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[23-035-A-10]
JC Hess : Professeur
E Médioni : Assistant
G Vené : Ancien Assistant
Département d'odontologie conservatrice de la faculté de chirurgie dentaire de Nice France
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INTRODUCTION
Supprimer la cause qui a fait naître une maladie est un objectif qui doit toujours être
recherché. En effet, le traitement " étiologique " peut souvent à lui seul entraîner la fin de
la maladie, dans la mesure où celle-ci n'a pas occasionné de lésions irréversibles capables
d'évoluer pour leur propre compte.
Dans la mesure où les facteurs étiologiques ont déclenché une affection, il n'est plus
possible de préconiser un traitement " préventif " ; on peut seulement réaliser un
traitement " curatif ", un traitement " étiologique ".
S'il est possible d'éviter l'ensemble des facteurs iatrogènes, les troubles fonctionnels de
l'occlusion, les méfaits d'un brossage des dents mal conduit, et même la carie et les
parodontopathies, et pourquoi pas les barotraumatismes, on ne voit pas comment on
pourrait éviter les vecteurs traumatogènes accidentels, et l'on ne sait pas, à ce jour,
comment prévenir les méfaits sur la pulpe d'une bactériémie ou d'une intoxication
endogène.
On pourrait donc souvent prévenir, mais ou bien on ne le peut pas, ou bien on ne le sait
pas, et trop souvent on ne le fait pas.
De plus, si les facteurs étiologiques agissent sur la pulpe par la voie apicale, qu'ils soient
externes (parodontites profondes, contusions) ou internes (bactériémie,
barotraumatismes, intoxication), il n'est pas possible actuellement de traiter la pulpite
autrement qu'en éliminant la pulpe dans sa totalité ; en effet, on ne sait presque pas
intervenir au niveau apical d'une manière conservatrice.
Par contre, on a toutes les possibilités d'intervention pour supprimer la plupart des
facteurs étiologiques coronaires externes et leurs effets, à savoir, en plus des troubles
occlusaux :
Ainsi :
le traitement des pertes de substance consiste, après traitement par " coiffage "
de la plaie pulpo-dentinaire, dans leur restauration (en évitant la création de tout
facteur iatrogène) ;
le traitement des restaurations nocives consiste dans leur suppression (c'est-à-dire
l'élimination du matériau incriminé), dans le retour à la cavité dentinaire, puis dans son
" coiffage " avant une nouvelle restauration, non agressive cette fois.
Dans ces deux cas, le " coiffage " constitue le traitement étiologique de l'inflammation de
la pulpe et permet presque toujours sa conservation vivante.
Parce que la pulpe et le desmodonte possèdent, entre autres, une fonction minéralisatrice,
qui est actuellement la seule contrôlable cliniquement à l'aide de la radiographie, on a pris
comme référence de guérison l'élaboration de dentine, de cément ou d'os alvéolaire.
Définition
" On appelle dentinogènes des thérapeutiques chirurgicales portant sur l'ensemble pulpo-
dentinaire, ayant pour but de redonner à la pulpe enflammée une structure normale et
une vie saine pour que ses fonctions naturelles, en particulier la dentinogenèse, puissent à
nouveau s'exercer régulièrement. "
D'autre part, étant donné que le terme ultime de toute intervention endodontique consiste
à mettre une substance au contact du tissu enflammé (qu'il s'agisse du conjonctif pulpaire
ou du conjonctif périapical), à le " coiffer " avec celle-ci, on pourrait dire que toute
l'endodontie est " coiffage ".
En fait, par commodité de langage on réserve le terme de " coiffage " aux interventions
pulpo-dentinaires situées en dehors de la cavité pulpaire ou au contact de la pulpe, c'est-
à-dire para- ou juxtapulpaires.
Ainsi, selon le lieu de l'intervention et son site topographique, le coiffage pourra être :
indirect si elle reste recouverte d'une pellicule de dentine déminéralisée (coiffage encore
appelé dentinaire juxtapulpaire).
Toutes les autres interventions sont intrapulpaires (pulpotomie et pulpectomie).
Enfin, si du temps de Tomes, une pulpe atteinte était une dent perdue, si pendant
longtemps encore on a pensé qu'une pulpe atteinte était une pulpe perdue, on sait
maintenant qu'une pulpe atteinte peut être guérie et conservée vivante.
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La dent vivante est sensible. La sensibilité, dont le rôle proprioceptif est assez limité,
constitue, par contre, un facteur de limitation de l'évolution des pathologies, même
iatrogènes, en constituant une alarme pour le malade incité ainsi à se faire soigner.
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INDICATIONS GÉ NÉ RALES
Le choix thérapeutique résulte d'une discussion entre ces trois pôles et d'une suprématie
de l'un sur l'autre (tableau I). Si l'indication et le pronostic d'un traitement dentinogène
dépendent essentiellement de l'état pulpaire, l'indication d'un coiffage est aussi en relation
avec la nature et la qualité de la perte de substance dentinaire : plaie vive ou non,
pénétrante ou non, carieuse ou non, etc.
Le praticien doit considérer ensemble tous ces faits pour faire son choix.
Diagnostic
Indications
Il s'agit là des cas les plus nombreux et les plus courants, c'est dire que les indications
sont fréquentes. Récemment, on a fait la preuve que l'on pouvait les étendre avec succès
aux formes aiguës.
Contre-indications
Pulpites totales, non réversibles. Elles apparaissent, comme n'étant pas du ressort des
thérapeutiques dentinogènes :
En plus, celles qui résultent d'un facteur étiologique agissant sur la région radiculaire ou
apicale : les pulpites ascendantes.
La difficulté principale pour le praticien est de savoir devant quel cas de pulpite fermée il
est, devant une forme partielle ou devant une forme totale ?
Dans les caries non pénétrantes, la pulpite est presque toujours partielle ; elle commence
à diffuser dans la racine quand la carie devient pénétrante. L'apparition d'une pulpite aiguë
secondaire ne modifie pas sur-le-champ cette localisation coronaire : l'abcédation ne
s'étend à la racine qu'au fur et à mesure de l'apparition successive de phénomènes aigus.
Seltzer a bien montré que les pulpites les plus aiguës sont nécrotiques, certes, mais
partielles, et que la sensibilité à la percussion est davantage en rapport avec la présence
de nécrose qu'avec une éventuelle localisation radiculaire. Dans les pulpites aiguës
primaires, l'évolution du partiel au total peut se faire rapidement en quelques jours. D'où
l'intérêt de voir les blessés le plus tôt possible.
A priori, dans toutes les lésions non pénétrantes (ou fermées), il faut chercher à conserver
la pulpe vivante.
Dans les formes pénétrantes, la guérison n'est possible que si la dénudation de la pulpe
est récente pour que l'infection soit la plus limitée possible (fracture, curetage dentinaire,
fraisage). Toute pulpe vivante qui baigne assez longtemps dans la salive risque d'être
considérée comme perdue ; dans ce cas, l'intervention dentinogène ne peut être qu'une
tentative, elle n'est plus assurée du succès.
Bilan biologique
Outre l'état pathologique, le bilan biologique de la pulpe tient compte aussi de l'âge de
celle-ci. Plus la pulpe est jeune, plus les facultés réparatrices sont grandes.
Certaines maladies comme le diabète altèrent suffisamment l'état général du malade pour
être à l'origine de contre-indications.
Exigences techniques
Nous connaissons dès à présent l'intérêt de conserver les pulpes vivantes ; nous savons
dans quels cas il est possible de les maintenir telles.
Après le " pourquoi ? " et le " quand ? " des thérapeutiques dentinogènes, il faut chercher
maintenant le " comment ? ".
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Les thérapeutiques vitales de la pulpe font appel à l'une de ses fonctions essentielles : la
dentinogenèse.
A la différence du tissu osseux qui contient en son sein ses propres cellules, les
ostéoblastes, le tissu dentinaire ne comporte que les éléments fibrillaires de ses cellules,
les odontoblastes, qui se trouvent situés en dehors de lui, dans la pulpe.
Une publication de Stanley, White et Mac Cray (1966) a complété les études
précédentes ; elle porte sur la vitesse de la formation de la dentine réparatrice. Cette
vitesse est intéressante à connaître dans la mesure où l'on veut savoir combien de temps
on doit laisser un pansement pour obtenir le succès de l'intervention. L'étude de Stanley
porte sur 108 dents humaines après des préparations de cavités cervicales.
Donc, chez l'homme, deux semaines s'écoulent avant la formation de la première dentine
tertiaire ; c'est le temps pendant lequel se déroulent les étapes que Seltzer a énumérées.
A partir du 27e jour, quand l'activité enzymatique est redevenue normale, commence le
maximum d'activité dentinogénétique. Un mois et demi environ après l'intervention, la
dentinogenèse ralentit nettement pour reprendre progressivement sa vitesse normale
(fig. 1).
