Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Les affections inflammatoires des os de la face sont d’origines diverses, souvent infectieuses (dentaire
surtout, traumatique, tumorale, radiothérapique, etc.), mais parfois apparemment primitives
(ostéomyélite chronique primitive), survenant dans ce cas soit isolément, soit dans le cadre d’affections
plurifocales. Enfin, récemment ont été mises en évidence des ostéomyélites survenant sous traitement par
biphosphonates, selon un mécanisme inconnu. Le signe clinique majeur est la douleur, avec fréquemment
tuméfaction locale, trismus, halitose, et hypoesthésie labiomentonnière dans les formes chroniques
mandibulaires. Un bilan minutieux doit poser le diagnostic et éviter les erreurs thérapeutiques. Les aspects
habituels en imagerie (radiographie conventionnelle, scanner, imagerie par résonance magnétique
[IRM]) sont l’ostéolyse, l’ostéogenèse périostée, des séquestres et, dans les formes chroniques primitives,
une sclérose. La scintigraphie révèle très précocement la maladie, mais manque de spécificité pour la
localisation précise des lésions. Hémogramme, vitesse de sédimentation (VS) et protéine C réactive (CRP)
sont variables, mais sont très utiles dans la surveillance. Les résultats des études bactériologiques sont très
variés, et doivent être analysés avec circonspection. La biopsie est souvent indispensable au diagnostic.
L’évolution infectieuse spontanée peut se faire précocement vers l’extension locale, régionale ou générale.
Secondairement, une fracture pathologique, un retard de consolidation ou le passage à la chronicité sont
possibles. Enfin, l’évolution tardive peut être marquée par une pseudarthrose, une dégénérescence
néoplasique, des récidives ou des séquelles (perte de substance, troubles fonctionnels par rétraction
musculaire masticatrice ou ankylose temporomandibulaire, déformations esthétiques avec atrophie ou
hypertrophie faciale). Le traitement dans les formes infectieuses associe antibiothérapie, à utiliser avec
discernement, oxygénothérapie hyperbare pour certains et, si nécessaire, traitement chirurgical de la
cause et de l’infection (décortication, résection interruptrice). Les formes chroniques répondant mal à ces
traitements, il est suggéré l’emploi de biphosphonates ou de macrolides à 14 ou 15 atomes de carbone. Il
n’y a pas encore de recommandations concernant les ostéites sous biphosphonates. L’hygiène buccale est
la meilleure prévention.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Plan ¶ Biologie 6
¶ Microbiologie 6
¶ Introduction 2 Technique 6
¶ Définition 2 Résultats 7
¶ Rappel anatomique 2 ¶ Anatomopathologie 7
Mandibule 2 Formes aiguës 7
Massif facial 2 Ostéites chroniques 7
¶ Épidémiologie 2 ¶ Évolution 7
¶ Physiopathologie 2 Guérison 7
Ostéites (suppurées) 2 Complications 7
Ostéites primitives (non suppurées, « sèches ») 3 Séquelles 8
Ostéites sous biphosphonates 3 ¶ Formes cliniques 9
¶ Étude clinique 3 Ostéite hyperostosante de Garré (périostite) 9
Signes cliniques 3 Formes chroniques primitives 9
Formes avec localisations extrafaciales 10
¶ Imagerie 5
Ostéites sous biphosphonates 10
Imagerie photonique : radiologie conventionnelle et scanner 5
Formes rares 11
Imagerie par résonance magnétique 5
Scintigraphie 6 ¶ Diagnostic 12
Fistulographie 6 Diagnostic positif 12
Résumé de l’imagerie 6 Diagnostic différentiel 12
Stomatologie 1
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
2 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
souvent cutanée (furoncle, anthrax, etc.) ou oto-rhino- A posteriori, nous avons retrouvé plusieurs patients suivis
laryngologique (ORL) (angine), le germe en cause étant habi- dans le service pour ostéomyélites maxillaires et mandibulaires,
tuellement un staphylocoque doré. y compris chez des édentés, sans cause infectieuse, la majeure
partie d’entre eux étant sous biphosphonates.
Autres ostéites secondaires Cette pathologie pourrait être en rapport avec l’effet inhibi-
Elles sont exceptionnelles (mycoses, produits chimiques). teur des ostéoclastes qui caractérise les biphosphonates, ralen-
tissant le phénomène d’apposition-résorption osseuse, ainsi
Facteurs favorisants
qu’avec un effet inhibiteur de l’angiogenèse de certaines
Ils seront toujours à rechercher (diabète, corticothérapie, molécules de ce groupe (zolédronate). Ruggiero [1] et Marx [2]
immunosuppresseurs, tabac, malnutrition, virus de l’immuno- impliquent cette molécule, ainsi que le pamidronate, et
déficience humaine [VIH], maladie du collagène, vascularite excluent les autres biphosphonates. [2] Le rôle du terrain et de
radique, ostéopathies, ...). [14] la pathologie sous-jacente n’est pas précisé, de même que celui
d’une extraction dentaire souvent réalisée aveuglément, et qui
Ostéites primitives conduit à une dénudation osseuse non contrôlable.
