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 14-316-A-10

Conduite à tenir devant une prothèse


totale de hanche douloureuse
H. Migaud, P.-L. Chaumont, A. Combes, H. Coudane, J. Girard

L’arthroplastie totale de hanche permet dans l’immense majorité des cas de retrouver une indolence et
une fonctionnalité parfaite. Cependant quelques patients gardent des douleurs qui posent des problèmes
de diagnostic : la douleur est-elle liée à l’arthroplastie ? Si oui, quelle est l’origine de ces douleurs ? Ce
travail a pour but objectif de hiérarchiser les causes de douleurs après prothèse totale de hanche et de
fournir une démarche diagnostique méthodique. L’examen clinique complet est indispensable et revêt
une valeur d’orientation essentielle en précisant le mode de survenue des douleurs et leur localisation.
Les diagnostics prioritaires sont le descellement (ou non-fixation des implants sans ciment), l’infection
et l’instabilité (de la luxation à la subluxation, et dans une forme mineure l’effet came). Après l’examen
clinique, deux investigations sont nécessaires : radiographies standards et ponction de hanche effectuée
en condition d’asepsie chirurgicale. Les autres diagnostics ne peuvent être évoqués qu’après avoir éli-
miné ces trois étiologies. Ils supposent la réalisation d’autres investigations (scintigraphie, échographie,
tomodensitométrie, imagerie par résonance magnétique) qui sont pratiquées non pas de manière systé-
matique mais dans un ordre raisonné et en posant pour chacune d’elles une question précise. Parmi ces
autres diagnostics on peut retenir : les ossifications hétérotopiques, le conflit iliopsoas-cupule, la bursite
latérale et la pathologie du moyen fessier, l’ostéolyse, les ruptures d’implants et les effets came. Chacune
de ces étiologies dispose d’un tableau clinique et paraclinique plus ou moins spécifique. Parfois, malgré
une démarche clinique bien conduite, il n’est pas possible de poser un diagnostic précis, et il est préférable
dans cette situation de temporiser plutôt que de proposer une réintervention « pour voir » dont le résultat
est d’expérience très incertain.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Prothèse totale de hanche ; Descellement de prothèse totale de hanche ;


Infection sur prothèse totale de hanche ; Usure de prothèse totale de hanche ;
Luxation de prothèse totale de hanche

Plan Introduction
■ Introduction 1 L’arthroplastie totale de hanche permet, dans la très grande
■ Analyse de la douleur dans les prothèses de hanche 2 majorité des cas, de retrouver une indolence et une fonction-
Généralités 2 nalité parfaite, certains patients déclarant avoir « oublié leur
Critères cliniques 2 prothèse » [1–3] . Toutefois un petit nombre de patients conti-
Rattacher la douleur à la prothèse 3 nue à présenter des « douleurs », posant alors le problème de
En résumé 3 leur étiologie [4, 5] , les tableaux cliniques de ces douleurs rési-
duelles étant extrêmement variables [4–8] . L’examen clinique,
■ Trois complications à rechercher en priorité 3
l’imagerie et les examens biologiques doivent d’abord rechercher
Généralités 3
les trois complications majeures représentées par le descellement
Descellements et pertes de fixation 3
(ou la non-intégration d’un implant non cimenté), l’instabilité
Infection 4
(luxation, subluxation, à un moindre degré l’effet came) et
Instabilité 5
l’infection [5–8] . Néanmoins, en dehors de ces complications qu’il
■ Autres étiologies 7 faut d’abord éliminer, quelques patients gardent « une pro-
Syndrome douloureux régional complexe de type 1 7 thèse douloureuse » qui obère leur qualité de vie. En effet, ils
Ossifications hétérotopiques périprothétiques 9 connaissent, en règle, la notion classique d’un « bon résultat »
Conflits 10 laissé par la prothèse totale de hanche (PTH), bon résultat lar-
Douleurs liées à l’ostéolyse 13 gement médiatisé, et ils regrettent alors parfois amèrement de
Douleurs d’origine neurologique 15 faire partie de cette faible cohorte pour laquelle le résultat reste
Douleurs liées à un allongement ou un excès de latéralisation 15 très mitigé. Il faut cependant souligner que la douleur isolée est
Autres causes de douleur 15 rarement un motif de procédure médicolégale à l’encontre des
En conclusion 19 chirurgiens [9] .
■ Conclusion 20 L’objectif de ce travail est de fournir une méthode de rai-
sonnement et de prise en charge d’une PTH douloureuse. Nous
insistons, dans ce travail, sur ces cas rares où la douleur reste

EMC - Appareil locomoteur 1


Volume 8 > n◦ 1 > janvier 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0521(12)59507-0 Rejoignez nous sur Facebook: “La radiologie pour tous”
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Prothèse totale de hanche douloureuse

Prouver par l’examen clinique +


radiographique ± bloc test à la lidocaïne que
la PTH est bien à l’origine des douleurs

La PTH a toujours été douloureuse La PTH est devenue récemment douloureuse

Douleurs Douleurs diffuses Douleur chronique Douleur aiguë et/ou


Douleurs
mécaniques sur sans facteur sans fièvre ni fébrile et/ou
inflammatoires
site précis déclenchant facteur causal facteur causal

Enquête étiologique dans l’ordre suivant : Ponction/radiographie


1. examen clinique
2. radiologie standard
3. ponction
4. ± TDM : mesure, position, orientation des implants, détection du Fracture de l'os ou de
liseré de la fracture de l'os ou de l'implant Infection l'implant ou rupture
5. ± scintigraphie avec demande précise (fixation, fracture, infection) musculaire
5bis. ± EOS (rachis, inégalité de longueur, trouble rotation)
5ter. IRM ou échographie si évocateur de parties molles
6. si PTH frottement métal-métal dosage Cr Co, échographie ou IRM

Diagnostic précis Pas de diagnostic précis

Reprendre l'enquête étiologique (clinique, radiologique, TDM, ponction)


Compléter à la demande par scintigraphie, IRM, échographie
Savoir refaire le bloc test si doute sur origine de la douleur PTH

Diagnostic précis

Figure 1. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge d’une prothèse totale de hanche (PTH) douloureuse. TDM : tomodensitométrie ; IRM : imagerie
par résonance magnétique.

prégnante lorsque les complications correspondant au tiercé clas- circonstances déclenchantes. Les douleurs peuvent être perma-
sique « descellement–infection–instabilité » ont été éliminées. nentes ou au contraire revêtir un caractère transitoire aigu (Fig. 1).
L’utilisation d’une échelle validée d’appréciation de la douleur
(échelle visuelle analogique [EVA] ou échelle visuelle spécialisée,
 Analyse de la douleur score d’autoévaluation type Oxford ou SF-12) doit être obliga-
toirement utilisée chez ces patients car elle permet de suivre
dans les prothèses de hanche l’évolution.
Le siège de la douleur doit être précisé : localisée à l’aine faisant
Généralités évoquer la responsabilité de la pièce acétabulaire de la prothèse,
La douleur « postopératoire » diminue progressivement pour crurale en rapport avec la pièce fémorale. D’autres sites doulou-
disparaître en trois à six semaines. Cependant, quelques patients reux sont rapportés par les patients et disposent d’une plus faible
présentent une « gêne fonctionnelle douloureuse » pouvant per- valeur d’orientation : douleur fessière, face latérale de la cuisse,
durer deux à trois mois, il s’agit alors d’une douleur de région lombaire basse, douleur projetée au genou.
« dérouillage » ou d’une douleur à la marche prolongée [6, 8, 10, 11] . Enfin, l’enquête anamnestique permet de différencier les dou-
Cette gêne douloureuse persistante est rapportée à l’adaptation de leurs de type mécanique (qui, schématiquement, sont présentes
l’os au matériel, ou à la cicatrisation des parties molles. Toutefois, lorsque le patient utilise sa prothèse) des douleurs inflammatoires
dans près de 95 % des cas, la douleur a disparu complètement dans qui revêtent souvent les caractéristiques de douleurs permanentes,
un délai de deux à trois mois, autorisant le patient à reprendre une sourdes, persistant à la marche et réveillant parfois la nuit (Fig. 1).
activité normale en fonction de son âge [3, 8] . Au terme de cet interrogatoire, trois groupes de patients peuvent
être identifiés :
• ceux qui présentent des douleurs mécaniques ou déclenchées
Critères cliniques par un mouvement précis ou une activité spécifique sur un
site anatomique précis (leur enquête étiologique permet le plus
L’interrogatoire est une étape essentielle qui permet de pré- souvent de trouver une cause mécanique prothétique ou juxta-
ciser l’importance de la douleur, sa localisation exacte, les prothétique) ;

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• ceux qui présentent des douleurs à caractère inflammatoire (si Descellements et pertes de fixation
l’infection est le diagnostic prioritaire à éliminer, l’enquête étio-
logique peut conduire à détecter des causes variables et parfois Définition
mécaniques) ; Le descellement correspond à la perte de fixation de la pièce
• enfin ceux qui présentent des douleurs plus diffuses sans carac- cimentée (Fig. 2) ou à l’absence d’ostéo-intégration ou à la perte
tère mécanique ou inflammatoire et qui surviennent sans de fixation d’une pièce non cimentée [10–12] (Fig. 2). C’est l’une
facteur déclenchant net (l’enquête étiologique est parfois prise des causes les plus fréquentes de douleurs après implantation
en défaut, mais d’autant moins que celle-ci a été menée de d’une PTH.
manière méthodique) (Fig. 1).

