Résorptions radiculaires

et gestion orthodontique
des dents traumatisées
Root resorption
and orthodontic management
of traumatized teeth
Cécilia BOURGUIGNON

RÉSUMÉ
Les chocs peuvent provoquer des fractures coronaires, des fractures radiculaires, des
fractures corono-radiculaires, des concussions, des sub-luxations, des extrusions, des
luxations latérales, des impactions et des avulsions. Les facteurs et mécanismes de
résorption radiculaire seront abordés dans un premier temps. Puis, les séquelles paro-
dontales, et leurs conséquences du point de vue orthodontique seront discutées.

ABSTRACT
Injuries to the teeth can provoke crown fractures, root fractures, crown-root fractures,
concussions, subluxations, extrusive luxations, lateral luxations, intrusive luxations and
avulsions. Mechanisms and types of post-traumatic root resorption will be first described.
Then, the attachment apparatus damages and their consequences as related to orthodontic
management will be discussed.

MOTS CLÉS
Résorption radiculaire – Ankylose – Technique de «décapitation coronaire» – Contrôle
radiographique périapical – Pronostic – Impaction – Égression orthodontique.

Adresse
de correspondance : KEYWORDS
C. BOURGUIGNON
6, rue Bénouville
Root resorption – Ankylosis – Decoronoration procedure – Periapical X-rays – Pronostic –
75116 Paris. Intrusion – Orthodontic extrusion.

Bourguignon C. Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées. Rev Orthop Dento Faciale 2005;39:43-67. 43

Article publié par EDP Sciences et disponible sur le site http://odf.edpsciences.org ou http://dx.doi.org/10.1051/odf/2005020
 C. BOURGUIGNON
1 - INTRODUCTION (fig. 1)
Après un traumatisme, il est nécessaire d’analy-
ser les éléments suivants avant tout traitement
orthodontique :
– l’évaluation pronostique des dents traumati-
sées ;
– la nécessité de recours aux différentes disci-
plines dentaires (pédodontie, endodontie, parodon-
tie, chirurgie, implantologie, dentisterie opératoire,
prothèse) ;
– la planification et l’opportunité adéquates de
la séquence thérapeutique.
Les chocs peuvent provoquer des fractures coro-
naires, des fractures radiculaires, des fractures
corono-radiculaires, des concussions, des sub-
luxations, des extrusions, des luxations latérales,
des impactions et des avulsions.
Les dents traumatisées sont alors affectées de
façon simple ou combinée. Par exemple, une frac-
ture coronaire peut être associée à une sub-luxa-
tion. La pulpe, le parodonte et la structure dentaire
per se sont touchés à différents degrés selon le
traumatisme subi.
Les séquelles pulpaires des chocs trauma-
tiques, ainsi que leurs conséquences du point de
vue orthodontique, sont analysées dans l’article du
Dr E. Mandel.
Les séquelles parodontales, et leurs consé-
quences du point de vue orthodontique seront discu-
tées ici, car elles peuvent rendre la dent susceptible
aux phénomènes de résorption radiculaire.
Une résorption peut être définie comme la dis-
parition d’une structure, par exemple de l’os ou
d’une dent, laquelle est absorbée par l’organisme
44
Figure 1
Before orthodontic treatment of a trau-
matized dentition is initiated, several factors
should be analyzed. An appropriate correc-
tion of a malocclusion should include an
evaluation of the prognosis for the injured
teeth. The different dental specialties (pedo-
dontics, endodontics, periodontics, oral
surgery, implantology, restorative dentistry)
should be involved in the treatment plan-
ning. Furthermore, the adequate planning
of treatment sequence and timing are essen-
tial.
Injuries to the teeth can provoke crown
fractures, root fractures, crown-root frac-
tures, concussions, subluxations, extrusive
luxations, lateral luxations, intrusive luxa-
tions and avulsions. These injuries can occur
solely or in a combined fashion, i.e. a crown
fracture associated with a subluxation. The
pulp, the attachment apparatus and the
tooth structure per se are affected to different
degrees depending on the type of injury.
The post traumatic pulp damages and
their consequences as related to orthodon-
tics are discussed in Dr E. Mandel’s article in
this present journal issue.
The attachment apparatus damages and
their consequences as related to orthodontic
management will be discussed below, as
they may render the involved teeth suscep-
tible to root resorption.
Resorption is the disappearance of a
structure, i.e. bone or tooth, which is absor-
bed by the organism through the blood-
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
à travers la circulation sanguine ou lympha-
tique. Il est nécessaire qu’un certain degré d’in-
flammation soit présent afin que ce processus
puisse être activé ou maintenu. Des cellules ré-
sorptives spécifiques (les ostéoclastes pour l’os
et les «dentinoclastes» pour la dentine) s’atta-
quent aux composants inorganiques et orga-
niques des tissus durs. Ces cellules sont multi-
nucléées, contiennent habituellement de 20 à 30
noyaux, bien que certaines puissent contenir en-
viron 100 noyaux. Les ostéoclastes s’attachent
à l’os au travers d’une zone rugueuse, qui se
présente comme un complexe de digitations et
de projections cytoplasmiques recouvertes par
la membrane cellulaire.
Habituellement, même en présence d’in-
flammation, les dents permanentes ne se
résorbent pas, car celles-ci sont naturellement
résistantes aux phénomènes de résorption.
Cela est possible grâce au rôle protecteur des
couches de pré-cément et de pré-dentine.
Toutefois, si un traumatisme endommage ou
élimine ces couches protectrices, et si une
inflammation pulpaire ou parodontale
s’ajoute, une résorption radiculaire pourra
être induite.
2 - MÉCANISMES ET TYPES
DE RÉSORPTIONS RADICULAIRES
POST-TRAUMATIQUES
Les résorptions radiculaires post-trauma-
tiques sont le plus souvent dites externes, car
elles se localisent sur la surface externe de la
racine. Elles peuvent survenir lorsqu’un dom-
mage de la couche protectrice pré-cémentaire a
eu lieu. Ce dommage peut être localisé ou dif-
fus. Il peut être créé directement par le trauma-
tisme lui-même ou indirectement, lorsqu’il
résulte de l’inflammation post-traumatique.
Un certain degré d’inflammation initiale est
toujours prévisible après un traumatisme.
Toutefois, si l’inflammation, ainsi que le stimu-
lus responsable de l’inflammation persistent, la
résorption pourra se poursuivre soit selon un
mode transitoire (stimulus de courte durée), soit
selon un mode progressif (stimulus de longue
durée).
De plus, l’inflammation post-traumatique
peut agir à la fois comme inducteur, et comme
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
stream and lymphatics. A certain degree
of inflammation is a pre-requisite for
the activation and/or maintenance of a
resorptive process. The mechanism of hard
tissue resorption requires the controlled
removal of both its inorganic and organic
components by specific resorbing cells- the
osteoclasts for bone and the sometimes-
called “dentinoclasts” for dentin resorp-
tion. They are multi-nucleated cells, contai-
ning usually 20-30 nuclei, although some
may contain as many as a 100 nuclei.
Osteoclasts attach to the bone through their
“ruffled border zone”, which is a complex
of cytoplasmic projecting digitations cove-
red by the cell membrane.
Under normal circumstances root
resorption of permanent teeth does not
occur, because an intact root is naturally
resistant to resorption, even in the presence
of inflammation. This is due to the protec-
tive action of the pre-cementum and pre-
dentin layers. However, if an injury
removes or modifies these protective layers
and if periodontal or pulpal inflammation
turns up, root resorption can be induced.
2 - MECHANISMS AND TYPES
OF POST-TRAUMATIC
ROOT RESORPTION
Resorption resulting from a traumatic
injury is usually external, meaning that it
locates on the outer surface of the root.
External root resorption can appear if
damage to the protective pre-cemental
layer covering the root surface has occur-
red. This damage can be localized or dif-
fuse. It can be created in a direct fashion by
the trauma itself or indirectly, when it
results from a post-injury inflammation.
Some degree of inflammation is always
expected initially after an injury. However, if
the inflammation persists, depending on the
nature of the inflammatory stimulus, resorp-
tion may proceed on a transient (short dura-
tion stimulus) or on a progressive (persistent
stimulus) modality.
Thus, post-injury inflammation may act
both as an inductor and as a maintaining
45
 C. BOURGUIGNON
facteur de maintien, de la résorption radiculaire.
Ce concept est d’importance car il oriente le trai-
tement vers des approches tendant à minimiser la
réponse inflammatoire post-traumatique, de telle
façon que la réparation cémentaire puisse se faire.
Dans ce sens, plusieurs études récentes ont pro-
posé de nouvelles alternatives thérapeutiques,
notamment pour améliorer la réparation des dents
expulsées et réimplantées.
En règle générale, les dents déplacées (ingres-
sées, expulsées, latéralement luxées, égressées
– dans cet ordre –) souffrent de plus graves dom-
mages au niveau du pré-cément et de leur sys-
tème d’attache que les dents non déplacées
(subluxées, commotionnées). Par exemple, suite
à des intrusions, l’incidence d’ankylose et de
résorption inflammatoire est de 24 et 38 % res-
pectivement, lorsque l’incidence de ces mêmes
complications oscille entre 0 et 0,5 % pour les
dents non déplacées4.
Suite à un traumatisme, trois principaux types
de résorption externe peuvent survenir : les resorp-
tions de surface, les résorptions de remplacement
et les résorptions inflammatoires. Quelquefois, des
résorptions cervicales (résorptions externes sous-
épithéliales) peuvent se manifester. Toutefois, si
les traitements d’urgence et les suivis sont adé-
quatement institués immédiatement après le
traumatisme, les complications peuvent être
évitées ou minimisées. À cet égard, il est conseillé
de suivre les modalités de traitement indiquées
dans les «Guidelines for the evaluation and
management of traumatic dental injuries»
(«Recommandations pour l’évaluation et la ges-
tion des traumatismes dentaires»), lesquelles
sont préconisées par l’IADT (International
Association of Dental Traumatology)12.
2 - 1 - Résorptions de surface (fig. 2)
Ce type de résorption se produit à la suite d’un
dommage léger au niveau du cément et de la sur-
face radiculaire. Ce dommage peut être réparé
spontanément par un rétablissement du ligament
parodontal (LP) et par apparition de néo-cément en
deux à quatre semaines. Ce type de résorption est
transitoire et auto-limitant. À l’examen radiogra-
phique, il est parfois possible de voir de petites
lacunes ou excavations, limitées par un espace des-
modontal et par une lamina dura normale, et le plus
souvent localisées latéralement le long de la sur-
face radiculaire, mais parfois apicalement, ce qui
entraîne un léger raccourcissement de la racine.
46
factor for root resorption. This concept
is important as it orientates treatment
approaches towards minimizing the post-
traumatic inflammatory response so that
cemental healing can take place. In that
sense, several recent studies have propo-
sed new treatment alternatives, espe-
cially to improve healing after
replantation of avulsed teeth.
Displaced teeth (intruded, avulsed,
laterally luxated, extruded – in that
order –), as a rule, suffer more severe
damage to the pre-cementum and attach-
ment apparatus than non-displaced teeth
(subluxated, concussed). As an example,
following intrusive injuries, the inci-
dence of ankylosis and inflammatory
root resorption is 24% and 38% respecti-
vely as compared with the incidence of
those complications in non-displaced
teeth which oscillates from 0 to 0,5%4.
After trauma, three main types of
external root resorption may result: sur-
face resorption, replacement resorption
and inflammatory resorption. Sometimes,
cervical resorptions (sub epithelial exter-
nal root resorptions) are also seen.
However, if proper emergency treatment
and follow-up are instituted soon after
trauma, some complications may be pre-
vented or minimized. In that respect, it is
advisable to follow the treatment actions
indicated in the “Guidelines for the eva-
luation and management of traumatic
dental injuries”, which are advocated by
the IADT (International Association of
Dental Traumatology)12.
2 - 1 - Surface resorption (fig. 2)
This type of resorption occurs when
there is only minor damage to the pre-
cementum and root surface, which can be
repaired spontaneously by new cementum
and periodontal ligament (PDL) in about
2-4 weeks. This type of resorption is tran-
sient and self-limiting. When visible radio-
graphically, it is seen as small lacuna or
excavations, delineated by a periodontal
width space and a normal lamina dura,
usually along the lateral root surfaces but
sometimes apically, the latest resulting in a
slight shortening of the root.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth

