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Syndromes médullaires
M. Barat, D. Goossens, G. Penchet, P. Dehail

La séméiologie des lésions de la moelle épinière est riche, en rapport avec ses fonctions de transmission
des informations somesthésiques du corps, de contrôle moteur de l’ensemble de la musculature striée, du
contrôle via le système nerveux végétatif des organes viscéraux des cavités thoracique et abdominale,
mais aussi de ses fonctions d’intégration sensorimotrice plus complexes. Toute lésion de la moelle épinière
engage l’avenir fonctionnel des patients, d’où l’importance d’un diagnostic précoce qui s’appuie
initialement sur le contexte, l’interrogatoire et l’examen clinique rigoureux. Les progrès de l’imagerie de la
moelle (imagerie par résonance magnétique) ont considérablement amélioré le diagnostic de nature du
processus lésionnel. Les causes des lésions de la moelle sont très nombreuses : traumatiques, vasculaires,
infectieuses et inflammatoires, tumorales, compressives, toxiques et carentielles, malformatives et
dégénératives... Chacune de ces causes évoque un aspect séméiologique et évolutif propre, abordé dans
les chapitres référents de l’EMC. Sur le plan clinique, il convient de distinguer les atteintes segmentaires
responsables des différents syndromes transverses qui s’installent généralement sur un mode aigu ou
subaigu, et les atteintes « systématisées » qui sont le fait des lésions qui touchent de façon privilégiée
certaines structures au sein de la moelle, le plus souvent sur un mode progressif. En cas de lésion uni- ou
plurisegmentaire, reconnaître et identifier par la terminologie internationale le niveau supérieur de la
lésion, apprécier l’intensité des déficits moteurs, sensitifs, viscéraux au-dessous de la lésion permettent de
préciser le syndrome anatomoclinique et, en fonction du contexte, d’orienter les examens
complémentaires. Les lésions transverses complètes au niveau cervical sont responsables de déficits
sensitivomoteurs massifs des quatre membres et du tronc et s’accompagnent, dans les formes aiguës, de
désordres végétatifs qui engagent très souvent le pronostic vital. Dans les lésions basses, l’atteinte
sensitivomotrice concerne à des degrés variables les membres inférieurs ; les troubles vésicosphinctériens,
anorectaux, sexuels sont toujours présents. L’atteinte « systématisée » de certaines structures
anatomiques de la moelle peut concerner de façon isolée ou associée la substance grise et la substance
blanche. Dans ce dernier cas, on décrit des syndromes cordonaux purs ou combinés. Il s’agit
habituellement d’atteintes progressives, relevant de causes multiples. Les syndromes médullaires de
l’enfant et de la personne âgée s’observent dans un contexte pathologique spécifique, propre à l’âge.
Enfin, même en cas de lésion non évolutive mais ayant laissé des séquelles, des phénomènes dégénératifs
secondaires, parfois tardifs, sont susceptibles de modifier le tableau clinique, imposant une vigilance et
une rigueur dans le suivi de toute personne handicapée par atteinte de la moelle épinière.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Myélopathie ; Syndrome transverse ; Choc spinal ; Syndrome cordonal ;


Hyperréflexie autonome ; Vessie neurologique

Plan ¶ Syndromes médullaires aux différents âges 10


Syndromes médullaires de l’enfant 10
¶ Introduction 2 Syndromes médullaires chez la personne âgée 10
¶ Grandes fonctions médullaires : de l’anatomie fonctionnelle ¶ Troubles vésicosphinctériens, intestinaux et sexuels
à la physiopathologie et à la sémiologie 2 des syndromes médullaires 10
¶ Syndromes anatomocliniques 3
¶ Aspects séquellaires et pronostic/vieillissement :
Atteintes segmentaires ou syndromes transverses 3
Atteintes « systématisées » 5 aspects sémiologiques 11
Phénomènes moteurs paroxystiques d’origine médullaire 7 Myélomacie 11
¶ Syndromes médullaires selon leur mode d’installation 7 Kyste post-traumatique intramédullaire 11
Syndromes médullaires aigus : du choc spinal aux syndromes Myélopathie myélomalacique progressive 11
complets et incomplets 7 Syringomyélie postlésionnelle 11
Syndromes médullaires transverses subaigus ou rapidement ¶ Conclusion 12
progressifs 8
Syndromes médullaires progressifs 10

Neurologie 1
17-042-A-10 ¶ Syndromes médullaires

■ Introduction « système neuronal propriospinal », responsable de l’intégra-


tion des différents segments de la moelle lors d’une tâche
Les syndromes médullaires regroupent l’ensemble des mani- motrice complexe. Trois groupes de neurones intraspinaux
festations cliniques consécutives à une lésion de la moelle sont identifiés :
épinière. La moelle épinière est exposée à de nombreuses C neurones propriospinaux longs dont les axones ascendants
affections : traumatiques, tumorales, vasculaires, inflammatoires, et descendants projettent sur la totalité de la moelle. Leur
infectieuses, toxiques ou carentielles, malformatives et dégéné- influence s’exerce sur les motoneurones en position
ratives qui sont abordées dans différents chapitres de l’EMC, médiale de la corne antérieure (cf. ci-dessous) dont l’acti-
traité de neurologie. Les syndromes médullaires sont ainsi très vité concerne la motricité axiale de façon bilatérale ;
fréquents et ont une grande variété séméiologique qui fait
C neurones propriospinaux intermédiaires aux axones plus
l’objet de cette mise à jour ; ils sont très souvent à l’origine de
conséquences fonctionnelles majeures, ce qui souligne, face à courts qui modulent l’activité des motoneurones contrô-
une cause curable, l’urgence du diagnostic et du traitement et, lant les muscles proximaux des membres ;
pour les patients atteints de graves déficiences définitives, C neurones propriospinaux courts, uniquement présents dans
l’importance de soins coordonnés. les renflements cervicaux et lombaires de la moelle ; leurs
Il est classique de distinguer les lésions médullaires selon leur projections concernent les motoneurones impliqués dans le
caractère uni-, multifocal ou diffus touchant de façon privilégiée contrôle des muscles distaux des membres. Ce système
ou totale les structures anatomiques de la moelle dans le plan propriospinal est la base des générateurs centraux de la
transversal ou longitudinal. Le contexte clinique différencie les moelle (central pattern generator, [CPG]). C’est au sein de ces
syndromes d’installation aiguë, subaiguë ou progressive.
générateurs que s’inscrivent des activités motrices innées,
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a révolutionné la
rythmiques et stéréotypées, tel le générateur central de la
démarche du diagnostic causal mais ne peut se substituer à la
rigueur de l’examen clinique et, en fonction du contexte locomotion au niveau thoracolombaire. L’observation, chez
d’installation, au recours à d’autres investigations complémen- le nouveau-né de la marche automatique, des programmes
taires, biologiques et électrophysiologiques. moteurs du « bébé nageur », du signe de Babinski, en est
l’expression avant la myélinisation. L’activation des
générateurs s’observe chez l’adulte sous la forme des
■ Grandes fonctions médullaires : automatismes médullaires et autres phénomènes paroxysti-
ques lorsque les influences inhibitrices ne peuvent plus
de l’anatomie fonctionnelle s’exercer ;
à la physiopathologie • les expansions dorsales (cornes dorsales ou postérieures) dont
les dispositifs axonaux permettent la détection du caractère
et à la sémiologie [1, 2]
agressif, dangereux ou douloureux de l’environnement ;
La moelle épinière est la partie du névraxe contenue dans le l’organisation radiaire permet la réception, l’intégration et le
canal rachidien. Elle s’étend du foramen magnum où elle transfert des différents modes de sensibilité (protopathique,
prolonge le bulbe, jusqu’à la région lombaire au regard des nociceptive et thermique) ;
vertèbres L1-L2 (cône médullaire) où elle donne naissance aux • les expansions ventrales (cornes ventrales ou antérieures)
racines de la queue de cheval. Elle se continue par le filum dont les réseaux sont la base des capacités de locomotion et
terminale qui l’amarre à la terminaison du rachis. Sa longueur de préhension, articulés en segments axiaux, proximaux et
moyenne est de 45 cm chez l’adulte. Pour une bonne compré- distaux. L’organisation somatotopique des neurones effecteurs
hension de la physiopathologie et de la séméiologie, il faut destinés aux muscles squelettiques (motoneurones) est la
rappeler que la moelle épinière :
« voie finale commune » sur laquelle convergent des influen-
• reçoit et transmet les informations somesthésiques de tout le
ces segmentaires et suprasegmentaires.
corps (excepté la face) ;
• commande toute la musculature du tronc et des membres La substance blanche (SB) est la structure de transport des
(sauf l’extrémité céphalique) ; fibres provenant des centres nerveux de la SG ou lui étant
• contrôle pour une bonne part le fonctionnement des viscères destinées ; elle permet une articulation entre le milieu environ-
contenus dans les cavités thoracique et abdominale. nant extérieur et les structures plus haut situées du névraxe.
L’organisation de la substance grise (SG) répond à la métaméri- Les voies ascendantes de la somesthésie protopathique ou
sation (huit métamères cervicaux, 12 thoraciques, cinq lombai- extralemniscale (douleur, température, tact global) et épicritique
res, cinq sacrés). Chaque anneau métamérique se comporte ou lemniscale (tact fin, kinesthésie) a une triple orientation
comme un centre nerveux intégrant un territoire périphérique fonctionnelle :
par les nerfs spinaux (ou racines rachidiennes). Ce territoire • réflexe au niveau métamérique ;
périphérique (ou métamère) correspond : • programmée au niveau du cervelet (via les faisceaux spinocé-
• à une surface du revêtement cutané, le dermatome ; rébelleux) ;
• à un territoire musculaire, le myotome ou myomère. • consciente au niveau du cortex.
Le principe de lamination de la SG au sein de chaque Les voies descendantes correspondent aux dispositifs effec-
métamère permet d’identifier : teurs destinés à la zone intermédiaire et aux motoneurones. Ces
• une zone intermédiaire ou zone fondamentale (central core) voies véhiculent un ordre moteur qui répond à deux modalités
organisée en circuits nerveux renfermant des programmes fonctionnelles :
moteurs élémentaires et végétatifs. D’une part, elle est
• consciente, volontaire, finalisée, orientée vers un geste précis
constituée de formations spécifiques, impliquées dans la
(motricité idiocinétique) par la voie pyramidale (ou cortico-
sensibilité proprioceptive et intéroceptive, contribuant à la
spinale) ;
programmation du mouvement et sa correction, ainsi que
dans le contrôle du système nerveux végétatif : système • préconsciente ou automatique, plus globale, sollicitant les
orthosympathique pour l’innervation des vaisseaux, des chaînes musculaires préprogrammées et synergiques des
glandes sudoripares et des muscles érecteurs des poils, et générateurs centraux (motricité holocinétique des voies non
innervation viscérale par le nerf splanchnique qui prend son pyramidales).
origine dans le métamère T6 ; système parasympathique dans L’atteinte des voies ascendantes et descendantes détermine le
les métamères sacrés pour les fonctions rectales, et génito- syndrome cordonal dont l’expression clinique dépend de la
urinaires. D’autre part, les formations non spécifiques sont localisation de la lésion en hauteur (syndrome lésionnel
organisées en réseaux segmentaires ou plurisegmentaires à la métamérique), de son extension longitudinale et/ou transversale
base des programmes moteurs. Ces réseaux sont dénommés à l’origine du syndrome sous-lésionnel complet ou incomplet.

