crée alors une différence de dénivellation "h"
du mercure dans les deux branches qui
Figure 15 : manomètre à mercure donne la mesure de la pression en mmHg.

4) Effet de gravitation sur la pression : La pesanteur a un effet sur la valeur de la


pression artérielle. En effet chez le sujet couché, la pression a la même valeur que
la mesure soit faite au niveau du cœur, de la tête ou au niveau des pieds (fig.16a).
Alors que chez le sujet debout la pression au niveau de la tête est inférieure à celle
du VG, et la pression au niveau des pieds est plus élevée que celle du cœur
(fig.16b)

Figure 16 : effet de la pesanteur sur la pression, (a) sujet couché (b) sujet debout
En appliquant la loi de Pascal chez le sujet couché, on peut écrire :
Pc  gz c  Pp  gz p  Pt  gz t , comme les coordonnées z c du cœur, zt de la
tête et zp des pieds ont la même valeur, on déduit que les pressions Pc, Pt et
Pd sont identiques.

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Par contre chez le sujet debout, les coordonnées z c du cœur, zt de la tête et
zp des pieds n’ont la même valeur, il en est de même des pressions Pc, Pt et
Pd.

II.2- ECOULEMENT DU SANG


II.2.1- La loi de Poiseuille
Pour les liquides où l’écoulement génère des forces de frottement entre les éléments qui le
constitue, la charge diminue suite au frottement. Ces liquides sont dits visqueux et leur
viscosité est notée . Dans ces conditions le théorème de Bernouilli ne peut être utilisé
pour étudier leur écoulement.
La loi de Poiseuille est alors proposée pour exprimer le débit d’écoulement d’un liquide
visqueux en écoulement permanant et laminaire. Dans le cas d’une conduite horizontale,
de rayon r, de longueur l et telle que la perte de pression statique (perte de charge) sur la
longueur l est égale à ΔP.
r 4 P
Q x
8 l
Si r est exprimé en m, ΔP en Pa, l en m et la viscosité  en poiseuille (unité du système SI
équivalent au Pa.s), on obtient Q en m3s-1.
Par analogie avec la loi d’Ohm en électricité ΔU=R.I, en identifiant ΔP à ΔU, Q à I on
8l
obtient ΔP = RxQ et on déduit la valeur de la résistance à l’écoulement : R  4
r
II.2.2- Régime d’écoulement
Un régime d’écoulement est dit laminaire quand les lames liquides glissent les unes par
rapport aux autres et leurs vitesses de déplacement restent parallèles, dans le sens de
déplacement (fig.17). Dans le cas d’une conduite cylindrique, les vecteurs vitesses sont
parallèles et l’enveloppe de leur extrémité est une parabole d’autant plus aplatie que le
liquide est visqueux. Dans le cas où la vitesse augmente et que le rayon de la conduite
diminue, le régime perd son caractère laminaire et devient turbulent, les vecteurs vitesses
ont alors une direction et orientation anarchique par rapport à la direction de l’écoulement.

Les vitesses d’écoulement, dans cette conduite cylindrique sont


parallèles entre elles et à la direction de l’écoulement. Elles diminuent
depuis l’axe où elles sont maximales et s’annulent au contact de la paroi,
définissant ainsi un profil parabolique ; le régime ici est laminaire.

Les vitesses d’écoulement, dans cette conduite conique avec


rétrécissement ne sont plus parallèles entre elles et à la direction de
l’écoulement. Elles ont même une direction et orientation anarchique au
niveau du rétrécissement. Le régime ici est turbulent.

Figure 17 : régimes d’écoulement


Le nombre de Reynolds permet de prévoir si le régime est laminaire ou turbulent. Il est
vd
donné par la relation : R  où ρ est la masse volumique du liquide en écoulement, v la

vitesse moyenne d’écoulement qui vaut 1/2vmax (vmax est la vitesse au niveau de l’axe de la

