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Syndrome de Parsonage et Turner


(névralgie amyotrophiante)
V. Legré, J.P. Azulay, J. Serratrice

Le syndrome de Parsonage et Turner, encore appelé névralgie amyotrophiante de l’épaule, se caractérise


par une douleur violente d’apparition brutale de l’épaule, suivie d’une paralysie et d’une amyotrophie de
répartition inégale, touchant les muscles de la ceinture scapulaire et parfois plus distaux du membre
supérieur, dont l’innervation dépend essentiellement du plexus brachial. D’autres troncs nerveux peuvent
être atteints (nerf phrénique, nerfs crâniens), et la présence de signes sensitifs est fréquente. Des douleurs
scapulaires persistantes de type neuropathique peuvent faire suite au tableau aigu. Le diagnostic clinique
est confirmé par l’exploration électromyographique. L’imagerie par résonance magnétique aide au
diagnostic topographique de l’atteinte musculaire, et surtout au diagnostic différentiel avec les lésions
neurotendineuses de l’épaule, parfois difficile en début d’évolution. À côté de la forme sporadique
classique, il existe une forme familiale, plus sévère et volontiers récidivante, parfois associée à des
malformations congénitales, de transmission autosomique dominante, dont le diagnostic génétique est
maintenant possible (mutation du gène SEPT9). L’origine de cette atteinte axonale multiple prédominant
au plexus brachial est encore mal élucidée, l’hypothèse dysimmunitaire restant la plus plausible, en
présence de facteurs déclenchants infectieux ou vaccinaux, et devant la présence dans certains cas
d’anticorps antimyéline. Le traitement reste symptomatique, à base d’antalgiques et peut-être de
corticoïdes en phase aiguë, puis de rééducation au stade parétique. L’évolution est le plus souvent
favorable en quelques mois, avec une guérison complète dans 75 % des cas à 2 ans. Toutefois, il existe un
risque de récidive ou de séquelles motrices.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Névralgie amyotrophiante ; Syndrome de Parsonage et Turner ; Neuropathie ; Plexus brachial

Plan ¶ Traitement 10
¶ Conclusion 11
¶ Introduction 1
¶ Historique 1
¶ Rappel anatomique du plexus brachial et corrélations cliniques 2
■ Introduction
¶ Expression clinique 2
Forme typique 2 Le syndrome de Parsonage et Turner (SPT), encore appelé
Formes atypiques 4 névralgie amyotrophiante de l’épaule, est un syndrome clinique
Formes familiales 5 rare, caractérisé par une douleur violente d’apparition brutale de
la région scapulaire, suivie d’une paralysie amyotrophiante
¶ Explorations complémentaires 5
touchant les muscles de l’épaule et ceux du membre supérieur
Électrophysiologie 5
dont l’innervation dépend du plexus brachial (PB), d’évolution
Imagerie par résonance magnétique 6
spontanément régressive en quelques mois. La confirmation
Autres examens 7
topographique de l’atteinte du PB est apportée par l’électro-
¶ Diagnostic différentiel 7 myogramme (EMG), et plus récemment par l’imagerie par
Neuropathies de la ceinture scapulaire 7 résonance magnétique (IRM).
Diagnostic des formes distales 8 Les différents termes utilisés pour désigner ce syndrome, dont
Radiculopathie cervicale 9 la pathogénie est encore mal élucidée, sont listés dans le
Tendinopathies de la coiffe des rotateurs 9 Tableau 1 : amyotrophie névralgique (neuralgic amyotrophy),
Algodystrophie du membre supérieur 9 névrite ou radiculite aiguë brachiale (acute brachial nevritisi, acute
Autres atteintes du plexus brachial 9 brachial radiculitis), neuropathie du plexus brachial (brachial
Diagnostic des formes familiales de SPT 9 plexus neuropathy) ou encore plexopathie brachiale idiopathique.
¶ Pathogénie 9
Siège des lésions
Mécanismes de l’atteinte neurogène
9
9
■ Historique
Facteurs favorisants 10 La névralgie amyotrophiante est connue de longue date : dès
¶ Associations morbides 10 1873, Berger colligeait 40 cas [1], suivi par Velpeau [2]. Cette

Appareil locomoteur 1
14-347-A-10 ¶ Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante)

Tableau 1. branches terminales, destinés à assurer l’innervation motrice et


Différentes appellations du syndrome de Parsonage et Turner. sensitive de la ceinture scapulaire et du membre supérieur, ainsi
Amyotrophie névralgique Neuralgic amyotrophy
que les muscles superficiels du dos et de la paroi thoracique
antérieure (Tableau 2). Le PB comporte quatre portions (Fig. 1) :
Radiculite aiguë brachiale Acute brachial radiculitis
• la portion cervicale, où le PB prend naissance à partir des
Névrite aiguë brachiale Acute brachial nevritis racines C5, C6, C7, C8, T1 ;
Neuropathie du plexus brachial Brachial plexus neuropathy • la portion supraclaviculaire, dans le défilé interscalénique, où
Plexopathie brachiale idiopathique les racines se regroupent en trois troncs primaires (supérieur,
moyen, inférieur) ;
• la pince costoclaviculaire, où chaque tronc primaire se divise
en deux branches qui se regroupent ensuite en trois faisceaux
n (situés par rapport à l’artère axillaire) ;
Por tio • la portion infraclaviculaire, jusqu’au creux axillaire, où les
tion r v ic a le
Por ra- ce faisceaux se divisent en branches terminales du PB, parmi
sup ulaire lesquelles les nerfs musculocutané, axillaire, radial, médian,
ic es
n clav Racin C5
ulnaire.
r tio 8
Po sto- ire ncs Parmi les nerfs collatéraux du PB impliqués dans le SPT,
co cula Tro certains ont une origine plus proximale : le nerf scapulaire
C6
vi
cla dorsal, le nerf thoracique long (ou nerf du grand dentelé), le
e ns rieu
r
l l a ir
v i sio Sup
é C7 nerf suprascapulaire. D’autres ont une naissance plus distale :
i i 7
ax D nerf thoracodorsal, nerf subscapulaire.
i on s en Les composants nerveux des branches du PB varient d’un
r t
cs air
e Moy C8
Po on d 9 individu à l’autre.
Tr con ur Le PB supérieur est à l’origine du nerf scapulaire dorsal
es se rie T1
n ch les In
fé (muscles élévateur de la scapula, rhomboïde), du nerf suprasca-
a a
Br rmin pulaire (muscles supraépineux, infraépineux), du nerf axillaire
t e (circonflexe innervant le muscle deltoïde et le teres minor), et
1 6 du nerf radial.
2 Le PB inférieur concerne le nerf musculocutané (muscle
biceps brachial et coracobrachial), le nerf médian, le nerf ulnaire
3
(cubital).
4 Dans le SPT, il s’agit d’une atteinte habituellement multifo-
cale du PB prédominant sur le PB supérieur.
5
La traduction clinique des atteintes nerveuses du SPT est
Figure 1. Aspect schématique du plexus brachial. Branches collatérales résumée dans le Tableau 2.
du plexus brachial : 1. nerf musculocutané ; 2. nerf axillaire ; 3. nerf
radial ; 4. nerf médian ; 5. nerf ulnaire ; 6. nerf thoracodorsal ; 7. nerf
suprascapulaire ; 8. nerf scapulaire dorsal ; 9. nerf thoracique long. ■ Expression clinique
Forme typique
entité clinique a été reconnue comme telle en 1943 par la
La forme traditionnelle se présente comme une douleur
publication de 46 cas par Spillane [3]. Par la suite, la fréquence
brutale sévère de la région de l’épaule, atraumatique, survenant
des paralysies du plexus brachial en milieu militaire fut signalée
chez l’homme jeune, de résolution spontanée en 1 à 2 semai-
par Turner en 1944 [4]. L’éponyme « syndrome de Parsonage et
nes, faisant place à une paralysie flasque et une atrophie des
Turner » reste le plus souvent utilisé, depuis la publication par
muscles de l’épaule. L’évolution se fait habituellement vers la
Parsonage et Turner, en 1948, dans le Lancet, d’une série de
guérison complète en moins de 1 an.
136 patients présentant un tableau aigu de neuropathie du
plexus brachial [5]. Par la suite, des séries plus limitées (de 26 à Épidémiologie
99 patients) furent analysées [6-10], confirmant la complexité du
syndrome, son origine mal élucidée, la variété des formes L’incidence annuelle est de l’ordre de 2 pour 100 000 habi-
cliniques et évolutives. Récemment, l’équipe hollandaise de Van tants [11, 12]. Le SPT affecte préférentiellement l’homme : de
Alfen a analysé de façon prospective et rétrospective une 66 % à 77 % selon les séries [8, 9, 11, 13].
importante série (246 cas) de névralgies amyotrophiantes à L’affection peut survenir à tout âge (les extrêmes varient entre
début aigu, atteignant non seulement le PB, mais parfois aussi 3 mois et 82 ans), avec une moyenne de 40 à 45 ans dans la
le plexus lombosacré (sortant du cadre classique du SPT), en plupart des séries [13]. Dans la série de Van Alfen, la moyenne
séparant les formes idiopathiques et héréditaires [11]. d’âge varie selon qu’il s’agit d’une forme idiopathique : 41 ans
Les auteurs insistent sur la difficulté fréquente du diagnostic (10-79) ou héréditaire : 28 ans (3-56).
différentiel, surtout en début d’évolution, où il existe souvent Un facteur favorisant ou du moins « déclenchant » survenu
une confusion clinique avec des lésions de la coiffe de rotateurs dans le mois (plus souvent la semaine) précédant la phase
ou une neuropathie canalaire. douloureuse est signalé dans 15 % à 72 % des cas selon les
Depuis quelques années, l’IRM de la région scapulaire apporte séries ; il s’agit essentiellement d’un épisode infectieux (43 %
une aide précieuse au diagnostic du SPT, en montrant des dans la série de Van Alfen), d’un surmenage physique, d’une
anomalies musculaires de distribution multifocale évocatrice, et intervention sur le membre supérieur, d’une grossesse, d’une
en éliminant les lésions neurotendineuses de l’épaule. vaccination, d’un stress, d’un traumatisme. Une morsure de
tique est à rechercher (maladie de Lyme). Ces facteurs, pouvant
avoir un rôle étiologique, sont détaillés dans le chapitre
■ Rappel anatomique du plexus « Pathogénie » (cf. infra).

