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Traitement des perforations


œsophagiennes
V. De Moor, J. Lemaire, A. Rosière, L. Michel

Une perforation œsophagienne est une pathologie rare et de gravité sévère dont les étiologies sont
nombreuses. Le pronostic dépend de la rapidité du diagnostic et d’une prise en charge adéquate. Les
options thérapeutiques sont multiples et il n’y a pas d’unanimité dans le choix de l’une ou de l’autre. Il faut
tenir compte de la durée de la perforation, de l’état général du patient, d’une pathologie œsophagienne
sous-jacente et de l’expérience des équipes locales. Les objectifs de la prise en charge sont de fermer la
perforation, drainer les collections existantes, lutter contre le sepsis et assurer un support nutritionnel.
Dans des conditions très strictes, un traitement médical conservateur est possible. Le développement
de l’endoscopie thérapeutique, grâce à l’adjonction de clips ou de prothèses, a permis une prise en
charge mini-invasive. Les options chirurgicales sont variées, il peut s’agir d’une suture œsophagienne
éventuellement renforcée par un lambeau, d’une fistulisation dirigée, d’une résection, ou, dans les cas
désespérés, d’une exclusion œsophagienne. En cas d’affection œsophagienne sous-jacente, un traitement
de celle-ci est nécessaire.
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Mots-clés : Perforation œsophagienne ; Traitement conservateur ; Traitement endoscopique ;


Traitement hybride ; Lambeau de renforcement ; Œsophagectomie ; Exclusion œsophagienne ; Médiastinite

Plan 11,9 à 30 % [1, 2] , d’autre part, le traitement reste controversé


en raison de la variété des moyens thérapeutiques disponibles.
■ Introduction 1 Enfin, comme elle survient rarement (3,9 cas par an et par hôpital

en moyenne), l’expérience individuelle des opérateurs est sou-
Définition et rappels anatomophysiopathologiques 1
vent faible [1] . Le premier objectif de ce dossier est de préciser
Définition 1
les indications d’un traitement conservateur, endoscopique ou
Rappels anatomiques 1
chirurgical. Le second objectif est de détailler les techniques opé-
Physiopathologie 2
ratoires les plus appropriées en fonction de la localisation de la
■ Étiologie 2 perforation ainsi que de la présence d’une affection œsophagienne
■ Présentation clinique 2 sous-jacente. Un algorithme de prise en charge est proposé.
■ Examens complémentaires 2
Radiographies standard 2
Transit œsophagien 2  Définition et rappels
Examen tomodensitométrique 3
Endoscopie 3 anatomophysiopathologiques
Tests biologiques 3

Définition
Traitement 3
Généralités 3 Une perforation œsophagienne se caractérise par une déchirure
Traitement médical conservateur 3 ou une rupture transmurale de l’œsophage avec contamination
Traitement endoscopique 3 des espaces avoisinants par les sécrétions salivaires, gastriques et
Traitement chirurgical 4 les aliments ingérés. Une inflammation locale chimique suivie
■ Mortalité 11 d’une contamination bactérienne entraîne une nécrose des tissus

avoisinants et, en l’absence d’un traitement adéquat, l’infection
Conclusion 11
s’installe et devient rapidement extensive avec apparition d’un
choc septique.

 Introduction Rappels anatomiques


La perforation de l’œsophage représente une des urgences les Par rapport aux autres organes du tractus digestif, l’œsophage
plus graves et les plus difficiles que le chirurgien puisse être appelé présente plusieurs particularités qui expliquent sa sensibilité à la
à traiter. D’une part, elle est associée à un taux de mortalité de perforation et la difficulté de prise en charge thérapeutique :

EMC - Techniques chirurgicales - Appareil digestif 1


Volume 13 > n◦ 4 > novembre 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0424(18)84652-0
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40-220  Traitement des perforations œsophagiennes

• il est le seul organe à traverser successivement trois régions ana- Tableau 1.


tomiques et à les mettre en contact étroit entre elles. Ainsi, une Principales étiologies des perforations œsophagiennes.
perforation localisée sur l’œsophage cervical ou sur l’œsophage 1. Endoscopique :
abdominal peut entraîner une contamination de la région tho- – diagnostique
racique ; – thérapeutique :
• il ne présente pas de tunique séreuse, ce qui le rend fragile • dilatation sténose, achalasie, cancer
devant tout traumatisme ; • résection muqueuse
• il n’a pas de mésentère propre et sa vascularisation est pauvre, • dissection sous-muqueuse
ce qui l’expose au risque de lâchage des sutures chirurgicales ; • POEM
• il présente trois zones de faiblesse particulièrement exposées • autres
à la perforation instrumentale. La première se situe au niveau 2. Instrumentale :
de la région cricopharyngée où une faiblesse pariétale trian- – sonde gastrique, de Blackemore
gulaire, appelée triangle de Lannier, est délimitée en haut par – écho-endoscopie œsophagienne, cardiaque
l’entrecroisement du muscle constricteur du pharynx et en bas – autres
par le muscle cricopharyngien. La position en hyperextension 3. Syndrome de Boerhaave
du cou ou la présence d’un ostéophyte vertébral majorent le 4. Traumatisme chirurgical :
risque de perforation. La deuxième zone se situe au niveau – chirurgie du tube digestif haut :
• chirurgie du reflux gastro-œsophagien
du tiers moyen de l’œsophage en regard du rétrécissement lié
• hernie para-œsophagienne
à la crosse aortique et à la bronche souche gauche. Le troi-
• récidive hernie hiatale
sième niveau est constitué par une zone de rétrécissement et
• myotomie de Heller
d’incurvation de l’œsophage liée à son passage à travers l’hiatus • chirurgie obésité
diaphragmatique. – chirurgie pulmonaire
– chirurgie médiastinale
– ostéosynthèse colonne cervicale
Physiopathologie 5. Corps étrangers
Une perforation de l’œsophage cervical est souvent moins 6. Traumatisme par arme blanche ou balistique, accident de roulage
sévère qu’une perforation thoracique ou abdominale en raison 7. Œsophagite à éosinophile
de l’attachement de l’œsophage au fascia prévertébral qui limite POEM : per oral endoscopic myotomy.
la contamination [3] .
Une perforation intrathoracique entraîne une contamination
rapide du médiastin, pouvant être contenue par la plèvre ou clinique fréquent, il doit être recherché dans le cou ou au niveau
s’étendre à celle-ci. La médiastinite chimique, puis bactérienne du thorax mais son apparition nécessite au moins une heure [6] .
conduit à une nécrose tissulaire. La rupture de la plèvre par Une perforation cervicale peut se manifester par une douleur
l’inflammation ou par le traumatisme initial contamine la plèvre cervicale, une raideur de nuque, une dysphagie, une dyspho-
et un épanchement pleural se développe. En raison d’une pression nie, une odynophagie, de la fièvre. Un emphysème sous-cutané
intrathoracique négative, le contenu gastrique et les bactéries sont peut être noté. La contamination est souvent contenue du fait de
aspirés dans la cavité pleurale : la contamination se dissémine, l’attachement de l’œsophage au fascia prévertébral.
entraînant une séquestration de liquide avec développement Une perforation thoracique se manifeste par une douleur tho-
d’une hypovolémie et d’un sepsis, voire d’un choc septique [3] . racique aiguë et soudaine, parfois irradiée dans le dos ou l’épaule
Une perforation de la portion abdominale se propage rapide- gauche, de la température, de la dyspnée ou tachypnée, des vomis-
ment à la cavité péritonéale et évolue vers une péritonite et un sements ou l’installation rapide d’un sepsis évoluant vers un choc
choc septique. septique.
Une perforation de l’œsophage abdominal se manifeste par
une douleur abdominale épigastrique, parfois par une douleur
 Étiologie dorsale (due à la présence de liquide dans l’arrière-cavité des épi-
ploons), irradiée vers les épaules, ou par un abdomen aigu. Une
Les étiologies sont nombreuses et reprises dans le Tableau 1. dégradation rapide vers le choc septique avec hypotension, fièvre,
Les perforations iatrogènes sont de loin les plus fréquentes depuis tachycardie et tachypnée s’ensuit.
l’avènement de thérapies endoscopiques toujours plus nom-
breuses et variées. Le syndrome de Boerhaave est une perforation
œsophagienne spontanée postémétique en l’absence d’affection  Examens complémentaires
œsophagienne prédisposante [4] .
Le but est d’affirmer l’existence d’une perforation œsopha-
gienne, sa localisation, ses répercussions locales et générales. Un
 Présentation clinique haut index de suspicion est à garder à l’esprit car les signes cli-
niques initiaux peuvent être frustes au début.
Les signes cliniques dépendent de la localisation de la perfora-
tion, du facteur étiologique et du délai de présentation. Radiographies standard
Le diagnostic clinique est souvent difficile car les symptômes
sont non spécifiques et peuvent mimer d’autres pathologies telles Des signes de perforations indirects peuvent être vus sur des cli-
qu’un infarctus du myocarde, une perforation ulcéreuse, une pan- chés de radiologie standard, mais ils sont moins performants que
créatite, une dissection d’un anévrisme de l’aorte thoracique, un le scanner [7] . La présence d’un épanchement pleural, d’un pneu-
pneumothorax spontané ou une pneumonie [3] . momédiastin, d’un emphysème sous-cutané, d’un élargissement
Un retard au diagnostic est fréquent mais préjudiciable, donc du médiastin, d’un hydrothorax ou d’un hydropneumothorax, ou
toute douleur aiguë et soudaine après manœuvre instrumentale d’air sous-diaphragmatique doit faire suspecter une perforation
de l’œsophage ou après un épisode de vomissement doit faire sus- œsophagienne.
pecter une perforation de l’œsophage jusqu’à preuve du contraire.
L’European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) recom- Transit œsophagien
mande que tous symptômes ou signes cliniques après un examen
endoscopique soient évalués et documentés de préférence par un Si une perforation est suspectée, un transit œsophagien (TOGD)
scanner [5] . doit être réalisé, il permet d’affirmer le diagnostic et le site de la
La douleur est le signe clinique le plus constant, elle oriente sur perforation, de déterminer si elle est confinée ou communique
la zone de perforation. Un emphysème sous-cutané est un signe librement avec la cavité pleurale ou abdominale.

