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de la Région
Haute-Normandie
Fairuz Boujibar
Mémoire
Diplôme d’État de masseur-kinésithérapeute
Année 2014
Remerciements
Je remercie particulièrement :
M.B, pour avoir accepté de participer à l’élaboration de ce mémoire.
Monsieur Croyal Jean-Paul (Paris), mon tuteur de stage, pour son aide et sa pédagogie.
Monsieur Médrinal Clément (Le Havre), mon directeur de mémoire, pour sa disponibilité et
ses précieux conseils.
Le Professeur Peillon, chef du service de chirurgie thoracique du CHU de Rouen, pour ses
éclaircissements en matière de chirurgie.
Les cadres formateurs de l’IFMK de Rouen, pour leur encadrement durant ces trois années.
Ma famille, pour leur soutien sans faille tout au long de ma scolarité.
Ayoub El Khattabi, pour ses encouragements et sa bienveillance.
Sommaire
Introduction ........................................................................................................... 1
I) Présentation d’un cas de lobectomie supérieure gauche ................................ 2
1) Histoire de M.B ........................................................................................ 2
2) Examens médicaux complémentaires réalisés en préopératoire ............. 3
II) Intervention préopératoire ............................................................................. 4
III) Bilans postopératoire initial à J0 ................................................................. 7
IV) Stratégie thérapeutique ............................................................................... 8
1) Le Bilan diagnostique kinésithérapique (BDK) ....................................... 9
2) Projet du patient ........................................................................................ 9
3) Projet thérapeutique ................................................................................. 9
4) Objectifs et moyens thérapeutique .......................................................... 9
5) Principes et précautions de la prise en soins ............................................ 9
V) Intervention kinésithérapique ....................................................................... 10
1) Hygiène hospitalière ............................................................................... 10
2) Éducation à la toux protégée................................................................... 11
3) Techniques manuelles et adjuvants à la kinésithérapie respiratoire ....... 11
4) Prise en charge de la douleur .................................................................. 12
5) Reconditionnement précoce.................................................................... 13
VI) Évolution de l’état de santé du patient ...................................................... 14
1) Encombrement ........................................................................................ 14
2) Douleur ................................................................................................... 14
3) Oxygénothérapie ..................................................................................... 14
VII) Bilan final................................................................................................... 15
VIII) Discussion .................................................................................................. 15
1. Réflexion sur le cas de M.B ......................................................................... 15
2. Les origines de la douleur en chirurgie thoracique...................................... 17
2.1 Physiologie de la douleur ....................................................................... 17
2.2 La thoracotomie ...................................................................................... 18
2.3 Le drainage pleural ................................................................................. 18
2.4 L'anxiété ................................................................................................. 19
3. Les conséquences de la douleur postopératoire ........................................... 19
3.1 Complications respiratoires .................................................................... 19
3.2 Hypokinésie ............................................................................................ 20
3.3 La chronicisation .................................................................................... 21
4. Intervention masso-kinésithérapique en périopératoire ............................... 22
4.1 Évaluation de la douleur ......................................................................... 22
4.2 Lutte contre l'anxiété .............................................................................. 23
4.3 Massage .................................................................................................. 23
4.4 Mobilisation d'épaule ............................................................................. 24
4.5 TENS ...................................................................................................... 25
4.6 L’hypnose ............................................................................................... 26
4.7 Relaxation ............................................................................................... 27
Conclusion ........................................................................................................... 28
Bibliographie
Annexes
Introduction
La chirurgie thoracique est une spécialité intervenant sur le poumon, la plèvre, l’œsophage, le
médiastin… La majorité des opérations ont pour but le traitement des cancers bronchiques
non à petites cellules [1].
Le cancer du poumon était en 2012 la première cause de mortalité par cancer en France, avec
près de 30 000 décès chaque année.
Chez l’homme, l’incidence de ce cancer a diminué depuis les années 2000 [2]. On observe
cependant que chez la femme il est en augmentation, passant de 3,6 en 1980 à 18,6 pour 100
000 en 2012. Cette tendance est en lien avec l’augmentation de l’activité tabagique chez cette
population.
Le rôle du masseur-kinésithérapeute prend alors tout son sens, afin de prévenir ces
complications et/ou de participer à leur traitement. La pratique kinésithérapique comprend
plusieurs axes que sont le domaine respiratoire, le reconditionnement précoce à l’effort…
La chirurgie thoracique est souvent décrite comme étant la plus grande pourvoyeuse de
douleurs postopératoire [4]. L’algie rendant les séances de kinésithérapie peu efficace et
pouvant engendrer des complications postopératoires ; la lutte contre la douleur devient alors
un objectif thérapeutique prioritaire, inscrit dans le décret de compétence du masseur-
kinésithérapeute [5].
Ce mémoire a pour but de présenter notre rôle dans la prévention et la lutte contre la douleur
en périopératoire de chirurgie thoracique, à travers le cas de M.B, opéré d’une lobectomie
supérieure gauche.
1
Figure 1 : Parcours de soins de M.B
I) Présentation d’un cas de lobectomie supérieure gauche
1) Histoire de M.B
Données générales :
M.B est un homme de 64 ans qui mesure 1,72 m et pèse 80 kg. Son indice de masse
corporelle (IMC) de 28 kg/m2 indique un surpoids.
Son activité tabagique évaluée à 100 paquets/année1, est sevrée depuis 6 semaines.
Anamnèse :
Cet homme présentait en janvier 2013 des expectorations hémoptoïques de façon récidivante.
Une consultation médicale a amené à la découverte d’une tumeur de type carcinome à grandes
cellules nécrosées, de 5 cm de diamètre au niveau du culmen2 .C’est dans ce contexte que
M.B est entré en service de chirurgie thoracique le 4 mars 2013, pour une lobectomie
supérieure gauche. La participation aux soins kinésithérapiques a commencé à cette date (voir
Figure1).
