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50 Le foie

et donc difficiles à discerner en échographie. En nouvelles voies de dérivation porto-systémiques


échographie de contraste, ils sont hypervasculari- potentiellement menaçantes et surtout l’appari-
sés au temps artériel, puis isoéchogènes au reste du tion d’une thrombose porte ;
parenchyme dès le temps portal. • découvrir le carcinome hépatocellulaire à un
Les complications du syndrome de Budd-Chiari stade permettant un traitement curatif (de plus
sont les mêmes que dans toute hépatopathie petite taille possible et dans tous les cas inférieur
chronique : hypertension portale et carcinome à 3 cm).
hépatocellulaire. Toutefois, le développement
d’un CHC est très rare (< 1 % des CHC). Ascite
Évaluer la présence ou l’apparition d’une ascite
Surveillance est important car ce point est comptabilisé dans
d’une hépatopathie le score de sévérité de Child-Pugh de la cirrhose
chronique connue (tableau 2.4). L’échographie peut dire si l’ascite
est minime, modérée ou abondante mais il n’y a
Toute hépatopathie chronique au stade de cir- pas de recette pour pouvoir la quantifier de façon
rhose, ainsi que les hépatopathies chroniques précise.
virales B avant le stade de cirrhose, doivent être Lorsqu’elle est minime, l’ascite sera visible sous
surveillées tous les six mois par échographie avec la forme d’une lame anéchogène située entre le
un triple but : foie et la coupole diaphragmatique et dans les
• apprécier l’évolutivité de la dysmorphie hépa- portions les plus déclives du péritoine :
tique, et notamment l’atrophie, et chercher • la loge de Morrison qui est le point le plus
l’apparition d’un signe de décompensation déclive en décubitus dorsal, située entre la face
infraclinique comme une ascite de faible abon- antérieure du rein droit et la face postérieure du
dance ; foie droit (figure 2.31) ;
• apprécier l’évolutivité de l’hypertension por- • le cul-de-sac de Douglas qui est le point le plus
tale et savoir alerter l’hépatologue sur une déclive en position debout, situé entre l’utérus
aggravation brutale de celle-ci entre deux exa- et le rectum chez la femme et entre la face pos-
mens, devant faire évoquer une aggravation téro-supérieure de la vessie et le rectum chez
de la maladie hépatique, ou sur l’apparition de l’homme (figure 2.32).
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 51

Tableau 2.4. Score de Child-Pugh.


1 point 2 points 3 points
Ascite Absente Modérée Tendue
ou réfractaire aux
diurétiques
Bilirubine (µmol/L) < 35 35-50 > 50
Albumine (g/L) > 35 28-35 < 28
INR < 1,7 1,7-2,2 > 2,2
TP > 50 % 40-50 % < 40 %
Encéphalopathie Absente Légère à Sévère
modérée (stade 3-4)
(stade 1-2)
Le pronostic de la cirrhose est établi en fonction du score total
des points :
Child-Pugh A (5-6 points) : survie à 1 an de 100 %
Figure 2.32. Ascite de moyenne abondance (flèche)
Child-Pugh B (7-9 points) : survie à 1 an de 80 %
chez un homme, visible à l’étage pelvien entre les anses
Child-Pugh C (10-15 points) : survie à 1 an de 45 %
grêles (*) et la vessie ici vide (V).
INR : international normalized ratio ; TP : taux de prothrombine.

