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Annales de chirurgie plastique esthétique (2019) 64, 519—530

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Les reprises de génioplasties


Secondary genioplasty

O. Esnault

6, rue Puvis-de-Chavannes, 75017 Paris, France

MOTS CLÉS Résumé Reprendre une génioplastie précocement ou tardivement peut constituer un véri-
Génioplastie ; table défi pour le praticien. Nous passerons en revue les différents types de génioplastie, les
Reprise ; difficultés rencontrées et les possibilités de réparation au moyen d’exemples concrets.
Implant ; # 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Esthétique ;
Menton

Summary Secondary genioplasty can be a real challenge for the practitioner. We will review
KEYWORDS the different types of genioplasty, the difficulties encountered and the possibilities of repair
Secondary; using concrete examples.
Reoperation; # 2019 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Genioplasty;
Chin;
Esthetics chin-wing

Réopérer un patient qui a bénéficié d’une génioplastie, ont pour but d’obtenir une fermeture labiale de repos, de
qu’elle soit fonctionnelle ou esthétique est toujours un favoriser la respiration nasale et une déglutition fonc-
moment délicat tant pour le patient que pour le praticien tionnelle adulte. Elles peuvent également avoir des vertus
lui-même. de stabilité des traitements orthodontiques et des effets
Les complications des génioplasties ont été décrites dans parodontaux positifs. Leur retentissement esthétique est
de nombreux ouvrages et rapports et ne seront pas toutes variable comme nous le verrons ;
évoquées de manière exhaustive ici. Nous nous concentre-  les génioplasties esthétiques qui sont généralement réali-
rons sur les principes et moyens qui permettent de les éviter sées pour corriger un excès ou un manque de projection du
et proposerons quelques solutions de prise en charge lorsque menton dans le cadre de profiloplasties. Elles peuvent
le résultat fonctionnel et esthétique n’est pas satisfaisant. avoir des conséquences fonctionnelles négatives et doi-
On distingue généralement deux grands groupes de vent être surveillées.
génioplasties :
Les génioplasties fonctionnelles réalisées dans le cadre
 les génioplasties fonctionnelles qui sont souvent, mais pas d’un protocole ortho-chirurgical sont majoritairement
toujours, associées à une chirurgie orthognatique, et qui des gestes d’ostéotomie plus ou moins étendue du rebord

Adresse e-mail : olivier.esnault@orange.fr.

https://doi.org/10.1016/j.anplas.2019.08.005
0294-1260/# 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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mandibulaire antérieur et de la symphyse. Plusieurs écueils niveau des prémolaires ou des molaires de part et d’autre.
peuvent entraîner un résultat insatisfaisant ou des compli- Cette voie d’abord à l’avantage de permettre dans certains
cations postopératoires qui vont nécessiter de réopérer le cas des corrections parodontales, elle nécessite un détar-
patient. trage préalable parfait et un contrôle parodontal.
Le premier écueil est la voie d’abord qui est généralement Un deuxième écueil est le décollement sous-périosté
arciforme, en V inversé sur la face interne de la lèvre qui doit idéalement se limiter à la partie antérieure de
inférieure, à distance du vestibule et suffisamment étendue la symphyse et de la para-symphyse sans déborder sur la
latéralement pour permettre un bon repérage des émergences partie inférieure du rebord mandibulaire et mentonnier
du nerf labio-mentonnier. La section des muscles de la houppe (« degloving »). Ceci afin de préserver les attaches cutanées
du menton est minimale en orientant l’abord vers les racines du et musculaires (en particulier du mentalis) et éviter le
bloc incisivo-canin et prémolaire pour éviter les filets nerveux fameux « menton de sorcière ». Cette ptose sous-menton-
qui peuvent remonter haut dans les tissus mous. Garder un peu nière des tissus mous et de la peau au repos ou lors de la
de périoste et d’insertion musculaire côté interne permet de mimique s’associe à une perte de support labial, un dépla-
faciliter la suture du plan profond lors de la fermeture. Les cement du sillon labio-mentonnier et une surexposition des
voies d’abord trop basses, dans le vestibule, favorisent les incisives inférieures avec incompétence labiale [2—4]. Un
brides cicatricielles, la rétraction de la muqueuse attachée décollement trop exhaustif poursuivi sous le rebord mandi-
parodontale et éventuellement les récessions gingivales sur les bulaire peut donc nécessiter une reprise chirurgicale qui aura
incisives et les canines [1]. Elles sont sources de gêne pour le alors pour but de réinsérer le périoste et les muscles à l’os
patient, de rétention alimentaire et peuvent justifier à elles symphysaire avec parfois nécessité de points trans-osseux.
seules une reprise chirurgicale voire une greffe d’approfondis- Une mobilisation ascendante du mentalis par ostéotomie
sement vestibulaire dans les cas extrêmes. verticale symphysaire en avant des apex semble efficace
Certains opérateurs préfèrent la voie sulculaire qui va quand elle est possible [3].
décoller délicatement la muqueuse attachée au niveau des Nous ne décrirons pas les différents types d’ostéotomie
collets dentaires, et qui doit alors être poursuivie loin qui ont pu être détaillées dans des publications antérieures.
latéralement pour permettre l’abord correct de la symphyse La tendance actuelle est d’éviter les gestes trop ablatifs qui,
mentonnière ou être associée à des incisions de décharge au même si initialement le résultat peut-être satisfaisant,