Si l'on considère l'usage des corticoïdes dans les coiffages et si l'on compare cette étude
de celle de Seltzer, on peut admettre une telle thérapeutique seulement dans les tout
premiers jours du traitement, pendant la période inflammatoire, ce qui est le but
recherché d'ailleurs. Mais peut-on affirmer que cette action anti-inflammatoire est
vraiment sans conséquence sur les étapes suivantes de la minéralisation ? Il semble
souhaitable d'éviter d'employer le corticoïde.
Mac Walter, El-Kafrawy et Mitchell ont fait chez le singe une étude tout à fait superposable
à celle de Stanley, White et Mac Cray pour mesurer l'épaisseur de la couche dentinaire
néoformée après un coiffage pulpaire et sa vitesse de formation. Ils trouvent aussi, qu'au
début, la formation minérale est rapide, de structure amorphe et parfois tubulaire, et
qu'avec le temps, la vitesse se réduit mais la structure devient plus régulière. La réaction
du singe est différente de celle de l'homme ; elle est plus rapide surtout au début ; passé
cette considération, les résultats des deux recherches sont superposables (tableau II).
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PRODUITS DE COIFFAGE
Le traitement étiologique consiste à supprimer, parmi les facteurs qui ont créé la pulpite,
tous ceux qui engendrent des pertes de substances et des plaies de dentine et, par suite,
une infiltration microbienne.
Mais la nature des produits de cette obturation importe beaucoup. L'amalgame, le ciment
aux orthophosphates, la résine, etc., ne peuvent être des produits de coiffage parce qu'ils
présentent tous les inconvénients susceptibles de contrarier la biologie pulpaire et d'être à
l'origine de pulpites. C'est une raison pour laquelle il faut, dans le cas d'une carie à
évolution rapide, par exemple, faire précéder la reconstitution d'un pansement cicatriciel
avec " autre chose ", cette " autre chose " étant un produit de coiffage. Quand la matière
obturatrice engendre une pulpite, le premier geste thérapeutique consiste à l'éliminer et à
la remplacer par " autre chose " de moins irritant. Cette " autre chose " doit posséder
certaines qualités.
Il est devenu classique d'énoncer quinze qualités idéales exigibles des produits de coiffage
; il est possible de les regrouper selon qu'elles sont plus particulièrement biologiques, anti-
inflammatoires, physiques ou techniques.
Elles constituent l'essentiel de ce que l'on demande à un produit de coiffage. Elles sont au
nombre de six :
Les qualités 1, 2 et 3 sont très intéressantes à rechercher : l'absence de toxicité bien sûr,
mais aussi le pH, car il est inutile d'obliger l'organisme à tamponner un produit agressif, ce
qui exige un effort de cicatrisation supplémentaire.
Qualités anti-inflammatoires
Elles complètent les précédentes dans la recherche de la remise en condition normale du
tissu pulpaire ; anti-inflammatoires, mais aussi anti-infectieuses.
C'est à partir de ces exigences que l'on avait jugé bon d'adjoindre aux produits de coiffage
des antiseptiques, des antibiotiques et des anti-inflammatoires.
Qualités physico-chimiques
Ce sont certes des conditions accessoires, elles ne sont pas négligeables, mais pas
indispensables non plus à la réussite de l'intervention.
Qualités techniques
Celles-ci sont importantes car elles conditionnent en fin de compte le résultat du coiffage.
Un produit parfait, mais impossible à conserver ou d'une manipulation par trop délicate,
serait vite abandonné. Une seizième qualité serait souhaitable : la radio-opacité.
Aucun produit de coiffage ne s'approche de cet idéal, certains même donnent pleinement
satisfaction en s'en tenant très éloignés. Alors ? C'est qu'il peut exister autre chose que le
produit dans la réussite d'un coiffage, quelque chose de plus biologique, de tissulaire, qui
est peut-être plus déterminant encore. Certains produits semblent agir en permettant à la
pulpe de trouver son métabolisme normal, d'autres en créant aussi une structure qui sert
de matrice à la dentinogenèse ; nous reviendrons là-dessus, mais dès à présent, on peut
se demander si le produit de coiffage guide la dentinogenèse ou bien s'il ne sert que
d'intermédiaire ; le sens du terme " produit de coiffage " perdrait ainsi de sa valeur.
Deux grands courants de pensée ont jusqu'ici guidé les auteurs : soit désinfecter et
stériliser la dentine et la pulpe, soit trouver une substance qui s'apparente à la dentine. Un
troisième pourrait refléter le paragraphe précédent, et il constitue pour l'instant une
anticipation : la " greffe " ; contentons-nous de parler de " matrice ". Dans le premier cas,
on nous a offert eugénol, aristol, citronnellol, camphre, tricrésol-formol, etc., ainsi
qu'antibiotiques de toutes sortes. Par contre, dans le second cas, on a utilisé des
minéraux. L'emploi d'un grand nombre de sels de calcium a vu le jour (phosphate,
gluconate, hydroxyde), ainsi que le magnésium (hydroxyde) parfois associé à des
vitamines C ou D. On a utilisé des produits naturels, " dentine katadyn " de Müller, dentine
lyophilisée d'Obersztyn, et traitée à l'éthylène-diamine (Ostrom et Lyon, Anneroth et
Bang). Plus récemment, des essais ont porté sur le phosphate tricalcique et
l'hydroxylapatite sans résultat supérieur à l'hydroxyde de calcium (Jean).
Certaines substances biologiques ont aussi été utilisées. Basile recommande l'emploi du
lysozyme en poudre. On a utilisé aussi un gel de collagène (Carmichael, Dick, Oguntebi et
coll., Klaiber et coll.) mais sans succès, avec une réaction inflammatoire sévère.
Enfin, ce furent des substances synthétiques. Kalden utilise une pâte à base de
polyamides. Plus récemment, on nous propose le cyano-acrylate de butyl (Bhaskar),
substance adhésive sous laquelle la cicatrisation pulpaire a lieu, ainsi que les ciments
polycarboxylates (Mac Walter et coll.).
Les deux produits qui sont toujours le plus couramment utilisés restent l'hydroxyde de
calcium et la pâte eugénol-oxyde de zinc.
Hydroxyde de calcium
Si l'on compare ses propriétés aux qualités exigibles, on constate très vite qu'il répond mal
aux qualités biologiques et aux qualités techniques. En effet, l'hydroxyde de calcium est
très peu soluble dans l'eau et les fluides tissulaires, et c'est bien ainsi, car par ses ions
hydroxyles et sa forte alcalinité (pH = 11) il ne peut avoir qu'une action limitée : une
nécrose superficielle a toujours lieu, sans inconvénient pour la guérison, bien au contraire.
La forte alcalinité est une cause de succès ; des préparations à l'hydroxyde de calcium à
pH neutre n'apportent pas les résultats escomptés (Tagger, Liard-Dumtschin et coll.). En
plus de l'excitation pulpaire qu'elle crée et qui peut favoriser la dentinogenèse, l'alcalinité
(pH = 11) offre l'avantage de s'opposer à l'acidose de l'infection pulpaire (pH variant de
5,5 à 6,6) ; l'hydroxyde de calcium est antiseptique. L'adjonction de calcitonine à
l'hydroxyde de calcium n'accélère pas la guérison ni la formation de dentine réactionnelle
(Cullum et coll.), mais est à l'origine d'une fibrose cicatricielle dense (Smith et coll.).
On peut utiliser le simple mélange de l'oxyde de zinc et de l'eugénol, mais il existe aussi
de nombreuses spécialités, parfois prêtes à l'emploi. Son temps de prise est long, surtout
si l'oxyde de zinc est " lourd " (à l'abri de l'air, on peut le conserver utilisable tout un
après-midi). On peut l'accélérer en l'additionnant de chlorures, d'acétates ou de résines
synthétiques diverses.
La pâte eugénol-oxyde de zinc possède certaines qualités biologiques : s'il n'y a pas de "
solubilité parfaite dans les humeurs ", le pH est voisin de celui de la pulpe, mais lui est
toujours un peu inférieur au point de devenir très faiblement acide. C'est un produit
légèrement antiseptique, facile à manipuler, mais son goût est plutôt désagréable.
Son efficacité dentinogène est souvent contestée : certains auteurs le déconseillent et lui
préfèrent l'hydroxyde, car l'" eugénate " possède une action chélatante qui aurait tendance
à prélever les ions calcium et à les libérer dans une région qui est déjà déminéralisée par
la carie. De plus, l'eugénol est hygroscopique. Enfin, le zinc et l'eugénol sont des haptènes
pouvant engendrer des réactions immunitaires de la pulpe.
Mise au contact de la pulpe, elle ne permet pas la formation du " pont dentinaire ".
A notre avis, il est souhaitable qu'au contact de la dentine et, raison de plus, de la pulpe, il
n'y ait que de l'hydroxyde de calcium.
