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Kinésithérapie de la gonarthrose
fémorotibiale non opérée
J.-L. Estrade
Mots-clés : Gonarthrose non opérée ; Examen physique ; Kinésithérapie ; Massage ; Thérapie manuelle ;
Exercices
Plan ■ Traitements 12
Objectifs et principes 12
■ Généralités 1 Buts 13
Définition 2 Contre-indications à la prise en charge par un kinésithérapeute 13
Arthrose 2 Sujets pouvant bénéficier au mieux des séances de kinésithérapie 13
Cartilage 2 Effets indésirables ou secondaires de la kinésithérapie 13
Biomécanique de la gonarthrose 2 Individualisation du traitement 13
■ Traitements passifs 13
■ Bilan du gonarthrosique 5
Accueil du patient et anamnèse 5 Massage 13
État-civil et facteurs favorisants 5 Agents physiques 14
Plainte du patient 5 Techniques de récupération de l’extension passive 14
Examens radiologiques et médications 6 Techniques de récupération de la flexion passive 17
■ Traitements actifs 17
■ Examen du patient debout 7
Statique 7 Intérêts 17
Marche 7 Principes 17
Exemples d’exercices 18
■ Examen du patient assis 7
■ Hygiène de vie 20
■ Examen du patient en décubitus 7 Aides de marche, aides à domicile 20
Examen morphologique 7 Aménagement du poste de travail 20
Examen palpatoire 8 Conseils diététiques 20
Tests 8 Marche 20
Examen de la mobilité articulaire des membres inférieurs 9 Sport 21
Examen de la force musculaire 9
■ Orthèses 21
■ Scores 10 Orthèses de genou 21
Indice algofonctionnel de Lequesne 11
■ Conclusion 22
Indice « Western Ontario and McMaster Universities
Osteoarthritis index » 12
« Knee injury and Osteoarthritis Outcome Score » 12
Généralités
Scores mesurant les capacités physiques des gonarthrosiques 12
■ Diagnostic kinésithérapique 12
Comportement du patient face à sa pathologie 12
La gonarthrose est la cause la plus commune des incapaci-
Synthèse du bilan-diagnostic kinésithérapique 12
tés chez la personne âgée et son augmentation accompagne
l’augmentation de l’espérance de vie [1] ; 30 à 40 % des patients
en souffrant ont aussi une coxarthrose [2] .
Arthrose
L’arthrose est la pathologie articulaire la plus fréquente [3] et
cette fréquence est en augmentation [4] . Les conséquences en sont
énormes : l’impact physique et psychique des douleurs, la réduc-
tion de la mobilité et de la qualité de vie, les coûts directs de
diagnostic et de traitement, les coûts indirects liés aux arrêts de
travail, peuvent se chiffrer aux États-Unis en milliards de dollars [5] .
La gonarthrose représente 24 % des arthroses de la population
générale adulte [1] .
Cartilage
Lors de l’application d’une contrainte mécanique, le cartilage
se déprime. À l’état normal, ses chondrocytes, chargés d’eau, lui
permettent de retrouver son volume initial au retrait de la charge.
Les alternances de compression et de mise en décharge assurent
sa nutrition. La limite entre vieillissement physiologique du car-
tilage et évolution arthrosique n’est pas clairement délimitée. Des
modifications du nombre et de la qualité des chondrocytes font
que le cartilage diminue ses capacités de rétention d’eau. Le carti-
lage hyalin perd ses qualités biomécaniques, se fissure. Sa surface,
lisse comme du verre à l’origine, se fissure, jusqu’à prendre un
aspect velvétique. Ces fissurations conduisent à des détachements
de fragments cartilagineux dans la cavité articulaire, contempo-
rains d’une inflammation de la membrane synoviale.
Biomécanique de la gonarthrose
Les défauts mécaniques sont prépondérants dans la survenue de
la gonarthrose [6] . Ils peuvent être arthrogènes à eux seuls, même
s’ils n’expliquent pas tout le processus.
La forme de l’articulation, les forces qu’elle subit, sa structure,
peuvent être responsables de la dégradation : la mise en évidence
de mécanorécepteurs sensibles à des modifications prolongées à la
surface des chondrocytes pourrait expliquer comment cette struc-
ture serait biochimiquement activée par des stimuli uniquement
mécaniques [7] .
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
P
L
L P
Figure 5. Genu valgum.
R=L+P
L P
Angle Q
L’axe mécanique du fémur, unissant le centre de la tête fémorale Il est peu pathogène, puisque son évolution habituelle en varisa-
aux épines tibiales, fait avec l’axe mécanique du tibia, unissant le tion se fait plus tardivement que celle d’un genou originellement
milieu de l’articulation talocrurale aux épines tibiales, un angle normoaxé dans le plan frontal.
moyen de 180,8 ± 2,6◦ , ouvert en dedans. Son aggravation plus rare peut cependant entraîner un genou
Genu valgum. Genu varum instable : le poids du corps venant se placer à l’aplomb du genou
Lorsque l’axe mécanique du membre inférieur passe en dehors en appui unipodal tend à relâcher le tractus iliotibial, en même
des épines tibiales, le genou est dit en genu valgum, lorsqu’il passe temps qu’il étire les structures ligamentaires médiales, constitu-
en dedans, le genou est dit en genu varum. tionnellement faibles (Fig. 7).
Contraintes fémoropatellaires
Genu varum Elles sont majorées par l’augmentation de l’angle Q, entre ten-
C’est un facteur de risque d’aggravation radiologique de la don patellaire et tendon quadricipital. Cela se traduit par un
gonarthrose (Fig. 4). déport et une contrainte patellaire plus importants sur la joue
latérale de la trochlée fémorale.
Contraintes fémorotibiales
La contrainte est majorée au fil du temps, dans le compartiment
médial, favorisée par la charge pondérale et l’affaiblissement du
Genu flessum
haubanage latéral. Les atteintes fémorotibiales médiales sont donc Le genou est une articulation stable en extension et instable en
plus fréquentes que les atteintes latérales, dans une proportion de flexion, ayant entre autres pour rôle d’adapter la longueur relative
un à cinq [8] . du membre inférieur au mouvement ou à la posture demandée.
