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Ostéoradionécrose et ostéonécrose
des maxillaires aux bisphosphonates
S. Salino, A.-G. Bodard, Q. Timour

Les étiologies des nécroses osseuses des maxillaires peuvent être multiples. L’ostéoradionécrose (ORN) et
l’ostéonécrose des maxillaires (ONM) aux bisphosphonates (BP) sont les plus fréquentes. L’ORN est
connue depuis presque un siècle. Elle se présente sous forme d’un os « dévitalisé » exposé à travers la peau
ou la muqueuse au sein d’un territoire irradié chez un patient traité pour un cancer, avec absence de
cicatrisation après une période de plusieurs mois. Elle intéresse plus fréquemment la mandibule que le
maxillaire, peut être spontanée, mais survient le plus souvent après un traumatisme (avulsion dentaire).
Elle peut évoluer jusqu’à la fracture osseuse. Son incidence a nettement diminué au cours des trente
dernières années, essentiellement grâce à la mise en place de mesures préventives (technique
d’irradiation, fluorothérapie). La physiopathologie des ORN repose sur des phénomènes d’hypoxie,
d’hypocellularité, d’hypovascularisation et de fibroatrophie. La prise en charge est conservatrice pour les
stades précoces et beaucoup plus invasive dans les stades avancés. L’ostéonécrose des maxillaires (ONM)
en rapport avec un traitement par BP est une entité clinique individualisée beaucoup plus récemment que
l’ORN. Les BP sont des molécules prescrites en oncologie et pour certaines pathologies bénignes
(ostéoporose, maladie de Paget, etc.). L’ONM est une exposition osseuse localisée dans la région
maxillofaciale (os avasculaire, atone, nécrotique), persistant au-delà de 8 semaines après identification et
instauration d’un traitement adéquat, chez un patient traité ou ayant été traité par BP et sans
antécédent d’irradiation craniofaciale. L’atteinte osseuse est souvent très mal délimitée, contrairement à
l’ORN. Il s’agit d’une complication concernant presque exclusivement les patients bénéficiant de BP par
voie intraveineuse pour des pathologies malignes. L’incidence des ONM dans ce contexte est de l’ordre de
1 % à 12 %. L’ONM résulte d’une perturbation de l’activité ostéoclastique due à l’imprégnation osseuse
par les BP, mais la physiopathologie de la maladie est mal connue. Elle est souvent associée à un geste
invasif (avulsion dentaire), sans qu’il soit systématiquement possible de savoir si le geste est la cause de
l’ONM ou s’il ne fait que révéler une ONM sous-jacente. Il n’existe pas de consensus quant à la prise en
charge qui est plus ou moins invasive selon les stades et les auteurs. En l’absence de traitement curatif
probant de l’ONM, les efforts doivent être orientés sur la prévention.
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Mots clés : Ostéoradionécrose ; Irradiation cervicofaciale ; Fluorothérapie ;


Ostéonécrose aux bisphosphonates ; Mise en état buccodentaire ; Hygiène buccodentaire

Plan Prise en charge 8


Prévention 9
¶ Introduction 1 ¶ Conclusion 10
¶ Ostéoradionécrose 2
Définition 2
.

Épidémiologie
Facteurs de risque et facteurs de protection
2
2
■ Introduction
Physiopathologie 2
L’ostéoradionécrose (ORN) et l’ostéonécrose des maxillaires
Prise en charge thérapeutique 4
(ONM) en rapport avec un traitement par bisphosphonates sont
Prévention 4
les deux principaux types de nécrose de la région maxillofaciale.
¶ Ostéonécrose des maxillaires et bisphosphonates 4 Elles présentent des similarités dans leurs caractéristiques
Bisphosphonates 4 cliniques et radiologiques. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit
Définition 6 de deux entités cliniques bien distinctes. L’objectif de cet article
Épidémiologie 7 est de faire le point sur les connaissances actuelles de ces deux
Facteurs de risque 7 pathologies afin de préciser leurs différences quant au diagnos-
Physiopathologie 8 tic, à l’épidémiologie, aux facteurs de risque, à la physiopatho-
logie et à la prise en charge.

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■ Ostéoradionécrose En revanche, le perfectionnement des techniques d’irradia-