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Traitement des perforations œsophagiennes  40-220

®
Les produits hydrosolubles (Gastrografine ) sont utilisés en pre- Les mesures suivantes sont valables quel que soit le choix du
®
mière intention, mais si la Gastrografine est inhalée elle peut traitement : administration d’une antibiothérapie à large spectre
causer une pneumonie nécrosante sévère due à son hyperto- (aérobies et anaérobies) associée ou non à un traitement antifun-
nicité [3] . Sa sensibilité n’est que de 80 %. Un transit négatif gique (chez les immunodéprimés), administration d’antidouleurs
n’exclut pas formellement une perforation, surtout au niveau et d’inhibiteurs de la pompe à protons en intraveineux. Si le
cervical à cause du passage rapide. L’opacification à la baryte patient est instable, un transfert aux soins intensifs est nécessaire.
augmente significativement le taux de diagnostic, mais avec le Ces mesures sont à mettre en route le plus rapidement possible dès
risque d’apparition d’un granulome médiastinal ou pleural [8] . Si le diagnostic posé. Il est indispensable d’assurer un support nutri-
®
le TOGD à la Gastrografine est négatif, il ne faut pas hésiter à en tionnel soit par alimentation parentérale, soit par voie entérale
refaire un avec de la baryte. (jéjunostomie).
Les options thérapeutiques disponibles sont :
• un traitement conservateur ;
Examen tomodensitométrique • un traitement par voie endoscopique ;
Un scanner cervico-thoraco-abdominal juste après un TOGD • un traitement chirurgical ;
permet de détecter le niveau de la fuite, la contamination des • un traitement hybride avec la combinaison de traitement endo-
tissus avoisinants et l’existence de collections. Le scanner a une scopique, radiologique interventionnel et/ou chirurgical.
plus grande précision pour détecter de petites quantités d’air ou Pour aider dans la prise en charge d’une perforation, un algo-
de liquides dans le médiastin, les plèvres et/ou l’abdomen. Si un rithme est proposé.
TOGD n’a pas été réalisé auparavant, l’ingestion de produit de Un avis chirurgical est primordial dans la gestion de ces patients
contraste doit être réalisée juste avant le scanner [5, 7] . dès le début de la prise en charge, et une collaboration étroite entre
gastroentérologues, radiologues, réanimateurs et chirurgiens est
indispensable.
Endoscopie Toute dégradation biologique ou clinique, quelle que soit
l’option thérapeutique choisie, doit faire l’objet d’une mise au
Le rôle diagnostique de l’endoscopie a longtemps été contro- point à la recherche d’une collection non drainée, d’une persis-
versé par crainte d’aggraver la lésion. L’endoscopie peut être utile, tance de fuite ou l’apparition d’une fistule.
particulièrement chez les patients incapables d’avaler ou si le
transit aux hydrosolubles est négatif [3, 9] . L’endoscopie permet
également d’évaluer la présence d’une pathologie œsophagienne Traitement médical conservateur
sous-jacente, (sténose, cancer, etc.) [10, 11] et de guider le chi- Indications
rurgien lors de l’intervention pour repérer la perforation. Elle
Un traitement conservateur peut se révéler efficace en prenant
permet d’évaluer la possibilité d’un traitement endoscopique et
en considération les critères d’éligibilité décrits par Mengoli et
les chances de succès de celui-ci.
Klassen en 1965, puis modifiés par Cameron en 1979, par Shaffer
en 1992 et par Altorjay en 1997 [12–15] . Ces critères sont :
Tests biologiques • une perforation intramurale ;
• une perforation transmurale si elle est de taille inférieure à 1 cm
Les tests biologiques sont déterminants dans l’appréciation du avec une extension paraœsophagienne limitée ;
degré de répercussion de la perforation, de l’état général du patient • une perforation diagnostiquée tôt chez un patient à jeun ;
et de la présence d’une éventuelle pathologie sous-jacente. Ils • une perforation diagnostiquée très tardivement (plusieurs
contribuent également à la décision du choix thérapeutique : jours), le patient ayant dès lors démontré sa tolérance au pro-
• les tests inflammatoires (globules blancs, fibrinogène, pro- blème [13, 15] ;
téine C-réactive) donnent des résultats d’autant plus élevés que • un transit œsophagien montrant le passage du produit de
l’infection est étendue et le diagnostic tardif ; contraste préférentiellement dans la lumière œsophagienne et
• une perturbation des tests hépatiques peut témoigner de la pré- non vers le trajet fistuleux ;
sence d’une hépatopathie ou d’une hypertension portale avec • l’absence d’obstacle sous-jacent lié à une tumeur ou une sténose
varices œsophagiennes ou d’un foie de choc ; non dilatable ;
• des anomalies de l’ionogramme accompagnées d’une hypoal- • des signes cliniques de sepsis minime ;
buminémie sont le signe d’une malnutrition associée à une • l’apparition d’une amélioration clinique dans les 24 heures sui-
tumeur cancéreuse par exemple ; vant le début du traitement.
• des gaz artériels sanguins perturbés sont le reflet d’un dysfonc- Si tous ces critères sont réunis au moment du diagnostic,
tionnement respiratoire majeur ; l’application stricte des modalités pratiques décrites infra peut per-
• l’analyse du liquide pleural peut démontrer un taux d’amylase mettre une évolution favorable dans 85 % des cas avec un taux de
salivaire élevé, un pH inférieur à 6, la présence d’aliments non survie proche de 100 % [16] .
digérés, et permet de réaliser une analyse bactériologique.
Modalités pratiques
Le patient est mis à jeun strict, et une sonde nasogastrique
 Traitement est positionnée sous contrôle radioscopique afin d’éliminer le
passage du liquide salivaire ou d’aliments dans les espaces para-
Généralités œsophagiens.
Un apport nutritionnel suffisant est assuré au moyen d’une
Le choix du traitement dépend de plusieurs facteurs : de
alimentation parentérale.
l’étiologie et du site de la perforation, de l’existence d’une patho-
Toute collection ou tout épanchement pleural est drainé.
logie préexistante de l’œsophage et du délai entre la perforation et
Un examen tomodensitométrique est réalisé devant
le diagnostic. L’état général, les facteurs de comorbidités et l’état
l’apparition de toute détérioration clinique.
nutritionnel doivent également être pris en compte. L’expertise
Ce traitement est maintenu au minimum pendant sept jours
locale des équipes médicales (gastroentérologues, chirurgiens et
jusqu’à obtention d’une opacification de l’œsophage confirmant
réanimateurs) et la possibilité de réaliser des examens tomodensi-
la fermeture de la perforation.
tométriques avec radiologie interventionnelle sont à prendre en
considération pour juger de l’opportunité d’un transfert dans un
service spécialisé dans cette pathologie. Traitement endoscopique
Les principes du traitement sont de rétablir l’intégrité du tube
digestif, d’arrêter la contamination des espaces voisins, de lutter Durant la dernière décennie, une approche endoscopique s’est
contre l’infection par antibiotiques, de drainer toute collection et développée grâce à la mise sur le marché de clips plus larges
d’assurer un support nutritionnel. et de prothèses œsophagiennes. L’ESGE recommande que lors

