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Ces dernières années, l’incidence des localisations primitives au tube digestif des lymphomes non hodg-
kiniens (LNH) a été rapportée en augmentation. Ces lymphomes primitifs du tube digestif (LPTD)
restent néanmoins rares en regard des tumeurs épithéliales du même site. Comme pour les lymphomes
ganglionnaires, grâce au développement de nouvelles techniques d’investigation, notamment la cyto-
génétique moléculaire et la biologie à grande échelle, une meilleure connaissance du tissu lymphoïde
annexé aux muqueuses (mucosa-associated lymphoid tissue [MALT]) qui leur donne naissance, a per-
mis d’individualiser pour le tube digestif différentes entités anatomocliniques. Chacune d’entre elles se
distingue par son pronostic et son traitement. Ces progrès ont permis une amélioration de la prise en
charge des patients et une approche thérapeutique plus rationnelle. Celles-ci sont généralement multi-
disciplinaires, de préférence assurées dans des centres qui s’intéressent plus particulièrement à ce type de
tumeurs digestives pour en faire bénéficier à la fois patients et recherche.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Hématologie 1
Volume 8 > n◦ 2 > mai 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(13)60050-3
13-018-A-10 Lymphomes du tube digestif
Certains facteurs prédisposants ont été incriminés [10] . Les ganglions mésentériques sont à l’interface du MALT et du
L’hyperplasie folliculaire extensive de l’intestin grêle peut se système immunitaire périphérique, avec souvent des follicules
compliquer d’un lymphome B [11] . Il s’agit de formes avec ou petits et inactifs, parfois une zone marginale proéminente et des
sans déficit en immunoglobulines. D’autres déficits immunitaires zones T peu développées.
peuvent se compliquer de LPTD [12] : déficit immunitaire lié au Les caractéristiques phénotypiques de ces différents éléments
chromosome X avec augmentation des immunoglobulines M se retrouveront dans leur contrepartie tumorale lymphomateuse
(IgM), syndrome de Wiskott-Aldrich et maladie de Waldmann. (Tableau 1) [28, 29] .
Des LNH extraganglionnaires digestifs ont été observés au cours
du syndrome immunodéficitaire acquis (sida) généralement à
un stade avancé de la maladie (dans 17 % des cas au niveau de Classifications des lymphomes primitifs
l’intestin grêle et dans 3,4 % au niveau du rectum) [13] . Leur pré- du tube digestif
valence a nettement baissé depuis l’avènement des trithérapies
antirétrovirales [5] . Des LPTD ont également été décrits chez des Au niveau du tube digestif, les LNH se développent à partir
malades antérieurement traités par radiothérapie, chimiothérapie du MALT, que celui-ci soit normalement présent (intestin grêle,
ou immunosuppresseurs notamment dans les maladies inflam- côlon) ou acquis au cours d’une infection chronique par H. pylori
matoires intestinales ou au décours des greffes d’organes [5, 12, 14–16] . (estomac). Les LPTD prennent leur origine à partir des lympho-
L’intervention du virus d’Epstein-Barr (EBV) est décrite au cours cytes B ou T. Les lymphomes B prédominent nettement (90 %) et
de ces lymphomes, comme aussi dans des lymphomes de Burkitt, les lymphomes T (10 %) sont plus rares, mais non moins intéres-
souvent de localisation intestinale ou mésentérique. Des cas sants sur le plan physiopathologique. En théorie « tout » LPTD
anecdotiques de formes familiales ont été rapportés. Le virus C provient du MALT. En pratique le terme de lymphome « de type
a été incriminé dans une étude italienne sur les lymphomes MALT » ou « du MALT » est réservé aux lymphomes B issus de la
gastriques, mais son rôle n’a jamais été confirmé [17] . zone marginale du MALT.
Ces dernières années, c’est surtout une bactérie, Helicobacter La plupart des types de lymphomes ganglionnaires, B ou
pylori (H. pylori), qui s’est vue impliquée dans la pathogénie du T, peuvent être observés dans le tube digestif, mais certains
lymphome gastrique de type MALT [18, 19] . Toutefois il a été démon- y sont particulièrement plus fréquents. Ils ont été répertoriés
tré que dans au moins 20 % de ces lymphomes gastriques le lien par PG Isaacson et classés selon les différentes entités anato-
avec H. pylori n’a pas été retrouvé [20–22] . Une autre bactérie, Heli- mocliniques [28] ; on les retrouve désormais dans la classification
cobacter heilmannii, a été mise en cause dans de très rares cas. Il est générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des LNH,
probable enfin que d’autres facteurs liés à l’hôte ou alimentaires, qui tient compte des formes extraganglionnaires, en particulier
voire environnementaux interviennent dans la pathogénie de ces digestives (Tableau 2) [30] .
lymphomes.
