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1.

Introduction

Une collaboration entre parodontie et orthodontie est très bénéfique


pour le patient;
Ces deux spécialités peuvent se rendre mutuellement service;
Le but de cette coopération étant d’obtenir une santé parodontale, une
efficacité fonctionnelle et un aspect esthétique durables pour les
patients.
2. Effet des mouvements
orthodontiques sur la santé
parodontale
2.1. Acteurs du déplacement dentaire et
implications parodontales

• Nefussi a introduit la notion d’entité fonctionnelle odontologique


(EFO). Celle-ci comprend les différents acteurs du déplacement
dentaire, à savoir : l’organe dentaire (l’odonte), le desmodonte
(ligament alvéolodentaire) et l’os alvéolaire. L’ensemble de cette unité
est remanié lors du déplacement dentaire provoqué, autrement dit
lors du mouvement orthodontique.
2.1. Acteurs du déplacement dentaire et
implications parodontales
FACE EN PRESSION
• Le déplacement initial (di, flèche) conduit à l’apparition d’une zone hyaline (H) dans le desmodonte
(D).
• Une résorption latérale directe (RLD) de la lame cribriforme (LC) a lieu à la périphérie ;
• Dans les espaces médullaires (EM) une résorption ostéoclastique indirecte (RI) se produit au niveau
de la zone hyaline, induite par une nécrose ostéocytaire (NO).
• À distance, les espaces médullaires répondent à la résorption directe par une apposition de
compensation (AC).
FACE EN TENSION
On observe un élargissement desmodontal qui correspond quantitativement au rétrécissement du côté
opposé.
• Si la force est faible, on observe une apposition immédiate des ostéoblastes.
• Si la force est importante, une hyperréaction ostéoclastique se produit dans un premier temps suivi
d’une apposition ostéoblastique. Les ostéoblastes synthétisent le tissu ostéoïde qui se minéralise et
permet l’apposition osseuse. Les faisceaux de fibres desmodontales seront inclus dans l’os
nouvellement formé.
Les forces ortho sont du type continues
1. Si la FO est inférieure à la pression 2. Si la FO est supérieure à la pression
vasculaire: vasculaire:

• Zone de résorption osseuse du coté • on a une résorption indirecte


pression de la racine • Zone de hyalinisation au contacte de
• Une zone d’apposition osseuse du la racine
coté tension • Résorption à distance de la racine
• Déplacement de la dent dans le sens (effet de Sape)
de la FO par modelage remodelage • La dent se déplace à travers son
• C’est l’orthodontie par résorption environnement osseux
directe • Risque de provoquer des déhiscences
• La dent se déplace avec son et fenestrations osseuses et des
parodonte lésions mucogingivales
• Risque de Rhizalyse
• Si le parodonte est sain de hauteur normale la dent se déplace sans
perte d’attache ni inflammation;

• Si le parodonte est sain de hauteur réduite la dent se déplace sans


perte d’attache ni inflammation;

