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Dispositifs interocclusaux
J.-F. Carlier, J.-P. Ré

Les dispositifs interocclusaux sont destinés à modifier les rapports des arcades dentaires l’une par rapport
à l’autre, pour valider une hypothèse diagnostique ou dans un but thérapeutique pour rétablir une
relation intermaxillaire perturbée. L’étiologie multifactorielle des dysfonctionnements de l’appareil
manducateur place la gouttière occlusale dans un rôle diagnostique pour valider les implications
comportementales, posturales et psychosociales des troubles ressentis. La simple introduction en bouche
d’un appareillage, dont on aurait expliqué les effets attendus, sert de vecteur à la prise en charge
psychologique du patient. Parmi les différents types de gouttières occlusales disponibles, on distingue
clairement ceux qui ont pour objectif d’obtenir le relâchement musculaire, pour établir une position
mandibulaire de référence, ou pour soulager les douleurs orofaciales (butée antérieure, plan de morsure
rétro-incisif, gouttière de reconditionnement musculaire), et ceux qui sont utilisés pour rétablir
l’alignement du complexe condylodiscal, dans les cas de luxation discale réductible ou pour favoriser le
remodelage articulaire lorsque les conditions anatomiques normales ne sont plus réunies. Essentiellement
utilisée comme moyen thérapeutique dans le traitement d’un dysfonctionnement de l’appareil
manducateur, la gouttière occlusale est de préférence en résine dure et est positionnée à la mandibule,
pour ne pas gêner phonétiquement et esthétiquement le patient et favoriser la compliance au traitement.
Les gouttières occlusales complètes, recouvrant la totalité des dents de l’arcade, demeurent la règle même
si les gouttières occlusales partielles, recouvrant seulement quelques dents, sont utilisées en urgence, pour
une période limitée, dans l’attente de la confection d’un dispositif à recouvrement complet. Parmi les
différents types de gouttières occlusales, les gouttières lisses sont indiquées dans le traitement des
dysfonctionnements d’origine musculaire, pour reconditionner les muscles masticateurs tandis que les
gouttières indentées sont plutôt indiquées pour recréer une nouvelle occlusion, en avant de la posture
habituelle de la mandibule, notamment dans les dysfonctions d’origine articulaire. L’orthèse d’avancée
mandibulaire (OAM), réalisée par un odontologiste sur prescription médicale, maintient la mandibule en
propulsion pour agrandir l’espace rétrobasilingual collapsé, dans le traitement du syndrome d’apnées du
sommeil modéré.
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Mots clés : Gouttière occlusale ; Bruxisme ; Troubles de l’articulation temporomandibulaire

Plan les composants de l’appareil manducateur. Parmi les différents


dispositifs interocclusaux, on inclut les plans de morsure, les
différents types de gouttière occlusales, les butées occlusales
¶ Introduction 1
antérieures, les butées postérieures, les orthèses d’avancée
¶ Rôle des dispositifs interocclusaux 1 mandibulaire (Tableau 1).
¶ Différents dispositifs interocclusaux 3
Dispositifs de thérapeutique musculaire 3
Dispositifs de thérapeutique articulaire 7 ■ Rôle des dispositifs
Dispositifs de temporisation 10
Caractéristiques des gouttières 12
interocclusaux
Une orthèse occlusale peut être utilisée, à titre diagnosti-
que [1], comme moyen réversible de tester les réponses muscu-
laires ou articulaires avant un changement important motivé
■ Introduction par des raisons prothétiques comme, par exemple, une modifi-
cation de dimension verticale ou la création d’une antéposition
Les dispositifs interocclusaux ou orthèses désignent des mandibulaire [2].
dispositifs intrabuccaux, recouvrant complètement ou partielle- Mais elle peut, également, être utilisée directement comme
ment l’une ou l’autre des arcades dentaires, destinés à modifier moyen thérapeutique, permettant de rétablir des contacts
les rapports des arcades dentaires l’une par rapport à l’autre, occlusaux ubiquitaires, réduisant ainsi l’activité musculaire des
pour rétablir un équilibre physiologique ou thérapeutique entre muscles masticateurs.

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Tableau 1.
Synthèse des différents types de dispositifs interocclusaux.
Dispositif Butée antérieure Gouttière lisse Gouttière indentée
Objectif Enregistrement RC Reconditionnement musculaire Repositionnement articulaire
Indication Symptomatologie DAM persistants (DAM articulaire, En cas d’aggravation rapide ou d’absence de
musculoarticulaire de forme aiguë DAM non articulaire) et en présence : résultat après le port d’une gouttière occlusale lisse
– d’algies musculoarticulaires aiguës Dans les cas de classe II présentant une insuffisance
– d’importantes malocclusions établies de calage occlusal postérieur ou en présence
– et/ou de parafonctions majeures d’une luxation discale manifeste avec algies
temporomandibulaires
Contre-indication Participation du patient État dentaire, hygiène – État dentaire, hygiène
Participation du patient – Participation du patient
– Absence de recouvrement
– Béance antérieure
– Surplomb trop important
Principe Stabiliser la position de fermeture – Renforcement de la prise en charge du patient – Abaissement condylien
Lever les contractures en urgence – Relaxation musculaire – Décompression de la zone bilaminaire
(favoriser le réapprentissage – Stabilisation d’OIM – Repositionnement antérieur
de la posture de repos)
– Protection des dents
Réalisation En bouche (ou au laboratoire ; Sur articulateur : surface occlusale lisse présentant Sur articulateur :
sans articulateur) des contacts occlusaux ponctuels, en relation – surface occlusale indentée
centrée, sur l’ensemble des dents antagonistes
– butée antirétroposition
et un guide antérieur
– contacts antérieurs sur les dents naturelles
Port Continu (sauf repas) pendant Discontinu (essentiellement nocturne) pendant Continu pendant 3 mois (sauf en cas de test
quelques jours 2 mois thérapeutique : quelques jours seulement)
DAM : dysfonctionnement de l’appareil manducateur ; RC : relation centrée ; OIM : occlusion d’intercuspidie maximale.

Ekberg [3], lors d’une étude clinique randomisée et contrôlée Tableau 2.


portant sur 60 patients en 2003, a validé l’effet de la gouttière Critères diagnostiques de recherche des troubles temporomandibulaires
occlusale lisse sur le conditionnement musculaire en favorisant selon Dworkin et Le Resche.
la résolution des contractures. Axe I : DTM cliniques Axe II : facteurs psychosociaux
Les orthèses permettent également de repositionner les pièces
articulaires qui ont été déplacées sous l’effet des contraintes I. Désordres musculaires I. Grade de douleur chronique
internes consécutives à un traumatisme, mandibulaire, crânien Douleur myofasciale Douleur de DTM au cours du dernier mois
ou rachidien, voire à des forces occlusales générées par une Douleur myofasciale Intensité caractéristique de la douleur (ICD) :
altération des rapports intermaxillaires et des courbes avec limitation Points d’incapacité : jours d’incapacités
fonctionnelles. d’ouverture + score d’incapacité
L’intercuspidation maximale, obtenue par la contraction des II. Déplacements Classification du grade de douleur chronique :
muscles masticateurs, établit une relation équilibrée entre les du disque – grade 0 : incapacité faible
différents composants, dentaires, articulaires et musculaires. Déplacement du disque – grade I : faible intensité
Selon l’importance qui est accordée à l’un ou l’autre de ces avec réduction
– grade II : forte intensité d’incapacité,
différents facteurs, il est possible de privilégier une position de Déplacement du disque incapacité forte
référence déterminant la position mandibulaire. sans réduction
– grade III : limitation modérée
Il est admis également que les dysfonctions et les douleurs Déplacement du disque
– grade IV : limitation sévère
orofaciales ont des étiologies multifactorielles, qui incluent les sans réduction et sans
II. Dépression
émotions, le comportement du patient, les conditions psycho- limitation d’ouverture
Normale
sociales. Les travaux de Dworkin et Leresche [4] ont conduit à III. Arthralgie, arthrite,
arthrose Modérée
établir des critères diagnostiques – le RDC-TMD (Research
Diagnostic Criteria for Temporomandibular Disorders) – per- Arthralgie Sévère
mettant de classer les dysfonctions (désordres musculaires, Ostéoartrite de l’ATM III. Symptômes physiques non spécifiques
dérangements internes, arthrose, arthrite), selon les signes Ostéoarthrose de l’ATM Normaux
cliniques, dans une classification dite « Axe I » (somatique) et, Modérés
en fonction de la douleur ressentie et de leur contexte biopsy- Sévères
chosocial, dans une classification dite « Axe II » (psychologique) IV. Comportement inadapté
(Tableau 2).
ATM : articulation temporomandibulaire ; DTM : dysfonctionnement de
Bricot, Clauzade et Dupas [5-7] considèrent que le système l’appareil manducateur.
musculaire régissant l’intercuspidation dentaire et la position
mandibulaire, dans les conditions fonctionnelles, est en inter-
relation avec les muscles impliqués dans la posture céphalique, parafonctionnelles et par conséquent, diminuer son activité
les muscles oculomoteurs et de la posture globale du corps. La musculaire. Cette prise de conscience permettrait au patient
gouttière occlusale devrait intégrer, selon ces auteurs, les d’apprendre à éviter les positions mandibulaires nocives par
informations ascendantes résultant d’une anomalie de la l’établissement de nouveaux contacts.
posture. Greene et Laskin [8] soulignaient déjà, en 1972, l’impor-
La présence d’une gouttière occlusale dans la cavité buccale tance des sensations neurophysiologiques et du psychisme
rappelle constamment au patient qu’il doit modifier sa façon dans le développement des dysfonctionnements de l’appareil
de serrer les dents, qu’il doit supprimer certaines habitudes manducateur (DAM) et l’intérêt thérapeutique essentiel de

