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REEDUCATION et READAPTATION
Camille PORTAL
Etudiante K3 – Année scolaire 2011/2012
Mme F., 46 ans, est arrivée au CERS de Saint-Raphaël le 19 septembre suite à une
opération de ligamentoplastie type Jaeger datant du 7 juillet 2011. Elle s’est rompue le
ligament croisé antérieur lors d’un accroupissement alors qu’elle donnait un cours de fitness
2 ans plus tôt en décembre 2008. Elle a subi une première opération de ligamentoplastie de
type Jaeger en juillet 2009 puis une seconde de type DIDT en juin 2010. Mme F. est
éducatrice sportive dans les métiers de la forme. Elle est célibataire sans enfant. La prise en
charge rééducative a pour objectif de permettre à Mme F. de reprendre ses loisirs (ski,
tennis, natation) et trouver une réorientation professionnelle car le chirurgien l’a prévenue
qu’elle ne pourra pas reprendre sa profession.
Mots clés
Reprise de ligamentoplastie
Rééducation prudente
Technique de Jaeger et ligament synthétique
Sommaire
I. Introduction .................................................................................................................... 1
II. Rappels anatomiques, biomécaniques et pathologiques ................................................ 1
1. La stabilité active et passive du genou ........................................................................ 1
2. Les contraintes exercées sur le transplant au cours de la rééducation ....................... 5
3. LCA, rupture et chirurgie ............................................................................................. 3
III. Présentation de la patiente et histoire de la maladie ................................................... 5
IV. Bilan initial réalisé le 19/09/2011 à J75 ....................................................................... 6
1. Bilan des déficiences .................................................................................................. 6
1. Bilan de la douleur................................................................................................... 6
2. Bilan cutané trophique circulatoire........................................................................... 7
3. Bilan articulaire........................................................................................................ 7
4. Bilan musculaire ...................................................................................................... 7
5. Bilan de la sensibilité ............................................................................................... 7
6. Profil psychologique ................................................................................................ 8
2. Bilan des incapacités .................................................................................................. 8
3. Restrictions de participation ........................................................................................ 8
V. Bilan diagnostique kinésithérapique ............................................................................... 9
1. Diagnostique kinésithérapique .................................................................................... 9
2. Objectifs de l’équipe ..................................................................................................10
3. Moyens ......................................................................................................................10
VI. Traitement masso-kinésithérapique ..........................................................................10
1. Principes ....................................................................................................................10
2. Traiter les douleurs et l’inflammation ..........................................................................11
3. Récupérer une cicatrice souple et non adhérente ......................................................11
4. Renforcer les membres inférieurs ..............................................................................11
5. Etirements .................................................................................................................14
6. Travail de la marche ..................................................................................................14
7. Reprogrammation sensori-motrice .............................................................................15
8. Exercices en balnéothérapie [17] ...............................................................................16
VII. Bilan de fin de prise en charge le 21/10/2011 à J105 .................................................18
VIII. Conclusion .................................................................................................................20
IX. Discussion .................................................................................................................19
Références bibliographiques ................................................................................................22
I. Introduction
1
Figure 1 : Effet du tiroir antérieur pendant l’exercice de « leg
extension », avec résistance distale induisant un stress au LCA [6]
Ces structures possèdent une capacité de stabilisation différente selon les positions du
genou. Lors de la pratique sportive, deux mécanismes lésionnels sont fréquemment
retrouvés :
varus, flexion, rotation médiale où le genou est serré, donc stable
valgus, flexion, rotation latéral où le genou est déstabilisé, donc fragile.
Ces associations lésionnelles sont fréquentes. Cependant, il existe des ruptures isolées
du LCA qui sont dues à une hyperextension (cisaillement sur le bord de l’échancrure sous
l’action du quadriceps), une rotation pure du genou ou une hyperflexion (flexion sur chute
arrière : la cuisse vient pousser le tibia vers l’avant, le LCA étant alors en tension maximale).
[7]
2
2. LCA, rupture et chirurgie
Le LCAE possède une double vascularisation issue de l’artère géniculaire moyenne qui
donne des branches postéro-supérieures et des artères géniculaires inférieures médiale et
latérale qui donnent des branches antérieures. Avant de vasculariser le ligament, les
branches antérieures cheminent dans le ligament adipeux puis dans la membrane synoviale.