(non suppurées, « sèches ») Enfin, un dernier élément déroutant est que les biphospho-
nates ont été utilisés avec un certain succès comme traitement
Le terme d’ostéite scléreuse chronique a été introduit par des ostéomyélites primitives. [5-8]
Shafer en 1957. [15] L’évolution de ces ostéites chroniques est souvent péjorative,
Ce sont des affections rares, méconnues, d’étiologie mal du fait de la résistance aux traitements classiques (antibiothéra-
précisée, de diagnostic difficile, à l’origine de traitements pie, décortication, hyperbarie).
inappropriés, dont la prise en charge est souvent décevante. Au total, les réflexions concernant les ostéites chroniques
Elles sont marquées par une sclérose osseuse. Elles touchent apportent plus de questions que de réponses, et des études plus
principalement la mandibule, du fait vraisemblablement d’une poussées seront nécessaires. Par ailleurs, il apparaît que la prise
vascularisation plus précaire qu’au maxillaire. en charge des ostéites des os de la face nécessite une étroite
L’origine infectieuse à bas bruit, [16] sur des constatations collaboration multidisciplinaire entre praticiens spécialistes de
bactériologiques, est contestée, certains des germes mis en ces os, de l’imagerie, de l’infectiologie, de la microbiologie, de
évidence étant saprophytes de la cavité buccale, et non patho- l’anatomopathologie, etc.
gènes. Par ailleurs, les traitements classiques antibiotiques
locaux ou généraux, les interventions chirurgicales (décortica-
tion), et l’oxygénothérapie hyperbare sont peu efficaces. Seuls ■ Étude clinique
les anti-inflammatoires non stéroïdiens semblent avoir une
certaine action sur le déroulement de la maladie. En outre, Suei Signes cliniques
et al. [17] ont rapporté qu’un greffon osseux non vascularisé,
après résection mandibulaire unilatérale, était viable, malgré sa Le maître symptôme est la douleur, souvent très vive, locali-
contiguïté avec la mandibule résiduelle ostéitique. Enfin, sée ou irradiée, continue ou à renforcements paroxystiques,
nombre de ces ostéites diffuses chroniques surviennent chez des parfois insomniante, majorée au contact. Elle gêne
patients édentés. l’alimentation.
Par conséquent, plusieurs autres hypothèses ont été émises : Un autre signe essentiel est la tuméfaction œdémateuse
altération de l’immunité locale, [18-20] origine périostée, [21] parfois érythémateuse, à proximité du site de l’inflammation.
origine génétique, [11, 22] parafonctions, [18, 23] par analogie avec D’autres signes sont fréquents, tels le trismus en cas d’atteinte
la panbronchiolite diffuse réfractaire, suspectent la présence osseuse postérieure, l’halitose et la mobilité d’un groupe
d’un biofilm qui rend inopérants les antibiotiques et les dentaire. Il peut apparaître une dénudation osseuse. L’hypo-
défenses immunitaires. Les macrolides à 14 ou 15 atomes de esthésie labiomentonnière (signe de Vincent) est fréquemment
carbone, par leur effet antibiofilm, semblent donner des retrouvée dans les formes chroniques mandibulaires. L’anesthé-
résultats encourageants. sie sous-orbitaire est rare.
Par ailleurs, certaines de ces ostéomyélites surviennent D’autres signes peuvent être trompeurs (syndrome myofascial
isolément, d’autres dans un cadre multifocal squelettique et syndrome algodysfonctionnel de l’appareil manducateur
(ostéomyélite chronique récurrente multifocale, et syndrome [SADAM]).
SAPHO associant synovite, acné, pustulose palmoplantaire, Il peut exister des adénopathies cervicales. La température est
hyperostose et ostéomyélite). Il existerait des relations entre ces variable selon l’intensité et l’étiologie.
trois affections, qui seraient l’expression variable d’une maladie On recherchera également des signes d’abcédation : hyper-
unique, mais cette hypothèse reste à vérifier. [24] thermie oscillante au-delà de 39 °C, douleur insomniante,
La terminologie elle-même est discutée. Le terme habituel fluctuation au niveau de la gencive ou signe du godet cutané.
d’ostéomyélite sclérosante diffuse est ambigu, car il regroupe les Ces éléments sont variables en fonction de l’étiologie (atté-
diverses affections décrites ci-dessus. Le terme d’ostéomyélite nués dans les formes chroniques [3]), plus marqués chez le sujet
chronique primitive semble préférable. [11] jeune, et souvent masqués par une antibiothérapie prescrite
Actuellement, aucune de ces étiologies ne peut être infirmée préalablement.
ni confirmée.
Causes infectieuses
Ostéites sous biphosphonates Alvéolites
Plusieurs auteurs [1-4] ont récemment attiré l’attention à Elle survient 2 ou 3 jours après une extraction dentaire. La
propos du développement d’ostéomyélites chroniques non douleur est très vive. À l’examen clinique, il peut s’agir d’une :
bactériennes des maxillaires chez des patients sous traitement • alvéolite sèche : les parois osseuses de l’alvéole sont exposées
au long cours par biphosphonates pour affections ostéolytiques en bouche, la douleur est extrêmement vive au moindre
majeures, malignes (métastases d’adénocarcinomes, en particu- contact alimentaire ou à la sonde. Progressivement, en 2 à
lier mammaire, myélome), ou bénignes (maladie de Paget, 3 semaines, un tissu de granulation recouvre les parois, les
ostéoporose sévère). La fréquence apparaît beaucoup plus élevée douleurs s’atténuent. L’alvéolite sèche serait favorisée par les
que celle des ostéites primitives, mais elle est apparemment vasoconstricteurs associés aux anesthésiants locaux. Des
faible en regard du nombre de patients sous biphosphonates. fragments osseux alvéolaires fracturés peuvent être expulsés à
Ces ostéomyélites semblent toucher exclusivement les maxillai- la gencive quelques semaines après l’extraction ;
res. Par ailleurs, le maxillaire est intéressé dans un tiers des cas. • alvéolite suppurée : la douleur est vive, lancinante, associée à
La suspension du traitement par biphosphonates n’améliore pas un œdème des parties molles et à un trismus dans le cas des
toujours la pathologie des maxillaires, peut-être en raison de dents de sagesse. Elle peut survenir plus tardivement après
leur effet prolongé. l’extraction.
Stomatologie 3
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
Figure 2. Ostéite infectieuse sur fracture pathologique mandibulaire après extraction dentaire, avec séquestres et fistule cutanée (A, B, C).
