Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Objectifs (Péricardites)
1. Définir la péricardite
2. Décrire quatre caractères du frottement péricardique
3. Décrire les quatre stades de HOLZMANN ECG de la péricardite aigue
4. Décrire trois signes à la radiographie thoracique de face de la péricardite avec épanchement
péricardique abondant
5. Décrire dix signes physiques de la péricardite avec tamponnade
6. Citer dix étiologies de péricardite
INTRODUCTION
L’inflammation aigue de la séreuse péricardique, très fréquente et d’étiologie très variée s’observe à
tout âge. Sa sémiologie clinique, décrite au XIXe siècle, a été précisée par l’avènement de la
radiologie, de l’électrocardiographie et de l’échocardiographie. Son diagnostic demeure cependant
très difficile.
1. GENERALITES
1.1. DEFINITION :
C’est l’inflammation exsudative du péricarde avec ou sans épanchement pouvant être aiguë, subaiguë ou
chronique.
1.2. INTERET :
✓ Epidémiologique : affections fréquentes surtout sous les tropiques du fait de la recrudescence du
VIH et la tuberculose, de l’avènement de la COVID 19.
✓ Diagnostique : autre fois beaucoup plus clinique, le diagnostic a été révolutionné par l’avènement
de l’échocardiographie
✓ Thérapeutique : le traitement est médical et chirurgical
✓ Pronostique : le pronostic est fonction de l’étiologie. La hantise reste l’évolution des formes aiguë
et subaigüe vers la tamponnade ou la chronicité
1.3. RAPPELS :
ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE
Le péricardique entoure le cœur et comprend une double enveloppe :
- externe, le sac fibreux
- interne, la séreuse péricardique qui est constituée de 2 feuillets (viscéral et pariétal)
ANATOMOPATHOLOGIE
Les lésions anatomiques sont variables selon l’étiologie mais 2 éléments sont constants :
1. L’inflammation : le péricarde, tapissé de fibrine perd son aspect poli habituel et réalise un
aspect de langue de chat. Cette inflammation touche également les structures voisines : le
myocarde (expliquant les aspects électrocardiographiques), la plèvre (expliquant le caractère
respiratoire de la douleur).
2. L’exsudation dans le sac péricardique est d’abondance variable :
Minime ou non décelable dans les formes dites sèches
Ou abondante pouvant atteindre plusieurs litres. Ce liquide est le plus souvent
sérofibrineux, plus rarement, il est hémorragique, purulent, chyleux.
2. SIGNES :
➢ Signes fonctionnels :
✓ La dyspnée
- La dyspnée : signe fréquent, elle est permanente et habituellement modérée et se traduit par une
polypnée superficielle ; il est rare qu’elle soit intense, imposant la position assise, le thorax penché
en avant, voire la position genu pectorale ;
➢ Signes généraux :
Le frottement péricardique est Fugace : disparaissant d’un examen à l’autre lors de la même journée ;
Persiste en apnée ; parfois mieux perçu en inspiration
➢ Biologie
Il peut avoir une légère augmentation de la Troponine et des enzymes myocardiques (CPK, CPK-
MB, ASAT…)
➢ ECG
➢ La radiographie thoracique
▪ De Face
• Aspect triangulaire et symétrique par rapport au bord gauche du sternum avec caractère
rectiligne du bord gauche du cœur
• Variation rapide du volume cardiaque sur des clichés pris dans les mêmes conditions
▪ De profil
Comblement des espaces clairs rétrocardiaques et rétrosternal en cas de péricardite avec épanchement
Cet examen simple est l'examen clé indispensable au diagnostic et à la surveillance. Cet examen permet :
L'échographie cardiaque permet de visualiser l'épanchement liquidien, lorsque celui-ci existe, sous la
forme d'un vide d’écho (noir), séparant les deux feuillets du péricarde.
Une échographie normale n’élimine pas le diagnostic de péricardite aigue : l'épanchement peut d'une part
apparaître secondairement ou il peut s'agir d'une "péricardite sèche".
- L'épanchement est dit minime lorsque le décollement péricardique est inférieur à 1 cm (inférieur à
300 cm3).
- L'épanchement est dit de moyenne abondance lorsque le décollement est compris entre 1 et 2 cm
d'épaisseur (proche de 500 cm3).
- Enfin l'épanchement est considéré comme très volumineux lorsque le décollement est supérieur à
2 cm d'épaisseur (au-delà de 1 litre).
