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Chapitre 4: Le médecin préleveur de cellules et/ou de tissus pour des examens d'anatomie
et cytologie pathologiques.......................................................................................................................... 63
UE 9 - item 290
Pr Jean-Philippe SPANO
Président du CNEC
1 ntrod uction
►
Sous l'égide du Collège National des Enseignants en Cancérologie (CNEC) et spécialement conçu pour la
préparation de l'iECN, ce manuel adopte fidèlement le programme de la cancérologie aux iECN.
Il a été réalisé avec le concours d'équipes universitaires impliquées dans l'enseignement de la cancérologie,
discipline transversale s'il en est.
Les auteurs, dont l'expertise est reconnue, doivent être ici remerciés de leur implication dans la réalisation de cet
ouvrage.
Chaque item est structuré de manière identique ; les principales références et recommandations sont indiquées.
S'y ajoute le « coup de pouce de l'enseignant » et les points principaux à retenir qui ponctuent chaque chapitre. En
dehors des cancers de la peau, des poumons, de la prostate, du côlon et du sein, les modalités thérapeutiques sont
données à titre indicatif, le programme de l'iECN ne faisant pas mention du traitement.
Nous espérons que cet ouvrage réponde à vos attentes et vous guide au mieux pour la préparation de l'iECN.
Pr Philippe Giraud
Pr Jean Trédaniel
Coordonnateurs de l'ouvrage
Les auteurs
►
Pr Jérôme Alexandre Pr Bruno Chauffert
Service de Cancérologie Médicale, Hôpitaux Universitaires Service d'Oncologie Médicale, CHU Amiens, Université de
Paris Centre, site Port Royal, AP-HP, Université Paris-Descartes, Picardie Jules Verne, Amiens
Paris
Pr Olivier Chinot
PrYves Allory Service de Neuro-Oncologie, AP-HM, CHU Timone, Aix
Laboratoire d'Anatomo-pathologie, Hôpital Henri-Mondor, Marseille Université, Marseille
AP-HP, Université Paris-Est Créteil, Créteil
Pr Jean-Marc Classe
Pr Thierry André Département de Chirurgie Oncologique, Institut de
Service d'Oncologie médicale, Hôpital Saint Antoine, AP-HP, Cancérologie de l'Ouest, Université de Nantes, Nantes
Université Pierre et Marie Curie, Paris
Dr Romain Cohen
Dr Emilie Andrieu Service d'Oncologie médicale, Hôpital Saint Antoine, AP-HP,
Département de Dermatologie, Hôpital Charles Nicolle, Université Pierre et Marie Curie, Paris
Université de Rouen, Rouen
Dr Odile Cohen Haguenauer
Dr Julia Arfi-Rouche Unité Fonctionnelle d'Oncogénétique, Hôpital Saint-Louis, AP
Service de Radiologie, Institut Gustave Roussy, Université HP, Université Paris-Diderot, Paris
Paris Sud, Villejuif
Pr Elisabeth Cohen-Jonathan Moyal
Dr François Audenet Département de Radiothérapie, Centre Claudius Regaud,
Service d'Urologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP Université Paul Sabatier, Toulouse 111, Toulouse
HP, Paris
Pr Jean-Michel Coindre
Pr David Azria Département d'anatomopathologie, Institut Bergonié,
Département de Radiothérapie Oncologique, Institut régional Université de Bordeaux, Bordeaux
du Cancer Montpellier, Université de Montpellier, Montpellier
Pr Pierre-Emmanuel Colombo
Dr Marc-Antoine Benderra Département de Chirurgie oncologique, ICM Val d'Aurelle,
Service d'Oncologie Médicale et de Thérapie Cellulaire, Université de Montpellier, Montpellier
Hôpital Tenon, Groupe Hospitalier Est-Parisien, AP-HP,
Université Pierre et Marie Curie, Paris Pr Thierry Conroy
Département d'Oncologie médicale, Institut de Cancérologie
Pr Jaafar Bennouna de Lorraine, Université de Lorraine, Vandoeuvre-lès-Nancy
Service d'Oncologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire,
Université de Nantes, Nantes Dr Patricia de Cremoux
Unité d'Oncologie Moléculaire, Hôpital Saint-Louis, AP-HP,
PrYazid Belkacemi Université Paris-Diderot, Paris
Service d'Oncologie Radiothérapie, Hôpitaux Universitaires
Henri Mondor, AP-HP, Centre Sein Henri Mondor, Université Pr Stéphane Cutine
Paris Est Créteil, Créteil Service d'Oncologie Médicale, Hôpital Saint-Louis, AP-HP,
Université Paris-Diderot, Paris
Pr Jean-Yves Blay
Département d'Oncologie Médicale, Centre Léon Bérard, Dr Elsa Curtit
Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon Service d'Oncologie médicale, CHRU de Besançon, Institut
Régional Fédératif du Cancer de Franche-Comté, Université de
Dr Céline Bourgier Bourgogne-Franche-Comté, Besançon
Département de Radiothérapie Oncologique, Institut régional
du Cancer Montpellier, Université de Montpellier, Montpellier Pr Jean-Pierre Delord
Département d'Oncologie médicale, Institut Universitaire de
Pr Guilhem Bousquet Cancérologie de Toulouse - Oncopole, Faculté de médecine
Service d'Oncologie, CHU Avicenne, AP-HP, Bobigny, Université Toulouse-Rangueil, Université Paul Sabatier Toulouse Ill,
Paris 13, Villetaneuse Toulouse
Dr Luca Campedel Dr Jérome Doyen
Sénopôle Saint Louis, Hôpital Saint Louis, AP-HP, Université Service de Radiothérapie, Centre Antoine Lacassagne,
Paris-Diderot, Paris Université de Nice, Nice
Pr Olivier Chapet Pr Bernard Dubray
Département de Radiothérapie Oncologique, Centre Département de Radiothérapie et Physique Médicale, Centre
Hospitalier Lyon Sud, Université Claude Bernard, Lyon 1, Lyon Henri-Becquerel, Université de Rouen, Rouen
Dr Boris Duchemann Pr Jacques !rani
Service d'Oncologie médicale, CHU Avicenne, Bobigny, Service d'Urologie, CHU de Bicêtre, AP-HP, Université Paris
Université Paris 13, Villetaneuse Sud, Bicêtre, Bicêtre
Pr Michel Ducreux Pr Florence Joly
Département de Médecine Oncologique, Institut Gustave Département d'Oncologie Médicale, Centre François Baclesse,
Roussy, Université Paris-Sud, Villejuif Université de Caen, Caen
Pr Catherine Durdux Pr Lucie Karayan-Tapon
Service d'Oncologie-Radiothérapie, Hôpital Européen Georges Laboratoire de Cancérologie Biologique, CHU de Poitiers,
Pompidou, AP-HP, Université Paris-Descartes, Paris Université de Poitiers, Poitiers
Dr Julien Edeline Pr François Kleinclauss
Service d'Oncologie digestive, Centre Eugène Marquis, Service d'Urologie, CHU Minjoz, Université de Franche-Comté,
Université de Rennes, Rennes Besançon
Dr Marc Espié Pr Anne Laprie
Sénopôle Saint Louis, territoire cancer nord, AP-HP, Université Département d'Oncologie radiothérapie, Institut Universitaire
Paris-Diderot, Paris de Cancérologie de Toulouse-Oncopole, Faculté de médecine
Toulouse-Rangueil, Université Paul Sabatier Toulouse Ill,
Pr Serge Evrard
Toulouse
Groupe des Tumeurs Digestives, Institut Bergonié, Université
de Bordeaux, Bordeaux Pr Karen Leroy
Service de génétique et biologie moléculaires, Hôpital Cochin,
Pr Karim Fizazi
AP-HP, Université Paris-Descartes, Paris
Département de Médecine Oncologique, Institut Gustave
Roussy, Université Paris-Sud, Villejuif Pr Christophe Le Tourneau
Département d'Oncologie médicale, Institut Curie, Saint
Dr Aude Fléchon Cloud, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Saint
Département d'Oncologie Médicale, Centre Léon Bérard, Lyon
Cloud
Pr Philippe Giraud Pr Pierre Levillain
Service d'Oncologie-Radiothérapie, Hôpital Européen Georges
Laboratoire d'Anatomie et Cytologie Pathologiques, CHU de
Pompidou, AP-HP, Université Paris-Descartes, Paris
Poitiers, Université de Poitiers, Poitiers
Pr Joseph Gligorov
Pr Jean-Pierre Lotz
Service d'Oncologie Médicale et de Thérapie Cellulaire,
Service d'Oncologie Médicale et de Thérapie Cellulaire,
Hôpital Tenon, Groupe Hospitalier Est-Parisien, AP-HP,
Hôpital Tenon, Groupe Hospitalier Est-Parisien, AP-HP,
Université Pierre et Marie Curie, Paris
Université Pierre et Marie Curie, Paris
Pr François Gouin
Pr Nicolas Magné
Service Orthopédie, CHU Nantes, Université de Nantes,
Département de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de
Nantes
la Loire Lucien Neuwirth, Saint Priest en Jarez, Université de
Pr François Guillemin Saint-Etienne, Saint Etienne
Département de Chirurgie-Anesthésie, Institut de Cancérologie
Pr Marc-André Mahé
de Lorraine, Centre Jean Godinot, CRAN, UMR 7039, Université
Département de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de
de Lorraine, Reims
l'Ouest-René Gauducheau, Nantes-Saint-Herblain, Université
Pr Rosine Guimbaud de Nantes, Nantes
Unité d'Oncogénétique, Institut C. Regaud et CHU de Toulouse,
Pr Philippe Maingon
IUCT-Oncopôle, Université Toulouse Ill, Toulouse
Département de Radiothérapie, Hôpital Pitié-Salpêtrière,
Dr Frédéric Guyon AP-HP, Université Pierre et Marie Curie, Paris
Département d'Onco-gynécologie, Institut Bergonie,
Pr Frédéric Marchal
Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux
Département de Chirurgie, Institut de Cancérologie
Pr Christophe Hennequin de Lorraine, CRAN, UMR 7039, Université de Lorraine,
Service de Cancérologie-Radiothérapie, Hôpital Saint-Louis, Vandoeuvre-lès-Nancy
AP-HP, Université Paris-Diderot, Paris
Pr Michel Marty
Pr Nadine Houede Sénopôle Saint Louis, territoire cancer nord, AP-HP, Université
Service d'Oncologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire Paris-Diderot, Paris
de Nîmes, Université de Montpellier, Nîmes
Pr Françoise Mornex
Pr Gilles Houvenaeghel Département de Radiothérapie Oncologique, Centre
Institut Paoli Calmettes et CRCM, Marseille, Aix-Marseille Hospitalier Lyon Sud, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon
Université, Marseille
Dr Guillaume Mouillet
Service d'Oncologie Médicale, CHU Minjoz, Besançon
Pr Nicolas Mounier Pr Michel Rivoire
Service d'Onco-hématologie, CHU !'Archet, Université de Nice, Unité de Chirurgie Digestive, Centre Léon Bérard, Université de
Nice Lyon, Lyon
Pr Nicolas Mottet Pr Jacques Robert
Service d'Urologie, CHU, Faculté Jacques Lisfranc, Université Université de Bordeaux
Jean Monnet, Saint- Etienne
Dr Benoît Rousseau
Pr Georges Noel Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP,
Service de Radiothérapie, Centre Paul Strauss, Université de Université Paris-Est Créteil, Créteil
Strasbourg, Strasbourg
Dr Stéphanie Servagi Vernat
Pr Stéphane Oudard Service de Radiothérapie, Institut Jean Godinot, Université de
Service d'Oncologie médicale, Hôpital Européen Georges Reims Champagne-Ardenne, Reims
Pompidou, AP-HP, Université Paris-Descartes, Paris
Pr Nicolas Sirvent
Pr Jean-Claude Pairon Unité d'Oncologie pédiatrique, Centre Hospitalier Universitaire
Unité de Pathologie professionnelle, CHI Créteil, Université de Montpellier, Université de Montpellier, Montpellier
Paris-Est Créteil, Créteil
Dr Luis Teixeira
Pr Yann Parc Sénopôle Saint Louis, Service d'Oncologie Médicale, Hôpital
Service de Chirurgie digestive, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Saint Louis, AP-HP, Université Paris-Diderot, Paris
Université Pierre et Marie Curie, Paris
Dr Antoine Thiery-Vuillemin
Pr Didier Peiffert Service Oncologie Médicale, CHU Minjoz, Université de
Service Universitaire de Radiothérapie, Institut de Cancérologie Franche-Comté, Besançon
de Lorraine, Université de Lorraine, Vandoeuvre-les-Nancy
Pr Marc-Olivier Timsit
Pr Nicolas Penel Service d'Urologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP
Département de Cancérologie générale, Centre Oscar Lambre!, HP, Université Paris-Descartes, Paris
Université de Lille Il, Lille
Pr Christophe Tournigand
Pr Thierry Petit Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP,
Service d'Oncologie médicale, Centre Paul Strauss, Université Université Paris-Est Créteil, Créteil
de Strasbourg, Strasbourg
Pr Jean Trédaniel
Pr Xavier Pivot Unité de Cancérologie thoracique, Groupe Hospitalier Paris
Service d'Oncologie médicale, CHRU de Besançon, Institut Saint-Joseph, Université Paris-Descartes, Paris
Régional Fédératif du Cancer de Franche-Comté, Université de
Bourgogne-Franche-Comté, Besançon Pr Gilles Vassal
Département de Recherche clinique, Institut Gustave Roussy,
Dr Maryline Poirée Université Paris Sud, Villejuif
Unité d'Oncohématologie pédiatrique, CHU Nice, Nice
Dr Marie-Hélène Vieillard
Pr Christophe Pamel Service de Rhumatologie, CHRU de Lille, Lille
Département de Chirurgie Oncologique, Centre Jean Perrin,
Université d'Auvergne, Clermont-Ferrand Dr Guillaume Vagin
Département de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de
Pr Jean-Marc Régimbeau Lorraine - Alexis Vautrin, Université de Lorraine, Vandoeuvre
Département de Chirurgie digestive, CHU d'Amiens, Université Les-Nancy
de Picardie Jules Verne, Amiens
Pr Laurent Zelek
Dr Sandrine Richard Service d'Oncologie médicale, CHU Avicenne, AP-HP, Bobigny
Service d'Oncologie Médicale et de Thérapie Cellulaire, Hôpital Université Paris 13, Villetaneuse
Tenon, Groupe Hospitalier Est-Parisien, AP-HP, Université Pierre
et Marie Curie, Paris
UE9 Item 287
........................ . . .
• Le cancer est une cause majeure de morbidité et mortalité. Pour la planète prise dans son ensemble, il a été
responsable en 2018 de 18 millions de nouveaux cas (ou cas incidents) et de 9,6 millions de décès.
• L'Institut National du Cancer (INCa) publie chaque année les principales données (épidémiologie, prévention,
dépistage, soins en cancérologie, la vie pendant et après un cancer, la recherche) du cancer en France.
• Les données d'incidence proviennent d'un comité de pilotage regroupant le réseau FRANCIM, les Hospices civils
de Lyon, Santé Publique France et l'INCa. Les données de mortalité sont fournies par !'INSERM (CépiDc-Inserm).
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Figure 2. Évolution de l'incidence et de la mortalité pour tous les cancers, France, 1980-2012
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Figure 4. Incidence et mortalité par cancer chez l'homme, selon l'âge (France, 2005)
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• En 2018, le nombre de nouveaux cancers en France métropolitaine est estimé à 382 000 (204 600 hommes
et 177 400 femmes). Chez l'homme, les trois tumeurs solides les plus fréquentes sont celles de la prostate
(50 430 nouveaux cas), du poumon (31 231) et du côlon-rectum (23 216). Chez la femme, il s'agit des cancers du
sein (58 459), du côlon-rectum (20 120) et du poumon (15 132). Ainsi, quatre localisations tumorales (prostate,
sein, poumon, côlon-rectum) rendent compte de la moitié des nouveaux cas de cancer.
• Le nombre de décès par cancer en 2018 est estimé à 157 400 décès (89 600 hommes et 67 800 femmes). Le cancer
du poumon est la première cause de décès par cancer chez l'homme (22 761 décès) devant le cancer colorectal
(9 209) et le cancer de la prostate (8 ll5). Chez la femme, le cancer du sein (12 146 décès) précède le cancer du
poumon (10 356) et le cancer colorectal (7 908).
• L'incidence et la mortalité des principaux cancers diminuent régulièrement chez l'homme comme chez la
femme, sauf le cancer du poumon de la femme qui continue à augmenter et qui a peut-être déjà dépassé la
mortalité du cancer du sein (puisque les dernières données - standardisées - dont nous disposons sont de 2012),
devenant ainsi la première cause de mortalité chez la femme française (comme il l'est depuis 1987 chez la femme
américaine).
• Pour l'ensemble des cancers, la survie nette diminue avec l'âge et, pour la plupart des cancers, elle est meilleure
chez la femme que chez l'homme.
• En 2017, la prévalence totale, qui regroupe tous les malades et anciens malades ayant eu un diagnostic de cancer
au cours de leur vie, est de l'ordre de 3,8 millions.
LJE 9 - ITEM 287 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE.RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 15 ◄
• Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer. Il représente 21 % de l'ensemble des décès par
cancers (respectivement, 25 % et 15 % chez l'homme et la femme) (Figure 8).
• La mortalité diminue chez l'homme depuis 1980, avec une accentuation de cette diminution depuis 2005, mais
continue à augmenter chez la femme (Figures 9 et 10).
• En 2008, parmi les personnes ayant eu un cancer diagnostiqué dans les 5 dernières années et toujours en vie,
49 000 (36 000 hommes et 13 000 femmes) avaient eu un cancer du poumon. La prévalence totale s'élevait à 79 000
personnes.
► 16 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS LJE 9 - ITEM 287
UE9 Item 287
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LJE 9 - ITEM 287 1 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 17 ◄
Figure 8. Nombres projetés des décès par cancer en France, 2018
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Figure 10. Évolution de la mortalité par cancer chez la femme, France, 1980-2012
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2.1. Tabac
• Le tabac est le premier facteur de risque évitable de mortalité précoce par cancer, en France et dans le monde.
Il tue près de 6 millions de personnes chaque année, soit près de 10 % de la mortalité mondiale (dont 600 000
par tabagisme passif).
• La fumée de tabac contient dont plus de 7 000 composés chimiques, dont plusieurs dizaines sont reconnus comme
cancérogènes (regroupés en plusieurs classes parmi lesquelles les hydrocarbures polycyliques aromatiques -« les
goudrons»-, les N-nitrosamines et les amines aromatiques).
• En 2017, le tabagisme concernait 32 % des Français, et le tabagisme quotidien 27 %. Ces chiffres de prévalence sont
(encore) plus élevés parmi les hommes que parmi les femmes.
• Le tabac a été responsable, toutes maladies confondues, de 73 000 décès en 2013, dont 45 000 décès par cancer
(parmi lesquels 30 000 cancers du poumon). Le tabac est impliqué, à des degrés divers (on parle de fraction
attribuable - Figure 11) dans le développement de plusieurs localisations cancéreuses : cancer du poumon en
premier, mais aussi cancers ORL (cavités nasales, bouche, pharynx, larynx), cancers digestifs (œsophage, estomac,
pancréas, côlon-rectum, foie), cancers urologiques et gynécologiques (rein, vessie, sein, ovaire, col de l'utérus),
leucémies myéloïdes (Figure 12). Il n'y a pas de seuil de consommation sans risque puisque même le tabagisme
passif (ou involontaire) augmente le risque de cancer (150 cancers du poumon ont été attribués au tabagisme
passif en 2011).
• Le« coût social»du tabac est estimé à 120 milliards d'euros ch_aque année, en France.
Figure 11. Fraction(%) des décès attribuables au tabagisme, selon la localisation cancéreuse, France, 2013
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LJE 9 - ITEM 287 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 19 ◄
Figure 12. Le tabac, facteur de risque dans la survenue de plusieurs cancers
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2.2. Alcool
• L'alcool est la deuxième cause de mortalité évitable par cancer.
• L'évaluation de la consommation d'alcool est difficile (notamment du fait d'une sous-déclaration des consom
mateurs). Néanmoins, les données disponibles montrent qu'elle diminue depuis les années 1960, essentiellement
du fait d'une diminution de la consommation de vin ; cette tendance ancienne à la baisse semble toutefois moins
forte depuis les années 1990 pour aboutir à une stabilisation voire à une ré-augmentation récente et à confirmer.
• L'alcool a été responsable, toutes maladies confondues, de 41 000 décès en 2015, dont plus de 16 000 décès par
cancer. La consommation d'alcool augmente le risque de développer un cancer dans 7 localisations : bouche,
pharynx, larynx, œsophage, côlon-rectum, sein et foie. Parmi les cancers attribuables à l'alcool, le cancer du sein
est le plus fréquent (près de 8 000 cas).
• Le risque de cancer augmente quel que soit le type de boisson alcoolisée consommée et de manière linéaire avec
la dose, sans seuil en dessous duquel le risque serait nul: même une consommation faible augmente le risque.
► 20 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS LJE 9 - ITEM 287
UE9 Item 287
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LJE 9 - ITEM 287 1 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 21 ◄
3.2. Prévention vis-à-vis des principaux facteurs de risque
3.2.1. Tabac
Les 3 mesures les plus importantes pour la lutte contre le tabagisme, et dont l'efficacité a été
universellement vérifiée, sont :
- l'augmentation, forte et régulièrement répétée, des prix;
- l'interdiction de la publicité, directe et indirecte;
- l'interdiction de fumer dans les lieux publics clos.
• Un effort particulier a été entrepris dans le cadre du Programme National de Réduction du Tabagisme (PNRT)
(objectif 10 du Plan cancer 2014-2019).
• Le PNLT 2018-2022 (Programme National de Lutte conte le Tabac) permet la poursuite et l'amplification du
programme, incluant les augmentations successives du prix du paquet de cigarettes pour le porter à la valeur
symbolique de 10 euros en 2020.
• Le paquet neutre, avec des avertissements sanitaires agrandis, renouvelés et repositionnés est devenu au 1er jan
vier 2017 le seul autorisé à la vente pour les cigarettes et le tabac à rouler.
• De nouvelles professions (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, dentistes, médecins du travail ...) sont désor
mais autorisées à prescrire des substituts nicotiniques.
• Le forfait d'aide au sevrage a été porté à 150 € par an pour tous les assurés.
• L'opération« Mois sans tabac», conçue pour inciter les fumeurs à arrêter de fumer durant un mois (ce qui mul
tiplie par 5 les chances d'arrêter de fumer définitivement) a été lancée, pour la première fois, en novembre 2016 et
a pour vocation de se dérouler tous les ans.
• Chez les malades et anciens malades, un bénéfice significatif de l'arrêt du tabac, augmentant avec la durée de
l'abstinence, a été observé pour tous les cancers majeurs associés au tabagisme. Cela est particulièrement net pour
les patients atteints d'un cancer du poumon localisé au thorax et qui sont en situation curatrice. Il est impératif,
chez eux, d'obtenir un sevrage définitif.
► 22 ÉPIDÉMIDLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS I LJE 9 - ITEM 287
UE9 Item 287
.............................
• La cigarette électronique (e-cigarette) est un dispositif permettant d'inhaler de la vapeur obtenue par chauffage
d'une solution liquide composée principalement de propylène glycol, de glycérol, d'arômes et le plus souvent de
nicotine. À la différence des cigarettes, elles ne contiennent pas de tabac, ne créent ni fumée ni combustion. Bien
que la nicotine soit addictive et - à très haute dose - néfaste pour la santé, la cigarette électronique ne contient pas
le vaste cocktail de produits chimiques cancérogènes trouvés dans le tabac combustible. Il est admis qu'utiliser la
cigarette électronique est infiniment moins nocif que de continuer à fumer du tabac.
3.2.2. Alcool
• La lutte contre l'alcoolisme doit faire face à l'action de nombreux lobbies des producteurs. Là aussi, l'action passe
par la fiscalité et l'encadrement de la publicité. La législation sur les débits de boissons devrait également être
rénovée.
Figure 13. Nombre de cas de cancers attribuables aux différents facteurs de risque de cancer en France en 2000
Inactivité
physique
Tra
•
Pollution
Expositions •
professionnelles
UV
LJE 9 - ITEM 287 1 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 23 ◄
3.2.5. Facteurs de risque infectieux
• Le cancer du col de l'utérus est le 1'' cancer à être reconnu par l'Organisation Mondiale de la Santé comme étant
attribuable, dans près de 100 % des cas, à une infection virale par un ou plusieurs papillomavirus.
• Sa prévention repose sur la combinaison de deux démarches complémentaires :
- la vaccination contre les HPV 16 et 18 pour toutes les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, avec un rattrapage
pour les 15-19 ans. La couverture vaccinale est cependant encore trop faible en France (21,4 % des jeunes filles
de 16 ans au 31/12/2017). Les données épidémiologiques nationales et internationales confirment que cette
vaccination n'entraîne pas d'augmentation du risque global de maladies auto-immunes.
- le dépistage par frottis du col utérin pour toutes les femmes entre 25 et 65 ans, qu'elles soient vaccinées ou non.
• La prévention de l'hépatite B se fait par la vaccination. La vaccination contre l'hépatite B augmente chez les nour
rissons mais reste encore insuffisante chez les adolescents.
• Les cancers de l'estomac sont en diminution régulière depuis plusieurs dizaines d'années dans tous les pays occi
dentaux, ce qui est vraisemblablement dû à la diminution des infections à Helicobacter pylori induite par l'in
troduction de la conservation des aliments par le froid (les aliments étaient autrefois conservés par le sel), de
meilleures conditions d'hygiène et le recours accru aux antibiotiques.
• La prévention des cancers gastriques repose, en France, sur le repérage et le traitement de l'infection à Helicobac
ter pylori chez les personnes à risque de cancer gastrique (cf encadré).
• Dans la médecine de soins, un sujet malade demande à être examiné et une obligation de moyens s'impose. Dans
le dépistage, on demande à examiner des sujets (qui se croient) bien portants et une obligation de résultat - dimi
nution de la mortalité liée à la maladie dépistée - s'impose: la réussite du dépistage est le non-événement (le décès
ne se produit pas !).
t t t
Révélation Révélation Décès
par dépistage spontanée
lead-time bias
LJE 9 - ITEM 287 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 25 ◄
Figure 15. Biais d'évolutivité: (lenght-time bias)
Patient 1
Patient 2
Patient 3
Patient 4
Patient 5
Patient 6
Dépistage Dépistage
► 26 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS LJE 9 - ITEM 287
'• UE9 ltem287
...... .. ....................
4.3.4. Autres cancers pour lesquels aucun programme de dépistage n'est organisé
4.3.4.1. Cancer de la prostate
• Les agences d'évaluation et les autorités sanitaires considèrent qu'il n'y a pas lieu, en France, de mettre en place
de programme de dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage du PSA (et/ou toucher rectal), ni de
recommander cette pratique, y compris pour les populations à risque.
• Néanmoins, les recommandations concluent également qu'une information éclairée du patient sur l'ensemble
de la démarche de dépistage et ses conséquences, par le médecin, est nécessaire pour tout homme qui envisage
(malgré tout) de faire ce dosage.
► Références
• Les cancers en France, édition 2016, Institut National du Cancer, avril 2017*.
• Les cancer en France, édition 2017, Institut National du Cancer, Janvier 2018.
• Les cancers en France en 2018 - l..'.essentiel des faits et chiffres, édition 2019, Institut National du Cancer, janvier 2019.
• Estimations nationales de l'incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018, Institut National du
Cancer, février 2019.
• World Cancer Report 2014, International Agency for Research on Cancer, Lyon 2014**.
*: ce rapport est en accès libre sur le site de l'Institut National du Cancer: www.e-cancer.fr
**: ce livre est en accès libre sur le site de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (International Agency for Research on
Cancer) : http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World-Cancer-Reports/World-Cancer-Report-2014
LJE 9 - ITEM 287 1 ÉPIDÉMIDLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS 27 ◄
POINTS CLÉS
1. Toujours regarder le mode d'expression des données épidémiologiques: chiffres bruts ou taux
standardisés qui, seuls, permettent des comparaisons dans le temps et l'espace.
2. Le tabac, et non l'alcool, est le principal facteur de risque du cancer du pancréas.
3. L'efficacité d'une campagne de dépistage d'un cancer ne se juge pas sur l'augmentation de la
durée de vie des malades dépistés mais sur la diminution de la mortalité.
4. Le dépistage des cancers de la prostate et du poumon n'est pas organisé en France.
► 28 ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS DE RISQUE, PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES CANCERS LJE 9 - ITEM 287
UE9 Item 288
......................
OBJECTIFS iECN
1. Cancérogenèse
-+ Cancer: cancérogenèse, oncogénétique
1.1. Histoire naturelle du cancer
1.2. Biologie des cellules cancéreuses Décrire l'histoire naturelle du cancer
1.3. Génome tumoral - Connaître les implications cliniques des données
d'oncogénétique constitutionnelle et somatique
1.4. Hétérogénéité tumorale
2. Oncogénétique constitutionnelle et génétique Décrire les principales étiologies professionnelles
des cancers et expliquer les principes de dépistage
moléculaire des cancers des cancers professionnels.
2.1. Oncogénétique ou génétique constitutionnelle
du cancer
2.2. Génétique moléculaire des cancers
3. Cancers Professionnels Mots clés: Amiante - BRCA - Cancers profession
3.1. Définitions, généralités nels - EGFR - Gène suppresseur de tumeur -
Génome tumoral - MMR - Mutation - Oncogène -
3.2. Principaux facteurs de risque
Oncogénétique - RAS.
3.3. Principes du dépistage
1. Cancérogenèse
Lésions épithéliales
Normal Adénome
Adénome
Avec atypies sévères Adénocarcinome
Carcinome invasif
• L'étude de cellules d'origine humaine ou murine, cultivées in vitro, a permis de définir la notion d'immortalisa
tion cellulaire (cellule capable de proliférer in vitro indéfiniment, du fait de l'absence de sénescence réplicative) et
de transformation cellulaire (cellule immortalisée, ayant perdu l'inhibition de contact, capable de proliférer sans
ancrage et de former des tumeurs chez la souris immunodéficiente).
• La notion de cellule souche tumorale a été établie à partir d'expériences de transplantation de cellules triées
(cellules leucémiques ou cellules issues de tumeurs solides) chez la souris immuno-déficiente. Dans ces modèles,
seules certaines cellules ont la capacité de donner naissance à une tumeur : celles-ci possèdent des propriétés
d'auto-renouvellement, de quiescence, de multiplication et de différenciation. Elles seraient à l'origine de la résis
tance aux traitements, des rechutes tumorales et des diffusions métastatiques.
• La transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) définit un état transitoire des cellules épithéliales cancéreuses,
au cours duquel ces cellules perdent des caractéristiques épithéliales et acquièrent des caractéristiques phénoty
piques de cellules mésenchymateuses, propices au développement de métastases.
1-10 mutations �
Mitoses
motrices
10 000-100000 mutations
passagères +O
Œut Développement Adulte Expansion clonale Tumeur Tumeur Rechute
fécondé Enfance pré-tumorale bénigne/ ln situ invasive
Processus mutagène
intrinsèque
Carcinogènes
environnementaux
Instabilité génétique
Chimie/ ---
radiothérapie
Les mutations sont acquises tout au long de la vie de l'individu, depuis la conception, et dépendent de
l'exposition à des substances carcinogènes environnementales ou liées au mode de vie (alimentation, tabagisme,
profession, etc.), ou aux traitements, y compris le traitement du cancer. La plupart des mutations sont considérées
comme passagères ou accompagnatrices et témoignent de l'exposition à des substances mutagènes et/
ou de défauts de détection et de réparation des dommages à l'ADN. Seuls quelques événements génétiques
(mutations, réarrangements chromosomiques, amplifications ou délétions géniques) jouent un rôle moteur
dans le développement de la tumeur. À titre d'illustration, le noyau d'une cellule où s'accumulent des altérations
génétiques au fur et à mesure des divisions cellulaires, les évènements génétiques« pilotes / moteurs» sont figurés
par des éclairs, les évènements passagers par des étoiles ou des ronds, la couleur du symbole correspondant au
processus mutagène indiqué en bas de la figure.
Cellule
normale
• Pour BRCA2 : augmentation du risque relatif de cancer du sein et de la prostate chez l'homme; augmentation du
risque de cancer du pancréas et mélanome.
• Différents éléments doivent conduire à recherther ce syndrome (Tableau 2)
Le score lnserm dit« score d'Eisinger » est un score familial d'analyse de l'arbre généalogique dans une seule branche
parentale à la fois, basé sur l'âge de diagnostic, la présence de cancer du sein chez l'homme, de cancer de l'ovaire. Il permet
de graduer le risque de prédisposition génétique, et de guider ainsi l'indication à la consultation d'oncogénétique et à la
réalisation d'un test génétique.
• Le diagnostic de syndrome BRCA implique une surveillance clinique et radiologique spécifique. Cette surveil
lance comporte :
- un examen clinique bisannuel des seins dès l'âge de 20 ans par un médecin référent;
- une imagerie mammaire annuelle dès l'âge de 30 ans par IRM (jusqu'à l'âge de 65 ans) complétée par une
mammographie numérisée plein champ, incidence unique oblique externe ± échographie;
- une surveillance gynécologique annuelle dès l'âge de 35 ans, avec au moindre doute échographie pelvienne et
endovaginale dont la fiabilité reste médiocre; ainsi dès 40-41 ans pour BRCAl et 45-47 ans pour BRCA2, une
annexectomie bilatérale est préconisée, à titre préventif.
• Des mutations d'autres gènes, plus rares, prédisposent également au cancer du sein (PALB2, TP53, PTEN,
CDHl...) ou au cancer de l'ovaire (par exemple: syndrome de Lynch).
• Outre les conséquences en termes de dépistage / prévention, la connaissance du statut génétique BRCA a des
implications thérapeutiques : la prescription de traitement anti-PARP est aujourd'hui conditionnée à la présence
d'une mutation (germinale ou somatique) de ces gènes (cf 2.2.3). Ces nouvelles données ont conduit l'INCa à
recommander une consultation d'oncogénétique chez les patientes présentant un cancer de l'ovaire diagnostiqué
avant 70 ans. Il est intéressant de noter la sensibilité particulière des tumeurs mutées sur BRCAl/2 à la chimio
thérapie et à l'immunothérapie.
• De manière plus générale, le décret intervenu le 1er septembre 2016 met en place l'exonération du ticket modéra
teur pour les examens annuels d'imagerie chez les femmes à risque élevé de cancer du sein (avec ou sans mutation
identifiée).
Environ 5 % des cancers colorectaux surviennent dans le contexte d'un syndrome de prédisposition génétique
au cancer.
• Les cancers métastatiques ayant un phénotype MSI ou dMMR sont susceptibles de bénéficier d'une immunothé
rapie anti-PDl.
• En cas de statut MSI ou dMMR non sporadique, une consultation oncogénétique est requise pour recherche
d'un syndrome de Lynch par identification de mutation constitutionnelle de gènes MMR.
• Le diagnostic de syndrome de Lynch implique une surveillance clinique et endoscopique spécifique. Cette sur
veillance comporte
- une coloscopie avec coloration (chromoscopie) à l'indigo-carmin tous les 2 ans (sous couvert d'une très
bonne préparation colique et sans excéder cet intervalle), dès l'âge de 20-25 ans. La colectomie prophylactique
systématique n'est pas préconisée.
- un examen de l'utérus par échographie endo-vaginale tous les 2 ans, dès l'âge de 30-35 ans, avec prélèvement
endométrial préconisé ; compte-tenu de son efficacité, l'hystéroscopie souple avec biopsies ciblées tend
à s'imposer. L'indication d'une hystérectomie et annexectomie prophylactique est une option à évoquer et
discuter après accomplissement du projet parental.
• Le diagnostic de PAF implique une surveillance par coloscopie annuelle à partir de la puberté, une surveillance
digestive haute: duodénoscopie avec biopsie de la papille tous les ans à tous les 2 ans et, dans les formes typiques,
une colectomie (voire colo-proctectomie) prophylactique dès l'âge de 18-20 ans.
Tableau 4. PRINCIPAUX TESTS DE GÉNÉTIQUE MOLÉCULAIRE (GÉNÉTIQUE SOMATIQUE) DES TUMEURS EN 2019.
mAb : anticorps monoclonal, TKI: inhibiteur de tyrosine kinase, ADK: adénocarcinome.
ISH: hybridation in situ. FISH: hybridation in situ fluorescente. IHC: immunohistochimie
Tests réalisés à visée diagnostique et pronostique
Cancer Contexte clinique Test Intérêt
Cancer colo-rectal < 60 ans, contexte Recherche d'instabilité microsatellite Test d'orientation
personnel ou familial syndrome de Lynch
Sarcomes Diagnostic Recherche des anomalies Classification moléculaire
moléculaires spécifiques (transcrits des sarcomes
de fusion, amplification génique)
• Il est actuellement possible de rechercher les anomalies génétiques tumorales au niveau de !'ADN plasmatique.
La quantité d'ADN tumoral circulant dans le plasma varie selon le type de cancer et elle est d'autant plus élevée
que la maladie est à un stade élevé. L'analyse de !'ADN tumoral circulant est actuellement recommandée au dia
gnostic pour les adénocarcinomes du poumon métastatiques en absence de matériel tissulaire informatif, ou lors
de la progression sous traitement ciblé anti-EGFR. Les autres utilisations possibles de l'analyse de !'ADN tumoral
circulant (marqueur pronostique, suivi de la maladie résiduelle, recherche de mutations de résistance aux traite
ments administrés) dans les différents cancers sont en cours d'évaluation.
3. 1. Définitions, généralités
• Les cancers professionnels correspondent à des cancers primitifs de divers organes, qui résultent d'une exposition
professionnelle à certains produits ou procédés du milieu de travail. Sur le plan épidémiologique, des fractions de
risque attribuable ont été calculées pour divers sites de cancer, et permettent d'estimer la fraction de l'ensemble
des cancers qui ne serait pas survenue en l'absence des expositions professionnelles. Ainsi Santé Publique France
(auparavant : Institut de Veille Sanitaire) estime que 4 à 8,5 % des cancers sont d'origine professionnelle (soit
15 000 à 30 000 nouveaux cas par an actuellement). Des estimations plus récentes effectuées par le Centre interna
tional de recherche sur le cancer ont rapporté des fractions de risque attribuable un peu plus faibles.
• La fraction de risque attribuable aux facteurs de risque professionnels varie largement d'un site de cancer à un
autre. Des estimations récentes rapportent ainsi des valeurs de 19,3 % chez l'homme et 2,6 % chez la femme pour
le poumon, 32,9 % chez l'homme et 7,9 % chez la femme pour la cavité nasale, 83,1 % chez l'homme et 2,6 % chez
la femme pour le mésothéliome. Elle est très généralement plus élevée chez les hommes que chez les femmes,
reflétant des expositions professionnelles antérieures nettement plus fréquentes chez les hommes.
• Sur le plan médico-administratif, certains cancers peuvent faire l'objet d'une reconnaissance en maladie profes
sionnelle donnant droit à réparation lorsque les patients ont été exposés au cours d'une période d'activité salariée
(reconnaissance avec application d'un principe de présomption d'imputabilité pour certains agents étiologiques
lorsqu'il existe un tableau spécifique; mais une reconnaissance est également possible en cas d'exposition anté
rieure à des cancérogènes certains non mentionnés dans les tableaux, après passage devant un Comité régional de
reconnaissance des maladies professionnelles, sans application de la présomption d'imputabilité).
• Il est actuellement connu que les statistiques annuelles des cas reconnus en maladie professionnelle (environ
2 000 cas par an) sous-estiment largement le nombre réel des cas de cancers professionnels (cela résultant de
multiples facteurs intriqués, notamment : absence d'identification des expositions antérieures, sous-déclaration
par les patients, refus de reconnaissance lié à l'absence de confirmation de l'exposition par la Sécurité sociale, en
particulier en cas d'exposition très ancienne survenue plusieurs dizaines d'années auparavant).
En France, actuellement, l'immense majorité des cancers indemnisés chaque année par le régime général
de la Sécurité sociale sont les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes pleuraux liés à des
expositions antérieures à l'amiante.
Cancers cutanés • arsenic, HAP (goudrons, brais de houille, huiles • irradiation solaire (UV)
minérales peu raffinées, huiles de moteur • rayons X ou gamma
usagées, suies de combustion)
► Références
POINTS CLÉS
9. Les mutations des gènes MMR sont responsables du syndrome de Lynch et augmentent forte
ment le risque de cancer colorectal et de cancer de l'endomètre.
1 O. Environ 4 % des cancers sont d'origine professionnelle.
11. Le nombre de cancers professionnels est sous-évalué.
12. La majorité des cancers professionnels indemnisés en France sont liés à une exposition anté
rieure à l'amiante.
C
HA'""' ►�D_ i_a_g_n_o_ s_t_ic_d_e _s_c_a_n_c_e_r_s _____
Signes d'appel et investigations paracliniques,
caractérisation du stade, pronostic
Dr Benoît Rousseau', Dr Romain Cohen2, Pr Christophe Tournigand3, Pr Thierry André4
2
e1•service d'Oncologie médicale, Hôpital Saint Antoine, AP-HP, Paris,
'"'Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP, Créteil
• Le cancer est une pathologie fréquente potentiellement grave dont les circonstances de découverte sont le plus
souvent une symptomatologie évocatrice, une découverte fortuite chez un patient exploré pour une autre raison
ou à l'occasion d'un examen de dépistage. La vigilance du médecin face à l'hypothèse néoplasique doit donc être
constante. Une fois le cancer suspecté, des investigations cliniques et paracliniques doivent être organisées, dans
un but diagnostique, pronostique et pré-thérapeutique, l'ensemble de ces explorations étant liées les unes par
rapport aux autres.
• Au cours de ce chapitre, nous aborderons tout d'abord les signes d'appel évocateurs de cancer, puis les éléments
permettant d'affirmer le diagnostic, les bilans d'extension et pré-thérapeutique, et enfin, les éléments permettant
d'évaluer le pronostic.
LJE 9 - ITEM 289 1 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARAC LINIQUES,... 45 ◄
• Dermatologique: modification de l'aspect de la peau (apparition d'une tâche, modification d'un grain de beauté,
ulcération, surtout si on retrouve les éléments de l'alphabet du mélanome ou règle ABCDE: lésion Asymétrique, à
Bords irréguliers, de Couleur non homogène, de Diamètre en Evolution), ulcération cutanée, douleurs, apparition
de nodules sous-cutanés (nodules de perméation, métastases en transit de mélanome), prurit, flush.
• Hématologique: présence d'adénopathies et leurs caractéristiques (taille, localisation, dureté, caractère fixé, adé
nopathies douloureuses), signes hémorragiques et notamment purpuriques dans le cadre d'une thrombopénie,
syndrome anémique, splénomégalie.
1.2. Paraclinique
1.2. 1. Biologie
• Les analyses biologiques peuvent amener à suspecter un cancer ou renforcer la suspicion de cancer en cas de
signes cliniques associés:
- signes biologiques liés à un syndrome cachectique et inflammatoire: dénutrition (baisse de l'albumine et de
la préalbumine), élévation de la CRP, et du fibrinogène;
- signes biologiques liés à un syndrome de masse : perturbations de fonctions d'organe, principalement
hématologique, rénale et hépatique, élévation des LDH, hyp ercalcémie (par métastase osseuse), syndrome de
lyse tumorale spontanée biologique;
- signes biologiques liés à un syndrome paranéoplasique : hyp ercalcémie (par sécrétion de PTH-rp),
hyponatrémie (sécrétion inappropriée d'ADH), dosages hormonaux anormaux ou résultats évocateurs d'auto
immunité.
• Les signes d'appels pourront ainsi être:
- hématologiques : anémie microcytaire ferriprive sur saignement chronique, lymphopénie (de dénutrition
ou liée à un envahissement médullaire), hyperleucocytose et thrombocytémie secondaire à une inflammation
chronique, pancytopénie d'origine centrale par envahissement médullaire, anémie hémolytique mécanique et
thrombopénie dans le cadre d'une microangiopathie thrombotique.
- biochimiques :
► ionogramme sanguin: hyp onatrémie, hypercalcémie, hyperphosphorémie;
► fonction rénale : élévation de la créatininémie (obstacle sur les voies urinaires avec ou sans infection
urinaire, microangiopathie thrombotique, atteinte glomérulaire);
► 48 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES, ••• 1 LJE 9 - ITEM 289
UE9 ltem289
► fonction hépatique : cholestase ictérique ou anictérique, cytolyse, diminution des facteurs de coagulation,
hyp oglycémie en cas d'envahissement hépatique massif ou d'insuffisance hépatocellulaire;
► dans le cas des hémopathies : anomalies quantitative ou qualitative des lignées sanguines comme présence
de myélémie, de blastes, anémie, neutropénie, lymphopénie, thrombopénie centrale (aplasie), polyglobulie
(maladie de Vaquez), thrombocytémie, hyp erlymphocytose, hyp erleucocytose;
► autres : élévation des LDH en rapport avec un index de prolifération élevé (lymphome, etc.), élévation
de la CRP, hyp oalbuminémie, diminution de la pré-albumine (transthyrétine), apparition d'un diabète
(envahissement pancréatique), inhibition de la production d'insuline ou hyp erproduction de gastrine ou
cortisol, présence de sang dans les selles (test immunologique de dépistage du cancer colorectal).
- les marqueurs tumoraux :
Le dosage des marqueurs tumoraux permet d'identifier dans le sang, les urines ou certains tissus de l'orga
nisme, différentes substances pouvant indiquer la présence d'un cancer. Cet examen peut s'avérer utile à
différentes étapes de la prise en charge: du diagnostic du cancer à l'évaluation de l'efficacité du traitement,
ou encore lors du suivi des patients. Certains marqueurs tumoraux sont spécifiques d'un seul type de cancer,
alors que d'autres sont associés à plusieurs types différents de cancer. Le dosage des marqueurs tumoraux
1.2.2. Imagerie
• Certains signes à l'imagerie (radiologie ou endoscopie) peuvent faire évoquer le diagnostic de cancer, princi
palement par la mise en évidence d'un syndrome de masse(s).