4 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
La biologie retrouve une hyperleucocytose à polynucléaires temporal, et rarement de l’espace parapharyngé. Ces aspects du
neutrophiles, avec vitesse de sédimentation (VS) et protéine C masséter sont un indicateur précoce de récurrence ou d’exacer-
réactive (CRP) élevées. Des hémocultures doivent être pratiquées bation de la pathologie.
lors des pics fébriles.
Réossification des zones radioclaires
La prise en charge doit être immédiate compte tenu de l’état
général. Au cours de la guérison, on assiste à une réossification des
zones radioclaires. En revanche, les zones d’ostéosclérose
peuvent persister au titre de séquelle.
■ Imagerie Selon la forme clinique
Elle est essentielle au diagnostic, au bilan d’extension et à la Ostéomyélites suppuratives. la répartition des lésions est
surveillance. Elle comprend la radiographie standard, la tomo- continue, avec perforation corticale, séquestres, transformation
densitométrie (scanner), l’imagerie par résonance magnétique scléreuse discrète et peu évolutive, et réaction périostée lamel-
(IRM) et la scintigraphie. Chacun de ces examens a sa place laire en « pelure d’oignon ».
dans la prise en charge de la pathologie. L’étude porte sur les Ostéomyélites chroniques. Les lésions sont extensives, plus
structures osseuses (os cortical, os spongieux, canal dentaire), et éparses, le condyle peut être intéressé. [14] Elles sont caractéris-
sur les parties molles (périoste, muscles masticateurs). Enfin, on tiques mais non pathognomoniques, peuvent prêter à confusion
recherchera une cause (granulome ou kyste apical, corps et conduire à une biopsie si l’on ne dispose pas de scanner ou
étranger [matériel d’ostéosynthèse], fracture, pathologie tumo- d’IRM pour différencier l’affection d’une maladie néoplasique :
rale, ...). La précocité du diagnostic est essentielle, mais pose le • phase de début : on assiste à une ostéolyse et à une réaction
problème du délai d’accès aux examens. périostée ;
• phase d’état : l’aspect scléreux se développe progressivement,
l’ostéolyse régresse, les lésions s’étendent ;
Imagerie photonique : • phase tardive : prédominance de la sclérose, densité osseuse
radiologie conventionnelle et scanner homogène caractéristique, et réaction périostée compacte,
déformant la mandibule, [21, 22] plus marquée chez le sujet
Technique jeune, et qui est, chez l’adulte, un indicateur de l’inflamma-
tion chronique ou récurrente. [14] La sclérose peut être
La radiographie conventionnelle repose principalement sur interprétée comme une cicatrice, d’autant plus marquée que
l’orthopantomogramme, ainsi que sur des incidences particuliè- l’évolution est ancienne et que le sujet est âgé. L’ostéolyse
res (maxillaires défilés, face basse de face et de profil, clichés réapparaît lors des périodes de poussée. [11] Les séquestres sont
occlusaux, rétroalvéolaires, etc.). Les signes radiologiques sont rares.
retardés par rapport à la clinique (4 jours à 3 semaines). Le scanner révèle un élargissement osseux, le cortex d’origine a
Le scanner précise plus précocement et en trois dimensions disparu, il est remplacé par une zone radio-opaque correspon-
les données de la radiographie conventionnelle. Il étudie dant à la réaction périostée. En cas d’apposition osseuse
l’érosion de l’os cortical côté endostal ou périosté, du canal, et corticale endostale, l’os médullaire diminue et peut être oblitéré.
l’élargissement du trou mentonnier. Il étudie la baisse de densité Le scanner est recommandé pour établir le stade de la
osseuse traduisant la déminéralisation. Il analyse enfin le pathologie et lors de son suivi. Il distingue les ostéomyélites
périoste et les parties molles (sinusite, cellulite, muscles actives et quiescentes, les modifications postopératoires et les
masticateurs). [14] processus réparateurs après traitement efficace. Il peut reconnaî-
Toutefois, radiographies et scanner ne détectent pas les tre un échec du traitement chirurgical, lorsque la sclérose
anomalies débutantes, et le scanner est gêné par les soins progressive diffusant dans le corps mandibulaire indique une
dentaires conservateurs et restaurateurs. décortication inefficace.
Résultats
Imagerie par résonance magnétique
Ostéolyse
Il s’agit d’une décalcification osseuse initialement localisée au Technique
niveau de l’os spongieux, pouvant éroder la corticale du canal Elle nécessite une acquisition en pondération T1, T2, et
mandibulaire et se propager vers le trou mentonnier, avec T1 avec injection de gadolinium. D’autres techniques, telles la
raréfaction de la trame, corticale et médullaire à limites floues. réduction du signal du graisseux médullaire, [14, 25] ou les
À 4 semaines, le scanner est toujours positif. [14] techniques spin-echo ou écho de gradient, [13] réduisent l’hyper-
Ostéogenèse périostée ou sous-périostée signal graisseux et augmentent la détection hydrique, et par
conséquent l’inflammation débutante. L’IRM est intéressante
Elle est plus marquée chez les sujets jeunes. Le scanner révèle pour le canal médullaire, le périoste et les parties molles, qu’elle
un dépôt linéaire ou semi-lunaire après 10 à 14 jours. Il s’agit analyse avec une très grande spécificité, ainsi que pour un
d’une néo-ostéogenèse mono- ou multicouche parallèle à l’os diagnostic précoce et la détection d’une pathologie maligne. Elle
cortical, avec des spicules plus rares qu’en pathologie néoplasi- évite l’irradiation. Elle est « artefactée » par les traitements
que. Le côté vestibulaire est plus fréquemment atteint. dentaires. Elle est contre-indiquée en présence de corps étran-
Séquestres (4e à la 11e semaine) gers ferromagnétiques.