Le genu flessum est la déformation la plus accessible aux
Genu valgum (Fig. 5) techniques kinésithérapiques, jusqu’à ce qu’une ostéophytose
exubérante jouant un rôle de butoir ou modifiant les courses liga-
Contraintes fémorotibiales
mentaires ne le rende irréductible.
L’enfant naît avec un genu varum qui se corrige et s’inverse en
valgum à l’âge de 18 mois [9] . Intérêt d’une extension complète du genou chez le sujet sain
Plus féminin [10] et attribué à une hypoplasie relative du condyle Le recurvatum physiologique du genou permet la stabilité en
fémoral latéral, son existence permet d’éviter de coûteux déplace- extension par la mise en tension des structures passives posté-
ments latéraux du centre de gravité lors de la marche, assurant un rieures, notamment les coques condyliennes. La patella est alors
quasi-parallélisme des tibias [11] tout en autorisant une largeur de libre de tout engagement et de toute traction. La contraction qua-
bassin compatible avec les nécessités de la procréation (Fig. 6). dricipitale n’est pas nécessaire à la station debout.
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Tableau 1.
Modulations de la longueur du membre inférieur par les translations du
genou dans le plan frontal.
Genou Membre inférieur
Valgisation Valgus de l’arrière-pied
Pronation
Rotation tibiale latérale
Subluxation de la patella
Adduction et rotation médiale de hanche
Varisation Varus de l’arrière-pied
Supination
Rotation tibiale médiale
Rotation latérale et abduction de hanche
Contraintes fémorotibiales
Les condyles fémoraux présentent lors de la flexion un rayon
de courbure moins grand, d’où une surface cartilagineuse moins
large, passant de 20 cm2 à 12 cm2 , ce qui la rend plus vulnérable.
L’épaisseur du cartilage y est de plus moins importante qu’en
extension complète.
Si la marche à allure normale peut ne pas être affectée par la
perte de quelques degrés d’extension (le genou n’y est jamais
B en extension complète), en revanche la station debout, le pié-
A
tinement, la marche du sujet âgé, peuvent devenir pénibles voire
Figure 6. Marche sans genu valgum (A) ou avec (B). pathogènes.
Contraintes fémoropatellaires
Elles sont majorées par l’augmentation de l’angle entre ten-
don patellaire et tendon quadricipital, traduisant une contrainte
patellaire plus importante sur la trochlée fémorale.
Genu recurvatum
Exagération du recurvatum physiologique, il est la conséquence
d’une insuffisance musculaire quadricipitale ou d’un traumatisme
ayant délabré le genou.
1 Contraintes fémorotibiales
Le genu recurvatum est rare (3 % des cas de gonarthrose fémo-
2
rotibiale) ; il apparaît à un stade tardif de l’évolution de la
gonarthrose sur genu valgum. Lorsque celle-ci s’aggrave, elle asso-
cie une importante usure latérale, une laxité caricaturale dans le
plan frontal et une distension ligamentaire médiale [12] .
La détente des éléments ligamentaires qui en résulte (ligament
collatéral fibulaire, coque condylienne latérale, ligament croisé
postérieur) fait rechercher au patient un appui ligamentaire pos-
térieur pour maintenir l’extension en charge.
Afin de permettre une meilleure répartition des masses élémen-
taires du sujet, une translation antérieure du bassin l’accompagne
fréquemment. Cette stratégie exerce un effet délétère sur les élé-
ments passifs postérieurs qui, en subissant des contraintes répétées
en allongement, entraînent une instabilité articulaire majeure.
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
Bilan du gonarthrosique
Nous avons fait le choix de le présenter dans l’ordre chronolo-
gique de l’examen, à l’image de l’accueil d’un patient en pratique
quotidienne, porteur d’une gonarthrose ou présentant des signes
cliniques précurseurs de son installation. Ce dernier point nous
semble primordial lorsqu’il s’agit de mettre en évidence chez le
patient une tendance appelée à s’installer dans le temps si des
précautions précoces ne sont pas mises en œuvre.
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Médications
L’arthrose progressant, la douleur s’accroît, parallèlement aux
La gestion optimale de la gonarthrose nécessite une combinai-
diminutions de la force musculaire, des amplitudes articulaires
son de traitements pharmacologiques et non pharmacologiques,
et du périmètre de marche. Comme fréquemment en rhumatolo-
nombre d’études montrant une amélioration plus nette lors du
gie, des patients peuvent considérer leur douleur comme tout à
cumul de différents traitements que lors de leur emploi isolé.
fait supportable en présence de déficits avérés et majeurs, selon le
Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tramadol ou
contexte et le vécu du patient [24] .
injections intra-articulaires de cortisone peuvent être utilisés.
Un des caractères péjoratifs de l’évolution de cette pathologie
Chondroïtine, glucosamine, capsaïne ne sont pas recommandés.
est l’apparition de douleurs nocturnes, témoignant d’une inflam-
Les auteurs ne se prononcent pas sur l’utilisation de hyaluronates
mation articulaire, d’une arthrose très sévère, pouvant à terme
en intra-articulaire, les opiacés [27] .
justifier l’intervention chirurgicale. C’est de plus un indicateur
très fiable du bilan.
Dans les derniers stades d’évolution, la douleur peut être cons- Antalgiques non anti-inflammatoires
tante, 24 heures sur 24, même au repos. L’indication chirurgicale Le paracétamol est le traitement médicamenteux approprié [28] ,
peut alors être posée ou demandée par le patient. en première intention et sur le long terme de la gonarthrose
lorsqu’il est supporté.
