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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE BADJI MOKHTAR ANNABA

FACULTE DE MEDECINE

DEPARTEMENT DE MEDECINE DENTAIRE

ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE

Les dysfonctions
oro-faciales
(Cours de 3ème année)

Enseignante : Dr. MAZOUZI A

mazouzi.odf@gmail.com

Année universitaire : 2023-2024


Les dysfonctions oro-faciales 2023-2024 Dr. MAZOUZI A

PLAN :

INTRODUCTION
I. Les dysfonctions oro-faciales
1. Définitions
2. La ventilation
2.1. Définitions
2.2. Rôle de la ventilation nasale
2.3. La ventilation buccale
2.3.1. Etiologies d’une ventilation buccale
2.3.2. Conséquence de la ventilation buccale
2.3.3. Signes évocateurs de la ventilation buccale
3. La déglutition
3.1. Définition
3.2. Maturation de la déglutition fonctionnelle
3.3. Déglutition dysfonctionnelle (atypique)
3.3.1. Définition
3.3.2. Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle
3.3.3. Conséquences de la déglutition dysfonctionnelle sur la croissance
alvéolodentaire :
3.3.4. Signes évocateurs de la déglutition dysfonctionnelle
4. La mastication
4.1. Définition
4.2. Maturation de la mastication
4.3. Mastication physiologique : mastication unilatérale alternée
4.4. Exploration de la mastication
4.5. Physiopathologie de la mastication
4.5.1. Syndrome de mastication unilatérale dominante
4.5.2. Perturbations de la mastication
5. La phonation
5.1. Définition
5.2. Quelques formes de troubles de l’articulation
5.3. Répercussions phonétiques des malformations oro-faciales et des malpositions dentaires :
5.4. Troubles articulatoires et morphogénèse :

II. Les parafonctions

CONCLUSION
Bibliographie
Les dysfonctions oro-faciales 2023-2024 Dr. MAZOUZI A

Les dysfonctions oro-faciales


(Orofacial dysfunctions)

INTRODUCTION :
La croissance du massif facial est dépendante de facteurs génétiques mais le développement
des structures oro-faciales est soumis à l’influence des facteurs d’environnement que sont les
comportements neuromusculaires au cours des différentes fonctions.
Une déviation ou un retard de maturation de ces fonctions peuvent entrainer des contraintes
osseuses et alvéolaires qui peuvent modifier la position des dents et aggraver certaines
dysmorphoses orthodontiques.
I. Les dysfonctions oro-faciales :
1. Définitions :
▪ Fonction : réponse d’un organe a un besoin. Elle exige une conduite motrice
coordonnées appelée praxie.
▪ Dysfonction : fonction nécessaire à la survie ou à la communication mais dont le
déroulement est pathologique.
▪ Praxie : c’est l’ensemble de mouvements volontaires coordonnés en fonction d’un but
visé.
▪ Dyspraxie : c’est un dysfonctionnement du développement de la coordination motrice
(l’ensemble des troubles du développement moteur qui survient lors de l’acquisition des
praxies oro-faciales)
2. La ventilation :
2.1. Définitions : il sera préférable de différencier la ventilation de la respiration :
▪ La respiration : c’est l’ensemble des phénomènes qui concourent à apporter aux
cellules l’oxygène de l’air, dont elles ont besoin pour leur énergie, et à rejeter le gaz
carbonique qu’elles produisent (phénomène cellulaire).
▪ La ventilation : c’est le renouvellement de l'air dans les poumons.
TALMANT définit la ventilation nasale optimale : « la ventilation doit être nasale à
l’inspiration comme à l’expiration, de jour comme de nuit, au repos comme à l’effort ».

