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Maxime Coutand
University of Nantes
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All content following this page was uploaded by Maxime Coutand on 08 August 2019.
Pays de la Loire.
Maxime COUTAND
Mémoire UE28
Semestre 8
Nous souhaitons tout d’abord adresser toute notre reconnaissance à notre directeur de mé-
moire, pour son accompagnement, sa disponibilité et ses conseils, qui ont contribué à alimen-
ter notre réflexion.
Nous tenons à remercier nos parents et nos proches pour leur encouragement lors de la réa-
lisation de ce travail, notamment pour la relecture et les corrections.
Nous voulons exprimer notre reconnaissance envers nos tuteurs de stages pour leur soutien
apporté tout au long de notre démarche.
Et enfin, nous désirons remercier nos amis ayant contribué à la conception de notre mémoire
par le partage d’informations scientifiques, les échanges de groupe et leurs relectures.
Résumé
INTRODUCTION : La course à pied est une pratique sportive avec un nombre croissant de
pratiquants du à sa facilité d’accès et la prise de conscience de l’intérêt de l’activité physique.
Cette augmentation du nombre de sportifs entraîne des pathologies. La fasciopathie plantaire
est la troisième pathologie la plus représentée chez le coureur à pied touchant près de 10%
de ces athlètes. Cependant, il n’existe pas de traitement spécifique à cette pathologie.
RESULTATS : 8 études correspondent aux critères d’inclusions et sont intégrées dans notre
revue sur une base de 802 articles. Tous ces essais sont de bonne qualité méthodologique sur
la grille PEDro. Trois essais contrôlés randomisés étudient l’efficacité des ondes de choc (ODC),
deux à propos du laser de basse intensité (LLLT), un sur le renforcement musculaire des
muscles du pied et de la hanche, un sur la mobilisation articulaire du pied et de la cheville et
un au sujet du dry needling électrique. Les résultats semblent montrer l’efficacité des
traitements combinés, ainsi que des ondes de choc face à un placebo.
Mots-clés :
- Course à pied
- Fasciopathie plantaire
- Rééducation
Abstract
OBJECTIVE : Our goal is to identify the different treatments that the physiotherapist can use
to propose the most optimal and technical rehabilitation for the runners with plantar
fasciopathy.
METHOD : We questioned three scientific health data base (PubMed, ScienceDirect, LiSSa).
We led a systematic review of the literature. The methodological evaluation was realized with
the PEDro scale.
RESULTS : We have a base of 802 trials, at the end 8 controlled randomized trial were
conserved to realize the review. All the trials had a great methodology. Three trials investigate
the effect of extracorporeal shockwave therapy (ESWT), two about the low level laser therapy
(LLLT), one about the joint mobilization of the foot and ankle, one about the streghtenting of
foot and hip muscles and one about electrical dry needling. The results show that a
combination of treatment is more effective than just a treatment alone.
Key Words :
- Plantar fasciopathy.
- Rehabilitation
- Running
Table des matières
I. Introduction........................................................................................................................ 1
II. Cadre conceptuel ............................................................................................................... 3
II.1 La course à pied ........................................................................................................... 3
II.2 Les biomécaniques de course ...................................................................................... 6
II.3 Biomécaniques de course et blessures ....................................................................... 7
II.4 Les chaussures de running ........................................................................................... 8
II.5 Et le reste du corps ? ................................................................................................... 9
II.6 Blessures et course à pied ........................................................................................... 9
II.7 La fasciopathie plantaire ........................................................................................... 10
III. Problématique et question de recherche ........................................................................ 16
IV. Matériel et méthodes....................................................................................................... 17
IV.1 Interrogation des bases de données ......................................................................... 17
IV.2 Critères d’inclusion et d’exclusion ............................................................................. 18
IV.3 Sélection des publications ......................................................................................... 18
V. Résultats ........................................................................................................................... 20
V.1 Analyse méthodologique ........................................................................................... 20
V.2 Résultats .................................................................................................................... 21
V.3 Synthèse des résultats ............................................................................................... 26
VI. Discussion ......................................................................................................................... 29
VI.1 Analyse des résultats ................................................................................................. 29
VI.2 Biais de la revue de littérature .................................................................................. 37
VI.3 Résultats de la revue et apport pour la profession ................................................... 38
VI.4 Notion de coût-efficacité des traitements ................................................................ 40
VI.5 Bénéfice/risque des traitements ............................................................................... 40
VI.6 Le coureur à pied et sa biomécanique ...................................................................... 40
VI.7 Les chaussures de running ......................................................................................... 42
VI.8 Prévention ................................................................................................................. 43
VI.9 Future pratique professionnelle ................................................................................ 44
VII. Conclusion ..................................................................................................................... 46
VIII. Références bibliographiques et autres sources ................................................................
IX. Annexes 1 à 5 .......................................................................................................................
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
I. Introduction
La course à pied ou running est une activité sportive qui se démocratise fortement. En effet,
sa facilité d’accès permet à un grand nombre d’individus de la pratiquer. Ce sport présente
une grande variabilité, que ce soit au niveau de la distance parcourue ou du terrain de course :
trail, marathon, 10km… La possibilité de changer d’environnement lors des différentes sorties
attire un large panel d’individus. Cependant, de par nos observations cliniques nous avons pu
remarquer que ce sport engendre un nombre important de pathologies notamment au niveau
des membres inférieurs. Pendant nos différents stages, nous avons pu constater que de
nombreux patients viennent consulter un professionnel de santé pour des blessures liées à la
course. Nous avons réalisé des recherches bibliographiques sur ces sujets et échangé avec des
spécialistes de cette activité. Certains éléments ont soulevé notre intérêt, notamment la
manière de courir. En effet, il existe plusieurs types de coureurs que nous pouvons caractériser
par leur biomécanique de course. Il n’existe donc pas une, mais plusieurs manières de courir.
A travers son article, Lieberman décrit l’évolution de l’Homme moderne (1). Auparavant
chasseur, cela lui imposait de se déplacer de manière rapide et endurante. Il le réalisait par la
course à pied qui représentait le moyen de locomotion le plus rapide. Les individus couraient
pieds nus et adoptaient une biomécanique de course particulière avec une attaque du pied au
sol à plat, ce qui est en opposition avec 80% des coureurs modernes qui attaquent talon. Dans
cet article, la pose physiologique du pied serait celle réalisée par nos ancêtres car lors de la
course pieds nus, le coureur moderne adopte ce schéma de course pour la majeure partie.
Par la suite, nous nous sommes intéressés aux pathologies liées à ce type d’activité. Elles sont
principalement situées aux membres inférieurs (tendinopathie, fracture de fatigue,
aponévrosite) et empêchent ces individus de pratiquer leur sport (2). A la suite de ces
recherches, un premier niveau de questionnement nous est apparu :
- Quel est l’impact de la biomécanique de course sur les blessures chez le coureur ?
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Il est important de noter qu’il n’est pas nécessaire de modifier sa manière de courir si aucune
pathologie n’est survenue, c’est pourquoi nous nous intéressons aux coureurs blessés dans un
objectif de prévention et de soins dans la pratique de la course à pied. Cela nous ramenant
aux compétences 2 et 3 du référentiel des masseurs-kinésithérapeutes (Annexe 1). Ainsi qu’à
la compétence 8 en nous appuyant sur les données probantes de la littérature pour justifier
nos propos à ce sujet (3).