• Il peut s'agir d'examens réalisés pour:
- un tableau clinique évocateur de cancer :
► signes cliniques en lien avec un syndrome de masse : examens guidés par la clinique (mammographie
en cas de masse mammaire, radiographie ou scanner thoracique en cas de symptomatologie respiratoire,
endoscopie digestive et/ou imagerie abdominale en cas de symptômes digestifs, endoscopie ORL en cas
de signes ORL, colposcopie, curetage utérin ou utéroscopie, cystoscopie, thoracoscopie, voire cœlioscopie
exploratrice);
► signes cliniques en lien avec un syndrome de cachexie ou une hyperthermie isolées: examens d'imagerie
larges, non orientés par la clinique (scanner thoraco-abdomino-pelvien, TAP, ou radiographie thoracique
et échographie abdominale, TEP-TDM en 2' intention);
► signes cliniques en lien avec un syndrome paranéoplasique: examens d'imagerie larges, voire de médecine
nucléaire (scintigraphie, TEP-TDM), recherchant préférentiellement une pathologie tumorale d'origine
pulmonaire ou mammaire (par argument de fréquence);
- un dépistage organisé ou individuel du cancer (mammographie, coloscopie, colposcopie).
- une autre raison, non rattachée à une suspicion de cancer (découverte fortuite, frottis et colposcopie).
► 50 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARA CLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
UE9 Item 289
Tumeurs endocrines
Thyroïde Carcinome papillaire> vésiculaire> BRAF
médullaire
Tumeurs gynécologiques
Seins Carcinome canalaire infiltrant> carcinome RO, RP, HER2
lobulaire infiltrant
Tumeurs urologiques
Prostate Adénocarcinome
Tumeurs thoraciques
Poumon Non à petites cellules: adénocarcinome> Métastatique: EGFR, ALK, ROS1,
épidermoïde KRAS, BRAF, HER2, PD-L 1
Neuro-endocrine (petites cellules)
Thymus Thymome, carcinome thymique
Cartilage Chondrosarcome
Cancers hématologiques
Myéloïdes Leucémies aiguës myéloïdes
Leucémie myéloïde chronique Réarrangement de BCR-ABL
Lymphoïdes Leucémie lymphoïde chronique
Lymphome B diffus à grandes cellules
> folliculaire
Myélome multiple
VADS: Voies aéra-digestives supérieures; RO: récepteurs des œstrogènes; RP: récepteur de la progestérone; MSI:
microsatellite instability; HPV: human papilloma virus
► 52 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APP EL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
UE9 Item 289
�..... ----------
LJE 9 - ITEM 289 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APP EL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,... 53 ◄
Cancer de pronostic intermédiaire= bilan d'extension selon les recommandations nationales
Sein T3-T 4 et/ou N+ Mammographie+ échographie mammaire
et TEP-TDM ou TDM TAP+ scintigraphie osseuse
Prostate - score d'Amico risque IRM pelvienne+ TOM abdomino-pelvienne+ scintigraphie osseuse
intermédiaire et élevé
Rein TDM TAP
VADS Panendoscopie des VADS+ TDM massif facial, cervical et thoracique
+/- IRM massif facial si tissus mous
Endomètre stade 1-2 selon FIGO IRM pelvienne+ lomboaortique
• Trois exemples sont donnés ci-dessous pour illustrer le choix du bilan d'extension radiologique en fonction
de l'évaluation pronostique initiale.
► 54 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
i
Exemple 3 : cancer de bon pronostic: cancer du sein localisé infracentimétrique RO+ RP+
HER2- de grade histopronostique 1 selon Elston Ellis
Dans ce cas, le pronostic du cancer du sein est excellent, de l'ordre de 90-95 % de survie à 10 ans. Les
recommandations françaises (INCA juillet 2012) indiquent qu'il n'est pas licite de proposer un bilan d'extension
à distance en l'absence d'argument clinique de maladie disséminée (douleurs osseuses par exemple) et en
cas de tumeur mammaire Tl-T2, NO. Le bilan pourra ici se limiter à un bilan mammaire avec mammographie
et échographie mammaire.
LJE 9 - ITEM 289 ÜIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'AP P EL ET INVESTIGATIONS PARAC LINIQUES,... 55 ◄
Performance status
• PS O: le patient est asymptomatique (activité normale: aucune restriction à poursuivre les activités précédant
l'affection).
• PS 1 : patient symptomatique (gêné pour les activités physiques soutenues mais capable de se déplacer seul et
d'assurer un travail léger ou sédentaire, par exemple un travail de bureau ou le ménage).
• PS 2: patient symptomatique, alité moins de 50 % de la journée (capable de se déplacer seul et de s'occuper
de soi-même mais incapable de produire un travail léger).
• PS 3: patient symptomatique, alité ou confiné au fauteuil plus de 50 % de la journée (capable de prendre soin
de soi-même de manière limitée).
• PS 4: malade grabataire, confiné au lit (totalement dépendant, incapable de prendre soin de soi-même).
3.2.2.2. Imagerie
• Le bilan d'imagerie pré-thérapeutique est détaillé dans la partie bilan d'extension.
► 56 ÜIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PAR ACLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
UE9 ltem289
3.2.2.3. Fonctionnel
• Électrocardiogramme.
• Pour les chirurgies« lourdes», en particulier en cas d'antécédents d'athérome, de facteurs de risque (tabac), il est
fréquent de proposer une échographie cardiaque, une épreuve d'effort, parfois une coronarographie, une échogra
phie des troncs supra-aortiques ou un écho-doppler artériel des membres inférieurs.
• En cas de chirurgie et de radiothérapie thoraciques, une épreuve fonctionnelle respiratoire avec gazométrie arté
rielle est, au minimum, réalisée.
LJE 9 - ITEM 289 ÜIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES, ... 57 ◄
4. Évaluation du pronostic des cancers
1. Adapter la stratégie thérapeutique à la situation clinique à partir des recommandations qui se basent sur
ces classifications;
2. Prévoir le pronostic;
3. Comparer les résultats thérapeutiques dans les essais cliniques pour avoir des groupes homogènes.
• La classification de la tumeur doit être effectuée systématiquement pour adapter au mieux le traitement pro
posé et éviter les traitements inutiles (par exemple une chirurgie lourde alors que la maladie est métastatique).
• La classification TNM est internationale. Elle a été proposée historiquement par un chirurgien français, Pierre
Denoix, et est régulièrement renouvelée. Elle est basée sur le degré d'extension de la tumeur primitive, l'envahis
sement ganglionnaire loco-régional et l'atteinte métastatique à distance.
• T (Tumor) :taille de la tumeur primitive et/ou envahissement des tissus sous-jacents, classée de Tl à T4 (échelle
propre à chaque tumeur);
• N (Node): degré d'envahissement ganglionnaire, NO: indemne, Nl à N3 selon le nombre et/ou la localisation
des ganglions atteints (propre à chaque tumeur);
• M (Metastasis): existence ou absence de localisations métastatiques;
• Quand le T, le N ou le M ne sont pas précisés, on indique un x: Tx, Nx ou Mx.
• La classification TNM est en général précédée d'une lettre minuscule indiquant par quelle méthode elle a
été effectuée. Un malade peut ainsi avoir dans son dossier plusieurs classifications TNM selon la méthode
d'évaluation.
• Les lettres L et V peuvent être ajoutées après une évaluation pTN. « L » indique la présence d'emboles lympha
tiques,« V» d'emboles vasculaires. Il existe également une classification PL pour l'atteinte pleurale.
• La lettre R donnée après le pTN précise les marges de résection : RO si les marges sont microscopiquement saines,
Rl si les limites sont atteintes microscopiquement, R2 si les limites sont atteintes macroscopiquement.
• Une fois que la tumeur est classée selon le TNM, il est possible de proposer une stadification, parfois appelé « sta
ging », qui regroupe des classes TNM relativement homogènes en termes de pronostic et de traitement. Ces stades
ont également une reconnaissance internationale.
► 58 DIAGNOST IC DES C AN CE RS, SIGNES D'APPEL E T INVESTIGATIONS PAR ACLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
UE9 Item 289
� ..........................
Schématiquement :
• Stade O: cancer in situ;
• Stade 1 : tumeur unique et de petite taille, pas d'atteinte ganglionnaire ou de de métastase;
• Stade 2: localisation limitée à l'organe d'origine, quasiment jamais d'atteinte ganglionnaire ;
• Stade 3: extension loco-régionale aux organes de voisinage et/ou atteinte ganglionnaire;
• Stade 4: atteinte métastatique à distance.
Stade 4 • Ml :::10%
LJE 9 - ITEM 289 ÜIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,... 59 ◄
4.4. Caractéristiques pronostiques moléculaires
• Ce chapitre est également développé dans l'item 288 (Oncogénèse, oncogénétique).
• Dans certains cas, les anomalies moléculaires identifiées dans la tumeur peuvent donner des informations
pronostiques ou thérapeutiques importantes
- elles peuvent indiquer la sensibilité ou la résistance à un traitement. On parle alors de biomarqueur prédictif
quand le pronostic est défini par rapport à un traitement. Par exemple, dans le cancer du côlon, les mutations
de RAS prédisent la résistance aux anti-EGFR mais ne sont pas gage d'un mauvais pronostic en soi;
- elles peuvent indiquer une biologie péjorative qui s'exprime par un risque de récidive ou de décès plus
important, indépendamment de la réponse à un traitement. Par exemple, HER2 dans le cancer du sein est un
marqueur pronostique péjoratif (diminution de la survie à 10 ans en l'absence de traitement), mais est aussi un
marqueur prédictif de réponse à un anti-HER2.
5. Conclusion
• La démarche diagnostique devant une maladie tumorale est fondamentale, que ce soit pour le patient (phase
d'entrée dans la maladie cancéreuse) ou pour la prise en charge thérapeutique à venir. Elle permet d'évaluer le
retentissement de la pathologie tumorale sur différents niveaux, clinique, biologique, et en imagerie. Guidé par les
données de l'examen et de l'interrogatoire initiaux, le médecin doit proposer à la fois un bilan d'extension adapté
à la gravité de la maladie et un bilan pré-thérapeutique.
• Le diagnostic de certitude est anatomo-pathologique, soit par une biopsie, soit directement par biopsie ou exérèse
chirurgicale. Il est de plus en plus souvent complété par une analyse moléculaire.
• L'ensemble de ces données permet de préciser le pronostic du patient et de proposer une stratégie thérapeutique
adaptée, conforme aux recommandations nationales et internationales.
► Références
► 60 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'AP P EL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,... LJE 9 - ITEM 289
UE9 ltem289
POINTS CLÉS
1. Un cancer peut être suspecté de manière fortuite, en raison d'un signe clinique évocateur ou
lors d'un examen de dépistage.
2. Le diagnostic des cancers est anatomo-pathologique.
3. La phase diagnostique cherche à évaluer le retentissement du cancer sur le plan loco-régional
et à distance.
4. Le bilan d'extension doit être adapté au type de la tumeur primitive, et affiné en fonction du
stade, les stratégies thérapeutiques pouvant différer en fonction du caractère localisé ou métas
tatique de la tumeur.
5. Dans le cas où un traitement est envisagé, un bilan pré-thérapeutique doit être envisagé.
6. Le pronostic est évalué par de multiples critères : cliniques, classification TNM, stadification,
anatomo-pathologiques et moléculaires.
7. La stratégie thérapeutique dépend intimement de l'évaluation pronostique.
UE 9 - ITEM 289 DIAGNOSTIC DES CANCERS, SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATION S PARACLINIQUES, ••• 61 ◄
UE 9 ltem290
........ __________
et cytologie pathologiques
Pr Lucie Karayan-Tapon', Pr Pierre Levillain2 , Pr Yves Allory3
'Laboratoire de Cancérologie Biologique, CHU de Poitiers
'Laboratoire d'Anatomie et Cytologie Pathologiques, CHU de Poitiers
'Laboratoire d'Anatomo-pathologie, Hôpital Henri-Mondor, AP-HP, Créteil
2.2. Étude morphologique des lésions cellulaires et Connaître les principes de base de réalisation des tech
niques morphologiques suivantes : cytologie, histolo
tissulaires
gie, immunohistochimie, hybridation in situ.
3. Principes permettant de réaliser des techniques
Connaître les principes permettant de réaliser des tech
de biologie moléculaire non morphologique sur
niques de biologie moléculaire non morphologique sur
les prélèvements tissulaires/ cellulaires, ainsi que les prélèvements tissulaires/cellulaires, ainsi que leurs
leurs principales indications principales indications.
3.1. Conditionnement des prélèvements avant l'envoi Connaître les principales indications de l'examen ex
dans les laboratoires de biologie moléculaire temporané, son principe de réalisation et ses limites.
(Plateformes Génétique Moléculaire des Cancers Connaître les exigences nécessaires pour l'utilisation
INCA) des prélèvements dans des travaux de recherche.
3.2. Conditionnement des prélèvements dans les
laboratoires de biologie moléculaire
3.3. Les principales indications des tests de biologie
moléculaire en cancérologie
4. Principales indications de l'examen extemporané : Mots clés : Prélèvement - Conditionnement -
principe de réalisation et limites Fixation formol à 10 % - Durée de fixation -
4.1. Définition Cryopréservation - Biologie moléculaire -
4.2. Principes de réalisation Hybridation in situ -
4.3. Limites de l'examen extemporané Test théranostique - Test diagnostique -
5. Les exigences nécessaires pour l'utilisation des Test pronostique - Examen extemporané -
prélèvements dans des travaux de recherche Recherche.
• Le diagnostic de cancer - et, donc, la prise en charge thérapeutique - passe obligatoirement par une preuve
microscopique.
• Le médecin anatomo-pathologiste, ainsi que le biologiste/pathologiste moléculaire, sont membres à part entière
de l'équipe cancérologique. Leur tâche est non seulement de valider le diagnostic mais aussi, pour un nombre
croissant de cancers, de guider la thérapeutique.
• Ils doivent pour cela avoir pris connaissance (idéalement au cours de la Réunion de Concertation Pluridiscipli
naire (RCP)) du dossier du patient, recevoir des prélèvements dûment identifiés et accompagnés de demandes
précises de la part des cliniciens, s'assurer de leur conditionnement et maîtriser toutes les techniques adaptées à
la question posée par le malade.
Ces prélèvements cellulaires et tissulaires seront réalisés par des médecins, dans le respect des bonnes
pratiques, selon des protocoles validés, en veillant à la préservation de leur qualité et de leur quantité. Une
partie des cellules et des tissus prélevés peut faire l'objet de recherches complémentaires à l'examen anatomo
pathologique, notamment de biologie moléculaire.
• Les prélèvements doivent être conditionnés et transmis dans les meilleurs délais accompagnés d'une fiche de
renseignements remplie par le médecin préleveur.
• Au même titre que l'acte médical du prélèvement, l'acheminement de l'échantillon vers le laboratoire exige un
protocole rigoureux: la transmission correcte du prélèvement engage la responsabilité médicale.
Les prélèvements pour examen histologique doivent être envoyés fixés dans le formol à 10 % tamponné sauf
pour les examens extemporanés, en cas de recherches particulières (étude des graisses, examen en immuno
fluorescence directe), pour la cryopréservation sanitaire et pour la recherche.
2. 1. Techniques
2.1.1. Cytologie
• Après conditionnement et fixation des liquides, les échantillons sur lames sont réhydratés puis colorés selon
diverses techniques (par exemple May-Grunwald-Giemsa pour la cytologie hématologique, Papanicolaou pour
les frottis cervico-utérins...).
• La technique est rapide et l'étude des préparations au microscope permet d'obtenir une orientation diagnostique
qui doit souvent être confirmée par l'analyse histologique.
2.1.2. Histologie
• Le préalable à la technique histologique standard est une fixation correcte qui exige plusieurs heures. La durée de
fixation est variable en fonction du volume des échantillons.
• Les petits échantillons pourront être traités directement après fixation.
• Les pièces opératoires plus volumineuses doivent faire l'objet d'une étape complémentaire de dissection et
d'échantillonnage puis de fixation complémentaire; l'ensemble représentant en général un délai supplémentaire
de 24 heures.
• Ensuite, les échantillons passeront par des phases de déshydratation, imprégnation et inclusion en paraffine avant
l'obtention d'un bloc de paraffine qui fera l'objet de coupes de 4 micromètres (µm) d'épaisseur environ.
• Ces coupes seront étalées sur lames de verre puis déparaffinées, réhydratées et colorées. La coloration usuelle est
la coloration hématoxyline-éosine-safran permettant de faire l'analyse histologique du prélèvement (Figure 1).
2.1.3. lmmunohistochimie
• À la différence des colorations qui reposent sur les propriétés chimiques des cellules et des tissus, l'immunohisto
chimie (IHC) utilise une réaction immunologique antigène-anticorps pour identifier et localiser des protéines sur
des lames non colorées d'histologie ou de cytologie.
• Si l'antigène porté par la protéine est présent sur le prélèvement, il fixera l'anticorps. Ce complexe antigène-anti
corps est visualisé au microscope par un fluorochrome (étude en fluorescence) ou un par un complexe coloré
(immunohistochimie en microscope standard).
- La technique peut être directe: l'anticorps spécifique est alors directement fixé à un fluorochrome, on parle alors
d'immunofluorescence directe, qui est essentiellement utilisée pour la recherche de dépôts d'immunoglobulines
et de complément sur coupes congelées de biopsies cutanées et rénales.
- La technique peut être indirecte, c'est l'immunohistochimie indirecte qui concerne notamment le diagnostic
des lésions tumorales. Le plus souvent, le complexe antigène-anticorps est révélé par un second anticorps
dirigé contre l'anticorps spécifique de l'antigène recherché. Ce second anticorps est lié à une enzyme à laquelle
on fournit un substrat. L'activité enzymatique se traduit par une coloration différente selon le substrat utilisé.
Enfin, une contre-coloration classique permet d'identifier les structures cellulaires et tissulaires et de localiser
précisément l'antigène recherché (Figure 2).
Figure 2. Récepteurs des œstrogènes dans un cancer du sein (lmmunohistochimie - marquage nucléaire)
• L'immunohistochimie et les analyses par hybridation in situ ont une place incontournable dans la prise
en charge en cancérologie. Par exemple, la recherche par FISH du statut du gène ALK dans les adénocarci
nomes pulmonaires ou du statut du gène HER2 dans les cancers du sein et de l'estomac conditionne la prise en
charge thérapeutique de ces pathologies (Figure 3).
• La cytologie permet une orientation diagnostique qui doit souvent être confirmée par l'analyse histologique.
• L'analyse histologique permet de faire un examen morphologique. Elle est basée sur l'interprétation des
images des coupes des tumeurs, colorées par l'hématoxyline-éosine-safran, par le pathologiste en fonction du
contexte clinique et éventuellement radiologique et biologique.
• La fixation des prélèvements doit se faire dans le formol à 10 % tamponné pour une durée de 6 heures à
48 heures afin d'obtenir des résultats concluants en immunohistochimie et en FISH.
• L'immunohistochimie directe et indirecte est une aide au diagnostic morphologique par la recherche d'ano
malies d'expression de protéines d'intérêt.
• La FISH permet de mettre en évidence des amplifications de gènes ou des translocations.
• Le résultat de l'examen est consigné dans un compte rendu qui doit comporter des informations pour la prise
en charge du patient. Des données minimales sont requises par l'INCa.
3. 1. 1. Prélèvements tissulaires
• Il s'agit de biopsies ou des pièces opératoires.
• Ces prélèvements doivent être fixés au formol 10 % le plus rapidement possible; le temps de fixation doit être
compris entre 6 heures et 24 heures, notamment pour les biopsies.
• Le médecin anatomo-pathologiste sélectionne, après un contrôle morphologique, des zones tumorales d'intérêt
(Figure 4), apprécie les zones de nécrose ainsi que le pourcentage de cellules tumorales dans le prélèvement.
• Des coupes de tissus sont ensuite réalisées sous forme de copeaux (Figure 5) ou de lames blanches sur les échan
tillons les plus riches en cellules tumorales.
• En général, 4 copeaux de 10 µm d'épaisseur, notamment pour les biopsies, sont envoyés pour des tests de biologie
moléculaire, le prélèvement devant contenir au moins 25 % à 30 % de cellules tumorales afin d'éviter des résul
tats faussement négatifs.
• Dans le cas d'une cellularité tumorale inférieure, une macrodissection de la région d'intérêt doit être réalisée à
partir des zones sélectionnées sur les coupes.
• La réalisation des tests moléculaires sur les prélèvements tumoraux est parfois primordiale pour la prise en
charge des patients.
• L'extraction des acides nucléiques est faite à partir de coupes de tissus fixés et inclus en paraffine. Ces prélève
ments doivent être fixés au formol 10 % le plus rapidement possible et le temps de fixation doit être compris
entre 6 heures et 24 heures notamment pour les biopsies.
• Le médecin anatomo-pathologiste, après un contrôle morphologique, sélectionne des zones tumorales ; le
prélèvement doit contenir au moins 25 % à 30 % de cellules tumorales, pour éviter les faux négatifs.
• Dans tous les cas, les prélèvements doivent être accompagnés d'une fiche de prescription selon les recomman
dations de l'INCa.
• Les indications des tests de biologie moléculaires sont théranostiques, diagnostiques, pronostiques.
• Principales indications :
Les examens extemporanés sont essentiellement réalisés en pathologie tumorale pour décider d'une exérèse complé
mentaire, en répondant à différentes questions dépendant du contexte chirurgical :
- La lésion est-elle de nature tumorale ou non?
- S'agissant d'une tumeur, est-elle de nature bénigne, ou maligne?
- Les limites de résection sont-elles saines ou atteintes par la tumeur, imposant dans ce cas d'étendre la chirurgie?
- Le(s) ganglion(s) lymphatique(s) prélevé(s) est (sont)-il(s) sain(s), ou au contraire métastatique(s) et conduisant
soit à étendre le curage, soit à arrêter l'intervention à cause du stade avancé de la maladie?
- Dans le cadre d'un prélèvement diagnostique difficile à réaliser, l'échantillon est-il représentatif et suffisant
pour le diagnostic ultérieur, ou inadéquat?
► Références
• http://www.e-cancer.fr/ soins/plates-fo rmes-hospita Iieres-d e-geneti q ue-mo I ec ulaire
• http://www.e-cancer.fr/soins/anatomopathologie
POINTS CLÉS
1. Les prélèvements cellulaires et tissulaires sont réalisés par des médecins, dans le respect des
bonnes pratiques, selon des protocoles validés, en veillant à la préservation de leur qualité et de
leur quantité.
2. Les prélèvements pour examen histologique doivent être transmis fixés dans le formol à 10 %
tamponné sauf pour les examens extemporanés, les recherches particulières (étude des graisses,
examen en immunotluorescence directe), pour la cryopréservation sanitaire et pour la recherche.
3. La transmission doit être faite dans les meilleurs délais accompagnée d'une fiche de renseigne
ments remplie par le médecin préleveur. La présence du médecin pathologiste à la RCP permet au
mieux l'échange des informations et facilite la discussion des résultats.
4. L'acheminement de l'échantillon vers le laboratoire exige un protocole rigoureux: la transmis
sion correcte du prélèvement engage la responsabilité médicale.
5. Une partie des cellules et des tissus prélevés peut faire l'objet de recherches de biologie molé
culaire. Ces prélèvements doivent être fixés au formol 10 % le plus rapidement possible et le temps
de fixation doit être compris entre 6 heures et 24 heures notamment pour les biopsies.
6. La cytologie permet une orientation diagnostique qui doit souvent être confirmée par l'analyse
histologique.
7. L'examen morphologique est basé sur l'interprétation par le pathologiste des images des
coupes des tumeurs par la coloration hématoxyline-éosine-safran en fonction du contexte cli
nique et éventuellement radiologique et biologique.
8. Le résultat de l'examen morphologique est consigné dans un compte rendu qui doit comporter
des informations pour la prise en charge du patient. Des données minimales sont requises par
l'INCa.
9. La fixation des prélèvements doit être le formol à 10 % tamponné pour une durée de 6 heures
à 48 heures afin d'obtenir des résultats concluants en immunohistochimie et en FISH.
1 O. L'immunohistochimie directe et indirecte est une aide au diagnostic morphologique par la
recherche d'anomalies d'expression de protéines d'intérêt.
11. La FISH permet de mettre en évidence des amplifications de gènes ou des translocations.
12. La réalisation des tests moléculaires sur les prélèvements tumoraux est parfois primordiale
pour la prise en charge des patients.
13. Les prélèvements à visée d'étude en biologie moléculaire doivent contenir au moins 25 % à
30 % de cellules tumorales, pour éviter les faux négatifs.
14. Les prélèvements pour l'étude en biologie moléculaire doivent être accompagnés d'une fiche
de prescription selon les recommandations de l'INCa.
15. L'extraction des acides nucléiques est faite à partir de coupes de tissus fixés et inclus en
paraffine.
16. Les indications des tests de biologie moléculaires sont théranostiques, diagnostiques, pro
nostiques.
CHAPITRE ►---------------------------------------
Traitement des cancers :
chirurgie, radiothérapie, traitements médicaux
des cancers (chimiothérapie, thérapies ciblées,
immunothérapie). La décision thérapeutique
pluridisciplinaire et l'information du malade
Dr Céline Bourgier', Dr Marc-Antoine Benderra2, Dr Sandrine Richard2, Pr François Guillemin3,
Pr Frédéric Marchal•, Pr David Azria', Pr Jean-Pierre Lotz2
'Institut de Cancérologie de Montpellier, Unicancer, Montpellier
'Service d'Oncologie Médicale et de Thérapie Cellulaire, Hôpital Tenon, Groupe Hospitalier Est-Parisien, AP-HP, Paris
3 Institut de Cancérologie de Lorraine, Centre Jean Godinot, Unicancer, Reims
OBJECTIFS iECN
Mots clés: Bilan d'extension - TNM - Chirurgie
➔ Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, carcinologique - Réhabilitation - Anatomo
traitements médicaux des cancers (chimiothérapie, pathologie - lmmuno-histo-chimie.
thérapies ciblées, immunothérapie). La décision théra
peutique pluridisciplinaire et l'information du malade.
Radiothérapie - Fractionnement - Facteur temps -
Curiethérapie.
- Décrire les principes et risques des traitements en can
cérologie (voir item 326).
Plans Cancer - Prévention - RCP - Dispositif
d'annonce - Programme personnalisé de soins -
- Justifier l'utilité d'une concertation pluridisciplinaire.
Qualité de vie - Essais thérapeutiques - Soins de
- Connaître les objectifs du dispositif d'annonce et de la support - Toxicités.
mise en place d'un programme personnalisé des soins.
• Le traitement d'un cancer peut faire appel à plusieurs modalités thérapeutiques, isolément, simultanément ou
successivement (Figure 1). La décision thérapeutique ne peut donc reposer que sur une concertation multidisci
plinaire. Les soins oncologiques de support ne sont pas réservés à la phase purement palliative de la fin de vie mais
font partie intégrante de la prise en charge thérapeutique du malade dès le diagnostic.
Méthodes thérapeutiques
1 1 1
Soins
Traitements
Chirurgie Radiothérapie Oncologiques
médicaux
de Support
1 1 1 1
Diagnostic
Prévention Traitement Réhabilitation
et bilan d'extension
1.1. La prévention
1. 1. 1. la chirurgie prophylactique
• L'objectif est !'exérèse d'un organe apparemment sain, mais ayant un très fort risque de développement d'un
cancer lié à l'identification d'une mutation génétique constitutionnelle.
Exemple : Mastectomies et ovariectomies prophylactiques chez des patientes jeunes porteuses d'une
mutation BRCA 1 ou 2.
Exemples:
- Conisation en cas de carcinome in situ du col utérin.
- Colectomie totale+/- proctectomie en cas de polypose recto-colique.
• L'alternative à la chirurgie est la résection endoscopique ou la destruction (laser, plasma argon, hyper-fréquence ...).
Une radiothérapie peut être associée à la chirurgie comme dans le CCIS de haut grade du sein.
Exemples:
- Biopsie du col utérin sous colposcopie.
- Castration par voie inguinale pour le diagnostic de cancer du testicule.
• A contrario, la chirurgie peut permettre de corriger un diagnostic erroné de malignité ou de découvrir fortuite
ment une tumeur maligne sur pièce opératoire.
• Cette étape diagnostique se fait en collaboration avec l'anatomo-pathologiste. Le chirurgien doit indiquer la topo
graphie des prélèvements, les orienter et préciser le degré d'urgence.
Exemples:
- La cœlioscopie pour un cancer de l'ovaire oriente le choix du premier traitement et permet d'obtenir
une preuve histologique sur la tumeur, ses extensions et une cytologie sur le liquide péritonéal.
- Une suspicion de carcinose péritonéale (mésothéliome, cancer de l'estomac) nécessite une cœlioscopie
de classification de l'atteinte péritonéale pour estimer les chances de résection R0.
1 .3. Traitements
1.3.1. Radicalité et qualité de vie
• Les objectifs de la chirurgie sont la guérison et le maintien d'une bonne qualité de vie. Le principe de radicalité a
pour objectif d'éviter les récidives locales; l'exérèse du cancer doit être totale et passer en tissu sain, sans effraction
de la tumeur. L'évolution des pratiques chirurgicales a voulu préserver la radicalité du geste tout en réduisant les
séquelles fonctionnelles ou mutilantes.
Exemples:
Abandon de la mastectomie totale élargie à des méthodes conservatrices pour le cancer du sein.
- Abandon des amputations et désarticulations de membre pour les sarcomes des tissus mous.
Exemples:
Pneumonectomie et curage ganglionnaire médiastinal pour un carcinome bronchique développé sur
une bronche souche.
- Hémi-colectomie droite pour un adénocarcinome du ccecum.
- Ablation de toute la glande, y compris le prolongement axillaire, en cas de chirurgie non conservatrice
pour un cancer du sein.
Exemples:
- Lors de !'exérèse d'un cancer du sein, une marge entre 1 et 2 mm est suffisante à condition qu'il n'y ait
pas de carcinome intra-canalaire (CCIS) associé car la marge exigée serait alors de 2 mm.
- La marge d'exérèse d'un mélanome cutané dépend de l'indice de Breslow (plus la tumeur est épaisse,
plus grandes devront être les marges).
- Un sarcome rétro-péritonéal justifie une néphrectomie et une colectomie afin de s'assurer de marges
significatives.
• On classe la qualité de l'exérèse en trois niveaux selon la présence ou non de foyers tumoraux résiduels
après la chirurgie:
- RO: il n'y a pas de résidu microscopique;
- Rl : il n'y a pas de résidu macroscopique, mais un très fort risque de résidu microscopique;
- R2: il persiste un résidu macroscopique.
• La juxtaposition signifie que les cibles sont différentes: la chirurgie se limite à l'exérèse du site tumoral et la
radiothérapie complète le traitement loco-régional sur les extensions locales et/ou sur les ganglions potentiel
lement atteints. La chimiothérapie a pour objectif de réduire le risque lié à une maladie générale.
• La superposition signifie que les cibles sont identiques. Les traitements se suivront. On parle de chimio
thérapie d'induction (ou néo-adjuvante) quand la chimiothérapie est la première séquence du traitement. La
radiothérapie externe peut également précéder ou suivre l'acte chirurgical.
• Les objectifs sont divers: traiter en priorité une maladie potentiellement métastatique infra-clinique, réduire le
volume de la tumeur pour la rendre extirpable ou limiter l'importance de l'exérèse chirurgicale et permettre la
conservation partielle de l'organe dans un but fonctionnel ou de qualité de vie.
Exemples:
Un cancer du rectum sous péritonéal > T2 justifie une radiothérapie associée à une chimiothérapie,
avant le temps chirurgical d'exérèse et sans préjuger de l'indication d'une chimiothérapie adjuvante.
- Les métastases hépatiques des cancers colorectaux, de l'adénocarcinome du bas œsophage, des
sarcomes des membres, etc. bénéficient d'un traitement d'induction pré-chirurgical.
Exemple : La radiothérapie per-opératoire pour le cancer du sein délivre une dose unique dans le lit
opératoire. L'intérêt est de remplacer la radiothérapie externe qui s'étale sur 5 à 6 semaines (ou moins pour
un protocole de radiothérapie hypo fractionnée) par une seule séance au cours de l'intervention.
• La chimiothérapie loco-régionale associe l'administration d'une très forte dose de chimiothérapie dans un com
partiment limité à une hyperthermie potentialisatrice.
Exemples:
Traitement du pseudo-myxome (maladie gélatineuse du péritoine).
- Perfusion de membre isolé avec le TNFa, indiquée pour les sarcomes des parties molles ou le mélanome
avec nodules en transit des membres avec comme bénéfice la possibilité de faire ensuite une chirurgie
d'exérèse conservatrice.
Exemples:
Radio-chimiothérapie concomitante exclusive du carcinome épidermoïde du tiers supérieur de
l'œsophage, du cancer de vessie T2 (après RTUV complète).
Le cancer de la prostate peut être traité par curiethérapie, par radiothérapie externe conformationnelle
avec modulation d'intensité, par cryothérapie, etc. en lieu et place de la chirurgie. Chaque technique a
des indications plus ou moins précises, mais qui dépendent également de l'accès au plateau technique
correspondant.
Exemple : La persistance de masses ganglionnaires après chimiothérapie pour une tumeur germinale
non séminomateuse du testicule de stade Il (atteinte des ganglions régionaux: ganglions para-aortiques,
pré-aortiques, inter-aortico-caves, pré-caves, para-caves, rétro-caves, rétro-aortiques et le long des veines
spermatiques) peut correspondre à
► des résidus tumoraux actifs qui vont imposer une chimiothérapie de deuxième ligne, voire une
intensification de dose;
► du matériel nécrotique qui peut renseigner sur la nature d'images résiduelles en site métastatique
(poumon, ganglions médiastinaux) dont la surveillance sera suffisante;
► une tumeur mature à type de tératome dont l'évolution sous forme de tératome croissant peut
Exemple:
- Le cancer épidermoïde de la marge anale est traité en première intention par une association de radio
chimiothérapie. Le résultat attendu est un contrôle de la maladie dans plus de 90 % des cas. L'échec
est la persistance de tumeur vivace, de douleurs et souvent une incontinence des matières et des gaz.
L'amputation ano-rectale par voie abdomino-périnéale est alors nécessaire. Elle se justifie d'autant plus
que la maladie est à un stade local et si l'atteinte ganglionnaire a été contrôlée par le traitement.
Exemples:
La chirurgie des métastases hépatiques des cancers colorectaux s'intègre parfaitement dans ce
raisonnement et les indications se sont considérablement étendues. On propose un protocole
commençant par la chimiothérapie, une embolisation du lobe hépatique le plus atteint (celui qui sera
réséqué) pour augmenter le volume de parenchyme résiduel controlatéral et dans le même temps
on détruit les foyers tumoraux (hyperfréquence, cryothérapie, ultra-sons focalisés, radiothérapie en
conditions stéréotaxiques) dans le lobe qui restera en place.
La chirurgie des métastases pulmonaires de sarcomes peut amener à la résection de plusieurs dizaines
de nodules dans les deux poumons.
Exemples:
- Laminectomie décompressive de la moëlle épinière pour éviter une paraplégie.
- Ostéosynthèse en prévention d'une fracture pathologique.
Exemple : La récidive locale d'un cancer du sein après traitement conservateur relève d'une chirurgie
radicale non conservatrice.
Exemple : Le grêle radique, consécutif à une irradiation abdominale peut se manifester par une nécrose
muqueuse sténosante limitée, en général en regard d'une bride adhérentielle. Il peut se manifester par des
troubles de l'absorption et des troubles du transit par fibrose d'une longue portion du grêle. La chirurgie
réalise la résection de tout le segment pathologique et s'assure d'une suture en zone saine.
• La chirurgie est parfois nécessaire dans des situations où la complication est liée à l'efficacité de la radiothérapie
qui aboutit à la fonte tumorale et démasque une fistule, provoque un abcès sur nécrose, etc.
Exemples:
Une prostato-cystectomie totale pour un cancer de la vessie peut être compensée par une iléo-néo
cystoplastie (reconstruction d'un réservoir in situ en utilisant le grêle« détubulé » et anastomoses urétro
iléale et urétéro-iléales).
Une pharyngo-laryngectomie totale sera partiellement reconstruite en rétablissant la continuité de la
voie digestive supérieure entre la cavité buccale et l'œsophage: lambeau libre jéjunal ou lambeau libre
cutané ou plastie cutanée locale, etc.
- Pour le cancer du sein nécessitant une mastectomie totale, il est possible de réaliser une reconstruction
immédiate:
► pour un carcinome canalaire in situ étendu;
► pour un cancer ayant nécessité une chimiothérapie première que l'on fait suivre par une
radiothérapie. La chirurgie clôt le traitement par une mastectomie totale et une reconstruction
mammaire immédiate (RMI).
• En chirurgie mammaire conservatrice, de nombreuses techniques dérivées de la chirurgie plastique du sein ont
été proposées. Pour les cancers du quadrant inférieur, une technique issue de la chirurgie de réduction mammaire
est utile; elle est associée à une chirurgie controlatérale de symétrisation.
Exemples:
La chirurgie du plancher de bouche nécessite parfois une interruption du maxillaire inférieur. Une
reconstruction secondaire, après cicatrisation et éventuellement une radiothérapie, associe une greffe
osseuse et dans les bons cas l'implantation d'orthèses.
- La reconstruction différée du sein est largement répandue; le choix des techniques est large.
1.7.2. la télé-cœ/iochirurgie
• La chirurgie dite« robotique» est une étape importante dans l'amélioration de la chirurgie mini-invasive comme:
- cœlioscopie avec vision 3D;
- ergonomie chirurgicale: position assise et appui des avant-bras;
- suppression du tremblement.
• Toutes les procédures réalisables par cœliochirurgie classique, le sont encore plus facilement par télé-cœliochirur
gie car l'apprentissage est plus rapide et la mobilité des instruments facilite l'exécution des gestes.
2. Radiothérapie oncologique
2.1. Introduction
• C'est en 1895 que W.-C. Roentgen découvre les rayons X, mais ce n'est que vers les années 1920-1930 que la radio
thérapie, en tant que discipline de traitement anticancéreux, va réellement se structurer. Le but de la radiothérapie
est d'utiliser les radiations ionisantes à visée thérapeutique, afin de détruire les cellules cancéreuses.
- une révolution technologique avec la mise à disposition d'appareillages de plus en plus performants en
particulier les accélérateurs linéaires ;
- une révolution biologique avec la compréhension de plus en plus précise des mécanismes d'action des
rayonnements ionisants.
• La radiothérapie s'intègre de plus en plus souvent dans des protocoles thérapeutiques multidisciplinaires, impli
quant avec elle chirurgie et/ou chimiothérapie anticancéreuse.
• La radiobiologie étudie les effets des radiations sur les cellules normales et tumorales. Son but ultime, en clinique,
est de permettre l'amélioration de l'efficacité des radiations sur les tumeurs et de minimiser les effets secondaires
sur les tissus sains traversés par les radiations ionisantes.
2.2. Définitions
• Les radiations ionisantes sont des radiations capables de créer des ionisations dans la matière qu'elles traversent
par« arrachement» d'électrons aux atomes des molécules du milieu.
• Les photons correspondent à des« grains» d'énergie sans masse, se déplaçant à la vitesse de la lumière et trans
portés par une onde électromagnétique.
On distingue les photons gamma, produits lors de la désintégration d'atomes radioactifs naturels ou artificiels,
cobalt (Co60 ), iridium (Ir192 ), césium (Cs137 ), et les photons X, produits lors des interactions électrons-matière.
En radiothérapie, il s'agit de photons produits par des tubes à rayons X ou par des accélérateurs linéaires à usage
médical. À énergie égale, photons gamma ou X ont des propriétés biologiques identiques : seuls les distinguent
leurs modes de production.
• Les électrons correspondent à des particules élémentaires de matière chargée négativement. La masse d'un élec
tron est environ deux mille fois plus petite que celle des particules constituant le noyau de l'atome (neutrons et
protons). En radiothérapie, on utilise essentiellement des électrons produits par les accélérateurs linéaires (dans
une gamme d'énergie allant de 4 à 32 MeV).
• Le Gray (Gy) est l'unité de dose en radiothérapie.
Il s'agit d'une unité de dose absorbée, correspondant à une absorption d'énergie d'l joule par Kg (1 Gy= 1 J.Kg-').
0 Irradiation
l
10· 15 s Ionisations-Excitations
10·5 s Radicaux libres
.--�
seconde Réactions biochimiques
minute
Réparation cellulaire
heure �
jour Mort différée
semaine
Réparation tissulaire
mois
année
CancérC:-----------.
descendance Mutations
Effet compton
électron Compton
-----�
· ., photon diffusé
Effet photoélectrique
photon électron
photon de fluorescence
.,
-
ou
électron Auger
• L'irradiation agit sur la perméabilité de la membrane cellulaire en induisant des chaînes de réactions encore
incomplètement connues, par l'intermédiaire de la dégradation des phospholipides (peroxydation lipidique) ainsi
qu'au niveau du cytoplasme sur les ribosomes et les mitochondries (ce site d'action semble peu important).
• Ce sont avant tout les lésions de l'ADN (acide désoxyribonucléique) nucléaire qui sont responsables des effets
biologiques des radiations ionisantes (Figure 5).
cassure
simple brin
modification
de base
site abasique
En l'absence d'oxygène (hypoxie), les cellules sont moins sensibles aux radiations. La dose nécessaire pour détruire
une cellule en hypoxie est 2,5 à 3 fois plus importante que celle nécessaire pour détruire la même cellule bien oxy
génée.
• Le facteur temps: le fractionnement et l'étalement régissent le déroulement d'une irradiation.
- Le fractionnement est le nombre de fractions (ou de séances) d'une irradiation. Il définit également
l'intervalle de temps entre deux fractions. Il est possible de modifier l'efficacité biologique d'une irradiation en
agissant sur les composants du facteurs temps.
Le fractionnement conventionnel délivre une fraction par jour de 2 Gy qui permet la restauration de !'ADN
des cellules normales.
Le hi-fractionnement (2 séances par jour) délivre à chaque séance une faible dose, moins toxique pour les
cellules normales qui sont capables de se réparer, et plus toxique pour les cellules tumorales qui réparent
mal. Ce mode d'irradiation protège donc les tissus sains tout en délivrant une dose d'irradiation efficace (à
condition que les deux séances soient espacées d'au moins 6 heures).
Différents protocoles de traitement utilisent soit une augmentation du nombre de fractions (hyper
fractionnement) pour des traitements curatifs, soit une diminution du nombre de fractions (hyp o
fractionnement) pour des traitements palliatifs qui recherchent rapidement l'effet désiré (antalgique par
exemple) avec peu de séances de traitement.
- L'étalement est la durée totale du traitement. En réduisant l'étalement (accélération), on dépasse la
prolifération des cellules tumorales permettant une destruction plus importante.
Un allongement du temps de traitement (protraction) est utilisé dans le cadre de traitements palliatifs dits en
« split-course ».
• L'effet dose: In vitro, les cellules tumorales ne sont pas entourées de tissu sain, et de très fortes doses d'irradiation
permettent d'obtenir 100 % de stérilisation. En clinique, l'augmentation des doses se heurte à la tolérance des
tissus sains, qui est limitée. Néanmoins, il a été montré (cancers bronchiques, ORL, gynécologiques) que l'aug
mentation de la dose totale d'irradiation, pour une même tumeur, améliore les chances de stérilisation. Cet effet
est constamment recherché en clinique pour les tumeurs radio-résistantes.
- les effets génétiques: ils restent très théoriques dans un contexte de radiothérapie. Les doses reçues aux gonades
sont souvent faibles, voire très faibles, car les volumes irradiés se situent à distance. Ce risque génétique ne
paraît devoir être pris en compte que lorsqu'une irradiation thérapeutique est amenée à délivrer aux testicules
ou aux ovaires une dose supérieure à 0,5-1 Gy (inférieure aux doses entraînant une castration).
1 1 1 1
3.1. Chimiothérapie
3.1.1. Considérations générales
• La chimiothérapie anti-tumorale utilise des médicaments qui entraînent un arrêt du cycle cellulaire (effet cytosta
tique) et/ou une mort cellulaire (effet cytotoxique), principalement par apoptose.
• Il n'y a pas de chimiothérapie possible sans preuve histologique. Seules certaines tumeurs germinales peuvent être
traitées sans preuve histologique sur la base d'arguments cliniques, radiologiques et biologiques.
• Trois principes régissent l'utilisation de la chimiothérapie systémique :
une fraction constante de cellules tumorales est tuée à chaque cycle thérapeutique. Par exemple, si un
cycle thérapeutique tue 99 % des cellules d'un cancer, une masse tumorale de 10 11 cellules sera réduite à
approximativement 10 cellules après 5 cycles;
- les cellules néoplasiques sont supposées répondre au traitement suivant une relation linéaire entre la dose et
son efficacité, ce qui justifie l'emploi de doses le plus élevées possibles, administrées aux intervalles de temps
les plus courts;
- l'hyp othèse de Goldie-Coldman suggère que les tumeurs ont un taux spontané de mutation d'environ une
cellule pour 100 000 et par gène. Ainsi, une tumeur contenant 109 cellules (environ 1 gramme) comprendra
spontanément environ 10 000 cellules résistantes à un médicament donné. Mais la résistance simultanée d'une
cellule à deux médicaments ne s'observera que pour une cellule sur 10 10 • Ceci explique l'efficacité supérieure
des poly-chimiothérapies.
• Les programmes de chimiothérapies sont établis au travers des essais conduits par des groupes nationaux ou
internationaux et suivent les recommandations des sociétés savantes (ESMO, ASCO ...) ou des organisations
institutionnelles (INCa, UNICANCER ...).
3. 1.2. Indications
• La chimiothérapie peut être administrée:
- En phase curative:
► Traitement néo-adjuvant: avant le traitement chirurgical de la tumeur. Cette approche permet de traiter la
tumeur primitive en place et les micro-métastases éventuellement présentes.
► Traitement adjuvant: au décours de la chirurgie. Il diminue (mais n'annule pas) le risque de rechute et
augmente la survie.