2.2. Rôle de la ventilation nasale :


▪ Rôle ventilatoire : conditionnement de l’air inspiré (la régulation du débit aérien, la
filtration, l’humidification et réchauffement de l’air inspiré qui à rôle dans le
refroidissement du sang veineux cérébral (thermorégulation du cerveau).
▪ Rôle immunitaire,
▪ Rôle morphogénétique :
- Rôle expansif direct du flux ventilatoire sur la croissance des sinus maxillaires.
- La posture de la langue en cas de ventilation nasale optimale prend appui conjointement sur
le palais et sur les arcades alvéolo-dentaires, sollicitant ainsi la suture médio-palatine et assurant
pour partie l’écartement.
2.3. La ventilation buccale :
Toute ventilation autre qu’une ventilation nasale stricte est considérée comme dyspraxique.
Exception faite des efforts de très haute intensité, une ventilation exclusivement ou
partiellement orale est considérée comme pathologique.
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2.3.1. Etiologies d’une ventilation buccale :


▪ Etiologies obstructives :
Lyse ou déviation septale antérieure, rhinites ou rhinopharyngites, hypertrophie des
végétations adénoïdes et des amygdales palatines
▪ Etiologies non obstructives :
- L’incompétence labiale : inocclusion labiale au repos.
- La persistance de tics de succion (pouce).
- Une mauvaise habitude de ventilation orale persistante (après un épisode d’obstruction)
malgré l’éviction de l’obstacle.
2.3.2. Conséquences de la ventilation buccale :
▪ L’absence de filtration de l’air entraine un risque accru de contracter des infections
oropharyngées.
▪ La perturbation des échanges thermiques (non-réchauffement de l’air inspiré et non
refroidissement du sang allant irriguer le cerveau) a pour conséquence un état d’éveil et
des performances diminuées.
▪ Conséquences posturales : l’hypo sollicitation nasale et la nécessité de maintenir la
bouche entrouverte lors de la ventilation entrainent un cortège d'adaptations posturales
nécessaires pour faciliter le passage de l'air au niveau du pharynx :
- Posture crânio-cervicale : qui se modifie dans le sens d'une hyper extension cervicale avec
position avancée de la tête pour dégager le pharynx de l’obstruction basilinguale.
- Posture linguale : la situation basse de l'os hyoïde associée à une position basse et antérieure
de la langue peut être responsable d’un manque de développement du maxillaire (endognathie
/ brachygnathie maxillaire), d’une endoalvéolie ou au contraire d’une position trop antérieure
de la mandibule responsable d’un proglissement mandibulaire, une prognathie mandibulaire ou
une proalvéolie inférieure.
- Posture mandibulaire : l'extension crânio-cervicale en éloignant l'os hyoïde de la mandibule
va accroitre la tension des muscles mylo-hyoïdiens entrainant un abaissement de la mandibule.
La rotation mandibulaire sera d'autant plus postérieure favorisant l’excès vertical antérieur.
▪ Les obstructions peuvent être à l’origine d’un développement d’un SAHOS (syndrome
d’apnée hypopnée obstructive du sommeil).
2.3.3. Signes évocateurs de la ventilation buccale :
▪ Interrogatoire : à la recherche :
- Des antécédents rhinopharyngés et leur éventuelle prise en charge (traitements
médicamenteux, amygdalectomie ou adénoïdectomie) ;
- des troubles du sommeil liés à la perturbation de la thermorégulation cérébrale qui
accompagne la ventilation buccale (réveils, sueurs, sensation de soif) et leurs conséquences
diurnes (fatigue, difficulté de concentration …).
- de l’existence d'allergies ;
- de l'existence de ronflements.
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▪ Examen faciale : Faciès adénoïdien