L'obturation provisoire qui le recouvre doit être faite d'un ciment neutre, ce peut être la
pâte eugénol-oxyde de zinc. Toutefois, cette obturation à deux étages n'est pas possible
dans certaines cavités de puits ou de sillons, trop petites. Là, le seul " eugénate " peut
suffire car il est peu agressif étant d'un contact peu étendu avec les tissus.
Il pourrait en aller de même avec les nouveaux adhésifs dentinaires (Scotch Bond 2®) dont
le produit de prétraitement dentinaire (Scotch-Prep®) contient un mélange d'acides
maléique et méthacrylique, l'acide maléique étant par ailleurs un constituant du liquide
des ciments verre-ionomères qui leur donne le caractère adhésif.
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Dans la lutte contre l'infection, antiseptiques et antibiotiques sont à coup sûr très
efficaces, mais il ne faut pas oublier qu'il est possible d'envisager la désinfection de deux
façons : soit en tuant les microbes, soit aussi en favorisant au mieux les processus
réactionnels de l'organisme, en modifiant le milieu (écologie) et en rendant impossible la
vie des microbes. Ces deux manières de voir sont en fait complémentaires, mais l'une ou
l'autre a souvent été prédominante dans l'esprit de nombreux auteurs. Certains, comme
Bonsack, voulaient éviter les produits agressifs et ont préconisé la pâte eugénol-oxyde de
zinc dont le pH reste voisin de la neutralité ; ils sont favorables à des interventions peu
mutilantes. Le coiffage dentinaire et le coiffage indirect (" naturel " de Bonsack) sont les
interventions vers lesquelles ils tendent. Ils font confiance à la nature, au terrain.
D'autres auteurs préfèrent des solutions plus rationnelles ; ils veulent bien faire confiance
à la nature, mais ils veulent aussi s'opposer aux actions pathogènes. On n'essaie plus
seulement de faire tourner la situation dans un sens progressivement favorable en faisant
presque uniquement confiance aux éléments de défense, on attaque directement
l'inflammation que l'on tente de supprimer pour permettre ultérieurement une réaction
cicatricielle. Pour réduire l'acidose des pulpes enflammées, on recommande l'usage des
substances alcalines dont le type est l'hydroxyde de calcium, on " tue " les germes à coup
d'antibiotiques ou d'antiseptiques. On neutralise le - par le +. La médecine est-elle aussi
simple ? Ces partisans sont peu favorables au coiffage indirect mais davantage au coiffage
direct, car ils n'acceptent pas l'incertain.
A notre avis, un juste milieu est possible. Si une pulpe n'est pas dénudée, pourquoi la
rendre telle ? Un coiffage dentinaire peut suffire. Mais si la pulpe est découverte, on est
bien content d'avoir un produit de coiffage antiseptique. Le traitement ne doit pas résulter
d'une systématique mais de la réflexion et d'un choix.
Dans les pulpites partielles, aiguës ou chroniques, l'inflammation trouve très souvent son
origine dans l'infection. Celle-ci provient de la disparition de la barrière épithéliale que
constitue l'émail et qui sépare le milieu intérieur (dont la dentine fait déjà partie) de
l'extérieur pollué par les microbes. Dès qu'il existe une perte de substance qui détruit
l'émail et découvre la dentine (autrement dit indirectement la pulpe par la voie des
canalicules) dans le milieu buccal infectant, il se produit une inoculation septique, plus ou
moins rapide, plus ou moins massive selon la proximité de la pulpe, la virulence et la
nature des germes rencontrés et le terrain.
Dans une fracture non pénétrante, l'invasion microbienne de la pulpe se fait à travers les
canalicules dentinaires : elle est d'autant plus importante que la dent est plus jeune et les
canalicules plus nombreux et plus larges ; elle devient massive si la fracture est
pénétrante et si la pulpe est dénudée. Par contre, dans une carie, l'inoculation septique est
plus lente et a lieu en deux temps : les toxines et les sous-produits microbiens de la
dégradation de la dentine précèdent de loin les germes ; ils enflamment déjà la pulpe
alors que la dentine est tout juste attaquée. Au fur et à mesure de la progression vers la
profondeur, l'anaérobiose remplace l'aérobiose. Les couches profondes de la dentine
déminéralisée sont à peu près stériles. De plus, la chronicité de la carie est à l'origine
d'une formation plus ou moins considérable de sclérodentine qui constitue d'une certaine
manière une barrière contre la diffusion de l'infection. L'activité désinfectante de
l'hydroxyde de calcium, en plus de son alcalinité, favorise l'action du produit de coiffage
(Lado, Leung, Fairbourn). Dans un cas comme dans l'autre, si l'on supprime l'arrivée des
germes dans la dent, on a toutes chances d'obtenir une guérison de la pulpite, les
réactions inflammatoires aidant à l'élimination des germes et des toxines déjà présents
dans la dent.
Celle-ci suffit dans la plupart des cas, même quand il existe une pulpite aiguë. La pose
d'un coiffage sur la dentine suffit trois fois sur quatre à faire tout rentrer dans
l'ordre. Comme l'hydroxyde de calcium possède une action antiseptique, une désinfection
particulière de la dentine n'est pas utile.
Lorsque la pulpe est à nu, si l'on suppose que l'antisepsie fournie par l'hydroxyde de
calcium est insuffisante, on peut faire précéder son action par celle d'un antibiotique.
D'une manière générale, nous réprouvons l'usage local des antibiotiques qui peuvent avoir
aussi une indication générale, par crainte de la naissance d'une résistance. Aussi est-il bon
de ne se servir que de bacitracine, néomycine, framycétine, etc., qui n'ont qu'un usage
local. Infection et inflammation étant associées, on a adjoint aux antiseptiques et aux
antibiotiques les anti-inflammatoires, et plus spécialement des corticoïdes (hydrocortisone,
triamcinolone, prednisolone, dexaméthasone).
Cette méthode en deux temps a donné d'excellents résultats cliniques avec fermeture de
la brèche pulpaire. Mais aujourd'hui elle est peu souvent pratiquée car on évite de dénuder
la pulpe lors du curetage de la dentine et on pratique beaucoup le coiffage indirect.
On ne saurait clore ce propos sur les anti-inflammatoires sans citer la méthode par
infiltration de Rost, c'est un procédé physiologique. La technique consiste dans une
infiltration paraapicale vestibulaire (quel que soit le maxillaire) d'une solution anesthésique
habituelle (à 2 à 3 %), sans vasoconstricteur. Selon l'auteur, il se produit une
vasodilatation qui permettrait une meilleure circulation intrapulpaire, la suppression de
tout spasme artériel et de la stase, d'où apport accéléré des éléments de défense. On
comprend mal comment, dans cette circulation terminale, la vasodilatation artérielle
n'augmente pas la stase et favorise aussi le départ du sang par la circulation veineuse.
Hartmann s'est penché sur le mécanisme physiologique de cette méthode et propose la
solution suivante : l'anesthésique entraîne un blocage des fibres sympathiques, ce qui a
pour effet de diminuer le tonus vasoconstricteur et d'occasionner une vasodilatation
passive ; ce blocage faciliterait le retour du sang stagnant dans la pulpe par le pédicule
vasculaire, car, selon lui, la solution anesthésique diminuerait la pression qui règne dans
les vaisseaux veineux, soulageant les vaisseaux qui repartent de la pulpe camérale vers la
circulation générale, d'où diminution de l'oedème et des douleurs. D'autre part, il faut se
rappeler que les veines sont plus larges que les artères et que leur diamètre croît du
plafond pulpaire à l'apex, et qu'enfin la circulation n'est pas aussi terminale qu'on veut
bien le dire (dents pluriradiculées, canaux secondaires pulpo-parodontaux et shunt
artérioveineux) (fig. 2). Si le mode d'action de la méthode n'est pas certain, les résultats
cliniques sont eux beaucoup plus sûrs. Selon Rost, avec une moyenne de 70 à 80 % des
cas, les douleurs de pulpite disparaissent par le seul effet de l'infiltration, que ces douleurs
trouvent leur origine dans les caries profondes sans dénudation pulpaire, après des
coiffages ou des préparations de cavité et de moignons sur dents vivantes, sous des dents
obturées, etc., ou dans des pulpites ascendantes. Dans le cas où l'on hésite à intervenir,
par exemple, dans des cas de douleur accompagnée ou provoquée (froid) sur des dents
apparemment saines mais ayant des pulpolithes, ou sur des dents porteuses d'obturations
métalliques volumineuses, la disparition du syndrome douloureux peut s'obtenir grâce à
cette technique, mais il arrive qu'il faille faire plusieurs injections, une par 24 heures.
La technique de Rost mérite d'être vulgarisée ; l'infiltration est habituellement unique, elle
favorise le succès de l'intervention.