La densité vasculaire intra-ligamentaire n’est pas homogène ; il existe une zone
intermédiaire avasculaire localisée à 10 mm de l’insertion fémorale juste en regard de l’arche
antérieure de l’échancrure inter-condylienne.
Le LCA est principalement innervé par le nerf articulaire postérieur qui provient du nerf
tibial postérieur. [9]
3
devenir intra-articulaire et finir sur la tubérosité tibiale médiale en passant par le tunnel
médial. La mobilité du genou est alors testée pour vérifier qu’elle est complète et que le trajet
du transplant est bien isométrique. Le chirurgien réalise enfin la fermeture plan par plan des
différents abords sur 4 drains de Redon aspiratifs. En post-opératoire immédiat, le patient est
immobilisé dans une attelle amovible en extension à but antalgique exclusif. Celle-ci est
abandonnée à la fin de la 1ère semaine. [10]
4
3. Les contraintes exercées sur le transplant au cours de la
rééducation
LCAE et travail musculaire : il existe des contraintes importantes sur le LCA lors du
travail en chaîne cinétique ouverte du quadriceps entre 0 et 60° de flexion du genou.
Les contraintes s’exerçant sur le LCA lors du travail statique intermittent du
quadriceps sont maximales en extension du genou, elles diminuent progressivement
pour devenir négligeables au-delà de 80°. Ces contraintes sont proportionnelles à la
résistance appliquée et dépendent de la longueur du bras de levier. Il n’existe pas de
mise en tension du LCA si le point d’application de la résistance est situé à moins de
10 cm de l’interligne fémoro-tibiale, même en extension du genou. Le travail en
chaîne cinétique ouverte des ischio-jambiers n’entraîne aucune contrainte. Le travail
en chaîne cinétique fermée limite également ces contraintes. La cocontraction du
quadriceps et des ischio-jambiers lors du travail en chaîne cinétique fermée permet
d’éviter toute contrainte sur le LCA au-delà de 20° de flexion. Les contraintes sur le
LCA sont moins importantes à 15° et 45° de flexion lors du travail en chaîne
cinétique fermée que lors de la mobilisation passive. Il n’y a pas de translation tibiale
antérieure lors du travail en chaîne cinétique fermée ni lors du travail en chaîne
cinétique ouverte des ischiojambiers.
Mme F., 46 ans, vit seule dans un appartement au 1er étage avec ascenseur à Nice.
Elle n’a pas d’enfant. Elle est éducatrice sportive dans les métiers de la forme (fitness) et en
ce qui concerne ses loisirs, elle pratique le tennis, le ski et la natation. Au total, elle effectue
6h de sport par jour. Mme F. mesure 1,73m et pèse 60 kg, son IMC est de 20,05.
5
Mme F. se trouve en rééducation au CERS de Saint-Raphaël suite à un accident de
travail qui a eu lieu le 2 décembre 2008 en faisant un accroupissement en cours de
stretching. Elle avait perçu un craquement et une douleur aigüe du genou droit. Les deux
premières IRM n’ont pas conclu à une rupture du ligament croisé antérieur (LCA) mais Mme
F. ressentait toujours une instabilité. Il a fallu attendre la 3ème IRM le 26 mars 2009 pour
diagnostiquer une rupture du LCA avec une chondropathie du condyle externe. Mme F. a été
opéré le 20 juillet 2009 d’une ligamentoplastie type Jaeger au genou droit. Le 24 juin 2010,
soit un an après sa première opération de ligamentoplastie de type Jaeger, Mme F. se refait
opérer suite à une distension de la plastie. Cette fois il s’agira d’une ligamentoplastie type
DIDT (droit interne et demi-tendineux). Enfin, le 7 juillet 2011, Mme F. bénéficie d’une
nouvelle ligamentoplastie type Jaeger avec ligament synthétique. Une lésion chondrale du
condyle interne lui est dans le même temps diagnostiquée. Après 4 jours, elle est transférée
au centre Hélio Marin de Vallauris, elle en sort le 9 septembre, à J65, pour retourner à
domicile et arrive au CERS le 19 septembre 2011, à J75.
1. Bilan de la douleur
Mme F. présente une douleur dans le genou qu’elle décrit comme étant dans un étau.
Cette douleur diurne est permanente au repos cotée à 3-4 sur 10 sur l’échelle numérique, et
augmente avec l’effort. Cette douleur est absente la nuit, elle n’est donc pas d’origine
inflammatoire. Elle ne prend aucun médicament pour calmer ses douleurs.