Par la suite, en poursuivant nos observations cliniques, nous avons pu repérer un certain
nombre de croyances au sujet du déroulé du pas lors de la course par les patients, mais aussi
à propos de leur chaussure. Pour eux, il est nécessaire d’attaquer le pas par le talon et d’avoir
un amorti important au niveau du talon avec une semelle épaisse pour limiter l’impact au sol
lors du contact initial. Cependant la course à pied avec des chaussures minimalistes
favoriserait une pose du pied à plat et engendrerait une diminution des forces de réaction
venant du sol contrairement aux coureurs chaussés de chaussures dites classiques (4). Nous
en sommes arrivés à nous demander quelle biomécanique de course permettrait de diminuer
le nombre de blessures chez le coureur récréatif. Le choix de s’intéresser aux coureurs
amateurs vient du fait qu’une grande partie de cette population ne le pratique pas dans une
structure organisée mais plutôt de manière libre. Selon la fédération française d’athlétisme le
nombre de pratiquants serait de 19% soit 8.5 millions d’individus dont 77% courent seuls en
2013 contre 6 millions en 2000. En 2015, 16,5 millions de pratiquants soient près d’un quart
de la population ont choisi ce sport. Cependant, il est tout de même difficile de présenter un
chiffre exact de ces sportifs. Cela entraine une apparition conséquente de blessures. En effet
l’incidence d’une tendinopathie patellaire ou d’une fasciite plantaire est respectivement de
22,7% et 10% (5). De plus, une revue systématique met en évidence un taux de 27% de
blessures en un an pour les coureurs débutants et cette population se blesse deux fois plus
souvent que les coureurs expérimentés (6). Cette catégorie de sportifs est donc amenée à
consulter pour ce genre de pathologies. Il serait intéressant de comprendre comment prévenir
et traiter ces blessures pour diminuer la demande et améliorer les soins pour ces sujets.
L’objectif est d’améliorer le traitement de ces pathologies et de diminuer le temps d’arrêt des
coureurs.
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Nous nous intéressons particulièrement à la pose du pied lors du schéma de course car c’est
le premier élément entrant en contact avec le sol, cela nous amenant à nous concentrer plus
particulièrement aux atteintes du pied et notamment à la fasciite ou aponévrosite plantaire,
même si nous avons remarqué que ce n’est pas la blessure avec la plus forte incidence mais
elle représente cependant une part importante des pathologies du coureur.
- Y-a-t-il des points communs dans les biomécaniques et les postures des coureurs
développant des fasciites plantaires ? Pouvons-nous avoir une influence sur ceux-ci ?
Nous noterons que la majeure partie des blessures est liée au surentrainement et prédomine
au niveau des membres inférieurs. En effet, les trois plus courantes sont la tendinopathie
achilléenne, le syndrome fémoro-patellaire et la fasciite plantaire. Nous portons un intérêt
particulier sur la dernière pathologie de par sa fréquence d’apparition chez le sportif mais
aussi parce que ce tissu reçoit les premières contraintes mécaniques lors de cette activité. En
continuant nos recherches bibliographiques nous avons pu mettre en évidence des facteurs
de risque pouvant amener à cette blessure, cependant diverses techniques rééducatives
existent pour ces patients.
A l’aboutissement de cette démarche, nous nous sommes ainsi demandé quelles sont les
techniques de soins kinésithérapique prouvées scientifiquement et lesquelles devons-nous
préconiser pour la prise en charge de ces patients ?
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Cette activité nécessite une coordination de l’ensemble du corps entre les membres
inférieurs, le tronc, les membres supérieurs et la tête. La course se décompose en deux
temps : une phase d’appui et une aérienne.
La phase d’appui se décompose en trois, du premier contact du pied au sol jusqu’à ce que
celui-ci le quitte. Tout d’abord, la phase d’attaque ou d’amortissement, qui correspond à la
prise de contact du pied avec le sol, représente 10% du temps de ce contact. Il s’agit du
moment où le pied amortit les contraintes et supporte jusqu’à 3 fois le poids du corps. Ensuite
la phase d’appui qui correspond au passage du pas et représente 50% du temps de contact
avec le sol. Le pied nécessite à cet instant une stabilité maximale. Enfin, la phase de poussée
ou de propulsion dans laquelle une impulsion permet de quitter le sol. Celle-ci représente 40%
du temps de contact au sol (8). Au cours de la phase d’appui, le corps subit les forces de
réactions venant du sol. Cela se traduit par un pic d’impact passif lors du contact initial imposé
au corps et un pic d’impact actif lié à la contraction musculaire pour répondre à la force
d’impact reçue. Le pic d’impact passif est en revanche absent chez le coureur pied nu grâce à
la biomécanique adoptée (9). La phase aérienne correspond au moment où le coureur n’a plus
aucun contact avec le sol. Elle débute à la fin de la phase de propulsion lorsque le pied quitte
le sol et se termine au moment où le pied controlatéral prend contact avec le sol.
La course se définit par un cycle et deux foulées. Un cycle correspond à la pose successive du
même pied au sol, il est donc caractérisé par sa longueur et sa durée. Il peut être décomposé
en deux foulées symétriques : droite et gauche. La foulée correspond à la distance au sol entre
deux appuis successifs, elle est propre à chaque individu puisqu’elle varie en amplitude et en
fréquence, c’est-à-dire en longueur et en répétition selon la vitesse de course et la
morphologie des pratiquants (7).
Figure 1 : A: Kinogramme d'un cycle de course B: Kinogramme des foulées Lacouture et al.
Les kinogrammes (Figure 1) permettent de rendre compte des attitudes du coureur en fonction
de la position des membres et du moment du cycle. Cela nous permet d’observer la gestuelle
de chaque coureur sur l’ensemble de son corps en observant les cycles et les oscillations.
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La poulaine (Figure 2) met en évidence le type de cycle adopté qui peut être antérieur ou
postérieur (7). Nous observons à la partie inférieure une poulaine permettant de décrire le
cycle de course. A la partie supérieure gauche est décrit un cycle antérieur et un postérieur à
la partie supérieure droite.
Tout d’abord, le cycle antérieur : l’attaque du pied au sol se fait par l’avant-pied. Le
mouvement du pied se fait de l’avant vers l’arrière : nous parlons alors de griffé. Le bassin se
positionne en rétroversion permettant un alignement vertical du corps. Lors de la phase
oscillante, le genou se retrouve dans une position antérieure et plus haute en comparaison à
l’autre cycle et le pied est principalement en avant du bassin.
Le cycle postérieur se retrouve plutôt chez le coureur attaquant par le talon avec une position
du bassin antéversé. Le tronc est donc incliné vers l’avant et le pied est dans la majeure partie
de son cycle postériorisé par rapport au bassin (10).
Ces deux styles de course se démarquent par la pose du pied au sol et n’ont donc pas la même
répercussion au niveau de la transmission des forces sur le corps du coureur.
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Ces différentes manières de courir entraînent une modification des forces de réactions du sol
imposées au corps :
- Attaque du pas par le talon ou « rear-foot strike » (RFS) qui correspond au schéma de
course de 75% des coureurs notamment ceux courant avec des chaussures dites
classiques (9). Le pied prend contact avec le sol par le calcanéus. Cette biomécanique
entraine un impact au sol important qui multiplie par 1,5 à 3 fois le poids du corps (1).
La force de réaction du sol se transmet principalement en direction du genou et du
rachis.
- Attaque pied à plat ou « midfoot strike » (MFS), le pied se pose conjointement avec un
contact des métatarses et du calcanéus correspondant à 24% des coureurs sollicitant
plus particulièrement les structures du pied et postérieures de la jambe (9).
Les deux dernières mécaniques de course se retrouvent principalement chez les sprinteurs,
les coureurs pieds nus et les sportifs adeptes du minimalisme. La façon de courir varie en
fonction de nombreux facteurs comme la vitesse, le terrain, les chaussures et la fatigue. La
manière de poser le pied influe sur la cinématique de tout le membre inférieur. Le contact
initial avec le sol produit une force de réaction du sol qui est transmise à l’ensemble du corps.
Les coureurs dits « talon » génèrent une force rapide avec un pic d’impact important. Les
coureurs dits « avant-pied » créent eux aussi cette force de réaction mais le pic est moins
marqué (Figure 3) (11). La réduction de ce pic de force s’explique par la pose du pied plus
proche du centre de masse, entrainant une diminution des forces transmises aux articulations
sus-jacentes (9).
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Figure 3 : Force de réaction du sol en fonction de la pose du pied lors de la course. Davis et al. (12)
La pose du pied par le talon amène ainsi une plus grande force de réaction du sol et donc une
plus grande force transmise aux autres articulations pouvant être un facteur de risque de
certaines pathologies comme les fractures de stress (11).