tion a largement contribué à la diminution de l’incidence de
La première description d’ostéoradionécrose (ORN) remonte à l’ORN. Le développement des techniques modernes d’irradiation
1922 [1]. Depuis lors, cette affection a fait l’objet de nombreuses tridimensionnelle (radiothérapie conformationnelle) ainsi que le
études et publications. Plusieurs hypothèses ont été avancées recours aux techniques d’hyperfractionnement ont permis de
quant à sa physiopathologie qui n’est pas encore totalement diminuer cette incidence d’environ 5 % entre les années 1980-
élucidée. 1990 et 1990-1998 [18]. Les premiers résultats de la radiothérapie
à modulation d’intensité (RTMI ou IMRT), qui associe des
champs d’irradiation multiples à une modulation de l’intensité
Définition de chaque faisceau grâce à des collimateurs multilames pro-
La définition de l’ORN repose sur des critères essentiellement grammés en fonction de la forme et de la localisation de la
cliniques, mais également radiologiques et histologiques. tumeur, semblent également prometteurs. Cette technique a
Différentes classifications ont été proposées, mais aucune n’est pour objectif d’épargner autant que possible les organes sensi-
réellement consensuelle [2, 3]. bles se trouvant à proximité de la tumeur (moelle épinière et
Cliniquement, il s’agit d’un os « dévitalisé » exposé à travers glandes salivaires principales pour les tumeurs cervicales et
la peau ou la muqueuse au sein d’un territoire irradié chez un maxillofaciales). Les premières études montrent que cette
patient traité pour un cancer, avec absence de cicatrisation après technique diminue également le risque de déclencher une
une période de 3 mois, et absence de récidive tumorale [4]. La ORN [13, 19]. Une étude récente sur 176 patients traités par RTMI
période d’absence de cicatrisation est discutée et s’étale de 2 à ne retrouve aucune ORN après une durée de suivi médiane de
6 mois selon les auteurs [5]. L’ORN peut apparaître spontané- 34 mois [20].
ment, mais elle est le plus souvent provoquée par un trauma-
tisme [6] . Les signes fonctionnels souvent associés sont les Pathologies et chirurgies dentaires
suivants [7] : douleur, dysesthésie, trismus, dysgueusie, halitose, Une corrélation a été démontrée depuis longtemps entre la
impaction de nourriture, fistule cutanée, fracture mandibulaire, présence d’une pathologie dentaire avant irradiation (atteinte
otalgie réflexe. Ces signes sont d’autant plus présents que l’ORN parodontale essentiellement) et l’apparition spontanée ou
est avancée. provoquée d’une ORN après la radiothérapie [21]. De même, les
Il n’existe pas de signe radiologique pathognomonique de avulsions dentaires en territoire irradié représentent un risque
l’ORN. Cependant, l’aspect radiologique classiquement décrit est élevé de déclenchement d’une ORN [22]. Elles seraient responsa-
celui d’un os nécrotique présentant une structure de « sucre bles de 50 % des cas d’ORN [6]. Cela explique l’importance de
mouillé » au sein d’un territoire irradié [2]. la mise en état buccodentaire avant l’irradiation ainsi que du
L’analyse histologique de l’os réséqué met en évidence un os suivi postradiothérapie (cf. « Prévention »).
nécrotique, régulièrement surinfecté par des bactéries orales
opportunistes et des Candida [8]. Une infection à Actinomyces est Stade TNM
souvent retrouvée dans les ORN chroniques et réfractaires
associées à une destruction osseuse étendue [9]. Le stade TNM précise la gravité du cancer en fonction de la
taille de la tumeur (T), les caractéristiques de l’éventuelle
atteinte ganglionnaire (N) et la présence ou absence de métas-
Épidémiologie tase(s) (M). Il semble que plus le stade TNM est avancé au
Les données épidémiologiques sont assez peu précises en moment de la prise en charge carcinologique, plus le risque
raison de l’absence de consensus quant à la définition et à la d’ORN est élevé [23].
classification des ORN, de durées de suivi des patients différen-
tes selon les études et du nombre limité d’études Traitements associés à la radiothérapie
prospectives [10]. Dans certaines indications (stades avancés des cancers de la
L’incidence globale de l’ORN varie selon les études [2] . tête et du cou), une radiothérapie potentialisée par une chimio-
Cependant, une nette tendance à la baisse a été observée au thérapie montre des résultats supérieurs en termes de risque de
cours des trente dernières années. Avant les années 1970, récidive et de survie comparée à une radiothérapie seule. Les
l’incidence était supérieure à 10 % [11], elle a régulièrement molécules testées pour ces chimiothérapies adjuvantes sont
diminué depuis pour atteindre actuellement des taux de l’ordre entre autres de type carboplatine et paclitaxel. Les effets
de 1 % à 2 % [12, 13]. Cette diminution est directement liée au toxiques sont souvent augmentés, avec notamment un risque
développement de mesures préventives de l’ORN (cf. « Préven- plus élevé d’ORN suite au traitement [24].
tion »). L’ORN concerne trois fois plus le genre masculin que le
genre féminin [6]. Elle survient davantage à la mandibule qu’au Statut nutritionnel
maxillaire ou tout autre os de la tête et du cou. Les régions de
l’angle et du corps mandibulaire sont concernées le plus Une étude récente montre que l’indice de masse corporelle
souvent [3, 14]. Le risque d’ORN est trois fois plus important chez (IMC) est corrélé au risque d’ORN. L’IMC était significativement
les patients dentés que chez les patients édentés, en raison du plus élevé parmi les patients n’ayant pas développé d’ORN que
risque accru en cas d’avulsions dentaires en territoire irradié [15]. parmi ceux qui en ont développé une [17].
Epstein a montré que l’ORN peut apparaître à tout moment
et que les patients demeurent à risque jusqu’à 231 mois après Physiopathologie
traitement. Sa conclusion, actuellement admise par l’ensemble
des auteurs, est que les patients demeurent à risque probable- La physiopathologie de l’ORN n’est pas encore clairement
ment indéfiniment après l’irradiation [16]. élucidée. Chronologiquement, trois grandes étapes peuvent être
individualisées dans la compréhension des mécanismes physio-
pathologiques de cette affection : la théorie se fondant sur
Facteurs de risque et facteurs de protection l’irradiation, le traumatisme et l’infection, le concept des
Les principaux facteurs de risque de déclencher une ORN sont « 3 H », et la théorie de la fibroatrophie induite par l’irradiation.
la dose et le type d’irradiation, les pathologies et chirurgies
dentaires, le stade TNM, les traitements associés à l’irradiation, Théorie se fondant sur l’irradiation,
le statut nutritionnel. le traumatisme et l’infection
L’observation clinique a initialement fait évoquer trois
Dose et type d’irradiation facteurs responsables de l’apparition d’une ORN : l’irradiation
Parmi les facteurs de risque, la dose d’irradiation est retrouvée au-delà d’une dose critique, le traumatisme local et l’infection.
dans toutes les études. Le risque d’ORN est nettement augmenté Les premières observations microscopiques ont mis en évidence
lorsque la dose critique de 60 à 66 Gy est dépassée [3, 17]. la présence de bactéries et de changements tissulaires au sein du

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Figure 1. Fibroatrophie induite


Irradiation
par l’irradiation [10]. PDGF : plate-
let derivated growth factor ; FGF :
fibroblast growth factor ; TGF :
Synthèse de radicaux transforming growth factor ; IL : in-
oxygénés libres (ROL) terleukine ; ADN : acide désoxyri-
bonucléique ; IFN : interféron.
Lésion de cellules
endothéliales

Production
Fibroblastes
de cytokines

Myofibroblastes
Nécrose de microvaisseaux Ostéoblastes
Ostéocytes
Ostéoclastes INFß PDGF

Thrombose vasculaire
IL1, IL4, IL6

FGF TGF-ß1
Lésion irréversible de l’ADN,
nécrose de cellules osseuses
Perte tissulaire Perturbation du métabolisme
du collagène

Remplacement des tissus fragiles


et paucicellulaires Fibrose
par des myofibroblastes anormaux

Traumatisme

Ostéoradionécrose

tissu ostéoradionécrotique : épaississement des parois vasculai- Théorie de la fibroatrophie induite


res, diminution du nombre d’ostéoblastes et d’ostéocytes, par l’irradiation (Fig. 1)
remplissage des lacunes osseuses par des cellules inflammatoi-
res [25]. En 1970, Meyer a proposé une théorie fondée sur les Les résultats controversés des effets de l’HBO sur le traitement
trois facteurs cités ci-dessus (irradiation, traumatisme, infection) de l’ORN n’ont pas permis de valider réellement la théorie de
pour expliquer la survenue d’une ORN [26]. Titterington, en Marx [10]. En outre, les avancées de la biologie cellulaire et
accord avec cette théorie, considère l’ORN comme l’infection moléculaire ont permis d’affiner les observations microscopiques
d’un os irradié par la flore endobuccale suite à la formation de l’ORN. Depuis quelques années, la littérature scientifique
d’une porte d’entrée par un traumatisme (« ostéomyélite induite semble se focaliser davantage sur un probable mécanisme
par l’irradiation ») [27] . Cela justifie alors l’antibiothérapie fibroatrophique de l’os irradié que sur la théorie de l’hypoxie
systématique en cas de chirurgie dentaire en territoire irradié. pour expliquer l’apparition d’une ORN [10, 22, 31]. L’irradiation
provoquerait une fibrose progressive des tissus concernés
Théorie des « 3 H » associée à une diminution des capacités de réparation. Trois
En 1983, Marx constate que, dans de nombreux cas, l’ORN phases sont décrites pour expliquer ce processus de fibroatro-
apparaît sans traumatisme préalable et que le profil microbiolo- phie. La phase initiale préfibroblastique est caractérisée par des
gique des ORN est différent de celui des ostéomyélites. Il élabore modifications des cellules endothéliales et une réaction inflam-
alors une théorie fondée sur l’hypothèse d’une « déficience matoire aiguë. Lors de la deuxième phase, une activité fibro-
métabolique et homéostatique complexe des tissus créée par blastique anormale prédomine avec désorganisation de la
une atteinte cellulaire due à l’irradiation ». La théorie des 3 H matrice extracellulaire. Enfin, des remodelages des tissus
est ainsi avancée : Hypoxie –Hypocellularité – Hypovascularisa- désorganisés sont observés au cours de la troisième phase de
tion (« three H hypothesis ») [28]. Le traumatisme n’est considéré fibroatrophie tardive. Ils aboutissent à la formation de tissus
que comme un éventuel facteur favorisant, de même que cicatrisés fragiles susceptibles de faire l’objet d’une inflammation
l’infection. L’irradiation serait responsable de l’apparition d’un réactivée en cas d’exposition à un traumatisme local.
tissu hypoxique, hypocellulaire et hypovasculaire. Une destruc- L’élément clé de cette théorie n’est pas la persistance de
tion cellulaire et tissulaire en découle avec diminution des l’hypoxie, mais l’activation et la dérégulation de l’activité
capacités cicatricielles, les demandes métaboliques excédant les fibroblastique. L’irradiation provoque des lésions des cellules
réserves en raison de l’hypoxie chronique. Cette théorie a endothéliales par action directe, mais également suite à la
donné naissance à une nouvelle modalité de prise en charge et libération de composés oxygénés réactifs et de radicaux libres.
de prévention de l’ORN : l’oxygénothérapie hyperbare (OHB ou La destruction des cellules endothéliales ainsi que des thrombo-
HBO) [29, 30]. ses vasculaires provoquent des nécroses de microvaisseaux, des