Figure 2
Résorption radiculaire de surface au
niveau d’une incisive centrale maxil-
laire droite (11).
Surface resorption on right central
incisor (# 11).

Les dents concernées peuvent être déplacées Involved teeth can be moved ortho-
othodontiquement avec un pronostic similaire à dontically with a prognosis similar to
celui de dents non-traumatisées. that of uninjured teeth.

2 - 2 - Résorption inflammatoire 2 - 2 - Inflammatory root resorption

(fig. 3 et 4 a et b) (fig. 3 and 4 a and b)
Ce type de résorption se produit lorsque, à un Occurs when associated to severe
dommage sévère du pré-cément et du ligament pre-cementum and attachment damage,

Figure 3
Résorption radiculaire inflamma-
toire externe (diffuse) au niveau
d’une incisive centrale maxillaire
gauche (21).
Diffuse external inflammatory root
resorption on left central incisor (#
21).
Figure 4a
Résorption radiculaire inflammatoire
externe (localisée) au niveau des
incisives mandibulaires ( 42 et 41).
Localized external inflammatory root
resorption on lower incisors (# 42,
# 41).
Figure 4b
Réparation de la résorption radiculaire
inflammatoire après traitement endo-
dontique à l’hydroxyde de calcium.
Healing of inflammatory root resorp-
tion after endodontic treatment with
Ca(OH)2.

Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005 47

 C. BOURGUIGNON
parodontal, s’associent la nécrose et l’infec-
tion pulpaire. Les bactéries et les toxines
intra-canalaires migrent à travers les tubuli
dentinaires en direction de la surface radicu-
laire externe, apicale et latérale (laquelle a
perdu totalement ou partiellement sa couche
protectrice de pré-cément suite au trauma-
tisme). Elles peuvent ainsi atteindre directe-
ment l’espace desmodontal. Une réponse
inflammatoire s’ensuit, laquelle peut résorber
la racine extrêmement rapidement, parfois en
quelques semaines, et provoquer la perte de la
dent dans un délai de trois mois après le trau-
matisme. Ces résorptions sont plus fréquentes
et évoluent plus vite sur les dents immatures,
probablement à cause de leurs parois denti-
naires fines et de leurs tubuli dentinaires
larges. L’arrêt de ce type de résorption peut
être obtenu dans 96 % des cas par la réalisa-
tion d’un traitement endodontique adéquat5, 9.
L’utilisation d’hydroxyde de calcium
comme médication intra-canalaire pendant
plusieurs mois lors du traitement endodon-
tique constitue, jusqu’à présent, la théra-
peutique de choix pour les dents présentant
des résorptions inflammatoires35, 36.
La surveillance du statut pulpaire des dents
traumatisées est donc essentielle afin de
détecter et soigner précocement la nécrose
pulpaire, et empêcher ainsi l’installation de
résorptions de type inflammatoire. Il convient
toutefois de noter que, si la fiabilité des tests
de sensibilité est douteuse dans le cas de dents
adultes non-traumatisées, ceci est encore plus
vrai dans le cas de dents traumatisées et/ou
immatures. Toutefois, les tests de sensibilité
doivent toujours être réalisés, ceci pour tenter
de surveiller l’évolution du statut pulpaire. En
conséquence, une pulpe pourra être considé-
rée comme nécrosée seulement si une combi-
naison de plusieurs signes et symptômes
conduit à ce diagnostic.
Radiographiquement, les résorptions in-
flammatoires se présentent comme des zones
progressivement radio-claires de la racine et
de l’os adjacent. Elles peuvent être visualisées
dès trois à six semaines après le traumatisme.
Le traitement orthodontique des dents
concernées doit être reporté jusqu’à ce que des
évidences radiographiques de réparation aient
eu lieu. Au moins un an doit s’écouler avant
qu’un traitement orthodontique ne soit institué.
48
the pulp becomes necrotic and infec-
ted. Intra-canal bacteria and toxins
are then able to migrate toward the
outer root surface through the denti-
nal tubules and gain direct access to
the apical and to the lateral periodon-
tal space because of the loss of the
protective cemental layer caused by the
trauma. An inflammatory response
develops, which can resorb the root in
a matter of weeks and can lead to
tooth loss as early as 3 months after
trauma. This type of resorption is
more frequent and evolves faster in
immature teeth, most probably due to
their thin dentinal walls and wide
dentinal tubules. Arrest of this type
of resorptive process can be achie-
ved by appropriate endodontic treat-
ment in 96% of the cases 5, 9 .
Endodontic treatment using cal-
cium hydroxide for several months
as an intra-canal medicament is, up
to now, the treatment of choice for
teeth presenting inflammatory root
resorption 35, 36 .
Pulpal status monitoring of trauma-
tized teeth is therefore essential to
detect and treat pulp necrosis preco-
ciously and thus prevent inflamma-
tory resorption from settling. It has to
be noted, though, that if sensitivity
testing is unreliable in adult uninju-
red teeth, this is even more true in the
case of traumatized and/or of imma-
ture teeth. Nonetheless, sensitivity
testing should always be performed in
an attempt to monitor the evolution
of the pulp status. Therefore, a pulp
should be considered necrotic only if
a combination of several signs and
symptoms leads to that diagnosis.
Radiographically, inflammatory re-
sorption appears as progressively ra-
diolucent areas of the root and adja-
cent bone. It can be visualized 3 to 6
weeks after injury.
Orthodontic treatment of involved
teeth should be postponed until
radiographic healing is seen and at
least 1 year should elapse before
orthodontic treatment is instituted.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
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Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth

Les dents présentant des évidences de résorp-
tion semblent être plus sujettes à une accen-
tuation de ces phénomènes durant les
mouvements orthodontiques16, 21, 40. Ceci ne
contre-indique pas forcément un traitement
orthodontique ; toutefois, les pressions exces-
sives doivent être évitées.
Teeth with evidence of root resorption
appear to be more liable to further
resorption during orthodontic move-
ment16, 21, 40. This does not necessarily
contra-indicate orthodontic treatment;
nonetheless excessive pressures during
movement should be avoided.

