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Pays de la Loire
Jennifer BUNOUT
Mémoire UE28
Semestre 8
Les mémoires des étudiants de l’Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et
de la Réadaptation sont réalisés au cours de la dernière année de formation MK.
Ils réclament une lecture critique. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. Ces
travaux ne peuvent faire l’objet d’une publication, en tout ou partie, sans l’accord des auteurs et
de l’IFM3R.
Remerciements
A mon tuteur de stage ST7, pour son partage d’expérience, ses conseils et son travail de
relecture.
A mon conjoint, mes parents et ma sœur pour leur soutien dans cette aventure et pour avoir
relu ce travail.
Résumé
Contexte : L’entorse de cheville est l’une des blessures les plus fréquentes chez le sportif, avec
un taux de récidive pouvant aller jusqu’à 70% notamment chez le basketteur. La répétition de
ces accidents sportifs peut entraîner à terme des symptômes résiduels tels que la douleur, la
raideur, l’instabilité chronique de cheville voire l’arthrose prématurée, impliquant un certain
coût pour la société et l’athlète. Etant un acteur de la promotion de santé, il parait donc
indispensable pour le kinésithérapeute de prévenir ces complications. Ainsi de nombreux
guidelines recommandent l’entrainement neuromusculaire pour diminuer ces récidives.
Objectif : Dans quelles mesures la reprogrammation neuromusculaire limite-t-elle les
récidives d’entorse latérale de cheville, chez les sportifs ?
Méthodologie : Une revue systématique de la littérature a donc été menée, tentant de
répondre à cette question. A l’aide d’équations de recherche, l’interrogation de quatre bases
de données telles que PEDro, PubMed, Science Direct et Em Consulte, a permis d’importer
181 publications dans le logiciel de gestion de références Zotero. Après un tri exécuté selon
des critères d’exclusion, huit études évaluant l’efficacité de l’entrainement neuromusculaire
ont été recensées.
Résultats : Il est difficile d’établir un protocole applicable à tous les sportifs car chaque prise
en charge doit être personnalisée en fonction des symptômes. Cependant, nous pouvons
convenir de certains principes devant être respectés par les programmes d’entrainement
neuromusculaire. En effet, une fréquence élevée des séances, une progression des exercices
au cours du traitement ainsi qu’une variation de ces derniers faisant intervenir différents outils
comme une planche d’équilibre, des élastiques, des ballons ou encore le chausson Myolux®
sont garants d’une prévention secondaire efficace de l’entorse de cheville.
Conclusion : Dans un souci de prise en charge globale de sportifs victimes d’entorse de
cheville, il conviendra d’abord d’éviter la persistance d’une douleur ou d’un œdème, de
récupérer les amplitudes articulaires de la cheville lésée, de renforcer les différents groupes
musculaires participant à sa stabilité, de mettre en place un entrainement neuromusculaire
et de réaliser en fin de traitement des tests de « Return To Play » avant d’autoriser la reprise
sportive dans un souci de limiter les éventuelles récidives.
Mots clés
- Entorse de cheville
- Récidive d’entorse de cheville
- Reprogrammation neuromusculaire
- Sportifs
Summary
Background : Ankle sprains are one of the most common injuries among athletes, with a
recurrence rate up to 70%, particularly among basketball players. The repetition of these
sports accidents can eventually lead to residual symptoms such as pain, stiffness, chronic ankle
instability or even premature osteoarthritis, involving a certain cost for society and athletes.
Therefore, it seems essential for the physiotherapist, as an actor on the public health scene,
to prevent these complications. This is why many guidelines recommend neuromuscular
training to reduce the risk of recurrence.
Objective : It seems legitimate to ask: "To what extent does neuromuscular reprogramming
limit the recurrence of lateral ankle sprains in athletes? “
Methodology : A systematic literature review was conducted to answer this question. Four
database, PEDro, PubMed, Science Direct and EM Consulte, were used to conduct the
research. 181 publications were imported in Zotero, a reference management software. After
a selective sorting, eight studies evaluating the effectiveness of neuromuscular training were
identified.
Results : The studies all concluded that is seems difficult to establish a protocol applicable to
all athletes because each treatment must be personalized, according to the symptoms.
However, they agree on some principles that must be respected by neuromuscular training
programs. Indeed, high frequency sessions, a progression of exercises during the treatment,
as well as a variation using different tools such as a balance board, elastic bands, balloons or
the Myolux® shoe, guarantee an effective secondary prevention of an ankle sprain.
Conclusion : In order to provide a comprehensive care for athletes suffering from an ankle
sprain, the most important goals are to avoid the persistence of pain and edema, to increase
the ankle joint range of movement, strengthen the muscle groups involved in its stability, set
up neuromuscular training and carry out "Return To Play" tests at the end of the treatment,
before resuming a sports activity, in order to limit the recurrence.
Keywords
- Ankle sprain
- Ankle sprain recurrence
- Athletes
- Neuromuscular training
Sommaire
1 Introduction ........................................................................................................................ 1
2 Questionnement professionnel : Problématisation ........................................................... 2
2.1 L’entorse de cheville, la blessure la plus fréquente chez les sportifs ......................... 2
2.2 La récidive de l’entorse de cheville, un phénomène bien loin d’être anecdotique .... 2
2.3 L’entorse de cheville : un vrai enjeu économique....................................................... 3
2.4 Le kinésithérapeute, un véritable acteur de la promotion de la santé ....................... 3
2.5 Le kinésithérapeute remis en cause dans la prévention des récidives? ..................... 4
2.6 Les recommandations françaises en matière de prévention des récidives ................ 5
2.7 Les recommandations anglo-saxonnes en matière de prévention des récidives ....... 5
2.8 La reprogrammation neuromusculaire, une technique diminuant les récidives ? ..... 6
2.9 Problématique ............................................................................................................. 8
3 Définitions des termes de la problématique ...................................................................... 9
3.1 Les données anatomo-biomécaniques de la cheville .................................................. 9
3.2 Les données biomécaniques de l’entorse de cheville ............................................... 13
3.3 Le système sensori-moteur ....................................................................................... 18
3.4 La reprogrammation neuromusculaire de la cheville ............................................... 21
4 Méthodologie : Revue systématique de la littérature ...................................................... 23
4.1 La stratégie de recherche .......................................................................................... 23
4.2 La sélection des articles ............................................................................................. 26
4.3 Les résultats de la synthèse de revue de littérature ................................................. 28
5 Interprétation des résultats des études ........................................................................... 38
5.1 La population choisie ................................................................................................. 38
5.2 Le type d’intervention ............................................................................................... 40
5.3 Le suivi des études ..................................................................................................... 40
5.4 Les critères d’évaluation ............................................................................................ 41
5.5 Les résultats obtenus ................................................................................................. 41
6 Discussion.......................................................................................................................... 42
6.1 Les limites de la synthèse de revue de littérature .................................................... 42
6.2 L’absence de protocole consensuel de reprogrammation sensori-motrice ............. 43
6.3 D’autres solutions plus efficaces que la reprogrammation sensori-motrice ? ......... 44
7 Conclusion ......................................................................................................................... 47
8 Bibliographie ............................................................................................................. 49 à 53
9 Annexes ..................................................................................................................... 54 à 61
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
1 Introduction
Dans la presse sportive, nous avons pu lire en 2018 que Stephen Curry, basketteur américain
évoluant en NBA, a été victime d’une entorse de cheville, la deuxième de la saison. Ses
nombreuses récidives sont souvent relatées dans l’actualité. En effet en 2011, après de
nombreuses entorses, il s’est fait opérer. Puis en 2012, il a été mis au repos à deux reprises
suite à des entorses de la même cheville à deux mois d’intervalle, il s’est alors fait réopéré.