Figure 1 Exemple de section du nerf mentonnier au niveau de sa boucle droite lors d’une génioplastie dont l’axe du trait de coupe
n’a pas été maîtrisé.
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entraînent souvent une déperdition du soutien des tissus  atteinte du nerf labio-mentonnier [5,6], en particulier
avec des encoches parasymphysaires et un vieillissement dans la région de sa boucle avant l’émergence (Fig. 1),
global du tiers inférieur du visage. La plupart des auteurs l’orientation du trait d’ostéotomie est alors fondamen-
déconseillent également les gestes de modelage ablatifs de tale [7]. La règle des 5 mm de marge de sécurité sous
la symphyse et du rebord mandibulaire pour les génioplasties l’émergence est à mettre en parallèle avec le cône-beam
de recul car, d’une part, ils nécessitent un décollement préopératoire qui montre dans certains cas une boucle
périosté inférieur trop important, et d’autre part ils beaucoup plus basse. Dans certaines génioplasties
génèrent souvent des irrégularités palpables voire visibles. complexes de type chin-wing de Triaca (Fig. 2) avec un
L’ostéotomie en elle-même est potentiellement généra- nerf bas situé, une programmation 3D avec guide de
trice de complications classiquement décrites : coupes et de positionnement peut être utile (Fig. 3).

Figure 2 Exemples de génioplastie en « mini-wing » ou « chin-wing » de Triaca. (Radios Dr. Paul Cresseaux).
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Figure 3 Exemple de génioplastie en « chin-wing » de Triaca avec repérage du nerf sur le cone beam préopératoire avec réalisation
de guides de coupe. Avancée importante de l’ensemble du rebord basilaire et greffe de l’ensemble des espaces inter-osseux par os de
banque (BioBank1).

Certains auteurs asiatiques utilisent également cette grandement ce risque et la perte de temps générée est à
technique modifiée en ôtant une plus ou moins large mettre en parallèle avec le risque d’une reprise chirurgi-
baguette de rebord basilaire jusqu’aux angles pour affiner cale en urgence ;
le visage. [8—10] ;  irrégularité du report basilaire qui est fréquemment
 blessure des tissus mous du plancher buccal lors de retrouvée sur les parties latérales de la génioplastie
l’ostéotomie de la corticale mandibulaire linguale, res- (Fig. 4). Ces irrégularités peuvent être palpables et/ou
ponsable de saignement et hématome post opératoire [7] visibles ce qui peut justifier une reprise chirurgicale.
avec les complications compressives potentiellement suf- Elles ont tendance à s’atténuer avec le temps ce qui peut
focantes que l’on connaît. L’utilisation de la piezo- faire différer leur correction. Les génioplasties de type
chirurgie, au moins pour l’ostéotomie postérieure, limite chin-wing (Fig. 5), plus ou moins prolongée vers l’angle
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Figure 4 Jeune garçon respirateur buccal exclusif avec difficultés de rééducation, opéré à 12 ans d’une génioplastie fonctionnelle
avec réduction de hauteur de 5 mm et propulsion de 10 mm. Abcès sous mental droit dans les suites opératoires à la troisième semaine
nécessitant un traitement antibiotique et une évacuation. Reprise quatre ans plus tard pour amélioration de l’aspect esthétique, il
persiste des encoches latérales et un aspect pointu du menton. (photos Dr. Christian Paulus).