Mesure
Elle fait appel à l’évaluation visuelle analogique (EVA), peut être Anti-inflammatoires
caractérisée par des questionnaires (Lequesne, Western Ontario Une composante inflammatoire existe dans l’arthrose, la
and McMaster Universities Osteoarthritis index [Womac]). synoviale étant vraisemblablement responsable de cette réac-
tion et probablement à l’origine des fréquentes poussées
Diagnostic différentiel congestives. Il existerait une corrélation étroite entre ces pous-
Une description à doigts pointés ou les deux mains englobant le sées et la dégradation cartilagineuse. Ceci explique l’emploi
genou suggéreront plus une origine intrinsèque que la description d’anti-inflammatoires dans la gonarthrose. Les infiltrations intra-
d’un trajet courant sur la cuisse à partir de la hanche ou de la articulaires de corticoïdes sont un traitement approprié [28] . Elles
région lombaire (Fig. 9). sont parfois accompagnées d’un lavage articulaire. Il est recom-
Dans un deuxième temps, lors du traitement, le passage des mandé bien que non démontré de les faire suivre de 24 heures
ultrasons en continu sur la région permet de confirmer l’origine d’immobilisation [29] , donc sans kinésithérapie.
locale de la douleur :
• dans le cas d’une douleur projetée dans la région du genou, le Médications symptomatiques à efficacité retardée
patient ne ressent qu’un échauffement progressif et non localisé Selon une recommandation de la Haute Autorité de santé [30] ,
lors du passage des ultrasons ; les médicaments dits antiarthrosiques symptomatiques d’action
• il reconnaît sa sensation douloureuse et fait un geste lente (chondroïtine sulfate, diacerhéïne, insaponifiables d’huiles
d’évitement lorsque le praticien insiste sur le lieu habituel des d’avocat et de soja, glucosamines) ont des effets minimes et de per-
douleurs. tinence clinique discutable sur la douleur et la gêne fonctionnelle
liées à l’arthrose. Ils ne permettent pas de réduire la consomma-
Fiabilité de l’évaluation des questions subjectives posées tion d’AINS, et sont d’un service médical rendu insuffisant pour
au patient gonarthrosique justifier leur prise en charge par la solidarité nationale.
La fiabilité interexaminateurs apparaît faible concernant les
sensations de blocage, dérobement, douleur généralisée, douleur Viscosupplémentation
au repos, douleur en se levant d’une chaise. Les notions de raideurs L’acide hyaluronique est naturellement présent en grandes
à l’inactivité, de douleurs nocturnes, sont d’une fiabilité forte [25] . quantités dans le cartilage et le liquide synovial. Il est sécrété
par les synoviocytes, et joue un rôle dans la viscosité du liquide
synovial et l’élasticité du cartilage ; il joue un rôle de défense
Incapacités immunologique locale et peut-être une action anti-inflammatoire.
Marcher longtemps, monter et descendre les escaliers, entrer L’administration de trois séries d’injections intra-articulaires
et sortir d’une voiture, faire du vélo, mettre ses chaussures sont d’acide hyaluronique en trois semaines est prise en charge par
des activités réduites par les déficits engendrés par la gonarthrose, l’Assurance Maladie à raison d’une cure par genou et par an ;
compromettant les activités sociales, familiales, environnemen- 24 heures de repos sont là aussi recommandées après injection [31] .
tales. Ce traitement est d’une efficacité incertaine [28] .
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Marche
Contrairement à la coxarthrose, les boiteries liées à la gonar-
throse peuvent être plus discrètes.
Esquive du pas
Examen du patient assis
Plus tardive, elle traduit une souffrance déjà installée, à l’image Il se décompose en observation et réalisation de palpations.
d’une épine irritative intra-articulaire.
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Examen palpatoire
La palpation permet d’identifier différents types de souffrance.
Tests
Manœuvre de Lachman
C’est une manœuvre permettant de tester le ligament croisé
antérieur (Fig. 13). Le patient est en décubitus, le genou reposant
sur le genou du praticien, à environ 30◦ de flexion. L’extrémité
supérieure du tibia est empaumée, l’extrémité inférieure du fémur
fixée. Un mouvement antérieur anormal du tibia comparati-
vement au côté opposé signe une atteinte du ligament croisé
antérieur, donc une majoration des glissements antérieurs, que le
sujet soit en charge ou en décharge [34] . Le relief du tendon rotulien
Figure 11. Fémur long.
doit disparaître lors de la manœuvre. L’instabilité qui en résulte est
A B
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en faveur d’une gonarthrose en devenir ; elle explique sa survenue dans le prolongement des segments fémur et tibia. Chez les sujets
en séquelle d’un traumatisme ancien. laxes ou porteurs d’un recurvatum, il faut placer le pied du patient
sur un coussin-cale afin d’obtenir un porte-à-faux du genou.
Recherche de facteurs inflammatoires Mesure de l’extension de hanche
Un genou gonarthrosique est usuellement sec et de tempéra- De façon à objectiver effectivement l’angle formé par le bas-
ture normale. Une discrète élévation de température régionale, sin et le fémur, le kinésithérapeute repère et mesure l’angle
appréciable à l’aide du dos de la main, et un épanchement intra- épine iliaque antérosupérieure–milieu du bord supérieur du grand
articulaire sont les signes d’une poussée congestive inflammatoire, trochanter–tubercule latéral du condyle latéral. Il le fait en décubi-
pouvant être liée à la présence de fragments cartilagineux. Elle tus strict, puis en décubitus avec le membre inférieur controlatéral
s’accompagne d’une douleur lors du passage en latérocubitus ou tenu fléchi au maximum par le patient, de façon à entraîner une
en charge, lors du transfert d’appui sur le genou pathologique. extension relative du membre mesuré.
Un schéma capsulosynovial (amplitude de flexion globalement
deux fois plus diminuée que celle d’extension [35] ) ne se retrouve Mesure des extensibilités
pas dans une gonarthrose [36, 37] . L’angle formé par le membre inférieur tendu en flexion de
hanche et la verticale permet une mesure fiable de l’extensibilité
Fiabilité de la manœuvre de Lachman des ischiojambiers, à l’inclinomètre [38] . Il faut utiliser la position
et de la recherche de facteurs inflammatoires de procubitus et un goniomètre à grandes branches pour mesurer
l’extensibilité des droits fémoraux.
chez le patient gonarthrosique
Fiabilité interexaminateurs des mesures articulaires
La fiabilité interexaminateurs sur ce type de population est nulle
et son utilité diagnostique pour mettre en évidence une rupture Elle apparaît forte dans la plupart des études. Ce sont donc
du ligament croisé antérieur est rarement importante. La fiabi- des indicateurs sur lequel le kinésithérapeute peut s’appuyer, tout
lité interexaminateurs de la mise en évidence d’une inflammation comme la mesure de l’extensibilité musculaire. Il n’en est pas de
par un test de fluctuation de la patella est faible et l’utilité diag- même de la détermination d’une sensation de butée capsulaire
nostique du test de ballottement pour mettre en évidence un ou non capsulaire en fin d’amplitude, comme de la mesure de la
épanchement est rarement importante. douleur tout au long de l’amplitude, signes de faible fiabilité [25] .
