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Articulation dentodentaire et fonction


occlusale
B. Tavernier, J. Romerowski, E. Boccara, C. Azevedo, G. Bresson

Les notions de structure et d’adaptation sont des caractéristiques propres aux êtres vivants (Konrad
Lorenz, 1973). L’appareil manducateur, comme tous les éléments constitutifs de l’être humain,
n’échappe pas à cette règle. L’anatomie de l’occlusion et de l’articulation dentodentaire doit être
analysée selon l’aspect fonctionnel de la manducation. Les propriétés remarquables des organismes
vivants sont étroitement conditionnées par leurs structures. Toute modification structurelle entraîne des
variations, voire la perte de l’activité biologique. Certains organes, bien que faisant partie d’un système
complexe, sont des unités structurées et peuvent être étudiés en dehors de leur contexte systématique. La
dent, en tant qu’organe, peut être divisée en unités structurales, dont l’étude permet d’éclairer le
fonctionnement. L’occlusion s’établit à la fin du mouvement de fermeture ; lors de la mastication et de la
déglutition. L’articulation dentodentaire fonctionne au début et pendant le mouvement de fermeture lors
de la section du bol alimentaire par exemple. Enfin, l’articulation dentodentaire fonctionne lors de ce que
l’on a encore coutume d’appeler parafonctions comme les crispations, bruxismes ou mâchonnements.
Elle implique par conséquent des relations de contacts dentodentaires. L’ensemble de ces relations doit
être étudié tant du point de vue statique (intercuspidie) que sur le plan de la cinématique mandibulaire
(intercuspidation). L’occlusodontologie est un domaine complexe qui ne peut pas se restreindre à la seule
étude des contacts dentodentaires. Un grand nombre de principes tentent et participent à la
compréhension de ce domaine. L’analyse de ces principes montre leur faible niveau de preuve.
L’articulation dentodentaire n’est pas figée. Elle s’établit avec la dentition, et fonctionne avec la denture.
C’est une caractéristique intrinsèque de l’individu. Toute introduction d’un élément interférant avec
l’occlusion entraîne un dysfonctionnement de l’appareil manducateur, voire une adaptation. L’étude, à
partir de l’anatomie dentaire présentée ici, est effectuée par rapport à une normalité idéalisée qui peut
servir de base à la compréhension de l’occluodontologie.
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Mots clés : Intercuspidie ; Relation maxillomandibulaire ; Appareil manducateur ; Articulation dentodentaire

Plan ¶ Rôle des canines 10


Protection canine 11
¶ Intercuspidie 1 Protection de groupe antérieur 12
Protection de groupe postérieur 12
¶ Anatomie incisive et canine 1
¶ Enveloppe des mouvements extrêmes et trajectoires
¶ Physiologie incisive et canine 2 fonctionnelles 13
¶ Anatomie occlusale des unités cuspidées 2
Topographie et définitions 2
Anatomie descriptive 2
¶ Physiologie de l’aire occlusale 4 ■ Intercuspidie [1-4]

¶ Organisation des arcades 5 L’intercuspidie est réalisée lorsque toutes les unités dentaires
Agencement dans le plan horizontal 6 mandibulaires entrent en contact avec les unités dentaires
Agencement dans le plan sagittal 6 antagonistes maxillaires. C’est l’occlusion habituelle ou occlu-
Agencement dans le plan frontal 6 sion de fonction. Ainsi, toutes les morphologies se trouvent
¶ Relations statiques interarcades 7 impliquées dans ce type de relation.
Relations antérieures 7
Relations postérieures
Relations maxillomandibulaires
7
8 ■ Anatomie incisive et canine [5-7]

Relations mandibulomaxillaires 9
Le groupe incisivocanin est caractérisé par l’existence d’un
¶ Relations cinématiques 10 bord libre qui, au niveau canin, se dédouble pour créer les
Mouvement de propulsion 10 versants d’une cuspide [8-11]. Il est intéressant de noter que ces
Mouvements de latéralité 10 dernières structures au niveau mandibulaire sont concernées par

Stomatologie 1
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Figure 1. Les crêtes marginales des faces linguales sont de plus en plus
convexes à partir de la crête marginale mésiale de l’incisive centrale
jusqu’à la crête marginale distale de la canine maxillaire. Figure 2. L’aire occlusale est limitée par l’arête marginale. M : versant
mésial ; D : versant distal.

les contacts dentodentaires au cours de l’intercuspidie et de


l’intercuspidation. Au niveau de l’arcade maxillaire, les crêtes
marginales mésiales et distales qui bordent les fosses linguales
assurent les contacts. Il s’agit de structures longitudinales dans
le sens incisivocervical, convexes dans le sens mésiodistal. De ce
point de vue, l’observation d’une denture naturelle non abrasée
montre qu’en allant de la crête marginale mésiale de l’incisive
médiale jusqu’à la crête marginale distale de la canine, ces
structures deviennent de plus en plus convexes (Fig. 1). Cette
observation a probablement des conséquences fonctionnelles
qui ont été quelque peu obérées.

■ Physiologie incisive et canine [12]

Le rôle essentiel des incisives et des canines concerne la


réduction de volume du bol alimentaire (section et dilacération)
afin de permettre l’écrasement de celui-ci par les unités cuspi- Figure 3. L’unité cuspidienne de Payne se compose d’une pointe (1),
dées. Leur participation à la phase terminale de l’intercuspida- d’un versant mésial (2), d’un versant distal (3), d’un versant périphérique
tion est éminemment critique : ceci sera analysé au cours de (4) et d’un versant central (5).
l’étude cinématique.

■ Anatomie occlusale des unités


cuspidées
Elle concerne les unités dentaires cuspidées tant au maxillaire
qu’à la mandibule et constitue leur partie fonctionnelle essen-
tielle. Elle participe fondamentalement à l’articulation dento-
dentaire et à l’occlusion. C’est elle qui assure essentiellement
l’arrêt du mouvement d’élévation de la mandibule au cours du
mouvement de fermeture.