La maladie cœliaque de l’adulte et les lésions intestinales
analogues au cours de la dermatite herpétiforme peuvent se Lymphomes B
compliquer de lymphomes T du grêle [23] . Certains lymphomes T
intestinaux sont associés à des stigmates d’infection par le virus Différentes entités anatomocliniques (Tableau 1)
HTLV-1 (human T-cell lymphotropic virus), mais plus fréquemment
au Japon, aux Caraïbes ou en Afrique noire qu’en Europe. Lymphomes de la zone marginale du MALT dits
« de faible malignité »
Ils sont essentiellement gastriques (Fig. 1) et précédés par, ou
Anatomopathologie associés à, une infection à H. pylori [18, 29] . Plus rarement ils sont de
siège intestinal (5 % des LNH intestinaux).
du MALT — Classifications Ce sont eux que l’on désigne couramment par « lymphomes
de type MALT » ou « lymphomes du MALT » décrits par PG Isaac-
Tissu lymphoïde associé aux muqueuses son [28, 31] . Actuellement, ceux-ci se définissent, selon la nouvelle
(MALT) [24] classification générale des lymphomes OMS de 2008, comme des
lymphomes extraganglionnaires de la zone marginale du MALT
Le tissu lymphoïde gastro-intestinal présente une organisa- dont ils sont issus [30, 32] . Ce sont des lymphomes de faible degré de
tion différente de celle rencontrée dans les ganglions ou la rate. malignité, d’évolution indolente, généralement localisés et pou-
Il appartient au groupe des MALT. Le MALT comporte quatre vant disséminer voire se transformer en lymphomes de haut degré
compartiments : les plaques de Peyer, prédominant dans l’iléon et de malignité lorsqu’il apparaît un ou plusieurs contingents de
les follicules lymphoïdes isolés ; l’infiltrat lymphoplasmocytaire grandes cellules B lymphomateuses.
de la lamina propria ; les lymphocytes T intraépithéliaux (LIE) ; et
les ganglions mésentériques [25–27] . Caractères histologiques
Les plaques de Peyer, ou leur équivalent, comportent un folli- Leurs caractères histologiques sont stéréotypés, associant une
cule lymphoïde, avec un centre germinatif et un manteau, entouré infiltration du chorion par des cellules lymphoïdes de petite
d’une zone marginale, surmontée par l’épithélium du dôme, taille, des lésions lymphoépithéliales (LLE) et une hyperplasie
comportant les cellules M, pénétré de cellules B, réalisant une lymphoïde folliculaire (Fig. 2) :
structure lymphoépithéliale, caractéristique du MALT. Le centre • la muqueuse contient une population cellulaire lymphoïde
germinatif est constitué de cellules B (centroblastes et centrocytes) dense, faite de cellules de petite ou de moyenne taille, les
et de cellules folliculaires dendritiques, le manteau de cellules cen- plus caractéristiques prenant l’aspect de centrocytes et appe-
trocytiques et la zone marginale de cellules centrocyte-like. Une lées « centrocyte-like » ; elles sont plus rarement monocytoïdes
zone T, équivalente de la zone paracorticale des ganglions lym- ou d’aspect lymphocytaire. Les plasmocytes, souvent pré-
phoïdes, est présente en profondeur, vers la musculaire muqueuse sents dans la zone superficielle du chorion, sont le plus
et comporte des veinules postcapillaires. souvent réactionnels, polytypiques, parfois monotypiques,
La lamina propria héberge une population hétérogène de plas- exprimant la même chaîne légère d’immunoglobuline que
mocytes (IgA prédominants), de cellules B (CD20+) et T (pour leur la prolifération lymphoïde à petites cellules, traduisant dans
majorité CD3+, CD4+, TCR␣) macrophages et cellules présenta- ce cas une différenciation plasmocytaire de la prolifération
trices d’antigènes. tumorale ;
La population lymphocytaire T intraépithéliale (10 à 20 cellules • la caractéristique morphologique de ce lymphome est la pré-
pour 100 cellules épithéliales) diffuse dans tout le tube digestif, est sence constante de lésions LLE définies par une infiltration et
essentiellement constituée de lymphocytes T cytotoxiques, CD3+, une destruction de l’épithélium des glandes et/ou des cryptes
CD8+, CD103+ (HML-1) associés à un petit nombre d’autres par les cellules lymphoïdes de la prolifération ;
cellules de phénotypes différents, y compris des cellules CD8+, • l’hyperplasie folliculaire lymphoïde (HFL) associée est cons-
TCR␥␦+. tante, facile à reconnaître quand les centres germinatifs sont
2 EMC - Hématologie
EMC - Hématologie
Tableau 1.
Les lymphomes B gastro-intestinaux : schémas de présentation anatomoclinique, pronostic et traitement.