2 - 3 - Résorption de remplacement 2 - 3 - Replacement resorption

(remplacement osseux (osseous replacement
ou ankylose) (fig. 5) or ankylosis) (fig. 5)

Figure 5
Résorption radiculaire de rempla-
cement sur 11. L’espace desmon-
dontal a disparu. La surface
externe de la racine est «floue» et
est progressivement remplacée par
de l’os. Le traitement endodon-
tique n’enraye pas et n’évite pas
ce type de résorption
Replacement root resorption on #
11. The periodontal ligament space
has disappeared. The outer surface
of the root is ‘’fuzzy’’ and is gra-
dually being replaced by bone.
Endodontic treatment does not pre-
vent or arrest this type of resorp-
tion.

Ce type de résorption se produit lorsqu’un Occurs when there is extensive

dommage sévère de la couche pré-cémentaire
et de la surface radiculaire a lieu. De vastes
zones dentinaires se trouvent alors dénudées
(non protégées par du cément) et en contact
direct avec l’os alvéolaire. La racine est alors
graduellement remplacée par de l’os et, pour
cette raison, de nombreux auteurs préfèrent
nommer ce type de résorption «résorption de
remplacement osseux»37, 38. Ce type de
résorption évolutif peut inclure toute la racine,
et progresser plus ou moins rapidement selon
l’âge du patient et selon son rythme de crois-
sance. Il peut se développer de façon plus
agressive chez les individus jeunes et plus len-
tement chez les personnes plus âgées. Le trai-
tement endodontique n’enraye pas et n’évite
pas les résorptions de remplacement. Il
convient toutefois de préciser que les résorp-
tions de remplacement et inflammatoire peu-
vent exister de façon concomitante (fig. 6).
damage to the pre-cemental layer and to
the root surface, resulting in denuded
(unprotected by cementum) areas of
dentine contacting the alveolar bone
directly. The root is then gradually
replaced by bone and for that reason,
some authors prefer to name this
kind of resorption “osseous replace-
ment”37, 38. This type of resorption is
progressive, may involve the whole root
and may develop more or less rapidly
depending on the patient’s age and
growth rate. It tends to develop more
aggressively in young individuals and
rather slowly in older patients.
Endodontic treatment will not prevent
or arrest replacement resorption. It has
to be noted, though, that inflammatory
and replacement resorption may occur
simultaneously (fig. 6).

Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005 49

 C. BOURGUIGNON

Figure 6
(Dent 11). Sur la même dent, combi-
naison de zones de résorption du
type remplacement et inflamma-
toire, ainsi que de zones de répara-
tion.
Tooth # 11. Combination of replace-
ment resorption, inflammatory
resorption and healing zones on the
same tooth.

Certains auteurs distinguent parfois la Some authors make a distinction bet-

«résorption de remplacement» de l’«ankylose».
Pour eux, l’ankylose se réfère uniquement à la
fusion de l’os alvéolaire à la racine, avec dispa-
rition de l’espace desmodontal. Toutefois, la
racine de ces dents finit par être remplacée tôt ou
tard par de l’os, même si le processus peut
s’avérer long. Dans le cadre de cet article, les
deux termes sont utilisés comme synonymes.
L’ankylose peut, en général, être diagnosti-
quée cliniquement par un test à la percussion
quatre à huit semaines après le trauma. Par
contre, les évidences radiographiques peuvent se
manifester au bout d’une année5. L’examen
radiographique révèle typiquement la disparition
de la lamina dura et de l’espace desmodontal,
ainsi qu’une résorption progressive de la racine.
Une dent ankylosée ne peut être bougée
orthodontiquement. Elle est immobile et laisse
entendre un son métallique et aigu à la percus-
sion en comparaison des dents adjacentes. Elle
empêche la croissance de la mâchoire concernée
et peut de la sorte se trouver en infraclusion, fai-
sant basculer vers elle les dents adjacentes. Ce
phénomène est d’importance chez les enfants et
les adolescents. Si le patient est en phase de
croissance rapide et que le degré d’infraclusion
est supérieur à un quart de la longueur coronaire,
la dent devra être extraite selon une technique
particulière empêchant la perte excessive d’os
alvéolaire24 («décoronation» ou «décapitation
coronaire».
ween the terms «replacement resorption»
and «ankylosis». For them, ankylosis
refers to solely a fusion of the alveolar
bone to the root with disappearance of the
PDL space. However, one must keep in
mind that the roots of those teeth ultima-
tely end up being replaced by bone, even if
the process is slow. For the purpose of this
article, both terms will be used as syno-
nyms.
Ankylosis can usually be diagnosed cli-
nically by a percussion test 4-8 weeks post-
traumatically, whereas its radiographic
evidence usually requires about one year5.
Typical radiographic findings include
disappearance of the lamina dura and PDL
space, and progressive root resorption.
An ankylosed tooth cannot be moved
orthodontically. It becomes immobile and
elicits a high, metallic tone to percussion
when compared with adjacent teeth. It pre-
vents growth of the jaw segment and may
therefore become infraoccluded, allowing
the adjacent teeth to tilt towards it. This is
of special importance for children and ado-
lescents. If the patient is in a period of rapid
growth and the degree of infraocclusion is
more than 1/4 of the crown length, the
tooth should be removed by a special tech-
nique (decoronation) which will prevent
excessive loss of alveolar bone24.