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l’accompagnement des patients. Okeson [9] préconise d’inviter


les patients à mettre de l’air entre les dents, pour constituer Statique
une sorte de gouttière virtuelle. Hyperactivité Dynamique
Contractures Déviations
musculaire
d'immobilisation Réflexes d'évitement

■ Différents dispositifs
interocclusaux Position stable Étiologie Position instable
La prescription d’une gouttière occlusale doit prendre en
compte les deux facteurs qui vont déterminer le plan de
traitement : le diagnostic initial et l’objectif thérapeutique.
Les dispositifs de décontraction musculaire, dont la surface Gouttière de Gouttière de
Traitement
est lisse pour « éviter que le contrôle des rapports intermaxillai- libération stabilisation
res soient gérés par l’intercuspidation existante » selon Daw-
son [10], couvrent l’arcade en totalité, qu’elle soit maxillaire ou
mandibulaire, ou partiellement, ne présentant qu’un plan
rétro-incisif. Boucle de rétroaction Processus Boucle de rétroaction
Ils annulent les effets des interférences susceptibles de négative positive
provoquer un déplacement latéral ou sagittal de la mandibule
lors de la contraction des muscles masticateurs. Ce sont en fait
des dispositifs de désengrènement qui « en libérant » l’occlusion Activité
des habitudes nocives, créent une déprogrammation musculaire. musculaire réduite
A contrario, les dispositifs interocclusaux de repositionne-
ment placent la mandibule dans une situation spatiale détermi-
Figure 1. Propositions thérapeutiques des gouttières occlusales.
née cliniquement pour replacer les pièces articulaires dans une
D’après [11].
situation asymptomatique. Leur surface est indentée de façon à
guider la mandibule dans une nouvelle intercuspidation prenant
en compte la position articulaire thérapeutique.
Quel que soit le type de dispositif interocclusal choisi, sa mise
en place dans la cavité buccale requiert quelques exigences de Plan Plan sagittal médian Plan Plan sagittal médian
la part du praticien comme de la part du patient. sagittal sagittal
auxilliaire auxilliaire
La pose d’une gouttière occlusale est un acte médical théra-
peutique et, à ce titre, réfléchi. Même s’il est rassurant de
considérer cette thérapeutique comme réversible, il n’est pas
certain que le port d’une gouttière ne modifie pas durablement Plan Plan
sagittal sagittal
le comportement du patient, au point de lui induire une auxilliaire auxilliaire
dépendance néfaste. Le praticien doit être extrêmement vigilant Plan sagittal médian
à la non-irritabilité, à la stabilité, à la rétention du dispositif et Plan sagittal médian
il doit veiller au respect des fonctions orales.
L’efficacité à long terme de ce traitement dépend en grande
partie de la coopération du patient. La compréhension par le Plan canin
Plan molaire Plan canin Plan molaire
patient des objectifs recherchés est fondamentale, d’où l’impor- transversal transversal transversal
transversal
tance des explications données par le praticien pour une bonne Plan horizontal Plan horizontal
observance du traitement.

Dispositifs de thérapeutique musculaire Plan horizontal


Plan molaire Plan canin Plan canin
Plan horizontal
Plan molaire
Depuis Posselt, cité par Unger [1],
il est admis qu’une préma- transversal transversal transversal transversal
turité peut être à l’origine d’une hyperactivité des muscles
masticateurs. La suppression des perturbations occlusales et la Figure 2. Repères anatomiques d’alignement intermaxillaires.
restauration d’un schéma occlusal idéal réduit ou élimine
l’hyperactivité musculaire et stabilise l’articulation temporo-
mandibulaire (ATM). Selon Hue [11], les douleurs musculaires
résultent d’une hyperactivité musculaire liée à des contractions La prise en compte de repères anatomiques, tels que les dents
isométriques correspondant à une activité statique ou à des et les procès alvéolaires, ainsi que les axes de symétrie (Fig. 2)
contractions isotoniques correspondant à une activité dynami- permet, selon Lieb [12], de définir le réalignement qui sert de
que provoquée par des conditions occlusales perturbées. Le référence pour construire le dispositif interocclusal. Il est
dispositif interocclusal, par suppression des contacts dentoden- cliniquement vérifié qu’il est impossible d’adapter en bouche un
taires, élimine les boucles de rétroaction négative provoquées dispositif interocclusal réalisé sur cette conception arbitraire de
par la surabondance d’information proprioceptives d’origine la symétrie faciale, ne tenant pas compte de l’adaptabilité des
musculaire et parodontale et favorise la mise en place de structures anatomiques consécutives au dysfonctionnement.
boucles de rétroaction positive aux dépens des anciennes Dawson [13] et les gnathologistes ont recours à une position
habitudes nocives (Fig. 1). de référence articulaire appelée relation centrée (RC), obtenue par
La destruction coronaire ou l’altération de la morphologie une manipulation de la mandibule, qui permettrait d’obtenir un
dentaire, par une reconstruction inadéquate, l’égression, la mouvement d’ouverture buccale reproductible en rotation pure,
version ou la migration des dents, génère une occlusion et réalignerait les pièces articulaires. Cette manipulation
d’intercuspidation maximale, qui place la mandibule dans une bimanuelle, qui maintient la coaptation condylodiscale au
position déviée ou forcée par rapport au maxillaire. En neutra- contact du versant antérieur de la cavité glénoïde par une
lisant les altérations de forme et de position des dents, le pression digitale sous l’angle goniaque, est actuellement
dispositif interocclusal recrée une situation d’équilibre anatomi- reconnue comme la plus reproductible par différents opérateurs.
que et physiologique, et réduit l’hyperactivité musculaire par le Jankelson [14] propose de déterminer une position de réfé-
rétablissement d’un équilibre neuro-musculo-articulaire. rence musculaire en stimulant sélectivement les faisceaux
Cette approche thérapeutique impose de définir une musculaires par le Myomonitor.
position de référence, qui peut être squelettique, articulaire ou Jeanmonod [15] favorise la relation intermaxillaire myodéter-
musculaire. minée grâce à un plan de morsure rétro-incisif (Fig. 3), agissant

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Figure 3. Butée occlusale antérieure recouvrant les dents antérieures. Figure 5. Le jig provoque une augmentation de la pression articulaire
rétrodiscale.