brachial et corrélations cliniques Phase douloureuse initiale


(Fig. 1, Tableau 2) Une douleur initiale violente de l’épaule est présente dans
90 % des cas. Essentielle au diagnostic, elle doit être recherchée
Le PB est issu des racines C5 à T1 (rameaux ventraux des soigneusement par l’interrogatoire. Elle apparaît brutalement,
nerfs spinaux), qui se regroupent pour former un complexe souvent la nuit ou au réveil, sans notion traumatique, localisée
(plexus), donnant naissance à des nerfs collatéraux et des à la région de l’épaule qu’elle immobilise, de localisation surtout

2 Appareil locomoteur
Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante) ¶ 14-347-A-10

Tableau 2.
Atteintes neurologiques du syndrome de Parsonage et Turner et signes cliniques.
Branche de Racines d’origine Muscles innervés Signes cliniques
C2-C3 Nerf spinal accessoire C2-C3 Sterno-cléido-mastoïdien Décollement du bord supérieur de l’omoplate
Branche externe XI Trapèze Déficit en abduction
Surélévation de la pointe de l’omoplate
C3-C4-C5 Nerf phrénique C3 à C5 Diaphragme Dyspnée
Paralysie diaphragmatique
(surélévation d’une coupole en radioscopie)
C5 Nerf scapulaire dorsal C2 à C5 Angulaire Faiblesse à l’élévation du membre supérieur
(nerf de l’angulaire et du Rhomboïde Décollement de l’omoplate
rhomboïde)
C5-C6 Nerf thoracique long (nerf du C5 à C7 Grand dentelé Décollement du bord spinal inférieur de
grand dentelé ou nerf de l’omoplate (test des pompes contre un mur)
Charles Bell)
Plexus Nerf suprascapulaire C5-C6 Supraspinatus (sus-épineux) Faiblesse de l’épaule
brachial Infraspinatus (sous- épineux) Déficit en rotation externe
supérieur
Amyotrophie de la fosse sous-épineuse

Nerf axillaire C5-C6 Deltoïde Déficit de l’abduction


(ou circonflexe) Teres minor (petit rond) Hypoesthésie du moignon de l’épaule,
amyotrophie du deltoïde

Nerf radial (C5 à D1) Nerf interosseux postérieur/ Déficit à l’extension des doigts et dorsiflexion
muscles extenseurs du poignet du poignet
et des doigts, supinateurs
Plexus Nerf médian C5 à D1 Muscles antérieurs de l’avant Déficit de flexion palmaire du poignet et des
brachial bras doigts, et en pronation
inférieur (sauf le fléchisseur ulnaire du Amyotrophie thénarienne
carpe)

Nerf cubital C8-D1 Douleurs et paresthésies du bord cubital du


membre supérieur
Déficit en abduction des doigts, de la pince
pouce-index

Nerf musculocutané C5 à C7 Coracobrachial Déficit du biceps


Biceps Amyotrophie de la loge antérieure du bras
Troubles sensitifs du bord radial de l’avant
bras

sus- et rétroscapulaire. La douleur irradie souvent au bras série. Ainsi, d’authentiques capsulites rétractiles, des subluxa-
(particulièrement dans le territoire C5-C6), parfois à l’avant- tions glénohumérales sont apparues dans l’évolution du SPT. Au
bras ou à la région cervicale. Extrêmement intense, lancinante, total, dans le suivi prospectif des 264 patients de cette série, près
à type d’arrachement ou de brûlures, la douleur est permanente d’un tiers des patients ont développé des douleurs chroniques
avec recrudescence nocturne, source d’insomnie. Elle est de la région scapulaire, souvent rebelles au traitement, persis-
exagérée par la palpation et la mobilisation de l’épaule. Un tant jusqu’en fin d’évolution du SPT. Cette notion de douleurs
signe de Lasègue du bras est très fréquemment retrouvé [11]. La prolongées après l’accès aigu est nouvelle, ne figurant pas dans
douleur n’est pas modifiée par la mobilisation cervicale et n’est la description des séries antérieures de la littérature, et ne
pas impulsive à la toux. Une contracture musculaire majeure est devant pas remettre le diagnostic en cause, selon les auteurs [11].
fréquente. La douleur résiste souvent aux antalgiques de palier
1 et 2. Cette phase algique dure habituellement quelques jours Phase paralysante et amyotrophiante
à 1 semaine. Elle peut persister de 3 à 4 semaines [11], rarement Une paralysie puis une amyotrophie d’un ou plusieurs
plus. Après ce délai, ce type de douleur (violente et continue) muscles de la région de l’épaule apparaissent au cours de la
s’atténue rapidement, puis cède la place à la paralysie. phase initiale aiguë. Les premiers signes de faiblesse musculaire
D’autres types de douleurs associées à la crise aiguë initiale et surviennent classiquement lorsque les douleurs régressent ou
surtout plus prolongées ont été décrits dans la série de Van précocement comme dans la série de Van Alfen, où le déficit
Alfen [11]. Il s’agit d’une part de douleurs neuropathiques de débute en moins de 24 heures dans 30 % des cas et globalement
l’épaule, en coup de poignard ou lancinantes, violentes, dans les 2 premières semaines dans 70 % des cas. L’installation
survenant chez trois quarts des patients, faisant suite aux du déficit est rapide, avec une atteinte souvent maximale en 8
douleurs continues initiales (selon un mécanisme de sensibili- à 15 jours.
sation mécanique des nerfs atteints), déclenchées par les Il s’agit d’une paralysie flasque de type périphérique, dont la
mouvements ou le repos prolongé du membre atteint, pouvant distribution est anarchique, affectant certains territoires muscu-
durer quelques semaines à plusieurs mois. D’autre part, des laires innervés par le PB (surtout le PB supérieur), avec une
douleurs persistantes ont été notées chez 65 % des patients, à atteinte particulièrement fréquente de l’infraépineux et du
type de douleurs secondaires des insertions des muscles paréti- serratus antérieur (grand dentelé), peut-être liée à leur détection
ques ou compensateurs, en particulier dans les régions périsca- plus facile. L’amyotrophie est souvent massive, correspondant
pulaire, cervicale et occipitale. Enfin, des douleurs articulaires au territoire dénervé, visible à l’œil nu et parfois décelée par un
glénohumérales secondaires à la parésie des muscles de la coiffe proche (décollement de l’omoplate). Les réflexes ostéotendineux
ou à la déstabilisation articulaire ont été rapportées dans cette sont initialement normaux, puis peuvent être diminués ou

Appareil locomoteur 3
14-347-A-10 ¶ Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante)