Il est aussi possible de différencier 3 types de coureurs en fonction de la position de leur pied
lors de la phase d’appui. Tout d’abord, les coureurs pronateur, c’est-à-dire lorsque la voute
plantaire s’écrase médialement au moment de l’appui provoquant un valgus d’arrière pied
dynamique. Ensuite, il existe les coureurs supinateurs caractérisés par l’aplatissement de la
partie externe du pied, créant un varus d’arrière pied dynamique. Et enfin, il y a les coureurs
en position neutre lors de la phase d’appui (7).
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Ces dernières années, un nouveau type de chaussures voit le jour : les chaussures
minimalistes. Elles ont pour but de reproduire les conditions de course pieds nus en diminuant
les lésions cutanées via sa semelle : nous parlons alors de la course minimaliste. Elles ont été
décrites lors d’un consensus de 42 experts dans le domaine comme « une chaussure
interférant minimalement avec les mouvements naturels du pied, de par sa grande flexibilité
longitudinale et torsionnelle, son faible dénivelé ou drop, son faible poids, sa faible épaisseur
au talon et l’absence de technologies de stabilité et de contrôle du mouvement. La chaussure
se classe par un indice minimaliste s’appuyant sur l’épaisseur de la semelle, le drop, la
flexibilité, le poids et les technologies stabilisatrices » (17) (Annexe 2). Ces chaussures
s’opposent aux chaussures maximalistes portées par la majorité des coureurs et
majoritairement représentées dans les enseignes sportives (Annexe 3). Ces chaussures
présentent une épaisseur importante au niveau du talon permettant d’amortir les contraintes
et certains éléments permettant le contrôle du mouvement (anti-pronateur ou supinateur).
Cependant, le fait d’avoir un talon épais pour amortir les contraintes n’est pas vérifié. Au
contraire, le fait de courir avec ces chaussures augmente l’impact au sol lors du contact initial
(18,19). Ainsi, nous pouvons observer une différence de biomécanique de course en fonction
du chaussage. En effet, les coureurs portant des chaussures dites classiques ou maximalistes
utiliseraient davantage une attaque talon qui provoque une augmentation des contraintes
provenant du sol alors que les minimalistes favorisent une attaque médio-pied ou avant-pied
(20). La chaussure aurait donc un impact sur notre façon de courir mais ne diminue pas
l’apparition des blessures (21).
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En effet, l’utilisation des membres supérieurs joue un rôle prépondérant. Elle permet de
diminuer le coût énergétique de cette activité en réduisant les variations latérales du centre
de pression (22). L’activité des bras permet de réduire de 4% l’énergie nécessaire à la course
comparée à une course sans les membres supérieurs (23). Ils jouent aussi un rôle majeur dans
le maintien de l’équilibre. En effet, lors de la course la largeur du pas est proche de 0, ils
permettent ainsi de diminuer l’instabilité créée par ce faible polygone de sustentation (23).
Le bassin et le rachis ont aussi un rôle dans cette activité par l’utilisation d’un mécanisme anti-
phase dans le plan sagittal et frontal entre ces deux structures, notamment au niveau de la
jonction lombo-pelvienne. Le mouvement du tronc serait passif et répondrait à celui du pelvis.
Cela a pour objectif de minimiser les variations antéro-postérieures et latéro-médiales du
centre de pression (24).
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Dans une étude de plus de 3500 coureurs Lopes et al. (5) mettent en évidence l’incidence des
pathologies du coureur : le syndrome du stress médial du tibia (13,6-20%), la tendinopathie
achilléenne (9,1-10,9%) et la fasciite plantaire (4,5-10%). Remarquons que ces pathologies
varient en fonction de la distance parcourue, par exemple chez les marathoniens les plus
fréquentes sont la tendinopathie du tendon d’Achille et le syndrome fémoropatellaire. Dans
notre revue, nous nous intéressons aux distances plus courtes que celle du marathon. Nous
porterons un intérêt particulier pour la fasciite plantaire ou aponévrosite plantaire de par sa
fréquence d’apparition et sa localisation dans le corps humain.
L’innervation du fascia plantaire est riche. Au niveau des groupes musculaires voisins nous
trouvons la présence de corpuscules de Pacini et de Ruffini lui conférant un rôle proprioceptif
majeur ainsi que dans la stabilité et le contrôle du pied en mouvement (26). Cela se réalise
principalement par l’insertion des muscles intrinsèques environnants, montrant le lien entre
ces différentes structures.
II.7.3 Physiopathologie
La fasciite plantaire touche plus particulièrement les individus de 45 à 65 ans et concerne une
population plutôt féminine qui dans un tiers des cas est bilatérale (30). Nous parlerons de
fasciopathie d’insertion ou du corps de l’aponévrose en fonction de la localisation de la
douleur.
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Cela entraine une diminution de la capacité du corps à absorber et disperser les forces reçues
pendant l’effort. Cette pathologie aigüe et chronique se distingue uniquement par la durée
des symptômes mais les plaintes du patient restent similaires.
Cette pathologie présente le temps de récupération le plus long sur les 10 principales
blessures du coureur à pied avec une médiane de 5 mois (36).
II.7.4 Diagnostic
Le diagnostic de cette pathologie est clinique. Il se réalise principalement au travers de
l’histoire de la maladie et nécessite peu de tests. Au cours de l’anamnèse, le patient décrit une
douleur aigüe au niveau de la plante du pied et plus précisément à la partie proximo-médial
du fascia, notamment, le matin au lever du lit, après une pause, en fin de journée ou lors des
sports à impacts. La douleur est exacerbée à la reprise de la marche suite à une position
debout prolongée, ce qui s’explique par l’étirement du fascia soudain après une période de
repos (31).
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Ensuite, au niveau de la mobilité de cheville, la flexion dorsale est souvent réduite liée à la
rétraction des muscles gastrocnémiens et du soléaire. Le diagnostic peut être renforcé par la
radiographie, examen peu spécifique mais pouvant permettre d’identifier d’autres
pathologies.
Une échographie est peu coûteuse et permet d’identifier et de confirmer le diagnostic d’une
fasciopathie plantaire en mettant en évidence un épaississement du tissu de plus de 4mm
ainsi qu’une zone hypoéchogène (31).
L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) peut être utilisée pour des douleurs atypiques
ou lorsqu’un traitement conservateur échoue pour orienter le diagnostic et le traitement. Il
faut noter que la présence d’une épine calcanéenne n’est pas corrélée à une fasciopathie
plantaire (31,35).
Tout d’abord les facteurs intrinsèques tels que l’anatomie du patient comme les pieds plats
ou creux ou encore le surpoids qui multiplie par 1,4 le risque de développer cette pathologie
en augmentant les contraintes sur le fascia plantaire (39). Les dysfonctionnements
mécaniques comme la rétraction des gastrocnémiens et du solaire sont un risque majeur pour
cette pathologie puisque cela limite la dorsiflexion de cheville augmentant les contraintes sur
l’aponévrose (32). L’avancée en âge favorise l’apparition de la pathologie par la diminution de
l’élasticité des tissus qui réduit l’absorption des contraintes notamment par la rigidité du
fascia. Tout comme l’atrophie des muscles intrinsèque du pied. Si la musculature interne du
pied est trop faible, celle-ci ne peut participer à l’absorption des contraintes lors de la course
à pied entrainant une sollicitation plus importante du tissu (32,40). Nous retrouvons chez ces
patients une faiblesse de ces muscles (41). Enfin, il y a une corrélation positive entre la position
statique de l’arrière pied et l’augmentation de la mise en charge au niveau du talon lors de la
course. En effet, un pied en position statique présentant un valgus d’arrière pied serait
davantage sujet à développer cette mise en charge.
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C’est l’un des facteurs de développement les plus importants de la fasciopathie puisqu’il est
prédictif d’une mise en charge plus importante de l’arrière pied et donc d’une sollicitation plus
intense (42). Un patient avec un pied creux est aussi à risque car cela induit un
raccourcissement du fascia et provoque une augmentation des contraintes appliquées sur
celui-ci au niveau distal lors de la course. En effet, une arche interne élevée prédit une mise
en charge plus importante sur l’avant du pied lors du running notamment lors de la phase de
propulsion provoquant une tension plus importante au niveau des têtes métatarsiennes (42).
