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DIAGNOSTIC DE L’ASTHME

Cible : Etudiants de Licence S5 de l’UFR Médecine, FSS, UAC, Cotonou

Objectifs:
- Définir l'asthme
- Décrire la crise d’asthme
- Décrire les éléments du diagnostic positif de l'asthme
-Enumérer les principaux diagnostics différentiels
- Décrire les principaux facteurs étiologiques

Plan :
Introduction
1-Généralités
2- Diagnostic Positif
3- Diagnostic différentiel
4- Diagnostic de gravité
5- Facteurs étiologiques
Conclusion

19/10/2020 Prof. Gildas AGODOKPESSI, MA Prudence WACHINOU, Dr Arnauld FIOGBE, FSS, UAC
Introduction :
L’asthme est une maladie chronique, dont la fréquence est en augmentation dans le monde. Il
s’agit d’une affection responsable d’une morbidité et d’une mortalité élevées.

1- GENERALITES
1.1. Définitions :
- L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes associée à
une hyperréactivité bronchique et qui se traduit par des symptômes respiratoires
et ou un trouble ventilatoire obstructif (TVO) réversible soit spontanément ou sous
l'effet d'un traitement bronchodilatateur.
- Définition opérationnelle du suspect d’asthme : Malade se présentant avec des
symptômes respiratoires qui apparaissent et disparaissent, sont variables d’un jour à
l’autre, et en particulier le réveillent et l’obligent parfois à se lever la nuit.
1.2. Intérêts :
- Fréquence : 300 millions de patients dans le monde. 5 à 10% de la population mondiale
avec 2000 morts/an évitables.
- La majorité des patients vivent dans les pays en voie de developpement avec une
prévalence élevée en zone urbaine.
- Au Bénin, prévalence entre 4% et 8% en population générale.
o Affection de plus en plus fréquente en milieu hospitalier
o Beaucoup d'asthmatiques ne sont pas diagnostiqués.
o Diagnostic à l’occasion de complications.
- Perturbation de la vie : absence scolaire, au travail, visites aux urgences, hospitalisation,
dépenses en santé, handicap respiratoire.
- Répercussion socio-économique : facteur aggravant de pauvreté !

1.3. Rappels

L'inflammation est la principale anomalie. 2 mécanismes sont en cause:


- Mécanisme immunologique : infiltration des cellules lymphocytaires Th2 avec
recrutement de cellules inflammatoires
- Mécanisme non immunologique: inflammation neurogène liée au Système Nerveux
Autonome (SNA)
- SNANC (Non adrénergique et non cholinergique) activé anormalement par l'excitation
des fibres C amyéliniques (réflexe dit d'axone).

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- les neurokinines (substance P, neurokines A et B, CGRP): stimulation du muscle lisse
bronchique, + production muqueuse par la perméabilité vasculaire.
L’inflammation contribue à l’obstruction bronchique de 4 façons plus ou moins associées :
- contraction du muscle lisse bronchique : bronchoconstriction
- œdème de la muqueuse bronchique
- production anormale de mucus
- remodelage des voies aériennes (remaniement cicatriciel avec perte des propriétés
élastiques.
L’hyperréactivité bronchique est l’aptitude qu’ont les voies aériennes à se contracter de
manière excessive et non spécifique en réponse à différents stimuli physiques, chimiques ou
pharmacologiques. Il s’agit d’une maladie constamment retrouvée dans l’asthme et parfois
détectée dans d’autres maladies respiratoires.

II- DIAGNOSTIC POSITIF

Ce diagnostic va se faire à l’occasion des manifestations

2.1. Manifestations cliniques typiques :

- La crise d'asthme : Episode de dyspnée paroxystique sifflante d’apparition brutale,


souvent au repos, parfois annoncé par quelques prodromes (rhinite, céphalées, ….) Cette
crise est classiquement marquée par une bradypnée expiratoire sifflante ; le malade
assis, ressent une oppression thoracique et cherche avec angoisse sa respiration. La toux
sèche au départ ramène une expectoration discrète, perlée, qui marque la fin de la crise
"crachats perlées de Laennec"
- En dehors de la crise: Les autres symptômes moins spécifiques :
o Toux sèche chronique à prédominance nocturne
o Gène ou oppression thoracique à prédominance nocturne
o Dyspnée de repos ou d’effort
- L'interrogatoire recherchera les antécédents familiaux personnels : atopie familiale,
bronchiolites dans l'enfance et autres manifestations allergiques.
- L'examen physique : la recherche systématique de signes bronchiques tels que la distension
thoracique, les râles sibilants et râles bronchiques d'encombrement.