Diagnostic
Rattacher la douleur à la prothèse
La douleur est typiquement mécanique et son siège bien ciblé :
Il est essentiel, lors de l’examen clinique, de rattacher la symp- inguinal et/ou fémoral. Dans la plupart des cas, la douleur aug-
tomatologie douloureuse à la prothèse. mente en intensité avec le temps, parfois entrecoupé de périodes
S’il est en règle facile de différencier un syndrome sciatalgique presque indolores.
L5 ou S1 d’une douleur provenant de la hanche, a contrario, une Le diagnostic repose sur l’imagerie car l’examen clinique
douleur due à une compression des branches des racines L2-L3 permet, en général, de retrouver des mobilités strictement
est plus difficile à analyser puisque la projection métamérique des normales reproduisant parfois la douleur dans les positions
racines L2-L3 intéresse les téguments de la région trochantérienne, extrêmes.
et de la région inguinale. Le bilan radiographique simple permet d’établir le diagnostic
Un examen clinique complet est justifié avec notamment pal- de descellement sur les critères suivants pour les implants cimen-
pation des pouls et recherche d’une masse anévrismale car une tés [12, 13] :
claudication fessière ou crurale d’origine vasculaire peut en impo- • liseré ciment-os continu de 2 mm d’épaisseur ou progressif
ser pour une douleur mécanique. (Fig. 2) ;
Sont évocatrices de la hanche : une douleur inguinale ou cru- • migration d’une des pièces prothétiques évolutive sur les clichés
rale, plus rarement douleur fessière isolée. Typiquement, l’origine comparatifs (Fig. 2) ;
prothétique des douleurs est évoquée lorsqu’elles surviennent • variations de 4 à 5 mm ou de 5◦ de l’orientation des pièces ; dans
ou augmentent lors de la marche. Mais des douleurs en rapport la plupart des cas, la cupule tend à se verticaliser, alors que la tige
avec une infection prothétique ou une pathologie périarticu- fémorale s’enfonce, se varise, et se rétroverse (expliquant une
laire ou synoviale peuvent survenir en dehors de toute mise en attitude en raccourcissement et rotation latérale du membre
charge. inférieur) (Fig. 2) ;
Il est de même nécessaire de reconsidérer l’indication opéra- • fracture et/ou déplacement du fourreau de ciment, libération
toire initiale car, dans la plupart des cas, l’âge du patient permet de fragments de ciment, fracture du bouchon distal.
de retrouver une « pathologie intriquée » d’origine lombaire basse Lorsque la radiographie simple n’emporte pas la conviction,
qui a pu être initialement négligée. Il est simple de demander l’arthro-TDM peut montrer une fuite du produit de contraste
si les douleurs alléguées par le patient sont identiques à celles dans l’interface ciment-os ou détecter plus facilement une zone
qui ont motivé l’indication de la prothèse. Si c’est le cas, une de mobilité d’une prothèse non cimentée (Fig. 3), et la scintigra-
erreur d’indication peut être évoquée (même si deux patholo- phie isotopique au 99m Tc, une hyperfixation focalisée au niveau
gies peuvent être impliquées) et une autre cause de douleur doit de la pièce prothétique descellée (Fig. 4) [14–16] . L’amélioration de
être recherchée (rachis, vasculaire, abdominale, orifices herniaires, la TDM permet de réduire les artefacts et de détecter des ano-
articulation sacro-iliaque). malies fines [12, 13] comme la rupture d’un insert en céramique
De même, des pathologies abdominopelviennes initialement (Fig. 3).
ignorées peuvent laisser des douleurs dont il faut rechercher Le diagnostic de non-intégration ou de perte de fixation d’une
l’étiologie par des examens d’imagerie (tomodensitométrie [TDM] prothèse non cimentée est plus difficile, certains implants possé-
abdominopelvienne). dant des zones dites « réhabitables » et « non réhabitables ». Des
scores de fixation ont été établis en imagerie [17] :
En résumé • existence d’une ostéolyse de 2 à 3 mm d’épaisseur, circons-
crite par une zone d’ostéocondensation, surtout si elle n’est pas
Dans l’analyse d’une prothèse de hanche douloureuse, la parallèle à la surface de l’implant (Fig. 2) ;
première étape est clinique et correspond à l’étude des caractéris- • zones d’absence de contact direct en regard de la partie réhabi-
tiques de la douleur (Fig. 1). La deuxième étape vise à être certain table de la prothèse (Fig. 2) ;
que la prothèse est bien responsable de cette douleur en éliminant • hypertrophie des corticales en regard de la partie distale de la
les pathologies rachidiennes et abdominopelviennes qui peuvent pièce fémorale, surtout si cette zone n’est pas réhabitable ou si
être, soit intriquées, soit préexistantes et parfois initialement le pivot est en varus (Fig. 3) ;
ignorées ou qui se sont décompensées après l’intervention chirur- • résorption de l’éperon de Merckel (Fig. 4) ;
gicale. Parfois le doute persiste sur l’origine coxale des douleurs et • tous ces signes sont variables d’un implant à l’autre et le
dans cette hypothèse, il est logique de s’aider de tests infiltratifs seul signe non discutable est la migration évolutive d’une des
(intra-articulaire ou loco dolenti) avec un anesthésique local en pièces prothétiques sur les clichés comparatifs (variations de
ayant pris soin d’effectuer au préalable les prélèvements bactério- 4 à 5 mm ou de 5◦ de l’orientation des pièces) (Fig. 2). Le
logiques articulaires (ponction) même si l’effet bactériostatique diagnostic reste néanmoins difficile entre des signes de non-
des anesthésiques locaux a été remis en question récemment fixation et des signes d’adaptation de l’os à la prothèse non
(Fig. 1). cimentée.

 Trois complications à rechercher En résumé


en priorité Le diagnostic de descellement peut être difficile lorsque les
signes sont peu évolutifs. La scintigraphie isotopique au 99m Tc
Généralités est contributive lorsqu’elle montre une hyperfixation loca-
lisée [18] , et l’arthro-TDM le passage du produit de contraste
Une PTH douloureuse justifie un avis chirurgical qui vise, dans dans l’interface ciment-prothèse ou prothèse-os. L’arthro-TDM
un premier temps, à éliminer l’une des trois complications les plus présente également l’avantage de permettre des prélèvements
fréquentes : le descellement (ou la non-intégration d’une prothèse bactériologiques, qui doivent être effectués dans des conditions
non cimentée), l’instabilité et l’infection. d’asepsie chirurgicale [19] .

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Infection bacilles à Gram négatif), il est plus difficile pour des agents
peu virulents (Propionibacterium acnes, staphylocoque à coa-
Généralités gulase négative, anaérobies) ou en raison de prélèvements
Une PTH douloureuse est toujours suspecte d’être infec- non spécifiques (anaérobies, levures, mycobactéries) [23–25] . De
tée [20] . Cette infection peut survenir à tous les stades évolutifs même, l’histoire clinique est parfois évocatrice (retard cicatri-
de la prothèse : stade précoce (avant les six premiers mois), ciel, fièvre postopératoire, évacuation spontanée ou chirurgicale
semi-tardif ou tardif (plusieurs années après la pose de la d’un hématome, douleur lancinante de caractère inflamma-
prothèse) [20–22] . Si le diagnostic est en règle facile pour cer- toire), mais parfois rien ne laisse supposer une contamination de
tains agents pathogènes (Staphylococcus aureus, streptocoque, l’arthroplastie [20–25] .