Topographie et définitions
Figure 4. L’affrontement de deux surfaces convexes n’assure aucune
Constituée par la conjonction de structures convexes, l’aire
stabilité.
occlusale d’une unité cuspidée est limitée par l’arête marginale
(le terme « table occlusale » suppose des surfaces planes, ce qui
est impropre à la notion de convexité qui préside à la compo-
sition des faces occlusales) [13, 14]. Cette ligne fictive réunit les un versant distal et un versant périphérique (unité fonctionnelle
sommets cuspidiens par l’intermédiaire des versants cuspidiens de Payne [15]) (Fig. 3). Sur le plan fonctionnel, il est possible de
mésiaux et distaux, et par la ligne faîtière des crêtes marginales distinguer deux types de cuspides : les cuspides primaires et les
(Fig. 2). Toutes les structures appartenant à l’aire occlusale sont cuspides secondaires [16-20].
dites centrales. Les autres structures sont par conséquent Les cuspides linguales maxillaires et les cuspides vestibulaires
périphériques (les termes « internes » et « externes » sont mandibulaires constituent le groupe des cuspides primaires,
improprement utilisés dans le langage courant : en effet, aucune appelées également cuspides d’appui ou encore cuspides de
des structures concernées ne se trouve à l’intérieur de la dent centrée. Lorsque les arcades dentaires sont en intercuspidie, ces
[« internes »]. Elles se situent toutes à la surface de celle-ci. Elles structures établissent des relations avec des zones réceptrices
sont donc toutes « externes »). antagonistes : fosses centrales, fossettes proximales ou embrasu-
res occlusales. Elles ont essentiellement un rôle de stabilisation
et de calage des arcades dentaires au cours de la déglutition
Anatomie descriptive (Fig. 4–6) et participent à l’écrasement du bol alimentaire au
Les aires occlusales peuvent être considérées comme consti- cours de la mastication. Cette dernière fonction nécessite, en
tuées de deux types de structure : les cuspides et les crêtes dehors d’une grande efficacité, une possibilité d’échappement
marginales. du bol alimentaire. Pour répondre à la mise en œuvre de ces
Les cuspides sont des éminences à caractère pyramidal : elles fonctions, les cuspides primaires sont, à cet égard, éminemment
comportent un sommet, un versant central, un versant mésial, convexes (Fig. 7).

2 Stomatologie
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Figure 5. La rencontre d’une surface convexe avec deux surfaces


convexes n’évite la rotation que dans un plan.

Figure 8. La pointe cuspidienne des cuspides secondaires se situe en


dehors des relations dentodentaires antagonistes. Par son versant péri-
phérique, la cuspide maintient la joue (cuspide vestibulaire maxillaire) ou
la langue (cuspide linguale mandibulaire) à l’écart des aires occlusales.
Figure 6. Une surface convexe en relation avec trois surfaces convexes
assure un calage et simultanément l’échappement du bol alimentaire.

Figure 7. Le caractère morphologique fondamental de la cuspide pri-


maire est une convexité marquée dans tous les sens.

Les cuspides secondaires, ou cuspides de préhension ou Figure 9. Au cours de la mastication, la cuspide secondaire maintient le
encore cuspides de guidage, sont les cuspides vestibulaires bol alimentaire sur l’aire occlusale (d’où le terme de « cuspide de préhen-
maxillaires et les cuspides linguales mandibulaires. Elles sion » qui lui est également donné).
présentent une pointe cuspidienne qui se situe toujours en
dehors de l’aire occlusale antagoniste lors de l’intercuspidie.
Elles contribuent à la protection des lèvres, des joues (arcade
maxillaire) et de la langue (arcade mandibulaire), par l’intermé-
diaire de leur portion périphérique (Fig. 8). Elles participent au
maintien du bol alimentaire sur l’aire occlusale au cours de la
mastication, par l’intermédiaire de leur portion centrale (Fig. 9).
Leur morphologie est plus acérée, à peine convexe (Fig. 10). Les
versants cuspidiens mésiaux et distaux, tout en demeurant
convexes, ont tendance à être rectilignes (Fig. 10).
Les crêtes marginales limitent dans les régions proximales l’aire
occlusale. Ce sont des structures hémicylindriques, allongées
dans le sens vestibulolingual (Fig. 11). Elles comportent un
versant central qui forme la paroi de la fossette proximale et un
versant périphérique qui constitue l’une des limites de l’embra- Figure 10. Le caractère fondamental de la cuspide secondaire est de
sure occlusale. Les crêtes marginales de deux dents contiguës présenter des formes de contours peu convexes, à tendance rectiligne et
présentent un caractère de symétrie par rapport à un plan développée.
tangent passant par la zone proximale de contact (Fig. 12).
Ainsi, toutes les structures décrites sont convexes dans leur
ensemble. Leur juxtaposition donne naissance aux dépressions sur les molaires maxillaires et mandibulaires. Elles se situent au
importantes de l’aire occlusale. Les sillons sont formés par la centre de l’aire occlusale et constituent les zones réceptrices
conjonction d’une ou de plusieurs surfaces convexes (Fig. 13). spécifiques de certaines cuspides primaires lors de l’occlusion.
La conjonction de trois surfaces convexes induit une fossette D’autres structures convexes, appelées bulbes secondaires ou
(Fig. 14). Une fosse centrale est le résultat de la conjonction de bulbes accessoires, se situent de part et d’autre des versants
trois ou de quatre convexités (Fig. 15). Les fosses n’existent que centraux des cuspides (Fig. 16). Il s’agit de petites coulées

Stomatologie 3
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Figure 15. Une fosse centrale naît de la conjonction de trois ou quatre


Figure 11. La crête marginale limite l’aire occlusale au niveau des parois surfaces convexes.
proximales : c’est une structure hémicylindrique.

Figure 16. Les structures accessoires (bulbes et sillons) augmentent


l’action sécante des aires occlusales et les possibilités d’échappement du
bol alimentaire mises en œuvre par les structures principales.
Figure 12. Les crêtes marginales de deux dents adjacentes obéissent à
la règle de symétrie (effet de miroir).

Figure 13. La conjonction de deux surfaces convexes donne naissance


à un sillon. Figure 17. L’aire occlusale occupe les 4/7es centraux (B et C) du plus
grand diamètre vestibulolingual. V : face vestibulaire ; L : face linguale.

(règle des un septième). Enfin, toutes les aires occlusales d’une


même arcade ont sensiblement la même dimension dans le sens
vestibulolingual (Fig. 19).