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d’une perforation endoscopique, la fermeture de la perforation Une fois placé, il faut contrôler l’étanchéité par un TOGD
soit envisagée en fonction de sa taille, du type de perforation et et s’assurer que toutes les collections sont bien drainées. Si
de l’expertise endoscopique locale [5] . Il peut s’agir d’une ferme- l’opacification est correcte, une réalimentation liquide puis un
ture de la brèche par mise en place de clip ou d’une couverture régime lisse sont autorisés dans un délai de 48–72 heures dans
par prothèse œsophagienne. 83 % des cas [21, 24] . L’utilisation de stent permet une diminution
de la durée de séjour ainsi qu’une diminution de la morbidité, de
Clips la mortalité et du coût total [28] .
Le clip hémostatique endoscopique a été développé pour réa-
Traitement hybride
liser l’hémostase mais peut être utilisé pour la fermeture d’une
perforation œsophagienne précoce, iatrogène ou spontanée si la La prise en charge endoscopique des perforations œsopha-
lésion est limitée et la contamination minime. En général, la taille giennes va de pair avec le drainage des collections où qu’elles
de la perforation doit être inférieure à 10 mm. Les manœuvres à soient situées. Ceci peut être obtenu par drainage thoracique
réaliser pour augmenter les chances de succès sont d’aspirer dou- simple, drainage en radiologie interventionnelle, décortication
cement les berges de la plaie pour capturer ainsi plus de tissu et par thoracoscopie ou thoracotomie. Cette complémentarité dans
de commencer distalement en remontant vers le bord proximal le traitement est appelée traitement hybride [20, 24] .
et en utilisant autant de clips que nécessaire. Ces clips ne peuvent ® ®
pas rapprocher les berges fibreuses ou trop inflammatoires [17] . Thérapie par Vacuum Assisted Closure (VAC )
Un taux de succès de 88,8 % est rapporté si le délai est inférieur Le but du traitement par pression négative endoluminale est
à 24 heures. Quelques cas de perforations diagnostiquées plus d’aspirer les fluides, réduire la charge bactérienne dans la plaie et
tardivement ont été traités avec un taux de succès de 100 % [11] . stimuler la cicatrisation en créant un tissu de granulation sain.
®
Le clip « over-the-scope » (Ovesco ), composé de nitinol ® ®
Une éponge de polyuréthane (VAC ou KCI ) est attachée à
(nickel-titane), permet la fermeture en paroi totale de lésion plus l’extrémité perforée d’une sonde gastrique et mise en place par
importante en taille, jusque 20 mm de long, grâce à une plus endoscopie dans la cavité créée par la perforation. L’éponge est rac-
grande force de compression (8–9 newtons) et à une taille plus cordée à une aspiration continue avec une pression d’aspiration
grande (ouverture de 12 mm). Le taux de succès est de 92,8 % de 75–200 mmHg. Il existe un système prêt à l’emploi (Endo-
si la perforation a moins de 24 heures et de 83 % si le délai est ®
Sponge ).
supérieur à 24 heures [11] . Ces clips sont plus efficaces en première Cette éponge doit être changée tous les deux à quatre jours [29, 30]
intention qu’en cas de sauvetage [18, 19] . jusqu’à cicatrisation quasi complète. Les taux rapportés de cicatri-
Les clips peuvent être utilisés seuls ou combinés entre eux. Il sation sont de 91 % avec une durée de traitement de 11–29 jours
convient de mettre en place autant de clips que nécessaire. en moyenne. Les complications relativement rares rapportées
Un contrôle radiologique par transit et/ou tomodensitométrie sont un déplacement de l’éponge dans 2,3 % des cas, une fis-
doit être réalisé pour s’assurer de l’étanchéité et de l’existence de tule œsobronchique dans un cas, et un cas de saignement traité
collections qu’il faut drainer par drain thoracique, par radiologie par endoscopie. Une incarcération de l’éponge est possible si on
interventionnelle ou par chirurgie. Si du produit de contraste a été la laisse trop longtemps en place par croissance tissulaire. Ce
utilisé pendant l’endoscopie, il faut en avertir le radiologue car il traitement a été utilisé pour traiter des perforations précoces et
peut persister en dehors de l’œsophage et ne pas correspondre à tardives [30] . Sa place exacte reste encore à déterminer.
une fuite active, de même que la présence d’air extraluminal ne
permet pas de conclure à une fuite persistante.
Traitement chirurgical
Stent ou prothèse œsophagienne
Le traitement chirurgical dépend de la localisation de la perfo-
La mise en place d’une prothèse œsophagienne permet de cou- ration, du délai du diagnostic, de la présence d’une pathologie
vrir la fistule, d’éviter la contamination des espaces avoisinants et œsophagienne sous-jacente, de l’état général du patient et de
permet au patient de se nourrir rapidement. l’expérience de l’équipe chirurgicale. Il n’y a pas de technique
Deux types de prothèses sont utilisés, soit des prothèses métal- privilégiée, ce qui est démontré par le nombre important de tech-
liques partiellement couvertes, soit des prothèses en plastique niques différentes appliquées [6] .
couvertes de silicone. Ces dernières sont plus facilement retirées,
même après une période plus longue, mais présentent un risque Perforation de l’œsophage cervical
de migration plus important.
Plusieurs procédés techniques sont possibles : la suture simple,
Les résultats sont très encourageants et incitent à traiter tous
la suture renforcée par un lambeau musculaire ou le drainage
les patients par prothèse, quelle que soit l’étiologie, en association
simple des collections en cas de diagnostic tardif ou si la perfo-
avec un drainage adéquat de toutes les collections [20–22] .
ration n’est pas identifiable.
Les taux de succès de la procédure sont de 95 à 100 % et de
succès clinique de 15 à 100 % [5] . Voie d’abord et exposition de l’œsophage
Les prothèses sont généralement mises en place pour des per- Le patient est positionné en décubitus dorsal, le cou en exten-
forations plus longues que 2 cm et sont utiles pour traiter une sion et la tête tournée vers la droite. L’incision cutanée est réalisée
sténose ou pour soulager une dysphagie. le long du bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien
Les contre-indications à l’usage d’une prothèse sont une loca- gauche et doit être large jusqu’au manubrium sternal. Après avoir
lisation cervicale à moins de 2 cm du muscle cricopharyngé (à incisé le muscle peaucier et l’aponévrose cervicale superficielle,
cause de l’intolérance engendrée), une perforation entreprenant le muscle sterno-cléido-mastoïdien est écarté latéralement, et le
la jonction gastro-œsophagienne et une lésion supérieure à 6 cm plan entre la carotide et le lobe gauche de la thyroïde est dissé-
de longueur. Un cancer et des antécédents de radiothérapie ne qué prudemment. L’abord de la gouttière trachéo-œsophagienne
sont pas associés à un échec du traitement [23] . est facilité par la section de la veine thyroïdienne moyenne, de
La complication la plus fréquente est la migration avec un taux l’artère thyroïdienne inférieure et du muscle omohyoïdien. En
variant de 24 % à 34 % avec l’obligation d’une révision et d’un cas de perforation récente, la dissection du tissu cellulograisseux
repositionnement [24, 25] . D’autres complications plus graves ont de la gouttière trachéo-œsophagienne est facile, mais, dans les
été décrites telles qu’une fistule œso-aortique ou le développe- cas tardifs, la dissection est malaisée et présente trois difficultés :
ment d’une fistule œsotrachéale [26, 27] . Pour prévenir de telles le repérage du nerf récurrent, la mobilisation de l’œsophage et
complications, le stent doit être retiré dans un délai de quatre à l’exposition de la perforation. Le plus souvent, le nerf récurrent
six semaines, et si un nouveau stent doit être placé, il faut veiller est repéré lorsqu’il croise l’artère thyroïdienne inférieure en arrière
à ce qu’il ne soit pas positionné exactement à la même place que de sa bifurcation. L’œsophage est situé en avant du rachis cervi-
le précédent. Il faut obtenir une radiographie de thorax dès la cal, et le positionnement d’une sonde naso-œsophagienne sous
mise en place et ensuite quotidiennement les premiers jours pour contrôle digital permet de le localiser. Avant toute mobilisation de
vérifier sa bonne position. l’œsophage, un débridement de toutes les membranes et de toutes