50 Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005

 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
2 - 4 - Résorption externe
sous-épithéliale (fig. 7)
Ce type de résorption est également nommé
résorption sulculaire ou cervicale, bien qu’il ne
se trouve pas obligatoirement placé au niveau
cervical de la dent, mais juste au-dessous de l’at-
tache épithéliale. En effet, celle-ci peut être pla-
cée au niveau ou sous la crête osseuse alvéolaire.
Il a un caractère évolutif et constitue générale-
ment une complication tardive, séquelle de
mouvements orthodontiques iatrogènes, de trau-
matismes, de blanchiments ou d’autres facteurs
inconnus. La pathogenèse semble être similaire à
d’autres types de résorption évolutive : suite à un
dommage de la couche cémentaire, l’inflamma-
tion perdure du fait d’un stimulus persistant (par
exemple des bactéries sulculaires). Heythersay a
parfaitement décrit les différentes formes de ce
type de résorption15.
Radiographiquement, notamment au niveau
des dents antérieures et, si la résorption se fait
dans le sens vestibulo-lingual, elles apparaissent
comme des radio-clartés rondes sur la racine,
associées à une résorption osseuse similaire à un
défaut osseux angulaire. Au niveau des dents
postérieures, où la résorption est souvent placée
en interproximal, l’aspect radiographique est
généralement plus discret et de forme allongée.
Le traitement de ce type de résorption peut
s’avérer difficile et dépend de l’importance et
de l’emplacement de la résorption. Bien que la
Résorption radiculaire externe
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
2 - 4 - Sub epithelial external
root resorption (fig. 7)
This type of resorption is also named
sulcular or cervical resorption, although
it is not necessarily found in the cervical
area of the tooth, because it occurs
immediately below the epithelial attach-
ment, which can be located at or below
the crestal bone level. It has a progressive
character and is usually a late complica-
tion of orthodontic tooth movement,
trauma, non-vital bleaching or other
unknown factor. Its pathogenesis seems
similar to other forms of progressive
resorption: after damage to the cemental
layer has occurred, inflammation is
maintained by a persistent stimulus (i.e.
sulcular bacteria). Heythersay has per-
fectly described the different forms this
resorption can take15.
Radiographically, specially in anterior
teeth and if the resorption occurs facio-
lingually, it generally appears as a round
radiolucency on the roots, associated to a
bone resorption similar to an angular
bony defect. In posterior teeth, where the
resorption is frequently located inter-
proximally, the radiographic appliance is
generally discreet and elongated
Treating this type of resorption can be
challenging and will depend on the
Figure 7
sous-épithéliale sur la 11.
Sub epithelial external
root resorption on tooth # 11.
51
 C. BOURGUIGNON
pulpe dentaire ne soit pas impliquée dans
l’étio-pathogénie des résorptions sous-épithé-
liales, le traitement endodontique peut parfois
être nécessaire car une exposition pulpaire
peut survenir pendant le traitement de la
résorption.
La gestion orthodontique d’une dent affectée
par ce type de résorption requiert une évalua-
tion précise de son pronostic. En effet, la dent
pourra présenter une poche parodontale après
le traitement. De plus, il peut s’avérer impos-
sible d’obtenir un résultat biologiquement
acceptable à la fin du traitement. Dans un tel
cas, il est préférable d’opter pour l’extraction
de la dent.
3 - LES RÉSORPTIONS RADICULAIRES
DE TYPE ORTHODONTIQUE
(fig. 8 et 9)
Figure 8
Résorption radiculaire de
type orthodontique. Le rac-
courcissement et l’arron-
dissement des racines sont
visibles.
Orthodontic type of resorp-
tion on upper incisors. Root
shortening and rounding off
are visible.
3 - 1 - Les mécanismes
de résorption radiculaire
Il est important de comprendre et de diffé-
rencier les caractéristiques spécifiques des
résorptions induites par les traumatismes den-
taires de celles induites par les mouvements
orthodontiques.
52
magnitude and location of the resorptive
defect. The dental pulp is not involved in
sulcular resorption. Nonetheless, endo-
dontic therapy is sometimes necessary as
the pulp may get exposed during treat-
ment.
Orthodontic management of a tooth
affected by such a resorption requires a
realistic evaluation of its prognosis.
Indeed, after treatment, the tooth is
likely to end up with a periodontal poc-
ket. Additionally, it is sometimes impos-
sible to achieve a biologically acceptable
result after treatment and it is then prefe-
rable to extract the tooth.
3 - MECHANISMS AND FACTORS
INVOLVED IN ORTHODONTIC
ROOT RESORPTION (fig. 8 and 9)
Figure 9
Idem.
3 - 1 - Mechanisms
A proper understanding and differen-
tiation of the specific characteristics of
traumatically induced root resorption
and orthodontically induced root resorp-
tion is essential: for treatment planning
purposes before initiating orthodontic
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
Ceci en vue de :
– planifier le traitement orthodontique de dents
traumatisées ;
– surveiller et de gérer d’éventuels changements
survenus en cours de traitement orthodontique ;
– gérer une situation où les dents sont traumati-
sées au cours d’un traitement orthodontique.
D’un point de vue clinique, toutefois, cette dis-
tinction entre les différents types de résorptions
peut s’avérer difficile à établir, car une combinai-
son de facteurs peut intervenir (fig. 10 a à c).
Les pressions résultantes de mouvements ortho-
dontiques peuvent constituer un stimulus de courte
ou de longue durée (ou les deux) pour les résorp-
tions évolutives. Le mécanisme étio-pathogénique
exact impliqué dans ce type de résorption n’est pas
entièrement clarifié. Mais les éléments suivants
méritent d’être pris en compte :
– les résorptions du type orthodontique sont
des inflammations et des résorptions «stériles», qui
se développent d’une façon similaire à d’autres
types de résorption active ;
– les mouvements orthodontiques peuvent
être assimilés à des «traumatismes contrôlés» où
les pressions sont distribuées de façon uniforme
sur une zone de la surface radiculaire. Ceci tend à
minimiser la réponse inflammatoire, et favorise la
résorption osseuse plutôt que la résorption radicu-
laire. Toutefois, dans les rares cas où la pression
est localisée apicalement, elle peut être suffisam-
ment forte, au point de provoquer un dommage
cémentaire et une résorption apicale. Cette résorp-
tion peut entraîner un raccourcissement considé-
rable de la racine, lequel, dans certains cas, peut
compromettre le ratio couronne-racine de la
dent38 ;
– les résorptions résultant de pressions
orthodontiques sont généralement considérées
comme externes. Cela n’est pas tout à fait exact,
surtout si le dommage a lieu apicalement, près de
la jonction cémento-dentinaire. Dans ces cas, le
pré-cément aussi bien que la pré-dentine peuvent
être endommagés. Si la pré-dentine est affectée,
une résorption apicale interne peut survenir et
être visible radiographiquement pendant les
stades actifs du processus. Cette résorption est
assez fréquente et Bender et al, en 1997, l’ont
nommée «résorption périapicale de remplace-
ment» (PARR)7 ;
– la suppression de la source de pression
orthodontique entraîne la cessation du proces-
sus résorptif dans la majorité des cas. La répa-
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
treatment, for monitoring and managing
eventual changes during orthodontic treat-
ment and for determining how to manage a
situation where teeth are traumatized
during the course of orthodontic treatment.
From a clinical point of view, this dis-
tinction might occasionally be difficult to
perform as a combination of factors can
intervene (fig. 10 a to c).
Pressure during orthodontic tooth
movement can constitute either a short or a
long-lasting stimulus (or both) for progres-
sive root resorption. The exact etio-patho-
logic mechanisms involved in this type of
resorption are not yet fully clarified.
Nonetheless, the following elements
deserve consideration:
– orthodontic root resorption is a “ste-
rile” inflammation and resorption, which
develops on a very similar fashion to other
types of active resorption;
– orthodontic tooth movement can be
assimilated to a “controlled trauma” where
pressure is spread evenly over a root area,
therefore minimizing the inflammatory res-
ponse, which, in turn, favors resorption of
the bone rather than the root. However, in
rare cases where the pressure is localized to
the apical region, it can be intense enough
to cause cemental damage and apical root
resorption. The resorption can result in
considerable shortening of the root that, in
some cases, will compromise the crown-
root ratio of the tooth38;
– although root resorption due to ortho-
dontic pressure is generally considered
external, this is not always true, particularly
if damage takes place apically, near the
cemento-dentinal junction. In these cases,
both the pre-cementum and the pre-dentin
can be damaged. As the pre-dentin is also
affected, internal apical resorption can
result and be seen radiographically during
the active stage of the process. This consti-
tutes a rather common finding and it has
been named “periapical replacement
resorption” (PARR) by Bender et al in
19977;
– removal of the orthodontic source of
pressure will result in cessation of the
resorptive process in the majority of
cases. Repair and re-contouring of the
53
 C. BOURGUIGNON

Figures 10 a à / to c
Le patient a subi un traumatisme en cours de traitement orthodontique. Ceci crée une difficulté sur le plan diagnostique au
niveau de 22 : s’agit-il d’une nécrose pulpaire post-traumatique et d’une lésion d’origine endodontique associée à une résorp-
tion apicale ? D’une résorption du type orthodontique ? D’une résorption engendrée par la pression de la canine incluse ?.
The patient was injured during the course of orthodontic treatment. Diagnostic difficulty for tooth # 22 (post-injury pulp necrosis
and apical periodontitis associated to apical root resorption? orthodontic type of resorption? resorption resulting from pressure of
the erupting canine?).

Figure 10 a Figure 10 b Figure 10 c

Cliché 4 mois après le traumatisme.
22 est mobile, une radioclairté et une
résorption radiculaire sont observées
apicalement. 21 présente une radio-
clairté apicale. Aucune des dents n’a
répondu aux tests de sensibilité pul-
paire pendant 1 an.. Il existe une
canine incluse en éruption proche de
l’apex de 22.
xR 4 months after injury. # 22 is
mobile, a radiolucency and root resorp-
tion are observed apically. # 21 an api-
cal radiolucency is seen. Both teeth did
not respond to sensitivity testing for 1
year. An impacted erupting canine is
seen.
Cliché 12 mois après le trauma. Cliché deux ans post-trauma et six mois
La canine a évolué en bonne position. après la fin du traitement orthodontique
Les zones radioclaires et les signes de (le patient porte une contention amovible
résorption radiculaire progressive ont afin d’éviter une récidive).
disparu. Les racines des deux dents xR 2 years post-trauma and 6 months
sont raccourcies. Sur 22, on peut noter after completion of orthodontic treatment
un léger élargissement de l’espace (a removable splint is still used to prevent
ligamentaire latéral, ainsi qu’une obli- relapse though).
tération canalaire.
xR 12 months after injury. The canine
erupted and is in position, the apical
radiolucencies and signs of progressive
root resorption disappeared, root shorte-
ning is visible on both teeth, some wide-
ning of the lateral PDL space and
coronal root canal obliteration can be
seen on # 22.

Entre les fig. 10 a et 10 b, aucun traitement endodontique n’a été entrepris et le traitement orthodontique a été interrompu jusqu’à
ce que la canine ait évolué et que 22 soit moins mobile.
In the interim between figures 10a and 10b no endodontic treatment was performed, an orthodontic treatment pause was institu-
ded until the canine erupted and until the mobility of # 22 diminished.

