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Péricardite

Dr Demba Waré BALDE


Ancien Interne Des Hôpitaux
Cardiologue
PLAN
I. INTRODUCTION

1. Définition

2. Intérêt

II. SIGNES

1. Type de description : péricardite aigue avec épanchement de


moyenne abondance

2. Formes cliniques
PLAN
III. DIAGNOSTIC

1. Diagnostic positif

2. Diagnostic différentiel

3. Diagnostic étiologique

IV. TRAITEMENT

V. CONCLUSION
INTRODUCTION
INTRODUCTION
1. Définition

Inflammation du péricarde, avec ou sans épanchement péricardique.


2. Intérêt
• Gravité / Complications
 A court terme : tamponnade

 A long terme : constriction


• Etiologies diverses dominées par les causes virales
SIGNES
SIGNES
1. Type de description : péricardite aigue avec
épanchement de moyenne abondance
SIGNES
1.1. Signes fonctionnels :
 Douleur thoracique +++

• Début brutal
• En général précordiale gauche, parfois rétrosternale
• Irradiations : épaule gauche, pointe de l’omoplate gauche

• Type : brûlure, constriction


• Parfois très intense
SIGNES
1.1. Signes fonctionnels :
 Douleur thoracique +++

• Peut simuler la douleur angineuse, mais elle :


 Ne survient pas à l’effort
 N’est pas calmée par la trinitrine

 Prolongée
 Augmentée par la toux, l’inspiration profonde, le décubitus
dorsal et les changements de position
 Calmée par la position assise et penchée en avant (attitude
antalgique en prière «Mahométane»)
SIGNES
1.1. Signes fonctionnels :
 Dyspnée

• Polypnée superficielle
• Souvent modérée, plus nette en décubitus
SIGNES
1.2. Signes généraux :

Inconstants et variables selon l’étiologie


• Fièvre : en général présente d’emblée
• Altération de l’état général
• Syndrome grippal : précède habituellement de quelques jours la
péricardite aiguë bénigne (« virale»), mais il peut tout à fait passer
inaperçu.
SIGNES
1.3. Signes physiques :

• Inspection : voussure thoracique gauche (rare)

• Palpation : diminution de la perception du choc de pointe

• Percussion : augmentation de l’aire de matité cardiaque

 Signe de Roth : matité parasternale droite

 Signe de Gendrin : matité sous-apexienne

 Syndrome pseudo-pleurétique de Pins : matité postérieure

simulant un épanchement pleural, s’atténuant en position genu

pectorale
SIGNES
1.3. Signes physiques :
 Auscultation :

• Frottement péricardique : signe pathognomonique +++ (très


spécifique mais peu sensible)
 Bruit superficiel (mieux perçu avec la cloche du stéthoscope)
 Fugace, d’intensité et de timbre variables d’un sujet à l’autre et
d’un moment à l’autre chez un même sujet, « du crissement de la
soie au craquement du cuir neuf »
 Mésocardiaque, n’irradiant pas : «naît et meurt sur place»
SIGNES
1.3. Signes physiques :
 Auscultation :

• Frottement péricardique : signe pathognomonique +++


 Classiquement systolo-diastolique à 3 temps, protodiastolique,
présystolique et systolique, mais il n’est parfois audible qu’à 1 ou 2
temps (par ordre de fréquence : systolique, présystolique et enfin
protodiastolique) et n'est donc pas toujours facile à distinguer
d'un souffle systolique
 Respecte les bruits du cœur

 Persiste en apnée +++


SIGNES
1.3. Signes physiques :
 Auscultation :

• Frottement péricardique +++


• Assourdissement des bruits du cœur
• Tachycardie
SIGNES
1.4. Signes paracliniques :
 Biologie :

• Syndrome inflammatoire biologique non spécifique : hyperleucytose,


VS accélérée, augmentation de la CRP…
SIGNES
1.4. Signes paracliniques :

 Electrocardiogramme :

• Peut être normal

• Signes en rapport avec l’inflammation

 Des ventricules 4 stades d’Holtzman

 Des oreillettes : sous – décalage du PQ (assez précoce et très

évocateur)

• Signes en rapport avec l’épanchement : bas voltage des complexes

QRS, alternance électrique


ECG péricardite : 4 stades évolutifs de Holtzman
Stade 1 : Sus-décalage ST DIFFUS,  CONCAVE vers le haut
(aspect en selle de chameau), ondes T positives et sous-
décalage PQ

Stade 2 : Retour à la ligne isoélectrique du ST et aplatissement


de l’onde T

Stade 3 : Négativation de l’onde T

Stade 4 : Retour à la normale de l’onde T avec repositivation

Signes diffus, concordants, sans image en miroir ni onde Q de nécrose


SIGNES
1.4. Signes paracliniques :

 Radiologie :

• Radioscopie :

 Pédicule court, battant normalement, surplombant un gros cœur

peu ou pas battant

 Double contour avec contour interne battant et contour externe

immobile
SIGNES
1.3. Signes paracliniques :
 Radiologie :

