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LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 379

En 2005, la SSO a publié la deuxième édition revue des directives


Parodontologie de qualité en médecine dentaire. Depuis lors, un certain nombre
de changements sont déjà intervenus en raison de l’accroissement
­exponentiel des connaissances en médecine dentaire. En consé-
quence, les techniques, les matériaux et parfois même les concepts
thérapeutiques sont sujets à modifications. Pour que le praticien
privé puisse garder une vue d’ensemble sur cette évolution,
les ­associations professionnelles concernées nous présentent
les normes de qualité actuellement en vigueur.

1. Principes de base Les tissus entourant les implants oraux sur toutes les surfaces dures de la cavité
et critères d’évaluation peuvent aussi présenter des atteintes orale, est une partie intégrante du traite-
analogues à la parodontite. L’inflamma- ment des affections parodontales et des
La parodontologie traite de la structure et tion superficielle de la muqueuse est ap- péri-­implantites. Le nettoyage méca-
de la fonction des tissus de soutien de la pelée mucosite péri-implantaire, alors nique professionnel de toutes les surfaces
dent, y compris les tissus de soutien des que l’atteinte des couches plus profondes dentaires affectées, avec détartrage et
implants oraux. Elle comprend les me- accompagnée de perte osseuse est appe- surfaçage radiculaire, peut être suffisant
sures diagnostiques et thérapeutiques vi- lée péri-implantite. pour initier la guérison des tissus paro-
sant à prévenir et à traiter les maladies du Bien que différents facteurs acquis ou dontaux. Mais bien souvent, d’autres
parodonte et des tissus péri-implantaires. héréditaires aient été associés à l’appari- ­mesures sont indiquées, notamment
Elle inclut également les soins à long tion et à la progression des maladies l’administration d’antibiotiques par voie
terme du patient dans le but de prévenir ­parodontales et des infections péri-im- systémique et/ou des interventions
les réinfections. plantaires, l’accumulation de grandes chirurgicales. La stabilité à long terme des
Provoquée par des bactéries, la paro- quantités de bactéries sur les surfaces résultats thérapeutiques obtenus dépend
dontite est une maladie inflammatoire dentaires et implantaires est considérée des trois facteurs-clés suivants: le patient
chronique locale qui détruit progressive- comme la cause principale de ces affec- a une bonne hygiène bucco-dentaire, il
ment les tissus de soutien de la dent (le tions. Du point de vue microbiologique, bénéficie d’un suivi professionnel régulier
système des fibres parodontales et l’os ces dépôts sont des biofilms de structure et il ne fume pas. Le soutien professionnel
­alvéolaire). La parodontite est très répan- complexe, appelés «plaque». L’inflam- du patient par le médecin-dentiste, l’hy-
due, puisque les formes légères à modé- mation locale de la gencive ou de la mu- giéniste dentaire et le personnel de pré-
rées de cette maladie affectent environ queuse induite par la plaque est consi­ vention est essentiel.
50% de la population. Quant aux formes dérée comme la base du développement
sévères, elles concernent entre 5 et 15% de la parodontite ou de la péri-implan-
de la population générale. Chez l’adulte, tite. Pour prévenir ces maladies, il est Diagnostic
la parodontite est une cause majeure de la donc d’une importance cruciale de s’op-
perte de dents. La parodontite peut affec- poser à la formation de ces dépôts bacté- L’examen parodontal a deux
ter la santé générale et peut être liée à des riens structurés. Le tabagisme augmente ­objectifs:
maladies systémiques telles que le diabète
et les maladies cardio-vasculaires.
le risque de parodontite et de péri-im-
plantite, et influence le degré de gravité
• Dans la population: l’identification des
personnes nécessitant un traitement
La forme de loin la plus répandue de de ces deux maladies. Le sevrage taba- (maladie déclarée ou risque accru de
cette affection est la parodontite chro- gique est donc également un élément maladie).
nique (CP, Chronic Periodontitis). Sur le
plan clinique, elle se manifeste principa-
­important pour prévenir les maladies
­parodontales et péri-implantaires.
• Chez les personnes nécessitant un trai-
tement: acquérir les informations né-
lement dans la seconde période de la vie; Le traitement de ces affections est cessaires pour planifier un traitement
elle était donc appelée autrefois paro­ ­indiqué lorsque les tissus présentent des individuel optimal, le mettre en œuvre
dontite de l’adulte. Il existe des formes signes d’inflammation. L’objectif princi- et vérifier les progrès obtenus.
plus rares: la parodontite agressive (AgP, pal est de supprimer l’infection bacté-
Aggressive Periodontitis), la parodontite rienne par l’élimination complète de tous Les signes cliniques primaires définissant
en tant que manifestation d’une maladie les dépôts bactériens et de leurs sites de la parodontite et la péri-implantite sont
systémique, et les parodontites nécro- rétention. Ce traitement causal, destiné à les suivants: formation de poches paro-
santes (gingivite ulcéro-nécrotique, rétablir de bonnes conditions d’hygiène dontales, inflammation locale (saigne-
GUN; parodontite ulcéro-nécrotique, buccale, aisées à entretenir, est basé non ment et/ou exsudat purulent, principale-
PUN). La parodontite agressive localisée seulement sur les prestations du théra- ment au sondage) et perte des tissus de
(AgP localisée), appelée aussi parodontite peute, mais dépend aussi dans une très soutien de la dent ou de l’implant (sys-
juvénile, affecte principalement les pre- large mesure de la participation active du tème de fibres parodontales, os alvéolaire
mières molaires et les incisives. En Suisse, patient. L’apprentissage d’une méthode ou os maxillaire). Des récessions gingi-
la parodontite juvénile est diagnostiquée de nettoyage efficace, permettant au vales peuvent être présentes, ainsi qu’une
approximativement chez un adolescent ­patient de prévenir à long terme la for- mobilité accrue ou des modifications de
sur mille à l’âge de 18 ans. mation de nouveaux dépôts de plaque position des dents. Le diagnostic diffé-

