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Lymphomes gastro-intestinaux
A. Ruskoné-Fourmestraux, B. Fabiani, G. Malamut

Résumé : Ces dernières années l’incidence des localisations primitives au tube digestif des lymphomes
non hodgkiniens (LNH) a augmenté. Ces lymphomes gastro-intestinaux (LGI) restent néanmoins rares
en regard des tumeurs épithéliales du même site. Grâce à une meilleure connaissance du tissu lymphoïde
annexé aux muqueuses (MALT) qui leur donne naissance, et au développement de nouvelles techniques
d’investigation notamment de la cytogénétique, la FISH (hybridation in situ) ou la recherche de mutations
de gènes, il est possible d’individualiser différentes entités anatomocliniques. Chacune d’entre elles se
distingue par son pronostic et son traitement. Ces progrès ont permis une amélioration de la prise en
charge des patients et une approche thérapeutique plus rationnelle, généralement multidisciplinaire dans
des centres d’expertise.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Lymphome non hodgkinien ; Estomac ; Intestin ; MALT ; Diagnostic ; Traitement

Plan
 Épidémiologie - Facteurs
■ Introduction 1 prédisposants
■ Épidémiologie - Facteurs prédisposants 1
Les localisations digestives représentent 12,5 % de l’ensemble
■ Anatomie pathologique du MALT - Classifications 2 des LNH et sont les plus fréquentes des formes extra-
Tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT) 2 ganglionnaires (36 %). Dans les pays occidentaux, les localisations
Classifications des lymphomes primitifs gastro-intestinaux 2 gastriques sont les plus fréquentes, suivies de celles du grêle et du
■ Lymphomes B 2 colo-rectum. Le LGI demeure une affection rare puisqu’il ne repré-
Présentation au moment du diagnostic 2 sente que 3 % des tumeurs malignes de l’estomac, moins de 1 %
Bilan et stade clinique 2 de celles du côlon et du rectum, mais 12,5 à 18 % des tumeurs
Différentes entités anatomocliniques : diagnostic et traitement 2 malignes du grêle.
■ Lymphomes T 8 Les résultats des études épidémiologiques varient selon les zones

géographiques ou les populations adultes ou enfants considé-
Conclusion 8
rées [1, 2] . Ainsi les incidences rapportées varient de 0,58 à 1,31
sur 100 000 habitants.
Des LGI ont été observés au cours du syndrome de déficit immu-
nitaire acquis (sida), généralement à un stade avancé de la maladie
 Introduction (dans 17 % des cas au niveau de l’intestin grêle et dans 3,4 % des
cas au niveau du rectum) [3] . Leur prévalence a nettement baissé
Les lymphomes gastro-intestinaux (LGI) sont des lymphomes depuis l’avènement des trithérapies anti-rétrovirales. Des LGI ont
non hodgkiniens (LNH) définis classiquement comme des également été décrits chez des malades antérieurement traités par
lymphomes dont la présentation initiale comporte une sympto- radiothérapie, chimiothérapie ou immunosuppresseurs notam-
matologie en rapport avec une localisation digestive, quel que soit ment dans les maladies inflammatoires intestinales ou les greffes
son siège (œsophage, estomac, intestin grêle, côlon ou rectum) d’organes [1, 4] . L’intervention du virus d’Epstein-Barr (EBV) est
en l’absence de localisation ganglionnaire superficielle antérieu- décrite au cours de ces lymphomes ainsi que dans des lymphomes
rement connue. de Burkitt, souvent de localisation intestinale ou mésentérique.
Ces lymphomes sont issus du tissu lymphoïde annexé aux Dans la pathogénie du lymphome gastrique de type MALT c’est
muqueuses (MALT) ce qui leur confère des caractéristiques dif- surtout une bactérie, Helicobacter pylori, qui s’est vue impliquée ces
férentes des lymphomes ganglionnaires. Au cours de ces 20 dernières années. Toutefois dans au moins 20 % des lymphomes
dernières années, une meilleure connaissance de la morphologie, gastriques le lien avec H. pylori n’a pas été retrouvé [5, 6] . Une autre
des profils immuno-histochimiques et des différentes anomalies bactérie, Helicobacter heilmannii, a été mise en cause dans de très
moléculaires et génétiques des cellules à l’origine des LGI ont rares cas. Il est probable que d’autres facteurs, liés à l’hôte, alimen-
contribué, avec l’amélioration des outils diagnostiques et théra- taires voire environnementaux interviennent dans la pathogénie
peutiques, à leur meilleure prise en charge. de ces lymphomes.

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Volume 14 > n◦ 4 > octobre 2019
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http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(19)90093-7
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4-0635  Lymphomes gastro-intestinaux