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L'examen extra pulmonaire recherchera les signes de dermatite, d’urticaire et ou de rhinite
allergique (PAREO : P=Prurit, A= Anosmie, R=Rhinorrhée, E= Eternuement et O=
obstruction Nasale).
La mesure du DEP (DEP mesurée/ DEP théorique) ≤ 80% ;
- L'examen paraclinique : l'Exploration Fonctionnelle Respiratoire (EFR) à travers la courbe
débit volume. Cet examen va objectiver :
- un syndrome obstructif pur (VEMS/CVF < 80% chez l'adulte et 90% chez l'enfant) ou
une obstruction bronchique : VEMS< 80%, avec une réversibilité dite significative ∆VEMS >
12% et ou 200ml chez l’adulte.
- Souvent Syndrome des petites voies aériennes avec une variation significative du
∆DEM25-75 > 20%
- Parfois normale : ce qui n'exclut pas le diagnostic.
2. 2. Les Formes cliniques :
L’asthme du Nourrisson : Est considéré comme tel, un nourrisson qui a présenté plus de 2 à 3
bronchiolites avant l'âge de 2 ans. Il doit bénéficier d'une prise en charge équivalente à celle d'un
enfant asthmatique et ceci d'autant plus qu'il existe un terrain atopique familial.
L’asthme de l’adolescent : Il est caractérisé par la gravité de certaines formes, l’importance des
facteurs psychologiques, la difficulté de la prise en charge (négation de la maladie, abandon du
traitement, tabagisme et drogues)
L’asthme du sujet âgé : Souvent difficile en raison d’une moindre perception du symptôme,
d’une adaptation à la dyspnée. Attention à la Broncho-pneumopathie Chronique obstructive
(BPCO) et à l’asthme cardiaque !
L’asthme induit par l’exercice : Survenant chez l’enfant ou le sujet jeune exclusivement à
l’effort. Il survient typiquement à l’arrêt de l’effort (arrêt de la stimulation adrénergique) et se
traduit par une toux sèche puis une crise d’asthme véritable si les symptômes ne sont pas jugulés.
Les formes compliquées : notamment l’asthme à dyspnée continue, l’asthme aigue grave,
anciennement appelé état de mal asthmatique.

III. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL:


Chez l’enfant :
- Corps étranger endobronchique,
- Séquelles de virose ou Mycoplasma pneumoniae
- Compression bronchique (tumeur, adénopathie médiastinale)
- Dyskinésie ciliaire congénitale

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- Bronchiolite oblitérante
Chez l’adulte :
- la BPCO (bronchite incluse)
-Dyspnée laryngée ou trachéale (cornage)
- Hyperventilation dans un contexte d’hystérie
- Certaines pneumopathies (pneumothorax, pleurésie, cancer bronchique)
- devant une toux chronique: RGO, Toux d'origine ORL, Toux médicamenteuse.

IV- DIAGNOSTIC DE GRAVITE:


La sévérité de l’asthme maladie devra être distinguée de celle de la crise d’asthme.
Tableau I : Sévérité de la maladie asthmatique
La Maladie : I (Intermittent), PL (Persistant léger), PM (Persistant Modéré), PS (Persistant Sévère)
Asthme Intermittent Persistant léger Persistant Persistant
modéré sévère
Symptômes diurnes < 1fois/sem > 1fois/sem et < quotidiens quotidiens
1fois/j
Symptômes < 2/mois >2fois/mois >1/sem fréquents
nocturnes
DEP- VEMS ≥80% ≥80% 60- 80% ≤60%
(%théorique)
Tableau II : Sévérité de la crise d’asthme
La crise : Légère, Modérée, Sévère et ARI (Arrêt respiratoire Imminent)
Paramètres légère Modérée Sévère ARI
En parlant,
En marchant, Au repos,
Dyspnée préfère la extrême
peut s’allonger penché en avant
position assise
Parole conversations Phrases mots impossible
Généralement Généralement Somnolent ou
vigilance Peut être agité
agité agité confus
FR >30/mn >30/mn >30/mn pauses
Contraction des
muscles Généralement Mouvements
présent présent
respiratoires pas paradoxaux
accessoires, tirage