Les contre-indications sont formelles :


• en cas de luxation discale, la pathologie est aggravée par
augmentation de la compression articulaire sur la zone
rétrodiscale [18] , surtout si le patient n’a pas bénéficié,
parallèlement, de conseils et d’une rééducation comporte-
mentale visant à réduire les crispations musculaires (Fig. 5) ;
• le port continu de la butée peut provoquer des déplacements
dentaires localisés, version, ingression des dents supports,
égression des secteurs dentaires en inocclusion. Le traitement
ne doit pas dépasser quelques jours ;
• le port nocturne est proscrit, devant les risques d’ingestion du
dispositif, dus à sa petite taille et à sa faible rétention.
La butée antérieure peut également être réalisée, extempora-
nément au cabinet ou, classiquement, au laboratoire de pro-
thèse à partir de la prise d’empreinte du maxillaire et d’un court
travail de laboratoire (résine acrylique transparente et/ou plaque
thermoformée).
Figure 4. Jig universel constituant un obstacle sur le chemin de Au cabinet, deux matériaux peuvent être proposés à la
fermeture. réalisation : une résine photopolymérisable (Revotek LC® de
GC) et une pâte thermoplastique (l’ISO Functional® de GC).
comme troisième point d’appui d’un tripode composé des deux Le matériau est modelé sur les incisives centrales maxillaires,
articulations temporomandibulaires et de l’appui antérieur. préalablement vaselinées, afin de permettre sa rétention et sa
Lauret [16] et Bodere [17] ont montré qu’une simple butée stabilité. Son volume doit être réduit en épaisseur et en largeur :
occlusale antérieure permet d’obtenir une limitation de l’hype- il recouvre une demi-incisive centrale supérieure de part et
ractivité musculaire, transitoire, et d’enregistrer une relation d’autre du plan sagittal médian. Sa paroi palatine doit être
myodéterminée, reproductible. homothétique à la face palatine des dents pour ne pas interférer
sur le chemin de fermeture habituel de la mandibule. Le patient
Butée antérieure est invité à fermer doucement la bouche jusqu’à buter sur la
La butée occlusale antérieure regroupe différentes formes pulpe des doigts du praticien, placés sur les faces vestibulaires
historiques depuis le « jig » de Lucia, qui avait initialement pour des dents, de part et d’autre de l’arcade supérieure, ménageant
but de permettre l’enregistrement de la relation centrée, en une désocclusion postérieure d’environ 1 mm. Après durcisse-
plaçant les condyles dans une position la plus haute et la plus ment du matériau, la butée est retirée et aménagée de façon à
reculée dans la cavité glénoïde. Cette définition n’a plus cours ne conserver qu’un contact punctiforme avec le bord libre d’une
aujourd’hui depuis que le rôle du complexe condylodiscal a été incisive mandibulaire.
mieux cerné avec les progrès de l’imagerie. On l’utilise plutôt Au laboratoire, la butée est réalisée sur un modèle en plâtre,
comme simple obstacle, lisse, sur le chemin de fermeture, qui, en extrapolant la hauteur nécessaire au désengrènement et en
en débrayant les dents postérieures, supprime les afférences reproduisant la forme palatine des dents recouvertes pour éviter
d’origine proprioceptive desmodontale à l’origine des contrac- toute contrainte sur la mandibule. L’utilisation d’un articulateur
tions musculaires asynchrones et diminue l’hyperactivité n’est pas nécessaire à sa réalisation, l’équilibration clinique d’un
musculaire. Dupas a proposé un jig universel composé d’un contact unique antérieur étant très simple à réaliser en bouche.
simple boîtier de fraise sectionnée maintenu sur l’arcade
maxillaire par une cire à modeler (Fig. 4). Le contact des Système NTI-tss
incisives mandibulaires sur cette surface lisse, d’étendue réduite, Ce jig, breveté au nom de « NTI-tension suppression sys-
favorise extemporanément un relâchement neuromusculaire tem® » (NTI-tss) et proposé récemment dans l’arsenal thérapeu-
nécessaire à des enregistrements cliniques. L’intérêt principal de tique des désordres temporomandibulaires (Fig. 6), va à
cette butée est sa facilité de réalisation, en urgence et directe- l’encontre des contre-indications unanimement reconnues du
ment en bouche, permettant de soulager les douleurs dues aux jig et conduit à s’interroger sur l’effet du port nocturne systé-
crispations et de confirmer leur origine musculaire. matique et occasionnellement diurne pour les patients souffrant
La butée occlusale antérieure est proposée pour des traite- de douleurs orofaciales. Du fait du caractère transitoire de la
ments de courte durée en cas de symptomatologie musculoarti- relaxation musculaire et de son action sélective sur les douleurs
culaire de forme aiguë. Elle est obligatoirement suivie d’un myofasciales, Bodere [17] doute de l’effet thérapeutique d’un jig
traitement stabilisateur, par gouttière ou par équilibration. et souligne ses effets iatrogènes lors d’un port à long terme. Son

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Figure 8. Gouttière de Ramfjord maxillaire.

Figure 6. Le NTI-tension suppression system® (NTI-tss).


• le port prolongé du fait de l’égression possible des dents
postérieures en inocclusion.
La plaque palatine, en résine acrylique transparente, cons-
truite au laboratoire, sur un simple occluseur [20], doit recouvrir
les faces palatines des dents jusqu’aux deuxièmes molaires et
avoir un appui muqueux important. La rétention est obtenue
par deux crochets boules par hémiarcade placés entre les
prémolaires et entre les molaires.
Si un certain nombre de dents sont absentes, on privilégie des
crochets simples de prothèse amovibles, judicieusement répartis
pour assurer la stabilité de la plaque. Des bourrelets de résine
ou, mieux, des dents prothétiques viennent combler les éden-
tements pour favoriser le positionnement physiologique de la
langue. Le plan rétro-incisif, construit parallèlement à la ligne
bipupillaire, est aménagé pour interdire tout contact postérieur,
et permettre un contact de canine à canine avec le bord libre
des dents mandibulaires, sans empiéter inutilement sur l’espace
libre nécessaire à la phonation. Il est suffisamment large pour
accompagner le recul mandibulaire associé à la disparition des
Figure 7. Plan de morsure rétro-incisif avec crochets de rétention. crispations musculaires.
L’ajustage en bouche, par soustraction, du talon rétro-incisif
est indispensable pour assurer l’efficacité du plan de libération.
utilisation doit être limitée à la relaxation préalable à un Le talon rétro-incisif doit être plan, lisse, exempt de traces de
enregistrement de la relation intermaxillaire, destinée à une meulage ou d’indentation susceptibles de modifier le placement
analyse occlusale, ou à la réalisation d’une gouttière sur de la mandibule.
articulateur. Il doit établir des contacts généralisés et symétriques avec le
bloc incisivocanin mandibulaire. Le rattrapage de l’horizontalité
Plaque de Hawley ou plan de morsure rétro-incisif des points de contacts avec le plan peut être obtenu par
Le plan de morsure rétro-incisif a été proposé par Shore, qui meulage des bords incisifs mandibulaires, sans rectifier le plan
modifiait la plaque de Hawley. Il est formé d’une plaque rétro-incisif.
palatine en résine acrylique, retenue par des crochets cavaliers Le plan rétro-incisif doit être porté pendant quelques jours
et présentant un épaississement rétro-incisif, plan étendu de (8 jours maximum), en dehors des repas, en permanence, y
canine à canine qui empêche, par le contact sur le bloc insivo- compris la nuit. Dès la disparition des douleurs, l’enregistrement
canin mandibulaire, l’intercuspidation de s’établir lors de la de la relation intermaxillaire myodéterminée permet de définir
fermeture buccale (Fig. 7). Ce dispositif libère la mandibule des le plan de traitement stabilisateur grâce au montage en articu-
contraintes verticales et horizontales et des verrous occlusaux lateur et à l’analyse occlusale. Le dispositif peut ensuite être
constitués par des dents en égression ou un guide antérieur trop aménagé en gouttière de stabilisation par adjonction de résine
abrupt. sur les secteurs latéraux en inocclusion, recréant un plan lisse et
Jeanmonod [19] le préconise pour obtenir la sédation des des contacts punctiformes avec les dents antagonistes.
crispations dans les muscles masticateurs et les muscles de la
posture céphalique. Gouttière de libération occlusale de Ramfjord
Lors de la mise en bouche, le praticien s’assure de la parfaite et Ash
stabilité et de sa rétention. Tout défaut d’adaptation condamne Cette gouttière est l’archétype des dispositifs de recondition-
les effets attendus de ce dispositif, par stimulation des récepteurs nement neuromusculaire et c’est à elle que l’on a recours dès
parodontaux directionnels et à haut seuil de sensibilité qui que l’origine musculaire des algies et des dysfonctions est
engendre par voie réflexe des contractions musculaires. Par avérée. Elle a été décrite par Ramfjord et Ash [21] et porte
corrections successives de la résine, on obtient un contact également dans la littérature le nom de « gouttière Michigan ».
généralisé et symétrique avec les bords libres des dents antérieu- Il s’agit d’une plaque en résine acrylique, rigide, recouvrant
res mandibulaires. l’ensemble des faces occlusales des dents postérieures jusqu’à 7
Les indications du plan rétro-incisif sont essentiellement : à 8 mm des collets palatins et le bord libre des dents antérieures
• la sédation des douleurs musculaires dues à l’hyperactivité de toute une arcade, lui conférant une forme en « U » pour ne
musculaire ; pas empiéter sur la zone d’appui postural lingual (zone rétro-
• l’obtention d’une relation intermaxillaire de référence incisive) (Fig. 8).
myodéterminée et reproductible. La surface occlusale est lisse au niveau des dents postérieures
Les contre-indications sont celles des butées antérieures : et présente un renforcement antérieur, de canine à canine, qui
• les dérangements intra-articulaires, qui seraient aggravés par assure la désocclusion postérieure en propulsion et dans les
l’augmentation de la pression ; mouvements de latéralité. Les contacts doivent être généralisés

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Figure 9. Contacts antérieurs et molaires sur la gouttière de Ramfjord.