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ischémies locales et des pertes tissulaires. La libération de libres de fibula [23, 34, 36-38, 42]. Elles offrent une base ferme
certaines cytokines suite à l’atteinte des cellules endothéliales autorisant la mise en place d’implants ostéo-intégrés qui
favorise la transformation des fibroblastes en myofibroblastes. permettent une réhabilitation prothétique stabilisée, à la fois
Ces derniers sont caractérisés par un taux de prolifération élevé, fonctionnelle (mastication et phonation) et esthétique [43, 44].
une sécrétion de produits anormaux dans la matrice extracellu-
laire et une faible capacité à éliminer ces produits. Il en résulte Prévention
une désorganisation de la matrice extracellulaire. En outre,
l’action directe de l’irradiation ainsi que les composés oxygénés Indépendamment de l’amélioration de la prise en charge
réactifs et les radicaux libres endommagent de façon irréversible chirurgicale de l’ORN avérée, l’incidence de cette pathologie a
les cellules osseuses (ostéocytes, ostéoblastes et osctéoclastes). La nettement diminué au cours des dernières décennies, passant de
diminution du nombre d’ostéoblastes et leur faible capacité à se plus de 10 % dans les années 1970 à 1-2 % actuellement [11, 13].
régénérer associées à la prolifération des myofibroblastes Cette diminution est directement liée au développement de
aboutissent à la diminution de la matrice osseuse et à son mesures préventives.
remplacement par un tissu fibreux. L’os irradié est alors Ces dernières concernent tout d’abord l’amélioration de la
paucicellulaire, hypovascularisé et fibrosé. Il est susceptible de prise en charge buccodentaire des patients concernés, avant et
faire l’objet d’une réaction inflammatoire tardive en cas de après la radiothérapie. Avant la radiothérapie, un bilan bucco-
survenue d’un traumatisme physique ou chimique. L’ORN peut dentaire clinique et radiologique doit être systématique dans le
alors survenir [10]. but de détecter et d’éliminer tous les foyers infectieux avérés ou
potentiels. En cas d’extraction dentaire, un délai de 3 à 4 semai-
Prise en charge thérapeutique nes doit être observé entre la date de l’avulsion et le début de
la radiothérapie [15]. Après l’irradiation, tout doit être mis en
Les caractéristiques cliniques de l’ORN peuvent aller de la œuvre pour que les dents en place soient conservées. Cela
simple exposition osseuse peu étendue et asymptomatique, prise implique une hygiène buccodentaire et prothétique rigoureuse,
en charge pendant des mois par des traitements conservateurs, l’instauration d’une prévention fluorée (application topique
à des atteintes sévères allant jusqu’à la fracture osseuse et quotidienne d’un gel ou dentifrice fortement concentré en
nécessitant une approche plus invasive. La décision dépend fluor), et un suivi régulier. Les prothèses dentaires doivent être
souvent davantage de l’expérience du chirurgien que de recom- réalisées de façon minutieuse et régulièrement contrôlées afin de
mandations pratiques fondées sur l’évidence [14]. ne pas risquer une effraction muqueuse par traumatismes
mécaniques répétés [20, 45].
Traitement conservateur En outre, les progrès des techniques d’irradiation ont égale-
Les traitements conservateurs sont réservés aux ORN dia- ment contribué à la diminution de l’incidence des ORN. Il a été
gnostiquées précocement et d’étendue limitée. Ils peuvent être démontré que l’avènement de la radiothérapie conformation-
non chirurgicaux : lavages locaux, applications d’antiseptiques, nelle ainsi que l’hyperfractionnement des doses d’irradiation
amélioration de l’hygiène buccale, oxygénothérapie hyperbare ont permis une diminution de cette incidence d’environ
(OHB). Des chirurgies a minima peuvent être également réali- 5 % [19]. De même, le recours de plus en plus fréquent à la
sées (débridement, curetage, séquestrectomie) dans le but RTMI, qui fait appel à de multiples faisceaux d’intensités
d’éliminer les tissus caractérisés par les 3 H et de retrouver un variables, limite les zones de forte irradiation en périphérie de
os vascularisé [14]. la lésion, et diminue ainsi le risque d’ORN [13, 20].
Le traitement des infections secondaires repose sur une
antibiothérapie de type amoxicilline-acide clavulanique ou
fluoroquinolone ; les crises algiques sont traitées par des ■ Ostéonécrose des maxillaires
antalgiques de niveau adapté à l’intensité de la douleur [9, 32].
Le recours à l’oxygénothérapie hyperbare (OHB) a été forma- et bisphosphonates
lisé par Marx dans son protocole de prise en charge des
L’ostéonécrose des maxillaires (ONM) en rapport avec un
ORN [29]. Le principe de l’OHB repose sur le fait que les besoins
traitement par bisphosphonates (BP) est une entité clinique
en oxygène nécessaires aux processus de cicatrisation sont plus
individualisée beaucoup plus récemment que l’ORN. Sa pre-
importants pour un tissu irradié que pour un tissu normal. Un
mière description a été faite en 2003 [46], et elle a fait l’objet de
approvisionnement accru en oxygène au sein d’un os irradié
très nombreuses publications depuis lors.
hypoxique favorise l’angiogenèse et la différenciation de cellules
osseuses [16, 29, 33]. Cependant, la pertinence clinique de ce
traitement reste controversée, les résultats étant parfois contra- Bisphosphonates
dictoires selon les études. Des études prospectives fondées sur le
suivi des patients au long terme sont nécessaires pour évaluer Structure et classification
précisément l’intérêt clinique de l’OHB [14]. Les BP ont été synthétisés pour la première fois en 1865 et ils
ont d’abord été utilisés dans l’industrie textile comme inhibi-
Traitement radical teurs de la corrosion [47] . Leurs applications cliniques sont
Les limites entre une prise en charge conservatrice et un relativement récentes et remontent à une trentaine d’années
traitement radical demeurent relativement mal définies. Dans environ [48]. Ce sont des analogues structuraux des pyrophos-
les cas où l’ORN est réfractaire au traitement conservateur, avec phates naturels au sein desquels l’atome d’oxygène central a été
persistance de douleur, trismus, exposition d’os nécrotique remplacé par un atome de carbone. Il en résulte une structure
surinfecté, parfois associé à une fistule cutanée, voire à une chimique de base du type Phosphate-Carbone-Phosphate (P-C-P)
fracture, une thérapeutique plus agressive est requise : une (Fig. 2). Cette dernière confère aux BP une résistance à l’hydro-
chirurgie interruptrice est alors nécessaire [34, 35]. Elle concerne lyse enzymatique et permet leur utilisation en médecine [49]. Il
le plus souvent la mandibule, avec l’ensemble des conséquences en résulte que les BP ne sont pas transformés en métabolites et
fonctionnelles, esthétiques et psychosociales qui en découlent. sont excrétés inaltérés. Les deux groupements phosphates
Une reconstruction immédiate de l’arc mandibulaire est réalisée jouent un rôle dans la fixation à l’os et dans l’activité antiré-
lorsque cela est possible, au moyen d’attelles de reconstruction, sorptive qui caractérisent les BP [50] . La structure P-C-P est
d’autogreffes osseuses non vascularisées, de lambeaux régionaux complétée par des chaînes R1 et R2 propres à chaque molécule,
pédiculés, ou de transplants osseux vascularisés libres [36]. Ces avec ou sans groupement aminé. Les « non-amino »-BP (étidro-
derniers peuvent être prélevés au niveau de la fibula [34, 36-38], nate, clodronate, tiludronate) sont les BP de première généra-
de la crête iliaque [34], de la scapula [34, 39], du radius [40] ou tion caractérisés par une puissance relativement faible. Les
d’une côte [41]. Ces reconstructions donnent les résultats les plus « amino »-BP (pamidronate, alendronate, risédronate, ibandro-
fiables tant sur le plan fonctionnel qu’esthétique, particulière- nate, zolédronate) appartiennent aux deuxième et troisième
ment pour ce qui concerne les transplants osseux vascularisés générations et sont plus puissants (Tableau 1) (Fig. 2).