Stomatologie 5
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
6 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
Stomatologie 7
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
Figure 5.
A, B. Ostéite chronique « primi-
tive » mandibulaire gauche débu-
tante. La 37 saine a été extraite.
8 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
Séquelles esthétiques
Atrophie faciale
Il peut s’agir d’une insuffisance de développement osseux
dans le cadre d’une ankylose chez l’enfant ou d’une perte de
substance osseuse n’ayant pas fait l’objet d’une réparation.
Hypertrophie faciale
Malgré la guérison de l’ostéite, il peut persister une tuméfac-
tion résiduelle donnant un aspect d’hypertrophie faciale. Sur le
plan cutané, les cicatrices de fistules sont en général rétractiles
et disgracieuses.
■ Formes cliniques
Ostéite hyperostosante de Garré
(périostite) [33-38]
Il s’agit d’une néoprolifération périostée, survenant chez
l’enfant vers l’âge de 10 ans ; la prédominance féminine est
marquée. Du point de vue clinique, elle se présente sous forme
d’une tuméfaction périmandibulaire d’allure inflammatoire,
dure, faisant corps avec la mandibule, avec de vives douleurs.
L’aspect radiologique standard est assez évocateur, avec une
ossification périostée en plusieurs couches, faisant évoquer la
classique « pelure d’oignon ». La périostite peut s’accompagner
de réactions inflammatoires osseuses, visibles au scanner, avec
ostéolyse sous-corticale. L’étiologie en est infectieuse, dentaire,
parodontale ou traumatique, en général au niveau de la région
molaire mandibulaire.
Sur le plan histopathologique, l’examen révèle une ostéoge-
nèse périostée importante, avec ostéoformation selon un axe
perpendiculaire au périoste, et une médullaire fibreuse.
L’évolution sous traitement est en général longue, sur
plusieurs mois, avec régression de la tuméfaction et normalisa-
tion de l’aspect osseux. Il peut parfois persister une tuméfaction
séquellaire.
Stomatologie 9
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
10 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
Stomatologie 11
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
Nous citerons les formes exceptionnelles d’ostéites d’origine L’identification du germe est un préalable à l’instauration
infectieuse (syphilis, salmonellose, rougeole, scarlatine, noma, d’une antibiothérapie efficace.
lèpre), ou chimique : arsenic, dont l’utilisation en dentisterie Choix des antibiotiques. 1) L’antibiothérapie doit avoir un
conservatrice est désormais proscrite, avec gencive violacée et spectre adapté aux bactéries responsables, mais le plus étroit
expulsion d’un séquestre après 2 à 3 semaines, ou profession- possible. Les concentrations sériques minimales semblent devoir
nelles (phosphore dans l’industrie des explosifs et des allumet- être au moins quatre fois la concentration minimale inhibitrice
tes, tourneurs de nacre autrefois, produits radioluminescents...), (CMI), nécessitant des dosages réguliers, l’efficacité in vitro
aujourd’hui disparues grâce à la législation. n’étant pas toujours un gage d’efficacité in vivo.
Les ostéoradionécroses font l’objet d’un autre fascicule. 2) Les antibiotiques doivent diffuser dans l’os infecté et le
slime bactérien. Les associations d’antibiotiques doivent avoir
une synergie de bactéricidie dans les tissus infectés.
■ Diagnostic 3) Il faut identifier les antécédents : allergie médicamenteuse,
les différentes prescriptions antibiotiques antérieures, ainsi que
leurs effets sur l’évolution de l’ostéite (amélioration, guérison
Diagnostic positif transitoire, etc.).
Il repose sur l’anamnèse, l’examen clinique, l’imagerie, la 4) Il faut utiliser au mieux les propriétés des molécules :
bactériologie, l’examen histopathologique et, en dernier ressort, • on tentera de diminuer les contraintes du traitement pro-
sur l’évolutivité. Aucune technique ne permet d’affirmer ou longé : la voie intraveineuse n’est utilisée que si elle est
d’infirmer avec une absolue certitude la présence d’une indispensable (ostéite grave, antibiogramme), la voie orale
ostéomyélite. doit lui être substituée dès que possible, notamment chez
l’enfant. Pour la voie intraveineuse, on privilégiera les
Diagnostic différentiel antibiotiques à demi-vie sérique prolongée (une seule admi-
nistration journalière en ambulatoire) (céphalosporines de
Si devant un tableau associant de violentes douleurs à une troisième génération, glycopeptides) ;
tuméfaction osseuse inflammatoire, dans un contexte de • en administration prolongée, on associe l’amphotéricine orale
suppuration, avec séquestres et fistules, le diagnostic est évident, contre les surinfections digestives à levures, et du métronida-
au contraire les formes chroniques primitives peuvent poser des zole ou de l’Ultra-Levure® (controversée) à la clindamycine,
problèmes beaucoup plus délicats. en prévention des colites pseudomembraneuses à Clostridium
Il faut éliminer une pathologie bénigne ou maligne, locale ou difficile ;
générale. • les antibiotiques oraux doivent avoir une bonne biodisponi-
bilité, qui peut être réduite par interactions médicamenteuses
Affections bénignes avec ostéocondensation (pansements gastriques, fer, vitamines, ...).