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Figure 1. Suture d’une perforation œso-


phagienne.
A. Réalisation d’une myotomie afin de
mettre en évidence l’étendue de la plaie
muqueuse qui est souvent plus large que la
plaie musculeuse.
B. Débridement minutieux des bords dévi-
talisés de la plaie.
C. Suture en deux plans avec des points
séparés.

les logettes situées en arrière et du côté opposé à l’œsophage est muscle au-dessus du plan précédent par des points séparés de fil
réalisé de même que dans le médiastin postérieur avec prélève- non résorbable 3-0 (Fig. 2B).
ment bactériologique. Un premier lavage au sérum physiologique Lambeau du sterno-cléido-mastoïdien. L’abord du muscle et
tiède est effectué. L’exposition de la perforation, si celle-ci n’est la mobilisation du lambeau nécessitent un agrandissement de la
pas visible directement, est facilitée par l’insufflation d’air par cervicotomie jusqu’au niveau de la mastoïde. Le muscle est exposé
la sonde naso-œsophagienne après avoir rempli d’eau la gout- sur toute sa longueur. Le chef sternal est sectionné le plus bas
tière trachéo-œsophagienne ou par l’administration de bleu de possible, et le faisceau sternal est séparé du faisceau claviculaire
méthylène. jusqu’à la partie moyenne du muscle (Fig. 3A). Avant de réali-
ser la rotation du lambeau vers l’œsophage, il faut s’assurer qu’il
Suture reste bien vascularisé et sans tension. Le lambeau est fixé autour
Avant de procéder à la suture, une myotomie longitudinale de de la perforation par des points séparés de fil non résorbable 3-0
part et d’autre de la brèche est réalisée de manière à exposer clai- (Fig. 3B).
rement la plaie de la muqueuse qui est souvent plus grande que
Drainage
la plaie de la musculeuse. Un parage des bords dévitalisés est éga-
lement effectué. La suture est confectionnée en deux plans, un Les drains doivent être larges, mous et plats, et doivent
plan muqueux par un surjet avec un fil résorbable 3-0 et un plan permettre éventuellement une irrigation quotidienne à la
®

musculeux par des points séparés avec un fil non résorbable 3-0 Polyvidone iodée diluée dans du sérum physiologique. Deux
®