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différences significatives ont été démontrées dans la cinétique de


R2 Figure 2. Structure des bis-
fixation de divers BP aux cristaux d’hydroxyapatite, établissant
phosphonates (BP).
l’ordre suivant : clodronate < étidronate < risedronate < ibandro-
nate < alendronate < pamidronate < zolédronate [50, 51].
OH OH Inhibition de l’activité ostéoclastique
La fixation préférentielle des BP à la structure minérale
osseuse les met en rapport direct avec les ostéoclastes. Le pH
acide qui caractérise la phase de résorption osseuse favorise la
dissociation des BP de l’hydroxyapatite. Les molécules de BP
ainsi libérées pénètrent dans les ostéoclastes par un mécanisme
d’endocytose. Le mécanisme d’action des BP sur les ostéoclastes
diffère selon qu’il s’agit de non-amino-BP ou d’amino-BP.
O P C P O
Les non-amino-BP sont incorporés dans les molécules d’adé-
nosine triphosphate (ATP) qu’ils rendent non hydrolysables,
provoquant l’accumulation de métabolites cytotoxiques. Il
s’ensuit l’apoptose des ostéoclastes concernés. Les amino-BP
agissent sur la voie du mévalonate (responsable de la synthèse
lipidique). Ils agiraient comme analogues de certains diphos-
phates isoprénoïdes qui sont normalement les substrats de
certaines enzymes de cette voie. La principale enzyme inhibée
OH OH par les amino-BP est la farnesyl diphosphate synthase (FPPS).
Cette inhibition provoque la diminution de concentration de
farnesyl diphosphate (FPP) et de geranylgeranyl diphosphate
(GGPP). Ces dernières sont des métabolites isoprénoïdes
R1
nécessaires à la prénylation des guanosines triphosphatases
(GTPases) impliquées dans les mécanismes de signalisation
intracellulaires. Ainsi, la fonction ostéoclastique est compromise
Mécanismes d’action et il en résulte une inhibition de la résorption
ostéoclastique [50].
Les effets pharmacologiques classiques des BP résultent de
Des études in vitro [52] et d’expérimentation animale [53] ont
deux de leurs propriétés chimiques principales : leur affinité
mis en évidence une action des BP sur les ostéocytes et les
pour l’hydroxyapatite osseux et leur effet inhibiteur sur les
ostéoblastes. Les BP permettraient, via leur action sur les
ostéoclastes. Il existe également un effet potentiel des BP sur les
ostéocytes, de prévenir l’effet apoptotique des glucocorticoïdes
ostéocytes et les ostéoblastes [50]. Enfin, certains BP ont en outre
un effet antiangiogénique. et des stimulations mécaniques cycliques de l’os.

Affinité des bisphosphonates pour l’hydroxyapatite osseux Autres effets

L’affinité des BP pour l’hydroxyapatite dépend principalement Certains BP ont une action antiangiogénique. C’est le cas de
de la composition et de la structure tridimensionnelle des l’acide zolédronique qui inhibe la prolifération des cellules
groupements R1 et R2 de la molécule. De petites modifications endothéliales, du facteur de croissance des fibroblastes (fibroblast
à ces niveaux peuvent modifier considérablement l’affinité. growth factor – FGF) et du facteur de croissance endothélial
Ainsi, cette affinité pour l’hydroxyapatite diffère selon le type de vasculaire (vascular endothelial growth factor – VEGF). Il agit
BP et influence probablement la variabilité de leur distribution également sur l’adhésion et la migration des cellules
dans l’os, leurs effets biologiques et leur durée d’action. Des endothéliales [54].

Tableau 1.
Structure et puissance des bisphosphonates (BP) commercialisés.
DCI Nom commercial Voie d’administration Puissance Indications
Bisphosphonates première génération
Étidronate Didronel® Per os 1 Ostéoporose
Clodronate Clastoban® Per os/i.v. 10 Oncohématologie
Lytos® Per os 10 Oncohématologie
Tiludronate Skélid® Per os 10 Maladie de Paget

Bisphosphonates deuxième génération


Pamidronate Pamidronate® i.v. 100 Oncohématologie, maladie de
Paget
Alendronate Fasamax® Per os/i.v. 1 000 Ostéoporose
Fosavance® Per os 1 000 Ostéoporose

Bisphosphonates troisième génération


Risédronate Actonel® Per os 5 000 Ostéoporose, maladie de
Paget
Ibandronate Bonviva® Per os/i.v. 10 000 Ostéoporose
Bondronat® i.v. 10 000 Oncohématologie
Zolédronate Zometa® i.v. (1 injection/mois) 20 000 Oncohématologie
Aclasta® i.v. (1 injection/an) 20 000 Ostéoporose, maladie de
Paget
DCI : dénomination commune internationale ; i.v. : intraveineux.

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Tableau 2.
Stadification clinique des ostéonécroses des maxillaires (ONM) [56].

Stade Caractéristiques cliniques


I Exposition d’os nécrotique, asymptomatique
II Exposition d’os nécrotique, associée à une douleur
et une infection
III Exposition d’os nécrotique, associée à une douleur,
une infection, une fracture pathologique, une fistule
extraorale ou une ostéolyse atteignant le rebord inférieur
de la mandibule

Les BP ont également un effet pro-inflammatoire. L’inhibition


de la farnesyl diphosphate synthase (FPPS) provoque l’accumu-
lation d’isopentenyl pyrophosphate (IPP) (métabolite immédia-
tement en amont de la FPPS dans la voie du mévalonate). L’IPP Figure 3. ONM mandibulaire droite : absence de résorption ostéoclas-
active certaines cellules c, d-T responsables de la libération de tique de l’os alvéolaire (alvéoles osseux sidérés).
tumor necrosis factor alpha (TNF-a) qui initie une phase inflam-
matoire. Celle-ci est régulièrement observée suite à la première
injection d’amino-BP et donne lieu à un syndrome
pseudogrippal [50].