- En phase métastatique: l'objectif n'est plus la guérison mais la qualité de vie et le contrôle des symptômes.
On parle de chimiothérapie palliative (bien qu'elle ne soit pas administrée au moment de la fin de vie). Les
soins de support ont un rôle prépondérant durant cette phase. Dans certaines situations, la chimiothérapie
utilisée en phase métastatique peut être curative (tumeurs germinales métastatiques, cancer colo-rectal oligo
métastatique par exemple).
- De façon concomitante ou séquentielle à la radiothérapie ( ce qui permet la coopération temporelle et spatiale
entre chimiothérapie et radiothérapie).
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Cisplatine +/- ++ + +
Carboplatine + +
Oxaliplatine ++
+ (paresthésies +
au froid)
Cyclophosphamide/
+ + ++ +/-
ifosfamide
lrinotecan ++ (sd
+ + ++
cholinergique)
Anthracyclines + ++ ++ + +/- + (cumulatif) ++
Etoposide ++ + ++
Paclitaxel +/ - ++ + +
Docetaxel + + ++ ++ + +
Vinorelbine/vincristine +/- + ++
5 Fluorouracile + (spasme
+/- + /- +/- + /-
coronarien)
Capecitabine +/- + + + oral
Gemcitabine + +/- +/-
Methotrexate + + + /- +/-
Fréquence des toxicités : ++ très fréquent ; + : fréquent ; +/- : peu fréquent ; - : rare ou absent
• Surexpression ou modification de la cible au niveau des cellules tumorales qui les rendent moins sensibles à
l'action du médicament.
• Sur- ou sous-efficacité des systèmes de réparation de l'ADN.
3.1.5.2. Toxicités liées à des polymorphismes génétiques
• Certains médicaments sont susceptibles, chez certains individus prédisposés génétiquement, de provoquer une
toxicité accrue.
Par exemple :
- Un déficit complet en DHPD (dihydro-pyrimidine déshydrogénase) peut provoquer des toxicités
mortelles en cas d'administration de 5-FU. Celui-ci étant réduit par la DHPD, il s'accumule en cas de
déficit complet de l'enzyme. Un déficit partiel est possible; il sera géré par une administration du 5-FU à
dose réduite de moitié. li est recommandé depuis 2018 de réaliser un dépistage systématique du déficit
en DHPD avant toute administration de 5-FU ou Capécitabine.
- Un déficit en UGT1 A (maladie de Gilbert) entraîne des toxicités plus importantes après traitement par
l'irinotécan car l'UGT transforme le métabolite actif de l'irinotécan (SN38) en métabolite inactif.
3.3. Hormonothérapie
3.3.1. Généralités
• Les cellules tumorales du cancer de la prostate, du cancer du sein (et de l'endomètre) expriment des récepteurs
aux hormones, les rendant sensibles aux traitements anti-hormonaux.
• Le terme« hormonothérapie» est donc un abus de langage: il s'agit plutôt d'un traitement anti-hormonal, dont
le principe est d'empêcher cette stimulation hormonale par deux grandes méthodes:
- Diminuer la production hormonale au niveau:
► central(ex: utilisation des agonistes de la LH-RH qui inhibent la sécrétion de LH hypophysaire);
► périphérique (ex: suppression - irréversible - de la production hormonale ovarienne ou testiculaire par
chirurgie ou radiothérapie ; suppression temporaire par les inhibiteurs de l'aromatase chez les femmes
ménopausées dans le cancer du sein).
- Bloquer le récepteur hormonal au niveau de la cellule tumorale par une« anti-hormone».
les agonistes de la LH-RH, afin de prévenir l'exacerbation des symptômes au début du traitement.
3.4. Immunothérapie
3.4.1. Généralités
• L'immunothérapie agit principalement sur le système immunitaire du patient pour le rendre apte à attaquer les
cellules cancéreuses. On pourrait décrire l'absence de réaction immunitaire comme étant la résultante de la mise
en place d'une« glace sans tain» entre les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires. L'immunothérapie abat
cette« glace sans tain ».
• L'immunothérapie repose sur les anticorps monoclonaux, notamment les inhibiteurs de points de contrôle, les
anticorps bispécifiques, le transfert adoptif de cellules ou encore la vaccination anti-tumorale, encore très expéri
mentale (en dehors de la vaccination préventive anti-HPV des cancers du col de l'utérus).
• Les effets indésirables de cette nouvelle classe médicamenteuse (on parle de « checkpoint inhibitors ») résultent
d'une réponse immunitaire augmentée ou excessive dirigée contre l'organisme du malade; ils sont définis comme
« immune related adverse events». Ils concernent essentiellement les systèmes gastro-intestinal, hépatique, cutané,
nerveux et endocrinien (notamment au niveau de l'hypophyse et de la thyroïde) mais ils peuvent atteindre toutes
les fonctions de l'organisme. Ils apparaissent pour la plupart pendant la phase d'induction du traitement mais
peuvent également être retardés. Un diagnostic précoce et une prise en charge appropriée, par corticothérapie à
forte dose éventuellement associée à un traitement immunosuppresseur, sont essentiels pour minimiser les com
plications menaçant le pronostic vital.
- temps médical: une ou plusieurs consultations dédiées à l'annonce, remise d'un programme personnalisé
de soins (PPS). En relais immédiat du dispositif d'annonce, le programme personnalisé de soins est remis à
chaque patient. Il formalise la proposition de prise en charge thérapeutique décidée en RCP. Il comprend entre
autres les coordonnées du médecin référent et de l'équipe soignante référente, les coordonnées de la personne
de confiance ainsi qu'un calendrier prévisionnel de soins et de suivi ;
- temps d'accompagnement soignant : le patient et/ou ses proches peuvent rencontrer un soignant (le plus
souvent une infirmière d'annonce) après la consultation médicale d'annonce, informations sur le déroulement
des soins et mise en contact avec d'autres professionnels de santé si besoin (psychologue, assistant social) ;
- accès à une équipe de soins de support ;
- un temps d'articulation avec la médecine de ville: le médecin traitant est informé en temps réel et doit être
associé au parcours de soins.
• Au terme du traitement, un programme personnalisé de l'après-cancer (PPAC) sera établi.
7. L'après-cancer
• Le Plan Cancer (2014-2019) ambitionne de préserver au maximum l'autonomie, la continuité et la qualité de
vie des personnes atteintes d'un cancer, pendant et après la période des traitements. Cela passe par une réduc
tion des risques de séquelles (douleurs, difficultés psychologiques, altération de la fertilité) et de second cancer
(accompagnement au sevrage tabagique, activité physique adaptée, alimentation équilibrée, réduction de la
consommation d'alcool). Les conséquences économiques et sociales sont elles aussi au centre de ce plan cancer:
notion du« droit à l'oubli» avec accès facilité à l'assurance et au crédit, dispositifs d'aménagement de la scolarité
pour les enfants et adolescents malades, mise en place d'observatoires/baromètres pour actualiser les connais
sances sur l'après-cancer.
► Références
• Mise en œuvre des traitements
- www.afsos.org: référentiels AFSOS(Association Francophone des Soins Oncologiques de Support)
- Recommandations HAS 2014 RCP
- INCa Plan Cancer 2014-2019 et Plans Cancers I à Ill
• La chirurgie des cancers
- Site de l'INCA:www.e-cancer.fr(http://www.e-cancer.fr/)
- Site de l'HAS:www.has-sante.fr(http://www.has-sante.fr/)
- Chirurgie oncologique concepts et techniques Serge Evrard, François Guillemin, Jacques Dauplat John Libbey Eurotext 2006
• Radiothérapie
- Pourquoi les radiations ionisantes sont-elles thérapeutiques ? Hennequin C. La Revue du Praticien, N° : 1, Pages : 74, Rubrique
éditoriale:Dossier, Radiothérapie. 2011-01-18
- Les grandes indications de la radiothérapie. Maingon P. La Revue du Praticien, N°: 1, Pages:79, Rubrique éditoriale:Dossier. 2011-
01-18
- Effets indésirables de la radiothérapie. Henni M., Ali D. La Revue du Praticien, N° : 4, Pages: 461-6, Rubrique éditoriale: Pratique
Médicale. 2012-04-16
• Chimiothérapie et Thérapies ciblées
- Site de l'INCA:www.e-cancer.fr(http://www.e-cancer.fr/)
- Site de l'HAS:www.has-sante.fr(http://www.has-sante.fr/)
- Les médicaments du cancer, Trédaniel Jean, ESKA, 2015
• Hormonothérapies
- Site de l'INCA:www.e-cancer.fr(http://www.e-cancer.fr/)
- Site de l'HAS:www.has-sante.fr(http://www.has-sante.fr/)
- Site de l'Association française d'Urologie (www.urofrance.org/nc/science-et-recherche/base-bibliographique/article/htlm/
recommandations-en-onco-urologie-2013-du-ccafu-cancer-de-la-prostate.htlm)
• Immunothérapie
- Site de l'INCA:www.e-cancer.fr(http://www.e-cancer.fr/)
- Site de L'HAS:www.has-sante.fr(http://www.has-sante.fr/)
- Tumor immunotherapy directed at PD-1, Ribas, A, et al.: New England Journal of Medicine, 2012, 366, 2517-9.
POINTS CLÉS
1. Tout patient bénéficiant d'un traitement médical, chirurgical ou d'une radiothérapie pour un can
cer doit avoir un programme personnalisé de soins, une consultation d'annonce et son dossier doit
être présenté en RCP.
2. Chirurgie adaptée aux buts (curative ou palliative, réparatrice ...) et à l'état général du patient.
3. Pas de chimiothérapie ou de radiothérapie sans preuve histologique sauf cas particuliers (cer
taines tumeurs germinales).
4. Les effets tissulaires de la radiothérapie peuvent se révéler des mois, voire des années, après l'irra
diation; ce qui nécessite une surveillance régulière d'au moins 5 ans après la radiothérapie.
S. Bilan des fonctions vitales et nutritionnel avant chaque chimiothérapie et bilan adapté à la molé
cule de chimiothérapie (bilan rénal et audiogramme pour le cisplatine, épreuves fonctionnes respi
ratoires pour la bléomycine, échographie cardiaque pour les anthracyclines).
6. Pour les toxicités des chimiothérapies ou de la radiothérapie: toxicités aiguës ou chroniques,
toxicités communes et spécifiques.
7. Les thérapies ciblées agissent sur un mécanisme de prolifération tumorale précis et spécifique,
avec une meilleure tolérance que la chimiothérapie. On distingue les anticorps monoclonaux (suf
fixe - mab) des inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI).
8. Cancers hormono-dépendants: cancers du sein, prostate, endomètre.
9. Le principe de l'immunothérapie est d'induire une réponse immunitaire anti-tumorale efficace,
à médiation cellulaire.
1. Ce chapitre a pour but de vous expliquer les grands principes des traitements du cancer. L'.ob
jectif n'est pas de vous faire devenir des experts en cancérologie, mais de mettre en exergue
les points importants dans la prise en charge des cancers, particulièrement susceptibles d'être
abordés à l'ECN et qui« peuvent faire très mal» ... en particulier la RCP, les complications des
traitements ...
2. Le principe de la stratégie thérapeutique est le même pour chaque cancer: déterminer en
premier lieu le stade et le traitement ne posera pas de difficulté:
- localisé/localement avancé : chirurgie +/- radiothérapie et/ou chimiothérapie, le but du
traitement est CURATIF;
- métastatique: traitement systémique (chimiothérapie), le but du traitement est PALLIATIF.
3. Cinq cancers sont à connaître sur le bout des doigts, TNM compris: sein, prostate, poumon,
côlon, mélanome. Pour les autres, même si la TNM n'est pas à connaître, il faut avoir une idée des
stades qui font changer le traitement...
...............................................................................
. .
....
. OBJECTIFS iECN
� Prise en charge et accompagnement d'un malade cancé
reux à tous les stades de la maladie dont le stade de soins
palliatifs en abordant les problématiques techniques,
1. L'entrée dans la maladie: aspects psycho-sociaux relationnelles, sociales et éthiques. Traitements sympto
matiques. Modalités de surveillance.
2. La prise en charge personnalisée: du diagnostic à
- Expliquer les principes de la prise en charge globale
la surveillance
du malade à tous les stades de la maladie en tenant
2.1. Le programme personnalisé de l'après-cancer compte des problèmes psychologiques, éthiques et
2.2. Surveillance carcinologique et prévention tertiaire sociaux.
3. Des soins de support aux soins palliatifs - Comprendre et intégrer la notion de discussion collé
3.1. La douleur en cancérologie giale pour les prises de décision en situation de com
3.2. Soins oncologiques de support plexité et de limite des savoirs.
3.3. Les soins palliatifs et l'arrêt des traitements actifs
Introduction
• Le parcours de soins d'un patient atteint d'un cancer est codifié. Certains aspects font l'objet de dispositions
réglementaires sous l'égide de l'Institut National du Cancer comme le« dispositif d'annonce» ou le« programme
personnalisé de l'après-cancer».
• La possibilité de guérison de nombreux cancers est aujourd'hui élevée et la survie des formes métastatiques
peut se chiffrer en années. De ce fait, de nouveaux besoins doivent être pris en compte. Les soins de support ont
une importance croissante à tous les stades de la maladie. Lors de la phase de surveillance, il convient d'intégrer
au projet de soins une dimension globale de prise en charge de la personne (prévention tertiaire).
• En cas de rechute, les soins de support contribuent à améliorer la qualité de vie et à optimiser l'efficacité du trai
tement spécifique. Dans tous les cas, la dimension psychosociale doit être prise en compte.
• La cancérologie a connu plusieurs évolutions au cours des dernières décennies : dépistage et diagnostic pré
coces, amélioration des traitements spécifiques avec apparition de nouveaux agents actifs, définition de mar
queurs biologiques prédictifs, amélioration des traitements symptomatiques et des soins de support, meilleure
prise en compte des besoins psycho-sociaux et, enfin, apparition d'un cadre réglementaire régissant l'exercice de
la spécialité.
• Pour certains cancers, comme par exemple le cancer du sein, les taux de guérison sont désormais supérieurs
à 80 %, ce qui conduit à une vision globale de la prise en charge et non plus uniquement centrée sur le traitement
antitumoral. Cela pose la question de la prévention tertiaire et de la prise en charge de l'après-cancer avec des
mesures d'ordre médical (lutte contre la sédentarité, sevrage des addictions) et psycho-social (réinsertion sociale;
droit à l'oubli, qui facilite l'accession au crédit des patients considérés comme guéris).
LJE 9 - ITEM 292 PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D'UN MALADE CANCÉREUX 109 ◄
• Malgré les progrès effectués, de nombreux cancers restent cependant incurables. C'est en particulier le cas de
la très grande majorité des formes métastatiques. Pour un nombre croissant d'entre eux, notamment pour ceux
présentant un petit nombre de sites métastatiques, la survie espérée se chiffre cependant en années, ce qui est lié
à plusieurs facteurs: amélioration de l'efficacité des traitements anti-tumoraux, développement des soins de sup
port. Un exemple est la prise en charge des métastases osseuses qui fait appel à plusieurs traitements spécifiques en
plus de la thérapeutique antitumorale: inhibiteurs de la résorption osseuse, antalgiques, radiothérapie, radiologie
interventionnelle, chirurgie orthopédique ...
• Un défi essentiel est donc de coordonner la pluridisciplinarité et l'accès aux différentes compétences.
• D'un point de vue sociétal, même si son image évolue, le cancer revêt une dimension particulière par rapport
à d'autres pathologies chroniques engageant le pronostic vital. À la fin du XX' siècle, le militantisme associatif
et la prise de conscience sociétale ont abouti à la mise en œuvre en 2003 du premier Plan Cancer (le 3' Plan
est actuellement en cours) suivi de la création de l'Institut National du Cancer (INCa) en 2005. De ce fait, les
cancers font partie des pathologies placées sous la responsabilité d'une agence sanitaire d'expertise au service de
l'Etat. Outre ses missions liées à la recherche et à la formation, l'INCa contribue à l'organisation et à l'améliora
tion des soins et participe à la mise en œuvre des dispositions réglementaires relatives à la cancérologie comme le
dispositif d'annonce ou le programme personnalisé de l'après-cancer.
• À toutes les étapes de la maladie, il faut assurer la coordination entre les différents spécialistes et le lien entre
les établissements de soins et « la ville ».
La coordination entre les différents professionnels est donc cruciale et doit être mise en œuvre le plus
tôt possible. Il ne s'agit pas uniquement d'une coordination intra-hospitalière mais également« entre la ville et
l'hôpital». Par exemple, la demande d'exonération du ticket modérateur(= prise en charge à 100 % au titre de
l'affection de longue durée) doit être faite par le médecin traitant(une procédure dérogatoire est possible en cas
d'urgence si le diagnostic a été posé en milieu hospitalier; mais une régularisation doit être faite à 6 mois par le
médecin traitant).
► 110 0
PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D UN MALADE CANCÉREUX UE 9 - ITEM 292
UE9 ltem292
� ..... .. ....................
Symptomatique (gêné pour les activités physiques soutenues mais capable de se déplacer seul et
1
d'assurer un travail léger ou sédentaire, par exemple un travail de bureau ou le ménage).
Symptomatique, alité plus de 50 % de la journée, sans y être confiné (capable de prendre soin de soi-
3 même de manière limitée, alité ou confiné au fauteuil plus de 50 % de la journée).
Confiné au lit (totalement dépendant, incapable de prendre soin de soi-même, confiné au lit ou au
4 fauteuil).
• La réponse tumorale, le plus souvent appréciée sur les examens d'imagerie, n'est qu'un critère d'évaluation de
l'état du patient. L'évolution des symptômes lui est associée (état général, douleur, état nutritionnel) et permet in
fine d'adapter le projet thérapeutique.
• Celui-ci doit tenir compte du rapport risque-bénéfice propre à chaque situation :
- en situation de curabilité, un traitement toxique est acceptable s'il augmente significativement les chances de
guérison;
- en situation palliative, les objectifs de qualité de vie priment et la toxicité des traitements doit être réduite.
- On privilégiera par exemple des associations de chimiothérapies dans le premier cas et des mono-
chimiothérapies dans le second.
• Il existe néanmoins des situations « intermédiaires » de plus en plus fréquentes, où la maladie n'est pas curable
mais où l'espérance de vie se chiffre en années, justifiant un traitement agressif s'il est susceptible d'améliorer la
survie. Ainsi, les cancers du sein métastatiques HER2+ pour lesquels la survie médiane est proche de 5 ans avec
les traitements ciblant HER2, ou les cancers coliques avec métastases hépatiques opérables pour lesquels la survie
à 5 ans est supérieure à 30 %.
LJE 9 - ITEM 292 1 PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D'UN MALADE CANCÉREUX 113 ◄
• Les douleurs en cancérologie sont le plus souvent en rapport avec :
- une atteinte tumorale :
► excès de nociception (ex.: métastases osseuse);
► atteinte neuropathique (ex.: compression d'un tronc nerveux);
► douleur mixte (ex.: envahissement pariétal thoracique).
- des séquelles des traitements :
► douleurs post-chirurgicales (souvent sur cicatrice, mais d'autres mécanismes sont possibles: par exemple
capsulite rétractile après curage axillaire);
► douleurs post-chimiothérapies (essentiellement liées à certaines chimiothérapies responsables de
neuropathies périphériques).
- il existe enfin une symptomatologie douloureuse propre à certaines atteintes neurologiques :
► céphalées de l'hypertension intracrânienne (HTIC) en cas de métastases cérébrales;
► méningites carcinomateuses qui sont responsables de symptômes neurologiques mal systématisés avec une
composante neuropathique (un syndrome méningé« classique» est peu habituel dans ce contexte).
• D'un point de vue thérapeutique, les antalgiques de palier 1 et 2 de l'OMS ont une efficacité limitée et il faut
souvent recourir rapidement aux antalgiques de palier 3. Les co-antalgiques sont également utiles dans cer
taines situations :
- corticoïdes (prednisone lmg/kg/j ou plus) en cas d'HTIC, de douleurs par compression;
- anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les métastases osseuses (à utiliser avec prudence en raison
des effets secondaires possibles chez ces patients fragiles);
- inhibiteurs de la résorption osseuse (biphosphonates et dénosumab) qui ont surtout un effet préventif sur le
risque fracturaire mais agissent aussi sur les douleurs osseuses ;
- antibiotiques en cas de surinfection tumorale (pelvis, ORL);
- topiques locaux pour certaines douleurs neuropathiques localisées.
• Il ne faut pas omettre la radiothérapie antalgique ainsi que certaines techniques de radiologie intervention
nelle : cimentoplastie, radiofréquence ou embolisation.
• Il est recommandé de faire appel à un médecin algologue pour faire face aux douleurs complexes avec compo
sante neuropathique.
► 114 0
PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D UN MALADE CANCÉREUX LJE 9 - ITEM 292
;
UE9 Item 292
..........................
3.2.2. Hématotoxicité
• Les chimiothérapies sont toxiques sur les trois lignées sanguines:
- la neutropénie est une complication fréquente qui est observée vers le JS post-chimiothérapie. Elle est
considérée comme sévère si les polynucléaires neutrophiles (PNN) sont< 500/mm3 induisant un risque élevé
de fièvre (on parle de neutropénie fébrile qui est une urgence oncologique).
- l'anémie survient au cours des semaines suivant le début du traitement. Elle est observée plus fréquemment
avec certaines chimiothérapies (organoplatines). Elle est généralement multifactorielle car il s'y associe souvent
une carence martiale et une composante inflammatoire.
- la thrombopénie est plus rare dans le traitement des tumeurs solides qu'en hématologie. Elle survient un peu
plus tardivement que la neutropénie, souvent après le Jl0 et peut nécessiter des transfusions plaquettaires
(selon le contexte et le risque hémorragique, habituellement si les plaquettes sont< 20 000/mm3 ou en cas de
saignement actif).
• La toxicité hématologique des chimiothérapies est une indication aux traitements symptomatiques :
- Neutropénie:
► prophylaxie primaire par G-CSF à partir du J2 post-chimio (pendant 8-10 j ou en une injection unique si
prescription d'un G-CSF à longue durée d'action);
• en cas de risque de neutropénie sévère > 20 % (par exemple, bithérapie par un sel de platine et l'étoposide
pour le traitement des cancers bronchiques à petites cellules);
• à discuter selon le contexte clinique (pathologies associées, sujet âgé, isolement...) en cas de risque compris
entre 10 et 20 %.
► prophylaxie secondaire en cas de neutropénie< 500/mm3 ou de neutropénie fébrile au cycle précédent.
ATTENTION : LA TOLÉRANCE DE L'ANÉMIE (et donc les indications d'EPO ou de transfusion) S'ÉVALUE
CLINIQUEMENT+++ (une anémie à 8 g/dl d'installation progressive peut être bien mieux tolérée qu'une anémie !
à 9 g/dl d'apparition rapide).
► 116 0
PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D UN MALADE CANCÉREUX LJE 9 - ITEM 292
UE9 ltem292
.. .. ____________
• Certains traitements, comme les inhibiteurs de l'Epidermal Growth Factor Receptor (EGFR), mais aussi d'autres
thérapeutiques ciblées, peuvent être responsables de rash cutané, d'éruption acnéiforme, d'irritation palmo
plantaire ou de xérose cutanée. Pour ces patients, l'éducation thérapeutique est essentielle: choix des produits de
toilette, application de crèmes émollientes. Certains services ont recours aux compétences d'une psycho-socio
esthéticienne ayant une formation spécifique pour ce type de situations.
3.2.5. Oncofertilité
• La préservation de la fertilité (recueil de sperme, congélation ovocytaire ...) doit être proposée avant tout traite
ment en particulier chez l'enfant et l'adulte jeune.
POINTS CLÉS
1. Les progrès thérapeutiques actuels améliorent la survie des formes métastatiques (chronicisa
tion).
2. Le parcours de soins fait l'objet de dispositions réglementaires concernant l'entrée dans la maladie
et la prise en charge des besoins spécifiques du patient (PPS, PPAC).
3. Le PPAC est un document personnalisé qui donne les éléments d'une prise en charge globale.
4. La pluridisciplinarité est la règle; l'information doit circuler entre les établissements de soins et
le médecin traitant.
S. Dès l'annonce du diagnostic, il faut introduire l'évaluation des besoins en termes de soins de
support. lis font partie intégrante du projet thérapeutique et tout patient doit pouvoir y avoir accès.
6. Les soins de support imposent une coordination entre de multiples spécialistes (y compris les
soignants non médecins). Il faut en connaître les différentes modalités au même titre que les traite
ments antitumoraux.
7. Les soins palliatifs doivent être introduits précocement chez les patients non curables.
1
Bilan en 1 jour PRÉSERVATION DE LA Chirurgie
Rdv multidisciplinaires PLURIDISCIPLINAIRE Mesure 40 FERTILITÉ avec oncologue réparatrice à la fin
• Circulaire DHOS/SDO Avant le début des radiothérapeute /
• Gynécologues • Évaluation clinique
1" Plan Cancer des traitements :
du 22 février 2005 traitements spécifiques oncologue médical /
• Radiologues par un gynécologue
• Recommandations Avec les résultats (chimio/radioth) gynécologue. Reconstruction ou
• Autres praticiens des • Imageries
de l'INCa. anatomo- Tous les 3-4 mois plastie proposée à
établissements complémentaires :
• Mise à disposition : pathologiques CHIRURGIE
en alternance pour 1 an du traitement
- Mammographie l:ensemble de la chirurgie initial.
N° d'appel dédiés : complets de la biopsie les deux premières
...
Cl:
:::;
-Gynécologie
- Radiologie
-�omosynthèse
- Echographie ciblée
- Référentiels
- Liste des essais
et le bilan d'imagerie
• Consultation
mammaire carcinologique
est proposé et réalisé (GS, années puis tous les S'assurer d'une
continuité de la
-Microbiopsie avec cliniques oncoplastie, reconstruction 6 mois pendant 5 ans
r
d'annonce médicale et au moins une fois qualité de vie :
i:!:
0::: possibilité d'examen • Composition : mammaire immédiate)
extemporané pour - Remise du PPS par an. -Autonomie
Ill
Gynécologue
0
résultat dans la • Consultation Imagerie : 1/an - Santé physique,
1
:c Prise en charge en
journée + cytologie d'annonce soignant psychologique et
kinésithérapie post-opératoire
Prise en charge du
CMru.,;,"
ganglionnaire si
Oncologue 15
- Présentation des
Pose du port-à-cath en
lymphœdème si sociale
besoin
2
soins de support besoin
::s0 (médical et 3 ambulatoire ou lors de
- IRM mammaire
radiothérapeute) l'intervention.
• Consultations
�
Anatomo-pathologiste Anti-aromatases et
si besoin (non
Secrétaire RCP possible : CHIMIOTHÉRAPIE en HDJ
effets secondaires
systématique)
- Évaluation
IV/ orale (arthralgies)
-Macrobiopsie (selon Avis oncogériatrique CS annonce oncologue
indication) gériatrique Prise en charge
possible en RCP CS annonce IDE
rhumatologique
1
RADIOTHERAPIE
• Gynécologues Le médecin traitant Pour les cas Réseau de santé RADIOTHÉRAPIE 1 f Suivi alterné avec le Réseau de santé
• Radiologues est destinataire d'une complexes, recours à territorial en MT ou le gynécologue en cancérologie
synthèse écrite et cancérologie de ville
SOINS DE SUITE
• Médecins traitants • Accompagnement
un centre expert :
documentée Centre de référence
UNITÉ DE SOINS PALLIATIFS
i:!:
• Autres
- RCP cancer et
• À domicile: à l'ouverture des
pour la prise
Prestataires :
droits
0:::
établissements -Prothèses capillaires
grossesse
- IDE libéraux en charge du
-Prothèses • Aide au retour à
- RCP tumeur rare du
• Patientes -HAD lymphœdème si
:c
mammaires l'emploi avec :
§
sein
- Oncogénétique • Réseaux de soins besoin
- Requalification
-Aménagement du
Associations de
::s0
poste de travail
patients
�
- Reconnaissance
MDPH
UElO Item 294
........................... . . .
CHAPITRE ►,________________________________________
Cancers de l'enfant
Particularités épidémiologiques, diagnostiques
et thérapeutiques
Dr Maryline Poirée', Pr Nicolas Sirvent2, Dr Guillaume Vogin3, Pr Gilles Vassal4, Pr Marc-André Mahé'
'Unité d'Oncohématologie pédiatrique, CHU Nice
'Unité d'Oncologie pédiatrique, CHU Montpellier
•Département de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de Lorraine -Alexis Vautrin, Vandoeuvre-lès-Nancy
•Département de Recherche clinique, Institut Gustave Roussy, Villejuif
'Département de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de l'Ouest-René Gauducheau, Nantes-Saint-Herblain
1. Épidémiologie
• Les cancers de l'enfant et de l'adolescent sont des maladies rares qui représentent 1 % de l'ensemble des cancers,
en France et dans les pays comparables au plan socio-économique.
• Leur incidence est en moyenne de 120/million d'enfants par an, répartis en 1 700 nouveaux cas entre O et 15 ans
et 700 nouveaux cas chez les AJA (Adolescents et Jeunes Adultes) entre 15 et 20 ans. Ainsi, un enfant sur 440 va
développer un cancer avant l'âge de 15 ans et un sur 300 avant l'âge de 20 ans.
• Ils représentent la deuxième cause de mortalité entre 1 et 14 ans, après les accidents, soit 20 % des décès.
• Certaines formes de cancers sont spécifiques à l'enfant et, inversement, la plupart des cancers de l'adulte
n'existent pas chez l'enfant. Globalement, les cancers de l'enfant diffèrent de ceux de l'adulte par leurs caractéris
tiques cliniques, biologiques, anatomo-pathologiques et leur sensibilité thérapeutique élevée.
• Leur pronostic est bien meilleur que celui des cancers de l'adulte puisque le taux de guérison, tous cancers
confondus, est de l'ordre de 80 %. Une maladie métastatique peut être curable. On estime actuellement en France
à 50 000 le nombre d'adultes survivants d'un cancer traité avant l'âge de 20 ans et concernés par les possibles effets
tardifs de la maladie et des thérapeutiques reçues.
• La répartition des principaux cancers de l'enfant est indiquée dans le tableau suivant:
SYNTHÈSE
• L'incidence des cancers de l'enfant et de l'adolescent est de 2 400/an en France.
• Le taux de guérison est de l'ordre de 80 %.
• Les tumeurs les plus fréquentes sont hématologiques et cérébrales.
2. Facteurs étiologiques
• L'étiologie de la plupart des cancers de l'enfant reste encore mal connue.
2. 1. Rôle de l'environnement
• À la différence de l'adulte, le rôle des facteurs d'environnement apparaît minime dans la genèse des cancers de
l'enfant (qui peuvent également survenir chez l'adulte jeune).
• On peut citer cependant:
- le rôle des radiations ionisantes : certains enfants présentent une radiosensibilité individuelle élevée de
manière constitutionnelle pouvant se manifester par une augmentation du risque de cancer après de faibles
doses d'irradiation dans un contexte diagnostique ou thérapeutique;
- le rôle de certains agents chimiques: l'exposition in utero au di-éthylstilbestrol entraîne un risque important
d'adénocarcinome à cellules claires du vagin;
- le rôle de certains agents infectieux, en particulier viraux: Epstein-Barr virus et lymphome de Burkitt africain
et carcinome indifférencié du nasopharynx, virus de l'hépatite B et hépatocarcinome, virus HIV et lymphome;
- le rôle de certains agents de chimiothérapie (alkylants) dans le développement de leucémies secondaires.
• Ainsi, la constatation de certaines malformations congénitales doit alerter sur le risque accru de cancer
spécifique :
- aniridie congénitale et néphroblastome;
- cryptorchidie et tumeurs germinales;
- hémi-hypertrophie corporelle et néphroblastome.
.---------------.--------.
SYNTHÈSE
• La grande majorité des cancers de l'enfant survient de façon sporadique.
• Le rôle de l'environnement et des facteurs génétiques est faible.
• Il n'y a pas de place pour le dépistage, sauf dans les syndromes de prédisposition.
3. Particularités diagnostiques
3.1. La clinique
• Deux particularités fréquentes propres aux tumeurs de l'enfant, en particulier celles de typ e embryonnaire,
doivent être soulignées
- la rapidité souvent extrême de leur croissance, parfois en quelques jours, qui n'est pas synonyme de gravité
spécifique et qui peut laisser présager au contraire d'une grande sensibilité à la chimiothérapie. En corollaire,
l'affection peut être révélée par des signes d'appel de gravité amenant à une consultation en urgence: dyspnée
aiguë, syndrome hémorragique, CIVD, hyp ercalcémie, HTIC d'installation rapide, compression médullaire,
syndrome cave supérieur;
- la conservation d'un bon état général apparent, en dehors du cas des leucémies et de certains cancers à
l'origine d'une atteinte de la moelle osseuse.
• Les signes d'appel dépendent de la taille de la tumeur et de sa localisation.L'attention doit être attirée lorsqu'ils
persistent plus de 15 jours.
- palpation d'une masse périphérique même de petite taille (membres, cou), ou profonde et souvent volumineuse
(abdomen, pelvis); grosse bourse;
- adénopathies persistantes fixées, non inflammatoires, en dehors d'un contexte infectieux loco-régional surtout
si association à un prurit;
- reflet blanc pupillaire imposant la réalisation d'un fond d'œil;
- exophtalmie, strabisme, diplopie.
- douleurs persistantes, en particulier osseuses, dont le caractère insomniant doit être particulièrement alarmant
et dont il faut savoir déceler la traduction chez le nourrisson (diminution de l'activité, atonie psycho-motrice...);
- boiterie, troubles de la marche, gestes maladroits;
- signes neurologiques dont la nature dépend de la localisation des lésions (hypertension intracrânienne, déficits
moteurs et/ou sensitifs, troubles de la déglutition, modification du comportement, perte de l'acquisition
[langage, propreté]), augmentation du périmètre crânien;
- symptomatologie compressive (voies respiratoires, axe digestif) ;
- syndrome hémorragique: hématurie, méléna, rectorragies, saignement vaginal;
- syndromes paranéoplasiques qui sont exceptionnels dans les cancers de l'enfant (syndrome opso-myoclonique
des neuroblastomes);
3.2. 1. Imagerie
• Il faut souligner l'importance de la qualité de l'imagerie initiale qui permet une évaluation de l'extension loco
régionale et un bilan d'opérabilité (Figure 1).
• Le choix de l'examen le plus judicieux va dépendre de la localisation tumorale; à titre d'exemple:
- échographie abdominale pour une tumeur abdomino-pelvienne;
- radiographies osseuses simples pour les tumeurs osseuses;
- imagerie par résonance magnétique pour les tumeurs cérébrales et osseuses;
- scanner pour la recherche de localisations secondaires pulmonaires ...
• Certaines explorations isotopiques permettent d'affirmer le diagnostic et/ou de participer au bilan d'exten
sion: scintigraphie à la méthyliodobenzylguanidine spécifique des tumeurs sympathiques et carcinoïdes, scinti
graphie osseuse au technetium 99 pour les métastases osseuses et les tumeurs osseuses primitives.
• La tomographie par émission de positons (ou TEP-TDM) est un examen scintigraphique, réalisé après l'injec
tion intraveineuse d'un traceur faiblement radioactif (généralement le 18F-fluorodéoxyglucose, analogue du glu
cose) qui permet d'obtenir des renseignements sur le fonctionnement et l'activité des organes. Le TEP-TD M, bien
que non spécifique d'une pathologie, est devenu un examen important dans le bilan d'extension et la surveillance
de certains cancers de l'enfant (lymphomes, sarcomes...).
4. Particularités thérapeutiques
• La prise en charge des cancers de l'enfant fait appel aux mêmes moyens thérapeutiques que chez l'adulte
(chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée...). Après analyse soigneuse des
facteurs pronostiques, la stratégie thérapeutique est élaborée de façon pluridisciplinaire selon des protocoles
(inter)nationaux. Les tumeurs pédiatriques doivent être considérées comme des urgences thérapeutiques, sans
pour autant négliger la qualité du bilan pré-thérapeutique.
• La prise en charge des enfants et adolescents atteints de cancer doit s'effectuer uniquement au sein des centres
spécialisés en cancérologie pédiatrique. Ceux-ci doivent disposer d'un environnement spécifique adapté inté
grant les dimensions familiale, psychologique, sociale et scolaire spécifiques à cette population. Le parcours du
patient doit être coordonné du centre spécialisé aux centres hospitaliers généraux et avec les professionnels inter
venant au domicile. La radiothérapie des patients de moins de 16 ans doit s'effectuer au sein de centres spécialisés.
• Dans la majorité des cas, même en cas maladie métastatique, le contrôle local est fondamental. Globalement,
les cancers pédiatriques s'opèrent rarement en première intention, à l'exception des tumeurs cérébrales.
• Il faut insister chez l'enfant sur le rôle majeur de la chimiothérapie, particulièrement efficace sur les tumeurs
embryonnaires, et dont les avancées ont complètement modifié la place des autres modalités thérapeutiques.
L'amélioration des résultats, liée en grande partie à la pratique d'essais cliniques contrôlés satisfaisant aux exi
gences de l'éthique médicale, permet d'obtenir globalement des taux de guérison de l'ordre de 80 %.
• D'une manière générale, les facteurs pronostiques sont le stade de la maladie au diagnostic, mais aussi et parfois
plus importants, l'âge de l'enfant, le profil immuno-histochimique et génétique, le contrôle local, la réponse aux
traitements néo-adjuvants et la qualité de la prise en charge initiale.
• Il est capital de toujours penser aux séquelles dans l'élaboration de la stratégie thérapeutique qui, par ailleurs,
a tendance à globalement s'alléger pour les stades localisés avec un affinement des classifications pronostiques.
4.1. La chimiothérapie
• La chimiothérapie est adaptée au poids et à l'âge de l'enfant (posologies réduites chez le nourrisson de moins
de 1 an, en particulier).
• Il s'agit souvent, chez l'enfant, dans les tumeurs solides, d'une chimiothérapie néo-adjuvante dont l'objectif
principal est la réduction du volume tumoral permettant un traitement local ultérieur moins dangereux et carci
nologiquement satisfaisant (neuroblastome, néphroblastome...). La chimiothérapie première permet également
d'apprécier la réponse tumorale au traitement, dont l'importance pronostique va conditionner la stratégie théra
peutique ultérieure (sarcomes d'Ewing, ostéosarcomes). La chimiothérapie adjuvante, délivrée chez un enfant
sans maladie résiduelle apparente après un traitement local ou loco-régional, a pour but de prévenir la survenue
et/ou de traiter d'éventuelles localisations secondaires. Dans certains cas, la chimiothérapie résumera le traite
ment : leucémies, lymphomes. Elle peut également être réalisée de façon concomitante à la radiothérapie, princi
palement dans les sarcomes, en adjuvant dans ces cas-là.
• Basé sur le concept de dose-intensité (corrélation entre l'efficacité de la chimiothérapie et la quantité de drogue
administrée), le traitement de certaines tumeurs malignes à très haut risque pourra comporter des chimiothé
rapies à hautes doses, sous couvert d'autotransfusion de cellules souches hématopoïétiques.
• Chez l'enfant, les effets secondaires précoces de la chimiothérapie sont:
- les complications hématologiques: aplasie, anémie, thrombopénie ;
- les complications digestives: vomissements, dénutrition, mucite ;
- les complications infectieuses: bactériennes, fongiques, parasitaires ou virales, dont la prise en charge répond
aux mêmes principes que chez l'adulte. Elles doivent être surveillées d'autant plus attentivement que l'enfant
est jeune.
• Certaines complications peuvent se manifester avec des délais variables : maladies cardiovasculaires, cérébro
vasculaires, troubles neurocognitifs, troubles endocriniens (croissance, fonction thyroïdienne), troubles de la
fertilité et des seconds cancers. Le suivi doit être personnalisé, adapté à chaque patient et dépend du type de la
tumeur primitive, des traitements anticancéreux administrés, mais aussi des facteurs génétiques associés éven
tuels. Le risque de développer des complications à long terme augmente avec le temps et peut être exacerbé par les
comorbidités liées à l'âge et aux facteurs environnementaux (tabac, alcool, obésité, sédentarité).
4.2. La radiothérapie
• Même si ses indications diminuent, la radiothérapie, qui est une modalité thérapeutique loco-régionale, s'in
tègre dans la stratégie thérapeutique des cancers de l'enfant dans près de 1/3 des cas, et dans 80 % des tumeurs
cérébrales. La radiothérapie pédiatrique se caractérise d'emblée par l'importance de la mise en condition psycho
logique afin d'obtenir une bonne coopération de l'enfant, indispensable au bon déroulement du traitement et au
respect d'une stricte immobilité. Les méthodes d'irradiation comportent, comme chez l'adulte, la radiothérapie
externe, la plus utilisée, et de façon beaucoup plus exceptionnelle, la curiethérapie. Si la détermination du volume
tumoral se fait de la même façon que chez l'adulte, elle diffère en fonction de l'âge de l'enfant, du type de tumeur
et de la dose à délivrer. Certaines complications de la radiothérapie sont particulières à l'enfant; le développement
de nouvelles techniques, et tout particulièrement la protonthérapie, vise à limiter au maximum les conséquences
à moyen et long terme.
• Les effets secondaires de la radiothérapie dépendent surtout des facteurs suivants: volume à traiter, topographie
de la région à traiter, dose totale à délivrer, dose par séance (fractionnement).
• Tout comme chez l'adulte, on distingue des effets secondaires précoces qui surviennent dans les 3 mois qui
suivent l'initiation du traitement et guérissent généralement intégralement sous soins de support et les toxicités
tardives qui peuvent aboutir à des séquelles d'autant plus invalidantes que l'enfant est jeune au moment de son
traitement. Leur dépistage et leur prise en charge s'avèrent fondamentaux, y compris lorsque l'enfant devien
dra adulte.
Ainsi faut-il citer:
- le ralentissement de la croissance lié à l'irradiation des cartilages de conjugaison à l'origine de troubles de la
statique vertébrale (irradiation du rachis) et/ou d'un raccourcissement des os longs, inesthétique et responsable
d'un handicap fonctionnel ;
- l'existence de séquelles intellectuelles, après irradiation cérébrale. D'apparition retardée et progressive, dose
dépendante, elles sont d'autant plus sévères que l'irradiation survient tôt (particulièrement avant l'âge de 4
ans). Elles se traduisent par un retard du quotient intellectuel, un ralentissement des acquisitions motrices...
- les séquelles endocriniennes : insuffisance hyp ophysaire, à l'origine d'une cassure de la courbe staturale,
insuffisance thyroïdienne, insuffisance gonadique ;
- les seconds cancers dont, hors les proliférations malignes hématologiques, plus de 60 % se développent en
territoire antérieurement irradié.
• Initialement, pour déterminer la nature d'une tumeur solide, une biopsie chirurgicale est, sauf exception,
indispensable. Elle peut parfois être avantageusement remplacée par une aspiration biopsie à l'aiguille fine, réali
sée sous repérage radiologique, moins invasive. Le matériel prélevé doit être cependant suffisant pour permettre,
en sus de l'examen anatomo-pathologique qui affirmera le diagnostic, une analyse complète de la biologie tumo
rale (cytogénétique conventionnelle, analyses de biologie moléculaire...) qui peut constituer un facteur pronos
tique déterminant dans le choix du protocole thérapeutique (neuroblastome...).
• Lors de l'exérèse tumorale, le geste chirurgical intervient après concertation entre l'oncologue médical, l'onco
logue radiothérapeute et l'opérateur pour déterminer le moment de la chirurgie au sein du protocole de trai
tement, décider de l'opérabilité de la tumeur et prévoir les complications post-opératoires et/ou les séquelles
fonctionnelles. L'exérèse tumorale doit être, autant que faire se peut, complète et conservatrice. Elle est parfois
mutilante, parfois impossible.
SYNTHÈSE
• Les traitements principaux des cancers de l'enfant sont la chimiothérapie, la chirurgie et la radiothérapie.
• Chaque traitement comporte des risques de complications aiguës et tardives.
• Les modalités thérapeutiques et leur chronologie doivent être déterminées en réunion de concertation pluri
disciplinaire.
SYNTHÈSE
• La phase palliative concerne 20 % des enfants atteints de cancer.
• Les traitements réalisés doivent rester raisonnables, sans tomber dans l'acharnement thérapeutique.
• Les principaux symptômes pris en charge sont la douleur, les phénomènes compressifs, les phénomènes
hémorragiques et l'anxiété.
SYNTHÈSE
• Le risque de séquelles est d'autant plus important que les enfants sont jeunes au moment du traitement.
• La toxicité à long terme peut toucher tous les organes et fonctions.
• Un programme de suivi à long terme a été mis en place au niveau national.
► Références
CHAPITRE ►---------------------------------------
Tumeurs de la cavité buccale,
naso-sinusiennes et du cavum,
et des v�ies aérodigestives supérieures
Pr Christophe Le Tourneau', Pr Jean-Pierre Delord2, Pr Anne Laprie3, Pr Philippe Maingon•
1
Department of Drug Development and Innovation {D3i), Institut Curie, Paris et Saint-Cloud
2
Département d'0ncologie médicale, Institut Universitaire qe Cancérologie de Toulouse - 0ncopole, Toulouse
'Département d'0ncologie radiothérapie, Institut Universitaire de Cancérologie de Toulouse -0ncopole, Toulouse
'Département de Radiothérapie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris
.i: · ...............................................................................................................................................