• Radiographie du thorax :
 Cardiomégalie symétrique :
 Rectitude des bords du cœur

 Ouverture de l’angle cardio-phrénique : aspect en «théière» ou en


«carafe»
 Recouvrement para-hilaire bilatéral
SIGNES
1.4. Signes paracliniques :
 Echocardiographie : examen clé +++

• Épanchement péricardique :
 Espace clair systolique et diastolique
 Abondance, topographie, tolérance hémodynamique

• Epaississement des feuillets péricardiques


• Signes évocateurs d’étiologie
SIGNES
1.5. Evolution :

 Eléments de surveillance :

• Clinique

• Paraclinique

 Modalités évolutives :

• Favorable : traitement précoce et adapté

• Défavorable : tamponnade cardiaque, récidives, constriction


SIGNES
2. Formes cliniques :
SIGNES
2.1. Formes symptomatiques :
 Péricardite sèche

• Douleur de type péricarditique, dyspnée, frottement péricardique


• ECG : stades de Holtzman, sous-décalage du PQ
• Echocardiographie : épaississement des feuillets péricardiques
SIGNES
2.1. Formes symptomatiques :
 Péricardite avec épanchement de grande abondance

• Dyspnée intense, signes de compression : dysphagie, dysphonie,


hoquet, toux
• ECG: microvoltage diffus, alternance électrique
• Rx thorax : volumineuse cardiomégalie avec ouverture angle cardio-
phrénique, raccourcissement pédicule pulmonaire et recouvrement
parahilaire
• Echocardiographie: épanchement péricardique de grande abondance
: espace vide d’écho, aspect «swinging heart»
SIGNES
2.2. Formes compliquées :
 Myopéricardite Simule un SCA :
• Douleur pseudo-angineuse
• Sus-décalage de ST limité à un territoire avec miroir ± ondes Q
• ± Signes de péricardite

• Troponines augmentées
• Intérêt IRM
SIGNES
2.2. Formes compliquées :
 Tamponnade cardiaque :

• Etat d’adiastolie aiguë en rapport avec un épanchement péricardique


abondant ou d’installation rapide
• Met en jeu le pronostic vital à court terme et nécessite une ponction
péricardique en urgence +++
SIGNES
2.1. Formes compliquées :

 Tamponnade cardiaque :

– Signes fonctionnels : polypnée, voire orthopnée

– Signes cliniques : Triade de BECK : tableau de choc avec signes

d'insuffisance ventriculaire droite aiguë :

 Au niveau du cœur : assourdissement des bruits du cœur,

tachycardie

 En amont : signes d’IC droite : hépatomégalie, ascite, œdèmes des

membres inférieurs, turgescence des veines jugulaires


SIGNES
2.1. Formes compliquées :

 Tamponnade cardiaque :

– Signes cliniques : Triade de BECK : tableau de choc avec signes

d'insuffisance ventriculaire droite aiguë :

 En aval : collapsus cardio-vasculaire avec pouls rapide et filant, pouls

paradoxal de Kussmaul (diminution inspiratoire du pouls, ou chute

de plus de 10 mm Hg de la pression artérielle systolique à

l’inspiration)
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Tamponnade cardiaque :

– Paraclinique :
• ECG : micro voltage diffus, alternance électrique des QRS
• Radiographie du thorax : cardiomégalie symétrique ± importante

• Echocardiographie : examen clé, en urgence


 Espace vide d’écho autour du cœur
 Aspect de «swinging heart»
 Compression des cavités droites avec collapsus du VD et de l’OD

 Guide la ponction péricardique


SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Tamponnade cardiaque :

– Conduite à tenir en urgence :


 Hospitalisation en USIC
 Patient en position demi-assise

 Scope cardio-tensionnel et monitoring des constantes vitales


 Ponction péricardique (voie sous-xyphoidienne ou parasternale)
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Récidive :

• Nouvel épisode de péricardite après un premier épisode documenté


de péricardite aiguë et une période sans symptôme de 4 à 6
semaines ou plus (habituellement moins de 18-24 mois, mais une
limite supérieure précise n’est pas établie).
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Péricardite chronique constrictive :

• Insuffisance cardiaque par gêne du remplissage diastolique due à un


épaississement fibreux et/ou calcifié du péricarde.
 SF: dyspnée, hépatalgie
 SG: altération de l’état général

 SP: - Signes cardiaques :


 Choc de pointe difficilement palpable
 Auscultation: vibrance péricardique : bruit protodiastolique
surajouté, de timbre aigu
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Péricardite chronique constrictive :

 SP: - En aval: tension artérielle pincée

- En amont: syndrome pseudo cirrhotique de PICK:


 Gros foie ferme, douloureux,

 Ascite, Œdèmes des membres inférieurs


 Bouffissure du visage avec subictère
 Turgescence des veines jugulaires avec reflux hépato-
jugulaire
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Péricardite chronique constrictive :

• ECG: microvoltage, tachycardie sinusale, troubles du rythme, ondes T


aplaties ou inversées, bifidité de l’onde P
• Radiographie du thorax:
 Cœur soit augmenté de volume, soit normal