- visage étroit, allongé, pâle, souvent inexpressif et figé ;
- paupières sont lourdes, regard est triste, ses yeux sont cernés ;
- les narines sont étroites, afonctionnelles et pincées ;
- pommettes effacées ;
- lèvres sèches, gercées, en inocclusion, l’occlusion labiale est obtenue par
contraction du muscle mentonnier) ;
- sa posture céphalique est modifiée pour faciliter le passage de l'air : l'enfant
projette sa tête en avant et adopte une posture céphalique en extension.
▪ Examen endobuccal :
- Gingivite chronique sur le bloc incisivo-canin ;
- la langue adopte une posture basse, adaptative ;
- les amygdales palatines peuvent être hypertrophiées ;
- le palais est profond, étroit.
▪ Examen radiologique : TLR de profil
Aspect des VAS chez le ventilateur
Aspect des VAS normales
buccal
- Aspect en chaussette suspendue par le talon : le - Forme en entonnoir : élargie à double
talon correspond au cavum, le pied aux fosses entrée à leur partie sup et rétrécie à leur
nasales et la jambe correspond à clarté située en partie inférieure.
arrière du voile et du massif lingual. - L’abaissement parfois important de
- Os hyoïde situé en regard du disque inter- l’os hyoïde.
vertébral C3-C4. - Végétations adénoïdes volumineuses et
- Peu ou pas d’hypertrophie des végétations les hypertrophies amygdaliennes.
adénoïdes et amygdales. - Espace clair entre la langue, le voile et
- Lèvres sont bien jointes. le palais osseux.
- Versant supérieur de la langue au contact direct - Absence de stomion.
de la voûte palatine et du voile du palais.
▪ Examen fonctionnel :
o Test du miroir de GLATZEL : il permet de tester la perméabilité narinaire et sa
symétrie.
Lors de l'expiration, un miroir préalablement refroidi placé sous les narines se charge
normalement de buée. L'importance des traces de buée et leur symétrie permettent d'évaluer la
perméabilité narinaire et sa symétrie.
o Test du reflexe narinaire de GUDIN : il explore le réflexe narinaire.
Le patient ayant la bouche fermée, le praticien pince ses narines pendant 2 sec avant de les
relâcher.
- Si le réflexe narinaire est présent : les narines doivent battre et s'ouvrir.
- Si elles restent pincées, ou s’ouvrent sans battre, ce test met en évidence une hypotonie des
muscles dilatateurs.
o Test de ROSENTHAL : Il teste la capacité d’un patient ventilant habituellement
par la bouche à ventiler par le nez. L'enfant doit effectuer 15 ventilations bouche
fermée :
- Le test est (-) : (faux ventilateur buccal) : l’enfant n’ouvre pas la bouche, aucun signe de gène,
d’essoufflement ou d’accélération de pouls.
- Le test est (+) : (vrai ventilateur buccal) : s'il ouvre la bouche avant la fin du test ou que son
pouls s'accélère, sensation de vertige...
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3. La déglutition :
3.1. Définition :
La déglutition est l’acte par lequel le contenu buccal (salive, liquide ou bol alimentaire) est
propulsé de la bouche vers l’estomac. Elle survient 500 à 1200 fois par jour chez le jeune adulte,
dure environ une seconde et nécessite l’arrêt de la ventilation.
La déglutition se déroule en 3 temps : le temps buccal, le temps pharyngien et le temps
œsophagien (seul le temps buccal sera étudiée).
3.2. Maturation de la déglutition fonctionnelle :
▪ Déglutition fœtale : apparait dès la 13ème semaine de la vie intra-uterine (le fœtus
déglutit le liquide amniotique).
▪ Déglutition chez le nouveau-né, on peut parler de réflexe inné de succion–déglutition
permettant à l’enfant de se nourrir.
L’étanchéité nécessaire est créée par la contraction labiale et la compression des gencives
autour du mamelon ou de la tétine. La langue s’interpose entre les 2 arcades.
▪ Déglutition du jeune enfant :
- En denture temporaire, la mastication apparaît avec l’éruption des dents, l’orbiculaire des
lèvres perd son rôle de joint puissant pour jouer celui d’obturateur. Cependant, la projection
linguale cesse rarement à ce stade.
- En denture mixte, les 1ères molaires permanentes contribuent à agrandir la boîte à langue.
Les dents sont en contact lors de la déglutition et la langue ne se projette plus.
À la chute des dents temporaires, une déglutition archaïque peut momentanément
réapparaître du fait de la brèche. Puis, la mise en fonction des incisives et surtout des canines
contribuent à parachever la maturation de la déglutition.
▪ Déglutition de l’adulte (déglutition mature, type secondaire), en dehors de toute
pathologie :
- Les arcades sont en occlusion ;
- les lèvre sont jointes, avec absence de contraction des muscles péribuccaux ;