2 Neurologie
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■ Syndromes anatomocliniques Tableau 1.


Conséquences des lésions segmentaires (syndromes transverses totaux).
Rappelons quelques définitions pour la compréhension de
Niveau lésionnel Conséquences motrices
l’évaluation clinique. (premier segment
La tétraplégie correspond à un déficit ou à la perte des atteint)
fonctions motrices et/ou sensitives dans les segments cervicaux
de la moelle épinière. Elle se manifeste par un déficit de C5 et au-dessus Paralysie respiratoire
fonction des membres supérieurs variable selon le ou les Tétraplégie avec déficit total membres
niveaux métamériques atteints, aussi bien que du tronc, des supérieurs
membres inférieurs et des organes pelviens.
C5-C6 Paralysie des membres inférieurs
La paraplégie correspond à un déficit ou perte des fonctions
motrices et/ou sensitives dans les segments thoraciques, lom- - tronc
baires et sacrés (mais non cervicaux) de la moelle. Lors de la - poignets/mains
paraplégie, le fonctionnement des membres supérieurs est Faiblesse au niveau des adductions de l’épaule
préservé mais, en fonction du niveau de la lésion, le tronc, les - flexion coudes
membres inférieurs et les organes pelviens peuvent être atteints.
On y inclut les conséquences des lésions de la queue de cheval C6-C7 Paralysie des membres inférieurs
et du cône terminal. - poignets/mains
- tronc
Atteintes segmentaires ou syndromes
transverses C7-C8 Paralysie des membres inférieurs
- mains
Notion de niveaux et de syndrome lésionnel - tronc
La pratique francophone a longtemps fait exception sur ce
sujet, mais un consensus est aujourd’hui acquis pour l’adoption C8-T1 Claude-Bernard-Horner
d’une définition séméiologique internationale. Le niveau Paralysie des membres inférieurs/tronc
neurologique est défini par le métamère le plus caudal de la
moelle épinière ayant une fonction motrice et sensitive normale T1-cône médullaire Paralysie des membres inférieurs
des deux cotés. On peut ainsi identifier jusqu’à quatre niveaux : - tronc selon niveau
sensitif droit, sensitif gauche, moteur droit, moteur gauche. Ces
niveaux sont appréciés par l’examen clinique qui se réfère à un bonne connaissance de la segmentation médullaire est donc
point sensitif « clef » au niveau de chacun des 28 dermatomes indispensable à la réalisation de cet examen.
droits et gauches, et à un muscle « clef » au niveau de 10 myo- Le clinicien doit avoir le souci de rechercher l’extension en
tomes repères droits et gauches (cf. score American Spinal Injury hauteur du syndrome lésionnel : le niveau supérieur est le plus
Association [ASIA]-International Medical Society of Paraplegia facile à déterminer, alors que le niveau inférieur ne se révèle
[IMSOP]). Par exemple, une tétraplégie C6 correspond à une souvent que par la modification de la réflectivité sous-
atteinte sensitivomotrice qui débute en C7, C6 étant le méta- lésionnelle. Il existe fréquemment une asymétrie d’un ou
mère le plus caudal intact. plusieurs métamères du niveau lésionnel, même dans les
Une lésion complète est affirmée lorsqu’il n’existe aucune atteintes traumatiques. Il existe, ainsi que mentionné plus haut,
fonction motrice volontaire ni sensitive au-dessous de la lésion, un consensus international pour l’utilisation d’une classification
incluant les derniers segments sacrés. Une lésion est dite et l’évaluation standardisée des lésions transverses de la moelle
« incomplète » si une préservation partielle des fonctions (guide de bonnes pratiques, comparaison de cohorte, suivis
motrices et/ou sensitives est constatée au-dessous du niveau évolutifs, impact sur les incapacités, essais cliniques et efficacité
neurologique (zone de préservation partielle [ZPP]), y compris des thérapeutiques actuelles et futures...). La classification
dans les derniers segments sacrés (« épargne sacrée » ou sacral internationale et fonctionnelle des lésions médullaires transver-
sparing). ses a été développée par l’ASIA au début des années 1980 pour
L’examen d’un syndrome médullaire, quelle que soit sa cause, les lésions traumatiques (échelle ASIA) et adoptée par la
doit donc être systématisé et il faut rechercher l’existence d’un communauté internationale depuis 1992, toutes causes de
syndrome lésionnel [3] . Il traduit la souffrance du ou des lésions transverses confondues, sous le nom de score
métamères directement liée à la lésion. Il peut s’agir de l’atteinte ASIA-IMPSOP [7].
d’une ou plusieurs racines contiguës ou de l’interruption des
voies sensitivomotrices métamériques. Son importance et son Notion de syndrome sous-lésionnel complet
intensité sont variables. Ce syndrome comprend un tableau et incomplet
radiculaire, où la douleur est souvent le seul élément : elle est Le syndrome sous-lésionnel se définit par l’existence d’un
fixe, tenace, unilatérale au début, de topographie métamérique tableau de paraplégie ou tétraplégie complète ou incomplète
radiculaire, d’intensité variable, souvent nocturne ou à recru- précédé, dans les lésions aiguës, par une phase de choc spinal.
descence nocturne [3, 4]. Parfois il s’agit de paresthésies à type de
fourmillements et d’engourdissements dans un territoire Syndrome transverse total
radiculaire. Il se traduit par la disparition de la motilité volontaire et des
Il peut comprendre également un tableau radiculaire défici- différents modes de la sensibilité (extéroceptive, proprioceptive
taire [5, 6] : consciente et intéroceptive) au-dessous de la lésion alors que se
• sensitif à type d’hypo- ou d’anesthésie en bande radiculaire ; manifeste un certain degré de spasticité et d’automatisme
• moteur avec une paralysie flasque avec amyotrophie, fascicu- médullaire. Il existe une disparition de tout contrôle supralé-
lations, et parfois troubles neurovégétatifs en bande ; sionnel sur cet automatisme sous-lésionnel. Il peut arriver
• réflexe, avec diminution, abolition ou inversion d’un réflexe qu’une paraplégie d’origine médullaire demeure flasque. Il ne
dans le territoire métamérique correspondant. s’agit jamais dans ce cas de forme fruste mais de paraplégie
L’importance et la netteté de ce syndrome lésionnel radicu- sensitivomotrice massive. Elle correspond, soit à une grande
laire dépendent du siège en hauteur de la lésion. Le syndrome myélomalacie à point de départ dorsal, soit à une atteinte du
radiculaire est plus net en région cervicale où le territoire cône médullaire associée à celle de la queue de cheval, de
radiculaire est bien individualisé et facilement explorable, et manière difficilement dissociable cliniquement (Tableau 1).
surtout du fait de l’existence à ce niveau de réflexes ostéoten-
dineux métamériques, alors qu’en région thoracique, il peut se Hémisyndrome médullaire transverse
résumer à des douleurs intercostales en hémiceinture. Il n’existe Il réalise un syndrome sous-lésionnel particulier ou syndrome
aucun signe neurologique au-dessus du site lésionnel. Une de Brown-Séquard associant syndrome moteur pyramidal,