■ Physiologie de l’aire occlusale


Lors de la fonction de mastication et de déglutition, l’action
de l’ensemble des structures a pour objectif l’efficacité maxi-
male [21]. Ainsi, les contacts interarcades favorisent un calage
qui permet la contraction des muscles au cours de la dégluti-
Figure 14. La conjonction de trois surfaces convexes induit une fossette tion. S’agissant de la mastication, le cheminement du bol
triangulaire proximale. alimentaire s’inscrit dans un parcours strict : après que le
volume a été suffisamment réduit par l’action sécante des
groupes incisivocanins, les aliments, comprimés au niveau des
d’émail, limitées par des sillons à fond mousse : les sillons aires occlusales dans les couloirs formés par les gouttières
secondaires ou sillons accessoires. Leur présence augmente intercuspidiennes antagonistes, sont écrasés par le retour vers
l’efficacité manducatrice des unités cuspidées. l’intercuspidie (Fig. 20). Ils cheminent le long des sillons
Si le plus grand diamètre vestibulolingual est partagé en sept intercuspidiens et s’échappent par les espaces laissés vacants
parties égales, l’aire occlusale occupe sensiblement les quatre entre cuspides vestibulaires et linguales antagonistes (Fig. 21). Ils
septièmes centraux (Fig. 17). La cuspide primaire occupe les sont repris en charge et ramenés sur les aires occlusales par des
quatre septièmes du plus grand diamètre. Les trois septièmes mouvements complexes de la langue et des joues. Le processus
sont occupés par la cuspide secondaire. L’aire occlusale est se déroule de manière légèrement différente dans l’espace
déportée dans son ensemble vers les cuspides secondaires interproximal. L’action compressive de la cuspide oblige le bol
(Fig. 18), c’est-à-dire vers la face vestibulaire sur les unités alimentaire à se diriger, soit sur le versant central de la crête
maxillaires, et vers la face linguale sur les unités mandibulaires marginale antagoniste et à revenir sur l’aire occlusale, soit à

4 Stomatologie
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Figure 18. L’aire occlusale est déportée dans son ensemble vers la face
vestibulaire (V) à l’arcade maxillaire et vers la face linguale (L) à l’arcade Figure 21. Au niveau des unités dentaires, le bol alimentaire est défléchi
mandibulaire. sur les versants périphériques des cuspides.

Figure 22. Au niveau des embrasures, la déflexion du bol alimentaire


écrasé s’effectue sur la papille interdentaire.

Figure 19. Sur une même arcade, toutes les aires occlusales des unités
cuspidées ont sensiblement le même diamètre vestibulolingual.

Figure 23. Les pressions appliquées sur la face occlusale d’une dent se
transmettent aux tissus de soutien, d’abord à l’intérieur de la dent
concernée, mais également, grâce aux zones proximales de contact, aux
unités dentaires adjacentes. Chaque dent est « épaulée » par ses voisines
dans les charges qu’elle subit.

Figure 20. Le bol alimentaire est d’abord écrasé entre les aires occlusa-
les antagonistes. ■ Organisation des arcades
Bien qu’il soit possible d’établir une relation particulière à la
fonction pour chaque structure constitutive des unités dentaires
s’écouler par l’embrasure occlusale en direction de l’embrasure
et une corrélation individuelle de l’anatomie des dents avec leur
vestibulaire ou en direction de l’embrasure linguale pour se physiologie, à l’évidence, les unités dentaires ne peuvent pas
défléchir sur la papille interdentaire (Fig. 22). fonctionner séparément les unes des autres. L’agencement intra-
Ainsi, la fonction « passive » de la zone interproximale de arcades permet d’établir l’« unité fonctionnelle unimaxillaire »,
contact n’a, entre autres, de rôle à jouer que dans la protection constituée d’unités travaillant de façon solidaire. La continuité
des tissus parodontaux. Ces phénomènes fonctionnels sont des arcades est induite par l’existence de zones interproximales
révélateurs de l’importance de la réhabilitation morphologique de contact. Elle répartit les efforts subis par une dent aux unités
des embrasures en odontologie restauratrice. collatérales (De Stefanis) (Fig. 23).

Stomatologie 5
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Figure 24. Dans le plan horizontal, les cuspides primaires, les cuspides
secondaires et les sillons de coalescence sont organisés selon des courbes Figure 25. Dans le plan sagittal, la courbe de Spee concerne, pour
sensiblement parallèles (a à f). certains auteurs, les cuspides vestibulaires maxillaires, pour d’autres les
cuspides vestibulaires mandibulaires. Spee n’a en fait décrit qu’une
courbe intéressant les cuspides linguales maxillaires.
Agencement dans le plan horizontal
En raison de la relative équivalence des dimensions vestibu- théorie de la sphère développée au siècle dernier par George
lolinguales des aires occlusales d’une même arcade [20], il est Monson et d’autres. Dans la réalité clinique, il semble que cette
possible d’en déduire l’existence de courbes sensiblement courbe et l’orientation axiale des unités cuspidées dans le sens
parallèles dans le plan horizontal : courbe des cuspides primai- mésiodistal soient le résultat des forces appliquées au cours de
res, courbe des cuspides secondaires et courbe des sillons de la fonction après que chaque unité dentaire a effectué son
coalescence (Fig. 24). Cette vision est toutefois réductrice, car la éruption et pendant que le tiers apical radiculaire effectue sa
courbe des cuspides linguales maxillaires subit une légère calcification [23].
convergence vers la courbe des cuspides vestibulaires au niveau
des prémolaires (Fig. 24 D). À la mandibule, cette convergence Agencement dans le plan frontal
est même nettement plus prononcée en raison de la réduction
du diamètre vestibulolingual des aires occlusales des prémolaires Dans ce plan, la théorie de la sphère a voulu que se retrou-
(Fig. 24 C). vent des courbes concentriques dont les centres se trouveraient
au niveau de l’apophyse crista-galli. En fait, l’organisation des
unités dentaires dépend du niveau de la coupe étudiée. En
Agencement dans le plan sagittal regard des premières prémolaires, la ligne reliant les pointes
Partant de la cuspide vestibulaire de la première prémolaire, cuspidiennes maxillaires peut être plane ou concave vers le bas.
et se terminant en regard de la cuspide distale de la dernière En regard des secondes prémolaires maxillaires, la ligne reliant
molaire, les cuspides des deux arcades s’organisent selon une les pointes cuspidiennes est droite ou convexe. Puis, la conve-
courbe, appelée courbe de Spee, dont la concavité est dirigée xité s’accroît en regard des premières, puis des secondes
vers le haut [22] (Fig. 25). Cet agencement ordonne une relative molaires maxillaires (Wilson) [24] (Fig. 26).
convergence des axes coronoradiculaires des unités cuspidées L’orientation des axes coronoradiculaires des différentes
vers le centre de cette courbe. Cette notion est héritée de la unités cuspidées est donc conditionnée par l’existence de ces

Figure 26. Dans le plan frontal, la convexité de la courbe passant par les pointes cuspidiennes va en diminuant depuis les deuxièmes molaires jusqu’aux
premières prémolaires où elle peut s’inverser. L’association de la courbe dans le plan sagittal et des courbes dans le plan frontal répond au concept hélicoïde
d’Ackermann.