Mme F. présente une gêne, une sensation désagréable localisée au niveau de la patella
lors de la montée des escaliers. Elle nous décrit que sa patella « claque ». Ceci peut
s’expliquer par un déficit du quadriceps qui ne fait pas totalement son effet de recentrage
actif de la rotule bien plaquée sur le fémur.
6
2. Bilan cutané trophique circulatoire
.
Le genou est sec, le signe du glaçon est négatif. Il est légèrement plus chaud que le
genou gauche surtout après le travail.
3. Bilan articulaire
Mme F. présente une mobilité plus importante de la patella droite, c’est-à-dire de son
côté opéré, comparée à la mobilité fémoro-patellaire à gauche.
4. Bilan musculaire
5. Bilan de la sensibilité
Figure 4 : zone
d’hyposensibilité superficielle
7
largeur sur 5 cm de hauteur. (Figure 4)
6. Profil psychologique
Mme F. est anxieuse. En effet, il s’agit de sa 3ème opération sachant que les deux autres
ont échoué. De plus, le chirurgien l’a prévenue qu’elle ne pourra pas reprendre son métier
d’éducatrice sportive. Cependant, elle n’a que 46 ans, il lui reste donc quelques années
avant la retraite. Elle pose beaucoup de questions sur la rééducation et sur les suites de la
rééducation. Elle cherche à se réorienter professionnellement, mais elle ne sait pas ce
qu’elle pourrait faire. Pour l’aider, elle voit l’assistance sociale du centre qui la guide au cours
de ses recherches.
Mme F. marche sans canne anglaise ni attelle, elle verrouille son genou correctement à
la marche. Elle ne présente pas de flessum de protection. Elle déroule bien le pas. Elle
présente une discrète esquive d’appui malgré qu’elle nous dise ne pas avoir d’appréhension,
et qu’elle sente son genou stable.
Mme F. monte et descend les escaliers normalement mais lors de la montée elle est très
gênée par sa patella droite qui « claque ». Cette gêne est ressentie comme une sensation
très désagréable.
3. Restrictions de participation
8
V. Bilan diagnostique kinésithérapique
1. Diagnostic kinésithérapique
Mme F., âgée de 46 ans et éducatrice sportive, a subi une troisième opération de
ligamentoplastie le 7 juillet 2011 suite à une rupture du LCA lors d’un accroupissement en
séance de stretching (accident du travail). Elle est entrée le 19 septembre au CERS afin de
suivre des séances de rééducation. En général, une opération de ligamentoplastie suffit à
récupérer un genou stable et fonctionnel. Or pour Mme F. une opération n’a pas suffi, il s’agit
de sa 3ème.
Aujourd’hui à J80, Mme F. exprime des douleurs du genou au repos. Ces douleurs
peuvent s’expliquer par les phénomènes inflammatoires et les chondropathies des condyles
interne et externe qui peuvent également expliquer le genou chaud. De plus, lors de la
descente d’escaliers, elle ressent une gêne qu’elle décrit par un « claquement » de sa
patella. Ceci se justifie par l’amyotrophie et le déficit de force du quadriceps qui ne joue pas
son rôle dans le recentrage actif de la patella. La patiente ne présente pas de déficit
articulaire, néanmoins sa patella du côté opéré est plus mobile que du côté sain. Cela peut
s’expliquer par l’opération de ligamentoplastie de type Kenneth-Jones qu’elle a subi sur son
genou gauche en 1993. En effet, une partie du tendon patellaire ayant été prélevé pour
reconstituer la plastie, cette opération a pu diminuer la mobilité fémoro-patellaire à gauche.
Mme F. présente également un déficit de force musculaire du quadriceps, du moyen fessier,
des ischio-jambiers, du triceps sural et du TFL. Cela peut être dû à l’immobilisation post-
opératoire et à l’opération de ligamentoplastie par prélèvement d’une bandelette du fascia
lata pour le déficit du TFL.
L’ensemble de ces déficits entraîne une marche avec une légère esquive d’appui qui
peut également s’expliquer par une anxiété de la patiente malgré qu’elle nous dise ne pas
avoir d’appréhension et sentir son genou stable. Il s’agit de la 3ème opération de
ligamentoplastie de Mme F., elle est très anxieuse par rapport à l’évolution de son genou. De
plus le déficit du quadriceps dans son rôle de recentrage actif de la patella cause une gêne à
type de « claquement » de la patella à la montée des escaliers.