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Par contre, si une lésion a évolué rapidement, s'il s'agit d'une mise à nu brutale de la
dentine, en un mot s'il existe une plaie dentinaire, la réaction odontoblastique n'a pas le
temps d'exister et la sensibilité est très grande ; il y a même souvent de l'hyperesthésie.
Plus que la dentine, la pulpe est très sensible ; son moindre contact fait naître une douleur
fulgurante, souvent irradiée, qui sidère le malade. Faut-il rappeler que le trijumeau est le
nerf le plus réflexogène de l'organisme ?
Toutes les interventions dentinogènes sont douloureuses car elles ont lieu sur des dents à
pulpe vivante. Selon le degré de sensibilité et l'interprétation douloureuse qu'en donne le
patient, selon la nature de l'intervention, on peut être amené à pratiquer une anesthésie.
Mais le mieux peut devenir l'ennemi du bien. Le silence du patient peut être à l'origine de
préparations traumatisantes trop belles, trop mutilantes, et trop proches de la pulpe, au
risque de mettre à nu une corne ; il peut laisser le praticien fraiser trop fort et échauffer
excessivement la dentine au point de brûler les fibres de Tomes.
L'anesthésie peut ne pas être nécessaire si le malade est placide et confiant, si les gestes
de l'opérateur sont sûrs et précis, si l'instrumentation est adaptée et en bon état, et
surtout si l'intervention est de courte durée et n'exige pas des manoeuvres très délicates.
On peut faire un curetage dentinaire sans anesthésie ; cela offre même l'avantage d'éviter
l'élimination inutile ou dangereuse des couches profondes de la dentine décalcifiée. Si
l'épaisseur de dentine à franchir est mince, on peut trépaner une cavité pulpaire sans
anesthésie, etc. Mais quand il faut tailler une masse de dentine importante, quand le
malade ne supporte pas la douleur et ne peut rester immobile alors qu'il le faudrait, quand
une intervention est longue et minutieuse, quand on doit intervenir sur une pulpe vivante,
etc., il faut faire une anesthésie, et c'est le cas le plus fréquent !
Avec les anesthésies locales, il faut éviter la formation d'une ischémie qui, si elle se
prolonge au-delà d'une demi-heure, rend la pulpe sans défense pendant un temps
suffisamment long pour permettre la formation de zones nécrotiques. Aussi, les
statistiques ont-elles montré que le nombre de succès des coiffages pulpaires est
légèrement inférieur au maxillaire supérieur qu'à la mandibule ; aussi faut-il injecter
lentement une solution tiédie ; aussi faut-il proscrire les vasoconstricteurs de quelque
nature qu'ils soient. L'anesthésie locale doit aller dans le même sens que l'infiltration
préconisée par Rost (voir plus avant).
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L'émail est un tissu formé une fois pour toutes. Ses lésions ne se régénèrent pas quand sa
structure est altérée ; aussi leur traitement est-il réduit, seulement en rapport avec leurs
répercussions dentinaires.
Selon que l'on a affaire à des lésions évolutives ou non, selon que les lésions atteignent ou
non la dentine, les thérapeutiques sont différentes.
C'est le fait de la fracture de l'émail, ainsi que celui des hypoplasies banales, par exemple.
A proprement parler, il n'y a pas de thérapeutique. L'émail est altéré, mais recouvre sans
discontinuité la dentine ; son rôle de séparateur persiste. Le traitement est seulement
symptomatique.
Un léger meulage suivi d'un polissage soigneux peut supprimer une arête vive de la
fracture et éviter une coupure de la muqueuse ; pour les hypoplasies, ne rien faire, si ce
n'est assurer une bonne hygiène pour nettoyer les anfractuosités et éviter la formation de
plaque et associer une technique de fluoration. Dans certains cas, une restauration au
composite collé est possible.
Une facette d'usure existe sur la dent, elle n'intéresse que l'émail, le traitement consiste à
supprimer l'agent traumatogène et à arrêter l'évolution de l'usure par une rééquilibration
fonctionnelle de l'occlusion.
Il devient possible d'envisager le traitement de la carie débutante, tache blanche, par des
traitements locaux fluorés, et d'arrêter la progression de la carie jusqu'à la dentine, tant
que la matrice de l'émail persiste indemne.
C'est avant tout ce qui est appelé cliniquement la " carie de l'émail ". Le simple polissage
est insuffisant car, dès la formation totale du cône carieux et son extension jusqu'à la
jonction émail-dentine, il se produit une lésion dentinaire, cliniquement invisible, mais
histologiquement certaine (fig. 3). Dans ce cas, il n'y a pas de thérapeutique de l'émail
mais seulement de la dentine. Ce traitement nécessite, entre autres choses, une taille et
une obturation de la dent à coup sûr beaucoup plus mutilantes que la lésion (mais il vaut
mieux accepter un certain traumatisme opératoire que prendre le risque d'une carie dont
l'évolution incontrôlée peut être d'un pronostic grave pour l'avenir de la dent). Malgré cet
inconvénient, le traitement des " caries de l'émail " a un bon pronostic.
Le cément est un tissu qui normalement n'est pas en contact avec la salive. Son exposition
est pourtant possible, soit par sénescence, soit à cause de parodontopathies. Si l'hygiène
est bonne, s'il ne se forme pas de plaque, le cément peut rester inaltéré dans cette
nouvelle situation (parodontoses, lésions cunéiformes). Par contre, si l'hygiène est
défectueuse, si la plaque se forme, si la parodontite est suppurée, le cément peut se carier
et donner lieu à des lésions superficielles et très étendues, serpigineuses.
Le cément est peu minéralisé, la carie progresse rapidement et la dentine est toujours
atteinte ; il faut traiter la lésion en tenant compte de ce fait. La restauration d'une telle
carie, qui fait plus ou moins le tour de la racine, est difficile à réaliser ; la venue des
ciments verre-ionomères a amélioré le pronostic, grâce à leur adhésion.
Ce coiffage dentinaire est assimilable, d'ailleurs, à " un coiffage pulpaire à distance ",
puisqu'il intéresse directement les prolongements cytoplasmiques des odontoblastes,
cellules de la dentine, mais situées dans la pulpe. On retrouve là l'unicité de conception
des coiffages.
La carie prend cet aspect quand elle évolue sur des dents jeunes, aux tubuli largement
ouverts. L'inflammation pulpaire perturbe la dentinogenèse ; il ne se forme pas de dentine
réactionnelle, sclérodentine ni dentine tertiaire. En fait, sous la carie, il peut se former de
la sclérodentine (fig. 4), mais celle-ci disparaît rapidement car la dentine réactionnelle
peut se reperméabiliser facilement (voir plus loin : " Valeur de la dentine réactionnelle ").
Il y a alors simultanéité entre apposition calcifiée et destruction. Le but recherché par le
coiffage est de rétablir la fonction dentinogénétique perturbée.
Mais il n'est pas possible de placer le pansement dentinaire tout de go dans la cavité, car
celle-ci contient beaucoup de dentine déminéralisée. Il faut le faire précéder d'un
curetage dentinaire.
Préparations dentaires
Il ne suffit pas de pratiquer une thérapeutique biologique pour la carie de la dentine, faut-
il encore que la préparation destinée à la tenue du matériau définitif d'obturation ne
vienne pas contrarier ce concept biologique et créer une nouvelle blessure pulpaire.
Sous cet angle biologique, il convient de repenser les principes de Black de la préparation
des cavités et savoir limiter à bon escient les cavités secondaires de rétention et les
extensions prophylactiques. Il faut équilibrer le souci des grandes rétentions, des zones de
prophylaxie étendues, en un mot le souci de la belle cavité, avec celui de l'économie
dentinaire. Les restaurations collées et adhésives vont dans ce sens.
La cavité définitive peut être faite, sinon largement ébauchée ; après le curetage
dentinaire, il convient de coiffer en même temps la plaie dentinaire née de la carie et celle
née de la préparation.
Durant le temps de fabrication d'une couronne, le moignon coronaire carié et vivant doit
être reconstitué provisoirement par une couronne scellée à la pâte eugénol-oxyde de zinc
après passage d'un lait d'hydroxyde de calcium ; il faut attendre deux semaines pour
sceller la prothèse définitive ; la pose prématurée de celle-ci, à cause de son scellement
avec un ciment acide, peut ajouter une cause supplémentaire de pulpite au traumatisme
opératoire et être à l'origine d'une lésion irréversible menant à la mortification. Il est bon
aussi de sceller provisoirement les couronnes définitives pendant le même délai.
Le problème se pose, avec plus d'acuité encore, dans les préparations sur dents saines
réalisées pour constituer des ancrages de bridge, car la pulpe n'est pas préparée à réagir
devant l'irritation.
Toute la difficulté repose dans le fait que la perte de substance n'est pas cavitaire et qu'il
convient d'assurer la rétention du produit de coiffage à l'aide d'une coiffe provisoire,
partielle ou totale, qui est scellée par la pâte eugénol-oxyde de zinc, après dépose
d'hydroxyde de calcium sur la dentine dénudée.