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conduite), d le diamètre de la conduite et  est la viscosité du liquide. Il s’agit d’un chiffre
sans unité.
Le régime d’écoulement est laminaire si R<2000 ; il devient turbulent si R>2000.
Dans les conditions normales le régime d’écoulement du sang est laminaire puisque dans
les conditions extrêmes dans l’aorte où v=30cm/s, d=2cm et en considérant la viscosité la
plus faible du sang 4x10 -3 poiseuille, on trouve pour une masse volumique de 1,04g/cm 3 :
R=1560 <2000.
Les régimes laminaires sont dits des régimes silencieux et les régimes turbulents sont
générateurs de bruits anormaux (souffles).
Il y a des circonstances où le régime d’écoulement du sang devient turbulent :
1) Anémie importante : par diminution de la viscosité conséquence de la diminution des
globules rouges et une augmentation de la vitesse de l’écoulement par accélération
du rythme cardiaque.
2) Les sténoses artérielles par des plaques d’athérome : dans ce cas l’augmentation
de la vitesse d’écoulement dans la partie rétrécie de l’artère est la cause, cette
augmentation l’emporte sur la réduction du diamètre. En effet soit R 1=v1d1ρ/ le
nombre de Reynolds dans la partie saine du vaisseau et R 2=v2d2ρ/ on a
R2/R1=v2d2/v1d1, si d1=ad2 (a>1) on a s1v1=s2v2 (conservation de la matière) ou
encore v2/v1=s1/s2=(d1/d2)2 =a2 soit R 2/R1=a>1 ainsi le nombre de Reynolds peut
devenir supérieur à 2000 est le régime devient turbulent.
3) Les valvulopathies cardiaques sont également à l’origine d’écoulement turbulent à
travers les orifices de passage du sang ;

II.2.3- Viscosité du sang


1) Définition
La viscosité est définie par le coefficient de proportionnalité qui lie la force de frottement
des lames liquides entres elles à leur surface et au gradient de vitesse (fig.18).
Le gradient de vitesse Δv/Δx ou
vitesse de cisaillement,
représente la diminution de la
vitesse par unité de longueur
d’éloignement des lames liquides
les unes par rapport aux autres
suite au frottement. Ce gradient
est important dans les petits
vaisseaux et à proximité des
parois des gros vaisseaux.
Figure 18 : gradient de vitesse
dv
La force de frottement s’écrit : F  xSx . Le coefficient s’exprime en Pa.s dans le
dx
système SI ou encore le poiseuille et en poise dans le système cgs avec 1poiseuille= 10
poise

2) Mesure de la viscosité
On peut mesurer la viscosité à l’aide du viscosimètre d’Oswald. Ce dernier est un tube
en U présentant un renflement dans une de ses branches suivi d’une partie de faible
diamètre intérieur (fig.19). On verse le liquide dans la branche où se trouve le

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renflement jusqu’à remplir le renflement en maintenant une dépression de ce côté afin
de permettre, au besoin, au liquide de s’écouler et vider le renflement.

On chronomètre le temps t que met le volume V de


liquide pour s’écouler depuis A à B en passant par la
A partie capillaire de longueur h.
V r 4 P
V Et on écrit la loi de poiseuille Q   avec
t 8 h
B P V r 4
 g , soit  g
h t 8
h Si on dispose d’un liquide de référence dont on connaît
la viscosité  0, comme l’eau par exemple, on a :
 t 0

0 t0 

Figure 19 : viscosimètre d’Oswald

3) Paramètres dont dépend la viscosité du sang


Le sang est un liquide visqueux particulier ; sa viscosité dépend de plusieurs paramètres
parmi lesquels on peut citer :
 Le gradient de vitesse ou vitesse de cisaillement dv/dx : il s’agit d’un
paramètre physique qui traduit la diminution de la vitesse par unité de longueur
perpendiculairement à l’axe du vaisseau suite aux forces de frottement dans le sang.
L’expérience montre que la viscosité est élevée pour les gradients de vitesse faibles et
qu’elle diminue progressivement quand ce gradient augmente pour atteindre une valeur
limite s = 4x 10-3 poiseuille (fig.20).
Cette variation est expliquée par le fait qu’au
faible taux de cisaillement, les GR sont
associés en rouleaux et les rouleaux en
réseau, ce qui génère des forces de
frottement importantes. Pour les taux de
cisaillement élevé, les réseaux et rouleaux
sont défaits et les GR se retrouvent
individualisés dans le torrent sanguin.

Figure 20 : variation de la viscosité du sang avec le gradient de vitesse


 Hématocrite : l’augmentation du nombre de GR donc de l’hématocrite
(Ht=volume des GR/volume du sang total) entraîne l’augmentation de la viscosité du sang.
C’est ce qui arrive ans les polyglobulies comme la maladie de Vaquez.
 L’augmentation de la concentration des protéines plasmatiques telle que
l’augmentation des gamma globulines dans les myélomes multiples.