abolis en cas d’amyotrophie massive. La présence de fascicula- Évolution


tions a été rarement signalée [7]. Des troubles sensitifs peuvent
L’évolution est habituellement spontanément favorable.
être retrouvés, surtout au moignon de l’épaule (par atteinte du
L’amélioration est significative environ 6 mois après la phase
nerf axillaire) dans 30 % à 70 % des cas.
douloureuse. Dans leur série de 99 SPT, Tsairis et al. ont pu
Les signes cliniques dépendent de la distribution de l’atteinte suivre 84 patients [6] : une récupération complète a été observée
neurologique (Tableau 2). Une dénervation de la partie supé- dans 30 % des cas après 1 an, 75 % des cas après 2 ans. La
rieure du PB est la plus fréquente (plus de deux tiers des cas), grande majorité des cas (89 %) a guéri en moins de 3 ans. Dans
avec une atteinte : la grande série prospective de Van Alfen, l’évolution a été très
• du nerf suprascapulaire au premier plan : atteinte clinique du variable, plus sévère dans les formes héréditaires de SPT.
supraépineux et de l’infraépineux (déficit de la rotation Certains éléments semblent prédictifs d’une récupération plus
externe, amyotrophie des fosses sous-épineuses) ; lente. Les auteurs ont observé que plus la durée de la phase
• du nerf axillaire (circonflexe) : atteinte du deltoïde avec déficit douloureuse était longue, plus l’amélioration du déficit était
de l’abduction, amyotrophie et troubles sensitifs du moignon tardive. De plus, l’évolution semble plus péjorative si les signes
de l’épaule ; initiaux sont plus sévères [4]. Dans la série de Turner [4], le
• du nerf long thoracique (nerf du grand dentelé ou nerf de muscle le moins susceptible de récupérer après une paralysie
Charles Bell) : atteinte du grand dentelé (serratus antérieur) complète était le serratus antérieur (grand dentelé), bien que
avec décollement du bord inférieur de l’omoplate ; son atteinte isolée soit peu gênante grâce à une compensation
• du nerf musculocutané : atteinte du biceps brachial, du par les muscles synergiques. Enfin, la récupération fonctionnelle
brachioradial, avec déficit de la flexion du bras et de l’avant- était plus précoce dans cette série chez les patients présentant
bras, de la supination ; une atteinte du PB supérieur par rapport aux atteintes du plexus
• du nerf scapulaire dorsal (nerf de l’angulaire et du rhomboïde) inférieur. Dans la série de Tsairis, les patients ayant une atteinte
avec un écartement de l’omoplate par rapport à la ligne du PB inférieur n’ont retrouvé une force musculaire normale
dorsale médiane et un déficit de l’élévation du membre qu’après 18 mois à 3 ans [6]. Il y a peu de différence évolutive
supérieur. selon le sexe et l’âge.
Les autres territoires du plexus brachial peuvent être atteints
plus rarement (nerfs subscapulaire, radial, médian, ulnaire), avec
une amyotrophie du subscapulaire, du grand pectoral, du triceps
brachial, ou des atteintes distales, pouvant poser des problèmes
diagnostiques.
“ Points essentiels
Il faut noter l’existence, bien que rare, de l’atteinte de certains
muscles non innervés par le plexus brachial : trapèze, sterno- Éléments prédictifs d’une récupération tardive
cléido-mastoïdien (innervés par le nerf accessoire XI), diaphragme • Phase douloureuse prolongée
(nerf phrénique). • Sévérité des signes initiaux
• Atteinte du serratus antérieur
• Atteinte du PB inférieur

“ Point fort Dans 10 % à 15 % des cas, la récupération est incomplète,


avec un déficit séquellaire définitif. Le déficit peut être discret
Après une phase douloureuse aiguë de l’épaule s’installe sans gêne fonctionnelle notable par compensation musculaire
une paralysie flasque suivie d’une amyotrophie souvent synergique. Dans la série de Van Alfen, presqu’un tiers de
massive, dont la distribution est anarchique, affectant patients ont des douleurs chroniques et un déficit persistant
certains territoires musculaires innervés par le plexus avec un recul de 6 ans [11].
brachial. Une récidive douloureuse ou déficitaire homolatérale ou
controlatérale peut survenir avec une fréquence variable selon
les séries : 5 % dans les publications anciennes [6, 7], 26 %
(forme idiopathique) à 75 % (pour la forme héréditaire) dans la
série récente de Van Alfen [11] . L’atteinte récidivante peut
Autres signes concerner le même territoire nerveux ou des territoires diffé-
Signes sensitifs rents. Les tableaux cliniques sont souvent moins sévères que
l’épisode initial, et durent généralement moins de 2 semai-
Ils sont fréquents (de 30 % à 70 % selon les séries), parfois nes [6], mais le risque de séquelles motrices semble augmenter
sous-estimés car l’épaule est moins impliquée que les extrémités au fil des récidives [11]. Une forme héréditaire de SPT doit être
dans les processus tactiles. Le plus souvent, il s’agit d’hypoes- suspectée et recherchée en cas de récidive.
thésie et de paresthésies de la région deltoïdienne et supérola-
térale du membre supérieur. L’examen clinique retrouve des
zones d’hypoesthésie dans les régions innervées par les nerfs
Formes atypiques
sensitifs du PB. Dans la série de Van Alfen, il n’y a pas de
Formes symptomatiques
corrélation entre la topographie des troubles moteurs et celle
des troubles sensitifs, montrant bien le caractère multifocal des Formes indolores
atteintes du SPT [11]. Dans cette série, 80 % des patients avaient Elles sont assez rares, variant selon les séries (de 3 % à 30 %
un déficit sensitif objectif, touchant la région latérale de l’épaule des cas). L’amyotrophie se développe insidieusement, la douleur
et du bras dans la moitié des cas, l’avant-bras et la main dans est absente pendant toute l’évolution. Le diagnostic de SPT n’est
40 % des cas. La récupération de ces troubles est tardive et fait que rétrospectivement, lorsque le déficit et l’amyotrophie
inconstante. clinique deviennent évidents, ou sur la dénervation observée à
Signes dysautonomiques l’EMG, et après élimination des autres étiologies de plexopathies
brachiales.
Ils sont plus rares. Dans la série de Van Alfen, 15 % des
patients avaient des signes vasomoteurs distaux, à type de Formes paresthésiques
troubles végétatifs, œdème, troubles trophiques de la peau, La présence de paresthésies peut orienter à tort vers une
hypersudation, anomalies thermiques. Ces signes sont surtout névralgie cervicobrachiale. Cependant, les dysesthésies sont
observés dans les zones innervées par le PB inférieur, et ne sont souvent mal systématisées, rarement localisées au territoire du
pas corrélés à la distribution de l’atteinte motrice ou sensitive. nerf axillaire [7], et sont associées à des déficits sensitifs objectifs

4 Appareil locomoteur
Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante) ¶ 14-347-A-10

dans le territoire du plexus brachial, sans systématisation Tableau 3.


radiculaire [11]. Éléments de différenciation entre formes sporadiques et formes familiales
du syndrome de Parsonage et Turner (SPT).
Formes topographiques SPT sporadique SPT familial
Formes bilatérales Âge Adulte jeune Enfant, adulte jeune
Elles sont relativement fréquentes, représentant de 2 % à Facteurs étiologiques Non spécifiques Grossesse, post-partum
34 % des cas selon les séries. Elles sont bilatérales soit d’emblée, Dysmorphies Absentes Fréquentes
soit après un délai de quelques jours à plusieurs mois. L’atteinte (hypotélorisme)
est presque toujours asymétrique [11], et l’évolution souvent Récupération Rapide Lente
traînante. Récidives Rares Fréquentes
Formes distales
Ce sont les formes qui posent le plus de difficultés diagnos-
tiques, surtout lorsqu’elles sont inaugurales ou isolées [14]. Leur Formes familiales
assimilation au SPT est justifiée en raison de la succession
évolutive de phase de douleurs, de paralysie, puis de Dans sa grande série, Van Alfen a séparé les névralgies
récupération. amyotrophiantes idiopathiques et les formes familiales qui
La paralysie du nerf interosseux antérieur (NIA) est la moins représentent 19 % des cas. Les formes familiales du SPT ont des
rare (5 % des cas dans la série de Parsonage et Turner). Né du particularités les différenciant des formes classiques (Tableau 3) :
nerf médian, dont il est une branche motrice pure, le NIA elles atteignent des sujets plus jeunes, (parfois dans l’enfance,
innerve le carré pronateur, le long fléchisseur du pouce, les deux surtout dans la seconde et troisième décennie), sans prépondé-
chefs externes du long fléchisseur commun des doigts, ces deux rance masculine marquée.
derniers étant responsables de la pince pouce-index. La paralysie Dans certaines familles, on note des dysmorphies évocatrices :
du NIA provoque le signe du « bec de canard » : normalement, épicanthus, hypotélorisme, fente palatine, syndactylie partielle,
lors de la manœuvre d’opposition du pouce et de l’index, la asymétrie faciale, ovaire bifide [18]. L’hypotélorisme, anomalie la
dernière phalange du pouce et celle de l’index fléchissent ; en plus caractéristique, a fait comparer ces patients à certains
cas d’atteinte du NIA, un contact se fait entre les pulpes de ces portraits de Modigliani.
deux doigts qui se joignent véritablement et viennent au Le tableau clinique de paralysie amyotrophiante de l’épaule
contact. La faiblesse du carré pronateur diminue la force de est classique dans les SPT familiaux, mais avec des douleurs
pronation lorsque le coude est fléchi. initiales plus sévères, un déficit moteur plus sévère et surtout
Lorsque la paralysie du NIA est précédée par une phase de une évolution plus longue, marquée par une régression plus
douleurs dans l’avant-bras ou, comme c’est souvent le cas, est lente des signes en 1 ou 2 ans, avec des récidives fréquentes
associée à une atteinte de l’épaule, elle est évocatrice du SPT. (jusqu’à 75 % des cas [11]). Entre les épisodes, l’examen neuro-
Une atteinte isolée du NIA, bien que rare, doit faire évoquer logique est normal, ainsi que l’EMG, sans signe de neuropathie
d’emblée un SPT, plus qu’une atteinte compressive [15]. périphérique, ce qui est important pour le diagnostic différen-
La paralysie du nerf interosseux postérieur (NIP) est plus rare, tiel. Des atteintes bilatérales sont signalées. Les atteintes
ainsi que celle du nerf brachial cutané interne, et d’autres troncs extrabrachiales semblent plus fréquentes dans les SPT familiaux
nerveux du membre supérieur (nerfs radial, cubital, médian, que dans les formes idiopathiques (55 % contre 17 % dans la
nerf de l’angulaire de l’omoplate). série de Van Alfen), avec des atteintes du plexus lombaire
incluses dans cette série (33 %), des atteintes phréniques (14 %),
Formes avec atteinte en dehors du plexus brachial ainsi que des paralysies des nerfs récurrents laryngés (19 %).
Dans d’autres publications ont été décrits des cas de paralysie
Ces atteintes seraient plus fréquentes dans les formes hérédi-
faciale (VII), de surdité unilatérale brutale (VIII) [7].
taires (plus de 50 % dans la série de Van Alfen, qui inclut
cependant l’atteinte du plexus lombosacré que nous n’avons pas Les signes EMG sont comparables à ceux de la forme classi-
retenu dans le tableau du SPT). que. Il n’y a pas de description IRM connue de ces formes
familiales.
Une paralysie phrénique, caractérisée par une atteinte
diaphragmatique, est décrite de façon non exceptionnelle, allant Parmi les facteurs favorisants observés, outre les traumatis-
jusqu’à 6 % dans certaines séries [6, 11] où des radiographies et mes, les infections, les vaccinations, qui sont également
radioscopies thoraciques ont été pratiquées. Ces examens retrouvés dans les SPT classiques, certaines situations semblent
recherchent l’ascension d’une coupole diaphragmatique, et particulières au SPT familial, notamment la grossesse (déclen-
précisent en scopie la parésie du diaphragme. chement de SPT en post-partum).
La transmission s’effectue sur un mode autosomique domi-
L’atteinte phrénique unilatérale est la plus fréquente, et
nant, avec un diagnostic génétique actuellement possible,
habituellement asymptomatique. Elle est certainement sous-
permettant un diagnostic anténatal. Le seul gène associé au SPT
estimée, puisque sa recherche n’est pas systématique en prati-
idiopathique est SEPT9. Une mutation du gène SEPT9 sur le
que. Elle se situe parfois du côté opposé au SPT [7]. Les atteintes
chromosome 17 (17q24-25) a été observée avec une pénétrance
bilatérales, plus rares, peuvent provoquer des dyspnées modé-
de 80 % [19].
rées [6], ou sévères en cas de paralysie diaphragmatique plus
importante. Le diagnostic est difficile si la neuropathie phréni- Le principal diagnostic différentiel est l’hypersensibilité
que est isolée, avec des symptômes purement pneumologiques, héréditaire liée à la pression (hereditary neuropathy with liability
sans douleur ni paralysie de la région scapulaire. L’évolution est to pressure palsie), pouvant se manifester comme un SPT et dont
habituellement lente, avec parfois une persistance de la dyspnée le diagnostic génétique est possible (mutation ou délétion du
2 à 7 ans plus tard [14]. gène PMP22 sur le chromosome 17 p11,12).
Ainsi, toute dyspnée « sine materia », toute paralysie
diaphragmatique dite idiopathique devrait faire évoquer, entre
autres étiologies, le diagnostic de SPT [16]. ■ Explorations complémentaires
Une atteinte des nerfs crâniens a été rapportée dans une
observation, caractérisée par une paralysie des quatre derniers Électrophysiologie
nerfs crâniens [17] survenue 1 mois après une paralysie de
l’épaule, confirmée par une atteinte multifocale à l’EMG. L’EMG est sans doute l’examen qui a apporté le plus d’élé-
L’évolution a été favorable, avec guérison totale à 1 an. Le nerf ments pour le diagnostic et la topographie des lésions. Les
spinal (XI) peut aussi être atteint, avec un déficit du trapèze et anomalies prédominent dans les muscles innervés par le PB
une atteinte d’un nerf récurrent (branche du X pneumogastri- supérieur, mais des atteintes distales liées à une atteinte du
que) a été observée chez quelques patients [11]. tronc inférieur peuvent exister. En revanche, dans les muscles

