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Reçu le 3 octobre 2011 ; reçu sous la forme révisée le 30 avril 2012 ; accepté le 5 mai 2012
RÉSUMÉ
Mots clés
L'entorse de la cheville est la pathologie la plus fréquente de l'appareil locomoteur. Elle affecte
particulièrement les populations sportives. La présente étude s'est attachée à caractériser la Entorses de cheville
prise en charge de cette pathologie au sein d'une population de 204 jeunes sportifs. Les résultats Orthèse
mettent en évidence que 52 % des sujets ont déjà été atteints d'au moins une entorse. Parmi ces Prévention
sujets, seuls 57 % ont suivi une rééducation. Néanmoins, le taux de récidives est tout aussi élevé Proprioception
dans les groupes rééduqués et non rééduqués. Ce constat témoigne de la nécessité de Récidives
réévaluer les stratégies de prise en charge actuelles en optimisant le travail proprioceptif, en Renforcement des
favorisant le renforcement musculaire des fibulaires et en intégrant les composantes de repro- fibulaires
grammation neuromusculaire au sein des protocoles de rééducation. Les principales caracté- Reprogrammation
ristiques d'une orthèse développée selon ces principes sont présentées. neuromusculaire
Niveau de preuve. – IV. Sport
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Keywords
Ankle sprain
Orthosis
SUMMARY Prevention
Ankle sprain is the most frequent locomotor system pathology, especially in athletic subjects. The Proprioception
present study describes management in a population of 240 young athletes. Results showed that Recurrence
52% of subjects had sprained their ankle at least once, and that only 57% of these had Fibular muscle
undergone rehabilitation. Recurrence was equally frequent, regardless of rehabilitation. This reinforcement
finding highlights the need to reconsider current management strategies, optimizing proprio- Neuromuscular
ceptive work, to reinforce the fibular muscles, and integrating neuromuscular reprogramming in reprogramming
rehabilitation protocols. The main characteristics of an orthosis developed along these lines are Sport
described.
Level of evidence. – IV.
© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Auteur correspondant :
États-Unis selon des chiffres datant du début R Terrier,
INTRODUCTION des années 1990 [1,2], l'entorse de la cheville Laboratoire de physiologie
Avec une incidence journalière d'une entorse est la lésion traumatique la plus fréquente de de l'exercice (EA 4338),
l'appareil locomoteur [3,4]. La très grande université de Savoie, 73376
pour 10 000 habitants dans les pays indus- Le Bourget du Lac, France.
trialisés, soit environ 6500 cas quotidienne- majorité d'entre elles, soit environ 90 %, sont Adresse e-mail :
ment en France de nos jours et 23 000 aux des entorses latérales [5] qui se caractérisent romain.terrier@cevres.com
par une atteinte plus ou moins prononcée d'un, de deux ou des moins une entorse externe de cheville, le pourcentage de ceux
trois faisceaux du ligament collatéral fibulaire (LCF) de l'arti- ayant suivi une rééducation ainsi que leur taux de récidive.
culation talocrurale. En France, l'impact économique qu'elles
représentent s'élève à 1,2 million d'euros par jour, et pourrait
atteindre 1 milliard d'euros par an [6].
RÉSULTATS
Bien que tout un chacun puisse être affecté par une entorse de
cheville, la population sportive apparaît clairement comme la La Fig. 1 illustre la synthèse des résultats obtenus. On peut
plus vulnérable. En effet, il a été rapporté que cette pathologie observer que plus de la moitié des sujets ont déjà subi au
représente à elle seule 25 % de l'ensemble des traumatismes moins une entorse. Parmi les étudiants ayant eu une entorse,
sportifs [7]. Les sports collectifs qui impliquent des sauts, des seuls 57 % ont suivi une rééducation fonctionnelle chez un
réceptions ou des changements de direction tels que le hand- kinésithérapeute. L'ensemble de ces sujets rapporte avoir été
ball, le basket-ball, le volley-ball, le football ou encore le rugby pris en charge de manière traditionnelle, c'est-à-dire principa-
sont classiquement considérés comme les plus exposés. De lement via un travail proprioceptif sur plateau instable et un
plus, la fréquence (ou le risque) de récidive particulièrement travail de renforcement des muscles éverseurs contre résis-
importante questionne de fait l'efficacité de la prise en charge. tance manuelle du thérapeute. Enfin, résultat non négligeable,
En effet, dans certains sports comme le basket-ball le taux de on peut également noter que les taux de récidive suite à une
récidive peut atteindre 73 % [8]. première entorse est aussi élevé (voire plus élevé 57 % vs
Au vu de tels constats, nous nous sommes intéressés à carac- 54 %) chez les sujets ayant suivi une rééducation tradition-
tériser l'ampleur du problème liée aux entorses externes de nelle (composée de travail proprioceptif sur plan instable multi-
cheville chez une population de jeunes sportifs, en question- directionnel et de renforcement des muscles éverseurs contre
nant notamment le taux d'occurrence, le taux de prise en résistance manuelle ou élastique ou encore via électromyos-
charge suite à une première occurrence, ainsi que le taux timulation) que chez les sujets qui n'ont pas été pris en charge
de récidive chez les sujets ayant suivi ou non une rééducation par un thérapeute. Dans la catégorie des sujets ayant subi des
chez un kinésithérapeute. Bien que la prise en charge n'ait pas récidives et ayant suivi une rééducation, on observe un taux
été homogène chez l'ensemble des sujets ayant déclaré avoir moyen de récidive de l'ordre de 3,6 ( 2,1 entorses), et dans la
suivi un protocole de rééducation (ce qui soulève la problé- catégorie des sujets ayant subi des récidives mais n'ayant pas
matique de la standardisation de la prise en charge), suivi de rééducation, on observe un taux de l'ordre de 2,8
l'ensemble de ceux-ci a déclaré avoir réalisé des exercices ( 1,02 entorses).