Figure 11. Une base thermoformée est estampée sur le modèle monté
en articulateur.

Les indentations sont arasées au cutter et il peut être néces-


saire de renforcer par de la résine le rempart antérieur destiné à
favoriser la désocclusion des dents postérieures au cours des
excursions mandibulaires horizontales. Ce type de gouttière est
plus indiqué à la mandibule, l’épaisseur réduite de sa base laisse
plus de place à la langue et ne vient pas gêner dans la phona-
tion. En outre, elle augmente faiblement la dimension verticale
car les contacts généralisés sur les cuspides d’appui, vestibulaires
à la mandibule, sont facilement obtenus du fait de l’orientation
ad linguam des tables occlusales.
Lors de la pose, il est essentiel de vérifier l’adaptation, la
stabilité et la rétention de la gouttière. L’occlusion est contrôlée,
ajustée pour obtenir des contacts généralisés sur les cuspides
d’appui et la libération des secteurs cuspidés dans les mouve-
Figure 10. La gouttière de Ramfjord est réalisée sur articulateur.
ments de latéralité et de propulsion. Les traces de meulage
doivent être scrupuleusement polies pour ne pas provoquer de
microdéplacements de la mandibule.
avec l’arcade antagoniste et seuls les points de contacts des La gouttière est portée essentiellement la nuit, mais doit être
cuspides d’appui antagonistes doivent être conservés pour rectifiée chaque semaine pour suivre les évolutions de la
minimiser les stimulations proprioceptives desmodontales, à position mandibulaire à mesure que les crispations musculaires
l’origine de l’hyperactivité musculaire (Fig. 9). disparaissent. Cette gouttière amène le patient dans une
Elle peut être maxillaire ou mandibulaire, mais l’aspect position mandibulaire myodéterminée, mais présente une
esthétique, la gêne phonétique, la notion de confort prêchent action sur la dimension verticale qui est difficile à évaluer, c’est
indiscutablement pour la gouttière occlusale mandibulaire [22]. pourquoi le port n’est pas permanent.
La gouttière de reconditionnement neuromusculaire doit être
construite au laboratoire, sur des modèles montés sur articula- Gouttière évolutive de Rozencweig
teur, en relation centrée, pour être livrée prête à poser et ne pas Rozencweig [22] a proposé une synthèse des deux dispositifs
prolonger les séances d’ajustage en bouche, qui peuvent être décrits précédemment pour obtenir la résolution musculaire
mal supportées par un sujet algique. Deux techniques différen- rapidement et stabiliser secondairement la position mandibu-
tes sont habituellement utilisées, elles visent à répondre à deux laire. La gouttière évolutive est réalisée comme une gouttière de
impératifs contraires : la rigidité du plan occlusal et la préserva- Ramfjord et Ash, libérant la mandibule dans le plan horizontal
tion des conditions physiologiques : et assurant la désocclusion postérieure par un plan incliné au
• réalisation d’une base rigide en résine acrylique, selon un niveau incivocanin. Tout contact postérieur à la canine est
masque de cire à modeler reproduisant la forme finale et éliminé, dès la séance de pose, afin de favoriser le recul
calibrant à 2 mm l’épaisseur de la plaque palatine (Fig. 10). mandibulaire qui accompagne la décrispation. Lorsque la
Le plan lisse occlusal est obtenu en refermant la branche décontraction musculaire est obtenue, en général, en une
supérieure de l’articulateur et maintenu par le pointeau incisif semaine de traitement, les contacts antérieurs sont alors
de façon à ménager une épaisseur de 1 mm au niveau des supprimés et la gouttière est transformée en gouttière de
secteurs cuspidés [20] . Les indentations postérieures sont stabilisation.
arasées à l’aide d’un cutter avant la fin de la polymérisation.
La rétention de la plaque est assurée par un recouvrement Gouttière hydrostatique
jusqu’au tiers de la face vestibulaire. À la mandibule, on peut C’est un dispositif hydraulique de libération occlusale prêt à
compléter la rétention par des crochets d’Adams ou des l’emploi, commercialisé sous le nom Aqualizer® (Fig. 12). Il est
crochets boules au niveau des premières molaires. La gout- composé de deux enveloppes vinyliques planes, lisses et souples,
tière est grattée et polie pour ne pas irriter la langue et remplies de liquide, réunies par une languette rigide en forme
modifier la posture mandibulaire ; de W qui prend appui sur les faces vestibulaires des dents
• thermoformage sous vide d’une plaque transparente de maxillaires et permet au patient de maintenir les tampons
.
1,5 mm, qui est découpée à la limite des collets des dents hydrauliques entre les dents postérieures, lors de la déglutition.
pour assurer une rétention maximale. Le plan lisse occlusal L’insertion du dispositif créerait instantanément une occlusion
est obtenu de la même façon que décrite précédemment, par myodéterminée qui faciliterait le repositionnement mandibu-
.
apports successifs au pinceau de résine autopolymérisable en laire, en contrôlant les contractions musculaires qu’il égalise. Ce
phase liquide pour favoriser l’adhésion à la base thermoplas- dispositif distribuerait simultanément toutes les forces occlusales
tique (Fig. 11). en neutralisant les informations proprioceptives directionnelles

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Dispositifs interocclusaux ¶ 28-675-K-10

rétablissant la parfaite coaptation des structures articulaires.