Désinfection de la plaie
Six à sept semaines sont la durée minimum pour un coiffage de la dentine. Il faut que le
matériau d'obturation provisoire résiste bien à la mastication, surtout pour les lésions
proximales, d'où la nécessité d'ajouter des résines à l'eugénate.
On entend par lésions dentinaires spontanément cicatrisées des lésions dont la lenteur
d'évolution permet une réaction dentinogénétique, pathologique certes, mais certaine :
formation de " dentine réactionnelle " (sclérodentine et dentine pariétale). On range dans
cette catégorie de lésions les caries à évolution lente, les abrasions et les fractures non
pénétrantes anciennes ; il convient d'y associer les réactions dentinaires sous des
obturations irritantes.
La formation de " dentine réactionnelle " caractérise ces sortes de lésions. Habituellement,
on respecte cette néoformation pathologique ; mérite-t-elle de l'être ?
Malgré la dentine néoformée, la carie peut progresser, lentement il est vrai, mais
inexorablement. En 1969, Fischer a montré que le canalicule sclérosé est susceptible
d'être reperméabilisé par les produits du métabolisme bactérien de la carie ; la dentine
réactionnelle ne ferait que ralentir momentanément l'invasion microbienne en direction
de la pulpe. Frank, en 1964, était de cet avis.
Puis Frank, en1969, a noté, grâce à l'ultramicroscopie, l'existence d'une résistance de
la sclérose dentinaire vis-à-vis de l'envahissement microbien en profondeur mais, par
contre, une reperméabilisation microbienne de certains canalicules dentinaires
sclérosés. La différence de comportement est peut-être liée à une différence
cristallographique des éléments minéraux imprégnant la lumière canaliculaire ; les
cristaux de la dentine réactionnelle ne seraient plus du type apatite mais du type "
Whitlockite " (phosphate tricalcique).
Mais lorsqu'une obturation existe, cette dentine réactionnelle ne peut plus être
déminéralisée par les produits provenant du métabolisme bactérien. Ainsi, la
sclérodentine peut-elle constituer un isolant durable entre le matériau d'obturation et la
pulpe. La dentine réactionnelle est alors très intéressante à conserver et à utiliser
(Darmon et Hess).
Une autre vérité existe aussi : si, pour le praticien, la dentine réactionnelle peut constituer
un avantage, pour le biologiste elle apparaît plutôt comme un phénomène cicatrisant
accompagné d'un amoindrissement des fonctions pulpaires. Plus il y a de dentine
réactionnelle, plus le remaniement pulpaire est profond.
Le coiffage dentinaire est inutile ; la dentinogenèse n'a jamais cessé ; elle a seulement été
perturbée, parfois même elle est aberrante (formation de pulpolithes).
La lésion cervicale cunéiforme est une " usure " due à un brossage horizontal intempestif,
probablement, mais qui prend souvent des proportions sans rapport avec l'action
traumatogène, ce qui tend à en faire une mylolyse qui, selon Toubol, serait le résultat d'un
trauma occlusal ; il engendrerait des forces horizontales dirigées de la pulpe vers l'émail,
entraînant l'élimination des cristaux d'hydroxylapatite au collet des dents concernées. La
même constatation peut être faite avec l'usure occlusale en relation avec un trouble
occlusal.
La perte de substance est cicatrisée, seule la restauration des dents est nécessaire. Celle-
ci suffit pour la fracture qui n'est pas une lésion évolutive.
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CURETAGE DENTINAIRE
Il consiste à éliminer :
C'est un acte opératoire préliminaire à toutes les interventions endodontiques exigées par
la carie et ses complications pulpaires.
Depuis longtemps (Besic, Shovelton), on sait que seule la partie superficielle de la carie
(dentine ramollie) est très infectée, et que les couches profondes de la dentine décalcifiée
sont peu infiltrées par les microbes, ce qui a pour effet que la pulpite sous-jacente est
seulement " toxique ".
Plus la dentine est désorganisée, plus l'oxygène est utilisé pour la protéolyse et moins il
peut oxyder le bleu du vert marqueur.
La limite colorée est un peu plus profonde que le demi-millimètre préconisé par Massler ;
cela correspond au site où la dentine décalcifiée devient pelable sous l'excavateur ; cela
permet aussi la réalisation d'un appui dur pour l'obturation provisoire sur la périphérie de
la cavité, qui avec l'épaisseur de l'émail doit faire environ 2 millimètres.
Cette méthode est tout à fait réalisable pour les caries assez volumineuses des dents
jeunes, en particulier sur les molaires. Mais son application varie pour les petites lésions :
plus la cavité est de petit volume (puits, sillon), moins il est possible de conserver de
dentine décalcifiée, compte tenu de l'épaisseur exigée de l'obturation provisoire pour
qu'elle résiste aux forces de mastication ; il faut remarquer aussi que, dans les petites
caries, l'importance de l'irritation pulpaire est plus réduite, et nécessite peut-être un peu
moins de précautions, de protection.
En effet, dans les petites cavités, le curetage n'est plus un acte opératoire individualisé
puisqu'il a lieu en même temps que la préparation de la cavité ; la fraise, en acier au
carbure de tungstène, tournant à très grande vitesse, taille à la fois l'émail, la dentine
dure et la dentine décalcifiée ; ouverture de la carie, curetage et taille de la cavité sont
exécutés simultanément.
Technique
Puisque la pulpe est vivante, le curetage porte sur un tissu sensible. Si cette dent vivante
n'est pas protégée du milieu buccal, la découverte de zones dentinaires profondes, peu ou
pas infectées, provoquée par le curetage constitue une inoculation septique brutale. Aussi
faut-il juger de la nécessité d'une anesthésie et d'un champ opératoire pendant le
curetage de la dentine. (tableau III)
Anesthésie
L'anesthésie procure une disparition complète de la sensibilité ; cela supprime le guide que
procure la sensibilité du malade au fur et à mesure que l'on approche de la pulpe.
Champ opératoire
Dans une carie à évolution lente, la blessure est légère car il existe beaucoup de
sclérodentine !
Si la carie est à évolution rapide, il se produit une véritable plaie dentinaire,
béante. Des milliers de prolongements odontoblastiques, déjà irrités par la carie, sont
sectionnés et arrachés ; le curetage est une cause supplémentaire d'inflammation de la
pulpe. A ce traumatisme se surajoute très facilement l'infection. Un curetage dentinaire
exécuté sans précaution d'asepsie correspond à la mise à nu brutale d'une région
stérile et à son invasion massive par la flore buccale : c'est aller au-devant d'un échec
de la thérapeutique vitale.
La salive ne doit pas envahir la plaie. Elle serait pompée par la dentine décalcifiée laissée
en place. Pas de spray.
Le champ opératoire constitué de rouleaux de coton avec pompe à salive est tolérable si
l'intervention reste éloignée de la pulpe. Si l'exposition de la pulpe est prévisible ou
redoutée, il faut placer la digue, on retrouve alors les règles classiques de la chirurgie.
Curetage
Le curetage est précédé par la suppression des prismes d'émail non soutenus par la
dentine dure ; cette ouverture de la carie est réalisée d'emblée ou au fur et à mesure de la
progression du curetage jusqu'à l'obtention de la résistance de l'émail soutenu, fût-ce par
une concavité dentinaire, si on utilise un fraisage diamanté, ou si l'on pratique à la fraise
boule l'attaque " en traître ", ou avec des ciseaux à émail.
Le curetage dentinaire doit être un acte opératoire délibéré et ordonné. Il est pratiqué
totalement ou partiellement selon l'indication. On le commence toujours au niveau de la
jonction adamanto-dentinaire pour le faire progresser délicatement vers la zone de
projection pulpaire. L'action de la curette suit grosso modo le tracé d'une spirale (fig. 5).
Instrumentation
Curetage à l'excavateur
L'instrument est tenu comme un porte-plume ; les doigts libres de la main servent de
point d'appui sur les dents.
La lame est enfoncée dans le tissu mou, si nécessaire jusqu'au tissu dur, et, par un
mouvement de rotation du manche, la lame soulève un copeau de dentine déminéralisée.
Ce geste est répété jusqu'à la fin du curetage, en suivant le sens indiqué précédemment
(fig. 5).
On pratique d'une manière similaire, la rotation faisant que les lames se succèdent
rapidement. On utilise une fraise relativement grosse par rapport au volume de la cavité.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'action de la fraise est moins bonne que celle
de l'instrument à main qui conserve toute sa valeur, même dans notre monde mécanisé ;
l'excavateur a un meilleur rendement, une plus grande efficacité et une plus grande
précision. La fraise " hache " la dentine décalcifiée et ne permet pas de s'assurer de son
caractère " pelable en copeaux " ; la dentine conservée ne doit jamais être en bouillie ;
ainsi, le seul curetage à la fraise boule est contre-indiqué dans les coiffages dentinaire et
indirect. Afin de ne pas bourrer, il faut faire tourner la fraise lentement. Mais cela ne suffit
pas à rendre l'instrument très actif car il mâche la dentine décalcifiée sans l'extirper.