On distingue : Règles de prudence à respecter. Les règles à respecter sont :
• la dysplasie fibreuse : pas de réaction périostée, pas de • certains antibiotiques ne doivent jamais être utilisés seuls
tuméfaction des tissus mous. Elle touche le sujet jeune, on devant le risque d’émergence de résistance par mutation
observe une opacification avec érosion et extension au cortex. pendant tout le traitement de l’ostéite (rifampicine, fosfomy-
L’activité est diminuée en scintigraphie au gallium 67 ; cine) ou à la phase initiale de la prise en charge et devant
• la dysplasie osseuse floride : elle touche le sujet d’âge moyen, présence de matériel (fluoroquinolones systémiques, acide
est asymptomatique sauf si elle est compliquée d’une ostéo- fusidique) ;
myélite, avec densification osseuse alvéolaire, bilatérale et • les interactions médicamenteuses (notamment avec la rifam-
symétrique, au niveau des quatre cadrans ; picine) et les effets secondaires doivent être connus ;
• le fibrome ossifiant ou cémentifiant, cémentome ; • l’utilisation concomitante d’anti-inflammatoires stéroïdiens et
• la maladie de Paget ; non stéroïdiens au cours ou au décours des ostéites est
• l’hyperostose corticale infantile de Carrey ; contre-indiquée.
• l’ostéopétrose d’Albers-Schönberg ; Orientation antibiothérapique. On peut suggérer quelques
• l’ostéoblastome (lacune plus ou moins bien définie, compo- orientations antibiothérapiques après identification du
sante ostéoblastique et ostéoclastique) ; germe : [26]
• le chérubisme, angiome mandibulaire avec lacune multigéo- • Staphylococcus aureus méti-S : céfazoline ;
dique ; • Staphylococcus aureus méti-R : vancomycine, associée à la
• le fibrome desmoïde (image lytique), histiocytose X. rifampicine en cas d’échec, puis relais oral par rifampicine et
doxycycline ;
Affections malignes • streptocoques : ceftriaxone (une administration par jour) puis
Ce sont le sarcome ostéogénique, le sarcome d’Ewing, de relais per os par amoxicilline ;
Hodgkin, le lymphome, le néoplasme osseux primitif ou • bacilles à Gram– : ceftriaxone ;
secondaire. • Pseudomonas aeruginosa : ciprofloxacine ;
Les diagnostics les plus difficiles sont la dysplasie fibreuse en • actinomyces : benzathine pénicilline, ou doxycycline en cas
poussée, et la malignité, surtout en cas d’association ou de d’allergie.
dégénérescence maligne. [53] En ce qui concerne ce dernier Arrêt du traitement antibiotique. La décision d’arrêter le
diagnostic, il peut se présenter sous forme d’une ostéolyse avec traitement antibiotique doit être prise sur les critères de
tuméfaction douloureuse et signe de Vincent. La rupture guérison, en accord avec le patient informé d’une récurrence
corticale n’est pas toujours pathognomonique. Le recours à la possible.
biopsie osseuse est nécessaire. Parfois, l’antibiothérapie est à poursuivre (patient âgé ou en
mauvais état général, matériel inextirpable en raison d’un risque
de grande mutilation (attelle métallique) et ayant une réponse
■ Traitement favorable sous traitement médical). Dans ces rares cas, il peut
être nécessaire de prolonger l’antibiothérapie, parfois
C’est une urgence thérapeutique médicale ou médicochirur- indéfiniment.
gicale. Le but est de guérir l’affection et d’en limiter les Roxithromycine. [18] Elle a une efficacité même en adminis-
séquelles. tration orale. Sa durée d’administration est variable selon les
12 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
patients, un traitement précoce semblant être une condition à identifiée, et non au hasard devant une douleur et une tumé-
une guérison plus rapide. Les lésions étendues nécessitent au faction inexpliquées, au risque de mutiler les patients et de
moins 10 mois de prolongation de traitement après guérison, favoriser le développement d’une ostéomyélite chronique
celles limitées au corpus mandibulaire semblent pouvoir être primitive.
interrompues à la disparition de la symptomatologie. En ce qui concerne le matériel d’ostéosynthèse, sous traite-
Le risque est l’ergotisme, les effets secondaires des troubles ment antibiotique et éventuellement sous drainage local, il peut
digestifs mineurs. être maintenu en place le temps de la consolidation, soit
D’autres antibiotiques ont également une action antibiofilm, pendant 4 à 6 semaines, en s’assurant qu’il n’y a pas de
mais n’ont pas fait l’objet d’études au niveau de la face. complications au niveau du foyer de fracture.
Anti-inflammatoires Traitement de l’infection osseuse
Outre leurs effets secondaires, ils ont l’inconvénient de Incision muqueuse et/ou cutanée. Elle permet l’évacuation
réduire les défenses immunitaires, et sont contre-indiqués dans des collections.
les formes infectieuses. Curetage, décortication. Ils ont pour but de restaurer un
Au contraire, dans les ostéites chroniques primitives, il environnement vascularisé viable, d’éliminer l’os nécrosé, et de
semble qu’il s’agisse d’un des rares traitements efficaces, réaliser des prélèvements bactériologiques et histopathologiques.
quoique de manière inconstante. On ne peut espérer la guérison de l’os nécrosé, qui va se
Antalgiques comporter comme un corps étranger infecté. [12] L’exérèse se fait
à la curette, à la pince gouge ou à la fraise, jusqu’en tissu osseux
Ils sont à prescrire lors des périodes douloureuses, par paliers hémorragique.
et en fonction des effets secondaires.
La décortication consiste à réséquer la totalité ou la quasi-
Anticoagulants et thrombolytiques totalité de l’os cortical et sous-cortical infecté, et la zone
périostée correspondante dans les formes chroniques primiti-
Ils auraient une utilité dans la prévention des phénomènes de
ves. [54] Le principe en est l’exérèse des foyers d’ostéites
thrombose et de nécrose, en en réduisant la fréquence ou en en
chroniques, la réduction de la compression vasculaire médul-
limitant l’extension.
laire, et la revascularisation par les tissus mous mieux irrigués.