Figure 2.33. Ascite abondante visible sous la forme


d’un épanchement anéchogène dans toute la cavité
péritonéale sur cette coupe sagittale paramédiane droite
Figure 2.31. Lame d’ascite (flèche) dans le cul-de-sac (F = foie).
de Morrison, point le plus déclive de la cavité périto-
néale en décubitus dorsal, situé entre la face antérieure
du rein droit (RD) et la face postérieure du foie droit (F). le rôle de l’échographiste est de rechercher des
signes qui marqueront son apparition ou son
Lorsqu’elle est modérée, l’ascite est visible aussi aggravation. Les deux marqueurs qui peuvent
entre les anses grêles à l’étage pelvien et dans les permettre une évaluation objective de cette hyper-
gouttières pariéto-coliques. Lorsqu’elle est abon- tension sont :
dante, on retrouve un épanchement anéchogène • la taille de la rate qui augmente avec l’hyperten-
si ca passe diffus dans la cavité péritonéale à l’origine d’une sion portale. Pour être fiable cette mesure doit
en avant distension de la paroi abdominale (figure 2.33). être répétée dans des conditions rigoureuses
du foie et reproductibles. La mesure de la hauteur
c’est
Hypertension portale vraie de la rate est à notre avis la mesure
grande
abondanc la plus reproductible (figure 2.16) et a par
Les signes d’hypertension portale ont été décrits ailleurs l’avantage d’être également réalisable
au paragraphe Des éléments en faveur d’une sur des reconstructions coronales de scanner ou
hypertension portale. Au cours de la surveillance, d’IRM ;
52 Le foie

• la valeur du flux portal. Une diminution impor-


tante de la vitesse ou du débit portal entre
deux examens doit faire craindre l’aggravation
de l’hypertension portale et l’apparition de
nouvelles voies de dérivation porto-systémiques
et doit inciter à la réalisation d’une nouvelle
fibroscopie œsogastrique.

Apparition d’une thrombose porte


Un thrombus portal doit être recherché. Il peut
être de nature cruorique ou tumorale (on devrait
alors plutôt parler d’envahissement tumoral et
non plus de thrombus).
La recherche d’un thrombus porte doit être
Figure 2.34. Thrombose cruorique complète
principalement effectuée en mode B. On doit de la branche porte gauche (flèches).
rechercher un aspect grisé de la lumière de la veine Sa lumière est grisée par la présence du thrombus.
porte ou de ses branches de division (figure 2.34) Le diamètre de la veine n’est pas élargi.
et on doit se méfier de l’étude en Doppler couleur.
En effet, un thrombus porte n’est pas toujours est thrombosée. Il peut s’agir d’un artefact dû à
complet et il peut persister un flux portal en péri- une fréquence d’échantillonnage trop élevée. Il
phérie du thrombus. Si le Doppler est mal réglé peut également s’agir d’un défaut de sensibilité
avec un gain trop élevé, les pixels colorés peuvent du Doppler aux flux lents, en particulier lorsque
déborder sur le thrombus et donner une fausse le foie est très stéatosique.
image de veine porte circulante (figure 2.35). Une fois identifié, il faut distinguer un thrombus
À l’inverse, l’absence de signal Doppler couleur cruorique d’un envahissement vasculaire tumoral
dans une veine porte ne signifie pas que la veine par un carcinome hépatocellulaire (CHC).

Figure 2.35. Thrombose cruorique partielle de la branche portale gauche.


a. Le thrombus est échogène (*), bien visible en mode B. b. En Doppler couleur le gain est trop élevé et le signal Doppler
généré par le flux veineux persistant autour du thrombus déborde sur le thrombus et le masque. C’est l’image en mode B
la plus importante.
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 53

Figure 2.36. Thrombose cruorique ancienne d’une


branche portale gauche.
Le thrombus (flèches) est très échogène, ce qui témoigne
de son caractère fibreux ancien.

• L’échogénicité du thrombus peut varier


d’hypoéchogène à hyperéchogène. Un throm-
bus cruorique récent est plutôt hypoéchogène,
un thrombus ancien plutôt hyperéchogène. Un
envahissement tumoral peut être hypo-, iso- ou
hyperéchogène. L’échogénicité du thrombus
n’est donc pas discriminante sauf en cas de Figure 2.37. Thrombose ancienne de la veine porte (*)
thrombus cruorique très ancien qui apparaît en coupe longitudinale (a) et transversale (b).
Le thrombus est massivement calcifié adhérent à la paroi
franchement hyperéchogène (figure 2.36) ou
du tronc de la veine porte (flèches), générant un cône
calcifié (figure 2.37) et qui ne pose alors plus d’ombre postérieur (tête de flèche).
de problème de diagnostic différentiel.
• Un thrombus cruorique n’élargit pas la lumière
de la veine (figure 2.38) contrairement à un
thrombus tumoral (figure 2.39). est souvent difficile à détecter au Doppler
• Il faut également rechercher le CHC à proxi- (figure 2.40), et sera au mieux mise en évidence
mité, ce qui sera un argument en faveur d’une par injection de produit de contraste échogra-
extension tumorale intravasculaire ; mais phique. Un thrombus tumoral ne se rehausse
l’absence de visibilité d’une lésion parenchy- pas, un envahissement vasculaire tumoral se
mateuse n’exclut pas cette possibilité, car il rehausse (figure 2.40).
peut exister des CHC à développement pra- Enfin, il faut noter que même si au terme de
tiquement uniquement intravasculaire dans le cette analyse on conclut que le thrombus est
système porte. cruorique, il doit amener à rechercher méticuleu-
• Le caractère tumoral du « thrombus » est sement un carcinome hépatocellulaire dont il peut
aussi affirmé par sa vascularisation. Celle-ci constituer un effet paranéoplasique.
54 Le foie