(Fig. 1). Un test au bleu de méthylène permet de s’assurer de la types de drain sont possibles soit une simple lamelle en Silastic ,
bonne qualité de la suture. soit un drain aspiratif (type Jackson-Pratt) permettant une éven-
tuelle irrigation. Un drain est positionné dans le médiastin
Lambeau de renforcement postérieur, l’autre dans la région de l’abcès. Parfois, un troisième
Si la plaie est étendue ou s’il y a perte de substance [31] , la suture drain est positionné dans la région cervicale droite en fonction
peut être précaire, un renforcement par un lambeau musculaire des constatations peropératoires. Les drains sont extériorisés par
est indispensable. Deux lambeaux sont le plus souvent cités : le une contre-incision située en arrière et en bas de la cervicotomie.
meilleur est le lambeau du muscle grand pectoral parce qu’il est
solide, très bien vascularisé et situé dans une zone non conta- Perforation de l’œsophage thoracique
minée par l’infection [32–34] . De plus, il est possible d’y associer Le niveau de perforation détermine le côté de l’approche chi-
un lambeau cutané qui permet une réépithélialisation de la plaie rurgicale soit une thoracotomie latérale droite au niveau du
œsophagienne. Le deuxième lambeau est celui du sterno-cléido- cinquième ou sixième espace intercostal pour une perforation
mastoïdien qui est très facile à réaliser, mais sa vascularisation est située sur les deux tiers proximaux, soit une thoracotomie posté-
hasardeuse et son taux de nécrose proche de 10 % à 25 % [35–37] . rolatérale gauche centrée sur le septième espace intercostal pour
Lambeau du grand pectoral. Le pédicule cutané du lam- une perforation du tiers inférieur. Un abord thoracoscopique est
beau est dessiné sous forme d’une ellipse à hauteur de la partie également possible.
inférieure et interne du muscle, et la longueur du lambeau est
mesurée afin de s’assurer qu’il peut recouvrir sans tension la per- Exposition de l’œsophage par thoracotomie
foration située en position cervicale. Chez la femme, ce pédicule Thoracotomie droite. Le patient est positionné en décubitus
peut être prélevé à hauteur du pli inférieur du sein pour des rai- latéral gauche avec un billot placé sous la pointe de l’omoplate et
sons esthétiques. Après avoir incisé la peau, le derme est suturé à le membre supérieur droit dans un appui au-dessus de sa tête. Une
l’aponévrose musculaire pour éviter une interruption de l’apport intubation sélective est nécessaire. Si un épanchement pleural est
sanguin lors de la mobilisation du lambeau. L’incision cutanée présent du côté opposé, un drain pleural doit être placé avant
est prolongée de l’angle externe de l’ellipse vers le creux axillaire l’installation du patient de manière à assurer une ventilation cor-
afin d’exposer le muscle jusqu’à son insertion sur l’humérus. Le recte. Après ouverture de la cavité thoracique, une exploration
lambeau musculaire est confectionné par la division du muscle au minutieuse est débutée avec décortication pleurale, aspiration des
niveau de son attache interne sur le sternum et au niveau des deux collections, prélèvement bactériologique et lavage abondant. La
bords latéraux en se dirigeant vers l’insertion humérale (Fig. 2A). section du ligament triangulaire droit permet d’aborder le médias-
Un trajet sous-cutané suffisamment large est créé jusqu’à la tin postérieur. La veine azygos est facilement repérée, et il n’est
cervicotomie. Le lambeau est mobilisé vers la gouttière trachéo- pas nécessaire de la sectionner systématiquement au niveau de la
œsophagienne, retourné de 180◦ pour fixer d’abord la peau crosse. La plèvre médiastinale est largement ouverte en arrière du
désépidermisée sur l’œsophage autour de la suture ou de la perte péricarde, les tissus nécrotiques sont débridés dans le médiastin et
de substance par des points séparés de fil résorbable 4-0, puis le la plèvre. La perforation peut être difficile à repérer en raison des

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Figure 2. Lambeau musculocutané du grand


pectoral.
A. Le lambeau est prélevé à la partie interne et
inférieure du muscle et mobilisé dans la région cer-
vicale droite par un trajet sous-cutané.
B. Au niveau cervical, il est retourné de 180◦ pour
fixer la peau autour de la suture, puis le muscle
au-dessus.

Figure 3. Lambeau musculaire du sterno-cléido-


mastoïdien.
A. Le faisceau sternal est sectionné le plus bas pos-
sible et séparé du faisceau claviculaire (pointillés).
B. Il est mobilisé sans traction jusqu’à l’œsophage
et fixé autour de la suture.

phénomènes infectieux, la mise en place d’une sonde gastrique types de lambeau sont possibles : pleural, gastrique, intercostal,
avec insufflation d’air ou l’administration de bleu de méthylène diaphragmatique, péricardique ou épiploïque [6, 31, 38–41] .
peut aider à sa localisation ou réalisation d’une endoscopie per- Lambeau de plèvre pariétale. Ce type de lambeau décrit par
opératoire. La mobilisation de l’œsophage doit être minimale afin Grillo en 1975 est le lambeau de référence car il est efficace et
de ne pas le dévasculariser. simple à réaliser [42] . Il convient pour renforcer une suture située
Thoracotomie gauche. Le patient est installé en décubitus sur n’importe quelle portion de l’œsophage thoracique. De plus, la
latéral droit avec un billot sous la pointe de l’omoplate et le plèvre est devenue épaisse en réponse à l’inflammation et consti-
membre supérieur gauche placé vers l’avant. L’incision cutanée tue un lambeau solide.
est faite à hauteur du septième espace intercostal. Après ouverture En cas d’abord thoracique droit, la plèvre est incisée en forme
de la cavité thoracique, le ligament triangulaire gauche est sec- de U en regard de la perforation et décollée en avant de la veine
tionné et la plèvre médiastinale est incisée en arrière du péricarde azygos et des artères et veines intercostales droites. En cas de
et en avant de l’aorte. Après décortication, aspiration et lavage, thoracotomie gauche, le lambeau pleural est disséqué en avant
l’œsophage et la perforation sont localisés. de l’aorte et des branches vasculaires intercostales gauches. Il
est important de délimiter des extrémités latérales suffisamment
Suture
longues pour recouvrir soit la face antérieure de l’œsophage, soit
La suture simple est réservée aux cas très précoces sur œsophage toute sa circonférence. La largeur du lambeau doit également être
sain non sténosé et peu inflammatoire. appréciée afin de recouvrir toute la suture. Après mobilisation du
La réalisation d’une myotomie, d’un débridement et d’une lambeau, celui-ci est fixé sur l’œsophage par des points séparés de
suture en deux plans est également d’application ici. Il faut fil non résorbable 3-0 (Fig. 4).
s’assurer que les orifices de la sonde nasogastrique sont position- Lambeau gastrique. Décrit par Thal en 1964, ce type de
nés de part et d’autre de la suture. lambeau permet de renforcer une suture située sur l’œsophage
Lambeau de renforcement thoracique inférieur [43] . Comme il est très résistant, mobile et très
Si la suture simple n’est pas possible ou hasardeuse, un lambeau bien vascularisé, il constitue le lambeau de référence en cas de
de couverture permet de diminuer le risque de désunion de 50 % syndrome de Boerhaave. Cependant, il ne peut être réalisé que
à 10 % dans les cas diagnostiqués au-delà de six heures. Plusieurs par une thoracotomie gauche et nécessite une phrénotomie.

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Traitement des perforations œsophagiennes  40-220

Figure 4. Lambeau de la plèvre pariétale (A). Le lambeau est incisé en regard de la perforation avec
des dimensions suffisamment larges pour recouvrir la suture ou l’œsophage (B, C).

Figure 5. Lambeau gastrique selon Thal.


A. Réalisation d’une phrénotomie radiaire.
B. Ascension de la grosse tubérosité dans le thorax.
C. Fixation du lambeau autour de la suture.
D. Fixation du lambeau autour de l’œsophage.