Antécédents médico-chirurgicaux :
- Arthrose lombaire,
- Artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) qui a conduit à la pose d’un
stent fémoral à droite en 2003,
- Hypercholestérolémie,
- Hypertension artérielle (HTA),
- Arthrolyse sur une tendinopathie non rompue du muscle supra épineux droit en 2006.
Mode de vie :
Le patient exerçait jusqu’en 2010 le métier de cariste, il est depuis cette année en affection de
longue durée (ALD) pour une arthrose lombaire invalidante.
M.B est marié et a une fille de 30 ans qui vit à l’étranger.
Il habite une maison à un étage et est autonome pour tous ses déplacements quotidiens.
1
Paquet/année= nombre de paquets de cigarettes consommés par jour multiplié par le nombre d’année de
consommation de cette quantité.
2
Culmen : apex du lobe supérieur gauche.
2
Figure 2 : Radiographie préopératoire
Ses loisirs sont les voyages, le bricolage et l’informatique.
2) Examens médicaux complémentaires réalisés en préopératoire :
o Gaz du sang :
- PaO2 = 80 mmHg valeurs théorique : entre 73 et 100 mmHg
- PaCO2 = 38 mmHg valeurs théorique : entre 35 et 45 mmHg
- pH = 7,39 valeurs théorique : 7,40 +/- 0,02
Les résultats sont compris dans les normes théoriques [7].
o Radiographie thoracique :
La radiographie réalisée en préopératoire (voir Figure 2) révèle une horizontalisation des
côtes.
Cette information ajoutée à une augmentation du diamètre antéropostérieur et une diminution
du VEMS, CV et VEMS/CV ; mais aussi à l’augmentation du VR et de la CPT ; sont des
signes de distension thoracique [8].
o Scintigraphie pulmonaire:
Poumon D Poumon G
Ventilation 55% 45%
Perfusion 54% 46%
Le compte rendu médical indique une perfusion réduite au niveau du lobe supérieur gauche
avec un poumon gauche qui assure 46 % de la perfusion totale.
3
o Score ASA :
Le score ASA (American society of anesthesiologists) est un paramètre prédictif de morbi-
mortalité périopératoire. M.B a un score de III ce qui indique qu’il est porteur d’une anomalie
systémique sévère [9].
Au-delà d’un score supérieur ou égal à III on considère que les risques de complications
postopératoires sont importants.
1) Bilans :
- Bilan de la douleur :
Le patient évalue sa douleur au repos sur l’échelle visuelle analogique (EVA) à 0/100.
Cependant lors de la flexion rachidienne et la position de décubitus dorsal prolongée ce score
atteint 30/100.
4
Figure 3 : Zones de projection pulmonaire lors de l’auscultation
- Pas d’encombrement
++ Encombrement modéré
- Bilan respiratoire :
o Inspection thoracique :
Le type respiratoire est naso-nasale, et la mécanique ventilatoire externe est thoraco-
abdominal. Les mouvements thoraciques sont symétriques.
o Auscultation :
Elle est effectuée à l’aide d’un stéthoscope, de manière symétrique et bilatérale, sur les zones
de projection du poumon sur la paroi thoracique (voir Figure 3).
On perçoit alors le murmure vésiculaire sur toutes ces zones, ainsi que des ronchi bilatéraux
en proximal comme en distal.
o Toux/ encombrement :
L’AFE-test réalisé est positif, il souligne une mobilisation des sécrétions lors de sa réalisation.
Les expectorations sont muqueuses, parfois hémoptoïques, coulantes et filantes, cotées à 1
selon l’échelle de Keal (annexe A2).
Le volume de sécrétions expectorées n’a pas pu être mesuré. La quantité d’expectorations a
donc été évaluée selon une échelle subjective de l’encombrement bronchique. Elle est évaluée
comme étant quantitativement très importante en préopératoire (Tableau 1).
o Dyspnée :
Elle est cotée par le patient à 0 selon l’échelle de Borg (annexe A3).
- Bilan articulaire :
Aucun déficit articulaire n’a été relevé.
5
- Bilan musculaire :
Quantitatif Qualitatif
Muscles Abdominaux Mesure du débit expiratoire de Toux efficace
pointe (DEP) : réalisé avec un
peak-flow: 370 L/min soit 73%
de la théorie (Annexe A4)
Pas de matériel de mesure de la
PEmax.
Diaphragme Pas d’outil de mesure de la Aplatissement des coupoles
PImax. diaphragmatiques à la
radiographie thoracique.
Augmentation de la partie
inférieure de la cage
thoracique à l’inspiration.
Muscles inspiratoires PImax non mesurée Pas de contractures, ni tirages
Quadriceps Score MRC : 5/5 Pas de contractures,
amyotrophies, sidérations.
Trapèzes Non évaluée Contractures
- Bilan fonctionnel :
Les activités de la vie quotidienne et les déplacements sont réalisés en autonomie
M.B présente des difficultés pour mettre ses chaussettes, et pour toutes autres activités
nécessitant une flexion importante du tronc. Il a eu des séances de kinésithérapie pendant 6
mois en 2010 dans un but d’antalgie, de renforcement musculaire et d’hygiène rachidienne.
- Bilan de la coopération :
Le patient est volontaire, coopérant et participe activement aux soins. Cependant M.B est très
anxieux, il affirme qu’il est « de nature stressée » mais que cette résection pulmonaire et le
diagnostic de la lésion tissulaire l’inquiète encore plus.
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Traitement Posologie
Dafalgan 1g 3 fois/jour, per os
Antalgique non opiacés de
pallier 1
Topalgic 100mg 2 fois / jour, IV (intraveineuse)
Antalgique de pallier 2 puis relais per os
Acupan 3 fois/jour, IV puis relais per os à
Antalgique non opiacés de J2
pallier 1
Naropeine 2mL/mg Injections, arrêt à J2
Anesthésique local
Actiskénan Selon la douleur du patient, auto
Antalgique opiacé de pallier 3, administré par une pompe PCA,
morphinique arrêt à J2 puis relais per os
jusqu’à J5
Lovenox IV
antithrombotique
Kardegic 75 mg 1 fois / jour
Anticoagulant
Zocor 1 fois/jour
Hypolipémiants
- Environnement technique :
Ce bilan est réalisé le jour de l’intervention chirurgicale, deux heures après la fin de cette
dernière. Le patient se trouve en salle de réveil, il est éveillé et placé sous monitoring.