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 L’anomalie de l’hémoglobine qui entraîne la diminution de la déformabilité des
GR comme on peut le constater dans la drépanocytose ou anémie falciforme.

III. PROPRITE MECANIQUE DES VAISSEAUX

III.1- CONSTITUTION DES PAROIS VASCULAIRES


Les parois des vaisseaux sanguins contiennent quatre composants de base :
l’endothélium, dont on peut négliger la contribution, les fibres musculaires lisses, l’élastine
et le collagène. Les proportions relatives de ces composants varient d’un type de vaisseau
à un autre, certains composants ne rentrent pas dans la constitution des parois de certains
vaisseaux (fig.21).

Figure 21 : schéma histologique de vaisseaux

III.2- DIAGRAMME TENSION-RAYON


La fonction du tissu élastique (élastine et collagène) est de développer une tension
mécanique en réponse à la distension du vaisseau par la pression transmurale et de
maintenir la paroi en équilibre. Les fibres d’élastine sont plus facilement distensibles alors
que les fibres collagènes résistent plus aux forces de pression qui s’exercent sur les parois.
Ces fibres représentent la tendance contractile du vaisseau. Cette fonction est passive et
ne consomme pas d’énergie.
Le rôle des muscles lisses et de développer une tension active sous le contrôle du système
nerveux végétatif (consommant de l’énergie) et modifier la taille de la lumière et de
contrôler la distribution du débit sanguin.
Selon la composition du vaisseau, la relation tension de la paroi au rayon du vaisseau
T=f(r), peut avoir différents aspects.
Pour un vaisseau à paroi composée exclusivement d’élastine et de collagène (paroi
élastique pure), la diagramme T=f(r) est donné par une courbe incurvée à accroissement
lent résultant de la contribution de l’élastine puis d’une partie à accroissement r apide
résultant de la contribution des fibres collagènes (fig.22).

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Figure 22 : diagramme T=f(r) pour un vaisseau à paroi élastique pure

Le diagramme tension-rayon d’un vaisseau à paroi mixte (muscles lisses+fibres


élastiques), montre que la tension résulte de la somme de la composante active liée à la
contraction des muscles lisses, indépendante du rayon et de la composante élastique due
aux fibres d’élastine et de collagène qui dépend du rayon (fig. 23)

re
Figure 23 : diagramme T=f(r) pour un vaisseau à paroi mixte

III. 3- LOI DE LAPLACE


La pression transmurale dans un vaisseau donne des forces qui s‘exercent sur la
paroi et met ses fibres sous tension.
Laplace a montré que la tension au niveau de la paroi est donnée par la relation T = Pxr,
où r est le rayon du vaisseau. Cette relation traduit en fait la tendance à la dilatation due à
la pression transmurale.
La droite de Laplace T = Pxr coupe le diagramme T = f(r), dans le cas d’un vaisseau à
paroi mixte, en deux points (fig.23). Un point d’équilibre instable B et un point d’équilibre
stable A.
Si pour une raison donnée, le rayon du vaisseau tend à s’écarter de ri par valeur
supérieure, alors la tendance contractile liée aux fibres collagènes l’emporte et le rayon
diminue pour revenir à la valeur ri.
Si par contre le rayon du vaisseau tend à s’écarter de r i par valeur inférieure, alors la
tendance à la dilatation liée à la pression transmurale l’emporte et le rayon augmente pour
revenir à la valeur ri.

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Alors qu’un écart du rayon re par valeur supérieure ramène le rayon du vaisseau à la valeur
rI et un écart par valeur inférieur entraîne la fermeture du vaisseau.

III.4- APPLICATION
 La variation du tonus musculaire, sans variation de la pression transmurale,
entraîne une modification de la composante active de la tension. La diminution de la
tension active entraîne une augmentation du rayon du vaisseau (vasodilatation) et son
augmentation cause un rétrécissement du vaisseau (vasoconstriction). Une très forte
augmentation du tonus musculaire peut entraîner la fermeture complète du vaisseau, c’est
le phénomène de spasme vasculaire (fig.24).