Appareil locomoteur 5
14-347-A-10 ¶ Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante)

paravertébraux, le tracé est normal, ce qui est un argument de diagnostiqués par la clinique et confirmés par l’EMG, avec
différenciation avec les atteintes radiculaires ou moto- anomalies musculaires à l’IRM [9, 10].
neuronales. Les séquences utiles sont T2 fast spin echo (FSE) avec satura-
tion de graisse (fat sat) et T1 spin echo (SE), avec des coupes
axiales et sagittales obliques.
Les signes IRM de dénervation musculaire se traduisent par

“ Point fort ordre chronologique par un œdème musculaire précoce, suivi


d’amyotrophie, puis parfois de dégénérescence graisseuse.

Le caractère multifocal et anarchique de l’atteinte du PB Œdème musculaire


est évocateur, sans signe de neuropathie généralisée. Il se traduit par un hypersignal musculaire diffus en séquence
T2 FSE au sein de certains muscles innervés par le PB. Le signal
est diminué ou parfois normal en T1.
Ces altérations siègent dans les muscles cliniquement atteints, Cet œdème est homogène, concernant l’ensemble du muscle,
mais parfois aussi du côté sain ou à distance, témoignant de et sa topographie correspond au territoire musculaire innervé
lésions infracliniques. Certains auteurs constatent une atteinte par les nerfs touchés. La comparaison des muscles pathologiques
EMG bilatérale dans 50 % des cas présentant une atteinte œdémateux aux muscles sains adjacents permet de déterminer
clinique unilatérale [20]. Seror rapporte, dans une série de 16 SPT facilement la topographie de l’atteinte nerveuse, une atteinte
avec atteinte clinique isolée du NIA, des altérations EMG diffuse du PB étant très en faveur de diagnostic de SPT. Cela
d’autres territoires nerveux [15]. permet de le différencier des compressions nerveuses plus
focalisées. Par exemple, la compression du nerf suprascapulaire
Électromyogramme de détection (enregistrement se traduit par un œdème du muscle supra- et/ou infraépineux,
de l’activité électrique musculaire) alors que les muscles adjacents (deltoïde, subscapulaire et teres
minor) ont un signal normal.
Il montre typiquement des tracés comportant des potentiels L’atteinte des muscles supra- et infraépineux innervés par le
de fibrillation au repos, témoignant d’une dénervation aiguë, nerf suprascapulaire issu du plexus brachial supérieur est quasi
visible 2 à 4 semaines après l’apparition de la douleur. À l’effort, constante dans les séries (88 % dans la série de Scalf, 97 % dans
les tracés confirment une dénervation avec de grands potentiels celle de Gaskin). Cette atteinte est isolée dans 50 % des cas de
unitaires battant à fréquence élevée. Cet enregistrement appré- la série de Gaskin [10]. Les autres muscles atteints étaient dans
cie la sévérité, l’étendue et l’évolutivité de l’atteinte neurogène. cette série le deltoïde et le teres minor, innervés par le nerf
Elle permet d’éliminer une atteinte myogène. axillaire, qui représentait 50 % de la série avec une atteinte
toutefois rarement isolée de ce territoire (seulement 3 % des
Électromyogramme avec électrostimulation cas). Enfin, les muscles innervés par le nerf sous-scapulaire ont
(étude des conductions motrices et sensitives été rarement touchés (3 % des cas).
des nerfs périphériques) L’œdème musculaire s’expliquerait par des modifications de
l’hydratation du corps musculaire, avec augmentation du
Il permet de préciser le type de l’atteinte neurogène (axonale,
contingent hydrique extracellulaire [23].
myélinique ou mixte). Les principales anomalies sont :
L’œdème musculaire est précoce, apparaissant dès le quin-
• vitesses de conduction nerveuse motrices et sensitives
zième jour après le début de la neuropathie. Cette constatation
normales le plus souvent, ou perte d’amplitude des réponses
est issue de l’étude expérimentale de section complète du nerf
évoquées motrices en rapport avec la perte axonale ;
suprascapulaire chez le lapin avec observation des signes IRM
• augmentation modérée de la latence de l’onde F malgré la
dans les territoires musculaires dénervés [24] . Après section
normalité des vitesses de conduction nerveuse ;
nerveuse, il a été constaté un hypersignal musculaire croissant
• augmentation modérée des latences au point d’Erb, corres-
dès le quinzième jour en pondération T2, avec un pic maximal
pondant aux muscles atteints.
entre j21 et j35. À partir de j64, le signal musculaire se norma-
L’ensemble, avec les tracés EMG, est évocateur de dégénéres-
lise chez le lapin. La durée de cet œdème semble différente chez
cence wallerienne.
l’homme [23].
En revanche, il a été décrit certains aspects évoquant un
Cet aspect de souffrance musculaire est toutefois non spécifi-
degré de démyélinisation en début d’évolution [7].
que, existant dans d’autres pathologies que les neuropathies
tronculaires ou plexiques, en particulier dans les pathologies
Diagnostic différentiel
musculaires (myosites, hémorragies intramusculaires, tumeurs,
Le diagnostic différentiel avec une neuropathie canalaire de infections). Le diagnostic est redressé par le contexte et par le
l’épaule peut être difficile, en particulier avec une compression fait que, dans ces cas, la topographie n’est pas calquée sur un
du nerf suprascapulaire par un kyste spinoglénoïdien qui a des territoire correspondant à une zone d’innervation [23].
signes électriques communs avec le SPT, en montrant une
dénervation dans le muscle infraspinatus (territoire du PB Atrophie musculaire
supérieur). L’argument pour le SPT est la diffusion des signes
L’atrophie musculaire avec parfois signes d’involution
EMG.
graisseuse est assez rapide et s’objective le mieux sur les
séquences pondérées en T1 SE sans saturation de la graisse, en
Imagerie par résonance magnétique coupes sagittales obliques. L’amyotrophie est mise en évidence
par la constatation d’une diminution du volume musculaire de
L’IRM prend un intérêt croissant depuis quelques années, en
certains muscles comparativement au côté sain. La dégénéres-
apportant une aide précieuse au diagnostic précoce et au
cence graisseuse est marquée par des plages linéaires d’hypersi-
diagnostic différentiel. Non pas l’IRM du plexus brachial, qui
gnal en T1, T2, et densité de proton. Les études expérimentales
n’est pas très contributive, ne montrant que rarement un
ont montré que l’amyotrophie peut être observée dès la troi-
épaississement ou un hypersignal du plexus brachial [11], mais
sième semaine après dénervation [24]. L’amyotrophie n’évolue
surtout l’IRM de l’épaule qui objective des anomalies musculai-
pas forcément vers la dégénérescence graisseuse qui, elle, est
res liées à la dénervation.
irréversible.
Après la publication initiale de quelques cas isolés [21, 22],
deux séries récentes étudiant les IRM d’épaules de SPT ont
permis de bien préciser les signes de dénervation des muscles de
Évolution des signes musculaires en IRM
la coiffe des rotateurs et de la ceinture scapulaire utiles au Les modifications les plus précoces sont une augmentation
diagnostic, et qui sont bien corrélés aux données cliniques et diffuse du signal musculaire en T2, due à l’œdème, parfois sans
EMG. Il s’agit d’études rétrospectives concernant des SPT anomalie en T1. Cependant, en phase aiguë de dénervation, le