la formation de CHC mais leur fréquence, de


l’ordre de 3 à 6 %, est nettement plus élevée pour
les hépatites B et C, l’hémochromatose et la cir-
rhose alcoolique. De plus, le virus de l’hépatite B
dans sa forme chronique peut induire directement
un CHC même avant le stade de cirrhose.
Le CHC résulte le plus souvent de la trans-
formation progressive de nodules de régénération
en nodules dysplasiques de bas puis de haut grade
pour enfin finir en CHC bien ou peu différencié.
Il est cependant admis que des transformations de
novo en CHC peuvent survenir.
Figure 2.38. Thrombose cruorique complète de la Le dépistage repose sur l’identification des
branche porte gauche. nodules hépatiques inférieurs à 3 cm lors d’exa-
Sa lumière est grisée par la présence du thrombus
mens échographiques effectués tous les 6 mois.
(flèche). Cet aspect est bien visible par contraste avec la
portion circulante de la veine porte très hypoéchogène Cet intervalle de 6 mois a été fixé arbitrairement
(flèche pointillée). Le diamètre de la veine n’est pas élargi. mais une étude comparant un dépistage échogra-
phique tous les 3 mois versus tous les 6 mois n’a
pas retrouvé de différences significatives en termes
de CHC dépistés.
Apparition d’un carcinome La sensibilité de dépistage du CHC en échogra-
hépatocellulaire (CHC) phie est faible, estimée récemment globalement
entre 21 et 46 % pour les nodules de moins de
Généralités
2 cm [23]. Cependant, sa répétition tous les
La cirrhose est un processus progressif qui génère 6 mois permet d’augmenter la sensibilité cumu-
de la fibrose mais également des nodules de lée. De plus, c’est la seule technique (associée
régénération, des nodules dysplasiques ou des au dosage sérique des alphafœtoprotéines) qui
CHC. Toutes les cirrhoses peuvent conduire à peut être répétée tous les 6 mois avec un coût

Figure 2.39. Envahissement de la branche portale gauche par un CHC visible à proximité (têtes de flèche).
a. La lumière de la branche portale gauche est grisée par la présence de la tumeur (flèches) et sa lumière est très élargie
en mode B. b. Le Doppler couleur (à interpréter avec précaution) confirme l’absence de signal dans la lumière comblée de
la branche portale gauche.
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 55

Figure 2.40. Thrombose tumorale de la veine porte.


a. Le contenu de la veine porte apparaît échogène (*) en mode B, peu différent du parenchyme hépatique avoisinant. Le
diamètre de la veine porte est augmenté, plutôt en faveur d’un envahissement tumoral. b. Le Doppler couleur montre une
vascularisation suspecte mais il est difficile d’exclure une circulation résiduelle autour d’un thrombus cruorique incomplet.
c. Après injection de produit de contraste le « thrombus » se rehausse de façon diffuse. Il s’agit donc d’un envahissement
tumoral de la veine porte par un CHC infiltrant.