• En présence de maladie parodontale non traitée: les mvts ortho


aggravent et accélèrent les destructions parodontales.
2.2. Les mouvements orthodontiques
• Tout changement de l’axe d’une dent entraîne par conséquence des
modifications dans l’architecture dento-parodontale.
• Cinq types de mouvements différents peuvent être appliqués.
1. Mouvement de version
• Lors de ce mouvement de version, il y a alors une zone de
compression au niveau de la crête alvéolaire et une autre au niveau
apical.
• Dans un parodonte affaibli, le support osseux est réduit, le centre de
résistance à la force se déplace plus apicalement.
• Les forces sont donc concentrées dans les zones apicales et marginale
de l’os alvéolaire. Ces zones aux surfaces réduites reçoivent alors une
pression relativement élevée.
1. Mouvement de version
• Lors d’un mouvement vestibulaire, les incisives montrent un
déplacement apical de la gencive marginale, mais en l’absence
d’inflammation aucune perte d’attache n’est constatée. Par contre en
présence de celle-ci la perte d’attache existe.
• De plus si le mouvement vestibulaire aboutit à la formation d’une
déhiscence osseuse, le risque de développement de récession
tissulaire marginale devient évident, surtout si le tissu marginal est de
la muqueuse alvéolaire.
2. Mouvement d’égression
• C’est le déplacement de la dent dans le sens apico-coronaire (hors de
l’alvéole) avec son parodonte.
• Les forces appliquées à la dent sont faibles comme le mouvement se
fait dans le sens de l’éruption spontanée.
• Le mouvement est fait pour que le parodonte accompagne
correctement la dent.
• L’égression s’accompagne de la migration des tissus parodontaux.
• La gencive attachée suit le mouvement de la dent, et comme la
jonction mucogingivale reste constante on assiste alors à
l’augmentation de la hauteur de gencive attachée et à une réduction
de l’épaisseur des septa alvéolaires.
2. Mouvement d’égression
• Ce mouvement, le plus souvent, ne pose pas de problème lorsque
l’épaisseur d’os est suffisante.
• En revanche, il est plus dangereux au niveau des lames osseuses
minces.
• Melsen limite l’indication de l’égression aux irrégularités des crêtes
marginales et aux lésions à trois parois.
• Les risques encourus sont l’aggravation de la mobilité et la perte du
support osseux de la dent égressée. C’est pourquoi l’égression
thérapeutique devra être effectuée avec grande prudence dans le
respect des conditions anatomiques.
3. Mouvement d’ingression

• Correspond au déplacement de la dent dans le sens inverse de


l’éruption, selon le grand axe. Il est non physiologique donc difficile à
réaliser et nécessitant un ancrage important. Les forces les plus
faibles seront délivrées.
3. Mouvement d’ingression
• Melsen a démontré la fin des années 1980, qu’après réalisation d’un
lambeau chirurgical d’assainissement suivi de l’ingression
orthodontique, on obtient un gain d’attache significatif et une
néoformation cémentaire à condition que l’hygiène soit maintenue de
manière stricte.
• En 1992, il a montré que le résultat est lié à l’augmentation de
l’activité des cellules ligamentaires induite par le mouvement
d’intrusion. Ces résultats ont été confirmés en 2001 par Isaka.
3. Mouvement d’ingression