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380 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ

rentiel nécessite de plus amples informa- ­ linique est complété par un examen
c plaque. L’explication des conséquences
tions. Il s’agit notamment des informa- ­radiologique sélectif. Il est souhaitable de la consommation de tabac et du rôle
tions issues des antécédents médicaux de disposer d’une radiographie de d’autres facteurs de risque modifiables
(maladies, traitements, médicaments), chaque dent ou implant présentant des fait partie intégrante de cette phase du
de l’anamnèse médico-dentaire (traite- signes cliniques d’un état pathologique traitement. Une fois ce travail effectué et
ments antérieurs, évolution subjective), ou dont le statut n’est pas clair (par lorsque l’objectif d’une hygiène bucco-­
des antécédents familiaux (présence de exemple test de vitalité ­négatif). Cepen- dentaire adéquate est atteint, on procède
la maladie chez d’autres membres de la dant, l’évaluation radio­logique du niveau à un surfaçage radiculaire en profondeur,
famille) et des données relatives à la vita- de l’os n’a qu’une ­valeur indicative, per- jusqu’au fond de poche, avec les instru-
lité des dents. mettant de vérifier les mesures obtenues ments appropriés. Le nettoyage méca-
au sondage. nique parfait de toutes les surfaces den-
Examen parodontal de base (EPB) Dans certains cas, les tests microbiolo- taires contaminées par des bactéries et
L’EPB est destiné à mettre en évidence la giques ou les investigations pour déter- une bonne hygiène bucco-­dentaire sont
nécessité d’un traitement parodontal et miner la réponse de l’hôte fournissent les facteurs déterminants pour le succès
permettra, le cas échéant, de définir les des informations supplémentaires bien- de tout traitement parodontal. Dans la
mesures diagnostiques supplémentaires venues. L’utilité de ces tests dépend des plupart des cas, les parodontites légères
à utiliser. L’EPB est réalisé avec une investigations déjà réalisées et des options à modérées peuvent être traitées sans
sonde parodontale graduée dont le dia- thérapeutiques. Il faut renoncer aux ­recourir à la chirurgie. Lorsque les paro-
mètre de pointe est de 0,4 à 0,5 mm. ­investigations qui n’apportent pas un dontites sévères avec de multiples poches
Chaque dent et chaque implant dentaire ­bénéfice potentiel pour le patient. profondes sont traitées tout d’abord par
est sondé en deux endroits, et l’on ré- un surfaçage radiculaire minutieux et
pertorie exclusivement les dents ou les des antibiotiques systémiques (amoxicil-
implants avec des profondeurs de poches Traitement de la parodontite line et métronidazole), la nécessité de
parodontales supérieures à 4 mm, ou en traitements chirurgicaux supplémen-
présence d’un exsudat purulent au son- Traitement non chirurgical taires peut être réduite. Dans de nom-
dage. Les atteintes de furcation impor- Comme les bactéries représentent la breux cas, le traitement non chirurgical
tantes sont également enregistrées, de cause principale de la parodontite, l’élé- est ­suffisant. Il ne doit pas être compris
même que toute anomalie clinique mise ment le plus important du traitement seulement comme une préparation à la
en évidence lors de cet examen, par causal est l’élimination de ces bactéries. chirurgie.
exemple une augmentation nette de la L’élimination mécanique des dépôts Le plan de traitement initial devrait
mobilité de la dent ou des problèmes ­bactériens réduit l’inflammation dans être adapté trois à six mois après la fin