acceptable. Enfin, l’efficacité d’un tel dépistage hypoéchogène et il ne peut pas être différencié
en termes de survie a été démontrée : 37 % dans d’un nodule de régénération. Lorsqu’il grossit,
l’étude de Chan [13]. Malgré cela, le récent il apparaît très fréquemment hétérogène, alter-
observatoire français CHANGH [14] a montré nant des plages hyper- et hypoéchogènes mais
que, dans la pratique en France, le dépistage du on peut toujours rencontrer des nodules homo-
CHC chez les patients porteurs d’une cirrhose gènes hypo- ou hyperéchogènes (figure 2.41).
connue n’excédait pas 25 % des patients. Le CHC est avec l’adénome et l’angiomyolipome
La spécificité de l’échographie est également une tumeur qui peut contenir de la graisse, or la
insuffisante ; en effet il existe de nombreux graisse apparaît hyperéchogène en échographie
nodules dans un foie de cirrhose qui corres- ce qui peut donc être un élément d’orientation
pondent à des nodules de régénération banals qui en cas de constatation de plages hyperéchogènes
n’entameront jamais leur chemin vers la transfor- dans un nodule hépatique développé dans un foie
mation néoplasique, il y a donc de nombreux faux de cirrhose (figure 2.42). Attention au diagnostic
positifs en échographie de dépistage. Il est donc d’angiome par excès dans un foie de cirrhose !
nécessaire de compléter l’échographie de dépis- Trop souvent, un CHC hyperéchogène est consi-
tage par un examen de caractérisation diagnos- déré à tort comme un angiome. Le diagnostic
tique en cas de découverte de nodules supérieurs échographique d’angiome ne devrait être évoqué
à 1 cm dans un foie d’hépatopathie chronique. qu’avec la plus extrême prudence en cas d’hépa-
topathie chronique et il ne faut pas hésiter à
Aspect échographique compléter l’examen par une IRM.
Le Doppler peut révéler la présence de vais-
Forme nodulaire seaux tortueux artériels en périphérie de
Il s’agit de lésions solides dont l’aspect est la lésion surtout si le CHC est volumineux.
variable, hypo-, iso- ou hyperéchogène. Lorsqu’il Lorsque le CHC dépasse plusieurs centimètres
mesure 10 à 20 mm, le CHC est fréquemment on observe fréquemment des plages de nécrose
56 Le foie

Figure 2.41. Différents aspects échographiques de CHC (flèches).


a et b. Nodules hétérogènes alternant des plages hyper- et hypoéchogènes. Cet aspect est très évocateur de CHC.
c. Nodule hypoéchogène à contour bien limité. d. Massehyperéchogène hétérogène. e. Masse hypoéchogène hétérogène.
f. Masse discrètement hyperéchogène hétérogène hypervascularisée au Doppler.

hémorragique (figure 2.43). La découverte écho- (figure 2.45a). Ils sont habituellement plus hété-
graphique d’une lésion de plus de 3 cm présentant rogènes que le parenchyme adjacent mais comme
ce type de caractéristiques dans un foie de cirrhose ils s’infiltrent entre les vaisseaux, ils n’entraînent
pose quasiment le diagnostic de CHC, néanmoins en général pas d’effet de masse et les vaisseaux ne
l’objectif de l’échographie est de découvrir les sont pas refoulés. Néanmoins, des signes peuvent
nodules à un stade plus précoce donc moins alerter :
caractéristique et de toute façon une confirmation • comme pour tout CHC, la tumeur aura ten-
du diagnostic doit être obtenue. Celle-ci peut dance à envahir les espaces vasculaires portes ou
être fournie par l’imagerie seule grâce à l’étude sus-hépatiques (figure 2.45b) ;
du rehaussement de la lésion après injection de • la présence d’une lésion infiltrante peut
produits de contraste au scanner ou en IRM. conduire à une impossibilité pour le flux
Le CHC a également tendance à envahir les porte du territoire concerné à franchir facile-
espaces vasculaires portes ou sus-hépatiques ment les capillaires sinusoïdes. De ce fait on
(figure 2.39), ce qui signe alors quasiment le diag- peut observer une inversion du sens du flux
nostic. Plus rarement, il peut également envahir porte dans le territoire infiltré par la tumeur
les voies biliaires (figure 2.44). (figure 2.45c). Ce signe n’est pas spécifique
et peut se rencontrer avec d’autres tumeurs
Forme infiltrante infiltrantes : hémangioendothéliome épithé-
Les CHC infiltrants sont beaucoup plus difficiles lioïde, cholangiocarcinome ou lymphome par
à identifier car ils n’ont pas de limites nettes exemple.
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 57

Figure 2.44. CHC (flèches) envahissant une voie


biliaire (*).