Types Origine dans le Caractéristiques Siège Traitements Pronostic
Appellation courante MALT histologiques
Morphologie Immunohistochimie Biologie Estomac Intestins Disséminé Rémission Survie à 5 ans
cellulaire des cellules B (CD20+) moléculaire Sur le TD
De la zone marginale Zone marginale Petites cellules CD10− t(11;18) +++ + ±0 Éradication Hp 58 à 100 % 90 à 100 %
du MALT « centrocyte-like » CD5− t(1;14) (estomac)
± RT
± immuno-CT
ou abstention
Diffus grandes Type « centre Grandes cellules +++ +++ 0 Immuno-CT 70 à 100 % 70 à 100 %
cellules B germinatif » ou type centroblastiques
« cellules activées » immunoblastiques
Des cellules du Zone du manteau Petites cellules CD5+ t(11;14) 31 % 59 %
manteau centrocytiques CD10− 75 % si greffe
IgM+
IgD+ + +++ +++ Immuno-CT
Cycline D1 + ±
intensification
avec
autogreffe
cellules souches
Burkitt ou type Centre germinatif Moyennes cellules Ki67 > 99 % C-myc Immuno-CT ND ND
Burkitt t(8;14)
CD10± t(2;8)
EBER± t(8;22) 0 +++ +
Folliculaire Centre germinatif Centrocytiques– CD10+ t(14;18) ± +++ + Abstention ND ND
CT : chimiothérapie ; EBER : Epstein Barr virus-encoded RNA ; Hp : Helicobacter pylori ; Ig : immunoglobuline ; ND : résultats non disponibles du fait de la rareté de ces lymphomes ; RT : radiothérapie ; TD : tube digestif.
3
13-018-A-10 Lymphomes du tube digestif
Tableau 2.
Différents types de lymphomes gastro-intestinaux selon la classification
OMS [30] .
Lymphomes B
extraganglionnaire de la zone marginale du MALT
maladie des chaînes alpha (variante de lymphomes de MALT)
diffus à grandes cellules B
des cellules du manteau
de Burkitt
folliculaire
Lymphomes T
liés ou non à une entéropathie de type intestinal (avec ou sans
atrophie villositaire) de faible et surtout haut degré de malignité
4 EMC - Hématologie
Lymphomes du tube digestif 13-018-A-10
Lymphomes folliculaires
Vraisemblablement parce qu’il est mieux identifié actuelle-
ment, le lymphome folliculaire primitif du tube digestif n’est
pas aussi rare qu’on le pensait naguère (4 % des lymphomes
intestinaux) [39–41] . De siège préférentiellement intestinal (duo-
dénal ou iléal) et localisé, il peut être disséminé sur le tube
digestif avec également une atteinte médullaire. Il possède les
mêmes caractéristiques morphologiques et IHC que les lym-
phomes ganglionnaires équivalents. L’aspect macroscopique est
variable allant de l’infiltration sténosante, exophytique, à des
nodules blanchâtres ou un aspect polypoïde [38] . Il se développe
à partir des cellules normalement présentes dans un centre germi-
natif, petites ou moyennes, centrocytiques et cellules blastiques
en proportions variées, déterminant le degré de malignité et le pro-
nostic. Les cellules tumorales expriment CD20, CD10, Bcl-2, Bcl-6
et sont négatives pour CD5, CD23 et cycline D1. Ces lymphomes
folliculaires sont associés à une translocation t(14;18)(q32;q21),
impliquant le gène Bcl-2. Cette translocation est détectable par
FISH sur des coupes en paraffine.
Figure 5. Polypose lymphomateuse intestinale. Aspect macroscopique
de lésions polypoïdes sur une pièce opératoire d’intestin grêle (cliché du
Lymphomes de Burkitt et de type Burkitt
Dr Fabiani, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Les lymphomes de Burkitt, endémiques ou sporadiques peuvent
être observés typiquement dans la région iléocæcale chez l’enfant
ou l’adulte jeune [42] . Il s’agit de tumeurs ou d’ulcérations, sté-
nosantes ou non. Leurs caractères histologiques et IHC sont
caractères IHC sont les mêmes que ceux des lymphomes de type
identiques à ceux des lymphomes de même type de localisation
MALT à petites cellules. On distingue artificiellement deux types
ganglionnaire : infiltration monotone par des cellules de taille
de lymphomes à grandes cellules B : transformé et de novo. On
moyenne dont les noyaux contiennent plusieurs nucléoles cen-
considère que l’on a affaire à la transformation probable d’un
traux, associées à de nombreux macrophages à corps tingibles
lymphome de la zone marginale du MALT lorsqu’il est mis en
responsables de l’aspect caractéristique en ciel étoilé. Les cellules
évidence un contingent lymphomateux à petites cellules, avec
tumorales expriment une IgM, CD20, CD10 et n’expriment pas
ses LLE caractéristiques. Dans le cas contraire, on considère qu’il
Bcl-2 ; l’indice de prolifération (Ki67) est très élevé, proche de
s’agit d’un lymphome à grandes cellules B développé de novo dans
100 %. On retrouve un réarrangement clonal du gène de la chaîne
le tractus digestif et classé, selon la classification OMS, en lym-
lourde des immunoglobulines et une translocation impliquant
phome diffus à grandes cellules B. La distinction entre ces deux
l’oncogène c-myc et les chaînes lourdes t(8 ;14) ou plus rarement
formes est parfois difficile à établir et ne semble avoir d’intérêt ni
les chaînes légères d’immunoglobulines : t(2;8) ou t (8;22).
thérapeutique ni pronostique.
EMC - Hématologie 5
13-018-A-10 Lymphomes du tube digestif
6 EMC - Hématologie
Lymphomes du tube digestif 13-018-A-10
Tableau 3. Tableau 4.
Bilan à pratiquer lors de la découverte d’un lymphome gastro-intestinal. Stades cliniques selon les « classifications » d’usage : stades cliniques des
lymphomes non hodgkiniens. Classification de Ann-Arbor modifiée par
Examen clinique Âge, poids, taille, index d’activité OMS
Musshoff pour le tube digestif [64] .