M.B a deux drains thoraciques au niveau du 5e espace intercostal et en aspiration à -20 cm
H2O. Il possède aussi une pompe PCA (patient control analgesic) de morphine, un cathéter
intraveineux d’Acupan® et un bloc d’anesthésiant local (Naropeine®) ; tous dans un but
antalgique (Tableau 2).
- Bilan de la douleur :
La douleur au repos est cotée à 60/100 selon l’échelle visuelle analogique (EVA).
L’évaluation lors de la toux protégée est de 70/100.
Cette douleur est localisée par le patient au niveau du trajet cicatriciel, de l’entrée des drains
thoraciques et de la région lombaire.
7
- Bilan morphostatique :
M.B est en décubitus dorsal, il s’est positionné en inclinaison homolatérale au site opéré.
- Bilan respiratoire :
o Inspection thoracique :
La mécanique ventilatoire externe est thoracique haute, le type respiratoire est bucco-buccale.
Le patient ne présente pas de signes de détresses respiratoires ou de troubles gazométriques.
o Auscultation :
On perçoit une atténuation du murmure vésiculaire sur tout l’hémithorax gauche
comparativement au coté opposé, avec comme en préopératoire des ronchi surajoutés.
o Les constantes :
La saturation pulsatile en oxygène est de 96%, l’oxygénothérapie est administrée à l’aide de
lunettes avec un débit de 2L/min.
La fréquence respiratoire est basse avec 10 cycles/min [6].
La fréquence cardiaque est de 87 battements/min.
o Toux/expectorations :
La toux spontanée est douloureuse et peu efficace. M.B a un encombrement bronchique
important, avec des expectorations filantes et sanglantes.
o Dyspnée :
La dyspnée cotée sur l’échelle de Borg est de 6/10 au repos, ce qui équivaut à une dyspnée
forte.
- Bilan fonctionnel :
M.B est dépendant pour toutes ses activités de la vie quotidienne, le levé du lit n’étant pas
encore autorisé.
8
Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF)
de M.B, réalisée à J0
IV) Stratégie thérapeutique :
2) Projet du patient
A l’interrogatoire de M.B, celui-ci explique qu’il souhaite reprendre toutes les activités qu’il
menait avant son intervention chirurgicale, pouvoir découvrir de nouveaux pays et participer à
l’entretien du domicile.
A court terme, il souhaite se reposer dans un centre de convalescence après son séjour
hospitalier.
3) Projet thérapeutique :
Le projet de soins est d’effectuer un désencombrement optimal de l’arbre bronchique,
d’augmenter les volumes respiratoires, de prévenir la survenue d’atélectasies et de lutter
contre la douleur.
9
5) Principes et précautions de la prise en soins :
Principes :
Précautions :
V) Intervention kinésithérapique
1) Hygiène hospitalière
Nous avons l’objectif d’assurer des gestes efficaces de kinésithérapie et de respecter les règles
de prévention du risque nosocomial respiratoire pour le patient, le personnel et l'entourage
[13].
Mise en place :
- Hygiène du thérapeute : friction des mains à la solution hydro alcoolique au début et à
la fin de la prise en soins de M.B, port de masque et de gants pendant la séance de
kinésithérapie respiratoire.
- Hygiène du patient : on conseille au patient de se laver les mains après une séance de
désencombrement bronchique.
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- Matériel : le matériel de spirométrie est à patient unique. Le peak-flow réutilisable doit
être décontaminé entre chaque patient et est utilisé avec un embout unique jetable.
Position du patient :
Assis ou semis assis, le patient doit plaquer le bras homolatéral au côté opéré le long de son
hémithorax. Avec sa main controlatérale il vient augmenter la pression en adduction du bras
Position du thérapeute :
Une main est placée au niveau thoracique afin d’augmenter le débit d’air expiré, tandis que
l’autre viendra se positionner au niveau de l’abdomen.
Préambule :
A l’aide de la palpation et de l’auscultation, nous objectivions l’encombrement chez M.B.
Modalités:
La vitesse d’augmentation du flux expiratoire est choisie selon la localisation de
l’encombrement. Les AFE seront rapides lorsque l’encombrement est proximal et à l’inverse
elles seront réalisées de manière lente et prolongée lorsque les sécrétions bronchiques sont
localisées de manière plus distale.
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Image 1 : PEP-thérapie au Respirex®
Consignes données au patient :
Il est demandé au patient d’expirer l’air de son volume courant, puis d’effectuer une
inspiration nasale lente et maximale, jusqu’à atteindre le volume de réserve inspiratoire
(VRI). Ensuite, doit être effectuée une expiration buccale plus ou moins rapide selon l’AFE
choisie, jusqu’au volume de réserve expiratoire (VRE) [15].
Lorsque les sécrétions sont remontées au niveau trachéal, nous demandons au patient de
tousser afin de les évacuer.
Position du thérapeute :
Il se place de manière latérale au patient, une main à la partie supérieure du thorax exerçant
une pression vers le bas, l’arrière et le dedans suivant le mouvement physiologique du gril
costal ; la seconde main se place au niveau abdominal et exerce une pression vers le haut et
l’arrière au début de l’expiration.
Les critères d’arrêt sont la fatigue, la douleur du patient ainsi que l’absence de sécrétions
objectivées notamment grâce à l’auscultation.
b) PEP-thérapie au Respirex®
C’est un dispositif patient unique qui permet de placer une résistance à l’expiration de l’air et
de créer ainsi une pression expiratoire positive (PEP) continue.