 Calcifications péricardiques diffuses (en coquille d’œuf) ou


localisées: présence signe le diagnostic +++
SIGNES
2.1. Formes compliquées :
 Péricardite chronique constrictive :

• Echocardiographie:
 Dilatation des oreillettes avec taille normale des ventricules
 Fasceillement septal

 Epaississement des feuillets péricardiques


 Dilatation de la veine cave inférieure et des veines sus-hépatiques

• Cathétérisme cardiaque: aspect en «dip plateau»

• TDM – IRM: épaississement et calcifications péricardiques


DIAGNOSTIC
DIAGNOSTIC
1. Diagnostic positif :
• Diagnostic de péricardite aiguë si présence de ≥ 2 des 4 critères
suivants :
– Douleur thoracique d'allure péricarditique
– Frottement péricardique à l'auscultation
– Anomalies ECG récentes : sus-décalage du ST ou sous-décalage du
PQ
– Epanchement péricardique : récent ou s'aggravant
DIAGNOSTIC
2. Diagnostic différentiel :
• Ceux d’une douleur thoracique précordiale :

– Infarctus du myocarde
– Embolie pulmonaire
– Dissection aortique

– Autres : pneumopathie, pneumothorax, pleurésie, pancréatite


aigue
DIAGNOSTIC
3. Diagnostic étiologique :

3.1. Causes infectieuses :


• Virales (fréquentes) : entérovirus, herpès, adénovirus, parvovirus
B19
• Bactériennes :
 Péricardite purulente: staphylocoques, pneumocoques,
streptocoques, bacilles Gram négatif…
 Péricardite tuberculeuse: sujet immunodéprimé (VIH ++).
Evolution fréquente vers une tamponnade, une récidive, ou une
constriction péricardique
DIAGNOSTIC
3. Diagnostic étiologique :

3.1. Causes infectieuses :


• Fongiques (très rares) : Histoplasma spp. (plus probable chez les
patients immunocompétents), Aspergillus spp., Blastomyces spp.,
Candida spp. (plus probable chez les patients immunodéprimés)
• Parasitaires (très rares) : Echinococcus spp., Toxoplasma spp.
DIAGNOSTIC
3. Diagnostic étiologique :

3.2. Causes non infectieuses :


• Inflammatoires et auto-immunes (fréquentes) :
 Péricardite rhumatismale: RAA
 Maladies systémiques auto-immunes et auto-inflammatoires:
lupus, polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, vascularites
systémiques, sarcoïdose
• Post IDM : en aigu ou à plus de 3 semaines post-infarctus (syndrome
de Dressler)
DIAGNOSTIC
3. Diagnostic étiologique :

3.2. Causes non infectieuses :


• Néoplasiques : tumeurs primitives (rares) ; tumeurs métastatiques
secondaires (poumon, sein, lymphome).
• Métaboliques : urémie, myxoedème, anorexie mentale
• Traumatiques et iatrogéniques : post-péricardotomie, post-radique,
médicaments
• Autres: amylose, dissection aortique, hypertension artérielle
pulmonaire, absence congénitale partielle ou totale de péricarde.
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
1. Buts :
• Calmer la douleur

• Eviter et/ou traiter les complications


• Traiter la cause

2. Moyens :
 Mesures hygiéno-diététiques : repos strict au lit ; régime désodé
 Médicamenteux

• Anti-inflammatoires : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),


colchicine, corticoïdes
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
2. Moyens :
 Médicamenteux :

• Antibiotiques : antituberculeux…
• Antalgiques, antipyrétiques, diurétiques, solutés, amines…
 Instrumentaux : ponction péricardique

 Chirurgicaux :
• Drainage chirurgical
• Péricardectomie : décortication corticale

• Fenestration pleuro-péricardique
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
3. Indications :
 Péricardite aigue virale

• Repos au lit. AINS + Colchicine. Antalgiques


 Péricardite post-infarctus
• Arrêt des anticoagulants. Anti-agrégants plaquettaires. Anti-
inflammatoires
 Péricardite purulente
• Drainage chirurgical précoce. Antibiothérapie
 Péricardite tuberculeuse

• Anti-tuberculeux ± Corticothérapie
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
3. Indications :
 Péricardite néoplasique

• Drainage chirurgical + fenêtre pleuro-péricardique. Traitement


spécifique de la tumeur
 Tamponnade péricardique
• Ponction évacuatrice ou drainage péricardique

 Péricardite constrictive
• Péricardectomie
CONCLUSION
CONCLUSION
• Affection fréquente, posant souvent un problème diagnostique.
• Péricardites = entité nosologique diversifiée avec pour point
commun, le syndrome clinique associé ou non à la présence d’un
épanchement liquidien.
• Etiologies multiples.
• Formes graves engageant le pronostic vital immédiat comme la
tamponnade nécessitant un geste en urgence et des complications
tardives comme la constriction dont le traitement est chirurgical.

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