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sus sternal
Modérés en fin
Sibilants bruyants bruyants absents
d’expiration
FC <100/mn 100-120/mn >120/mn bradycardie
DEP post
> 80% 60-80% <60% Non mesurable
bronchodilatation
Sa O2 >95% 91-95% <90%

V- FACTEURS ETIOLOGIQUES
On distingue les facteurs prédisposants et les facteurs déclenchants qu’il convient de rechercher
de manière systématique. La survenue de la maladie asthmatique est la conséquence de la
rencontre des facteurs déclenchants sur un terrain prédisposé.
5.1. Facteurs prédisposants
- ALLERGIE : C’est le plus important facteur prédisposant. Est la faculté de produire une
quantité anormalement élevée d’immunoglobuline E (IgE) en réponse à l’exposition à des
substances de l’environnement.
- HEREDITE : les antécédents familiaux d’asthme et d’autres maladies allergiques sont
fréquemment retrouvés chez les asthmatiques
5.2 Facteurs déclenchants: = Facteurs d’entretien
1- Facteurs allergiques
Plus fréquent, surtout chez l’enfant ou lorsque l’asthme a débuté tôt dans l’existence. L’enquête
objective une unité de temps et de lieu : il existe une sensibilisation IgE dépendante pour les
allergènes suspects. Tous les allergènes peuvent provoquer de l'asthme, qu’il s’agisse de
pneumallergènes : les acariens, les pollens, le latex, les moisissures, les insectes, que de
trophallergènes : les aliments tels l’arachide, le pistache, le lait, l’œuf, le sézame. Certains de ces
allergènes peuvent être présents dans l’environnement professionnel : allergènes professionnels
2- Facteurs professionnels
Typiquement l’asthme s’aggrave pendant les périodes de travail et s’améliore pendant les congés.
La surveillance du débit expiratoire de pointe (DEP) sur les lieux de travail peut contribuer au
diagnostic. Les professions les plus rapportés sont : la boulangerie, la coiffure, la santé (latex), la
peinture (isocyanates).

3- Autres facteurs environnementaux

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Climatiques : l’humidité, le vent, le brouillard interviennent dans le contrôle de la maladie
asthmatique.
La pollution extérieure : fumée et gaz d’échappement, les pollens
La pollution intérieure : acariens de la poussière, blattes, animaux domestiques : chien, chat et
rongeur, végétaux d’intérieur : ficus, moisissures : aspergillus, cladosprium.
Le tabagisme qu’il actif ou passif entraîne une fréquence et une gravité plus accrue des crises
d’asthme et une résistance au traitement.
4- Facteurs infectieux
Les infections virales : exacerbations chez l’enfant, pendant les périodes endémiques ;
Les infections à mycoplasme jouent un rôle spécifique dans la survenue d’un asthme.
5- Facteurs ORL
Rhinite : Associé dans 60% -80% àl’asthme, doit être traité de façon concommitante.
Pathologie rhino-sinusienne !
Pathologie naso-sinusienne : associé à l’asthme sévère indépendamment de la maladie de Widal
6- Facteurs médicamenteux
Bétabloquants, Aspirine et AINS, etc…
7- Le Reflux gastro-œsophagien (RGO)
Facteur classique d’entretien d’asthme qu’il faut rechercher
Bilan : pHmétrie, endoscopie en lien avec une hernie hiatale avec ou sans oesophagite.
8-Facteurs hormonaux
Asthme pré-menstruel
Pendant la grossesse : amélioration (1/3), stabilité (1/3), aggravation(1/3).
Recrudescence dans le post-partum (chute progestative)
9- Maladies infiltrantes diffuses pulmonaires
- La Pneumonie Chronique à Eosinophile ou Maladie de Carrington
- Maladie de Churg et Strauss, angéite granulomateuse.
10- Facteurs psychologiques
Les fortes émotions sont souvent des facteurs déclenchants : « l’asthmatique pleure dans ses
bronches ».

CONCLUSION :
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches. Elle est la résultante d’une
interaction entre une composante génétique complexe et une composante environnementale elle-
même également multifactorielle.

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