La maladie cœliaque de l’adulte et les lésions intestinales il peut se présenter sous forme d’une sténose ulcérée ou non, de
analogues au cours de la dermatite herpétiforme peuvent se com- polypose multiple, de petits nodules ou d’une masse luminale plus
pliquer de lymphomes T du grêle [7] . ou moins obstructive.
La maladie des chaînes lourdes alpha (un lymphome dit autre- Le diagnostic de LGI est fait la plupart du temps sur des biopsies
fois méditerranéen) est une forme variante des lymphomes du endoscopiques (95 % pour les formes accessibles à l’endoscopie).
MALT digestif, n’est pratiquement plus rencontrée en Europe et Plus rarement c’est lors d’une intervention chirurgicale en urgence
n’est pas traitée ici mais dans un autre chapitre. pour hémorragie digestive ou occlusion, et il s’agit alors de loca-
lisations intestinales (localisations grêliques à grandes cellules B,
principalement) [13] .
 Anatomie pathologique
du MALT - Classifications Bilan et stade clinique
Certains examens biochimiques, hématologiques et immuno-
Tissu lymphoïde associé aux muqueuses logiques de routine seront systématiques, leur importance varie
(MALT) selon le type de LGI. Pour les lymphomes à grandes cellules,
le taux sérique des LDH a une valeur pronostique essentielle
Le tissu lymphoïde gastro-intestinal présente une organisa-
signant une masse tumorale importante mais est rarement élevé
tion différente de celle rencontrée dans les ganglions ou la
dans les LGI [11] . Pour les lymphomes à petites cellules, la
rate. Il appartient au groupe des tissus lymphoïdes associés aux
bêta2-microglobulinémie est parfois élevée en cas de forte masse
muqueuses ou MALT (en anglais : Mucosa-Associated Lymphoid
tumorale.
Tissue). Le MALT comporte trois compartiments : les plaques
Les LGI sont dans plus de 70 % des cas, tous types histologiques
de Peyer prédominant dans l’iléon et les follicules lymphoïdes
confondus, localisés lors de leur découverte. En fait la présen-
isolés, l’infiltrat lympho-plasmocytaire de la lamina propria, les
tation initiale dépend du type histologique : les lymphomes de
lymphocytes T intra-épithéliaux (LIE). Les différentes caractéris-
la zone marginale du MALT généralement gastriques et les LGI
tiques phénotypiques de ces différents éléments se retrouveront
diffus à grandes cellules B gastriques ou intestinaux, les plus fré-
dans leur contrepartie tumorale lymphomateuse (Tableau 1) [8, 9] .
quents, se présentent généralement localisés au diagnostic, alors
que les autres formes histologiques sont plus rares, le plus sou-
Classifications des lymphomes primitifs vent intestinales, sont souvent disséminées d’emblée. Le bilan
d’extension doit néanmoins être systématique pour tout type de
gastro-intestinaux (Tableau 1) lymphome à la recherche d’une atteinte ganglionnaire à distance
ou viscérale associée, notamment au niveau des organes du MALT
Au niveau du tube digestif, les LNH se développent à partir du
(Tableau 2) [14] . L’échoendoscopie initiale a un intérêt pronostique
MALT, qu’il soit normalement présent (intestin grêle, côlon) ou
essentiellement pour les lymphomes gastriques du MALT. Le TEP-
acquis au cours d’une infection chronique par H. pylori (estomac).
scan peut avoir un intérêt dans le cadre du bilan d’extension de
Les LGI prennent leur origine à partir des lymphocytes B ou T. Les
certains types histologiques et pour évaluer la réponse thérapeu-
lymphomes B prédominent nettement (90 %) et les lymphomes T
tique.
(10 %) sont plus rares. En théorie « tout » LGI provient du MALT,
Au terme de ce bilan, le LGI pourra être classé en quatre stades
mais en pratique le terme de lymphome « de type MALT » ou
selon la classification de Ann-Arbor modifiée par Musshoff pour le
du « MALT » est réservé aux lymphomes B, généralement locali-
tube digestif. Cette classification a pour but de distinguer les lym-
sés, issus de la zone marginale du MALT ; ces formes sont le plus
phomes loco-régionaux avec au plus une atteinte de ganglions
souvent gastriques.
para-tumoraux (stades IE et II1E ) des formes plus disséminées
La plupart des sous-types histologiques des LNH ganglionnaires,
(stades II2E , IIIE et IV) de moins bon pronostic. D’autres classifica-
B ou T, peuvent être observés dans le tube digestif. Les LNH à
tions, mieux adaptées au tube digestif et surtout à l’estomac, sont
petites cellules sont le plus souvent d’évolution lente, dits indo-
aussi utilisées comme celle du groupe européen EGILS ou « Paris
lents, et les LNH à grandes cellules sont spontanément agressifs.
staging system » qui s’inspire de la classification TNM [15] .
Au niveau du tube digestif, ils ont été initialement décrits par
Les explorations para-cliniques nécessaires à l’appréciation
Isaacson, et classés dans différentes entités anatomocliniques [8] ,
de l’état nutritionnel et au dépistage d’insuffisances viscérales
que l’on retrouve maintenant dans la classification générale de
(état rénal et cardiaque notamment), qui peuvent modifier les
l’Organisation de la santé (OMS) qui tient maintenant compte
indications thérapeutiques, en particulier de la chimiothérapie,
des formes extra-ganglionnaires [10] .
complèteront le bilan pré-thérapeutique.
Les LGI à petites cellules B ont été regroupés car ils corres-
pondent à une prolifération monoclonale survenue à différents
stades de la maturation dans le follicule lymphoïde, ce qui rend Différentes entités anatomocliniques
compte de leur différence d’évolutivité. Ceci est important car ils
sont de ce fait de présentation différente et de pronostic différent (Tableau 1) : diagnostic et traitement
et compte tenu de leur ressemblance histologique le diagnostic
Il existe différentes entités anatomocliniques dans les LGI qui
différentiel est essentiellement fait à l’immuno-histochimie.
restent rares. La règle actuellement en vigueur en France, pour
toute suspicion de LGI, est de demander une relecture des lames
par des experts, soit dans le cadre de protocoles, soit dans le cadre
 Lymphomes B du groupe « LYMPHOPATH » de l’INCa (Institut National du Can-
cer), cette relecture étant du reste recommandée pour tous les
Présentation au moment du diagnostic types et localisations de LNH.
Les symptômes digestifs conduisant au diagnostic de LGI sont
généralement aspécifiques et dépendent de la localisation du lym-
Lymphomes de la zone marginale du MALT
phome. La plupart des malades ont entre 50 et 70 ans au moment Ils sont essentiellement gastriques (Fig. 1) et précédés par ou
du diagnostic et il existe une prédominance masculine (2/1). Cette associés à une infection à H. pylori responsable d’une gastrite
dernière est plus nette chez l’enfant ou l’adulte jeune où les LGI chronique ayant fait le lit au lymphome [9] . Plus rarement ils
sont plus souvent de localisation intestinale et généralement des sont de siège intestinal (5 % des LNH intestinaux). Ce sont eux
lymphomes de Burkitt. L’état général du patient au moment du que l’on désigne couramment par « lymphomes de type MALT »
diagnostic est généralement bon [11, 12] . ou « lymphomes du MALT », actuellement définis comme les
L’aspect endoscopique dans l’estomac réalise plus typiquement lymphomes extra-ganglionnaires de la zone marginale du MALT
une ou plusieurs ulcérations, un épaississement des plis parfois dont ils sont issus [10] . Ce sont des lymphomes de faible degré
des érosions voire un simple érythème (Fig. 1, 2). Dans l’intestin de malignité, d’évolution indolente, généralement localisés, mais