6 Appareil locomoteur
Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante) ¶ 14-347-A-10

signal musculaire peut être normal en IRM, notamment avant Les explorations neuroradiologiques cervicales (scanner et
le quinzième jour d’évolution [25]. En phase subaiguë et chroni- IRM), si elles sont réalisées, restent normales ou montrent des
que de dénervation, les anomalies en séquence T2 persistent, et anomalies dégénératives banales (discopathies) n’expliquant pas
l’atrophie musculaire peut se développer, avec ou sans infiltra- le tableau clinique et son évolution.
tion graisseuse. La normalisation IRM intervient parfois plu- Le liquide céphalorachidien est le plus souvent normal.
sieurs mois après la phase chronique, comme cela a été observé Parfois, une protéinorrachie modérément élevée et une hyper-
dans un cas [9]. Il n’y a cependant pas d’études longitudinales cellularité sont constatées [8, 11] . La ponction lombaire n’a
avec effectifs suffisants permettant de déterminer précisément cependant aucune indication dans le SPT.
l’aspect évolutif, probablement en raison de l’amélioration La biopsie nerveuse n’a aucune indication non plus. Elle
spontanée de la maladie. n’apporte de toute façon aucun élément contributif. Les
altérations histologiques sont celles d’une dégénérescence
Diagnostic différentiel axonale marquée [6], avec une perte de fibres myélinisées dans
L’IRM aide au diagnostic différentiel avec une lésion tendi- certains faisceaux [11]. Klein et al. ont observé chez trois patients
neuse de la coiffe des rotateurs et avec les autres causes de des infiltrats inflammatoires périvasculaires multiples sans
souffrance des troncs nerveux issus du plexus brachial. En nécrose, accompagnant une dégérescence axonale active [26].
particulier, l’IRM recherche la présence d’un kyste spinoglénoï-
dien ou d’un kyste de l’incisure scapulaire responsables d’une
compression du nerf suprascapulaire, et d’un kyste inférieur du
■ Diagnostic différentiel
labrum pouvant comprimer le nerf axillaire. Si le diagnostic s’impose dans la forme classique de névralgie
amyotrophiante multifocale de l’épaule, il est parfois difficile
Autres examens dans les formes atypiques, en particulier lorsqu’il y a intrication
Les autres examens n’ont d’intérêt que par leur négativité. entre douleur, paralysie et amyotrophie, ou s’il n’y a qu’une
Les radiographies de l’épaule et du rachis cervical sont atteinte musculaire isolée, ou encore dans les formes distales. En
normales pour l’âge. En revanche, la radiographie du thorax particulier, il faut distinguer le SPT des autres atteintes neurolo-
peut montrer l’ascension d’une coupole diaphragmatique, giques de la ceinture scapulaire et d’autres neuropathies
témoignant d’une atteinte phrénique évocatrice. périphériques, ce qui est difficile dans les situations postopéra-
L’échographie de l’épaule ne montre pas de signes spécifi- toires orthopédiques. La bonne connaissance anatomique du
ques. Au stade amyotrophique, l’échographie peut préciser les plexus brachial, des nerfs auxquels il donne naissance, de leurs
territoires atteints en montrant une diminution du volume de conflits tronculaires mécaniques possibles, ainsi que la sémiolo-
certains muscles. La recherche de lésions de la coiffe et d’un gie correspondante permet de distinguer les principaux dia-
kyste spinoglénoïdien aide au diagnostic différentiel. gnostics différentiels (Tableau 4). L’examen clinique, complété
Les examens biologiques habituels et le bilan immunologique par l’EMG, permet de distinguer les atteintes tronculaires,
sont en règle normaux. Une élévation des enzymes hépatiques plexiques, radiculaires et médullaires. L’IRM de l’épaule permet
a été observée en phase aiguë dans quelques cas [11] , ainsi d’innocenter la coiffe des rotateurs et de rechercher des kystes
qu’une élévation modérée des créatine kinases dans 1,5 % des compressifs du nerf suprascapulaire dans l’échancrure spinoglé-
cas analysés de cette série. La recherche d’anticorps antimyéli- noïdienne ou coracoïdienne.
niques n’est pas réalisée en pratique, mais aurait un intérêt
pathogénique. Dans la série de Van Alfen, les anticorps antigan- Neuropathies de la ceinture scapulaire
gliosides ont été recherchés chez 34 patients et sont positifs En présence d’une atteinte isolée de certains muscles de la
dans 26 % des cas (anti-Gm1 surtout). ceinture scapulaire, il faut évoquer des compressions des troncs

Tableau 4.
Diagnostic différentiel du syndrome de Parsonage et Turner : compressions tronculaires des branches du plexus brachial.
Lésions tronculaires Muscles innervés Site de compression Étiologies
Nerf spinal Sterno-cléido-mastoïdien Triangle cervical postérieur Adénopathies
Branche externe du XI Trapèze Curage ganglionnaire au creux sus-
claviculaire

Nerf phrénique Diaphragme Région thyroïdienne Chirurgie thyroïdienne ou


parathyroïdienne
Tumeur

Nerf scapulaire dorsal Angulaire Région cervicale Microtraumatismes sportifs


Rhomboïde

Nerf thoracique long (nerf du grand Grand dentelé Région scalénique Étirements sportifs (tennis, lancer)
dentelé ou nerf de Charles Bell) Première et deuxième côtes Résection de la première côte
Mastectomie, curage ganglionnaire,
anesthésie locale : bloc interscalénique

Nerf sus-scapulaire Supraspinatus (sus-épineux, SE) Incisure sus-scapulaire (SE + IE) Microtraumatismes sportifs
Infraspinatus (sous-épineux, IE) Échancrure spinoglénoïdienne (IE) Kystes synoviaux
Anesthésie locale : bloc interscalénique
Réparations de la coiffe ?

Nerf axillaire Deltoïde Espace axillaire latéral Traumatismes de l’épaule (luxation


(ou circonflexe) Teres minor (petit rond) antéro-interne + +, fracture de
l’humérus, kyste inférieur du labrum,
étirements en abduction)

Nerf musculocutané Biceps coracobrachial Creux axillaire Traumatisme


Passage dans le coracobrachial Luxation
Chirurgie épaule

Appareil locomoteur 7
14-347-A-10 ¶ Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante)