54 Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005

 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
ration et le remodelage du contour radiculaire
peuvent provoquer une additionnelle, mais
légère, perte de structure dentaire pendant un
court délai après l’interruption de la pression.
La réparation cémentaire intervient, même si
une large portion de la structure radiculaire a
disparu.
3 - 2 - Les facteurs
de résorption radiculaire
3 - 2 - 1 - Les forces orthodontiques
Un grand nombre d’auteurs considèrent que
les forces orthodontiques lourdes sont les seules
responsables des résorptions39. Cependant, l’in-
tensité et la durée des forces semblent les
influencer également. Des forces continues et
lourdes pourraient être à l’origine des résorp-
tions selon certaines études.
Les mouvements prolongés de bascule peu-
vent provoquer des résorptions dentaires et de
la crête osseuse alvéolaire, surtout chez les
patients adultes29.
À l’opposé, certaines études, ont montré que
les résorptions se produisent indépendamment
des forces appliquées ; d’autres, que la durée du
traitement actif n’est pas corrélée aux résorp-
tions.
3 - 2 - 2 - L’anatomie dentaire
Levander et Malmgren26, à la suite d’une
étude portant sur 610 incisives de patients
consécutivement traités par des appareils fixes,
ont montré que le risque de résorption semble
être lié à la forme de la racine. La forme des
racines est décrite comme normale, courte,
aplatie, avec une courbure apicale et en forme
de pipette. Les incisives ont été évaluées avant
et après le traitement orthodontique. Les dents
présentant une forme aplatie et en pipette se
sont résorbées significativement plus que les
dents présentant une forme normale21. Ces
auteurs ont également développé un index de
résorption radiculaire, de façon à pouvoir
contrôler quantitativement le contour radiogra-
phique des apex avant et après traitement ortho-
dontique.
Une étude récente visant à comparer la
finesse d’interprétation obtenue par l’utilisation
de radiographies panoramiques par rapport à
l’utilisation de radiographies péri-apicales a
confirmé la supériorité des radiographies péria-
picales31.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
root are likely to occur and this can cause
some additional root loss for a limited
time after the pressure has been remo-
ved. Cemental healing is expected, even
if a large amount of root structure has
disappeared.
3 - 2 - Factors
3 - 2 - 1 - The role
of orthodontic forces
A great number of authors consider
that heavy orthodontic forces are solely
responsible for root resorption39. Howe-
ver, intensity and duration of forces have
also been shown to be extremely impor-
tant. Continuous heavy forces could
cause resorption according certain stu-
dies.
Prolonged tipping can also cause
resorption of a tooth and of the alveolar
crest, specially in adult patients29.
Nonetheless, some studies concluded
that resorption is not force-sensitive,
some others that the duration of active
treatment is not correlated to resorp-
tion.
3 - 2 - 2 - The role
of root anatomy
Levander and Malmgren26, after a
study involving 610 incisors in patients
consecutively treated with fixed
appliances have shown that the risk of
root resorption is related to the form of
the root. The root form was described as
normal, short, blunt, with an apical bend
or pipette-shaped. The incisors were eva-
luated before and after treatment. The
extent of root resorption in teeth with
blunt and pipette-shaped roots was signi-
ficantly greater than in teeth with a nor-
mal root form21. These authors also
developed a root resorption index to
assess quantitatively the radiographic
outline of apices before and after ortho-
dontic treatment.
A recent study comparing the interpre-
tation finesse of panoramic versus peria-
pical radiographs confirmed previous
observations that periapical radiographs
are more reliable31.
55
 C. BOURGUIGNON
3 - 2 - 3 - Le rôle des corticales osseuses
Les déplacements orthodontiques au
contact des corticales osseuses peuvent initier
de sévères résorptions radiculaires25, 34. Si la
crête alvéolaire est étroite, les résorptions peu-
vent se produire encore plus facilement. En
conséquence, il est indispensable d’analyser
les corticales osseuses avant tout traitement
orthodontique. Des radiographies de profil
peuvent être utilisées dans ce but.
Durant le recul des incisives, il est néces-
saire d’éviter la juxtaposition avec les corti-
cales osseuses vestibulaire ou palatine.
Souvent, les incisives sont vestibuloversées et
requièrent un torque palatin lors de leur recul.
Il semble judicieux de réaliser ce type de mou-
vement à l’intérieur de l’os médullaire, lequel
est plus spacieux. Utiliser une approche théra-
peutique qui permette l’ingression du secteur
antérieur dès l’initiation du traitement ortho-
dontique semble préférable25.
3 - 2 - 4 - Les dents soignées
endodontiquement
– Les dents soignées endodontiquement ne
semblent pas être plus sujettes aux résorp-
tions que les dents vivantes17. Cela est en
accord avec les observations de Malmgren21,
selon lesquelles les dents traitées endodonti-
quement et dépourvues de signes indicateurs
de résorption peuvent habituellement être
bougées orthodontiquement sans risques
majeurs.
– Cependant, il a été constaté que les dents
traitées endodontiquement se résorbent par-
fois moins que leur homologues saines13, 33.
– Pour les dents qui requièrent un traite-
ment endodontique en cours de mouvement
orthodontique, Malmgren recommande que
l’obturation du canal avec de la gutta-percha
soit retardée jusqu’à ce que les mouvements
orthodontiques soient terminés. Il recom-
mande que le canal reste rempli avec de l’hy-
droxyde de calcium pendant la durée du
traitement orthodontique actif. Toutefois, si la
dent présente déjà une obturation canalaire à
la gutta-percha, celle-ci ne doit pas être élimi-
née si l’état de la dent est satisfaisant.
– Quelques changements apicaux peuvent se
produire, cependant, même en présence d’hy-
droxyde de calcium intra-canalaire, au cours
d’un traitement orthodontique (fig. 11 a à d).
56
3 - 2 - 3 - The role of the cortical
bone plates
Orthodontic movement into labial or
cortical bone can initiate extensive root
resorption25, 34. If the alveolar crest is nar-
row, resorption can occur even more
easily. It is therefore mandatory to analyze
the cortical bone borders prior to any
orthodontic treatment. Profile radiographs
can be used for this purpose.
As such, during retraction of the maxil-
lary incisors, it is necessary to avoid juxta-
position with the palatal or buccal cortical
plates. In many situations, the incisors are
protrusive and require palatal root torque
during retraction. It is then advisable to
perform this root movement in the roo-
mier cancellous bone than in the cortical
bone of the maxillary alveolus. Thus, it is
desirable to use a treatment approach that
can intrude the anterior segment at the
onset of orthodontic treatment25.
3 - 2 - 4 - Endodontically
treated teeth
– Endodontically treated teeth do not
seem to be at greater risk for root resorp-
tion than vital teeth17. This is in agree-
ment with Malmgren’s21 observations that
root-filled teeth without signs of already
existing root resorption can normally be
moved without extensive root resorption.
– However, it has been found that root-
filled teeth sometimes resorb less than
their vital antimeres13, 33.
– In teeth requiring endodontic therapy
during orthodontic movement, Malmgren
recommends that the final gutta-percha
filling should be postponed until comple-
tion of the orthodontic tooth movement.
An interim intra-canal dressing of calcium
hydroxide should therefore be maintained
during active orthodontic treatment.
However, a successful gutta-percha root
canal filling should not be removed when
already in place.
– Some apical changes can occasionally
occur, though, even in the presence of
intra-canal calcium hydroxide, during the
course of orthodontic treatment (fig. 11 a
to d).
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005