Adénopathies superficielles, foie, rate, ORL
Signes généraux Stade IE Atteinte d’un ou plusieurs sites du tube digestif sans
atteinte ganglionnaire
Sang Hémogramme, biologie hépatique,
électrophorèse ± immunofixation des Stade IIE Atteinte d’un ou plusieurs sites du tube digestif et des
protides, LDH, bêta-2-microglobuline ganglions régionaux sans atteinte extra-abdominale
Sérologies du VIH et des hépatites virales Modification de Musshoff :
a
Phénotypage lymphocytaire (recherche stade IIIE = atteinte des seuls ganglions contigus
d’une sous-population lymphoïde B stade II2E = atteinte des ganglions régionaux non
monotypique) contigus.
Tube digestif Œso-gastroduodénoscopie, iléocoloscopie a
Stade IIIE Atteinte localisée du tube digestif associée à une
a
Transit du grêle, voire entéroscopie atteinte ganglionnaire de part et d’autre du diaphragme
a
Échoendoscopie (estomac)
Stade IV Atteinte d’un ou plusieurs organes extraganglionnaires
a
Autres investigations TDM abdominopelvienne et thoracique et/ou extra-abdominale avec ou sans atteinte
a
PET scan ganglionnaire associée
a
Fibroscopie et/ou TDM du cavum
a
a
Biopsie ostéomédullaire stade généralement non rencontré dans les lymphomes digestifs.
a
LCS avec étude par cytocentrifugation (si
haute malignité, disséminé ou Burkitt)
a
ECG avant anthracyclines avec atteinte ganglionnaire à distance ou viscérale associée, notam-
échocardiographie ou fraction d’éjection ment au niveau des organes du MALT (Tableau 3) [46, 47, 49, 54, 55] .
isotopique Il doit comprendre la recherche d’une atteinte ganglionnaire
périphérique et abdominale ou thoracique (tomodensitométrie
ECG : électrocardiogramme ; LCS : liquide cérébrospinal ; LDH : lactodéshydro- [TDM]). Une atteinte du reste du tube digestif est systématique-
génase ; OMS : Organisation mondiale de la santé ; ORL : otorhinolaryngologie ; ment recherchée par endoscopie digestive haute et basse avec
PET : positon emission tomography ; TDM : tomodensitométrie ; VIH : virus de
l’immunodéficience humaine. biopsies de toute anomalie suspecte et systématiques dans l’iléon.
a
optionnel selon le type histologique du lymphome ou sa localisation. Un examen ORL pourra être complété par une TDM du cavum
et/ou une endoscopie. Une biopsie médullaire est recommandée.
L’indication du PET (positon emission tomography) scan varie en
immunohistochimique qui permet de redresser le diagnostic. fonction du sous-type histologique : elle est obligatoire dans les
Parmi ces lymphomes à grandes cellules B il faut savoir distinguer lymphomes à grandes cellules dits de haut degré de malignité
les lymphomes diffus à grandes cellules B, les plus fréquents, des ou agressifs, recommandée dans les lymphomes folliculaires et
lymphomes du manteau blastiques ou de type Burkitt. Un dernier optionnelle dans les autres lymphomes indolents [56–58] .
problème diagnostique est celui posé par la possibilité de coexis- L’échoendoscopie de l’estomac, mieux que la tomo-
tence d’un contingent à grandes cellules dans les lymphomes densitométrie, permet de préciser l’infiltration de la paroi par
gastriques à petites cellules B de la zone marginale du MALT [52, 53] . le lymphome et a une valeur pronostique. Au niveau gastrique,
L’échantillonnage et le caractère superficiel des biopsies endo- l’échoendoscopie apprécie mieux que la tomodensitométrie
scopiques peuvent expliquer la difficulté du diagnostic avec un l’extension pariétale (sensibilité et spécificité : 80 et 100 %) et le
lymphome à grandes cellules. Aussi le caractère volumineux d’une caractère pathologique des ganglions (sensibilité et spécificité :
lésion gastrique (gros ulcère, forme végétante, infiltration pro- 100 et 70 %) [22] . Il s’agit donc d’un examen utile pour le bilan
fonde à l’échoendoscopie) ou une progression rapide de la masse initial du lymphome gastrique [22, 59–61] .
tumorale doivent faire craindre une transformation en lymphome L’échoendoscopie faite au diagnostic a aussi une valeur pronos-
de haute malignité [47] . Le risque de sous-évaluer le degré de mali- tique et prédictive de la réponse du lymphome à l’éradication de
gnité du lymphome existe théoriquement, mais il est en fait très H. pylori [22, 59, 61–63] , mais elle est souvent inutile pour le suivi.