Suite à la rupture du LCA, de ces déficits et limitations, Mme F. ne peut plus exercer ni
son profession ni ses loisirs. Le chirurgien l’ayant averti qu’elle ne pourra plus exercer son
métier d’éducatrice sportive, la rééducation aura pour but de permettre à Mme F. de pouvoir
pratiquer à nouveau ses loisirs qui sont le tennis, le ski et la natation et de l’accompagner
dans sa recherche de réorientation professionnelle.
A la fin de son séjour, Mme F souhaiterait pouvoir reprendre ses loisirs : au moins faire
du tennis une fois par semaine ainsi que le ski occasionnellement. Au niveau professionnel,
elle va chercher à se réorienter, elle ne sait pas encore ce qu’elle pourrait faire mais elle va
se renseigner sur les différentes possibilités avec l’assistante sociale du CERS.
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2. Objectifs de l’équipe
3. Moyens
1. Principes
10
2. Traiter les douleurs et l’inflammation
TENS : Mme F. présente une douleur diffuse dans le genou. Le TENS ou stimulation
électrique transcutanée antalgique utilise un courant de fréquence moyenne (entre
50Hz et 150Hz) et de faible intensité. Celle-ci est déterminée par le seuil de
sensibilité tactile que le patient perçoit comme un fourmillement agréable. Ce courant
électrique utilise la théorie du « gate control » ou mécanisme du portillon et explique
le mode d’action de l’antalgie localisé, rapide mais peu durable [13]. 4 électrodes sont
placées de part et d’autre du genou et branchées de sorte à ce que le courant se
diffuse à travers le genou. L’intensité est ensuite augmentée jusqu’à ce que la
patiente ressente un fourmillement agréable. La durée du traitement est de 20 min.
Massage : La patiente est installée en décubitus dorsal sur une table le genou
déverrouillé par un coussin sous le genou. Le massage est effectué avec une crème
à l’arnica. L’arnica est connue pour avoir des propriétés antalgiques, anti-
inflammatoires, cicatrisantes et circulatoires [14]. Nous allons masser le quadriceps,
les ischio-jambiers, les triceps qui ont été sollicités pendant la séance ce qui va
permettre leur détente et leur récupération.
Cryothérapie : Application d’un cold pack qui englobe tout le genou. Le froid est
antalgique de manière directe et indirecte. D’abord de manière directe, il augmente le
seuil douloureux par une anesthésie qui est due à l’activation du contrôle de la porte,
à la diminution de conduction des fibres afférentes, à l’inhibition du réflexe d’axone,
voire de la production d’endorphine. Puis de manière indirecte, il réduit l’œdème, la
réaction inflammatoire et les contractures musculaire. [15] Le cold pack est appliqué
pendant 20 min à la fin de la séance. Une serviette humide est placée entre le cold
pack et la peau pour éviter toute brûlure.
Nous allons également renforcer les muscles des membres inférieurs. En effet, lors du
bilan nous avons pu constater qu’il existait une faiblesse musculaire. De plus, la force
musculaire étant un facteur important pour stabiliser le genou, il est important de les
renforcer pour une stabilité active adaptée. Différents moyens sont à notre disposition :
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Chaise à ischio-jambiers : Les ischio-jambiers des
résistances sous formes de boudins sont placés derrière les
tibias, le but étant d’effectuer des flexions de genou sans
compenser en décollant les fesses ou en faisant une
lordose. Les boudins vont être positionnés à la partie
postéro-inférieure de la jambe. Les résistances peuvent être
mises en distal car les ischio-jambiers qui effectuent une
flexion de genou entraînent un glissement postérieur du tibia
et ne sollicitent donc pas la plastie. La patiente augmente
elle-même les résistances en fonction de ses capacités. Une
sangle est placée sur les cuisses pour éviter les
compensations en flexion de hanche, de même qu’on
vérifie qu’elle ne compense pas par une lordose lombaire. Figure 5 : renforcement des
De plus, pour éviter une hyper-extension, on bloque ischio-jambiers sur chaise à
ischio-jambiers
l’extension à 0° et la flexion en flexion maximale active. Elle
effectue 5 séries de 10 contractions. (figure 5)
12
Presse : cet exercice permet de renforcer les muscles de la chaîne antigravitaire ou
chaîne de triple extension comprenant le quadriceps, les ischio-jambiers, le triceps
sural et le grand fessier. C’est un exercice fonctionnel qui se rapproche des
mouvements d’accroupissement. Pour optimiser le renforcement des ischio-jambiers
aux dépens du grand fessier, le dossier est redressé, ainsi la cocontraction
quadriceps et ischio-jambiers est respectée. En effet, si Mme F. était en position
allongée, le renforcement du grand fessier serait supérieur avec un renforcement des
ischio-jambiers moindre et l’effet de la cocontraction quadriceps et ischio-jambiers,
protégeant la plastie, nul. Si l’exercice de la presse est effectué sans
électrostimulation, elle va effectuer 5 séries de 10 contractions, la première série se
faisant avec une résistance moins importante permettant un échauffement. La
progression s’effectue en augmentant la charge à pousser.