Figure 11a
12, en début de trai-
tement.
# 12 in the beginning
of orthodontic treat-
ment.
Figure 11c
12, après 9 mois de
traitement orthodon-
tique. Une dissolu-
tion de l’hydroxyde
de calcium, ainsi que
quelques remanie-
ments transitoires
sont visibles apicale-
ment. Le traitement
à l’hydroxyde de cal-
cium est maintenu et
le traitement ortho-
dontique est inter-
rompu (pause) pen-
dant 3 mois.
# 12 at 9 months of
orthodontic treat-
ment. Some Ca(OH)2
wash-out and some
transient changes
are visible apically.
Ca(OH)2 tx was
continued and an
orthodontic tx pause
of 3 months was insti-
tuted.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
Figure 11b
12 devient sympto-
matique. Un traite-
ment endodontique
à l’hydroxyde de
calcium est entre-
pris.
# 12 became symp-
tomatic and endo-
dontic treatment
with Ca(OH)2 was
instituted.
Figure 11d
Deux ans après
l’obturation cana-
laire et un an après
la dépose de l’appa-
reil orthodontique.
Les remaniements
apicaux se sont
interrompus, mais
l’on peut noter un
raccourcissement de
la racine.
# 12 at 2 years after
root canal obtura-
tion and 1 year after
the completion of
orthodontic therapy.
The apical changes
have stopped, but
some root shortening
is detected.
Figures 11 a à / to d
Aspect de 12 en cours de traitement orthodontique chez une patiente
présentant des antécédents traumatiques.
Tooth # 12 during orthodontic treatment on a patient with a previous
history of trauma.
57
 C. BOURGUIGNON
3 - 2 - 5 - Le rôle
de la technique orthodontique
Une étude récente a montré qu’il y a signifi-
cativement plus de résorptions radiculaires des
incisives centrales chez les patients soignés
avec la technique edgewise standard que chez
les patients soignés avec la technique straight
edgewise28.
Selon une autre étude, une technique utilisant
des fils orthodontiques très élastiques et activés
par la chaleur provoque moins de résorptions
lorsqu’on la compare aux techniques edgewise
standard ou straight wire utilisant des arcs
orthodontiques en fil inoxydable18.
Une étude visant à évaluer l’effet de l’inter-
ruption du traitement orthodontique (6 mois
avec un appareil fixe), après détection de signes
de résorption radiculaire apicale, a montré que
l’étendue des résorptions était significative-
ment inférieure lorsque les patients étaient
traités avec une pause de deux à trois mois plu-
tôt que lorsqu’ils étaient traités sans pause22.
3 - 2 - 6 - Antécédents héréditaires
prédisposant aux résorptions
radiculaires
Quelques études indiquent qu’il pourrait
exister une composante héréditaire et une sus-
ceptibilité familiale aux résorptions radiculaires
lors de traitements orthodontiques2, 14.
3 - 2 - 7 - Antécédents systémiques
et facteurs locaux
Certaines affections systémiques tels que le
diabète, les tendances allergiques, etc., pour-
raient prédisposer ou avoir un lien avec les
résorptions radiculaires.
Des facteurs locaux, tels se ronger les ongles
ou autres parafonctions, pourraient rendre les
dents plus susceptibles aux résorptions.
3 - 2 - 8 - Antécédents traumatiques
avant le début d’un traitement
orthodontique
Certains auteurs pensent que des antécédents
traumatiques pourraient expliquer certaines
résorptions.
Une étude prospective a montré qu’il n’y avait
pas de différence significative entre les dents trau-
matisées ne présentant aucun signe de résorption
active et les dents non-traumatisées en regard de
leur tendance aux résorptions radiculaires.
58
3 - 2 - 5 - The role of
the orthodontic technique
A recent study concluded that there
was significantly more resorption of cen-
tral incisors in patients treated with the
standard edgewise technique than with
the straight edgewise technique28.
Another study showed that a tech-
nique using heat-activated and super
elastics wires resulted in less resorption
than either standard or straight-wire
edgewise techniques where stainless steel
arch wires had been used18.
In a study investigating the effect of a
treatment pause on teeth in which apical
root resorption was discovered after an
initial treatment period of 6 months with
fixed appliances, it was found that the
amount of root resorption was signifi-
cantly less in patients treated with a
pause of 2-3 months than in those trea-
ted without interruption22.
3 - 2 - 6 - History of hereditary
predisposing factors
for root resorption
Some studies indicated that there
might be a heritable component and a
familial susceptibility to root resorption
during orthodontic treatment2, 14.
3 - 2 - 7 - History of systemic
factors and local factors
Some systemic factors such as dia-
betes, allergic reactions or others might
predispose or have a link to root resorp-
tion.
Some local factors such as nail biting
and other oral habits may render teeth
more susceptible to root resorption.
3 - 2 - 8 - History of previous trauma
before initiation
of orthodontic treatment
An earlier episode of trauma could
account for some resorptions according
to certain authors.
A prospective study showed that
there was no significant difference in
the tendency towards root resorption of
traumatized teeth showing no signs of
active resorption and uninjured teeth.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
L’étendue de la résorption radiculaire était la
même du coté traumatisé et du côté contra-laté-
ral non-traumatisé chez le même individu23.
Toutefois, les résorptions présentes avant
traitement orthodontique, s’accentuent de façon
sévère pendant le traitement orthodontique23.
3 - 3 - Détection des résorptions
radiculaires
3 - 3 - 1 - Détection de résorptions
radiculaires préalablement
au traitement orthodontique
Le facteur étiologique ou stimulus respon-
sable du déclenchement de la résorption doit
être identifié et éliminé afin d’annihiler le pro-
cessus résorptif.
Un traitement orthodontique ne doit jamais
être commencé tant que tous les signes de
résorption évolutive n’ont pas disparu.
3 - 3 - 2 - Détection de résorptions
radiculaires pendant
le traitement orthodontique
Si une résorption sévère est détectée après
environ six mois de traitement avec un appa-
reil fixe, il existe un risque élevé de détecter
une résorption grave à la fin du traitement. La
détection d’une résorption légère indiquera un
faible risque de résorption sévère en fin du
traitement27.
Par conséquent, il est nécessaire de prati-
quer régulièrement des contrôles radiogra-
phiques pour détecter si une résorption
apparaît ou évolue au cours du traitement
orthodontique. Idéalement, le premier contrôle
radiographique doit avoir lieu de six à neuf
mois après le début du traitement orthodon-
tique. Si des signes de résorption sont obser-
vés à ce stade, les contrôles devront être
réalisés tous les deux mois. Il est recommandé
d’interrompre pendant environ trois mois le
traitement orthodontique de façon à réduire le
risque d’accélérer l’évolution de la résorption.
Si une résorption marquée est diagnostiquée à
ce stade, il faudra envisager une réévaluation
des objectifs du traitement27.
Les radiographies périapicales sont les plus
fiables pour détecter les résorptions radiculaires
évolutives, en particulier si deux radiographies
de chaque dent sont prises sous des incidences
distinctes.
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
The extent of root resorption was the same in
the traumatized and in the contra-lateral
uninjured control teeth in the same indivi-
dual23.
Nonetheless, a few teeth that exhibited
resorption before orthodontic treatment exhi-
bited severe resorption during treatment23.
3 - 3 - Detection of root
resorption prior
3 - 3 - 1 - Detection of root
resorption prior
to orthodontic treatment
The etiological factor or stimulus respon-
sible for the onset of resorption must be
identified and removed in an attempt to
arrest the resorptive process.
No orthodontic treatment should be ini-
tiated until all signs of progressive root
resorption have disappeared.
3 - 3 - 2 - Detection of root
resorption prior
during orthodontic
treatment
If a severe resorption is observed about 6
months after treatment with a fixed
appliance, there is a high risk of extreme
resorption at the end of treatment. Minor
resorption at that time indicates a moderate
risk for severe resorption. Irregular root
contour indicates a limited risk of severe
resorption at the end of treatment27.
Hence, radiographic controls should be
carried out regularly to detect if any resorp-
tion is appearing or evolving during the
course of orthodontic treatment. Ideally, the
first radiographic control should take place 6
to 9 months after orthodontic treatment has
been initiated. If signs of resorption are
observed, the controls should be performed
every 2 months and a treatment-pause of
about 3 months is highly advisable in order
to reduce the risk of further resorption. In
case a marked progressive resorption is dia-
gnosed at this time, a reevaluation of the
treatment objectives is necessary27.
Periapical radiographs are the most
reliable in detecting ongoing resorptions,
especially if two radiographs of the root
apices are taken from different incidences.
59
 C. BOURGUIGNON
4 - GESTION ORTHODONTIQUE
DES DENTS ANKYLOSÉES (fig. 12)
Plusieurs études, notamment une sur des
singes11, ont montré que des résorptions
sévères pouvaient être induites suite au trai-
tement orthodontique de dents avulsées et
réimplantées. Dans ces situations, la plupart
des résorptions se manifestent pendant la
première année après le traumatisme. Par
conséquent, si aucun signe de résorption
n’est observé pendant ce laps de temps, le
traitement orthodontique est envisageable.
Cependant, il faut se souvenir que, notam-
ment dans le cas de dents réimplantées et de
dents impactées, des résorptions évolutives
peuvent se manifester soudainement, cinq à
dix ans après le traumatisme, sans signes pré-
curseurs.
L’ankylose évolue à un rythme variable
selon le cas clinique, même si elle tend à évo-
luer plus rapidement chez les individus
jeunes. Elle peut évoluer aussi par
à-coups, en alternant des épisodes de résorp-
tion évolutive avec des épisodes de moindre
activité. Certaines dents ankylosées peuvent
se maintenir pendant dix à vingt ans. Les
dents ankylosées sont immobiles et ne peu-
vent être déplacées orthodontiquement.
En règle générale, il est préférable de
conserver une dent ankylosée, car elle consti-
tue le meilleur mainteneur d’espace et main-
teneur de volume osseux possible, ceci
jusqu’à la résorption complète de la racine.
Cette affirmation doit cependant être
modulée dans le cas d’enfants et d’adoles-
cents présentant une ankylose accompagnée
60
4 - ORTHODONTIC MANAGEMENT
OF ANKYLOSED TEETH (fig. 12)
Figure 12
21 est ankylosée, en infra-
clusion et décolorée à la
suite d’un précédent trau-
matisme.
Tooth # 21 is ankylosed,
infraoccluded and discolo-
red due to previous trauma.
Several studies, including an experimental
study in monkeys11 have shown that severe
root resorption can be elicited after orthodon-
tic treatment of avulsed and replanted teeth.
Most resorptions resulting from replantations
or tooth displacement manifest themselves
during the first year after the injury.
Consequently, if no signs of resorption are
observed during that period of time, ortho-
dontic therapy is envisageable. Nonetheless, it
has to be remembered that, particularly in the
case of replanted and of intruded teeth, pro-
gressive root resorption can suddenly appear
5 or 10 years after trauma, without any pre-
cursor signs and despite previous optimistic
evaluations during the course of healing.
The rate at which ankylosis evolves varies
tremendously from case to case, even though
it tends to progress more rapidly in young
individuals. It can also progress in fits and
starts, alternating episodes of active, progres-
sive resorption with episodes of minor acti-
vity. Some ankylotic teeth can be maintained
up to 10 or 20 years. Ankylosed teeth are
immobile and cannot be moved orthodonti-
cally.
As a rule, an ankylosed tooth should be
kept and used as the best available space
maintainer and bone volume maintainer until
total resorption of the root has taken place.
This statement has nonetheless to be
modulated in the case of children and ado-
lescents presenting ankylosis accompanied
by increasing infraposition of the tooth,
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
d’une infratopie évolutive, laquelle provoque
souvent la version des dents voisines. Dans ces
situations, la dent ankylosée doit être extraite
(par une technique particulière, la «décapitation
coronaire»), afin de prévenir des changements
plus dramatiques du volume osseux lesquels
pourraient empêcher un traitement orthodon-
tique et prothétique satisfaisant dans le futur.
● Technique de la «décapitation coro-
naire» ou de décoronation
L’extraction d’une dent provoque une perte
verticale et horizontale du volume osseux
alvéolaire. Ce phénomène s’aggrave nette-
ment lorsqu’il s’agit d’une dent en infratopie.
Une procédure élégante, la technique de déco-
ronation, a été développée précisément pour
contourner ce problème de perte osseuse.
Dans cette technique, la couronne de la dent
est extraite et la racine ankylosée est laissée à