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Tableau 1.
Les lymphomes B gastro-intestinaux : caractéristiques anatomocliniques, pronostic et traitement.
Types Origine dans le Caractéristiques histologiques Siège Traitements Pronostic
Appellation MALT
Morphologie ¢ Immuno- Biologie Estomac Intestins Disséminé Rémission Survie à 5
courante
histochimie moléculaire sur le TD ans
Zone marginale du Zone marginale Petites ¢ CD10– t(11 ;18) +++ + +/- 0 Éradication Hp (est) 58 à 100 % 90 à 100 %
MALT « Centrocyte-like » CD5– t(1 ;14) ± RT
± Immuno-CT
Ou abstention
Diffus grandes Type « Centre Grandes ¢ +++ +++ 0 Immuno-CT 70 à 100 % 70 à 100 %
cellules B germinatif » ou type Centroblastiques
« activated B-cell » Immunoblastiques
Cellules du manteau Zone du manteau Petites ¢ CD5+
centrocytiques Cyclin D1+ 59 %
CD10–
IgM+ t(11 ;14) Immuno-CT 31 % 75 % si greffe
IgD+ + +++ +++ ± intensification
avec autogreffe ¢
souches
Burkitt ou type Centre germinatif Moyennes ¢ Ki67 > 99 % C-myc t(8 ;14) ND ND
Burkitt CD10+/- t(2 ;8)
t(8 ;22)
EBER+/- 0 +++ + Immuno-CT
Folliculaire Centre germinatif Centrocytiques- CD10+ t(14 ;18) +/- +++ ++ Abstention ou ND ND
centroblastiques CD5– Immuno-CT

¢ : cellules ; TD : tube digestif ; ND : résultats non disponibles du fait de la rareté de ces lymphomes ; EBER : Eptstein Barr Encoded RNA ; Hp : Helicobacter pylori ; RT : radiothérapie ; CT : chimiothérapie.

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Tableau 2.
Bilan à pratiquer lors de la découverte d’un lymphome gastro-intestinal.
Examen clinique Âge, poids, taille, index activité OMS
Adénopathies superficielles, foie, rate, ORL
Signes généraux
Sang Hémogramme, biologie hépatique,
électrophorèse ± immuno-fixation des protides,
LDH, béta2-globuline
Sérologies VIH et hépatites virales
Sérologie Helicobacter pylori a
Phénotypage lymphocytaire a (sous-population
lymphoïde B monotypique)
Anticorps
anti-transglutaminases/endomysium a
Tube digestif Œso-gastroduodénoscopie, iléo-coloscopie
Entéro-IRM, voire entéroscopie a
Échoendoscopie a (estomac)
Autres TDM abdomino-pelvienne et thoracique
investigations TEP-scan a
Fibroscopie et/ou TDM a du cavum
Biopsie ostéomédullaire a
LCR étude cytocentrifugation a (si haute
malignité, disséminé ou Burkitt)
ECG a avant anthracyclines avec échographie
ou fraction d’éjection isotopique

TDM : tomodensitométrie ; TEP : 18-fluorodesoxyglucose-tomographie par


émission de positons ; LCR : liquide céphalorachidien ; OMS : Organisation mon-
diale de la santé ; ORL : otorhinolaryngologie ; LDH : lactico-déshydrogénase ;
Figure 1. Lymphome gastrique du MALT. Aspect endoscopique VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; IRM : imagerie par résonance
d’ulcérations superficielles avec infiltration pariétale (cliché du magnétique ; ECG : électrocardiogramme.
a
Dr A. Ruskoné-Fourmestraux, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Optionnel selon le type histologique du lymphome ou sa localisation.