- la langue est contenue à l’intérieur des arcades en appui contre le palais ;
- la pointe de la langue est au niveau de la papille rétro-incisive.
3.3. Déglutition dysfonctionnelle (atypique) :
3.3.1. Définition :
La pérennisation des comportements oraux qui s’associent aux réflexes innés de succion–
déglutition (au-delà de 8 à 10 ans) traduit une immaturité motrice et/ou affective. Elle revêt
différents aspects et se caractérise le plus souvent par :
- l’absence de contact dentaire ;
- une contraction exagérée des lèvres et des muscles faciaux ;
- une projection linguale latérale ou antérieure avec appui incorrect de la pointe de la langue,
qu’il soit contre la face palatine des incisives supérieures, contre la face linguale des incisives
inférieures, ou bien avec interposition entre les 2 arcades dentaires.
3.3.2. Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle : on peut citer :
- La part héréditaire du comportement neuromusculaire ;
- l’allaitement au biberon et sa persistance tardive ;
- l’alimentation trop molle qui induit une diminution de la motricité linguale ;
- les parafonctions (succion du pouce, onychophagie, etc.) ;
- les dysfonctions (la ventilation orale) ;
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- les troubles morphologiques de la langue (son volume, sa position, sa mobilité : frein lingual
court).
3.3.3. Conséquences de la déglutition dysfonctionnelle sur la croissance
alvéolodentaire :
La direction de croissance des procès alvéolaires, dans le sens vertical et vestibulo-lingual,
est exclusivement assujettie aux forces qui s’y exercent. Les procès alvéolaires s’équilibrent
dans un couloir où s’annulent les pressions musculaires.
• Dans le sens vertical :
- Une infraclusion incisive causée essentiellement par l’interposition linguale antérieurement.
- Une infraclusion molaire visible au repos où l’espace libre molaire est augmenté associée à
une supraclusion antérieure en occlusion. Elle serait la conséquence d’une interposition latérale
de la langue.
• Dans le sens sagittal :
- Une proalvéolie maxillaire qui est très souvent associée à une interposition labiale inférieure.
- Une proalvéolie mandibulaire (avec dans certain cas proglissement mandibulaire).
- Une biproalvéolie associée toujours à une hypotonicité labiale.
- Une rétroalvéolie maxillaire dans un contexte d’hypertonicité très forte de la sangle labio-
mentonnière.
- Une rétroalvéolie mandibulaire isolée ou accompagnée d’une proalvéolie supérieure. Elle est
souvent associée à une parafonction (succion digitale, aspiration de la lèvre inférieure, etc.).
• Dans le sens transversal : une endoalvéolie maxillaire symétrique avec latérodéviation
mandibulaire.
3.3.4. Signes évocateurs de la déglutition dysfonctionnelle :
▪ L’interrogatoire : cherchera :
- L’existence d’éventuelles parafonctions telles que la succion du pouce, le mordillement de la
lèvre, de la face interne de la joue, la tétée nocturne de la langue, etc.
- Une interposition linguale au cours de la phonation.
▪ L’examen fonctionnel :
La dysfonction peut atteindre tous les effecteurs musculaires. Les postures linguale et
labiale doivent être évaluées au repos puis en fonction. L’examen de la ventilation est une étape
primordiale du bilan fonctionnel, c’est la mécanique respiratoire qui règle les postures linguale
et labiale (et détermine verticalement la position de l’os hyoïde).
L’examen fonctionnel recherche lors de la déglutition d'une gorgée d'eau ou de la salive la
présence des signes caractéristiques de la déglutition adulte ou de la déglutition infantile :
▪ Signes exobuccaux :
En regardant l'enfant déglutir, on contrôle l'absence de crispation des muscles péri-oraux,
du buccinateur ou de la houpe du menton et on vérifie si les arcades sont en occlusion par la
palpation des muscles masséters.
▪ Signes endobuccaux :
Le praticien aperçoit la position de la langue à la fin de la déglutition en écartant rapidement
et légèrement les lèvres du patient à la recherche d'une projection linguale contre les incisives
(visible dans les diastèmes inter-dentaires) ou d’une interposition linguale inter-arcades dans
une béance antérieure et/ ou latérale. Un frein lingual court peut-être responsable d’une langue
basse et trop avancée et réduire considérablement la mobilité linguale.
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Il peut exister des interpositions latérales jugales, au repos et en fonctions qui peuvent être
suspecter par l’observation d’une ligne de morsure équivalente aux indentations linguales
(aspect festonné des bords de la langue).