muco-gingivaux. L’EPB fait partie de toutes les formes de parodontite. Suite au du traitement subgingival en fonction de
l’examen médico-­dentaire général de raffermissement du tissu parodontal, la la réévaluation clinique du statut paro-
routine. Les radiographies en bite-wing sonde parodontale peut pénétrer moins dontal. Les principales indications à la
et les autres radiographies devraient profondément, pour une pression don- poursuite du traitement sont les sui-
­toujours être inspectées à la recherche née, entre la dent et les tissus mous. Ce vantes: présence de poches résiduelles
de signes de perte de l’os marginal. signe est interprété cliniquement comme avec des valeurs de sondage >4 mm,
une réduction de la poche et un gain ­saignant au sondage ou présentant des
Status parodontal d’attache. exsudats purulents, et conditions ana­
Lorsque l’EPB indique la nécessité d’un Sur la base d’études bien documentées, tomiques défavorables des racines com-
traitement, un status parodontal complet il est recommandé de procéder selon les pliquant l’hygiène bucco-­dentaire.
est réalisé afin d’obtenir tous les rensei- étapes suivantes dans les situations habi-
gnements nécessaires pour planifier et tuelles: après explication du statut cli- Interventions chirurgicales
mener à bien un traitement individuel nique et motivation du patient pour une Des interventions chirurgicales peuvent
optimal. Ces données représentent aussi hygiène bucco-dentaire adaptée à sa être nécessaires pour réduire encore les
la condition sine qua non pour l’évalua- ­situation personnelle, on procède tout poches, éliminer le tartre résiduel, traiter
tion ultérieure de la réussite du traite- d’abord à un nettoyage dentaire supra-­ les furcations, pour la régénération tis-
ment. gingival. Les dépôts de tartre, les élé- sulaire guidée et autres mesures de régé-
L’enregistrement du statut parodontal ments de rétention de plaque (niches) nération, et dans certains cas pour la
est effectué sur la base des mesures réali- et les obstacles en matière d’hygiène correction des tissus mous et/ou de la
sées à l’aide d’une sonde graduée. La bucco-­dentaire sont éliminés. Le cas morphologie osseuse, par exemple pour
pro­fondeur de sondage est mesurée et échéant, les dents qui ne peuvent être faciliter une hygiène buccale adéquate
enregistrée au moins en quatre points préservées sont extraites, et d’autres trai- ou certaines réalisations prothétiques.
pour les dents monoradiculaires et les tements dentaires urgents ou prépara- Une bonne hygiène bucco-dentaire du
implants, et en six points pour les mo- toires sont effectués. Puis c’est l’ensei- patient est requise, ainsi que la prise en
laires. Puis l’on enregistre les saigne- gnement et la pratique d’une méthode compte d’un éventuel tabagisme. On re-
ments au sondage (Bleeding on Probing, d’hygiène bucco-dentaire adéquate noncera à une couverture antibiotique
BOP), les exsudations purulentes éven- (brosse à dents, méthode de nettoyage en l’absence d’une indication contrai-
tuelles et la mobilité de la dent. Pour interdentaire, autres moyens auxiliaires gnante.
les dents p­ luriradiculées, l’entrée des utiles), avec pour objectif que le patient
furcations est sondée, et ­l’atteinte de puisse maintenir plus de 80% de toutes
furcation est ­documentée. Le statut les surfaces dentaires exemptes de

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LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 381