Neurologie 3
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2 3
1
4

5
2
3
6

A B A B
Figure 1. Syndrome de Brown-Séquard par lésion de l’hémimoelle en Figure 2. Syndrome transverse antérieur en C8 (A, B). D’après P. Mi-
T6 (A, B). D’après P. Minaire [12]. 1. Faisceau pyramidal ; 2. faisceau naire [12]. 1. Thermoanalgésie ; 2. syndrome pyramidal ; 3. aréflexie
spinothalamique ; 3. thermoanalgésie ; 4. anesthésie totale en bande ; tendineuse.
5. syndrome pyramidal ; 6. anesthésie profonde.

tiers antérieurs. Les troubles moteurs sont massifs en sous-


troubles sensitifs proprioceptifs et épicritiques homolatéraux à la lésionnel et les troubles de la sensibilité portent électivement
lésion et une anesthésie à la douleur et à la température sur la température et la douleur, tandis que la sensibilité
controlatérale dont le niveau se rapproche plus ou moins du profonde consciente est conservée et la sensibilité tactile
niveau d’anesthésie lésionnelle. Au niveau de la lésion, il existe variablement altérée. Il s’agit de la variété la plus fréquente des
habituellement une bande d’anesthésie radiculaire surmontée infarctus médullaires, le plus souvent dorsolombaires, dans le
d’une bande d’hyperesthésie [8-11] . Le syndrome de Brown- territoire de l’artère d’Adamkiewicz [13]. Il existe parfois dans ce
Séquard est très rare dans sa forme pure (plaie pénétrante avec cas une amyotrophie précoce des membres inférieurs, liée à
hémisection de la moelle). En revanche, il est fréquent, lorsqu’il l’atteinte des cornes antérieures lorsque le syndrome lésionnel
s’agit d’une lésion médullaire prédominant d’un coté, d’observer est étendu. La moelle sacrée peut être épargnée lorsqu’une
une « ébauche » de syndrome de Brown-Séquard, c’est-à-dire, du afférence artérielle sacrée destinée au cône terminal est préser-
coté de la lésion, une prédominance des troubles moteurs et de vée. À l’inverse, l’occlusion de cette artère peut être responsable
la sensibilité profonde, contrastant avec la prédominance de d’un infarctus isolé du cône terminal se traduisant par des
l’autre coté des troubles de la sensibilité douloureuse et thermi- troubles sphinctériens, des troubles sensitifs dans le territoire
que (Fig. 1, Tableau 2). des racines sacrées et un déficit moteur distal des membres
inférieurs avec une aréflexie achilléenne (Fig. 2, 3 et Tableau 2).
Syndrome transverse antérieur total
Ses causes les plus fréquentes sont l’infarctus du territoire de Syndrome transverse médullaire central
l’artère spinale antérieure et les traumatismes cervicaux en Schneider a décrit le premier ce syndrome dans les lésions
flexion. Il est à l’origine d’une para- ou tétraplégie. La lésion traumatiques, caractérisé par une lésion purement cervicale avec
prédomine sur la partie antérieure de la moelle jusqu’à ses deux épargne sacrée sensitive et un déficit moteur prédominant sur

Tableau 2.
Syndromes médullaires transverses.
Syndrome Lésion Symptômes et signes
Syndrome antérieur Deux tiers antérieurs de la moelle (exemple : Atteinte cordonale globale, sauf épargne des cordons postérieurs
infarctus spinal antérieur, traumatisme cervical) (sens de position, pallesthésie, tact)

Syndrome de Brown-Séquard Lésion unilatérale (traumatisme pénétrant, etc.) Paralysie sous-lésionnelle ipsilatérale
Anesthésie tactile globale, position, vibration ipsilatérale
Anesthésie douloureuse et thermique controlatérale

Syndrome central cervical Lésion centromédullaire substance grise++, Paralysie des membres supérieurs
décussation spinothalamique (traumatisme, Paralysie partielle des membres inférieurs/segments sacrés
syrinx, tumeur, etc.)
Anesthésie douloureuse et thermique suspendue

Syndrome cône médullaire Lésions L1 (vertébral) et au-dessous Paralysie distale des membres inférieurs
Syndrome de la queue de cheval Anesthésie en selle
Troubles de l’érection
Rétention vésicale ou incontinence
Incontinence fécale
Hypotonie du sphincter anal
Altération des réflexes bulbocaverneux, clitoridoanal, anal

Syndrome transverse total Lésions de tous les faisceaux au niveau d’un Déficit sensitivomoteur complet au-dessous de la lésion
segment ou plus

4 Neurologie
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L1 L1 3
L2 L2
L3 L3
L4 L4
L5
S1
S2 S2
S3 S3
S4 S4
S5 S5
4
1

A B
Figure 3. Lésions basses. D’après P. Minaire [12]. 2 5
A. Lésion de la moelle et des racines au niveau du 5e segment lombaire et
1er segment sacré. Paralysie en dessous de L4 ; persistance des réflexes A B
rotuliens ; anesthésie cutanée totale L4-S1 ; réflexe anal + ; réflexe bulboa- Figure 5. Syndrome médullaire postérieur en C7-C8 (A, B). D’après
nal et bulbocaverneux + ; vessie « centrale ». P. Minaire [12]. 1. Aréflexie tendineuse C7-C8 ; 2. paraparésie transitoire ;
B. Syndrome de la queue de cheval. Paralysie au niveau et au dessous de 3. anesthésie cutanée en bande en C7-C8 ; 4. astéréognosie des mains ;
L2 ; anesthésie cutanée totale au dessous de L2 ; aréflexie rotulienne et 5. suppression de la sensibilité profondes aux membres inférieurs.
achiléenne ; abolition de tous les réflexes périnéaux ; vessie « péri-
phérique ».

2 3
1

1 3

2
Figure 6. Représentation schématique des trois grands syndromes cer-
vicaux incomplets. 1. Syndrome central ; 2. syndrome antérieur ; 3. syn-
drome de Brown-Séquard.

A B
Figure 4. Syndrome centromédullaire en C8 (Schneider) (A, B). D’après cutané. Une paraparésie par atteinte associée des faisceaux
P. Minaire [12]. 1. Faisceau pyramidal ; 2. atteinte motrice prédominant pyramidaux est possible (Fig. 5, Tableau 2).
aux membres supérieurs et au tronc ; 3. thermoanalgésie ; 4. aréflexie.
Atteintes « systématisées »
les membres supérieurs [14, 15]. Ce syndrome survient fréquem- Sous le terme de syndromes médullaires par atteinte « systé-
ment chez les sujets âgés victimes d’un traumatisme en hype- matisée », on regroupe les tableaux cliniques consécutifs à une
rextension sur un rachis cervical rétréci par une lésion transverse uni- ou multifocale, ou diffuse (et dans ce cas
cervicarthrose [16]. En fait, l’expression clinique est fonction de le plus souvent progressive) de certaines structures anatomiques
l’extension en largeur et en hauteur de la lésion centrale de la de la moelle épinière.
moelle : de la tétraplégie « subtotale » avec une simple épargne
sensitive sacrée, au syndrome de diplégie brachiale pure avec Syndromes de la SG
anesthésie dissociée syringomyélique suspendue. Mais globale-
Syndrome de corne antérieure pur
ment, le pronostic est favorable. La récupération est plus
précoce sur les membres inférieurs, puis sur la fonction vésico- Il est lié à la destruction des motoneurones. Le tableau est
sphinctérienne et sexuelle, la racine des membres supérieurs celui d’une atrophie spinale, c’est-à-dire un syndrome neuro-
alors que les muscles intrinsèques de la main restent souvent gène moteur pur avec déficit amyotrophiant, localisé ou diffus
déficitaires (Fig. 4 à 6 et Tableau 2). et aréflexie tendineuse.
Dans la forme aiguë, le type de description en est la polio-
Syndrome transverse postérieur myélite antérieure aiguë, persistante à l’état endémique dans les
Il est exceptionnel dans sa forme pure. Il se traduit par des pays mal couverts par la prévention vaccinale : paralysies
paresthésies et des troubles de la sensibilité profonde et tactile brutales ou subaiguës avec amyotrophie rapide, de topographie
dans les territoires sous-jacents. Il peut s’y associer, si les cornes et d’extension très variables, de la tétraplégie totale avec
postérieures sont atteintes, une anesthésie globale suspendue, paralysie phrénique, aux formes monoméliques focalisées, ne
une abolition des réflexes ostéotendineux et à point de départ touchant que quelques faisceaux au sein d’un même groupe