La phrénotomie est habituellement une section diaphragma- raison de sa solidité, de sa très bonne vascularisation et de sa situa-
tique radiée qui démarre à la partie moyenne du diaphragme entre tion dans une zone non contaminée par l’infection. En effet, la
les reliefs du foie et de la rate et qui se dirige vers l’hiatus œso- nécessité d’une décortication pleurale étendue peut rendre impra-
phagien (Fig. 5A). Elle condamne la branche postérieure du nerf ticable un lambeau pleural. De plus, il peut renforcer n’importe
phrénique. La grosse tubérosité gastrique est saisie sur pince de quelle portion de l’œsophage thoracique et peut être réalisé aussi
Babcock (Fig. 5B), et la section de deux ou trois vaisseaux courts bien par voie thoracique droite que gauche.
gastrospléniques permet une bonne ascension de l’estomac dans Le muscle intercostal choisi comme lambeau est exposé sur
le thorax. Le renforcement de la suture est réalisé soit en fixant la toute sa longueur. Le périoste de la côte sus-jacente est incisé
séreuse gastrique à la musculeuse œsophagienne de part et d’autre au niveau de sa face antérieure au bistouri électrique et séparé
de la perforation (Fig. 5C), soit en confectionnant un manchon de l’os au moyen d’une rugine en continuité avec le muscle
gastrique de 360◦ autour de l’œsophage (Fig. 5D). intercostal sous-jacent. Il est important de préserver l’insertion
Lambeau intercostal. Il est obligatoire de le confectionner musculaire du périoste afin de ne pas traumatiser le paquet vascu-
avant la mise en place du rétracteur costal afin d’éviter de bles- lonerveux (Fig. 6A). La côte sus-jacente est soulevée délicatement
ser le paquet vasculonerveux. Malgré cela, il a ses défenseurs en vers le haut, et la plèvre pariétale est incisée en continuité avec le

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Figure 6. Lambeau du muscle intercostal.


A. Incision du périoste sous le bord inférieur de
la côte sus-jacente en laissant intacte l’insertion
musculaire.
B. Séparation du muscle au voisinage du bord
supérieur de la côte inférieure.
C. Section de l’extrémité inférieure du lambeau
qui reste vascularisée par son attache posté-
rieure.
D. Transposition du lambeau vers l’œsophage
en fin d’opération.

lambeau musculaire. Le muscle intercostal est alors incisé au voi-


sinage du bord supérieur de la côte sous-jacente en laissant en
place le périoste et l’insertion musculaire (Fig. 6B). Cette côte est
également rétractée au doigt vers le bas, et la plèvre est section-
née en continuité avec le muscle. Le lambeau n’est plus suspendu
que par ses attaches antérieure et postérieure. Le bord antérieur
du lambeau est clampé et sectionné à la lame froide. L’extrémité
antérieure du lambeau doit montrer un flux sanguin correct, et
les vaisseaux sont ligaturés soigneusement (Fig. 6C). Le lambeau
est protégé par une compresse imbibée de sérum physiologique
et est positionné dans la partie postérieure de la thoracotomie.
Le rétracteur costal peut être mis en place et l’exploration tho-
racique poursuivie. Le lambeau vient recouvrir la suture en fin
d’intervention (Fig. 6D).
Lambeau diaphragmatique. Il a les mêmes qualités que le
lambeau intercostal, mais il ne peut renforcer qu’une perfora-
tion située sur le tiers inférieur de l’œsophage [44] . Il représente
une bonne alternative à un lambeau de Thal en cas d’antécédents Figure 7. Lambeau diaphragmatique.
chirurgicaux gastriques. Le lambeau est préparé en incisant le dia- A. Incision du lambeau en forme d’arche en respectant l’artère diaphrag-
phragme en forme de U ou de V. L’incision démarre à la partie matique inférieure.
postérieure du diaphragme, 3 cm en avant du pilier droit, afin B. Fixation du lambeau autour de la suture par retournement sans traction.
de ne pas blesser l’artère diaphragmatique inférieure (Fig. 7A).
L’incision est prolongée en avant et à gauche en forme d’une lisé dans le thorax à travers un tunnel rétrosternal. Une incision
arche. La longueur du lambeau est estimée en fonction de la de la plèvre médiastinale permet de le récupérer dans ce trajet et
distance de la perforation en ajoutant 2 cm par sécurité. Il est de le positionner autour de l’œsophage.
important que la largeur mesure plus ou moins un quart de la
Drainage
longueur. Le lambeau est amené vers la perforation par rotation
prudente et fixé par des points séparés de fil non résorbable 3-0 Le drain doit être de type Jackson-Pratt ayant l’avantage d’être
(Fig. 7B). Le diaphragme est refermé solidement par des points large, souple et raccordé à un système d’aspiration étanche. En cas
séparés de fil non résorbable afin d’éviter une éventuelle rupture de suture, ce drain doit être positionné près de celle-ci, mais pas à
postopératoire. son contact immédiat. Deux drains pleuraux sont également mis
Lambeau épiploïque. En 1988, Mathisen a décrit les résultats en place, l’un en postéro-inférieur, l’autre en antérosupérieur. Le
de l’utilisation de l’épiploon pour renforcer une suture œsopha- drain de Jackson-Pratt doit être laissé en place au moins sept jours
gienne [45] . En cas de thoracotomie gauche, il peut être réalisé par et ne peut être mobilisé qu’après s’être assuré d’une cicatrisation
une phrénotomie radiaire, et un large décollement coloépiploïque correcte par une opacification de contrôle de l’œsophage.
permet de pédiculiser l’épiploon sur les vaisseaux gastroépi- Cas particuliers : œsophage pathologique
ploïques droits et de le mobiliser sans difficulté dans la cavité Perforation sur achalasie. S’il n’y a pas de contamination
thoracique. En cas de thoracotomie droite, une laparotomie ou pleurale, un abord abdominal par cœlioscopie ou par laparo-
une laparoscopie est nécessaire, et le lambeau épiploïque est mobi- tomie permet de fermer la brèche pariétale, associée à une

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Traitement des perforations œsophagiennes  40-220

cardiomyotomie complémentaire et à une valve gastrique de type


Dor ou Toupet. En cas de contamination pleurale, un abord tho-
racique gauche par thoracoscopie ou thoracotomie permet la
décortication pleurale ainsi que la suture de la perforation œso-
phagienne associée à une cardiomyotomie controlatérale [46] .
Perforations sur sténoses séquellaires. La majorité peut
être traitée médicalement, mais les chances de préservation de
l’œsophage à moyen et long termes sont compromises [46] . Si un
traitement chirurgical de la perforation est réalisé, il faut veiller à
traiter la sténose par dilatation ou réaliser une résection œsopha-
gienne.
Cancer de l’œsophage perforé. Les patients jugés inopérables
au vu de l’état général ou d’un cancer non résécable ou méta-
statique peuvent être traités par prothèse. Les patients opérables
peuvent bénéficier d’une résection chirurgicale mais le pronostic
à moyen terme est sombre avec un taux élevé de récidive locoré-
gionale et une survie médiane de 10,9 mois [47] .