Traitement des infections des nouvelles infections et en combattant nation de toutes les poches de plus de
­péri-implantaires précocement les réinfections au niveau 4 mm n’est pas toujours facile à réaliser
des poches résiduelles. complètement. Bien que les poches rési-
Lors du traitement des infections péri-­ De même, après le traitement de pro- duelles entraînent un risque de réinfec-
implantaires, il s’agit d’éliminer les bio- blèmes péri-implantaires, des contrôles tion, la persistance d’une profondeur de
films bactériens et autres dépôts éven- réguliers devraient être réalisés afin de sondage de plus de 4 mm n’est cepen-
tuels (par exemple résidus de ciment) détecter dès que possible toute nouvelle dant pas en soi une raison suffisante pour
des surfaces d’implants fortement struc- infection ou réinfection. procéder à une extraction ou pour réaliser
turées, tant au niveau macroscopique Le système de recalls nécessite une or- une autre intervention radicale. Etant
que microscopique. Dans de nombreux ganisation spécifique du cabinet dentaire, donné que les dents présentant des
cas, le traitement non chirurgical est permettant de convoquer à intervalles poches résiduelles peuvent rester stables
­insuffisant; une intervention chirurgicale ­réguliers les patients traités. La mise en lorsqu’elles sont bien soignées, les béné-
subséquente est alors conseillée afin œuvre efficace de ce programme néces- fices potentiels de toute résection ou exé-
d’obtenir un accès direct aux surfaces site généralement le concours de collabo- rèse chirurgicale doivent l’emporter net-
contaminées. Diverses méthodes ont été rateurs qualifiés. Selon le risque indivi- tement, pour justifier leur utilisation, sur
proposées; elles diffèrent par la procé- duel, les séances de recall ont lieu tous les les dommages provoqués par le sacrifice
dure chirurgicale utilisée, la méthode trois à douze mois et comprennent les de tissus parodontal ou dentaire dur.
de nettoyage des surfaces, l’utilisation points suivants: Le sixième aspect des lignes directrices
d’agents antimicrobiens et les mesures relatives à la qualité est constitué par les
supplémentaires. Les avantages relatifs
des éléments thérapeutiques spécifiques

réévaluation des paramètres néces-
saires;
normes de santé parodontale. Cela cor-
respond en somme à la description d’un
et leur succès à long terme sont mal­
heureusement documentés de manière

information ciblée et motivation du
­patient;
objectif thérapeutique qui pourra être
­atteint en cas de réussite du traitement.
encore incomplète. • élimination de la plaque et du tartre; C’est pourquoi la description des tissus
• traitement ciblé lors de réinfection ou
de nouvelle infection;
est mise en relation avec l’évaluation des
prestations fournies, en prenant en
Résultats du traitement • application locale de médicaments; compte la collaboration (observance, ou

Au terme du traitement, les objectifs sui-


• détermination de la prochaine visite de
recall en fonction du risque du patient.
compliance) du patient. Les soins paro-
dontaux ne sont donc pas évalués sur la
vants devraient être atteints: base d’un seul ensemble de critères, mais
pour les différentes phases de traitement
• réduction substantielle de la plaque; Lignes directrices concernant séparément. Lorsque le traitement paro-
• pas d’exsudat purulent au niveau du
sillon gingivo-dentaire;
la qualité dontal se déroule en parallèle à d’autres
interventions médico-dentaires, il
• gencive saine, réduction importante
des saignements au sondage (BOP);
La gestion de la qualité des soins paro-
dontaux comprend quatre étapes thé­
convient en outre d’appliquer les critères
de qualité aux autres mesures thérapeu-
• en principe, réduction de la profondeur
de sondage à moins de 5 mm. Persis-
rapeutiques; après leur réalisation, le
­pra­ticien sera en mesure d’évaluer les
tiques.