mandibulaire et réalisant une ostéotomie sous alvéolaire [1]). Cette greffe est également utile dans ces génioplas-
totale ou partielle permettent de s’affranchir de ce risque ties d’avancée pour éviter la création d’un sillon labio-
au prix d’un temps opératoire allongé ; mentonnier trop marqué, pour augmenter l’enveloppe
 asymétrie du menton osseux par mauvais positionnement vestibulaire de correction orthodontique ou pour renfor-
peropératoire ou déplacement secondaire lié à une ostéo- cer le parodonte. La protection de cette greffe par une
synthèse insuffisante ou par l’absence de greffe osseuse membrane résorbable ou une grille titane semble limiter
avec consolidation imparfaite [7] ; les résorptions (Fig. 7). La surpression fonctionnelle par
 majoration du sillon labio-mentonnier dans les génioplas- les muscles orbiculaires et carrés du menton a également
tie d’avancée, qui peut générer une éversion la lèvre été décrite comme potentiellement à l’origine de perte
inférieure inesthétique. Cette complication classique osseuse pré-symphysaire [4] ce qui motive la coopération
peut être évitée en associant une greffe d’os autologue d’un kinésithérapeute ou orthophoniste spécialisé. Cer-
et/ou d’os de banque dans la zone pré-symphysaire (Fig. 6 tains associent à la plastie osseuse fonctionnelle des
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Figure 5 Exemple de génioplastie en « chin-wing » de Triaca avec élargissement frontal et greffe. Notez sur les vues peropératoires
que le trait d’ostéotomie passe sous le nerf alvéolaire, au ras du décollement périosté qui est limité au maximum.

Figure 6 Vue peropératoire de corticotomies symphysaires sur l’os receveur puis de greffe d’os de banque protégé par une
membrane résorbable dans le sillon labio-mentonnier après génioplastie.

gestes de fragilisation musculaire qui limitent la pression lymphome), de traitement par biphosphonates ou im-
anormale sur l’os ; munosuppresseurs ou d’infections locales. Un suivi
 la lésion d’un apex dentaire incisif ou canin inférieur par scrupuleux, un traitement antibiotique bien conduit,
le trait d’ostéotomie ou une vis d’ostéosynthèse a été l’évacuation d’un hématome, permet généralement
décrite et est heureusement rare. L’analyse radiogra- d’éviter des reprises [11] et greffes secondaires complexes
phique préopératoire reste le meilleur moyen de l’éviter. ou la mise en place d’une prothèse en remplacement de
Un traitement endodontique est indispensable en cas l’os perdu ;
d’atteinte pulpaire [5,7] ;  les fractures mandibulaires sont rares mais possibles lors
 la résorption ou fonte d’un fragment ou de la totalité d’une mobilisation trop précoce du fragment mentonnier
de l’os concerné par la génioplastie [7] est également avant complète ostéotomie des deux corticales, un trait
exceptionnelle sauf dans des cas d’irradiation préalable de refend ascendant est alors possible vers le ramus
(attention aux antécédents d’irradiation en mantelet pour et peut nécessiter une réduction et ostéosynthèse
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Figure 7 Évolution dans le temps d’une greffe d’os de banque (BioBank1) protégée par une membrane résorbable au cours d’une
génioplastie d’avancée avec création d’une nouvelle corticale vestibulaire.

secondaire s’il est passé inaperçu. Cela justifie la réalisa- mais avec élimination de fragments latéraux du rebord
tion d’une radiographie panoramique préalable, qui basilaire et réduction médiane symphysaire pour affiner le
pourra retrouver des facteurs favorisants, et un cliché visage [9,10,14].
de contrôle [12] ; Les génioplasties esthétiques réalisées au moyen de pro-
 la mobilisation secondaire précoce du fragment après thèses [15] (Fig. 9) ont la préférence de certains praticiens
traumatisme mentonnier minime a été décrite lors d’ostéo- du fait de leur facilité d’usage en comparaison avec les
synthèse par vis simple ou double [13] ou lors d’efforts de génioplasties par ostéotomie. Elles ont leur propre lot
vomissements postopératoires. Une reprise précoce avec d’inconvénients qui peuvent nécessiter une reprise chirurgi-
ostéosynthèse par plaque a alors été nécessaire. cale précoce ou tardive :