A B C D
Figure 2. Images de descellement.
A. Descellement fémoral d’un pivot cimenté. Un liseré continu de plus de 2 mm est identifié (flèches) avec enfoncement de plus de 5 mm (têtes de fléches).
B. Descellement acétabulaire d’une cupule non cimentée. Il existe, outre une migration de plus de 5 mm et de plus de 5◦ , un liseré de plus de 2 mm divergeant
par rapport à la surface de la cupule (flèches).
C. Image de non-fixation d’un pivot non cimenté avec liseré proximal divergeant par rapport à la surface du pivot (flèches).
D. Descellement d’une cupule cimentée avec liseré continu à l’interface ciment-os et mobilisation de la cupule de plus de 5 mm (flèches).

A B C
Figure 3.
A à C. Intérêt de l’examen tomodensitométrique (TDM) pour identifier le liseré continu de la prothèse figurée sur la Figure 1C. Le liseré continu est identifié
sur les coupes axiales et les reconstructions (flèches). Les coupes frontales permettent d’identifier des débris de céramique sans que l’insert ne semble rompu
sur les coupes TDM (tête de flèche).

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D E F
Figure 3. (suite)
D. Intérêt de l’examen tomodensitométrique (TDM) pour identifier le liseré continu de la prothèse figurée sur la Figure 1C. Le liseré continu est identifié sur
les coupes axiales et les reconstructions (flèches). Les coupes frontales permettent d’identifier des débris de céramique sans que l’insert ne semble rompu sur
les coupes TDM (tête de flèche).
E, F. Intérêt de la TDM pour identifier un liseré continu (flèches) (F) autour d’une cupule dont le descellement n’est pas évident sur la radiographie standard
(E) (pas de liseré continu, pas de migration ni fracture de vis).

Diagnostic agents les plus fragiles (milieu de Rosenow) [23] , des milieux spé-
cifiques ne doivent pas être négligés (mycobactéries, levures) [24] .
Le rythme de la douleur est extrêmement variable ; celle-ci est
Un dosage des polynucléaires altérés dans le liquide articulaire
plutôt de nature inflammatoire, mais, là encore, les critères sémio-
semble présenter un intérêt diagnostique important [34] avec
logiques sont loin d’être caractéristiques [20] . Les cas où le patient
un taux de 1800 GB/mm3 retenu comme assez spécifique d’une
présente des signes facilement dépistés lors de l’examen clinique,
infection [27–34] . Il ne faut pas hésiter à se mettre en relation avec
avec modification cicatricielle, fièvre, présence d’une fistule, voire
le microbiologiste pour préciser les conditions de prélèvement et
syndrome septicémique, sont les plus rares.
de transport [24–35] .
Les modifications des constantes biologiques (C reactive pro-
tein [CRP], vitesse de sédimentation [VS]) restent très aléatoires.
En pratique, le taux de CRP, maximal trois jours après la pose
de la prothèse, doit se normaliser en trois semaines ; tandis
Instabilité
que la VS, maximale cinq jours après l’implantation prothé- Généralités
tique, décroît lentement et de manière irrégulière, un taux
élevé pouvant huitième semaine postopératoire, mais l’analyse Dans la majorité des cas, la douleur n’est pas au devant de
évolutive de ces critères biologiques n’est pas un élément discri- la scène clinique, sauf, bien sûr, au moment de la luxation de
minatif majeur [26, 27] . Environ 20 % des infections documentées l’implant [36] . A contrario, après une récidive de la luxation, le
présentent une VS et/ou une CRP normales [20] . patient ressent « une angoisse douloureuse » bien qu’il ne ressente
Les modifications radiologiques (ostéolyse ou géode endostée aucune douleur de la hanche. La fréquence des luxations est cer-
distale, périostite fémorale, descellement bipolaire rapide sans fac- tainement sous-estimée, les méta-analyses faisant état de taux de
teur mécanique suspecté) peuvent faire évoquer le diagnostic, luxations variant de 2 à 4 % [36] . Les « subluxations » sont souvent
surtout si elles sont évolutives, mais elles ne sont ni sensibles ni ignorées, mais elles peuvent entraîner des douleurs plus ou moins
spécifiques [20–28] (Fig. 5). insidieuses dont le diagnostic est difficile. Plus insidieux encore,
L’arthro-TDM peut montrer le passage du produit de contraste l’effet came peut être à l’origine de douleurs « inexpliquées » [37] .
dans ces zones d’ostéolyse et peut permettre la réalisation de pré- Les effets came sont d’autant plus prégnants qu’il s’agit d’un
lèvements à visée bactériologique. Une ponction guidée par TDM couple dur–dur qui, par le biais de la libération de débris métal-
peut être réalisée sur les zones d’ostéolyse [19–29] . liques (provenant du col sur un couple céramique–céramique ou
La scintigraphie à l’indium 111 (Fig. 4) ou le leucoscanner du métal-back sur une cupule à double mobilité ou de la région
peuvent mettre en évidence des signes d’hyperfixation dont la équatoriale de la cupule d’un couple métal–métal), entraîne une
valeur prédictive positive est importante dans le cadre du diag- réaction synoviale et des douleurs plus ou moins insidieuses [38]
nostic d’infection de la prothèse [30–33] , surtout si les images sont (Fig. 6). L’effet came est moins souvent symptomatique sur les
couplées à la TDM (imagerie hybride) (Fig. 4). La scintigraphie couples dur–mou, sauf au cours des épisodes de subluxation, ou en
technétium-gallium est moins sensible et moins spécifique que cas d’usure avérée avec réaction extensive aux débris [37, 38] (Fig. 7).
la scintigraphie aux leucocytes marqués à l’indium 111 mais elle Dans la petite articulation des cupules à double mobilité, l’effet
garde des indications pour rechercher d’autres foyers infectieux et came est recherché et permet le recentrage automatique de la
chez les malades fragiles. pièce mobile, alors que ces implants sont en théorie non expo-
sés à l’effet came dans la grande articulation du fait d’un rapport
tête–col très favorable. En pratique, ce phénomène d’effet came
En résumé
entre le métal-back et le col prothétique peut être observé dans
En dehors de quelques cas particuliers où la douleur est accom- la grande articulation des cupules double mobilité disposant d’un
pagnée de modifications cicatricielles, le diagnostic d’infection frottement dur–mou (Fig. 4) ou dur–dur (Fig. 7).
reste difficile. La scintigraphie à l’indium 111, les biopsies et les
prélèvements guidés par TDM sur les zones d’ostéolyse peuvent
apporter des éléments avant l’indication de la reprise chirurgicale.
Étiologie
L’acte majeur est la ponction articulaire, idéalement effectuée Hormis les épisodes évidents de luxation ou de subluxation,
par le chirurgien au bloc opératoire à distance de toute antibio- pour préciser si l’instabilité est responsable de douleurs, il faut
thérapie (un arrêt minimal de trois semaines est requis pour la rassembler des éléments :
plupart des antibiotiques et jusque un mois pour la rifampicine, • d’anamnèse : survenue des douleurs au cours ou au décours de
la vibramycine et les fluoroquinolones) [24, 27] . Des milieux de certaines positions ou activités à risque, sensation d’instabilité
culture enrichis sont nécessaires pour faciliter l’identification des (piston lors de la marche, bruits anormaux) ;

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A B C

D E

F G
Figure 4. Intérêt et limites de la scintigraphie.
A, B. Douleurs crurales sur un pivot cimenté avec épaississement cortical distal habituel sur les prothèses de type Kerboull (A) (flèches). La scintigraphie (B)
montre une hyperfixation distale (tête de flèche) en regard de l’épaississement sur ce pivot non descellé ; en revanche, la cupule ayant migré est descellée
mais l’hyperfixation y est plus modérée (flèche).
C à G. Douleurs inguinales sur une cupule non cimentée avec une image de liseré possible sur les clichés standards (C) (flèche). La scintigraphie (D, E,
F) confirme l’hyperfixation périacétabulaire (flèches) et la tomodensitométrie (G) (TDM) confirme le liseré périacétabulaire (flèches). La scintigraphie aux
leucocytes marqués avec TDM couplée (F) fait suspecter une infection confirmée par la ponction. La TDM montre un effet came sur cette cupule à double
mobilité entre le col et le rebord de la cupule métallique (têtes de flèches).

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Figure 5. Images caractéristiques de


l’infection : périostite (flèches) et lyse
endostée avec perforation corticale mul-
tiple (tête de flèche) (A à C).