La résistance appliquée est choisie à l’aide d’un sélecteur rotatoire qui offre la possibilité de
choisir entre 6 orifices de diamètre décroissant.
Réalisation :
Il est demandé au patient d’effectuer une inspiration maximale, puis d’introduire le Respirex®
dans la bouche et d’expirer de manière continue le plus longuement et lentement possible.
Le thérapeute accompagne le mouvement thoraco abdominale lors de l’expiration avec une
main placée au niveau du thorax et l’autre au niveau abdominal (voir Image1).
12
Réalisation :
Il est demandé au patient de déplacer le curseur d’une réglette selon la douleur ressentie à un
instant donné, entre l’extrémité gauche qui n’indique aucune douleur, et l’extrémité droite qui
indique la douleur maximale imaginable (voir Figure 4).
Au verso de cette réglette, se trouve des valeurs chiffrées entre 0 et 100 mm visible
uniquement par le thérapeute.
L’EVA est utilisée avant et après les soins kinésithérapiques, lors de la toux, d’un effort…
b) Massage et mobilisations
L’objectif est de diminuer le seuil douloureux, d’augmenter la compliance et la souplesse
thoracique et d’améliorer le confort du patient [17].
Position du patient :
Le patient est assis au fauteuil ou en décubitus latéral.
Localisation :
Le massage est réalisé dans la région cervicale, scapulaire, paravertébrale et lombaire.
Techniques :
Il consiste en des techniques d’effleurage, de pressions glissées superficielles et profondes,
ainsi que de frictions et trigger points pour lever les contractures.
Des mobilisations lentes et douces du cou et des membres supérieurs sont réalisées durant
toute la prise en soins.
5) Reconditionnement précoce
L’activité physique a été reprise précocement, dès J1 en postopératoire.
Le reconditionnement à l’effort doit se faire le plus rapidement possible afin de limiter les
complications postopératoires imputables à la chirurgie (atélectasies, hypoventilation…) [18]
(voir Image 2).
o De J1 à J3 :
La marche de M.B, étant donné la présence de drains en aspiration, ne se fait que dans sa
chambre. L’activité physique est réalisée sous oxygénothérapie avec un débit de 3L/min.
La saturation ainsi que la fréquence cardiaque sont surveillées par le thérapeute à l’aide d’un
oxymètre de pouls.
13
Figure 5 : Evolution quotidienne de la distance parcourue, selon le débit en
oxygène et la dyspnée de M.B
Pré-op J0 J1 J2 J3 J4 J5 J6 J7 J8
Radio Opacité Idem Idem idem Moins idem / Opacité idem Idem
diffuse, importante diminuée
bilatéral localisée à
gauche
Auscultation MV + ↓MV + MV + idem MV idem MV idem idem Idem
ronchis ronchis ronchis +↓ronchis
bilatéraux bilat bilat à droite
Quantité de
sécrétions ++++ +++ +++ +++ ++ ++ ++ + - -
o J3 à J5 :
L’ablation dès drains à J3 permet de commencer la marche dans le couloir avec les mêmes
critères de surveillance, et une augmentation croissante du périmètre de marche.
o J6 à J8 :
A partir du 6e jour, la marche est associée à une activité de montée et descente d’escaliers en
vue d’une prochaine sortie ; puis une deuxième séance d’activité physique dans la journée
consistait en un travail sur cycloergomètre pendant 15 à 20 minutes.
M.B était très motivé à la pratique de l’exercice physique, malgré la désaturation en oxygène
qui apparaissait en parallèle à une dyspnée importante, relevée tout au long de la prise en
soins (Figure 5).
1) Encombrement
L’encombrement bronchique a évolué de manière décroissant tout au long du séjour de M.B.
A sa sortie du centre hospitalier le patient ne présentait plus d’indications au
désencombrement bronchique (voir Tableau 3).
2) Douleur
La douleur ressentie par M.B était sans cesse positive tout au long de sa prise en charge
hospitalière, variant de 60 à 5% sur l’EVA (Figure 6, voir verso).
3) Oxygénothérapie
On peut noter durant l’hospitalisation de M.B, une oxygénothérapie sevrée seulement au 8e
jour postopératoire. Le débit en oxygène en post-chirurgical immédiat est de 1L/min puis il
augmentera à 3 L/min le lendemain afin de diminuer progressivement par la suite. On note de
plus des difficultés de sevrage marqué par des épisodes de désaturation.
14
Figure 6 : Evolution de la douleur en postopératoire selon l’échelle visuelle
analogique
Il a été réalisé au 9e jour après la résection pulmonaire de M.B et le jour de son départ vers un
centre de convalescence.
Le patient présente une douleur de repos évaluée à 10/100 selon l’échelle visuelle analogique
et localisée au niveau de l’hémithorax gauche.
Son attitude spontanée trahit cette sensation, avec une tendance à l’inclinaison frontale du
côté opéré et une kinésiophobie persistante.
Au niveau respiratoire, M.B ne présente plus d’encombrements objectivés ni à l’auscultation,
avec un murmure vésiculaire sans bruits surajoutés, ni à l’AFE test ou à la palpation.
La fréquence respiratoire est de 13 cycles/min, soit une valeur normale [6].
Le sevrage en oxygène est réalisé, on note une saturation pulsatile en air ambiant à 94%.
Le patient ressent cependant une sensation d’étouffement comme ce fut le cas tout le long de
la prise en soins, avec l’impression « d’être essoufflé et de manquer d’air ». Sa dyspnée de
repos selon l’échelle de Borg est de 3/10 ce qui correspond à une dyspnée modérée.
Au niveau fonctionnel, M.B est indépendant pour la toilette, l’habillage et l’alimentation.
VIII)Discussion
En effet, bien que l'encombrement des voies aériennes ait diminué de façon optimale et que le
reconditionnement à l'effort ait pu se faire de manière progressive, le patient présentait une
douleur de repos qui n’était jamais complètement soulagée. L'algie était multiple, aussi bien
au niveau du trajet cicatriciel, à l’entrée des drains thoraciques au niveau pariétal ou encore
15
lors des mouvements du membre supérieur gauche. Elle était décrite en termes de
"tiraillement", "déchirure" et "brûlure".