Dans le même temps, nous apprenons que Nikola Karabatic, handballeur français, souffre
d’une entorse de la cheville droite, l’empêchant de participer aux matchs suivants de la Ligue
des Champions avec son club parisien. Il est lui aussi victime de nombreuses récidives.
A travers ces deux exemples, nous constatons que les sportifs de haut niveau, étant pourtant
entourés d’un staff médical composé notamment de médecins du sport, de masso-
kinésithérapeutes, peuvent être victimes de récidives d’entorse. Par ailleurs, ces lésions
touchent un large panel d’athlètes. Effectivement, durant les trois dernières années, nous
avons appris dans la presse sportive que Stanislas Wawrinka (tennisman suisse), Céline
Dumerc (basketteuse française), Simon Fourcade (biathlète français), Wenceslas Lauret
(rugbyman français), Neymar Da Silva Santos Junior (footballeur brésilien) ou encore Tony
Finau (golfeur américain) se sont fait une entorse à la cheville lors d’un entrainement ou d’une
compétition. La liste est bien entendu non exhaustive mais ces exemples mettent en évidence
la récurrence des entorses de cheville dans le milieu sportif. En effet, les traumatismes de
cette articulation peuvent concerner tous les sports à partir du moment où celui-ci est
pratiqué en chaine cinétique fermée. Les sports les plus à risque sont les sports collectifs : le
volley-ball (46%), le football (24%) et le basketball (16%) (1). Ainsi, il parait légitime de se
demander s’il existe un moyen efficace d’empêcher les récidives d’entorses.
Romain Terrier et al. indiquent dans une étude de 2013 (2) que « le taux de récidives est tout
aussi élevé dans les groupes rééduqués et non rééduqués. Ce constat témoigne de la nécessité
de réévaluer les stratégies de prise en charge actuelles en optimisant le travail proprioceptif,
en favorisant le renforcement musculaire des fibulaires et en intégrant les composantes de
reprogrammation neuromusculaire au sein des protocoles de rééducation ». Cette étude,
montrant qu’à la suite d’une entorse de cheville les sujets rééduqués et non rééduqués
avaient pratiquement les mêmes risques de récidiver, invite alors à douter de l’efficacité des
soins délivrés par les kinésithérapeutes.
En outre, pratiquant plus jeune le basket-ball en pôle espoir, j’ai été victime de nombreuses
entorses latérales de cheville. Malgré une prise en charge kinésithérapique rigoureuse, j’ai
connu plusieurs récidives. En effet, j’ai été victime d’une à deux entorses par saison sportive
jusqu’à ce que je décide de jouer avec une chevillière munie d’armatures rigides. A partir de
ce moment, je n’ai plus jamais refait d’entorse. Par conséquent, mon expérience personnelle
renforce mon questionnement professionnel. Existe-t-il une solution efficace pour éviter les
récidives d’entorse ?
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De nos jours, la pratique du sport est essentielle au maintien d’une bonne santé, selon les
recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Néanmoins, le sport est l’une des
causes principales de blessures. Les lésions du membre inférieur sont les plus communes, elles
représentent plus de 60% du total des blessures chez le sportif, réduisant considérablement
la pratique des activités physiques. L’entorse de cheville représente plus de 20% des accidents
sportifs (4).
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Au vu des enjeux économiques pour la société, les sportifs victimes d’entorse de cheville, les
sponsors et les clubs dans le sport élite, les professionnels de santé doivent soigner ces
blessures mais aussi prévenir ces accidents traumatiques afin d’éviter leur récidive. Il est vrai
qu’au regard du décret n° 2015-1110 du 2 septembre 2015 relatif au diplôme d'Etat de
masseur-kinésithérapeute et notamment de la compétence 3, le masseur-kinésithérapeute
doit « concevoir et conduire une démarche de promotion de la santé, d’éducation
thérapeutique, de prévention et de dépistage » en intégrant les politiques et priorités de
santé publique dans sa pratique professionnelle.
La prévention, « ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des
maladies, des accidents et des handicaps », peut se définir selon les différents stades de la
maladie. D’une part, la prévention primaire est l’ensemble des actes visant à diminuer
l’incidence et donc à réduire les risques d’apparition de nouveau cas. D’autre part, la
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prévention secondaire regroupe les actions ayant pour objectifs de diminuer la prévalence
(pourcentage du nombre de cas présents à un moment donné dans une population), c’est-à-
dire agir en début de maladie pour s’opposer à son évolution et de tenter de diminuer les
facteurs de risque. Ce sont donc toutes les actions de dépistage, de diagnostic et de traitement
qui sont mises en place. Enfin la prévention tertiaire a pour but de diminuer la prévalence des
incapacités chroniques, des récidives et des complications. Il s’agit donc de diminuer les effets
et les séquelles d’une pathologie en favorisant la réadaptation du malade dans sa vie
personnelle et sociale.
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Ces professionnels ont identifié au total 10 067 études et ont inclus 194 publications pour
rédiger leurs recommandations quant au traitement préventif des récidives d’entorse de
cheville. L’utilisation d’attelle semi-rigide, de contention souple réduit le risque d’entorse de
cheville, de récidives, en particulier chez les sportifs malgré la limitation des données
expliquant ces effets bénéfiques. En effet, ces dispositifs n’ont aucun effet bénéfique sur
l’acuité proprioceptive. Les exercices de coordination et d’équilibre inclus dans les
programmes d’entrainement neuromusculaire permettent de prévenir les récidives
d’entorses de cheville. Il est même recommandé d’inclure ces exercices dans les
entrainements sportifs régulièrement et même à domicile. Cependant, l’efficacité de ces
programmes en matière de prévention primaire n’est pas claire par manque de preuves.
Aucune recommandation ne peut être établie quant aux caractéristiques des chaussures
utilisées lors des activités sportives telles que la hauteur, l’ajustement ou encore la semelle
par faute de preuves.
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Par ailleurs, en 2001, Handoll et al. (14), dans une synthèse de revue de littérature, a montré
que l’utilisation d’orthèse semi-rigide pour la cheville était un moyen efficace de prévention
pour réduire les lésions ligamentaires lors d’activités sportives à haut risque telles que le
football, le basket-ball... où les entorses latérales sont très fréquentes. Cependant, ces experts
ont conclu qu’il serait recommandé de réaliser d’autres études randomisées contrôlées afin
d’évaluer d’autres interventions prophylactiques telles que la reprogrammation
neuromusculaire (entrainement proprioceptif) et l’éducation thérapeutique comme la
sensibilisation aux blessures.
Une revue de littérature de 2011 de Vries et al. (15), a évalué l’efficacité de l’entrainement
neuromusculaire sur la fonction de stabilité de la cheville. En effet, l’instabilité chronique n’est
pas un phénomène rare, elle survient chez 10 % à 20 % des personnes ayant déjà eu une
entorse de la cheville. Le traitement initial, après une entorse de cheville, est d’abord
conservateur faisant notamment intervenir un entraînement neuromusculaire. D’après les
auteurs, cette technique semble améliorer la stabilité fonctionnelle de la cheville à court
terme, mais ils n’ont pas retrouvé de données probantes sur les résultats à long terme.