nerveux issus du plexus brachial, qui peuvent être l’objet de serratus antérieur (grand dentelé), avec un décollement du bord
syndromes canalaires, entraînant des douleurs de l’épaule et des spinal inférieur de l’omoplate (scapula) au repos, bien visible à
amyotrophies localisées. Ces pathologies sont peu fréquentes, l’effort lors du test de pompes contre mur.
occasionnées par des gestes répétitifs surtout chez les sportifs
utilisant le membre supérieur (tennis, volley-ball, base-ball...), Neuropathie axillaire (circonflexe)
en particulier en cas de facteurs anatomiques prédisposants. Le
nerf le plus souvent atteint est le nerf suprascapulaire, suivi du Le nerf axillaire peut être comprimé ou étiré dans l’espace
nerf long thoracique, du nerf axillaire et enfin du musculocu- axillaire latéral (bordé en haut par le muscle teres minor [petit
tané. D’autres nerfs ne dépendant pas du PB et impliqués dans rond], en dedans par le triceps brachial, en dehors par le bord
le SPT peuvent aussi être l’objet de compressions (Tableau 4). médial de l’humérus, en bas par le muscle teres major [grand
rond]) [27].
Neuropathie du nerf suprascapulaire Le contexte est habituellement celui de traumatismes de
l’épaule (surtout luxation antéro-interne, fracture de l’humérus,
C’est la plus fréquente des neuropathies canalaires de kyste inférieur du labrum, étirements en abduction). Suspectée
l’épaule. Le nerf suprascapulaire est une branche du tronc lors d’une douleur persistante du moignon de l’épaule après un
supérieur du plexus brachial. Naissant des racines C5 et C6, il traumatisme, l’atteinte du nerf axillaire est confirmée en cas
descend dans la fosse supraépineuse, après avoir traversé d’hypoesthésie du moignon de l’épaule, ainsi que de déficit de
l’incisure scapulaire (échancrure coracoïdienne) sous le ligament l’abduction de l’épaule.
transverse scapulaire supérieur. Après avoir donné des branches
motrices au muscle supra spinatus, le nerf suprascapulaire
franchit le défilé spinoglénoïdal (échancrure spinoglénoïdienne) Diagnostic des formes distales
pour innerver le muscle infraspinatus [27]. Le nerf suprascapu- Les rares formes distales du SPT sont dominées par l’atteinte
laire présente donc un trajet à risque, susceptible d’être com- du NIA et du NIP. Elles doivent être distinguées des exception-
primé en regard des deux échancrures. nelles compressions canalaires de ces nerfs ou de ruptures
La compression dans l’incisure scapulaire (échancrure cora- tendineuses.
coïdienne) provoque une atteinte à la fois du supraépineux et
de l’infraépineux, avec douleurs profondes postérieures de
Compression du nerf interosseux antérieur
l’épaule, une fatigabilité de l’épaule lors des mouvements
sportifs, un déficit de la rotation externe, une amyotrophie Le NIA est une branche du nerf médian débutant juste en
visible évocatrice de la fosse infraépineuse. Les facteurs favori- dessous de l’épicondyle. Il chemine au-dessus du fléchisseur
sant de la compression du suprascapulaire sont des facteurs profond des doigts et le long de la membrane interosseuse vers
anatomiques (forme fermée de l’incisure, présence du ligament le poignet. Il innerve les muscles profonds de la face antérieure
transverse scapulaire supérieur au-dessus de l’incisure), et elle se de l’avant-bras (fléchisseur profond des doigts, long fléchisseur
voit plutôt chez les sujets non sportifs [27]. du pouce, carré pronateur). Très rarement se produit une
La compression dans l’échancrure spinoglénoïdienne n’induit compression dynamique du NIA entre les chefs du muscle teres
qu’une souffrance de l’infraspinatus (déficit de rotation externe, pronateur par des bandes fibreuses surtout lors de la pronation
amyotrophie de la fosse infraépineuse), et se voit surtout en cas et de l’extension du coude. Dans ce cas, l’IRM montre une
surmenage sportif (volley ball, tennis, haltérophilie, base-ball), dénervation avec œdème ou atrophie des muscles fléchisseurs et
en particulier chez les athlètes ayant une hypertrophie du pronateurs. Lorsque la paralysie du NIA est précédée par une
muscle subscapularis (sous-scapulaire). Un autre élément phase de douleurs dans l’avant-bras ou, comme c’est souvent le
compressif classique est le kyste du bourrelet glénoïdien cas, est associée à une atteinte de l’épaule, elle est évocatrice du
(labrum), s’extériorisant dans le défilé spinoglénoïdal. Un tel SPT. Une atteinte inaugurale ou isolée du NIA, bien que rare,
kyste se forme à partir d’une fissure du labrum ou d’une superior doit faire évoquer d’emblée un SPT, plus qu’une atteinte
labrum anteroposterior (SLAP) lésion du labrum. Il peut s’agir compressive [15], et faire éviter une exploration chirurgicale du
aussi de kystes mucoïdes, de fractures ou tumeurs de l’omoplate. trajet nerveux, malgré un tableau neurologique parfois
Une atteinte du nerf suprascapulaire pourrait aussi s’observer inquiétant.
dans certaines ruptures transfixiantes de la coiffe des rotateurs
ou être une atteinte iatrogène de la chirurgie de réparation de Atteinte du nerf interosseux postérieur
la coiffe, par excès de traction [28].
Ces neuropathies canalaires du suprascapulaire se différen- Elle est encore plus rare. Le nerf radial se divise près de la tête
cient du SPT localisé au PB supérieur où il existe une atteinte radiale en une branche motrice, le NIP, et une branche sensitive
globale du nerf suprascapulaire, avec signes cliniques impli- superficielle. Le NIP traverse vers le compartiment postérieur du
quant à la fois le supraépineux et l’infraépineux, alors que dans coude, passant entre les chefs superficiels et profonds du muscle
la compression du nerf dans l’échancrure spinoglénoïdienne, supinateur, pour innerver les muscles extenseurs de l’avant-
seul l’infraspinatus est atteint. De plus, dans le syndrome bras, le supinateur, et le long adducteur du pouce. Au moment
canalaire, les signes sont plus insidieux, sans tableau douloureux où le nerf rentre dans le muscle supinateur, il plonge sous
aigu initial et il n’y a pas de résolution spontanée des symptô- l’arcade de Fröhse, qui est une arche fibreuse susceptible de
mes. L’EMG est rarement contributif dans ce cas, sauf en cas compression. Dans le tunnel radial, il existe cinq zones possibles
d’association à une atteinte électrique infraclinique d’autres de compression du NIP [28]. Le syndrome du tunnel radial ne
territoires innervés par le PB (deltoïde, serratus antérieur...), provoque habituellement que des signes sensitifs, en rapport
signant le SPT. L’IRM recherche une compression canalaire par avec des mouvements répétés de pronation et supination ou
des kystes compressifs de l’incisure scapulaire ou l’échancrure d’extension forcée du coude en particulier lors de certains sports
spinoglénoïdienne, ou une rupture de la coiffe des rotateurs, (tennis, natation) et chez les violonistes. La compression
pouvant mimer cliniquement un SPT. mécanique du tunnel radial peut exister rarement dans d’autres
circonstances : tumeurs ; fracture luxation du coude ; bursite du
coude. Le diagnostic est essentiellement clinique, avec des
Neuropathie du nerf long thoracique
douleurs de l’avant-bras pouvant irradier, une douleur provo-
La compression du nerf du grand dentelé, rare, se fait dans quée à la supination contrariée et la présence d’un signe de
son passage dans la région scalénique et en regard des deux Tinel sur le bord radial de l’avant-bras. Une faiblesse musculaire
premières côtes. Elle est parfois microtraumatique, en particulier avec déficit d’extension de tous les doigts et du poignet peut
en cas d’étirements sportifs répétés (tennis, lancer) ou de port survenir. L’EMG est le plus souvent normal dans les formes
de sac à dos. Les causes iatrogènes sont classiques mais heureu- sensitives. L’IRM montre des signes de dénervation aiguë dans
sement rares : résection de la première côte, mastectomie, les muscles innervés par le NIP (extenseurs et supinateur). Elle
curage ganglionnaire, anesthésie locorégionale (bloc interscalé- peut dépister un épaississement de l’arcade de Frohse, une
nique). Le diagnostic clinique est évident au stade déficitaire du tumeur, une bursite. En cas de début douloureux aigu, un SPT