faible dans notre expérience si les biopsies sont nombreuses. Il Au terme de ce bilan, le LPTD peut être alors classé en
ne faut pas hésiter à demander un avis avec relecture des lames quatre stades selon la classification de Ann-Arbor modifiée par
auprès d’anatomopathologistes habitués à cette pathologie faisant Musshoff pour le tube digestif (Tableau 4) [64] . Cette classification
bien souvent partie de comités de relecture dans le domaine des a pour but de distinguer les lymphomes locorégionaux avec au
lymphomes. plus une atteinte de ganglions paratumoraux (stades IE et II1E)
des formes plus disséminées (stades II2E, IIIE et IV) de moins bon
pronostic. D’autres classifications mieux adaptées au tube digestif
et surtout à l’estomac sont aussi utilisées, comme celle du groupe
Bilan d’extension et stade clinique d’étude des lymphomes gastro-intestinaux européen (European
Certains examens biochimiques, hématologiques et immunolo- Gastro-Intestinal Lymphoma Study [EGILS]), « Paris staging system »,
giques de routine sont systématiques (Tableau 3) ; leur importance qui s’inspire de la classification TNM (tumor-node-metastasis) [65]
varie selon le type de LPTD. Pour les lymphomes à grandes cel- (Tableau 5).
lules le taux sérique des lactodéshydrogénase (LDH) a une valeur Les explorations paracliniques nécessaires à l’appréciation de
pronostique essentielle, signant une masse tumorale importante. l’état nutritionnel et au dépistage d’insuffisances viscérales (état
Il est en fait rarement élevé dans les lymphomes gastro- rénal et cardiaque en particulier), qui peuvent modifier les indi-
intestinaux [46] . Une sérologie du virus de l’immunodéficience cations thérapeutiques, compléteront le bilan préthérapeutique.
humaine (VIH) doit être faite systématiquement pour éliminer
un syndrome d’immunodéficience associé.
Les LPTD sont dans plus de 70 % des cas, tous types histo- Pronostic et traitement
logiques confondus, localisés lors de leur découverte. En fait la
présentation initiale dépend du type histologique (Tableau 2) : ce
Lymphomes de la zone marginale du MALT
sont les lymphomes gastriques de la zone marginale du MALT et Il s’agit essentiellement de lymphomes gastriques, en règle loca-
les LPTD diffus à grandes cellules B ou de type Burkitt qui se pré- lisés (96 %). Dans près de 80 % des lymphomes gastriques de la
sentent généralement localisés au diagnostic ; les autres formes zone marginale du MALT, le lien avec une infection chronique
histologiques, le plus souvent intestinales, sont bien souvent dis- à H. pylori a été établi. Cela a amené à proposer en premier
séminées d’emblée. Le bilan d’extension doit néanmoins être traitement une antibiothérapie à visée d’éradication de la bac-
systématique pour tout type de lymphome à la recherche d’une térie, et ce même si le statut H. pylori est négatif (histologie et
EMC - Hématologie 7
13-018-A-10 Lymphomes du tube digestif
Surveillance endoscopique
24 mois
j0
j45 4 mois 8 mois 12 mois 18 mois
t(11;18)
Lymphome
gastrique
+
Complication : ulcère persistant Non-
répondeurs
Radiothérapie
Éradication de H. pylori
Helitest
8 EMC - Hématologie
Lymphomes du tube digestif 13-018-A-10
radiothérapie exclusive en cas d’échec du traitement antibiotique Chez le sujet jeune atteint d’un lymphome à masse tumorale
donne de très bons résultats sans effets secondaires à long terme. importante et disséminée (stade IV), éventualité rare dans les LNH
Les premiers résultats publiés concernent des effectifs limités, avec digestifs, il convient de discuter une intensification de la chimio-
un taux réponse entre 93 et 100 % et une survie globale de 96 thérapie sous couvert d’une autogreffe de cellules souches.
à 100 % pour une médiane de suivi entre 3,3 et 7,2 ans [73–76] . Dans les formes intestinales, la chirurgie est parfois nécessaire
Les doses habituellement recommandées en radiothérapie confor- dans un but diagnostique ou pour traiter une complica-
mationnelle sont de 30 Gy en fractionnement classique (1,8 à tion inaugurale. Dans ces cas, la chirurgie première est
2 Gy/séance et cinq séances par semaine) sur le volume gastrique suivie d’une chimiothérapie adjuvante (quatre cures de
et les aires ganglionnaires périgastriques. La radiothérapie est R-CHOP) [46, 85] .
efficace en cas d’échec du traitement antibiotique et à ce jour
aucune complication à distance n’a été rapportée avec de faibles Lymphomes à cellules du manteau
doses [73, 76–78] .
Ils sont caractérisés par une chimiorésistance relative et une
Chimiothérapie et immunothérapie. La chimiothérapie a
évolution péjorative après chimiothérapie à doses convention-
été évaluée (essentiellement dans de petites séries de phase II)
nelles. Actuellement, les sujets les plus jeunes (moins de 60 à
surtout pour les lymphomes du MALT extraganglionnaires géné-
65 ans) relèvent d’une approche thérapeutique intensive, mieux
ralement disséminés, plus rarement pour les lymphomes localisés
gérée dans les services d’hématologie. En effet, l’utilisation de
comme le sont la plupart des lymphomes gastriques. Une étude
cytarabine (Aracytine®) à fortes doses dans la polychimiothéra-
avec monochimiothérapie orale par un agent alkylant (moins
pie initiale et la réalisation d’une intensification avec autogreffe
de 20 patients) rapporte des taux de rémission complète plus
de cellules souches hématopoïétiques en première rémission
importants dans les cas où la translocation t(11;18) est absente :
permettent de prolonger de façon significative la durée de la rémis-
89 versus 42 % [79] . Quand la translocation t(11;18) est présente,
sion avec une probabilité de survie à cinq ans de 59 à 75 %. Le
l’association de rituximab (anticorps anti-CD20) et de chlorambu-
rituximab est associé à la chimiothérapie dans le cadre de ces
cil a donné 100 % de rémissions dans une série de 13 cas, localisés
traitements intensifs [35, 36] .