On élimine le tissu ainsi broyé à l'aide d'un aspirateur, puis d'un excavateur.
Le curetage à la fraise doit toujours être terminé par un curetage à l'excavateur pour être
parfait.
Quand le curetage dentinaire est total, l'acte demeure quelque chose de simple, sans
grande exigence opératoire.
Mis au point par Goldman et Kronman, il a d'abord été connu sous le nom de GK 101. Il
résulte du mélange de deux solutions :
Le liquide est utilisé à 37° C et déposé sur la dentine cariée à l'aide d'un embout qui a la
forme d'un excavateur.
Avantages
L'action est réelle, un peu lente, environ 5 minutes en utilisant environ 40 ml de solution.
Toute la dentine décalcifiée est éliminée, plus aisément dans les caries à évolution rapide
que dans celles à évolution lente. L'action débute après un temps de latence.
Dans les cas de carie juxtapulpaire avec pulpe exposée sous la dentine décalcifiée, la mise
à nu de la pulpe se produit... sans douleur, mais aussi sans qu'on l'ait souhaitée. On ne
limite pas l'activité du produit. Après l'action du Caridex®, la dentine présente une surface
irrégulière - celle du front carieux - présentant des spicules durs qui favorisent le collage
des matériaux adhésifs. Le Caridex® est recommandé dans les caries à évolution lente
(fig. 6).
D'où un intérêt évident du procédé dans les altérations où l'on utilise un matériau collé ne
nécessitant pas non plus des tailles rétentives ou prophylactiques particulières : classes
III, IV et V surtout. Il est intéressant aussi chez les enfants ou les pusillanimes à cause du
caractère indolore de l'opération.
Inconvénients
D'où aussi la contre-indication dans les caries juxtapulpaires, pour le même motif et risque
de dénudation pulpaire.
En un mot, c'est une contradiction avec notre conception du coiffage. Il nécessite aussi un
accès facile à la cavité de carie.
En conclusion, ce n'est pas une panacée, mais le Caridex® procure des avantages non
négligeables. Il mérite de figurer dans notre pharmacopée.
un flacon ouvert de l'une ou de l'autre solution conserve son activité une semaine
;
le mélange réalisé ne conserve son activité qu'une heure !
D'où le conseil aux fabricants de livrer les liquides en flacons plus petits pour éviter le
gâchis et une dépense inutile.
Laser CO2
Le laser CO2 permet essentiellement une thérapeutique utilisant les propriétés thermiques
du faisceau laser (1700° C à la sortie de la pièce à main).
Dans l'infrarouge, 10,6 μm de , le rayonnement laser à gaz carbonique est absorbé par
l'eau et ne pénètre dans les tissus que sur une faible épaisseur, environ 50 μm.
Ainsi, l'action d'un rayonnement laser CO2 sur un tissu hydraté provoque une évaporation
d'eau, une carbonisation du tissu, une dénaturation cellulaire et un effet de coupe. Du fait
de son action superficielle, le laser CO2 permet de doser l'attaque d'un tissu, couche
cellulaire par couche cellulaire, d'où l'intéressante application dans le traitement des caries
dentaires.
Technique opératoire
● Avant d'utiliser le laser CO2, il est nécessaire de préparer la dent et la cavité de carie,
d'autant plus minutieusement que l'émail ne doit pas être atteint par le rayonnement laser
sous peine d'éclatement (l'émail contient très peu d'eau et l'effet laser, étant basé sur
l'absorption thermique par l'eau du tissu, risquerait de volatiser l'émail).
Donc, il faudra :
L'obturation définitive peut alors être entreprise selon les principes d'obturation du
matériau.
Selon Melcer, le laser CO2 peut également être utilisé en cas d'exposition d'une corne
pulpaire.
Si la pulpe est saine, le coiffage direct est réalisé après application du rayonnement laser,
qui va provoquer une carbonisation de la surface de la corne pulpaire, une stérilisation de
surface, permettant ainsi l'organisation d'une véritable matrice de cicatrisation par la
dentine réactionnelle - comparable à celle obtenue par l'action de l'hydroxyde de calcium.
Inconvénients
Laser YAG
Milieu actif : le grenat d'yttrium et d'aluminium (" Yttrium Aluminium Garnet " : YAG) ;
c'est un matériau cristallin.
Il présente des avantages sur le laser CO2. C'est un laser pulsé qui permet un travail sous
spray ; en effet, son rayonnement n'est pas absorbé par l'eau. Aussi l'élévation de
température est de moindre importance et, de ce fait, il y a moins de risque de fêlures ou
de craquelures qu'avec le CO2.
L'absorption de l'élévation de température n'est plus faite que par l'eau contenue dans les
tissus minéralisés. Cela permet une préparation de la cavité directement avec le laser,
sans carbonisation des tissus et sans fissure.
Il s'agit d'un nouveau moyen technique qui s'apparente au laser CO2, quoique faisant
appel à des moyens différents et moins coûteux. Cet appareil sera capable de vitrification,
fusion et stérilisation des tissus dentaires. Encore expérimental.
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COIFFAGE
Indications
Coiffage dentinaire
Le coiffage dentinaire est indiqué dans tous les cas de plaies dentinaires, le niveau clinique
de la lésion se situant exclusivement en pleine masse dentinaire sans jamais atteindre le
parenchyme pulpaire.
Les plaies de la dentine correspondent à des dénudations de celle-ci, sans que la pulpe ait
eu la possibilité de former de la dentine réactionnelle et de cicatriser.
Il est possible aussi de pratiquer le coiffage dentinaire dans certains cas où un phénomène
réactionnel existe mais où il est resté insuffisant (certaines caries à évolution lente, formes
intermédiaires).
Il est inutile de faire un coiffage dentinaire avant la restauration d'une dent présentant une
lésion pénétrante ancienne et cicatrisée, dans la mesure où la préparation n'entraîne pas
un traumatisme important, une nouvelle plaie.
Comme il n'est pas possible de parler de plaie dentinaire sans parler de la réaction de la
pulpe, l'état de la pulpe varie selon les cas :
La carie devient alors pénétrante, mais, indirectement, c'est le stade ultime d'une carie
non pénétrante.
quand l'émail qui borde la cavité carieuse présente un cerne " blanc jaunâtre, laiteux,
opaque, plus blanc et plus opaque que le reste de la dent ", la pulpe peut être exposée.
Cette opacité provient d'une translucidité altérée de l'émail et d'une mauvaise réfraction
de la lumière dans la dentine décalcifiée (fig. 7).
Le coiffage dentinaire juxtapulpaire repose donc sur une incertitude : on n'est jamais
certain que la dentine décalcifiée soit en contact avec la pulpe.
Le clinicien, n'étant pas capable d'affirmer dans une carie profonde l'exposition de la
pulpe, a fini par considérer l'existence d'un seul coiffage dentinaire et un comportement
unique d'autant plus prudent qu'il jugera la carie plus profonde, cela à propos du curetage
dentinaire et de la durée d'application du produit de coiffage.
Coiffage pulpaire
De ce fait, le coiffage pulpaire est beaucoup moins souvent exécuté que dans les
décennies passées. Comme pour les autres coiffages, on a étendu ses indications de la
pulpe saine à la pulpite chronique partielle et même à la pulpite aiguë partielle, en tenant
compte non seulement du bilan biologique, mais aussi des exigences techniques.
Moyens thérapeutiques
Pur, conservé dans des tubes scellés à usage unique, il donne de meilleurs résultats
qu'associé à des excipients tels que la méthyl-cellulose, qui n'est pas inactive sur la pulpe,
mais qui facilite l'emploi du produit, en pot, en tube ou en seringue ; les meilleurs produits
spécialisés actuels sont Life® et Dycal®, selon de nombreux auteurs tels que Schröder,
Heys, Klaiber, etc., et Pulpdent®.
La reconstitution provisoire est faite avec la pâte eugénol-oxyde de zinc additionnée d'un
durcisseur et d'un accélérateur de prise (Kalsögen®, IRM®, etc.).
Pour les lésions d'angle, prévoir des moules de différentes sortes, en Celluloïd ou en
métal.
Technique
1°) Il faut prévoir un préambule au coiffage, selon les cas (tableau IV) :
Ouverture de la carie
Cette taille subit des obligations exigées par la prophylaxie de la carie et par la rétention
du matériau d'obturation. Le collage réduit cette dernière ; et il faut limiter au minimum la
première. La taille exige l'emploi à la turbine, puis au micromoteur, de pointes diamantées
fines et de fraises à fissures, en acier au carbure de tungstène, de formes cylindriques. Là,
l'anesthésie est obligée.