En plus de la douleur présentée par le patient, on peut noter que les suites opératoires ont été
marquées par une oxygénodépendance qui semble être élevée ; le sevrage en oxygène n’a eu
lieu qu’au huitième jour postopératoire.
L’oxygénodépendance a-t-elle été trop importante chez M.B? Est-elle liée à la douleur relevée
durant son hospitalisation?
Pour répondre à cette première question, j'ai mené durant 12 semaines une étude rétrospective
dont l'objectif principal était d’observer le nombre de jours moyens d’oxygénodépendance en
postopératoire d’une lobectomie (Annexe C1). L’objectif secondaire était d’observer si les
patients lobectomisés par thoracotomie ont un délai de sevrage différent de ceux opérés par
thoracoscopie vidéo assistée (VATS).
33 patients ont à ce jour été répertoriés; la durée moyenne du traitement est de 1,69±1,02
jours. 16 patients ont été opérés par thoracotomie, et en moyenne leur oxygénodépendance
dure 2,31±0.87jours. Le nombre de patients opérés par thoracoscopie est de 17, ils sont en
moyenne sevrés en oxygène au bout de 1,12±0,78 jours.
La durée d’oxygénodépendance est significativement inférieure dans le groupe des patients
opérés par thoracoscopie (p<0,01)
Nous pouvons relever que les 8 jours d'oxygénodépendance de M.B peuvent être considérés
comme élevés comparativement à la moyenne retrouvée dans cette étude. A noter tout de
même que cette dernière est encore en cours d’élaboration et qu’une population plus
importante est nécessaire pour en préciser les résultats.
De plus, nous pouvons être interpellés par la différence retrouvée quant au délai
d'oxygénodépendance selon les deux modes opératoires.
La thoracotomie étant un abord chirurgical plus douloureux [19] que la thoracoscopie vidéo
assistée, on peut supposer un lien avec cette différence de durée d'oxygénation.
16
Quelle est la place du kinésithérapeute dans la prévention et le traitement de la douleur en
chirurgie thoracique ?
C’est une sensation subjective dont la perception relève d’un système sensoriel chargé de
conserver et de défendre l’intégrité corporelle.
Il existe différents types de douleur, qui sont décrites selon leur mécanisme:
• Douleur psychogène.
Dans le cas des suites opératoires, tous ces mécanismes peuvent être retrouvés et associés ;
d'où la nécessité d'une prise en soins multidimensionnelle.
17
2.2 La thoracotomie
La thoracotomie est la voie habituelle pour toute exérèse pulmonaire [21]. Elle est réalisée en
positionnant le patient en décubitus latéral, l’articulation gléno-humérale placée en abduction,
rotation externe et antépulsion [22].
Elle consiste en une incision pariétale au niveau du 5e ou 6e espace intercostal et des muscles
trapèze, grand dorsal, rhomboïdes et dentelé antérieur. L’espace intercostal est alors ouvert à
l’aide d’un écarteur de Finochietto [20].
L’incision chirurgicale est à l’origine de la douleur aiguë postopératoire, véhiculée par les
nerfs intercostaux et provoquée par un excès de nociception. L’algie sera ensuite majorée par
des phénomènes inflammatoires et une contracture musculaire reflexe. En effet, l’étirement,
écartement et incision musculaire sur le trajet de la thoracotomie entraîne une réaction de
défense de l’organisme ; d’où l’apparition de douleurs lors de la mobilisation et/ou de
contractures principalement para-vertébrales et péri-scapulaires [27].
En plus des douleurs d’incisions, l’ouverture de l’espace intercostal par des écarteurs conduit
à une possible subluxation des côtes, une lésion du système ligamentaire chondro-costal ou
costo-vertébral ainsi qu’une éventuelle section, compression ou ligature des fibres nerveuses
qui entraînent une désorganisation de l’influx nerveux.
De ces deux feuillets, seule la plèvre pariétale comprend une innervation provenant des nerfs
intercostaux et des nerfs phréniques. La plèvre viscérale ne contient pas de fibres nerveuses
sensitives [25]. C’est donc l'irritation de la plèvre pariétale par les drains qui est responsable
d'une douleur transitant par les rameaux pleuraux des nerfs intercostaux.
18
2.4 L'anxiété
La perspective d’une intervention chirurgicale est souvent accompagnée d’un malaise
psychique dénommé anxiété et perçue selon les études chez 80% des patients en préopératoire
[26].
Cet état émotionnel est d’autant plus présent quand l’opération subie est liée à un cancer [27].
Une étude française de 2010 [28] évalue le lien entre l’anxiété préopératoire et la douleur
postopératoire de résection pulmonaire, que ce soit après une lobectomie ou une
pneumonectomie. Il est retenue un résultat non significatif quant au lien entre douleur et
anxiété de fond ressentie par le patient en préopératoire.
Une autre étude [29] montre quant à elle le lien entre anxiété postopératoire et douleur, mais
pas avec celle présente en préopératoire.
De plus, il est reconnue que le syndrome anxieux aggrave la perception de la douleur et donc
favorise la consommation d'antalgiques en postopératoire [30].
L’atteinte respiratoire qui est inévitable après une résection pulmonaire est le syndrome
restrictif. En effet, que ce soit après une lobectomie ou une pneumonectomie, cette
manifestation s'explique par la diminution des volumes pulmonaires.
La présence constante de ce phénomène crée « un support » de limitations respiratoire que
l’algie ne fera qu’aggraver par une majoration de l’hypoventilation.
La douleur après thoracotomie est l'une des complications les plus graves que l’on retrouve
après une chirurgie. Elle contribue à limiter l'activité respiratoire, à diminuer la capacité
d'expectorations et à réduire la fonction respiratoire [31].