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En 2015, Schiftan et al. ont publié une revue de littérature et une méta-analyse dans le Journal
of Science and Medicine in Sport (16), et ont montré que les programmes d’entraînement
proprioceptif étaient efficaces pour réduire le taux d’entorses de la cheville chez les sportifs,
en particulier ceux qui ont des antécédents d’entorse de la cheville. Mais il n'y a pas encore
suffisamment de preuves pour s'assurer que l’entrainement proprioceptif prévient les
blessures initiales chez ceux qui n’ont encore pas eu d’entorse. La reprogrammation
neuromusculaire est ainsi une technique efficace comme forme de prévention secondaire
pour réduire le taux de récidive des entorses à la cheville chez les athlètes ayant des
antécédents de blessures. Il semblerait selon les auteurs que l’entrainement proprioceptif
permettrait la restauration des voies afférentes perturbées et des réflexes protecteurs
autour de l'articulation de la cheville. Par ailleurs, notons que les auteurs ont fait le choix
d’exclure les études permettant des co-interventions (comme le renforcement,
l'entraînement d'agilité ou la pliométrie) qui peuvent confondre les effets de l’entrainement
proprioceptif.
En 2015, Emery et al., dans une revue systématique et une méta-analyse parue dans le British
Journal of Sports Medicine (17), évaluaient l’efficacité des stratégies préventives chez des
jeunes sportifs, incluant des entrainements neuromusculaires. Les résultats montrent que la
mise en place d’un programme d’entrainement neuromusculaire en présaison et/ou durant
l’échauffement au cours de la saison sportive, aurait un effet sur la diminution du risque de
blessure du membre inférieur et notamment de la cheville. Par ailleurs, les auteurs ont
cherché à déterminer quelles étaient les composantes de la reprogrammation
neuromusculaire pour lesquelles il y avait le plus d’effet préventif pour les blessures chez les
jeunes athlètes. En effet, de nombreuses études montrent une efficacité pour les programmes
proprioceptifs mais nous n’en connaissons pas les modalités. Carolyn A Emery explique qu’il
est difficile d’évaluer la contribution de chaque composante des programmes telles que le
renforcement musculaire analytique (la force), la pliométrie, l'équilibre, l’agilité… Les auteurs
ont montré que les programmes multidimensionnels étaient les plus efficaces pour réduire
l'incidence de blessures dans le sport.
En 2017, Rivera et al, dans une revue systématique et une méta-analyse parue dans le Journal
of Athletic Training (18), ont tenté de répondre à la question « est-ce que l'utilisation de
l'entraînement proprioceptif en tant qu'intervention unique, peut diminuer l'incidence de
d’entorses de la cheville dans la population sportive ? » Pour ce faire, les auteurs ont comparé
un groupe ayant reçu uniquement un traitement proprioceptif et un groupe témoin ayant reçu
aucun entrainement proprioceptif. Le taux d'entorses à la cheville était le critère de jugement.
D’après cette étude, les programmes de reprogrammation neuromusculaire ont été efficaces
dans la réduction des taux d'incidence des entorses de la cheville chez une population de
sportifs.
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2.9 Problématique
La reprogrammation neuromusculaire apparait comme une technique efficace pour lutter
contre les récidives chez les sportifs. Mais la littérature scientifique nous donne-t-elle un
protocole détaillé expliquant la durée des séances, la répétition des séances, l’intensité des
exercices, les outils utilisés… ? En outre, les études épidémiologiques témoignent d’un grand
nombre de récidives. En effet, dans certains sports, 70% des athlètes sont victimes d’une
entorse de cheville après la première. Comment est-il possible d’expliquer une si grande
incidence alors que les recommandations sont claires : utiliser la reprogrammation
neuromusculaire permet de diminuer les récidives.
Par conséquent, il me semble important de rechercher des moyens préventifs efficaces afin
de limiter les récidives d’entorse de cheville. Ainsi, ce travail écris tentera de répondre à la
question suivante :
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- L’articulation tibio-fibulaire distale est une syndesmose car les surfaces osseuses ne
sont pas recouvertes de cartilage hyalin mais de tissu fibreux. Elle est donc faite pour s’écarter
et non glisser, contrairement à l’articulation talo-crurale. Elle réunit les parties inférieures des
surfaces latérale concave du tibia et médiale convexe de la fibula. Ses mobilités sont faibles.
Lors de la flexion dorsale (FD), l’articulation talo-crurale engendre un mouvement de serrage
de la tibio-fibulaire inférieure (TFI) afin de gagner en amplitude en FD. Ce mouvement
complexe présente trois composantes :
- Ecartement (a) : provoqué par la situation du dôme talien dans la pince bi-
malléolaire. Le mouvement a une amplitude de 1 à 2 mm.
- Elévation (b) : la partie inférieure de la face latérale du talus, étant plus
saillante, s’élève en FD, ascensionnant la fibula de 1 à 2 mm.
- Rotation médiale (c) : la malléole latérale roule par rapport au talus de 15 à
30°. Ce mouvement est comparable à la rotation pronatrice du radius.
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A la face interne de la cheville, le ligament latéral interne (LLI) se présente en forme d'éventail
mais ses différentes parties sont mal individualisées. Il est peu sollicité dans la pratique
sportive et n'est qu’exceptionnellement lésé et encore moins lors d’une entorse latérale.
A la face externe, le ligament latéral externe (LLE) renforce la stabilité de l’articulation talo-
crurale et se présente également en éventail, sous forme de trois faisceaux (20) :
- Le ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA)
est mis en tension lors de la flexion plantaire et limite
le déplacement antérieur du talus. Il est donc sollicité
en premier et est le plus souvent rompu lors d’une
entorse de cheville. Il est le plus souvent bi-fasciculé.
Il est atteint dans 90% des entorses latérales.
- Le ligament calcanéo-fibulaire (LCL) stabilise
l’articulation talo-crurale mais aussi l’articulation Figure 4 : Stabilité passive en vue latérale.
sous talienne entre le talus et le calcanéum. 1. Ligament talo-fibulaire postérieur.
2. Ligament calcanéo-fibulaire.
- Le ligament talo-fibulaire postérieur (LTFP) 3. Ligament talo-fibulaire antérieur.
est mis en tension lors de la flexion dorsale du pied. 4. Ligament tibio-fibulaire antéro-inférieur.
Le ligament tibio-fibulaire inférieur (22) peut être déchiré dans 6% des entorses de cheville
selon la sévérité, impliquant une déstabilisation de l’articulation tibio-fibulaire distale et une
atteinte de la syndesmose. Il se compose en plusieurs faisceaux :
- Ligament tibio-fibulaire antéro-inférieur renforcé par un faisceau inférieur le
ligament accessoire nommé « Ligament de Bassett » présent chez plus de 70% des cas. Il
pourra s’hypertrophier lors de flexion dorsale répétée de la cheville et donc suite aux récidives
d’entorses.