1. Rappel d'anatomie 9. Diagnostics différentiels
� ..........:
i
: 2. Anatomo-pathologie 9.1. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de :
3. Facteurs de risque et histoire naturelle la cavité buccale
3.1. Facteurs de risque 9.2. Tumeurs des fosses nasales et des sinus
3.2. Histoire naturelle 9.3. Tumeurs du cavum
4. Épidémiologie 10.Prévention
S. Circonstances de découverte 11. Approches thérapeutiques
6. Bilan diagnostique 11.1. Principes généraux
6.1. Diagnostic de certitude 11.2. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et
6.2. Bilan d'extension de la cavité buccale
7. Classification TNM 11.3. Tumeurs des fosses nasales et des sinus
8. Évolution et pronostic 11.4. Tumeurs du cavum
8.1. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de
la cavité buccale
8.2. Tumeurs des fosses nasales et des sinus
8.3. Tumeurs du cavum
OBJECTIF iECN
Mots clés: Alcool - Tabac - HPV - Lymphophilie
-+ Tumeurs de la cavité buccale, naso-sinusiennes et du - Panendoscopie sous AG - Pluridisciplinarité
cavum, et des voies aérodigestives supérieures. - Chimiothérapie - Chirurgie - Radiothérapie -
- Diagnostiquer une tumeur de la cavité buccale, naso Radio-chimiothérapie - Soins dentaires - Nutrition
sinusienne ou du cavum, ou des voies aérodigestives - Orthophonie - Assistance sociale.
supérieures
• Les cancers de la sphère cervico-maxillo faciale présentent de grandes disparités selon leur origine, leur locali
sation, leur retentissement sur les fonctions aéra-digestives, et leurs modalités thérapeutiques.
• Classiquement, on distingue les cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx, voies communes du tractus
aéro-digestif, et les cancers du larynx et de l'hypopharynx, spécifiques respectivement des voies aérienne et
digestive. Ces cancers sont principalement observés chez des patients éthylo-tabagiques. La double intoxication
multiplie les risques connus de l'une et de l'autre des intoxications. Un changement radical de l'épidémiologie de
ces cancers est constaté avec l'émergence récente de cancers de l'oropharynx associés au virus HPV.
• Les cancers des sinus de la face constituent une entité clinique particulière et doivent faire rechercher une
origine toxique. Les cancers du cavum (encore appelé rhinopharynx ou nasopharynx) sont associés au virus
Epstein-Barr (EBV). Ils se caractérisent par une épidémiologie particulière avec des zones de forte endémie
comme la Chine du Sud, des zones intermédiaires comme le pourtour méditerranéen et des zones d'endémie plus
faible comme l'Europe occidentale.
• Chaque type tumoral correspond à une segmentation anatomique précise pour laquelle les risques d'extension
sont spécifiques à l'anatomie loco-régionale. Les probabilités d'extension ganglionnaire, corrélées au site tumoral
primitif, à la taille tumorale et aux caractéristiques anatomo-pathologiques de la tumeur, sont décrites avec leurs
localisations précises.
1. Rappel d'anatomie
Les cancers des voies aéra-digestives supérieures (VADS) les plus fréquents touchent les structures suivantes
(Figure 1):
Pharynx
Trachée Œsophage
- la cavité buccale: limitée par la voute palatine en haut, les arcades dentaires latéralement et le plancher buccal
en bas;
- l'oropharynx : situé en arrière de la cavité buccale ; il comporte le voile du palais en haut, les loges
amygdaliennes sur les côtés, la base de langue en avant, et la paroi pharyngée postérieure en arrière;
- le cavum : situé en arrière des fosses nasales et du voile du palais, il remonte jusqu'à la base du crâne ;
il comprend l'orifice des trompes d'Eustache (ce qui explique l'otite séromuqueuse unilatérale en cas
d'obstruction);
- les sinus ethmoïdaux: cavités aériennes paires et médianes situées dans l'os ethmoïde entre les 2 orbites, en
arrière des os du nez et sous l'étage antérieur de la base du crâne;
- l'hypopharynx: conduit musculo-membraneux vertical, en avant du rachis, étendu de la base du crâne à la
partie supérieure du cou;
- le larynx: situé là où l'appareil respiratoire et l'appareil digestif se séparent dans le cou. Le larynx se trouve en
avant de l'œsophage et relie le pharynx à la trachée. Le larynx mesure environ 5 cm de longueur. Il se divise
en 3 régions :
► L'étage sus-glottique est situé dans le haut du larynx, au-dessus de la glotte. Sa principale composante est
une languette cartilagineuse mobile appelée épiglotte.
► La glotte constitue la partie centrale du larynx. Elle contient les cordes vocales (parfois appelées replis
vocaux). Les cordes vocales sont formées par une paire de muscles situés de chaque côté de l'ouverture de la
trachée. Elles sont recouvertes d'une muqueuse.
► L'étage sous-glottique est situé à la base du larynx, entre la glotte et la trachée.
Le larynx est constitué de différents types de cartilage. Le cartilage thyroïde est situé à l'avant du larynx et
forme une bosse dans le cou qui est couramment appelée pomme d'Adam. Le cartilage cricoïde est un anneau
cartilagineux qui relie le larynx à la trachée. Le cartilage cricoïde et le cartilage thyroïde protègent la glotte et
l'ouverture de la trachée. L'.épiglotte est attachée au cartilage thyroïde et à l'os hyoïde et protège l'ouverture
de la glotte. L'.os hyoïde, qui est en forme de U, est attaché à la partie supérieure du larynx. Plusieurs muscles
et ligaments sont attachés à l'os hyoïde. Ces muscles relient le larynx à la mâchoire et au crâne. Ils relient aussi
les cartilages du larynx les uns aux autres. Ces muscles et ligaments font bouger le larynx durant la déglutition
et la phonation.
- les fosses nasales : cavités limitées par l'orifice piriforme en avant, l'orifice choane en arrière, l'os nasal et
!'ethmoïde en haut, le maxillaire, !'ethmoïde et le cornet nasal inférieur latéralement, le palais (os maxillaire et
os palatin), qui le sépare de la cavité buccale.
2. Anatomo-pathologie
• Types histologiques les plus fréquents en fonction de la topographie :
Topographie Histologie
Cavité buccale Carcinome épidermoïde
Oropharynx
Larynx
Hypopharynx
Fosses nasales et sinus Adénocarcinome
• Le risque de développer un cancer de la cavité buccale, du pharynx ou du larynx augmente avec la consom
mation d'alcool. On estime que le risque de développer ces cancers· chez les grands consommateurs d'alcool est
multiplié par 45. Il a été démontré que le risque de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures
diminue après 10 ans d'arrêt de la consommation d'alcool et qu'après 20 ans, il ne diffère plus significativement
de celui des personnes qui n'ont jamais bu.
• Le risque de développer un cancer de la cavité buccale, du pharynx ou du larynx est lié au nombre de cigarettes
fumées chaque jour mais surtout à la durée durant laquelle on a fumé.
• L'infection par HPV est une maladie sexuellement transmissible.
• Le diagnostic de l'infection par HPV est fait à partir d'un prélèvement tumoral, soit par PCR qui est la méthode
de référence, soit en recherchant l'expression en immunohistochimie de la protéine pl6 (mais dont la corrélation
n'est pas parfaite).
• Les facteurs de risque d'une infection par HPV sont les rapports bucco-génitaux et la multiplicité des parte
naires sexuels.
• Certains patients ont une intoxication éthylique et/ou tabagique et sont infectés par l'HPV.
• À noter que beaucoup plus de personnes sont infectées par HPV que de patients qui ne développent un cancer
lié à l'HPV.
• La recherche de l'EBV se fait par hybridation in situ à partir d'un prélèvement tumoral pour le cancer du cavum.
• L'adénocarcinome de l'ethmoïde est considéré comme une maladie professionnelle.
4. Épidémiologie
• Les cancers des VADS sont au S e rang des cancers les plus fréquents en France.
• Ils surviennent principalement chez l'homme (80 %).
• Avec un pic de fréquence entre 60 et 70 ans.
• Chez des patients ayant le plus souvent un niveau socio-économique bas.
• On observe une baisse de l'incidence chez l'homme (- 5,3 % par an en moyenne sur la période 2005-2012) due à
la baisse du tabagisme et de la consommation d'alcool.
• Mais une augmentation de l'incidence chez la femme ( + 1,1 % par an en moyenne sur la période 2005-2012) du
fait d'une augmentation du tabagisme et de la consommation d'alcool.
• En 2008, parmi les personnes qui ont eu un cancer diagnostiqué dans les 5 dernières années et toujours en vie,
46 000 ont eu un cancer des VADS. La mortalité est estimée à un peu moins de 4 000 décès en 2015.
• Répartition topographique des cancers des VADS :
Topographie Répartition
Cavité buccale 20-25 %
Oropharynx 25 %
Larynx 30-35 %
Hypopharynx 15 %
Fosses nasales et sinus <1 %
Cavum <1 %
5. Circonstances de découverte
• Les cancers des VADS sont souvent pauci-symptomatiques.
• Principaux signes cliniques selon la topographie tumorale :
• Le caractère unilatéral et/ou la persistance dans le temps de ces signes doivent faire évoquer l'hypothèse d'un
cancer.
• Un cancer des VADS doit également être suspecté en cas d'altération de l'état général et/ou d'amaigrissement
chez un patient à risque.
6. Bilan diagnostique
6.1. Diagnostic de certitude
Il repose sur l'examen histologique de biopsies réalisées sous endoscopie des VADS:
(Attention : élément fondamental à ne jamais oublier)
• l'examen est systématique;
• il se fait sous anesthésie générale;
• il explore la cavité buccale, l'oro (Figure 2) et l'hypo-pharynx, le larynx (Figure 3), et la partie supérieure de
l'œsophage;
• il permet la réalisation de biopsies guidées;
• il s'accompagne d'un compte rendu avec schéma daté et signé et éventuellement d'un enregistrement vidéo.
Figure 2. Examen direct de la cavité buccale et de l'oropharynx: carcinome épidermoïde amygdalien droit
• Tomographie par émission de positons (TEP) : elle est indiquée devant un ganglion métastatique d'un cancer
primitif inconnu ou en cas de maladie à haut risque métastatique (> N2b).
• Le bilan comporte également un bilan pré-thérapeutique :
- Bilan orthophonique;
Bilan odontologique : consultation spécialisée avec réalisation d'un orthopantomogramme. Des soins
conservateurs, voire des avulsions dentaires, doivent être effectués si nécessaire.
- Bilan nutritionnel;
- Bilan respiratoire : le scanner thoracique est fait de façon systématique, éventuellement complété par une
épreuve fonctionnelle respiratoire (EFR) ;
- Bilan cardiovasculaire;
- Bilan biologique complet;
- Bilan gériatrique (au-delà de 70 ans), le cas échéant.
7. Classification TNM
• La classification TNM varie selon les localisations.
• Les classifications sont données à titre d'exemple pour les cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx, du larynx
et de l'hyp opharynx.
• Les cancers du cavum ont une classification à part.
• Une classification récente a été rédigée pour les cancers de l'oropharynx liés à l'HPV.
• Le statut M est simple, MO signifiant l'absence de métastase à distance, et Ml la présence de métastases à distance.
• Cavité buccale et oropharynx:
Î1 5 2 cm
Î2 2 à 4cm
T3 >4cm
T4 Envahissement du voisinage
Î1 1 seule localisation du pharynx ou du larynx avec mobilité laryngée conservée (cordes vocales
mobiles)
Î2 Plusieurs localisations du pharynx ou du larynx avec mobilité laryngée conservée
T3 Plusieurs localisations du pharynx ou du larynx avec une ou les 2 cordes vocales fixées
T4 Extension aux structures du voisinage (cartilage, os, peau)
• La classification N est commune aux cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx, du larynx et de l'hypopharynx:
No Pas d'adénopathie
N1 1 adénopathie homolatérale 5 3 cm
N2a 1 adénopathie homolatérale entre 3 cm et 6 cm
N2b Adénopathies multiples homolatérales 5 6 cm
N2c
Adénopathies bilatérales 5 6 cm
N3 Adénopathie(s) > 6 cm
8. Évolution et pronostic
8.1. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de la cavité buccale
• Le pronostic des cancers de stade localisé est essentiellement loco-régional, avec un risque de récidive faible, mais
présente un enjeu fonctionnel majeur. Le pronostic est loco-régional et à distance (essentiellement pulmonaire)
pour les cancers avec envahissement ganglionnaire important, avec un risque de récidive de l'ordre de 50 %. Le
pronostic est meilleur si le cancer est développé dans le contexte d'une infection à virus HPV.
• Chez les patients survivants à long terme, le risque de développer un second cancer sur la même muqueuse à
risque, dans un territoire adjacent à celui traité ou sur un autre organe, surtout en absence d'arrêt des intoxica
tions alcoolique et tabagique, est de 20 % à 5 ans.
• Le pronostic des patients éthylo-tabagiques est également lié aux comorbidités cardiovasculaires et pulmonaires.
9. Diagnostics différentiels
1 O. Prévention
• La lutte contre le tabagisme et l'éthylisme chronique est un objectif de santé publique afin de diminuer la préva
lence des cancers des voies aérodigestives supérieures.
• Concernant les cancers de l'oropharynx liés à l'HPV dont la prévalence augmente, il est certain qu'un programme
de vaccination des garçons et des filles serait souhaitable afin de tenter d'éradiquer complètement l'infection par
l'HPV.
11.1.1. Chirurgie
• La chirurgie est indiquée sur les tumeurs dont le stade autorise la résécabilité. En général, la chirurgie concerne le
site primitif et les aires ganglionnaires cervicales. L'utilisation de lambeaux de recouvrement est possible.
11.1.2. Radiothérapie
• La radiothérapie est utilisée dans 95 % des cancers ORL en traitement exclusif ou post-opératoire, seule ou
associée à une chimiothérapie concomitante. Elle est fractionnée et s'étale sur 6 à 7 semaines selon qu'elle est
post-opératoire ou exclusive.
• La toxicité aiguë intervient après 3 semaines de traitement et comporte principalement 5 effets principaux:
- La radiomucite (qui disparaît un mois après la fin de la radiothérapie);
- La radiodermite (qui disparaît également un mois après la fin de la radiothérapie);
- La dysgueusie (qui disparaît plusieurs mois après la fin de la radiothérapie);
- L'hyposialie (qui disparaît 2 ans après la fin de la radiothérapie s'il y a eu traitement en radiothérapie
conformationnelle en modulation d'intensité (RCMI). En cas d'irradiation conventionnelle, elle est définitive);
- L'hypothyroïdie.
• La toxicité tardive n'est pas systématique et peut survenir plusieurs années après le traitement. Il peut s'agir:
- d'ostéoradionécrose, favorisée par des gestes d'avulsion dentaire;
- de fibrose buccale et cervicale.
11.1.3. Chimiothérapie
• La chimiothérapie des cancers ORL peut être prescrite dans plusieurs circonstances :
- En situation néo-adjuvante dans un contexte le plus souvent de tentative de préservation d'organe (carcinome
épidermoïde du larynx). Il s'agit d'un traitement faisant appel ici à une poly-chimiothérapie par cisplatine,
5 fluoro-uracile (SFU) et docétaxel dont l'objectif est de réduire la taille tumorale de 80 % à l'issue des 3 premiers
cycles pour envisager alors l'irradiation de la tumeur dans un objectif curatif.
- De façon concomitante à la radiothérapie, soit en post-opératoire (pour les carcinomes épidermoïdes à haut
risque de rechute), soit dans le cadre d'une radio-chimiothérapie exclusive (lorsque la tumeur est en place). Ici,
on utilise une mono chimiothérapie par cisplatine seul.
- Dans un contexte palliatif: pour un cancer métastatique d'emblée ou en raison d'une rechute (loco-régionale
et/ou métastatique). Le traitement de référence en première ligne associe le cisplatine, le SFU et le cetuximab
(anticorps monoclonal ciblant l'EGFR). L'immunothérapie par inhibiteur de PDl est devenue la référence en
z e ligne. Des résultas présentés récemment ont montré que les inhibiteurs de PDl vont devenir la référence en
1 ,e ligne de récidive.
Dans tous les cas, le taux élevé de comorbidités des patients ORL nécessite que ces traitements soient délivrés
en milieu spécialisé par des oncologues ayant l'expérience de ces patients.
► Références : recommandations
• HAS - Guide ALD 30 - Cancers des voies aérodigestives supérieures - Juin 2012
2. L'évaluation globale des patients et de leurs comorbidités est un élément important de leur
prise en charge.
3. Les tumeurs du cavum sont parfois des maladies vira-induites (EBV). Les cancers de l'oropha
rynx voient leur incidence augmenter en raison de l'augmentation du nombre de cancers induits
par l'infection par HPV.
4. La recherche d'une infection HPV doit être systématique pour les tumeurs oropharyngées, car
la prise en charge et le pronostic de ces cancers sont très différents de ceux des cancers induits
par l'alcool et le tabac.
5. Le cancer du cavum peut se présenter sous la forme d'une adénopathie cervicale isolée. Ce
cancer peut être suspecté devant des symptômes naso-sinusiens, otologiques (surtout unilaté
raux) et des signes neurologiques en rapport avec une extension basi crânienne (paires V, VI, IX
essentiellement).
6. Les cancers de l'oropharynx sont la plupart du temps révélés par une dysphagie haute, une
otalgie homolatérale et une adénopathie cervicale.
7. Toute gêne pharyngée ou otalgie réflexe apparue chez un adulte, sans terrain infectieux
évident, doit faire penser à une tumeur de l'oro ou de l'hypopharynx.
8. Un bilan chez un spécialiste ORL doit être envisagé en première intention dans ce contexte.
9. La dysphonie est le symptôme principal des tumeurs du plan glottique (cordes vocales).
1. Ne pas oublier que les otalgies sont un symptôme fréquent de découverte des tumeurs ORL.
2. Le diagnostic de certitude d'un cancer des VADS repose sur l'examen histologique en anatomo
pathologie de biopsies réalisées sous endoscopie des VADS.
3. Une imagerie par IRM est plutôt recommandée pour les tumeurs sitüées au-dessus de l'os
hyoïde, tandis que le scanner est recommandé pour les tumeurs situées au-dessous de l'os hyoïde.
4. Ne pas oublier qu'aucune décision thérapeutique ne peut être prise sans un bilan complet des
patients: pan-endoscopie, imagerie, évaluation globale du terrain.
7. Ne pas oublier que l'évaluation bucco-dentaire est cruciale avant chirurgie et surtout radiothé
rapie (risque d'ostéo-radionécrose).
8. Ne pas oublier l'évaluation du statut viral des tumeurs du cavum (EBV) ou de l'oropharynx
(HPV).
CHAPITRE ►--------------------------------------
Tumeurs intracrâniennes
Pr Bruno Chauffert', Pr Georges Noel2, Pr Olivier Chinot3 , Pr Elisabeth Cohen-Jonathan Moyal4
'Service d'Oncologie Médicale, CHU Amiens
'Service de Radiothérapie, Centre Paul Strauss, Strasbourg
'Service de Neuro-Oncologie, AP-HM, CHU Timone, Marseille
4Département de Radiothérapie, Centre Claudius Regaud, Toulouse
1. Définitions, nosologie
1.1. Les tumeurs intracrâniennes primitives OBJECTIF iECN
1.2. Les métastases (tumeurs secondaires)
-+ Tumeurs intracrâniennes
2. Épidémiologie
- Diagnostiquer une tumeur intracrânienne
2.1. Pour les tumeurs primitives du SNC
2.2. Pour les métastases - Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise
en charge
3. Physiopathologie, histoire naturelle
3.1. Susceptibilité génétique
3.2. Facteurs environnementaux
4. Diagnostic
4.1. Formes et symptômes cliniques
4.2. Anatomo-pathologie, biologie, marqueurs
spécifiques
4.3. Imagerie Mots clés: Tumeurs cérébrales - Glioblastome
4.4. Bilan d'extension - Métastases cérébrales - Hypertension
4.5. Diagnostic différentiel intracrânienne - Épilepsie tumorale
S. Évolution, pronostic
5.1. Pronostic des gliomes
5.2. Pronostic des métastases
6. Principes thérapeutiques
6.1. Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) et
Plan Personnalisé de Soin (PPS)
6.2. Chirurgie Remerciements pour l'iconographie et la relecture
6.3. Radiothérapie au Pr Patrick Toussaint, Dr Mathieu Boone
6.4. Chimiothérapie et radio-chimiothérapie et Dr Alexandre Coutte (CHU d'Amiens).
6.5. Soins de support
6.6. Situations d'urgence
• Les tumeurs intracrâniennes forment une large gamme de maladies rassemblant des tumeurs bénignes n'impac
tant pas la survie et des tumeurs malignes, d'agressivité variable, mais ayant souvent un mauvais pronostic à
court terme.
• Il faudra distinguer :
- les tumeurs de l'encéphale des tumeurs des annexes ;
- les tumeurs primitives des tumeurs secondaires (métastases) ;
- les tumeurs fréquentes des tumeurs rares ;
- les tumeurs sus-tentorielles des tumeurs infra-tentorielles.
• Certaines tumeurs touchent principalement les enfants, les adolescents et les adultes jeunes (AJA) ; d'autres
tumeurs ne se développent que chez les adultes. La classification 2016 de !'OMS des tumeurs primitives du sys
tème nerveux central, basée sur des critères histologiques et moléculaires, rassemble ainsi 9 grandes entités et près
de 80 sous-types. Cette complexité peut effrayer l'étudiant ou le médecin non spécialiste qui aborde le domaine.
On verra que ces tumeurs partagent en fait des points communs et qu'elles peuvent être diagnostiquées et parfois
traitées par des méthodes assez proches.
LJE 9 - ITEM 296 TUMEURS INTRACRANIENNES 143 ◄
1. Définitions, nosologie
2. Épidémiologie
2.1. Pour les tumeurs primitives du SNC
• Les chiffres sont connus pour les tumeurs primitives du SNC grâce au recensement national. L'incidence est de
15/100 000, soit 1,2 % des cancers.
• Chez l'adulte, les gliomes sont les tumeurs les plus fréquentes (42 %, dont une majorité de glioblastomes qui
représentent 2 500 nouveaux cas par an en France), suivis des méningiomes (32 %). Le sexe-ratio H/F est de
l'ordre de 1,3 à 1,8 selon l'histologie. Les méningiomes sont plus fréquents chez la femme.
• Chez l'enfant, les tumeurs cérébrales sont les cancers les plus fréquents après les leucémies. Elles sont repré
sentées principalement par les gliomes diffus du tronc cérébral, les astrocytomes pilocytiques, les médulloblas
tomes du cervelet et les épendymomes.
Les crises comitiales complexes (exemple des crises temporales) peuvent faire errer le diagnostic.
• Le déroulement bref, résolutif et surtout stéréotypé de ces épisodes, doit faire évoquer une origine épileptique.
• Crises généralisés d'emblée ou secondairement.
Toute première crise comitiale doit faire demander une IRM cérébrale et un EEG (qui peut cependant être
normal en intercrise).
Un syndrome dép
frontal (aboulie o
demander au moi
4.1.5. Les signes évocateurs d'une localisation et/ou d'un type tumoral
• Des troubles de l'équilibre, des vertiges, une ataxie et/ou un syndrome cérébelleux cinétique évoquent une tumeur
de la fosse postérieure.
• Des atteintes des paires crâniennes (surtout si elles sont multiples) font rechercher une tumeur du tronc cérébral
ou une atteinte méningée.
• Un déficit auditif unilatéral doit faire évoquer un neurinome du nerf auditif (VIII).
• Un adénome hypophysaire peut se traduire par un déficit du champ visuel lié à une compression chiasmatique
ou un syndrome endocrinien d'hypersécrétion (adénome à prolactine, adénome corticotrope avec syndrome de
Cushing, adénome à somathormone avec acromégalie). L'adénome hypophysaire peut être non secrétant après
un bilan endocrinien complet.
• Une polyglobulie peut conduire au diagnostic d'un hémangioblastome du cervelet.
1p/19q
codélété
Grade li Grade Ill
Oligodendrogliome
IDH-muté
/ 1p/19q
non codélété
1p/19q
\ IDH-w;kltype non codélété
Le grade est basé sur des arguments morphologiques (mitoses, prolifération endothélio-capillaire, nécrose). La
classification OMS 2016 impose la détermination de deux anomalies moléculaires qui ont une valeur diagnostique
et pronostique majeure (mutations de IDHl ou de IDH 2 et codélétion au niveau des chromosomes lp et 19q).
D'autres anomalies, analysables en immuno-histochimie ou en biologie moléculaire, peuvent aider au diagnostic
(recherche de mutation de p53, de la télomérase...).
Les glioblastomes peuvent survenir de novo ou résulter de l'aggravation histologique d'un gliome de grade inférieur
II ou III.
La méthylation du promoteur de la méthyl-guanine-méthyl transférase (MGMT) est un critère de meilleur pronostic
et de meilleure sensibilité au témozolomide.
• Les méningiomes doivent être gradés selon la classification histologique de l'OMS qui reflète le risque de réci
dive:
- grade OMS I (bénin);
- grade OMS II (atypique);
- grade OMS III (anaplasique).
• Le risque de récidive dépend aussi de la topographie (résection difficile des méningiomes de la base du crâne) et
de la qualité de la résection selon la classification de Simpson
- grade 1 : exérèse macroscopiquement complète intéressant l'attache durale et de l'éventuel envahissement
osseux;
- grade 2 : exérèse macroscopiquement complète avec coagulation de l'insertion durale;
- grade 3 : exérèse macroscopiquement complète sans coagulation de l'insertion durale ou sans résection de
l'envahissement osseux;
- grade 4 : exérèse incomplète;
- grade 5 : simple biopsie.
• Pour les médulloblastomes, il faut chercher les mutations sonic hedge hog (SHH) qui ont une valeur pronostique
et théranostique (indication de médicaments inhibiteurs des SHH).
• Pour les tumeurs germinales (tumeurs de la région pinéale ou supra-sellaire chez l'enfant ou l'adulte jeune), il
faut doser les marqueurs alpha-foetoprotéine et HCG dans le sang et le liquide céphalorachidien pour le diagnos
tic et pour le suivi thérapeutique.
4.3. Imagerie
4.3.1. la tomodensitométrie
La tomodensitométrie avant puis après injection de produit de contraste, est un examen de débrouillage rapide mais
insuffisant.
5. Évolution, pronostic
• L'évolution et le pronostic des tumeurs intracrâniennes est variable selon leur nature, leur agressivité histologique
et les possibilités thérapeutiques.
• Certaines tumeurs peuvent être guéries par la chirurgie seule (astrocytome pilocytique de l'enfant, méningiome
de grade 1 ), par la chirurgie associée à la radiothérapie et à la chimiothérapie (médulloblastome des enfants et des
AJA, germinomes), par la chimiothérapie seule (lymphome).
• D'autres tumeurs sont plus ou moins rapidement mortelles malgré les traitements (gliomes de haut grade).
• La combinaison de ces facteurs pronostiques définit des sous-groupes de patients dont la médiane de survie varie
de quelques mois (glioblastome) à plus de 10 ans (oligodendrogliome de grade II avec mutation IDH et codélétion
lpl9q).
6. Principes thérapeutiques
6.1. Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) et Plan Personnalisé
de Soin (PPS)
• Les dossiers doivent être discutés à toutes les étapes de la maladie (diagnostic, premier traitement, récidive) en
Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) spécialisée de neuro-oncologie regroupant neurochirur
giens, oncologues radiothérapeutes, neuro-oncologues et/ou oncologues médicaux et neuroradiologues. La pré
sence à la RCP des anatomo-pathologistes et des équipes de soins de support est souhaitable.
• Un plan personnalisé de soin (PPS) doit être remis au patient et à la personne de confiance dont le rôle est très
important pour ces maladies qui peuvent altérer les capacités cognitives.
6.2. Chirurgie
• Le neurochirurgien intervient dans le diagnostic, la prise en charge de l'urgence, le traitement des tumeurs ini
tiales et des récidives.
• La biopsie s'impose quand l'exérèse tumorale ne paraît pas possible d'emblée. Le choix entre biopsie stéréo
taxique et biopsie chirurgicale sera guidé par la localisation et le risque hémorragique.
• La résection chirurgicale optimale débute la séquence thérapeutique lorsqu'elle est possible.
- L'exérèse doit être la plus large possible, tout en respectant les fonctions neurologiques dont l'altération
compromettrait la qualité de vie post-opératoire. Des aides techniques (IRM fonctionnelle et IRM en tenseur de
diffusion préopératoires, neuronavigation, stimulation per-opératoire du cortex et des faisceaux de substance
blanche, cartographie per-opératoire en chirurgie éveillée, IRM per-opératoire, fluorescence per opératoire par
la 5-ALA) peuvent aider à optimiser l'exérèse chirurgicale.
- L'évaluation de la qualité de la résection doit être effectuée par une IRM post-opératoire précoce dans les
48 heures.
- L'exérèse chirurgicale seule est souvent curative dans les tumeurs à histologie favorable (astrocytome pilocytique
de l'enfant, épendymome, méningiome). Elle doit être suivie d'un traitement complémentaire pour les gliomes,
les médulloblastomes, les métastases.
ATTENTION : en cas de suspicion de lymphome primitif du SNC, les corticoïdes sont formellement contre
indiqués avant la biopsie (sauf urgence vitale) : il y a un risque de négativation du diagnostic histologique dans
50 % des cas et donc de retard d'une thérapeutique adaptée avec perte de chance.
L'état de mal épileptique (durée de plus de 5 minutes si crises convulsives ou de plus de 30 minutes en
l'absence de convulsions) est une urgence devant faire discuter l'admission en service de réanimation pour
administration d'une benzodiazépine IV(+/- autres anti-épileptiques, voire sédation par barbituriques).
POINTS CLÉS
1. Les tumeurs cérébrales primitives (TCP) sont moins fréquentes (1,2 % des cancers) que les métas
tases cérébrales qui sont très fréquentes en pratique oncologique.
2. Les TCP peuvent survenir à tous les âges de la vie.
3. La nature histologique est fortement liée à l'âge:
- les médulloblastomes, épendymomes, astrocytomes pilocytiques et tumeurs germinales touchent les en-
fants et les adultes jeunes;
- les gliomes touchent tous les âges;
- les oligodendrogliomes touchent plus particulièrement les sujets jeunes ( < 40 ans);
- les glioblastomes touchent les patients âgés de 60 ans et plus;
- les méningiomes, lymphomes et neurinomes touchent les adultes et les personnes âgées.
4. Les seuls facteurs de risque identifiés sont des facteurs génétiques (neurofibromatose, sclérose
tubéreuse de Bourneville) et des antécédents d'irradiation (gliomes et méningiomes radio-induits)
qui n'interviennent que dans moins de 5 % des cas de TCP.
5. Les tumeurs cérébrales évoluent dans un volume contraint qui explique le tableau commun
d'hypertension intracrânienne (HTIC).
6. Les signes d'appels des TC incluent HTIC, crises d'épilepsie, déficits neurologiques, avec installa
tion progressive en tâche d'huile, troubles cognitifs.
7. L'IRM cérébrale est l'examen clef pour le diagnostic. Ne pas se contenter d'un scanner. Être exi
geant sur la qualité.
8. Connaître les signes de gravité cliniques (troubles de la vigilance, rapidité d'évolution des défi
cits) et sur l'IRM (œdème extensif, effet de masse, engagements).
9. L'évolution d'une tumeur cérébrale peut être compliquée d'une HTIC par œdème ou trouble de
circulation brutal du LCR (hydrocéphalie), d'une hémorragie intratumorale, d'une dissémination
méningée ou d'un engagement.
1 O. Le diagnostic de certitude repose sur l'examen histologique.
11. La classification histo-moléculaire OMS 2016 doit être utilisée.
12. Les dossiers doivent être discutés en RCP spécialisée de neuro-oncologie à tous les stades de
la maladie (diagnostic, premier traitement, récidive).
13. Le traitement symptomatique repose sur les anti-épileptiques, les corticoïdes et la rééducation
(fonctionnelle et orthophonique).
1. Ne pas se laisser désarçonner par le nombre des types histologiques. La plupart sont des
tumeurs rares et sont prises en charge par des équipes spécialisées.
2. Connaître les tumeurs fréquentes : gliomes de l'adulte, méningiomes et métastases.
3. Diagnostiquer une tumeur intracrânienne
• Connaître les circonstances de découvertes fréquentes:
- hypertension intracrânienne (HTIC);
- rattacher un déficit moteur à une tumeur cérébrale (diagnostic différentiel avec les accidents vascu-
laires plus fréquents);
- demander facilement une imagerie: scanner injecté en urgence mais surtout IRM, sans puis avec injec
tion et séquences en Tl et T2 flair.
• Savoir rattacher des syndromes complexes à une tumeur cérébrale:
- troubles du comportement rapidement progressifs;
- épilepsie complexe (crises temporales, crises sensorielles).
• Vérifier la concordance des données clinico-radiologique:
- symptôme focal et localisation anatomique;
- syndrome méningé et épaississement ou nodules méningés.
4. Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge
- Prise en charge d'urgence d'une hypertension intracrânienne;
- Prise en charge d'une première crise d'épilepsie et d'un état de mal.
CHAPITRE ►---------------------------------------
Tumeu·rs du col utérin,
tumeurs du corps utérin
Pr Jérôme Alexandre', Dr Céline Bourgier2, Dr Frédéric Guyon3, Pr Didier Peiffert 4
'Service de Cancérologie Médicale, Hôpitaux Universitaires Paris Centre, AP-HP, site Port Royal
'Département de Radiothérapie Oncologique, ICM, Montpellier
3Département d'Onco-gynécologie, Institut Bergonie, Bordeaux
•Service Universitaire de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de Lorraine, Vandoeuvre-les-Nancy
1.1. Épidémiologie
1.1.1. Épidémiologie descriptive
• Le cancer du col est le quatrième cancer féminin dans le monde avec plus de 500 000 cas incidents et près de
300 000 décès en 2012 (statistiques IARC 2012).
• Ce cancer est surtout fréquent parmi les populations des pays à faibles ressources. C'est le premier cancer de la
femme dans 39 pays, principalement situés en Afrique sub-saharienne, en Amérique centrale et en Asie du Sud
Est. 20 % des cas de cancer du col dans le monde surviennent en Inde.
• Son incidence est la plus faible en Europe de l'Ouest, en Amérique du Nord et en Australie.
LJE 9 - ITEM 297 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 159 ◄
Dans les pays industrialisés dont la France, l'incidence et la mortalité diminuent depuis plus de 30 ans
grâce au développement du dépistage par le frottis cervico-utérin qui permet de diagnostiquer et de traiter
des lésions pré-invasives ou des cancers à un stade précoce (Tableau 1).
2017 6 1,7
• En France, en 2015, le cancer du col de l'utérus représente 1,6 % de l'ensemble des cancers incidents féminins et
est responsable de 1,7 % des décès féminins par cancer. L'âge médian au diagnostic est de 51 ans, ce qui en fait
un enjeu de santé publique.
• La survie nette à 5 ans est actuellement estimée à 62 % et a tendance à se dégrader. Cette dégradation est liée à
une proportion plus importante de cancers de mauvais pronostic qui ont échappé au dépistage et à la moindre
fréquence des lésions de bon pronostic qui ont été supprimées de la population suivie grâce au dépistage.
• Le taux de survie relative à 5 ans est de 91,5 % à un stade local, 57,7 % à un stade régional et 17,2 % à un stade
métastasique.
• L'HPV est principalement transmis par contact sexuel. L'infection se produit le plus souvent dès le début de la
vie sexuelle. La prévalence de l'infection est maximale avant 30 ans, avec un taux de 17 %.
• La majorité des femmes exposées aux HPV développe une immunité suffisante pour éliminer le virus (clairance
virale). Cependant, celui-ci persiste chez certaines femmes et cette persistance peut conduire au développement
d'une lésion précancéreuse.
• Il existe plusieurs stades successifs de lésions précancéreuses, appelées néoplasies cervicales intra-épithéliales
(CIN) ou dysplasies, du CINl (bas grade) au CIN3 (haut grade). Ces lésions peuvent régresser spontanément (le
plus souvent), persister ou bien encore évoluer vers un cancer du col de l'utérus.
À partir de l'infection persistante, l'évolution vers un cancer invasif du col utérin met en moyenne 15
ans à se produire, laissant donc une fenêtre d'action importante pour pouvoir détecter précocement (et
traiter) les lésions précancéreuses et cancéreuses du col.
• Certaines caractéristiques de la vie sexuelle sont associées à un risque accru d'infection à HPV oncogénique :
- précocité des premiers rapports sexuels ;
- partenaires sexuels multiples ;
- antécédents de maladies sexuellement transmissibles.
• Le bas niveau socio-économique et le faible niveau d'éducation sont associés à une moindre compliance au dépis
tage et à la vaccination, responsables d'une plus grande fréquence des stades localement avancés et d'une mortalité
plus élevée.
1.1.2.2. Co-facteurs
• Ils favorisent la persistance de l'infection ou interviennent dans la carcinogénèse :
- tabagisme actif (à la fois facteur de risque et facteur pronostique);
- co-infection à Chlamydiae ou par un virus de l'herpès;
- utilisation au long cours (plus de 5 ans) de contraceptifs oraux;
- déficit immunitaire acquis (dont l'infection par le VIH).
1.2. Prévention
• Elle repose sur la combinaison de deux démarches complémentaires: la vaccination contre les HPV et le dépistage
par frottis du col utérin.
1.2. 1. la vaccination
• La vaccination permet de prévenir l'infection persistante par les HPV. Pour un maximum d'efficacité, elle doit
être réalisée avant la survenue d'une première contamination, et donc avant les premiers rapports sexuels. Elle
diminue le risque de dysplasie modérée et sévère (CIN2 et 3).
La vaccination préventive est recommandée pour toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans, et en rattrapage
vaccinal entre 15 et 19 ans révolus.
• Elle repose sur une démarche individuelle (il n'y a pas de campagne de vaccination organisée) et est prise en
charge à hauteur de 65 % par l'Assurance maladie.
• Trois vaccins sont actuellement disponibles :
- Gardasil® : vaccin quadrivalent (contre HPV 16, 18, 6 et 11) qui protège aussi des condylomes liés aux HPV 6
et 11;
- Gardasil 9: vaccin nonavalent qui protège en plus contre les sérotypes 31,33,45,52,58;
- Cervarix® : vaccin bivalent (contre HPV 16 et 18).
• En France, la couverture vaccinale est faible: 17 % à l'âge de 16 ans en 2014. Sur la durée du Plan cancer 2014-
2019, l'objectif des autorités de santé est d'atteindre une couverture vaccinale de 60 % grâce à des campagnes
d'information.
• La vaccination contre les HPV n'entraîne pas d'augmentation du risque global de survenue de maladies auto
immunes, mais une augmentation de l'incidence des syndromes de Guillain-Barré a été observée (1 à 2 cas pour
100 000 filles vaccinées).
• Cependant les différents plans de gestion des risques concluent en une balance bénéfice/risque de la vaccination
en faveur du bénéfice.
La vaccination ne confère qu'une protection partielle contre l'infection à HPV. Elle ne dispense pas du dépistage
triennal par frottis.
LJE 9 - ITEM 297 1 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 161 ◄
1.2.2. Dépistage par le frottis cervico-utérin (FCUJ
• Du fait de son évolution lente et de l'existence de nombreuses lésions précancéreuses curables, le cancer du col
peut être dépisté à un stade précoce, et même être prévenu par la détection de lésions précancéreuses.
• Ces lésions précancéreuses sont invisibles à l'examen clinique. Leur dépistage repose sur le frottis cervico-utérin
(FCU) qui permet une analyse cytologique des cellules du col utérin à la jonction exocol-endocol.
• Le FCU permet le diagnostic de lésions précancéreuses chez plus de 31 000 femmes par an, soit une incidence
10 fois supérieure à celle du cancer invasif.
• Un dépistage organisé du cancer du col a été mis en place en 2018.
• Les anomalies cytologiques sont classées selon le système de Bethesda (Tableau 2). En fonction de leur sévérité,
plusieurs types d'explorations complémentaires sont recommandées (Figure 1):
- en cas d'atypies des cellules malpighiennes ou glandulaires de signification indéterminée : recherche d'HPV
oncogène par génotypage. Si celui-ci est présent ou si les anomalies persistent au frottis, un examen du col à la
loupe binoculaire (colposcopie) est nécessaire;
- en cas d'anomalies cytologiques plus sévères, une colposcopie avec biopsies est nécessaire d'emblée.
► 162 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN I LJE 9 - ITEM 297
', UE9 ltem297
......................
Négatif
Examen du vagin
Contrôle de la colposcopie
1.3. Anatomo-pathologie
Le risque d'évolution vers le carcinome invasif est plus important pour les CIN2-3 (10-15 %) que pour les CIN1
(1 % des cas).
LJE 9 - ITEM 297 1 TUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 163 ◄
1.3.1.2. Carcinome micro-invasif et invasif
• La présence d'emboles tumoraux lymphatiques ou vasculaires est un important facteur pronostique d'évolution
métastatique.
1.3.2. Adénocarcinome
• Il est plus rare (20 % environ).
• Il se développe à partir de l'épithélium cylindrique qui recouvre le canal endocervical ou endocol.
• Il est également précédé de lésions précancéreuses mais, à la différence des cancers épidermoïdes, il n'a pas été
établi de niveaux de sévérité.
1.3.3. Extension
• La progression tumorale loco-régionale s'effectue de proche en proche:
- vers le bas : vagin;
- latéralement : espace paracervical et paramètres. Ces derniers sont riches en vaisseaux lymphatiques et
contiennent les uretères;
- vers le haut (endocol et corps utérin),
- l'atteinte des organes de voisinage, vessie et rectum, est plus tardive.
• Les métastases ganglionnaires (pelviennes puis lombo-aortiques) sont les plus fréquentes et les plus précoces.
Les métastases viscérales sont surtout pulmonaires.
► 164 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN I LJE 9 - ITEM 297
UE9 Item 297
� .... .. ....................
7
Examen clinique
+
J
Biopsie à la pince
Conisation*
+
IRM abdomino-pelvienne
!
Examen clinique (sous AG si suspicion de tumeur avancée)
Cystoscopie et rectoscopie si cliniquement indiqué
Biologie standard, VIH, sec
+
Tumeur limitée au col, tailles 4 cm (maximum IB1) Tumeur étendue au-delà du col et/ou > 4 cm (IB2 à IV)
•
Pas d'adénomégalie n IRM et/ou adénomégalie en IRM
j
LJE 9 - ITEM 297 TUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 165 ◄
L'.examen clinique doit être répété sous anesthésie générale s'il est difficile ou si la tumeur est volumineuse et
faire l'objet d'un schéma daté et signé.
La conisation est systématique dans les formes infracliniques ou endocervicales pour préciser la taille
maximale, la profondeur de l'infiltration stromale et la présence d'emboles vasculaires tumoraux. Elle doit être
précédée de l'IRM abdomino-pelvienne.
C'est la technique d'imagerie la plus fiable pour le bilan d'extension loco-régionale. Elle est systématique quel
que soit le stade.
• Elle comprend au minimum : des séquences en pondération T2 sans saturation de la graisse, en pondération dif
fusion et en pondération Tl avec saturation de la graisse après injection de gadolinium.
• Elle permet de visualiser la tumeur, d'apprécier sa taille et son extension locale (vers les paramètres, l'utérus, la
vessie, le rectum), de rechercher des métastases ganglionnaires pelviennes et lombo-aortiques et une dilatation
urétérale (Figure 3).
A: tumeur du col envahissant le paramètre droit, B: dilatation de l'uretère D, C: adénopathie iliaque externe droite
• Dans les stades infra-cliniques, elle doit être réalisée avant mais aussi après la conisation afin de vérifier que cette
dernière n'a pas laissé en place une partie de la tumeur.
1.5.1.2. Cystoscopie et rectoscopie
• Elles sont réalisées, lors de l'examen clinique sous anesthésie générale, uniquement en cas de suspicion clinique
ou radiologique d'extension vésicale et/ou rectale.
IJRM et le TEP-TDM ont un risque de faux négatifs pour la détection d'une extension ganglionnaire. Or
celle-ci a une importance pronostique mais intervient également pour les choix thérapeutiques. Un curage
ganglionnaire est donc préconisé daris tous les cas sauf si l'imagerie a déjà mis en évidence des métastases
ganglionnaires ou autres.
• Dans les formes localisées, candidates à la chirurgie : réalisation d'un curage ganglionnaire pelvien avec
examen extemporané. S'il est positif, il sera complété dans le même temps opératoire par un curage lomboaor
tique et la chirurgie curatrice sera contre-indiquée.
La technique de détection des ganglions sentinelles par double repérage calorimétrique et isotopique est une tech
nique prometteuse en cours de validation.
• Dans les formes localement avancées qui seront traitées par radio-chimiothérapie pelvienne : réalisation d'un
curage lombo-aortique cœlioscopique (sans curage pelvien).
LJE 9 - ITEM 297 1 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 167 ◄
1.5.3. Dépistage des autres tumeurs liées à l'HPV
• Il est nécessaire de proposer aux patientes un dépistage des autres sites pouvant présenter des tumeurs liées à
l'HPV (sphères ORL et anale).
Sur le plan pronostique et thérapeutique, il est important de distinguer deux grandes catégories de
tumeurs:
• les tumeurs localisées sans atteinte ganglionnaire:� 4 cm sans atteinte du paramètre ou du vagin (IA et IB1
-1B2);
• les formes localement avancées > 4 cm ou associées à une atteinte du vagin ou des paramètres (stade IB3, 11,
IIIA-B, IVA) ou présentant des métastases ganglionnaires (IIICl, IIIC2).
1.6.1.3. La chimiothérapie
• Elle est administrée en concomitant à la radiothérapie externe à visée radiosensibilisante (cisplatine). Dans les
formes métastatiques, elle est utilisée seule.
LJE 9 - ITEM 297 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 169 ◄
1.6.2. Indications (Hors programme ECN)
1.6.2.1. Stades localisés
• Le traitement de référence est la chirurgie :
- stade infra-clinique IAl sans embole chez une femme avec un désir de grossesse: conisation seule et surveillance
étroite;
- autres stades IA : lymphadénectomie pelvienne première suivie d'une hystérectomie simple;
- stades IBl-2: les différentes options sont une hystérectomie élargie, une association radio-chirurgicale, ou une
radiothérapie exclusive.
1.6.2.2. Stades localement avances
• La radio-chimiothérapie est le traitement de référence. Elle est exclusive ou parfois complétée d'une chirurgie de
clôture en cas de reliquat tumoral.
2.1. Épidémiologie
2.1.1. Épidémiologie descriptive
• C'est le cancer gynécologique le plus fréquent en France. L'incidence et la mortalité estimées en 2017 étaient
respectivement de 8 400 nouveaux cas (au 4' rang des cancers féminins) et de 2 300 décès (5' cause de décès par
cancer chez la femme).