6 Stomatologie
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Figure 27. Dans le plan horizontal, les relations antérieures interarcades


s’effectuent entre bords libres mandibulaires et crêtes linguales maxillai-
res. En raison de sa situation dans le plan sagittal, la canine mandibulaire
peut entrer en relation avec deux crêtes linguales opposées (a) ou bien
avec la crête marginale mésiale et l’arête linguale de son antagoniste (b)
(cf. Fig. 29).
Figure 28. L’angle formé par les axes coronoradiculaires des incisives
maxillaires et mandibulaires est de 135° ± 5°.
différentes courbes. La meilleure représentation de l’association
des courbes dans le plan sagittal et dans le plan frontal semble
être l’organisation des aires occlusales selon un hélicoïde [13]
(Fig. 26).

■ Relations statiques interarcades


L’étude des relations interarcades implique l’existence d’une
situation clinique asymptomatique. Les dents doivent pouvoir
se rencontrer librement sans qu’aucun signe pathologique
n’altère les références énoncées précédemment. De manière
conventionnelle le terme d’intercuspidie sera utilisé en tant que
Figure 29. Les contacts dentodentaires au niveau antérieur s’effectuent
référence à la normalité. Cette relation mandibulomaxillaire
entre bords libres mandibulaires et structures convexes linguales maxillai-
conduit les unités cuspidées à des contacts simultanés et
res. L’incisive médiale mandibulaire entre en contact par la partie mésiale
d’intensité équivalente. Les forces appliquées aux unités
de son bord libre avec la crête marginale mésiale de l’incisive médiale
dentaires ont, dans ces conditions, une résultante superposable
maxillaire. L’incisive latérale mandibulaire entre en contact avec la crête
aux axes coronoradiculaires des dents.
marginale distale de l’incisive médiale maxillaire et avec la crête marginale
mésiale de l’incisive latérale maxillaire. Selon l’importance du diamètre
Relations antérieures mésiodistal des incisives latérales, la canine mandibulaire entre en contact
soit avec la crête marginale distale de l’incisive latérale maxillaire et la crête
Dans le plan horizontal marginale mésiale de la canine maxillaire (a), soit avec la crête marginale
Les incisives et canines entretiennent, comme les unités mésiale et l’arête linguale de la canine maxillaire (b).
cuspidées, au cours de l’intercuspidie, des relations de contact
de type punctiforme. L’usure fonctionnelle transforme ces
contacts en des plages plus ou moins importantes. Dans le plan frontal
Schématiquement, les bords incisifs des dents antérieures
Les relations de contact s’établissent entre le bord incisif de
mandibulaires sont en contact avec les crêtes marginales des
l’incisive médiale mandibulaire et la crête marginale mésiale de
incisives et canines maxillaires (Fig. 27). En intercuspidie, toutes
l’incisive médiale maxillaire, entre le bord incisif de l’incisive
les dents antérieures arrivent en contact simultanément et avec
latérale mandibulaire et la crête marginale distale de l’incisive
la même intensité. Certaines malpositions peuvent altérer la
médiale maxillaire, et également la crête marginale mésiale de
qualité des relations interincisives. En tout état de cause (et
l’incisive latérale maxillaire. Les relations entre canines dépen-
pour des raisons fonctionnelles qui seront vues infra) les
dent essentiellement de la valeur des diamètres mésiodistaux
canines mandibulaires doivent toujours être en contact avec les
des incisives : soit que le versant mésial de la canine mandibu-
canines maxillaires en position de référence. Parce qu’elles se
laire entre en relation avec la crête marginale distale de
situent au changement d’orientation des arcades, elles partici-
l’incisive latérale maxillaire, tandis que le versant distal de la
pent au calage de la mandibule sur l’arcade maxillaire, tant dans
canine mandibulaire entre en relation avec la crête marginale
le plan frontal que dans le plan sagittal [17].
mésiale de la canine maxillaire, soit que le versant canin mésial
mandibulaire entre en contact avec la crête marginale mésiale
Dans le plan sagittal de la canine maxillaire, alors que le versant canin distal
Classiquement, c’est-à-dire en classe I d’Angle, en intercuspi- mandibulaire entre en relation avec l’arête linguale de la canine
die, l’axe coronoradiculaire des incisives médiales maxillaires et maxillaire (Fig. 29).
mandibulaires forme un angle d’environ 135° (Fig. 28). Clini-
quement, l’angle formé par les axes coronoradiculaires des Relations postérieures
incisives est moins important que la morphologie particulière
des faces linguales maxillaires et des faces vestibulaires mandi- Les cuspides primaires entrent en occlusion en intercuspidie.
bulaires : il s’avère indispensable qu’existe un angle fonctionnel Elles ont des relations de contact avec des zones réceptrices qui
entre ces surfaces pour permettre le mouvement initial de peuvent être de trois types : fosses centrales, fossettes proximales
protrusion (voir infra : mouvements-tests de propulsion). ou embrasures occlusales. Toutefois, il est important de noter

Stomatologie 7
22-003-P-10 ¶ Articulation dentodentaire et fonction occlusale

Figure 32. La relation d’une cuspide décentrée peut se faire avec une
fossette proximale de l’arcade antagoniste : c’est la relation d’une dent à
une dent.

Figure 30. La relation d’une cuspide mésiolinguale maxillaire avec une


fosse centrale antagoniste constitue un verrou d’occlusion maxillomandi-
bulaire.

Figure 33. La relation d’une cuspide décentrée peut se faire avec une
embrasure occlusale opposée : c’est la relation d’une dent à deux dents.