19
La douleur, qui souligne un stress physiologique, limite l'évacuation des sécrétions et la
récupération de la fonction pulmonaire ; c’est un facteur important dans l'étiologie des
complications pulmonaires [32].
Cependant les drogues analgésiques peuvent elles même être l’origine de troubles de la
ventilation notamment à cause de leur caractère dépresseur respiratoire ou bronchospastique.
[34].
Dès les plus faibles doses de morphine, il existe une diminution de la réponse à l'hypoxémie
et à l'hypercapnie ainsi qu'une bradypnée pouvant conduire à l'apnée [35]. La morphine est
aussi responsable d’une inhibition du centre de la toux [36].
La douleur postopératoire est par ailleurs impliquée dans le dysfonctionnement des muscles
inspiratoires avec une diminution de la force inspiratoire comme le met en évidence une étude
de Vassilakopoulos et al [37].
Dans ce contexte, notre but en tant que masseur-kinésithérapeute sera de prévenir et limiter la
douleur afin d’éviter son retentissement sur la fonction respiratoire et limiter la consommation
d’antalgiques, eux même responsable de certains dysfonctionnement ventilatoire.
3.2 Hypokinésie
La douleur après résection pulmonaire est majorée lors du mouvement, notamment dans les
mouvements du tronc et du membre supérieur ipsilatéral au site opéré. Le principal antalgique
utilisé, la morphine, soulage la douleur de repos mais pas celle suscitée lors de la mobilisation
et de la toux [20]. Ces phénomènes peuvent alors induire le patient à limiter ses mouvements.
20
3.3 La chronicisation
La douleur chronique est généralement définie comme étant une sensation qui perdure plus de
trois mois. Cependant, au niveau de la douleur chronique postopératoire, elle correspond à
une douleur persistante plus de deux mois après l’intervention chirurgicale et qui ne peut être
expliqué par un autre événement [38].
La fréquence de la douleur chronique post-thoracotomie est variable, elle oscille entre 50%
[39] et 60 % [38].
Cette variabilité dans les études peut être expliquée par l'absence d'une homogénéité
méthodologique retrouvée au moment d’interpréter la littérature.
Aucune harmonisation n’existe quant à la définition de la sévérité et de la durée du syndrome
douloureux.
On retrouve aussi des différences de traitement anesthésiques et analgésiques, d’échelles
d'évaluation de la douleur, du temps de suivi postopératoire mais aussi d'attitude des patients
envers cette sensation subjective qu'est la douleur.
La douleur chronique en postopératoire d’une thoracotomie est un phénomène courant et qui
peut être handicapant. Plusieurs facteurs favorisants sont retrouvés dans la littérature,
notamment les facteurs psychosociaux, la douleur préopératoire, les lésions nerveuses et
costales… [38]. Cependant selon une étude de 2009, le principal facteur prédictif d'une
douleur chronique est la sévérité de la douleur aigue postopératoire [40],
Dans le cas ou cette dernière se produisait, une intervention de notre corps professionnel peut
se poursuivre en cabinet de ville.
21
4. Intervention masso-kinésithérapique en périopératoire
Évaluation quantitative:
Évaluation qualitative:
Ces évaluations sont des auto-évaluations de la douleur par le patient. Une appréciation par le
thérapeute peut aussi être réalisée à l’aide d’échelle de la consommation d’antalgiques (dose
de morphine administrée/dose demandée par le patient), d’évaluation comportementale…
Quelque soit l’outil choisi, il doit être reproductible inter et intra-individuel tout au long du
parcours hospitalier du patient. L’évaluation doit se faire à l’instant t et non de façon
rétrospective, pour plus d’exactitude [42].
22
4.2 Lutte contre l'anxiété
Elle se fera principalement à travers de l’éducation et de l’information du patient.
Une étude réalisée sur 97 patients, évalue l’effet que peut avoir un programme d’éducation et
de soutien psychologique sur les douleurs postopératoires. Le groupe ayant suivi ce
programme a obtenu une diminution des scores de douleurs postopératoires et une épargne de
morphine de 30 à 50% [43].
Par ailleurs, une systematic review [44] portant sur plus de 1500 patients, étudie l’effet de la
transmission d’information multimédia portant sur l’anesthésie et l’opération chirurgicale. Il
est alors retrouvé que le niveau d’anxiété était moins intense chez les patients ayant reçu une
information multimédia et une documentation plutôt que chez ceux n’ayant reçu aucune
information.
On peut dans cette même idée, en tant que masseur-kinésithérapeute créer des supports
multimédia (type vidéo) expliquant les suites opératoires et l’intervention que l’on aura en
périopératoire, en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire. Ce type d’intervention fait
partie du rôle du kinésithérapeute dans l’éducation à la santé et dans la prévention de la
douleur [5].
La mesure de l’anxiété pourra notamment se faire avec l’EVA, qui est aussi validée pour
l’évaluer.
4.3 Massage
Le massage est constitué d’un enchainement de manœuvres de type effleurage, pressions
glissées superficielles, profondes, statiques, frictions, vibrations, pétrissage…
Selon Dufour, le massage en postopératoire c'est « déjouer les sidérations, les inconforts, les
appréhensions, et surtout c'est accompagner et stimuler ce qui est dans l'attente ». Il a de plus
un rôle sédatif chez la personne anxieuse [45].
Une étude prospective de Marin et al [46] menée sur 116 patients évalue la prise en soins de
la douleur par le kinésithérapeute après thoracotomie de résection pulmonaire.
Une autre étude plus récente vient appuyer ce résultat [47]. Elle porte sur 160 patients qui ont
tous reçus des séances de massage en postopératoire de chirurgie thoracique. Il est demandé à
chaque patient d’évaluer sa douleur entre 0 et 10 sur l’EVA avant et après le massage. Cette
valeur diminue après le massage de 3,49 points en moyenne. Le résultat de cette analyse est
une diminution significative de la douleur après le massage (p<0.001).