A B C

• d’examen physique en recherchant avec prudence de manière patient comme subaiguë et donc faussement rassurante. La radio-
passive un mouvement déclenchant les douleurs alors recon- graphie permet de redresser le diagnostic pour peu que l’on en
nues par le patient (flexion-adduction-rotation médiale ou connaisse les signes (Fig. 9).
extension-rotation latérale), un piston axial sur un malade en
décubitus (ce phénomène n’est pas en soi pathologique mais il
En résumé
est d’autant plus suspect qu’il survient sur un couple dur–dur La douleur est souvent absente des épisodes intercurrents à la
et/ou s’il est reconnu par le patient comme survenant au cours luxation ; les épisodes d’instabilité ou de subluxation sont sous-
de la vie courante) ; un effet came, s’il est constaté, a la même estimés ; les facteurs associés aux malpositions « mécaniques »
valeur ; sont nombreux : rôle de la voie d’abord initiale, insuffisance
• des anomalies radiographiques par les clichés standards (défaut musculaire s’aggravant avec le recul, en particulier au moyen
d’inclinaison de la cupule, réduction de l’offset, inégalité de fessier.
longueur) et surtout par l’examen TDM qui recherche une ano-
malie d’antéversion [39, 40] (Fig. 6, 8) qui peut d’ailleurs mettre  Autres étiologies
en évidence directement un effet came (Fig. 4, 6, 7).
Le défaut de l’orientation de la cupule est l’une des causes Elles ne sont envisagées que lorsque l’infection et le descelle-
principales d’instabilité [40] : excès de verticalisation de la cupule ment ou la non-intégration d’une prothèse non cimentée ont été
et d’antéversion de la pièce fémorale favorisant les luxations éliminés. Cela suppose d’avoir pratiqué au minimum un examen
antérieures et les excès inverses favorisant la luxation pos- clinique complet, des radiographies standards, un bilan biolo-
térieure [40] . Il est essentiel de pratiquer un bilan spécifique, gique (VS, CRP) et surtout une ponction.
notamment la TDM dont les mesures acétabulaires peuvent être
perturbées par la position du bassin [39–41] . Les TDM peuvent Syndrome douloureux régional complexe
être pratiquées en orthostatisme simulé et avec un repère lié de type 1
au bassin améliorant la reproductibilité des mesures et permet-
tant de détecter près de 30 % de malposition qui auraient été C’est le « syndrome algodystophique », terme qui est encore
méconnues sur les coupes standards (Fig. 8) [40] . Pour mieux inté- utilisé dans la littérature française [45] . Le syndrome douloureux
grer les variations de position du pelvis et faire des mesures régional complexe de type 1 (SDRC1) postopératoire est beau-
en situation assise et debout, le système EOSTM semble très coup moins fréquent à la hanche qu’au genou ou à l’épaule.
prometteur [41] . Les douleurs sont diffuses, de type mixte et en général pré-
D’autres anomalies associées doivent être recherchées sur les coces, survenant dans la continuité ou quelques semaines après
clichés standards et la TDM, constituant des éléments associés qui l’intervention. L’examen clinique reste pauvre : les mobilités pas-
peuvent contribuer à l’instabilité [42] : sives ont des amplitudes normales et les signes classiques (rougeur,
• pseudarthrose du grand trochanter ; augmentation de la chaleur cutanée) sont en règle absents. Les
• raccourcissement du membre ; signes radiographiques sont de même peu contributifs et restent
• médialisation fémorale ou perte du déport fémoral ; d’analyse difficile compte tenu des remaniements liés à l’implant
• modification de la fixation des pièces. (déminéralisation diffuse, géodes, etc.). La scintigraphie au 99m TC
Enfin, l’interrogatoire doit rechercher des éléments d’anamnèse est l’examen le plus discriminatif et contributif [46] : il met en
qui peuvent eux aussi être contributifs : chirurgie itérative, faible évidence une hyperfixation maximale localisée en périphérie de
enraidissement préopératoire (indication pour nécrose), troubles l’implant (Fig. 10) qui s’étend de manière régionale sur toute la
neurologiques, voie d’abord à risque comme la voie de Hardinge partie proximale du membre inférieur. Cette hyperfixation va pro-
qui laisse parfois une cicatrisation incomplète et douloureuse des gressivement diminuer avec le temps pour disparaître en six à
fessiers [36] , voie postérieure réputée plus « luxante », même si cette 12 mois. Le traitement repose sur la mise en décharge transitoire,
donnée n’est pas prouvée dans les méta-analyses [4, 10, 43] . la prescription d’anti-inflammatoires. Les dérivés de la calcitonine
L’utilisation actuelle à grande échelle des cupules à double n’ont plus l’autorisation de mise sur le marché dans les SDRC1. La
mobilité mérite que l’on en connaisse une complication spéci- surveillance itérative vise à rassurer le patient : la guérison est en
fique : la luxation intraprothétique [44] . Elle est rare (moins de 1 %) règle constante et les séquelles rares. C’est à notre sens un diag-
et survient habituellement vers cinq à dix ans de recul. Si elle nostic d’élimination, et d’ailleurs il n’y a pas de série documentée
est responsable habituellement d’une douleur aiguë, celle-ci peut sur cette pathologie après prothèse de hanche dans la littérature.
être temporaire et disparaître lorsque la tête finit par s’articuler Aussi, ce n’est qu’après avoir éliminé les autres diagnostics et avoir
avec le métal-back [44] . De même, cette luxation intraprothétique réévalué le patient à distance que l’on pourrait éventuellement
peut être plus insidieuse avec une douleur interprétée à tort par le retenir ce diagnostic.

EMC - Appareil locomoteur 7


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B

C D

E F
Figure 6. Bilan de douleurs inguinales et latérales inexpliquées sur une prothèse sans ciment à frottement céramique–céramique. La radiographie de bassin
de face (A) montre une orientation satisfaisante. Un cliché de bassin de profil strict (B) permet de fixer un référentiel au bassin (version pelvienne de 18◦
entre axe pelvien et verticale) et d’effectuer une tomodensitométrie (TDM) avec de haut en bas la coupe usuelle orthogonale au plan de la table de TDM
(50◦ antéversion, C), puis une coupe référencée au bassin car orthogonale à l’axe pelvien (centre de S1, centre de tête fémorale) (41◦ antéversion, D), puis
une coupe simulant la position debout (antéversion 54◦ , E). L’antéversion fémorale est de 14◦ , mais cette coupe confirme un effet came postérieur (conctact
col-rebord insert céramique) (F) (flèche) qui était pressenti par l’examen clinique.

8 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

Ossifications hétérotopiques • à distance de leur installation en cas de conflit entre deux


parties d’ossifications (le diagnostic est alors plus facile, mais
périprothétiques l’identification du conflit suppose un examen clinique dyna-
Généralités mique et une TDM).
Elles sont évaluées au moyen de la classification de Brooker et
Elles sont favorisées par certains abords chirurgicaux (voie al. [49] (Fig. 11) :
transglutéale, Watson-Jones et dérivées) [47–49] . Elles sont rarement • stade I : îlots isolés dans les parties molles ;
responsables de douleurs et seulement dans deux circonstances : • stade II : éperon fémoral ou pelvien avec un espace libre de plus
• dans les semaines qui suivent la pose de la PTH lors de de 1 cm entre les extrémités osseuses ;
leur installation (à ce stade, le diagnostic est d’autant moins • stade III : éperon fémoral ou pelvien avec un espace libre de
aisé qu’elles sont absentes ou faiblement visibles sur les cli- moins de 1 cm entre les extrémités osseuses ;
chés standards et l’on peut s’aider de la scintigraphie au • stade IV : ossifications avec continuité osseuse fémoropel-
99m
Tc) ; vienne.

A B C

D E
Figure 7. Illustration de la nocivité de l’effet came sur différents couples de frottement.
A. Effet came postérieur sur un couple métal polyéthylène en double mobilité (contact col-cupule métallique) (flèche).
B à D. Effet came postérieur sur un couple céramique–céramique avec débris de céramique identifiés en tomodensitométrie provenant du rebord et retrouvés
sur l’explant (flèches).
E, F. Effet came postérieur sur un couple métal–métal avec un contact entre l’insert métallique et le col qui est encoché (F) (flèches).

EMC - Appareil locomoteur 9


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

Figure 7. (suite) Illustration de la nocivité de


l’effet came sur différents couples de frottement.
E, F. Effet came postérieur sur un couple
métal–métal avec un contact entre l’insert
métallique et le col qui est encoché (F) (flèches).
G. Effet came antérieur sur un couple
céramique–céramique double mobilité ; on
retrouve un dépoli sur la face antérieure du col
en regard de la zone de conflit (flèches).