T T

P1

PC

Ta

r rc r
Figure 24 : Variation de la tension active figure 25 : variation de la pression artérielle

 Considérons maintenant le tonus musculaire constant et faisons varier la pression


transmurale P. Une augmentation de P entraîne une dilatation et la diminution, une
contraction. Pc est la pression critique de fermeture ; pour cette pression la droite de
Laplace est tangente au diagramme T = f(r) et le point de tangence correspond à un rayon
rc. Une chute importante de la pression P peut causer la fermeture du vaisseau ; C’est ce
qui se passe dans les grandes hypotensions artérielles qui surviennent dans les états de
chocs. Des secteurs entiers du lit vasculaire peuvent ainsi se fermer (les artères rénales se
ferment pour des pressions inférieures à 70mmHg). Ce mécanisme permet de préserver la
vascularisation cérébrale (fig.25).

IV. EFFET CAPACITIF ARTERIEL


IV.1- DEFINITION
Les grosses artères et spécialement l’Aorte sont essentiellement élastiques. Elles se
distendent quand elles sont soumises à une augmentation de la pression transmurale. La
variation du volume par unité de longueur V en fonction de la pression de P varie avec
l’âge (fig.26).
Dans les limites physiologiques de variation de la pression transmurale (Pression
systolique Ps=130mmHg et la pression diastolique P d=70mmHg), il y a une relation à peu
V
près linéaire entre V et P. la pente de cette partie linéaire est égale à C 
P

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V ml/mmHg

3
60 ans
2 40 ans

1
Pd Ps P mmHg
70 130
Figure 26 : variation du volume de l’Aorte en fonction de la pression transmurale

C est appelée capacitance de l’Aorte. Elle vaut 0,82ml/mmHg chez l’adulte jeune normal.
La capacitance d’une artère mesure sa distensibilité qui diminue avec l’âge. Son rôle
physiologique est double :
 Régularisation du débit sanguin dans les territoires périphériques
 Diminution du travail cardiaque

IV.2- REGULARISATION DU DEBIT


L’aorte et les gros troncs artériels peuvent être schématiquement représentés
comme un réservoir élastique de volume V dans lequel règne une pression P, et débouche
dans le réseau des petites artères, artérioles et capillaires, assimilé à une conduite unique
de résistance équivalente R (fig.27).

Q1

Pa

Q2 Pv

Figure 27 : représentation schématique de la circulation systémique faisant apparaître


l’effet capacitif

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Entre les instants t et t=dt, la variation dV de volume de ce réservoir est égale à la
différence de volume de sang qui entre par l’orifice aortique dV 1 et du volume dV2 qui sort
en direction des artérioles.
dV = dV1 – dV2
or dV = CdP a , dV1=Q1dt , dV2=Q2dt où C est la capacitance du reservoir, dP a la variation
de pression transmurale entre t et dt+dt, Q 1 et Q2 sont respectivement les débits d’entrée et
de sortie. Il résulte : CdPa = Q 1dt – Q 2dt
R étant la résistance de la circulation systémique on a :
P (t )  Pv
Q2 (t )  a  dPa  RdQ2 (t ) (Pv étant la pression veineuse pratiquement
R
dQ2
indépendante du temps), d’où : RCdQ 2(t) = Q1(t)dt – Q2(t)dt ou encore RC  Q2  Q1
dt
Cette équation qui permet de calculer Q 2 en fonction de Q1 est facile à résoudre si on
admet que le débit pulsé d’entrée Q 1 est carré (fig.28).

Qc lmn-1
Q1 débit d’entrée
15

Q1 débit de sortie

 temps
T
Figure 28 : régularisation du débit

On obtient :
  e  RC  1   t
Q2 (t )  Q1 1  1   e RC pour 0 t  
  
e RC 
T
 
 e RC  1   t
Et Q2 (t )  Q1  T
 e RC pour  t  T
1  e RC 

On constate que le débit pulsé Q 1, le réservoir capacitif fait correspondre dans le réservoir
des petites artères, artérioles et capillaires un débit Q2 beaucoup plus régulier dans le
temps avec une amplitude d’oscillation plus faible.
C’est la constante de temps RC qui règle l’amplitude d’oscillation de Q 2. Pour une
résistance R donnée, cette amplitude est d’autant plus faible que la capacitance est grande
et inversement, quand C diminue (par le vieillissement par exemple) le débit et de moins en
moins régulier (Fig.29).

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C= C1 C2 < C1 C=0
Figure 29 : Aspect du débit périphérique pour différente valeur de la capacitance C

L’effet de régularisation du débit rendu possible par l’élasticité de l’aorte et des gros troncs
artériels, a une importance capitale car il permet un apport en O 2 aux tissus, suffisamment
continu tout au long de la révolution cardiaque.