- Ligament tibio-fibulaire postéro-inférieur présente deux faisceaux dont le plus
profond est le ligament tibio-fibulaire interosseux transverse, étant la portion la plus distale
de la membrane interosseuse tibio-fibulaire.
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Les ligaments du sinus du tarse (20) stabilisent l’articulation sub-talaire car ce sinus est le
pivot entre le talus et le calcanéus. Ils peuvent être atteints lors d’une entorse de cheville
latérale et induire le syndrome du sinus du tarse, impliquant une hémorragie ou une
inflammation des cavités synoviales. Les structures ligamentaires sont au nombre de deux :
- Ligament interosseux talo-calcanéen (ou ligament en haie) dans sa portion centrale.
- Ligament cervical (ou ligament talo-calcanéen antérolatéral) dans sa portion
antérolatérale. Cette structure est la première à se mettre en tension lors d’un mouvement
d’inversion donc potentiellement la première structure atteinte lors d’une entorse latérale de
cheville.
- Les muscles postérieurs sont : le poplité, le long fléchisseur des orteils, le long
fléchisseur de l'hallux, le tibial postérieur puis en superficie, le triceps sural (le soléaire et les
deux gastrocnémiens) et enfin le muscle plantaire (inconstant). Ce sont les muscles inverseurs
(fléchisseurs plantaires, adducteurs et supinateurs).
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Une flexion plantaire forcée lors d’un shoot au pied, par exemple chez les footballeurs peut
produire également une entorse de cheville. Les structures atteintes seront
préférentiellement les parties antérieures des ligaments collatéraux.
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Enfin la grande majorité des entorses de cheville sont latérales (80% des cas) et ce sont celles
qui nous intéresseront pour la synthèse de revue de littérature. Les mécanismes lésionnels
peuvent encore être différents selon le sport pratiqué :
- Lors de la pratique sportive avec des changements de direction rapides tels que le
basketball ou encore le handball, la cheville peut subir une supination (varus) associée à une
rotation médiale du pied et léser les structures ligamentaires comme le ligament talo-
fibulaire antérieur (LTFA), le ligament calcanéo-fibulaire (LCF) et le ligament cervical (25). Une
étude récente a montré qu’au volley, l’entorse se produisait sans aucune composante de
flexion plantaire mais bien selon le mouvement varisant (26).
- Lors de déplacements latéraux glissés au tennis (27), le mécanisme lésionnel
préférentiel serait une rotation médiale plus ou moins associée à un varus qui provoquerait
l’entorse de cheville, entrainant une atteinte du LTFA.
Ainsi, le mécanisme lésionnel de l’entorse latéral de cheville est souvent déterminé par la
pratique sportive.
Ces mouvements d’amplitude extrême induisent un étirement des ligaments au-delà de leurs
limites et ainsi provoquent une rupture dans certains cas. Les symptômes sont l’œdème et la
douleur en externe entrainant une impotence fonctionnelle. Néanmoins, l’impotence
fonctionnelle n’est pas corrélée à la gravité de l’entorse.
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Néanmoins, l’un des facteurs de risque les plus importants de récidive d’entorse de cheville
est d’avoir déjà eu une entorse de cheville. En effet, le risque de récidives est deux fois plus
élevé pendant au moins un an après l’entorse de cheville (38).
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D’un point de vue étymologique, le mot proprioception provient de « Proprius » ce qui est à
soi et de « Capere » qui signifie recueillir. En effet, la proprioception permet donc de récupérer
des informations sur notre corps pour que l’on puisse réagir à l’environnement dans lequel
nous nous trouvons. Le terme de proprioception (39) est souvent utilisé à tort dans la
littérature pour définir les mécanismes afférents et efférents permettant le contrôle sensori-
moteur. Mais en définitive, la proprioception est un phénomène purement afférent au même
titre que les autres modalités sensorielles, citées ci-dessus.
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La proprioception est la perception du corps donc des articulations, de leur position et de leur
mouvement dans l’espace, donnée par les récepteurs. Elle regroupe deux notions :
- La statesthésie est la sensibilité statique renseignant sur la position des membres les
uns par rapport aux autres.
- La kinesthésie est la sensibilité dynamique renseignant sur le sens des déplacements
des membres (notion de vitesse et de direction).
Précédemment, nous avions noté qu’un déficit proprioceptif était fréquemment retrouvé
après une entorse de cheville. En effet, ces mécanorécepteurs seront endommagés après une
entorse de cheville ce qui implique un déficit du système sensoriel (39). Ce mécanisme est
appelé « désafférentation» car il est fort probable que ces récepteurs ne se régénèrent pas.
Il en résulte une absence de transmission des informations si les récepteurs sont détruits ou
une mauvaise transmission d’informations si leur fonctionnement est altéré. Ainsi, ce
phénomène entraine une réorganisation des schémas sensorimoteurs du cortex cérébral à
cause de la plasticité cérébrale. Ce dérangement devra être pris en compte lors de la
rééducation proprioceptive.
A partir des propriocepteurs, des fibres nerveuses du Système Nerveux Périphérique (SNP)
transmettent les informations reçues par les récepteurs aux centres de contrôle supérieurs. Il
existe trois grandes voies possibles à partir de la corne postérieure médullaire :
- Voie segmentaire, restant médullaire ;
- Voie supra-segmentaire inconsciente ou spino-cérébelleuse, se terminant au cervelet ;
- Voie supra-segmentaire consciente ou spino-bulbo-thalamique, rejoignant le thalamus.
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La cheville est une articulation très perturbée par l’environnement (les surfaces du sol). Il est
donc nécessaire que le contrôle sensori-moteur soit très performant pour conserver la
stabilité de l’articulation. La reprogrammation neuromusculaire vise ainsi à diminuer le temps
de réponse des muscles stabilisateurs de la cheville afin d’éviter l’entorse. En effet, un
mécanisme d’entorse de cheville se produit en 110 ms alors que le temps de réponse supra-
segmentaire inconsciente est de 130-145 ms. Il parait clair qu’il faille diminuer ce temps de
réaction.
3.4.1 Définitions
La reprogrammation neuromusculaire (RNM) présente de nombreux synonymes tels que :
- Reprogrammation sensori-motrice ;
- Reprogrammation neuro-motrice ou entrainement neuromusculaire ;
- Rééducation proprioceptive ;
- Rééducation somesthésique ;
- Rééducation du contrôle neuromusculaire ;
- Techniques d’intégration sensorimotrice ;
- Intégration de la perception et de l’action.
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De plus, cette technique rééducative permet de réintégrer des schémas sensori-moteurs par
l’apprentissage afin de recréer des automatismes de protection musculaire. En effet, une
meilleure coordination et une meilleure anticipation des contractions musculaires des
fibulaires permettront au sportif d’activer ses muscles protecteurs plus rapidement et donc
d’éviter l’entorse.
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La revue de littérature a pour objectif de « fournir des conseils pratiques, ce que les anglo-
saxons appellent des Tips en effectuant une pêche aux références (Literature Search) et, pour
poursuivre dans la métaphore, l’art de préparer ce qui a été pêché pour finalement lever les
filets (Literature Review) » (42). La question de recherche se trouve à la frontière entre le
savoir et le non savoir. L’objectif de la revue de littérature est d’agrandir la sphère du savoir
et de permettre aux professionnels de santé d’orienter les décisions cliniques en accédant à
des informations valides.