Verrous d’occlusion
Chaque verrou d’occlusion est mis en œuvre par la relation
des cuspides mésiolinguales des molaires maxillaires avec les
fosses centrales des molaires mandibulaires antagonistes. Les
contacts sont obtenus par l’intermédiaire des versants mésiaux,
Figure 31. La relation d’une cuspide distovestibulaire mandibulaire distaux et centraux des cuspides. Les versants mésiaux et distaux
avec une fosse centrale antagoniste établit un verrou d’occlusion mandi- des cuspides maxillaires entrent en relation avec les versants
bulomaxillaire. centraux des cuspides linguales mandibulaires. Le versant
central maxillaire est, quant à lui, en relation avec le versant
que, à aucun moment, la pointe des cuspides n’est concernée central de la cuspide distovestibulaire mandibulaire (Fig. 34, 35).
par des relations de contact avec les structures antagonistes.
L’observation clinique permet de distinguer des cuspides
Autres cuspides primaires
primaires de qualité différente selon les zones réceptrices Relation cuspide-embrasure
antagonistes. Ainsi, les cuspides primaires qui entrent en
Dans ce type de relation, chaque cuspide primaire maxillaire
relation avec une fosse centrale constituent avec ces dernières
entre en relation de contact, par l’intermédiaire de son versant
structures les verrous d’occlusion. Il s’agit des cuspides mésio-
mésial et de son versant distal, avec les versants périphériques
linguales des molaires maxillaires (verrous d’occlusion maxillo-
des crêtes marginales qui limitent l’embrasure occlusale antago-
mandibulaires) (Fig. 30) et des cuspides distovestibulaires des
niste (Fig. 34). Cette relation est également appelée « relation de
molaires mandibulaires (verrous d’occlusion mandibulomaxil-
une dent à deux dents ». Elle représente plus de 85 % des cas
laires) (Fig. 31).
rencontrés en denture naturelle.
Toutes les autres cuspides primaires : cuspides linguales des
La relation cuspide-embrasure est très souvent controversée
prémolaires maxillaires, cuspides distolinguales des molaires
en raison du risque d’injection d’aliments dans l’espace inter-
maxillaires, cuspides vestibulaires des prémolaires mandibulaires
dentaire au cours de la mastication. Cette assertion est démentie
et cuspides mésiovestibulaires des molaires mandibulaires,
par les faits cliniques. En fait, cette relation est parfaitement
peuvent se trouver dans deux situations :
viable dans la mesure où existent une continuité de l’arcade,
• soit en relation avec une fossette proximale antagoniste : la
grâce à l’existence de zones proximales de contact, et un calage
relation est alors de type cuspide-fossette (Fig. 32) ;
lié à la présence de verrous d’occlusion (cf. supra) (Fig. 23).
• soit en relation avec une embrasure occlusale antagoniste : la
relation est alors de type cuspide-embrasure (Fig. 33). Relation cuspide-fossette
Dans ce type de relation, la cuspide primaire maxillaire entre
Relations maxillomandibulaires en relation avec la fossette proximale mésiale mandibulaire
Elles concernent l’articulation des cuspides primaires maxil- antagoniste. Les contacts s’effectuent entre le versant cuspidien
laires avec des zones réceptrices antagonistes. distal maxillaire et le versant central de la crête marginale

8 Stomatologie
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Figure 36. Relations statiques mandibulomaxillaires : les cuspides pri-


Figure 34. Relations statiques maxillomandibulaires : les cuspides pri- maires mandibulaires, non concernées par les verrous d’occlusion, sont en
maires maxillaires, non concernées par les verrous d’occlusion, sont en relation avec des embrasures occlusales maxillaires.
relation avec des embrasures occlusales mandibulaires.

Figure 35. Relations statiques maxillomandibulaires : les cuspides pri- Figure 37. Relations statiques mandibulomaxillaires : les cuspides pri-
maires maxillaires, non concernées par les verrous d’occlusion, sont en maires mandibulaires, non concernées par les verrous d’occlusion, sont en
relation avec des fossettes triangulaires distales mandibulaires. relation avec des fossettes triangulaires mésiales maxillaires.

mandibulaire d’une part, et entre le versant cuspidien mésial intercuspidie, les versants cuspidiens mésiaux et distaux
maxillaire et le versant central de la cuspide linguale mandibu-
maxillaires entrent en contact avec les versants centraux des
laire antagoniste d’autre part (Fig. 35). Cette situation dite de
cuspides vestibulaires maxillaires (Fig. 36, 37). Les versants
« une dent à une dent » se rencontre dans les relations de classe
centraux des cuspides vestibulaires mandibulaires entrent en
II d’Angle.
contact avec les versants centraux des cuspides mésiolinguales
maxillaires.
Relations mandibulomaxillaires
Elles concernent l’articulation des cuspides primaires mandi- Autres cuspides primaires
bulaires avec les zones réceptrices maxillaires.
Relation cuspide-embrasure
Verrous d’occlusion Dans ce type de relation, les cuspides sont dirigées vers les
Les verrous d’occlusion sont créés par la mise en relation des embrasures occlusales antagonistes, et les contacts sont du
cuspides distovestibulaires des molaires mandibulaires avec les même type que ceux décrits pour les relations maxillomandibu-
fosses centrales des molaires maxillaires antagonistes. En laires (Fig. 36).

Stomatologie 9
22-003-P-10 ¶ Articulation dentodentaire et fonction occlusale

Figure 39. Dans le mouvement-test de protrusion, seules les incisives


sont en contact.

Il est nécessaire de noter que les différents mouvements-


tests, effectués en clinique ou au laboratoire de prothèse, se
déroulent à l’inverse des mouvements physiologiques : de
l’intercuspidie vers des positions excentrées, alors qu’au cours de
la fonction, les déplacements sont centripètes. Il est supposé
que mouvements-tests et mouvements fonctionnels sont
superposables, mais ce n’est pas démontré. Toutefois, en raison
des contingences cliniques, il n’est possible d’utiliser que les
mouvements-tests.