Dans certains cas ; l'aspect du cœur est très particulier, hyperkinétique semblant flotter au sein cet
épanchement liquidien majeur, réalisant l'aspect de "Swinging heart".
2.1.3. EVOLUTION :
Elle dépend de l’étiologie. Elle est le plus souvent favorable, avec disparition des signes cliniques en une
semaine. Mais peut être greffée de complications qui sont de trois (3) ordres :
Secondaire : Il s’agit des rechutes qui ne sont pas rares mais dépendant surtout de l’étiologie (IDM) et
des formes idiopathiques.
Tardive : L’évolution vers la constriction est toujours possible responsable d’un syndrome d’adiastolie
(péricardite chronique constrictive).
1. Formes évolutives
2. Formes compliquées
❖ La péricardite aiguë avec tamponnade :
• C’est l’évolution la plus redoutable de toutes les péricardites
• Due à une compression mécanique du myocarde par un épanchement péricardique
volumineux ou de constitution rapide4.
• Elle est le fait des épanchements importants ou surtout d’installation rapide et entraine 3
conséquences cliniques : Triade de Beck.
- Au niveau du cœur : assourdissement des bruits du cœur (un silence de cathédrale
« as quite as a church »)
- En amont : hyperpression veineuse (hépatomégalie, ascite, œdème des membres
inférieurs, turgescence des veines jugulaires)
- En aval : collapsus cardio-vasculaire avec pouls rapide filant, pouls paradoxal de
Küssmaul (diminution inspiratoire du pouls, ou chute de plus de 10mmHg de la PAS à
l’inspiration).
Signes généraux
Examens complémentaires
-soit une cardiomégalie globale importante
-soit un cœur augmenté de volume avec rectitude de l’ombre cardiaque
-L’ECG : montre souvent un bas voltage, des troubles diffus de la repolarisation et parfois
une alternance électrique.
-L’échocardiographie est évocatrice si elle révèle une compression des cavités droites avec
collapsus diastolique des cavités droites.
L’évacuation d’urgence de l’épanchement doit être réalisée de préférence par un drainage chirurgical ou
ponction écho guidée
En amont le tableau réalisé est le syndrome pseudo cirrhotique de PICK : gros foie ferme, douloureux,
ascite, OMI, bouffissure du visage avec subictère, jugulaires distendues avec reflux hépato-jugulaire.
Paraclinique :
La présence de calcifications péricardiques diffuses (en coquille d’œuf) ou localisées, signe le diagnostic.
- ECG : tachycardie sinusale ou autres troubles du rythme, bas voltages de QRS, ondes T aplaties
ou inversées, bifidité de l’onde P.
3. DIAGNOSTIC
✓ Il repose sur :
✓ La clinique :
• Douleur thoracique mésocardiaque, aggravée par la toux et inspiration profonde. Elle est
calmée par la position penchée en avant.
• L’auscultation retrouve un frottement péricardique de siège variable, il peut faire
place à un assourdissement des bruits cardiaque en cas d’épanchement
Il se pose avec toutes les affections qui peuvent associer une douleur thoracique, une dyspnée,
un décalage thermique et des modifications ECG :
❖ Dissection de l’aorte: douleur thoracique migratrice vers le dos et les MI, asymétrie TA,
disparition d’un pouls, HTA, Rx pulmonaire, échocardiaque, angioscanner font le diagnostic.
1. Causes infectieuses
❖ Péricardites tuberculeuses
✓ Elles sont graves. Elles surviennent soit dans le cadre d’un syndrome septicémique (sujets
immunodéprimés), soit après chirurgie cardiaque ou thoracique.
✓ Les germes en cause peuvent être tous les germes pyogènes (staphylocoque : post-
chirurgie, pneumocoques, Haemophilus, bacilles Gram négatifs), mais aussi le
méningocoque (avec ou sans méningite) et les légionnelles. Il existe également des
péricardites fongiques (sujets immunodéprimés) ou parasitaires.
✓ Les deux principales complications sont la tamponnade et la péricardite constrictive.
✓ Le traitement comporte un traitement antibiotique adapté par voie générale et un drainage
chirurgical systématique.
2. Péricardites de l’infarctus
3. Péricardites néoplasique
✓ Péricardite liée au VIH : Elle peut être multifactorielle : atteinte péricardique virale
directe, atteinte péricardique liée à un lymphome ou un sarcome de Kaposi, atteinte
péricardique liée à une surinfection fungique ou bactérienne chez un patient
immunodéprimé.
