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SCIENTIFIQUE
FACULTE DE MEDECINE
ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE
Les dysfonctions
oro-faciales
(Cours de 3ème année)
mazouzi.odf@gmail.com
PLAN :
INTRODUCTION
I. Les dysfonctions oro-faciales
1. Définitions
2. La ventilation
2.1. Définitions
2.2. Rôle de la ventilation nasale
2.3. La ventilation buccale
2.3.1. Etiologies d’une ventilation buccale
2.3.2. Conséquence de la ventilation buccale
2.3.3. Signes évocateurs de la ventilation buccale
3. La déglutition
3.1. Définition
3.2. Maturation de la déglutition fonctionnelle
3.3. Déglutition dysfonctionnelle (atypique)
3.3.1. Définition
3.3.2. Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle
3.3.3. Conséquences de la déglutition dysfonctionnelle sur la croissance
alvéolodentaire :
3.3.4. Signes évocateurs de la déglutition dysfonctionnelle
4. La mastication
4.1. Définition
4.2. Maturation de la mastication
4.3. Mastication physiologique : mastication unilatérale alternée
4.4. Exploration de la mastication
4.5. Physiopathologie de la mastication
4.5.1. Syndrome de mastication unilatérale dominante
4.5.2. Perturbations de la mastication
5. La phonation
5.1. Définition
5.2. Quelques formes de troubles de l’articulation
5.3. Répercussions phonétiques des malformations oro-faciales et des malpositions dentaires :
5.4. Troubles articulatoires et morphogénèse :
CONCLUSION
Bibliographie
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INTRODUCTION :
La croissance du massif facial est dépendante de facteurs génétiques mais le développement
des structures oro-faciales est soumis à l’influence des facteurs d’environnement que sont les
comportements neuromusculaires au cours des différentes fonctions.
Une déviation ou un retard de maturation de ces fonctions peuvent entrainer des contraintes
osseuses et alvéolaires qui peuvent modifier la position des dents et aggraver certaines
dysmorphoses orthodontiques.
I. Les dysfonctions oro-faciales :
1. Définitions :
▪ Fonction : réponse d’un organe a un besoin. Elle exige une conduite motrice
coordonnées appelée praxie.
▪ Dysfonction : fonction nécessaire à la survie ou à la communication mais dont le
déroulement est pathologique.
▪ Praxie : c’est l’ensemble de mouvements volontaires coordonnés en fonction d’un but
visé.
▪ Dyspraxie : c’est un dysfonctionnement du développement de la coordination motrice
(l’ensemble des troubles du développement moteur qui survient lors de l’acquisition des
praxies oro-faciales)
2. La ventilation :
2.1. Définitions : il sera préférable de différencier la ventilation de la respiration :
▪ La respiration : c’est l’ensemble des phénomènes qui concourent à apporter aux
cellules l’oxygène de l’air, dont elles ont besoin pour leur énergie, et à rejeter le gaz
carbonique qu’elles produisent (phénomène cellulaire).
▪ La ventilation : c’est le renouvellement de l'air dans les poumons.
TALMANT définit la ventilation nasale optimale : « la ventilation doit être nasale à
l’inspiration comme à l’expiration, de jour comme de nuit, au repos comme à l’effort ».
3. La déglutition :
3.1. Définition :
La déglutition est l’acte par lequel le contenu buccal (salive, liquide ou bol alimentaire) est
propulsé de la bouche vers l’estomac. Elle survient 500 à 1200 fois par jour chez le jeune adulte,
dure environ une seconde et nécessite l’arrêt de la ventilation.
La déglutition se déroule en 3 temps : le temps buccal, le temps pharyngien et le temps
œsophagien (seul le temps buccal sera étudiée).
3.2. Maturation de la déglutition fonctionnelle :
▪ Déglutition fœtale : apparait dès la 13ème semaine de la vie intra-uterine (le fœtus
déglutit le liquide amniotique).
▪ Déglutition chez le nouveau-né, on peut parler de réflexe inné de succion–déglutition
permettant à l’enfant de se nourrir.
L’étanchéité nécessaire est créée par la contraction labiale et la compression des gencives
autour du mamelon ou de la tétine. La langue s’interpose entre les 2 arcades.