F G

Parfois, en cas d’ossifications de stade IV (5 à 10 %), les patients iliaque, issue de ciment entrant en conflit avec les parties molles
peuvent présenter des douleurs de type mécanique localisées à la antérieures, cupule de taille excessive ou absence de paroi anté-
région trochantérienne et non accompagnées d’irradiations ; ces rieure [dysplasie ou révision acétabulaire] [Fig. 12] ou collection
douleurs sont rattachées à une irritation des parties molles adja- périprothétique, notamment antérieure ou sous le psoas, qui peut
centes avec des signes inflammatoires qui peuvent être confirmés être liée à une infection, un hématome ou l’accumulation de
par l’IRM [49–51] . débris d’usure) [53–56] . Ce conflit est trop souvent incriminé à tort
et son diagnostic positif repose sur une démarche diagnostique
Conduite à tenir précise. Il représente, dans deux enquêtes prospectives, moins de
5 % des prothèses totales de hanche douloureuses [53, 54] . En effet,
Le tableau le plus fréquent correspond au développement des une douleur à la flexion contrariée de la cuisse sur le bassin n’est
ossifications dans un délai de quelques semaines à quelques mois pas pathognomonique du conflit iliopsoas-cupule, et peuvent en
après l’intervention. La scintigraphie au 99m Tc montre une hyper- imposer une infection, une non-fixation de cupule, une réaction
fixation importante et très localisée dont l’intensité diminue synoviale aux débris d’usure ou à un effet came. Les autres conflits
pour redevenir normale au bout d’une année. Les ossifications sont beaucoup plus rares.
n’entraînent que des douleurs modérées. Les douleurs impor-
tantes en présence d’ossifications d’apparition précoce doivent
faire rechercher une autre étiologie, avec au premier rang une Symptomatologie
infection. La douleur est typiquement exclusivement mécanique : elle
À plus long terme, des ossifications anciennes stables et connues n’apparaît que lors des mouvements de flexion active de la
peuvent devenir douloureuses (parfois après un traumatisme) ; hanche sur le bassin (avec typiquement un arc douloureux entre
les douleurs sont plutôt mécaniques, en général non irradiantes 30 et 80◦ de flexion), lors de la montée des escaliers ou de la
et toujours localisées sur le même site. Là encore il faut éliminer montée–descente d’un véhicule. La douleur apparaît lors de mou-
une autre étiologie avant de proposer au patient l’ablation des vements actifs (elle est exacerbée contre résistance) et n’apparaît
ossifications [52] . pas lors des mouvements passifs [53, 54] . Typiquement, elle est située
Enfin la « prévention » des ossifications hétérotopiques (anti- à l’aine et n’irradie pas ; en dehors de ces mouvements déclen-
inflammatoires non stéroïdiens, radiothérapie à faibles doses) ne chants, le patient n’a pas ou peu de symptômes et est capable
s’envisage que chez des patients à risque : spondylarthrite ankylo- de marcher plusieurs kilomètres en terrain plat sans douleur. Les
sante, antécédents d’ossification sur la hanche controlatérale ou symptômes surviennent dans la majorité des cas en postopératoire
intervention pour ablation des ossifications. La récidive reste pendant la phase de rééducation, ou dans des délais courts entre le
cependant fréquente [47] . troisième et sixième mois. Des cas de survenue plus tardive (deux
à trois ans) ont été rapportés [53–56] et doivent faire suspecter une
réaction aux débris d’usure, voire leur accumulation dans la partie
Conflits antérieure de la hanche ou sous l’iliopsoas [55, 56] (Fig. 14E).
Généralités
Parmi les conflits liés à la prothèse, le syndrome du psoas est
Conduite à tenir
de loin le plus fréquent [53, 54] . Il est classiquement expliqué par un Le bilan radiographique ou TDM de la hanche recherche le
« débord antérieur » de la cupule identifié au mieux sur la TDM conflit avec le bord antérieur de la cupule qui n’est retrouvé
(Fig. 12), mais il n’est pas toujours retrouvé et son absence ne per- qu’une fois sur deux [53, 54] . L’échographie peut retrouver des
met pas de rejeter le diagnostic. La TDM est indispensable pour signes de bursite iliopectinée et la TDM lombaire des signes
rechercher le débord de la cupule, mais aussi une autre cause d’amyotrophie du muscle psoas, ce dernier argument étant nette-
d’irritation (vis de longueur excessive en conflit avec le muscle ment en faveur d’une irritation de l’iliopsoas [57] (Fig. 12).

10 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B

C D

E F
Figure 8. Intérêt d’un examen tomodensitométrique (TDM) avec référentiel lié au bassin pour la mesure de l’antéversion de la cupule en position ortho-
statique simulée.
A. Douleurs inexpliquées sur une prothèse à couple de frottement métal–métal. La radiographie de bassin de face fait suspecter une faible antéversion
acétabulaire, les autres paramètres étant satisfaisants (inclinaison, intégration, centre de rotation).
B. Un cliché de bassin de profil strict permet de fixer un référentiel au bassin (mesure de la version pelvienne entre la verticale et l’axe pelvien centre plateau
de S1-centre de tête).
C à F. La TDM ainsi calibrée (C) montre de haut en bas la coupe usuelle orthogonale au plan de la table de TDM (1◦ antéversion), puis une coupe référencée
au bassin car orthogonale à l’axe pelvien (15◦ rétroversion, D), puis une coupe simulant la position debout (antéversion 0◦ , E). L’antéversion fémorale est de
26◦ (F). La cupule a été réorientée, mais la coupe usuelle ne montrait pas clairement la rétroversion qui a été mieux identifiée par la coupe « anatomique »
orthogonale à l’axe pelvien.

L’infiltration de la bourse séreuse rétrotendineuse (en avant de bas bruit. Lorsque l’infiltration extra-articulaire d’anesthésiques
la capsule) sous contrôle TDM avec une solution d’anesthésiques locaux est efficace, elle peut être répétée avec un dérivé corti-
locaux permet d’étayer formellement le diagnostic [53] (Fig. 12). coïde retard qui permet la disparition des douleurs dans près de
Elle doit en règle être précédée d’une ponction articulaire afin 50 % des cas [53] . En cas d’échec, une ténotomie du psoas sur le
de ne pas méconnaître une infection prothétique évoluant à petit trochanter peut être réalisée. La reprise de l’implant doit

EMC - Appareil locomoteur 11


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B C
Figure 9. Image d’une luxation intraprothétique d’une cupule à double mobilité ; la bague de rétention identique à celle de la Figure 7G s’est rompue,
libérant la tête qui est entrée en contact avec le métal-back. Cette image doit être connue car les patients peuvent marcher presque normalement (au prix
d’un raccourcissement) une fois l’épisode douloureux passé (A à C).

Figure 10. Image concordante avec une algo-


dystrophie ou syndrome douloureux régional
complexe de type 1. Fixation régionale autour du
fémur qui ne présente pas d’anomalie de fixation
(A, B).

A B

rester exceptionnelle dans la discussion de la balance risque- déclenchée par la contraction du moyen fessier et/ou la palpation
bénéfice, sauf si à l’évidence il existe une usure ou un effet de la région trochantérienne. Le déficit de force des abducteurs
came (faisant suspecter une participation d’une réaction synoviale évoque la rupture du musculaire moyen glutéal, mais celle-ci
intra-articulaire) [53, 54, 58] (Fig. 12). En cas de récidive, une plastie ne peut être confirmée que par l’échographie et/ou l’IRM qui
d’épaississement capsulaire utilisant le tendon réfléchi du droit confirme la bursite et/ou la rupture. Dans les formes frustes, il
de la cuisse dérouté et un treillis de Vicryl® peut être proposée est possible de s’aider d’une infiltration de lidocaïne qui, si elle
(menée par une courte voie de Hueter). est efficace, peut être complétée par un dérivé cortisonique retard
en respectant des conditions d’asepsie chirurgicale [60] .
La tendinite du muscle piriforme est de survenue exception-
Autres conflits nelle après PTH [61] . Elle se traduit par une douleur fessière haute
Ils sont beaucoup plus rares sauf la tendinobursite latérale [59, 60] . avec une irradiation sciatique plus ou moins tronquée déclen-
Celle-ci peut être favorisée par un excès de latéralisation [59] , ou chée par la mise en flexion du tronc, notamment lorsque le
être préexistante à l’arthroplastie, avec ou sans rupture du moyen membre est en rotation médiale. La palpation de l’insertion tro-
glutéal (qui est plus rare que la simple bursite mais qui doit être chantérienne du piriforme est douloureuse de même que la mise
recherchée par IRM ou échographie), et avoir été aggravée par en rotation médiale de la hanche en décubitus ou lors de la
l’intervention [60] (Fig. 13). La douleur est typiquement latérale recherche d’un signe de Lasègue, la hanche étant en rotation