l’intérieur de l’alvéole en attendant qu’elle soit
progressivement remplacée par de l’os12, 26.
Description de la technique :
– élever un lambeau muco-périosté ;
– séparer la couronne de la racine avec une
fraise diamantée tout en irrigant abondamment
avec du sérum physiologique ;
– déposer la couronne ;
– éliminer l’obturation canalaire avec des
instruments endodontiques ;
– réduire la portion coronaire de la racine
d’environ 2 mm en deçà de la crête osseuse
marginale ;
– rincer soigneusement l’espace canalaire
(vide) avec du sérum physiologique et ensuite
le laisser se remplir de sang ;
– tirer le lambeau pour couvrir l’alvéole,
puis suturer. Un caillot se forme dans l’espace
entre la muqueuse labiale et palatine ;
– la couronne extraite peut être remodelée
et utilisée comme restauration temporaire.
Lorsque cette technique est utilisée chez les
enfants, un nouvel os alvéolaire se forme coro-
nairement à la racine ankylosée. De la sorte, la
hauteur et le volume de l’os alvéolaire se trou-
vent améliorés et préservés. Ceci induit des
conditions plus favorables pour un futur traite-
ment orthodontique, prothétique ou implantaire.
Le risque d’infratopie sévère est particuliè-
rement marqué lorsque l’ankylose se produit
avant le pic de croissance du patient. Dans
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
often causing tilting of adjacent teeth.
Indeed, in those cases, the ankylosed
tooth should be removed (with a special
technique called “decoronation”) to pre-
vent more dramatic bone volume changes
which could prevent a satisfactory ortho-
dontic and prosthetic treatment in the
future.
● Decoronation procedure
Extraction of teeth provokes a vertical
and horizontal loss of alveolar bone. This
phenomenon is highly aggravated when
an infrapositioned tooth is extracted. In an
attempt to avoid such bone loss, an ele-
gant procedure, the decoronation tech-
nique has been developed. In this
technique, the crown of the tooth is remo-
ved and the ankylosed root is left in the
alveolus to be replaced by bone12, 26.
Technique description :
– a mucoperiostal flap is raised;
– the crown is sectioned from the root
with a diamond bur under a continuous
flow of saline;
– the crown is removed;
– the root canal filling is removed with
endodontic instruments;
– the coronal part of the root surface is
reduced to a level of 2 mm below the mar-
ginal bone;
– the empty root canal space is tho-
roughly rinsed with saline and thereafter
allowed to fill with blood;
– the flap is pulled over the alveolus
and sutured. A blood clot is formed in the
gap between the labial and palatal mucosa;
– the removed crown can be reshaped
and used as a temporary restoration.
When using this technique in children,
new marginal bone will form coronally to
the resorbing root. The height and volume
of the alveolar bone are thus improved and
preserved. These allow more suitable
conditions for an eventual orthodontic,
prosthetic or implant treatment in the
future.
The risk of severe infraposition is parti-
cularly great if the ankylosis occurs before
the patient’s growth spurt. In these cases,
the ankylosed tooth must be removed
61
 C. BOURGUIGNON
ces situations, la dent ankylosée doit être extra-
ite dans les deux à trois ans. Si l’ankylose se
développe pendant le pic de croissance, la dent
doit être observée tous les 6 mois. Aucun traite-
ment n’est alors nécessaire, à condition que les
dents adjacentes ne basculent pas et que le
degré d’infratopie reste mineur et stable1.
5 - GESTION ORTHODONTIQUE
DES DENTS IMPACTÉES
5 - 1 - Dents matures
La pulpe d’une dent mature se nécrose tou-
jours lorsque la dent est impactée. La pulpe
nécrosée peut s’infecter et provoquer une
résorption inflammatoire en deux à trois
semaines. Le traitement endodontique doit
être institué dans ce délai. Ceci peut exiger que
la dent soit repositionnée orthodontiquement
ou chirurgicalement, suffisamment pour per-
mettre l’accès à la chambre pulpaire.
Si l’impaction est sévère et accompagnée
d’une fracture des parois alvéolaires, la dent
peut être repositionnée chirurgicalement. Si
elle est moins sévère, la dent peut être égres-
sée orthodontiquement. Si la dent est ferme-
ment bloquée dans l’os, une légère luxation
peut faciliter le traitement orthodontique.
S’il est indiqué, le repositionnement chirur-
gical doit être partiel de façon à favoriser
une réparation optimale en regard du support
osseux marginal et du ligament parodontal.
Le repositionnement sera suivi soit par une
traction orthodontique, soit par une éruption
spontanée (Malmgren25). Le repositionne-
ment orthodontique n’est possible qu’à la
condition qu’au moins la moitié de la cou-
ronne soit exposée afin de pouvoir placer
une attache orthodontique sur sa face vesti-
bulaire. La traction orthodontique devra
commencer quelques jours après le reposi-
tionnement chirurgical (pas immédiatement)
afin d’éviter l’avulsion de la dent en activant
le dispositif.
5 - 2 - Dents immatures
Il est préférable de laisser les dents imma-
tures évoluer spontanément si l’impaction
n’est pas trop sévère. Si, après deux semaines,
62
within 2-3 years. If ankylosis develops
during the growth spurt, the tooth must be
observed at 6 month intervals. In such
teeth, no active treatment is necessary as
long as the adjacent teeth do not tilt and
the extent of infraposition is minor and
stable1.
5 - ORTHODONTIC MANAGEMENT
OF INTRUDED TEETH
5 - 1 - Mature teeth
Pulp necrosis always occurs when a
mature tooth is intruded. As the necrotic
pulp may become infected and lead to
inflammatory root resorption in 2 to 3
weeks, endodontic treatment should be ins-
tituted within that period of time. This
might require that the intruded tooth be
repositioned orthodontically or surgically, at
least partially, to allow access to the pulp
chamber.
Teeth with severe intrusive luxations can
be surgically repositioned if the intrusion is
accompanied by fracture of the alveolar
walls. Teeth with less severe intrusion might
be orthodontically extruded. If the tooth is
firmly locked into bone, slight luxation faci-
litates the orthodontic treatment. If surgical
repositioning of the intruded incisor is desi-
red, optimal healing with respect to margi-
nal bone support and periodontal ligament
is achieved if the tooth is repositioned only
partially. Repositioning can then be comple-
ted either by orthodontic traction or by
spontaneous reeruption (Malmgren25). If
orthodontic repositioning is chosen, at least
half of the crown should be exposed so that
it is possible to apply an orthodontic brac-
ket on its labial surface. Orthodontic trac-
tion should not begin until a few days after
partial surgical repositioning to avoid avul-
sion of the tooth when activating the
appliance.
5 - 2 - Immature teeth
Intruded immature teeth should be allo-
wed to erupt spontaneously if the intrusion
is not too severe. If, after 2 weeks, there is
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth
l’éruption ne semble pas se produire, il est
recommandé d’égresser la dent orthodonti-
quement avec des forces légères.
La pulpe se nécrose toujours suite à une
impaction. Cependant, les pulpes immatures
peuvent se revasculariser spontanément et le
canal s’oblitérer. Ainsi, le traitement endo-
dontique ne doit pas être institué d’emblée
sur ces dents, à moins qu’une nécrose pul-
paire et/ou une résorption inflammatoire
n’apparaissent.
6 - L’ORTHODONTIE ET SON RÔLE
DANS LA PRÉVENTION
DES TRAUMATISMES DENTAIRES
Un grand nombre d’études montrent que les
enfants de 8 à 9 ans sont les plus sujets aux
traumatismes dentaires. Ce sont les incisives
maxillaires qui sont les plus fréquemment
atteintes. Les garçons sont atteints deux fois
plus souvent que les filles.
A l’exception de certaines études20, la plu-
part démontrent l’accentuation significative
du risque chez les sujets qui présentent un
important surplomb incisif. Selon une de ces
études, l’étendue des traumatismes dentaires
double lorsqu’un surplomb passe de 0-3 mm à
3-6 mm. La sévérité des traumatismes est tri-
plée6, 32 avec un surplomb supérieur à 6 mm.
Une incompétence labiale constitue également
un facteur aggravant32. Les patients déjà vic-
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
no sign of eruption movement, it is advi-
sable to perform orthodontic extrusion with
light forces.
Total pulp necrosis always results from
an intrusion. Nonetheless, an immature
pulp has the potential to revascularize
and the root canal may obliterate.
Therefore, endodontic treatment should
not be performed right away on those
teeth, unless pulp necrosis and/or inflam-
matory root resorption turn up.
6 - ORTHODONTICS AND ITS PREVENTIVE
ROLE IN THE MANAGEMENT
OF TRAUMATIZED TEETH
Figure 13
Patiente présentant
un surplomb incisif.
Patient presenting
an overjet.
A great number of studies show that
children aged 8 to 9 years are the most
susceptible to dental injuries and that the
upper incisors are the more frequently
affected teeth. Boys are injured twice as
often as girls.
Except for a few articles20, most stu-
dies show that patients with an increased
overjet are at significantly greater risk of
dental injury. An overjet increase from
0-3 mm to 3-6 mm doubles the extent of
traumatic dental injuries20. With an over-
jet exceeding 6 mm, the severity is tri-
pled6, 32. Insufficient lip closure is also a
trauma factor32. Previously dentally inju-
red patients tend to sustain traumas
63
 C. BOURGUIGNON
times de traumatismes dentaires dans le passé
tendent à récidiver8. En conséquence, les
patients présentant un surplomb incisif accen-
tué doivent être traités orthodontiquement dès
que possible, en général dès le stade de la
dentition mixte, afin de prévenir d’éventuels
traumatismes aux incisives proclinées.
Une étude récente sur 1367 patients montre
que 10,3 % d’entre eux subissent un trauma
dentaire avant le début d’un traitement ortho-
dontique. La plus haute prévalence des trau-
mas se situe vers 11-15 ans, ce qui correspond
aux stades tardifs d’évolution de la denture
mixte. Ainsi, les patients présentant un sur-
plomb incisif excessif et une absence de fer-
meture labiale au repos, sont des candidats
potentiels au trauma des incisives avant
même le début du traitement orthodontique.
La conclusion était que le traitement ortho-
dontique préventif de ces patients doit com-
mencer et s’achever avant l’âge de 11 ans,
c’est-à-dire dès le début/milieu de la denture
mixte6.
Selon une autre étude récente32, dès que le
surplomb incisif augmente, le risque de
trauma augmente. Les traumatismes aux
incisives maxillaires sont associés au sur-
plomb incisif, sexe, ethnie et âge, tandis que
les traumatismes des incisives mandibulaires
sont associés au sexe, âge et supraclusion
incisive.
7 - CONCLUSION
La gestion orthodontique des dents trauma-
tisées doit commencer par un examen clinique
et radiographique minutieux (incluant un bilan
radiographique périapical complet de la den-
ture).
Aucun traitement orthodontique ne doit
être entrepris si l’on observe des signes de
résorption active.
En cas de signes de résorption évolutive, le
stimulus étiologique doit être identifié et éli-
miné avant tout mouvement orthodontique.
Les dents traumatisées présentant un liga-
ment parodontal intact (dépourvu de signes
64
repeatedly8. Consequently, patients with
increased maxillary overjet should be trea-
ted orthodontically as early as possible,
usually at the mixed dentition stage, in
order to prevent injuries to the proclined
incisors.
A recent study involving 1367 consecu-
tive patients showed that 10,3% of these
had suffered from dental trauma before the
onset of orthodontic treatment and that the
highest prevalence of dental trauma was
determined in the 11-15 years age group,
corresponding to the late mixed dentition
stage. The results indicated that a signifi-
cant percentage of candidates for ortho-
dontic treatment, and specially those with
an increased overjet and inadequate lip
coverage, suffer trauma to their permanent
incisors before the onset of orthodontic
treatment. The conclusion was that pre-
ventive orthodontic treatment of such
patients should be initiated and completed
before the age of 11, i.e. in the early to
middle mixed dentition6.
Another recent study showed that as
overjet increased, so did the odds of
trauma. Trauma to maxillary incisors is
associated with overjet, gender, race-ethni-
city, and age, while trauma to mandibular
incisors is associated with gender, age, and
overbite32.
Orthodontic management of traumatized
teeth at risk for root resorption should
begin by a very careful clinical and radio-
graphic evaluation (including periapical
full-mouth radiographs).
No orthodontic treatment should begin
if signs of active resorption are observed.
If signs of progressive root resorption are
detected, the etiologic stimulus must be
identified and removed prior to initiating
orthodontic movement.
Previously injured teeth with an intact
periodontal ligament (without signs of per-
Rev Orthop Dento Faciale 39 : 43-67, 2005
 Résorptions radiculaires et gestion orthodontique des dents traumatisées
Root resorption and orthodontic management of traumatized teeth