Le modèle choisi, le plus esthétique possible, est ajusté et découpé à l'aide d'un ciseau
courbe. Le moule est essayé pour s'assurer de sa tenue et de son occlusion. Une fois que
sa préparation est satisfaisante, après passage de l'hydroxyde sur la plaie dentinaire, la
couronne provisoire est scellée à l'eugénate (fig. 8).
2°) Passé ces préambules, la technique du coiffage proprement dit est la suivante
(tableau V) :
Radiographie préopératoire
L'intérêt d'un film " périapical " avec la technique du long cône ou d'un film " bite-wing "
est tout à fait évident. La radiographie permet ainsi d'obtenir une image des rapports
anatomiques entre la perte de substance et la cavité pulpaire.
Cette image n'est jamais parfaite car il existe des superpositions de plans qui ne
permettent jamais d'affirmer l'effraction du plafond pulpaire.
Toutefois, c'est un renseignement utile pour toutes les cavités profondes, surtout chez les
sujets jeunes où les pulpes sont volumineuses. La pratique de la radiographie
préopératoire est réservée à de tels cas. Elle ne doit pas être systématique.
L'utilité de l'anesthésie est en rapport avec la longueur de l'intervention que l'on doit
pratiquer.
Il faut aussi se rappeler sans cesse qu'une anesthésie aveugle l'opérateur, au point de lui
faire commettre des fautes : échauffement, délabrement trop important, mise à nu de la
pulpe...
Champ opératoire
Faire en sorte que la salive n'envahisse pas la dent que l'on curette et que l'on coiffe ! Une
intervention pulpo-dentinaire est de la chirurgie ; il y a des exigences de champ opératoire
et d'asepsie, et le succès de l'intervention dépend en partie de cela. Que chacun prenne
ses responsabilités !
Quand la mise à nu n'est pas prévisible, l'isolement de la dent par des rouleaux de coton
peut suffire.
Mais la digue, c'est mieux, et plus sûr. C'est une question d'habitude.
Curetage dentinaire
Hémostase
Seulement indiquée dans le coiffage pulpaire, elle est pratiquée par compression.
On tasse, au contact de la pulpe, une boulette de coton stérile imbibée d'un hémostatique
local de son choix, fût-il de l'hydroxyde de calcium dilué dans quelques gouttes de sérum
physiologique.
Le coton est ôté avec précaution pour ne pas arracher le caillot formé. Cela suffit
généralement, mais il peut falloir plusieurs compressions si la pulpe est congestionnée.
Séchage
chloroforme...).
Désinfection
La surface de la dentine (et de la pulpe) est recouverte d'une fine couche d'hydroxyde de
calcium, en évitant d'en mettre sur les bords de la cavité.
A l'aide d'une pâte eugénol-oxyde de zinc améliorée, ou d'un véritable ciment neutre, dont
les résistances mécaniques égalent au moins celles du ciment aux orthophosphates (800
kg/cm2), pour résister aux forces de mastication, surtout dans les pertes de substance
proximales. Il ne faut pas guérir une pulpe et meurtrir une papille gingivale.
Il faut suivre les règles habituelles des restaurations en ce qui concerne la sculpture et la
pose de matrice.
Quand la lésion n'est pas cavitaire (fracture, carie en cratère, moignon de couronne), on
crée une couronne provisoire pour recouvrir le coiffage.
Coiffage dentinaire
Compte tenu des connaissances sur la vitesse de la dentinogenèse réparatrice, il est aisé
de dire que le coiffage dentinaire doit demeurer en place au moins six semaines ; des
délais supérieurs sont possibles. Il faut informer le malade et lui expliquer que ce délai est
comparable à celui de la réparation d'une fracture osseuse.
Il faut aussi savoir, dans le cas de polycaries, qu'il est bon de faire plusieurs coiffages dans
une première séance puis, ultérieurement, en plusieurs séances, de restaurer
définitivement les dents.
Tous les soins sur dents pulpées doivent prendre le temps de cicatriser.
De même, en prothèse fixée, il faut pratiquer des prothèses provisoires et des scellements
provisoires des prothèses définitives.
C'est une question d'éducation des malades qui permet leur retour au cabinet en temps
voulu.
Parce que pulpaires, il faut attendre 6 mois pour que la brèche faite dans le plafond
pulpaire se referme durablement et que le pont dentinaire résiste aux pressions de
l'obturation (qui doit être très résistante à la mastication ; on peut alors remplacer le
ciment par un composite collé, en sachant qu'il faudra refaire l'obturation définitive 6 mois
plus tard !).
Evolution et pronostic
Il faut se méfier des évolutions insidieuses qui aboutissent à la nécrose pulpaire à bas
bruit. Dans les cas suspects, il faut surveiller les réponses de la pulpe aux tests de vitalité
thermique et électrique.
Baume, Holz et Franz ont trouvé une proportion de succès cliniques des coiffages pulpaires
de 80 %. En effet, sur 110 coiffages pulpaires directs pratiqués, contrôlés entre 1 an 1/2
et 7 an (en moyenne 4 ans), ils ont constaté :
88 cas favorables ;
4 nécroses ;
18 complications symptomatiques ayant justifié une dépulpation.
Ils estiment que, sur des dents vivantes asymptomatiques, le succès se situe autour de 95
%.
Contrôle clinique
Contrôle radiographique
Il ne peut présenter d'intérêt que pour mettre en évidence la construction du pont
néodentinaire qui a fait revenir la perte de substance pénétrante en une non pénétrante
(fig. 10).
Avec les mêmes incidences que celles indiquées dans la technique opératoire du coiffage,
on ne peut voir de résultat positif que s'il n'existe pas de superposition de plans. Cela n'est
possible, et la radiographie n'est indiquée que sur les incisives où la chambre pulpaire est
plate. Ailleurs, le contrôle radiographique n'a guère de valeur.
Contrôle histologique
Par contre, on a montré beaucoup de curiosité pour savoir comment se refermait une
chambre pulpaire qui avait subi une effraction carieuse ou accidentelle. Les autopsies et
les examens histologiques ont eu lieu pour le coiffage dentinaire juxtapulpaire, et surtout
pour le coiffage pulpaire. Toutes ces recherches ont apporté le maximum d'explications.
Les contrôles pratiqués par Held-Wydler sont tout à fait significatifs de la valeur de
l'intervention (fig. 11) qui a retrouvé maintenant ses lettres de noblesse.
Coiffage pulpaire
Chez un patient jeune, les réactions tissulaires sont plus rapides et plus importantes que
chez un adulte ou, raison de plus, un vieillard. Autrement dit, la dentinogenèse est
meilleure et le coiffage pulpaire plus indiqué chez un adolescent que chez son grand-père.
La pulpe, en effet, a une meilleure vascularisation chez le jeune ; elle tend à se scléroser
au cours des ans et son irrigation diminue, surtout dans la zone odontoblastique ; l'activité
métabolique diminue avec l'âge, l'hypercalcification des dents des vieillards est davantage
liée à cette sclérose.
Les opinions sur ce sujet sont partagées ; Shankle et Brauer ont montré que l'âge du
patient n'a que peu d'importance pour la réussite d'un coiffage. Baume et Mascrès sont de
cet avis. Marmasse l'était aussi en indiquant le succès lorsque le parodonte est atteint
profondément, ce qui occasionne une sénilité pulpaire.
Par contre, il semble que l'intervention soit contre-indiquée chez les grands malades
atteints d'affections aiguës ou chroniques (tuberculose, diabète, hémiplégie, etc.) et chez
les débilités, chez lesquels les processus vitaux sont sérieusement handicapés, ainsi que
chez les patients atteints de la maladie de Raynaud (vasoconstriction des vaisseaux
terminaux).
Mécanisme réparateur
Dans un coiffage pulpaire, Hess et Svejda, entre autres, ont mis en évidence les étapes de
la néoformation dentinaire. Ils ont montré que sous la pâte de coiffage il se formait
d'abord de la dentine amorphe, non canaliculaire, provenant de l'activité des fibroblastes
du parenchyme pulpaire, comme pour la formation des denticules ; l'absence
d'odontoblastes en fait la preuve. Puis, sous cette dentine amorphe, les cellules se
différencient et la nouvelle couche d'odontoblastes s'établit, élaborant de la dentine
fibrillaire (fig. 12).
Certains auteurs (Berger, Spedding, Hattyasy) sont favorables dans la pulpotomie sous
anesthésie à l'emploi du tricrésol-formol comme produit de coiffage de la pulpe dénudée et
ont un pourcentage de succès très élevé (90 %). Cela peut paraître surprenant aux yeux
de beaucoup, car l'on connaît sa toxicité pour les tissus (on l'avait pratiquement éliminé de
la pharmacie dentaire !). En fait, sous son action, il se produit une brûlure de la pulpe, et
surtout un coagulum ; sous ce tissu dénaturé se reconstitue la couche des odontoblastes
et le reste de la pulpe présente un aspect normal (voir : " Pulpotomie ", 23035 D10).