Indications
Les BP sont utilisés dans le traitement de certaines patholo-
gies malignes telles que le myélome multiple, les métastases
osseuses des tumeurs solides et l’hypercalcémie maligne. Ils sont
également indiqués dans la prise en charge de plusieurs types de
pathologies non cancéreuses au premier rang desquelles figure
l’ostéoporose. La maladie de Paget, la dysplasie fibreuse,
l’ostéogenèse imparfaite, la nécrose aseptique de la hanche et le
syndrome SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose,
ostéite) peuvent également être des indications de traitement
par BP. Ils peuvent être prescrits par voie orale ou par voie
intraveineuse selon les molécules et les indications. Les pres-
criptions intraveineuses sont la plupart du temps associées à
une puissance plus importante.
Figure 4. ONM mandibulaires multiples : face interne de la région
molaire droite (1), région canine droite (2, fistule), région canine
Définition gauche (3).
L’ONM figure parmi les effets secondaires potentiels d’un .

traitement par BP (toxicité rénale, hypocalcémie, syndrome


d’un séquestre osseux en formation, plus ou moins mobile, est
pseudogrippal, etc.). Il s’agit d’une exposition osseuse localisée
souvent responsable de douleurs.
dans la région maxillofaciale, persistant au-delà de 8 semaines
La gencive et les tissus mous périphériques sont inflammatoi-
après identification et instauration d’un traitement adéquat,
res. En cas de surinfection, une suppuration et une fistule
chez un patient traité ou ayant été traité par BP et sans
muqueuses et/ou cutanées peuvent être observées. Enfin, des
antécédent d’irradiation craniofaciale [55]. Le diagnostic repose
mobilités et des pertes dentaires spontanées ont également été
essentiellement sur des critères cliniques, mais des examens
décrites [55].
complémentaires notamment radiologiques sont souvent
nécessaires. Imagerie
L’orthopantomographie (OPT) est un examen de routine
Diagnostic clinique
permettant d’obtenir une vision globale des structures dento-
Cliniquement, différentes classifications ont été décrites, maxillaires. Cependant, une perte significative de l’ordre de
mais, de façon schématique, on individualise trois stades 30 % à 50 % de la phase minérale osseuse est nécessaire pour
successifs. Le stade I concerne une simple exposition osseuse qu’une ONM soit détectée par cet examen [57] . La lésion
asymptomatique avec des tissus périphériques normaux. Le clinique apparaît donc la plupart du temps avant qu’elle ne soit
stade II correspond à une exposition d’os infecté associée à des visualisable à l’orthopantomographie [55] . Dans environ la
symptômes fonctionnels et à une inflammation des tissus moitié des cas avancés d’ONM, une tendance à la séquestration
périphériques. Enfin, une fracture osseuse avec fistulisation récidivante est observée au sein d’un environnement d’ostéo-
extraorale est associée à l’ONM de stade III (Tableau 2) [55, 56]. densification radiologique [58].
Les signes généraux sont exceptionnels. Des signes fonction- La tomodensitométrie (TDM) permet d’individualiser l’os
nels sont régulièrement décrits par les patients. Il s’agit de cortical de l’os spongieux, et retrouve de façon plus précise des
douleurs d’intensité variable, lancinantes, non systématiques. zones d’ostéosclérose et d’ostéolyse [55]. Ces dernières semblent
Une paresthésie ou une anesthésie du territoire concerné être prédominantes, mais des zones d’ostéocondensation sont
(notamment au niveau de la région labiomentonnière lorsque également régulièrement retrouvées [59]. L’évaluation de l’éten-
l’ONM se situe sur le trajet du nerf alvéolaire inférieur) peut due d’un éventuel séquestre osseux en formation est facilitée
également apparaître. Enfin, une halitose est très souvent par cet examen (Fig. 5). Une prolifération périostée a également
retrouvée, et une cacosmie est souvent décrite par les patients été décrite, notamment à la mandibule, donnant lieu à un
en cas de localisation maxillaire avec répercussion sinusienne. « double contour », sorte de coque corticale autour des limites
L’examen clinique endobuccal objective une brèche initiales de l’os cortical [58, 60] . L’imagerie par résonance
muqueuse mettant à nu un os avasculaire et atone, souvent en magnétique (IRM) permet de préciser l’atteinte des tissus mous
rapport avec une ou plusieurs alvéoles dentaires déshabitées adjacents, des sinus et du canal mandibulaire. Elle permettrait
(Fig. 3, 4). Cet os nécrotique est hyposensible, mais la présence également de détecter des ONM infracliniques [61].

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Ostéoradionécrose et ostéonécrose des maxillaires aux bisphosphonates ¶ 28-865-A-10

soient pas unanimes, l’ONM semble concerner davantage les


femmes que les hommes en cancérologie [66, 68]. On retrouve
évidemment nettement plus de femmes présentant une ONM
parmi les personnes traitées par BP pour une ostéoporose [67].
L’ONM peut être unifocale ou plurifocale et elle se situe plus
fréquemment à la mandibule qu’au maxillaire [46, 66, 69-71], la
partie postérieure des branches horizontales mandibulaires
étant, semble-t-il, plus souvent concernée que la région
symphysaire [69].

Facteurs de risque
Les principaux facteurs de risque sont en rapport avec le
traitement par BP lui-même (puissance de la molécule, voie
d’administration, durée du traitement et dose cumulée) et avec
des facteurs buccodentaires (gestes invasifs, mauvaise hygiène
buccodentaire).

Molécule et voie d’administration


De façon générale, les molécules administrées par voie
intraveineuse sont davantage responsables d’ONM que les
molécules délivrées par voie orale [55]. Toutes les études mon-
trent que les BP dont la puissance et la biodisponibilité sont les
plus élevées sont plus fréquemment à l’origine d’ONM. Le
zolédronate est systématiquement retrouvé comme étant la
molécule la plus à risque de déclencher une ONM, suivi du
pamidronate (ou traitement par pamidronate puis zolédronate
chronologiquement), ces deux molécules étant très régulière-
ment utilisées en oncologie et délivrées par voie
intraveineuse [63-65, 72, 73].