Farrar [24] a bien défini les différentes situations articulaires
rencontrées lors des dérangements internes de l’articulation
temporomandibulaire.
La luxation discale, réductible spontanément, est caractérisée
par le basculement antéro-interne du disque articulaire sur la
tête de condyle, lors de l’intercuspidation maximale et le
repositionnement du disque avec retentissement d’un claque-
ment au moment où le condyle vient se replacer sous le disque
lors de l’ouverture buccale. Le mouvement d’ouverture se
poursuit avec conservation de la coaptation discale jusqu’à
l’ouverture maximale. Lors de la fermeture, le complexe condy-
Figure 12. L’Aqualizer®. Des tampons hydrauliques s’interposent entre lodiscal garde son intimité jusqu’au moment où le condyle
les arcades au niveau molaire. repasse le bourrelet postérieur du disque articulaire pour
atteindre une position trop postérieure et recréer le basculement
discal antéro-interne : c’est le claquement réciproque de
fermeture. Le condyle exerce à ce moment une pression sur la
Figure 13. Centrage radiologi- zone rétrodiscale qui est plus ou moins douloureuse.
que de la tête condylaire dans La luxation discale irréductible est caractérisée par la perte de
la fosse mandibulaire selon Wein- coaptation discale en intercuspidation maximale et par la
berg. limitation de l’ouverture buccale, due à l’obstacle que constitue
le disque articulaire basculé en avant et en dedans, provoquant
l’étirement et la pression douloureuse de la zone bilaminaire.
La gouttière de repositionnement est indiquée dans les cas de
luxation discale spontanément réductible, avec d’autant plus de
succès que le claquement d’ouverture et le claquement de
fermeture sont proches de l’intercuspidation maximale : Daw-
son [11] estime cette zone de succès thérapeutique à 5 mm
d’ouverture buccale tandis que Farrar [24] considère comme
desmodontales. L’accommodation musculaire en réponse à une maximale la distance de 2,5 mm en propulsion pour rétablir la
position forcée par la façon dont les dents s’emboîtent est coaptation condylodiscale. Une luxation discale avec claque-
supprimée. La mandibule se replace dans une position plus ment intervenant au-delà du bout à bout incisif ne peut être
confortable, indépendante des dents, en équilibre avec l’ensem- réduite par ce type d’orthèse.
ble du système stomatognathique. Généralement, dans les La gouttière de repositionnement peut être utilisée dans le cas
premières minutes, cette harmonie occlusomusculaire élimine la d’une luxation irréductible récente, après la manipulation du
douleur faciale d’origine occlusale et les spasmes musculaires. corps mandibulaire décrite par Farrar et Mac Carthy pour
Cette gouttière constitue surtout un moyen diagnostique replacer le condyle sous le disque. Dans ce cas, faute de
différentiel avant d’entreprendre une thérapie occlusale plus
stabiliser par une gouttière de repositionnement la position
lourde. Le soulagement de la douleur confirme le diagnostic
thérapeutique, la luxation discale se reproduit dès le retour en
neuromusculaire de la douleur qui est déclenchée ou aggravée
intercuspidation maximale.
par l’occlusion. Si les symptômes du patient ne s’améliorent pas
de façon significative, ils ne sont pas liés à une perturbation La limite de zone de rétablissement de la coaptation condy-
occlusale et le traitement occlusal seul a peu de chances d’être lodiscale est le claquement de fermeture, c’est pourquoi de
couronné de succès. Elle permet de traiter en urgence une nombreux auteurs [13, 24-29] repèrent cliniquement la position
douleur aiguë articulaire ou musculaire. thérapeutique sur le chemin de fermeture.
Le patient est invité à ouvrir la bouche jusqu’au claquement
Dispositifs de thérapeutique articulaire d’ouverture puis à refermer en propulsion jusqu’au bout à bout
incisif. Le praticien repère, au niveau dentaire, l’endroit précis
Les dysfonctions de l’appareil manducateur sont très souvent où se produit le claquement de retour, qui s’accompagne d’un
liées à un dérangement interne de l’articulation temporoman- ressaut mandibulaire de décentrage. Après plusieurs répétitions
dibulaire, et les douleurs musculaires associées ne sont que du mouvement de rétropulsion, le patient peut contrôler le
l’expression d’une hyperactivité musculaire destinée à maintenir mouvement de sa mandibule pour arrêter le recul juste avant la
les pièces articulaires en place. Ces pathologies peuvent être perte de coaptation condylodiscale. Un strip plastifié, placé
traitées par un dispositif interocclusal qui place la mandibule entre les incisives maxillaires et mandibulaires, aide le patient à
dans une position thérapeutique, déterminée par le praticien, garder le contact incisivocanin pendant cet apprentissage.
pour réduire les surcharges sur les structures articulaires et lever
La position thérapeutique est enregistrée par une triple
les contractures d’immobilisation.
épaisseur de cire Moyco Beauty Pink X hard® (Fig. 14), placée
Weinberg [23] détermine radiographiquement une position
condylienne idéale assurant une fonction articulaire physiologi- entre les deux arcades au niveau des dents postérieures. Les
que (Fig. 13). Le défaut de centrage d’un ou des condyles serait dents antérieures sont dégagées de manière à permettre au
à l’origine du dysfonctionnement, par la mise en place d’une patient de maintenir le contact dentodentaire à ce niveau
attelle musculaire de protection destinée à ménager les structu- pendant l’enregistrement et de reproduire les conditions de
res articulaires atteintes. Le maintien, par une gouttière occlu- l’exercice. L’interposition de la cire d’occlusion lors de la
sale, de la position physiologique de référence repositionne le rétrusion mandibulaire constitue une résistance qui aide le
disque articulaire et le stabilise dans une nouvelle position, en patient à contenir le retour du condyle en position luxée.
équilibre avec les composants du système stomatognathique. L’épaisseur de cire et son degré de plasticité sont adaptés aux
Cette modification anatomique de la position condylienne conditions de supraclusion du patient et le caractère abrupt de
conduit à un traitement stabilisateur de l’occlusion, faisant la luxation discale.
appel aux techniques de prothèses fixées ou d’orthodontie. La position du claquement de retour peut être aussi détermi-
née par des enregistrements axiographiques, qui indiquent, sur
Gouttière de repositionnement les plaques condyliennes parasagittales, les coordonnées vertica-
Cette gouttière, réalisée en résine acrylique transparente, les et horizontales dans un repère orthonormé, le ressaut
maxillaire ou mandibulaire, présente des indentations très articulaire de la luxation. La position thérapeutique est détermi-
profondes, voire un mur de repositionnement, qui va conduire née sur l’articulateur, en avant de la position du claquement de
obligatoirement la mandibule dans la position thérapeutique, retour, par des cales placées dans les boîtiers condyliens ou par

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Figure 14. Enregistrement de la position thérapeutique après de la cire Figure 16. Confection du mur de repositionnement rétro-incisif maxil-
Moyco beauty pink X hard® selon Farrar. laire (cliché du docteur A. Darthez).

Figure 15. Base acrylique en forme de U de la gouttière de reposition- Figure 17. Contrôle du repositionnement de la mandibule par le mur
nement maxillaire (cliché du docteur A. Darthez). rétro-incisif (cliché du docteur A. Darthez).

les vis de propulsion du boîtier condylien. L’insertion d’un


boîtier condylien correspondant au profil du tracé axiographi-
que permet d’obtenir la décompression nécessaire au rétablisse-
ment de la coaptation discocondylienne.
La gouttière peut être maxillaire ou mandibulaire. Mon-
gini [29] réalise une gouttière maxillaire complète de stabilisation
sur des modèles montés en position d’intercuspidation maxi-
male sur un articulateur semi-adaptable, selon le principe du
masque de cire dégageant les surfaces occlusales et les surfaces
d’appui muqueux à 7 ou 8 mm des collets palatins (Fig. 15). La
rétention est assurée par le recouvrement de 3 mm des faces
vestibulaires. Il adjoint un mur de repositionnement dans la
région rétro-incisive, obligeant le patient à placer le corps
mandibulaire en propulsion (Fig. 16). Ce mur assure le calage
antirétrusion qui retient la mandibule en avant de la position
de luxation discale, lors de la fermeture buccale. Les indenta-
tions profondes de la gouttière au niveau molaire assurent le
calage postérieur et maintiennent la position de capture discale
(Fig. 17). Figure 18. Gouttière de repositionnement mandibulaire de Gelb.
La gouttière de Gelb [7, 27, 30] est réalisée à la mandibule, sur
des modèles montés en articulateur dans la position donnée par
la cire d’enregistrement de la position thérapeutique, sur un
articulateur semi-adaptable, selon le principe du masque de cire cuspide d’appui antagoniste (Fig. 18) favorisant l’accès à la
dégageant les surfaces occlusales et les surfaces d’appui linguales position thérapeutique lorsque l’arcade mandibulaire arrive au
à 8 mm des collets. La rétention est assurée par des crochets voisinage de l’intercuspidation maximale. Les dents antérieures
d’Adams au niveau des premières molaires. Elle recouvre les ne sont pas recouvertes pour maintenir le contact en propul-
faces occlusales des dents cuspidées et comble l’espace d’inoc- sion, et favoriser la proprioception dans le guidage des déplace-
clusion créé par l’abaissement condylien lors de la propulsion ments mandibulaires. La gouttière de repositionnement est
matérialisée par la cire d’enregistrement. Les indentations sont portée en permanence pendant 4 à 6 mois y compris pendant
très profondes et constituent un cône de guidage de chaque les repas.

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Figure 19. Ajout de résine sur la base thermoformée avant fermeture


de la branche supérieure.
Figure 21. Gouttière d’antéposition avec indentations profondes
recréant le calage et le guidage mandibulaire.

Figure 20. Contrôle du repositionnement.


Figure 22. L’antéposition recrée les conditions du guidage antérieur.

La réalisation au laboratoire d’une gouttière de repositionne-


ment, dans une position thérapeutique définie par un enregis- meulage excessif, il faut récréer le calage en propulsion pour
trement axiographique ou une cire d’enregistrement, rétablir la coaptation condylodiscale qui est maintenue par une
s’accompagne souvent d’une séance fastidieuse de meulages en gouttière d’antéposition.
bouche destinée à la rendre confortable pour le patient, car
l’articulateur ne reproduit pas la résilience articulaire, responsa- Gouttière d’antéposition
ble de cette imprécision. Pour intégrer ces paramètres et éviter La gouttière doit présenter une surface occlusale légèrement
ces réglages délicats, une gouttière mandibulaire thermoformée indentée, et un guide antirétrusion prémolaire afin d’empêcher
de 1,5 mm d’épaisseur est réalisée préalablement au laboratoire le recul mandibulaire, et des contacts antérieurs sur les dents
.
et de la résine autopolymérisable est ajoutée secondairement sur naturelles afin de conserver le contrôle proprioceptif. Elle
les surfaces occlusales pour enregistrer la position thérapeutique reconstitue une nouvelle occlusion en avant de l’intercuspida-
(Fig. 19). tion habituelle du patient.
Lorsque la résine est en phase plastique, la gouttière est La gouttière d’antéposition est également indiquée dans les
reportée en bouche, et le patient est invité à reproduire le cas de dysfonctionnements de l’appareil manducateur persis-
mouvement de rétrusion de la position bout à bout jusqu’à la tants ou directement dans les situations de luxation discale
position limite en avant de la luxation discale. Les excédents de manifeste avec algies temporomandibulaires importantes ou
résine sont éliminés de façon à créer un guide de repositionne- dans certaines situations de classe II présentant une insuffisance
ment d’environ 1 mm, au niveau postérieur et de 2 mm au du calage occlusal postérieur et un verrouillage antérieur par la
niveau prémolaire. Après polissage des surfaces occlusales, la forte supraclusion.
gouttière est replacée en bouche et l’accès spontané des dents Il s’agit, selon le principe de Gelb [27] , d’une gouttière
maxillaires dans les indentations de la gouttière indique occlusale postérieure partielle. Cependant, l’antéposition
l’authenticité de la position thérapeutique (Fig. 20). assurant des contacts entre les dents antérieures elles-mêmes, les
La disparition des signes articulaires s’accompagne de la contacts occlusaux se font sur la totalité de l’arcade, comme
correction progressive des guidages de mésialisation, selon les pour une gouttière occlusale de recouvrement complet (Fig. 21).
règles de l’équilibration occlusale, pour permettre le retour du La gouttière d’antéposition est formellement contre-indiquée
complexe condylodiscal dans une position moins excentrée quand il est impossible, malgré l’antéposition, d’obtenir des
dans la cavité glénoïde, tout en conservant la coaptation des contacts antérieurs avec un recouvrement d’au moins 2 mm
pièces articulaires. Ces aménagements successifs aboutissent à la (Fig. 22) (en l’occurrence les patients présentant une absence de
transformation de la gouttière de repositionnement en une recouvrement, une béance antérieure ou un surplomb trop
gouttière de stabilisation de la position articulaire thérapeuti- important), chez les patients ne présentant pas une parfaite
que. En cas de réapparition du claquement articulaire par un coopération ou les porteurs de prothèse adjointe.