d’inflammation périapicale, de résorption iapical inflammation, inflammatory or

inflammatoire ou de remplacement) avant
traitement orthodontique, peuvent être dépla-
cées avec un pronostic, en regard du risque
résorptif, similaire à celui des dents non-trau-
matisées.
Au préalable, tous les facteurs prédispo-
sant aux résorptions orthodontiquement
induites doivent être identifiés (facteurs héré-
ditaires, facteurs systémiques, facteurs
locaux) afin de tenter d’anticiper la réponse
de l’individu et d’ajuster le plan de traitement
en conséquence.
En règle générale, un traitement orthodon-
tique doit débuter par des forces légères,
intermittentes de préférence. Les mouve-
ments prolongés de version doivent être évi-
tés et les objectifs de traitement simplifiés
afin de réduire la durée de traitement.
Six mois après le début du traitement ortho-
dontique, la prise de radiographies périapi-
cales (l’apex des dents et leur contour
doivent être visibles sur au moins deux
radiographies d’incidences distinctes) permet
de détecter d’éventuelles résorptions. Si tel
est le cas, le plan de traitement devra être
réévalué.
replacement resorption) preceding ortho-
dontic treatment can be moved with a pro-
gnosis, regarding root resorption, similar to
that of non-injured teeth.
In addition, as for any orthodontic treat-
ment, the various factors predisposing to
orthodontically induced root resorption
should be identified (hereditary factors,
systemic factors, local factors) prelimina-
rily, in an attempt to anticipate the indivi-
dual’s response to tooth movement and in
order to adjust the treatment plan accor-
dingly.
As a rule, orthodontic treatment should
start with light, preferably intermittent
forces, avoid prolonged tipping, aim at a
limited goal and in this way achieve a shor-
ter treatment procedure. Six months after
the initiation of orthodontic treatment, per-
iapical radiographs (the root apices and
contour should be viewed on at least two
radiographs taken from different direc-
tions) should be taken to assess root resorp-
tion. If signs of root resorption are detected,
the planned course of orthodontic therapy
will have to be revised.

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