Durée du traitement et dose cumulée


La durée du traitement et la dose cumulée sont systématique-
ment retrouvées parmi les facteurs de risque principaux de
l’apparition d’une ONM dans le cadre d’une prise en charge
Figure 5. Coupes longitudinale (A) et axiale (B) en tomodensitométrie oncologique [65, 66, 72-74]. Le risque cumulé passe en moyenne de
(TDM) d’une ONM maxillaire gauche (individualisation d’un séquestre 1 % après 12 mois de traitement à 11 % après 48 mois. Il
osseux). augmente de façon significativement plus rapide avec la durée
du traitement lorsque la molécule utilisée est le zolédronate que
Les signes radiologiques des ONM sont donc variés mais non lorsqu’il s’agit du pamidronate ou du pamidronate suivi du
spécifiques. Ils permettent néanmoins d’estimer l’étendue de la zolédronate [64-66]. L’exposition à la molécule en termes de
pathologie et de détecter les complications [60]. nombre de perfusions et de nombre d’heures cumulées de
La scintigraphie au 99mTc est positive chez les patients perfusion est directement corrélée au risque d’apparition d’une
présentant une ONM clinique. Son utilisation associée à une ONM [75]. En revanche, faute de séries cliniques suffisamment
TDM permettrait d’obtenir une corrélation entre l’image fournies, la corrélation entre la durée du traitement et le risque
anatomique et l’image fonctionnelle pour préciser l’étendue de de déclencher une ONM n’est pas aussi clairement démontrée
la pathologie [62]. pour ce qui concerne les BP par voie orale prescrits dans le
cadre de l’ostéoporose [63, 67].
Diagnostic différentiel
Le diagnostic positif d’ONM imputable aux BP doit répondre Facteurs buccodentaires
aux critères énoncés dans la définition. Il peut être évident, Outre les facteurs directement liés au traitement par BP lui-
mais fait parfois l’objet d’interrogations. Le diagnostic différen- même, des facteurs de risque d’ordre buccodentaire sont très
tiel doit être fait principalement avec d’autres types d’ostéites souvent retrouvés dans les études. Il s’agit de diverses procédu-
(ostéoradionécroses, ostéites secondaires chroniques et aiguës, res invasives intrabuccales ou de pathologies dentoparodontales,
ostéomyélites, ostéites primitives, ostéites induites par une corrélées au déclenchement d’une ONM dans environ 50 % à
corticothérapie), et avec une localisation primitive ou une 85 % des cas selon une revue de la littérature récente [66]. Les
métastase d’un cancer. Ces diagnostics différentiels sont détaillés antécédents d’avulsions dentaires, alors qu’un traitement par BP
par Maes et al. dans un article EMC de Stomatologie [58]. est en cours ou passé, figurent systématiquement au premier
rang de ces procédures invasives. D’autres facteurs tels que la
Épidémiologie chirurgie parodontale, une atteinte parodontale avancée, la mise
Les études prospectives concernant l’incidence et les facteurs de en place d’implants, la chirurgie endodontique et des prothèses
risque de l’ONM sont assez peu nombreuses. C’est pourquoi les amovibles traumatisantes sont retrouvés comme facteurs
données épidémiologiques sont relativement peu précises. Chez favorisant l’apparition d’une ONM [64-67, 70, 73, 74, 76, 77]. Enfin,
les patients traités par BP par voie intraveineuse (i.v.) dans des l’absence de bilan et de mise en état buccodentaire avant
indications oncologiques, l’incidence globale est de l’ordre de 1 % l’instauration d’un traitement par BP, l’absence de suivi et une
à 12 % après 36 mois d’exposition [63-65] . Les pathologies hygiène buccodentaire défaillante pendant et après le traitement
concernées sont le myélome multiple, les métastases osseuses du représentent également des facteurs de risque des ONM (cf.
cancer du sein, et les métastases osseuses d’autres tumeurs solides « Prévention »).
(prostate, rein, vessie, poumon) [66]. Chez les patients traités pour
ostéoporose, l’incidence de l’ONM est nettement moindre, de
Autres facteurs
l’ordre de 1/100 000 à 1/10 000 patient-années [55, 63]. La corticothérapie et les thérapeutiques anticancéreuses ont
L’âge moyen des patients concernés est presque systémati- été évoquées parmi les facteurs de risque des ONM, notamment
quement supérieur à 50 ans [55, 67]. Bien que les résultats ne dans le rapport de la Task Force de l’American Society for Bone

Médecine buccale 7
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28-865-A-10 ¶ Ostéoradionécrose et ostéonécrose des maxillaires aux bisphosphonates

and Mineral Research (ASBMR) [55] . Cependant, il n’existe des ONM avérées font encore l’objet de discussions. La compré-
actuellement pas de preuve formelle que ces thérapeutiques hension relativement limitée de la physiopathologie de cette
augmentent effectivement le risque d’ONM [66, 72]. L’ostéopo- nouvelle affection ne permet pas, à l’heure actuelle, d’instaurer
rose, en revanche, a été retrouvée comme un facteur de risque un traitement étiologique véritablement éclairé. C’est pourquoi
significatif parmi les patients pris en charge pour un myélome de nouvelles recherches prospectives sont nécessaires afin de
multiple [64]. préciser la conduite à tenir [55, 63, 83].

Physiopathologie Recommandations de l’Afssaps


La fixation des BP sur les cristaux d’hydroxyapatite osseux est L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
proportionnelle à l’intensité du remodelage de l’os. Ce dernier (Afssaps) a néanmoins émis en 2007 des stratégies et recom-
est particulièrement important au niveau des maxillaires en mandations qui font actuellement référence au niveau national.
raison des sollicitations constantes de cette région anatomique Celles-ci précisent la conduite à tenir en différenciant trois
par les fonctions et parafonctions orofaciales (mastication, catégories de patients : les patients candidats à un traitement
sollicitations musculaires lors de l’élocution et des mimiques, par BP, ceux traités par BP sans évidence d’ONM, et enfin ceux
bruxisme, etc.). Cela expliquerait la localisation beaucoup plus présentant une ONM avérée.
fréquente des ostéonécroses au niveau du maxillaire et de la Patients candidats à un traitement par bisphosphonates
mandibule par rapport aux autres sites anatomiques [78] .
Plusieurs hypothèses étiologiques sont actuellement avancées Chez les patients devant recevoir un BP dans le cadre de patholo-
pour expliquer le développement d’une ONM, mais la physio- gies malignes, il est indispensable :
pathologie précise demeure mal élucidée. • de réaliser un bilan buccodentaire : celui-ci est pratiqué par
un chirurgien-dentiste ou un stomatologue ;
Théorie de l’hypocellularité • de réaliser un bilan radiologique : le panoramique dentaire
doit être complété par des clichés rétroalvéolaires, voire par
La théorie de l’hypocellularité a été émise en raison de la
un dentalscanner en cas de doute concernant un foyer
capacité des BP à induire l’apoptose des cellules osseuses,
infectieux.
notamment des ostéoclastes [79]. Les non-amino-BP sont méta-
Il est préférable de ne débuter le traitement par BP, si l’état
bolisés en analogues cytotoxiques de l’ATP responsables de cette
clinique du patient le permet, qu’une fois la situation dentaire
apoptose. Les amino-BP affectent l’activité et la survie des
assainie : il faut effectuer les soins dentaires nécessaires, éliminer
ostéoclastes en inhibant la farnesyl diphosphonate, enzyme clé
tous les foyers infectieux, attendre la cicatrisation des muqueu-
de la voie de la mévalonate (cf. « Mécanismes d’action »). Il en
ses et, dans la mesure du possible, la cicatrisation osseuse
résulterait une diminution du remodelage osseux dans les zones
complète (120 jours).
de forte concentration en BP.
Chez les patients devant recevoir un BP dans le cadre d’une
Théorie de l’hypovascularisation ostéoporose/maladie Paget, il est recommandé d’effectuer un bilan
buccodentaire, suivi des soins dentaires nécessaires. Ces soins ne
Certaines molécules telles que le zolédronate et le pamidro- doivent pas retarder l’instauration du traitement par BP chez les
nate ont un effet antiangiogénique. Il en résulterait une patients à risque élevé de fractures.
diminution de la vascularisation osseuse qui conduirait à un
« os gelé » dont le remodelage est en partie inhibé. Patients traités par bisphosphonate sans évidence
d’ostéonécrose
Théorie des microfractures Chez les patients recevant un bisphosphonate dans le cadre de
Comme tous les tissus de l’organisme dans les conditions pathologies malignes, il est indispensable de :
physiologiques habituelles, l’os a une capacité de cicatrisation • réaliser un suivi buccodentaire : celui-ci est pratiqué par un
en cas d’altération. La diminution du remodelage osseux en spécialiste tous les 4 mois et, au moindre symptôme bucco-
rapport avec un traitement par BP limiterait cette capacité de dentaire, en collaboration avec l’oncologue ;
réparation des microfractures des maxillaires occasionnées par • dépister et traiter les foyers infectieux par des gestes aussi peu
les fonctions et parafonctions orofaciales [80, 81]. agressifs que possible pour l’os, le parodonte et la muqueuse.
Il convient :
Théorie infectieuse C de limiter les extractions aux dents non conservables
La muqueuse buccale recouvrant un os hypovascularisé est (mobilité de stade 3 ou présence de foyer infectieux actif) :
elle-même rendue fragile. Elle est donc susceptible d’être – sans arrêter le traitement par BP ;
facilement altérée par des traumatismes mineurs et l’exposition – sous anesthésie locale ou locorégionale, sans vasocons-
osseuse qui s’ensuit cicatrise difficilement. La mise en contact tricteur ;
de l’os nécrosé avec le milieu buccal septique favorise la – sous traitement antibiotique la veille de l’extraction puis
survenue d’une surinfection secondaire qui entretient la jusqu’à cicatrisation complète (évaluée cliniquement et
nécrose [58]. radiologiquement) ;
C de régulariser la crête alvéolaire ;
Théorie de la toxicité directe des bisphosphonates C de suturer les berges de façon hermétique ;
La théorie de la toxicité directe des bisphosphonates a été C d’envisager de confectionner une attelle parodontale pour
émise par analogie avec la toxicité des BP sur l’épithélium stabiliser les dents dont la mobilité est de stade 1 à 2,
gastro-intestinal [82]. Les BP accumulés au niveau des maxillaires plutôt que de les extraire ;
seraient présents en quantité suffisante pour être directement C d’éviter l’extraction en présence d’une dent avec carie
toxiques pour la muqueuse buccale sus-jacente. Tout trauma- délabrante, mais sans mobilité pathologique, en réalisant
tisme (avulsion dentaire, irritation prothétique, etc.) provoque- un traitement de racine (en coupant la couronne de la
rait une augmentation locale de la concentration en BP, dent au ras de la gencive), et en reconstituant la dent avec
responsable de l’échec de la cicatrisation des tissus mous et les techniques conventionnelles en prenant la précaution
favorisant la surinfection et la nécrose osseuses. de ne pas altérer les tissus environnants ;
C de contre-indiquer les traitements parodontaux chirurgi-
Prise en charge caux ;
C de contre-indiquer l’implantologie. En revanche, la pré-
Stratégies sence d’implants déjà intégrés dans la structure osseuse
Les modalités de prise en charge des patients à risque de n’augmente pas le risque d’ONM ; ils doivent être conser-
développer une ONM et surtout celles d’un traitement efficace vés.