8 Appareil locomoteur
Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante) ¶ 14-347-A-10

doit être évoqué avant de proposer une libération chirurgicale processus semble correspondre à des lésions multitronculaires
de l’arcade de Fröhse, qui n’est proposée qu’après plusieurs mois avec atteinte axonale. Une réponse immune vis-à-vis du nerf
de traitement conservateur sans amélioration. périphérique est évoquée, car des étiologies infectieuses et
immunologiques ont été impliquées, mais il n’y a pas de
Atteinte du nerf musculocutané modèle expérimental ni de preuve biochimique ou histologique
Elle est rare, dans un contexte de traumatisme de l’épaule, ou permettant de les étayer.
de musculation excessive, et se manifeste par un déficit moteur
bicipital, associé ou non à une amyotrophie de la loge anté-
rieure du bras et à des troubles sensitifs sur le bord radial de
Siège des lésions
l’avant-bras [27]. L’un des caractères les plus déroutants du SPT est le caractère
multifocal des atteintes musculaires, parfois non systématisées à
Radiculopathie cervicale un territoire nerveux du PB (par exemple en cas d’atteinte des
nerfs crâniens).
Une névralgie cervicobrachiale paralysante diffère du SPT de
Une origine médullaire n’est pas retenue. Évoquée initiale-
par le parallélisme chronologique étroit entre douleur et
ment en raison de la présence occasionnelle de fasciculations et
paralysie, la topographie plus volontiers distale de l’atteinte
de la dissociation des troubles sensitivomoteurs (prédominance
clinique, le caractère plus progressif de l’amyotrophie, la
des troubles moteurs), elle a été infirmée par l’électro-
recrudescence de la douleur à la toux, la distribution de
l’aréflexie et la présence de troubles sensitifs. Mais ces critères physiologie.
ne sont pas constants, et les examens neuroradiologiques sont L’atteinte du plexus brachial est reconnue par la plupart des
parfois nécessaires pour conclure, notamment en cas d’atteinte auteurs, basée sur la systématisation clinique et IRM de
radiculaire C6-C7. l’atteinte musculaire aux branches du PB (surtout supérieur,
mais aussi inférieur) et sur les constatations électrophysiologi-
ques montrant des réponses anormales après stimulation au
Tendinopathies de la coiffe des rotateurs point d’Erb, contrastant avec des vitesses de conduction
La rupture de la coiffe, avec tableau de pseudoparalysie de normales. L’IRM du PB montre parfois un hypersignal plexique
l’épaule, n’entraîne qu’une amyotrophie modérée et tardive, ne en T2 [11]. Une réserve tient cependant à l’atteinte de muscles
touchant cliniquement que l’infraspinatus. Les tests de conflits non innervés par le PB, comme l’atteinte des nerfs crâniens ou
tendineux sous-acromial sont positifs et les douleurs sont moins du nerf phrénique, ce qui pourrait indiquer une extension
aiguës. lésionnelle à distance. Le terme de neuropathie du PB semble
Les tendinopathies aiguës calcifiantes de la coiffe peuvent ainsi un peu réducteur, l’atteinte étant en fait multifocale dans
donner un tableau douloureux bruyant et une impotence le SPT. Certains auteurs incluent les atteintes du plexus lombo-
fonctionnelle totale liée à la douleur, pouvant mimer un SPT au sacré dans leur série de névralgies amyotrophiantes [11].
début, mais n’évoluent pas vers une amyotrophie. L’atteinte radiculaire est rare mais possible, principalement en
C5 et C6, expliquant l’atteinte de muscles non innervés par les
Algodystrophie du membre supérieur branches du plexus brachial, mais directement à partir des
Une algodystrophie du membre supérieur de type syndrome racines ventrales cervicales. Elle n’est cependant pas isolée dans
épaule-main se différencie par un début subaigu, des douleurs le SPT.
diffuses, la prédominance de signes vasomoteurs. L’atteinte des troncs nerveux périphériques ou de leurs
branches est évoquée dans les formes très localisées de SPT (NIA
ou NIP, radial, etc.) où l’atteinte se présente comme une
Autres atteintes du plexus brachial mononeuropathie localisée ou multiple. L’EMG confirme une
Le contexte permet d’éliminer les atteintes traumatiques, dénervation électrique associée à une prolongation des latences
postopératoires ou postradiques du plexus brachial. Un syn- distales, mais ne permet pas de trancher entre une lésion
drome de Pancoast et Tobias est responsable d’une atteinte du axonale distale ou plus proximale. D’ailleurs, le tableau de
PB inférieur, et doit faire rechercher une tumeur thoracique. neuropathie tronculaire distale du SPT pourrait en fait corres-
Une tumeur nerveuse peut aussi concerner le PB. pondre à une atteinte nerveuse haut située, au PB, puisque par
exemple, en ce qui concerne le NIA, ses faisceaux d’origine sont
Diagnostic des formes familiales de SPT déjà individualisés dans les racines médianes et latérales du nerf
médian [29].
Le principal diagnostic différentiel est l’hypersensibilité
nerveuse héréditaire liée à la pression (hereditary neuropathy with
liability to pressure palsie). Cette neuropathie tomaculaire diffuse Mécanismes de l’atteinte neurogène
touche entre autres le PB, et peut exceptionnellement se
manifester par une atteinte douloureuse aiguë de celui-ci. Elle se Nature de l’atteinte nerveuse
distingue de la forme familiale du SPT par son caractère Elle est discutée. L’existence d’une atteinte axonale est
indolore, l’absence de malformations associées. Il y a souvent
communément admise. Cependant, quelques cas d’atteinte
une notion familiale d’atteintes nerveuses occasionnées par des
démyélinisante ont été rapportés [30, 31] avec mise en évidence
étirements ou des traumatismes mineurs. Le diagnostic est
de blocs de conduction. Dans une série de huit patients
évoqué à l’EMG devant l’existence de syndromes canalaires
présentant un SPT typique cliniquement, Lo et Mills utilisant
multiples à l’étude des vitesses de conduction nerveuse. Il existe
des techniques de stimulation proximale du PB ont détecté non
un diagnostic génétique en biologie moléculaire de cette
seulement une atteinte axonale, mais aussi chez trois patients
maladie autosomique dominante (recherche de mutation ou
un bloc de conduction entre la racine et le point d’Erb, et ont
délétion du gène PMP220 sur le chromosome 17 p11,2) [19].
conclu à une atteinte mixte axonale et démyélinisante [31]. Une
La biopsie nerveuse, qui n’est plus pratiquée dans cette
indication, montre un épaississement majeur focalisé de augmentation d’anticorps antimyéliniques périphériques fixant
segments de la gaine de myéline (tomacules). le complément a également été décrite, accompagnée d’une
élévation des produits solubles d’activation terminale du
complément (C5b9) lors de la phase aiguë du SPT, suivie d’un
■ Pathogénie retour à la normale en phase de récupération quelques mois
plus tard [32]. Ces constatations restent à confirmer. Les rares cas
Bien que le SPT soit une entité reconnue de longue date, non biopsiés n’autorisent à aucune conclusion, qu’il s’agisse de la
seulement le siège des lésions neurologiques, mais aussi son dénervation présente sur la biopsie musculaire ou de la dégéné-
mécanisme et son origine n’ont toujours pas été éclaircis. Le rescence axonale sur la biopsie nerveuse.

Appareil locomoteur 9
14-347-A-10 ¶ Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante)

Tableau 5. Des traumatismes divers (efforts inhabituels, ponction


Facteurs favorisants la survenue de syndrome de Parsonage et Turner. lombaire) ont été signalés dans quelques cas en préambule à des
Facteurs mécaniques Interventions chirurgicales au membre
tableaux de SPT.
supérieur, gynécologiques
Facteurs infectieux
Efforts inhabituels du membre supérieur
Grossesse Il peut s’agir d’infections virales le plus souvent, bactériennes
Ponction lombaire ou parasitaires, survenant de 1 à 4 semaines avant le début des
douleurs. De nombreux cas ont été décrits survenant après un
Facteurs infectieux Grippe syndrome étiqueté viral. Parmi les agents infectieux incriminés
Varicelle, herpès, zona, oreillons, (Tableau 5), certains sont de description récente, tels que le
cytomégalovirus, mononucléose infectieuse, VIH [36], le parvovirus [34], la borréliose de Lyme [37].
hépatite, parvovirus, virus de Plusieurs cas de SPT ont été décrits chez des patients atteints
l’immunodéficience humaine du VIH, habituellement au stade initial de séroconversion, ou à
Diphtérie, typhoïde, borréliose de Lyme un stade asymptomatique. Cependant, au cours de l’infection
Paludisme, toxoplasmose, leptospirose
VIH, il peut aussi exister une mononévrite multiple à l’origine
d’un tableau proche du SPT, mais de caractère tardif, sévère, et
Mycoses
généralement en rapport avec une infection opportuniste. Or,
Facteurs toxiques Héroïne dans les cas de SPT associés à une infection VIH, les patients ne
sont pas encore immunodéprimés et n’ont pas de
Produits de contraste
co-infection [35]. Certains auteurs suggèrent de réaliser systéma-
Isoniazide
tiquement une sérologie VIH en cas de tableau de SPT.
Cytarabine Les formes postvaccinales de SPT sont assez fréquentes (de
Interféron 10 % à 15 % des cas). Le tableau douloureux débute quelques
jours à 2 semaines après l’injection du vaccin et se manifeste
Étiologies immunologiques et virales par une atteinte essentiellement scapulaire. Les vaccins contre la
typhoïde, antidiphtérique, antivariolique et parfois antigrippal
L’hypothèse dysimmune est évoquée d’une part devant la ont été invoqués. Il ne semble pas s’agir d’un facteur « trauma-
survenue possible du SPT après un épisode infectieux ou une tique », puisque le côté cliniquement atteint est indépendant du
vaccination, compatible avec une hypersensibilité retardée. siège de l’injection. Par ailleurs, aucun patient n’a présenté de
D’autre part, le tableau clinique de début brutal, avec atteinte signes systémiques dans la série de Tsairis [6].
multifocale et évolution spontanément régressive de l’atteinte
nerveuse, évoque un processus inflammatoire proche de celui
d’une polyradiculonévrite aiguë de type syndrome de Guillain
et Barré [8], considéré comme une réaction auto-immune avec
■ Associations morbides
phénomène d’hypersensibilité retardée. L’élévation puis la Une atteinte asthmatique sévère a été incriminée dans le
normalisation des titres d’anticorps antimyéline témoigne déclenchement d’un SPT.
également d’un processus dysimmun [32]. Le bilan immunologi- Des maladies systémiques, au cours desquelles peuvent
que classique est toutefois habituellement normal. Enfin, une survenir des tableaux de SPT, ont été signalées : périartérite
étude a montré que les lymphocytes de patients atteints de SPT noueuse, maladie de Horton, lupus érythémateux disséminé,
étaient activés en présence de nerf issu du plexus brachial et sarcoïdose. Toutefois, ces affections peuvent être à l’origine
non pas du plexus sacré [33], suggérant une réponse dysimmu- d’une vascularite pouvant se manifester par des tableaux de
nitaire dirigée contre un épitope spécifique des nerfs issus du mononévrite multiple responsable de tableau clinique proche
plexus brachial. Cette hypothèse de mécanisme auto-immun du du SPT, ne devant pas être considérés comme des SPT
SPT pourrait expliquer l’atteinte multifocale de type mononeu- secondaires.
ropathie multiple ou prédominant au plexus brachial et d’évo-
lution régressive avec récidive et bilatéralisation possibles.
L’hypothèse virale est basée sur la constatation assez fré-
quente de la survenue des troubles 1 à 3 semaines après diverses
■ Traitement
infections virales (varicelle, herpès, oreillons, cytomégalovirus, Il n’y a pas d’étude contrôlée concernant le traitement du
coxsackie, mononucléose infectieuse, parvovirus [34], virus de SPT.
l’immunodéficience humaine [VIH]) ou à la suite de syndrome Le traitement est purement symptomatique, visant à soulager
étiqueté grippal. Par analogie au syndrome de Guillain et Barré, la douleur dans la phase initiale, puis à lutter contre l’amyotro-
les mécanismes évoqués d’atteinte du nerf sont : une invasion phie, aucun traitement n’ayant démontré la possibilité de
directe par le virus ; une co-infection par un autre virus raccourcir l’évolution spontanée.
envahissant les cellules de Schwann (pas dans le cas du VIH) ; Les antalgiques de palier rapidement croissant sont nécessai-
une démyélinisation d’origine dysimmunitaire [35]. Cependant, res compte tenu de l’intensité douloureuse et le recours aux
l’existence de démyélinisation multifocale n’est pas formelle- morphiniques est fréquent. L’association d’AINS aux morphini-
ment prouvée au cours du SPT. ques serait utile [11].
L’application locale de chaleur et l’évitement de certains
Facteurs favorisants mouvements ou postures pourraient soulager la douleur
Dans plus de 50 % des cas, un facteur favorisant est noté initiale [11].
dans le mois précédant la phase douloureuse du SPT La rééducation fonctionnelle active et passive prolongée des
(Tableau 5). muscles de l’épaule pour lutter contre le déficit et l’amyotrophie
est conseillée par la plupart des auteurs. Un entretien articulaire
Facteurs mécaniques de la glénohumérale est associé pour prévenir une rétraction
Les plus classiques sont les formes postopératoires, signalées capsulaire. Des conseils de repos et d’épargne articulaire sont
dans toutes les grandes séries de SPT (de 2 % à 10 % des cas). utiles pour éviter une atteinte secondaire de la coiffe des
Les SPT ont une topographie scapulaire le plus souvent, avec rotateurs. L’évolution d’une série de patients atteints de SPT a
atteinte distale parfois associée mais rarement isolée. Le plus été comparée avec et sans rééducation [6]. La kinésithérapie n’a
souvent, il s’agit d’interventions chirurgicales de l’épaule (où le pas permis de récupération plus rapide que dans le groupe sans
diagnostic de SPT est délicat) ou de chirurgie gynécologique. rééducation.
La grossesse est également un facteur favorisant, avec une Les coanalgésiques (carbamazépine, gabapentine, amitrypti-
dizaine d’observations rapportées au cours du post-partum [15]. line) peuvent être utilisés en cas de douleurs neuropathiques
Ce facteur est prépondérant dans les formes familiales de SPT. résiduelles [38].