4. La mastication :
4.1. Définition :
C’est la 1ère étape de la digestion. Elle associe, au cours d’une même séquence, plusieurs
activités motrices (la préhension, l’incision des aliments, leur transport intrabuccal et leur
fragmentation).
Elle réalise ainsi la préparation mécanique et l’insalivation du bol alimentaire afin de le
rendre apte à la déglutition.
4.2. Maturation de la mastication :
- Fait dans sa mise en place suite à la succion déglutition
- Apparition du mâchonnement unilatéral alterné vers le 5ème mois
La mastication véritable se met en place vers 5 ans, ou lors de la mise en fonction des 1ères
molaires permanentes. A partir de ce moment, il est nécessaire pour le bon développement
dentaire que l’alimentation soit suffisamment ferme. Si l’enfant continue à s’alimenter par des
bouillies, il va développer sa mastication temporale qui se limite à des mouvements verticaux
au lieu d’acquérir les mouvements de broiement propre à la mastication massétérine (Tableau).
Mastication massétérine Mastication temporale
- Importante stimulation fonctionnelle et - Faible stimulation fonctionnelle et mauvais
renforcement de l’os. développement osseux.
- Broiement de la nourriture. - Mastication insuffisante de la nourriture.
- Abrasion des dents de lait. - Abrasion faible et nulle des dents de lait.
- Déplacement vers l’avant de l’arcade - Pas de déplacement antérieur de la
dentaire inférieure. mandibule.
- Bonne position de la 6. - Anomalie d’éruption de la dent de 6ans.
- Pas de surplomb incisif gênant. - Surplomb incisif important.
4.3. Mastication physiologique : mastication unilatérale alternée :
- Les cycles font intervenir des mouvements d'abaissement/élévation de la mandibule, de
propulsion/ rétropulsion, ainsi que de diduction (composante latérale).
- Une mastication fonctionnelle stimule la croissance symétrique de la sphère maxillo-faciale,
et donc le développement des arcades dentaires (Planas).
4.4. Exploration de la mastication :
L’élément clef de l’étude de la mastication est l’examen du point inter-incisif inférieur lors
des mouvements de diduction. La trajectoire du point inter-incisif dans le plan frontal
détermine, avec la ligne horizontale, un angle qui est l’angle fonctionnel masticatoire de
Planas (AFMP) droit ou gauche selon le côté de la diduction.
La valeur de ces AFMP, permet de déterminer s’il existe, par exemple, un côté préférentiel
de mastication ou, si, au contraire, le patient mastique alternativement des 2 côtés.
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▪ Dans le cas d’une mastication unilatérale alternée, les


