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Pr. A.

Benslimani
Enseignement de Microbiologie
2ème année de Chirurgie Dentaire
Université d’Alger
Année universitaire 2017-18

Microbiologie des maladies parodontales


I) Introduction :
On appelle maladies parodontales des états inflammatoires d’origine infectieuse localisées au niveau
du parodonte. On définit 2 types de maladies parodontales d’origine infectieuse :

- les gingivites localisées à la gencive, réversibles,

- et les parodontites, caractérisées par une destruction du desmodonte et de l’os alvéolaire,


irréversibles.

Les parodontites présentent différentes entitées cliniques et sont caractérisées par un degré
d’atteinte et de progression ainsi qu’une flore sous-gingivale différents.

Quelquesoit le type de maladie parodontale, les bactéries jouent un rôle essentiel dans l’étiologie de
ces affections. Ainsi, il a été prouvé que l’aggression bactérienne était directement en cause dans la
gingivite, en provoquant une accumulation de la plaque dentaire.

Par ailleurs, il semblerait que les bactéries initient les mécanismes de destruction des tissus
parodontaux, de même que des facteurs génétiques et/ou environnementaux tels le tabac et le
stress.

II) Composition de la flore de la région dento-gingivale :


Parodonte sain Gingivite chronique
AEROBIES Cocci Gram+ (+++) Cocci Gram+
ANAEROBIES Streptococcus sanguis Streptococcus sanguis
FACULTATIFS Streptococcus mitis Streptococcus mitis
Bacille Gram+ Bacille Gram+
Actinomyces viscosus Actinomyces viscosus ,
A.naeslundi
ANAEROBIES STRICTS Cocci Gram-
Bacilles Gram-
Prevotella intermedia

Fusobacterium nucleatum
Spirochètes
MICRO Eikenella corrodens
AEROPHILES Capnocytophaga
Dans le parodonte sain, on retrouve quelques bactéries le long du rebord gingival, avec une faible
proportion de bactéries anaérobies strictes ; comme types bactériens :

- Des cocci Gram+ : Streptococcus sanguis et Streptococcus mitis


- Bâtonnets Gram+ : dont Actinomyces viscosus
- A noter que les cocci Gram- sont minoritaires.

III) La gingivite :
Elle est provoquée par la multiplication anorm ale des bactéries de la flore parodontale ;
les bactéries s’accumulent le long du rebord gingival pendant 3 à 4 jours ; on distingue 3
phases dans l’évolution de la flore :
- Phase 1 : caractérisée par la présence des cocci Gram+, de batônnets Gram+ et de cocci
Gram-
- Phase2 : présence de microorganismes filamenteux
- Phase3 : la gingivite s’installe avec augmentation du nombre des bactéries anaérobies Gram-
(Fusobacterium nucleatum, Prevotella intermedia….)

La gingivite chronique peut évoluer pendant plusieurs années sans arriver au stade de parondite.

La gingivite ulcéro-nécrotique est caractérisée par la présence de Treponema, Prevotella intermedia,


Selenomonas et Fusobacterium.

IV) Parodontites :
La flore de la poche parodontale est beaucoup plus dense que celle de la gingivite et varie selon la
localisation :

- Au niveau de la plaque supragingivale, on retrouve la même flore que dans la gingivite


- Dans la zone intermédiaire, on retrouve des bactéries anaérobies et des bactéries mobiles
- Dans la plaque sous gingivale, on retrouve surtout des bactéries anaérobies.

En général, la flore des poches parodontales est caractérisée par une forte proportion d’anaérobies,
des bactéries à Gram- et des bactéries mobiles (30% des spirochètes).

Selon des travaux récents, il y a une certaine spécificité bactérienne selon les différentes formes
cliniques :
Espèces Parodontite localisée Parodontite agressive Parodontite chronique
de l’adolescent
(juvénile)
Actinobacillus +++ ++ ++
actinomycetem
Porphyromonas +/- +++ +++
gingivalis
Prevotella intermedia ++ +++ +++
Bacteroides +/- ++ +++
forsthythus
Fusobacterium + ++ +++
nucleatum
Treponema spp ++ +++ +++
5Socransky et Hafajee, 1994

Dans les parodontites chroniques, on retrouve la présence de Porphyromonas gingivalis, Prevotella


intermedia, Eikenella corrodens, Wollinella recta, Bacteroides forsythus, Selenomonas, Eubacterium
sp. et des Spirochètes non cultivables ;

Dans la parodontite juvénile par contre, on retrouve la prédominance d’Actinobacillus


actinomycetemcomitans.