tance minimale de rares sites isolés prestations accomplies et le résultat


avec une profondeur de sondage supé- ­atteint. Cette réévaluation servira notam-
rieure à 4 mm; ment à choisir, le cas échéant, des étapes
• pas de concrétions dures sur la surface
radiculaire;
thérapeutiques supplémentaires. Les
quatre étapes thérapeutiques à évaluer
• absence d’obstacles à l’élimination de
la plaque (débordements d’obturations
sont le diagnostic, les traitements non
chirurgicaux, les traitements chirurgi-
ou bords de couronnes non adaptés); caux et les soins post-thérapeutiques.
• pas de progression de la mobilité den-
taire;
En outre, l’évaluation de la collaboration
du patient (compliance) en tant que cin-
• participation et collaboration du
­patient assurées lors des recalls.
quième aspect lié à la qualité du traite-
ment revêt une importance décisive. On
comprend bien qu’il ne sera guère pos-
sible d’atteindre des résultats de niveau
Soins post-thérapeutiques «A», voire «A+» pour l’ensemble des
étapes thérapeutiques chez un patient
Le succès à long terme du traitement dont la compliance est de niveau «C».
­parodontal dépend moins de la méthode Le succès du traitement parodontal
de traitement initiale que de la prise en ­dépend de la collaboration du patient.
charge post-thérapeutique. Le but du Plus les poches sont profondes avant le
suivi à long terme est le maintien de la traitement et plus la destruction des tis-
santé bucco-dentaire, c’est-à-dire la sus de soutien est avancée, plus il sera
préservation de l’intégrité des tissus pa- difficile d’atteindre un objectif de traite-
rodontaux et des dents par la prévention ment idéal. Dans les cas avancés, l’élimi-

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382 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ

2. Critères d’évaluation des niveaux de qualité A à C


TRAITEMENT CHIRURGICAL
DIAGNOSTIC TRAITEMENT NON CHIRURGICAL
DU PARODONTE

Sur la base de l’EPB, les paramètres Tous les dépôts bactériens sont élimi- Les objectifs ont été atteints avec un
cliniques nécessaires sont sélection- nés de manière ciblée par un traite- minimum d’effets secondaires indési-
nés individuellement et relevés de ment professionnel adéquat des sur- rables. Le patient est satisfait à tous
­façon ciblée. Les résultats sont claire- faces radiculaires, avec une ablation égards du résultat obtenu.
ment documentés visuellement et minime de tissu dentaire dur et sans
permettent d’informer le patient. provoquer de dommages macrosco-

A+
piques à la surface des dents. Un trai-
tement chirurgical supplémentaire est
nécessaire seulement en quelques
endroits présentant une atteinte sé-
vère ou complexe. Les facteurs de
risque modifiables ont été éliminés.

L’EPB fait partie de l’examen médi- Elimination complète mais largement Les objectifs du traitement chirurgical
co-dentaire général de routine. Chez indifférenciée de la plaque bacté- parodontal ont été atteints. Des
les personnes ayant besoin d’un trai- rienne molle ou calcifiée. Le traite- conditions favorables pour l’élimina-
tement, toutes les informations ment entraîne une réduction progres- tion rationnelle régulière des dépôts
anamnestiques, cliniques et radiolo- sive de la profondeur de sondage et durs et mous ont été créées. De rares

A
giques nécessaires sont obtenues afin une réduction significative du nombre sites isolés restent difficiles à net-
de planifier un traitement individuali- de poches >4 mm qui saignent au toyer. Des atteintes esthétiques et des
sé optimal, de le mettre en œuvre et sondage. Les surfaces dentaires ne collets hypersensibles sont présents
d’en suivre les progrès. sont endommagées que de façon mi- mais supportables. Le patient est glo-
nime. L’ablation de tissu dentaire dur balement satisfait du résultat.
est faible. L’état de la dentition permet
une hygiène buccale parfaite. Les fac-
teurs de risque modifiables (p. ex.
tabagisme) ont été réduits.

L’EPB n’est pas réalisé de routine. Les Elimination incomplète des dépôts Les objectifs du traitement chirurgical
personnes ayant besoin d’un traite- bactériens. Le traitement entraîne parodontal en vue de créer des condi-
ment sont investiguées de manière une perte modérée de tissu dur et tions favorables à l’élimination de la
non systématique ou incomplète. La n’endommage que légèrement les plaque et de permettant réduire les
documentation est incomplète. Les surfaces dentaires. Quelques obsta- profondeurs de sondage n’ont pas été

B
investigations réalisées ne présentent cles isolés s’opposent à une hygiène pleinement atteints. Les résultats
pas toujours un bénéfice potentiel buccale parfaite. Le tabagisme et ­obtenus ne sont pas en adéquation
pour le patient. autres facteurs de risque n’ont pas avec les investissements réalisés.
été réduits de manière significative. Globalement, le patient n’est pas
­satisfait du résultat.