Ensuite, nous avons les facteurs de risque extrinsèques comme la surcharge, l’intensité et la
fréquence d’entraînement représentant des facteurs prépondérants par répétition des
microtraumatismes. Nous parlons ici de la mauvaise gestion de la charge appliquée au fascia
ou encore de la quantification du stress mécanique trop importante (Annexe 4), c’est-à-dire la
quantité de sollicitation imposée aux tissus de manière trop rapide et trop intense. La
chaussure fait partie de ces facteurs puisqu’elle peut modifier la manière de courir et donc
modifier la transmission des forces au corps (35).
Cela peut aussi être d’origine neurologique, plus particulièrement provenant d’un syndrome
canalaire au niveau des nerfs plantaires médial et latéral, d’une douleur radiculaire ou
projetée d’origine lombaires, ou encore le syndrome du tunnel tarsien (43).
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II.7.7 Traitement
Le traitement de cette pathologie permet une guérison en général entre 6 et 18 mois (44).
Cependant un nombre conséquent de techniques rééducatives existent, nous parlons ici de
traitement conservateur. En effet, le repos, la modification de la chaussure, les étirements
musculaires, les orthèses, la cryothérapie, le massage et le renforcement musculaire des
muscles intrinsèques du pied sont décrits dans la littérature et non développés dans cet écrit
(32,34,45). D’autres techniques comme les ultrasons, les ondes de choc ou le laser sont aussi
pratiquées et décrites ci-dessous.
Tout d’abord, les ondes de choc ont pour but d’atteindre un tissu endommagé en provoquant
des microtraumatismes. Nous distinguons les ondes de choc focales permettant d’atteindre
des zones en profondeur à 10-11cm et les radiales utilisées par le kinésithérapeute atteignant
3 à 4cm de profondeur. Cette atteinte du tissu stimule la cicatrisation en favorisant l’apport
nutritif par un afflux sanguin augmenté sur la zone lésée par la création de néolésions. Elles
permettraient une action défibrosante du tissu ainsi qu’une hypervascularistion liée aux
successions de pressions et dépressions. Plusieurs éléments sont à ajuster, la fréquence des
impulsions qui se traduit en Hertz et l’intensité en Bar. (39,46)
Ensuite la thérapie par laser de basse intensité (LLLT) correspond en une lumière visible ou
invisible qui est appliquée à la surface de la zone à traiter. Cela a pour but de stimuler le
système mitochondrial dans le tissu cellulaire (47). En effet, cela produirait une augmentation
de la prolifération cellulaire, la néoformation vasculaire et la production de collagène (48).
Cela apporte une hypervascularisation avec un apport de nutriments à travers la
vasodilatation et l’augmentation du flux lymphatique (49). Le laser permettrait ainsi une
action antalgique par libération d’endorphine, une action sur le « gate control » et aussi anti-
inflammatoire (47).
Les ultrasons sont des vibrations mécaniques. Ils permettraient une augmentation de la
température locale, un accroissement de l’extensibilité du collagène, un effet antalgique ainsi
que métabolique (50). Cela permet ainsi une modification des propriétés mécaniques du tissu
conjonctif notamment la propriété thermique qui provoquerait un accroissement de
l’extensibilité du collagène (51). Il sera nécessaire de régler plusieurs paramètres comme la
puissance, la durée et la fréquence en les associant à des mobilisations passives. L’application
peut être continue ou pulsée.
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Enfin, le dry needling est une technique de soins invasive que peut réaliser le kinésithérapeute
depuis 2017 (52). Cette thérapie consiste en l’application d’une aiguille sèche à travers la peau
et le muscle pour l’insérer dans un trigger point surstimulé afin d’apporter un stimulus
mécanique et d’inhiber ce point. Ces aiguilles auraient des propriétés antalgiques. Cependant
son efficacité n’est pas clairement établie. (53)
Une revue de la Cochrane de 2003 au sujet des interventions pour traiter les douleurs
talonnières constate qu’il n’y a pas de preuves mettant en avant l’efficacité des ultrasons ou
du laser, et mets en évidence des résultats divergents au sujet des ondes de choc (54). De plus,
nous n’avons pas d’études mettant en évidence l’efficacité des ultrasons face à un placebo,
nous ne pouvons donc pas conclure sur son efficacité (51).
Pour conclure, plusieurs techniques de soins sont utilisées mais il est difficile de suggérer des
directives. A ce jour dans la littérature, les traitements kinésithérapiques de cette pathologie
ne sont pas clairement établis (32). L’objectif de ces techniques est la réduction de la douleur
pour une amélioration de la fonction, mais nous nous interrogeons sur lesquelles appliquées ?
Les critères PICO (Tableau I) nous permettent d’interroger les bases de données scientifiques
de manière précise en définissant les mots-clés de notre question de recherche (55).
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Nous avons exclu les bases de données de la HAS et de la Cochrane qui contiennent
essentiellement des revues de littératures, or dans notre cas nous n’effectuons pas une méta-
analyse. Kinedoc n’a pas été retenu car nous y retrouvons essentiellement de la littérature
grise. Dans le Tableau II suivant sont exposées les équations de recherches et les bases de
données documentaires utilisées. Toutes les recherches ont été effectuées le 14 décembre
2018.
Total = 802
A la suite de ces recherches, nous présentons un total de 802 articles qui sont exportés sur le
logiciel Zotero® permettant le tri des articles en fonction de nos critères.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Nous ne conserverons que les articles témoignant d’une bonne qualité méthodologique sur
l’échelle PEDro, c’est-à-dire avec un score supérieur ou égal à 6/10.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Il nous reste alors 25 articles à lire intégralement avant de potentiellement les inclure pour la
suite de notre revue. A la suite de la lecture complète des articles, nous avons exclu tout
d’abord un document car nous n’avons pas eu accès à celui-ci. Puis, deux textes ont été retirés
car ils ne présentent pas de groupe de comparaison, ne permettant pas d’évaluer l’action du
traitement. Enfin, 9 documents ont été évincés car ils ne présentaient pas de groupe contrôle
ne permettant pas d’évaluer la technique thérapeutique étudiée.
Le diagramme de flux PRISMA (Figure 5) suivant décrit le processus de sélection des études,
de l’extraction de tous les articles à partir des bases de données jusqu’à l’inclusion des études
dans la revue de littérature. Ainsi, au commencement du tri des articles, nous avions une base
de données de 802 essais, pour finalement en inclure 8 et par la suite les analyser.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
V. Résultats
Critères
D’analyses
1- Critères ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
d’éligibilité
2- Groupe ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
aléatoire
3- Assignation ✔ ✔ ✔ - ✔ ✔ ✔ - ✔ ✔ - - ✔
en aveugle
4- Groupe ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ - ✔ ✔ ✔
similaire
5- Sujets en - ✔ - - - - - - ✔ ✔ - - -
aveugle
6- Thérapeutes - ✔ - - - - - - - ✔ - - -
en aveugle
7- Examinateurs - - - - - ✔ ✔ - ✔ - - ✔ ✔
en aveugle
8- Mesure chez - ✔ - ✔ ✔ - ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
85% des
sujets.
9- Intention de - ✔ ✔ - - ✔ ✔ - ✔ ✔ - ✔ ✔
traiter
10- Résultats ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
intergroupe
11- Ampleur de ✔ ✔ ✔ ✔ - ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
l’effet et
dispersion.
TOTAL /10 5 9 6 5 5 7 8 5 9 8 5 7 8
✔ : Critère présent ; - : Critère Absent
Ci-dessus (Tableau III) est présentée l’analyse méthodologique des 13 articles sélectionnés
réalisée à partir de l’échelle PEDro (68). Aucune de ces études n’obtient la note de 10/10,
cependant deux reçoivent une note de 9/10 (57,63), 3 de 8/10 (61,64,67) et 2 de 7/10 (40,66).
Le reste des études ont des notes inférieures ou égales à 6/10 (56,58–60,62,65). Nous
décidons alors de conserver uniquement les études ayant une méthodologie de haute qualité,
c’est-à-dire qui correspond à une note supérieure ou égale à 6/10 (69), cela nous permettant
d’analyser les résultats sur 8 essais contrôlées randomisées (ECR).