Certains germes sont suspectés comme pathogènes impliqués dans la maladie parodontale : ainsi,
plusieurs études ont tenté d’étudier la flore associée à la destruction parodontale et ont impliqué
une dizaine à une vingtaine d’espèces (voir tableau çi-dessous) :

Espèces Association Elimination Réponse Facteur de Etude


immunitaire virulence animale
A.actinomycetem +++ +++ ++ +++ +++
P gingivalis +++ +++ +++ +++ +++
P intermedia +++ ++ ++ +++ +++
B forsthythus +++ + + Pas de +
données
F nucleatum +++ + +++ ++ +
P micros +++ + + + ++
C rectus +++ ++ Pas de Pas de Pas de
données données données
Treponema spp +++ +++ +++ +++ +

V- Diagnostic microbiologique :
1- Objectifs :
L’examen microbiologique est considéré comme essentiel pour détecter ou quantifier certaines
bactéries suspectées pathogènes. Il concerne surtout les patients :

- Atteints de parodontite chronique


- Membre d’une famille à risque de parodontite agressive
- Atteints de parodontite récidivante
- Atteints de parodontite et candidats à un traitement implantaire
- Chez qui un traitement conventionnel n’a pas permis d’arrêter la progression de la maladie.

2- Moyens :

On distingue :

- Les techniques de culture : c’est le « gold standard »


- Les tests de diagnostic :
a) sondes génétiques : qui permettent d’identifier la séquence nucléotidique des
bactéries cibles par hybridation avec la séquence recherchée.
b) sondes immunologiques : on utilise des anticorps monoclonaux ou des
antisérums qui se lient à des antigènes de bactéries cibles et la réaction est révèlée par
immunofluorescence ou réaction colorimétrique.
- les tests enzymatiques : qui utilisent la recherche d’enzymes marqueurs de la présence de
certaines bactéries suspectées pathogènes. Pour que les tests soient utilisables, on doit
reconnaître leur validité, donc leurs caractéristiques à type de spécificité, sensibilité, valeur
prédictive positive et négative, ainsi que les conditions de stockage et de transport des
prélèvements.

VI- Traitement antibiotique :


On sait actuellement que les antibiotiques ne guérissent pas la maladie parodontale ; ils ne
traitement que l’infection associée ;
D’après de nombreuses études, les traitements mécaniques entraineraient une amélioration
clinique et une réduction du nombre de bactéries anaérobies.
Les antibiotiques ne représentent donc qu’un traitement de 2ème intention de la maladie
parodontale. Le Métronidazole semble être indiquée car il agit essentiellement sur les
bactéries anaérobies strictes et n’entraine pas de résistance acquise ; cependant, les
patients à traiter sont ceux qui ne répondent pas aux traitements mécaniques.
Pour être sûr de l’efficacité du traitement antibiotique, il faut :
- Disperser le biofilm car les antibiotiques y diffusent mal
- Réduire le nombre de bactéries pour prévenir l’effet inoculum et permettre une
concentration d’antibiotique suffisante au niveau de la poche
- Permettre une résolution de l’inflammation car les antibiotiques sont fixés par le s protéines
inflammatoires
- Réduire le nombre de bactéries non cibles

En conclusion, il ne faut prescrire les antibiotiques qu’en 2ème intention, après un traitement
mécanique de la maladie parodontale.
Par ailleurs, il faut savoir que la résistance acquise aux antibiotiques touche de plus en plus les
bactéries parodontales et est devenue un problème de santé publique. Donc, la prescription des
antibiotiques dans la maladie parodontale doit être une mesure bien réfléchie vue les conséquences
pour les malades et la flore.

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