• Deux tiers des cas surviennent dans les pays développés, probablement du fait qu'il atteint préférentiellement les
femmes âgées et de son lien avec la surcharge pondérale.
• Ce cancer survient en effet après la ménopause avec un pic de fréquence entre 60 et 70 ans (âge moyen lors du
diagnostic de 68 ans).
• Dans 80 % des cas, il est limité au corps utérin. La survie relative à 5 ans est d'environ 75 % et atteint 85 % en cas
de stade localisé.
► 170 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN I LJE 9 - ITEM 297
UE9 ltem297
.............................
• Plusieurs situations peuvent être associées à une exposition accrue aux œstrogènes et à un déséquilibre hor
monal:
- une longue durée de la période ovulatoire définie par l'âge de la ménopause - âge de la puberté - nombre de
mois de grossesse - nombre de mois sous contraception orale combinée;
Une puberté précoce, une ménopause tardive et la nulliparité sont donc des facteurs de risque.
- la prise prolongée d'œstrogènes en monothérapie dans le cadre d'une contraception séquentielle ou d'un
traitement hormonal substitutif de la ménopause (d'où la nécessité d'associer systématiquement un progestatif);
- la prise de tamoxifène, de par son activité agoniste sur l'épithélium de l'endomètre;
- le syndrome des ovaires polykystiques.
Certaines lésions de l'endomètre sont rencontrées en cas d'hyperœstrogénie et doivent être considérées comme
précancéreuses: hyperplasie adénomateuse ou atypique, carcinome in situ.
• Son effet cancérigène est lié en partie à l'hyp erœstrogénie induite: en préménopause, elle favorise une exposition
continue de l'endomètre aux œstrogènes en induisant des cycles anovulatoires. En postménopause, elle favorise
l'aromatisation des androgènes surrénaliens en œstrogènes. La chirurgie bariatrique qui vise à réduire la sur
charge pondérale diminue le risque de cancer de l'endomètre et améliorerait son pronostic.
• L'insulino-résistance induite par la surcharge pondérale, et le manque d'activité physique favorisent également le
développement tumoral. Le diabète de type 2 est ainsi associé à un risque accru de cancer de l'endomètre.
2.1.2.3. Facteurs génétiques
Les formes familiales rentrent le plus souvent dans le cadre du cancer colique familial sans polypose (HNPCC
ou syndrome de Lynch). Elles représentent moins de 5 % des cancers de l'endomètre.
.· · · · · · · · · · · · ·····················-········----------------------------- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - · · · ······ ·······----------------------------------------- --- ·.
• L'HNPCC est lié à la présence d'une mutation germinale hétérozygote sur un des gènes impliqués dans la répara
tion des mésappariements de l'ADN (mismatch repair - MMR): le plus souvent MSH6, MSH2, PMS2 ou MLHl.
La déficience du système MMR est plus fréquemment somatique (30 % des cancers de l'endomètre environ), c'est
à-dire présente uniquement dans la tumeur et non transmissible.
• La détection d'un défaut du MMR se fait d'abord dans la tumeur. Deux techniques sont disponibles dont aucune
n'est fiable à 100 %: détection de la perte d'expression d'une des protéines impliquées par immunohistochimie ou
mise en évidence d'une instabilité des séquences microsatellites par une technique de PCR.
• Il est recommandé de réaliser les deux techniques en parallèle en cas de suspicion d'HNPCC selon les critères
suivants:
- âge de survenue inférieur à 50 ans (la recherche peut se discuter entre 50 ans et 60 ans);
- présence d'antécédents personnels ou familiaux (au premier degré) de cancer colorectal ou de cancer(s) du
spectre du syndrome de Lynch (endomètre, intestin grêle, urothélium, voies biliaires, estomac, ovaire).
2.2. Anatomo-pathologie
• Si cette classification reste très utile en pratique courante, elle doit être relativisée par les données récentes d'ana
lyse génomique des tumeurs. Ainsi, certains carcinomes endométrioïdes, de type 1 sur le plan histologique, se
rapprochent en fait des carcinomes séreux sur le plan moléculaire. Ils en partagent alors le mauvais pronostic.
• Le carcinosarcome regroupe un contingent d'adénocarcinome et un contingent sarcomateux de différenciation
très variable (léïomyosarcome, rhabdomyosarcome, synovialosarcome ...). Il est actuellement considéré comme
un carcinome métaplasique dont le pronostic et la prise en charge se rapprochent des autres carcinomes de type 2.
Il ne s'agit pas d'un sarcome.
• Les sarcomes sont des tumeurs rares du corps utérin : sarcome du stroma endométrial ou léïomyosarcome. Ils
ne seront pas détaillés ici.
2.2.2. Extension
• Elle se fait principalement vers le myomètre, jusqu'à la séreuse puis la cavité péritonéale. Le risque de métastase(s)
ganglionnaire(s) (pelviennes puis rétropéritonéales) est dépendant du degré d'extension au myomètre et de la dif
férenciation (grade ou type 2).
• En surface, l'extension se fait vers l'isthme et le col, plus rarement jusqu'au vagin, ou - via les trompes - jusqu'aux
annexes et la cavité péritonéale.
• Les métastases viscérales sont rares.
► 172 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN LJE 9 - ITEM 297
UE9 Item 297
......................... - -
Après la ménopause toute métrorragie est un cancer de l'endomètre jusqu'à preuve du contraire et doit
toujours être explorée.
• Spontanées, indolores et souvent peu abondantes; parfois moins évocatrices, faites de pertes brunâtres.
• C'est le symptôme révélateur dans 90 % des cas: les métrorragies surviennent précocement, à un stade où - le plus
souvent - la tumeur reste confinée à l'utérus.
2.3.1.2. Leucorrhées
• Hydroleucorrhée rosée et fétide, évocatrice mais rare.
2.3.1.3. Douleurs pelviennes
• Elles traduisent souvent une lésion évoluée:
- surinfection et rétention utérine;
- envahissement au-delà de l'utérus.
• Elles peuvent s'accompagner de troubles urinaires ou rectaux.
2.3.1.4. Plus rarement
• Le cancer est découvert sur la cytologie d'un frottis cervical de dépistage, dans le bilan étiologique d'une carence
martiale, devant des métastases symptomatiques.
LJE 9 - ITEM 297 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 173 ◄
2.3.4. L'échographie pelvienne par voies abdominale et endovaginale
• C'est l'examen de première intention pour l'exploration des métrorragies.
• Sont en faveur du diagnostic :
- la présence d'une formation intra-utérine;
- l'augmentation de l'épaisseur de l'endomètre (> 5 mm chez la patiente ménopausée) : la sensibilité de ce
critère est de 90 à 100 %, mais sa spécificité n'est que de 50 % environ;
- l'adjonction d'un examen Doppler permet de préciser les anomalies de vascularisation, évocatrices d'une
tumeur maligne.
• Elle peut préciser les caractéristiques de la tumeur: taille et degré d'envahissement du myomètre, ainsi que l'ex
tension loco-régionale: masse annexielle et recherche d'une carcinose péritonéale (ascite, nodule de carcinose du
cul de sac de Douglas ...).
• Réalisée le plus souvent en ambulatoire sous anesthésie locale, après avoir éliminé une infection cervico-vaginale.
• Elle permet de:
- visualiser les lésions endométriales: lésion végétante, friable, parfois ulcérante saignant au contact;
- préciser leur topographie, leur extension vers l'isthme et l'endocol;
- guider les biopsies.
• Elle est complétée par un curetage biopsique étagé de l'endocol, puis de la cavité utérine.
• Les risques sont faibles: perforation utérine, infection, embolie gazeuse ( < 1 %).
• L'hystéroresection, du fait de son risque de dissémination péritonéale, n'est pas recommandée en cas de suspicion
de cancer de l'endomètre.
- La classification anatomo-chirurgicale de la FIGO (2009) est le principal facteur pronostique (Tableau 5).
Elle prend en compte le degré d'infiltration du myomètre (<ou> à 50 %), l'extension au col, la présence ou
non d'adénopathies.
- Il peut exister des différences d'évaluation entre le stade évalué lors du bilan pré-thérapeutique (IRM ++) et celui
issu des données anatomo-pathologiques des pièces opératoires, en particulier concernant l'envahissement du
myomètre et l'atteinte ganglionnaire. Ces discordances peuvent être la source de modification du plan de
traitement et parfois de reprise chirurgicale.
- Type histologique (2 versus 1);
- Pour les types 1, endométrioïdes: grade histopronostique élevé à 3 (versus 1-2);
- Présence d'emboles tumoraux vasculaires ou lymphatiques.
Probabilité de survie
FIGO Description sans rechute à 5 ans
(à titre indicatif)
Stade 1: Tumeur limitée au corps utérin 85 %
IA Extension limitée à l'endomètre ou à moins de 50 % du myomètre
1B Extension à � 50 % du myomètre
Stade Il: Tumeur envahissant le stroma cervical mais ne s'étendant pas au-delà du col 70 % ►
2.5.2. Radiothérapie
• Elle est réalisée principalement en post-opératoire. Deux modalités sont possibles:
- une radiothérapie externe pelvienne sur un volume centra-pelvien (fond vaginal et loge d'hystérectomie) et les
aires ganglionnaires pelviennes si celles-ci sont atteintes. Son but est d'éviter les récidives pelviennes profondes
en cas de facteur de mauvais pronostic. Une irradiation lombo-aortique peut être associée en cas d'atteinte
ganglionnaire à ce niveau ;
- une curiethérapie vaginale à haut débit de dose, réalisée en ambulatoire, seule ou en complément de la
radiothérapie externe: son but est d'éviter les récidives sur la cicatrice vaginale et le 1/3 supérieur du vagin.
2.5.2.1. Chimiothérapie
• Elle consiste en l'association d'un sel de platine avec un taxane.
À partir des caractéristiques histologiques (type 1 versus 2 et grade) et du stade FIGO, 5 catégories pronostiques
ont été définies (risque faible, intermédiaire, intermédiaire fort, fort, avancé) qui permettent d'orienter la
thérapeutique (Tableau 6).
► 176 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN LJE 9 - ITEM 297
i._ UE 9 ltem297
.............................
• Les cancers en France, Edition 2015. Institut National du Cancer, Avril 2016. (téléchargeable sur www.e-cancer.fr)
• World Cancer Report 2014. International Agency for Research on Cancer (http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World
Cancer-Reports/World-Cancer-Report-2014).
• Prévention et dépistage du cancer du col de l'utérus. Collection fiches repères, Institut National du Cancer, Juin 2013. (Téléchargeable
sur www.e-cancer.fr)
• Référentiel Cancers du col utérin. Cancer AP-HP, Juin 2016.
• Référentiel Cancer de l'endomètre. Cancer AP-HP, Novembre 2016.
• Prise en charge initiale des cancers gynécologiques : Référentiels de la Société Française d'Oncologie Gynécologique.
• Cancer de l'endomètre : Recommandations professionnelles. Institut National du Cancer, Novembre 201O. (Téléchargeable sur
www.e-cancer.fr)
• Tests somatiques recherchant une déficience du système MMR au sein des tumeurs du spectre du syndrome de Lynch, Institut
National du Cancer, Juin 2016. (Téléchargeable sur www.e-cancer.fr).
• Colombo N, Creutzberg C, Amant F, Bosse T, Gonzalez-Martîn A, Ledermann J, Marth C, Nout R, Querleu D, Mirza MR, Sessa C; ESMO
ESGO-ESTRO Endometrial Consensus Conference Working Group. ESMO-ESGO-ESTRO Consensus Conference on Endometrial
Cancer: diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol. 2016 Jan;27(1):16-41
1. Cancer du col :
• La vaccination contre les HPV n'entraîne pas d'augmentation du risque global de survenue de maladies
auto-immunes, mais une augmentation de l'incidence des syndromes de Guillain-Barré a été observée.
• Un col macroscopiquement normal à l'examen au spéculum n'élimine pas le diagnostic. li peut s'agir d'une
forme micro-invasive ou d'un cancer de l'endocol.
• Une insuffisance rénale aiguë et/ou une urétéro-hydronéphrose chez une femme présentant des métrorra
gies doit faire songer à ce diagnostic.
• La maladie VIH est un co-facteur important de l'HPV pour la genèse du cancer du col qui doit être systéma
tiquement recherché.
• Il est nécessaire de proposer aux patientes un dépistage des autres sites pouvant présenter des tumeurs
liées à l'HPV (sphères ORL et anale).
2. Cancer du corps :
• Le tamoxifène, utilisé dans le traitement adjuvant du cancer du sein, induit surtout des carcinosarcomes de
l'endomètre. Ceux-ci doivent être considérés comme des carcinomes agressifs et non comme des sarcomes.
• Après la ménopause toute métrorragie est un cancer de l'endomètre jusqu'à preuve du contraire et doit
toujours être explorée.
• La biopsie et l'IRM abdomino-pelvienne sont les deux explorations fondamentales pour classer la tumeur,
évaluer son pronostic et décider de la thérapeutique. Les informations fournies devront parfois cependant
être corrigées par l'analyse de la pièce opératoire.
• Dans la surveillance, le seul examen complémentaire systématique est la mammographie, du fait de la fré
quence de l'association cancer du sein - cancer de l'endomètre et de l'âge des patientes.
► 178 TUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN I LJE 9 - ITEM 297
UE9 Item 297
...........................
LJE 9 - ITEM 297 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN 179 ◄
POINTS CLÉS: CANCER DU CORPS
Pr Thierry André', Pr Jaafar Bennouna2, Pr Nicolas Magné', Pr Yann Parc•, Pr Christophe Tournigand'
'Oncologie médicale, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris
'Oncologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire, Nantes
'Radiothérapie, Institut de Cancérologie de la Loire Lucien Neuwirth, Saint Priest en Jarez
'Chirurgie digestive, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris
'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP, Créteil
1. Épidémiologie
• En 2015, le cancer colorectal (CCR) était le 3• cancer de l'homme diagnostiqué en France (après les cancers de
la prostate et du poumon) et le 2• chez la femme (après le cancer du sein). Tous sexes confondus, il est au 4•
rang des cancers les plus fréquents.
• Il y a eu 1,4 million de nouveaux cas de CCR dans le monde en 2012 (9,7 % du total des cancers incidents).
• 43 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France en 2015 (dont 55 % chez l'homme, sexe-ratio en
faveur d'une légère prédominance masculine): 11 % des cas incidents.
• Environ 35 % des CCR sont des tumeurs du rectum (défini comme une tumeur dont l'extrémité distale
est située à une distance :s 15 cm de la marge anale mesurée par rectosigmoïdoscopie rigide). Les can
cers du côlon représentent 65 % des CCR (rapport 2/3 - 1/3 entre côlon gauche et côlon droit).
• Il a été responsable de 18 000 décès en France, 2• cause de mortalité par cancer en France (après le cancer
du poumon) : 12 % de la mortalité par cancer.
• Entre 1980 et 2005, l'incidence a augmenté (0,5 %/an chez l'homme et 0,3 %/an chez la femme). Entre 2005 et
2012, l'incidence a diminué, chez l'homme comme chez la femme, de 0,3 % par an en moyenne.
• Les taux de mortalité (standardisés à la population mondiale) diminuent depuis 20 ans. Sur la période 2005-2012,
la mortalité a diminué de 1,5 % par an en moyenne chez l'homme et de 1,1 % chez la femme.
1.2.1. L'âge
• Le syndrome de Lynch prédispose à d'autres cancers (principalement endomètre, voies urinaires, intestin grêle
mais également ovaire, estomac, voies biliaires, pancréas, tumeurs cérébrales, adénomes sébacés et kérato-acan
thomes, et de façon plus discutée cancer du sein).
Les indications de la réalisation d'un test pour rechercher la déficience du système Mismatch Repair (MMR)
par immunohistochimie (dMMR) ou par PCR (MSI) doivent être systématiques dans les situations suivantes
(recherche d'un syndrome HNPCC):
tout cancer du spectre diagnostiqué avant 60 ans;
<'. 2 cancers du spectre du syndrome de Lynch diagnostiqués chez un même individu;
<'. 1 cancer du spectre du syndrome de Lynch diagnostiqué chez deux individus apparentés au premier
degré avec 2 générations atteintes, et un cas avant 50 ans.
· · · · · · · · · · · · · · · · · - · · · - · · · · · · · · - · · · · · ·· · - · · · · · - -··· ······--------- ---------------------· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · - · - - · - - · - · · · · · - · - - · - - - - - - - - - - - - - ·······-------·'
'' '
: L'indication d'une consultation d'oncogénétique est retenue en cas de suspicion de syndrome de Lynch:
- 3 cas de CCR dans la même branche familiale, dont 1 avant 50 ans;
- malade ayant un antécédent personnel de cancer du spectre du syndrome de Lynch;
- CCR avant 40 ans (quel que soit le résultat du test MSI);
- cancer colorectal avec test MSI positif c'est-à-dire MSI en PCR ou dMMR en immunohistochimie.
• L'analyse d'une déficience du système Mismatch Repair (MMR) permet de sélectionner les patients auxquels il
est proposé une analyse génétique constitutionnelle. Deux méthodes sont disponibles pour déterminer le statut
MMR d'un cancer colorectal :
- l'immuno-histochimie, avec des anticorps spécifiques (MLHl, MSH2, PMS2 et MSH6) peut montrer une
perte d'expression protéique au niveau des cellules tumorales. L'absence d'expression de l'une de ces protéines
au niveau tumoral est fortement suggestive d'un statut Deficient Mismatch Repair (dMMR). En cas d'extinction
de MLHl, la recherche de la mutation BRAF V600E est recommandée. Sa présence signifie que le cancer est
sporadique, et donc le séquençage du gène MMR n'est pas nécessaire. En l'absence de la mutation BRAF V600E
ou d'emblée en cas d'extinction de MSH2 ou MSH6 un séquençage des gènes MMR peut être proposé.
- par technique de biologie moléculaire (PCR) après extraction d'ADN à partir de matériel tumoral. La
confirmation de la mutation germinale (propre à chaque famille) repose sur l'identification longue et délicate
de la mutation (séquençage des gènes MMR). Cette altération sera recherchée par une prise de sang. Si elle est
retrouvée, elle permettra de faire le diagnostic de syndrome de Lynch chez les apparentés.
• La surveillance d'un sujet avec syndrome de Lynch impose un suivi régulier et spécifique :
- coloscopie complète tous les 2 ans dès l'âge de 20 ans avec ch.romoendoscopie par indigo-carmin (pour
détecter les adénomes plans) ;
- pour les femmes atteintes du syndrome de Lynch, surveillance de l'endomètre dès l'âge de 30 ans avec
échographie endo-vaginale tous les 2 ans et prélèvements pour analyse anatomo-pathologique à la recherche
de cancer de l'endomètre.
2. Anatomo-pathologie
Le siège de la tumeur est défini à partir de son extrémité inférieure (bas rectum : 0 à 5 cm de la marge anale ou à
2 cm ou moins du bord supérieur du sphincter; moyen rectum:> 5 à 10 cm de la marge anale ou de> 2 à 7 cm du
bord supérieur du sphincter; haut rectum> 10 à 15 cm de la marge anale ou à plus de 7 cm du bord supérieur du
sphincter (Figure 2).
sigmoïde
Haut
rectum
Moyen
rectum point de réflexion péritonéale
fascia recti
muscle releveurs de
Bas �f�Ïrectum
rectum
colonnes de Morgani
sphincter externe
sphincter interne
canal anal
marge anale
5. Traitement
5.1. Traitement des cancers colorectaux localisés (non métastatiques)
5.1.3.1. Principe
• Voie d'abord: laparotomie médiane ou cœlioscopie.
• Exploration de la cavité abdominale et prélèvements des lésions suspectes (nodules péritonéaux, ascite ...). Une
échographie per-opératoire peut être pratiquée en cas de doute sur des métastases hépatiques.
• Exérèse de la tumeur primitive avec une marge distale et proximale d'au minimum 5 cm. L'exérèse est monobloc
(avec méso-côlon attenant); avec curage ganglionnaire (au moins 12 ganglions) après ligature première des vais
seaux.
• L'exérèse chirurgicale doit être monobloc, enlevant la tumeur et son extension locale.
• Les types de résection sont :
- côlon droit: hémi-colectomie droite, curage ganglionnaire et rétablissement de la continuité par anastomose
iléo-transverse;
- sigmoïde et côlon gauche : colectomie segmentaire ou hémi-colectomie gauche, curage ganglionnaire et
rétablissement de la continuité par anastomose colorectale;
- jonction recto-sigmoïdienne: résection recto-sigmoïdienne avec marges de 5 cm en amont et en aval, curage
ganglionnaire avec anastomose colorectale;
- pour les cancers du côlon sur syndrome de Lynch (syndrome HNPCC) et les polyposes, décision d'expert.
5.1.3.2. Traitement chirurgical des CCR compliqués
• En cas d'occlusion: l'intervention est une colostomie première, faite le plus près possible en amont de la tumeur,
suivie après 8-15 jours d'une résection avec anastomose emmenant la colostomie. La mise en place d'une prothèse
colique n'est à envisager qu'en cas de situation très palliative et doit être évitée en situation curative.
• En cas de perforation ou de péritonite : l'intervention est une colectomie carcinologique sans rétablir la conti
nuité digestive avec double stomie (une d'amont et une d'aval avec rétablissement de la continuité digestive dans
un deuxième temps). Quand l'extrémité distale (moyen/ bas rectum) ne peut être abouchée à la peau, une inter
vention de Hartmann est réalisée (segment rectal, en général haut rectum obturé et laissé dans le ventre). L'alter
native, en l'absence de péritonite est une résection segmentaire avec anastomose en un temps ou une colectomie
subtotale ou totale avec anastomose iléo-sigmoïdienne ou iléo-rectale.
► Références
• Épidémiologie des cancers - données INCa (www.e-cancer.fr)
• Cancer calo-rectal (http://www.has-sante.fr/)
• Dépistage et prévention du cancer calo-rectal Dépistage et prévention du cancer calo-rectal (http://www.proinfoscancer.org/sites/
default/files/2013-06_2013)
• Thésaurus National de Cancérologie digestive (TNCD)
POINTS CLÉS
1. En France, tous sexes confondus, le CCR est le 4• cancer le plus fréquent (42 000 nouveaux cas/an)
après les cancers du sein, de la prostate et du poumon.
2. Le CCR est sporadique dans 85 % des cas. Les formes familiales avec antécédents familiaux au
premier degré r:i'ont pas d'anomalie génétique identifiée dans 10 % des cas; les 5 % restants corres
pondent au syndrome de Lynch et à la polypose adénomateuse familiale (PAF).
3. Les polypes adénomateux ou adénomes sont à l'origine de 80 % des CCR.
4. Le dépistage dans la population générale (risque modéré) est indiqué entre 50 et 74 ans: utilisa
tion d'un test immunologique de recherche de sang dans les selles pratiqué tous les 2 ans.
5. Le risque élevé (15 à 20 % de la population générale) correspond à des individus avec un antécé
dent personnel (adénome hyperplasique � 1 cm ou CCR), ou un antécédent familial au 1er degré (CCR
ou adénome de plus de 10 mm avant 60 ans), ou une maladie inflammatoire chronique (Crohn, RCH)
et l'acromégalie. La coloscopie est l'examen de référence.
6. Le risque très élevé correspond aux individus atteints de PAF (1 % des CCR) ou de syndrome de
Lynch, (3 à 4 % des CCR).
7. Une consultation d'onco-génétique est indiquée en cas de suspicion de syndrome de Lynch:
3 cas de CCR dans la même branche familiale, dont un avant 50 ans, antécédent personnel de cancer
du spectre Lynch, CCR avant l'âge de 40 ans, CCR avec test MSI positif (MSI en PCR et ou dMMR en
immunohistochimie).
8. Les circonstances de découverte d'un CCR sont: fortuites (dépistage), lors d'une anomalie biolo
gique (anémie ferriprive}, à la suite de signes fonctionnes digestifs (douleurs abdominales, troubles
du transit, méléna, rectorragies, épreintes, ténesmes) ou de complications digestives (occlusion, per
foration, péritonite).
9. La coloscopie avec biopsies permet le diagnostic de certitude du CCR.
1 O. Le bilan d'extension métastatique comporte essentiellement un scanner thoraco-abdomino
pelvien (foie, péritoine, poumon).
11. Dans les cancers du moyen et du bas rectum, le bilan d'extension loco-régional pré-thérapeu
tique comporte une écho-endoscopie rectale (surtout pour les petites tumeurs Tl, T2) et une IRM
pelvienne (surtout pour les tumeurs T3, T4).
12. Les CCR de stade 1 (Tl ou T2, NO) sont le plus souvent guéris par résection endoscopique ou
chirurgicale.
13. Les tumeurs de stade Il (T3 ou T4, NO) sont guéries dans 80 % des cas par la chirurgie seule et la
chimiothérapie adjuvante n'est pas consensuelle et doit être discutée en cas de facteurs de risque
de rechute.
14. Les tumeurs de stade Ill (N+) rechutent dans environ 50 % après chirurgie de la tumeur primitive.
L'indication d'une chimiothérapie adjuvante par fluropyrimidines et oxaliplatine doit être retenue.
15. Les tumeurs de stade IV (M+) ont des survies d'environ 10 % à 5 ans.
16. Malgré le progrès des chimiothérapies et les thérapies ciblées, seule la résection chirurgicale des
métastases peut parfois guérir les patients. Elle devra toujours être discutée en réunion de concer
tation pluridisciplinaire.
17. En situation métastatique, et quand les métastases ne peuvent être reséquées, l'utilisation de
thérapies ciblées (anti-angiogéniques, anticorps anti récepteurs de l'Epidermal Growth Factor, EGFR)
associées aux chimiothérapies (fluoropyrimidines, oxaliplatine et/ou irinotécan) permet d'obtenir,
avec des stratégies comprenant plusieurs lignes, des médianes de survie de 25 à 30 mois chez des
patients avec métastases non résécables.
CHAPITRE
►-----T_u_m_e _ u_r_s_c_u_ta_n_ e_e_' se__ 'p_it_h_éi_l a__ les_ ___
e tmél aniques
Dr Luca Campedel', Pr Bernard Dubray2, Dr Émilie Andrieu', Dr Luis Teixeira•
'Sénopôle Saint Louis, Hôpital Saint Louis, AP-HP, Paris
'Département de Radiothérapie et Physique Médicale, Centre Henri-Becquerel, Rouen
'Département de Dermatologie, Hôpital Charles Nicolle, Rouen
•Sénopôle Saint Louis, Service d'Oncologie Médicale, Hôpital Saint Louis. AP-HP, Paris
............................................................................................................................................................
... ...
. .
[ 1. Tumeurs épithéliales bénignes à HPV 3.3. Facteurs de risque (
[ 1.1. Définition 3.4. Évolution, pronostic (
1.2. Épidémiologie 3.5. Diagnostics différentiels
1.3. Physiopathologie, histoire naturelle 3.6. Approches thérapeutiques
1.4. Diagnostic 3.7. Suivi
1.5. Évolution, pronostic 4. Tumeurs mélaniques malignes: mélanomes
1.6. Diagnostics différentiels 4.1. Définition
1.7. Approches thérapeutiques 4.2. Épidémiologie
1.8. Suivi 4.3. Physiopathologie, histoire naturelle
2. Carcinomes cutanés 4.4. Diagnostic
2.1. Carcinomes épidermoïdes ou spinocellulaires 4.5. Facteurs de risque
2.2. Carcinomes basocellulaires 4.6. Évolution, pronostic
3. Tumeurs mélaniques bénignes: naevus 4.7. Diagnostics différentiels
3.1. Physiopathologie 4.8. Approches thérapeutiques
3.2. Formes cliniques 4.9. Suivi et prévention
OBJECTIFS iECN
-+ Tumeurs cutanées, épithéliales et mélaniques Mots clés: Carcinome - Tumeurs cutanées -
- Diagnostiquer une tumeur cutanée, épithéliale ou Nëevus - Mélanome - UV - HPV- Braf- Ras -
mélanique. Immunothérapie.
- Planifier le suivi du patient.
• La plupart des tumeurs cutanées se développent aux dépens des kératinocytes et des mélanocytes de l'épiderme.
Seules seront abordées dans cet item les tumeurs épithéliales bénignes (verrues à HPV) et malignes (carcinome
épidermoïde et basocellulaire cutanés) et les tumeurs mélanocytaires bénignes (nœvus) et malignes (mélanome).
• Toutes ces tumeurs, saufles verrues à HPV, partagent un facteur de risque commun, l'exposition au rayonnement
ultraviolet (UV).
• Pour ce qui est des tumeurs malignes, les tumeurs épithéliales sont de loin les plus fréquentes, le cancer basocel
lulaire de la peau étant même la tumeur humaine la plus fréquente, et en général de bon pronostic. À l'inverse, le
mélanome, quand il devient métastatique, a un pronostic très sombre, même si les nouvelles thérapies ont révo
lutionné son pronostic.
Pour comprendre: les UV sont définis en UV A/B/C en fonction de leur longueur d'onde (de la plus longue à
la plus courte, de A à C). Via des mécanismes différents, directs ou indirects, ces trois types d'UV peuvent être
responsables de lésions cutanées bénignes ou malignes liées à la photoexposition. Ils ne seront donc pas
différenciés par la suite.
1.4. Diagnostic
• Le diagnostic est clinique et il n'est en aucun cas nécessaire de réaliser une biopsie en cas de lésion typ ique.
• Il existe différents types de verrues :
- les verrues plantaires : on distingue :
► la myrmécie liée à HPVl, la plus fréquente, profonde, douloureuse spontanément et à la pression,
circonscrite par un anneau kératosique dont la surface de la zone centrale est le siège de micro-hémorragies
(ponctuations noirâtres), généralement unique ou peu nombreuses;
► ou la verrue en mosaïque, liée à HPV2, superficielle, moins fréquente et non douloureuse, formée de
multiples verrues regroupées en un placard kératosique. La coexistence de ces deux types de lésions est
exceptionnelle.
- les verrues vulgaires : uniques ou multiples, infracentimétriques, sous forme d'élevures hémisphériques ou
aplaties avec saillies villeuses kératosiques, situées le plus souvent sur la face dorsale des mains et des doigts et
dues à HPV2. L'atteinte péri-unguéale ou sous-unguéale entraîne des douleurs et une dystrophie unguéale;
- les verrues planes communes, dues à HPV3, sous forme de papules roses, jaunes, brunes ou chamois, à surface
lisse, siégeant le plus souvent sur le visage, mais aussi sur le dos des mains et sur les membres.
Il n'existe pas de moyen d'éradiquer le virus HPV. Les papillomavirus humains (HPV) sont retrouvés de façon
ubiquitaire dans les tissus épithéliaux humains.
• Le traitement est celui de la lésion et doit dans tous les cas éviter d'être trop agressif, en particulier chez les enfants.
• En cas de persistance des lésions, on peut envisager différents traitements :
- destruction chimique par kératolytiques, simple et non douloureuse ;
- cryothérapie ;
- laser CO 2 •
• Le traitement préventif comprend l'éviction des situations à risque (salles de sport, douches communes ...) et les
soins d'hygiène dans les familles dont un membre est atteint.
1.8. Suivi
• Pour les patients immunodéprimés, une surveillance dermatologique annuelle est préconisée.
2. Carcinomes cutanés
• Les cancers épithéliaux de la peau se développent à partir des kératinocytes de l'épiderme. Ce sont les cancers les
plus fréquents dans les deux sexes (homme> femme). Ils surviennent préférentiellement chez les sujets de plus de
60 ans (l'âge étant un facteur de risque) et sur les zones exposées au soleil, qui est le principal facteur étiologique.
Ils représentent 90 % des cancers cutanés.
2.1.1. Définition
• Les carcinomes épidermoïdes correspondent à une prolifération de cellules kératinocytaires de grande taille, orga
nisées en lobules ou en travées, de disposition anarchique.
2.1.2. Épidémiologie
• Les carcinomes épidermoïdes apparaissent le plus souvent après 60 ans. L'âge moyen de découverte est de 76 ans.
L'incidence annuelle en France est estimée à 30/100 000 dans la population générale. La prise en charge est sou
vent complexe du fait des comorbidités, de la présence de troubles cognitifs et de l'isolement social de patients très
âgés (fréquence des lésions négligées).
2.1.4. Diagnostic
• Les carcinomes épidermoïdes siègent préférentiellement au niveau des zones photo-exposées (tête, cou, dos des
mains et des bras). Un examen clinique de l'ensemble du revêtement cutané est cependant indispensable à la
recherche d'autres lésions cancéreuses ou précancéreuses, en particulier chez les patients immunodéprimés.
• L'aspect est celui d'une tumeur bourgeonnante, indurée, saignant facilement, avec un centre ulcéré recouvert
de croûtes (Figure 1) mais la lésion peut également être végétante ou bourgeonnante. En cas de kératose ou de
maladie de Bowen préexistante, la survenue d'un cancer épidermoïde est suspectée devant une ulcération, une
surélévation, une induration ou un saignement.
• Dans tous les cas, une analyse anatomo-pathologique est indispensable au diagnostic.
Pour comprendre: la classification des phototypes de Fitzpatrick, qui ne sera pas détaillée, définit 6 types de
phototypes, le type 1 le plus clair correspondant à un individu qui ne bronze pas, attrape systématiquement
des coups de soleil, a la peau très claire avec des taches de rousseur et des cheveux blonds ou roux.
2.2.1. Définition
• Le carcinome basocellulaire est formé d'amas cellulaires kératinocytaires issus de la zone basale ou des follicules
pileux.
2.2.2. Épidémiologie
• Le cancer basocellulaire de la peau est la tumeur humaine la plus fréquente dans les deux sexes. Il représente
près de 30 % de l'ensemble des cancers. Il survient dans la plupart des cas après 50 ans. La fréquence des cancers
basocellulaires chez les personnes âgées (voire très âgées) entraîne des prises en charge parfois très complexes
(comorbidités, troubles cognitifs), à l'instar des carcinomes épidermoïdes (voir plus haut).
2.2.4. Diagnostic
• La lésion typique est un nodule cutané surélevé siégeant sur la face, le cou, le décolleté, c'est-à-dire les zones
photo-exposées. Le carcinome basocellulaire n'atteint jamais les muqueuses.
• En relief par rapport à la peau avoisinante, le nodule a un aspect translucide imitant une perle avec de fines·
télangiectasies. Souvent, une fine croûte recouvre l'ulcération néoplasique, qui saigne après son ablation. Dans les
formes ulcéra-bourgeonnantes, on trouve sur - le bourrelet périphérique - l'aspect perlé caractéristique.
• Les variantes cliniques sont multiples :
- le carcinome basocellulaire nodulaire, forme la plus fréquente, qui prend la forme d'une papule translucide
ferme, bien limitée, lisse, perlée et recouverte de télangiectasies (Figure 2) ;
- le carcinome basocellulaire sclérodermiforme a un aspect de cicatrice fibreuse blanchâtre indurée aux limites
imprécises. L'extension profonde et en surface est plus importante que la partie visible, justifiant des marges
chirurgicales et des volumes irradiés plus larges ;
- le carcinome basocellulaire superficiel est une plaque erythématosquameuse plane, bien limitée, bordée de
perles en périphérie.
2.2.9. Suivi
• Le suivi repose sur un examen clinique annuel pendant au moins 5 ans à la recherche de récidive ou de nouveau
cancer cutané. La fréquence des examens peut être augmentée pour les patients à risque.
• Le patient doit être formé à l'auto-dépistage qui correspond à l'examen régulier de l'ensemble du revêtement
cutané et signaler au médecin l'apparition d'une nouvelle lésion ou la modification d'une lésion ancienne.
• La prévention primaire repose sur la diminution de l'exposition solaire, la protection solaire (surtout vestimen
taire, moins par les écrans solaires) en particulier pendant l'enfance et l'adolescence.
• Une surveillance cutanée rapprochée (annuelle) doit être réalisée chez les patients immunodéprimés (prévention
primaire).
Le Tableau 1 synthétise les caractéristiques comparées du carcinome épidermoïde et du carcinome basocellulaire.
3.1. Physiopathologie
• Les nœvus correspondent à une prolifération ou une accumulation mélanocytaire anormale : ce sont des tumeurs
bénignes. À l'état basal, les mélanocytes, situés entre les kératinocytes et la jonction dermo-épidermique, sont
chargés de fabriquer la mélanine, pigment protecteur des rayonnements ultraviolets. Les cellules mélanocytaires
se regroupent en amas ou thèques, pour former les nœvus, qui peuvent être jonctionnels (couche basale de l'épi
derme), dermiques, ou mixtes.
3.2.6. Remarques
• Il est important de retenir que ni les micro-traumatismes répétés, ni l'exposition solaire ne sont des facteurs de
risque de transformation des nrevus. Par contre, un nrevus qui saigne doit faire discuter le diagnostic alternatif de
mélanome.
- les éphélides ou « taches de rousseur », macules millimétriques brun clair qui apparaissent sur les zones
photoexposées chez les individus roux, qui s'accentuent avec le soleil et ont tendance à disparaître avec le
temps;
- l'histiocytofibrome, tumeur bénigne formée de cellules fibrohistiocytaires, se présentant comme un nodule
central ferme entouré d'un halo brunâtre (qui apparaît typiquement à distance d'une piqûre d'insecte);
- une kératose séborrhéique, tumeur épithéliale bénigne qui n'évolue jamais vers la malignité, qui apparaît
après 40 ans, non liée au soleil, située sur le visage, le décolleté et le dos, dont la couleur va du beige clair au noir,
initialement plane puis verruqueuse et rugueuse recouverte d'un enduit squamo-kératosique gras, à bordure
nette et abrupte;
- un carcinome basocellulaire nodulaire;
- un angiome thrombosé (tumeur vasculaire bénigne);
- surtout, un mélanome malin doit être envisagé en cas de caractéristiques suspectes. Au moindre doute,
une biopsie/exérèse doit être pratiquée; le meilleur facteur pronostique de mélanome étant un diagnostic
précoce.
3.7. Suivi
• Il n'y a pas d'intérêt à surveiller de manière systématique tous les individus. Par contre, l'auto-surveillance doit
être enseignée et encouragée, en s'appuyant sur la règle ABCDE (développée dans le chapitre sur les mélanomes),
et une information doit être délivrée sur les risques de l'exposition solaire prolongée.
• Les patients porteurs de plusieurs nrevus atypiques ou ayant des facteurs de risque de mélanome doivent bénéfi
cier, en plus de l'auto-surveillance, d'un examen cutané annuel.
4.1. Définition
• Les mélanomes sont des tumeurs malignes développées aux dépens des mélanocytes.
• L'évolution est, dans un premier temps, horizontale et intra-épidermique, puis, dans un second temps,
verticale avec envahissement du derme superficiel (phase micro-invasive), enfin du derme profond et de l'hy
poderme (phase invasive).
4.2. Épidémiologie
• Le mélanome représente entre 2 et 3 % de l'ensemble des cancers et se situe au 11e rang des cancers les plus
fréquents chez l'homme et au 9' rang chez la femme.
• L'âge moyen au diagnostic est de 50-60 ans (en baisse).
• L'incidenèe est en augmentation régulière de 10 % par an, depuis 50 ans.
• C'est le premier des cancers en termes d'augmentation de fréquence.
• L'incidence est directement corrélée au phototype et à l'exposition solaire, plus élevée chez les sujets à la peau
claire (notamment en Australie), et plus faible dans les pays asiatiques ou dans les populations à la peau noire.
4.4. Diagnostic
• Il est extrêmement important de diagnostiquer le mélanome de manière précoce afin d'augmenter les chances
de guérison.
Le diagnostic doit être évoqué à l'examen clinique devant la présence de plusieurs (généralement 3, 4 ou 5) des
caractéristiques suivantes (règle ABCDE) (Figure 3):
Asymétrie
Bords irréguliers
Couleur inhomogène
Diamètre supérieur à 6 mm
Evolution récente
• L'examen visuel doit être aidé par la dermoscopie ou « microscopie en épiluminescence », et est confirmé par
l'examen anatomo-pathologique. Ce dernier est fait après exérèse complète afin de pouvoir déterminer l'épaisseur
de la lésion. La biopsie est exceptionnelle car elle peut conduire à des erreurs diagnostiques.
• La classification anatomo-clinique des mélanomes au stade localisé permet de définir le profil évolutif en
deux catégories :
- les tumeurs avec phase d'extension horizontale, après biopsies éventuellement répétées (cartographie) en cas
de suspicion clinique pour exclure un foyer de micro-invasion. Elles regroupent:
► le mélanome superficiel extensif (SSM), le plus fréquent (60-70 % des cas);
► le mélanome de Dubreuilh avec une phase d'extension horizontale pouvant durer plusieurs années (10 %
des cas);
► le mélanome acral lentigineux des paumes, des plantes, des bords latéraux des doigts et des orteils, et sous
les ongles (2 à 5 % des cas) (Figure 4) ;
► plus rarement, les mélanomes des muqueuses buccales et génitales (bouche, nez, fosses nasales et pharynx,
vagin et anus) et le mélanome uvéal (cancer de l'œil le plus fréquent chez l'adulte);
- les tumeurs sans phase d'extension horizontale: il s'agit du mélanome nodulaire d'emblée, rapidement invasif
(10 à 20 % des cas).
Toute décision thérapeutique est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et annoncée au
• Les schémas thérapeutiques sont fonction de l'extension de la maladie (Tableau 2), faisant distinguer les atteintes
localisées (stades 1/II), les atteintes métastatiques loco-régionales cutanées ou ganglionnaires (stades III) ou à
distance (stades IV).
• Le bilan initial pour les stades I et II est avant tout clinique, comprenant un examen de l'ensemble du revêtement
cutané (seconde localisation?) et la palpation des aires ganglionnaires (échographie de l'aire de drainage à envi
sager pour les stades II). Aucune imagerie n'est indiquée à ce stade, hormis pour les mélanomes de plus de 4 mm
ulcérés.
- Pour les stades IIC et IIIA:
► Examen clinique complet notamment de tout le tégument et des aires ganglionnaires.
► Echographie ganglionnaire de l'aire de drainage au stade IIC.
► En option : examen d'imagerie par scanner cérébral et thoraco-abdomino-pelvien, 18FDG-TEP-TDM,
notamment si la technique du ganglion sentinelle est proposée au stade IIC ou avant curage au stade IIIA.
- Stades IIIE et IIIC:
► Examen clinique complet de tout le tégument et des aires ganglionnaires.
► Examen d'imagerie par 18FDG-TEP-TDM ou scanner cérébral et thoraco abdomino pelvien.
• Le traitement de la tumeur primitive consiste en une exérèse chirurgicale dont les marges sont conditionnées par
l'épaisseur tumorale (Tableau 3). Les mélanomes superficiels de Dubreuilh nécessitent une marge de 1 cm. Un
curage ganglionnaire est associé pour les stades III.
► Références
1. Haute Autorité de Santé - UE 9 : Cancérologie - Once-hématologie (287-317) [Internet]. [cited 2017 Oct 9]. Available from: https://
www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2615053/fr/ue-9-cancerologie-onco-hematologie-q287-317
2. Cancers de la peau - Recommandations et outils d'aide à la pratique ! Institut National Du Cancer [Internet]. [cited 2017 Oct 9].
Available from: http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Recommandations-et-outils-d-aide-a-la-pratique/Cancers-de-la
peau
POINTS CLÉS
La caractérisation de chaque lésion est indispensable en raison du pronostic propre à chaque entité. Au moindre
doute, une biopsie doit être réalisée.
1. Tumeurs épithéliales bénignes à HPV (ou verrues)
• Le diagnostic est clinique; la biopsie n'est pas indiquée.
• La transmission d'HPV se fait par contact direct.
• Il est impossible d'éradiquer l'HPV.
• Le traitement ne doit jamais être agressif, l'évolution étant le plus souvent spontanément favorable.
2. Carcinomes cutanés
• Ce sont les cancers les plus fréquents dans les deux sexes.
• L'examen de tout le revêtement cutané est indispensable.
• L'auto-dépistage doit être encouragé.
2.1. Carcinomes épidermoïdes ou spinocellulaires
• Se développent à partir d'une lésion précancéreuse cutanée ou muqueuse.
• Facteurs de risque: dose UV totale, phototype clair.
• Risque d'évolution métastatique.
• Traitement des stades localisés: chirurgie (une radiothérapie post-opératoire ou exclusive).
• Traitement des stades métastatiques: chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie palliative après discussion en
RCP.
• Prévention: diminution de l'exposition solaire.
2.2. Carcinomes basocellulaires
• Ne se développent pas à partir d'une lésion précancéreuse.
• Facteurs de risque: exposition solaire, phototype clair, immunodépression.
• Pas d'extension métastatique.
• Traitement chirurgical.
• Surveillance clinique (secondes localisations).
• Prévention: diminution de l'exposition solaire.
1. Les stratégies thérapeutiques ne font pas partie des objectifs de l'ECN concernant les tumeurs
dermatologiques. li faut donc bien connaître les aspects diagnostiques. Par contre, des questions
peuvent être posées sur tel ou tel traitement (en relation avec l'item 291) proposé dans le dérou
lement d'un dossier clinique.N'oubliez pas que les premières preuves de l'efficacité de l'immuno
thérapie« moderne» (anti-PDL1, anti-CTLA4) et des médicaments inhibiteurs de BRAF et MEK ont
été apportées par des essais sur des tumeurs cutanées.
2. La complexité de certaines situations cliniques (immunodéprimé, personnes très âgées ...) se
prête bien à des dossiers transdisciplinaires, par exemple insuffisance veineuse - ulcère chronique
- cancérisation ou troubles cognitifs - polypathologie - cancer - consentement.