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Ainsi, 5 études obtiennent la note de 5/10 et ont été exclues de cette revue de littérature. La
moyenne méthodologique des études incluses est de 7,75/10, donc de bonne qualité.
V.2 Résultats
Parmi les 8 études retenues, plusieurs techniques ont été évoquées : les ondes de choc, les
ultrasons, le laser, les étirements, le renforcement musculaire, la mobilisation articulaire et
les aiguilles sèches électriques.
Ensuite, l’étude d’Ibrahim et al. (63) s’intéresse aux résultats à long terme des ODC. Sur une
durée de 2 ans et une population de 50 patients ils comparent les ODC à un placebo. Deux
groupes sont créés. L’un reçoit deux sessions d’ondes de choc par semaine de 2000 coups à
3,5 Bar et 8Hz. Le groupe placebo reçoit le même traitement avec de fausses impulsions.
L’évaluation de la douleur et de la qualité de vie se fait à 1, 3, 6, 12 et 24 mois. La douleur est
évaluée par l’échelle visuelle analogique (EVA) et la qualité de vie est évaluée par le score
modifié RM. L’étude met en évidence une différence significative sur la diminution de la
douleur à 1, 3, 6, 12 et 24 mois en faveur des ondes de choc en comparaison au placebo.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Akinoglu et ses collaborateurs se sont intéressés à la différence entre les ondes de choc et les
ultrasons dans le traitement de la fasciopathie plantaire (58). L’étude se porte sur 54 patients
divisés en 3 groupes aléatoirement. Le premier reçoit une série d’exercices d’étirements des
gastrocnémiens, du soléaire, du fascia plantaire et du tendon tricipital à réaliser sur 4
semaines 10x30 secondes matin et soir. Le second groupe réalise les mêmes exercices et
bénéficie en supplément d’ondes de choc sur les douleurs repérées à la palpation. Ils reçoivent
500 chocs à 3Hz puis 1500 à 8Hz sur 3 sessions à raison d’une par semaine. Enfin le dernier
groupe réalise aussi les exercices avec des séances d’ultrasons à 3MHz de 1W/cm² sur
l’ensemble du fascia deux fois par semaines avec un total de 7 sessions. Dans cette étude, ils
s’intéressent à la douleur du patient et à l’impact fonctionnel via le FFI. La douleur est aussi
évaluée par l’EVA. La fonction du pied est mesurée par le score de l’American Orthopedic Foot
and Ankle Association (AOFAS). Les auteurs s’intéressent aussi à l’équilibre statique par un
test debout unipodal et à l’équilibre dynamique via le reach test. Ensuite, l’évaluation de la
proprioception de cheville est faite par la mesure de la flexion plantaire passive de cheville
avec l’outil Biodex III isokinetic. Toutes ces évaluations sont réalisées avant et après le
traitement. Les dernières évaluations se font une semaine après le dernier traitement pour le
groupe ODC, 3 jours après pour le groupe ultrasons et 4 semaines après le début des exercices
pour le dernier groupe. Cette étude montre une amélioration pour les 3 groupes au niveau du
FFI mais de manière plus marquée pour le groupe ultrasons. Le score AOFAS diminue pour
tous les groupes mais de manière moins importante pour le groupe exercice. Une amélioration
est présente au niveau de l’équilibre statique et dynamique mais sans différence significative
entre les groupes. L’étude conclut qu’il est nécessaire de combiner les traitements pour ce
type de pathologie et ne pas se contenter uniquement d’exercices d’étirements.
V.2.2 Le laser
Les études suivantes se sont intéressées à la thérapie par laser de basse intensité (LLLT). Cinar
et al. en 2018 (48) s’intéressent à la prise en charge de la fasciopathie plantaire par le laser.
Pour cela, ils ont suivi pendant 3 semaines 49 patients divisés en deux, un groupe laser et un
groupe contrôle. Tous les participants reçoivent une semelle orthopédique pour 3 mois ainsi
que des exercices à réaliser à domicile pour 3 semaines qui consistent en 10 étirements de 30
secondes des gastrocnémiens et du fascia plantaire à réaliser trois fois par jour.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Le groupe bénéficiant du laser (n=27) le reçoit trois fois par semaine pour un total de 10
sessions sur les 5 zones les plus sensibles du fascia pendant 80 secondes à 5,6 joules soit 400
secondes et 28 joules par session. Les principales mesures de cette étude se réalisent sur la
fonction du pied par l’AOFAS score et la douleur avec l’échelle visuelle analogique à 3
semaines puis à 3 mois. Au début de l’étude, chaque patient reçoit une évaluation de son
arche longitudinale médiale par la ligne de Feiss permettant d’identifier la position du
naviculaire par rapport à une ligne tracée entre la malléole médiale du tibia jusqu’à
l’articulation métatarsophalangienne de l’hallux. L’indice de masse corporelle est aussi pris en
compte. L’étude montre que le score AOFAS s’améliore pour les deux groupes au bout de 3
semaines. En revanche, à 3 mois il y a une amélioration significative de ce score uniquement
pour le groupe laser. L’augmentation de la distance de marche est significative pour le groupe
laser à 3 semaines et 3 mois, cela n’était pas le cas pour le groupe contrôle. Il y a donc une
diminution de la douleur pour les deux groupes mais des résultats plus importants à 3 mois
pour le groupe laser.
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A 3 mois, le groupe laser présente une douleur moins importante que les autres (p>0,05). La
combinaison de techniques permettrait d’améliorer les symptômes plus rapidement et plus
particulièrement dans cette étude avec le laser associé aux étirements.
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Cette étude s’intéresse à l’effet de ces techniques sur la dorsiflexion de cheville et sur
l’intensité de la douleur via l’échelle numérique de la douleur (NPRS) pour les premiers pas le
matin. La fonction du pied est évaluée par l’échelle de la fonction du membre inférieur (LEFS).
Enfin, l’algométrie, c’est-à-dire la pression nécessaire pour déclencher la douleur à la
palpation au travers d’un manomètre, est mesurée.
Ces évaluations sont réalisées avant, au bout de 4 sessions, à la fin et 6 semaines après le
traitement. Les résultats de l’étude nous indiquent une amélioration pour les 2 groupes au
niveau de la douleur, de la fonction et de l’algométrie. Il n’y a pas de différence significative
entre ces groupes, ce qui ne permet pas de conclure que les mobilisations articulaires sont
bénéfiques par rapport à un traitement conventionnel.
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Caractéristiques
Nombre de Femme Homme Age Indice de
Etudes
sujets (n=) ♀ ♂ moyen en masse
années corporelle
moyen
Rompe et al. n = 152 81 71 51,6 28,65
L’ensemble des caractéristiques des sujets inclus dans cette revue de la littérature est
synthétisé dans le Tableau IV. Le nombre total de patients se porte à 615 avec un écart variant
de 49 sujets à 152 selon les auteurs. En ce qui concerne le sexe des sujets, nous pouvons
observer l’absence de parité avec une prédominance féminine à 67% dont une étude
comportant uniquement des sujets féminins (58). La moyenne d’âge des sujets est homogène
variant de 40,9 ans à 52,9 pour une moyenne de 47,7 entre ces études. Enfin, l’indice de masse
corporelle (IMC) dont les normes sont fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (70) nous
indique que la majeure partie des patients sont en surpoids (>25) lorsqu’il est spécifié dans
l’étude.
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VI. Discussion
Ensuite, Rompe (66) met en avant que l’utilisation seule des ODC est moins efficace que son
utilisation associée à un programme d’étirements. Cependant, cette étude nous montre une
amélioration de la douleur malgré la seule utilisation de cet outil, nous permettant de
constater tout de même des progrès. La combinaison de ces traitements nous permet
d’accélérer la diminution de la douleur mais l’efficacité sur le long terme reste identique.
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Ces deux articles nous permettent de faire un premier constat : les ondes de choc sont
efficaces dans la prise en charge de patients atteints de fasciopathie plantaire, mais le
traitement l’est d’autant plus s’il est combiné à d’autres méthodes, ici les étirements.