Oxygénothérapie hyperbare Elle recherche un os bien vascularisé. Toutefois, son efficacité
semble limitée dans les formes primitives. En règle générale,
Protocole de Marx : 90 minutes à 2,4 atmosphères à raison de
c’est l’os cortical vestibulaire, plus facilement accessible, qui fait
deux séances par jour pendant 1 mois. [11] L’oxygénothérapie
l’objet de cette décortication. Elle doit être répétée. [9]
hyperbare augmente la perfusion tissulaire, les défenses immu-
nitaires, améliore l’oxygénation tissulaire, la dégradation L’exérèse doit être suffisamment large, [17] mais l’os viable est
lysosomiale, la création de radicaux libres, la diminution des parfois difficile à atteindre. [29] À ce titre, un marquage préalable
exotoxines, et l’augmentation de la néo-angiogenèse. [9] Elle par 250 mg de tétracycline toutes les 6 heures pendant les
diminue la concentration nécessaire en antibiotiques. 48 heures précédant l’intervention et un éclairage en ultraviolet
à la lampe de Wood en peropératoire [55, 56] ont été proposés.
Biphosphonates [5-8] L’intérêt est de déterminer l’étendue de l’os nécrotique, souvent
Certains auteurs rapportent une efficacité certaine de ce supérieure aux constatations en lumière naturelle. L’inconvé-
groupe de médicaments à effet antiostéoclastique, et pour nient est de rendre difficilement interprétables les prélèvements
certaines molécules, antiangiogénétique (zolédronate). La bactériologiques.
prescription se limite aux formes chroniques, en dehors évi- Dans la mesure du possible, le nerf alvéolaire inférieur doit
demment des formes survenant sous ce traitement. être respecté.
Leur efficacité peut être précoce en quelques jours (pamidro- Les séquestres doivent être enlevés. Ils sont en général
nate) ou retardée après quelques mois (disodium extrêmement faciles à retirer (« cueillette »).
clodronate). [11] L’abord chirurgical permet en outre de mettre en place un
système de drains à double flux d’irrigation-lavage à foyer fermé
Sulfasulazine et méthotrexate par antiseptiques ou antibiotiques. Une lame festonnée type
Ils ont été proposés dans les formes chroniques. lame de Delbet permet également un drainage satisfaisant et des
irrigations anti-infectieuses répétées. Il est possible également de
Hygiène buccodentaire mettre en place un dispositif (billes, cales de ciment) délivrant
Il s’agit d’un des meilleurs traitements préventifs. Par ailleurs, in situ un antibiotique (aminoside, pénicilline, céphalosporine,
il semble que ce soit une précaution particulièrement utile clindamycine). L’intérêt de cette technique est controversé.
avant l’instauration de traitements par biphosphonates. L’appli- Une fistule sera excisée et mise à plat ou suturée.
cation de gouttières fluorées est suggérée dans les ostéites Technique d’Ogawa et al. (« saucerization »). [30] Elle
chroniques, à l’identique des ostéoradionécroses, afin de consiste en la résection de toute la zone périostée épaissie
prévenir les lésions carieuses dentaires. visible, de l’os cortical latéral, de l’os spongieux et de la moelle,
avec greffe d’os spongieux et de moelle. Elle respecte la conti-
Réanimation
nuité, les contours et la fonction de la mandibule.
Dans les formes majeures d’ostéomyélites associées à une Résection interruptrice. Dans les formes rebelles sévères
septicémie, les moyens de réanimation sont nécessaires. Les diffuses ou récidivantes, souvent multiopérées et à l’évolution
troubles de la déglutition seront corrigés par sonde d’alimenta- désespérante, la partie ostéitique doit être réséquée de façon
tion nasogastrique ou de gastro- ou jéjunostomie. large. Ici encore, le marquage à la tétracycline permet de mieux
visualiser l’extension de la zone de nécrose.
Méthodes chirurgicales La résection partielle donne de meilleurs résultats que la
Elles consistent à traiter la cause de l’infection, à éliminer décortication dans les ostéomyélites diffuses suppurées, mais
celle-ci, à éliminer l’os nécrotique, et à corriger les séquelles. moindres dans les ostéomyélites primitives chroniques
primitives.
Traitement de la cause infectieuse
Immobilisation intermaxillaire
Il s’agit de la condition sine qua non pour une guérison des
formes infectieuses (extraction de la dent causale, curetage La stabilité osseuse en orthopédie générale est la condition
apical, curetage ou mise à plat des foyers parodontaux, résection majeure à la guérison d’une fracture. Le principe est d’intervenir
apicale, curetage ou marsupialisation de kyste, dépose sur os consolidé (rétablissement de la continuité par greffon,
d’implants dentaires). Toutefois, les extractions dentaires ostéosynthèse et immobilisation). Au niveau facial, l’immobili-
doivent être indiquées avec discernement, sur une pathologie sation intermaxillaire par arc péridentaire ou sur prothèse ou
Stomatologie 13
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
Ostéites
Suppurées « Sèches »
ATB, O2 (ATB, O2, décortication,
anti-inflammatoires)
encore par fixateur externe, couramment utilisée en traumato- associé à l’oxyde de zinc, soit sous forme d’une pâte comportant
logie, est aisément transposée. des produits désinfectants et anesthésiants locaux. Au besoin,
En l’absence de fracture, la mise au repos fonctionnelle peut l’application sera renouvelée après quelques jours jusqu’à
également aider à la guérison. guérison définitive, en 3 semaines environ.
En absence de reconstruction primaire, il est nécessaire de
maintenir l’espace par une plaque d’ostéosynthèse métallique Alvéolites suppurées
rigide résistante, les modèles actuels en titane étant bien tolérés, Elles nécessitent un lavage, et éventuellement une reprise de
dans l’attente d’une reconstruction secondaire. Des greffons la cicatrice muqueuse dans le cas d’extraction de dent incluse,
osseux libres sont également préconisés par certains auteurs. [17] avec curetage des débris granulomateux.
