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INTRODUCTION

I- GENERALITE
1- Urgence
2- Objectifs du traitement de l'urgence
3- Traumatismes alvéolo-dentaires
II- TRAUMATISMES ALVEOLO-DENTAIRES CHEZ L’ENFANT
1- Classifications
2- Etiologies
3- Epidémiologie de l’urgence traumatique
III- CONDUITE D’URGENCE FACE A UN TRAUMATISME CHEZ L’ENFANT
1- Tri des urgences, orientation et conseils
2- Consultation d’urgence
a- Approche psychologique de l’enfant traumatisé
b- Anamnèse
c- Examen clinique
d- Examen radiologique
e- Photographie
3- Traitement d’urgence (immédiat)
4- Prescription médicamenteuse
5- Conseils post-opératoires
6- Aspect légal : Certificat Médical Initial

CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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CONDUITE D’URGENCE FACE A UN TRAUMATISME
1- L'accueil téléphonique : Tri des urgences et conseils
Le premier contact avec le médecin dentiste est en général téléphonique. L'écoute, la disponibilité
du praticien à donner les premiers conseils améliore le pronostic.
 Le tri des urgences :
Les traumatismes dentaires représentent la véritable urgence dentaire du fait de l'imprévisibilité
de ceux-ci et l'état de stress engendré chez l'enfant et ses parents.
Le médecin dentiste doit être capable :
D’apprécier le caractère d'urgence réel d'une situation,
D’évaluer si la prise en charge doit être immédiate ou différée,
De déterminer le temps qui peut s'écouler avant l'application des soins.
Conseils et auto-aide Soin d’urgence Extrême urgence
RDV normal RVD d’urgence RDV immédiat
traumas mineurs traumas exposant la Les patients ayant eu un traumatisme
(concussion, subluxation) dentine nécessitent un buccal peuvent avoir des dents cassées
Fracture d’émail rendez-vous urgent (fractures coronaire pénétrante, corono-
Si nécessaire, voir un afin d'éviter une radiculaire), déplacées (luxation latérale,
dentiste dans les 7 jours. infection pulpaire. extrusion, impaction), mobile (fracture
radiculaire, extrusion) ou expulsées
nécessitant des conseils et des soins
urgents. En cas d'expulsion, des conseils
de base doivent être donnés sur la façon
de conserver la dent expulsée.
 Conseils à donner aux parents (appel téléphonique) :
• Fracture amélaire  pas d'urgence

 Esthétique, polissage (arêtes vives)

• F. amélo-dentinaire  RDV urgent

 Fragment conservé (lait, sérum)

• D. temporaire expulsée  pas de réimplantation.

• D. permanente expulsée  réimplantée immédiatement

 Voir un dentiste immédiatement

• Réimplantation difficile  dent conservée dans du lait ou du sérum

 Manipuler la dent sans toucher la racine

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2- Consultation d’urgence
Une consultation standardisée du patient traumatisé permet de :
 collecter un maximum d’informations sur les lésions des structures dentaires et
environnantes, indispensables à la pose d’un diagnostic et à la prise d’une décision
thérapeutique.
 poser un diagnostic, réaliser l’acte d’urgence et instaurer un calendrier de suivi du
traumatisme.
 formuler un pronostic, au vu des connaissances biologiques sur les processus de
cicatrisation/réparation des structures dentaires et parodontales.
a- Approche psychologique de l’enfant traumatisé
Le premier contact avec l’enfant traumatisé et sa famille est primordial et représente le premier
acte d’urgence. Il consiste à installer l’enfant, le calmer, le rassurer lui et ses parents, et ensuite
lui expliquer ce qui va être fait au cours de cette consultation.
Chez le très jeune enfant, il faut se faire aider par la personne accompagnatrice.
Cette dernière s'allonge sur le fauteuil, l'enfant sur elle en lui tenant les mains et en immobilisant
ses jambes tout en lui parlant.
Chez un enfant très difficile, une prémédication peut être nécessaire avant l'examen.
b- Anamnèse :
C’est la première étape de l’examen médical qui permet de recueillir les données sur le patient,
sa santé et ses antécédents médicaux-chirurgicaux, mais également les informations sur les
circonstances de l’accident.
Il est essentiel de déterminer s’il y a eu perte de conscience, même très brève, vomissements,
maux de tête, écoulement nasal, troubles de la vue, signes généraux d’atteinte cérébrale qui
obligent à orienter immédiatement le patient vers un service hospitalier d’urgences.
Cet interrogatoire permet de mettre en évidence les conditions du traumatisme : les questions
doivent être précises et claires
• Ou s'est produit l'accident ?
Préciser le lieu de l'accident afin d'évaluer les risques éventuels de contamination des plaies mais
aussi de la dent si celle-ci a été expulsée.
• Quand l'accident s'est produit ?
Le temps écoulé entre le traumatisme et la consultation détermine fortement le pronostic et le
choix thérapeutique particulièrement pour les fractures coronaires avec exposition pulpaire et les
expulsions
• Comment s'est produit l'accident ?
La réponse aidera à préciser l'impact des forces et guidera dans l'examen clinique. Par exemple,
lors d'une chute sur le menton, on examinera non seulement les dents mais aussi les articulations
temporo-mandibulaires.
c- Examen clinique :
L'examen clinique est souvent compliqué par le manque de coopération du jeune enfant
traumatisé. Chez le très jeune enfant, il faut se faire aider par la personne accompagnatrice.