ou non, mais avec un recul encore trop court (24 mois) compte
Chez les sujets âgés de plus de 65 ans et moins de 80 ans, un
tenu de l’histoire naturelle de l’affection [80] . D’autres associations
traitement par R-CHOP avec entretien par rituximab pendant au
de chimiothérapies testées ne semblent pas opportunes du fait
moins deux ans est la recommandation actuelle [86] .
de leur toxicité, en regard du caractère indolent de ce type de
lymphome [66] .
Bien que certains auteurs proposent la chimiothérapie dans des Lymphomes folliculaires
cas localisés, elle est plutôt envisagée pour les cas de lymphomes À l’instar des formes ganglionnaires des lymphomes follicu-
du MALT disséminés. Certaines complications des chimiothéra- laires, l’abstention thérapeutique initiale est justifiée dans les
pies dans les lymphomes indolents ont été rapportées dans leur formes asymptomatiques, de faible masse tumorale, quel que
suivi à long terme [81] . soit l’âge du patient. Lorsqu’un traitement devient nécessaire
Un essai thérapeutique européen de phase III prospectif, spéci- (formes symptomatiques et/ou critères de forte masse tumorale),
fique aux lymphomes extraganglionnaires de la zone marginale le traitement de référence repose sur l’association d’une chi-
du MALT de toute localisation, localisés ou disséminés, a récem- miothérapie CHOP associée au rituximab, avec un traitement
ment démontré une supériorité en termes de réponse et de survie d’entretien par rituximab durant deux ans. Les modalités de ce
sans événement d’un traitement associant le rituximab et le chlo- traitement d’entretien sont diverses. La forme la plus utilisée est
rambucil (RClb+ ) par rapport au chlorambucil (Clb) seul (Zucca E. une injection à la dose de 375 mg/m2 tous les deux mois durant
10th ICML, Lugano 2011). Les résultats de la comparaison avec le deux ans [87] . Dans les formes les plus graves du sujet jeune, la réa-
rituximab seul sont en cours d’évaluation. lisation précoce en première rémission d’une intensification avec
Dans tous les cas, il est recommandé de surveiller l’estomac autogreffe de cellules souches hématopoïétiques (habituellement
après traitement car des cas d’adénocarcinome gastrique ont été réalisée en seconde ou en troisième intention) n’a jusqu’à pré-
signalés au cours du suivi des lymphomes guéris [2, 72, 82, 83] . sent pas montré sa supériorité sur une approche thérapeutique
conventionnelle.
Lymphomes digestifs du MALT non gastriques
À la différence des lymphomes du MALT de localisation gas- Lymphomes de Burkitt
trique, la prise en charge thérapeutique des lymphomes du MALT L’utilisation de chimiothérapies intensives incluant un trai-
localisés aux autres segments du tube digestif, de plus extrê- tement intrathécal prophylactique (pratiquées dans les services
mement rares, ne fait l’objet d’aucun consensus. L’abstention d’hématologie spécialisés), adaptées aux facteurs pronostiques
thérapeutique de ces formes indolentes peut se justifier dans les initiaux permet d’obtenir un taux de guérison élevé. Elles
formes apparemment localisées. Dans les autres cas, il n’existe comprennent une anthracycline, du cyclophosphamide, du
aucun argument qui étaye la supériorité d’une polychimiothéra- méthotrexate à fortes doses et de la cytarabine. Si le diagnostic
pie (de type CHOP [doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, est établi en dehors d’une complication qui requiert un acte chi-
prednisone] par exemple, pour les masses tumorales importantes) rurgical immédiat, il n’y a aucune place pour la chirurgie initiale
sur une monochimiothérapie orale par un agent alkylant (chlo- dans le traitement. La chimiothérapie première est une urgence
rambucil ou cyclophosphamide) associée au rituximab. Aucun thérapeutique [42] .
essai sur la radiothérapie des lymphomes intestinaux n’est envi-
sageable.
Lymphomes T
Lymphomes diffus à grandes cellules B Les lymphomes digestifs de phénotype T sont très rares et repré-
La chimiothérapie associant le rituximab au CHOP est le trai- sentent moins de 5 % de l’ensemble des LNH primitifs du tube
tement de référence pour ces formes chimiosensibles. En effet, digestif. Ils siègent presque tous au niveau de l’intestin grêle,
il a été démontré dans plusieurs études sur les lymphomes principalement jéjunum (80 %), mais ils demeurent moins fré-
ganglionnaires (mais jamais dans des études portant sur les lym- quents que les lymphomes B dans cette localisation. Les atteintes
phomes gastriques seuls) que l’association du rituximab à la gastriques et coliques sont rares (10 %).
chimiothérapie conventionnelle (protocole « R-CHOP ») permet Les lymphomes T intestinaux sont bien individualisés en tant
d’obtenir des taux de réponse et une survie supérieure au CHOP qu’entité spécifique dans la classification proposée par Isaacson
seul [84] . pour les lymphomes digestifs et dans la classification OMS.