lympho-épithéliales ; elle est associée à une hyperplasie lym-


phoïde folliculaire, quelques cellules lymphoïdes de grande taille
sont souvent associées, dispersées et un contingent plasmocytaire
peut être présent (Fig. 2).
L’étude immuno-histochimique démontre le phénotype B
(CD20+ , CD79a+ ) de la population tumorale, exprimant le plus
souvent une IgM (plus rarement IgA ou IgG), retrouvée ou non
dans la population plasmocytaire. L’absence d’expression de cer-
tains antigènes est utile au diagnostic différentiel avec d’autres
lymphomes à petites cellules B (IgD, CD5, CD10, CD23, cycline
D1). De rares cas peuvent cependant être CD5+ . Il n’existe pas
pour le moment de marqueur spécifique du lymphome du MALT.
Les techniques de biologie moléculaire avec amplification
génique (PCR), rarement utiles en routine, mettent en évi-
dence un réarrangement clonal du gène de la chaîne lourde des
immunoglobulines. Les anomalies cytogénétiques les plus fré-
quemment retrouvées dans ces lymphomes de la zone marginale
du MALT sont la trisomie 3 (50 à 60 %) et les translocations
t(11;18)(q21;q21) (30 %), plus rarement la t(1;14)(p22;q32) (5 %)
et la t(14;18)(q32;q21). La translocation t(11;18) est la seule utile
en routine par sa valeur pronostique, elle peut être mise en
évidence par FISH sur tissu inclus en paraffine (ou par RT-PCR
nécessitant du tissu congelé) [9] .
Le diagnostic de lymphome gastrique de la zone marginale du
MALT ne doit pas être porté par excès devant une simple gastrite
à H. pylori. Les problèmes de diagnostic différentiel peuvent se
poser du fait de la diversité des lymphomes à petites cellules B et
Figure 2. Lymphome gastrique diffus à grandes cellules B. Aspect endo- sont résolus par l’immuno-histochimie (IHC), indispensable (cf.
scopique d’une lésion ulcérée avec épaississement des plis (cliché du supra).
Dr A. Ruskoné-Fourmestraux, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Les recommandations publiées concernant le traitement des
lymphomes gastriques du MALT sont issues pour la plupart
du résultat de séries non randomisées ou plus souvent d’avis
pouvant se disséminer voire se transformer en lymphome de haut d’experts, comme celles récemment publiées par le Groupe
degré de malignité lorsqu’il apparaît un ou plusieurs contingents d’étude des lymphomes gastro-intestinaux européen (EGILS,
de grandes cellules B lymphomateuses. 2011) [16] , par la Société européenne d’oncologie (ESMO) [17] ou par
L’analyse histologique des biopsies permet de porter le diagnos- la Société française de gastroentérologie (SNFGE) dans le cadre des
tic et de rechercher la présence de H. pylori. En cas de négativité de recommandations des différentes sociétés de cancérologie diges-
l’histologie, la présence d’une sérologie H. pylori positive confirme tive française (Fig. 3).
le lien de causalité avec le lymphome (statut H. pylori posi- Le traitement de première ligne des lymphomes gastriques du
tif). La prolifération est faite de cellules lymphoïdes de petite MALT est l’éradication de H. pylori, bien codifié selon les der-
taille infiltrant les glandes pour former les caractéristiques lésions nières recommandations européennes [18] . Les différentes séries

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RÉPONDEURS L
Surveillance endoscopique
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O J45 4m 8m 12 mois 18 m
t(11;18) R
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RÉPONDEURS
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Éradication de
H. pylori Helitest

Figure 3. Prise en charge du lymphome gastrique du MALT localisé : avec option radiothérapie pour les non-répondeurs proposée et actuellement par le
GELD (Groupe d’étude des lymphomes digestifs).

publiées rapportent des taux de rémission variables en fonction landais de Capelle et al. a retrouvé multiplié par six le risque de
du stade clinique initial et du statut H. pylori. Après éradication survenue d’un adénocarcinome gastrique par rapport à une popu-
de la bactérie, les chances de rémission complète du lymphome lation générale chez les patients avec antécédents de lymphomes
sont de 80 % pour les formes de stade IE (T1-3, N0) (évaluées gastriques quel que soit le traitement [2] .
initialement à l’échoendoscopie) et de statut H. pylori positif au Les alternatives thérapeutiques (radiothérapie ou immuno-
diagnostic (histologie et/ou sérologie positives) [6, 12, 19] . Il a été chimiothérapie) peuvent être proposées en cas de non-régression
ensuite démontré que la présence d’une translocation t(11;18) du lymphome après l’éradication de H. pylori (grosse masse
dans les cellules tumorales s’accompagnait de la persistance du tumorale, non-régression des lésions endoscopiques, ou infiltrat
lymphome après l’éradication de H. pylori [20] . lymphomateux persistant après 24 mois de suivi) ou plus préco-
Une fois l’éradication effective de H. pylori (test respiratoire cement pour les formes au statut H. pylori négatif ou translocation
à l’urée C13 : Helikit® ou Infai® négatif réalisé 1 mois après t(11;18) positive qui a priori ne régressent pas après antibiothé-
l’arrêt des antisécrétoires gastriques et antibiotiques), la réponse rapie. Quant à la chirurgie depuis l’ère de H. pylori, elle n’est
tumorale est appréciée endoscopiquement et histologiquement : proposée qu’en cas de complications : les rares perforations ou les
cicatrisation des lésions macroscopiques (ulcère) et régression hémorragies exceptionnellement non contrôlées en endoscopie.
histologique de l’infiltration lymphocytaire selon la classifica- La radiothérapie conformationnelle à faibles doses (30 Gy,
tion du GELA [21] . Elle peut être lente, pouvant nécessiter un en fractionnement classique [1,8 à 2 Gy/séance et 5 séances
suivi jusqu’à 24 mois : tous les six mois pendant deux ans puis par semaine]) est actuellement préconisée pour ces lymphomes
une fois par an. La rémission ne peut être affirmée qu’après au du MALT généralement localisés avec d’excellents résultats et
moins deux contrôles successifs négatifs (voir recommandations sans complications. Les premières données disponibles étaient
du Groupe européen) [16] . Si la lésion endoscopique régresse, alors issues de séries essentiellement rétrospectives et d’effectif limité.
que l’infiltrat histologique persiste, il faut attendre au moins deux La compilation d’études réalisée par Zullo et al. a suggéré une
ans après l’éradication de la bactérie avant de proposer un traite- supériorité de la radiothérapie sur la chimiothérapie [25] . Pour
ment alternatif. les lymphomes gastriques n’ayant pas régressé après éradication
Après deux ans, il peut persister parfois une maladie dite de H. pylori, les excellents résultats et l’innocuité de la radio-
résiduelle lymphomateuse microscopique (absence de lésion thérapie à faible dose (30 Gy) ont été confirmés par l’étude
endoscopique) définie histologiquement par quelques îlot lym- prospective française du Groupe d’étude des lymphomes diges-
phoïdes résiduels dont on ne connaît pas exactement le tifs (GELD/FFCD), portant sur 53 patients avec un suivi médian
devenir [22] . Dans ces cas la poursuite de la surveillance peut être de cinq ans. Le taux de réponse est de 98 % et le taux de survie
proposée plutôt qu’un traitement antitumoral. globale (non spécifiquement liée au lymphome) de 94 % [26] .
Le recul actuel des premiers patients mis en rémission après La chimiothérapie a été évaluée surtout pour les lymphomes
antibiothérapie seule est de plus de 25 ans et les rechutes obser- du MALT extra-ganglionnaires disséminés, plus rarement pour les
vées sont extrêmement rares et généralement précoces (2 ans) ; il lymphomes du MALT de localisation gastrique qui sont le plus
en est de même des transformations ou disséminations, comme souvent localisés [25, 27] .
le rapporte une compilation d’études regroupant les résultats de L’association de rituximab et de chlorambucil a été comparée au
32 séries publiées (1436 cas de lymphomes gastriques traités par chlorambucil en monothérapie et au rituximab en monothérapie
antibiotiques) [19] . La surveillance de l’estomac après traitement dans un essai de phase III chez 401 patients atteints de lymphome
est d’autant plus importante qu’il existe une atrophie sévère, une du MALT d’origine gastrique ou non, localisé ou disséminé [28] . Le
dysplasie ou métaplasie étendue sur les biopsies, en effet des cas traitement combiné s’est révélé supérieur à la monothérapie en
d’adénocarcinomes gastriques ont été signalés au cours du suivi termes de taux de réponse (80 % vs 62 % vs 55 %, respective-
des lymphomes guéris [23, 24] . L’étude épidémiologique des Hol- ment) et de taux de survie sans progression à cinq ans (72 % vs