AFMP sont égaux et diminuent ensemble, avec le temps,
avec l’abrasion physiologique de la denture.

▪ Une différence entre les AFMP droit et gauche signe une


mastication unilatérale dominante du côté de l'angle le
plus faible selon la loi de la dimension verticale minimale
(le patient privilégie une mastication du côté où
l’abaissement de la mandibule est moindre).
4.5. Physiopathologie de la mastication :
4.5.1. Syndrome de mastication unilatérale dominante :
Dans ce syndrome le patient mastique exclusivement ou préférentiellement d’un seul côté.
Les stimuli de croissance engendrés lors de la mastication par le glissement de l’ATM du côté
non mastiquant et les frottements occlusaux puissants du côté mastiquant demeurent unilatéraux
et conduisent, chez l’enfant, à un développement maxillo-facial asymétrique :
Côté mastiquant Côté non mastiquant
- Un développement marqué du maxillaire Le développement asymétrique du maxillaire
vers l’extérieur et l’avant lié aux frottements induit une déviation de la médiane maxillaire
occlusaux. vers le côté non mastiquant.
- Un condyle plus volumineux et une pente - Un condyle plus allongé et une pente
condylienne plus accentuée condylienne plus faible.
- Une hémi-mandibule plus courte et en - Un allongement excessif de l’hémi-
position distale par réduction des stimuli de mandibule par stimulation de la croissance
croissance au niveau de l’ATM. condylienne lors des mouvements sagittaux
- Un corps mandibulaire plus haut surtout au du condyle non travaillant.
niveau molaire, en relation avec les fortes - Une déviation de la médiane incisive
sollicitations fonctionnelles. mandibulaire vers le côté mastiquant.
- Une occlusion de classe II en relation avec - Une occlusion de classe I le plus souvent.
le développement sagittal maxillaire et
mandibulaire.
- Inclinaison frontale du plan d’occlusion - Inclinaison frontale du plan d’occlusion
vers le haut. vers le bas.
4.5.2. Perturbations de la mastication :
Elles peuvent se manifester par une simple modification de forme et de rythme du cycle
masticateur, ou par une perturbation des capacités et des performances masticatrices. Les causes
sont multiples : troubles du système neuro-musculaire, dysfonctions de l'appareil manducateur
(dont les pathologies de l'ATM), et causes dentaires et occlusales (malocclusions, pertes
dentaires non compensées, douleurs ...
5. La phonation :
5.1. Définition :
La phonation est une fonction de relation qui participe à l'élaboration du langage oral qui
est un des véhicules de la pensée. Elle n'est pas réalisée au moyen d'un appareil spécifique : mis
à part le larynx, les organes qu'elle met en jeu sont d'abord affectés aux fonctions vitales de
ventilation et de nutrition.
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5.2. Quelques formes de troubles de l’articulation :


▪ Les sigmatismes : altérations S, CH, on distingue :
-Le zézaiement ou sigmatisme inter dental : la pointe de la langue prend appui sur les
incisives sup ou s’interpose entre les arcades dentaires (prononcer Z à la place de J et G : joue-
zoue / S à la place CH: chat-sa)
- Sigmatisme latéral : prononcer CH à la place de S, et J à la place de Z
- Le sigmatisme dorsal : avec point d'articulation trop postérieur
- Le sigmatisme occlusif : S se dit T
- Le sigmatisme nasal : Le S est remplacé par un souffle nasal.
▪ Le lambdacisme : altération du L, le point d'articulation devient dorso-palatal
▪ Le rhotacisme : altération du R qui peut être remplacé par L ou ye.
▪ Assourdissement : absence de vibrations laryngées dans les sonores qui sont
remplacées par des sourdes B devient P, D devient T.
▪ Rhinolalie : Le voile ne s'abaisse pas pour des phonèmes normalement nasalisés.
5.3. Répercussions phonétiques des malformations oro-faciales et des
malpositions dentaires :
- Les fentes labiales sont à l’origine de difficultés de prononciations, en particulier des fricatives
faisant intervenir les lèvres.
- Les fentes palatines s'accompagnant de résonances nasales anormales.
- Les malocclusion dentaires : à chaque fois que la langue ne peut avoir de relations normales
antérieurement avec les incisives supérieures et inférieures, ou latéralement avec les molaires
et prémolaires.
5.4. Troubles articulatoires et morphogénèse :
L'anomalie de phonation ne retentit pas sur la morphologie, l'action exercée par la langue
lors de l'articulation d'une consonne dure 1/10 de seconde pour une seconde par rapport à la
déglutition.