L’état parodontal n’est pas pris en Certains dépôts bactériens mous ou Avant l’intervention chirurgicale,
considération. Le statut n’est pas calcifiés nettement visibles n’ont pas a­ ucune tentative n’a été faite pour
­documenté, bien que des mesures été éliminés. L’utilisation d’instru- parvenir à un degré élevé d’élimina-
thérapeutiques aient déjà été prises. ments inappropriés entraîne des tion de la plaque et à une diminution
Exception: les situations d’urgence. pertes marquées de tissu dentaire dur significative de l’inflammation gingi-

C
et endommage la surface des dents. vale. Les mesures chirurgicales paro-
Des saignements gingivaux et des dontales exécutées de façon incor-
poches parodontales profondes ont recte conduisent à des lésions du
été ignorés. Des obstacles importants, parodonte, de la morphologie gingi-
iatrogènes ou consécutifs à la situa- vale et/ou de la substance dentaire
tion individuelle du patient s’opposent dure. Les interventions de chirurgie
à une bonne hygiène bucco-dentaire. parodontale sont réalisées alors que
Le tabagisme et d’autres facteurs de le cabinet n’est pas en mesure de
risque ont été ignorés. proposer un programme de recall.

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LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 383

COLLABORATION DU PATIENT
SUIVI POST-THÉRAPEUTIQUE OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES
(­COMPLIANCE, OBSERVANCE)

Le cabinet dispose pour chaque pa-


tient d’un système de recall actif,
Le patient désire faire contrôler
l’état de son parodonte à intervalles
• Pas de poches >4 mm saignant
­fréquemment au sondage.
personnalisé et efficient sur le plan
des coûts. Des collaborateurs spécia-
réguliers. Il veut comprendre ses
­problèmes en détail. Son hygiène
• Saignements minimes et spora-
diques au sondage.
lement formés soutiennent les efforts
du patient en matière d’hygiène
bucco-­dentaire est parfaite, réalisée
régulièrement et avec la dextérité né-
• Pas de furcations ouvertes mon-
trant des signes d’inflammation et

A+
bucco-­dentaire. L’accent est mis sur cessaire, afin de prévenir les atteintes inaccessibles à l’hygiène bucco-­
le diagnostic, et les mesures théra- de la gencive et des tissus dentaires dentaire.
peutiques récurrentes sont réalisées
sur les sites spécifiques en ména-
durs. Il s’assure que les séances de
recall sont régulièrement observées.
• Pas de dépôts mous visibles, pas
de tartre.
geant les tissus. Ces mesures doivent
éviter tout surtraitement.
Il est nonfumeur ou désaccoutumé du
tabac.
• L’aspect du parodonte est satisfai-
sant sur le plan esthétique.
• Occlusion individuelle optimale.
• Le patient est nonfumeur ou
­désaccoutumé du tabac.

Les investigations diagnostiques per-


tinentes sont réalisées régulièrement.
Le patient est disposé à faire contrôler
l’état de son parodonte; il tente de
• saignant
Pas de poches résiduelles >4 mm
régulièrement au sondage.
Les atteintes des gencives, du paro- comprendre les problèmes et accepte • Pas de poches résiduelles >5 mm.
donte et des tissus durs sont traitées le programme d’hygiène buccale pro- • Pas d’exsudat purulent.
de manière ciblée et adéquate. posé, ainsi que les séances de recall • Seules quelques poches isolées

A
planifiées selon un rythme régulier. saignent au sondage.
Toutefois, le programme d’hygiène
du patient ne peut pas toujours être
• Furcations fermées ou ouvertes,
mais nettoyables.
respecté en raison d’événements
­extérieurs – aussi bien privés que
• Rares sites présentant des dépôts
mous ou calcifiés visibles.
professionnels. Le patient fume peu • Absence de douleurs.
(≤10 cigarettes/jour). • Occlusion stable.
• Letionpatient a réduit sa consomma-
de tabac.