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4-0635  Lymphomes gastro-intestinaux

Figure 4. Biopsie gastrique. Lymphome de la zone marginale du MALT Figure 5. Biopsie gastrique : lymphome diffus à grandes cellules B (cli-
à petites cellules B qui infiltrent l’épithélium des glandes pour former des ché du Dr B. Fabiani, Hôpital Saint-Antoine, Paris).
lésions lympho-épithéliales (KL1) (cliché du Dr B. Fabiani, Hôpital Saint-
Antoine, Paris).
Les associations R-bendamustine et RBVD (rituximab, benda-
mustine, bortézomib, dexaméthasone) ont également fait preuve
59 % vs 57 %). Cette différence était retrouvée dans tous les sous- d’efficacité chez les patients non éligibles au traitement intensif.
groupes de patients, en particulier celui des lymphomes du MALT Plus récemment l’introduction de l’ibrutinib, inhibiteur de la Bru-
gastriques. ton tyrosine kinase, sur la voie de signalisation du récepteur B et
Enfin l’option surveillance seule après antibiotiques peut être du Venetoclax (inhibiteur de bcl-2) représentent un remarquable
aussi envisagée en l’absence de réponse complète : maladie progrès thérapeutique [33] .
dite résiduelle lymphomateuse microscopique, absence de lésions
endoscopiques, patient âgé, terrain fragile, etc. [29] . Lymphomes folliculaires
Vraisemblablement parce qu’il est mieux identifié actuellement,
Lymphomes à cellules du manteau le lymphome folliculaire primitif du tube digestif n’est pas aussi
rare qu’on le pensait jusqu’à présent (4 % des lymphomes intesti-
Ils représentent moins de 10 % des LGI de type B [13, 30] . L’atteinte naux) [13, 34] . De siège préférentiellement intestinal, duodénal (de
de l’intestin grêle, du côlon et des ganglions mésentériques est découverte fortuite à l’occasion d’un examen endoscopique pour
quasi constante. Les localisations gastriques associées sont fré- douleurs aspécifiques) ou iléal et localisé, il peut être disséminé sur
quentes (64 % des cas). La maladie est souvent découverte au le tube digestif avec également une atteinte médullaire. Il possède
stade IV, avec une atteinte médullaire dans les deux tiers des cas les mêmes caractéristiques morphologiques et IHC que les LNH
environ. Les LNH à cellules du manteau de localisation digestive ganglionnaires équivalents. L’aspect macroscopique est en général
prennent l’aspect caractéristique mais non spécifique d’une poly- celui de nodules blanchâtres à peine visibles en endoscopie ou un
pose lymphomateuse intestinale avec parfois une masse tumorale aspect polypoïde. Il se développe à partir des cellules normalement
iléale associée (34 % des cas). présentes dans un centre germinatif, petites ou moyennes, centro-
Leur aspect histologique est stéréotypé : les cellules tumorales cytiques, ils sont localisés à la muqueuse ou sous-muqueuse. Les
sont de petite taille, avec un noyau clivé, un cytoplasme peu abon- cellules tumorales expriment CD20, CD10, Bcl2, Bcl6 et sont néga-
dant, parfois d’architecture nodulaire. L’IHC montre le phénotype tives pour CD5, CD23 et Cycline D1. Ces lymphomes folliculaires
caractéristique des cellules lymphomateuses : CD20+ , CD5+ et sont associés à une translocation t(14 ; 18)(q32 ; q21), impliquant
cycline D1+, CD10– , CD23– et ces cellules expriment une immu- le gène Bcl-2.
noglobuline de surface de type IgM et IgD (difficile à mettre en La plupart des patients ont une maladie localisée, même si
évidence sur coupes en paraffine). Il existe un réarrangement fré- des récidives locales digestives sont possibles, le pronostic est
quent du gène Bcl-1 dû à une translocation t(11;14), accompagné excellent à long terme, justifiant une approche « Watch and wait ».
d’une hyperexpression de la cycline D1. Le risque de progression vers une maladie ganglionnaire est infé-
L’aspect macroscopique de polypose lymphomateuse ne cor- rieur à 10 %. Lorsqu’un traitement devient nécessaire (formes
respond pas toujours à un lymphome des cellules du manteau, symptomatiques et/ou critères de forte masse tumorale), le traite-
soulignant que ce diagnostic ne peut être retenu qu’après une ment de référence repose sur l’association d’une chimiothérapie
étude histologique, IHC et parfois moléculaire. Les diagnos- de type CVP ou CHOP associée au rituximab suivi d’un traitement
tics différentiels sont la localisation d’une leucémie lymphoïde d’entretien.
chronique (CD5+ , CD23+ ), un lymphome folliculaire de faible Les lymphomes folliculaires ganglionnaires peuvent
malignité (CD5– , CD10+ ) et éventuellement un lymphome de la s’accompagner de localisations digestives mais il s’agit d’une
zone marginale du MALT. lésion plus infiltrante de la paroi, étendue à la musculeuse.
Le pronostic de ces lymphomes peu sensibles au CHOP classique
a été profondément modifié par l’utilisation de la cytarabine, par
l’introduction du rituximab et par la pratique du traitement inten-
Lymphomes diffus à grandes cellules B
sif suivie d’une autogreffe chez les patients éligibles [30, 31] . Ces Relativement fréquents par rapport aux autres types histolo-
modifications ont permis de prolonger de façon significative la giques, ils sont généralement localisés de siège gastrique (Fig. 4)
durée de la rémission, avec une probabilité de survie à cinq ans ou intestinal. La tumeur est constituée de cellules B de grande
atteignant 60 %. taille, de type centroblastique (Fig. 5). Cette prolifération résulte
Chez les sujets âgés de 65 à 80 ans, un traitement par R- soit de la transformation d’un lymphome de la zone marginale
CHOP avec entretien par rituximab pendant au moins deux ans du MALT lorsqu’il est mis en évidence un contingent lympho-
est l’une des recommandations actuelles [17, 32] . Les sujets plus mateux à petites cellules, avec ses LLE caractéristiques, soit d’un
jeunes (moins de 65 ans) relèvent d’une approche thérapeu- lymphome à grandes cellules B développé de novo dans le tractus
tique intensive au mieux gérée dans les services d’hématologie. digestif, et classé selon la classification OMS en lymphome diffus