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Actuellement, l’objectif de ce type de gouttière occlusale est


de favoriser les échanges trophiques au sein de l’articulation, de
faciliter le lissage du bourrelet postérieur du disque et, par
frottement doux de la zone rétrodiscale, de créer, par fibrose
collagénique, un néodisque.
L’antéposition mandibulaire provoque une avancée et un
abaissement condylien augmentant l’interligne articulaire
postérieur. Cette avancée mandibulaire orthopédique va dans le
sens de la physiologie de l’articulation temporomandibulaire et
n’a pas été décrite comme pathogène [31] . Cette nouvelle
position serait plus propice à un retour vers le silence clinique
par un remodelage de l’articulation [29].
Une gouttière d’antéposition ne signifie pas qu’un traitement
prothétique ou orthodontique entérinant l’antéposition est
ensuite systématiquement indiqué. Ce n’est que face à la
récidive des symptômes après dépose de la gouttière occlusale
que cette question peut se poser.
Utilisée comme moyen thérapeutique, la gouttière occlusale
Figure 23. Gouttière de décompression de l’articulation temporoman-
doit être portée continuellement (24 heures sur 24, même
dibulaire (ATM).
pendant les repas) pendant environ 3 mois, ce qui implique que
son encombrement soit compatible avec la vie sociale (esthéti-
que, phonation...) [32]. Le sevrage est envisagé de façon progres- surfaces osseuses pour permettre la réparation tissulaire et éviter
sive : par exemple, pendant quelques semaines, le patient ne l’ankylose. Elle est réalisée en résine acrylique transparente, sur
porte sa gouttière occlusale que la nuit, puis une nuit sur deux, des modèles montés sur articulateur en occlusion de relation
jusqu’à l’arrêt total. La remise en fonction masticatoire sans la centrée. La gouttière recouvre l’ensemble de l’arcade et sa
gouttière occlusale est douce et progressive, une fois les crispa- surface occlusale est légèrement indentée, pour assurer la
tions diurnes contrôlées. stabilisation des rapports intermaxillaires. Des feuilles d’étain de
Si la gouttière d’antéposition est utilisée comme test théra- 0,3 mm, pliées, sont placées, en nombre suffisant, dans le ou les
peutique, afin de valider une antéposition destinée à être figée boîtiers condyliens de manière à former une cale d’espacement
prothétiquement ou orthodontiquement, le port de la gouttière qui produit un déplacement vertical de la tête condylienne. La
occlusale est très court (quelques semaines), la réponse du gouttière est polymérisée sous pression, grattée et polie et doit
patient étant quasi immédiate. Elle est remplacée rapidement être portée plusieurs mois. Si le patient ressent toujours la
par des prothèses provisoires ou des cales collées. douleur articulaire après quelques jours de port, la gouttière doit
Ce type de gouttière occlusale a été très longtemps utilisé être modifiée par adjonction de résine sur la surface occlusale.
dans l’espoir de repositionner le disque articulaire sur la tête
condylienne. Gouttière à pivot ou butée postérieure
Avec cette technique, Williamson [33], en 2005, sur C’est une gouttière mandibulaire de décompression sur
464 patients, réussit à présenter 90 % de résultats positifs. laquelle des butées de résine sont ajoutées dans la région
Cependant, d’autres auteurs comme Orenstein [2] connaissent molaire pour créer une décompression intra-articulaire par
des succès à hauteur de 30 % seulement. abaissement du condyle. Elle constitue le point d’appui d’un
Malheureusement, ces études, aux résultats cliniques très levier du premier genre, formé par le corps mandibulaire, qui,
aléatoires, ne précisent pas les limites thérapeutiques de cette par la contraction des muscles élévateurs controlatéraux, permet
technique : une distance entre le claquement de retour et l’ouverture de l’interligne articulaire et favorise la réduction de
l’occlusion d’intercuspidie maximale supérieure à 2 mm, une la luxation discale. L’abaissement du condyle diminue la
laxité ligamentaire trop importante, une métaplasie irrémédiable pression sur la zone rétrodiscale, soulage la douleur inflamma-
du disque, une dysharmonie trop importante des bases squelet- toire et favorise la disparition des contractures d’immobilisation.
tiques, une insuffisance de calage occlusal, des parafonctions ou Krog Poulsen, cité par Unger [1], obtient l’effet de levier par le
tout simplement un port de gouttière occlusale discontinu. port d’une fronde mentonnière. Plus simplement, des gouttières
Gouttière de décompression sectorielles, réalisées sur les molaires mandibulaires ou maxillai-
res, ont été proposées par différents auteurs.
Par essence, le fait de placer une gouttière occlusale constitue
Elles sont indiquées dans les cas de luxation discale irréduc-
une décompression des structures articulaires, par l’augmenta-
tible récente, dans l’attente de la réalisation d’une gouttière de
tion de la dimension verticale. La perte de dimension verticale
repositionnement.
apparaissait déjà selon Costen, en 1934, comme la cause
Lors de situation d’urgence articulaire, où le patient ne
essentielle de l’apparition de dysfonctions et de douleurs
possède plus l’amplitude d’ouverture suffisante pour réaliser une
orofaciales, en provoquant une compression des structures
empreinte mandibulaire, une butée postérieure, répondant aux
osseuses et fibreuses voisines de l’oreille interne et de la trompe
mêmes objectifs, peut être confectionnée directement en
d’Eustache. Christensen, cité par Unger [1], proposait de rétablir
bouche, sous forme d’une masse de résine, appliquée en phase
la dimension verticale originelle par une orthèse occlusale pour
plastique sur les dernières molaires (Fig. 24). La rétention de ce
diminuer cette hyperactivité musculaire et obtenir un déplace-
dispositif est obtenue par l’effet d’empreinte dans les reliefs des
ment des composants méniscocondyliens dans leurs cavités
faces occlusales et les espaces interdentaires. Les indentations
glénoïdes, favorisant la disparition des symptômes.
doivent être éliminées pour ne pas bloquer la mandibule dans
La gouttière de décompression peut être réalisée par une
une position non physiologique, mais, au contraire, permettre
simple base thermoformée sur un modèle mandibulaire, sans
l’avancée mandibulaire nécessaire au passage du condyle sous le
montage sur articulateur. L’épaisseur constante de la base
disque et à la coaptation condylodiscale.
thermoformée induit un abaissement condylien et une légère
Comme tous les dispositifs sectoriels, le port de la butée
avancée mandibulaire après les quelques minutes nécessaires au
postérieure est de courte durée et ne doit pas dépasser une
patient pour répartir les contacts sur l’arcade. L’épaisseur de la
quinzaine de jours, sans risquer de provoquer une surcharge
gouttière peut être majorée unilatéralement pour soulager une
articulaire controlatérale, avec, à terme, une luxation discale, ou
douleur inflammatoire de type capsulite et limiter la compres-
l’égression des dents placées en inocclusion.
sion due à l’œdème dans la zone bilaminaire (Fig. 23). Le port
est permanent, limité dans le temps (3 semaines) et, à la
sédation des douleurs, le traitement étiologique peut être mis en Dispositifs de temporisation
œuvre. Ces dispositifs interocclusaux n’ont pas d’objectif thérapeuti-
Dans le cas de dégénérescence arthrosique, la gouttière de que, mais sont utilisés pour vérifier cliniquement les postulats
décompression a pour objectif de réduire le contact entre les qui ont présidé à la conduite du traitement musculaire ou

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Figure 24. Butée postérieure de


décompression.