Le recall est proposé à la demande du


patient. Les investigations diagnos-
Le patient est peu intéressé à com-
prendre les problèmes parodontaux.
• Quelques poches >4 mm saignent
régulièrement au sondage.
tiques sont réalisées à intervalles ir-
réguliers. Les lésions manifestes sont
Il aimerait que l’hygiéniste dentaire ou
le médecin-dentiste résolve les pro-
• Ledesniveau d’attache et la profondeur
poches n’est pas stable partout.
traitées de manière adéquate. blèmes sans sa collaboration active. • Exsudat purulent en quelques sites.
• Plusieurs

B
Le patient est fumeur (11–19 ciga- sites de saignement au
rettes par jour). sondage.
• Certaines furcations ne sont pas
accessibles/nettoyables
• Plusieurs sites présentent des
­dépôts visibles, durs ou mous.
• Douleurs occasionnelles.
• Perturbations occlusales peu
­importantes, corrigeables.

On ne propose pas de recall au pa-


tient. Les lésions ne sont pas traitées,
Le patient a une attitude de déni face
aux problèmes parodontaux, même
• Deexsudats
multiples sites présentent des
purulents.
ou seulement en cas de problème s’ils sont évidents. Il n’est pas disposé • Abcès récidivants.
aigu. à se faire traiter, sauf en cas d’ur-
gence. Le patient fume beaucoup
• Négligence
buccale.
grossière de l’hygiène

• Saignements

C
(≥20 cigarettes par jour). généralisés au son-
dage.
• Pertes nettes d’attache avec pro-
gression en plusieurs sites.
• Persistance de troubles occlusaux
avec limitation fonctionnelle.

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384 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ

3. Explications
Protocole standard pour le traitement de la parodontite chronique
ou agressive

1. Diagnostic
ANAMNÈSE • Demandes et plaintes subjectives, évolution, traite-
ments antérieurs.
• Etat de santé général, traitements médicaux.
• Facteurs de risque parodontaux (tabagisme, stress,
anamnèse familiale, etc.).

EXAMEN CLINIQUE • Full mouth plaque score (FMPS, accumulation de plaque


oui/non sur 4 surfaces par dent).
• Profondeur de sondage (PS), récession, saignement
au sondage (4 ou 6 sites par dent).
• Atteinte de furcation, exsudats purulents, mobilité
­dentaire, test de vitalité.
• Eléments de rétention de plaque (restaurations défec-
tueuses, lésions carieuses, etc.).

IMAGERIE Radiographie de chaque dent présentant des signes cli-


niques pathologiques ou un statut incertain (par exemple
test de viabilité négatif).

PRÉSENTATION DU CAS ET Explication du status clinique et du traitement proposé.


MOTIVATION Motivation du patient pour améliorer l’hygiène buccale et
réduire les risques modifiables (tabagisme).

2. Traitement non chirurgical


PRÉPARATION • Nettoyage dentaire supragingival (par ultrasons et/ou
instruments à main).
• Suppression des éléments de rétention de plaque et des
obstacles à l’hygiène bucco-dentaire.
• Extraction des dents ne pouvant être maintenues.
• Traitements dentaires urgents ou préparatoires.
INSTRUCTIONS D’HYGIÈNE Instruction et mise en pratique d’une méthode d’hygiène
BUCCO-DENTAIRE bucco-dentaire adéquate (brosse à dents, méthode de
nettoyage interdentaire, moyens auxiliaires)

CONTRÔLE DE L’HYGIÈNE
BUCCO-DENTAIRE
• Détermination
tion.
du FMPS quelques jours après l’instruc-

• Lorsque le FMPS est insatisfaisant, nouvelle motivation


et instructions, exercices pratiques.
• Répétition de cette étape jusqu’à l’obtention d’un bon
niveau d’hygiène bucco-dentaire.

DÉTARTRAGE ET SURFAÇAGE Surfaçage radiculaire approfondi jusqu’au fond des


RADICULAIRE poches, aux ultrasons et à la curette à main (par exemple
curette de Gracey), réalisé en une ou plusieurs sessions
consécutives.

CONTRÔLE CHIMIQUE Rinçage antimicrobien de la bouche pendant environ


DE LA PLAQUE deux semaines (par exemple chlorhexidine à 0,2%).

ANTIBIOTIQUES Pour les cas présentant de multiples poches profondes,


des antibiotiques systémiques (surtout l’amoxicilline et
le métronidazole p.o.) peuvent être indiqués, notamment
si cela peut permettre d’éviter un traitement chirurgical
supplémentaire.