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Lymphomes gastro-intestinaux  4-0635

à grandes cellules B. La distinction entre ces deux formes, parfois de la chaîne lourde des immunoglobulines et une translocation
difficile à établir, ne semble avoir d’intérêt ni thérapeutique ni impliquant l’oncogène c-myc et les chaînes lourdes t(8;14) ou
pronostique. plus rarement les chaînes légères d’immunoglobulines t(2;8) ou
La chimiothérapie associant le rituximab (anticorps anti-CD 20) t(8;22).
au CHOP (doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, predni- L’utilisation de chimiothérapies intensives incluant un trai-
sone), soit R-CHOP (6 à 8 cures) est le traitement de référence tement intrathécal prophylactique (pratiquées dans les services
pour ces formes chimiosensibles, et laisse espérer une guérison d’hématologie spécialisés) adaptées aux facteurs pronostiques
dans plus de 90 % des cas. initiaux permet d’obtenir un taux de guérison élevé. Elles
Dans les formes intestinales, la chirurgie est parfois nécessaire comprennent une anthracycline, du cyclophosphamide, du
dans un but diagnostique ou pour traiter une complication inau- méthotrexate à fortes doses et de la cytarabine. Si le diagnostic
gurale : perforation ou hémorragie. Dans ces cas la chirurgie est établi en dehors d’une complication nécessitant un acte chi-
première est suivie d’une chimiothérapie adjuvante (4 cures de rurgical immédiat, il n’y a aucune place pour la chirurgie dans le
R-CHOP) [11, 35] . traitement.
Pour les patients âgés de plus de 75 ans, l’immuno-
chimiothérapie à doses adaptées à l’âge, au terrain et à la fonction Lymphomes associés à un déficit immunitaire
cardiaque peut donner d’aussi bons résultats. ou après transplantation d’organes
Parallèlement, l’éradication de H. pylori doit être systématique.
Ils ont les mêmes caractéristiques que les lymphomes ganglion-
naires, et sont liés à l’EBV. Ils peuvent être polymorphiques ou
Lymphomes de Burkitt monomorphiques à grandes cellules B [3] .
Les lymphomes de Burkitt, endémiques ou sporadiques,
peuvent être observés typiquement dans la région iléo-cæcale chez Lésions pouvant simuler un lymphome digestif
l’enfant ou l’adulte jeune [36] . Il s’agit de tumeurs ou d’ulcérations Nous citerons seulement les localisations digestives secondaires
sténosantes ou non posant le problème d’une chirurgie initiale des leucémies lymphoïdes ou myéloïdes chroniques.
alors que la chimiothérapie est urgente dans ces tumeurs dont
l’indice de prolifération (Ki67) est très élevé, proche de 100 %. Ulcère cutanéo-muqueux associé à l’EBV
Leurs caractères histologiques et IHC sont identiques à ceux des
LNH de même type et de localisation ganglionnaire : infiltration
(nouvelle entité OMS)
monotone par des cellules de taille moyenne avec un aspect carac- Il survient chez le sujet âgé ou immunodéprimé, dans le tube
téristique en ciel étoilé, qui expriment une IgM, CD20, CD10, digestif. Cette ulcération siège dans l’œsophage, le côlon, le rec-
mais pas Bcl2. On retrouve un réarrangement clonal du gène tum ou la région péri-anale. Cette lésion est d’évolution indolente