de proprioception sur plan instable multidirectionnel associés Une analyse complémentaire nous a permis de mettre en
à des exercices de renforcement des muscles éverseurs évidence la nature des activités sportives pouvant être consi-
contre résistance manuelle, élastique ou encore via dérées comme les plus risquées en terme d'entorse. En cohé-
électromyostimulation. rence avec les études citées précédemment, les sports
Les données obtenues apportent des éléments de réponse collectifs ou de pleine nature apparaissent particulièrement
à une question simple à savoir doit-on considérer les récidives exposés. Plus surprenant, les pratiquants de ski alpin s'avè-
comme : rent également soumis à un risque élevé d'entorse latérale de
résultant de la banalisation de l'entorse de cheville qui cheville. Ce résultat s'expliquerait compte tenu des décondi-
conduit les patients à ne pas suivre de rééducation ; tionnements proprioceptifs et de force des éverseurs associés
résultant de déficits des stratégies de prise en charge, remet- au port prolongé des chaussures de ski qui immobilisent la
tant en question les pratiques thérapeutiques actuelles ? cheville et rendent les skieurs plus vulnérables lors de la
pratique d'autres activités sportives en fin de saison hivernale
[9] (Tableau I).
PATIENTS ET MÉTHODE
La population étudiée est composée d'étudiants issus des trois DISCUSSION
promotions de licence en Sciences et techniques des activités
physiques et sportives (STAPS) de l'université de Savoie Les résultats de la présente étude font état d'un taux d'occur-
(promotions L1, L2 et L3 2010–2011). 204 sujets, dont rence très élevé (52 %) d'entorses latérales de cheville au sein
77 femmes et 127 hommes âgés de 19 ( 1,4 ans) ont parti- d'une population de 204 jeunes sportifs ce qui confirme la forte
cipé à cette étude. En cohérence avec leur cursus universi- prévalence de ce type de pathologie dans le monde du sport [7].
taire, tous les sujets pratiquent une (des) activité(s) sportive(s)
régulière(s), à raison de sept ( 4 h) par semaine. Parmi les Le fait que seuls 57 % des sujets affectés aient
sports pratiqués par les sujets, nous retrouvons différents consulté un kinésithérapeute suite à leur premier
sports collectifs, de glisse, aquatiques, de raquette, de combat traumatisme révèle que la nécessité de suivre un
mais aussi des activités physiques de pleine nature. protocole de rééducation rigoureux n'est pas perçue
Chaque sujet a complété un questionnaire comportant diffé- par tous les patients ; l'entorse de la cheville est trop
rents items sur la nature et la fréquence de leurs pratiques couramment considérée comme bénigne.
sportives, leurs antécédents en termes d'entorses latérales de
cheville, de rééducation qui a fait suite à leur première entorse Ce faible taux de consultation semble représentatif dans la
(pas de rééducation, rééducation chez un kinésithérapeute), et mesure où il est très similaire aux résultats évoqués par Hertel
du nombre de récidives éventuelles survenues après leur [10]. Cependant, le même auteur précise qu'une prise en
traumatisme initial. Les réponses à ce questionnaire ont per- charge inadaptée consécutive à un premier épisode trauma-
mis de déterminer le pourcentage de sujets ayant subi au tique représente le premier facteur de récidive. Outre son
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Kinesither Rev 2013;13(135):11–15
Pratique / Geste pratique
Figure 1. Schéma récapitulatif des résultats obtenus concernant les taux (i) d'occurrence d'entorse latérale de cheville, (ii) de rééducation et
(iii) de récidive.
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Pratique / Geste pratique R. Terrier et al.
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Kinesither Rev 2013;13(135):11–15
Pratique / Geste pratique
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