IV.3- DIMINUTION DU TRAVAIL CARDIAQUE


L’effet capacitif contribue à diminuer le travail cardiaque. En effet si l’aorte était
rigide Q 2(t) serait identique à Q1(t). En vertu de la loi de Poiseuille, l’énergie dépensée par
révolution cardiaque dans le réseau des petites artères, artérioles et capillaires serait alors

RQ12 et la puissance nécessaire RQ12 . D’autre part Q étant le débit moyen, on a
T
Q1=QT/, donc dans le cas d’une aorte rigide la puissance nécessaire pour assurer le débit
moyen Q aux tissus serait RQ2T/.
Au contraire, dans le cas d’une aorte idéalement élastique (C=) qui réaliserait une
régularisation totale rendant Q 2 égal à Q, la puissance nécessaire ne serait que RQ 2, c'est-
à-dire T/ (soit 2,6) fois plus faible. Une aorte rigide exigerait plus d’énergie du cœur pour
assurer le même débit périphérique.

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TEST D’EVALUATION

Q1 : Citer trois circonstances au cours desquelles l’écoulement sanguin peut devenir turbulent.

R1 : a- ......................................................................................
b- ......................................................................................
c- ......................................................................................
Q2 : Définir la capacitance de l’aorte et des gros troncs artériels.

R2 :……………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………………..

Q3 : Donner l’expression du théorème de Bernouilli.

R3 :……………………………………………………………………………………………………

Q4 : Suite à un traumatisme sur l’artère fémorale d’un sujet, le sang a jailli jusqu’à une hauteur
de 1m. Calculer, en kPa, la pression moyenne dans cette artère, au moment du traumatisme. (on
considère la masse volumique du sang égale à 1,04g/cm3)

R4 :…………………………………………………………………………………………………….

Q5 : Une plaque d’athérome réduit la surface d’une artère de 90%. En supposant les hypothèses
d’application du théorème de Bernouilli soient valides dans ce cas, De combien varie la pression
statique dans la partie rétrécie de l’artère et dans quel sens se fait cette variation ?

R5 :……………………………………………………………………………………………………
……………..............................................................................................................................................

Q6 : De combien est réduit le diamètre d’une artère, sur une longueur l, sachant que sa résistance à
l’écoulement est multipliée par un facteur égal à 256 ?

R6 : ………………………………………………………………………………………………….

Q7 : Chez un sujet normal, la pression aortique moyenne est d’environ 133kPa, celle dans la veine
cave est quasi nulle et le débit cardiaque moyen est de 5l/mn. Donner, en unité internationale, la
valeur de la résistance systémique.

R7 : ……………………………………………………………………………………………………..

Q8 : Un vaisseau de rayon 1cm se subdivise en 8 autres, de rayon moitié. Sachant que la vitesse
moyenne d’écoulement dans le premier est de 30cm/s, calculer celle dans les vaisseaux de
subdivision.

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R8 :………………………………………………………………..................................

Q9 : La pression artérielle systolique d’un sujet est égale à 120mmHg; calculer cette pression en kPa.

R9 : ………………………………………………………………………………………

Q10 : Quelle est, en cm, la valeur de la hauteur du jet vertical du sang d’une artère où la pression
transmurale moyenne est de 90mmHg (on considère que le masse volumique du sang= 1,04g/cm3).

Q10 : ……………………………………………………………………………………….

Q11 : Calculer, dans le système international d’unités, le gradient de pression dans une artère de
résistance, par unité de longueur, égale à 4x108N.s.m-6 et dans laquelle le sang s’écoule avec un débit
de 10-5 m3/s.

R11………………………………………………………………………………………

Q12 : Donner la formule qui exprime la loi de Pascal pour un fluide dans un état statique. Quelle est
la signification de chaque paramètre et son unité dans le système international.
R12 :………………………………………………………………………………………

Q13 : Donner la formule qui exprime la loi de Poiseuille pour un fluide visqueux en écoulement.
Quelle est la signification de chaque paramètre et son unité dans le système international.
R13 :………………………………………………………………………………………

Q14 : Une artère à paroi mixte a un diamètre de 1cm. La pression transmurale qui y règne est de
90mmHg. Calculer , mmHgxcm, la tension au niveau de la paroi de cette artère.
R14 :………………………………………………………………………………………