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Cet examen clinique doit recouvrir un examen extra-oral et un examen intrabuccal.
c-1- Examen exo-buccal :
Il comprend :
L’examen et l’inspection des plaies faciales
A la recherche des plaies et des hématomes de la face et des lèvres. Il indiquera la nécessité ou
non de faire des sutures.
La palpation des rebords saillants du squelette facial
Bord inférieur de la mandibule, os zygomatique, plancher de l’orbite, épine nasale (fig. 4).
Elle aide à mettre en évidence d’éventuelles fractures osseuses par la présence d’une solution de
continuité ou le déclenchement d’une douleur.
L’examen fonctionnel des articulations temporo-mandibulaires.
Toute limitation d’ouverture, douleur, Une plaie cutanée ou un hématome de la région
mentonnière ou simplement gêne à l’ouverture doit faire suspecter une fracture ou une fêlure du
col condylien (ou du condyle).
c-2- Examen endobuccal :
L'examen des tissus mous : (muqueuses, langue, freins, gencives) à la recherche d'hématomes, de
dilacération, de blessures et la présence éventuelle de corps étrangers pour déterminer si des
sutures sont nécessaires.
L'examen de l'occlusion : Le praticien doit contrôler l'occlusion et noter toutes les anomalies
pouvant indiquer des déplacements dentaires isolés ou multiples.
L'examen des dents traumatisées :
L'examen se fera d'une manière systématique pour chaque dent impliquée dans le traumatisme
(nettoyée de façon douce) pour mettre en évidence les lésions.
De nombreux tests cliniques seront utilisés pour évaluer l'état pulpaire et parodontal de chaque
dent comme :
*La transillumination par fibre optique ou « TIFO » est utilisée pour mettre en évidence les
fêlures : la fêlure empêchera la diffusion de la lumière à travers la couronne.
*Test de mobilité : la dent est tenue entre les doigts ou entre les manches de 2 miroirs afin
d'apprécier une mobilité pathologique.
Ne pas oublier qu'il existe une mobilité physiologique plus importante de la dent immature par
rapport à la dent mature surtout dans le secteur incisif.
*Test de percussion : Il peut se faire avec le manche d’un miroir, mais il est préférable de le faire
par simple tapotement de la pulpe du doigt, en percutant légèrement les dents dans le sens
horizontal et vertical. La percussion doit être légère.
La sensibilité à la percussion, signe une lésion des structures parodontales et fait entendre un son
particulier sourd, ou métallique dont on analysera la signification dans les formes cliniques.
*Les tests de sensibilité pulpaire « TSP » : Les tests au froid et électriques, permettent d'évaluer
l'état pulpaire de chaque dent.
NB : Selon de nombreux auteurs, la dent immature, ne répond pas de manière constante aux
tests de sensibilité en raison de la mise en place tardive du réseau sensoriel.
Ainsi, les tests ne sont pas pertinents et ne doivent pas entrainer une dépulpation hâtive.
La réponse peut devenir positive 8 jours, 1 mois, voire 1 an plus tard selon la forme clinique.

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d- Examen radiologique
L'examen radiographique complète l'examen clinique. Toutes les dents de la région traumatisée
doivent être radiographiées et ce même si aucune lésion traumatique n'est visible à l'examen
clinique.
• Intérêt de l’examen radiologique :
L’examen radiologique est une aide complémentaire indispensable au diagnostic
particulièrement en traumatologie. Il permet alors de déterminer :
- le stade d’évolution de la dent temporaire.
- degré d’évolution et de minéralisation de la dent permanente (édification radiculaire)
- rapport dent temporaire/germe,
- Situation du trait de fracture coronaire par rapport à la pulpe,
- une fracture radiculaire, alvéolaire ou osseuse,
- un déplacement de la dent dans son alvéole.
• Type d’examen radiologique :
Le type est choisi selon la capacité de l’enfant à se laisser examiner :
La radiographie intermaxillaire : Le film est placé entre les commissures des lèvres, chez un enfant
en denture temporaire
Il permet de visualiser les racines des quatre incisives maxillaires et leur rapport avec les germes
et donne des informations sur la plupart des luxations, les fractures du tiers apical et de la moitié
radiculaire et les fractures alvéolaires
Le cliché rétro-alvéolaire :
Trois radiographies rétro-alvéolaires : une centrée sur les 11 et 12, une deuxième sur les 11 et 21
et une troisième sur les 21 et 22.
Nécessite l’aide parentale et l’utilisation d’un angulateur pour assurer la reproductibilité
Le cliché rétro-alvéolaire permet de visualiser les fractures radiculaires, les déplacements, de
conforter le diagnostic et d’assurer le suivi des dents traumatisées
La radiographie panoramique :
La radiographie panoramique est utilisée uniquement en cas de suspicion de fracture des bases
osseuses ou d’atteinte condylienne (choc sur le menton). Elle reste inappropriée dans toutes les
autres situations.

e- Photographie
La prise de photographies de toutes les lésions (dentaires, tissus mous, revêtement cutané) peut
s’avérer utile pour le suivi, mais surtout sur le plan médico-légal.
La récupération d’anciennes photos peut également servir à déterminer l’importance des lésions
et des déplacements dentaires causés par le traumatisme actuel.