12 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B C
Figure 11. Les quatre stades de la classification de Brooker et al. [49] .
A. Grade 1 : îlots isolés, ici le long du col fémoral et de l’acétabulum.
B. Grade 2 : ossifications mais avec ponts éloignés de plus 1 cm.
C. Grade 3 : ossifications mais avec ponts éloignés de moins de 1 cm.
D. Grade 4 : fusion plus ou moins complète entre fémur et pelvis.

médiale. L’échographie ou la TDM peuvent montrer des anoma- réaction synoviale comme en témoigne un épanchement qui peut
lies du tendon (dédoublement, épaississement, etc.) et guider une être observé en échographie ou TDM (Fig. 14). Une fois l’ostéolyse
infiltration [12, 29] . En cas de récidive, une infiltration de toxine radiographique installée, le diagnostic est alors plus simple bien
botulinique, une libération tendineuse et/ou une neurolyse du qu’il ne soit pas toujours aisé de relier l’ostéolyse et les dou-
nerf sciatique peuvent être proposées [61] . leurs alléguées par le patient (Fig. 14). On retient en sa faveur
la concordance entre la localisation des douleurs et de l’ostéolyse.
À l’inverse, sur des prothèses plus anciennes et radiographique-
Douleurs liées à l’ostéolyse ment usées mais en l’absence d’ostéolyse visible, l’accumulation
de débris d’usure sous forme d’une collection peut être res-
Les réactions aux débris d’usure peuvent entraîner des dou- ponsable de douleurs [62, 64] (Fig. 14). La TDM et l’échographie
leurs avant que ne survienne une ostéolyse radiographique qui permettent de porter le diagnostic qui conduit à la reprise.
permet de porter le diagnostic [38] . Habituellement ces douleurs Des masses tumorales douloureuses (fessières, iliaques) ont été
surviennent à partir de la cinquième année, sauf en cas de décrites qui peuvent en imposer pour une tumeur maligne [62]
malposition ou de dysfonctionnement patent (corps étranger (Fig. 14). Les données de l’échographie et de la TDM (montrant
intra-articulaire, défaut d’appariement des pièces). Se rapproche un liquide et/ou des débris de plastique, métal, ou céramique)
de cette situation un effet came qui, par une production exagé- permettent de redresser le diagnostic. Ainsi certaines malposi-
rée, peut entraîner des douleurs précoces avant l’identification tions de prothèses de resurfaçage ou à grosse tête à frottement
d’une ostéolyse radiographique [37] (Fig. 14). Dans ces situations, métal–métal sont responsables d’une libération élevée de débris
la ponction, outre le fait d’éliminer l’infection, peut montrer une métalliques entraînant des réactions de nécrose tissulaire toxique

EMC - Appareil locomoteur 13


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B

C D

E F
Figure 12. Aspects tomodensitométriques (TDM) en faveur d’un conflit iliopsoas-cupule.
A. Amyotrophie du muscle psoas droit en amont du conflit avec la cupule de la prothèse totale de hanche droite.
B, C. Débord antérieur de la cupule sans ciment sur l’image en haut ; en bas, infiltration sous contrôle TDM au bord antérieur d’une armature de reconstruction
ne débordant pas en avant.
D à F. Association de plusieurs anomalies chez le même patient porteur d’une cupule à double mobilité. Débord antérieur de la cupule (E, flèche) et d’un plot
de fixation (D, flèche), mais aussi effet came postérieur entre le col prothétique et le bord postérieur de la cupule métallique (F, têtes de flèches) responsable
d’une production in situ de métal (métallose) et d’une réaction à corps étrangers aggravant le conflit par création d’une synovite antérieure communiquant
avec la bourse rétro-iliaque.

appelée à tort pseudotumeur [62, 64–66] (Fig. 15). Un dosage élevé mais la diffusion de la réaction aux parties molles peut entraî-
du chrome et du cobalt sanguins (> 7 ␮g/l selon les recommanda- ner des douleurs plus diffuses ou dans une autre localisation et
tions du système de soins de santé anglais National Health Service s’accompagner le cas échéant d’une faiblesse musculaire ou d’un
[NHS]), la réaction synoviale en échographie, l’identification déficit neurologique [66] (Fig. 15). Cependant, des réactions tissu-
d’un implant à risque ou une malposition permettent de poser laires douloureuses aux débris d’usure ne sont pas l’apanage des
le diagnostic et l’indication opératoire [66] . Les douleurs engen- couples de frottement métal–métal ; elles peuvent être observées
drées par ces réactions synoviales sont habituellement inguinales avec des débris de polyéthylène [63, 67] .

14 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B
Figure 13. Aspect opératoire de rupture de la lame terminale du moyen glutéal et après réparation par fixation transosseuse (A, B).

Douleurs d’origine neurologique chaque segment et sont indispensables en cas d’indication opéra-
toire [41, 42] . Un accourcissement extra-articulaire (par ostéotomie
Les compressions tronculaires peuvent être responsables de fémorale) n’expose pas à ces complications mais ne résout pas les
douleurs après insertion d’une PTH [68–70] . Il peut s’agir d’une douleurs fessières ou inguinales [75] .
compression directe (nerf crural, nerf sciatique, nerf pudendal) Les excès de latéralisation peuvent aussi provoquer des douleurs
avec des signes précoces (fragment de ciment, vis, esquille osseuse, après insertion d’une PTH [59] . Celles-ci sont typiquement latérales
écarteur intraopératoire), ou secondaire et tardive liée aux débris péritrochantériennes, pouvant s’accompagner de douleurs liées à
d’usure ou à des ossifications hétérotopiques [68–70] . Les douleurs un allongement concomitant [75] . Le diagnostic est aisé sur le cli-
sont alors situées dans le territoire nerveux correspondant et les ché de bassin de face pour peu que les rotations soient contrôlées
radiographies et/ou la TDM permettent le diagnostic. Les douleurs et qu’une hanche saine controlatérale serve de témoin. Dans le cas
de désafférentation liées à une atteinte habituellement plexique contraire, il faut se référer aux clichés préopératoires avec les incer-
peuvent elles aussi être fréquemment précoces et le plus souvent titudes liées à l’agrandissement non contrôlé et aux problèmes de
en rapport avec un allongement. Des atteintes plexiques tardives rotation liés à la coxarthrose. Si en dépistage le cliché standard
apparaissent parfois plusieurs mois après l’insertion de la PTH est suffisant, une mesure plus précise par TDM ou EOSTM est sou-
(sans nécessairement un effet d’allongement) [71] . Ces dernières haitable si l’on souhaite corriger chirurgicalement l’inégalité de
peuvent se traduire par des douleurs atypiques et elles imposent longueur [41, 42] .
un examen neurologique minimal devant une PTH douloureuse
sans étiologie précise [71] .
Les symptômes liés à une neurapraxie du nerf cutané latéral de Autres causes de douleur
la cuisse sont observés au décours des voies d’abord antérieures
et ont une fréquence estimée à 20 % dont seulement 6 % ne se Bruits et « grincements »
résolvent pas [72] . Cette atteinte peut être responsable de douleurs Quelques patients rapportent, exclusivement à la marche, des
dans le territoire concerné sous forme de dysesthésie qui, dans la « bruits, grincements, claquements » (snaps, thuds, knocking, gra-
majorité des cas, ne retentit pas de manière notable sur le résultat ting, squeaking, cracking) au niveau de leur prothèse [76] (Fig. 17).
fonctionnel [72] . Leur diagnostic est aisé, avec une hypoesthésie en Ces phénomènes sont rarement accompagnés de douleurs mais
bande et des dysesthésies liées à une zone gâchette. En revanche, ils gênent les patients et leur laissent une « impression doulou-
leur traitement est plus difficile (neurolyse, traitement sympto- reuse pénible ». Ils sont parfois audibles par l’examinateur et
matique, neuroleptiques). peuvent être accompagnés de sensation d’instabilité [77] . À notre
sens, ces bruits sont le signe d’un dysfonctionnement de la pro-
thèse et doivent conduire à une enquête étiologique (effet came,
Douleurs liées à un allongement ou un excès instabilité, rupture d’implant en céramique) [37] (Fig. 17). Ils sont
de latéralisation plus fréquemment observés sur les couples dur–dur et principa-
lement sur des couples céramique–céramique [76] (Fig. 17). Des
Un allongement important (> 1 à 2 cm) peut entraîner des études en ultrasonographie ont montré la réalité de ces phé-
douleurs diffuses [73–75] (Fig. 16). Les douleurs sont alors mal systé- nomènes dont l’étiologie reste parfois mystérieuse. Ils peuvent
matisées : latérales liées à la tension des fessiers, antérieures avec disparaître avec le temps. Leur persistance doit conduire à une
flessum, parfois crurales [75] . Elles sont ressenties dès les suites reprise prothétique qui permet le plus souvent de connaître
immédiates mais souvent minimisées, ayant le plus souvent ten- l’étiologie et de régler le problème douloureux et audible (Fig. 17).
dance à se résoudre avec le temps [9, 73] . Dans quelques cas elles
persistent et le traitement à distance est difficile car un accourcis-
sement intra-articulaire qui nécessite un changement de prothèse
Allergies
expose à l’instabilité [75] . Le diagnostic d’un allongement est avant De très rares phénomènes d’allergie accompagnés de douleurs
tout clinique car les radiographies standards sont souvent prises de type inflammatoire ont été rapportés liés aux composants de
en défaut (flessum, abductus, rotation) (Fig. 16). L’examen cli- la prothèse, en particulier au nickel, chrome et cobalt et beau-
nique permet de comparer le patient en orthostatisme, procubitus, coup plus exceptionnellement au ciment (acrylate ou peroxyde
décubitus et position assise, la hanche étant en position fléchie de benzoyle) [78–81] , pouvant imposer le remplacement prothé-
ou étendue. Il est ainsi possible de préciser ce qui revient respec- tique. L’allergie aux alliages de titane est exceptionnelle [80] . Les
tivement à l’allongement vrai et à une attitude en abductus ou tests cutanés ne semblent pas fiables pour établir une relation
en flessum et éventuellement au rachis et à un bassin oblique de cause à effet, de même que des investigations plus complexes
(Fig. 16). La TDM et l’EOSTM permettent de mesurer précisément comme les tests d’activation lymphoblastique [78, 81] . Finalement,