Conduite à tenir devant la découverte


échographique d’une lésion focale
dans un foie d’hépatopathie chronique
Figure 2.42. Nodule découvert chez un patient
cirrhotique (flèches). Tout nodule détecté qui n’existait pas au préalable
L’exploration à l’aide d’un transducteur haute fréquence doit être pris en charge comme suit :
montre des plages franchement hyperéchogènes (têtes • pour les nodules de moins d’un centimètre,
de flèche) évocatrices de plages chargées en graisse très la surveillance échographique doit passer de
suggestives de CHC.
semestrielle à trimestrielle pendant 2 ans. Si le
nodule ne bouge pas sur cet intervalle de temps,
le rythme de surveillance redevient semestriel ;
• pour les nodules de plus d’un centimètre il faut
les caractériser par scanner et/ou IRM et ponc-
tion-biopsie si la caractérisation en imagerie
(hypervascularisation au temps artériel et lavage
au temps portal et/ou tardif) ne peut être
obtenue [22]. Le simple suivi échographique
d’un nodule de plus de 10 mm survenant sur
une cirrhose doit être absolument proscrit.

Quelle place pour l’échographie de contraste ?


Après injection dans sa forme typique, un CHC
présente un rehaussement artériel intense débu-
tant à partir de nombreux pédicules artériels
(figure 2.46). Ce rehaussement peut être périphé-
rique ou multifocal diffus. Il faut noter qu’il existe
des CHC qui n’apparaissent pas hypervascularisés
au temps artériel. Gaiani et al. [24] ont observé
une hypervascularisation artérielle dans 97 % des
Figure 2.43. Volumineux CHC très hétérogène en
raison de la survenue de remaniements hémorragiques CHC de plus de 3 cm, dans 92 % de ceux compris
anéchogènes récents à sa périphérie. entre 2 et 3 cm, dans 87 % de ceux supérieurs à
58 Le foie

Figure 2.45. CHC infiltrant une partie du segment 8 et du segment 4.


a. En mode B la lésion ne présente pas de limites nettement visibles. Elle se traduit surtout par un aspect plus hétérogène
(*) que le parenchyme adjacent. b. On observe également un aspect grisé, thrombosé d’une branche de la veine hépatique
médiane (flèche). c. L’étude Doppler couleur centrée sur le pédicule porte du segment 8 montre une inversion isolée du
sens du flux dans une des deux branches du segment 8 (flèche) alors que la branche droite et la seconde branche du
segment 8 conservent un flux hépatopète physiologique (têtes de flèche). L’ensemble signe la présence d’une lésion
infiltrante (ici un CHC).

2 cm et dans seulement 67 % de ceux inférieurs hypoéchogène au temps tardif. Ou au contraire,


à 1 cm. La poursuite du rehaussement est très on peut constater une conservation intralésion-
variable et non spécifique. On peut observer un nelle du contraste comparable à celle du paren-
wash-out plus ou moins rapide du même type que chyme hépatique adjacent. Les CHC ont alors
les métastases mais avec souvent un aspect moins un aspect isoéchogène au foie au temps portal
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 59

Figure 2.46. CHC caractéristique sur hépatite C.


Sans injection de produit de contraste, la lésion apparaît hypoéchogène au sein du lobe gauche. Après injection, on
observe une cinétique caractéristique avec une prise de contraste périphérique à partir de vaisseaux tortueux irréguliers
au temps artériel. La tumeur est ensuite isoéchogène au temps porte. Sur les temps tardifs, la lésion devient hétérogène
légèrement hypoéchogène.

