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L’occlusion en prothèse fixée

Dr Chikhi.

Introduction
Le fonctionnement de l’appareil manducateur est très complexe et tous ces constituants sont en
étroite relation. Les rapports dento-dentaires et des surfaces articulaires temporo-mandibulaires
doivent être en harmonie pour la réussite des thérapeutiques prothétiques.

1. Définitions

 Occlusion dentaire : tout contact statique des faces occlusales de deux dents ou de deux groupes de
dents entre le maxillaire et la mandibule.
 Articulé dentaire : tout rapport dento-dentaire dynamique par frottement durant les mouvements
mandibulaires.

2. Les types d’occlusion


2.1. La normocclusion : Il s’agit de l’occlusion idéale de référence.
2.2. L’occlusion fonctionnelle : proche de la normocclusion, elle respecte les caractères
généraux des fonctions occlusales physiologiques (calage, centrage, guidage) et elle n’entraîne pas de
perturbation musculaire, articulaire ou dentaire. C’est le modèle que l’occlusion thérapeutique
prothétique cherche à atteindre.
2.3. L'occlusion de convenance : elle permet les fonctions orales, malgré la présence
d'anomalies de l'occlusion grâce à une adaptation et à un équilibre du système neuromusculo-
articulaire et dento-alvéolaire.

2.4. L’occlusion traumatogène elle possède un potentiel traumatique et se caractérise par une
ou plusieurs anomalies de l’occlusion, dépassant le potentiel adaptatif du sujet, elle peut déclencher,
entretenir ou contribuer à l’apparition d’atteintes structurelles et /ou de troubles fonctionnels de
l’appareil manducateur.

3. Les fonctions de l’occlusion

3.1. Fonction de centrage : c’est le positionnement centré de la mandibule dans les trois plans
de l’espace.

3.2. Fonction de calage : c’est la stabilisation de la mandibule. Il s’agit de la stabilité dentaire et


de la stabilité de l’occlusion.
3.3. Fonction de guidage : les contacts occlusaux guident la trajectoire mandibulaire lors de la
mastication et de la déglutition. Essentiellement assurée par les dents antérieures, évitant les
contacts entre les dents postérieures, on parle alors de guide antérieur, divisé entre le guidage
incisif et le guidage latéral :
3.3.1. Le guidage incisif : défini par la pente incisive (Pi), résultat du
glissement des bords libres des dents mandibulaires sur les faces
palatines des incisives et des canines maxillaires. Il représente le trajet
qu’effectue la mandibule lors des mouvements de protrusion et de
rétrusion.
3.3.2. Le guidage latéral : il oriente les mouvements de latérotrusion. Il peut être
assuré par une seule dent ou par un groupe de dents. On distingue :
3.3.2.1. La protection canine : seule la canine maxillaire guide le mouvement. Toutes les
autres dents sont en désocclusion.
3.3.2.2. La fonction groupe : le mouvement de latérotrusion est assuré par une ou plusieurs
dents en plus de la canine.

3.4. Les anomalies de guidage :


On distingue l’interférence et la prématurité suivant la direction du mouvement généra nt ces
contacts occlusaux à caractères pathogènes.

 Une interférence occlusale : est définie comme un obstacle dentaire limitant ou déviant les
mouvements mandibulaires de latérotrusion et de protrusion.
 Une prématurité occlusale : elle est définie comme un contact occlusal décentrant le chemin
de fermeture mandibulaire.

4. Les déterminants de l’occlusion


Les déterminants de l’occlusion sont : en arrière les articulations temporo-mandibulaires (ATM), en
avant les surfaces occlusales, l’ensemble étant orchestré par le système neuro-musculaire.

Chez un sujet sain, l’ensemble des déterminants est synchronisé pour permettre un fonctionnement
correct de la mandibule.

4.1. Les déterminants postérieurs (les articulations temporo-mandibulaires)


Ils influencent les mouvements de la mandibule et régissent les trajets que les condyles doivent
emprunter lorsque la mandibule est animée par le système neuromusculaire.