CHAPITRE ►�--------------------------------------
Tumeurs de l'estomac
Pr Christophe Tournigand1 , Pr François Guillemin2 , Pr Frédéric Marchal'
'Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP- HP, Créteil
'Département de chirurgie, CRAN, UMR 7039, Reims
3 Département de Chirurgie, Institut de Cancérologie de Lorraine, CRAN, UMR 7039, Reims
1. Épidémiologie
1.1. Epidémiologie descriptive
1.2. Epidémiologie analytique OBJECTIFS iECN
2. Histoire naturelle du cancer � Tumeurs de l'estomac
2.1. Lésions gastriques prédisposantes - Diagnostiquer une tumeur de l'estomac.
2.2. Helicobacter pylori
2.3. Évolution clinique
3. Anatomo-pathologie
3.1. Les différents types histologiques
3.2. Formes intestinales et formes diffuses
3.3. HER2 et cancer de l'estomac métastatique
4. Diagnostic du cancer de l'estomac
4.1. Circonstances de découverte Mots clés: Cancer de l'estomac - Helicobacter pylori
4.2. Examen clinique - CDH 1 - Oncogénétique - Gastrectomie - Endos
4.3. Bilan biologique copie - Chimiothérapie.
4.4. Bilan diagnostique
S. Bilan d'extension
6. Bilan d'opérabilité
7. Stadification
8. Principes de traitement
8.1. Traitement à visée curative
8.2. Traitement palliatif
9. Pronostic Sincères remerciements pour la relecture
10. Formes particulières et l'iconographie aux:
10.1. Adénocarcinome superficiel Professeur Jean-Charles Delchier, service de gastro
10.2. Linite gastrique entérologie de l'Hôpital Henri Mondor, Créteil.
Docteur Michaël Levy, service de gastroentérologie,
10.3. Lymphomes gastriques primitifs
Hôpital Henri Mondor, Créteil.
10.4. Tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST)
10.5. Tumeurs endocrines
• Les tumeurs de l'estomac sont principalement malignes et largement dominées par l'adénocarcinome primi
tif (95 % des tumeurs malignes de l'estomac).
• Malgré une diminution progressive de son incidence depuis 30 ans, l'adénocarcinome gastrique demeure l'une
des dix premières causes mondiales de mortalité liées au cancer en raison de son diagnostic souvent trop tardif.
• La reconnaissance du rôle carcinogène de l'infection par Helicobacter pylori est la principale avancée de la
dernière décennie. Une prévention de l'infestation par ce germe serait peut-être susceptible de faire diminuer
l'incidence de ce cancer. L'incidence des cancers distaux diminue en raison de la baisse de la prévalence de l'infec
tion par Helicobacter pylori. En revanche, les cancers proximaux, et notamment du cardia, sont plus fréquents. Le
surpoids est un facteur favorisant ces derniers cancers.
1. Épidémiologie
Malgré une incidence en baisse, la mortalité par cancer de l'estomac reste élevée.
lisation proximale qui est le plus souvent rencontrée. L'adénocarcinome gastrique situé au niveau du cardia
(jonction œso-gastrique) est en augmentation.
• Malgré les progrès thérapeutiques, moins de 30 % des patients sont en vie après 5 ans. Il n'y a pas de dépistage
de masse ; il faut donc s'attacher à porter un diagnostic précoce.
2.2.3. Chez qui chercher Helicobacter pylori dans le cadre de la prévention du cancer?
• Antécédent de résection localisée d'un cancer gastrique.
• Mutation des gènes de réparation de !'ADN (syndrome de Lynch).
• Lymphome de MALT.
• Lésions muqueuses gastriques prénéoplasiques (atrophie-métaplasie-dysplasie).
• Traitement par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours (au moins 6 mois).
• Avant by-pass gastrique (car une endoscopie ultérieure sera de réalisation difficile).
2.2.4. Comment?
• La méthode habituelle est celle de l'endoscopie avec biopsies.
• Chez les apparentés d'un patient ayant un cancer gastrique, les méthodes de recherche de l'infection à Helicobac
ter pylori seront choisies en fonction de l'âge:
- Âge< 40 ans: test respiratoire à l'urée marquée au carbone 13 (C13) ou par sérologie Helicobacter pylori;
- Âge> 40/45 ans: endoscopie et biopsies.
• Test respiratoire à l'urée marquée (Helikit') : Helicobacter pylori est capable de transformer l'urée en dioxyde de
carbone (CO2 ) et en ammoniac. Le test respiratoire à l'urée consiste à faire ingérer de l'urée marquée avec du C13,
puis à mesurer le Cl3 expiré. En cas d'infection à Helicobacter pylori, le CO2 expiré contiendra du C13, ce qui n'est
pas le cas en l'absence d'infection.
Figure 1. Traitement probabiliste d'Helicobacter pylori (en l'absence d'étude de sensibilité aux antibiotiques)
l
QUADRITHÉRAPIE TRAITEMENT QUADRITHÉRAPIE
BISMUTHÉE ou CONCOMITANT BISMUTHÉE
10 jours 14 jours 10 jours
TRAITEMENT QUADRITHÉRAPIE
CONCOMITANT BISMUTHÉE
14 jours 10 jours
2.2.5.1.2. Lorsqu'on dispose d'une étude de la sensibilité aux antibiotiques chez un patient, le traitement
recommandé est une trithérapie guidée associant un inhibiteur de la pompe à protons et deux antibiotiques
pendant 10 jours.
3. Anatomo-pathologie
3.1. Les différents types histologiques
• Il s'agit le plus souvent d'un adénocarcinome (95 % des cas):
- adénocarcinome tubuleux;
- adénocarcinome papillaire;
- adénocarcinome mucineux (colloïde muqueux);
- adénocarcinome à cellules ind�pendantes (cellules en bague à chaton).
• Plus rarement:
- carcinome adéno-squameux;
- carcinome épidermoïde;
- carcinome à petites cellules;
- carcinome indifférencié;
- lymphome de MALT.
• La linite gastrique est une forme diffuse, touchant plus souvent les sujets jeunes et de pronostic péjoratif. La
paroi est rigide, blanchâtre, épaissie, ayant l'aspect du lin avec à l'examen anatomo-pathologique un aspect d'adé
nocarcinome peu différencié infiltrant, constitué le plus souvent de cellules indépendantes dites « en bague à
chaton», envahissant les différentes couches de la paroi sans les détruire, et un stroma fibreux. L'aspect est évoqué
à l'endoscopie (paroi rigide), à l'échoendoscopie (épaississement pariétal), au scanner et au TOGD. Les bio
psies doivent être profondes, multiples et étagées pour confirmer le diagnostic car la muqueuse est souvent saine.
L'envahissement est intramural avec une diffusion ganglionnaire et péritonéale fréquentes.
• Les cellules en bague à chaton, bien que plus souvent présentes dans les formes linitiques, peuvent se voir dans une
forme locale indifférenciée sans aspect de linite.
Figure 3. Linite: gros plis épais, indurés, pas d'expansion de l'estomac lors de l'insufflation;
paroi épaisse en échoendoscopie de façon globale
4.4.3. L'échoendoscopie
• Elle n'est pas systématique, mais elle est utile:
- en cas de suspicion de linite avec hypertrophie des plis gastriques sans histologie positive;
- pour évaluer l'extension des lésions sur l'œsophage, le pylore et le duodénum en cas de linite;
- pour évaluer les tumeurs superficielles afin de déterminer les indications de mucosectomie;
- pour déterminer l'infiltration pariétale d'une tumeur lorsqu'on envisage un traitement néo-adjuvant. Elle
permet d'apprécier l'infiltration pariétale en visualisant les 5 couches de la paroi gastrique: épithélium, lamina
propria, sous-muqueuse, musculeuse, sous-séreuse, séreuse (stade T de la classification TNM).
• Cette échoendoscopie doit être réalisée dans des délais courts.
5. Bilan d'extension
• Il comporte:
- un scanner thoraco-abdomino-pelvien, sans et avec injection, à la recherche de localisations secondaires
hépatiques, pulmonaires, ganglionnaires, peritonéales;
- une laparoscopie éventuelle en cas de volumineuse tumeur. La laparoscopie permet une exploration précise
de la cavité abdominale pour identifier des nodules tumoraux et faire un lavage péritonéal pour une étude
cytopathologique. Une atteinte péritonéale contre-indique !'exérèse chirurgicale. De petites métastases
hépatiques superficielles passées inaperçues au scanner peuvent être visualisées. Cet examen peut éviter une
laparotomie inutile jusqu'à 38 % des patients, notamment en cas de diagnostic de carcinose péritonéale ou de
métastases hépatiques.
• Le TEP-TDM n'est pas systématique. Il peut être discuté au cas par cas.
6. Bilan d'opérabilité
• Le bilan d'opérabilité consiste à apprécier:
- l'état nutritionnel (pourcentage d'amaigrissement, protidémie et albuminémie);
- l'âge physiologique avec éventuelle évaluation cardiologique (ECG, échocardiographie) et pulmonaire
(exploration fonctionnelle respiratoire) en fonction du terrain du patient.
7. Stadification
• Le stade TNM (Tumor Nodes Metastases) est établi de façon sûre et définitive après la chirurgie (pTNM =
envahissement tumoral établi sur la pièce opératoire après examen anatomo-pathologique).
Tis Carcinome in situ: tumeur intra-épithéliale sans invasion de la lamina proprio (dysplasie de haut
grade)
Î1 Tumeur limitée à la muqueuse ou à la sous-muqueuse (cancer superficiel)
T4b Tumeur envahissant un organe de voisinage (rate, côlon transverse, foie, diaphragme, pancréas,
paroi abdominale, surrénale, rein, intestin grêle, rétropéritoine)
No Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
9. Pronostic
• Le pronostic dépend de l'extension tumorale pariétale et ganglionnaire qui est à la base de la classification TNM
et du stade. Le nombre de ganglions examinés sur la pièce opératoire est primordial; en effet un ratio « nombre
élevé de ganglions envahis/nombre total prélevé » a une valeur pronostique péjorative.
• Tous stades confondus, le pronostic est mauvais avec une survie à 5 ans de 15 %.
• Après exérèse chirurgicale à visée curative, le pronostic dépend surtout de l'envahissement ganglionnaire:
- en-l'absence de ganglion envahi (NO), la survie à 5 ans est de 60 %;
- si Nl, la survie à 5 ans est de 35 % ;
- si N2 la survie à 5 ans est de 10 %.
► Références
• http://g I obocan.iarc.fr/.http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World-Cancer-Reports/World-Cancer-Report-201 4
• Projection de l'incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2015, novembre 2015.
• Thesaurus National de Cancerologie Digestive (http://www.tncd.org/)
• Groupe d'Etudes Français d'Helicobacter (GEFH) (http://www.helicobacter.fr)
POINTS CLÉS
1. Un régime riche en fruits et légumes a un effet protecteur pour le cancer gastrique. Cet effet
pourrait être lié à la vitamine C.
2. La consommation de sel en grande quantité augmente le risque de cancer gastrique.
3. Le tabac majore le risque de cancer gastrique.
4. Les biopsies doivent être multiples et profondes pour ne pas passer à côté d'une forme diffuse
(ou linite) .
. 5. Tumeur de Krükenberg : correspond à une métastase ovarienne d'un adénocarcinome gas
trique.
6. Penser à rechercher une infection à Helicobacter pylori, la traiter et éradiquer HP dans l'entou
rage.
7. Ne pas oublier de rechercher les cas familiaux. Une consultation d'oncogénétique doit être
proposée s'il existe dans une famille au moins deux cas de cancer gastrique de type diffus chez
des apparentés au premier ou au deuxième degré, dont un cas diagnostiqué avant 50 ans, ou bien
trois cas chez des apparentés de premier ou deuxième degré quel que soit l'âge pour rechercher
une mutation constitutionnelle de CDH1 ou en cas d'histoire familiale évoquant un syndrome de
Lynch.
8. La chimiothérapie péri-opératoire est le traitement de référence de la plupart des cancers gas
triques opérables.
9. Une surveillance endoscopique est justifiée en cas de gastrite atrophique sévère.
1 O. En cas de splénectomie, ne pas oublier l'antibioprophylaxie par pénicilline G et vaccinations
contre le pneumocoque, l'Haemophilus influenzae 8, le méningocoque et la grippe.
11. En cas de gastrectomie totale, ne pas oublier la supplémentation en vitamine B12.
CHAPITRE ►--------------------------------------
Tumeurs du foie,
p rimitives et secondaires
Pr Michel Ducreux', Pr Serge Evrard > , Pr Françoise Mornex', Pr Michel Rivoire•
'Service d'Oncologie Digestive, Institut Gustave Roussy, Villejuif
2Groupe des Tumeurs Digestives, Institut Bergonié, Bordeaux
'Département de Radiothérapie Oncologique, Centre Hospitalier Lyon Sud, Lyon
'Unité de Chirurgie Digestive, Centre Léon Bérard, Lyon
1. La démarche diagnostique
1.1. Circonstances de découverte fréquentes
• Suivi d'une pathologie hépatique connue comme une cirrhose, une hépatopathie virale ou métabolique.
• Suivi d'une néoplasie primitive connue. De nombreuses tumeurs primitives peuvent donner des métastases hépa
tiques : les cancers digestifs, du sein, des bronches, de la prostate, de la tête et du cou, les tumeurs neuro-endo
crines, etc.
• Un autre signe hépatique comme un ictère, une hyp ertension portale.
Figure 1. Métastase hépatique d'un cancer du côlon à l'échographie avec injection de produit de contraste
1.4. Biopsie
• Le plus souvent écho-guidée ou scanno-guidée.
• Elle est nécessaire quand la séquence d'imagerie ne permet pas de retenir un diagnostic formel.
• Elle est médico-légale pour déclencher un traitement oncologique comme une chimiothérapie, une radiothérapie
sauf dans certains cas particuliers de carcinome hépatocellulaire (voir plus loin).
• On peut s'en passer si une indication chirurgicale est retenue d'emblée car elle va entraîner une vérification patho
logique a posteriori.
• On peut s'en dispenser dans le cadre d'un raisonnement uniciste. Par exemple, un patient présente plusieurs
lésions en cocarde dans le cadre du suivi d'un cancer colorectal avec une élévation de !'ACE. La biopsie ne sera le
plus souvent pas jugée nécessaire pour déclencher un traitement spécifique.
• La biopsie est strictement contre-indiquée en cas de suspicion de kyste hydatique. Elle laisse place à l'enquête
épidémiologique et sérologique.
• Les étiologies les plus fréquentes sont le cancer colorectal, mais toutes les autres tumeurs digestives (estomac, pan
créas, œsophage, anus) en produisent ainsi que les tumeurs neuro-endocrines de toutes localisations, les cancers
du testicule, du sein, des bronches, de la tête et du cou, les sarcomes, les mélanomes, etc.
3.1.2. Imagerie
• L'échographie permet souvent une première approche. Elle est toutefois opérateur dépendant. Les images sont
typiquement décrites en cocardes.
• Le scanner spiralé est l'examen de base. S'il existe des différences en fonction des étiologies, globalement les
métastases apparaissent hyp odenses, ne se rehaussant pas au temps artériel.
• L'IRM est nécessaire en cas de doute persistant, pour rechercher de plus petites lésions qui n'auraient pas été
vues au scanner et surtout après chimiothérapie où le scanner devient moins performant. L'IRM est globalement
plus sensible pour les lésions hépatiques et apporte des éléments de caractérisation souvent utiles (diagnostic de
carcinome hépatocellulaire, diagnostic différentiel tumeur bénigne versus métastase dans le suivi d'un cancer
opéré) (Figure 3).
• Le TEP-TDM au FDG n'est indiqué que si son résultat peut modifier la décision thérapeutique. Il est plus utilisé
pour rechercher des métastases extra-hépatiques qu'intra-hépatiques.
3.2.1.1. Épidémiologie
• En France: rare, il survient après 45 ans et a touché 9 500 patients en 2015, soit 2 % de l'ensemble des cancers,
incidence annuelle de 10 pour 100 000 chez l'homme et 2 pour 100 000 chez la femme (sexe-ratio = 6). Il induit
2 300 décès annuels.
• Développé principalement sur cirrhose éthylique. L'incidence croit en raison de l'infection à virus C, mais devrait
diminuer à partir de 2020 en raison du traitement anti-viral efficace disponible.
• En revanche, des carcinomes hépatocellulaires sur stéatose hépatique non alcoolique (NASH) dans le contexte
d'un syndrome dysmétabolique apparaissent en raison de l'incidence croissante du surpoids dans la population.
• Le carcinome hépatocellulaire représente 80 % des tumeurs primitives du foie. Il est très fréquent en Afrique
Noire et en Asie: jusqu'à 150 cas pour 100 000, développé sur cirrhose post-hépatite B le plus souvent.
Toute image nodulaire sur cirrhose est un CHC jusqu'à preuve du contraire.
• Dosage de l'alpha-fœto-protéine
- Seul marqueur en cancérologie digestive qui a une certaine valeur diagnostique quand il est supérieur
à 400 ng/mL sur foie cirrhotique (mais ne suffit pas à porter le diagnostic de CHC).
- Normal dans 30 % des cas, n'élimine pas le diagnostic.
• Examen de débrouillage : l'échographie
- Montre un nodule sur un foie cirrhotique, une extension de ce nodule obstruant la veine porte.
- Recherche des nodules filles. Elle évalue la possibilité de réaliser une biopsie.
• L'examen suivant est le scanner thoraco-abdomino-pelvien
- Réalisation d'un temps artériel, un temps portal, un temps tardif.
- Mise en évidence des signes évocateurs de CHC : nodule hypo ou iso-dense rehaussé au temps artériel et se
lavant au temps portal et tardif ( wash-out) (Figure 4).
- Permet le bilan d'extension à distance, reste du foie, vaisseaux portes (Figure 5) et veines sus-hépatiques,
poumon, ganglions loco-régionaux, os.
• L 'IRM est ensuite systématique si un traitement loco-régional est envisagé :
- Caractérise plus précisément les lésions hépatiques, en particulier un aspect typique d'angiome.
- Le CHC est haoituellement en hyp osignal/isosignal Tl, se rehaussant à l'injection de gadolinium puis à
nouveau en hyp osignal au temps tardif (confirmant le wash-out) (Figure 6).
• L'examen anatomo-pathologique d'une biopsie hépatique n'est pas obligatoire pour affirmer le diagnostic si:
- patient cirrhotique et un examen d'imagerie (scanner ou IRM) évocateur, critères suffisants pour affirmer le
diagnostic de CHC, biopsie dans les autres cas;
- décision de transplantation sur nodule apparu sur cirrhose à fonction hépatique perturbée.
- une élévation de l'alpha-fœtoprotéine, même supérieure à 400 ng/ml, n'est pas suffisante pour poser le
diagnostic de CHC, celle-ci pouvant être liée à des tumeurs germinales ou d'autres tumeurs digestives.
[_�<1cm�J ô!:1Cm
Image
hypervascularisée
Stabilité
avec wash-out
Non Oui
Augmentation
diamètre/modification
d'aspect
Autre examen Ou PBH
(TDM/IRM)
Ref: BlancJF, BarbareJC, Boige V, Boudjema K, Créhange G, Decaens T, Farges 0, Guiu B, Merle P, Selves L, TrinchetJC.
«Carcinome hépatocellulaire». Thésaurus National de Cancérologie Digestive, juin 2015, en ligne [http://www.tncd].
• . Prélèvements hépatiques : par ponction biopsie hépatique échoguidée, ou guidée par scanner ou per-opératoire.
En foie tumoral et en foie sain si cirrhose non connue, afin de préciser l'état du parenchyme hépatique non tumo
ral. Après contrôle de l'hémostase, chez un patient informé des risques (saignement, ensemencement tumoral du
trajet de ponction).
• La TEP-PDG ou mieux la TEP-choline: dans le cas d'une localisation hépatique isolée, peut aider à faire le diagnos
tic différentiel entre une métastase hépatique, un cholangiocarcinome et une tumeur bénigne (rarement utilisée).
Biologie pré-thérapeutique
• En cas de transplantation hépatique: bilan exhaustif prétransplantation.
• En cas de cirrhose:
- Bilan étiologique si non fait.
- Endoscopie digestive haute à la recherche de varices œsophagiennes.
- NFS et électrophorèse des protéines sériques.
Classification de la cirrhose: score de Child-Pugh et score anatomo-pathologique (score de Knodell ou Métavir en
cas d'hépatite C).
3.2.1.9. Prévention
• Primaire
- Vaccination contre l'hépatite B (recommandée en France chez le bébé dès l'âge de 2 mois).
- Prévention de la transmission de l'hépatite C.
- Aide et prévention chez les populations exposées aux risques de transmission virale (toxicomanes).
- Lutte contre l'alcoolisme.
- Lutte contre l'obésité afin de prévenir la NASH qui peut provoquer une cirrhose.
• Secondaire
- Échographie abdominale.
- Tous les 6 mois, chez les cirrhotiques ou les porteurs d'une hépatite chronique.
3.2.1.10. Prise en charge thérapeutique (Hors programme ECN)
• En fonction du degré d'atteinte hépatique et de l'existence d'une cirrhose associée, plusieurs options thérapeu
tiques sont possibles.
• Le choix sera fait par une équipe spécialisée en prenant en compte, en particulier, les comorbidités du patient.
Tableau 1. PROPOSITIONS THÉRAPEUTIQUES DU CHC EN FO�CTION DU STADE ET DE LA CIRRHOSE
CHC SUR CIRRHOSE
1 seul nodule • Transplantation hépatique si lésion< 5 cm, quel que soit le stade cirrhose Child A ou B.
• Chirurgie d'exérèse si Child-Pugh A.
• Techniques transcutanées si Child-Pugh A-B et lésion< 5 cm.
• Chimio-embolisation si Child-Pugh A-B.
• Radiothérapie en conditions stéréotaxiques.
CHC MÉTASTATIQUE
• Le sorafenib (Nexavar®) a démontré son intérêt en termes de survie globale en première ligne de traitement du CHC sur
cirrhose stade A-B de Child-Pugh ou sur foie sain. Le lenvatinib (Lenvima®) autre anti-angiogénique déjà utilisé dans le
cancer du rein et le cancer de la thyroïde devrait obtenir son AMM en première ligne, il est aussi efficace que le sorafenib.
Le regorafenib (Stivarga®) a été récemment approuvé comme traitement de seconde ligne après échec du sorafenib. Le
cabozantinib (Cabometyx®) devrait obtenir la même indication.
• Traitement symptomatique dans les autres cas de figure.
• Indications de transplantation classiques remises en question en France par l'utilisation du modèle AFP de
l'Agence de Biomédecine. Le score AFP (tableau 2) intègre outre la taille et le nombre de lésions tumorales, 3
niveaux d'alfa-foeto protéine.
• Accès au greffon impossible si score AFP supérieur à 3.
3-6 1
>6 4
Nombre de nodules
1-3 0
�4 2
AFP (µg/1)
:5 100 0
100-1000 2
>1000 3
3.2.1.11. Résultats
• Survie à 5 ans : < 20 % en cas de résection chirurgicale (apparition d'autres CHC sur le foie restant). Meilleurs
résultats pour la transplantation : 75 % environ de survie à 5 ans dans les bonnes indications.
3.2.2.3. Symptômes
• Le diagnostic de CCA est souvent tardif car la maladie donne peu de symptômes particulièrement pour le CCA
intra-hépatique.
• Les signes cliniques apparaissent lorsque la tumeur est responsable de compression des gros canaux biliaires
provoquant un ictère.
• Par ailleurs, peut s'y associer un prurit lié à la cholestase, une pesanteur de l'hypochondre droit ou une altération
de l'état général.
• La découverte du CCA peut être faite de manière fortuite.
3.2.2.4. Biologie
• Aucun test biologique n'est spécifique d'une tumeur biliaire. Le CCA donne fréquemment des perturbations
du bilan hépatique à typ e de cholestase secondaire à l'obstruction biliaire. L'ictère prédomine sur la bilirubine
conjuguée.
• Par ailleurs, aucun marqueur tumoral n'est spécifique de CCA. Ils ne doivent pas être demandés pour le diagnos
tic de manière isolée; notamment, le CA 19.9 n'a pas de performance diagnostique suffisante. C'est un examen
d'orientation et de suivi en complément de l'imagerie.
3.2.2.5. Démarche diagnostique
• L'imagerie est la clé de voûte du diagnostic. Un CCA peut être évoqué sur une échographie hépatique mettant
en évidence un syndrome de masse hépatique, avec souvent un retentissement sur les canaux biliaires et une
dilatation en amont.
• L'examen de référence pour le diagnostic est le scanner ou l'IRM. L'IRM hépatique avec séquences biliaires (Bili
IRM) permet de réaliser un bilan d'extension hépatique en précisant le niveau de l'atteinte biliaire en vue d'une
résection chirurgicale.
• La preuve formelle de cancer des voies biliaires nécessite une histologie après biopsie de la lésion cible. La
biopsie peut être faite par voie transpariétale, surtout pour les lésions intra-hépatiques.
• Lorsque le cancer est très fortement probable sur l'imagerie, avec une lésion accessible à la chirurgie, une
résection peut être proposée sans preuve histologique. Elle confirmera le diagnostic sur la pièce d'anatomo
pathologie afin d'éviter le risque d'essaimage de la biopsie.
• En cas de traitement palliatif, une preuve histologique est obligatoire avant de débuter une chimiothérapie.
3.2.2.6. Grands principes du traitement du CCA (Hors programme ECN)
• Le seul traitement à visée curative actuellement validé est la chirurgie carcinologique. Un essai randomisé
récent a montré que l'administration en post-opératoire de capécitabine augmentait la survie des patients opérés
à visée curative. Dans certains cas particuliers, il peut être proposé au patient une transplantation hépatique.
• En cas de CCA non résécable, une chimiothérapie est proposée. Elle associe classiquement la gemcitabine à un
sel de platine (cisplatine ou oxaliplatine). Une irradiation est souvent proposée à la suite de la chimiothérapie.
• En situation palliative, parallèlement à la prise en charge carcinologique, il peut être nécessaire de traiter l'ictère
en réalisant un drainage de la bile. Le drainage peut être fait par voie endoscopique (CPRE) avec mise en place de
prothèse au travers de la zone tumorale. Lorsque ce typ e d'intervention s'avère impossible, un drain transpariétal
peut être posé par les radiologues. En plus de traiter l'ictère, le drainage biliaire est efficace sur le prurit.
1. Proposer une ponction diagnostique d'un abcès pour lequel l'origine hydatique n'a pas été
éliminée par une sérologie est une faute grave qui coûtera cher dans un dossier.
2. La démarche uniciste qui consiste à relier sans biopsie une ou des lésions hépatiques appa
rues après un diagnostic de tumeur primitive autre n'est pas frappée dans le marbre pour tous les
auteurs; notamment le délai admissible entre les deux diagnostics. Dans le doute, ne pas hésiter
à proposer une biopsie.
3. Si le traitement du carcinome hépatocellulaire n'est pas au programme, sa prévention repose
sur des interventions utiles qu'un médecin généraliste doit connaître.
1. Épidémiologie
1.1. Épidémiologie descriptive
1.2. Formes histologiques
Épidémiologie analytique: facteurs de risque et OBJECTIFS iECN
1.3.
lésions précancéreuses -+ Tumeurs de l'œsophage
2. Histoire naturelle - Diagnostiquer une tumeur de l'œsophage
3. Diagnostic d'un cancer de !'oesophage
3.1. Circonstances de diagnostic
3.2. Diagnostic de certitude
4. Bilan pré-thérapeutique
4.1. Examen clinique
4.2. Les examens complémentaires du bilan
d'extension
4.3. Classification TNM des cancers de l'œsophage
4.4. Bilan d'état général et d'opérabilité++
5. Particularité des tumeurs de la jonction Mots clés: Cancer de l'œsophage -Dysphagie
œsogastrique organique -Carcinome épidermoïde -
6. Prise en charge thérapeutique Adénocarcinome - Panendoscopie des VADS -
6.1. Règles générales Dénutrition -Alcool -Tabac - Radio-chimiothérapie
6.2. Présentation des différents traitements -Opérabilité -Comorbidité.
6.3. Traitements: arbre décisionnel
6.4. Effets indésirables des traitements
6.5. Prise en charge nutritionnelle
6.6. Surveillance
1. Épidémiologie
1.1. Épidémiologie descriptive
''' ..
· - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·······-·-·········-------········--·-- --- - - - - - - - - - - - - · · - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ---------- -------- ·
'
:' Le cancer de l'œsophage est une tumeur d'incidence relativement faiblé, de mauvais pronostic, touchant plus :
'
· particulièrement les hommes de plus de 50 ans.
1.1.2. En France
• L'incidence est en diminution progressive depuis 30 ans avec environ 4 550 nouveaux cas diagnostiqués chaque
année (données 2015).
• L'incidence est relativement faible par rapport aux autres cancers: 15e cancer solide, il représente 2 % des cancers
et 10 % des cancers digestifs.
• L'incidence est en diminution chez les hommes alors qu'elle est stable ou en légère augmentation chez les
femmes.
• Malgré cette diminution, la fréquence reste relativement élevée en France par comparaison aux autres pays euro
péens. On observe une variabilité régionale importante avec une incidence plus élevée dans le nord et le nord
ouest du pays (Bretagne et Normandie++ ). Néanmoins, c'est dans ces régions que la baisse d'incidence est la plus
importante (liée à la diminution de la consommation d'alcool).
• C'est une maladie à prédominance masculine : 75 % des patients atteints sont des hommes (le sexe-ratio est
de 3/1).
• La majorité des cas sont diagnostiqués après 50 ans. L'âge moyen au diagnostic est de 65 ans pour les hommes
et de 73 ans pour les femmes.
1.1.3. Pronostic
• Le pronostic général des cancers de l'œsophage est sombre. Il est responsable de 3 320 décès par an (données
2015). Le taux de mortalité a diminué ces dernières années parallèlement au taux d'incidence.
• La survie globale à 5 ans tous stades confondus est de l'ordre de 10 %-15 %. Ce mauvais pronostic est lié notam
ment à son extension au diagnostic (> 60 % des cas sont diagnostiqués à un stade localement avancé ou métas
tatique). La survie reste mauvaise même en cas de stade localisé au diagnostic (taux de survie< 40 % à 5 ans), les
récidives pouvant être locales ou métastatiques. Elle est quasiment nulle à 5 ans en cas de stade métastatique (taux
de survie< 5 % à 5 ans).
1 EBO : Endobrachyoesophage
• Les autres types histologiques sont rares: tumeurs neuro-endocrines, tumeurs stromales: léiomyome (tumeur
bénigne) ou léiomyosarcomes ...
1.3.1.1. L'alcool
• Lien direct avec la consommation alcoolique avec un risque x 20 en cas d'alcoolisme chronique;
• Risque accru pour les alcools consommés chauds.
1.3.1.2. Le tabac
• Risque x 5 en cas de tabagisme actif.
1.3.1.3. L'association alcool - tabac++
• Principal facteur de risque des cancers épidermoïdes ++;
• Synergie du risque cancérigène : le risque est multiplié par 100 !
• Responsable de 90 % des carcinomes épidermoïdes;
• Lien direct entre le risque et l'importance de l'intoxication alcoolo-tabagique.
1.3.2. Adénocarcinome
• Il provient le plus souvent de la transformation d'un endobrachyœsophage (EBO ou œsophage de Barrett) lui
même secondaire à un reflux gastro-œsophagien (RGO) chronique.
• L'adénocarcinome œsophagien est plus fréquent chez les patients en surpoids, obèses et/ou diabétiques de
type 2. Il est alors lié à l'excès alimentaire, aux calories d'origine animale et à l'insuffisance d'activité physique.
• Le tabac est également un facteur de risque dans ce type histologique.
2. Histoire naturelle
• Le cancer de l'œsophage se développe à partir de l'épithélium œsophagien puis a une extension en profondeur
dans la paroi infiltrant progressivement les différentes couches de l'organe jusqu'au tissu médiastinal péri
œsophagien. L'extension se fait alors vers les structures et organes médiastinaux adjacents (Figures la-lb-le).
UE 9 - ITEM 302 1 0
ÎUMEURS DE L ŒSOPHAGE 249 ◄
Figure 1. a. Cancer de l'œsophage: corrélation anatomo-clinique
Tumeur du tiers-supérieur
Tumeur du tiers-moyen
► 250 0
ÎUMEURS DE L CESOPHAGE I LJE 9 - ITEM 302
UE9 ltem302
............................
Tumeur du tiers-inférieur
• L'extension est également longitudinale le long de l'organe vers le haut ou le bas (atteinte possible de la jonction
œsogastrique et de l'estomac) avec possibilité de ponts de muqueuse saine.
• L'extension lymphatique est fréquente vers les ganglions péri-œsophagiens, médiastinaux, puis vers la petite
courbure et la région cœliaque vers le bas ou les ganglions sus-claviculaires ou cervicaux vers le haut.
• L'extension par voie hématogène avec métastases à distance (poumon, foie, principalement puis os, cerveau ...).
• Le développement de la tumeur entraîne une altération de l'état général et une dénutrition sévère jusqu'à la
cachexie par dysphagie et évolution tumorale. Des infections médiastinales et pulmonaires et des pneumopathies
d'inhalation sont fréquentes (fausses-routes, fistule œso-trachéale ou bronchique). Des hématémèses sont pos
sibles par rupture d'un gros vaisseau médiastinal.
• Fibroscopie œsogastrique ++
- Patient à jeun, informé, après vérification du bilan d'hémostase, sous anesthésie locale ou générale.
- Visualisation de la tumeur œsophagienne : aspect, étendue sur la circonférence, franchissable ou non (une
tumeur non franchissable par l'endoscope est très souvent de stade:::: T3 selon la classification TNM [voir ci
dessous]).
- TOPOGRAPHIE (distance / arcades dentaires), hauteur de la lésion, distance par rapport à la ligne Z
(=jonction des muqueuses œsophagienne et gastrique).
- Permet la réalisation de biopsies multiples ++ avec examen anatomo-pathologique ++ : type histologique,
grade selon !'OMS, évaluation de l'expression d'HER2 par immunohistochimie (pour les adénocarcinomes de
la jonction œsogastrique métastatiques).
- Cancers superficiels et dépistage en cas de lésions précancéreuses : le diagnostic est parfois difficile (intérêt des
colorations ++ : bleu et Lugo!, colorations virtuelles [NBI = narrow band imaging]).
4. Bilan pré-thérapeutique
C'est une étape primordiale de la prise en charge des cancers œsophagiens, car les modalités du
traitement dépendent de paramètres essentiels que sont le type histologique, l'extension du cancer, l'état
général et nutritionnel et les comorbidités du malade.
Tableau 3. BILAN D'EXTENSION D'UN CANCER DE L'ŒSOPHAGE: INTÉRÊT DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
BILAN LOCAL (extension œsophagienne de la tumeur) :
-Écho-endoscopie œsophagienne
-TDM thoracique
4.1.1. Interrogatoire
• Antécédents et facteurs de risque (RGO, consommation alcool, tabac à quantifier) ...
• Comorbidités connues (ATCD de cancers [ORL, pulmonaire], hépatopathie, diabète, coronaropathie, BPCO ... ).
• Signes fonctionnels (dysphagie, douleur, toux à la déglutition ...).
• Poids, IMC, perte de poids à quantifier.
• Statut de performance OMS.
3 signes cliniques sont évocateurs de tumeurs localement évoluées ou métastatiques non opérables:
• Toux à la déglutition;
• Dysphonie (voie bitonale) par paralysie de la corde vocale gauche (envahissement du récurrent gauche);
• Adénopathie sus-claviculaire gauche (Troisier).
Signes cliniques
Fibroscopie pulmonaire,
endoscopie ORL (naso-fibroscopie +/ - pan-endoscopie)
Écho-endoscopie
PROJET OPÉRATOIRE?
TEP-TOM
4.2.3. TEP-TDM
• Examen non systématique.
• Non indiqué en cas d'extension métastatique évidente au scanner TAP.
• Imagerie morphologique et métabolique après injection de FDG marqué au fluor (TEP-TDM au 18-FDG).
• Participe au bilan d'extension loco-régional (adénopathies médiastinales) et à distance (adénopathies cervicales
et cœliaques, métastases foie, poumon, os ... ).
► 256 0
ÎUMEURS DE L ŒSOPHAGE I UE 9 - ITEM 302
UE9 Item 302
T Tumeur primitive
Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive
To Pas de signe de tumeur primitive
Tis Carcinome in situ/ dysplasie de haut grade
T1 T1a: Tumeur muqueuse envahissant la lamina propria ou la musculaire muqueuse
T1b: Tumeur envahissant la sous-muqueuse
T2 Tumeur envahissant la musculeuse
T3 Tumeur envahissant l'adventice
T4 T4a : Tumeur envahissant la plèvre, le péricarde ou le diaphragme
T4b: Tumeur envahissant les autres structures adjacentes telles que l'aorte, le corps vertébral
ou la trachée
N Adénopathies régionales
Nx Renseignements insuffisants pour classer les adénopathies
No Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
N1 Métastases dans 1-2 ganglions lymphatiques régionaux
N2 Métastases dans 3-6 ganglions lymphatiques régionaux
N3 Métastases dans 7 ou plus ganglions lymphatiques régionaux
M Métastases à distance
Mo Pas de métastase à distance
M1 Présence de métastase(s) à distance
Cardia anatomique
Il
Ill
N'étant pas directement au programme de l'ECN, les différents éléments spécifiques du traitement des cancers
de l'œsophage sont donnés à titre indicatif.
Néanmoins, il nous a paru important de rapporter les grands principes de la prise en charge, les effets secondaires
des traitements et également les modalités des traitements symptomatiques (cf items 248 et 291).
Le traitement des cancers de l'œsophage est multidisciplinaire. li varie en fonction de l'extension, du stade de
la tumeur et également de l'état général du patient.
• Chaque dossier sera discuté en RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire) avant toute prise en charge
thérapeutique :
- Élaboration du PPS : programme personnalisé de soin remis au patient et adressé au médecin traitant.
- Information du malade :
► sur l'histoire naturelle de sa maladie ;
► sur le rapport bénéfice / risque des actes thérapeutiques ainsi que les alternatives possibles ;
► dispositif d'annonce médical et infirmier.
- Une évaluation oncogériatrique sera faite pour tout patient âgé de plus de 70 ans.
► 260 0
ÎUMEURS DE L ŒSOPHAGE I LJE 9 - ITEM 302
:
•, UE 9 Item 302
........ __________
-------------------�[ Chirurgie ]
Radio-chimiothérapie
Chirurgie
néo-adjuvante
2options
- Chimio Chimio
Chirurgie
Plutôt ADK péri-opératoire péri-opératoire
Tumeur localisée
cT3 et/ou N+
Radio-chimiothérapie
exclusive
6.6. Surveillance
• Le cancer de l'œsophage est associé à un fort risque de récidive après traitement à visée curative. Cependant, la
plupart des récidives ne sont pas accessibles à un traitement curatif. Pour cette raison, l'intérêt de la réalisation
d'examens complémentaires systématiques est débattu.
• En plus de la réapparition de symptômes, on s'attachera à vérifier le bon état nutritionnel. Chez les patients pou
vant bénéficier d'un traitement de rattrapage (reprise chirurgicale, radiothérapie), une surveillance endoscopique
(fibroscopie œsogastrique) et par scanner CTAP peut être proposée. Le rythme de surveillance est actuellement
discuté. Un examen clinique et un scanner CTAP seront proposés tous les 4 à 6 mois pendant 2 ans puis tous les
6 mois pendant 3 ans. La FOGD sera réalisée à 2 ans en cas de chirurgie ou tous les 4 mois les 2 premières années
en cas de radio-chimiothérapie exclusive. La surveillance est généralement planifiée pour 5 ans après la fin du
traitement. En cas de cancer épidermoïde, un examen ORL annuel est indiqué.
Il conviendra également de dépister un deuxième cancer métachrone (surtout ORL) chez les patients
atteints de cancer épidermoïde (examen ORL annuel).
· · · · · · · · · · · · · · ·-· ·-----------------------------------------------------------------------------------·· ········-···············- - · - - - - - - - - - - - - - · ···· · · · · · · · · · ·
' '
• Chez ces patients, la prise en charge s'efforcera également de limiter l'exposition aux facteurs de risque, notam
ment par les conseils de prise en charge du tabagisme et de la consommation excessive d'alcool.
► Références
• Estimation nationale de l'incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Partie 1 - Tumeurs solides Œsophage
- M. Robaszkiewicz, S. Bara, G. Launoy.
• G. Lledo, C. Mariette,J.-L. Raoul, L. Dahan, B. Landi,T. Conroy, G. Piessen, D. Tougeron, G. Créhange, V. Lepillez, P. Artru, A. Drouillard, J.-F.
Bosset.« Cancer de l'œsophage ». Thésaurus National de Cancérologie Digestive, 09-2016, [En ligne] http://www.tncd.org
• Recommandations SNFGE : Diagnostic et surveillance de l'endobrachyœsophage, SFED, 2007.
• http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancers-de-l-oesophage/Le-cancer-de-l-oesophage-points-cles
• Cancer de l'œsophage, référentiel de l'INCA et de l'HAS, septembre 2011.
1. Cancer peu fréquent touchant plus particulièrement l'homme, de pronostic péjoratif même
pour les formes localisées.
2. Deux formes cliniques:
- celle liée à l'alcool et au tabac, entraînant l'apparition de carcinome épidermoïde et qui
nécessite la détection des cancers associés (cancers ORL et pulmonaires) ;
- celle liée au RGO qui entraîne une œsophagite chronique, qui se complique parfois d'EBO, qui
se complique parfois d'adénocarcinome ; cette forme ne nécessite pas de détection d'autres
cancers.
3. La circonstance de découverte la plus fréquente est la dysphagie d'allure organique.
4. Le bilan initial comprend systématiquement une endoscopie œsogastrique et un scanner CTAP.
5. Le sevrage alcoolo-tabagique est systématique.
1. Ne pas confondre les 2 formes cliniques qui ont une histologie, un bilan initial et une prise en
charge différents.
2. Les marqueurs tumoraux ne sont pas utiles au diagnostic mais parfois pour le suivi.
3. La prise en charge nutritionnelle est indispensable avant de débuter le traitement étiologique
car ces traitements sont associés à une morbidité et mortalité importantes.
CHAPITRE ►--------------------------------------
Tumeurs de l'ovaire
Pr Christophe Pomel', Pr Pierre Emmanuel Colombo2, Pr Jean-Marc Classe', Pr Florence Joly•
'Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
'Centre Val d'Aurelle, Montpellier
'Institut de Cancérologie de l'Ouest, Nantes
4
Centre François Baclesse, Caen
1. Introduction
2. Facteurs de risque
2.1. Facteurs environnementaux OBJECTIFS iECN
2.2. Facteurs de risque familiaux -+ Tumeurs de l'ovaire
3. Dépistage - Diagnostiquer une tumeur de l'ovaire
4. Présentation clinique
4.1. Symptômes
4.2. Examen clinique
S. Bilan paraclinique
5.1. Imagerie
5.2. Rôle des marqueurs biologiques
6. Diagnostic de certitude
7. Diagnostic différentiel
8. Classification des cancers de l'ovaire et pronostic Mots clés: Oncogénétique - CA 125 - Échographie
8.1. Classification anatomo-clinique - Carcinose péritonéale - Preuve histologique
8.2. Classification histologique
9. Prise en charge
1. Introduction
• Le cancer de l'ovaire est une tumeur rare (avec 4 400 cas/ an en France). C'est le 7' cancer de la femme. L'inci
dence est de 15/100 000 femmes. Une femme sur 70 fera un cancer de l'ovaire. C'est la première cause de décès
par cancer gynécologique en France (3 400 décès annuels) et dans les pays développés.
• Les cancers épithéliaux de l'ovaire (adénocarcinomes, qui représentent plus de 90 % des cancers de l'ovaire) sur
viennent le plus souvent chez la femme ménopausée avec un âge moyen de 65 ans au diagnostic. Cependant, les
tumeurs ovariennes peuvent se voir à tout âge de la vie et même dès l'enfance. Les tumeurs dérivées de la lignée
germinale sont généralement rencontrées chez des femmes jeunes.
• Malgré une diminution de l'incidence de 8 % sur les 10 dernières années et de 1,8 % de mortalité par an, le pro
nostic des tumeurs épithéliales reste sombre avec un taux de survie à 5 ans de 35 %.
• Cette gravité est le fait d'un diagnostic souvent tardif (70 % des cas sont diagnostiqués à un stade avancé) et de
l'absence de symptômes spécifiques précurseurs. Il n'y a pas de possibilité de dépistage efficace dans la population
générale.
• Pourtant, lorsque le diagnostic est précoce (alors que la tumeur épithéliale est limitée aux ovaires), les chances de
guérison sont réelles avec une survie à 5 ans de l'ordre de 90 %.
• Les tumeurs germinales sont de meilleur pronostic que les tumeurs épithéliales et le diagnostic est plus souvent
fait à un stade précoce.
• Il est important devant toute symptomatologie abdominale et/ou pelvienne mal expliquée, de savoir penser au
cancer de l'ovaire et de pratiquer un examen gynécologique approprié complété par une échographie abdo
mino-pelvienne qui est le maître examen du diagnostic de cette affection.
Nulliparité(++) Multiparité(++)
3. Dépistage
• Le dépistage de masse n'est actuellement pas préconisé dans le cancer de l'ovaire.
En effet, les moyens de dépistage disponibles (dosage du CA125 et échographie) ne sont pas assez spécifiques
en regard de la faible prévalence du cancer par rapport aux lésions bénignes de l'ovaire. La généralisation des
échographies conduirait à un trop grand nombre d'explorations chirurgicales inutiles (laparoscopie) pour
parvenir à un diagnostic histologique de certitude.
• Un dépistage est proposé uniquement aux familles à risque lors de la consultation d'oncogénétique, quand une
prédisposition génétique a été détectée chez une femme de la famille atteinte du cancer (ce qui représente 10 à
15 % des cas).
• La recherche de mutation génétique (essentiellement les gènes BRCA 1 et 2) est systématiquement préconisée
dès le diagnostic pour toutes les patientes présentant un cancer de l'ovaire quel que soit leur âge. Elle est réalisée
avec deux objectifs :
- rechercher une prédisposition génétique ce qui permet, en cas de positivité, d'informer, d'étendre la recherche
aux autres membres de la famille et de proposer dans certains cas des chirurgies prophylactiques (ablation
préventive des trompes et des ovaires) ;
--personnaliser le traitement : cette recherche est maintenant recommandée pour les tumeurs épithéliales
de haut grade en raison du développement de nouvelles thérapies (les inhibiteurs de PARP qui ciblent la
réparation de !'ADN en cas de mutation des gènes BRCA). Ces traitements sont indiqués en complément de
la chimiothérapie en première ligne en cas de mutation BRCA ou à la rechute chez des patientes sensibles à la
chimiothérapie par sels de platine.