8 Médecine buccale

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Ostéoradionécrose et ostéonécrose des maxillaires aux bisphosphonates ¶ 28-865-A-10

Chez les patients recevant un bisphosphonate dans le cadre d’une osseux traumatisant les tissus mous et dans les cas de sympto-
ostéoporose/maladie de Paget, il est recommandé : matologie douloureuse associée (Afssaps) [56, 70, 72]. Les partisans
• de réaliser un suivi buccodentaire : celui-ci est pratiqué par un de cette approche justifient le recours à un curetage osseux a
chirurgien-dentiste ou un stomatologue au moindre symp- minima par le fait que les limites de l’ONM sont floues. En
tome buccodentaire et, comme recommandé dans la popula- effet, contrairement à l’ORN pour laquelle il est habituellement
tion générale, au minimum une fois par an ; possible de réaliser un curetage de l’os nécrotique jusqu’à
• d’effectuer les avulsions dentaires, lorsqu’elles sont nécessai- atteindre un os normalement vascularisé, les limites de l’ONM
res, sous traitement antibiotique et de la façon la moins proprement dite sont mal définies en raison de l’hypovascula-
traumatisante possible. La chirurgie nécessaire est réalisée en risation de l’os environnant. Cependant, une lampe à fluores-
évitant de lever un ou des lambeaux d’épaisseur totale ; s’il cence permettrait de préciser ces limites et pourrait guider la
existe des problèmes de fermeture de la plaie, on privilégie un chirurgie d’exérèse [85] . Enfin, le traitement laser des ONM
lambeau d’épaisseur partielle pour préserver au mieux la semble donner des résultats encourageants, malgré le peu de
vascularisation de l’os sous-jacent. recul et la nécessité d’études sur ce type de prise en charge [86].
Les données actuellement disponibles ne permettent pas de
considérer que la prise de BP pour une ostéoporose est une Traitement plus invasif
contre-indication à la mise en place d’un implant dentaire.
D’autres auteurs prônent une approche chirurgicale plus
Recommandations générales concernant les patients sans évidence
systématique en complément des traitements médicaux. Le but
d’ostéonécrose, avant ou pendant un traitement par bisphosphonate
i.v. ou oral (situations 1 et 2) : est d’obtenir une fermeture muqueuse pérenne et donc un
• les soins dentaires peuvent être effectués en ville ou à isolement de l’os par rapport à la cavité buccale, évitant ainsi
l’hôpital ; les surinfections secondaires. Le taux de succès de la prise en
• le chirurgien-dentiste est invité à questionner le patient afin charge serait alors supérieur [76], particulièrement lorsque la
de s’assurer que celui-ci a été correctement informé du risque chirurgie est réalisée rapidement après l’apparition de
d’ONM et de la nécessité de maintenir une bonne hygiène l’ONM [87]. L’association d’un traitement conservateur au laser
dentaire ; et d’une chirurgie d’exérèse précoce donnerait les meilleurs
• le patient doit être informé de la nécessité de signaler toute résultats [88]. L’Afssaps déconseille le recours aux chirurgies
mobilité dentaire ou toute douleur, gonflement, ou inflam- reconstructrices de type transplants osseux vascularisés libres
mation de la muqueuse gingivale à son chirurgien-dentiste ou après résection interruptrice mandibulaire. Néanmoins, cela a
à son (ses) médecin(s). été récemment décrit par certaines équipes qui concluent à une
faisabilité de cette prise en charge [89, 90].
Patients atteints d’une ostéonécrose avérée
Fenêtre thérapeutique
Le patient doit être impérativement adressé à un service hospitalier
de chirurgie maxillofaciale, d’ORL ou d’odontologie. Dans En cas de nécessité d’avulsion dentaire chez un patient traité
l’attente de la prise en charge hospitalière, il est recommandé : par BP ou de curetage chirurgical d’une ONM avérée, la ques-
• de réaliser un bilan radiologique (panoramique dentaire) afin tion d’une éventuelle fenêtre thérapeutique se pose.
d’apprécier l’importance de la nécrose et la présence éven- Rien ne permet actuellement d’affirmer que l’arrêt du traite-
tuelle d’un séquestre ; ment (arrêt dont la durée serait à définir) améliore significati-
• d’éviter tout geste chirurgical ; vement la cicatrisation postextractionnelle [91]. En outre, un
• de traiter médicalement la douleur ; arrêt, même temporaire, des BP peut favoriser la progression de
• de poursuivre une hygiène buccodentaire stricte. la maladie pour laquelle ils sont prescrits (lésions ostéolytiques,
Des rinçages quotidiens à l’aide d’une solution antiseptique métastases, douleurs, etc.) [92].
(chlorhexidine aqueuse 0,1 %) sont recommandés en présence
d’ulcérations avec zone d’os nécrotique visible en bouche.
Les traitements chirurgicaux ne doivent s’envisager qu’a minima. Prévention
Il convient de préférer une chirurgie de propreté : régularisation
des bords traumatisants les tissus mous environnants, élimina- Les traitements dont nous disposons actuellement, qu’ils
tion de séquestre mobile. En cas de fractures et lorsque la soient conservateurs ou qu’ils privilégient une attitude inter-
nécrose osseuse envahit largement la mandibule, il faut éviter ventionniste plus invasive, ne donnent globalement pas de
les reconstructions par greffes osseuses libres ou pédiculées. résultats probants, l’ONM continuant à évoluer la plupart du
Après résection de l’os nécrotique au voisinage de la fracture, un temps. Cela explique sans doute au moins partiellement
fixateur externe peut être envisagé ou, mieux, une plaque de l’absence de consensus des auteurs quant aux modalités de prise
reconstruction avec des ancrages vissés les plus éloignés en charge des ONM. C’est pourquoi, en l’absence de traitement
possibles de la zone de nécrose. curatif efficace et éprouvé, la plupart des publications récentes
Il est nécessaire d’informer le médecin prescripteur de la complica- insistent sur l’importance capitale d’une approche préventive
tion du traitement par bisphosphonates. La poursuite du traitement des ONM [63, 73, 76, 93].
par BP doit être décidée au cas par cas par le médecin Les mesures préventives préconisées s’appliquent avant et
prescripteur. pendant le traitement par BP. Avant l’instauration du traite-
ment, un bilan buccodentaire clinique et radiologique
Considérations générales sur la prise en charge (orthopantomographie associée ou non à des clichés rétroalvéo-
des ostéonécroses maxillaires avérées laires) doit être réalisé, suivi d’une mise en état buccodentaire.
La prise en charge des ONM avérées demeure problématique Celle-ci consiste à éliminer les éventuels foyers infectieux avérés
et l’attitude n’est pas consensuelle : l’approche est plus ou ou potentiels par avulsions ou traitements dentaires conserva-
moins radicale en fonction du stade de l’ONM et selon les teurs, à réaliser un assainissement parodontal (détartrage et
auteurs [55, 56]. instauration d’une hygiène buccale rigoureuse) et à éliminer
toutes les causes possibles de traumatisme muqueux. Le patient
Traitement conservateur doit également être informé des risques encourus et du rôle qui
Les traitements conservateurs reposent sur une antibiothéra- lui incombe dans la prévention de l’ONM. Pendant le traite-
pie à large spectre au long cours (pénicillines, macrolides ou ment, un suivi clinique (et radiologique si nécessaire) régulier
tétracyclines), associée à des rinçages antiseptiques pluriquoti- tous les 4 à 6 mois est nécessaire pour intercepter tout problème
diens (chlorhexidine) et à des antalgiques si nécessaire. Cette et le gérer de la façon la moins invasive possible [55].
approche permettrait une guérison dans la majorité des cas Des études récentes ont démontré que le risque de déclencher
selon certains auteurs, notamment pour la prise en charge une ONM diminue de façon significative parmi les patients
d’ONM d’étendue limitée [84] . Une chirurgie a minima est pour lesquels ces mesures préventives avaient été instaurées,
néanmoins souvent associée dans le but de régulariser les bords comparés aux patients qui n’en avaient pas bénéficié [94, 95].