Mouvement de propulsion
La mandibule est projetée en avant suivant une trajectoire
Figure 38. Les relations cuspide-fossette et cuspide-embrasure peuvent sensiblement parallèle au plan sagittal médian, guidée par le jeu
coexister sur une même arcade à condition qu’existent des verrous neuro-musculo-articulaire. Lorsque ce mouvement s’effectue
d’occlusion. avec des contacts dentodentaires, on parle alors de protrusion
ou de proclusion [27]. Le mouvement physiologique de l’incision
s’effectue en sens inverse. Au cours de la partie terminale du
Relation cuspide-fossette mouvement fonctionnel, les bords incisifs des incisives mandi-
bulaires glissent sur les crêtes marginales des faces linguales des
Dans ce type de relation, les cuspides primaires mandibulaires
incisives maxillaires (Fig. 39).
s’orientent vers les fossettes mésiales des unités cuspidées
Contrôlé par la proprioception desmodontale, conduit par les
maxillaires. La relation de contact s’effectue entre versant mésial
relations interincisives, le mouvement se termine en position
de la cuspide vestibulaire mandibulaire et versant central de la
d’intercuspidie.
crête marginale maxillaire, entre versant distal de la cuspide
Durant ce trajet, seules les incisives sont en contact, les dents
vestibulaire mandibulaire et versant central de la cuspide
cuspidées n’intervenant qu’au moment ultime de l’intercuspi-
vestibulaire maxillaire, et, enfin, entre versant central de la
die. Ce type de relation cinématique dentodentaire peut être
cuspide vestibulaire mandibulaire et versant central de la
considéré comme une protection incisive.
cuspide linguale maxillaire (Fig. 37).
Du fait du contexte anatomophysiologique qui préside à la
Il n’existe pas de règle impérative concernant les relations de
mise en œuvre de ce déplacement particulier, le corps mandi-
ces cuspides : la relation cuspide embrasure et la relation
bulaire n’effectue pas une translation homothétique. L’analyse
cuspide fossette sont physiologiquement acceptables et accep-
géométrique du mouvement de propulsion montre, dans une
tées. De plus, elles peuvent parfaitement cohabiter sur une
première phase, un abaissement rapide de la trajectoire condy-
même arcade [19] (Fig. 38).
lienne alors que le trajet incisif est moins incliné : l’ensemble du
corps mandibulaire effectue une rotation autour des bords
■ Relations cinématiques incisifs mandibulaires (Fig. 40).
Dans la seconde phase du mouvement de propulsion, la
trajectoire condylienne devient moins pentue alors que le trajet
Dès qu’une partie du corps humain entre en mouvement, le
antérieur devient plus vertical : le corps mandibulaire effectue
contrôle et la régulation du déplacement s’effectuent grâce au
alors une rotation globale en sens inverse. (Fig. 41). C’est la
phénomène de rétroaction (feedback). En effet, le système
rotation de la première phase du mouvement de propulsion qui
nerveux central est informé pas à pas de la position spatiale de
impose la nécessité de l’angle fonctionnel décrit par Wirth
l’os en mouvement et des diverses contractions et décontrac-
(Fig. 42, 43).
tions qu’il doit faire subir aux muscles moteurs, par une série de
« capteurs » nerveux variés : les propriocepteurs. L’ensemble de
l’appareil manducateur n’échappe pas à cette règle. Tous les Mouvements de latéralité
éléments de l’ensemble musculo-odonto-articulaire sont pourvus Au cours de la mastication, la mandibule effectue d’abord un
de nombreuses terminaisons nerveuses, spécifiquement dévolues mouvement sensiblement vertical d’abaissement, se déplace
à la régulation de la cinématique mandibulaire. Parmi les ensuite latéralement du côté du bol alimentaire, puis le retour
capteurs nerveux, certains sont plus particulièrement chargés de vers l’intercuspidation se réalise. Là encore, c’est dans la partie
renseigner le système nerveux central sur la position spatiale de terminale du cycle qu’interviennent les différentes morpholo-
la mandibule lorsque les dents ne sont pas en contact : proprio- gies dentaires en antagonisme fonctionnel. Le côté impliqué est
cepteurs des articulations temporomandibulaires, fuseaux celui vers lequel s’effectue le déplacement mandibulaire (côté
neuromusculaires, etc. D’autres interviennent plus spécifique- travaillant). Du côté opposé, il n’existe aucune relation de
ment dans la phase terminale de la mise en occlusion : les contact interarcades (côté non travaillant). En dehors de la
propriocepteurs desmodontaux. En effet, il a été montré que la canine, les incisives ne sont jamais impliquées dans ce déplace-
proprioception desmodontale va en décroissant de l’incisive ment. Quelquefois, elles peuvent accompagner la canine.
médiale à la dernière molaire [18, 25]. Si les travaux récents sur
la mastication [26] sont examinés à la lumière des incidences
proprioceptives vues précédemment, le rôle du secteur antérieur ■ Rôle des canines
permet de définir les différents types de relation cinématique
mandibulomaxillaire. En raison de la hauteur importante de leur couronne, de leur
Ainsi, l’anatomie dentaire occlusale n’est impliquée que dans implantation radiculo-osseuse singulièrement puissante, de leur
la partie terminale des mouvements physiologiques. situation au changement d’orientation de l’arcade, de leur

10 Stomatologie
Articulation dentodentaire et fonction occlusale ¶ 22-003-P-10

Figure 40. Au cours de la phase initiale du mouvement de protrusion, le


condyle mandibulaire parcourt une trajectoire à tendance verticale tandis
que les bords incisifs mandibulaires se déplacent sur la partie la plus
horizontale des faces linguales maxillaires. Ce phénomène induit une Figure 42. Au niveau des unités cuspidées, la nécessité d’un angle
rotation du corps mandibulaire et un changement d’orientation de l’axe fonctionnel (a) entre la face vestibulaire mandibulaire et la face linguale
coronoradiculaire des incisives mandibulaires vers l’avant. Pour éviter maxillaire est imposée par la cinématique mandibulaire.
toute contrainte, il est nécessaire qu’existe l’angle fonctionnel a.

Figure 41. Au cours de la phase suivante, le condyle mandibulaire


parcourt une trajectoire plus horizontale alors que la trajectoire des bords Figure 43. L’angle fonctionnel (a) permet le déplacement des unités
incisifs mandibulaires devient plus verticale. L’ensemble du corps mandi- antérieures sans contrainte au cours du mouvement mandibulaire de
bulaire effectue une rotation dans le sens inverse de celle de la phase protrusion.
initiale.

proprioception desmodontale particulièrement développée, les


canines interviennent de manière privilégiée dans les mouve-
ments de diduction : elles représentent la première relation
dentodentaire du mouvement d’intercuspidation [28] . Leurs
récepteurs desmodontaux renseignent constamment le système
nerveux central sur la position spatiale de la mandibule et
provoquent la réponse musculaire appropriée. D’autres unités
dentaires peuvent accompagner la canine dans la trajectoire Figure 44. Dans le mouvement mandibulaire de latéralité, si les canines
mandibulaire terminale, mais il est impératif que les canines interviennent seules dans les contacts glissants, la relation cinématique est
jouent leur rôle [29]. une protection canine pure.

Protection canine mouvements-tests, en clinique ou au laboratoire de prothèse, le


Lorsque les canines interviennent seules dans la partie mouvement centrifuge provoque la désocclusion immédiate des
terminale du mouvement fonctionnel, et qu’aucune autre dent dents postérieures. L’enregistrement des trajectoires, à l’aide
n’entre en relation de contact avant l’intercuspidie, la relation d’un papier ou d’une toile de marquage, donne des résultats
cinématique est de type protection canine (Fig. 44). Lors des différents selon la position relative des canines (Fig. 45, 46).

Stomatologie 11
22-003-P-10 ¶ Articulation dentodentaire et fonction occlusale

Figure 47. Au cours du mouvement de latéralité, du fait de l’abaisse-


ment du condyle controlatéral, le corps mandibulaire effectue un mouve-
ment de rotation autour d’un axe passant par le bord libre de la canine
Figure 45. Dans une relation de type protection canine pure, l’enre-
maxillaire et le condyle homolatéral. Pour permettre cette rotation sans
gistrement des contacts indique les zones en relation en position de
contrainte, un angle fonctionnel (a) est également nécessaire entre face
référence sur les unités cuspidées et le contact glissant sur l’arête
vestibulaire mandibulaire et face linguale maxillaire.
linguale de la canine maxillaire. C’est la désocclusion immédiate des
gnathologistes.

Figure 48. Afin de permettre la rotation de l’ensemble du corps man-


dibulaire autour d’un axe passant par la canine et par l’articulation
temporomandibulaire et la canine mandibulaire, un angle fonctionnel
doit exister entre la face vestibulaire des unités cuspidées mandibulaires et
les versants centraux des cuspides vestibulaires maxillaires.