Q15 : La pression au niveau de l’artère pulmonaire est Pa = 15mmHg ; celle au niveau de l’oreillette
gauche est Po = 5mmHg.Ledébit cardiaque est de 6l/mn.
1. calculer, en Pa.s.m-3 , la résistance de la circulation pulmonaire.
2. suite à un problème vasculaire, la résistance de la circulation pulmonaire est multipliée par 2.
Que devient la pression dans l’artère pulmonaire si le débit cardiaque et la pression de
l’oreillette gauche restent inchangés, exprimer le résultat en mmHg.
R15 :………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………

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1. Le débit d’écoulement du sang
a- est proportionnel à la surface de section du vaisseau considéré.
b- est plus grand dans une artériole que dans une artère.
c- s’exprime en cm/sec.
d- augmente dans les zones de rétrécissement vasculaire.
e- dépend de la vitesse d’écoulement.

2. La pression transmurale dans une artère


a- est plus grande en diastole qu’en systole.
b- dépend de la posture du sujet.
c- s’exprime en kPa dans le système international d’unités.
d- augmente dans les zones de rétrécissement vasculaire.
e- subit une diminution depuis l’axe vers la paroi de l’artère .

3. Le théorème de Bernouilli
a- s’applique à tous les liquides en écoulement.
b- permet de calculer la perte de charge d’un liquide en écoulement.
c- exprime la conservation de l’énergie mécanique d’un volume de liquide non visqueux en
écoulement.
d- donne le débit d’écoulement d’un liquide visqueux.
e- peut se traduire par l’expression P+0,5v2=Cte, pour un liquide non visqueux en écoulement
horizontal.

4. Dans la portion rétrécie d’une artère par une plaque d’athérome


a- la pression artérielle augmente.
b- la vitesse d’écoulement du sang augmente.
c- la viscosité du sang augmente.
d- la résistance à l’écoulement est plus importante.
e- l’écoulement reste toujours laminaire.

5. A débit moyen constant, l’écoulement du sang dans l’aorte peut devenir turbulent quand
a- la vitesse d’écoulement augmente.
b- la viscosité du sang augmente.
c- son diamètre se trouve réduit par une plaque d’athérome.
d- la pression transmurale augmente.
e- quand le sujet passe de la position debout à la position couchée.

6. Pour une artère à paroi mixte


a- la pression active est constante.
b- il existe un seul rayon d’équilibre stable.
c- le diagramme tension rayon, T=f(r), a une allure parabolique.
d- la relation entre la tension T au niveau de la paroi et la pression transmurale P est P=Txr.
e- il existe une pression transmurale en dessous de laquelle on observe un collapsus .

7. La pression artérielle:
a- est donnée par la différence entre la pression du VG et celle de l’OD.
b- s’appelle également tension artérielle.
c- est plus élevée dans les artérioles que dans les artères.
d- a la même valeur dans les artères humérale s et fémorales, chez un sujet debout.
e- est de l’ordre de grandeur du kpascal.

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8. Le débit sanguin dans une artère périphérique:
a- dépend du calibre de l’artère.
b- a la même valeur que le débit cardiaque.
c- est constant au cours du cycle cardiaque.
d- est inversement proportionnel à la résistance du vaisseau.
e- diffère selon la position debout ou couchée du sujet.

9. La loi de Pascal :
a- donne la tension au niveau de la paroi d’un vaisseau en fonction de son rayon.
b- s’applique seulement aux états statiques des liquides.
c- permet de mesurer la pression artérielle.
d- permet de calculer la résistance d’une artère.
e- donne le gradient de pression dans un circuit vasculaire.

10. L’écoulement sanguin dans une artère peut devenir turbulent en cas de:
a- réduction importante de la lumière de l’artère.
b- de diminution de la vitesse d’écoulement.
c- d’une hypertension artérielle.
d- d’une augmentation du taux des protéines plasmatiques.
e- d’une anémie importante.

11. La capacitance artérielle est un paramètre qui:


a- dépend de la viscosité du sang.
b- est proportionnel à la perte de charge.
c- traduit la variation de volume de l’artère.
d- joue un rôle dans la régularisation du débit périphérique.
e- est inversement proportionnelle à l’élasticité artérielle.

12. Le gradient de pression dans une artériole est de 60mmHg/cm. Le débit sanguin étant de 3l/mn, la
résistance par unité de longueur de cette artériole est de :
a- 20 mmHg.mn.cm-4.
b- 0,02 mmHg.mn.cm-4.
c- 2 mmHg.mn.cm-5.
d- 16X106 kPa.s.m-4 .
e- 1,6X109 Pa.s.m-5.

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