13
résistance de l’élastique en le remplaçant par un élastique moins souple. (figure 8)
5. Etirements
Ces étirements sont exécutés en fin de séance préférentiellement par le rééducateur. Ils
permettent de rendre leur extensibilité aux muscles et aux tendons en diminuant le tonus
musculaire. En maintenant l’extensibilité des muscles, la raideur active est évitée et par
la suite la raideur passive également. La durée d’application doit être courte pour ne pas
comprimer trop longtemps le système capillaire qui entraîne une interruption vasculaire.
[4] La patiente doit sentir un tiraillement qui doit rester supportable, il ne doit pas être
douloureux. Le thérapeute doit faire attention à ce que la patiente ne soit pas en apnée.
En effet un muscle se relâche mieux sur le temps expiratoire. Ces étirements s’effectuent
de façon bilatérale de façon à ne pas entraîner de déséquilibre entre les deux membres
inférieurs.
6. Travail de la marche
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corriger. Nous allons lui demander différentes marches : marcher en levant haut les genoux
permet d’augmenter le temps d’appui sur le membre inférieur portant. Par cet exercice, nous
pouvons mettre en évidence son esquive d’appui. En effet, avec un esquive d’appui, la
flexion de la hanche gauche est moins importante alors que Mme F. est en appui sur le
membre inférieur droit par rapport à l’autre côté. Nous allons donc améliorer sa phase
d’appui en augmentant la flexion de hanche à gauche lors de la phase d’appui sur le
membre inférieur droit.
7. Reprogrammation sensori-motrice
La mise en tension du LCA entraîne une contraction réflexe des ischio-jambiers par arc
réflexe des mécanorécepteurs présents dans le LCA qui visent à protéger ce ligament.
Lorsqu’il est rompu les messages proprioceptifs sont altérés ce qui traduit une instabilité du
genou. La reprogrammation sensori-motrice a pour but de restituer ce rôle protecteur des
ischio-jambiers. Mais le nouveau transplant n’ayant aucun mécanorécepteur nerveux, la
reprogrammation devra se faire à partir d’informations sensitives différentes, en stimulant les
récepteurs péri-articulaires tels que la capsule, les ligaments toujours présents et les
muscles. Les exercices proposés viseront à développer des phénomènes d’anticipation, les
mouvements rapides ne pouvant être régulés par les voies de proprioception. L’anticipation
va devoir devenir un mécanisme automatique qui n’est jamais définitif. Par conséquent, il
faudra les apprendre en phase initiale de rééducation, les entretenir par une activité sportive
et les réapprendre à intervalles réguliers si nécessaire. [11]
La marche sur terrain varié instable, la course, la pratique de sport et la grande partie
des activités de la vie quotidienne mettent jeu ces phénomènes d’équilibration et de
protection du genou. Il est donc nécessaire de les stimuler.
15
Comme lors de la marche, nous surveillerons ses douleurs, ses instabilités, son
ressenti comme signes d’une éventuelle nouvelle distension.
Verrouillage du genou : Mme F. est assise sur le banc dans la piscine. Ses hanches
sont fléchies et les genoux tendus. Elle va effectuer des mouvements de flexion-
extension et d’adduction-abduction. Ces mouvements seront lents et de grandes
amplitudes puis rapides et de petites amplitudes. Durant la durée de ces exercices
les genoux doivent rester tendus. Ils visent à renforcer le verrouillage du genou. Elle
effectue 5 séries de 10 mouvements en flexion-extension et 5 séries de 10
mouvements d’adduction-abduction.