• La recherche de mutation BRCA: peut se faire dans le sang (recherche constitutionnelle) ou sur la tumeur
(recherche somatique).
À ce jour, dans le but thérapeutique, la recherche se fait de plus en plus sur la tumeur en premier (en cas d'ab
sence de contexte familial). S'il est découvert une mutation tumorale de BRCA, il faut impérativement adresser la
patiente en consultation d'onco-génétique pour évaluer le risque héréditaire.
'
'
...
·' · · ············---------------------------· · · · · · · - · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · - - - · · · · · · · · · · · ·--------------- -----------------------------· - · · - · - - · · · · · · · · - - - - - - - - - ·
4. Présentation clinique
4.1. Symptômes
• Du fait de la situation profonde des ovaires, ces tumeurs peuvent atteindre un volume important avant de
provoquer des symptômes qui sont très variés et ne sont jamais spécifiques. Trois quart des cas sont diagnos
tiqués à un stade avancé de carcinose péritonéale. Un cortège clinique d'ascite, de masse pelvienne fixée et de
nodules palpables au niveau de la paroi abdominale est très évocateur de cancer de l'ovaire.
L'examen clinique à lui seul ne permet pas d'affirmer le caractère malin d'une masse pelvienne
ou annexielle. En revanche, 4 éléments cliniques permettent de fortement l'évoquer:
la présence d'une ascite;
la fixité et la dureté aux touchers pelviens;
des nodules palpables de la paroi abdominale, de l'ombilic ou du cul-de-sac de Douglas;
l'altération de l'état général.
• Cas particuliers:
- En cas de découverte d'une tumeur ovarienne chez une jeune fille ou une jeune femme, il faut penser à la
possibilité d'une tumeur de la lignée germinale et faire pratiquer les dosages des marqueurs biologiques
spécifiques de ces affections (cf 5-3) : a-fœtoprotéine (aFP), hormone gonadotrophine chorionique (HCG);
on peut y associer le dosage de la lacticodeshydrogénase (LDH) et de la Neurone Specific Enolase (NSE).
- Certaines formes rares développées à partir des cordons sexuels peuvent entraîner des troubles endocriniens
(puberté précoce, troubles des règles, imprégnation œstrogénique anormale en postménopause) et il faudra
faire des dosages appropriés des hormones sexuelles qui peuvent avoir un intérêt diagnostique et dans la
surveillance ultérieure (comme l'inhibine Bou l'AN_[H).
► 268 0
ÎUMEURS DE L DVAIRE I LJE 9 - ITEM 303
UE9 Item 303
...........................
5. Bilan paraclinique
5.1. Imagerie
5. 1. 1. Échographie
Devant une masse ovarienne, l'échographie pelvienne est un examen diagnostique clé.
5.1.1.1. Technique
• Elle doit se faire par voie sus-pubienne à vessie pleine et par voie transvaginale à vessie vide. Elle doit être complé
tée par une échographie abdominale. Elle peut éventuellement bénéficier de l'apport de l'écho-doppler couleur.
• Elle permet d'explorer les ovaires et l'utérus, ainsi que la cavité péritonéale, le foie, les reins et dans des circons
tances favorables les chaînes ganglionnaires rétropéritonéales.
5.1.1.2. Résultats
• C'est un examen très sensible; cependant seule l'analyse histologique de la lésion affirmera son caractère bénin
ou malin.
• L'échographie permet le plus souvent de faire le diagnostic de masse annexielle et de caractériser sa structure:
- aspect liquidien pur en faveur de kystes ;
- solide, plus ou moins homogène ;
- mixte, plus ou moins hétérogène.
• Le signe majeur en faveur de la malignité est la présence d'irrégularités des parois interne ou externe de la
masse qui peuvent prendre l'aspect de végétations plus ou moins épaisses et plus ou moins confluentes (Figure 1)
• L'écho-doppler est intéressant pour explorer la vascularisation du kyste, de ses cloisons et/ou de ses végétations:
la néovascularisation qui accompagne les lésions néoplasiques se caractérise par sa richesse (hypervascularisation)
et la vitesse de circulation sanguine (diminution de la résistivité).
Figure 1. Échographie
• Echographie :
- Par voie abdominale et endo-vaginale ++,
avec doppler
5.1.2. IRM
• Lorsque l'échographie est incertaine ou indéterminée, l'IRM est le meilleur examen pour caractériser une
tumeur ovarienne isolée+++ alors que le scanner pelvien seul n'a aucun intérêt (Figure 2):
- le contenu hématique des kystes endométriosiques a un signal assez caractéristique à l'IRM qui permet
d'orienter vers ce diagnostic dans un contexte clinique évocateur;
- les différents temps d'injection permettent avec une forte probabilité d'écarter ou d'affirmer le diagnostic de
malignité;
- on réservera l'IRM pour l'exploration des masses ovariennes isolées; elle n'est pas nécessaire en routine pour
caractériser une masse ovarienne lorsque l'échographie suspecte d'emblée une maladie avancée avec carcinose
péritonéale;
- le kyste dermoïde peut être diagnostiqué grâce au scanner, lequel met facilement en évidence son contenu
graisseux caràctéristique ainsi que la présence de calcifications qui sont visibles dès la radiographie d'abdomen
sans préparation.
Figure 2. Clichés IRM montrant des masses annexielles solides et liquides se réhaussant après injection
Masse solide
Masse liquide
Masse solide
Masse liquide
Masse pelvienne
Nodules de carcinose
Ascite
5. 1.3. Scanner
• Lorsque l'échographie et ou l'IRM sont fortement suspects de malignité, la réalisation d'un scanner thoraco
abdominal est nécessaire pour le bilan d'extension (Figure 3).
• Il permet d'apprécier au mieux l'importance et la distribution de la carcinose péritonéale surtout à l'étage supé
rieur de l'abdomen et d'explorer les chaînes ganglionnaires rétro-péritonéales, pelviennes et lombo-aortiques.
• Les coupes abdominales hautes permettent d'évaluer l'étendue de l'atteinte sus-mésocolique, en particulier au
niveau de l'espace inter-hépato-diaphragmatique.
• Les coupes thoraciques complètent le bilan d'extension à la recherche notamment d'un épanchement pleural,
fréquemment associé dans les stades IV, et/ou de ganglions médiastinaux voire sus-claviculaires.
Nodule
Ascite
Nodules de carcinose
5.1.4. TEP-TDM
• Le TEP-TDM n'a pas d'indication en routine dans le cadre du diagnostic du cancer de l'ovaire. Il peut être utile
dans le suivi, en cas de suspicion de rechute avec un scanner normal et pour faire le bilan d'extension en cas de
récidive (si une chirurgie est envisagée).
• Le CA 125 est plus le témoin d'une irritation de la séreuse péritonéale que de la tumeur de l'ovaire (il peut être
augmenté dans toute circonstance entraînant une irritation des séreuses [Normalité< 35 UI/ml]).
• Le CA 19-9 est plus souvent élevé dans les formes mucineuses.
• D'autres pathologies, malignes ou non, peuvent être à l'origine d'une élévation de ces marqueurs. A l'inverse, leur
sensibilité peut être prise en défaut par certaines tumeurs peu différenciées qui ne secrètent pas de marqueurs.
• Les marqueurs n'ont pas d'intérêt sauf pour le suivi des patientes déjà traitées.
• En pratique, ils sont cependant prescrits de façon systématique en cas de suspicion de malignité ou de malignité
avérée. Dans ce dernier cas, leur décroissance permet de juger en partie de l'efficacité des traitements médicaux
mis en place.
6. Diagnostic de certitude
• Comme pour tout cancer solide, le diagnostic de certitude est histologique.
• Dès que le diagnostic de masse annexielle organique est évoqué, une exploration chirurgicale - au minimum
par cœlioscopie - s'impose pour permettre les biopsies et reconnaître une lésion maligne (Figure 4).
Il est essentiel de savoir qu'il existe une C:ONTRE-INDICATION ABSOLUE à la réalisation d'une biopsie
trans-pariétale ou trans-vaginale d'une masse annexielle suspecte isolée. Elle peut être responsable
d'un risque de dissémination et de propagation ++.
7. Diagnostic différentiel
• Devant une ascite avec suspicion de carcinose péritonéale, il faut éliminer :
- une origine tumorale autre que le cancer de l'ovaire (cancer du côlon, cancer de l'estomac, cancer du sein ...);
- une ascite transsudative (insuffisance cardiaque ou cirrhose hépatique);
- une tuberculose péritonéale (qui peut se présenter sous la forme d'une miliaire);
- le syndrome de Demons-Meigs qui associe un fibrome ovarien, une ascite réactionnelle et un épanchement
pleural.
• Dans certains cas, il est difficile de trancher car l'ovaire peut être le siège de métastases secondaires à:
- un cancer de l'estomac (tumeur de Krükenberg) ou à d'autres cancers digestifs;
- un cancer de l'endomètre.
• Il existe également des carcinoses primitives du péritoine dont l'aspect histologique est identique à celui des carci
nomes séreux ovariens sans que les ovaires soient vraiment tumoraux. Dans ce dernier cas, la conduite thérapeu
tique est la même que pour un cancer primitif ovarien.
[ Tumeurs ovariennes
1 1
Tumeurs des cordons
Tumeurs épithéliales (90 %) Tumeurs germinales sexuels et du stroma
gonadique
1
1
'I 1 1
Tumeurs malignes = - Séminome
Tumeurs bénignes Tumeurs à malignité
adénocarcinomes - Dysembryome
(50 %)
(35 %)
atténuée (15 %) - Choriocarcinome
1 1 1 1 1
Séreux Mucineux Endométrioïde À cellules claires Autres
(46 %) (36 %) (8 %) (3 %) (7 %)
En fonction de la différenciation cellulaire (haut ou bas grade), les adénocarcinomes séreux et endométrioïdes
ont des pronostics différents et le grade cellulaire doit ainsi être rapporté dans tous les comptes rendus
histologiques.
• La lignée germinale peut être à l'origine de séminomes, de dysembryomes plus ou moins matures et de chorio
carcinomes ; ces tumeurs surviennent plus volontiers chez la femme jeune.
• Les tissus de soutien et les thèques sont à l'origine des tumeurs des cordons sexuels et du stroma gonadique
comme les tumeurs de la granulosa, les fibrothécomes ou de tumeurs à cellules de Leydig ou de Sertoli qui sont
souvent responsables d'une sécrétion hormonale anormale.
• Enfin, l'ovaire peut être le siège de tumeurs secondaires, métastases d'autres cancers.
8.2.1.2. Histoire naturelle
• Les carcinomes ovariens sont le plus souvent kystiques ou mixtes. Dès que des cellules néoplasiques apparaissent
à la surface de l'ovaire, elles sont susceptibles de « desquamer » dans la cavité péritonéale qu'elles vont rapi
dement ensemencer au gré des mouvements imprimés à cette cavité par la respiration diaphragmatique. Des
implants tumoraux péritonéaux vont proliférer au niveau de l'épiploon et du péritoine pariétal jusqu'aux coupoles
diaphragmatiques pour constituer une carcinose péritonéale avec ascite (le diagnostic est le plus souvent porté à
ce stade).
• L'extension se fait également par contiguïté sur les organes pelviens adjacents (utérus, rectum ...), par voie lym
phatique (vers les ganglions pelviens, mais également directement vers la région lombo-aortique et les ganglions
sous-rénaux gauches en suivant les pédicules lombo-ovariens ++).
• L'extension hématogène est plus rare et tardive dans l'évolution de la maladie (métastases parenchymateuses du
foie, de la rate, de l'encéphale ...).
Figure 6. Modifications moléculaires en fonction des sous-types histologiques des cancers de l'ovaire
(et caractère pronostique)
Mutations
ARIOT,\
CTNNBl
PTEN
PIKJCA
PPP2RIA Mudneux
Mutations
ARIDIA Mu1a1ion de laprotéine p53
PIK3CA Jns1abîlitê génétique
ZNF217
PPP2R1A Inactivation des gènes BRCA Ill
(mutation ou hypcrméthylationJ
Mutations
KRAS Pronostic en ionctioo du �.ous-t}'IX' hi.-..tologiqU{'
■
■
BRAF M<1uv,1is pronostic si stade- a\.lllC<;
ERBB2
■
PIKJCA Bon pronostic: pour 16 cartinonlG <k· bas gr,1CX'
9. Prise en charge
• La prise en charge est pluridisciplinaire: tous les dossiers avec suspicion d'un cancer de l' ovaire doivent être dis
cutés avant tout acte thérapeutique en réunion pluridisciplinaire incluant des chirurgiens et oncologues médicaux
habitués à la prise en charge de cette pathologie.
• Évaluer l'étendue de la maladie par l'imagerie, l'exploration chirurgicale et faire un diagnostic histologique
de certitude est indispensable pour décider de la prise en charge. L'objectif est d'obtenir autant que possible
une exérèse chirurgicale complète en lui associant, avant ou après la chirurgie, une chimiothérapie à base de
sels de platine.
POINTS CLÉS
1. Cancer épithélial de l'ovaire, le plus fréquent, de mauvais pronostic du fait d'un diagnostic souvent
tardif.
2. La recherche d'une mutation des gènes BRCA est systématique dès le diagnostic dans le but
d'identifier une prédisposition génétique ou à but théranostique pour ajuster le traitement en cas
de mutation. Une consultation d'oncogénétique est impérative devant toute tumeur épithéliale de
haut grade, en cas d'antécédents familiaux ou de découverte de mutation BRCA tumorale et doit être
discutée dans tous les autres cas antécédents.
3. Diagnostic clinique difficile. Échographie abdomino-pelvienne: examen initial pour orienter le
bilan.
4. Les symptômes sont généraux, abdominaux, souvent digestifs, une ascite, mais rarement gynéco
logiques. Il faut y penser devant une symptomatologie abdominale, digestive, une ascite, chez une
femme ménopausée et proposer rapidement une échographie.
S. L'échographie est le premier examen à pratiquer devant une masse ovarienne.
6. Seule une preuve histologique permet le diagnostic.
7. Les classifications anatomo-cliniques, histologiques et cytologiques sont pronostiques, et donc
indispensables dans tous les comptes rendus.
8. Prise en charge pluridisciplinaire spécialisée indispensable comprenant chirurgien, oncologue,
radiologue et anatomo-pathologiste.
S. Les antécédents personnels de cancer du sein avant l'âge de 50 ans ou des antécédents fami
liaux (entre parents au premier degré) de cancer de l'ovaire, du sein, de l'endomètre ou du côlon
font évoquer une prédisposition familiale au cancer de l'ovaire. li faut systématiquement penser
à rechercher une forme héréditaire, au premier plan une mutation BRCA 1 ou BRCA2 constitu
tionnelle qui est présente dans 15 % des cas environ. La mise en évidence d'une mutation BRCA 1
ou BRCA2 constitutionnelle ou tumorale a des conséquences importantes sur la prise en charge
thérapeutique de la patiente.
6. Trois quart des cas sont diagnostiqués à un stade avancé avec carcinose péritonéale.
7. Les signes cliniques ne sont pas spécifiques, mais un cortège clinique d'ascite, de masse pel
vienne fixée et de nodules palpables au niveau de la paroi abdominale sont très évocateurs de
cancer de l'ovaire.
8. L'IRM n'est utile que pour aider à la caractérisation des masses ovariennes isolées.
9. Dans les formes avancées, le diagnostic histologique de certitude est obtenu le plus souvent
par l'examen histologique de biopsies péritonéales réalisées au cours d'une cœlioscopie explo
ratrice. Cette cœlioscopie évalue également l'extension des lésions sur le péritoine et leur résé
cabilité.
1 O. La biopsie trans-pariétale ou trans-vaginale d'une masse annexielle isolée est formellement
contre-indiquée.
CHAPITRE ►--------------------------------------
Tumeurs des os
p rimitives et secondaires
Pr Jean-Yves Blay', Pr François Gouin2, Dr Marie-Hélène Vieillard', Pr Jean-Michel Coindre', Pr Nicolas Penel'
'Centre Léon Bérard, Lyon
'Service Orthopédie, CHU Nantes
•Service de Rhumatologie, CHRU de Lille
•institut Bergonié, Bordeaux
'Centre Oscar Lambret, Lille
OBJECTIF iECN
Mots clés: Sarcomes - Ostéosarcome - Sarcome
➔ Tumeurs des os primitives et secondaires d'Ewing - Chondrosarcome - Tumeurs bénignes -
- Diagnostiquer une tumeur des os primitive Métastases - IRM - TDM - Prédisposition génétique.
et secondaire
• Les cancers osseux primitifs sont rares et rassemblent des types histologiques différents. Leur incidence est
< 0,7/100 000/an. Les tumeurs osseuses primitives bénignes sont plus fréquentes et hétérogènes. Elles peuvent
rarement se transformer en tumeurs malignes.
• Les tumeurs bénignes ou malignes des os affectent le plus souvent des enfants ou des adolescents et adultes jeunes,
mais peuvent cependant survenir à tout âge.
• Les facteurs de risque des cancers osseux primitifs sont: une prédisposition génétique (mutation germinale de Rb,
p53), une radiothérapie antérieure (cancer en territoire irradié), une tumeur bénigne préexistante, isolée ou dans
le cadre d'un syndrome (maladie des exostoses multiples, maladie d'Ollier).
• Les facteurs de risque de développer des métastases osseuses dépendent de la tumeur primitive.
• Pour les cancers osseux primitifs ou pour les tumeurs bénignes primitives des os, l'obtention du type anatomo
pathologique précis est indispensable au choix du traitement.
• Le diagnostic d'une tumeur osseuse est une des étapes clé de la prise en charge, et doit être réalisé par une équipe
entrainée. L'Institut National du Cancer a labellisé des centres de référence pour la prise en charge clinique des
sarcomes, pour la relecture anatomo-pathologique des sarcomes, et pour la prise en charge des sarcomes osseux
(réseaux NETSARC, RREPS et RESOS). La prise en charge doit se faire dans les centres de ces réseaux.
• La prise en charge diagnostique comprend l'examen clinique, un bilan d'imagerie adaptée, une biopsie par une
équipe entraînée. Une procédure diagnostique inadéquate peut conduire à une réduction importante des chances
de guérison, ou imposer une chirurgie mutilante.
UE 9 - ITEM 304 1 TUMEURS DES OS PRIMITIVES ET SECONDAIRES 281 ◄
• 90 % des tumeurs osseuses primitives sont localisées au diagnostic, et le plus souvent curables. La stratégie à visée
curatrice repose essentiellement sur une chirurgie large, associée selon le diagnostic anatomo-pathologique à une
chimiothérapie et plus rarement à une radiothérapie.
• Environ 50 % des tumeurs osseuses primitives malignes présenteront une rechute métastatique. Les chances de
guérison sont alors voisines de 10 à 20 %.
• Les tumeurs osseuses primitives bénignes requièrent le plus souvent un traitement chirurgical exclusif ; elles
peuvent être dans certains cas simplement surveillées.
• Les os sont également un site privilégié pour la dissémination métastatique de nombreux cancers. Les straté
gies diagnostiques et thérapeutiques dépendent du tableau clinique et de la localisation du cancer primitif. Les
tumeurs osseuses secondaires (ou métastases osseuses) sont fréquentes, notamment pour les cancers bronchiques,
du sein, de la prostate, du rein ... Les métastases osseuses surviennent le plus souvent après 50 ans avec une épi
démiologie qui est celle de la tumeur primitive.
1. Épidémiologie
1. 1. Épidémiologie descriptive
1.1.1. Épidémiologie des cancers osseux primitifs
• Les cancers primitifs des os sont très majoritairement des sarcomes, cancers du tissu conjonctif. Il s'agit beau
coup plus rarement de localisation osseuse de lymphomes. Le myélome multiple est une maladie de la moelle
osseuse. Myélomes et lymphomes font l'objet d'une question spécifique et ne sont pas traités ici.
• Les sarcomes osseux sont rares: 500 nouveaux cas par an en France, dont la majorité survient dans l'enfance
(Figure 1). Cependant, des sarcomes osseux peuvent être diagnostiqués à tout âge.
• On rencontre plus de 10 types anatomo-pathologiques de sarcomes osseux. Les plus fréquents sont les ostéo
sarcomes (appelés également sarcomes ostéogéniques), les sarcomes d'Ewing, et les chondrosarcomes.
• On observe une prédominance masculine avec un sexe-ratio voisin de 1,5.
• Les ostéosarcomes et les sarcomes d'Ewing ont deux pics d'incidence : vers 14 ans puis vers 60 ans pour les
ostéosarcomes; vers 16 ans puis vers 50 ans pour les sarcomes d'Ewing. En revanche, les chondrosarcomes ont un
pic d'incidence plus tardif, vers 50 ans (Figure 2).
• Les autres tumeurs osseuses primitives surviennent souvent à des âges spécifiques de la vie, volontiers chez les
enfants et les adultes jeunes (tumeurs à cellules géantes,« ostéoclastomes » chez les adultes jeunes par exemple).
• Les patients affectés par les très rares syndromes de tumeurs osseuses multiples (syndrome des exostoses mul
tiples, syndrome des enchondromes multiples), présentent des tumeurs osseuses bénignes dans plusieurs os dès
l'enfance, avec une évolutivité variable en fonction des syndromes. Ces tumeurs bénignes peuvent se transformer
en sarcomes; il s'agit le plus souvent alors de chondrosarcomes.
20,0
18,0
0
0
0 16,0
....
0 - Ensemble des sarcomes
0
14,0 -- Sarcomes des tissus mous
Cl)
12,0 _,._ Sarcomes viscéraux
Cl)
10,0 -- Sarcomes osseux
•Cl) 8,0
Cl)
"O
6,0 Total
>< 4,0 STM
2,0
0,0
0-9 10-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80-89 90+
Age
0
0,7 -+- Ewing / 100,000
0
... 0,5
0
0
0,6
Il>
0,4
ï3
,!: 0,3
)( 0,2
0,1
0,0
0-9 10-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80-89 90+
Age
2.2. Ostéosarcome
• Les ostéosarcomes sont des sarcomes osseux qui produisent une matrice ostéoïde anormale (Figure 3).
• L'ostéosarcome peut affecter tous les os mais survient principalement sur les os longs, au niveau de la méta
physe. Chez l'adolescent, il survient le plus souvent,« près du genou et loin du coude», sur l'extrémité inférieure
du fémur, l'extrémité supérieure du tibia, l'extrémité supérieure de l'humérus. Les ostéosarcomes peuvent cepen
dant affecter tous les os longs et tous les os plats.
• Les ostéosarcomes sont le plus souvent (90 %) des cancers de haut grade histologique, avec un risque métas
tatique élevé en l'absence de traitement par chimiothérapie (80 % de risque de rechute métastatique sans chimio
thérapie).
• 10 % des ostéosarcomes sont de bas grade histologique. Leur risque de rechute métastatique est limité (les ostéo
sarcomes de bas grade sont traités habituellement par chirurgie seule).
• Le traitement classique des ostéosarcomes de haut grade comporte plusieurs cures de chimiothérapie néo
adjuvante avant l'intervention chirurgicale: l'examen histologique effectué sur la pièce de résection de la tumeur
permet de déterminer le pourcentage de cellules tumorales résiduelles viables après chimiothérapie, ce qui est un
facteur pronostique majeur.
• Sur le plan moléculaire, les ostéosarcomes présentent fréquemment des mutations de p53 et/ou Rb, ainsi que de
multiples anomalies génomiques encore mal comprises.
• Le sarcome d'Ewing peut affecter tous les os mais survient plus souvent que l'ostéosarcome sur les os plats,
bassin, vertèbre, omoplate. Sur les os longs, il peut avoir une topographie diaphysaire ou métaphysaire. Le sar
come d'Ewing peut affecter cependant tous les os longs et tous les os plats.
• 30 % des sarcomes d'Ewing surviennent dans les parties molles ou dans les viscères. Leur examen histologique
et leur traitement sont les mêmes quel que soit la topographie de la tumeur primitive.
• Les sarcomes d'Ewing sont toujours des cancers de haut grade histologique, avec un risque métastatique élevé
en l'absence de traitement par chimiothérapie (80 % de risque de rechute métastatique sans chimiothérapie).
• Sur le plan moléculaire, les sarcomes d'Ewing présentent une translocation spécifique caractéristique, qui est
un outil diagnostique. Cette translocation (11, 22) juxtapose le gène EWS et un gène appelé Flil, donnant lieu
à un gène codant pour un facteur de transcription anormal. Cette anomalie génomique est caractéristique et est
utilisée à visée diagnostique (FISH ou PCR). De nombreuses translocations variantes sont décrites: certaines sont
associées à un pronostic différent.
• Le traitement classique des sarcomes d'Ewing, comme pour les ostéosarcomes, comporte plusieurs cures de
chimiothérapie néo-adjuvante avant l'intervention chirurgicale : l'examen histologique effectué sur la pièce de
résection de la tumeur permet de déterminer le pourcentage de cellules tumorales résiduelles après chimiothéra
pie, ce qui est un facteur pronostique majeur. C'est une tumeur sensible à la radiothérapie qui peut, dans certains
cas, être proposée.
2.4. Chondrosarcome
• Les chondrosarcomes sont des sarcomes osseux qui produisent une matrice cartilagineuse anormale (Figure 5).
• Le chondrosarcome peut affecter tous les os mais survient principalement sur les os plats (bassin, vertèbres,
omoplates, l'extrémité supérieure du fémur et de l'humérus).
• Les chondrosarcomes sont beaucoup plus hétérogènes que les ostéosarcomes : on distingue les chondrosar
comes de grade 1, 2, et 3, et des formes rares (dédifférenciés, mésenchymateux, myxoïdes). Leurs pronostics
respectifs sont totalement différents.
• Ils peuvent survenir sur une tumeur bénigne pré-existante : maladie exostosante (ou exostoses multiples),
enchondromes multiples (ou maladie d'Ollier) sont les plus fréquentes.
• Les chondrosarcomes sont le plus souvent (70 %) des cancers de bas grade histopronostique avec un risque
métastatique très faible.L'examen histologique permet parfois difficilement de les distinguer d'un enchondrome,
tumeur bénigne dont la topographie est similaire.
• Le diagnostic des chondrosarcomes de grade 1 repose sur des critères histologiques, mais aussi cliniques (dou
leurs) et radiologiques (érosions corticales). Douleurs et érosions corticales les distinguent des tumeurs cartilagi
neuses bénignes.
• Très rarement les chondrosarcomes surviennent en dehors des os, dans les tissus mous ou les viscères.
• Sur le plan moléculaire, les chondrosarcomes présentent des mutations très différentes selon les sous types his
tologiques et le grade (mutations IDHl et 2, p53, translocations ...).
• Sur le plan thérapeutique ces tumeurs sont peu ou pas sensibles à la chimiothérapie et à la radiothérapie. Leur
traitement repose donc essentiellement sur la chirurgie.
• L'anamnèse identifie l'absence d'antécédent de cancer (un antécédent de cancer n'exclut pas une tumeur pri-
mitive osseuse).
• Le tableau clinique évocateur doit conduire à un bilan sans délai.
• L'examen radiologique simple doit être le premier examen.
• Il est recommandé de rechercher d'éventuels documents radiologiques antérieurs.
• La biopsie ne doit être entreprise qu'après avis d'une RCP spécialisée dans les tumeurs osseuses et des parties
molles.
3. 1. Circonstances de découverte
3.1.1. Signes et symptômes en rapport avec l'extension locale et régionale
• Augmentation de volume d'une pièce osseuse ou d'une articulation sans facteur traumatique déclenchant :
ne pas se laisser piéger par un traumatisme minime présenté comme causal par le patient ou sa famille et qui est
en fait révélateur.
• Douleur, souvent de caractère inflammatoire, parfois résistante aux antalgiques.
• Impotence fonctionnelle, boiterie.
Noter la topographie métaphysaire, l'ostéolyse mal limitée, la rupture corticale, et l'envahissement des parties
molles adjacentes (6 a et 6 b) ainsi que l'image en feu d'herbe qui correspond à un tissu ostéoïde tumoral dans les
parties molles (6 b), bien visible sur la pièce de résection (6 c).
L'aspect radiologique est ici caractéristique avec épaississement cortical et élargissement du canal médullaire, appo
sitions périostées (dépôts de couches parallèles au cortex: aspect en bulbe d'oignon).
• Aucun dosage de marqueur tumoral n'est indiqué pour le diagnostic (ou l'évaluation pronostique). Les hyper
calcémies sont exceptionnelles en cas de tumeur osseuse primitive (contrairement aux métastases osseuses).
• Une NFS et CRP peuvent être pratiquées s'il existe un doute avec une ostéite ou une ostéomyélite, diagnostic
différentiel des tumeurs osseuses primitives.
• Il sera complété après réception de l'examen histologique en fonction de la nature de la maladie.
• Les prélèvements histologiques doivent être fixés dans le formol. Une partie peut être congelée pour analyse
moléculaire.
S. Bilan pré-thérapeutique
BILAN GÉNÉRAL
-Indice d'activité (grade OMS)
-Statut de croissance (maturité squelettique)
- Quantifier amaigrissement et dénutrition
- Bilan cardio-vasculaire, avec mesure de la fraction d'éjection ventriculaire gauche, (les anthracyclines sont
utilisées pour le traitement des sarcomes d'Ewing et des ostéosarcomes de haut grade)
-Sérologies VIH, hépatites B et Cet syphilis et cryoconservation de sperme
Examen radiologique, biopsie première, et analyse du dossier en RCP avant biopsie si possible sont
les éléments clés de la prise en charge des cancers primitifs des os.
CHAPITRE
►�T_u_m_e_u _rs_d_ u_p_a _n_c_re_' _a s______
Pr Thierry Conroy', Pr Jean-Marc Régimbeau2, Pr Michel Ducreux•
'Département d'Oncologie médicale, Institut de Cancérologie de Lorraine, Vandœuvre-lès-Nancy
'Département de Chirurgie digestive, CHU d'Amiens
'Département de Médecine Oncologique, Institut Gustave-Roussy, Villejuif
• Le terme « tumeurs du pancréas» comprend les tumeurs bénignes ou malignes, solides ou kystiques, développées
à partir du tissu exocrine ou endocrine.
• Les tumeurs neuro-endocrines (TNE) sont le plus souvent bénignes et hautement curables.
• Parmi les cancers, 2 groupes bien distincts sont définis: les TNE malignes (2-4 %) et les tumeurs issues du pan
créas exocrine (95 %), dominées par l'adénocarcinome canalaire.
1.1.2. En France
• 6' cancer le plus fréquent; 4' cause de décès par cancer chez la femme et 5' chez l'homme (données 2012, pas de
données fiables de mortalité depuis).
• Estimation 2017: 14 200 nouveaux cas.
• Incidence:+ 3 % par an depuis 1980 (Figure 1), + 250 % entre 1980 et 2012.
• Âge médian au diagnostic: 71 ans.
• Sexe-ratio de 1,37 en France en 2017 (prédominence masculine).
• Survie nette à 5 ans: 7 à 8 % pour la période 2005-2010 (INVS).
Incidence
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N
20 30 40 50 60 70 Bo 90
Âge en 2012
• Tabagisme: i re cause du cancer du pancréas (qui explique 20 % des cas), avec un risque relatif (RR) de 1,74 pour
le fumeur et de 1,20 pour les anciens fumeurs.
• Obésité: un BMI > 30 kg/m2 est associé à un RR de 1,72.
• Pancréatite chronique : le risque de transformation néoplasique augmente avec la durée de la pancréatite (RR
14,4). Le risque est encore plus élevé en cas de pancréatite chronique héréditaire et est potentialisé par le tabac.
• Diabète de type 2: RR 1,12. Le diabète de type 1 n'est pas un facteur de risque.
• Hépatite B: facteur de risque possible, à confirmer.
• Facteurs alimentaires et alcool: pas de rôle démontré hors obésité et pancréatite chronique.
• Facteurs protecteurs: activité physique, groupe sanguin 0, antécédents personnels allergiques.
• Formes à prédisposition familiale: environ 10 %. Mutations constitutionnelles prédisposantes:
- gène BRCA2 (plus rarement BRCAl) associé au cancer du sein et de l'ovaire;
- mésappariement des gènes de réparation de !'ADN (syndrome de Lynch);
- gène CDKN2a (mélanome malin familial syndrome FAMMM);
- gène de l'ataxie télangiectasie;
- gène STKll (syndrome de Peutz-Jeghers);
- gènes PRSSl ou PRSS2, SPINKl et pancréatites chroniques héréditaires.
1.3. Cancérogenèse
• Les précurseurs reconnus du cancer du pancréas sont :
- les néoplasies intra-épithéliales pancréatiques (PanINs), progressant d'un bas grade PanINl à un haut grade
PanIN3;
- les tumeurs intra-canalaires papillaires et mucineuses du pancréas (TIPMP);
- et les tumeurs mucineuses kystiques.
• Ces lésions sont susceptibles de progresser vers un cancer invasif, suite à l'accumulation de mutations dans les
gènes KRAS (> 90 % des cas), TP53, p16/CDKN2a et SMAD4. Les classifications moléculaires proposant des sous
types de cancer du pancréas restent à valider.
1.5.1. Symptômes
• Le diagnostic est le plus souvent tardif; la symptomatologie diffère selon le siège de la tumeur.
• Douleur:
- signe révélateur le plus fréquent (70-75 %);
- souvent de type solaire, transfixiante, insomniante et favorisée par le décubitus (tumeur du corps);
- elle témoigne d'un envahissement des plexus nerveux cœliaques;
- elle peut se projeter sous les côtes et parfois uniquement dans le dos (certains patients consultent d'abord un
rhumatologue).
• Ictère:
- présent au diagnostic une fois sur deux; il révèle la plupart des tumeurs de la tête;
- «nu», sans fièvre, ni colique hépatique (diagnostic différentiel avec la lithiase biliaire);
- cholestatique, avec urines foncées et selles décolorées, puis prurit et lésions de grattage;
- lentement progressif, il évolue sans rémission;
- il peut évoluer vers une angiocholite (fièvre, frissons, septicémie).
• Altération de l'état général: anorexie, fatigue, amaigrissement souvent rapide et important. L'origine est multi
factorielle : anorexie, douleurs, ictère, production de cytokines, diabète et stéatorrhée. Un '-- avis nutritionnel ou
diététique doit être demandé.
• Autres symptômes:
- phlébites migratrices et récidivantes et embolies pulmonaires;
- vomissements, en particulier par sténose duodénale. Obstruction digestive haute parfois révélatrice;
- pancréatite aiguë révélatrice (1-5 % des cas);
- diarrhée avec ou sans stéatorrhée;
- syndrome dépressif ou anxiété fréquemment associés. Prise en charge adaptée à prévoir;
- douleurs, occlusion révélatrices de métastases (foie, péritoine ...);
- par hasard à l'occasion d'un examen d'imagerie, ou lors de la surveillance d'une lésion kystique du pancréas.
1.6.1. Biologie
1.6.1.1. Marqueurs tumoraux
• Il n'existe pas de marqueur tumoral permettant le dépistage ou le diagnostic.
• CA 19-9: valeur pronostique
- sialoglycoprotéine onco-fœtale, c'est un déterminant antigénique du groupe sanguin Lewis a.
3 à 7 % de la population est Lewis a- b- et ne peut synthétiser le CA 19-9 (qui est alors toujours négatif);
- valeur normale< 37 U/ml;
- sensibilité 81 % ;
- spécificité de 80-90 % pour la valeur seuil de 37 U/ml et faible valeur prédictive positive; il existe de nombreux
faux positifs:
► autres adénocarcinomes (voies biliaires, estomac, côlon-rectum et mucineux de l'ovaire);
► hémochromatose, diabète, pancréatites, mucoviscidose (généralement< 100 U/ml);
► cholestase y compris bénigne (hépatite, lithiase biliaire, cirrhose). Le dosage doit donc être répété après
résolution d'une hyp erbilirubinémie.
- un taux élevé de CA 19-9 a une valeur pronostique défavorable. Il n'y a pas de consensus sur une valeur seuil
qui exclurait une exérèse chirurgicale, bien qu'une valeur élevée (> 400 U/mL ?) soit prédictive d'évolution
métastatique précoce. Il est corrélé à la masse tumorale en cas de maladie métastatique.
Une dénutrition sévère est définie par une perte de poids supérieure à 15 % du poids de référence en 6 mois ou
supérieure à 10 % en un mois ou, sur le plan biologique, par un taux d'albuminémie inférieur à 25 g/1 ou de préal
bumine inférieur à 50 mg/1. En cas d'ictère avec dénutrition, il faut réaliser un drainage biliaire pré-opératoire et une
renutrition avant la chirurgie.
1.6.2. Imagerie
1.6.2.1. L'échographie abdominale
• Examen d'imagerie de 1 re intention, elle est opérateur dépendant, et donc non recommandée isolément.
• Sensibilité: 55 à 90 %. Ininterprétable dans 20 % des cas (obésité, interposition digestive). Sa normalité n'exclut
pas le diagnostic de cancer du pancréas.
• Signes échographiques de cancer:
- tumeur = formation hypoéchogène, à contours flous, déformant ou non les contours de la glande, rarement
avec partie kystique;
- signes indirects: dilatation de l'ensemble des voies biliaires intra et extra-hépatiques, grosse vésicule (une fois
sur deux), dilatation du canal de Wirsung > 2 mm, adénopathies, ascite, métastases hépatiques, thrombose
portale.
• Principales limites de l'échographie:
- tumeurs < 2 cm;
- tumeurs de la queue;
- lésions diffuses à tout le pancréas.
1.6.2.2. TDM TAP
Le scanner TAP (avec protocole pancréas) est l'examen indispensable pour le diagnostic et le bilan d'extension.
• Objectifs :
- évoquer le diagnostic de cancer du pancréas;
- effectuer le bilan d'extension à distance et le bilan loco-régional pour évaluer la résécabilité R0.
1.6.2.3. Echo-endoscopie
• Examen de 2 e ou 3 e intention, opérateur-dépendant, et nécessitant une sédation.
• Impossible en cas de sténose digestive infranchissable ou d'antécédent de gastrectomie partielle.
• Sensibilité: 72 %.
• Spécificité: 90 % pour les tumeurs T 1-T2 ; c'est le meilleur examen pour les tumeurs< 2 cm et pour le diagnostic
d'envahissement ganglionnaire.
• Elle aide à préciser l'envahissement vasculaire si le scanner est douteux.
• Surtout utilisée pour obtenir une preuve cytologique ou histologique par cytoponction transgastrique ou trans
duodénale d'une tumeur non-résécable.
Tt Tumeurs 2 cm
T1a Tumeurs 0,5 cm
T1b Tumeur> 0,5 cm et< 1 cm
Tic Tumeur> 1 cm ets 2 cm
Î2 Tumeur> 2 cm et,; 4 cm
T3 Tumeur> 4 cm
N -Adénopathies régionales
No Pas de métastase ganglionnaire régionale
M - Métastases à distance
Mo Pas de métastase à distance
1.9. Anatomo-pathologie
• Aspect macroscopique :
- Nodule mal limité, induré, scléreux, pouvant déformer les contours de la glande.
- Le pancréas d'amont peut être le siège d'une pancréatite ou de lésions de type PanIN.
• Aspect microscopique :
- Adénocarcinome canalaire ou ductal (90 % des cas). Les cellules tumorales expriment les cytokératines 7 et
19, mais la cytokératine 20 est négative. Des emboles périnerveux et/ou un abondant stroma desmoplastique
sont caractéristiques.
- Un grade histologique est établi selon la différenciation glandulaire, la production de mucus, l'index mitotique
et les atypies nucléaires. Il a une valeur pronostique.
- Carcinomes neuro-endocrines (1-2 %), développés à partir des îlots de Langerhans.
• Situation au diagnostic :
10 à 15 % de tumeurs d'emblée résécables.
Environ 5 % de tumeurs à la limite de la résécabilité, nécessitant un traitement d'induction pour éviter
une résection incomplète (R1).
Environ 30 % de tumeurs« localement avancées» en raison d'un envahissement vasculaire rendant la
tumeur non résécable, du moins sans traitement d'induction.
50 % de maladies d'emblée métastatiques.
2.1. Épidémiologie
• Tumeurs rares: 0,32/100 000 habitants.
• 2-4 % des tumeurs du pancréas.
• Elles surviennent plutôt entre 30 et 60 ans.
• Elles sont associées dans 10-20 % des cas à des syndromes de prédisposition familiale tels que les néoplasies endo
criniennes multiples de type 1 (NEM 1, pouvant associer TNE hypophysaires, parathyroïdiennes, duodénales,
pancréatiques, bronchiques, thymiques, gastriques, et cortico-surrénaliennes), la maladie de von Hippel-Lindau
et plus rarement la sclérose tubéreuse de Bourneville. Leur potentiel évolutif est très hautement variable.
• Certaines sécrétions tumorales (insuline, gastrine) peuvent mettre la vie en danger.
2.2. Diagnostic
• À l'exception de l'insulinome 1 (risque métastatique de 10 %), les TNE du pancréas sont malignes dans plus de
60 % des cas.
• Les TNE regroupent des entités très différentes par leur agressivité (niveau de différenciation, grade tumoral),
l'extension locale ou métastatique et les symptômes.
• On distingue des tumeurs dites fonctionnelles (25 %) s'il existe des symptômes liés à la sécrétion tumorale et« non
fonctionnelles» (75 %) en leur absence, même si la tumeur est sécrétante.
• Diagnostic tardif:
- Interrogatoire et recueil des antécédents familiaux;
- Symptômes peu spécifiques : amaigrissement, douleur abdominale, ictère;
- Découverte fortuite, parfois à l'occasion de symptômes spécifiques liés à la production d'une hormone (par
exemple, hyp oglycémie dans le cas d'un insulinome);
- À l'occasion du bilan d'une forme familiale.
2.3.1. Marqueurs
2.3.1.1. Dosages systématiques
• Chromogranine A (CGA):
- Seul marqueur biologique utile au suivi du traitement;
- C'est une glycoprotéine de la membrane des granules de sécrétion des cellules endocrines;
� Sensibilité: 55 % - 80 %;
- Spécificité de 95 % pour une valeur normale autour de 85 U/L;
- Nombreux faux positifs : insuffisance cardiaque ou rénale chronique, stress majeurs, NEM 1, syndrome de
Cushing, traitement par IPP ou par analogues de la somatostatine. La cause la plus fréquente de faux positif est
l'hypergastrinémie: une élévation de CGA n'est interprétable que si la gastrinémie est normale;
• Gastrine pour interpréter le résultat de la CGA ou en cas de suspicion de gastrinome;
• Calcémie ionisée et parathormone basale à la recherche d'une hyperparathyroïdie.
2.3.1.2. Autres marqueurs
• La NSE (Neurone Speci.fic Enolase) peut être dosée en cas de tumeur peu différenciée.
• Il n'y a pas d'intérêt à doser tous les marqueurs en l'absence de symptôme spécifique:
- Proinsuline et peptide C en cas d'hyp oglycémie;
- VIP en cas de diarrhée profuse;
- Glucagon si érythème nécrolytique migrant, etc.
2.3.2. L'imagerie
• Elle repose sur :
- Le scanner TAP, examen de référence, recherche le caractère vascularisé de la tumeur (temps artériel précoce et
temps portal). Certaines tumeurs bien différenciées et très vascularisées ne sont visibles qu'à la phase artérielle
de l'injection.
- IRM hépatique : elle est plus sensible que la TDM pour diagnostiquer et cartographier des métastases
hépatiques.
- TEP au fluorodéoxyglucose:
► intérêt surtout pour les carcinomes de haut grade ou si Ki67 > 10 %;
► aucun intérêt dans les tumeurs bien différenciées.
- TEP des récepteurs de la somatostatine (TEP DOTATOC Gallium) :
► Examen de référence pour les TNE pancréatiques bien différenciées;
► Sensibilité proche de 100 %.
- La tomographie par émission de positons à la 18 F-DOPA n'a pas d'intérêt en raison de la fixation physiologique
du pancréas. La scintigraphie au pentétréotide, un analogue de la somatostatine marqué à l'indium 111
(OctréoScan), n'est plus utilisée que pour connaître l'intensité de fixation permettant de recommander ou non
un traitement par radiothérapie métabolique.
- L'écho-endoscopie est l'examen le plus sensible pour les tumeurs de petite taille (insulinomes, gastrinomes) et
permet la réalisation de ponction-biopsie en cas de doute diagnostique. Elle est réalisée systématiquement en
cas de gastrinome, pour explorer la paroi duodénale et la tête du pancréas.
- La gastroscopie avec examen du duodénum et réalisation de biopsies fundiques (hyp erplasie des cellules ECL
et TNE fundiques) est demandée en cas de suspicion de gastrinome.
- Éventuellement repérage écho-guidé per-opératoire.
• Résultats :
- Tumeur solide bien délimitée, mais sans capsule;
- Absence de dilatation du canal pancréatique;
- Multiplicité possible (60 % des gastrinomes, moins de 10 % des insulinomes);
- Hypervascularisation;
- Malignité radiologiquement difficile à apprécier; la probabilité augmente si taille > 2 cm.
G2 2 · 20 3- 20
G3 > 20 > 20
2.5. Anatomo-pathologie
• La localisation des TNE du pancréas est pancréatique sauf pour:
- l'insulinome: extra-pancréatique dans 2 % des cas;
- le gastrinome: 45 % des cas intrapancréatique, 45 % dans paroi duodénale et 10 % ailleurs.
• Microscopie : diagnostic morphologique:
- cellules néoplasiques avec des caractéristiques structurales, phénotypiques et fonctionnelles rappelant les
cellules endocrines normales;
- disposition en îlots entourés de fins capillaires;
- le degré de différenciation doit être évalué car il a une valeur pronostique: bien différencié (80 %) versus peu
différencié (20 %).