Figure 46. Dans une relation de type protection canine pure, en


fonction de la position relative des canines en antagonisme, le contact
glissant peut se dérouler sur la crête marginale mésiale, puis sur le versant
mésial du bord libre de la canine maxillaire.

Comme cela a été montré pour le mouvement de propulsion


au niveau des incisives, le mouvement de latéralité étant induit Figure 49. Au cours du mouvement mandibulaire de latéralité, des
par un mouvement d’abaissement du condyle controlatéral qui incisives peuvent accompagner la canine par des contacts glissants : il
aboutit à la rotation du corps mandibulaire autour d’un axe s’agit d’une protection de groupe antérieur.
commun au condyle homolatéral et à la canine mandibulaire,
l’existence d’un angle fonctionnel entre la face vestibulaire de
la canine mandibulaire et la face linguale de la canine maxil- Protection de groupe antérieur
laire se révèle indispensable (Fig. 47). Au cours du mouvement fonctionnel ou au cours du
Pour des raisons similaires, au niveau des unités cuspidées, un mouvement-test, une ou plusieurs incisives peuvent accompagner
angle fonctionnel se révèle indispensable entre les faces vesti- les canines : il s’agit alors d’une protection de groupe antérieur
bulaires mandibulaires et les versants centraux des cupides (Fig. 49).
vestibulaires maxillaires (Fig. 48).
Sur le plan de la pratique odontologique quotidienne, la Protection de groupe postérieur
nécessité de l’existence d’un angle fonctionnel au niveau des De la même manière, si une ou plusieurs unités cuspidées
unités dentaires postérieures, implique que les unités mandibu- accompagnent la canine, la relation cinématique fonctionnelle
laires soient achevées avant leur antagoniste maxillaire. En effet, est alors une protection de groupe postérieur. La protection de
une morphologie maxillaire achevée en premier conditionnerait groupe postérieur est totale lorsque sont associées toutes les
la trajectoire de latéralité de la mandibule. Cette notion est unités cuspidées (Fig. 50). Dans le cas inverse, la protection de
absolument critique dans la situation de protection de groupe groupe postérieur est partielle (Fig. 51). L’enregistrement des
postérieure. trajectoires à l’aide d’un système de marquage quelconque

12 Stomatologie
Articulation dentodentaire et fonction occlusale ¶ 22-003-P-10

Figure 50. Dans une protection de groupe postérieur total, au cours du


mouvement de latéralité mandibulaire, toutes les cuspides vestibulaires
mandibulaires accompagnent les canines par des contacts glissants sur les
cuspides vestibulaires maxillaires.

Figure 53. En raison de l’organisation des relations interarcades dans le


plan sagittal, les contacts glissants peuvent s’effectuer sur les crêtes
Figure 51. Dans une protection de groupe postérieur partiel, seules marginales mésiales, puis sur les versants mésiaux des cuspides vestibulai-
quelques cuspides vestibulaires sont impliquées dans les contacts conti- res maxillaires.
nus.

tout état de cause, être transféré, sans risque, à aucune autre


unité dentaire, en raison de la fragilité de leurs structures
dentaires, de leurs tissus de soutien et de l’insuffisance de leur
proprioception desmodontale.
Enfin, la coexistence d’une protection canine d’un côté, et
d’une protection de groupe postérieur du côté opposé, peut être
parfaitement tolérée. Toutefois, lors de reconstructions prothé-
tiques, il paraît souhaitable d’harmoniser les deux côtés sur le
plan des relations cinématiques fonctionnelles [29].

■ Enveloppe des mouvements


extrêmes et trajectoires
fonctionnelles
Toute l’histoire de l’odontologie a été dominée par la recher-
che sur la cinématique tout à fait particulière de l’appareil
manducateur [30-35]. En effet, aucune partie du corps humain ne
comporte un système de mobilisation qui repose sur deux
articulations fonctionnant simultanément. Au point de départ,
l’importante difficulté qui consiste à trouver des références pour
Figure 52. Les contacts glissants s’enregistrent habituellement sur les
la restauration de bouches totalement édentées a eu pour
versants centraux des cuspides vestibulaires maxillaires.
conséquence d’orienter les investigations uniquement sur la
cinématique des articulations temporomandibulaires et sur sa
montre deux possibilités liées aux relations interarcades dans le résultante au niveau de l’articulation dentodentaire. De plus, les
sens sagittal (Fig. 52, 53). Observées dans le sens centrifuge, au moyens techniques utilisés en leur temps ne permettaient que
niveau du versant central de la cuspide mésiovestibulaire de la des systèmes graphiques appliqués à chaque plan de l’espace
première molaire maxillaire, ces relations cinématiques peuvent (plan frontal, plan sagittal et plan horizontal) sans que jamais
donner lieu à une classification différente (De Pietro) : la recomposition spatiale puisse être effectuée. Il en fut ainsi de
• si la trajectoire enregistrée mesure au moins 2 mm, il s’agit l’arc gothique de Gysi dans le plan horizontal [13], du schéma de
d’une fonction de groupe totale ; Posselt dans le plan sagittal et des « déterminants de l’occlu-
• si le contact glissant mesure de 1 à 2 mm, il s’agit d’une sion » de l’école gnathologique [29, 30, 32]. Il en a résulté des
désocclusion progressive ; concepts réducteurs dont l’odontologie moderne porte encore
• enfin, si le trajet enregistré mesure moins de 1 mm, la les traces. Les progrès technologiques ont permis d’approcher la
désocclusion est dite retardée. cinématique mandibulaire à la fois d’un point de vue clini-
Désocclusion retardée et désocclusion progressive ne sont en que [26] et d’un point de vue expérimental [36].
fait que deux aspects d’une protection de groupe postérieur Grâce au gnathic replicator system [26], Gibbs et Lundeen ont
partielle. Cette classification implique nécessairement la retrouvé l’enveloppe des mouvements extrêmes de Posselt dans
participation de la première molaire maxillaire et écarte toute le plan sagittal et dans le plan frontal. Transposé au niveau de
protection de groupe postérieur partielle où les prémolaires la cuspide mésiovestibulaire de la première molaire mandibu-
seules accompagneraient la canine. laire, l’enveloppe est réduite dans le plan sagittal (Fig. 54) et
L’absence de participation de la canine au mouvement asymétrique dans le plan frontal (Fig. 55) et les cycles de la
mandibulaire de latéralité (en raison d’agénésie, de surplomb, de mastication étudiés par ces auteurs s’inscrivent bien dans cette
malposition, etc.) est un facteur prédisposant à la dysfonction enveloppe.
du complexe stomatognathique. Elle explique certaines masti- Dans le plan horizontal, différentes études graphiques [19, 29,
cations unilatérales et certains bruxismes. Les différentes 30, 32-34] qui ne faisaient pas intervenir la canine dans le

situations qui en résultent, si elles sont tolérées, sont stricte- mouvement de latéralité, avaient permis l’élaboration d’une
ment adaptatives. Le rôle prépondérant des canines ne peut, en règle dont l’énoncé peut se résumer ainsi : « les trajectoires des

Stomatologie 13
22-003-P-10 ¶ Articulation dentodentaire et fonction occlusale

Figure 54. Dans le plan sagittal, l’enveloppe des mouvements extrêmes


au niveau de la cuspide mésiovestibulaire de la première molaire mandi-
bulaire est homothétique à celle qui se situe au niveau des incisives
centrales mandibulaires.