Neurologie 5
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musculaire. De façon classique, les muscles innervés au niveau L’expression clinique est variable selon la cause et le degré
des renflements cervical et lombaire sont les plus exposés. Dans d’atteinte : de la claudication médullaire au début, à la démar-
les pays où la couverture vaccinale est ancienne, l’attention se che de « gallinacé » par prédominance de la spasticité sur les
porte sur le risque de développement du syndrome postpolio- muscles antigravidiques et les adducteurs de cuisse et faiblesse
myélitique, plusieurs décennies après l’atteinte initiale : surve- des fléchisseurs de hanches et de genoux, en passant par la
nue tardive d’une nouvelle faiblesse musculaire, avec ou sans paraplégie hyperspastique en extension rendant la marche
amyotrophie, dans des territoires a priori épargnés lors de la impossible, voire en triple flexion permanente à un stade très
période aiguë. L’interprétation du syndrome postpoliomyéliti- évolué. Les troubles vésicosphinctériens sont habituels au cours
que reste controversée : épuisement axonal, persistance et de l’évolution : pollakiurie et impériosité par hyperactivité
réactivation du poliovirus ?
vésicale, dysurie et rétention chronique liées à l’hypertonie
Dans les formes progressives (amyotrophie spinale progressive
spastique périnéosphinctérienne avec dyssynergie vésico-
[ASP]), on peut observer :
sphinctérienne.
• des atteintes diffuses, symétriques, de découverte parfois
néonatale dont l’évolution peut être rapidement mortelle ou L’atteinte pyramidale pure ou le restant pendant une longue
plus lentement évolutive selon le génotype ; période d’évolution oriente, selon le contexte, vers une sclérose
• des atteintes asymétriques ou partielles, subaiguës ou progres- en plaques progressive primaire, une paraplégie spastique
sives, accompagnées de crampes, notamment au froid, de héréditaire (PSH), ou une sclérose latérale primitive. L’hémiplé-
fasciculations, voire de myokimies, de localisations proxima- gie spinale de Mills est un tableau clinique rare et particulier qui
les et/ou distales. Aux membres supérieurs, l’atteinte distale se se caractérise par l’asymétrie de l’atteinte pyramidale et son
traduit par une main d’Aran-Duchenne, l’atteinte proximale évolution lentement ascendante.
si elle est symétrique par un syndrome de « l’homme dans le L’atteinte isolée de la voie pyramidale est attestée par les
tonneau ». Chez l’adulte, l’atteinte fait évoquer une sclérose potentiels évoqués moteurs (PEM) obtenus par stimulation
latérale amyotrophique en cas d’aggravation rapide, surtout si corticale, révélant un allongement du temps de conduction
elle s’enrichit d’un syndrome pyramidal ; mais des formes très central.
lentes et habituellement limitées (monoméliques) peuvent
évoquer une poliomyélite antérieure chronique, une téphro- Syndrome cordonal postérieur
malacie antérieure [17] avec atrophie des petits muscles de la C’est le plus fréquent des syndromes cordonaux isolés. Sa
main ou des loges antéroexternes des jambes, rapportée à description est liée au tabès dorsalis [19] . Actuellement, on
l’ischémie progressive des cornes antérieures [18]. l’observe essentiellement dans les lésions du neurone sensitif du
Dans tous les cas, l’électromyogramme confirme l’atteinte des ganglion rachidien postérieur avec dégénérescence antérograde
motoneurones. En détection au repos, on relève une activité de
des axones des cordons postérieurs (syndrome paranéoplasique
dénervation ; à la contraction, il existe des potentiels d’unités
de Denny-Brown par exemple) ou dans les atteintes inflamma-
motrices de grande largeur et de très grande amplitude avec
toires, infectieuses ou mécaniques des cordons postérieurs.
sommation temporelle. En stimulodétection, les vitesses de
La séméiologie associe :
conduction motrices et sensitives sont normales et, en particu-
lier, il n’y a pas de blocs de conduction proximaux ou distaux • une altération du sens de position articulaire et du mouve-
(diagnostic différentiel avec les neuropathies motrices multifo- ment (kinesthésie), de la sensibilité osseuse vibratoire (palles-
cales avec blocs de conduction). thésie), de la sensibilité douloureuse à la pression, et de la
sensibilité de localisation et la discrimination (deux points
Syndrome des cornes antérolatérales mobiles et immobiles au compas de Weber), de la discrimi-
Exceptionnel de façon isolée, il peut se rencontrer dans les nation tactile en cas d’atteinte cervicale (troubles de la
lésions centromédullaires très limitées ou au début d’un reconnaissance et de l’utilisation des objets en préhension
processus expansif centromédullaire (syringomyélie, épendy- « aveugle » ou astéréognosie sensitive) ;
mome... (cf. plus bas). Il s’exprime par des troubles végétatifs • des troubles sensitifs subjectifs de type cordonal : dysesthésies
(atteinte des colonnes intermédiaires internes C1-S1 et externes et paresthésies projetées aux extrémités des membres, dou-
C8-L2). leurs fulgurantes à type de décharges électriques, adoptant
Dans les lésions cervicales et thoraciques hautes, peuvent parfois une topographie pseudoradiculaire (sciatique « cordo-
s’observer un syndrome de Claude Bernard-Horner, des troubles nale »). L’atteinte de la moelle cervicale se traduit très
de la régulation tensionnelle et du rythme cardiaque (cf. souvent par un signe de Lhermitte : décharge électrique en
syndrome d’hyperréflexie autonome [HRA]). éclair lors des mouvements de la tête, surtout la flexion,
Quel que soit le niveau de l’atteinte des troubles localisés de
irradiant de la région rachidienne vers l’extrémité des
la sudation (hypersudation, sécheresse), des troubles vasomo-
membres ;
teurs (acrocyanose, dermographisme), de la régulation thermi-
• des troubles moteurs consécutifs à l’altération de la sensibilité
que locale (refroidissement), trophiques (dépilation,
algoneurodystrophie ou syndrome douloureux régional com- lemniscale : ataxie sensitive, troubles de la manipulation, de
plexe de type I) sont possibles. l’équilibre yeux fermés (signe de Romberg sensibilisé), ataxie
de la marche qui est impossible les yeux fermés ou dans
Syndrome de la corne postérieure l’obscurité.
Également exceptionnel dans sa forme pure, son expression L’étude de la conduction centrale des potentiels évoqués
se confond avec celle d’une lésion radiculocordonale postérieure sensitifs (PES) par stimulation d’un nerf sensitif des membres est
ou un syndrome syringomyélique avec anesthésie douloureuse très utile pour préciser le niveau topographique.
et thermique et interruption de l’arc réflexe ostéotendineux.
Syndrome des cordons spinocérébelleux
Syndromes de la SB : syndromes cordonaux purs La séméiologie de l’atteinte de ces cordons concerne le
Paraplégie et tétraplégie spastique contrôle du mouvement en raison de l’altération des voies de la
L’atteinte est celle du faisceau corticospinal ou pyramidal au sensibilité proprioceptive inconsciente (non lemniscale). Selon
niveau du cordon latéral. Le déficit moteur est fonction de le niveau ou le caractère diffus et extensif de la lésion, on
l’extension longitudinale de la lésion : para- ou tétraparésie puis observe une hypermétrie ou une dysmétrie (épreuves talon-
atteinte qui se complète en cas d’affection évolutive. Au déficit genou et doigt-nez), alors que les sensibilités conscientes restent
s’associent une hypertonie spastique et les autres éléments du bien perçues. La manœuvre de Stewart-Holmes explore le
syndrome pyramidal : vivacité et diffusion des réflexes ostéo- faisceau cunéocérébelleux et la manœuvre de Romberg sensibi-
tendineux, trépidation, signe de Babinski, exagération des lisée le faisceau spinocérébelleux dorsal. La marche peut être
réflexes en triple retrait, automatismes moteurs provoqués ou sévèrement altérée (ataxie de Freidreich) en l’absence de
spontanés (spasmes en triple flexion, en extension ou croisés). troubles de la force motrice.