EMC - Appareil locomoteur 15


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B C
Figure 14. Différents aspects d’ostéolyse aux
débris d’usure responsables de douleurs sans des-
cellement ni usure importante du polyéthylène.
A. Ostéolyse limitée en zone 7 autour du petit
trochanter sans descellement (flèches).
B. Ostéolyse limitée en zone 4 (flèche) probable-
ment en regard d’une discontinuité du fourreau
de ciment remettant en question la théorie du
french paradox qui propose un manteau de ciment
fin au contraire des Anglo-Saxons privilégiant un
manteau épais et continu.
C. Ostéolyse étendue sur le point d’entraîner un
descellement de la pièce fémorale.
D. Ostéolyse d’allure « tumorale » en zone 7 pou-
vant en imposer pour une métastase (flèche).
E. Réaction à corps étranger avec ostéolyse
rétroacétabulaire visible en tomodensitométrie et
s’accompagnant d’une masse remplie de débris
de polyéthylène (flèches) comprimant les vais-
seaux iliaques.

D E

le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments : une prothèse synoviale importante avec épanchement plus ou moins hémorra-
qui n’a jamais été indolore (bien que des réactions tardives aller- gique. Le positon emission tomography (PET)-scan peut contribuer
giques puissent être observées) en l’absence d’infection (ponctions au diagnostic en montrant une hyperfixation en regard de la
répétées), de descellement (radiographies répétées dans le temps), pièce métallique incriminée [82] (Fig. 18). La biopsie de la cap-
en l’absence de malposition des implants (bilan TDM), et parfois sule peut retrouver des infiltrats lymphocytaires typiques associés
en faveur des réactions cutanées eczémateuses au voisinage de à une vascularite nécrotique répondant aux critères de Willert
la prothèse. La ponction peut mettre en évidence une réaction et al. [83] , qui permettent alors le diagnostic d’aseptic lymphocytic

16 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B
Figure 15. Aspect de réaction à corps étrangers métalliques sur une prothèse à
frottement métal–métal qualifiée de « pseudotumeur », alors que son aspect est
comparable avec celui des ostéolyses aux débris de polyéthylène observés sur les
Figures 14D, E. Cette réaction adverse précoce est liée à un défaut de conception
de la cupule ASRTM ayant conduit à un rappel en Europe et aux États-Unis (métal
coulé, dimension limitée de la surface articulaire).
A. Il y a peu de modifications radiographiques, tout au plus une ébauche
d’ostéolyse à l’angle supérolatéral de la prothèse fémorale.
B. Une réaction à corps étrangers est bien visible en échographie avec un dia-
mètre de 6 cm de nature mixte, à la fois solide et liquide.
C. Aspect opératoire typique de réaction aux débris métalliques retrouvant un
aspect puriforme aseptique liquide et solide comme identifié en échographie.

vasculitis-associated lesion (ALVAL). Finalement, la reprise peut de hanche. Dans le registre danois, les phénomènes allergiques
conforter le diagnostic pour peu que l’on dispose de compo- sont d’ailleurs exceptionnellement responsables de douleurs ou
sants dans un métal différent de celui supposé responsable de de révisions de l’arthroplastie [84] .
l’allergie, et que l’histologie retrouve une synovite spécifique. Les
phénomènes immunoallergiques rapportés avec les prothèses à Fractures du matériel
frottement métal–métal sont rares (moins de 1/15 000 [83] ). Des
La symptomatologie de la douleur est habituellement aiguë et
réactions similaires peuvent d’ailleurs être observées avec des pro-
s’accompagne d’une impotence fonctionnelle. La partie extraos-
thèses à couple de frottement métal–polyéthylène (Fig. 18). La
seuse (col) peut se briser sous l’effet de microcontraintes dans une
présence d’un infiltrat lymphocytaire périvasculaire est cependant
zone de fragilité sur laquelle a pu être réalisé le marquage laser
très évocatrice d’une réaction de type IV aux débris métalliques.
de l’implant (Fig. 19). La rupture intraosseuse de la tige fémorale
Ces réactions allergiques tardives (moyenne de survenue cinq
signe le descellement de l’implant. Des ruptures de pièces acé-
ans) doivent être différenciées des douleurs liées aux réactions
tabulaires en céramique ont été décrites mais elles sont rares [85]
précoces liées à une production excessive de débris métalliques
(Fig. 19). Cependant, elles peuvent donner une symptomatologie
responsable de nécroses tissulaires appelées aussi à tort pseudotu-
chronique (limitées à des bruits anormaux et des douleurs), voire
meurs (dont la survenue est plus précoce vers 18 à 24 mois) avec
donner une symptomatologie transitoire [86] (Fig. 17). La TDM
des dosages sanguins montrant un taux élevé de chrome et de
peut aider en montrant des débris de céramique qui ne sont pas
cobalt sanguin tandis que l’échographie et/ou l’IRM montrent les
toujours identifiés par les clichés standards et elle peut permettre
réactions tissulaires [66] . Ces nécroses ne sont pas spécifiques des
d’identifier la rupture non déplacée d’un insert en céramique
couples métal–métal, même si c’est sur ce couple qu’elles ont eu
(Fig. 2, 7, 17).
une fréquence accrue avec l’usage des grands diamètres, et elles
ne sont pas de nature immunoallergique mais de type toxique [67]
(Fig. 14, 15). Fractures périprothétiques
La compréhension de ces phénomènes allergiques est encore Elles peuvent apparaître à la suite d’une chute ou d’un trau-
imparfaite et il faut être prudent avant de rendre un phéno- matisme minime et sont relativement fréquentes à long terme
mène allergique responsable de douleurs après arthroplastie totale chez les patients âgés [87] (Fig. 20), avec une augmentation

EMC - Appareil locomoteur 17


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B
Figure 16. Aspects radiographiques d’allongements douloureux.
A. L’allongement réel est minime (5 mm) mais s’accompagne d’un excès de latéralisation responsable d’un abductus douloureux par excès de tension des
fessiers. Un assouplissement de la hanche a permis de corriger en partie l’allongement qui, en apparence, était de 2 cm en raison du bassin oblique lié à la
tension des fessiers et à l’abductus fixé.
B. Cupule sans ciment implantée de manière extrue par voie antérieure (les flèches noires soulignent le fond de la cavité où devrait se situer la cupule). Le
dessin du cintre cervico-obturateur (deux lignes courbes noires) montre un allongement de plus de 1 cm (flèche double blanche) responsable d’un excès de
tension et de douleurs.