10 Appareil locomoteur
Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante) ¶ 14-347-A-10

Une corticothérapie peut être essayée en début d’évolution. [9] Scalf R, Wenger DE, Frick MA, Mandrekar JN, Adkins MC. MRI
Elle a pu soulager quelques patients à des doses orales supérieu- findings of 26 patients with Parsonage-Turner syndrome. AJR Am
res à 50 mg [11, 38], par voie intramusculaire sous forme d’adre- J Roentgenol 2007;189:W39-W44.
nocorticotrophic hormone [6] ou sous forme de bolus intraveineux, [10] Gaskin CM, Helms CA. Parsonage-Turner syndrome: MR imaging
selon un protocole de 1g/j pendant 3 jours [26]. Les corticoïdes findings and clinical information of 27 patients. Radiology 2006;240:
ne semblent cependant pas avoir d’effet sur la force musculaire, 501-7.
ni modifier l’évolution de la maladie. Toutefois, dans la série de [11] Van Alfen N, van Engelen BG. The clinical spectrum of neuralgic
Van Alfen, une corticothérapie générale (60 mg/j pendant amyotrophy in 246 cases. Brain 2006;129:438-50.
1 semaine suivie de décroissance) semble avoir soulagé et [12] Beghi E, Kurland LT, Mulder DW, Nicolosi A. Brachial plexus
accéléré le début de la récupération motrice chez quelques neuropathy in the population of Rochester, Minnesota, 1970-1981. Ann
patients [11]. Neurol 1985;18:320-3.
Une infiltration locale dans l’épaule a eu un bon effet [13] Serratrice G, Daumen-Legre V, Serratrice J. Syndrome de Parsonage et
antalgique chez huit patients sur 15 dans la série de Tsairis [6]. Turner. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur,
Les immunosuppresseurs (cyclophosphamide) ou les échanges 14-347-A-10, 1995 : 6p.
plasmatiques ont été essayés dans quelques cas isolés [39], mais [14] M’Bappé P, Collange C, Seror P. Le syndrome de Parsonage et Turner
semblent représenter un risque disproportionné par rapport à revisité. Actual Rhumatol 2000:181-94.
l’évolution favorable de l’affection. [15] Seror P. Electrodiagnostic of the anterior interosseous nerve. Normal
Les gammaglobulines par voie intraveineuse ont été essayées and pathologic data (21 cases). Electromyogr Clin Neurophysiol 1999;
chez quelques patients, à la dose de 0,4 g/kg/j pendant 39:183-9.
5 jours [40]. [16] Mulvey DA, Aquilina RJ, Elliott MW, Mxham J, Green M.
Un conseil génétique est proposé dans les formes familiales Diaphragmatic dysfunction in neuralgic amyotrophy: an
de SPT. electrophysiologic evaluation of 16 patients presenting with dyspnea.
En cas de mutation génique identifiée (gène de la septine), un Am Rev Respir Dis 1993;147:66-71.
diagnostic anténatal est possible par amniocentèse. [17] Pierre PA, Laterre CE, Van Der Bergh PY. Neuralgic amyotrophy with
involvement of cranial nerves IX, X, XI and XII. Muscle Nerve 1990;
■ Conclusion [18]
13:704-7.
Jeannet PY, Watts GD, Bird TD, Chance PF. Craniofacial and cutaneous
La névralgie amyotrophiante de l’épaule ou SPT reste un findings expand the phenotype of hereditary neuralgic amyotrophy.
diagnostic clinique devant la séquence évocatrice de douleurs Neurology 2001;57:1963-8.
aiguës et sévères de la ceinture scapulaire, suivies d’une amyo- [19] Kuhlenbaumer G, Meuleman J, De Jonghe P, Falck B, Young P,
trophie et d’une parésie de répartition inégale dans le territoire Hunermund G, et al. Hereditary Neuralgic Amyotrophy (HNA) is
du plexus brachial, souvent associée à une atteinte du grand genetically heterogeneous. J Neurol 2001;248:861-5.
dentelé. La confirmation est apportée par l’EMG et l’IRM de [20] Flaggman PD, Kelly J. Brachial plexus neuropathy. An
l’épaule, d’apport récent, qui montre des signes d’œdème puis electrophysiologic evaluation. Arch Neurol 1980;37:160-4.
d’atrophie musculaire non systématisés secondaires à la déner- [21] Helms CA, Martinez S, Speer KP. Acute brachial neuritis (Parsonage-
vation. Ces examens aident au diagnostic différentiel avec des Turner syndrome): MR imaging appearance-report of three cases.
pathologies de l’épaule, des radiculopathies cervicales et d’autres Radiology 1999;207:255-9.
compressions neurologiques de la ceinture scapulaire. L’évolu- [22] Bredella MA, Tirman PF, Fritz RC, Wischer TK, Stork A, Genant HK.
tion est le plus souvent spontanément régressive, avec une Denervation syndromes of the shoulder girdle: MR imaging with
récupération complète dans 75 % des cas à 2 ans. Le tableau electrophysiologic correlation. Skeletal Radiol 1999;28:567-72.
peut être plus atypique, avec des atteintes nerveuses en dehors [23] Fleckenstein JL, Watumull D, Conner KE, Ezaki M, Greenlee Jr. RG,
du plexus brachial, des formes bilatérales, des séquelles doulou- Bryan WW, et al. Dernervated human skeletal muscle: MR imaging
reuses et motrices. Elles doivent faire rechercher une origine evaluation. Radiology 1993;187:213-8.
génétique. Le SPT, s’il est le plus souvent sporadique, peut en [24] Küllmer K, Sievers KW, Reimers CD, Rompe JD, Müller-Felber W,
effet être héréditaire, autosomique dominant, avec l’identifica- Nägele M, et al. Changes of sonographic, magnetic resonance
tion récente d’une mutation du gène de la septine. L’étiologie tomographic, electromyographic, and histopathologic findings within
précise du SPT n’est toujours pas connue, mais des facteurs a 2-months period of examinations after experimental muscle
favorisants, en particulier infectieux, sont identifiés. Le traite- denervation. Arch Orthop Trauma Surg 1998;117:228-34.
ment reste symptomatique, aucune thérapeutique n’ayant fait [25] Uetani M, Hayashi K, Matsunaga N, Imamura K, Ito N. Denervated
sa preuve pour raccourcir l’évolution du SPT. skeletal muscle: MR imaging-work in progress. Radiology 1993;189:
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V. Legré (virginie.legre@ap-hm.fr).
Service de rhumatologie, Centre hospitalier universitaire Conception, 147, boulevard Baille, 13005 Marseille, France.
J.P. Azulay.
Service des maladies neuromusculaires, Centre hospitalier universitaire Timone, rue Saint-Pierre, 13005 Marseille, France.
J. Serratrice.
Service de médecine interne, Centre hospitalier universitaire Timone, rue Saint-Pierre, 13005 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Legré V., Azulay J.P., Serratrice J. Syndrome de Parsonage et Turner (névralgie amyotrophiante). EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-347-A-10, 2009.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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