Médecine buccale 9
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28-865-A-10 ¶ Ostéoradionécrose et ostéonécrose des maxillaires aux bisphosphonates

■ Conclusion [11] Clayman L. Clinical controversies in oral and maxillofacial surgery:


Part two. Management of dental extractions in irradiated jaws: a
L’ostéoradionécrose et l’ostéonécrose en rapport avec un protocol without hyperbaric oxygen therapy. J Oral Maxillofac Surg
1997;55:275-81.
traitement par bisphosphonates sont donc deux pathologies
[12] Wahl MJ. Osteoradionecrosis prevention myths. Int J Radiat Oncol
bien distinctes. L’étiologie de ces deux entités cliniques diffère
Biol Phys 2006;64:661-9.
clairement : l’une est radio-induite alors que l’autre est a priori [13] Studer G, Studer SP, Zwahlen RA. Osteoradionecrosis of the mandible:
chimio-induite, même si les deux sont favorisées par un minimized risk profile following intensity-modulated radiation therapy
traumatisme local. La physiopathologie de l’ORN est globale- (IMRT). Strahlenther Onkol 2006;182:283-8.
ment comprise, associant des phénomènes d’hypoxie, d’hypo- [14] Pitak-Arnnop P, Sader R, Dhanuthai K. Management of
cellularité, d’hypovascularisation et de fibroatrophie osseuse due osteoradionecrosis of the jaws: an analysis of evidence. Eur J Surg
à l’irradiation. En revanche, les mécanismes de survenue et de Oncol 2008;34:1123-34.
développement d’une ONM demeurent encore assez obscurs et [15] Breton P, Séguin P. Ostéoradionécrose. EMC (Elsevier Masson SAS,
donnent lieu à diverses hypothèses : hypocellularité, hypovas- Paris), Stomatologie, 22-062 D-20, 1996.
cularisation, microfractures, infection, toxicité directe. Alors que [16] Epstein J. van der ME, McKenzie M. Postradiation osteonecrosis of the
les facteurs de risque de l’ORN sont clairement reconnus, les mandible: a long-term follow-up study. Oral Surg Oral Med Oral
recherches à venir doivent tenter de préciser ceux qui sont Pathol Oral Radiol Endod 1997;83:657-62.
responsables de l’ONM afin de pouvoir définir des catégories de [17] Goldwaser BR, Chuang SK, Kaban LB. Risk factor assessment for the
patients à risque. L’aspect clinique de ces deux types de nécrose development of osteoradionecrosis. J Oral Maxillofac Surg 2007;65:
peut présenter quelques similarités à la première observation, 2311-6.
[18] Studer G, Gratz KW, Glanzmann C. Osteoradionecrosis of the
mais la prise en compte du contexte général du patient (anté-
mandibula in patients treated with different fractionations. Strahlenther
cédents d’irradiation cervicofaciale ou de traitement par
Onkol 2004;180:233-40.
bisphosphonates) permet un diagnostic différentiel relativement [19] Studer G, Graetz KW, Glanzmann C. In response to Dr. Merav A. Ben-
aisé entre ces deux types de nécrose. Les examens complémen- David et al. “Lack of osteoradionecrosis of the mandible after IMRT”.
taires radiologiques ne sont pas spécifiques de l’une ou de Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007:(In Press). Int J Radiat Oncol Biol
l’autre de ces deux pathologies. Cependant, l’atteinte osseuse Phys 2007;68:1583-4.
dans le cas d’une ONM est souvent beaucoup plus diffuse que [20] Ben David MA, Diamante M, Radawski JD. Lack of osteoradionecrosis
dans le cas d’une ORN, cette dernière étant localisée à la zone of the mandible after intensity-modulated radiotherapy for head and
irradiée. Une ORN est prise en charge de façon plus ou moins neck cancer: likely contributions of both dental care and improved dose
invasive selon le stade d’évolution. Dans les stades très évolués, distributions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:396-402.
une chirurgie interruptrice est indiquée, une reconstruction [21] Murray CG, Herson J, Daly TE, Zimmerman S. Radiation necrosis of
étant possible avec un taux de succès important. Pour l’ONM, the mandible: a 10 year study. Part II. Dental factors;onset, duration and
il n’existe pas de prise en charge consensuelle et réellement management of necrosis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1980;6:549-53.
efficace, le résultat des différentes thérapeutiques étant relative- [22] Teng MS, Futran ND. Osteoradionecrosis of the mandible. Curr Opin
ment aléatoire et souvent décevant. C’est pourquoi l’approche Otolaryngol Head Neck Surg 2005;13:217-21.
préventive doit être privilégiée. [23] Cheng SJ, Lee JJ, Ting LL. A clinical staging system and treatment
guidelines for maxillary osteoradionecrosis in irradiated
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Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright [24] Carter DL, Asmar L, Barrera D. Favorable survival observed after
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré. carboplatin, paclitaxel, and concurrent accelerated hyperfractionated
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S. Salino (salino@lyon.fnclcc.fr).
A.-G. Bodard.
Unité d’odontologie, Centre anticancéreux Léon Bérard, 28, rue Laennec, 69373 Lyon cedex, France.
Q. Timour.
Laboratoire de pharmacologie médicale (INSERM ERI 22), Université Claude Bernard – Centre régional de pharmacovigilance, 69000 Lyon, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Salino S., Bodard A.-G., Timour Q. Ostéoradionécrose et ostéonécrose des maxillaires aux
bisphosphonates. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Médecine buccale, 28-865-A-10, 2010.

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