6 Neurologie
Syndromes médullaires ¶ 17-042-A-10

Atteintes combinées Les myoclonies propriospinales [23-25] se traduisent par des


mouvements involontaires spontanés, rythmiques de flexion-
Syndrome de sclérose combinée de la moelle de Lichteim extension des muscles axiaux et des membres inférieurs de
Il associe une atteinte de la voie pyramidale du cordon latéral façon bilatérale et non influencés par les stimulations. Leur
et de la voie lemniscale ascendante des cordons postérieurs. fréquence est basse (0,3 à 0,7 Hz). Les lésions siègent le plus
Cette combinaison, lorsqu’elle est pure, a une forte valeur souvent sur la moelle cervicale ; leur nature est traumatique,
d’orientation étiologique (carence en vitamine B12). Les symp- ischémique, inflammatoire, infectieuse ou inconnue. L’enregis-
tômes cordonaux postérieurs précèdent habituellement l’atteinte trement électromyographique des différents muscles concernés
pyramidale. Les troubles génitosphinctériens sont fréquents au et la mesure des latences d’activation montrent un ordre
cours de l’évolution. chronologique d’activation à partir d’un foyer thoracolombaire
et une diffusion à partir de ce générateur spinal aux métamères
Syndrome de sclérose latérale amyotrophique (SLA) sus- et sous-jacents. La lenteur de propagation (2 à 10 ms-1)
Il combine une atteinte de la corne antérieure et de la voie suggère une transmission polysynaptique par les voies proprios-
pyramidale au niveau du motoneurone central. Le début est très pinales, argument à l’appui d’un générateur spinal dont l’acti-
variable, soit sous la forme d’une paralysie flasque, atrophiante vation est due à la levée d’inhibition en raison d’une lésion
d’expression cervicobulbaire qui traduit l’atteinte simultanée des rostrale. Ce générateur, fondé sur des réseaux spinaux comple-
noyaux bulbaires, soit une forme cervicobrachiale ou pseudopo- xes, semble se rapprocher du centre générateur de la locomotion
lynévritique des membres inférieurs, soit encore un début identifié chez les mammifères.
pyramidal par paraparésie spastique rapidement évolutive. Les crises toniques douloureuses paroxystiques [26-29] sont
L’association d’une atteinte motoneuronale centrale et périphé- rapportées dans des lésions segmentaires de nature variées
rique, sans atteinte sensitive est pathognomonique de cette (sclérose en plaques, tumeurs médullaires, ischémie sélective de
redoutable maladie dégénérative. Néanmoins, quelques cas la moelle...). Elles concernent les membres supérieurs ou
récemment rapportés [20] ont souligné la possibilité d’une lésion inférieurs, rarement l’abdomen. Véritables accès tétaniformes
associée des axones sensitifs et notamment dans le territoire du hyperalgiques, de plusieurs secondes voire minutes, elles ne sont
trijumeau. pas corrélées avec un syndrome pyramidal spastique. Elles
portent les segments de membres en extension ou flexion
Syndrome syringomyélique tonique invincible et, en cas de diffusion au plan rachidien,
L’extension en largeur et en hauteur d’une lésion centrale de peuvent se traduire par un opisthotonos. Leur mécanisme
la moelle associe une atteinte de la SG et des cordons. évoque une levée d’inhibition des interneurones sur les moto-
neurones toniques de la corne antérieure, les rapprochant des
L’atteinte de la SG caractérise le syndrome sensitif et moteur
phénomènes toniques permanents d’origine médullaire tels
suspendu par destruction des fibres sensitives constitutives du
qu’on les observe dans le tétanos ou le syndrome de l’homme
faisceau spinothalamique au niveau de leur décussation et
raide (stiff man syndrome).
l’extension lésionnelle vers la corne antérieure. On observe alors
une anesthésie cutanée dissociée à la température et à la
douleur, épargnant le tact discriminatif et la sensibilité profonde
consciente. Cette zone d’anesthésie est suspendue sur plusieurs ■ Syndromes médullaires selon leur
dermatomes, au-dessus et au-dessous desquels les sensibilités mode d’installation
sont normales (par exemple anesthésie « en pèlerine » dans le
syndrome syringomyélique cervical). Dans le territoire anesthé-
sié, des douleurs causalgiantes sont fréquentes dès le début. Les Syndromes médullaires aigus : du choc
réflexes ostéotendineux sont abolis dans le territoire anesthésié. spinal aux syndromes complets
L’atteinte motrice, en principe plus tardive, est de type « corne et incomplets
antérieure » avec déficit atrophiant sur plusieurs myotomes.
L’atteinte de la SB est la conséquence de l’extension transver- Ils comprennent les myélites aiguës uni- ou multifocales
sale de la lésion centromédullaire et réalise le plus souvent un transverses [30] , les traumatismes vertébromédullaires, les
syndrome de sclérose combinée sous-lésionnel. infarctus médullaires et les hémorragies intrarachidiennes ou
Des troubles végétatifs, trophiques cutanés et articulaires médullaires.
traduisent la lésion de la zone intermédiaire de la SG et sont Le syndrome médullaire aigu se caractérise par l’apparition
généralement plus tardifs. brutale de signes lésionnels et sous-lésionnels, sensitifs, végéta-
tifs, moteurs et réflexes, dont l’évolution clinique est classique-
ment décrite en deux grandes périodes : une période de « choc
Phénomènes moteurs paroxystiques spinal » et une période dite d’« automatisme médullaire » et la
d’origine médullaire description d’un syndrome médullaire complet ou partiel.
La phase initiale immédiatement postlésionnelle définit le
Il s’agit de phénomènes rares dont la physiopathologie stade du « choc spinal ». C’est Whytt en 1770 qui fut le premier
évoque une hyperactivation synchrone des motoneurones de la à décrire ce phénomène comme « une brusque perte de sensa-
corne antérieure soit dans le cadre d’un syndrome sous- tion accompagnée d’une paralysie motrice et une disparition des
lésionnel au stade d’automatisme médullaire, soit comme réflexes ». Le terme de spinal shock, fut introduit par Hall en
expression d’une affection évolutive. Ces phénomènes tradui- 1850 [31].
sent la levée d’inhibition des interneurones de la SG sur les Le choc spinal se traduit cliniquement par une sidération
motoneurones. Trois types de phénomènes paroxystiques sont médullaire sous-lésionnelle dont la durée est très variable,
actuellement décrits. comprise entre quatre jours et plusieurs semaines ; l’évolution
Les myoclonies spinales segmentaires sont connues depuis du choc spinal est divisée arbitrairement en trois phases
longtemps [21, 22] . Elles réalisent des secousses musculaires successives : la phase 1 dure moins de 24 heures ; la phase 2,
brèves intéressant des groupes musculaires dépendants de un ou entre 24 et 72 heures, est caractérisée par la réapparition
plusieurs métamères. Les contractions adoptent parfois un précoce de certains réflexes ; la phase 3 se traduit par l’appari-
caractère rythmé, synchrone, relativement lent, non modifiées tion d’un automatisme médullaire et marque la fin du choc
par la stimulation, persistant au cours du sommeil. Leur spinal [32].
fréquence est basse (20 à 40 min -1 ). Elles peuvent rester La durée du choc spinal est en fait rapportée de façon très
purement segmentaires (membres supérieurs ou inférieurs, paroi variable selon les auteurs [32-35]. Les premiers signes cliniques
abdominale) ou adopter un caractère plus diffus. Leur caractère sont donc la paralysie flasque sous-lésionnelle, l’abolition des
autoentretenu, indépendant des stimuli périphériques, les réflexes ostéotendineux, sacrés et cutanéoplantaires, une
distingue des phénomènes de clonus ou trépidation qui appar- anesthésie à tous les modes, des signes neurovégétatifs dans les
tiennent au syndrome pyramidal spastique. lésions hautes associant hypotension, bradycardie et risque de