“ Points essentiels
Lymphomes gastro-intestinaux
• Les plus fréquents sont les lymphomes diffus à grandes cellules B.
• Parmi les lymphomes à petites cellules B, il existe une grande variété d’entités anatomocliniques qu’il est important de bien savoir
reconnaître, leur pronostic et leur traitement étant différents : l’examen anatomopathologique avec l’immuno-histochimie joue un
rôle essentiel dans le diagnostic différentiel.
• Une relecture des lames au moment du diagnostic est recommandée (expert ou groupe LYMPHOPATH en France).
• La prise en charge de ces lymphomes nécessite une collaboration étroite multidisciplinaire notamment entre gastroentérologues,
hématologues et pathologistes. Du fait de leur rareté, elle est optimale dans les centres spécialisés.
Lymphomes B gastriques du MALT
• Le lymphome gastrique du MALT est lié à une gastrite chronique à Helicobacter pylori.
• C’est un lymphome d’évolution indolente généralement localisé qui peut à un stade précoce régresser après éradication effective
de la bactérie.
• Quatre-vingts pour cent des lymphomes gastriques du MALT localisés régressent après traitement antibiotique si leur extension
initiale est limitée à la paroi en écho-endoscopie, si leur statut Helicobacter pylori est positif et si les cellules lymphomateuses n’ont
pas de translocation t(11;18).
• En l’absence de lésions ulcérées persistantes ou de progression à l’endoscopie gastrique, la surveillance dans l’espoir de voir
régresser le lymphome après éradication de Helicobacter pylori doit être au moins de deux ans avant de proposer un traitement
alternatif comme la radiothérapie conformationnelle à faible dose.
• Après guérison du lymphome, la surveillance endoscopique de l’estomac est mal codifiée mais essentielle : moins pour dépister
les rechutes (exceptionnelles) que pour le risque de survenue d’un adénocarcinome gastrique, plus fréquent sur ce terrain.
Lymphomes T intestinaux
• Les plus fréquents des lymphomes T intestinaux sont les lymphomes T associés à la maladie cœliaque (entéropathie au gluten) :
lymphome de faible malignité à petites cellules appelé sprue cœliaque réfractaire clonale (de type II ; SRII) et lymphome invasif de
haut grade appelé EATL (Enteropathy Associated T-cell Lymphoma).
• L’EATL peut compliquer directement une maladie cœliaque ou une SRII développée sur maladie cœliaque préalable.
• Le traitement des lymphomes associés à la maladie cœliaque repose essentiellement sur la corticothérapie et la chimiothérapie-
autogreffe de cellules souches hématopoïétiques pour la SRII et sur la chimiothérapie ± auto/allogreffe de cellules souches
hématopoïétiques pour l’EATL type 1. Des thérapies ciblées sont en cours d’évaluation, comme l’utilisation d’anticorps anti-IL-15
pour la SRII et les anticorps anti-CD30 couplés à la chimiothérapie pour l’EATL.
• D’autres lymphomes T non associés à une entéropathie de type MEITL ou des lympho-proliférations indolentes peuvent se présenter
sous la forme d’une entéropathie sévère avec dénutrition.
• La prise en charge de ces lymphomes T nécessite une collaboration étroite multidisciplinaire notamment entre gastroentérologues,
hématologues et pathologistes, comme en France dans le cadre du réseau Inca National CELAC.

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4-0635  Lymphomes gastro-intestinaux

et parfois régressive spontanément. Le traitement repose sur la


diminution du traitement immunosuppresseur ou sur le rituxi- Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration
mab. L’aspect histologique est inquiétant et peut faire porter à de liens d’intérêts en relation avec cet article.
tort le diagnostic de lymphome.