Figure 26. La gouttière de stabilisation recrée les conditions de la


cinématique mandibulaire.

désengrènement postérieur lors des mouvements excentrés. Pour


Rozencweig [22], la gouttière de stabilisation peut être réalisée au
terme d’un ajustement occlusal pour maintenir les résultats
acquis.
La gouttière est indiquée dans tous les cas où le patient a
perdu les références de son occlusion, en particulier après un
.
meulage sélectif mal contrôlé, une dépose généralisée de
nombreuses restaurations prothétiques ou de restaurations à
l’amalgame, une édentation non compensée (Fig. 26).
Pour Okeson [9], « les gouttières de stabilisation sont utilisées
pour permettre la stabilisation articulaire, protéger les dents,
redistribuer les forces, détendre les muscles masticateurs et
diminuer le bruxisme ». Pour Orthlieb [34] , elle trouve son
indication après le succès d’un repositionnement discal, soit par
gouttière de repositionnement, soit par chirurgie intra-
articulaire, pour maintenir la coaptation des pièces articulaires
Figure 25. Gouttière placebo.
dans la nouvelle position de référence.
D’une manière générale et quel que soit l’objectif recherché,
articulaire, ou pour permettre l’adaptation du patient à une le dispositif interocclusal a vocation, au terme des réglages
nouvelle situation occlusale. successifs, à devenir une gouttière de stabilisation de la position
Gouttière placebo de référence obtenue. La gouttière rétablit un nouveau schéma
occlusal fonctionnel, avec ses structures de calage, de centrage
Greene et Laskin [8] ont démontré l’effet placebo d’une et de guidage, qui peut être testé pendant plusieurs mois et qui
orthèse occlusale en utilisant successivement, sur le même conduit à un traitement stabilisateur définitif, par équilibration
patient, différents types de plaques palatine, ayant ou non une
soustractive ou additive, prothèse ou orthodontie.
action sur l’occlusion. Les résultats font apparaître qu’il n’y a
Elle peut être proposée à titre de protection nocturne de
pas de différences significatives entre la gouttière placebo et la
gouttière dite active. Cela souligne l’intérêt thérapeutique de la l’occlusion en fin de traitement par reconstructions fixées de
simple prise en charge de ces patients, qui souvent connaissent grande étendue, chez les patients à habitudes parafonctionnelles
les bienfaits de la gouttière occlusale qui a été prescrite dans qui usent leurs dents ou mettent en péril leurs reconstitutions
leur entourage. Le patient a des représentations plus ou moins prothétiques [35].
conscientes de son trouble, des circonstances de son apparition, Gouttière de protection nocturne
de la façon de le prendre en charge et, si le praticien n’arrive C’est le Night Guard [22] de la littérature anglo-saxonne, qui
pas à un accord sur ces représentations de la maladie, la
vise à limiter les contacts intempestifs nocturnes qui pourraient
thérapeutique ne fonctionne pas.
fragiliser des reconstructions prothétiques ou implantaires. Chez
La gouttière placebo est l’outil thérapeutique qui rassure le
les patients bruxomanes, les parafonctions nocturnes provo-
patient, car il montre que le praticien connaît son problème, et
quent la destruction des structures dentaires de calage et de
la gouttière matérialise le traitement cognitif qui a été induit
guidage et créent des facettes d’abrasion qui deviennent des
par les explications données par le praticien. La gouttière est la
facteurs d’entretien du bruxisme. On sait maintenant que
plus neutre possible (Fig. 25), le plus souvent souple, pour ne
l’occlusion n’est pas à l’origine du bruxisme, et que la gouttière
pas créer une situation mandibulaire non contrôlée et simple-
ment rappeler au patient qu’il doit modifier son comportement n’arrête pas le bruxisme. Elle agit comme un véritable fusible,
et ne doit pas serrer ses dents. pour limiter les effets dévastateurs de ces contractions muscu-
laires incontrôlées, et doit être remplacée dès qu’elle n’est plus
Gouttière de stabilisation en mesure de protéger efficacement les structures dentaires ou
L’obtention de la position de référence doit s’accompagner de les restaurations prothétiques.
la validation à terme de cette nouvelle référence. À la suite Elle se présente classiquement comme une gouttière de
d’une thérapeutique de reconditionnement musculaire, la stabilisation, maxillaire ou mandibulaire (Fig. 27) en résine dure
gouttière de stabilisation régularise l’activité musculaire et et à recouvrement complet de l’arcade dentaire. Elle est réalisée
favorise, selon Hue [11], l’acquisition de boucles de rétroaction sur des modèles montés en relation centrée et équilibrée sur
positive. La gouttière, modifiée par les corrections successives, .
l’articulateur. Les parafonctions nocturnes, abrasent rapidement
est donc légèrement indentée. Elle assure le calage des pointes les surfaces occlusales, réalisant, de ce fait, une auto-
d’appui cuspidiennes dans l’occlusion thérapeutique et guide le équilibration.

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Figure 27. Gouttière de protection nocturne chez un bruxomane.


Figure 29. Report de l’enregistrement en cire sur l’articulateur.

Figure 28. Orthèse bibloc d’avancée mandibulaire dans le traitement


du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) (cliché du Figure 30. Bases thermoformées et les quatre plots de liaison.
docteur B. Mantout).

propulsion maximale, au-delà du bout à bout incisif (10 à


Gouttière d’avancée mandibulaire 12 mm). La position en propulsion, reconnue confortable par le
Les odontologistes sont appelés à intervenir dans le traite- patient, est enregistrée par une cire extradure en « fer à cheval »
ment du syndrome d’apnées obstructives du sommeil modéré, Erkodent®, de 10 mm d’épaisseur, placée sur les faces occlusales.
par la confection d’orthèses d’avancée mandibulaire (OAM) qui Des gouttières thermoformées sont réalisées sur les modèles, et
viennent en alternative à la ventilation par pression positive découpées à environ 7 à 8 mm des collets linguaux et palatins.
continue [36]. Le syndrome d’apnée du sommeil est caractérisé Elles sont replacées sur l’articulateur et sont réunies par quatre
par la survenue, pendant le sommeil, d’épisodes anormalement plots de résine transparente, au niveau des secondes molaires et
fréquents d’apnées (arrêt respiratoire de plus de 10 secondes) ou des premières prémolaires de chaque côté, pour former un
d’hypopnées (réduction de plus de la moitié du flux respiratoire ensemble rigide d’une hauteur approximative de 35 à 40 mm
pendant plus de 10 secondes). Les apnées correspondent à une (Fig. 30). Une limitation de l’ouverture buccale inférieure à
obstruction complète par la langue de l’espace rétrobasilingual 40 mm est une contre-indication de l’orthèse monobloc, car le
qui est collapsé pendant le mouvement respiratoire. L’orthèse volume important du dispositif risque d’empêcher sa mise en
d’avancée mandibulaire agit sur la posture de la langue, en place. L’adaptation et la rétention de l’OAM sont contrôlées et
abaissant et en tractant la mandibule, de manière à agrandir la le patient doit ressentir la position comme confortable. La
filière pharyngée postérieure. gouttière est contrôlée après 8 jours. Si des tensions apparaissent
La confection d’une orthèse d’avancée mandibulaire, suite à dans les muscles masticateurs, les plots sont sectionnés et un
la prescription d’un médecin spécialiste du syndrome d’apnées nouvel enregistrement où la propulsion est réduite permet de
obstructives du sommeil (SAOS) (pneumologue, oto-rhino- solidariser les deux gouttières. Après l’intégration de ce disposi-
laryngologue [ORL]) est contre-indiquée aux patients atteints de tif, le patient doit revoir le spécialiste du sommeil pour vérifier
désordres temporomandibulaires ou présentant une pathologie l’amélioration de son oxymétrie et la diminution des apnées et
parodontale. des microéveils. Il doit également être informé du caractère
Les orthèses bibloc sont confectionnées sur mesure par un temporaire de ces gouttières qui doivent être refaites régulière-
laboratoire spécialisé sur les indications du praticien (Fig. 28). ment pour s’adapter à l’évolution de la maladie.
Deux gouttières, une sur chaque modèle, sont réunies par un
dispositif de biellettes déterminant l’avancée mandibulaire. Lors Caractéristiques des gouttières
de la séance d’empreinte, le praticien enregistre l’avancée
mandibulaire maximale, qu’il peut modifier en remplaçant les
La gouttière doit-elle être en matériau dur
biellettes par d’autres, plus courtes, selon les résultats de la ou mou ?
polysomnographie de contrôle. Déjà, en 1942, Mathews cité par Canal [37] recommandait les
L’orthèse monobloc est réalisée au laboratoire sur des modèles gouttières en résine acrylique molle ou en latex qui, de nos
montés en articulateur dans la position de propulsion détermi- jours, sont toujours utilisées. Dawson [13] préconise ce type de
née cliniquement (Fig. 29). Le patient est entraîné à se placer en gouttière seulement chez les patients atteints de sinusites