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La recherche bibliographique a porté sur les mots clés francophones suivants, figurants dans
le titre, les mots clés ou le résumé des publications :
- Entorse de cheville.
- Reprogrammation neuromusculaire, entraînement neuromusculaire, proprioception.
- Prévention, récidive.
- Sportif.
Concernant les articles anglo-saxons, les MeSH term (Medical Subject Headings) utilisés sont :
- Ankle sprain, ankle injuries.
- Neuromuscular control, proprioception training, neuromuscular training,
sensorimotor system, proprioception.
- Prevention, recurrence.
- Athletes.
24
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1
PEDro n’accepte pas les opérateurs booléens, une recherche avancée a donc été réalisée, donnant 27 résultats.
Les publications datant d’avant 2008 ont été exclues.
2
Science direct : Les publications datant d’avant 2008 et les publications n’étant pas des articles de recherche
ont été exclues.
3
Em Consulte : Les équations de recherches ont été utilisées pour rechercher dans les titres, mots clés et
résumés.
25
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
A la lecture entière des publications, des études ont été rejetées selon les critères d’exclusion,
puis parmi les études restantes, seules les études randomisées postérieures à 2008 en anglais
ou français, traitant de la reprogrammation neuromusculaire dans le cadre d’une entorse de
cheville, chez les sportifs, ont été éligibles selon ces critères d’inclusion.
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
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Cette échelle contient onze critères auxquels on attribue une pondération à chacun si celui-ci
est respecté (43). Mais notons que le critère d'éligibilité ne contribue pas au score total, d’où
un score compris de 0 à 10 :
- Les critères d’éligibilité ont été précisés.
- Les sujets ont été répartis aléatoirement dans les groupes.
- La répartition a respecté une assignation secrète.
- Les groupes étaient similaires au début de l’étude au regard des indicateurs
pronostiques les plus importants.
- Tous les sujets étaient “en aveugle”.
- Tous les thérapeutes ayant administré le traitement étaient “en aveugle”.
- Tous les examinateurs étaient “en aveugle” pour au moins un des critères de
jugement essentiels.
- Les mesures, pour au moins un des critères de jugement essentiels, ont été obtenues
pour plus de 85% des sujets initialement répartis dans les groupes.
- Tous les sujets pour lesquels les résultats étaient disponibles ont reçu le traitement
ou ont suivi l’intervention contrôle conformément à leur répartition ou, quand cela n’a pas
été le cas, les données d’au moins un des critères de jugement essentiels ont été analysées
“en intention de traiter”.
- Les résultats des comparaisons statistiques intergroupes sont indiqués pour au moins
un des critères de jugement essentiels.
- Pour au moins un des critères de jugement essentiels, l’étude indique à la fois
l’estimation des effets et l’estimation de leur variabilité.
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Le suivi s’est fait sur une année. Le critère de jugement était l’incidence de la récidive de
l’entorse de cheville déclarée par les participants eux-mêmes au moyen de questionnaires
mensuels. Les auteurs ont déclarés, au regard de leurs résultats, que le programme
d’entrainement neuromusculaire a permis de réduire de 35% le risque de récidive d’entorse
de cheville chez les sportifs du groupe « intervention ».
The effect of 8-weeks proprioceptive exercise program in postural sway and isokinetic
strength of ankle sprains of Tunisian athletes (45).
Cette étude vise à étudier l’efficacité de la rééducation des exercices proprioceptifs sur les
performances musculaires isocinétiques et l’équilibre postural des athlètes tunisiens ayant eu
une entorse de cheville. Pour cela, seize sportifs ont été répartis dans deux groupes :
- Groupe « Témoin » : Les huit participants ne devaient avoir aucun antécédent
d’entorse, fracture, arthrite à la cheville et leurs amplitudes passives et actives ainsi que la
palpation des ligaments talo-fibulaire antérieur et calcanéo-fibulaire ne devaient être
douloureux.
- Groupe « Expérimental » : Les huit autres participants devaient avoir au moins eu une
récidive d’entorse de cheville mais ne jamais avoir eu de fracture.
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Le programme proprioceptif s’est déroulé sur huit semaines à raison de trois séances par
semaine, d’une durée de 20 à 30 minutes. Ce programme avait pour objectif de reprogrammer
la boucle sensori-motrice en diminuant le temps de réaction des muscles péri-articulaires de
la cheville. Quatre exercices devaient être réalisés à chaque séance dont la difficulté
augmentait au cours des semaines : un exercice sans matériel, un exercice avec balle
seulement, un exercice sur plateau d’équilibre et un exercice avec balle et sur plateau
d’équilibre. Ces exercices se sont déroulés sur plan stable et instables avec des changements
de direction, des sauts et tous les mouvements susceptibles d’être effectués lors de la pratique
sportive, d’une durée de cinq minutes pour les deux chevilles par exercice.
Les résultats montrent une meilleure stabilité du membre lésé, une augmentation significative
du moment de force et une diminution des temps d’accélération et de déclaration des
fléchisseurs plantaires, après un travail proprioceptif exécuté sur huit semaines. Les auteurs
terminent par la conclusion que les protocoles de reprogrammation sensori-motrice doivent
solliciter les réflexes médullaires mais aussi améliorer l’anticipation des contractions
musculaires péri-articulaires.
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Le suivi s’est fait sur une année. Le critère de jugement était l’incidence de la récidive de
l’entorse de cheville déclarée par les participants eux-mêmes au moyen de questionnaires
mensuels. Les auteurs ont déclarés que le port d’orthèse semi-rigide permettait de réduire de
47% supplémentaires le risque de récidive par rapport à l’entrainement neuromusculaire. Ils
recommandent ainsi la prescription de l’attelle comme mesure préventive secondaire unique
de l’entorse de cheville.
Les critères de jugement étaient l’incidence de la récidive de l’entorse de cheville et les coûts
associés, c’est à dire les coûts directs de l’intervention (planche d’équilibre, DVD, attelle…), les
coûts directs de soins de santé (consultations médicales, séances kinésithérapiques,
médicaments…), le temps consacré à l’exécution de l’intervention et le coût de la perte de
productivité (absentéisme au travail…). Les mesures de suivi ont eu lieu mensuellement
pendant une année, à l’aide d’un journal de coûts et de formulaire d’enregistrement d’entorse
de cheville. Le port de l’attelle s’est avérée être l’intervention préventive secondaire des
entorses de cheville la plus rentable et présentant des effets cliniques plus importants que
l’intervention combinée ou encore l’entrainement neuromusculaire seul.
32
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Manual therapy in joint and nerve structures combined with exercises in the treatment of
recurrent ankle sprains: A randomized, controlled trial (48).
Cette étude vise à analyser les effets des mobilisations articulaires et nerveuses dans le
traitement des entorses de chevilles récidivantes. Dans cet essai randomisé contrôlé, 56
sportifs ont été répartis aléatoirement dans deux groupes :
- Groupe « Témoin » : Les participants ont effectué un programme d’exercices
proprioceptifs et de renforcement sur quatre semaines à raison de deux fois par semaine,
supervisé par deux physiothérapeutes.