▪ Déglutition du jeune enfant :
- En denture temporaire, la mastication apparaît avec l’éruption des dents, l’orbiculaire des
lèvres perd son rôle de joint puissant pour jouer celui d’obturateur. Cependant, la projection
linguale cesse rarement à ce stade.
- En denture mixte, les 1ères molaires permanentes contribuent à agrandir la boîte à langue.
Les dents sont en contact lors de la déglutition et la langue ne se projette plus.
À la chute des dents temporaires, une déglutition archaïque peut momentanément
réapparaître du fait de la brèche. Puis, la mise en fonction des incisives et surtout des canines
contribuent à parachever la maturation de la déglutition.
▪ Déglutition de l’adulte (déglutition mature, type secondaire), en dehors de toute
pathologie :
- Les arcades sont en occlusion ;
- les lèvre sont jointes, avec absence de contraction des muscles péribuccaux ;
- la langue est contenue à l’intérieur des arcades en appui contre le palais ;
- la pointe de la langue est au niveau de la papille rétro-incisive.
3.3. Déglutition dysfonctionnelle (atypique) :
3.3.1. Définition :
La pérennisation des comportements oraux qui s’associent aux réflexes innés de succion–
déglutition (au-delà de 8 à 10 ans) traduit une immaturité motrice et/ou affective. Elle revêt
différents aspects et se caractérise le plus souvent par :
- l’absence de contact dentaire ;
- une contraction exagérée des lèvres et des muscles faciaux ;
- une projection linguale latérale ou antérieure avec appui incorrect de la pointe de la langue,
qu’il soit contre la face palatine des incisives supérieures, contre la face linguale des incisives
inférieures, ou bien avec interposition entre les 2 arcades dentaires.
3.3.2. Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle : on peut citer :
- La part héréditaire du comportement neuromusculaire ;
- l’allaitement au biberon et sa persistance tardive ;
- l’alimentation trop molle qui induit une diminution de la motricité linguale ;
- les parafonctions (succion du pouce, onychophagie, etc.) ;
- les dysfonctions (la ventilation orale) ;
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- les troubles morphologiques de la langue (son volume, sa position, sa mobilité : frein lingual
court).
3.3.3. Conséquences de la déglutition dysfonctionnelle sur la croissance
alvéolodentaire :
La direction de croissance des procès alvéolaires, dans le sens vertical et vestibulo-lingual,
est exclusivement assujettie aux forces qui s’y exercent. Les procès alvéolaires s’équilibrent
dans un couloir où s’annulent les pressions musculaires.
• Dans le sens vertical :
- Une infraclusion incisive causée essentiellement par l’interposition linguale antérieurement.
- Une infraclusion molaire visible au repos où l’espace libre molaire est augmenté associée à
une supraclusion antérieure en occlusion. Elle serait la conséquence d’une interposition latérale
de la langue.
• Dans le sens sagittal :
- Une proalvéolie maxillaire qui est très souvent associée à une interposition labiale inférieure.
- Une proalvéolie mandibulaire (avec dans certain cas proglissement mandibulaire).
- Une biproalvéolie associée toujours à une hypotonicité labiale.
- Une rétroalvéolie maxillaire dans un contexte d’hypertonicité très forte de la sangle labio-
mentonnière.
- Une rétroalvéolie mandibulaire isolée ou accompagnée d’une proalvéolie supérieure. Elle est
souvent associée à une parafonction (succion digitale, aspiration de la lèvre inférieure, etc.).
• Dans le sens transversal : une endoalvéolie maxillaire symétrique avec latérodéviation
mandibulaire.
3.3.4. Signes évocateurs de la déglutition dysfonctionnelle :
▪ L’interrogatoire : cherchera :
- L’existence d’éventuelles parafonctions telles que la succion du pouce, le mordillement de la
lèvre, de la face interne de la joue, la tétée nocturne de la langue, etc.
- Une interposition linguale au cours de la phonation.
▪ L’examen fonctionnel :
La dysfonction peut atteindre tous les effecteurs musculaires. Les postures linguale et
labiale doivent être évaluées au repos puis en fonction. L’examen de la ventilation est une étape
primordiale du bilan fonctionnel, c’est la mécanique respiratoire qui règle les postures linguale
et labiale (et détermine verticalement la position de l’os hyoïde).