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LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 385

3. Suivi et réévaluation (à 1, 3 et 6 mois) 4. Bibliographie


CONTRÔLE DE L’HYGIÈNE • Contrôle du FMPS.
BUCCO-DENTAIRE • Sil’instruction
le FMPS est insuffisant, remotivation et reprise de
théorique et pratique de l’hygiène bucco-­
Axelsson P, Nystrom B, Lindhe J: The
long-term effect of a plaque control
dentaire. ­program on tooth mortality, caries and
periodontal disease in adults. Results after
DÉBRIDEMENT • LeRéévaluation
cas échéant, nettoyage dentaire sus-gingival.
• 30 years of maintenance. J Clin Periodon-
tol 31: 749–757, 2004
RÉÉVALUATION À 3 ET 6 MOIS PS, récession, saignements au sondage, exsudats puru-
lents, atteinte de furcation. Pihlstrom B L, Michalowicz B S, John-
son N W: Periodontal diseases. Lancet
2005; 366: 1809–1820.
4. Traitement chirurgical parodontal
(en fonction des résultats de la réévaluation) Warnakulasuriya S, Dietrich T,
Bornstein M M, Casals Peidró E, Preshaw
MESURES LIÉES À UNE CAUSE Création d’un accès chirurgical pour le surfaçage radicu-
SPÉCIFIQUE laire dans les endroits d’accès difficile par voie non
P M, Walter C, Wennström J L,
chirurgicale (par exemple les poches profondes, les furca- Bergström J: Oral health risks of tobacco
tions ouvertes), ou pour la réduction des poches. use and ­effects of cessation. Int Dent J 60:
7–30, 2010
TRAITEMENT RÉGÉNÉRATIF La morphologie de la lésion parodontale est déterminante
pour le succès des mesures régénératives supplémen-
taires.
Mombelli A, Décaillet F, Almaglouth A,
• Protéines de la matrice de l’émail. Wick P, Cionca N: Effiziente, minimal-­
• Régénération tissulaire guidée. invasive Parodontitistherapie. Ein
• Augmentation osseuse. evidenzbasiertes Behandlungskonzept.
Rev. Mens. Suisse Odontostomatol. 121:
AUTRES MESURES Après l’achèvement du traitement parodontal, dans des
conditions exemptes d’inflammation:
145–157, 2011.
• mesures préprothétiques (par exemple allongement
de couronnes cliniques); Herrera D, Alonso B, León R, Roldán S,
• traitements supplémentaires indiqués pour des raisons
esthétiques;
Sanz M: Antimicrobial therapy in perio-
dontitis: the use of systemic antimicro-
• pose d’implants;
• autres.
bials against the subgingival biofilm.
J Clin Periodontol. 35 (Suppl): 45-66,
2008.

5. Suivi post-thérapeutique
Walter C, Weiger R, Zitzmann N U:
EXAMEN CLINIQUE PS, récession, saignements au sondage, exsudats puru- ­Periodontal surgery in furcation-involved
lents, atteinte de furcation. ­maxillary molars revisited. An introduc-
tion of guidelines for comprehensive
IMAGERIE Evaluation de la réussite du traitement: en général pas
treatment. Clin Oral Investig. 15: 9–20,
avant une année (éventuellement plus tôt lors de statuts
peu clair). 2011.

HYGIÈNE BUCCO-DENTAIRE Le cas échéant remotivation, instructions supplémentaires


et exercices d’hygiène buccale.
5. Auteurs des directives
TRAITEMENT D’ENTRETIEN • SiContrôle
nécessaire, nettoyage dentaire supragingival. ­parodontologie
• appropriéesciblé des réinfections par des mesures locales
(par exemple instrumentation des sites Auteurs de la présente édition:
présentant une augmentation des profondeurs de son- Andrea Mombelli, Genève
dage, une nouvelle perte d’attache clinique, un saigne-
Jürg Schmid, Ilanz
ment au sondage, une exsudation purulente).
Clemens Walter, Bâle
Anton Wetzel, Saint-Gall

Auteurs de la première édition (1999):


Markus Grassi, Niklaus P. Lang,
Barbara Lehmann, Andrea Mombelli,
Jürg Schmid

Traduction française:
Jacques Rossier et Thomas Vauthier

SWISS DENTAL JOURNAL  VOL 124  3/2014

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