4.2. Les déterminants antérieurs (les dents)


Servent de guide à la mandibule. Les dents postérieures cuspidées (prémolaires et molaires) servent
pour le calage et le centrage de la mandibule à la fermeture. Les dents antérieures (groupe incisivo-
canin) guident la mandibule lors des mouvements de latérotrusion et de protrusion, c’est le guidage
antérieure.

4.3. Le système neuromusculaire


Les terminaisons nerveuses (nocicepteurs, propriocepteurs et extérocepteurs) situées dans le
parodonte, les muscles et les ATM vont jouer un rôle primordial dans les mouvements mandibulaires
en contrôlant les contractions musculaires volontaires et réflexes.

Les propriocepteurs présents dans le desmodonte et dans l’ATM servent de protection à l’appareil
manducateur, en coordonnant les positions et les mouvements réflex de la mandibulaires qui évitent
toute surcharge occlusale. S’il n’y a pas assez de dents sur l’arcade, cette protection est assurée par
l’extéroception de la muqueuse alvéolaire qui est moins précise.
5. Le schéma occlusal
C’est l’ensemble des facteurs qui caractérisent les rapports dentaires et les rapports articulaires.

5.1. Objectifs de l’élaboration d’un schéma occlusal


 Obtenir une occlusion efficace avec des contacts stables et précis ;
 Avoir une protection réciproque des constituants de l’appareil manducateur ;
 Garantir la pérennité des structures de l’appareil manducateur et des restaurations
prothétiques en adaptant au mieux la forme à la fonction.

Le schéma occlusal englobe la position de référence occlusale et le concept occlusal. Toute


thérapeutique dentaire doit être conçue selon le schéma occlusal choisi.

5.2. La position de référence occlusale


L’enregistrement des rapports d’occlusion entre la mandibule et le maxillaire peut s’effectuer selon
deux positions de référence, ce sont des positions qui doivent être reproductibles, non affectées par
le traitement et simples à enregistrer cliniquement et à transférer sur articulateur au laboratoire.

 La référence dentaire : c’est l’occlusion d’intercuspidie maximale (OIM) ;


 La référence articulaire : c’est la relation centrée (RC).

5.2.1. Occlusion en intercuspidie maximale


Position mandibulaire de fermeture où les arcades dentaires présentent le maximum de points de
contacts ou de surfaces de contacts, indépendamment de la position des condyles.

Il s’agit d’une position statique, constamment utilisée lors de la déglutition et de la mastication.

Au laboratoire, dans la majorité des cas, il suffit d’affronter les modèles en plâtre pour la retrouver.
Pour plus de précision, on enregistre les rapports occlusaux en interposant une très fine couche de
matériau (silicone ou cire), le patient serre les dents très fort jusqu’au contact d’ICM (perforation du
matériau au niveau des points de contacts dento-dentaires).

C’est la référence de choix pour enregistrer les rapports occlusaux, à condition que les points
suivants soient réunis :

 Aucune pathologie ou dysharmonie de l’appareil manducateur (DAM) à savoir aucune


douleur musculaire ou articulaire, pas de bruit articulaire ou de déviation dans le trajet de
fermeture et d’ouverture mandibulaire;
 Un calage et une stabilité de la mandibule, avec un centrage satisfaisant dans les trois sens
de l’espace, ce qui permet un positionnement de la mandibule stable et reproductible.
 Une dimension verticale d’occlusion (DVO) correcte grâce à trois couples de dents pluri-
cuspidées au minimum et favorablement répartis sur l’arcade;
 Un guide antérieur acceptable.
 Une réponse neuro-musculaire proprioceptive satisfaisante.

Si toutes les conditions suscitées ne sont pas réunies, la référence occlusale choisie sera articulaire,
les contacts dentaires en ICM devront se faire lorsque les ATM sont en position de RC on parle alors
d’occlusion en relation centrée (ORC).

5.2.2. La relation centrée


C’est une relation d’os à os mandibulo-crânienne dans laquelle les condyles sont dans la position la
plus haute et la plus médiane, coiffés de leur disque dans leur cavités glénoïdes = coaptation
bilatérale condylo-disco-temporale haute.
C’est une position obtenue par contrôle non forcé, en interposant une bande de cire entre les deux
arcades sans contact dentaire (la cire ne doit pas être perforée). Tout contact dentaire risquerait
d’entrainer une déviation de la trajectoire mandibulaire et donc de modifier la position condylienne.

