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Diagnostics différentiels
AO NEWS#020 | SCIENTIFIQUE
Audrey Chanlon
de brûlure de faible intensité dans la zone La forme intra-orale est de diagnostic com- Les spondylarthrites
IMPORTANT des douleurs paroxystiques. plexe et il est important de se concentrer sur Le groupe d’expert international ASAS (As-
Des signes d’alerte en cas de céphalées : Les points gâchettes (trigger point) qui dé- la localisation (10). sessment of Spondylo Arthritis international
Les signes suivants incitent à demander clenchent la douleur peuvent être extra (plus Society) a déterminé deux principales formes
une consultation en urgence afin d’éliminer fréquemment au niveau de l’aile du nez, lèvre) C’est une douleur unilatérale faciale et/ou de spondylarthrite :
des céphalées secondaires (hémorragie ou intra-buccaux (gencive supérieure fréquem- orale avec une histoire traumatique iden- -- sujet de moins de 45 ans : forme axiale ;
méningée, une maladie de Horton, dis- ment). Des symptômes autonomiques peuvent tifiable au niveau du trijumeau. Des signes forme périphérique radiographique (pré-
section artérielle, hypertension intracrâ- être associés (larmoiement, rhinorrhée) (11). de dysfonctionnement du trijumeau tels sence d’une destruction radiographique
nienne). Les formes évoluées ont des crises d’une hyperalgésie, allodynie, hypoesthésie ou des sacro-iliaques) ou non.
-D ébut brutal d’un premier épisode durée plus longue et accalmies plus courtes hypoalgésie peuvent être présents dans -- sujet âgé : pseudo-polyarthrtite rhizomé-
de céphalée ce qui peut être assimilé à une douleur de fond le territoire concerné. Les douleurs sont lique ou atteinte paranéoplasique
- Céphalées inhabituelles continue à caractère de brûlure ou tension (12). provoquées ou spontanées d’intensité mo- -- sujet jeune : arthrite juvénile idiopathique
chez un céphalalgique chronique Les localisations les plus fréquentes sont au dérée à sévère à type de brûlure, décharges (AJI)
- Migraines toujours du même côté niveau du V2 et V3. La forme V1 étant excep- électriques ou autres. Forme intra-orale Atteinte des ATM chez 69 % des AJI ; le dia-
- Anamnèse de traumatisme tionnelle il faut faire le diagnostic différentiel souvent en lien avec une procédure invasive gnostic est souvent tardif.
- Immunodéficience associée, cancer avec une douleur tumorale. dentaire, mais la douleur peut se déplacer
- Apparition brutale de céphalées Un IRM est indiqué pour diagnostiquer une en parallèle des différentes procédures. Les douleurs en lien
après 50 ans tumeur ou une SEP. Un ECG permet de dé- avec un cancer
pister un bloc auriculo-ventriculaire qui est Les étiologies possibles sont : Les douleurs orofaciales peuvent survenir en
Les douleurs neuropathiques une contre indication au traitement classique -- 3 à 5 % des patients en post-traitement tant que symptôme d’un cancer dans la région
La Névralgie Trigéminale de la NTC (carbamazépine). endodontique douloureuse ou à distance. Dans 90 % des
Classique (NTC) Il est important également de tester les fonc- -- 52-71 % avulsion dents de sagesse cas les cancers de la tête et du cou sont des
La NTC est une maladie rare présente chez tions rénales, hépatiques et le taux de sodium mandibulaires carcinomes à cellules squameuses fréquem-
0,3 % de la population. qui peuvent être modifiés par le traitement -- 3,6-14 % chirurgie implantaire ment localisés au niveau de la langue. Des
La Névralgie Trigéminale Classique est défi- médicamenteux. L’étiologie la plus commune -- 4-20 % avulsions autres invasions périneurovasculaires par les cellules
nie dans l’ICDH3 comme étant une douleur est un conflit vasculo-nerveux avec compres- Les douleurs induites par les chirurgies im- cancéreuses touchent au niveau orofaciale à
ressemblant à une brève décharge électrique sion ou autre changement morphologique plantaires sont de moins bon pronostic que 80 % le nerf trijumeau et le nerf facial.
unilatérale récurrente d’apparition brutale et du trijumeau. celles des avulsions. La douleur peut se dé-
d’arrêt brutal. La douleur est limitée à une ou Traitements médicamenteux carbamazepine velopper entre 3 à 6 mois après l’événement Les caractéristiques de la douleur peuvent
plusieurs divisions du nerf trijumeau (Ve nerf ou oxcarbamazepine est le traitement de traumatique. imiter ceux de la symptomatologie des
crânien) et peut être provoquée par un sti- référence. Cette pathologie est sous estimée, présente douleurs orofaciales : sourde, aiguë, vive,
mulus sensoriel « inoffensif » (allodynie). Traitement chirurgical par décompression souvent des femmes entre 45 et 50 ans avec coup de poignard, brûlure, arrachement,
La symptomatologie caractéristique de la microvasculaire. une charge psychosociale importante. lancinante.
NTC est le « tic douloureux », une douleur Traitement topique application de lidocaïne Les symptômes sont principalement
paroxystique d’intensité élevée de courte Les Neuropathies Trigéminales ou de capsaïcine 0,1 %. ceux d’une Névralgie Trigéminale Clas-
durée. Douloureuses Post-Traumatiques Traitement médicamenteux gabapentine, sique-NTC (brûlure, picotement, décharge
L’épisode paroxystique peut être isolé et durer (NTDPT) prégabaline mais abandons fréquents à cause électrique spontanée ou déclenchée par
seulement une fraction de seconde ou groupé L’ICDH-3 propose ce terme pour définir une des effets secondaires la fonction) ou des céphalées.
en salves, il est suivi d’une période réfractaire douleur neuropathique d’origine trauma- Des approches cognitives ou hypnose sont La douleur peut être référée au niveau des
sans douleur. Le patient rapporte plusieurs tique qui affecte le nerf trijumeau. Ce terme proposées avec des résultats encourageants. ATM et mimer un Trouble Temporo-Man-
crises isolées par jour ou des séries d’attaque. remplace les douleurs de déafférentation, dibulaire.