A B C
Figure 17. Prothèse de hanche sans ciment à frottement céramique–céramique responsable d’un squeaking ou grincement. La radiographie évoque une
rupture du rebord de l’insert en céramique par effet came confirmé en tomodensitométrie (patient de la Figure 7B) et qui est retrouvé sur les explants (A à
C).

exponentielle en pratique clinique du fait du vieillissement de la majeur ou mineur) ou d’une fracture diaphysaire ou périacéta-
population. Elles sont favorisées par l’ostéoporose et la libération bulaire non ou peu déplacée [88] (Fig. 20). Dans ces situations, la
des particules d’usure. Le diagnostic peut être difficile, notamment scintigraphie isotopique au 99m Tc montre une hyperfixation loca-
lorsqu’il s’agit d’une fracture operculaire non déplacée (trochanter lisée et la TDM alors orientée confirme le diagnostic. Le traitement

18 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B

C D
Figure 18. Aspect de réaction douloureuse allergique au métal (acier chrome-cobalt).
A. Réaction immunoallergique retardée de type IV à 6 ans d’une prothèse à couple de frottement métal–métal avec confirmation histologique ; la radiographie
ne montre aucune anomalie.
B. Un changement est effectué au profit d’un couple métal–polyéthylène avec persistance d’une réaction synoviale aseptique sérohémorragique.
C, D. Le positon emission tomography (PET)-scan montre une réaction intense à la jonction entre la tête en chrome-cobalt (flèches sur le PET scan et têtes de
flèches sur la tomodensitométrie couplée) et le cône morse du pivot en titane, lieu d’une réaction allergique aux débris de corrosion (les autres composants
sont alliage de Tit6 Al4 Ni et en polyéthylène). La révision au profit d’une tête en céramique sans autre modification a permis une évolution favorable, l’histologie
confirmant une réaction allergique persistante.

est conservateur par la mise en décharge transitoire en cas de frac- cependant les évoquer et les rechercher par la TDM et/ou l’IRM
ture parcellaire. Les fractures complexes périprothétiques posent en utilisant des algorithmes limitant les artefacts [50, 92] . Les lésions
d’autres problèmes d’indications opératoires qui sortent du cadre secondaires osseuses sont fréquentes puisque le bassin et le fémur
des « prothèses douloureuses » [87] (Fig. 20). proximal sont une zone élective des métastases osseuses. Se pose
alors le problème du diagnostic différentiel avec une ostéolyse ou
une masse des parties molles liée aux débris d’usure (Fig. 14). Les
Hématomes et tumeurs périprothétiques
caractéristiques TDM et IRM ne permettent pas toujours de déci-
Par un effet de masse, les hématomes et tumeurs péripro- der et il n’est pas rare qu’une biopsie soit nécessaire pour redresser
thétiques peuvent entraîner des douleurs [89–91] . La survenue des le diagnostic, en particulier si la prothèse ne présente pas de signes
douleurs est brutale pour les hématomes (la prise d’anticoagulants d’usure francs qui auraient permis d’expliquer une accumulation
ou une coagulopathie sont en faveur ; une atteinte du nerf cru- de débris d’usure.
ral pour les hématomes du psoas est évocatrice et justifie une
évacuation en urgence) et le diagnostic repose sur l’échographie
et la TDM [91] (Fig. 14). La survenue est progressive pour les En conclusion
tumeurs dont on peut rapprocher les effets de masse liés aux
débris d’usure [63] . La topographie des douleurs correspond à D’autres causes peuvent être soulevées :
la localisation de la tumeur et son éventuel effet de compres- • douleurs liées au matériel d’ostéosynthèse du grand trochanter,
sion (vasculonerveux). Il existe des observations exceptionnelles ce qui est relativement fréquent, ou beaucoup plus rarement en
d’authentiques tumeurs malignes périprothétiques dont le diag- rapport avec un cerclage fémoral ;
nostic est rendu difficile par les artefacts, notamment pour les • douleurs liées à la « cotyloïdite » des prothèses intermédiaires ou
lésions débutantes ou les tumeurs des parties molles [90] . Il faut fémorales dont l’utilisation est plus rare. Leur diagnostic est le

EMC - Appareil locomoteur 19


14-316-A-10  Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse

A B
Figure 19. Images de ruptures de composants prothétiques responsables de douleurs
aiguës.
A. Rupture d’un pivot Corail® en raison d’un marquage laser. Noter les ossifications de
grade 3 sur les deux arthroplasties.
B. Image caractéristique de stries de fatigue sur les faces de rupture du pivot de la
Figure 19A.
C. Rupture d’un insert en céramique d’un composant acétabulaire. Une révision urgente
est ici indiquée.

plus souvent aisé, la douleur étant habituellement inguinale, de


caractère mécanique. La scintigraphie au 99m Tc peut être utile en
 Conclusion
montrant une hyperfixation focalisée autour de l’acétabulum.
La comparaison des clichés radiographiques standards peut La PTH entraîne dans la très grande majorité des cas la dispa-
montrer un pincement puis une usure de l’acétabulum mais rition complète des douleurs qui ont motivé l’intervention. La
ces éléments ne sont pas indispensables pour poser le diagnos- persistance d’une douleur à court terme est toujours mal vécue
tic. Parfois, c’est la totalisation qui, en faisant disparaître les d’abord pour le patient mais aussi parfois par le chirurgien ortho-
douleurs, permet de confirmer le diagnostic. pédiste qui aura des difficultés à en rechercher l’étiologie et à
Enfin, des douleurs restent dans quelques cas inexpliquées donner des explications au patient.
malgré de nombreuses investigations paracliniques répétées, qui Le premier diagnostic à éliminer dans ce contexte est l’infection
conduisent alors le patient jusqu’à solliciter des centres antidou- de l’implant.
leur. En cas de doute sur un problème mécanique ou de fixation, Si l’articulation est incriminée dans la persistance de la dou-
l’arthroscopie de hanche peut être utile pour redresser le diagnos- leur et qu’aucune cause n’est retenue, il semble préférable
tic [93] bien qu’il n’existe pas de preuve formelle de son efficacité de temporiser, de reprendre à distance les investigations cli-
dans cette indication. niques et paracliniques pour rechercher des anomalies évolutives

20 EMC - Appareil locomoteur


Conduite à tenir devant une prothèse totale de hanche douloureuse  14-316-A-10

A B C D
Figure 20. Aspects de fractures périprothétiques.
A, B. Fracture de type Vancouver C traitée par plaque vissée sans descellement du pivot fémoral cimenté.
C. Fracture transverse de l’acétabulum avec descellement de la cupule sans ciment.
D. Fracture du grand trochanter liée aux débris d’usure du polyéthylène.

cliniquement muettes à un stade débutant. Cette attitude est pré- [11] Laffosse JM, Tricoire JL, Lapie N, Molinier F, Chaminade B. Hanche
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H. Migaud (h-migaud@chru-lille.fr).
Département universitaire de chirurgie orthopédique et de traumatologie, Université Lille Nord de France, CS 90005-F, 59044 Lille cedex, France.
Service d’orthopédie C, Hôpital Salengro, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, place de Verdun, 59037 Lille, France.
P.-L. Chaumont.
Service ATOL, Hôpital central, Centre hospitalier universitaire de Nancy, 29, avenue De-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France.
A. Combes.
Département universitaire de chirurgie orthopédique et de traumatologie, Université Lille Nord de France, CS 90005-F, 59044 Lille cedex, France.
Service d’orthopédie C, Hôpital Salengro, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, place de Verdun, 59037 Lille, France.
H. Coudane.
Service ATOL, Hôpital central, Centre hospitalier universitaire de Nancy, 29, avenue De-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France.
J. Girard.
Département universitaire de chirurgie orthopédique et de traumatologie, Université Lille Nord de France, CS 90005-F, 59044 Lille cedex, France.
Service d’orthopédie C, Hôpital Salengro, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, place de Verdun, 59037 Lille, France.
Département médecine et sport, Faculté de médecine, 1, place de Verdun, 59045 Lille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Migaud H, Chaumont PL, Combes A, Coudane H, Girard J. Conduite à tenir devant une prothèse totale
de hanche douloureuse. EMC - Appareil locomoteur 2013;8(1):1-23 [Article 14-316-A-10].

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