L’éradication de H. pylori est systématique en vue de traiter À côté des lymphomes T associés aux entéropathies, en par-
l’éventuelle prolifération à petites cellules de type MALT parfois ticulier ceux associés à la maladie cœliaque, on distingue les
associée. localisations intestinales des lymphomes T viro-induits (liés à
EMC - Hématologie 9
13-018-A-10 Lymphomes du tube digestif
HTLV-1 ou à EBV comme les lymphomes de type nasal T ou NK T), Lymphomes T intestinaux sans entéropathie
les lymphomes liés aux déficits immunitaires, ou des lymphomes
T CD4+ du chorion [23, 88] . associée
Dans un certain nombre de cas, des lymphomes T intestinaux
Lymphomes T intestinaux associés ayant un aspect morphologique superposable à celui des lym-
phomes associés à une entéropathie (lymphome T pléomorphe à
à une entéropathie cellules moyennes ou grandes, voire anaplasiques) peuvent sur-
venir en l’absence d’entéropathie associée. Ces lymphomes sont
Les premiers cas de lymphomes T intestinaux décrits ont été
généralement unifocaux et auraient une évolution un peu plus
les lymphomes du grêle associés à une entéropathie d’où la
favorable.
dénomination « enteropathy-associated T-cell lymphoma » (EATL).
Un autre type rare de lymphome T est caractérisé par une impor-
L’entéropathie est le plus souvent une atrophie villositaire
tante réaction éosinophilique. L’atteinte lymphomateuse peut
identique à celle de la maladie cœliaque ou de la dermatite her-
être multifocale, avec des tumeurs parfois ulcérées, voire nécro-
pétiforme et aussi d’autres entéropathies comme les jéjuno-iléites
sées, éventuellement révélées par une perforation digestive. Les
ulcéreuses non spécifiques. Les complications lymphomateuses de
cellules tumorales sont souvent peu nombreuses, rendant le diag-
la maladie cœliaque sont rares, inférieures à 3/100 000 habitants
nostic difficile. L’aspect cytologique est polymorphe avec présence
par an, mais graves.
de cellules de grande taille, parfois multinucléées, ressemblant à
Dans le cadre du suivi des maladies cœliaques réfractaires
des cellules de Sternberg. Le recrutement des polynucléaires à éosi-
(sprues réfractaires) au régime sans gluten, les travaux de l’équipe
nophiles est vraisemblablement secondaire à la sécrétion par les
du Pr C. Cellier ont mis en évidence la sprue réfractaire clonale dite
cellules tumorales de cytokines telles que l’interleukine 5 (IL-5) ou
encore de type II (SR II), par opposition au type I qui est non clo-
le granulocyte macrophage-colony stimulating factor (GM-CSF).
nal. La SR II est considérée comme un lymphome de faible degré de
Enfin, ont été décrites d’exceptionnelles observations
malignité, intraépithélial, associé à la maladie cœliaque et carac-
d’infiltration diffuse du chorion de l’intestin grêle par des
térisée par une expansion de petits LIE de phénotype anormal
lymphocytes T CD4+ de petite taille et fréquemment associées
(absence de récepteur T, CD3s−, CD8− , CD103 + ) [23, 89] . Elle se
à des granulomes tuberculoïdes, responsable d’un tableau de
complique de lymphome T de haut degré de malignité dans 30 à
malabsorption sans maladie cœliaque, d’évolution lente.
50 % des cas à cinq ans et son pronostic est sombre avec moins de
45 % des patients en vie cinq ans après le diagnostic [90] . Le diag-
nostic de la SR II est difficile et nécessite notamment des études
immunohistochimiques, phénotypiques et de biologie molécu-
laire (PCR Multiplex) très spécialisées. Issus de l’intestin grêle
proximal, les LIE anormaux de la sprue réfractaire peuvent se pro-
pager à l’ensemble du tube digestif (grêle distal, estomac, côlon),
circuler dans le sang et se localiser dans la moelle osseuse, et enva-
“ Points essentiels
hir divers épithéliums comme la peau, les poumons, les sinus,
du fait de leur épithéliotropisme. Le mauvais pronostic est lié à Lymphomes gastriques du MALT
l’absence de traitement efficace. Les corticoïdes et les immunosup- • Le lymphome gastrique du MALT est principalement lié
presseurs n’ont qu’un effet thérapeutique partiel et provisoire [90] . à une infection chronique à H. pylori.
Des nouvelles stratégies thérapeutiques pour les SR II sont à l’étude • C’est un lymphome d’évolution indolente, générale-
pour tenter de guérir les patients et de prévenir l’apparition de ment localisé, qui peut à un stade précoce régresser après
lymphomes T de haut degré de malignité (EATL). éradication effective de la bactérie.