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Exemples de mesures
Mesure à la balance
Le patient est allongé en décubitus bout de table, le genou sur
un coussin circulaire dur. Le kinésithérapeute à ses pieds se pèse
« à vide » sur une balance. Il demande au patient une contraction
contre résistance manuelle isométrique maximale et en déduit la
force du quadriceps par l’allègement de poids qu’elle procure. La
mesure du côté sain dans les mêmes conditions permet de donner
une indication percentile de la force. Habituellement, des forces
quadricipitales de l’ordre de 15 à 20 kg sont retrouvées lors d’un
appui sur le cou-de-pied du sujet sain.
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Tableau 2.
Score de Lequesne.
Douleur ou gêne
Question Réponse Cotation
Ressentez-vous une gêne ou une douleur la nuit ? Non 0
Seulement en remuant, ou selon la posture 1
Même immobile 2
Ressentez-vous une gêne ou une douleur lors du dérouillage matinal ? Moins de 1 minute 0
1 à 15 minutes 1
Plus de 15 minutes 2
Ressentez-vous une gêne ou une douleur lors de la station debout, ou s’il faut piétiner Non 0
une demi-heure ?
Oui 1
Ressentez-vous une gêne ou une douleur lorsque vous marchez ? Non 0
Seulement après une certaine distance 1
Très rapidement et de façon croissante 2
Pouvez-vous vous relever d’un siège sans l’aide des bras ? Oui 0
Non 1
Périmètre de marche maximal
Question Réponse Cotation
En acceptant d’avoir mal, quel est votre périmètre de marche maximal ? Aucune limitation 0
Limité, mais plus de 1 km (plus de 15 min) 1
Environ 1 km (environ 15 min) 2
Entre 500 et 900 m (environ 8 à 15 min) 3
300 à 500 m 4
100 à 300 m 5
Moins de 100 m 6
Pour parcourir la distance ci-dessus Je n’ai pas besoin de canne ni de béquille +0
J’ai besoin d’une canne ou d’une béquille +1
J’ai besoin de deux cannes ou de deux béquilles +2
Difficultés dans la vie quotidienne
Question Réponse Cotation
Avez-vous une difficulté pour monter un étage ? Aucune 0
C’est un peu difficile 0,5
C’est moyennement difficile 1
C’est très difficile 1,5
C’est impossible 2
Avez-vous une difficulté pour descendre un étage ? Aucune 0
C’est un peu difficile 0,5
C’est moyennement difficile 1
C’est très difficile 1,5
C’est impossible 2
Avez-vous une difficulté pour vous accroupir ? Aucune 0
C’est un peu difficile 0,5
C’est moyennement difficile 1
C’est très difficile 1,5
C’est impossible 2
Avez-vous une difficulté pour marcher en terrain irrégulier ? Aucune 0
C’est un peu difficile 0,5
C’est moyennement difficile 1
C’est très difficile 1,5
C’est impossible 2
de l’arthrose sur la fonction locomotrice. À côté de l’EVA, l’indice Indice algofonctionnel de Lequesne
algofonctionnel de Lequesne et l’indice Womac dans sa version
québécoise sont, en France, les plus utilisés. Ces deux derniers Il permet de mesurer la douleur, le périmètre de marche
scores bénéficient d’une répétabilité bonne à excellente. Les et le niveau d’activité possible dans la vie de tous les
essais de validation font cependant recommander l’indice de jours. Son score permet de quantifier la sévérité de l’atteinte.
Lequesne [42] , en sus de son utilisation plus facile en clientèle de Le temps nécessaire a été évalué entre 2 et 5 minutes
ville [43] . (Tableaux 2, 3).
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Tableau 3.
Sévérité de l’atteinte en fonction du score de Lequesne.
Diagnostic kinésithérapique
Résultat Sévérité de l’atteinte Comportement du patient face
> 14 Extrêmement sévère à sa pathologie
11–13 Très sévère
Un patient ayant une attitude active, compensant et contour-
8–10 Sévère nant ses déficits, évoluera moins et mieux qu’un autre, plus passif,
5–7 Modérée estimant que le repos, l’absence d’activité, le respect de la non-
1–4 Minimale douleur sont les meilleures des stratégies.
Moins le patient est rassuré sur l’évolution bénigne de la
pathologie, moins il est informé, plus il a ce dernier type de
comportement délétère. La sinistrose et les plaintes somatiques
Indice « Western Ontario and McMaster réitérées sont associées avec un pronostic plus défavorable.
Universities Osteoarthritis index » L’attitude trop maternante du kinésithérapeute, focalisant la
discussion sur les douleurs ressenties et non sur l’auto-prise en
Il se décompose en trois sections : la première interroge le charge, est donc contre-productive.
patient sur l’intensité de sa douleur, la seconde sur l’importance
de la raideur articulaire, la troisième sur ses difficultés fonction-
nelles. La réponse se fait selon une échelle visuelle analogique,
pour chaque question. Indépendamment des difficultés liées aux
Synthèse du bilan-diagnostic
capacités d’abstraction du sujet, la mesure terminale nécessite un kinésithérapique
temps post-traitement pour introduire les données au sein du
dossier du patient. Le temps nécessaire a été évalué entre 3,5 et Afin de déterminer la pertinence de son action, le kinésithéra-
20 minutes. peute doit pouvoir répondre aux questions suivantes :
• Quel est le profil pathologique du patient ?
• Quel est le problème majeur évoqué par ce patient ?
« Knee injury and Osteoarthritis Outcome • Est-ce que le problème majeur est du ressort de la kinésithéra-
pie ?
Score » • Quelle dysfonction potentiellement arthrogène a été mise en
évidence par l’examen ?
Il présente cinq sous-groupes (symptômes, activités de la vie
• Quelles techniques kinésithérapiques peuvent être réalisées
quotidienne, de loisir, qualité de vie, douleur). Le score de 100
pour traiter cette dysfonction ?
correspond à une fonction normale, sans symptômes.
• Quel est le pronostic ?