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faire par des mouvements du tronc. Cet exercice permet
une cocontraction du quadriceps et des ischio-jambiers,
protégeant donc la plastie. (figure 13)
A la fin de la prise en charge, les douleurs au niveau du genou de Mme F. ont diminué.
La patiente les cote à 2 mais elles augmentent toujours à la fin de la prise en charge
présumant d’un phénomène inflammatoire persistant.
Mme F. est toujours anxieuse au niveau de son avenir. D’abord en ce qui concerne son
genou, elle ne sait pas si elle va récupérer un genou stable et comparable au côté gauche.
Puis en ce qui concerne son avenir professionnel, elle effectue des démarches avec
l’assistante sociale du centre de rééducation mais elle ne sait pas encore ce qu’elle pourra
faire.
La dernière semaine de prise en charge, Mme F. a été gênée par des douleurs d’origine
discale. En effet, les douleurs dues à ses hernies discales lombaires se sont déclenchées et
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ont provoqué des douleurs lombaires et irradiant dans la fesse gauche. La rééducation a
donc été ralentie et a été centrée sur le traitement de ses douleurs discales.
VIII. Discussion
La prise en charge de Mme F. avait pour but de diminuer les douleurs et de retrouver un
genou stable en récupérant une force musculaire permettant cette stabilité. Ceci étant
d’autant plus important que cette patiente a déjà subi plusieurs distensions de plastie et étant
donc multi-opérée.
La stabilité étant l’objectif principal de la rééducation, les exercices proprioceptifs ont une
place importante dans la prise en charge. Nous avons donc proposés à Mme F. des
exercices en unipodal sur plan stable puis sur plan instable. Or, des études ont démontré
que des exercices sur plans instables induisaient des accélérations importantes du centre
gravité, sollicitant préférentiellement les organes labyrinthiques du vestibule. Les lésions
ligamentaires sont une atteinte du système somesthésique qui permet une adaptation rapide
et fine. Ces afférences somesthésiques sont sollicitées par des exercices sur plan stable.
Ces exercices reposent sur le principe que même en l’absence de LCA, la tension des
mécanorécepteurs capsulaires entraînent une contraction réflexe des ischio-jambiers et une
inhibition du quadriceps limitant la translation antérieure du tibia et donc l’instabilité. Dans le
but de stimuler les récepteurs somesthésiques, il aurait donc peut-être été préférable de
proposer à Mme F. des exercices proprioceptifs sur plan stable : en commençant par des
exercices en unipodal yeux ouverts puis yeux fermés, puis avec des rotations de tronc et de
tête pour perturber les systèmes visuels et vestibulaires. Nous aurions également pu lui
proposer des exercices avec double tâche (lancer un ballon contre le mur et le rattraper
toujours en unipodal). Pour augmenter la difficulté en unipodal, des exercices de précision et
de force des membres supérieurs ou du membre inférieur controlatéral auraient pu être
réalisés. Pour terminer, nous aurions pu proposer ces mêmes exercices mais en unipodal
sur plan stable incliné. De plus, nous avons réalisé les différents exercices de proprioception
pour le membre inférieur droit opéré mais des études ont montré que le déficit de
proprioception touchait le membre inférieur opéré mais également le membre inférieur sain
concluant en une origine centrale. Il aurait donc été judicieux de proposer à Mme F. de
réaliser les exercices de proprioception en unipodal sur le membre inférieur droit opéré et sur
le membre inférieur gauche sain, d’autant plus qu’elle avait subi en 1993 une opération de
ligamentoplastie LCA type Kenneth-Jones sur le genou gauche. [4]
Pour juger de la stabilité du genou, il existe différents tests à notre disposition. Le « one
leg hop test » permet d’évaluer la stabilité du genou mais également l’appréhension de la
patiente. Il s’agit d’un saut en longueur maximal monopodal sans élan du côté sain puis du
côté opéré, mesuré en centimètres. La patiente doit garder ses mains sur les crêtes iliaques
sans perte d’équilibre à l’arrivée et en atterrissant dans la même position qu’au départ. Trois
essais sont réalisés, la meilleure performance est retenue. Il s’agit d’une évaluation
fonctionnelle car le saut est un mouvement que nous réalisons régulièrement lors de la
pratique sportive. Pour juger du déficit de proprioception par rapport au côté sain, il suffit de
comparer la distance effectuée sur membre inférieur sain et celle effectuée sur le membre
inférieur opéré. Le score COFRAS (annexe 2) est également un outil pertinent pour tester la
stabilité et les capacités sportives d’un patient opéré d’une ligamentoplastie du genou. Ce
test explore les capacités de course, d’impulsion monopodale, de stabilisation dans le plan
frontal, de stabilisation rotatoire (freins à la rotation médiale et à la rotation latérale), de
réception monopodale, des montée-descente d’escaliers et d’accroupissement monopodal.