 Références
 Lymphomes T
[1] Andrews CN, John Gill M, Urbanski SJ, Stewart D, Perini R, Beck
Les lymphomes digestifs de phénotype T sont très rares et repré- P. Changing epidemiology and risk factors for gastrointestinal non-
sentent moins de 5 % de l’ensemble des LNH primitifs du tube Hodgkin’s lymphoma in a North American population: population-
digestif. Ils siègent presque tous au niveau de l’intestin grêle, prin- based study. Am J Gastroenterol 2008;103:1762–9.
cipalement le jéjunum (80 %), mais ils sont moins fréquents que [2] Capelle LG, de Vries AC, Looman CW, Casparie MK, Boot H, Meijer
les lymphomes B dans cette localisation. Les atteintes gastriques GA, et al. lymphoma: epidemiology and high adenocarcinoma risk in
et coliques sont rares (10 %). a nation-wide study. Eur J Cancer 2008;44:2470–6.
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[4] Sokol H, Beaugerie L, Maynadie M, Laharie D, Dupas JL, Flou-
mination « Enteropathy Associated T-cell Lymphoma ou EATL »,
rie B, et al. Excess primary intestinal lymphoproliferative disorders
le plus souvent une atrophie villositaire identique à celle de la
in patients with inflammatory bowel disease. Inflamm Bowel Dis
maladie cœliaque ou de la dermatite herpétiforme, mais aussi 2012;18:2063–71.
d’autres entéropathies comme les entéropathies auto-immunes. [5] Lehours P, Ruskoné-Fourmestraux A, Lavergne A, Cantet F, Megraud
Les complications lymphomateuses de la maladie cœliaque sont F. Which test to use to detect Helicobacter pylori infection in patients
rares, inférieures à 3/100 000 malades par an, mais graves [7] . Ce with low-grade gastric mucosa-associated lymphoid tissue lymphoma?
sont des lymphomes de haut degré de malignité appelés EATL de Am J Gastroenterol 2003;98:291–5.
type 1. [6] Ruskoné-Fourmestraux A, Lavergne A, Aegerter PH, Megraud F,
La maladie cœliaque réfractaire (sprue réfractaire) au régime Palazzo L, de Mascarel A, et al. Predictive factors for regression of
sans gluten clonale dite encore de type II (SR II) par opposition gastric MALT lymphoma after anti-Helicobacter pylori treatment. Gut
au type I qui est non clonal, est considérée comme un lym- 2001;48:297–303.
phome de faible degré de malignité, intra-épithélial, associé à la [7] Malamut G, Cellier C. Complications of coeliac disease. Best Pract
maladie cœliaque, et est caractérisée par de petits lymphocytes Res Clin Gastroenterol 2015;29:451–8.
intra-épithéliaux de phénotype anormal (absence de récepteur T, [8] Isaacson PG. Update on MALT lymphomas. Best Pract Res Clin Hae-
CD3s-, CD8– , CD103+ ) [37] . Elle se complique en lymphome T de matol 2005;18:57–68.
haut degré de malignité dans 30 à 50 % à cinq ans et son pronostic [9] Du MQ. MALT lymphoma: recent advances in aetiology and molecular
genetics. J Clin Exp Hematop 2007;47:31–42.
est sombre avec moins de 50 % des patients en vie cinq ans après
[10] Swerdlow SH, Campo E, Pileri SA, Harris NL, Stein H, Siebert R, et al.
le diagnostic.
The 2016 revision of the World Health Organization classification of
Par ailleurs, il existe une autre forme plus rare de lymphome T lymphoid neoplasms. Blood 2016;127:2375–90.
intestinal dérivé des lymphocytes intra-épithéliaux et non associé [11] Ruskoné-Fourmestraux A, Aegerter P, Delmer A, Brousse N, Galian A,
à une maladie cœliaque, appelé MEITL (monomorphic epitheliotro- Rambaud JC. Primary digestive tract lymphoma: a prospective multi-
pic intestinal T-cell lymphoma) anciennement EATL de type 2. centric study of 91 patients. Groupe d’Étude des Lymphomes Digestifs.
Les lymphoproliférations T indolentes (OMS 2016) [10] Gastroenterology 1993;105:1662–71.
atteignent préférentiellement le grêle et le côlon mais peuvent [12] Fischbach W, Dragosics B, Kolve-Goebeler ME, Ohmann C, Grei-
s’observer dans tout le tube digestif y compris la bouche. En endo- ner A, Yang Q, et al. Primary gastric B-cell lymphoma: results of a
scopie, la muqueuse est épaissie, nodulaire ou avec des gros plis. prospective multicenter study. The German-Austrian Gastrointestinal
Histologiquement l’infiltrat lymphoïde est limité à la muqueuse. Lymphoma Study Group. Gastroenterology 2000;119:1191–202.
L’évolution est indolente, la maladie reste dans la très grande [13] Matysiak-Budnik T, Jamet P, Fabiani B, Nion-Larmurier I, Marjano-
majorité des cas localisée. Elle n’est pas chimiosensible [38] . vic Z, Ruskoné-Fourmestraux A. Primary intestinal B-cell lymphoma:
En dehors des lymphomes T intestinaux primitifs, on distingue a prospective multicentre clinical study of 91 cases. Dig Liver Dis
les localisations intestinales des lymphomes T viro-induits (liés à 2013;45:947–52.
HTLV1 ou à EBV comme les lymphomes nasaux T ou NKT). [14] Raderer M, Vorbeck F, Formanek M, Osterreicher C, Valencak J, Penz
M, et al. Importance of extensive staging in patients with mucosa-
La signification pronostique péjorative du phénotype T est
associated lymphoid tissue (MALT)-type lymphoma. Br J Cancer
maintenant établie et conduit à évaluer des approches thérapeu-
2000;83:454–7.
tiques spécifiques. [15] Ruskoné-Fourmestraux A, Dragosics B, Morgner A, Wotherspoon A,
Le traitement des lymphomes associés à la maladie cœliaque Dd Jong D. Paris staging system for primary gastrointestinal lympho-
repose essentiellement sur la corticothérapie et la chimiothérapie- mas. Gut 2003;52:912–3.
autogreffe de cellules souches hématopoïétiques pour la SRII, et [16] Ruskoné-Fourmestraux A, Fischbach W, Aleman BM, Boot H, Du
sur la chimiothérapie ± auto/allogreffe de cellules souches héma- MQ, Megraud F, et al. EGILS consensus report. Gastric extranodal
topoïétiques pour l’EATL type 1. Des thérapies ciblées sont en marginal zone B-cell lymphoma of MALT. Gut 2011;60:747–58.
cours d’évaluation, comme l’utilisation d’anticorps anti-IL15 pour [17] Dreyling M, Thieblemont C, Gallamini A, Arcaini L, Campo E, Her-
la SRII et les anticorps anti-CD30 couplés à la chimiothérapie pour mine O, et al. ESMO Consensus conferences: guidelines on malignant
l’EATL1. lymphoma. Part 2: marginal zone lymphoma, mantle cell lymphoma,
peripheral T-cell lymphoma. Ann Oncol 2013;24:857–77.
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 Conclusion Axon AT, et al. Management of Helicobacter pylori infection-the
Maastricht V/Florence Consensus Report. Gut 2017;66:6–30.
Les LGI recouvrent comme pour les LNH ganglionnaires plu- [19] Zullo A, Hassan C, Cristofari F, Andriani A, De Francesco V, Ierardi
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sieurs entités anatomocliniques de présentation et de pronostic
tric mucosa-associated lymphoid tissue lymphoma. Clin Gastroenterol
différents. Leur origine dans le MALT digestif leur confère cepen-
Hepatol 2010;8:105–10.
dant des caractéristiques originales liées à une lymphomagenèse [20] Liu H, Ye H, Ruskoné-Fourmestraux A, De Jong D, Pileri S, Thiede
particulière. La découverte du rôle de H. pylori dans les lymphomes C, et al. T(11;18) is a marker for all stage gastric MALT lympho-
gastriques a transformé leur prise en charge et ouvert la voie à de mas that will not respond to H. pylori eradication. Gastroenterology
nouvelles hypothèses. 2002;122:1286–94.
Toutes ces particularités et diversités impliquent ainsi des [21] Copie-Bergman C, Wotherspoon AC, Capella C, Motta T, Pedrinis E,
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Lymphomes gastro-intestinaux  4-0635

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A. Ruskoné-Fourmestraux (agnes.fourmestraux@aphp.fr).
Service de gastro-entérologie, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, 182, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 75012 Paris, France.
B. Fabiani.
Service d’anatomie et cytologie pathologiques, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France.
G. Malamut.
Service de gastro-entérologie, Hôpital Cochin, AP–HP, Université Paris Descartes Paris, Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Ruskoné-Fourmestraux A, Fabiani B, Malamut G. Lymphomes gastro-intestinaux. EMC - Traité de
Médecine Akos 2019;14(4):1-9 [Article 4-0635].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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