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3- Traitement d’urgence (immédiat)
-Il faut réduire l’inflammation initiale au site du traumatisme et limiter le processus infectieux (le
ligament parodontal perd son herméticité lors d’un traumatisme).
-Il existe des philosophies de traitements différentes selon les pays, mais l’intérêt de l’enfant doit
toujours primer et la décision prise en accord avec la famille.
-La standardisation de la prise en charge des traumatismes est apparue depuis quelques années
grâce à l’élaboration conjointe et réactualisée de recommandations de l’International Association
of Dental Traumatology (IADT) validées par l’American Association of Pediatric Dentistry (AAPD)
-Le traitement immédiat va de l’abstention (concussion, subluxation) à l’extraction (fracture
corono-radiculaire infra-osseuse sur dent temporaire).
-Si le frein labial est déchiré, il ne convient pas de le recoudre.
-Les facteurs biologiques qui président aux protocoles pour prendre en charge les traumatismes
en denture permanente sont appliqués à la denture temporaire. La seule certitude réside dans
l’impossibilité de réimplantation
-Si les lésions sont trop importantes, il faut parfois envisager les traitements sous sédation :
MEOPA, voire sous anesthésie générale.
-Selon les formes cliniques, les gestes d’urgence, le pronostic de cicatrisation pulpaire et/ou
parodontale varient. Si le traitement est estimé complexe, avec un pronostic réservé et/ou si
l’enfant a des besoins spécifiques (comportementaux ou médicaux), l’extraction est alors
privilégiée.

4- Prescription médicamenteuse :
Antalgique :
Des mesures locales pour soulager la douleur d'origine dentaire peuvent être recommandées en
combinaison avec la prise d'ibuprofène et / ou de paracétamol.
Les enfants peuvent recevoir des sirops d'ibuprofène (100 mg/5 mL) ou de paracétamol (120 mg/5
mL ou 250 mg/5mL selon l'âge). Suivre les indications de la notice.
Antibiotiques :
Certaines situations, traitements ou pathologies offrent un terrain propice à des infections
potentielles qui peuvent altérer le pronostic dentaire.
L’antibiothérapie curative est indiquée en cas de :
-traumatismes alvéolo-dentaires avec ou sans effraction muqueuse ou osseuse chez les patient
immunodéprimés ou à haut risque d’endocardite infectieuse.
-implantation d’une dent permanente luxée chez les patient immunodéprimés (sida, oncologie,
greffes, diabète non équilibré…)
- présence des plaies profondes : des plaies labiales très profondes, des plaies linguales de plus
de 1 mm de profondeur, la plaie muqueuse du palais, …

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5- Instructions aux parents
Les instructions peuvent être remises aux parents, formalisées dans un document. Leur principe
est de tout faire pour favoriser la guérison :
–– hygiène buccodentaire biquotidienne : brosse à dents souple et compresses imbibées d’un
bain de bouche antiseptique sans alcool ;
––utilisation d’un baume à lèvres pour éviter la sécheresse ;
––activités calmes ;
––nourriture molle pendant 10 jours ;
––diminution, voire suppression de la tétine;
––surveillance de l’apparition d’un oedème gingival ;
––information sur les conséquences possibles sur la dent définitive, notamment dans les cas
d’impaction, d’expulsion ou de fracture alvéolaire en denture temporaire.

6- Aspect légal : Certificat Médical Initial


La rédaction d’un certificat conclut l’examen médical. Il est délivré dans le respect du secret
médical et ne se justifie que s’il a une raison médicale.
La rédaction de tels certificats est libre mais doit être parfaitement objective et décrire les seules
constatations faites par le chirurgien-dentiste
Les Spécificités D’un Certificat Médical Initial
Le certificat médical initial est constituée essentiellement par :
• les mentions concernant le stade physiologique de la dentition ;
• les relations de ce stade avec la gravité de la situation pathologique constatée ;
• les prévisions de traitements à venir ;
• les préconisations de suivi clinique en fonction de la croissance et du développement de
l’enfant.

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Exemple d’un certificat médical initial chez l’enfant

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CONCLUSION
La consultation d’urgence de l’enfant traumatisé doit se concrétiser par la pose d’un
diagnostic, la réalisation du traitement d’urgence si nécessaire, la rédaction d’une ordonnance,
l’établissement d’un calendrier de suivi et la remise du certificat médical initial.

BIBLIOGRAPHIE

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Urgences dentaires et médicales : Conduites à tenir et Prévention chez le patient à risque, edt
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Prescription des antibiotiques en pratique bucco-dentaire ; Recommandations 2011.

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