Chaque item est coté de 0 à 3 ou de 0 à 4, le maximum étant de 30. Mme F. étant une
patiente multi-opérée, et ayant déjà eu des distensions de plastie, il aurait été intéressant
d’effectuer ses tests pour évaluer objectivement sa proprioception et dans le même temps
son appréhension, son profil étant de nature anxieuse.
IX. Conclusion
Mme F. est arrivée à J75 après son opération de ligamentoplastie de type Jaeger. Il
s’agissait de sa 3ème opération de ligamentoplastie visant à suppléer le ligament croisé
antérieur du genou droit qui s’était rompu le 2 décembre 2008 lors d’un accroupissement
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alors qu’elle donnait un cours de fitness. A ce moment, elle présentait des douleurs
permanentes du genou, un déficit musculaire du membre inférieur droit et un déficit
proprioceptif à droite également.
Nous sommes aujourd’hui à J105, ses douleurs ont diminué, sa force musculaire
augmenté. Elle présente encore une faiblesse musculaire au niveau du quadriceps et des
ischio-jambiers mais cette faiblesse est moins importante qu’à J75. Sa sensibilité
proprioceptive s’est également améliorée.
Mme F. poursuit donc sa rééducation au CERS en l’axant sur le traitement des douleurs,
le renforcement musculaire et la reprogrammation sensori-motrice.
Lors de la fin de prise en charge de Mme F. dans le cadre de ce mémoire, les douleurs
avaient diminué et elle sentait son genou stable. La rééducation de Mme F. au CERS a duré
du 19 septembre 2011 jusqu’au 2 janvier 2012. Cependant à peine 3 mois après, à J183,
Mme F. se sentait plutôt instable et a revu son chirurgien le 10 janvier 2012. Après l’examen
de son genou, il en conclut en un échec de post-opératoire par une plastie complètement
distendue au niveau du point d’ancrage. Les médecins et le chirurgien supposent qu’il
persiste un problème biologique énigmatique et insoluble. Cette opération étant la dernière
d’une série de 3, Mme F. ne bénéficiera pas d’une autre opération. Le chirurgien lui prescrit
20 séances de rééducation supplémentaires au CERS pour espérer pallier l’absence de LCA
au genou droit et récupérer un genou fonctionnel et stable.
21
Références bibliographiques
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après reconstruction du ligament croisé antérieur. In : NEYRET P., dir. Ligaments croisés
du genou. Paris : Elsevier SAS ; 2004. Pages 143 à 160.
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Rééducation des entorses de genou : traitement fonctionnel. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Kinésithérapie-Médecine Physique-Réadaptation, 26-240-B-10, 2008
[5] DUFOUR M., PILLU M. Biomécanique fonctionnelle, Elsevier Masson, Paris, 2006
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BOUSSATON M., POTEL JF. Rééducation des entorses du genou. Encyclopédie
Médico-Chirurgicale (Elsevier, Paris) Kinésithérapie-Médecine Physique-Réadaptation,
26-240-C-10,1998, 19p
[10] JAEGER JH., VAN HILLE W., LUTZ C., VILLEMINOT J. La ligamentoplastie du
ligament croisé antérieur au fascia lata selon la technique de Mac Intosh modifiée. In :
LANDREAU Ph., CHRISTEL P., DJIAN P., dir. Pathologie ligamentaire du genou. Paris :
Springer ; 2004-2005. Pages 399 à 409.
[14] http://www.gralon.net/articles/sante-et-beaute/medecine-douce/article-l-arnica---
le-remede-naturel-contre-les-coups-2967.htm#les-bienfaits-de-l-arnica consulté le
09/10/2011
[19] NOE N., BILLUART F., MESSINA M., NEPHTALI JL. Effets du travail musculaire
sur le phénomène de ligamentisation. In : Kinésithérapie, la revue, n°100, avril 2010,
pages 30 à 34.
Annexe 1
Score COFRAS