II. Les parafonctions :


1. Définition :
Les parafonctions sont l’ensemble des activités anarchiques exercées « à côté » de la
fonction, de manière répétée ou prolongée mettant en jeu les organes de la sphère oro-faciale.
Elles ne présentent pas de but précis et leur exécution n’est pas nécessaire à la survie.
Exemples : la succion du pouce ou d’objet, l’onychophagie, la morsure des joues ou l’aspiration
des lèvres, le bruxisme.
2. Succion digitale :
C’est une attitude acquise durant la période prénatale. Elle devient anormale si elle persiste
à l’âge scolaire (limite physiologique : dès 4ans).
▪ Etiologies :
- Psychologiques.
- Sociologique : absence de la mère, allaitement artificiel, utilisation prolongée de la sucette
remplacée par le doigt).
▪ Conséquences :
- Sens transversal : endoalvéolie avec ou son latérodéviation + position basse de la langue.
- Sens vertical : béance antérieure + interposition linguale antérieure.
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- Sens sagittal : proalvéolie, rétroalvéolie inférieure, cl II squelettique. L’augmentation de l’Oj


peut favoriser l’interposition labiale inférieure.
3. Mordillement de la lèvre :
Peut être responsable d’une proalvéolie supérieure ou rétroalvéolie inférieure.
4. Onychophagie : c’est l’action de se ronger les ongles. Parmi ses conséquences :
- Micro-traumatismes au niveau des dents antérieures (risque de résorptions radiculaires) ;
- influence négative sur la santé des ATM (fortes contraintes) ;
- une onychophagie intense asymétrique pourrait expliquer certaines malpositions incisives ...
5. Bruxisme : « Grincement ou serrement des dents dû à l'hyperactivité involontaire des
muscles masticateurs », d'origine multifactorielle (dictionnaire SFODF). Il est responsable
de(s) : abrasions et fêlures dentaires, parodontolyses, hypertrophie et sensation de fatigue des
muscles masticateurs, risque d'apparition de pathologies des ATM ...
6. Mimétisme : la mimique pourrait influencer le déroulement de la morphogenèse crânio-
faciale. Le mimétisme pourrait être l'une des étiopathogénies possibles des classes III (les
enfants imitent leurs parents prognathes).

CONCLUSION :
Les dysfonctions et parafonctions ont un impact sur la morphogenèse crânio-faciale
(interrelation forme-fonction). Elles nécessitent un dépistage précoce et une prise en charge
pluridisciplinaire (orthodontiste, allergologue, O.R.L., kinésithérapeute, orthophoniste,
psychologue,…). Les parafonctions doivent être supprimées et les dysfonctions rééduquées,
condition nécessaire à la réussite du traitement.

Bibliographie :
[01] AMEISEN E, AUCLAIR-ASSAD C et ROLLAND ML. Phonation et orthodontie.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Stomatologie/Odontologie, 22-009-B-10, 2003, 10 p.
[02] BRETON-TORRES I, BAYOL CM, DE BOUTRAY M. Ventilation dyspraxique :
comprendre et rééduquer. EMC- Orthopédie Dentofaciale 2021 ;33(1):1-14 [Article 23-130-
A-10].
[03] BRETON-TORRES I, FRAPIER L. Rééducation du temps buccal de la déglutition
salivaire et des dyspraxies orofaciales. Physiologie. EMC - Odontologie/Orthopédie
Dentofaciale 2016 ;11(4) :1-7 [Article 23-490-D-10].
[04] BOILEAU M.-J., SAMPEUR-TARRIT M., BAZERT C. Physiologie et
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Ed Médecine sciences - Flammarion. 1994, 272p.
[09] SFODF, Dictionnaire d'orthognathodontie. 2012.
[10] YASUKAWA K, DAVIDO N. Orthopédie dento-faciale, odontologie pédiatrique.
Internat en odontologie. Maloine. 2014, 208p.

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