et tardif comme constaté avec les tumeurs hépa- identifié en mode B est le siège d’un rehaus-
tocytaires bénignes. Fan et al. [25] ont montré sement artériel et d’un wash-out en échographie
que les CHC sièges d’un wash-out et donc hypo- de contraste, la possibilité qu’il s’agisse d’un
échogènes au temps tardif étaient très souvent cholangiocarcinome dont la fréquence est égale-
peu différenciés et correspondaient également ment élevée en cas d’hépatopathie chronique ne
aux CHC les plus volumineux alors que les lésions peut être exclue. Ainsi l’échographie de contraste
isoéchogènes au temps tardif correspondaient au ne fait pas partie des techniques d’imagerie avec
CHC moyennement ou bien différenciés. Il faut injection qui doivent être utilisées pour carac-
noter que le wash-out très recherché au scanner tériser de façon non invasive un CHC. Seuls le
et en IRM est très différent de celui observé en scanner et l’IRM sont retenus. Les seuls intérêts
échographie de contraste. Ce wash-out très évoca- de l’échographie de contraste sont sûrement de
teur de CHC au scanner et en IRM ne l’est pas distinguer facilement un CHC hyperéchogène
en échographie de contraste où toutes les lésions d’un angiome (cf. chapitre 3) et de permettre
malignes peuvent l’exprimer. d’affirmer rapidement qu’un thrombus porte est
En résumé, le comportement du CHC en cruorique ou tumoral.
échographie de contraste n’est pas caractéris- Il faut également noter qu’en échographie
tique (vidéo 2.1 ). En effet, même si le nodule de contraste, il n’est possible d’étudier qu’une
60 Le foie

seule lésion à la fois. S’il existe plusieurs lésions, d’évaluer la surface du foie bosselé et le rebord
plusieurs injections seront nécessaires ce qui aug- inférieur du lobe gauche arrondi.
mente de façon importante le coût et la durée de • L’aspect général du foie compte plus que ses
l’examen. Il est donc illusoire d’utiliser l’échogra- dimensions pour déterminer s’il existe une dys-
morphie hépatique.
phie de contraste pour dépister le CHC dans un
• Hypertension portale : rechercher la splénomé-
foie d’hépatopathie chronique car il est impossible galie.
de balayer l’ensemble du parenchyme durant les • Nodule sur foie de cirrhose :
quelques secondes que dure le temps artériel. – inférieur à 1 cm : contrôle trimestriel ;
– supérieur à 1 cm : scanner ou IRM.
●● Points clés • Inversion du sens du flux dans une branche
• Stéatose focale : plage hyperéchogène située porte isolée : penser à une tumeur infiltrante.
dans les territoires évocateurs (face postérieure
du segment IV, au contact du lit vésiculaire dans
les segments IV et V), ou plage nette en carte de Éléments importants
géographie très souvent centrée par les vaisseaux
portes ou hépatiques.
du compte rendu
• Hépatopathie chronique : Une coupe précieuse :
la coupe sagittale du foie gauche qui permet Ces éléments sont décrits fiche 2.1.
Chapitre 2. Hépatopathies chroniques 61

`` Compléments en ligne [3] Poynard T, Lebray P, Ingiliz P, Varaut A, Varsat


B, Ngo Y, et al. Prevalence of liver fibrosis and
risk factors in a general population using non-inva-
Des compléments numériques sont associés à cet sive biomarkers (FibroTest). BMC Gastroenterol
ouvrage. Ils sont indiqués par un picto dans le 2010;22(10):40.
texte. Ils proposent des vidéos. [4] Roulot D, Costes JL, Buyck JF, Warzocha U, Gam-
Pour accéder à ces compléments, connectez-vous bier N, Czernichow S, et al. Transient elastography
as a screening tool for liver fibrosis and cirrhosis in
sur http://www.em-consulte/e-complement/­
a community-based population aged over 45 years.
473413 et suivez les instructions pour activer Gut 2011;60(7):977–84.
votre accès. [5] Aubé C, Winkfield B, Oberti F, Vuillemin E, Rous-
selet MC, Caron C, Calès P. New Doppler ultrasound
Vidéo 2.1. Exemple d’échographie de contraste d’un signs improve the non-invasive diagnosis of cirrhosis
CHC typique. La lésion est le siège d’une prise de
or severe liver fibrosis. Eur J Gastroenterol Hepatol
contraste qui débute en périphérie, d’aspect centripète.
2004;16(8):743–51.
Sur les coupes non tardives, non montrées, il existe un
discret wash-out. [6] Bonekamp S, Kamel I, Solga S, Clark J. Can imaging
modalities diagnose and stage hepatic fibrosis and
cirrhosis accurately? J Hepatol 2009;50(1):17–35.
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