- Groupe « Expérimental » : Les participants ont exécuté le même programme
d’entrainement neuromusculaire mais combiné à de la thérapie manuelle : mobilisations de
l’articulation talo-crurale en traction puis dans le plan sagittal, de l’articulation tibio-fibulaire
distale dans le plan sagittal et enfin des mobilisations neurodynamiques du nerf fibulaire
superficiel. Les techniques ont été répétées dix fois par deux physiothérapeutes experts, d’une
durée de 20 à 30 secondes, laissant deux minutes de repos entre chaque manœuvre.
Les résultats ont été recueillis sur trois temps : avant l’étude, après les quatre semaines de
traitement et un mois après l’intervention. Les critères de jugement étaient :
- La douleur évaluée sur une échelle visuelle analogique.
- L’instabilité fonctionnelle de la cheville auto déclarée au moyen d’une échelle
comportant neuf items (Echelle d’instabilité de cheville de Cumberland).
- Le seuil de douleur de pression dans les ligaments talo-fibulaire antérieur, calcanéo-
fibulaire et dans les malléoles tibiale et fibulaire a été évalué grâce à un algomètre numérique.
- Les amplitudes actives des mouvements de la cheville ont été évaluées à partir d’un
goniomètre standard.
- La force musculaire en flexion plantaire et dorsale a été mesurée à partir d’un
dynamomètre dynamique.
33
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Les auteurs ont conclu que les participants des deux groupes ont vu toutes les variables
examinées s’améliorer après le traitement et un mois après, mais que l’ajout de la thérapie
manuelle aux exercices proprioceptifs et de renforcement musculaire a donné de meilleurs
résultats. Ainsi pour les auteurs, les exercices proprioceptifs et de renforcement sont utiles
dans la prise en charge des entorses de cheville mais que l’inclusion de la thérapie manuelle
pourrait maximiser l’efficacité du traitement.
Le programme d’entrainement neuromusculaire était identique qu’il soit délivré par papier ou
l’application mobile. Il s’étalait sur huit semaines à raison de trois séances par semaines. Il
consistait à effectuer six exercices identiques au protocole de l’étude de de Maarten D W
Hupperets et al. (44) (Annexe 2 – Fig. 1 et2). Le suivi a duré une année. Les paramètres étudiés
étaient :
- L’incidence d’entorse de la cheville auto-déclarée au moyen d’un questionnaire
mensuel, définie par le nombre d’entorses par rapport au nombre d’heures d’activité sportive.
De plus, le nombre cumulatif d’entorses récidivantes a été également calculé.
- La douleur résiduelle et l’invalidité ont été mesurées à l’aide de l’indice de l’incapacité
fonctionnelle de la cheville donné mensuellement (FADI, questionnaire à 26 items, chacun
notés sur une échelle de 5 points).
Durant les huit semaines du protocole, les participants ont été interrogés sur leur conformité
au programme. La réalisation d’au moins 75% de tous les exercices a été jugée comme
conforme au programme.
34
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Les auteurs concluent sur le fait qu’il n’y ait aucune différence significative entre les deux
groupes. En supposant une conformité égale, l’application mobile ou le livret imprimé se sont
révélés aussi efficaces dans le suivi de l’année.
Le protocole expérimental comportait quatre exercices (Annexe 4 – Fig. 1), chacun ayant une
fréquence de quatre séries de vingt répétitions. Les temps de repos étaient de trente secondes
entre chaque répétition et de deux minutes entre chaque série. Le tube élastique (Annexe 4 –
Fig. 2) était attaché d’un côté autour des malléoles de la cheville saine et de l’autre à un
support stable de même niveau. La distance entre le support stable et le sujet était mesurée
de manière à obtenir une résistance de l’élastique de 16% du poids corporel durant la
première semaine. La résistance a été augmentée chaque semaine de 2% afin d’obtenir la
dernière semaine une résistance de 22% du poids de corps. Les exercices étaient :
- « Front pull » : Exercice de traction avant où le sujet, en charge sur le pied atteint, en
flexion de genou, devait emmener son pied attaché à l’élastique se trouvant en arrière du pied
atteint en avant de ce dernier en réalisant une flexion de hanche et de genou. Une fois
l’élastique tendu, le sujet devait ramener son pied attaché à l’élastique lentement à la position
de départ.
- « Back pull » : Exercice de traction arrière. Le sujet devait emmener son pied attaché
en arrière du pied fixe puis revenir lentement en avant de ce dernier.
- « Crossover » : Le sujet devait réaliser une adduction de hanche résistée.
- « Reverse Crossover » : Le sujet devait réaliser une abduction de hanche résistée.
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Les auteurs ont retrouvé une différence significative au sein du groupe expérimental entre les
tests pré et post protocole des tests d’équilibre et de performance fonctionnelle mais aucune
différence significative au sein du groupe contrôle. De plus, une différence significative a été
retrouvée dans le SEBT modifié et Single Leg Hop Test entre le groupe expérimental et
contrôle avec une taille d’effet importante. Ainsi, les auteurs concluent que les exercices
d’équilibre utilisant des bandes élastiques peuvent améliorer l’équilibre et la performance
fonctionnelle chez les sportifs soufrant d’instabilité chronique de cheville mais qu’il est
impossible avec cette étude de savoir dans quelles mesures cette amélioration pourrait avoir
un effet sur la réduction des récidives d’entorse de cheville.
Programme préventif des entorses de cheville chez les jeunes joueuses de football : essai
contrôlé randomisé par grappe (51).
Cette étude française évalue l’efficacité d’un protocole collectif de prévention primaire des
entorses de cheville chez des jeunes footballeuses en présaison. Pour cela 36 joueuses,
exempt de tout traumatisme des membres inférieurs au cours des six derniers mois, ont été
réparties en deux groupes, selon un échantillonnage par grappe :
- Groupe « Intervention » : En plus de la préparation classique, les joueuses de foot ont
exécuté un programme préventif de blessures aux membres inférieurs durant cinq semaines,
à raison de cinq séances par semaine, composée chacun d’elle de trois exercices avec une
minute de repose entre, dont la difficulté augmentait chaque semaine. Les exercices du
programme visent à améliorer l’équilibre, la coordination, et la proprioception aux membres
inférieurs, ainsi la reprogrammation sensori-motrice (Annexe 5 – Tableaux I).
- Groupe « Témoin » : Les participantes ont pratiqué une préparation de présaison
classique.
36
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Le paramètre évalué est le score composite au test SEBT modifié, étant la moyenne des
résultats obtenus pour chaque distance (antérieure, postéro-médiale et postéro-latérale)
après trois essais, rapporté à la longueur des membres inférieurs et multiplié par 100. Ce choix
se justifie par le fait qu’un score composite inférieur à 94% augmente le risque de blessures
aux membres inférieurs de 6,5%les f, chez les sujets féminins.
Les mesures de suivi ont été réalisées avant la période du protocole, après les cinq semaines
du programme et à 3 puis 10 mois de l’intervention. Les auteurs français n’ont pas retrouvé
de différence significative entre les scores composites obtenus pour les deux groupes.
Cependant, pour le groupe intervention, une amélioration significative du score composite est
retrouvée post-protocole, à 3 et 10 mois également avec une taille d’effet élevée. Ainsi, les
exercices ont permis d’améliorer l’équilibre dynamique, ce qui pourrait expliquer, selon les
auteurs, le nombre moins important d’entorses dans le groupe intervention. Pour conclure,
les auteurs suggèrent de privilégier la grande fréquence des séances, la petite durée du
programme pour favoriser l’observance et intégrer des exercices non spécifiques à la cheville.