Les lymphomes T de haut degré de malignité (EATL) sont rares • 80 % des lymphomes gastriques du MALT régressent
(incidence évaluée entre 0,22 et 1,9/100 000 habitants) [91] , mais si leur extension initiale n’est que pariétale à
de pronostic extrêmement sombre avec une survie ne dépas- l’échoendoscopie, leur statut H. pylori est positif et la
sant pas 20 % cinq ans après le diagnostic. L’EATL peut être
translocation t(11;18) n’est pas détectée dans les cellules
diagnostiqué au cours d’une urgence chirurgicale et révéler la
lymphomateuses.
maladie cœliaque. À l’inverse, lorsque la maladie cœliaque est
• En l’absence de lésions ulcérées ou de progression à
connue, le lymphome doit être recherché devant une résistance
au régime sans gluten et son diagnostic peut être difficile. Il repose l’endoscopie gastrique, la surveillance dans l’espoir de voir
actuellement sur l’entéroscopie, la tomodensitométrie thoracoab- régresser le lymphome après éradication de H. pylori doit
dominale, le PET scan, voire la laparotomie et/ou laparoscopie être au moins de deux ans, voire au-delà, avant de propo-
exploratrices. Dans la majorité des cas, l’atteinte lymphomateuse ser un traitement alternatif oncologique.
prédomine au niveau du jéjunum et est multifocale, associée • Après guérison du lymphome, la surveillance endosco-
ou non à des adénopathies mésentériques. Sur le plan histolo- pique de l’estomac est mal codifiée mais essentielle : moins
gique, il s’agit généralement d’un lymphome de haute malignité, pour dépister les rechutes exceptionnelles que pour le
le plus souvent pléomorphe à grandes cellules, parfois à cel- risque de survenue d’adénocarcinome gastrique, plus fré-
lules moyennes ou immunoblastiques, associé à une phagocytose
quent sur ce terrain.
et parfois des polynucléaires éosinophiles. Des cellules tumo-
rales peuvent être observées dans l’épithélium de la muqueuse Lymphomes intestinaux
atrophique apparemment non tumorale, reflétant leur épithélio-
• Les plus fréquents sont les lymphomes diffus à grandes
tropisme. Elles expriment un phénotype particulier qui suggère cellules B.
leur filiation avec les lymphocytes T intestinaux intraépithéliaux. • Parmi les lymphomes intestinaux à petites cellules B,
Elles sont le plus souvent CD7+, CD3±, CD5−, CD4−, C8− ou comme dans les lymphomes ganglionnaires, il existe une
CD8+ (dans ce cas CD56 + ) et surtout expriment l’antigène CD103 grande variété d’entités anatomocliniques qu’il est impor-
(HML1) qui caractérise les différentes sous-populations normales tant de bien savoir reconnaître, leur pronostic et leur
des lymphocytes T intraépithéliaux [92] . Elles peuvent exprimer traitement étant différents : l’immunohistochimie joue un
aussi les protéines TIA-1, perforine ou granzyme B associées aux rôle essentiel dans le diagnostic différentiel.
cellules T cytotoxiques activées. Un réarrangement clonal du • La prise en charge de ces lymphomes nécessite une
TCR␥ est toujours présent. Dans tous les cas il existe à distance
du lymphome un contingent cellulaire T intraépithélial de mor- collaboration étroite multidisciplinaire notamment entre
phologie normale mais de même clonalité et phénotype que celui gastroentérologues, hématologues, chirurgiens et patho-
du lymphome. logistes. Du fait de leur rareté, elle est optimale dans les
L’évolution de ces lymphomes T est globalement péjorative centres spécialisés.
caractérisée par la très grande fréquence des rechutes locales.
10 EMC - Hématologie
Lymphomes du tube digestif 13-018-A-10
Stratégies thérapeutiques [14] Heise W, Arasteh K, Mostertz P, Skorde J, Schmidt W, Obst C, et al.
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lymphomes B est maintenant bien établi conduisant à élaborer [15] Bergeron V, Vienne A, Sokol H, Seksik P, Nion-Larmurier I,
des stratégies thérapeutiques alternes à celles des lymphomes [93] . Ruskone-Fourmestraux A, et al. Risk factors for neoplasia in inflam-
Dans les formes intestinales la chirurgie est parfois nécessaire matory bowel disease patients with pancolitis. Am J Gastroenterol
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Actuellement, les lymphomes à grandes cellules relèvent d’une [16] Sokol H, Beaugerie L, Maynadie M, Laharie D, Dupas JL, Flou-
chimiothérapie dont les meilleures modalités restent à définir, rie B, et al. Excess primary intestinal lymphoproliferative disorders
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différents. Leur origine dans le MALT digestif leur confère cepen- [22] Ruskone-Fourmestraux A, Lavergne A, Aegerter PH, Megraud F,
dant des caractéristiques différentes liées à une lymphomagenèse Palazzo L, de Mascarel A, et al. Predictive factors for regression of
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nouvelles hypothèses. [23] Cellier C, Delabesse E, Helmer C, Patey N, Matuchansky C, Jabri
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Service d’anatomopathologie, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, 182, rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Ruskoné-Fourmestraux A, Thieblemont C, Fabiani B. Lymphomes du tube digestif. EMC - Hématologie
2013;8(2):1-13 [Article 13-018-A-10].
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