• Est-ce que le patient est motivé pour entreprendre cette réédu-
Scores mesurant les capacités physiques cation ?
Il est recommandé d’évaluer tous les 15 jours l’évolution de la
des gonarthrosiques thérapie.
Contrairement à d’autres indicateurs (force musculaire, poids),
les autoquestionnaires traduisent l’image perçue par le patient de
son état de santé. Ils sont en grande partie le reflet subjectif de Traitements
la confiance qu’a le patient en son état de santé. Afin de pallier
ces insuffisances ont été proposées des épreuves où le patient est Seules les techniques concernant le genou sont abordées. Le lec-
invité à accomplir une tâche motrice le plus rapidement possible, teur doit avoir à l’esprit que ceci ne correspond qu’à la partie locale
mais sans risques de perte d’équilibre ou de chute [44] . Ces tests du traitement kinésithérapique, intervenant après avoir évalué,
ont l’avantage de leur coût de réalisation minime, à condition de identifié et traité les causes rachidiennes, coxales et podales éven-
disposer de suffisamment d’espace intérieur pour les réaliser. tuelles.
Pour donner un ordre d’idée sont présentés les scores obte-
nus par des patients des deux sexes, gonarthrosiques non opérés
sur genu varum (n = 54, 68,3 ± 8,7 ans, indice de masse corporelle
28,6 ± 5,1 kg/m2 ).
Objectifs et principes
Objectifs
Test des six minutes de marche (« six-minute Les objectifs du traitement sont :
walk test ») • d’informer le patient des conséquences de cette affection ;
Fiable, valide, il mesure la distance que peut parcourir un sujet • d’informer le patient des mécanismes neurophysiologiques sus-
marchant six minutes en intérieur. Les patients sont libres de ceptibles de produire une gonalgie ;
s’arrêter ou d’utiliser une aide de marche pour terminer le par- • de maintenir et d’optimiser les capacités fonctionnelles ;
cours. Valeur moyenne obtenue : 440 ± 123 m. • de prévenir et de retarder l’apparition de modifications structu-
rales articulaires, périarticulaires et musculaires ;
• d’encourager une auto-prise en charge active.
« Get up and go » test
Fiable, valide et prédictif, il examine la mobilité et l’équilibre
Principes
d’un patient âgé. Celui-ci doit se lever d’une chaise dotée
d’accoudoirs, marcher 3 m, retourner à son point de départ et La kinésithérapie de la gonarthrose peut se décliner en trois
s’asseoir. La limite des 3 m doit être clairement indiquée. Trois parties :
essais sont réalisés, la moyenne des deux derniers essais est rete- • analyser globalement et traiter localement les défauts sus- et/ou
nue. Valeur moyenne obtenue : 7 ± 3 secondes. sous-jacents potentiellement responsables de la survenue ou de
l’aggravation de la gonarthrose ;
• augmenter les amplitudes articulaires, soulager le compar-
Test des escaliers (« stair-climbing task ») timent atteint et renforcer les muscles stabilisateurs du
Le patient est invité à monter cinq marches, puis à les redes- genou ;
cendre. Les rampes sont autorisées, mais le sujet ne doit en • informer le patient des mécanismes neurophysiolo-
utiliser qu’une à la fois au maximum. Valeur moyenne obtenue : giques de la douleur et des influences susceptibles de la
9 ± 6 secondes. moduler.
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
Buts
Ils doivent être définis en accord avec le patient, en fonc-
tion de l’état initial, des facteurs limitant ou susceptibles d’en
faciliter la réalisation. Ils doivent être formulés en termes de limi-
tation d’activités et de restriction de participation. Ils doivent
être spécifiques au patient, réalisables, mesurables, réalistes et
objectifs (exemple : la capacité à marcher 800 m, de la maison
au supermarché en aller retour, deux fois par semaine pendant
6 semaines) [45] .
Exemples de techniques
Traitements passifs Traitement des muscles polyarticulaires
En fonction du diagnostic, le kinésithérapeute cible princi-
Massage palement les structures musculoaponévrotiques : fléchisseurs de
Il permet d’assurer le lien entre les techniques passives articu- hanche, tractus iliotibial, gracile et autres adducteurs, ischio-
laires, d’étirement musculaire et de contracté–relâché, apportant jambiers, triceps. Après prise de contact sont privilégiées les
une fluidité à l’intervention du praticien. Il est convenu qu’il techniques de pétrissage profond et de décordage, la main
participe à l’étirement des muscles polyarticulaires, diminue les solidaire de la peau mobilisant transversalement les fibres mus-
douleurs cutanées et cellulalgiques, améliore le retour veinolym- culaires. Elles sont effectuées en course interne pour obtenir
phatique. Il démontre qu’un revêtement cutané peut être mobilisé le relâchement du patient, puis en course externe maximale
et subir des irritations cutanées sans recréer les douleurs habi- de façon à participer aux autres techniques d’étirement et de
tuelles, ce qui fait prendre conscience au patient d’une intégrité contracté–relâché (Fig. 18).
fonctionnelle relative de son genou. Ses effets sont réels, mais
transitoires ; il peut ne pas être recommandé dans un traite- Traitement des douleurs cutanées et cellulalgiques
ment actif [45] , mais il est actuellement considéré comme l’une des Il est réalisé par du pétrissage tridigital à la face médiale de la
quatre prises en charge en thérapie manuelle ayant fait la preuve cuisse et du condyle médial, par des traits tirés sur l’insertion basse
de son efficacité au membre inférieur [48] . des muscles de la patte d’oie.
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AV
1 2
BS
AV
1 2
BS
Figure 23. Mobilisation passive du tibia en extension à califourchon.
Figure 21. Principe de l’étirement des coques condyliennes. 1. Fémur ; Manœuvres de pompage du genou
2. tibia ; flèches noires : appuis ; double flèche rouge : sens de l’étirement.
Le patient est en décubitus, le kinésithérapeute lui faisant face,
latéral à lui. Les doigts sont croisés à l’arrière du creux poplité, les
coudes tendus. Le kinésithérapeute réalise des oscillations antéro-
Une douleur supportable par le patient doit être présente, tra-
postérieures à l’aide de ses chevilles, entraînant une alternance de
duisant la contrainte nécessaire à la thérapie.
tractions–décompressions de l’articulation fémorotibiale (Fig. 22).