Figure 56. Les trajectoires des cuspides primaires au cours du mouve-


ment travaillant (T) et du mouvement non travaillant (NT) forment, au
niveau des structures antagonistes, un angle ouvert vers la face distale des
dents à la mandibule et ouvert vers la face mésiale des dents au maxillaire.

(Fig. 58). Cette différence de résultat est due au fait que les
études antérieures ne tenaient aucun compte du rôle du groupe
incisivocanin dans l’appareil manducateur et attribuaient la
prépondérance à l’influence des guides condyliens. Certains
auteurs ont essayé d’intégrer l’apport du guidage dans leur
concept sans pourtant en donner toute l’importance [32, 33,
37-44]. Une réflexion, effectuée sur des données mathématiques,

géométriques et expérimentales, permet d’affirmer qu’« un


solide situé entre deux systèmes de guidage subit une influence
dans son déplacement qui est inversement proportionnelle à la
distance de ce solide à chacun des guides considérés ».
Si l’on considère le déplacement de la cuspide mésiovestibu-
Figure 55. Dans le plan frontal, l’enveloppe des mouvements extrêmes laire de la troisième molaire mandibulaire dans le mouvement
est réduite et asymétrique au niveau de la cuspide de la première molaire de propulsion, se trouvant sensiblement à égale distance du
mandibulaire par rapport à l’enveloppe des mouvements extrêmes au guide postérieur condylien et du guide antérieur incisif,
niveau des incisives centrales. l’influence des deux guides est sensiblement équivalente
(Fig. 59).
Mais au fur et à mesure que les cuspides s’éloignent du guide
cuspides primaires au cours du mouvement travaillant et du postérieur et se rapprochent du guide antérieur, leur déplace-
mouvement non travaillant forment au niveau des structures ment dans le mouvement de propulsion subit de plus en plus
antagonistes un angle ouvert vers la face distale des dents à la l’influence des groupes incisifs et de moins en moins celle des
mandibule et ouvert vers la face mésiale des dents au maxil- articulations temporomandibulaires (Fig. 60).
laire » (règle de Guichet [31]) (Fig. 56, 57). En considérant le mouvement de latéralité où les canines
L’étude attentive des travaux cliniques de Gibbs et Lundeen, sont impliquées, l’influence de ces dernières sur le déplacement
effectués sur des cycles de la mastication [26], et une recherche relatif des cuspides d’appui devient prépondérante (Fig. 61).
réalisée en stéréographie à l’aide d’un articulateur totalement À la lumière de cette analyse, il apparaît nécessaire de
programmable [36] comportant des guides canins variables, revaloriser le guide incisivocanin par rapport aux guides
aboutissent à une conclusion différente. En effet, l’angle formé articulaires.
par la trajectoire travaillante et par la trajectoire non travaillante Sur le plan de la pratique odontologique quotidienne, la
s’alignent à partir du moment où le guide antérieur présente notion d’influence conduit à la nécessité d’utiliser un arc facial
une inclinaison d’environ 35° par rapport au plan d’occlusion. de transfert pour situer les différentes unités dentaires par
De plus, son ouverture s’effectue en sens inverse à celle énoncée rapport au guidage postérieur et surtout à étudier de manière
par la règle si l’inclinaison antérieure est supérieure à ce chiffre approfondie le guidage canin et incisif.

14 Stomatologie
Articulation dentodentaire et fonction occlusale ¶ 22-003-P-10

Figure 59. Dans le mouvement mandibulaire de protrusion, la cuspide


mésiovestibulaire de la troisième molaire mandibulaire se situe à égale
distance du guide postérieur condylien et du guide antérieur incisif : elle
subit une influence équivalente des deux guides.

Figure 57. Guichet suggère, comme moyen mnémotechnique, de


représenter l’angle formé par les trajectoires travaillantes et non travaillan-
tes par les pattes d’un oiseau lequel entrerait dans la cavité buccale par
l’arcade mandibulaire et en sortirait par l’arcade maxillaire avec les pattes
en l’air.

Figure 60. Dans le mouvement mandibulaire de protrusion, la cuspide


vestibulaire de la seconde prémolaire se situe à environ 20 mm du guide
antérieur incisif : elle subit une influence de 80 % de la part de ce guide.
Elle se situe à environ 80 mm du guide postérieur condylien et subit de la
part de celui-ci une influence de 20 %.

Figure 61. Dans le mouvement de latéralité, la cuspide vestibulaire de


la seconde prémolaire mandibulaire est plus proche de la canine que des
incisives : elle subit par conséquent une influence du guidage canin plus
importante que dans le cas précédent.

L’étude de l’anatomie de l’occlusion et de l’articulation


dentodentaire, en partant de l’analyse structurelle des unités
dentaires pour aboutir à une perception globale du complexe
stomatognathique, permet de mettre en valeur un certain
Figure 58. L’introduction d’un guide antérieur dont l’inclinaison est nombre de références indispensables à l’établissement d’un
supérieure à 35° par rapport au plan de référence (ce qui est la règle dans diagnostic étiopathogénique et, par conséquent, à la mise en
les cas de normoclusion) inverse l’ouverture de l’angle formé par les œuvre du plan de traitement le mieux adapté aux différentes
trajectoires travaillantes (T) et par les trajectoires non travaillantes (NT). situations cliniques.

Stomatologie 15
22-003-P-10 ¶ Articulation dentodentaire et fonction occlusale

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B. Tavernier, Professeur des Universités, praticien hospitalier (tavernie@ccr.jussieu.fr).


J. Romerowski, Ancien Professeur.
E. Boccara, Ancien assistant.
C. Azevedo, Ancien assistant.
G. Bresson, Ancien attaché de consultation.
UFR d’odontologie, Paris VII, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Tavernier B., Romerowski J., Boccara E., Azevedo C., Bresson G. Articulation dentodentaire et fonction
occlusale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Stomatologie, 22-003-P-10, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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