L’examen fonctionnel recherche lors de la déglutition d'une gorgée d'eau ou de la salive la
présence des signes caractéristiques de la déglutition adulte ou de la déglutition infantile :
▪ Signes exobuccaux :
En regardant l'enfant déglutir, on contrôle l'absence de crispation des muscles péri-oraux,
du buccinateur ou de la houpe du menton et on vérifie si les arcades sont en occlusion par la
palpation des muscles masséters.
▪ Signes endobuccaux :
Le praticien aperçoit la position de la langue à la fin de la déglutition en écartant rapidement
et légèrement les lèvres du patient à la recherche d'une projection linguale contre les incisives
(visible dans les diastèmes inter-dentaires) ou d’une interposition linguale inter-arcades dans
une béance antérieure et/ ou latérale. Un frein lingual court peut-être responsable d’une langue
basse et trop avancée et réduire considérablement la mobilité linguale.
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Il peut exister des interpositions latérales jugales, au repos et en fonctions qui peuvent être
suspecter par l’observation d’une ligne de morsure équivalente aux indentations linguales
(aspect festonné des bords de la langue).
4. La mastication :
4.1. Définition :
C’est la 1ère étape de la digestion. Elle associe, au cours d’une même séquence, plusieurs
activités motrices (la préhension, l’incision des aliments, leur transport intrabuccal et leur
fragmentation).
Elle réalise ainsi la préparation mécanique et l’insalivation du bol alimentaire afin de le
rendre apte à la déglutition.
4.2. Maturation de la mastication :
- Fait dans sa mise en place suite à la succion déglutition
- Apparition du mâchonnement unilatéral alterné vers le 5ème mois
La mastication véritable se met en place vers 5 ans, ou lors de la mise en fonction des 1ères
molaires permanentes. A partir de ce moment, il est nécessaire pour le bon développement
dentaire que l’alimentation soit suffisamment ferme. Si l’enfant continue à s’alimenter par des
bouillies, il va développer sa mastication temporale qui se limite à des mouvements verticaux
au lieu d’acquérir les mouvements de broiement propre à la mastication massétérine (Tableau).
Mastication massétérine Mastication temporale
- Importante stimulation fonctionnelle et - Faible stimulation fonctionnelle et mauvais
renforcement de l’os. développement osseux.
- Broiement de la nourriture. - Mastication insuffisante de la nourriture.
- Abrasion des dents de lait. - Abrasion faible et nulle des dents de lait.
- Déplacement vers l’avant de l’arcade - Pas de déplacement antérieur de la
dentaire inférieure. mandibule.
- Bonne position de la 6. - Anomalie d’éruption de la dent de 6ans.
- Pas de surplomb incisif gênant. - Surplomb incisif important.
4.3. Mastication physiologique : mastication unilatérale alternée :
- Les cycles font intervenir des mouvements d'abaissement/élévation de la mandibule, de
propulsion/ rétropulsion, ainsi que de diduction (composante latérale).
- Une mastication fonctionnelle stimule la croissance symétrique de la sphère maxillo-faciale,
et donc le développement des arcades dentaires (Planas).
4.4. Exploration de la mastication :
L’élément clef de l’étude de la mastication est l’examen du point inter-incisif inférieur lors
des mouvements de diduction. La trajectoire du point inter-incisif dans le plan frontal
détermine, avec la ligne horizontale, un angle qui est l’angle fonctionnel masticatoire de
Planas (AFMP) droit ou gauche selon le côté de la diduction.
La valeur de ces AFMP, permet de déterminer s’il existe, par exemple, un côté préférentiel
de mastication ou, si, au contraire, le patient mastique alternativement des 2 côtés.
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CONCLUSION :
Les dysfonctions et parafonctions ont un impact sur la morphogenèse crânio-faciale
(interrelation forme-fonction). Elles nécessitent un dépistage précoce et une prise en charge
pluridisciplinaire (orthodontiste, allergologue, O.R.L., kinésithérapeute, orthophoniste,
psychologue,…). Les parafonctions doivent être supprimées et les dysfonctions rééduquées,
condition nécessaire à la réussite du traitement.
Bibliographie :
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