Neurologie 7
17-042-A-10 ¶ Syndromes médullaires

Tableau 3. infarctus) : 15 % des patients de niveau initial entre T9 et T11,


Signes cliniques des syndromes médulaires aigus. et 55 % des patients de niveau initial en dessous de T12 récu-
Signes cliniques Phase 1 Phase 2 Phase 3 pèrent une motricité utile des membres inférieurs.
(0-24 heures) (1-3 jours)
Réflexes 0 + +++
Syndromes médullaires incomplets
ostéotendineux Ils sont secondaires à une lésion transverse intéressant à des
degrés variables SG et SB, décrivant des syndromes segmentaires
Réflexes cutanés 0 + +++
et cordonaux (cf. plus haut). Après le stade de choc spinal,
Réflexes cutanés 0 Indifférents +++ l’examen clinique, parfois complété par l’étude des potentiels
plantaires évoqués (PEM, PES), montre le retour de certains modes de
sensibilité et de la motricité dans le territoire sous-lésionnel.
Paralysie flasque +++ ++ ++ Mais le pronostic fonctionnel peut rester très longtemps
incertain ; il est admis qu’un syndrome incomplet après lésion
Anesthésie à tous +++ +++ +++
non évolutive a un pronostic d’autant plus favorable que la
les modes
récupération s’amorce tôt et peut s’améliorer pendant les trois
Spasticité 0 0 +++ premières années après la lésion initiale. Il a été souligné la
sous-lésionnelle valeur prédictive favorable de la récupération de la sensibilité
thermoalgique sur la récupération motrice, s’expliquant par la
Troubles végétatifs +++ ++ + proximité topographique des faisceaux spinothalamiques et
pyramidaux dans les cordons latéraux [38]. Globalement, un
Hyperréflexie 0 0 + syndrome de Brown-Séquard dans sa forme « pure » a un
autonome
pronostic favorable sur la marche malgré l’atteinte spastique
d’un membre inférieur et le risque de survenue de douleurs
spinothalamiques du coté controlatéral. Le pronostic du
mort subite, troubles de la thermorégulation, vasodilatation et
syndrome centromédullaire est directement lié à l’extension en
sueurs en lien avec la lésion associée du système sympathique
largeur de la lésion.
médullaire [32-34].
Dans les lésions cervicales aiguës et massives, la phase initiale
du choc spinal est parfois marquée par un réflexe cutanéoplan- Syndromes médullaires transverses subaigus
taire tonique en flexion prolongée (réflexe de Guillain) et un
priapisme chez l’homme avec conservation initiale des réflexes
ou rapidement progressifs
sacrés qui disparaissent ensuite rapidement. Ces éléments Le type de description est : le syndrome de compression
initiaux ont un caractère prédictif péjoratif. médullaire.
Ces signes peuvent être résumés dans le Tableau 3. La physiopathologie des compressions médullaires se rapporte
Le début de l’automatisme sous-lésionnel est marqué par la principalement à l’action mécanique directe d’un processus
réapparition d’un ou plusieurs réflexes ostéotendineux et des expansif intracanalaire s’étendant au contact ou au sein du
réflexes sacrés après quelques jours voire plusieurs mois [33]. À cordon médullaire. S’il n’existe pas d’agression supplémentaire
ce stade, la paralysie sous-lésionnelle reste flasque, l’anesthésie
liée à un phénomène d’hypertension compartimentée comme
complète, et le réflexe cutanéoplantaire est indifférent. Les
on peut l’observer au niveau intracrânien, l’étroitesse d’un canal
risques de bradycardie, bloc de conduction auriculoventriculaire
vertébral inextensible et la vitesse de croissance de la lésion
et hypotension artérielle persistent et sont fonction du niveau
expansive conditionnent la rapidité d’installation de la sympto-
de la lésion [35].
matologie clinique.
Cette phase transitoire de choc spinal laisse ensuite place à
l’installation franche de l’automatisme médullaire sous-lésionnel D’autres éléments mécaniques peuvent aggraver cette situa-
annoncée par la réapparition des réflexes ostéotendineux, et à tion, voire précipiter une évolution initialement progressive. Il
point de départ cutané, des automatismes moteurs et viscéraux s’agit rarement d’une transformation nécrotique ou hémorragi-
et l’apparition d’un syndrome sous-lésionnel complet ou partiel que de la lésion mais plutôt d’éléments dynamiques. La mobi-
habituellement classé en quatre catégories. lité normale du rachis cervical peut, par exemple, entraîner lors
de mouvements d’hyperextension ou de flexion forcée, une
Syndrome d’interruption médullaire majoration de la compression médullaire. L’existence d’une
instabilité rachidienne associée, comme on peut l’observer dans
Il se traduit par l’absence de retour de la motricité volontaire
certaines épidurites avec lyse osseuse vertébrale, est également
et de la sensibilité consciente dans le territoire situé sous le
susceptible d’augmenter ce risque.
niveau lésionnel (cf. plus haut syndrome transverse total). Il
En dehors de ces effets mécaniques directs, une compression
s’agit donc soit d’une tétraplégie, soit d’une paraplégie défini-
vasculaire locale peut se produire et être à l’origine d’une
tive [11]. Tout au plus peut-on observer dans les premiers mois
l’abaissement du syndrome lésionnel d’un ou deux métamères. ischémie médullaire. Il ne s’agit pas tant d’une compression des
Le syndrome médullaire complet est la plupart du temps gros troncs vasculaires artériels ou veineux que d’une perturba-
secondaire à un traumatisme médullaire avec fracture vertébrale, tion de la microcirculation locale. Effectivement, s’il est rare
mais peut également relever d’une infarctus médullaire [36] ou d’observer une occlusion complète des artères nourricières
d’une myélite aiguë [37]. Au stade initial de désordres végétatifs, principales, la baisse du débit sanguin local ainsi induite peut
succède dans les lésions cervicales et thoraciques supérieures précipiter les effets ischémiques de la compression directe du
(> T6) un syndrome d’HRA. Les crises d’HRA sont généralement tissu médullaire et se surajouter au développement d’un œdème
consécutives à un événement déclenchant un réflexe d’origine de stase intramédullaire par compression des veinules de
viscérale, surtout abdominal et pelvien : rétention d’urine, drainage épidurales. L’existence de ces altérations vasculaires,
sondage évacuateur, extraction d’un fécalome, geste endoscopi- parfois transitoires semble expliquer la survenue de claudica-
que... Elles se traduisent par un orage neurovégétatif associant tions médullaires intermittentes mais aussi des décompensations
poussée hypertensive, céphalées, hypersudation sus-lésionnelle, brusques par myélomalacie.
bradycardie ; les crises d’HRA mal contrôlées peuvent avoir des La part liée à la modification des régimes de pression du
conséquences gravissimes sous la forme d’un œdème cérébral liquide céphalorachidien (LCR) est plus complexe à interpréter.
aigu, d’une hémorragie cérébrale, d’un œdème aigu du poumon. Toutefois l’existence d’aggravation clinique brutale après
Dans les paraplégies complètes de niveau neurologique bas, le ponction lombaire souligne cette implication, probablement en
pronostic de récupération de la marche est fonction du niveau modifiant l’équilibre de pression du LCR de part et d’autre de
métamérique si la lésion n’est pas évolutive (traumatisme, la tumeur.

8 Neurologie
Syndromes médullaires ¶ 17-042-A-10

Approche clinique L’apparition de troubles de niveau bulbaire (hoquet, troubles


respiratoires, troubles du rythme cardiaque) traduit générale-
Si le diagnostic clinique ne pose guère de difficulté à une ment l’extension d’une lésion cervicale haute à travers le trou
phase évoluée, il est plus délicat à poser initialement du fait de occipital.
symptômes parfois frustres et peu spécifiques. La compression du cône terminal (lésion L1-L2) se traduit par
L’existence d’une douleur radiculaire ou rachidienne persis- un syndrome de la queue de cheval pour lequel on constate
tante, volontiers nocturne et résistante aux antalgiques usuels cliniquement l’existence concomitante de signes d’irritation
est souvent l’un des premiers signes cliniques. La coexistence pyramidale. Les signes génitosphinctériens sont dans ce cas
d’une fatigabilité musculaire à l’effort d’aggravation progressive, souvent précoces et d’aggravation rapide.
non douloureuse (claudication médullaire) associée à des signes
physiques d’irritation pyramidale ou sensitive même discrets Variantes topographiques « en largeur »
doit faire évoquer le diagnostic et conduire à la réalisation d’une
Le site de compression du cordon médullaire se traduit par
IRM médullaire et rachidienne sans délai.
une sémiologie clinique plus ou moins identifiable. Ainsi, une
Dans une phase plus évoluée, la tendance à l’aggravation de compression latéromédullaire peut être à l’origine du classique
la symptomatologie devient plus nette et par conséquent plus mais finalement rare syndrome de Brown-Séquard.
facilement identifiable. On retrouve ainsi de description très
Une compression rétromédullaire entraîne initialement une
classique mais pragmatique :
ataxie proprioceptive prédominante alors qu’une compression
• un syndrome lésionnel représenté par une douleur radiculaire antérieure provoque l’apparition d’un syndrome moteur pyra-
le plus souvent unilatérale et atypique car de caractère midal ne comportant initialement pas ou peu de signes
« inflammatoire » : plus ou moins permanente, sans sédation sensitifs.
nette au repos ou après administration d’antalgiques usuels et
Une atteinte centromédullaire est évoquée devant des trou-
avec, parfois, une intensification nocturne. La douleur elle-
bles sensitifs thermoalgiques suspendus souvent associés à une
même se traduit par une sensation de « décharge électrique »
aréflexie ostéotendineuse et à une amyotrophie distale.
recouvrant le territoire de la ou des racines concernées,
déclenchée par les mouvements du tronc ou à l’effort (toux,
sport etc.). Cette radiculalgie peut s’associer à un syndrome Variantes évolutives
douloureux rachidien segmentaire, moins spécifique sur le Une aggravation par poussées successives est beaucoup plus
niveau lésionnel mais, lui aussi, possédant les mêmes carac- rarement observée que l’évolution progressive classique. Elle
téristiques atypiques ; s’observe surtout en cas de lésion intramédullaire vasculaire
• un syndrome sous-lésionnel qui associe au fur et à mesure de hémorragique, comme les angiomes caverneux ou dans les
son installation des troubles moteurs, réflexes, sensitifs, œdèmes médullaires compliquant les fistules durales artériovei-
génitosphinctériens, sexuels et vasomoteurs. neuses rachidiennes.
Les troubles moteurs traduisent l’atteinte des faisceaux
pyramidaux. Lors de la phase initiale, les symptômes s’avèrent Synthèse
frustres et se constatent plus particulièrement à l’effort avec une
fatigabilité musculaire ou une maladresse inaccoutumées, non L’urgence du diagnostic de compression médullaire lente
douloureuse et cédant après un temps de repos (claudication tient au risque de décompensation brusque et imprévisible par
médullaire). L’évolution se fait progressivement vers une myélomalacie à l’origine de lourdes séquelles fonctionnelles,
paraparésie ou une tétraparésie spastique pour laquelle on voire au décès en cas d’atteinte cervicale haute.
retrouve à l’examen les signes d’une irritation pyramidale. L’accès aujourd’hui largement facilité à l’IRM en fait l’examen
Les troubles sensitifs correspondent soit à l’atteinte des de référence incontestable devant toute suspicion de compres-
faisceaux spinothalamiques avec une hypoesthésie et plus sion médullaire. Son apport est essentiel tant sur la confirma-
tardivement une anesthésie thermoalgique, soit à l’atteinte des tion du diagnostic que sur l’approche étiologique et
faisceaux cordonaux postérieurs avec des troubles de la sensibi- thérapeutique qui en découle. Ce n’est guère qu’en présence de
lité profonde et tactile ainsi que des paresthésies. Si ces troubles contre-indications formelles ou de déformation rachidienne
sont mal systématisés initialement, on constate ultérieurement majeure que le recours à la réalisation d’un myéloscanner peut
une hypoesthésie globale ascendante dont le niveau supérieur s’avérer utile.
ultime correspond au niveau inférieur de la compression En dehors de ce contexte spécifique, la réalisation d’une
médullaire. ponction lombaire doit être proscrite car susceptible d’être à
L’atteinte génitosphinctérienne est généralement plus tardive l’origine de décompensation brusque et souvent irréversible.
et associe une constipation récente à des troubles mictionnels : D’une façon schématique, on distingue plusieurs entités
pollakiurie, miction impérieuse, rétention vésicale. Les troubles cliniques et radiologiques à l’origine des cas les plus habituels.
sexuels à type d’impuissance ou de frigidité sont rarement
déclarés mais fréquemment présents à ce stade évolutif. Compression médullaire et tumeurs bénignes
Les troubles vasomoteurs sont souvent discrets et eux aussi Méningiomes
tardifs : œdème, érythème et troubles sudatifs sont les plus
fréquents. Ils représentent 15 % à 20 % des compressions médullaires
tumorales. On note une nette prépondérance de ce type de
Variantes cliniques tumeur chez les femmes de plus de 60 ans (80 % des cas). Chez
des sujets plus jeunes, ils peuvent être multiples et doivent faire
Variantes topographiques « en hauteur »
évoquer une neurofibromatose. Bénignes, leur évolution est
Le niveau de la compression médullaire rend compte de particulièrement lente avec une longue phase paucisymptoma-
l’extension possible « en hauteur » des troubles neurologiques. tique. Leur topographie est principalement thoracique haute
L’atteinte cervicale haute (C1-C3) est une forme particulière (T1-T8) ou cervicale haute (C1-C3).
de compression médullaire puisqu’au tableau de tétraparésie
Neurinomes
spasmodique s’associe généralement une douleur occipitocervi-
cale à type de torticolis avec parfois, en cas d’atteinte de la Plus fréquents que les méningiomes (20 % à 30 % des
racine C2, une irradiation vers l’oreille ou l’articulation tempo- compressions médullaires tumorales), ils sont souvent détectés
romandibulaire et donc sus-lésionnelle. D’autre part, dans ce chez des sujets plus jeunes avec une prépondérance masculine.
contexte, il est possible d’observer une atteinte du nerf spinal Leur topographie est plus volontiers cervicale basse et à la
entraînant une parésie amyotrophiante des muscles trapèze et charnière dorsolombaire. Leur expression clinique est plus
sterno-cléido-mastoïdien ou une paralysie d’un hémidiaphragme précoce avec un syndrome radiculaire marqué. Multiples, ils
par compression du nerf phrénique. doivent faire évoquer une neurofibromatose de type II.