Œsophagectomie
Indications. L’œsophagectomie est indiquée si la perforation
survient sur un œsophage pathologique (cancer résécable, sté-
nose réfractaire, achalasie décompensée) [46] ou si le délabrement
œsophagien est important.
Techniques. Les techniques d’œsophagectomie sont décrites
dans l’article « Chirurgie des cancers de l’œsophage » de l’EMC [48] .
Le seul commentaire à apporter concerne la confection de
l’anastomose œsogastrique. Celle-ci doit être réalisée idéalement
au niveau cervical à distance des foyers infectieux [49, 50] . Si le
patient est instable, une œsophagostomie associée à une gas- Figure 8. Exclusion œsophagienne bipolaire. L’exclusion haute de
trostomie est réalisée avec un rétablissement de la continuité l’œsophage représentée sur cette figure par une stomie latérale peut être
ultérieurement. remplacée par un agrafage automatique comme pour l’exclusion basse.

Exclusion œsophagienne
Une exclusion œsophagienne est réservée dans les cas de
médiastinite sévère, d’une lésion non résécable, d’un patient en
mauvais état général, ou en cas d’échec d’un traitement anté-
rieur [51] . Elle consiste en la suppression du passage de la salive et
du liquide gastrique à travers la perforation par une interruption
de la continuité au niveau de l’œsophage cervical et de l’œsophage
juxta-hiatal ; une gastrostomie de drainage et une jéjunostomie
d’alimentation y sont associées.
La première étape consiste en la réalisation de l’interruption
de la continuité du bas œsophage soit par voie thoracique si un
drainage, une suture ou une fistulisation dirigée sont nécessaires,
soit par voie abdominale. L’œsophage juxta-hiatal est exclu par
une ligne d’agrafes résorbables ou non avec un appareil de type
TA 60 (Fig. 8).
L’interruption de l’œsophage cervical est réalisée par une cervi-
cotomie gauche classique. En cas d’option d’une œsophagostomie
cervicale, celle-ci peut être terminale si une résection œsopha-
gienne est prévue ou latérale si l’œsophage reste en place. Il est
important de mobiliser l’œsophage cervical le plus loin possible
dans le médiastin, en prenant garde de ne pas léser le nerf récur-
rent gauche. Cette mobilisation doit permettre de confectionner
la stomie à la partie inférieure de la cervicotomie sans traction.
La stomie est maturée par des points séparés de fil résorbable 4-0
chargeant toute la paroi œsophagienne et le derme. Si l’exclusion
haute est réalisée par agrafage automatique, elle est réalisée avec
un appareil de type TA 60 en laissant en place l’œsophage. Une
gastrostomie de drainage et une jéjunostomie d’alimentation sont
effectuées.
Figure 9. Fistulisation dirigée. Mise en place d’un drain de Kehr de gros
Fistulisation dirigée calibre (1). Un drain de type de Jackson-Pratt doit être positionné au voi-
Une technique de fistulisation dirigée a été proposée comme sinage (2). La sonde gastrique peut être remplacée par une gastrostomie.
alternative thérapeutique. Le principe repose sur celui du drain
de Kehr utilisé en chirurgie biliaire et en 1970, Abott en a préco-
nisé l’application dans le cadre d’une perforation de l’œsophage Après réalisation de la thoracotomie, débridement, lavage et
thoracique [52] . Les défenseurs de cette technique insistent sur sa examen de la perforation, les deux bras d’un drain en T de gros
simplicité et son efficacité avec un taux de réussite proche de calibre sont positionnés dans l’œsophage à travers la perforation,
60 % [53–55] . D’autres équipes, en revanche, l’ont abandonnée car et une suture de celle-ci est réalisée par des points totaux de fil
elle est contraignante pour le malade et n’est pas optimale en non résorbable 3-0. Le drain est extériorisé par une contre-incision
termes de contrôle de la contamination [4, 56] . Cette technique est antérolatérale basse en s’assurant qu’il n’est pas sous tension
remplacée par une réparation primaire ou par la mise en place (Fig. 9). Il est conseillé de fixer ce drain au diaphragme pour
d’un stent dans le cadre d’une technique hybride. éviter sa mobilisation accidentelle. Un drain de Jackson-Pratt est

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40-220  Traitement des perforations œsophagiennes

également positionné à proximité de la suture, ainsi que les deux Suture. Les gestes sont identiques à ceux décrits pour les autres
drains pleuraux classiques. Après réalisation d’une opacification localisations.
de contrôle à la troisième ou quatrième semaine, le drain de Kehr Lambeau de renforcement.. Lambeau gastrique. La réali-
est progressivement mobilisé et enlevé, en laissant encore en place sation d’un lambeau gastrique représente le meilleur moyen de
le drain de Jackson-Pratt. Une fistule œsocutanée peut apparaître renforcer la suture. Il peut être confectionné selon Thal ou selon
avec un tarissement spontanément dans la plupart des cas. Nissen (Fig. 11).
Thoracoscopie Lambeau épiploïque. En cas d’antécédent de chirurgie gastrique,
Un abord thoracoscopique peut être utilisé soit pour traiter la le lambeau épiploïque constitue la meilleure alternative.
perforation par suture ou par mise en place d’un T-tube, soit pour Drainage. Deux drains de Jackson-Pratt sont recommandés,
réaliser un drainage de collection ou une décortication associée à l’un en sous-phrénique gauche, l’autre en sous-hépatique à côté
un traitement endoscopique [57–60] . du bord droit de l’œsophage remontant dans le médiastin.
L’avantage de la thoracoscopie – outre les effets positifs de la chi- Laparoscopie
rurgie mini-invasive sur la douleur postopératoire, la diminution Une approche laparoscopique est possible en cas de perforation
du trauma et de l’inflammation postopératoire – est un agran- distale de l’œsophage. La technique comporte la mise en place
dissement de l’image permettant une meilleure visualisation des de cinq trocarts (deux de 10 mm en sus-ombilical sur la ligne
berges de la plaie ainsi qu’une meilleure ventilation en postopé- médiane pour l’optique de 30◦ et dans l’hypochondre gauche, et
ratoire [61, 62] . trois de 5 mm sous-costal droit et gauche et un hypochondre droit)
Le patient est positionné en décubitus latéral droit ou gauche en (Fig. 12). Les techniques utilisées sont les mêmes qu’en laparoto-
fonction du site de la perforation, bien que certaines équipes aient mie avec dissection de l’hiatus et agrandissement en sectionnant
utilisé un décubitus ventral (comme pour une œsophagectomie
mini-invasive) [63] ou, vu le risque de conversion non négligeable,
un semi-décubitus latéral (semi-prone position des Anglo-Saxons)
peut être utilisé [64] .
Trois à quatre trocarts sont positionnés en décubitus latéral : un
de 10 mm au niveau du septième espace intercostal sur la ligne
axillaire moyenne pour l’optique, un de 10 mm au sixième espace
intercostal sur la ligne axillaire antérieure pour introduire les ins-
truments, un autre au niveau du huitième espace intercostal sur
la ligne axillaire médiane, et un dernier au niveau du neuvième
espace intercostal sur la ligne axillaire postérieure (Fig. 10).