Lorsque la technique s’adresse à l’articulation, il s’agit de mobi-
Il peut supporter le membre inférieur du patient sur sa cuisse, sous
liser une surface concave (tibia) sur une surface convexe (fémur).
son aisselle. La technique est réalisée selon le même rythme lent,
Il est communément admis que le glissement soit dans le sens du
durant une quinzaine de minutes au minimum.
mouvement, en l’occurrence un glissement postéroantérieur du
On peut émettre l’hypothèse qu’une mobilisation passive douce
tibia sous le fémur (quand la solidité du ligament croisé antérieur
et cyclique reproduit les alternances de traction–décompression
le permet) (Fig. 19, 20).
que subit l’articulation lors de la marche, que la stimulation douce
Lorsque la technique s’adresse aux éléments postérieurs à
du creux poplité exerce un effet décongestionnant sur les nœuds
l’articulation (coques condyliennes), un porte-à-faux est néces-
lymphatiques postérieurs, que les glissements postéroantérieurs
saire, quand la solidité de l’articulation le permet (Fig. 21).
du tibia sous le fémur favorisent la récupération articulaire.
Il faut noter que plusieurs études utilisent des mobilisations
Le modèle animal suggère qu’une alternance de compressions
passives ne respectant pas scrupuleusement ces principes de glisse-
et décompressions cycliques à d’autres fréquences (0,66 Hz) exerce
ment. Une étude compare peu de sujets sains et gonarthrosiques,
un effet bénéfique sur la morphologie et le métabolisme chon-
mais évalue sous vidéofluoroscopie les gains qui montrent une
drocytaire alors que la compression statique exerce un effet
amélioration de la raideur et de l’extension passive après une seule
délétère [73] .
séance de mobilisation passive [72] .
Une autre étude [71] compare traitements actifs, passifs et cou-
plés chez des patients arthrosiques (hanche et genou) et utilise
pour la thérapie manuelle du genou à la fois les glissements posté- Mobilisation en traction–décompression
roantérieurs et antéropostérieurs du tibia sous le fémur joints à de Patient en décubitus, le kinésithérapeute place la jambe du
nombreuses autres techniques avec une amélioration du score de patient entre ses deux cuisses, le membre inférieur étant placé en
Womac sur le long terme en faveur de la thérapie manuelle. débord de table (Fig. 23). Il lui est possible de tracter le tibia à l’aide
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
Principes
Le patient doit être encouragé dans l’accroissement de ses acti-
vités physiques, les exercices doivent être reliés à des évènements
quotidiens pour être poursuivis (juste avant la douche, le repas),
planifiés. Il faut débuter avec une intensité en deçà de la capacité
Figure 28. Autoposture en étirement des coques condyliennes. du patient, à accroître au fur et à mesure des mois [1] .
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Exemples d’exercices
Travail du quadriceps en décubitus strict
Le patient est en décubitus, son genou reposant sur le genou
du kinésithérapeute. Ce dernier oppose une résistance verticale
au cou-de-pied, tout en prévoyant un éventuel dérobement du
quadriceps par une main en berceau sous le segment jambier. La
quantification du travail peut être réalisée à l’aide d’un sphyg-
momanomètre modifié ou autre capteur de pression. Une durée
minimale de six secondes de contraction correspond aux habi-
tudes des praticiens.
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
Exercices en charge
Ces exercices avec mise en charge doivent se faire de façon par-
tielle et indolente sur le membre atteint, voire ne pas se faire dans
Figure 31. Rééducation proprioceptive sur ordinateur (d’après Wang un premier temps, en cas d’atteinte bilatérale.
et al. [46] ).
Travail en endurance des quadriceps
Le patient est adossé au mur, hanches et genoux fléchis à 90◦ . Il
doit maintenir la position le plus longtemps possible. La quantifi-
cation de l’endurance peut être réalisée à l’aide d’un chronomètre.
Pour favoriser l’auto-prise en charge et l’émulation, il est recom-
mandé au patient d’effectuer cet exercice quotidiennement, au
moins une fois, en relevant les valeurs obtenues. L’exercice doit
entraîner une tension douloureuse dans les corps musculaires des
quadriceps ; il doit être arrêté s’il provoque des gonalgies. Un bal-
lon de Klein peut être interposé entre le dos du patient et le mur
pour accroître la difficulté.
Utilisation de tubes élastiques, de Theraband®
Le patient, en appui sur le côté sain, tracte un élastique ou une
bande élastique relié de sa chevillière à un point fixe mural. Il lui
fait face pour solliciter les ischiojambiers, lui tourne le dos pour
solliciter le quadriceps, se place de profil pour solliciter les hau-
Figure 32. Repositionnement articulaire (d’après Wang et al. [46] ). bans latéral et médial (Fig. 33). Ce type d’exercice permet une
activité électromyographique supérieure aux exercices de step [94]
sans les inconvénients de la mise en charge. Il permet une acti-
simplement pas nécessaire d’augmenter la résistance, les résultats vité excentrique du muscle, cette dernière permettant pour les
étant comparables à 70 % ou à 40 % de la fréquence cardiaque ischiojambiers des gains plus importants que le concentrique [95] .
maximale de réserve [93] .
Utilisation de bâtons
En Thaïlande comme en Chine, une forme d’exercice utilisant
un bâton est populaire chez les seniors (Fig. 34). L’intensité des
Exercices proprioceptifs exercices peut être augmentée lors de la tenue du bâton, dimi-
Les plateformes de jeu de type Wii Board® comme les planches nuée par l’appui sur le bâton. La réalisation d’une « chorégraphie »
à roulettes sont utilisées quotidiennement en rééducation pro- d’exercices aide à la mémorisation destinée à l’auto-prise en
prioceptive. La mesure précise des progrès à l’aide de ces jouets charge. Un programme d’initiation de huit semaines permet
reste impossible. L’intérêt de ce type de prise en charge a pu être la conservation d’une activité rééducative durant l’année sui-
démontré. vante. Six-minute Walk Test, Womac comme SF-36 traduisent
Des exercices de repositionnement articulaire réalisés à l’aide l’amélioration clinique, la vitesse de marche restant améliorée sur
d’un électrogoniomètre et un appareil de précision sur un sujet le long terme [51] .
en décubitus, des exercices destinés à atteindre une cible sur un
Pratique du taï chi
écran d’ordinateur sujet assis [87] , permettent une amélioration cli-
niquement importante [46] (Fig. 31, 32). Améliorant la fonction à trois mois mais sans effets sur les dou-
leurs et déficiences [46] , il y a globalement des preuves modérées
en faveur de la pratique du taï chi sur le court terme, concernant
Utilisation de courants excitomoteurs la douleur, la fonction, comme la raideur, de fortes preuves sur
Elle s’effectue à l’aide d’un appareil d’électrostimulation. le court terme quant à l’amélioration de la qualité de vie. Aucun
effet thérapeutique sur le long terme n’a été observé, mais aucun
effet néfaste non plus [96] .