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Les sujets inclus dans les huit études citées précédemment étaient tous considérés comme
sportifs conformément aux critères d’inclusion de la présente synthèse de revue de
littérature. Cependant, dans chaque étude, les critères pour considérer les participants
comme sportifs étaient différents. En effet, dans les études néerlandaises (44,46,47,49), les
participants devaient pratiqués au moins une heure de sport par semaine alors que dans
l’étude de Plaza-Manzano et al. (48) les sujets faisaient du sport au moins trois fois par
semaine, dans l’étude de Melam et al. (50) les sujets étaient des étudiants pratiquant un sport
au niveau universitaire et enfin dans l’étude de Del Rabal et al. (51), les participantes étaient
des jeunes footballeuses issues d’un centre de formation effectuant cinq entrainements par
semaine et un match le weekend.
L’âge des participants étaient aussi un critère très différent selon les études. Certains auteurs
(44,46,47,49) ont fait le choix de regrouper un large panel de participants au vu de leur âge
allant de 12 à 70 ans tandis que d’autres ont décidé d’inclure exclusivement des sujets jeunes
ayant 20 à 38 ans pour Plaza-Manzano et al.(48), de 18 à 25 ans pour de Melam et al. (50) et
de 15 à 19 ans pour Del Rabal et al. (51).
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Par ailleurs, les auteurs ont globalement inclus une proportion presque équivalente
d’hommes et de femmes (44,46–49), cependant certains ont évalués uniquement des
hommes comme Melam et al. (50) ou uniquement des femmes comme Del Rabal et al. (51).
L’observance est l’aptitude à se conformer, c’est-à-dire suivre fidèlement une règle. Ainsi,
l’observance thérapeutique est l’adhérence des patients au traitement proposé. Elle varie
selon la pathologie, les facteurs psychosociaux du patient mais aussi selon les contraintes du
traitement et de sa pertinence. En effet, un traitement efficace mais trop contraignant ne sera
pas respecté par les patients et tendra vers une certaine inefficacité. Il parait alors pertinent
de l’évaluer mais seules deux études l’ont fait (44,46). Au cours de ces deux études,
l’observance des participants variant entre 45 et 50% pour l’entrainement neuromusculaire,
était de 23% quant au port seul de l’attelle et de 28% quant au suivi du programme
proprioceptif accompagné du port de l’attelle durant les activités sportives.
Les participants inclus dans les études (44–49) souffraient de récidives d’entorse et devaient
au moins avoir eu une entorse au cours de l’année précédant l’étude. Néanmoins, Ben Moussa
Zouita et al. (45) ont comparé un groupe interventionnel dont les sujets présentaient des
récidives d’entorses et un groupe témoin où les sujets étaient sains et ne devaient jamais avoir
eu de blessure aux chevilles. Par ailleurs, Melam et al. (50) ont inclus uniquement des
participants souffrant d’une instabilité chronique (IC) de cheville et non des entorses
récidivantes. Cependant, cette étude a été malgré tout inclue dans la synthèse de revue de
littérature car 30 à 40% des personnes victimes d’entorses récidivantes présentent une IC (50)
et que les auteurs décrivent un programme différent par rapport aux études incluses dans la
synthèse de revue de littérature, faisant intervenir des élastiques. En outre, Del Rabal et al.
(51) ont exclu les sujets ayant eu un quelconque traumatisme aux membres inférieurs des
six derniers mois et ainsi les sujets présentant des entorses récidivantes. En effet, les auteurs
français évaluent l’efficacité d’un programme visant à réduire le nombre d’entorse de cheville
et non de récidive d’entorse. Certes l’objectif de cette étude relève de la prévention primaire
et non secondaire comme le reste des études mais le choix de l’inclure a malgré tout été fait
car les auteurs présentent un programme encore une fois différent des auteurs néerlandais
notamment, et qu’un programme réduisant le nombre d’entorses chez des sujets sains peut
laisser penser qu’il pourrait aussi diminuer les récidives chez des sujets atteints d’entorses
récidivantes.
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
En revanche, dans tous les programmes sans exception, chaque exercice se déclinait en
différents niveaux de difficultés sur chaque semaine du programme. Souvent, la progression
était la réalisation des exercices d’abord sur une plateforme stable, puis sur plateforme stable
avec les yeux fermés, puis sur plateforme instable et enfin sur plateforme instable avec les
yeux fermés, faisant ainsi intervenir les différents systèmes proprioceptifs.
Par ailleurs, les séances se déroulaient soit à domicile en autonomie (44,46,47,49) soit avec la
supervision d’un physiothérapeute ou d’entraineur sportif si les exercices étaient réalisés
dans le cadre de l’entrainement (45,48,50,51).
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IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
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6 Discussion
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Une étude (53) comparant l’activité électromyographique des muscles de la cheville avec et
sans le dispositif Myolux® a permis de mettre en évidence l’augmentation de l’activité
musculaire des muscles fibulaires et l’augmentation des réactions d’anticipation des muscles
tibial antérieur et fibulaires.
Par ailleurs, une seconde étude (54) a évalué le taux de récidives sur une population de
soixante-six patients ayant eu une entorse de cheville latérale après un traitement utilisant le
chausson Myolux® à raison de dix séances de trente minutes, sous contrôle d’un
kinésithérapeute. Le protocole de rééducation se divisait en trois étapes : la première était
dédiée à la réactivation en charge des fibulaires au moyen d’une déstabilisation selon l’axe de
Henké, la deuxième était consacrée au renforcement des fibulaires en concentrique et
excentrique et enfin la troisième phase consistait à un travail de marche permettant d’intégrer
la reprogrammation neuromusculaire des stratégies de pro-activation des fibulaires. Les
résultats montrent que huit patient ont déclaré avoir eu une récidive d’entorse 15 à 18 mois
après le traitement, soit un taux de récidive de 12%. Par ailleurs, cette population a été
répartie dans deux groupes distincts : trente-sept participants ont suivi le traitement sans
séance d’entretien et vingt-neuf sujets ont reçu une séance d’entretien mensuelle après le
traitement des dix séances initiales. Les résultats montrent un taux de récidive de 19 % au sein
de la population sans séance d’entretien et seulement de 3 % dans la population avec séances
d’entretien. Les auteurs concluent donc que la rééducation faisant intervenir le dispositif
Myolux® est plus efficace que l’entrainement neuromusculaire faisant intervenir tels que les
planches d’équilibre où le taux de récidive rapporté dans la littérature est de 30% dans la
population générale et atteint même les 70% chez les sportifs. Cependant, il serait intéressant
de réaliser une étude comparant les taux de récidives au sein de deux groupes dont l’un aurait
un entrainement neuromusculaire classique et l’autre avec le chausson Myolux®.
Cette étude laisse penser qu’il est possible de diminuer davantage les taux de récidives qui
sont actuellement rapportés dans la littérature mais il faut noter que les auteurs de l’étude
présentent un conflit d’intérêt avec la société ayant développé l’outil Myolux®. En outre,
toutes les études suivantes qui ont pu être publiées, allant dans ce sens, ont été réalisées
uniquement par des kinésithérapeutes français utilisant eux même le chausson dans leurs
prises en charge. Il serait alors intéressant que des physiothérapeutes anglo-saxons étudient
ce moyen thérapeutique de façon plus objective. Par ailleurs, cet outil demande un certain
coût. En effet, les différents chaussons en vente aux professionnels coûtent entre 3000 et
4000 euros et celui mis en vente aux particuliers permettent de faire des séances d’entretien
à domicile coûte plus de 70 euros.