Enfin Akinoglu et al. (58) nous montrent dans leur étude une amélioration du Foot Function
Index pour les trois groupes mettant en avant une efficacité de ces trois traitements mais avec
une amélioration plus importante pour les ultrasons. Cette étude met en évidence que les US
seraient la technique de soins la plus adéquate pour diminuer les douleurs sur le court terme.
Nous constatons que les 2 groupes associant plusieurs techniques de soins progressent plus
rapidement que le groupe contrôle disposant uniquement d’exercices.
Au sujet des ODC, elles seraient efficaces dans l’évolution de la douleur et de la qualité de vie
du patient notamment lorsqu’elles sont associées à des étirements. Cependant, les ultrasons
seraient à privilégier selon l’étude d’Akinoglu.
VI.1.2 Le laser
La première étude de Cinar et al. (48) nous permet d’établir l’efficacité du laser associé aux
étirements en comparaison aux étirements seuls sur la douleur, mais aussi sur la fonction du
pied. Cela met encore en avant l’avantage de la combinaison de plusieurs traitements mais ne
nous permet pas de juger de l’efficacité seule du laser sur cette pathologie. Nous pouvons
uniquement conclure que les étirements associés au laser est un traitement plus efficace sur
les symptômes du patient que les étirements sur une durée de 3 mois.
Il semblerait que le laser soit plus efficace. Il faut tout de même noter que ces trois traitements
ont permis une évolution positive pour ces sujets.
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Au sujet des ODC, dans l’étude de Rompe nous constatons une évolution positive pour les
deux groupes à chaque échéance. En revanche, la différence intergroupe est de 7,1 points sur
le FFI en faveur des ondes de choc.
Il en est de même pour l’essai d’Ibrahim et al. qui met en évidence une diminution des
douleurs pour les deux groupes aux 3 évaluations. La différence intergroupe moyenne est de
4,8 points sur l’EVA en faveur des ODC face au placebo montrant une nette différence au
niveau de l’amélioration de ce critère.
Enfin, l’étude d’Akinoglu nous montre une évolution de 21,99 points sur le FFI et de 22,51 sur
l’AOFAS en faveur des ODC en comparaison au groupe contrôle montrant l’évolution en faveur
des ODC. En revanche, la différence intergroupe prend parti pour les US en comparaison aux
ODC sur cet essai. Il faut noter que nous avons là aussi une amélioration pour les trois groupes
étudiés.
Pour le laser, dans la première étude de Cinar (64), nous voyons une différence intergroupe
de 3,56 pour l’AOFAS et de 2,59 pour l’EVA en faveur du groupe intervention, même si nous
avons une amélioration aussi pour les 2 groupes en comparant l’état pré et post traitement.
Pour la seconde étude de Cinar (57) la différence intergroupe entre les ODC et le laser montre
que le laser permet une évolution plus efficace de 6,2 pour le FFI-p et de 2,2 pour le NPRS.
Nous retrouvons la même différence entre le laser et le groupe contrôle avec un changement
de 6,2 points sur le FFI-p et de 1,7 pour le NPRS. De plus, la différence intergroupe entre les
ODC et le groupe contrôle nous montre une progression similaire. Cela est en contradiction
avec les études de Rompe, Ibrahim et Akinoglu. Les trois groupes présentent une amélioration
de leurs symptômes et de la fonction.
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Enfin, pour le dry needling électrique de Dunning, nous observons une différence intergroupe
de 9,9 sur le FFI en faveur du groupe utilisant cette technique de rééducation. Les 2 groupes
présentent des améliorations là aussi, mais de façon plus importante pour le groupe
intervention.
L’état initial des patients entre les différents groupes est homogène dans chaque étude
permettant d’évaluer le réel impact clinique. En effet, si un groupe présente des
caractéristiques plus critiques, nous aurons plus de chance de voir une amélioration plus
importante, d’où la nécessité d’avoir des groupes homogènes.
La taille de l’effet est notamment représentée par les différences intergroupes que nous avons
traduites en pourcentage dans le Tableau VII. En effet, nous pouvons observer une efficacité
intéressante pour la clinique au sujet de plusieurs études. Tout d’abord, l’étude d’Ibrahim
nous montrant une différence de l’amélioration de 74,5% au niveau de la douleur à trois mois
pour le groupe ODC face à un placebo. Cela montre l’intérêt d’utiliser les ODC notamment sur
les premiers mois pour la clinique. Cette différence est aussi présente à 1 et 2 ans avec
respectivement 47,8% et 43,7% d’écart. De plus, Akinoglu nous montre aussi une différence
importante en faveur du groupe ODC face au groupe contrôle de 66,6%. Cependant,
l’efficacité du groupe ODC n’est pas aussi probante dans l’étude de Cinar.
Ensuite, le groupe laser montre son efficacité clinique dans l’étude de Cinar et al. (64) avec
une différence de 44,6% dans l’amélioration de l’EVA par rapport au groupe contrôle.
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Dans la seconde étude de Cinar (57), le groupe laser montre une amélioration plus importante
au niveau du FFI-p de 16,2% face au groupe contrôle et ODC. Ce résultat est retrouvé pour le
NPRS avec une différence de 33,8% avec les ODC et de 27,2% avec le groupe laser.
Enfin le dry needling électrique montre une différence de 24,3% en faveur du groupe utilisant
cette technique pour le FFI.
Cependant, pour permettre une interprétation clinique de ces différences nous devons nous
référer au changement minimal détectable.
Concernant le FFI, le CMD de cette échelle est de -6,5 points (73). Nous pouvons ainsi conclure
que pour toutes les études utilisant cet index, nous observons une modification cliniquement
visible des symptômes pour tous les traitements en comparant les valeurs pré et post
traitement. Cependant dans les différences intergroupes nous concluons une efficacité
cliniquement visible pour les groupes ODC, US, laser et dry needling face aux groupes
contrôles.
En revanche, pour l’étude de Cinar et al. comparant le laser et les ODC, le CMD du FFI-p est de
-12,3 (73). Or les différences intergroupes sont inférieures à cette valeur cela ne permettant
pas d’observer une différence détectable entre ces traitements.
Ensuite, pour les études utilisant l’échelle visuelle analogue (EVA) le changement minimal
détectable est de -9,1mm soit 0,9 points (73). Cela nous permet de conclure sur l’efficacité
des ODC sur le placebo. En effet, les deux groupes présentent une amélioration post
traitement mais le groupe ODC présente une amélioration cliniquement plus importante
(6,48, 4,16, 3,8). Nous présentons la même conclusion avec l’étude de Cinar en faveur du
groupe laser face au contrôle (2,59). En revanche, concernant le renforcement musculaire, les
différences intergroupes sont inférieures au CMD ne permettant pas d’établir de différence
clinique entre ces groupes.
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Pour l’AOFAS, le CMD est de 13,3 points. Cela met en évidence dans l’étude de Cinar et al. que
nous n’avons pas de différence cliniquement visible sur cette échelle entre le groupe laser et
contrôle. Pour l’étude d’Akinoglu, l’amélioration post traitement est cliniquement visible.
En outre, pour les différences intergroupes, nous concluons que le groupe ODC face au groupe
contrôle présente une modification visible mais nous ne pouvons pas réaliser la même
conclusion avec les autres groupes.
Enfin, pour l’échelle LEFS, le CMD est de 9 points (75). Ainsi, nous concluons de l’étude de
Shashua au sujet de cette échelle qu’un changement est cliniquement visible pour les deux
groupes après le traitement, mais sans différences cliniques entre ces deux groupes.
Grâce au changement minimal détectable, nous pouvons évaluer l’efficacité clinique de ces
techniques de rééducation. C’est ce qui nous intéresse puisque nous souhaitons optimiser le
traitement du patient.
L’ensemble des données énoncées sont transcrites dans le Tableau VII ci-dessous. La partie
gauche du tableau présente les différences moyennes pré-post traitement. La partie droite
décrit les différences intergroupes.