Auto-renforcement musculaire Son emploi peut être judicieux chez les patients souffrant aussi
Il peut être prescrit sur six semaines, à raison de trois séances de de troubles de l’équilibre ou de gonarthrose sur instabilité du
30 minutes par semaine. genou [97] .
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26-296-A-10 Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée
Stratégiquement, développer une empathie chez le patient pour la mesure étant comparée à celles réalisées par le patient. Réduire le
cette forme de loisir permet de renforcer l’autonomie du patient. sucre, limiter le sel, limiter les portions, prendre cinq portions de
fruits et légumes par jour, combattre les comportements déviants
liés aux facteurs favorisants comme le stress. Le suivi diététique
Hygiène de vie améliore les douleurs, la fonction et la perte de poids lorsqu’il
donne des buts à atteindre, les moyens de les atteindre, de les
L’information et l’éducation du patient ont un effet thérapeu- coupler avec l’activité physique.
tique modeste mais réel [1, 3, 98] . La perte de poids modérée, de l’ordre de 6 ± 2 kg, permet une
amélioration thérapeutique de l’ordre de 20 % sur la douleur et la
fonction [1] .
Aides de marche, aides à domicile
Les aides de marche et adaptations à domicile sont recomman-
dées [27] (canne du côté controlatéral, augmentation de la hauteur
Marche
des chaises, lits, sièges de WC, main-courantes dans les escaliers, Intérêts
remplacement de la baignoire par une douche à accès aisé, achat
d’une automobile à assise haute, à transmission automatique). La marche permet une amélioration de l’ordre de 40 % des dou-
La plupart des patients souffrant d’une arthrose importante ont leurs et de la fonction [1] . Sa combinaison avec des étirements
recours à ces aides. Leur recours doit être systématiquement envi- et du renforcement musculaire, une information et un travail
sagé et de manière récurrente. sur le comportement des patients, est fortement recommandée
pour améliorer cliniquement la douleur et l’état fonctionnel des
gonarthrosiques. Les changements positifs qu’elle procure sont
Aménagement du poste de travail attribués à l’amélioration de la stabilité et de la mécanique articu-
laire, de la fonction neuromusculaire, de la tolérance à l’activité,
Nombre de patients souffrant de gonarthrose travaillent encore. de l’efficience cardiovasculaire [2] .
Il existe des facteurs de risque connus, comme les métiers pénibles, Il n’est pas indiqué que cela puisse s’adresser à des patients
les accroupissements répétés, les levers de charges, des sports par- en surpoids [2] : le nombre de pas moyen par jour est de l’ordre
ticuliers [1] . de 9000 ± 3500 chez des patients gonarthrosiques ; à niveaux
de douleur similaires, les sujets avec un indice de masse cor-
Conseils diététiques porelle supérieur à 35 kg/m2 faisaient en moyenne 3300 IC95 %
[2800–3900] pas en moins par jour, comparativement aux sujets
La littérature est fortement en faveur de la perte de poids comme avec un indice de masse corporelle inférieur à 25 kg/m2 .
moyen de traitement efficace de la gonarthrose, alors que les
preuves manquent quant à la même efficacité dans le cadre de
la coxarthrose. Le patient doit perdre du poids [27] .
Population-cible
L’obésité est un facteur de risque important et modifiable ; il doit Patients au-delà de 40 ans présentant une gonarthrose légère
faire partie des objectifs répétés lors de la prise en charge. Peser le à modérée d’un ou des deux genoux, avec un indice de masse
patient tous les mois peut se faire au cabinet du kinésithérapeute, corporelle inférieur à 25 kg/m2 .
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Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée 26-296-A-10
Sport
Si la gonarthrose peut être la conséquence de traumatismes
sportifs peu ou non traités, rien ne contre-indique le sport de loisir
chez les gonarthrosiques en dehors des poussées congestives.
Orthèses
Orthèses de genou
Genouillères
Élastiques, baleinées ou non, avec ou sans fenêtre rotulienne,
elles ont un effet de contention modeste, mais évitent les dis-
persions caloriques du genou. On peut penser, à l’image de la
ceinture de flanelle du lombalgique ou de l’écharpe du cervi-
calgique, que ce dernier effet permet au muscle de limiter la
production intrinsèque de chaleur en privilégiant l’énergie dépen-
sée pour le maintien de la posture et de l’activité. Exerçant de plus
un effet de traction cutanée, elles agissent comme un rappel pro-
prioceptif, sollicitant les récepteurs cutanés de Ruffini, qui sont Figure 36. Chaussure instable
considérés comme habituellement silencieux dans une position (d’après Bar-Ziv et al. [103] ).
moyenne de l’articulation.
On ne peut cependant pas se prononcer sur les avantages
comparés d’une genouillère apte à conserver la température cor-
porelle et d’une genouillère dépourvue de cette propriété. Les
deux, portées quatre semaines, offrent de similaires bénéfices en
termes d’antalgie. Tout au plus, les patients persuadés de porter
une genouillère « active » ont de meilleurs résultats que les patients
estimant faire partie du groupe contrôle lors de l’estimation de
leurs nouvelles capacités fonctionnelles [90] . Chaussures et orthèses plantaires
L’objectif des semelles orthopédiques serait la décharge du
Attelles d’immobilisation compartiment médial a minima, comme le fait chirurgicalement
l’ostéotomie de valgisation.