Plus fréquemment, la reprise chirurgicale sera motivée  précocement, on peut observer des résultats insatisfai-
par un résultat que le patient, et parfois le chirurgien, trouve sants esthétiquement pour le patient soit par excès soit
imparfait, soit sur le plan fonctionnel — absence de ferme- par manque de correction qui peuvent être corrigées
ture labiale de repos avec contraction des muscles du en remplaçant précocement ou plus tardivement la ou
menton et aspect en « peau d’orange », ou au contraire les prothèses. La prédictibilité du résultat est souvent
tassement des lèvres avec surcompression à leur fermeture considérée comme inférieure par rapport à l’ostéotomie
en « bec de canard » — soit sur le plan esthétique (Fig. 8). La [16] ;
reprise devra alors intégrer un certain nombre de principes  les atteintes partielles ou totales de la sensibilité labio-
qui devront évidemment être adaptés à chaque cas : mentonnière sont possibles, en particulier lorsque le
chirurgien préfère à juste titre une mise en place
 l’adaptation de la hauteur symphysaire à la hauteur des extra-périostée ce qui nécessite de réaliser une dissection
tissus mous de la lèvre et du menton ; sous musculaire d’un espace juste suffisant pour position-
 la projection du point menton qui doit généralement sur ner la prothèse. Une atteinte secondaire par lyse osseuse
une téléradiographie de profil avec le plan de Francfort a été fréquemment observée avec des prothèses posées
horizontal se situer approximativement au même niveau en sous-périosté (Fig. 10) ;
que le bord incisif inférieur ;  les mobilisations secondaires de la prothèse ou d’une des
 éviter les décalages du rebord basilaire qui sont l’apanage deux prothèses mentonnières sont possibles [16], parfois
des génioplasties courtes et ablatives et préférer des liées à un espace receveur trop grand par rapport à son
gestes poursuivis loin en arrière avec traits latéraux les volume. Elles peuvent nécessiter une reprise précoce ou
plus tangentiels possible ; semi-précoce avec dépose et repose quelques semaines
 obtenir autant que possible une symétrisation du rebord plus tard ;
basilaire qui est mieux évaluée par le chirurgien placé à la  les atteintes osseuses par pression des tissus mous [16] sur
tête du patient. la prothèse sont l’apanage des génioplasties prothétiques
réalisées chez le sujet jeune (avant 50 ans) et aux pro-
À l’inverse, après une chirurgie orthognatique qui n’a thèses positionnées en sous-périosté (Fig. 11). Les pertes
pas suffisamment pris en compte l’aspect esthétique de osseuses peuvent être impressionnantes avec parfois
la face, en particulier chez le patient asiatique, une reprise compression du nerf labio-mentonnier à son émergence
mandibulaire par génioplastie de réduction dans les et dysesthésies. Elles nécessitent l’ablation de la ou des
trois plans peut être indiquée. Les techniques employées prothèses et le plus souvent une nouvelle génioplastie
reprennent globalement les traits d’ostéotomie du chin-wing plusieurs mois après par ostéotomie et greffes ;
526 O. Esnault

Figure 8 Exemple de reprise pour projection trop importante du menton qui donne un aspect bi-rétrusif, avec une technique en
Mini-Wing qui permet d’éviter une encoche visible ou palpable et de maintenir une continuité du bord basilaire. Cas du Docteur J-P.
Dujoncquoy.

 les infections sur prothèses silicone ou plastique peuvent tardives sont également possibles, probablement à
être observés en postopératoire immédiat [16] par conta- l’occasion de bactériémies avec des phénomènes inflam-
mination du site opératoire ce qui nécessite généralement matoires locaux parfois impressionnants qui nécessitent
l’ablation de la prothèse et une reprise chirurgicale plu- là aussi un traitement antibiotique rapide et l’ablation de
sieurs semaines plus tard. Une génioplastie traditionnelle la prothèse ;
a été décrite dans le même temps que l’ablation de la  une capsule, potentiellement rétractile, peut se créer
prothèse et le débridage d’une fistule cutanée avec ostéo- autour de l’implant ;
synthèse par broche de Kirschner pour éviter une rétrac-  ces éléments font contre-indiquer la pose d’implants
tion inesthétique des tissus mous [17]. Des infections mentonniers en cas de diabète, anomalie valvulaire
Les reprises de génioplasties 527

Figure 9 Génioplastie esthétique chez une patiente de 61 ans, prothèse « Dr. Bon » avec double renflements latéraux (Sebbin1)
posée sous anesthésie locale ou neurolept analgésie pour ne pas être gêné par la sonde d’intubation (opérateur à la tête pour une
meilleure évaluation symétrie et volume) ; 1 seule taille, à retailler à la demande. Nécessite de creuser dans la prothèse une concavité
médiane sur le versant osseux pour la stabiliser sur le promontoire osseux symphysaire médian puis de tracer les encoches latérales.
Insertion de la prothèse dans deux tunnels pré-périostés en regard du bord basilaire jusqu’au ligament de Furnas repéré préalablement
dans une loge juste adaptée. Cas Dr. Gérald Franchi.