Neurologie 9
17-042-A-10 ¶ Syndromes médullaires

Compression médullaire et tumeurs malignes cas des neuropathies distales. La valeur d’orientation de certains
signes cliniques, témoins habituels de l’atteinte des voies
Le contexte est généralement clair puisqu’il est rare qu’une
longues médullaires à visée motrice ou sensitive, se trouve ainsi
telle compression soit révélatrice du cancer primitif. L’évoluti-
prise en défaut.
vité de la compression est rapide avec un syndrome algique
L’altération des fonctions supérieures, en rapport avec un
rachidien au premier plan et une altération de l’état général.
déclin cognitif plus ou moins évolué, constitue une difficulté
Compression médullaire dégénérative supplémentaire qui peut retarder le diagnostic syndromique et
causal d’une atteinte médullaire, en particulier lorsque celle-ci
La myélopathie par cervicarthrose atteint plutôt des sujets est d’évolution progressive. D’une manière générale, il est
masculins de plus de 50 ans, parfois aux antécédents de d’autant plus malaisé de faire le diagnostic précoce d’une
traumatisme rachidien ou de hernie discale cervicale. L’évolu- atteinte médullaire chez la personne âgée que celle-ci présente
tion est très insidieuse et rend compte du diagnostic générale- au préalable un haut niveau d’incapacité fonctionnelle. Cette
ment tardif. Plus rarement cette évolution peut être rapide avec incapacité est en effet susceptible de masquer initialement le
la constitution d’une tétraparésie en quelques semaines. Une retentissement d’une myélopathie dont certains signes clini-
claudication médullaire est l’expression clinique initiale la plus ques, notamment vésicosphinctériens, peuvent facilement être
souvent constatée avec des phénomènes douloureux rachidiens mal interprétés.
ou radiculaires bilatéraux. La tolérance de la moelle aux Sur le plan étiologique, certaines causes doivent être plus
contraintes mécaniques du rachis est faible et explique le risque particulièrement évoquées chez la personne âgée du fait de leur
important de décompensation aiguë. prévalence. Un syndrome de claudication médullaire non
douloureuse fait évoquer en premier lieu la possibilité d’une
Syndromes médullaires progressifs myélopathie cervicarthrosique. Comme précédemment évoqué,
Recouvrant de très nombreuses causes, les lésions progressives l’examen clinique neurologique peut être particulièrement
de la moelle épinière s’expriment le plus souvent par une difficile à interpréter dans cette population âgée. Des antécé-
séméiologie « systématisée » : atteinte sélective de la SG ou de dents de névralgie cervicobrachiale ou l’existence d’un syn-
la SB, ou atteinte combinée atteignant de façon plus ou moins drome radiculaire aux membres supérieurs, associés aux signes
diffuse la moelle. Les tableaux de paraparésie spastique, de d’atteinte médullaire, permettent d’orienter le diagnostic qui est
syndrome de corne antérieure, de sclérose combinée, de sclérose confirmé par l’IRM. Devant un syndrome de sclérose combinée
latérale amyotrophique, d’ataxie de Freidreich, ou encore de médullaire, la possibilité d’une carence en vitamine B12 doit
syringomyélie sont les plus fréquents. Leur progressivité est systématiquement être envisagée. Même si les atteintes du
donc dépendante de l’affection causale c’est-à-dire de la système nerveux central sont considérées comme des complica-
curabilité, opposant les maladies inflammatoires, de système, les tions rares de la carence en vitamine B12 [40], leur présence
causes toxiques ou carentielles, aux affections dégénératives et témoigne d’un déficit souvent profond. Les manifestations
héréditaires voire malformatives. L’âge de début, le contexte cliniques de la carence en vitamine B12 peuvent être particuliè-
général, les lésions extramédullaires associées impriment un rement sévères chez la personne âgée 7 [41] et le diagnostic
pronostic propre. fréquemment retardé du fait du contexte polypathologique.
L’atteinte médullaire peut parfois être visualisée en IRM sous la
forme d’un hypersignal en T2 prédominant au niveau des
■ Syndromes médullaires cordons postérieurs [42]. La carence d’apport alimentaire et la
gastrite atrophique constituent deux des causes les plus fré-
aux différents âges quentes chez la personne âgée [43, 44] et doivent être systémati-
quement évoquées.
Syndromes médullaires de l’enfant [39] Les autres cadres étiologiques habituellement évoqués chez
L’enfant est exposé à de nombreuses affections de la moelle l’adulte peuvent également être observés chez la personne âgée
épinière. La séméiologie distingue de la même façon que chez ou très âgée. Suivant le contexte, une épidurite néoplasique, des
l’adulte les syndromes transverses, les atteintes « systématisées » métastatases compressives, une myélopathie vasculaire, etc.,
et diffuses. Selon le mode d’évolution, on s’oriente vers trois constituent des causes possibles, qui doivent être confirmées par
directions. les explorations complémentaires habituelles.
Après un début aigu, vers une myélopathie transverse ou une Même si elle est rare, la possibilité d’une atteinte médullaire
compression médullaire d’origine traumatique ou tumorale. Les au cours d’une affection systémique, connue ou non, doit
myélopathies sont le plus souvent infectieuses, inflammatoires parfois être évoquée. Il s’agit en particulier du lupus érythéma-
ou postvaccinales. Une déformation rachidienne rapide et teux disséminé [45, 46], de la sarcoïdose [47] et du syndrome de
douloureuse précédant l’atteinte neurologique doit évoquer une Gougerot-Sjögren [48]. L’atteinte médullaire est exceptionnelle-
tumeur de la moelle (astrocytome). ment inaugurale dans ce type d’affection et, à un âge avancé,
Un début progressif et une évolution chronique, sous l’aspect ce diagnostic n’est envisagé que par élimination, devant
d’une paraplégie ou tétraplégie symétrique ou asymétrique fait l’association d’un syndrome médullaire, de signes d’atteinte
évoquer, selon l’âge, une ASP, un dysraphisme vertébromédul- systémique et de manifestations biologiques, caractéristiques de
laire, une maladie métabolique ou dégénérative, une PSH. l’affection causale. Le syndrome médullaire peut prendre la
La spécificité tient en fait aux syndromes médullaires laissant forme d’une myélite transverse aiguë ou d’une myélopathie
des séquelles définitives ou dans le contexte d’une affection chronique avec différentes expressions syndromiques en fonc-
évolutive. Plus jeune sera l’enfant, plus complexes seront les tion de la localisation des lésions (le plus souvent cervicales
conséquences fonctionnelles de l’atteinte de la moelle : neuro- basses ou thoraciques) et de leur étendue au sein du cordon
orthopédiques, rachidiennes, ventilatoires parfois, urinaires et médullaire.
fécales très souvent, éducatives toujours.

Syndromes médullaires chez la personne ■ Troubles vésicosphinctériens,


âgée intestinaux et sexuels
Chez la personne âgée, l’expression clinique des lésions des syndromes médullaires
médullaires, quelle qu’en soit l’origine, peut être modifiée par
la coexistence d’autres atteintes du système nerveux central ou Présents dans la plupart des syndromes médullaires, leur
périphérique. Ces dernières sont parfois la conséquence d’affec- expression clinique est fonction du caractère complet ou non de
tions anciennes clairement identifiées (séquelles d’accident la lésion, du niveau de l’atteinte et du caractère évolutif du
vasculaire, état lacunaire...), mais peuvent aussi résulter d’affec- syndrome. Ces troubles font l’objet d’une mise au point récente
tions jusqu’alors méconnues ou négligées. C’est en particulier le et ne sont qu’évoqués.