Perforation de l’œsophage abdominal


Les options possibles sont une suture avec lambeau de renforce-
ment, une résection œsogastrique et une suture avec renforcement
accompagnée du traitement local d’une affection sous-jacente.
Si l’œsophage est sain, quels que soient le délai du diagnostic et
l’état général du patient, la meilleure option est une suture avec
lambeau de renforcement et drainage [31, 65] .
Laparotomie
Le patient est placé en décubitus dorsal strict. Après exploration,
prélèvement bactériologique et lavage, une courte phrénotomie
antérieure doit être systématiquement réalisée afin d’exposer
l’œsophage thoracique inférieur. Cette phrénotomie est facilitée
par l’introduction de l’index par l’orifice hiatal, ce qui permet de
refouler le péricarde et d’inciser les fibres musculaires sans risque.
L’œsophage abdominal est mobilisé par rapport à la membrane
phréno-œsophagienne et aux deux piliers du diaphragme. Il est
important de respecter les nerfs pneumogastriques. La mise en
place d’un lacs autour de l’œsophage permet une dissection de
celui-ci dans le médiastin en prenant garde de ne pas ouvrir la Figure 10. Thoracoscopie. Position du patient et des trocarts pour une
plèvre ou le péricarde. L’identification de la perforation est géné- thoracoscopie droite. LAA : ligne axillaire antérieure ; LAM : ligne axillaire
ralement aisée. moyenne ; LAP : ligne axillaire postérieure.

Figure 11. Renforcement de la suture par une


fundoplicature de 360◦ (A, B).

10 EMC - Techniques chirurgicales - Appareil digestif

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Traitement des perforations œsophagiennes  40-220

être retenu dans des conditions strictes. Un traitement endosco-


pique peut être proposé si la fistule mesure moins de 6 cm et
se situe à l’étage thoracique, mais il faut y associer un drainage
de toutes les collections que ce soit par simple drainage thora-
cique, par radiologie interventionnelle ou par chirurgie. En cas
d’échec de ce traitement, il faut adapter la stratégie. Une locali-
sation cervicale ou abdominale bénéficie préférentiellement d’un
traitement chirurgical. Au niveau thoracique, un traitement endo-
scopique ou un traitement chirurgical peuvent être proposés. Du
point de vue chirurgical, le renforcement de la suture par un
lambeau permet de diminuer le risque de fistule. Plusieurs types
de lambeau peuvent être utilisés, et il est toujours possible d’en
confectionner un sans difficulté. Lorsque la suture est hasardeuse,
des alternatives comme la fistulisation dirigée ou l’exclusion œso-
phagienne (technique très invalidante) permettent parfois de
redresser une situation compromise. Le recours à une œsopha-
gectomie ne devrait être réservé que dans le traitement définitif
d’une perforation associée à une pathologie œsophagienne pré-
existante si l’état général du patient le permet. Quelle que soit la
tactique choisie, une concertation multidisciplinaire associant les
gastroentérologues, les chirurgiens, les anesthésistes-réanimateurs
et les radiologues permet d’obtenir les meilleurs résultats.

Figure 12. Laparoscopie. Position du patient et des trocarts en laparo-


“ Points essentiels
scopie. 1. Moniteur ; 2. instrumentiste ; 3. aide ; 4. opérateur. • Il faut respecter les règles strictes pour un traitement
conservateur.
le diaphragme, débridement des tissus nécrosés, drainage des col- • Un traitement endoscopique doit être associé à un drai-
lections et réalisation d’une suture associée à un lambeau. La nage des collections soit radiologique, soit chirurgical. Les
suture peut être difficile si la plaie est latérale [66] . Une myotomie clips sont réservés à de petites perforations (inférieures à
controlatérale peut également être réalisée en cas de perforation 2 cm), une prothèse à une perforation thoracique infé-
sur dilatation pour achalasie [67] . rieure à 6 cm n’atteignant pas la jonction œsogastrique.
La mise en place d’une jéjunostomie d’alimentation peut éga- • Il existe une multitude de techniques chirurgicales à
lement être réalisée par cœlioscopie. adapter à chaque patient en fonction de l’étiologie de la
perforation, de l’état général du patient, du délai du diag-
Fistule postopératoire nostic, d’une pathologie œsophagienne sous-jacente et de
Le taux de fistulisation postopératoire varie entre 22 et l’expérience des équipes locales.
39 % [56, 68] . Une localisation thoracique est plus à risque de fistu-
lisation surtout en cas de cancer (22,8 % de fistule si perforation
non maligne contre 43,7 % si maligne) [56] .
Le traitement de ces fistules peut être conservateur avec drai-
nage pleural et/ou médiastinal, poursuite du jeûne en attendant
une cicatrisation secondaire. Une autre approche est de proposer Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
la mise en place d’une prothèse œsophagienne permettant une d’intérêts en relation avec cet article.
occlusion de la fistule dans 93 % des cas [69] et permettant au
®
patient de se réalimenter rapidement ; voire une VAC thérapie.
En cas d’échec du traitement conservateur, les options chirurgi-
cales sont soit une résection avec ou sans rétablissement de la
 Références
continuité, soit une exclusion œsophagienne.
[1] Biancari F, D’Andrea V, Paone R, Di Marco C, Savino G, Koivukangas
V, et al. Current treatment and outcome of esophageal perforations in
adults: systematic review and meta-analysis of 75 studies. World J Surg
 Mortalité 2013;37:1051–9.
[2] Markar SR, Mackenzie H, Wiggins T, Askari A, Faiz O, Zaninotto
D’après une revue récente de la littérature [1] , la mortalité globale G, et al. Management and outcomes of esophageal perforation: a
est de 11,9 %, celle-ci varie en fonction de la localisation (cervi- national study of 2564 patients in England. Am J Gastroenterol
cale 5,9 %, thoracique 10,9 %, abdominale 13,2 %) ; de l’étiologie 2015;110:1559–66.
(corps étranger 2,1 %, iatrogène 13,2 %, spontanée 14,8 %) ; [3] Brinster CJ, Singhal S, Lee L, Marshall MB, Kaiser LR, Kucharczuk
du délai de prise en charge (moins de 24 heures 7,4 %, plus de JC. Evolving options in the management of esophageal perforation.
24 heures 20,3 %) et du type de traitement (suture primaire 9,5 %, Ann Thorac Surg 2004;77:1475–83.
œsophagectomie 13,8 %, T-tube 20 %, stent 7,3 %). [4] Chirica M, Champault A, Dray X, Sulpice L, Munoz-Bongrand N, Sar-
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V. De Moor, Praticien hospitalier (veronique.demoor@uclouvain.be).


J. Lemaire, Chef de clinique adjoint.
A. Rosière, Chef de clinique.
L. Michel, Professeur ordinaire émérite.
Service de chirurgie digestive, endocrinienne et générale, CHU UCL Namur – site de Mont-Godinne, avenue Gaston-Thérasse, 1, 5530 Yvoir, Belgique.

Toute référence à cet article doit porter la mention : De Moor V, Lemaire J, Rosière A, Michel L. Traitement des perforations œsophagiennes. EMC - Techniques
chirurgicales - Appareil digestif 2018;13(4):1-13 [Article 40-220].

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