!!! Il existe tout de même un risque de résorption radiculaire si les


forces appliquées sur la dent sont trop importantes sur un patient avec
risque parodontal, lors de l’ingression. Il est donc important d’appliquer
des forces légères sur des dents avec parodonte à risque.
4. Mouvement de translation
Ce mouvement est caractérisé par le déplacement de l’apex et de la
couronne dans la même direction et de la même distance, soit un
mouvement de la dent parallèle à son grand axe. Il s’effectue en
appliquant une force sur une dent, ou un groupe de dents, dont la ligne
d’action passe par le centre de résistance de la dent ou groupe de
dents.
4. Mouvement de translation
Il est très compliqué de réaliser des systèmes orthodontiques
produisant de telles forces. En pratique ce mouvement reste difficile à
accomplir en une seule manœuvre, il est souvent exécuté à l’aide d’une
série de rectifications de trajectoire. L’utilisation d’un système de forces
associant forces simples et couples rend possible la translation. La dent
entière étant en mouvement parallèle au grand axe, les forces sont
réparties également. Ainsi, sur toute la surface radiculaire, les fibres
parodontales sont comprimées du côté en pression et étirées du côté
en tension.
4. Mouvement de translation
• En ce qui concerne les mouvements mésio-distaux, le déplacement
d’une dent à parodonte fin dans une crête alvéolaire plus étroite dans
le sens vestibulo-lingual aboutit à une perte d’attache et à l’apparition
d’une dénudation radiculaire.
5. Mouvement de rotation
• Ce mouvement est caractérisé par un déplacement de la dent sur
elle-même autour d’un axe qui passe soit par son grand axe (c’est la
rotation axiale), soit par un axe qui lui est parallèle (c’est la rotation
marginale). La rotation est provoquée par un couple de forces. Trois
éléments vont influencer la mécanique :
- La forme de la racine en section,
- Le nombre de racines de la dent,
- La localisation de l’axe de rotation autour duquel se fait le
mouvement de la dent.
5. Mouvement de rotation
• Les rotations détruisent la symétrie de l’embrasure, affectent la
fonction du point de contact et modifient la largeur du septum
interdentaire. Sur les dents pluriradiculées, elles peuvent faire saillir
une des racines en entraînant une fenestration de la table alvéolaire
ou une déhiscence de la crête alvéolaire.
• C’est un mouvement apparemment facile à obtenir, mais il est, en
réalité, très délicat et sujet à la récidive. Il est donc primordial de les
corriger dès le début du traitement orthodontique afin de permettre
la réorganisation tissulaire. L’hypercorrection ou la fibrotomie
supracrestale peut être nécessaire.
2.3. Effets sur la santé parodontale
➢La flore bactérienne
• Il se produit des changements qualitatifs et quantitatifs de la flore
bactérienne lors de la pause de l’appareil multi-attaches.
• Cette flore qui comprend les Streptococcus mutans (S. mutans),
Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa), Porphyromonas gingivalis
(Pg), Prevotella intermedia (Pi), Tannerella forsythia (Tf) et des lactobacilles
augmente transitoirement lors de la pose de l’appareil fixe.
• Ce lorsqu’il est retiré, le phénomène est réversible. Certains
parodontopathogènes reviennent à un taux normal plusieurs mois après la
dépose de celui-ci.
➢ Les indices de l’inflammation gingivale, de
saignement et la profondeur de sondage
• Martha et al (2016) ont trouvé que les indices de l’inflammation
gingivale, de saignement papillaire, et la profondeur de sondage
augmentent de manière importante les premiers mois de traitement
jusqu’à obtenir leurs valeurs maximales au bout de 6 mois.

• Ensuite on a noté une Diminution de ces indices après débagage,


pour atteindre des indices mêmes inférieurs à ceux obtenus avant la
pose de l’appareil.
➢ Les indices de l’inflammation gingivale, de
saignement et la profondeur de sondage
• Pan et al (2017) ont admis cette modification des paramètres parodontaux
et trouvent qu’après 3 mois de débagage il n y’a aucune différence entre
l’indice gingival et l’indice de saignement sulculaire entre le groupe portant
l’appareillage et le groupe témoin (P>0.05) ;

• la prévalence et taux de pathogènes parodontaux tendaient à être


normaux, mais le taux de Pi, et la profondeur de poche au sondage
restaient élevés chez les patients ayant eu le traitement orthodontique
comparés au groupe témoins c’est-à-dire que les changements
parodontaux induits par les traitements orthodontiques ne sont que
partiellement réversibles 3 mois après la dépose de l’appareil.
➢ Inflammation gingivale / Alvéolyse
• En présence d’un parodonte non assaini
• Présence de plaque
• Présence d’inflammation
➢ Résorptions radiculaires
• Utilisation de FO lourdes
• Durée du traitement trop prolongés
• Mvts d’ingression

➢ Lésions mucogingivales
• En présence d’un parodonte fin les Mvts de version vestibulaire,
de translation et d’expansion peuvent entrainer des récessions
3. Apport de la parodontie à
l’orthodontie
Moment d’intervention

• Avant le traitement orthodontique ;


• Au cours du traitement orthodontique ;
• Après le traitement orthodontique.
Avant le traitement orthodontique
Traitement étiologique: Traitement chirurgical