Ces deux études, bien que de niveau 4, sont intéressantes dans la mesure où la majorité des
recherches retrouvées concernant l'effet du massage en chirurgie, évaluent l'intérêt lors de
chirurgie rachidienne et que peu de littérature ne s'intéresse au postopératoire d'une résection
pulmonaire.
Une étude australienne [48], contrôlée randomisée évalue l’efficacité que peut avoir un
programme de kinésithérapie postopératoire, comprenant des exercices visant à améliorer la
fonction de l'épaule (amplitude articulaire et force musculaire) et à diminuer la douleur, chez
des patients subissant une résection pulmonaire par thoracotomie.
Les patients du groupe expérimental ont en plus des soins médicaux, une prise en charge
kinésithérapique de la mobilité de l'épaule, avec des exercices progressifs durant toute
l'hospitalisation, et la remise d'un livret d'accompagnement à la sortie contenant des exercices
de décharge de l'épaule.
La prise en soins commence en préopératoire puis les patients sont suivis jusqu'à 3 mois après
la chirurgie.
24
Les personnes ayant suivis ces soins de kinésithérapie ont significativement moins de douleur
d'épaule, de douleur générale, une meilleure qualité de vie et une meilleure mobilité de
l'épaule à 3 mois.
4.5 TENS
La stimulation électrique nerveuse transcutanée (TENS) est une technique antalgique non
médicamenteuse. En chirurgie thoracique, elle est proposée comme un traitement adjuvant
dans la lutte contre la douleur postopératoire, avec pour objectif l’amélioration de la
mécanique thoracique et la réduction des complications respiratoires de manière non invasive
et non pharmacologique [50].
Dans le cadre des douleurs postopératoires, deux courants sont utilisés [49] :
L’intensité efficace est propre à chaque patient, les picotements doivent être ressentis sans
être désagréable.
Afin d’éviter l’accoutumance il est conseillé d’alterner les programmes, qui seront utilisés
plusieurs fois par jour durant 20 à 30 minutes, à l’aide de 4 électrodes placées de part et
d’autre de la cicatrice de thoracotomie ou sur tout autre région douloureuse.
L’efficacité de la TENS a été démontrée dans une revue de la littérature de Freynet et Falcoz
[51] en 2009 puis confirmée dans une méta-analyse de Sbruzzi et ses collaborateurs en 2012
[50].
Cette première revue regroupe 9 essais contrôlés randomisés dont 7 révèle l’intérêt de la
TENS comme adjuvant thérapeutique aux traitements antalgiques après une thoracotomie
postéro-latérale. De plus, elle permet de réduire la durée du séjour en salle de réveil et
d'augmenter l’ampliation thoracique favorisant l’efficacité des séances de kinésithérapie.
25
Figure 7 : Forest plot de Sbruzzi et al. en faveur de l’utilisation de la TENS
Cette analyse est en accord avec celle de Sbruzzi et al qui porte sur 12 études contrôlées
randomisées et qui confirme l’effet antalgique de la TENS aussi bien après thoracotomie que
sternotomie. La méthodologie consiste en l’inclusion d’études comparant : la TENS associée
ou non à une analgésie pharmacologique par rapport au placebo TENS associée ou non à une
analgésie pharmacologique, ou versus une analgésie pharmacologique seule. L’échelle
visuelle analogique est utilisée pour évaluer la douleur.
Je me suis concentrée sur les 5 études de cette méta-analyse traitant de l’intérêt après
thoracotomie postéro-latérale, comme c’est le cas du patient que j’ai pu suivre.
On retrouve alors une concordance des données en faveur de l’utilisation de la TENS, comme
nous pouvons l’observer sur ce graphique (voir Figure 7). En effet, la stimulation électrique
associée à un traitement antalgique pharmacologique diminue la douleur (EVA -1,29)
comparée au placebo TENS associé à un traitement pharmacologique 95% CI: -1.94 to - 0.65.
4.6 L’hypnose
L’hypnose est un adjuvant non pharmacologique dans la lutte contre la douleur. Elle nécessite
l’adhésion complète du patient au traitement pour en percevoir l’efficacité. C’est un moyen
cognitif de contrôler la douleur, comme c’est le cas par exemple pour l’effet placebo.
Comme le décrit l’institut UPSA de la douleur, l’hypnose se compose de trois étapes [52]:
- L'induction : Le patient doit fixer son attention ou son regard sur un objet ou sur une
partie de son corps, afin de progressivement effacer l’environnement qui l’entoure.
- La dissociation ou confusion : Le patient est coupé de ses perceptions sensorielles, son
corps est agréablement engourdi et immobile.
26
- L'ouverture : étape de sensorialité maximale, ou le patient doit accéder à toutes les
ressources de son corps.
Une méta-analyse menée par Montgomery et ses collaborateurs [53], porte sur 20 études
contrôlées incluant un total de1 624 patients en période périopératoire. Le but de cette analyse
est de déterminer si l’hypnose a un impact significatif sur la douleur, et si cet impact varie
selon le mode d’induction hypnotique (accompagnement verbal ou bande sonore enregistrée).
Les résultats sont une amélioration significative des scores de douleur, de la consommation
d'antalgiques, du niveau d'anxiété, du temps de réveil et de la durée d'hospitalisation,
comparativement aux groupes contrôles. Aucune différence d'efficacité n'a été retrouvée selon
le mode d'induction hypnotique.
Cette méta-analyse bien que de niveau 1 inclut des études randomisées et non randomisées, la
littérature est plutôt ancienne (1959 à 2000), mais surtout aucune des études présentes ne
porte sur la douleur après chirurgie thoracique.
La littérature retrouvée dans ce domaine traite principalement des effets de l’hypnose chez
certains types de population (enfant, femme enceinte,…). Peu d’études avec une
méthodologie bien conduite n’ont été retrouvées. Cela est en partie dû à la difficulté de
réaliser des études en double aveugle. En effet, contrairement à un traitement
pharmacologique où le thérapeute peut ne pas avoir conscience du contenu du produit
administré, l’hypno-analgésie nécessite une formation par le praticien, il lui est donc difficile
de ne pas se rendre compte de son traitement.