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a b

Figure 31. Gouttière molle.

chroniques et dont les dents maxillaires pourraient se déplacer


légèrement sous la pression des sinus. Okeson [9] la propose
également pour soulager les douleurs au niveau des dents
postérieures dans le même type de pathologie. Pettengill [38]
estime que les gouttières molles ou dures peuvent être utilisées
de la même façon afin de réduire, à court terme, les douleurs
musculaires. Cependant, les gouttières molles se détériorent c d
rapidement.
En outre, elles semblent favoriser la crispation. Rozen- Figure 32. Indication de gouttière selon la classe d’angle. a : Classe I
cweig [22] parle de l’apparition d’un tic de morsure et d’angle (Cl I) ; b : classe II/1 d’angle (Cl II/1) ; c : classe III d’angle (Cl
Ramfjord [21] de plasticité qui risque d’inciter les bruxomanes à III); d : classe II/2 d’angle (Cl II/2). Dans un cas de classe II/1, la gouttière
mâchonner. occlusale est souvent indiquée au maxillaire.
Okeson [9], pour qui la gouttière souple demeure avant tout
un protège-dents, a démontré, en 1987, qu’avec le port d’une le palais. La gouttière peut devenir une aide à la rééducation en
gouttière souple (Fig. 31), l’activité électromyographique cas de dysfonctionnement lingual ; en chassant la langue de sa
nocturne du masséter était augmentée pour cinq sujets sur dix position basse, elle l’oblige à prendre une meilleure position au
alors qu’à l’inverse, avec une gouttière dure, huit sujets sur dix maxillaire.
présentaient une diminution de l’activité. Enfin, il semble Enfin, et surtout, une gouttière mandibulaire ne supprimera
impossible d’équilibrer correctement une gouttière molle qui pas la proprioception parodontale des dents antéromaxillaires
génère une relation intermaxillaire des plus fantaisistes. Le seul comme le ferait une gouttière maxillaire.
avantage de ce type de gouttière occlusale réside dans la
simplicité de réalisation. La gouttière doit-elle être complète ou partielle ?
Le port d’une gouttière occlusale à recouvrement partiel doit
La gouttière doit-elle être maxillaire
être très limité dans le temps (même pour un port uniquement
ou mandibulaire ? nocturne) du fait du très fort risque de migrations dentaires
Pour Okeson [9], le premier avantage de la gouttière mandi- irréversibles (égressions postérieures/ingressions, versions des
bulaire est son caractère esthétique. La profession du patient, dents antérieures) résultant de l’absence de stabilisation de
surtout s’il est en relation avec du public, devient alors une l’ensemble de l’arcade. Puisqu’elle ne présente pas les mêmes
condition à la situation topographique de l’orthèse. En outre, risques, la gouttière à recouvrement complet doit être la norme.
avec une gouttière au maxillaire, le patient rencontre des Les gouttières occlusales partielles postérieures, réalisées en
difficultés d’élocution [39]. Cependant, ces deux inconvénients relation centrée ou dans des positions mandibulaires diverses,
ne se rencontrent que lorsque le port est diurne, ce qui est très ne semblent montrer que des inconvénients : en dehors des
rare dans les thérapies de reconditionnement musculaire. risques importants de migrations dentaires, elles provoquent
La gouttière mandibulaire favorise la compliance du patient une instabilité mandibulaire majeure. Elles ne semblent pouvoir
dans le port continu des orthèses de repositionnement articu- s’envisager que sur un temps court, sous la forme du collage
laire nécessité par le maintien permanent des structures d’une cale postérieure, en traitement d’urgence d’une capsulite
articulaires. aiguë d’une ATM.
Rozencweig [22] souligne l’évidence de réaliser une gouttière
en fonction du décalage des bases squelettiques. Quand doit-on prescrire une gouttière occlusale ?
Chez les patients présentant une classe III squelettique, elle Depuis quelques années, suivant un consensus mondial,
est réalisée, préférentiellement, à la mandibule. En revanche, l’indication d’une gouttière occlusale en première intention
dans les cas de classe II-1 ou II-2 marquées, seule la gouttière dans le traitement d’un DAM est en nette régression. Un
réalisée au maxillaire permet de compenser une anomalie de traitement initial par conseils, explications, rééducation com-
surplomb et de déverrouiller le guide antérieur (Fig. 32). portementale comprenant de la gymnothérapie et de la physio-
Pour certains praticiens, la réalisation d’une gouttière maxil- thérapie musculoarticulaire se révèle souvent suffisant. Il est
laire permet plus facilement le modelage d’un plan d’affronte- indispensable pour le patient de comprendre son rôle dans le
ment lisse et d’un guide antérieur, afin d’organiser la principe et les enjeux de ce traitement.
désocclusion immédiate (gouttière Michigan). Dans ce cas, le Après 4 à 8 semaines d’approche non invasive, la gouttière de
palais est toujours complètement dégagé, la gouttière maxillaire reconditionnement musculaire demeure, en seconde intention,
doit présenter une forme en « U » et ne pas empiéter sur la zone indiquée dans les cas de DAM idiopathiques persistants.
d’appui postural lingual (zone rétro-incisive). Toutefois, l’aggravation rapide ou l’absence de résultat au
Si la gouttière mandibulaire rend l’équilibration plus facile à bout de 2 à 3 mois indiquent une nécessaire réévaluation du
réaliser par une meilleure vision de la gouttière en bouche, elle diagnostic, de la forme ou du suivi de la prise en charge [34]. La
offre aussi l’avantage de favoriser une meilleure posture de repos prescription d’une gouttière occlusale d’antéposition est alors
de la langue, cette dernière étant naturellement remontée vers parfois proposée en troisième intention [3].

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Si la gouttière occlusale ne doit plus être généralisée d’emblée [15] Jeanmonod A. Occlusodontologie. Applications cliniques. Paris: CdP;
pour traiter un dysfonctionnement de l’appareil manducateur, il 1988.
persiste des indications de prescription. [16] Lauret JF. Étude expérimentale de la phase initiale de la diduction
Avant la mise en place d’un dispositif interocclusal, il est mandibulaire. [thèse], Université de Nantes, 1988.
indispensable d’assainir le contexte buccal (gingivite, parodon- [17] Bodere C. Hyperactivité musculaire dans les douleurs myofasciales
orofaciales. [thèse], Université Clermont Ferrand, 2007.
tites, caries, etc.) et de réaliser un traitement prothétique
[18] Dos Santos J, De Rijk WG. Occlusal contacts: vectorial analysis of
provisoire de première intention dans les cas d’édentement forces transmitted to TMJ and teeth. J Craniomandibular Pract 1993;
important. En effet, il est impératif de rétablir les courbes 11:118-25.
fonctionnelles, en éliminant les grossières malocclusions [19] Jeanmonod A. Le plan de morsure rétro-incisif. Cah Prothese 1982;37:
(égressions, articulé inversé, destructions coronaires) et en 91-105.
favorisant la répartition des forces occlusales sur l’ensemble des [20] Unger F, Unger J, Hoornaert A. Les dispositifs inter-occlusaux. Les
arcades (compensation des édentations). étapes de laboratoire. Art Tech Dent 1992;3:221-8 (311-9Art Tech Dent
La gouttière occlusale reste un élément d’une approche 1993;4:3–11).
thérapeutique globale intervenant, essentiellement, pour [21] Ramfjord S, Ash M. Occlusion. Philadelphia: WB Saunders; 1983.
renforcer la prise en charge personnelle du patient [1, 12]. [22] Rozencweig D. Algies et dysfonctionnements de l’appareil
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Am 1979;23:157-68. 2002;21:82-7.

J.-F. Carlier (jefcar@wanadoo.fr).


3, rue Léon-Tassin, 02880 Bucy-le-Long, France.
J.-P. Ré.
71, place de la Liberté, 83000 Toulon, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Carlier J.-F., Ré J.-P. Dispositifs interocclusaux. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie,
23-390-A-10, 2008, Médecine buccale, 28-675-K-10, 2009.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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