• Renforcement de la motivation • Lambeaux d’assainissement


• Technique de brossage adaptée • Gingivectomie
• DSR • Chir MG: frénectomie, greffe
gingivale, lambeau déplacés
Avant le traitement orthodontique
• Avant tout traitement orthodontique, un diagnostic initial doit être
envisagé. De plus, tous les traitements restaurateurs et parodontaux
doivent être complétés avant la mise en place de dispositif
orthodontique
• Un haut niveau d'hygiène bucco-dentaire est crucial pour les patients
bénéficiant d’un traitement orthodontique afin de bien contrôler le
dépôt de plaque qui est à l’origine d’une gingivite voire une
parodontite.
• Élimination de la plaque et des facteurs de rétention de la plaque;
• Établissement d’une morphologie de la région dento-gingivale
facilitant la réalisation le nettoyage personnel correct des dents.
Au cours du traitement orthodontique
• Soins parodontaux de soutien:
• renforcement de l’hygiène
• Interception de toutes lésions parodontales ou mucogingivales (perte
d’attache, récession, acroissement gingival..)
Au cours du traitement orthodontique
• Dès le début du traitement orthodontique, un suivi régulier permet
un diagnostic précoce et un traitement rapide d’éventuelles lésions
muco-gingivales apparues récemment. Chez l’adulte, ce n’est pas
toujours évident d’évaluer la future résistance des tissus au
déplacement orthodontique. Si le tissu parodontal s’affaiblit
rapidement dès les premières forces appliquées, une correction
chirurgicale est alors immédiatement mise en place. Une séance de
contrôle de la santé parodontale doit être programmée tous les trois
à six mois.
Au cours du traitement orthodontique
• Si une récession gingivale survient pendant le traitement
orthodontique, la greffe gingivale est indiquée et doit être réalisée le
plus rapidement possible dès que les facteurs de risque (inflammation
gingivale) ont été éliminés. Le but étant de recouvrir la récession tant
qu’elle est à un stade peu avancé pour profiter d’un pronostic
optimal. Les mouvements sont alors arrêtés et un arc passif est mis
en place pour la réalisation de la chirurgie.
Au cours du traitement orthodontique
• La thérapeutique orthodontique peut reprendre dès que la
cicatrisation du site traité est complète, généralement au bout de
trois mois.
• Si un accroissement gingival s’est développé et a entravé une bonne
hygiène, il doit être corrigé : tout d’abord par un contrôle de l’hygiène
de plaque par le patient, puis par de la chirurgie soustractive si
l’accroissement persiste.
Après le traitement orthodontique
➢ Réévaluation parodontale ➢ Contention

• Clinique: •Surtout sur parodonte réduit


- Hygiène,
- Sondage , inflammation, ➢ fibrotomie circonférentielle
- mobilité, recessions, GA
• Radiologique
- Lyse osseuse, résorption
radiculaire
Après le traitement orthodontique
• Même en cas de diagnostic parodontal préorthodontique, d’un
éventuel renforcement gingival et d’un suivi rigoureux, les patients
peuvent tout de même être confronté, au fil du temps, à l’apparition
de récessions gingivales. En effet, selon les mouvements effectués, la
corticale vestibulaire et de la gencive kératinisée sus-jacente
s’amincissent, allant même parfois jusqu’à la création de déhiscences
osseuses ou de fenestration.
Après le traitement orthodontique
• Sans que des récessions apparaissent dans un premier temps, une
telle modification du biotype parodontal peut le rendre plus
vulnérable au fil des mois, des années qui suivent le traitement. Ces
récessions doivent être traitées le plus tôt possible dès leur diagnostic
par de la chirurgie plastique parodontale pour renforcer le parodonte
localement et retrouver un contour gingival satisfaisant par le
recouvrement des récessions. Les éventuelles zones à risque doivent
être renforcées en prévention de l’apparition de récessions.
4. Apport de l’orthodontie à
la parodontie
• Améliorations des conditions d’hygiène
• Corrections des mal positions
• Corrections des dysharmonies dento-parodontales
• Corrections des proximités radiculaires
• Corrections des supraclusies

• Correction d’une occlusion traumatogène

• Traction dentaire orthodontique


Conclusion
• Avant tout traitement ortho une préparation parodontale est
indispensable;
• En cours de TTT ortho un suivie parodontal rigoureux est nécessaire;
• Après l’ortho une réévaluation parodontale doit être réalisée pour
corriger les éventuel effets iatrogènes;
• La maintenance rigoureuse est la garantie de la préservation de la
santé parodontale.

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