Reconstruction
Ostéites secondaires
Elle vise à rétablir l’intégrité osseuse, en cas de perte de
substance, soit par distraction à partir de l’os sain avoisinant Ostéites aiguës
dans les pertes de substance limitées, soit par greffon non Outre le traitement médical antibiotique, antalgique et
vascularisé si les conditions locales de désinfection et de éventuellement anti-inflammatoire, le traitement de la cause
couverture muqueuse sont satisfaisantes, soit sinon par lambeau dentaire, parodontale, fracturaire ou tumorale bénigne, est
vascularisé, de rotation ou à distance microvascularisé, appor- nécessaire. Cela permettra le curetage simultané de l’os conta-
tant du tissu osseux (calvaria, clavicule, omoplate, côte, péroné, miné, les prélèvements à visée bactériologique et anatomopa-
crête iliaque, etc.). thologique, pour préciser le diagnostic et orienter
Les régions antérieures doivent faire l’objet d’une réparation l’antibiothérapie.
rapide, compte tenu de la mutilation esthétique et fonctionnelle Les fractures font l’objet d’une immobilisation en bonne
qu’entraîne leur exérèse. Les structures latérales, plus fréquem- position, avec restauration d’un articulé dentaire équilibré.
ment touchées, peuvent faire l’objet d’une discussion sur la
reconstruction secondaire. Ostéites chroniques
La prise en charge de l’arthrite temporomandibulaire fait Le traitement en est souvent décevant. Dans les formes
l’objet d’un fascicule spécifique. infectieuses, l’association rifampicine-fluoroquinolones est
l’association de référence. [57] L’antibiothérapie, l’oxygénothéra-
Réhabilitation dentaire
pie hyperbare et la décortication sont souvent suivies d’une
Les séquelles dentaires devront faire l’objet de réhabilitation période de rémission initiale, puis d’une récidive volontiers
par prothèse amovible, bridge ou sur implants, avec toutefois le rebelle. Ruggiero [1] considère néanmoins l’os nécrotique comme
risque de poser un implant dans un os qui a été le siège d’une un foyer infectieux potentiel qui doit être réséqué, afin d’éviter
ostéite. de surajouter des phénomènes infectieux risquant de contami-
ner les reconstructions, même par os ou tissus mous vasculari-
Indications thérapeutiques (Fig. 11) sés. Ce pronostic incertain doit rendre prudent dans les exérèses
osseuses larges, notamment chez l’enfant, du fait du risque sur
Le traitement doit être mis en route sans tarder. la croissance. [11]
La reconstruction primitive par greffe osseuse non vasculari-
sée est envisagée par certains auteurs, considérant que le
processus infectieux ne contamine pas le greffon. [17] Dans ce
“ Erreur à ne pas commettre cadre, il est néanmoins préférable d’utiliser des autotransplants
microvascularisés, d’autant que leur transposition sur les
vaisseaux cervicaux leur assure une meilleure irrigation.
Des traitements antibiotiques aveugles ou des extractions Les macrolides à 14 ou 15 atomes de carbone ou les biphos-
dentaires pour douleurs non étiquetées ne doivent pas phonates (en dehors des cas survenant sous ce traitement)
être entrepris sans un diagnostic précis de l’affection et de donneraient des résultats intéressants. D’autres thérapeutiques
sa cause. ont été proposées (sulfasalazine, méthotrexate).
Ostéites sous biphosphonates
Ces ostéites sont également rebelles aux traitements médico-
chirurgicaux habituels. En l’absence d’une meilleure compré-
Alvéolite sèche hension physiopathologique et de preuve formelle des relations
Le traitement local est en général suffisant, le patient étant entre l’ostéite et les biphosphonates, et compte tenu du
soulagé en quelques instants par la mise en place d’eugénol, soit contexte néoplasique généralisé souvent bien contrôlé par les
14 Stomatologie
Ostéites des os de la face ¶ 22-062-D-10
Stomatologie 15
22-062-D-10 ¶ Ostéites des os de la face
[26] Haas DW, McAndrew MP. Bacterial osteomyelitis in adults: evolving [43] Jacobson S, Dahlen G, Moller AJ. Bacteriologic and serologic investi-
considerations in diagnosis and treatment. Am J Med 1996;101:550-61. gation in diffuse sclerosing osteomyelitis (DSO) of the mandible. Oral
[27] Marx RE. Discussion. Diffuse sclerosing osteomyelitis of the mandible. Surg Oral Med Oral Pathol 1982;54:506-12.
Its characteristics and possible relationship to synovitis, acne, [44] Ogutcen-Toller M, Alkan A, Baris S, Cakir N. An unusual form of
pustulosis, hyperostosis, osteitis (SAPHO) syndrome. J Oral Actinomycosis of the mandible with a resultant gross sequester in a
Maxillofac Surg 1996;54:1199-2000. 4-year-old child: a case report. J Clin Pediatr Dent 2001;25:237-9.
[28] Eyrich GK, Harder C, Sailer HF, Langenegger T, Bruder E, Michel BA. [45] Bartkowski SB, Zapala J, Heczko P, Szuta M. Actinomycotic
Primary chronic osteomyelitis associated with synovitis, acne, osteomyelitis of the mandible: review of 15 cases. J Craniomaxillofac
pustulosis, hyperostosis and osteitis (SAPHO syndrome). J Oral Pathol Surg 1998;26:63-7.
Med 1999;28:456-64. [46] Valles Fontanet J, Oliva Izquierdo T. Actinomycosis of the tonsils with
[29] Penna KJ, Sadoff RS, Dfex JC. Diffuse sclerosing osteomyelitis. A case a pseudotumoral presentation: a clinical case. Acta Otorrinolaringol
report. N Y State Dent J 2004;70:36-9.