4.7 Relaxation
La relaxation est communément définie comme étant une « détente physique et mentale
résultant d'une diminution du tonus musculaire et de la tension nerveuse» [54].
Les techniques de relaxation mises à disposition des patients sont diverses :
Méthode de Schultz [55]: aussi dénommée méthode du « training autogène ». Le but
de cette méthode de parvenir à « une déconnection de tout l’organisme qui permet
d’accroitre les capacités normales et de réduire ou supprimer les déficiences
anormales » que sont par exemple les douleurs.
27
Le training autogène repose sur:
- Le cycle inférieur : il se compose de six phases que sont l’attitude générale du sujet, la
pesanteur et chaleur, l’exercice cardiaque, le contrôle respiratoire, la régulation des
organes abdominaux, le régime spécial de la tête.
- Le cycle supérieur : qui se rapproche de la psychothérapie et qui n’est pas pratiqué par
les kinésithérapeutes.
Jacobson : C’est une méthode segmentaire qui se concentre sur une partie du corps à la
fois. Le principe est que le relâchement musculaire s’accompagne d’une sérénité
mentale [55]. Cette méthode est pratiquée durant 30 secondes à 1 minute et
commence par le travailler du membre supérieur. Le patient doit réussir à prendre
conscience de la contraction musculaire d’un groupe donné, puis au relâchement de
cette contraction. Petit à petit, cet exercice est répété sur l’ensemble des groupes
musculaires [56].
28
Conclusion
Toutes ces informations m’ont amenées à réfléchir sur la prise en soins de M.B, et sur la façon
dont nous aurions pu optimiser les suites de son intervention chirurgicales.
La douleur est une sensation qui motive près de deux tiers des consultations médicales selon
l’INSERM (institut national de la santé et de la recherche médicale) [57], son traitement est
pour cela un véritable enjeu.
D’après la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, un plan douleur de 2006 à 2010, à été mis en
place, avec notamment pour objectif d’améliorer l’utilisation des approches non
pharmacologiques de la douleur, ce à quoi nous contribuons en tant que masseur-
kinésithérapeute.
Par ailleurs, l’écriture de ce mémoire m’a amenée à souligner que M.B présentait déjà des
douleurs (lombaires) avant son intervention et que cet aspect à été négligé dans la préparation
préopératoire ; peut être en faveur d’une intervention kinésithérapique plus orientée sur des
techniques respiratoires, étant donné l’état d’encombrement bronchique que ce patient
présentait.
De plus, M.B était très anxieux, aussi bien en pré qu’en postopératoire, il s’inquiétait
beaucoup sur son avenir médical, or nous avons pu voir que le lien entre anxiété et douleur est
parfois très étroit.
29
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Surgery 10 (2010) 283–288
Annexes A : Échelles
Annexe C : Étude
Annexe C1 : Abstract
Annexes A
Annexe A1 : Paramètres de Gold de l’obstruction bronchique
Guidelines for the Six-Minute Walk Test. American journal of respiratory and critical care medicine.Vol. 166
pp 111-117, 2002
Annexe C
Annexe C1 : Abstract
Contexte : L’oxygénothérapie est un traitement obligatoire après une lobectomie pulmonaire, la durée
d’administration est cependant variable selon les besoins de chaque patient.
Problématique : Quelle est la durée moyenne d’oxygénodépendance après l’ablation d’un lobe
pulmonaire ?
Objectifs : Observer quel est le nombre de jours moyen avant le sevrage en oxygène en postopératoire
d’une lobectomie.
Observer s’il y a une différence significative au niveau de ce délai entre des patients opérés par
thoracotomie postéro latérale, et d’autres par thoracoscopie vidéo assistée (VATS).
Matériel : Les patients ont été opérés par thoracotomie ou par thoracoscopie. Ils ont tous bénéficié
d’une prescription de kinésithérapie respiratoire et de mobilisations en postopératoire.
Méthodes : Etude réalisée dans deux services de chirurgie thoracique de deux centres hospitaliers
universitaires, en postopératoire d’une résection d’un lobe pulmonaire. La durée de l’étude est de 12
semaines.
Il sera noté durant la prise en soins kinésithérapique, la date de prescription médicale d’arrêt de
l’oxygénothérapie.
Résultats : Une population de 33 patients a été répertoriée à ce jour ; la durée moyenne du traitement est
de 1,69±1,02 jours.
16 patients ont été opérés par thoracotomie, et en moyenne leur oxygénodépendance dure 2,31±0.87
jours.
Le nombre de patients opérés par thoracoscopie est de 17, ils sont sevrés en oxygène au bout de
1,12±0,78 jours.
La durée d’oxygénodépendance est significativement inférieure dans le groupe des opérés par
thoracoscopie (p=0.01).
Discussion : En moyenne les patients opérés par thoracoscopie ont une oxygénodépendance moins
importante que ceux ayant bénéficié d’un mode opératoire par thoracotomie. L’ouverture de
thoracotomie est un abord qui engendre des douleurs aigues plus importantes que la VATS en
postopératoire. Cette douleur pouvant être l’origine de complications respiratoires (hypoxémie,
diminution de la capacité d'expectorations, réduction de la fonction respiratoire…), le masseur-
kinésithérapeute a un rôle essentiel dans sa prévention, son évaluation et sa prise en soins.
Conclusion : Cette étude est encore en cours d’élaboration, une population plus importante sera
nécessaire afin d’en préciser les résultats.
Mots clés : chirurgie thoracique, lobectomie, oxygénothérapie
Résumé
Nous étudions à travers ce mémoire, le cas de M.B, pris en charge en service de chirurgie
thoracique dans le cadre d’une lobectomie supérieure gauche.
Douleur Pain
Lobectomie Lobectomy