Parallèlement, Basile qui a coiffé des pulpes exposées avec du lysozyme lyophilisé a
remarqué la formation d'un " diaphragme " radiotransparent, sous lequel les odontoblastes
néoformés élaborent de la dentine nouvelle qui se minéralise avec le temps.
Isaia a montré par un procédé histométrique que la néodentine ne peut se faire que s'il y a
nécrose de coagulation de la pulpe, c'est-à-dire sous l'hydroxyde de calcium, plutôt que
sous la pâte eugénol-oxyde de zinc.
On déduit de ces travaux que ce n'est pas au contact du produit de coiffage que s'élabore
la dentine, mais d'un tissu dénaturé qui peut être une eschare, un coagulum ou la coque
d'un abcès. Dans ces conditions, on peut affirmer :
le véritable produit de coiffage est une trame tissulaire qui sert de matrice aux
cellules pulpaires et à leur transformation en odontoblastes, donc à la dentinogenèse ;
certains produits de coiffage ne sont biologiques que si, grâce à des propriétés
apparemment très caustiques, ils permettent la formation de cette trame organique. En
ce qui concerne l'hydroxyde de calcium, des spécialités à pH = 7 ne procurent pas les
bons résultats des compositions très alcalines, car la trame organique de l'eschare ne
se produit pas.
On peut rapprocher de cela le fait que la pâte eugénol-oxyde de zinc mise au contact de la
pulpe permet seulement une survie de celle-ci, sans élaboration dentinaire, car elle n'est
pas capable d'engendrer cette matrice.
Dans un coiffage juxtapulpaire, le produit de coiffage est séparé de la pulpe par le copeau
de dentine déminéralisée ; ce copeau joue le rôle de trame tissulaire.
Dans le coiffage dentinaire, c'est la même chose, et la conservation du fond de dentine "
affectée " peut être considérée comme la constitution de cette matrice organique qui, là,
coiffe les prolongements odontoblastiques (fig. 13).
On peut déduire aussi de cela que, quelle que soit la nature du coiffage, on se trouve
toujours dans le même cas ; pour obtenir la réussite d'un coiffage, non seulement il faut
s'assurer de la stérilisation de la pulpe, mais il faut avant tout qu'il existe une trame
tissulaire servant de matrice. Là est la preuve que les coiffages sont véritablement des
thérapeutiques biologiques.
Sous cette trame, une barrière dure se constitue. Elle est d'abord formée de dentine
amorphe, puis, plus en profondeur, de dentine tubulaire quand la couche des
odontoblastes est reconstituée.
Des études histologiques (Masterton, Svejda) ont montré qu'au cours de la néoformation
dentinaire on pouvait rencontrer des petits défauts de calcification, dont l'existence est en
rapport avec la présence de vaisseaux sanguins et de fibres nerveuses qui semblent ainsi
être la cause d'un retard de la calcification provenant des cellules pulpaires. La majorité
des petits trous viennent de l'amputation de vaisseaux centraux de la pulpe ; les fibres
nerveuses provoquent des orifices similaires.
il existe autour des vaisseaux sanguins des histiocytes et des cellules mésenchymateuses
indifférenciées qui peuvent se différencier en odontoblastes. Il semble également probable
que les cellules du périnèvre prennent part à l'édification, et que les cellules de Schwann
puissent devenir des odotonblastes.
L'auteur conclut en disant que la fermeture néodentinaire est composée de deux couches :
une coronaire ressemblant à de l'os avec des inclusions cellulaires et vasculaires et une
pulpaire ressemblant à de la dentine tubulaire.
Par ailleurs, l'attache du pont à la paroi coronaire est formée de faisceaux de fibres qui
relient la dentine intercanaliculaire de la paroi pulpaire à la dentine néoformée.
Actuellement, conserver vivante une pulpe, même douloureuse, est devenu un acte
souhaitable, possible et quotidien :
parce que le public, mieux informé de la dentisterie, vient consulter plus tôt que
par le passé ;
parce qu'un simple coiffage de la dentine permet, au moins trois fois sur quatre,
d'obtenir la guérison d'une pulpite aiguë et presque toujours d'une pulpite chronique
fermée ;
parce que les méthodes chirurgicales et aseptiques pénètrent dans les cabinets et
deviennent habituelles ;
parce qu'aux thérapeutiques dentinogènes correspondent des interventions
simples et rapides ;
parce que les odontologistes ont pris conscience des problèmes biologiques des
dents ;
parce qu'ils éliminent les risques d'infection des dents " dévitalisées " ;
parce qu'ils ne sont plus à l'origine de dents grises particulièrement disgracieuses
qu'on leur reprochait souvent.
La " dévitalisation " a permis pendant longtemps de conserver les dents dont la pulpe était
atteinte. Le coiffage permet aussi de conserver les dents, mais de conserver leurs pulpes
vivantes.
Certains reprochent cependant l'état des pulpes conservées, parce qu'elles montrent des
phénomènes de fibrose et de dégénérescence.
Il faut avoir l'honnêteté de dire que pathologie et thérapeutique sont des facteurs voisins,
sinon identiques, d'inflammation ; ce qui les différencie c'est que, pour la formation de la
dentine réactionnelle, par exemple, la cause n'est pas contrôlée mais laissée au hasard
dans la maladie, alors qu'elle est voulue, recherchée, guidée dans le traitement. Toute
inflammation évolue vers une phase réparatrice dont la cicatrice reflète l'aspect
thérapeutique. Il faut accepter ce prix physiologique de la guérison. Du fait de la maladie
et de son traitement, la fibrose et la dégénérescence ont lieu précocement, à un âge où le
tissu normal ne présenterait pas ces phénomènes. Sur le plan cellulaire, la cicatrisation est
un vieillissement prématuré, une sénilité, et guérir c'est vieillir. Mais que vaut-il mieux
espérer ? La vie avec une cicatrice, ou la mort ?
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Fig 1 :
Fig 1 :
Fig 2 :
Fig 2 :
Les présences de " shunts " artérioveineux (A), d'anastomoses pulpo-desmodontales par les
canaux secondaires(B) et de plusieurs pulpes radiculaires (C) réduisent considérablement l'effet
de " circulation terminale " accroché à la circulation pulpaire.
Fig 3 :
Fig 3 :
" Carie de l'émail " sur la face distale de cette molaire inférieure. La microradiographie montre
l'existence sous-jacente d'une carie de la dentine, laquelle est déjà en voie de déminéralisation.
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5 :
Sens du curetage dentinaire : de la périphérie de la carie vers son centre, où l'on fait preuve de
beaucoup de prudence pour éviter la dénudation accidentelle d'une corne pulpaire voisine.
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Carie à évolution rapide. " Cerne blanc jaunâtre, laiteux, opaque, plus blanc et plus opaque que
le reste de la dent " (Marmasse).
Fig 8 :
Fig 8 :
Schéma montrant la reconstitution provisoire d'une incisive fracturée à l'aide d'un moule. La
plaie dentinaire est recouverte d'hydroxyde de calcium et le moule est scellé à la pâte eugénol-
oxyde de zinc.
Fig 9 :
Fig 9 :
Fig 10 :
Fig 10 :
Fig 11 :
Fig 11 :
A. Coiffage dentinaire juxtapulpaire sur 16, à l'aide d'une pâte eugénol-oxyde de zinc, chez un
sujet de 10 ans. Durée 210 jours.
B. Même chose sur 36, chez un sujet de 10 ans. Durée 180 jours.
2. Dentine réactionnelle comportant des lignes de structure plus ou moins parallèles et des
globules de calcification.
4. Pulpe normale.
Fig 12 :
Fig 12 :
Coiffage pulpaire direct expérimental chez le veau. On note sous le produit de coiffage
(hydroxyde de calcium) :
Fig 13 :
Fig 13 :
1.Pour le coiffage pulpaire direct, c'est l'eschare occasionnée par l'hydroxyde de calcium.
2.Pour le coiffage indirect, c'est le copeau de dentine décalcifiée.
3.Pour le coiffage dentinaire, c'est le fond de dentine " affectée " décalcifiée laissée en
place.
Fig 14 :
Fig 14 :
Schéma 1.
Tableaux
Tableau I.
Tableau I. - Indications et contre-indications des coiffages.
Bilan
biologique Exigences
+ = Coiffage ou D�pulpation
de la techniques
pulpe
+ + + -
+ - - +
- - - +
- - - +
+ = favorable ; - =
+ = indiqu� ; - = contre
d�favorable
Tableau II
Tableau II.
Epaisseur de la
Vitesse de la formation dentinaire
n�odentine
Tableau III.
Tableau III. - Curetage dentinaire.
Temps op�ratoires Instruments
Tableau IV.
Tableau IV. - Actes pr�liminaires au coiffage.
Tableau V.
Tableau V. - Coiffage : technique.
Temps op�ratoires Instruments