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Tableau VII : Analyse statistique pré/post traitement. M : mois ; US : ultrason ; ODC : ondes de choc
ODC Placebo
Contrôle Intervention
AOFAS +2.23 +5.79 3.56 (7.9%)
Cinar
(3 M)
(64)
EVA (3 M) -1.82 -4.41 2.59 (44.6%)
Contrôle Intervention
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Tout d’abord, nous n’avons pas réalisé d’enregistrement de notre protocole. Il n’est donc pas
consultable sur une plateforme et reproductible. Le seul moyen de reproduire la même revue
est de lire ce document.
Au sujet des bases de données utilisées, les moteurs de recherches interrogés nous
permettent d’avoir accès à la littérature internationale en santé. Cependant, aucune des bases
utilisées n’est spécifique à la kinésithérapie. En effet, nous aurions pu utiliser la base de
données PEDro spécifique à notre profession. Nous justifions ce choix par le manque de
résultats lors de nos recherches sur ce moteur. Lors de l’investigation, nous avons
essentiellement retrouvé des articles déjà présents sur d’autres bases de données, ainsi que
des revues de littératures mais nous ne souhaitions pas conserver ce type d’étude. De plus,
tous les synonymes n’ont pas été utilisés. En effet, nous n’avons pas retenu le terme « heel
pain » pouvant faire référence à toutes douleurs talonnières hors de la fasciopathie.
Dans la réalisation de la revue nous présentons des biais méthodologiques. En effet, dans ce
type de travail, il aurait été nécessaire d’être en groupe notamment pour limiter les biais de
sélection lors du tri des articles et lors de leur évaluation méthodologique. En effet, le tri des
articles doit être réalisé par deux assesseurs indépendants l’un de l’autre.
De plus, les populations étudiées sont différentes entre les études, notamment au niveau des
sexes avec une prévalence féminine mais aussi dans leurs caractéristiques personnelles. De
plus, le descriptif des activités physiques et le mode de vie des populations étudiées ne sont
pas présents constituant un biais majeur. L’hétérogénéité des patients, le faible nombre de
sujets et leur manière de vivre présentent un biais dans l’analyse des résultats et compliquent
la généralisation de ceux-ci à toute la population.
La mixité chez les patients de cette revue influe aussi sur l’analyse des résultats notamment
sur le changement minimal détectable. En effet, le fait de ne pas avoir exactement les mêmes
populations entre les études de la revue et celles des études évaluant le CMD biaise cette
analyse statistique.
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Ensuite, au niveau des modalités d’application, les études se concentrant sur le laser ou les
ondes de choc n’utilisent pas forcément le même matériel et les mêmes réglages pouvant
constituer un biais dans la comparaison de ces essais. En effet, une étude utilise 2000 chocs à
4 bar pour 1 session par semaine (66) tandis que la seconde réalise 2 sessions par semaine à
2000 coups, 3,5 bar et 8Hz (63) et enfin la dernière réalise 500 chocs à 3Hz puis 1500 à 8Hz
avec une session par semaine (58). Pour la thérapie par laser, les modalités d’applications sont
également différentes compliquant la comparaison des résultats entre eux.
De plus, les dates de suivi des patients diffèrent entre les auteurs. En effet, cela varie entre :
immédiatement à la suite de l’intervention, juste après l’application d’un traitement (58,67),
jusqu’à un suivi à distance de 2 ans après les soins (63,66). Cependant, toutes les études ont
évalué l’état de santé des patients avant le début des manipulations permettant ainsi de
réellement mesurer l’efficacité du traitement, ce qui constitue un point positif.
Puis, la multitude d’outils d’évaluation entre les études constitue un biais. En effet, même si
nous retrouvons des échelles communes à certaines études comme le FFI, EVA ou l’AOFAS,
nous totalisons 14 échelles ou scores différents à travers ces 8 essais contrôlés randomisés
compliquant la comparaison des résultats entre les études.
Enfin, les étirements musculaires des muscles de la loge postérieure de la jambe ainsi que du
fascia plantaire semblent être le traitement conventionnel pour ce type de pathologie. En
revanche, nous n’avons pas les mêmes modalités d’applications : 3 fois par jour pendant 8
semaines pour Rompe et al. contre 2 fois par jour pendant 4 semaines pour Akinoglu et al. ou
encore 3 fois par jour pendant 3 semaines pour Cinar et al. (48,58,66). En effet, il n’existe pas
de consensus et de preuves quant aux modalités d’application des étirements pour cette
pathologie même si ceux-ci permettent une amélioration des symptômes dans la majeure
partie des études (77–80).
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IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
En comparant ces études, la base de la thérapie physique pour cette pathologie serait les
étirements musculaires des gastrocnémiens et du soléaire ainsi que du fascia plantaire. Cela
est confirmé par d’autres études spécifiques à ce sujet (79,81).
Cette conclusion sur la multiplication des traitements conservatifs dans cette pathologie est
retrouvée dans d’autres études mais aucune ne mettent en évidence un traitement supérieur
à un autre (83,84). Ces résultats sont visibles sur la douleur et la fonction du pied. Le seul
traitement ayant prouvé son efficacité face à un placebo dans cette revue est les ondes de
choc. Cette même conclusion est retrouvée dans une revue de littérature en ligne comparant
8 traitements entre eux (45).
Pour notre pratique professionnelle future, nous pouvons mettre en évidence dans cette
revue que les ODC sont efficaces dans la prise en charge de ces patients, mais qu’elles le sont
d’autant plus lorsqu’elles sont associées à des étirements spécifiques.
De plus, la thérapie par laser et le dry needling électrique respectivement associés aux
étirements semblent aussi efficaces.
Ce constat est partagé par une revue systématique dans laquelle les auteurs fournissent des
éléments montrant l’efficacité des ondes de choc, mais aussi celle du laser tout en précisant
que d’autres recherches sont nécessaires pour ce traitement (85). En revanche, le
renforcement musculaire des muscles du pied et de la hanche, ainsi que les mobilisations
articulaires du médio-pied et de la cheville ne semblent pas permettre une augmentation de
l’efficacité du traitement associé aux étirements.
Enfin, l’utilisation de traitements conservatifs et notamment les ondes de choc sont aussi
efficaces que des traitements invasifs tels que l’injection de corticoïdes tout en comportant
moins de risques, par exemple de rupture du fascia (86,87).
39
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
En ce qui concerne les ODC, l’efficacité clinique semble être prometteuse et porteuse de
résultats pour cette pathologie. Cela nécessite un investissement financier non négligeable
par le kinésithérapeute dans ses outils de soins. Cependant, malgré le coût élevé il semblerait
que ce soit une méthode efficace (63). Il serait intéressant d’étudier l’investissement
économique dans ce type de matériel et son efficacité sur la diminution de la durée des soins.
Ensuite, en ce qui concerne le laser, nous ne pouvons pas conclure sur la réelle efficacité de
ce traitement seul n’ayant pas de comparaison à un traitement placebo dans cette revue.
Cependant, il semble efficace en association à d’autres techniques. Cet outil nécessite aussi
un investissement économique, mais nous ne pouvons pas justifier cette dépense pour son
efficacité à elle seule dans notre revue.
Nous avons pu remarquer dans l’étude de Pohl et al. que les femmes atteintes de fasciopathie
plantaire présentent un pattern de course particulier avec un pic d’impact vertical supérieur
de 8% et un impact au sol augmenté par rapport au groupe contrôle (88). Cela démontre que
ces patients présentent une biomécanique singulière liée à la pathologie.
40
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
La mise en charge excessive de la région calcanéenne serait présente chez les coureurs atteints
de cette pathologie en comparaison au groupe contrôle. Ils présenteraient une biomécanique
de course par une attaque talon sollicitant de manière plus importante l’organisme par
augmentation de la force d’impact (89). Cependant, le schéma de course adopté par ces
sportifs atteints de fasciopathie favorise la sollicitation de cette région. Il semblerait
intéressant de modifier leur manière de courir afin de diminuer les contraintes sur cette zone.
Dans un premier temps, lorsque nous sommes dans une phase aigüe, il n’est pas pertinent de
modifier le pattern de course puisqu’une attaque pied à plat ou avant-pied sollicite
particulièrement le fascia et le triceps sural.