10 Neurologie
Syndromes médullaires ¶ 17-042-A-10

En cas de lésion transverse aiguë complète, la phase de choc d’équivalents orgasmiques, y compris à point de départ vagino-
spinal se traduit par une aréflexie du détrusor et une rétention utérin. L’anesthésie périnéale est toujours vécue de façon très
d’urine, d’autant que persiste souvent un tonus de base du péjorative.
sphincter strié urétral. La motricité colo-recto-sigmoïdienne est Dans les syndromes médullaires subaigus et/ou progressifs, la
réduite voire abolie, d’où la fréquence de l’iléus paralytique. reconnaissance, l’identification des mécanismes physiopatholo-
Dans les lésions cervicales, la constatation initiale d’un giques de ces troubles s’inscrit dans la démarche du diagnostic
priapisme est considérée comme un facteur de mauvais pronos- de nature : précoces dans les atteintes mécaniques, infectieuses,
tic, au même titre que le réflexe de Guillain (cf. plus haut). La inflammatoires de la partie basse de la moelle, plus tardifs
levée du choc spinal avec retour d’une activité automatique du généralement dans les syndromes cordonaux progressifs, absents
segment sous-lésionnel est marquée par : classiquement dans certaines atteintes « systématisées », par
• l’apparition d’un automatisme détrusorien souvent exagéré, exemple les syndromes de la corne antérieure.
avec des fuites urinaires réflexes (neurovessie centrale,
automatique, désinhibée), souvent associé à un trouble de
relaxation du sphincter strié au moment de la miction du fait ■ Aspects séquellaires
de la spasticité du plancher périnéosphinctérien (dyssynergie et pronostic/vieillissement :
vésicosphinctérienne), avec le risque de rétention chronique.
La sensation de besoin mictionnel est abolie, mais dans les aspects sémiologiques
lésions complètes hautes, il existe souvent des équivalents de
À distance d’un syndrome médullaire transverse connu et a
besoin : sensations de frissons et réactions vasomotrices du
priori non évolutif, la séméiologie clinique peut se modifier et
territoire sus-lésionnel, céphalée, etc., qui sont interprétés
faire suspecter plusieurs entités anatomocliniques et radiologi-
comme des crises d’HRA dégradées. Le retour de la motricité
ques distinctes. Quatre aspects sont individualisables selon la
colique et rectosigmoïdienne obéit au même mode (neuroin-
cause de la lésion transverse.
testin « central ») ;
• sur le plan sexuel chez l’homme, la réapparition des érections
réflexes, mais souvent instables, trop brèves pour permettre Myélomacie
un rapport. L’anéjaculation est fréquente ou l’émission Il s’agit d’une lésion à bords mal définis, hypo-intense en T1,
spermatique s’effectue de façon rétrograde. Des dissociations hyperintense en T2, généralement de petite taille et en regard
des possibilités sexuelles sont habituelles selon le niveau de la lésion d’origine.
lésionnel : chez le tétraplégique ou le paraplégique thoracique
haut, l’orgasme n’est plus ressenti ou simplement sous forme
d’équivalent, mais l’érection réflexe est de meilleure qualité et
Kyste post-traumatique intramédullaire
l’éjaculation est souvent préservée. L’activité sexuelle est Il présente des parois bien définies et un signal en T1 et en
parfois marquée par des troubles végétatifs tensionnels, T2 identique à celui du LCR, de hauteur limitée ce qui le
notamment lors de l’éjaculation (HRA). distingue de la cavité syringomyélique.
En cas de lésion transverse incomplète, les troubles sont
généralement moins sévères. Dans le syndrome antérieur, les Myélopathie myélomalacique progressive
problèmes urinaires, anorectaux et sexuels sont comparables
dans leur évolution, mais le patient conserve une sensibilité de Il s’agit d’une entité pathologique qui peut simuler un kyste
besoin mictionnel et d’exonération qui constitue une aide non intramédullaire.
négligeable pour l’accès secondaire à l’autonomie de ces
fonctions. Le syndrome central limité, le syndrome latéral de Syringomyélie postlésionnelle
Brown-Séquard sont marqués par une bonne récupération dans
La syringomyélie se définit comme une déformation centro-
ces différents domaines, même si des troubles sont présents à la médullaire secondaire à un processus pathologique, remplie de
phase aiguë. LCR, limitée par du tissu glial et/ou épendymaire et communi-
Un cas particulier concerne les lésions basses du cône termi- quant ou non avec le système ventriculaire encéphalique [49, 50].
nal et les lésions de la queue de cheval (destruction des centres L’existence d’une cavité syringomyélique implique des mécanis-
de la moelle sacrée ou lésion sous-jacente). Les troubles urinai- mes étiopathogéniques variés qui peuvent être malformatifs,
res, intestinaux, sexuels dominent la symptomatologie et circulatoires ou post-traumatiques [51] . Selon Williams, la
représentent habituellement le handicap résiduel le plus syringomyélie est un diagnostic neuroradiologique et corres-
important. L’appareil vésicosphinctérien et intestinal bas est pond à une « zone homogène intramédullaire de même inten-
privé de tout contrôle, aréactif, aréflectif ; l’hypotonie sphincté- sité que le LCR [...] aux contours définis et s’étendant au moins
rienne striée avec paralysie périnéale est la règle. L’incontinence sur deux niveaux vertébraux » [52]. Cette zone intramédullaire se
par fuites d’effort ou par regorgement lié à la rétention majeure développe dans la majorité des cas en regard de la lésion en
en est la conséquence (neurovessie et neuro-intestin « périphé- dessous et en dessous de la zone lésée [53].
riques » ou « autonomes »). En cas de lésion incomplète, le À l’étude morphologique par IRM peut être ajoutée une étude
dysfonctionnement associe des éléments dissociés ; vessie et bas vélocimétrique de flux du LCR traduisant au sein des kystes des
intestin hypo- ou aréactifs, hypertonie shpinctérienne striée obstacles fonctionnels de circulation du LCR [54].
(neurovessie ou neuro-intestin « mixtes »). Sur le plan sexuel, le Quel que soit l’aspect morphologique séquellaire, ces entités
dysfonctionnement est la conséquence de la disparition de la sont évoquées soit à partir d’un signe d’appel, soit lors d’exa-
réflectivité et de l’anesthésie dans les métamères sacrés, mais la mens systématiques de surveillance et de suivi.
préservation du centre sexuel sympathique dorsolombaire. Chez Sur le plan sémiologique, les conséquences cliniques postsyn-
l’homme, les érections nocturnes réflexes sont absentes si la drome transverse peuvent prendre des aspects multiples plus ou
lésion est complète, mais les érections psychogènes (intumes- moins bien systématisés :
cence sans rigidité) sont préservées dans un nombre non
négligeable de cas. L’éjaculation est le plus souvent impossible Douleurs lésionnelles
ou elle est baveuse, non clonique, prématurée et amputée de sa Le premier signe évocateur d’une syringomyélie postlésion-
composante expulsive. La perception de l’orgasme est toujours nelle est le plus souvent l’apparition ou l’aggravation de
émoussée. Chez la femme, la phase d’excitation sexuelle est douleurs neuropathiques dans le syndrome lésionnel. Il s’agit la
marquée dans un quart des cas par la persistance d’une lubrifi- plupart du temps de brûlures, d’allodynie ou de douleurs
cation psychogène, avec abolition de la lubrification réflexe. Il paroxystiques. Le caractère réfractaire a été également souvent
n’y a pas d’érection clitoridienne. L’orgasme rythmique du souligné. Attal décrit une résistance aux antalgiques
périnée est aboli, ce qui ne signifie pas la disparition définitive habituels [55].

Neurologie 11
17-042-A-10 ¶ Syndromes médullaires

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parasitaire, postvaccinale, inflammatoire, toxique, ou consé- [25] Fouillet N, Wiart L, Arné P, Alaoui P, Petit H, Barat M. Propriospinal
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décompression, les myélopathies postradiothérapie, les atteintes rigidity of the arms due to isolation of motoneurones by a spinal tumour.
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M. Barat, Professeur des Universités, praticien hospitalier, ancien chef de service.


Service de médecine physique et de réadaptation, Pôle de neurosciences cliniques, Université Victor Segalen Bordeaux 2, CHU de Bordeaux,
33076 Bordeaux cedex, France.
D. Goossens, Chef de service blessés médullaires.
Département de neurologie, Centre de rééducation de la Tour-de-Gassies, 33163 Bruges cedex, France.
G. Penchet, Praticien hospitalier, neurochirurgien des hôpitaux.
Service de neurochirurgie A, Pôle de chirurgie, Groupe hospitalier Pellegrin, Tripode, Place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France.
P. Dehail, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de médecine physique et de réadaptation, Pôle de neurosciences cliniques, Université Victor Segalen Bordeaux 2, CHU de Bordeaux,
33076 Bordeaux cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Barat M., Goossens D., Penchet G., Dehail P. Syndromes médullaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Neurologie, 17-042-A-10, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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