5.3. Le concept occlusal


C’est une hypothèse d’école qui préside lors de l’élaboration du schéma occlusal dans le but d’établir
des rapports occlusaux harmonieux.

Les points principaux de ces concepts sont la relation centrée ; l’agencement intercuspidien en
intercuspidie maximale et le guidage en protrusion et en latérotrusion.

Le concept d’occlusion bilatéralement équilibrée préconisé en prothèse adjointe de grande étendue,


est proscrit en prothèse conjointe, en effet, en denture naturelle tout contact dentaire non-
travaillant est considéré comme une interférence occlusale très nocive.

5.3.1. Occlusion mutuellement protégée


 En ICM les dents cuspidées protègent les dents antérieures grâce à un léger contact antérieur.
 En protrusion le guidage incisif les dents antérieures maxillaires et mandibulaires guident la
mandibule par un glissement dento-dentaire et protègent les dents cuspidées par à une
désocclusion totale et immédiate.
 En latérotrusion : que ce soit le concept de protection canine ou de fonction groupe, du côté
non travaillant aucun contact ne doit exister.

5.3.2. Concept fonctionnaliste (Pankey-Mann-Schuyler = PMS)


Ce concept se veut physiologique, il est dit aussi concept de l’occlusion unilatéralement balancée.

 ICM différente de la RC, l’absence de coïncidence entre l’occlusion d’intercuspidie maximale


et la relation centrée ne doit pas s’accompagner d’interférences lorsque la mandibule passe
de l’IMC à la RC, ce glissement est appelé le « long centric » et doit être inférieure ou égal à
01mm.
 En protrusion : contact antérieur étendu et absence de contacts postérieurs.
 En latérotrusion : fonction groupe unilatérale de canine à molaire du coté travaillant, du coté
non travaillant il-y-a une désocclusion totale et immédiate des dents.

Ce concept est indiqué chaque fois que le recouvrement incisif est faible et que le support canin est
affaibli. Le contexte parodontal exige une bonne répartition des forces occlusales.

5.3.3. Le concept gnathologiste (McCollum, Stuart)


 Coïncidence de la RC avec l’OIM, les gnathologistes utilisent la RC comme position de référence
nécessaire et indispensable à toute thérapeutique prothétique. C’est l’occlusion en relation
centrée (ORC) ou occlusion centrée.
 En protrusion aucun contact dentaire ne doit exister postérieurement, les incisives désocclusent
les prémolaires et molaires dans le trajet protrusif.
 En latérotrusion c’est le concept de protection canine : on a un contact dentaire uniquement
entre les canines du côté travaillant alors que du côté non travaillant aucun contact ne doit
exister.

Ce concept occlusal est indiqué dans les cas nécessitant une réhabilitation par prothèse fixée en
présence d’une occlusion dysfonctionnelle et que le support parodontal de la canine est résistant.
Conclusion
L’analyse occlusale est indispensable avant toute reconstitution prothétique afin de réaliser un
diagnostic occlusal précis ; cela permet d’analyser différents éléments, tels que la stabilité de l’OIM,
le décalage entre l’OIM et l’occlusion en RC (ORC), les perturbations éventuelles de la DVO et du plan
d’occlusion liés le plus fréquemment à l’égression d’une dent ou d’un groupe de dents, la présence
d’interférences et de prématurités ainsi que l’efficacité du guide antérieur.

Cet examen s’effectue en bouche en examinant les relations inter-arcades à l’état statique et
dynamique dans le but de chercher une harmonie entre les dents et le système neuromusculaire.
Dans les cas complexes cet examen est complété sur articulateur semi-adaptable (A.S.A).

L’équilibration à la pose des prothèses, ainsi que les ajustements au cours du temps nous permettent
d’anticiper les échecs dus à la surcharge occlusale et à la modification dans le temps du système
occluso-articulaire.

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