Figure 10 Exemple de prothèses plastique avec fixations par fil d’aciers intégrés qui ont dû être ôtées plus de 30 ans après leur pose
du fait d’infections locales à répétition et de la migration de la prothèse gauche malgré sa fixation trans-osseuse. Notez la lyse osseuse
par pression prothétique et l’atteinte de l’émergence du nerf et l’atteinte radiculaire.
528 O. Esnault

Figure 11 Prothèse silicone médiane avec déplacement secondaire, lyse osseuse et dentaire, reprise en chin-wing avec greffes
osseuses. Cas du Dr. Jacques Saboye.
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cardiaque, parodontopathie sévère, rétrogénie impor- distraction osseuse [24] pour recréer un volume perdu par
tante ou asymétrique, face très courte avec dimension une génioplastie trop ablative ou une infection.
verticale antérieure réduite et patients jeunes [16]. La proximité du nerf alvéolaire peut nécessiter une simu-
lation chirurgicale sur un Cone beam préopératoire et d’uti-
Les modalités de reprise chirurgicale des génioplasties lisation de logiciels de type Dolphin1 ou Materialise1 qui
varient évidemment en fonction de l’expérience du chirur- permettront l’utilisation de guides de coupe et de position-
gien et de ses habitudes. Un praticien habitué à utiliser des nement voire de plaques 3D sur mesure.
prothèses sera tenté en cas d’imperfection ou de mobilisa- Certains remodelages esthétiques du menton ou du
tion secondaire de repositionner la prothèse ou de la rebord mandibulaire dans sa globalité peuvent également
modifier en utilisant un autre modèle plus adapté à la forme être réalisés avec des techniques de lipofilling. Ces techni-
ou au volume souhaité. ques ne seront pas détaillées ici mais peuvent rendre de
Quand on compare les résultats entre deux groupes de grands services dans les reprises de génioplastie ou l’opéra-
patients opérés respectivement de génioplastie osseuse ou teur souhaite limiter les gestes osseux (Fig. 12) ou éviter de
de prothèse génienne, la satisfaction est similaire pour les reposer une prothèse par exemple. Les résultats sont généra-
deux groupes avec un léger avantage dans le temps pour la lement excellents (Fig. 13) visuellement mais la sensation
génioplastie osseuse. Néanmoins, les auteurs recommandent physique d’apposition molle peut dérouter certains patients.
plutôt la plastie osseuse avant 50 ans en réservant l’utilisa- La résorption partielle de l’implant graisseux est possible et
tion d’implants pour des corrections modestes chez un peut nécessiter là aussi des retouches.
patient bien informé du risque de complications plus impor- Les reprises chirurgicales des génioplasties ont donc des
tant [16]. justifications multifactorielles. Quelle que soit la technique
En cas d’antécédents d’infection ou si le patient ne utilisée par le chirurgien, il est donc fondamental d’informer
souhaite plus l’utilisation de corps étranger en silicone, la correctement le patient du risque de résultat non satisfai-
reprise de génioplastie se fera au mieux avec des techniques sant ou d’une complication qui justifieraient une reprise
osseuses reposant sur des ostéotomies longues de type wing chirurgicale. La signature d’un consentement éclairé est la
de Triaca [18—20]. Le rebord mandibulaire peut être libéré règle mais ne suffit pas à dédouaner le chirurgien de sa
en plusieurs fragments qui seront soigneusement ostéo- responsabilité d’information. Il est donc recommandé de
synthèsés et les espaces morts comblés par une greffe auto- voir le patient plusieurs fois avant l’intervention. En cas
logue, une greffe d’os de banque [21] ou par substitut de reprise d’une génioplastie effectuée par un confrère, il
osseux. En cela, l’utilisation des techniques proposées par est recommandé de réaliser des photographies et des radios
Triaca ou Guerrero [22] dans la correction des asymétries opposables avant tout geste de reprise et de confier le
peut rendre de grands services. Ces techniques d’ostéoto- patient à un expert médical avant de retenter tout nouveau
mies peuvent être modifiées [23] ou combinées à une geste correctif. L’expert réalisera ainsi grâce à son rapport

Figure 12 Correction d’une asymétrie mentonnière par lipofilling unilatéral. (Photo Dr G. Franchi).

Figure 13 Résultat d’une liposuccion sous mentale et de lipofilling mentonnier associés à un lifting cervico-facial. (Photo
Dr G. Franchi).
530 O. Esnault

une « photographie » du cas avant la reprise ce qui évitera au [11] Kim YH, Lee KM, Kim JT. Successful treatment of nonunion
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