Esp 1995;46:444-6.
[30] Ogawa A, Miyate H, Nakamura Y, Shimada M, Seki S, Kudo K.
[47] Bhatt AP, Jayakrishnan A. Tuberculous osteomyelitis of the mandible:
Treating chronic diffuse sclerosing osteomyelitis of the mandible with
a case report. Int J Paediatr Dent 2001;11:304-8.
saucerization and autogenous bone grafting. Oral Surg Oral Med Oral
Pathol Oral Radiol Endod 2001;91:390-4. [48] Chindia ML. Osteomyelitis of the mandible in HIV infection. Br J Oral
[31] Boibieux A, Peyramond D. Traitement médical des ostéites aiguës et Maxillofac Surg 1999;37:154.
chroniques. In: Les affections ostéoarticulaires. Collection Pathologie [49] Juggins KJ, Walton GM, Patel M. Osteomyelitis complicating
Science Formation; 2000. osteopetrosis. A case report. Dent Update 2001;28:509-11.
[32] Lemière E, Maes JM, Raoul G, Caprioli F, Ruhin B, Ferri J. Chronic [50] Semba I, Ishigami T, Sugihara K, Kitano M. Higher osteoclastic
diffuse osteomyelitis of the mandible. Apropos of a case. Rev Stomatol demineralization and highly mineralized cement lines with osteocalcin
Chir Maxillofac 2000;101:330-5. deposition in a mandibular cortical bone of autosomal dominant
[33] Belli E, Matteini C, Andreano T. Sclerosing osteomyelitis of Garre osteopetrosis type II: ultrastructural and undecalcified histological
periostitis ossificans. J Craniofac Surg 2002;13:765-8. investigations. Bone 2000;27:389-95.
[34] Eswar N. Garre’s osteomyelitis: a case report. J Indian Soc Pedod Prev [51] Barbaglio A, Cortelazzi R, Martignoni G, Nocini PF. Osteopetrosis
Dent 2001;19:157-9. complicated by osteomyelitis of the mandible: a case report including
[35] Goncalves M, Pinto Oliveira D, Oliveira Oya E, Goncalves A. Garre’s gross and microscopic findings. J Oral Maxillofac Surg 1998;56:393-8.
osteomyelitis associated with a fistula: a case report. J Clin Pediatr [52] Bakeman RJ, Abdelsayed RA, Sutley SH, Newhouse RF.
Dent 2002;26:311-3. Osteopetrosis: a review of the literature and report of a case complicated
[36] Oulis C, Berdousis E, Vadiakas G, Goumenos G. Garre’s osteomyelitis by osteomyelitis of the mandible. J Oral Maxillofac Surg 1998;56:
of an unusual origin in a 8-year-old child. A case report. Int J Paediatr 1209-13.
Dent 2000;10:240-4. [53] Khairallah E, Antonyshyn O, Farb R, Ehrlich L, Morava-Protzner I,
[37] Martin-Granizo R, Garcia-Gonzalez D, Sastre J, Diaz FJ. Mandibular O’Brien J. Progressive unilateral mandibular swelling in adolescence:
sclerosing osteomyelitis of Garre. Otolaryngol Head Neck Surg 1999; a diagnostic dilemma. J Craniofac Surg 1997;8:32-7.
121:828-9. [54] Eyrich GK, Langenegger T, Bruder E, Sailer HF, Michel BA. Diffuse
[38] Meehan S, Krolls SO, Seago DL. Proliferative periostitis (Garre’s chronic sclerosing osteomyelitis and the synovitis, acne, pustulosis,
osteomyelitis) arising as a result of a secondarily infected surgical
hyperostosis, osteitis (SAPHO) syndrome in two sisters. Int J Oral
defect. Miss Dent Assoc J 1997;53:26-7.
Maxillofac Surg 2000;29:49-53.
[39] Hayem G, Bouchaud-Chabot A, Benali K, Roux S, Palazzo E,
[55] Myers R, Marx RE. Use of hyperbaric oxygen in post irradiation head
Silbermann-Hoffman O, et al. SAPHO syndrome: a long-term
follow-up study of 120 cases. Semin Arthritis Rheum 1999;29:159-71. and neck surgery. J Natl Cancer Inst Monogr 1990;9:151-7.
[40] Giedion A, Holthusen W, Masel LF, Vischer D. Subacute and chronic [56] Harvey BR, Ephros H, Defalco RJ. Tetracycline bone labeling in
« symmetrical » ostemyelitis. Ann Radiol 1972;15:329-42. surgical management of chronic osteomyelitis: a case report. J Oral
[41] ChamotAM, Benhamou CL, Kahn MF, Beraneck L, Kaplan G, ProstA. Maxillofac Surg 2004;62:752-4.
Le syndrome synovite acné-pustulose-hyperostose-ostéite (SAPHO) : [57] Senneville E, Yazdanpanah Y, Cordonnier M, Cazaubiel M, Lepeut M,
résultats d’une enquête nationale. Rev Rhum Mal Ostéoartic 1987;54: Baclet V, et al. Les principes du traitement de l’ostéite chronique sont-
187-96. ils applicables au pied diabétique? Presse Med 2002;31:393-9.
[42] Marsot-Dupuch K, Doyen JE, Grauer WO, de Givry SC. SAPHO syn- [58] Topazian RG, Goldberg MH. Osteomyelitis of the jaws. In:
drome of the temporomandibular joint associated with sudden Topazian RG, Goldberg MH, editors. Oral and maxillofacial infec-
deafness. AJNR Am J Neuroradiol 1999;20:902-5. tions. Philadelphia: WB Saunders; 1996. p. 204-38.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Maes J.-M., Raoul G., Omezzine M., Ferri J. Ostéites des os de la face. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Stomatologie, 22-062-D-10, 2005.
16 Stomatologie