✓ Péricardite au cours de la maladie à COVID-19 (atteinte péricardique par des dommages
liées à l'inflammation systémique, à la réponse exagérée des cytokines par les lymphocytes
T auxiliaires de type 1 et 2 ; péricardite post vaccinale)
✓ Péricardites des maladies de système : lupus, polyarthrite rhumatoïde et autres
connectivites. La péricardite est très fréquente dans l’évolution de ces maladies, mais a
rarement des manifestations cliniques.
✓ Péricardites post-chirurgie cardiaque :(quelques jours à plusieurs mois après la
péricardotomie).La physiopathologie semble la même que dans le syndrome de
DRESSLER (immunisation par libération de substances myocardiques).
✓ Péricardites post -radiques : de plus en plus fréquentes (irradiation thoraciques dans la
maladie de hodgkin, du cancer du sein) , risque d’évolution vers la péricardite constrictive.
✓ Péricardites au cours de l’insuffisance rénale très évoluée; 2 formes de péricardites ont
été décrits chez ces patients :
• péricardites urémique chez des patients non dialysés, liée à une inflammation du
péricarde (exsudat).
• péricardites de l’hémodialysé, liée à une surcharge volémique (transsudat)
4.1.1. Buts
▪ Rétablir une cavité péricardique virtuelle
▪ Soulager le patient
▪ Traiter la cause
▪ Prévenir et traiter les complications
4.1.2. Moyens
➢ Mesures générales :
Technique :
▪ Patient en décubitus dorsal, surveillance continue FC (scope) thorax légèrement surélevé par
un oreiller
▪ Sous contrôle d’un amplificateur ou d’une échographie
▪ Asepsie rigoureuse: champs, gants stériles, bavette
▪ Désinfection soigneuse de la peau
▪ Anesthésie locale soigneuse (xylocaïne 1%)
▪ Ponction sous xiphoïdienne dans l’angle formé par l’appendice xiphoïdien et le rebord costal
gauche avec une aiguille gros calibre (15-18G)
▪ Aiguille montée sur une seringue est enfoncé d’avant en arrière sur environ 1 cm puis
horizontalisée de façon à effectuer un angle de 15° entre elle et la surface abdominale
▪ Puis on se dirige vers l’épaule gauche très progressivement sur 3-4cm
▪ Maintenir une pression négative dans la seringue
▪ Contrôle ECG concomitant
▪ On retire quelques centimètres cubes de liquide (presque toujours très hémorragique) que
l'on vide sur une compresse : le sang (si on a ponctionné le ventricule droit) coagule vite,
alors que le liquide péricardique s'étale en « halo » sur le tissu.
▪ Complications possibles: traumatisme du VG, pneumothorax ou pneumopéritoine,
hémopéricarde, thrombose intrapéricardique
❑ Le drainage: percutané ou chirurgical
▪ Percutané ➔ péricardiocentèse
▪ Chirurgical ➔ péricardiostomie sous-xyphoïdienne
- par thoracotomie latérale gauche
- par sternotmie médiane
❑ Péricardectomie:
Pr Ag K. J. KOLOGO CHU YO, Service de cardiologie de Pr P. ZABSONRE Page 16
deux techniques: Thoracotomie par voie sous xiphoïdienne ou vidéochirurgie
➢ Thoracotomie par voie sous xiphoïdienne
• Complication plus fréquente
• Prolonge l’hospitalisation
• Récidive fréquente.1
➢ Moyens instrumentaux et chirurgicaux :
➢ Vidéochirurgie
• Cicatrice limitée
• Exploration complète de la cavité thoracique
• Possibilité de réaliser des biopsies
• Contre-indiquée en cas d’instabilité hémodynamique
4.1.3. INDICATIONS :
➢ Péricardites purulentes
➢ Péricardites tuberculeuses
➢ Péricardites néoplasiques
Suspicion clinique de péricardite aiguë : douleur thoracique, syndrome grippal, frottement, ECG
Non oui
• non
ECG, TXT, ETT
• NFS, CRP, ionogramme
sanguin urée, créatinine
• Troponine, CK
• Sérologie VIH TSH
ETT en urgence
NB : si élévation de troponine,
éliminer myocardite associée par
IRM.
Les péricardites sont assez fréquentes sous les tropiques. Il existe différentes présentations cliniques dont
certaines sont des urgences.
La connaissance de l’étiologie permet de mieux adapter le traitement.