50 % des patients présentent également une neuropathies traumatiques ou autres dou- La SI dure fréquemment plusieurs années
douleur de fond plutôt sourde ou sensation leurs fantômes. avec des périodes de rémission possibles. Les cancers de la thyroïde, œsophage, sein,
Dans 50 % des cas elle est d’apparition spon- poumon, rein, foie, organes génitaux féminins,
tanée et 33 % des cas suite à une procédure prostate, colon et rectum peuvent métastaser
Tableau comparatif des douleurs neuropatiques dentaire ou médicale. Aucune étude n’a éva- en orofaciale. Une métastase au niveau des mâ-
NÉVRALGIE TRIGÉMINALE NTDPT
luée l’aspect prospectif mais dans moins de choires peut être la seule d’un cancer primaire.
Durée des crises 2-3 secondes à 2 minutes constantes/épisodiques
5 % des cas la résolution est spontanée (15). Les traitements type chimiothérapie et radio-
Latéralité unilatérale unilatérale
thérapie peuvent être également à l’origine
Dans le cas de névralgie post-herpétique de douleurs.
Topographie v2/v3 > v1 zone innervation du traumatisme
ou de NTC, des douleurs projetées per-
Type décharge électrique hyperalgésie/allodynie
hypoesthésie sistantes chroniques peuvent mimer des Conclusion
brûlure/picotements douleurs dentaires ou au niveau de l’os Afin d’améliorer la prise en charge des pa-
Intensité très sévère modérée à sévère alvéolaire (6). tients il est nécessaire de connaître les carac- AO NEWS#020 | SCIENTIFIQUE
Impact activité sidération brève phénomènes d’évitement téristiques de ces pathologies malgré leurs
Facteurs déclenchants zones gâchettes/mastication brossage/mastication Les maladies rhumatismales (18) prévalences très variables en cabinet dentaire.
Les patients atteints de ces pathologies Cela évitera l’errance médicale fréquente en
peuvent être en demande par rapport à des cas de douleurs chroniques orofaciales. Cette
Signes et symptômes des différentes douleurs neuropatiques symptômes localisés au niveau des ATM. Ils errance médicale est un des facteurs de la
Douleurs • Signes et symptômes ont souvent une inquiétude par rapport à chronicisation de la douleur qui complique
neuropathiques l’évolution de la maladie chronique de manière notable le traitement.
Névralgie • Unilatérale Sur 100 douleurs oro-faciales non odonto-
trigéminale • Localisation plus fréquente V2 et V3 La polyarthrite rhumatoïde (PR) gènes, liées aux TTM ou à une autre affection
• Point gâchette qui se déclenche à la mastication, frottement, froid,…
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie de la région faciale ou céphalique, dans 44 %
Névralgie • Unilatérale
glossopharyngée • Localisation IX et X (oreilles, base de la langue, l’angle de la mandibule) inflammatoire chronique touchant préfé- des cas un traitement endodontique ou une
• Crises paroxystiques, intenses, décharge électrique rentiellement les petites articulations. Le extraction ont été effectués (20). Cela nous
• Durée des crises très courte quelques secondes plusieurs crises par jour diagnostic est établi selon les critères ACR/ montre l’importance de la nécessité d’une
• Point de départ oropharynx avec irradiation vers l’oreille EULAR 2010. La PR est présente chez 0,5 % meilleure connaissance des diagnostics dif-
Névralgie • Unilatérale de la population. 40 à 100 % des patients ont férentiels.
post-herpétique • Douleur type brûlure continue ou intermittente
• Allodynie une atteinte de l’ATM.
• Apparition après une phase aiguë d’herpes (récidive possible malgré En moyenne cette atteinte apparaît 2 ans Bibliographie
des mois ou années sans douleur) après le diagnostic de PR. L’atteinte de l’ATM 1. Yatani H et al. Systematic review and recom-
Stomatodynie • Bilatérale et symétrique est incluse dans le décompte articulaire pour mendations for nonodontogenic toothache. J of
idiopathique • Langue, palais, gencive, lèvres et/ou pharynx évaluer la réponse clinique au traitement oral rehabilitation. 2014 ; 41(11) : 843-852.
• Douleurs type de brûlures spontanées
• Pas associée à une pathologie générale ou locale donc il est intéressant de la réévaluer ré- 2. MacFarlane TV et al. Predictors of outcome
• Possible dysgueusie, sécheresse buccale gulièrement. for orofacial pain in the general population : a
NTDPT • Unilatérale four year follow up study. J Dent Res. 2004 ;
• Dans la région du nerf lésé L’atteinte de l’ATM apparaît : 83 (9) : 712-717.
• Provoquées ou continues -- avant le diagnostic de PR :
• Hyperalgésie, allodynie, hypoalgésie, brûlure, engourdissement,…
• Intensité modérée à sévère 6,5 % des cas. Exceptionnelle Toute la bibliographie est à retrouver sur
• Consécutive à un traumatisme identifiable (avulsion, traitement endodontique, -- de manière concomitante www.aonews-lemag.fr
chirurgie maxillo-faciale, chirurgie implantaire) au diagnostic de PR : 24 %
• Traumatisme identifiable radiologiquement -- après le diagnostic de PR : 44 % 9