D’un bras de levier compatible avec une action mécanique sur
Il est classiquement convenu qu’une orthèse plantaire avec un
l’articulation fémorotibiale, elles ont pour but :
élément encourageant la pronation du pied à partir du calcanéus
• dans un plan frontal de décharger le compartiment atteint
ou du talus diminue l’écart varisant du genou : la valgisation du
en réalisant son bâillement par un appui sur le compartiment
pied entraîne une valgisation du genou [101] . Le soulagement du
opposé et deux contre-appuis sus- et sous-jacents ;
compartiment médial serait induit par une rotation latérale du
• dans un plan sagittal d’assurer la contention d’un genu recur-
pied provoquée par le coin calcanéen latéral et non par un déport
vatum lorsque les coques condyliennes sont inopérantes.
du centre de gravité dans un plan frontal [102] .
Il a pu être recommandé d’utiliser des semelles orthopédiques
Genouillères avec renfort médial pour une gonarthrose latérale, latéral pour
L’action positive de certaines contentions souples a pu être une gonarthrose médiale [27] . Les guides cliniques récents ne se
retrouvée sur l’équilibre et la douleur des gonarthrosiques [99] . prononcent pas en faveur de cette thérapie [1, 27] .
Elles restent à l’évidence d’un emploi peu fréquent et ne sont pas
recommandées [27] . Chaussures amortissant les chocs
Elles n’ont pas d’effets reconnus sur la fonction ou la marche [46] . Elles doivent être utilisées afin de réduire les chocs induits par la
marche [21] . Le confort doit être privilégié. Les chaussures doivent
Contention souple de hanche permettre un meilleur amortissement, en absorbant les chocs, pré-
venant la pronation du pied, maintenant les voûtes plantaires. La
Il a été proposé [100] de stabiliser la cuisse vers la rotation latérale
hauteur des talons doit être minimale et la chaussure suffisam-
et l’abduction à l’aide d’un Donjoy SERF strap® , de façon à éviter
ment large pour aménager un espace confortable aux orteils [1] .
les instabilités du genou dans le plan frontal et la surcharge du
compartiment médial (Fig. 35). Les patients munis de cette orthèse
auraient tendance à incliner plus le tronc sur le membre atteint, Aposthérapie
ce qui diminuerait transitoirement la surcharge du compartiment L’aposthérapie propose une nouvelle façon, peu orthodoxe, de
médial. Il n’y a pas de validation de cette pratique. traiter la gonarthrose à l’aide de chaussures instables (Fig. 36). Une
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26-296-A-10 Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée
étude contrôlée randomisée a analysé sur le long terme (2 ans) [14] Deyle GD, Allison SC, Matekel RL, Ryder MG, Stang JM, Gohdes
à l’aide de scores (Womac, SF-36, Knee Society Score) les effets DD, et al. Physical therapy treatment effectiveness for osteoarthritis
de ce traitement comparé à un traitement standard. Il semble of the knee: a randomized comparison of supervised clinical exercise
réduire les douleurs, améliorer la fonction et la qualité de vie des and manual therapy procedures versus a home exercise program. Phys
gonarthosiques [103] . Ther 2005;85:1301–17.
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est rebelle à tout traitement, et qu’elle s’accompagne de défi- tique internationale et synthèse (OASIS). Rev Rhum 2006;73:736–52.
[17] Van Baar ME, Dekker J, Oostendorp RA, Bijl D, Voorn TB, Bijlsma
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choix opératoire vient du patient lorsqu’aucune autre alternative knee: nine months’ follow-up. Ann Rheum Dis 2001;60:1123–30.
physique ne peut plus lui être offerte. Ceci est permis par les pro- [18] Rudolph K, Schmitt L, Lewek M. Age-related changes in strength, joint
grès réguliers de la chirurgie des arthroplasties de genou. Il y a laxity, and walking patterns: are they related to knee osteoarthritis?
encore peu d’années, ces dernières étaient réservées aux patients se Phys Ther 2007;87:1422–32.
limitant aux transferts à l’intérieur du domicile ; elles sont désor- [19] White DK, Neogi T, Zhang Y, Felson D, Lavalley M, Niu J, et al.
mais compatibles avec une activité professionnelle voire sportive The association of obesity with walking independent of knee pain: the
modérée. multicenter osteoarthritis study. J Obes 2012;2012:261974.
Il y aura toujours des patients refusant l’arthroplastie, leurs [20] Reijman M, Pols HA, Bergink A. Body mass index associated with
détériorations articulaires objectives n’étant pas nécessairement onset and progression of osteoarthritis of the knee but not the hip: The
corrélées avec le caractère subjectif de leurs souffrances ni de Rotterdam Study. Ann Rheum Dis 2007;66:158–62.
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charge globale de leur appareil musculosquelettique et de leurs Rev Rhum Mal Osteoartic 2000;67(Suppl. 3):130–7.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Estrade JL. Kinésithérapie de la gonarthrose fémorotibiale non opérée. EMC - Kinésithérapie-Médecine
physique-Réadaptation 2015;11(4):1-24 [Article 26-296-A-10].
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Mise en évidence d'un flessum du genou.
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Torsion tibiale excessive.
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Tibia long.
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Mesure de la longueur du membre inférieur au mètre-ruban.
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Goniométrie de la flexion du genou.
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Goniométrie de l'extension de la hanche.
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Test de la force du quadriceps en décubitus en flexion à 90°.
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Mesure de la force quadricipitale à l'aide d'un tensiomètre modifié.
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Massage transversal proximal des fléchisseurs de hanche.
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Massage tridigital de la patte d'oie.
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Application d'ultrasons sur le compartiment médial du genou.
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Posture en extension du genou à la sangle.
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Travail statique du quadriceps en extension.
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Travail en chaîne parallèle de rotation du genou favorisant la valgisation.
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Endurance des quadriceps (assis sans chaise).
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Examen du patient assis.
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Palpation du genou.
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Observations de la mobilité des membres inférieurs en décubitus.
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Ondes courtes pulsées et gonarthrose.
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Postures en flexion du genou et étirements du droit fémoral.
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Utilisation de courant excitomoteur.
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Auto-renforcement musculaire.
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Absence de mouvement de la patella en flexion fémorotibiale.
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Autopalpation du jeu des ménisques latéraux.
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Manœuvre de décompression rythmée du genou.
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