En revanche, lors de la reprise de l’activité sportive, il serait intéressant dans cette pathologie
de tendre vers une biomécanique de course diminuant l’impact et les forces de réaction du
sol, c’est-à-dire une cadence de pas entre 170 et 190 pas par minute (90). Cela provoque
indirectement une diminution de la longueur des foulées et une attaque médio ou avant-pied
Il est important de noter que cette modification doit être progressive pour permettre au corps
de s’adapter à ces nouvelles contraintes (Annexe 4) (20,91). En effet, une modification de la
biomécanique de course de manière progressive permettrait de diminuer le taux de blessures
de 62% après deux semaines de modification (92).
Cependant, une étude de Chen et al. publiée en 2019 montre une augmentation de la force
de traction du fascia plantaire lors de la course par une attaque avant-pied. Ils concluent que
ces coureurs peuvent présenter plus de vulnérabilité du fascia plantaire (93). Nous avons donc
deux biomécaniques de course l’une décrite par Pohl et al. et l’autre par Chen et al. qui sont
à l’origine de la pathologie en fonction du type d’appui.
41
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Cela peut d’abord être réalisé par un exercice de renforcement musculaire du triceps sural en
réalisant des contractions concentriques, statiques et excentriques. Sur une marche, le patient
se positionne les talons dans le vide avec une serviette roulée sous les têtes métatarsiennes.
Par la suite, il effectuera des flexions plantaires et dorsales maximales. Cet exercice sollicite
spécifiquement le fascia et reprend la mise en tension du windlass test mais cette fois-ci en
charge. Cela serait un premier niveau de sollicitation avec la reprise des appuis et de la course
(33).
Nous savons que l’utilisation de chaussures minimalistes dans le cadre de la marche permet
une augmentation du volume musculaire des muscles propres du pied. Cela peut avoir un
intérêt pour la reprise de la course et l’optimisation de l’utilisation de nos pieds dans la
transmission des contraintes (95). De plus, nous savons que les chaussures maximalistes avec
un talon épais et un fort drop favorisent l’attaque par le talon et augmentent les contraintes
sur cette région. Cela produit l’effet contraire à ce que nous souhaitons, puisque nous voulons
diminuer l’impact sur cette zone. Ensuite, le fait de porter des chaussures « protectrices »
diminuent la mobilité du pied et les afférences reçues impactant sur la proprioception du pied
(16). Ces chaussures diminueraient l’activité contractile des muscles du pied et donc les
affaibliraient.
42
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Ainsi, nous pourrions suggérer que la course en chaussures minimalistes pourrait prévenir les
pathologies du coureur. Cependant, même si les biomécaniques de courses diffèrent, aucune
étude ne permet d’affirmer que la course pieds nus ou minimaliste diminue les blessures, ni
que les chaussures maximalistes les augmentent (96,97).
D’autres études sont nécessaires pour permettre de conclure si une biomécanique de course
ou un type de chaussures semble préférable afin de diminuer l’apparition de blessures chez le
coureur à pied.
Les chaussures dîtes classiques n’ont aucune efficacité dans la capacité à prévenir les blessures
(16). Des récentes études mettent en corrélation le drop de la chaussure et le risque de se
blesser. Un faible drop serait associé à un plus faible risque pour les coureurs occasionnels
alors que ce même drop aurait un risque plus grand pour les coureurs réguliers (98).
VI.8 Prévention
La prévention de ce type de blessures semble primordiale étant donné le nombre conséquent
de patients atteints et par l’augmentation perpétuelle du nombre de pratiquants de la course
à pied.
Pour cela, il est nécessaire de limiter l’impact des facteurs de risque chez ces individus. Tout
d’abord, concernant les facteurs intrinsèques, nous pouvons conseiller les patients sur
l’accompagnement visant une perte de poids sachant que le surpoids est un facteur favorisant.
Les muscles intrinsèques du pied tout comme le fascia plantaire permettent la stabilisation du
pied et notamment de l’arche interne (99). De plus, il est mis en évidence une relation entre
la faiblesse de ces muscles et l’apparition de douleurs dans cette région (100).
43
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Le gainage du pied permettrait ainsi un gain en volume musculaire et donc une meilleure
absorption des contraintes mécaniques lors de la course permettant de diminuer la
sollicitation de l’aponévrose (32). Cependant selon la revue de littérature de Huffer et al. (34)
sur le renforcement musculaire des muscles intrinsèques du pied dans la fasciopathie
plantaire, il n’est pas clairement identifié que cette technique peut être bénéfique aux
populations symptomatiques ou à risques. Cette tonification du pied peut aussi être réalisée
par la course pieds nus ou en chaussures minimalistes en restant progressive (101,102).
Enfin, il serait intéressant de conseiller un programme d’étirements sur le long terme des
gastrocnémiens, soléaire et du fascia plantaire pour permettre une mobilité optimale au
niveau de la cheville et ainsi lutter contre le déficit de flexion dorsale qui est l’un des facteurs
de risque de la fasciopathie plantaire.
Tout d’abord, nous actualisons nos connaissances au travers des dernières données de la
science. Cela nous fait prendre conscience de l’évolution perpétuelle des connaissances en
kinésithérapie, de l’importance de se former tout le long de sa carrière professionnelle et de
se remettre en question continuellement sur nos connaissances et pratiques.
Ensuite, cela nous a permis de mettre en application nos lectures lors de nos recherches et
lors de l’analyse de nos résultats dans la pratique clinique. En effet, l’utilisation de notre revue
de littérature nous a permis de prendre en soins des patients atteints de cette pathologie lors
de nos stages et ainsi de leur proposer un traitement adéquat à leur pathologie et en accord
avec les données actuelles malgré une faible expérience clinique. Nous avons pu combiner les
traitements comme les étirements et les ondes de choc en fonction du matériel présent. Nous
avons dû moduler nos exercices de sollicitations du fascia en fonction du ressenti du patient.
44
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
Un autre point essentiel dans la perspective de la prise en charge de ces patients est la
pluridisciplinarité, notamment dans notre cas avec les pédicures-podologues. En effet, ils sont
des acteurs privilégiés de cette région anatomique. La concordance des soins entre nos
professions est primordiale. La prise en charge podologique permet d’améliorer l’état de santé
de ces patients. Nous pouvons le remarquer avec plusieurs études de cette revue qui utilisent
des semelles orthopédiques pour leur groupe (57,64).
De plus, l’utilisation de semelles est démontrée pour permettre la diminution force d’impact
au sol pendant la course chez le coureur atteint de fasciopathie plantaire (103). A travers ces
semelles et donc la prise en charge pluridisciplinaire, nous pouvons agir sur la biomécanique
de course et donc sur un des facteurs de risque de cette pathologie.
45
IFM3R-IFMK 2018/2019 Mémoire-UE28 Maxime COUTAND
VII. Conclusion
Tout d’abord, notre revue de la littérature sur les techniques de rééducation de la fasciopathie
plantaire chez le coureur récréatif nous permet de tirer plusieurs conclusions.
Tout d’abord, nous remarquons que le traitement par ondes de choc est efficace en
comparaison à un placebo à travers l’analyse de 8 articles de bonne qualité méthodologique.
Les étirements sont une des bases du traitement de cette pathologie dans le but d’améliorer
la mobilité de la cheville du patient. La conclusion la plus importante est que l’association de
plusieurs techniques de rééducation est le traitement le plus optimal dans cette pathologie.
Cependant les modalités d’application précises sont encore méconnues que ce soit pour les
étirements, les ondes de choc ou le laser.
La pluridisciplinarité dans la prise en charge de ces patients est pertinente pour proposer un
traitement optimal et adéquat notamment avec la collaboration de pédicures-podologues.
Enfin, d’un point de vue plus personnel, ce travail de fin d’études nous a permis de progresser
dans un travail d’autonomie et de mettre en pratique les données actuelles et prouvées de la
science dans nos stages cliniques avec les patients ayant cette pathologie. Cela favorise le
traitement basé sur l’Evidence Based Practice, mêlant données scientifiques, expérience du
praticien et attentes du patient.
46
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IX. Annexes 1 à 5