45
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6.3.2 L’orthèse
A partir de l’étude de Janssen et al. (46), nous avons pu remarquer que l’orthèse pouvait avoir
un effet supérieur à l’entrainement neuromusculaire pour prévenir les récidives d’entorse. En
effet, une méta-analyse de 2018 (55) compare les taux de récidive d’entorse de cheville après
un traitement sensori-moteur faisant intervenir des exercices d’équilibre et après le port
d’une attelle type Aircast, chez 7 195 athlètes de haut niveau. Les résultats montrent que les
sportifs ayant une orthèse avaient un risque réduit de 64% de présenter une entorse de
cheville alors que les athlètes pratiquant les exercices d’entrainement neuromusculaires, un
risque réduit de 46% par rapport à ceux ne faisant rien.
Cependant, il est important de souligner que le port d’orthèse est une aide technique
contraignant le sportif à la porter constamment et implique ainsi une certaine observance. De
plus, ce type de contention peut fragiliser la cheville lorsqu’elle n’est pas portée car les
muscles fibulaires pourraient présenter un déficit de tonicité par manque de sollicitation.
46
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7 Conclusion
Au vu de l’incidence des récidives d’entorse de cheville, il est essentiel de tenter de les éviter
pour diminuer les coûts et les complications qu’elles engendrent. En tant qu’acteur de la
promotion de la santé, le kinésithérapeute doit inscrire son traitement pour les patients
présentant une entorse de cheville dans une démarche préventive. La reprogrammation
neuromusculaire s’est avérée être une technique efficace pour limiter les récidives, au vu de
la littérature scientifique. Cependant, aucun protocole standardisé de programme
d’entrainement neuromusculaire n’a encore été établis à ce jour. Une revue systématique de
littérature, ayant pour objectif d’orienter les choix cliniques des professionnels de santé, a
donc été réalisée afin de faire un état des lieux des connaissances actuelles.
A la lecture des huit études composant cette synthèse de littérature, il apparait difficile
d’établir un protocole applicable à tous les sportifs car chaque prise en charge se doit d’être
personnalisée en fonction des symptômes et des objectifs du patient. Cependant, nous
pouvons convenir de certains principes devant être respectés par les programmes
d’entrainement neuromusculaire. En effet, une fréquence élevée des séances, une
progression des exercices au cours du traitement ainsi qu’une variation de ces derniers faisant
intervenir différents outils comme une planche d’équilibre, des élastiques, des ballons ou
encore le chausson Myolux® sont garants d’une prévention secondaire efficace de l’entorse
de cheville.
Dans un souci de prise en charge globale des sportifs victimes d’entorse de cheville, il
conviendra de déterminer des objectifs en lien direct avec les facteurs favorisants les
récidives. Avant tout, il est nécessaire de réduire la douleur et l’œdème car leur persistance
peut favoriser les éventuelles récidives. Les axes de prise en charge peuvent se résumer en
trois mots, à mon sens : mobilité, force et agilité.
- Le manque de force des muscles fibulaires devra faire l’objet de nombreux exercices
de renforcement musculaire dans un contexte fonctionnel, c’est-à-dire en charge, d’où le mot
force. Les muscles fibulaires sont bien évidemment au cœur des exercices de renforcement
mais les muscles moyens fessiers seront tous aussi importants à renforcer. En effet, une
faiblesse de ces derniers pourrait entrainer un déficit du contrôle postural pouvant favoriser
la récidive d’entorse de cheville. Il me parait alors indispensable de renforcer ces muscles
également dans un contexte fonctionnel.
47
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
Pour terminer, en fin de traitement, il ne faudra pas oublier les critères de « Return To Play »
ainsi que les tests de reprise sportive avant de pouvoir autoriser le sportif à reprendre son
activité, limitant ainsi également la récidive d’entorse de cheville.
48
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53
IFM3R – IFMK 2018/2019 Mémoire – UE28 Jennifer BUNOUT
9 Annexes
Annexe 1 : Outils instables recommandés par la HAS pour les exercices d’entrainement
neuromusculaire.
Figure 1 : Les outils instables pour les exercices proprioceptifs recommandés par la HAS.
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Annexe 2 : Exercices et outils utilisés dans les articles néerlandais (44, 46, 47, 49).
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Annexe 3 : Exercices et outils utilisés dans l’article « Manual therapy in joint and nerve
structures combined with exercises in the treatment of recurrent ankle sprains: A
randomized, controlled trial» (48).
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Annexe 4 : Exercices et outils utilisés dans l’article « Effect of weight-bearing overload using
elastic tubing on balance and functional performance in athletes with chronic ankle
instability» (50).
Figure 2 : L’élastique tube à poignée. Figure 3 : Le test SEBT avec les huit
directions.
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Annexe 5 : Exercices utilisés dans l’article « Programme préventif des entorses de cheville
chez les jeunes joueuses de football : essai contrôlé randomisé par grappe» (51).
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(48) 56 athlètes : 17 femmes et 39 hommes. Durée : 4 semaines. Deux mois. Douleur. Meilleure efficacité de
Agés de 20 à 38 ans. Fréquence : 2 fois par semaine Instabilité fonctionnelle auto-déclarée. la combinaison de
Tous les sujets ont eu une entorse de cheville dans les (8 séances au total). Seuil de douleur de pression. l’entrainement
douze mois précédents l’étude. Force musculaire. neuromusculaire et de
Gr. intervention : entrainement neuromusculaire et Amplitudes actives de la cheville. la thérapie manuelle.
mobilisations articulaires et nerveuses.
Gr. Témoin : entrainement neuromusculaire seul.
(50) 30 athlètes universitaires masculins. Durée : 4 semaines. Un mois. Equilibre : SEBT. Amélioration de
Agés de 18 à 25 ans. Fréquence : 4 fois par semaine Performance fonctionnelle de la cheville : l’équilibre et de la
Tous les sujets soufrent d’instabilité chronique de (16 séances au total). Single Hop Test. performance
cheville et ayant eu au moins une entorse dans Outil : tubes élastiques. fonctionnelle de la
l’année précédent l’étude. cheville en faveur de
Gr. intervention : entrainement neuromusculaire l’intervention.
avec des exercices utilisant les tubes élastiques et
traitement reçu par le groupe témoin.
Gr. Témoin : exercices de gain d’amplitude,
d’étirement, de renforcement, d’équilibre et de
marche.
(51) 36 athlètes féminins. Durée : 5 semaines. Dix mois. Score composite au SEBT. Amélioration du SEBT
Agés de 15 à 19 ans (Différence significative entre les Fréquence : 5 fois par semaine. en faveur de
deux groupes). (25 séances au total). l’intervention.
Tous les sujets n’ont aucun antécédent d’entorses de
cheville.
Gr. intervention : préparation normale et
entrainement neuromusculaire.
Gr. Témoin : préparation normale.
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Annexe 7 : L’outil Myolux.
61