• L'immunohistochimie est essentielle au diagnostic de certitude:
- positivité nécessaire de 2/3 marqueurs: CGA, synaptophysine, ou NCAM (CD56);
- des marqueurs spécifiques peuvent être recherchés, selon le contexte clinique ou le type de sécrétion: insuline,
gastrine, VIP, glucagon, etc.
• Évaluation de l'agressivité tumorale par l'index mitotique (nombre de mitoses/ 10champs à fort grossissement)
et l'index de prolifération (Ki-67 labelling index).
• La classification OMS sépare :
- les TNE bien différenciées grade 1 ;
- les TNE bien différenciées grade 2 ;
- les TNE bien différenciées grade 3;
- les carcinomes neuro-endocrines peu différenciés grade 3.
2.6.1. Symptômes
• Le plus souvent, il est révélé par une hypoglycémie, qui peut engager le pronostic vital et s'accompagner de mani
festations neuropsychiatriques trompeuses. Le diagnostic est généralement tardif, car les signes de l'hypoglycémie
chez l'adulte non diabétique sont polymorphes et peu typiques.
2.6.4. Biologie
• Glycémie: hyp oglycémie à jeun ou au moment d'un malaise.
• Insulinémie généralement élevée.
• Pro-insuline: taux élevé> 5 pmol/L lors d'une hypoglycémie.
• Dosage du peptide-C : il oriente vers un insulinome si taux > 0,6 ng/ml au moment d'une hypoglycémie. Ce
dosage permet le diagnostic différentiel avec des auto-injections d'insuline (en ce cas, le peptide-C a des taux bas
alors que l'insulinémie est élevée).
• L'épreuve de jeûne de 72 h est à réaliser en milieu hospitalier sous surveillance médicale stricte. Réalisation d'une
insulinémie, du dosage du peptide-C et de la pro-insuline lors d'un malaise avec hyp oglycémie. Une hypoglycémie
associée à une insulinémie et un peptide-C augmentés ou non freinés sont en faveur d'un insulinome.
• Recherche d'une NEM 1: voir chapitre TNE.
2.6.6. Anatomo-pathologie
• Le plus souvent de petite taille< 15 mm, unique et bénin. L'insulinome peut être extra-pancréatique dans 2 % des
cas (pancréas aberrant, duodénum, antre, hile de la rate).
• Immunohistochimie : marquage de la tumeur par CGA, synaptophysine, insuline, pro-insuline. Il faut évaluer
l'index mitotique et l'indice de prolifération Ki67 comme pour les autres TNE.
3.1. Généralités
• Les lésions kystiques du pancréas sont pour 90 % d'entre elles des pseudo-kystes pancréatiques compliquant des
pancréatites aiguës ou chroniques.
• Les tumeurs kystiques du pancréas représentent les 10 % restants et 5 % des tumeurs du pancréas.
• La découverte fortuite de lésions kystiques pancréatiques est de plus en plus fréquente.
• Prévalence:
- 2,4 % ;
- elle augmente avec l'âge: 10 % après 70 ans.
• Pour le malade, c'est une situation stressante, marquée par un risque de multiplication d'examens.
Figure 6. Kyste mucineux non dégénéré du corps (TDM injecté; IRM en coupe coronale etT2 FS;
échoendoscopie): lésion unique, parois fines, sans cloisons ni bourgeon endokystique (flèches)
3.3.3. TIPMP
• Il survient vers 65 ans et touche les 2 sexes.
• Ce sont des lésions fréquentes, survenant jusqu'à 2 % des adultes et plus de 10 % des personnes:::: 70 ans.
• 50 % des TIPMP sont de découverte fortuite lors d'une imagerie et moins d'un tiers sont révélés par une pancréa
tite aiguë. Révélation possible par des douleurs solaires, une stéatorrhée, un diabète, voire des signes cliniques de
tumeur maligne.
3.3.3.1. Imagerie
Scannographie avec injection de produit de contraste, IRM et écho-endoscopie, ponction peu contributive.
• Objectifs : mettre en évidence:
- la communication entre le kyste et un canal pancréatique; '
- la présence ou non de bourgeons ( = cancer);
- le caractère multiple ou multifocal de l'atteinte canalaire: caractéristique, surtout au niveau du crochet et de la
queue du pancréas;
- des calcifications, présentes dans 10 à 15 % des cas.
• Résultats d'imagerie :
- Atteinte du canal pancréatique principal (Figure 7) :
► dilatation du canal de Wirsung > 3 mm, pathognomonique si > 15 mm, augmentant vers la papille
(accumulation du mucus dans le sens du flux);
► sans image de sténose;
► atteinte diffuse ou segmentaire;
► atrophie parenchymateuse dans 1/3 des cas.
- Au total:
► atteinte isolée du canal principal rare ;
► atteinte des canaux secondaires : 30 % des cas ;
► atteintes du canal principal et des canaux secondaires : > 2/3 des cas.
• L'endoscopie visualise une béance papillaire avec écoulement pathognomonique de mucus.
• L'écho-endoscopie confirme la communication entre les canaux secondaires ectasiques et le canal de Wirsung.
Elle recherche des nodules muraux (dégénérescence) et fait le diagnostic différentiel avec des bouchons de mucus.
3.3.3.2. Diagnostic différentiel
• En cas d'atteinte du canal principal, le diagnostic différentiel en imagerie se fait avec l'adénocarcinome et la pan
créatite chronique.
• En cas d'atteinte des canaux secondaires, le diagnostic différentiel se pose avec un cystadénome séreux ou muci
neux, mais surtout avec un pseudo-kyste.
3.3.3.3. Diagnostic de malignité
• Envahissement du parenchyme pancréatique.
• Présence d'un bourgeon tissulaire endocanalaire ou d'un nodule mural (carcinome in situ).
• Prise de contraste de la paroi du canal pancréatique principal.
• Envahissement vasculaire veineux de contiguïté.
• Infiltration de la graisse péri-pancréatique, atteinte ganglionnaire.
► Références
POINTS CLÉS
1. Piège 1 : poser rapidement une prothèse biliaire en cas d'ictère: une prothèse biliaire n'est mise
en place qu'après une imagerie complète et de qualité. L'.indication de drainage biliaire doit être
posée en RCP en présence de chirurgiens spécialisés.
2. Piège 2: biopsier une tumeur résécable chez un patient opérable. C'est une perte de temps
inutile et un risque potentiel.
1. Épidémiologie
1.1. Épidémiologie descriptive
OBJECTIFS iECN
1.2. Épidémiologie analytique
2. Anatomo-pathologie et biologie moléculaire -+ Tumeurs du poumon, primitives et secondaires
2.1. Classification anatomo-pathologique - Diagnostiquer une tumeur du poumon primitive
2.2. Sous-types moléculaires et secondaire
3. Diagnostic du cancer bronchique Planifier le suivi du patient
3.1. Circonstances de découverte
3.2. Examen clinique
3.3. Bilan biologique
3.4. Radiographie thoracique
3.S. Tomodensitométrie thoracique
3.6. Confirmation histologique
4. Bilan pré-thérapeutique
4.1. Bilan d'extension loco-régionale
Mots clés: Adénocarcinome - ALK- Cancer
4.2. Bilan d'extension métastatique
Bronchique Non à Petites Cellules (CBNPC) -
4.3. Bilan général
Cancer Bronchique à Petites Cellules (CBPC) -
4.4. Classification TNM Carcinome épidermoïde - Chirurgie - EGFR -
5. Particularités du cancer bronchique à petites EFR - Fibroscopie bronchique - Immunothérapie -
cellules Maladie professionnelle - Radio-chimiothérapie -
6. Principes des traitements des cancers du poumon TDM - TEP-TDM - Thérapie ciblée.
6.1. Cancer bronchique non à petites cellules
6.2. Cancer bronchique à petites cellules
7. Principes de la surveillance
8. Tumeurs secondaires du poumon
• Le cancer du poumon, ou cancer bronchique primitif, est la première cause de mortalité par cancer en France, en
Europe et dans le monde.
• Le tabagisme est le principal facteur de risque, mais des cancers bronchiques surviennent en nombre croissant
chez des non-fumeurs.
• On sépare les cancers bronchiques en cancers non à petites cellules, les plus fréquents, et en cancers à petites cel
lules dont les stratégies thérapeutiques diffèrent.
• L'obtention du type microscopique précis est indispensable au choix du traitement; la recherche de mutations
conductrices, relevant de traitements spécifiques, est obligatoire en cas d'adénocarcinome métastatique.
• 40 % des cancers du poumon sont localisés au thorax au diagnostic et relèvent d'une stratégie à visée curatrice, par
chirurgie ou association radio-chimiothérapie concomitante.
• 60 % des cancers du poumon sont métastatiques au diagnostic.
• Il est indispensable d'encourager et d'accompagner le sevrage tabagique en prévention primaire.
• La poursuite du tabagisme, après traitement, majore le risque de complications des traitements, augmente le
risque de second cancer et diminue la survie.
• Le poumon est un site privilégié pour la dissémination métastatique de nombreux cancers. Les stratégies diagnos
tiques et thérapeutiques dépendent du tableau clinique et de la localisation du cancer primitif.
• Il représente 12 % des cas incidents et 21 % de la mortalité par cancer (25 % chez l'homme, 15 % chez la femme).
• C'est encore une maladie majoritairement masculine (67 % des cas incidents et 69 % des décès surviennent chez
l'homme), mais la proportion de femmes atteintes augmente régulièrement, alors que la tendance est à la stabilité
de l'incidence et à la diminution de la mortalité chez l'homme (Figure 1).
60
50
40
30
:
20
10
►
0
1980 1990 2000 2005 2010 2012
• D'une façon générale, l'incidence du cancer bronchique est élevée dans les pays à forte consommation taba
gique alors que, au contraire, elle décroit dans les pays où les campagnes anti-tabac ont été instituées précocement
(Etats-Unis, Grande-Bretagne). L'augmentation de l'incidence et de la mortalité est particulièrement marquée
dans les pays émergents où l'épidémie tabagique s'est installée récemment (par exemple, plus d'un tiers des cas
incidents est survenu en 2012 en Chine).
• En France, l'âge médian au diagnostic était, en 2012, de 66 ans chez l'homme et 65 ans chez la femme; l'âge
médian au décès était de 68 ans chez l'homme et 67 ans chez la femme. La survie nette (standardisée sur l'âge) était
à 5 ans, sur la période 2005-2010, de 17 % (19 % chez la femme et 16 % chez l'homme). A 10 ans, sur la période
1989-2010, la survie était de 10 % (13 % chez la femme et 9 % chez l'homme). L� prévalence totale était en 2008
de 79 000 sujets (dont 76 % d'hommes).
• L'initiation précoce du tabagisme (qui provoque des cancers chez des malades jeunes) associée à la prise en
charge de sujets âgés a entraîné un étalement important de la pyramide des âges des patients traités.
1.2. 1. Le tabagisme
• La fumée de tabac contient plus de 7 000 composants chimiques dont plus de 60 sont reconnus comme can
cérigènes (notamment les hydrocarbures polycycliques aromatiques, dont le benzo(a)pyrène, les nitrosamines
spécifiques de la fumée de tabac, le benzène, le formaldéhyde et des composés radioactifs, comme le polonium).
Ces composants de la fumée de tabac contribuent à la carcinogenèse par de multiples voies, incluant la liaison à
l'ADN et la survenue de mutations, l'inflammation, le stress oxydatif, la survenue de modifications épigénétiques.
• C'est la combustion du tabac et l'inhalation de la fumée, rendue possible grâce à l'introduction au XX' siècle des
cigarettes manufacturées, qui est responsable de l'épidémie de cancers du poumon.
• Le risque relatif de cancer du poumon associé au tabagisme est considérable, évalué selon les études entre 10 et
20, par rapport au risque du non-fumeur (qui est défini comme ayant fumé moins de 100 cigarettes au cours de
la vie), par convention égal à 1 (or, passer d'un risque relatif de 1 à 2 signifie augmenter le risque de 100 %). Le
risque augmente de façon linéaire avec la consommation quotidienne (ou cumulée, exprimée en paquets-années)
mais surtout de façon exponentielle avec la durée du tabagisme (Figure 2) ; de ce fait, même une consommation
quotidienne « faible », mais étalée sur une longue durée, expose le fumeur au risque de cancer du poumon. Il n'y
a pas de seuil de consommation en dessous duquel le tabagisme serait sans risque.
RR RR
10 15 20 20 30 40 50 60 70
• Le sevrage tabagique est bénéfique à tout âge mais le risque ne revient jamais au niveau de celui des non-fumeurs.
Le rôle cancérigène du tabagisme involontaire, ou tabagisme passif, est reconnu dans la survenue de
cancers du poumon chez les non-fumeurs. L'exposition passive à la fumée de tabac augmente le risque de
cancer du poumon d'environ 25 % (risque relatif= 1,25). Le tabagisme passif serait responsable d'environ 25 %
des cancers du poumon du non-fumeur.
Globalement, on estime - sans préjuger de la consommation tabagique des malades - que 10 o/o des cancers
du poumon chez l'homme et 5 o/o chez la femme seraient attribuables à une exposition à un ou plusieurs
parmi 8 produits cancérigènes (amiante, arsenic, béryllium, cadmium, chrome hexavalent, composés du
nickel, silice cristalline et fumées diesel).
• En France, l'estimation est de 11 % des cancers de l'homme et 4 % des cancers de la femme qui seraient d'ori
gine professionnelle (quel que soit par ailleurs le tabagisme des malades).
• La participation de ces expositions professionnelles ( qui donnent droit à réparation au titre des maladies pro
fessionnelles) est sous-estimée, notamment du fait du rôle confondant du tabagisme souvent associé. Elle justifie
un interrogatoire professionnel systématique lors du diagnostic de tout cancer bronchique.
Les cancers du poumon sont séparés en cancers bronchiques non à petites cellules (qui représentent 85 % des
cas) et cancers bronchiques (neuro-endocrines) à petites cellules (15 %).
• Les cancers bronchiques non à petites cellules doivent eux-mêmes être distingués entre adénocarcinomes
(50 % de la totalité des cancers) et cancers épidermoïdes (25 %}. Cette distinction a une importance prédictive
de la réponse au traitement (le pémétrexed est contre-indiqué dans les cancers épidermoïdes ; les mutations de
l'EGFR et les translocations ALK sont plus fréquentes dans les adénocarcinomes)et de sa toxicité (le bévacizumab
est contre-indiqué dans les tumeurs épidermoïdes).
• L'appellation carcinome à grandes cellules doit être réservée aux pièces opératoires où la tumeur est suffisam
ment échantillonnée pour exclure toute différenciation (en adénocarcinome ou épidermoïde); dans le cas des
prélèvements biopsiques, c'est l'acronyme NSCLC-NOS (non small cell lung cancer - not otherwise specified)qui
doit être employé.
• L'immunohistochimie permet le plus souvent, associée à l'aspect morphologique, la distinction entre adé
nocarcinome et épidermoïde. Le marquage de la tumeur par le TTFl signe l'adénocarcinome bronchique; le
marquage par p40 (les marqueurs p63 et cytokératine 5/6 sont moins spécifiques)signe le cancer épidermoïde.
· · · · · · · · · ·---------------------------------------------------------------------- ---- - - - - - - ----------------------------------------------·--··············--·-·
' '
En l'absence de signature morphologique conventionnelle, une tumeur positive pourTTF1 et négative pour
p40 est classée comme cancer bronchique non à petites cellules, en faveur d'un adénocarcinome; une tumeur
positive pour p40 et négative pourTTF1 est classée comme cancer bronchique non à petites cellules, en faveur
d'un carcinome épidermoïde. Lorsque tous les marqueurs sont positifs, le cancer est dit adénosquameux.
Lorsque tous les marqueurs sont négatifs, la tumeur est considérée comme un carcinome à grandes cellules.
• La recherche par immunohistochimie de l'expression du PDL-1 (programmed death ligand l} sur les cellules
tumorales doit être systématique pour tous les cancers non à petites cellules (épidermoïdes et adénocarcinomes)
de stade avancé ou métastatique.
2.1.2. Adénocarcinome
• La plupart des adénocarcinomes sont diagnostiqués en périphérie du poumon (ils sont donc souvent inacces
sibles à l'exploration par fibroscopie bronchique et leur diagnostic repose sur la ponction sous scanner).
• La classification des adénocarcinomes sépare des lésions pré-invasives, avec invasion minime et invasives
(Tableau 1).
• Adénocarcinome avec invasion minime (AIMs 3 cm): tumeur à prédominance lépidique mais présentant une zone
invasives s mm
• Adénocarcinome invasif
-À prédominance lépidique
-À prédominance acinaire
-À prédominance papillaire
-À prédominance micro-papillaire
-À prédominance solide
• L'adénocarcinome in situ mesure moins de 3 cm dans son grand axe et a une croissance purement lépidique (le
long des parois alvéolaires), donnant au scanner une image en verre dépoli pur (Figure 3). Plusieurs adénocarci
nomes in situ sont souvent reconnus de façon synchrone ou métachrone.
• L'adénocarcinome avec invasion minime présente le même aspect en verre dépoli de moins de 3 cm de grand axe
mais contient un composant solide de moins de 5 mm (Figure 4).
Figure 4. Adénocarcinome avec invasion minime (zone invasive - solide - de moins de 5 mm,
au sein d'une plage en verre dépoli< 3 cm)
• Un adénocarcinome est invasif dès qu'existe au moins une zone solide de plus de 5 mm. Il doit être classé selon
son sous-type prédominant : lépidique, acinaire, papillaire, micro-papillaire ou solide prédominant. Plusieurs
sous-types sont habituellement présents dans la même tumeur et leur proportion respective doit être indiquée
dans le compte rendu; ceci doit permettre, en cas de tumeurs multiples synchrones ou métachrones, de distinguer
des carcinomes indépendants les uns des autres par rapport à des métastases d'un cancer primitif unique.
• Il existe une corrélation entre le sous-type de l'adénocarcinome et la survie marquée par des catégories de pro
nostic favorable (carcinome in situ, avec invasion minime ou lépidique prédominant), intermédiaire (acinaire,
papillaire) ou plus péjoratif (micro-papillaire et solide).
• Le marquage par les cytokératines 7 et 20 peut parfois aider à la distinction entre un adénocarcinome bron
chique primitif (CK7+, CK20-) ou métastatique d'une tumeur digestive ( CK7-, CK20+).
• Ce sont, en fait, des cancers bronchiques non à petites cellules qui ont une morphologie neuro-endocrine
mais des caractéristiques cytologiques de cancer non à petites cellules (cellules de grande taille, cytoplasme abon
dant). Ils expriment en immunohistochimie les marqueurs neuro-endocrines. Les zones de nécrose sont étendues.
• L'index mitotique est élevé (au minimum, 10 mitoses/ 2 mm2, en moyenne supérieur à 60 mitoses/ 2 mm2 ).
• L'index de prolifération, évalué par le marquage immunohistochimique de l'antigène Ki-67, est également élevé,
le plus souvent entre 40 et 80 %.
• On distingue :
- les tumeurs carcinoïdes typiques qui ont moins de 2 mitoses / 2 mm2 et pas de nécrose. Elles mesurent plus
deSmm;
- les tumeurs carcinoïdes atypiques qui ont de 2 à 10 mitoses/ 2 mm2 et/ou des foyers de nécrose.
• Il n'y a pas de continuum évolutif entre les différentes tumeurs neuro-endocrines (les tumeurs carcinoïdes ne
sont pas les précurseurs des tumeurs neuro-endocrines de haut grade de malignité, carcinomes bronchiques à
petites cellules et carcinomes neuro-endocrines à grandes cellules).
• La recherche des mutations peut être demandée dans le cas, rare, d'un cancer épidermoïde survenant chez un
non-fumeur.
Tous les signes en rapport avec une extension loco-régionale éliminent d'emblée un recours chirurgical, à
l'exception parfois de l'envahissement pariétal.
Ils peuvent précéder l'apparition radio-clinique du cancer et doivent inciter à ne pas relâcher la surveillance chez
les patients à risque. lis peuvent évoluer ensuite pour leur propre compte indépendamment du cancer primitif.
• Certains se rencontrent plus fréquemment dans les cancers bronchiques non à petites cellules :
- hippocraHsme digital d'apparition récente ou, plus rarement, tableau complet de l'ostéoarthropathie
hypertrophiante pneumique - OAHP - (de Pierre Marie) associant un hippocratisme digital, des douleurs
des articulations des membres (prédominant sur les segments distaux) et radiologiquement une périostose
engainante à ne pas confondre avec des métastases osseuses (liseré radio-opaque doublant la corticale osseuse
au niveau des os longs) ;
- hypercalcémie (par production tumorale d'un peptide PTH-like) parfois symptomatique (nausées, douleurs
abdominales, polyurie, syndrome confusionnel) ; cependant, l'hyp ercalcémie est plus souvent secondaire à une
lyse osseuse métastatique ;
- dermato-polymyosite.
• D'autres sont plus évocateurs du cancer bronchique à petites cellules:
- syndrome de sécrétion inappropriée de l'hormone anti-diurétique - SIADH - (ou syndrome de Schwartz
Bartter: hyponatrémie avec natriurèse conservée) ;
- syndrome de Cushing (plus souvent biologique que clinique) ;
• li comprend au minimum :
- un bilan de la fonction rénale pour permettre l'injection de produit de contraste;
- un bilan d'hémostase (NFS-plaquettes, TP-TCA) pour permettre les prélèvements biopsiques;
- aucun dosage des marqueurs tumoraux n'est indiqué pour le diagnostic (ou l'évaluation
pronostique) du cancer du poumon.
• li peut être complété par un bilan hépatique, un dosage de la calcémie et de !'albuminémie.
- une opacité périphérique arrondie non systématisée, dense, à limites irrégulières, parfois excavée par nécrose
centrale (Figure 7).
Figure 8. Tumeur lobaire supérieure droite, spiculée et présentant des raccordements pleuraux.
Adénopathie de la loge de Baréty (latéro-trachéale droite)
• Il peut mettre en évidence des anomalies associées (emphysème, fibrose, calcifications coronaires, etc).
• L'examen scanographique permet également la détection des quelques petites tumeurs à radiographie normale
ou sub-normale et peut dans certains cas guider la stratégie diagnostique.
4. Bilan pré-thérapeutique
C'est une étape essentielle de la prise en charge des cancers bronchiques car les modalités du traitement
dépendent, outre de la nature non à petites cellules (et, au delà, du type épidermoïde ou adénocarcinome)
ou à petites cellules du cancer, de paramètres essentiels que sont l'extension du cancer, l'état général et les
comorbidités du malade (Tableau 3).
Figure 9. Fracture sur métastase de la 6• côte droite et métastase sur la 6• côte gauche
• Ce bilan est aujourd'hui fondamentalement identique quelle que soit la nature microscopique du cancer
(petites cellules ou non à petites cellules). Il doit permettre d'aboutir à la classification TNM du cancer.
Évaluation du N :
TEP-TDM
+
1
•
Pas d'exploration médiastinale si :
- absence d'adénomégalie à l'imagerie(TDM et
Preuve histologique
TEP-TDM négatifs)
de l'atteinte N, notamment si :
- ou, au contraire, envahissement ganglionnaire
médiastinal massif(« bulky mediastin »)
• •
Tumeur centrale,
Hypermétabolisme Doute sur un envahissement
ganglionnaire médiastinal hilaire et/ou ganglion> 10 mm
(petit axe) en TDM
• En cas d'épanchement pleural présumé d'origine tumorale, le TEP-TDM peut montrer la fixation hyp erméta
bolique des feuillets pleuraux. Si la tumeur est, par ailleurs, potentiellement accessible à une résection chirurgicale,
une exploration par thoracoscopie première sera proposée (après négativité cytologique d'au moins deux ponc
tions pleurales). La thoracoscopie permet par ailleurs la réalisation d'une symphyse pleurale, indiquée dès lors
qu'il existe une pleurésie néoplasique de grande abondance et/ou récidivante.
• L'IRM thoracique n'a que des indications restreintes et, comme le TEP-TDM, n'est jamais demandée en pre
mière intention : elle est utile en cas de suspicion d'envahissement pariétal ou vertébral pour le bilan d'extension
précis des tumeurs de l'apex, en cas de suspicion d'envahissement du cœur et des gros vaisseaux.
• Toute image métastatique apparemment isolée doit faire l'objet d'une preuve histologique.
• La réalisation d'un bilan exhaustif est inutile en cas de tumeur d'emblée métastatique puisque sans incidence
thérapeutique. En particulier, un TEP-TDM n'est pas recommandé en cas de tumeur d'emblée métastatique sur
l'examen tomodensitométrique. Le bilan est alors fonction de la symptomatologie (par exemple, une scintigraphie
peut être demandée en cas de localisation osseuse si son résultat peut conduire à un changement de traitement).
Îl Tumeur de 3 cm ou moins dans ses plus grandes dimensions, entourée par du poumon ou de la plèvre
viscérale, et n'atteignant pas la bronche souche :
Î2 Tumeur de plus de 3 cm mais moins de 5 cm et/ou envahissant la plèvre viscérale, envahissant une
bronche souche ou s'accompagnant d'une atélectasie (lobaire ou pulmonaire) :
T3 Tumeur de plus de 5 cm et moins de 7 cm ou atteignant la paroi thoracique (ce qui inclut les tumeurs du
sommet), atteignant le nerf phrénique, la plèvre pariétale ou le péricarde ou nodules tumoraux distincts
mais dans le même lobe
M1 Présence de métastase(s) :
M1a atteinte du poumon controlatéral et/ou nodules tumoraux pleuraux ou péricardiques et/ou pleurésie ou
péricardite tumorale
• Toute tumeur localisée au. thorax peut bénéficier d'un traitement à visée curatrice, que ce soit par
chirurgie ou association radio-chimiothérapie concomitante.
• La stratégie thérapeutique fait appel à plusieurs modalités de traitement (tableau 6). Elle diffère selon
qu'il s'agit d'un cancer bronchique non à petites cellules ou à petites cellules. Les cancers non à petites cel
lules peuvent (environ 20 % des cas) relever d'un traitement chirurgical. Un cancer à petites cellules n'est
qu'exceptionnellement opérable.
• La prise en charge optimale du cancer broncho-pulmonaire ne se conçoit qu'au travers d'une étroite colla
boration multidisciplinaire, regroupant chirurgien, oncologue radiothérapeute, oncologue médical, anatomo
pathologiste et pneumologue. Elle est définie en RCP et fait l'objet d'un Programme Personnalisé de Soins
(PPS) remis au patient lors de la consultation d'annonce.
• Chirurgie
• Radiothérapie
• Chimiothérapie
• Thérapies biologiques« ciblées»
• Immunothérapie
• Traitement symptomatique(« best supportive care »)
i ,
Cancer localisé au thorax
+
Cancer opérable Cancer métastatique
mais inopérable
Cancer anatomiquement
et fonctionnellement opérable
Option : chimiothérapie
première (= d'induction,
-
= néo-adjuvante)
+ ,
pl 2': 4 cm ET /OU pN+ (N1 ou N2) :
t
Radiothérapie médiastinale adjuvante :
pl< 4 cm ET pNo : chimiothérapie adjuvante
- formellement interdite si pNo ou pN1,
surveillance (le plus souvent: cisplatine
- à discuter en RCP si pN2
+ vinorelbine, 4 cycles)
Figure 15. Traitement en 1" ligne des cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques
B
Expression de PDL-1 Expression de PDL-1
[ALK/Ros,] par> 50 % des cellules < 50 % des cellules
tumorales tumorales
t t + • •
TKI anti-EGFR Immunothérapie
TKI anti-ALK/
(erlotinib, anticorps anti PD-1 Adénocarcinome Epidermoïde
ROS1
•
géfitinib ou (pembrolizumab)
(crizotinib)
afatinib)
Doublet à base
d'un sel de platine
(préférence cisplatine Doublet à base d'un
+ pémétrexed) +/- sel de platine
anticorps anti-VEGF (pémétrexed et
(bévacizumab) bévacizumab sont
x 4 cycles, puis contre-indiqués)
maintenance x 6 cycles
pémétrexed
+/- bévacizumab
• La prise en charge thérapeutique repose le plus souvent sur une chimiothérapie. L' immunothérapie sera pro
gressivement associée au schéma thérapeutique. La plupart des chimiothérapies proposées en première ligne font
appel à un doublet à base de platine (cisplatine plus que carboplatine). L'agent cytotoxique associé au platine
est choisi parmi la vinorelbine, la gemcitabine, le pémétrexed (qui est cependant réservé aux cancers non épi
dermoïdes), le paclitaxel ou le docétaxel. En l'absence de contre-indication (cancer épidermoïde, hémoptysie,
envahissement médiastinal), du bévacizumab (anticorps monoclonal dirigé contre le VEGF) peut être associé à la
chimiothérapie. Un maximum de 4 à 6 cures est délivré.
• À l'issue de cette phase d'induction, essentiellement en cas de cancer non épidermoïde, un traitement de main
tenance par le médicament associé au platine peut être proposé au patient.
• En cas de métastase unique, il faut discuter - en RCP - un traitement bifocal (cancer bronchique primitif et
métastase) à visée curative, associé ou non à une chimiothérapie.
• Les patients âgés (> 70 ans), en bon état général, bénéficient d'un doublet par l'association carboplatine -
paclitaxel.
• Au moment de la rechute, le traitement de seconde ligne fait appel à l'immunothérapie (par un anticorps mono
clonal anti-PDl, nivolumab ou pembrolizumab, ou anti-PDLl, l'atézolizumab) si elle n'a pas déja été donnée en
première ligne.
• Les poussées ultérieures sont traitées par docétaxel, pémétrexed (si cancer non épidermoïde) ou erlotinib.
7. Principes de la surveillance
• L'objectif de la surveillance est de détecter:
- les complications du traitement, précoces (par exemple, aplasie fébrile en cours de chimiothérapie) ou tardives
(par exemple, neuropathie périphérique tardive liée au cisplatine);
- la survenue de poussées évolutives du cancer (hyp othèse dont il est préférable que le malade ait été d'emblée
prévenu);
- la survenue d'un second cancer lié au tabagisme.
• Il n'y a pas de consensus sur les modalités et la durée de cette surveillance. Chez les patients traités à visée cura
tive, la majorité des rechutes survient dans les deux années suivant le diagnostic.
• Les marqueurs tumoraux sanguins n'ont aucune utilité pour le suivi et ne doivent pas être prélevés.
• Chez les patients qui ont été traités à visée curative, l'obtention du sevrage tabagique est impérative.
► Références
• Les cancers en France, Les Données, INCa, édition 201S*.
• Cancer du poumon, Bilan initial, INCa, juin 2011*.
• Cancer bronchique non à petites cellules, référentiel national de RCP, INCa, mars 201S*.
• Cancer bronchique à petites cellules, référentiel national de RCP, INCa, mars 2015*.
• World Cancer Report 2014, International Agency for Research on Cancer, Lyon 2014**.
* Ces documents sont en accès libre sur le site de l'Institut National du Cancer: www.e-cancer.fr
**Ce livre est en accès libre sur le site de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (International Agency for Research on
Cancer): http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World-Cancer-Reports/World-Cancer-Report-2014
POINTS CLÉS
1. Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France, en Europe et
dans le monde.
2. Le tabagisme est le premier facteur étiologique. C'est la durée de l'exposition au tabac qui est le
déterminant principal du risque (plus que la consommation cumulée).
3. Cependant, 10 % des cancers bronchiques surviennent chez des non-fumeurs. C'est dans cette
population que l'on retrouve, chez plus de 50 % des malades, les mutations conductrices (EGFR et
ALK) qui relèvent d'une thérapie ciblée spécifique.
4. 60 % des cancers sont métastatiques au diagnostic.
5. Les cancers non à petites cellules (adénocarcinome et épidermoïde) représentent 85 % des can
cers du poumon. L'obtention du type histologique est indispensable pour le choix du traitement.
6. Les adénocarcinomes sont marqués en immunohistochimie par le TTFl ; les épidermoïdes par
p40.
7. Tous les cancers non-épidermoïdes métastatiques doivent faire l'objet d'une analyse moléculaire
(comprenant au minimum la recherche des mutations de EGFR, ALK, ROSl, KRAS, HER2, BRAF).
8. Tout signe respiratoire persistant chez un fumeur ou un ex-fumeur doit faire évoquer le diag
nostic.
9. Le bilan doit être entrepris sans délai.
10. Le diagnostic repose sur la preuve histologique du cancer qui est obtenue par bronchoscopie
souple ou ponction transpariétale guidée par le scanner.
11. En cas de tumeur apparemment localisée au thorax, le bilan doit comprendre un TEP-TOM et
une IRM cérébrale (ou un scanner cérébral à condition qu'il y ait injection de produit de contraste).
12. Toute localisation métastatique apparemment isolée doit faire l'objet d'une vérification his
tologique.
13. Les marqueurs tumoraux sanguins ne sont d'aucune utilité pour le dépistage, le diagnostic et
le suivi des cancers bronchiques.
14. La stratégie thérapeutique dépend du bilan d'extension et du bilan fonctionnel (état général,
fonction respiratoire).
15. Après chirurgie, la chimiothérapie adjuvante est indiquée si la tumeur mesure 4 cm ou plus et/
ou s'il y a envahissement ganglionnaire Nl ou N2.
16. La radiothérapie médiastinale adjuvante est formellement contre-indiquée en cas de tumeur
pN0 ou pNl.
17. Le sevrage tabagique est indispensable après traitement à visée curatrice.
18. Le risque de second cancer lié au tabagisme justifie une surveillance définitive.
19. Le poumon est un site privilégié de dissémination métastatique.
OBJECTIFS iECN
� Tumeurs de la prostate Mots clés: Cancer de la prostate - Récepteur des
- Diagnostiquer une tumeur maligne de la prostate. androgènes - Hormonothérapie
- Planifier le suivi du patient.
Introduction
Le cancer de la prostate est le premier cancer en France et le deuxième cancer responsable de décès en Europe. Du
fait de son évolution portant souvent sur des décennies, des centaines de milliers de patients vivent avec un cancer
de la prostate en France, si bien que tout médecin sera amené à prendre en charge au moins l'un d'entre eux. Cela
souligne l'importance majeure pour les étudiants en médecine de bien connaître cette maladie et sa prise en charge.
- La fixation des androgènes sur le récepteur des androgènes entraîne la dimérisation de celui-ci, son
internalisation dans le noyau de la cellule, et sa fixation à l'ADN sur des gènes cibles qui sont ainsi activés
(le récepteur des androgènes est un facteur de transcription) ;
- La transcription des gènes cibles induit une résistance à l'apoptose (mort cellulaire), permettant ainsi aux
cellules cancéreuses de survivre et de proliférer.
\ LH , FSH
r
Agonistes LHRH urrenales esticules
�--s_ _ _ · � _ _ _ _�J [� ___r _ _ _ _ _ _ _�
Antagonistes LHRH
1
Ab;ratêrnoe � CastraUoo ch;,mgkale
Inhibiteurs du récepteur
des androgènes (Enzalutamide, Testostérone+++
Bicalutamide) et autres androgènes
Secrétion
Récepteur
1:..1-&•
des androgènes /
« autocrine »
Abiratérone
�
Cellule de cancer
Résistance à l'apoptose
de la prostate
.. Prolifération tumorale
Le dilemme du dépistage:
• L'emploi du PSA comme outil de dépistage fait l'objet d'un débat intense depuis 20 ans. Trois essais randomi
sés ont testé la question:
- l'essai américain PLCO est ininterprétable;
- l'essai européen ERSPC (160 000 hommes) montre une réduction significative du risque relatif de décès
par cancer de la prostate de 29 % (il faut dépister 37 cancers pour sauver une vie);
- l'étude de Goteborg (20 000 hommes) montre une réduction significative du risque relatif de décès par
cancer de la prostate de 44 % (il faut dépister 12 cancers pour sauver une vie).
• L'interprétation pratique de ces données reste débattue car:
- la mortalité par cancer de la prostate est très faible au cours des 10 premières années de suivi;
- la plupart des cancers mis en évidence par le dépistage sont en fait indolents, si bien que le dépistage
aboutit à un sur-traitement massif.
• À ce jour, aucun système de santé au monde ne recommande de dépistage organisé. La réalisation d'un dosage
(au besoin unique) du PSA vers l'âge de 50 ans pourrait aboutir à une clarification de la situation: le dépistage
ne serait alors poursuivi que pour les hommes ayant déjà à cet âge un taux de PSA au-dessus de la médiane.
3. Diagnostic
3.1. Mode de révélation
• Elles permettent de :
- faire le diagnostic de cancer par la mise en évidence de cellules cancéreuses ;
- préciser l'agressivité de la tumeur par le score de Gleason (cf§ 3.4), la présence d'une infiltration périnerveuse
ou une atteinte de la capsule (rarement visible sur les biopsies) ;
- apporter des information sur l'extension tumorale intra-prostatique : nombre de biopsies positives sur la
totalité des biopsies réalisées, longueur d'envahissement du cancer sur les biopsies.
• Le nombre de biopsies recommandé est de 12: 2 à la base, 2 à la partie moyenne et 2 à l'apex dans chacun des
deux lobes de la prostate. Elles sont réalisées en consultation par voie transrectale, sous guidage échographique,
sous anesthésie locale (Figure 2). Une antibioprophylaxie et un lavement rectal doivent être réalisés avant le
geste. Les 12 biopsies peuvent être complétées par des biopsies ciblées sur une lésion visible en IRM.
• La réalisation des biopsies peut être source de complications : douleurs pelviennes, rétention d'urine, rectorragie,
hémospermie, hématurie (en particulier en présence d'un traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire),
prostatite aiguë (2 % des biopsies) pouvant se compliquer d'une septicémie et exceptionnellement d'un décès.
Diagnostic
Score de Gleason (de 6 à 10)
3.3. Anatomo-pathologie
• La forme anatomo-pathologique de très loin la plus fréquente(> 95 %) est l'adénocarcinome. Il se ctéveloppe
principalement dans la partie périphérique de la prostate. De manière beaucoup plus exceptionnelle, il peut être
retrouvé un carcinome à petites cellules, un carcinome à cellules spumeuses, un carcinome mucineux, un carci
nome basaloïde, ou un sarcome.
3.4. Le score histopronostique de Gleason (Figure 3)
• Au sein de la prostate, des foyers cellulaires tumoraux d'architecture et d'agressivité différentes (différenciation
cellulaire) peuvent être présents. Un grade histologique allant de 1 à 5 a été créé pour caractériser le stade de dif
férenciation de ces foyers. Toutefois, les anatomo-pathologistes considèrent actuellement que les cancers de prostate
sont au moins de grade 3 et que les grades 1 et 2 ne doivent plus être retenus (ce ne sont en fait pas des cancers).
• Sur les biopsies : le score de Gleason est obtenu en additionnant le grade le plus représenté+ le grade le plus
élevé.
• Sur la pièce de prostatectomie, si celle-ci est effectuée, le score de Gleason est obtenu en additionnant les deux
grades les plus représentés.
Adénocarcinome prostatique
Grade histologique Somme des 2 contingents les plus représentés:
Grade contingent A
+ Grade contingent B
= Score de Gleason
Importance pronostique++
• S'il n'y a qu'un grade présent, il est doublé (3+3, 4+4, 5+5).
Le score de Gleason 6 (3+3) correspond au cancer le plus différencié et est associé à un excellent pronostic
(presque aucun décès).
Le score de Gleason 10 (5+5) correspond au cancer le moins différencié et est associé au pronostic le plus grave
(il est presque systématiquement léthal ).
Le score 7 se divise en 3+4 (lorsque le grade 3 est prédominant) ou 4+3 (lorsque le grade 4 est prédominant) ayant
une agressivité différente. De manière plus générale, la présence d'un grade 4 prédominant ou d'une grade 5 signe
une tumeur agressive.
Pronostic/stadification ++ Utile
4. Bilan d'extension
4.1. Les examens classiques du bilan d'extension
• Trois examens d'imagerie sont classiquement discutés lors du diagnostic de cancer de la prostate :
- L'IRM multi-paramétrique de la prostate (Figure 5) (qui ne nécessite plus de sonde endorectale) doit si
possible être réalisée à distance de la réalisation des biopsies (de plus en plus souvent avant les biopsies et
donc avant que le diagnostic ne soit posé) car les hématomes intra-prostatiques induits par les biopsies en
gênent l'interprétation. La suspicion de cancer va être cotée de manière croissante selon le score PIRADS de
1 à 5. L'IRM est désormais presque systématiquement réalisée en cas de forte suspicion de cancer ou, sinon,
lorsque des biopsies ont été effectuées et montrent la présence d'un cancer. Les principaux intérêts de l'IRM
prostatique sont :
► de fournir un argument supplémentaire en faveur ou en défaveur d'un cancer dans une situation où le
clinicien est hésitant à poser l'indication de biopsies de la prostate à partir des données du TR, du PSA et de
l'échographie;
► de permettre la réalisation de biopsies ciblées sur une tumeur visible( « cible »);
Rupture capsulaire
Prostate saine
• En cas de ré-élévation du PSA après traitement local, trois facteurs pronostiques principaux permettent d'identi
fier les rechutes graves :
- un temps de doublement du PSA court ( < 6 mois) ;
- un score de Gleason � 8 ;
- un délai court entre le traitement local et la rechute ( < 2 ans).
► 3 58 ÎUMEURS DE LA PROSTATE I UE 9 - ITEM 307
UE9 ltem307
·.....................
6. Diagnostics différentiels
• Une élévation du PSA sérique est fréquemment observée en cas de prostatite, parfois à un taux très élevé (par
exemple 50 ng/mL) et, en bien moindre mesure, en cas d'hypertrophie bénigne de la prostate (typiquement
PSA<lO ng/mL).
• Les symptômes urinaires du cancer de la prostate (pollakiurie nocturne, dysurie) ne sont pas spécifiques et
peuvent en particulier être observés en cas d'hypertrophie bénigne/adénome de la prostate.
• Enfin, la découverte d'un tableau métastatique osseux ou ganglionnaire n'est bien sûr pas spécifique et une
preuve de l'origine primitive prostatique doit être apportée (biopsie des métastases avec immuno-marquage pour
le PSA ou le récepteur des androgènes par exemple).
Plusieurs appellations anciennes ont perturbé des générations d'étudiants en médecine et devraient
disparaitre du langage médical, car biologiquement erronées :
« Anti-androgènes» est un terme ancien qui désignait les inhibiteurs du récepteur des androgènes: en
fait totalement inadapté car ces médicaments ne sont pas dirigés contre les ligands (les androgènes),
mais leur récepteur;
« Blocage androgénique complet»: ce terme également ancien désignait l'association d'une castration
avec un inhibiteur du récepteur des androgènes. Ce« blocage» n'a en fait rien de« complet» car, d'une
part, du côté des ligands les surrénales et les cellules tumorales produisent des androgènes malgré la
castration, et d'autre part côté récepteur, la DHT garde une affinité bien supérieure pour celui-ci à tous
les inhibiteurs du récepteur des androgènes inventés à ce jour!
Ces termes devraient être amenés à disparaître.
• La radiothérapie externe peut aussi être employée à la suite d'une prostatectomie radicale :
- soit comme traitement adjuvant (c'est-à-dire pour prévenir une rechute chez un patient dont le PSA est
indétectable après chirurgie), en particulier en cas de marge positive significative et/ou extension extra
prostatique ;
- soit comme traitement de rattrapage d'une récidive biologique (augmentation du PSA au-delà de 0,2 ng/ml).
La dose de radiothérapie est de 60 Gy (radiothérapie adjuvante) à 66 Gy (radiothérapie de rattrapage) en 6 à
6,5 semaines (2 Gy par jour). Une technique de RCMI et IMRT est recommandée. Les volumes irradiés sont la
loge de prostatectomie et, au cas par cas, les aires ganglionnaires pelviennes.
• Les effets secondaires de la radiothérapie peuvent être :
- précoces : asthénie modérée, dysurie, pollakiurie et accélération du transit en cours d'irradiation. Une
majoration des fuites urinaires peut se voir en cas d'irradiation adjuvante après prostatectomie radicale. Ces
symptômes régressent habituellement dans les 3 semaines suivant la fin du traitement.
- tardifs : ils apparaissent plusieurs mois à plusieurs années après le traitement et sont définitifs : dysurie
chronique, rectite sous forme de traces de sang dans les selles, troubles de l'érection, cystite hémorragique. Les
.traces de sang dans les selles (5 à 10 % des patients) imposent la réalisation d'une exploration endoscopique afin
d'éliminer une autre pathologie (tumeur du rectum).
Vessie
D'après: Dr Patrick Walsh's Guide to Surviving prostate Cancer by Patrick C. Walsh M.D and Janet Farrar Worthington illustration by Dan Ion
The Wall street Journal
Options:
Options:
- Surveillance active Options:
· Prostatectomie
- Curiethérapie • Radiothérapie
- Radiothérapie
- (Radiothérapie) + Hormona 3 ans
(+ hormona 6 mois)
• (Prostatectomie)
• Pour les cancers de faible risque, la surveillance active doit être proposée chaque fois qu'elle est possible et
indiquée. En cas de nécessité d'un traitement à visée curative (nombre de biopsies positives ou longueur des
biopsies trop important), il est alors proposé soit une curiethérapie, soit une radiothérapie externe, soit une pros
tatectomie radicale. La curiethérapie est privilégiée chez les patients souhaitant conserver une activité sexuelle
et/ou éviter les fuites urinaires (patients actifs, sportifs ...). La prostatectomie est plus volontiers proposée à des
patients présentant des symptômes urinaires. Les trois traitements ont des taux de probabilité de contrôle de la
tumeur identiques (90 à 95 % à 5 ans).
• Pour les cancers de risque intermédiaire un traitement s'impose. Les deux traitements de référence sont la pros
tatectomie radicale et la radiothérapie externe. La radiothérapie externe est le plus souvent associée à une hormo
nothérapie de 6 mois. La curiethérapie à bas débit est limitée à des formes de risque intermédiaire « faible » (PSA
< 15 ng/ml ou Gleason 3+4).
• Pour les cancers de haut risque, le traitement de référence est l'association d'une radiothérapie externe à une
hormonothérapie de 2 à 3 ans. La prostatectomie radicale peut être discutée dans le cadre d'une prise en charge
multidisciplinaire (en association à une hormonothérapie et une radiothérapie), dans des cas sélectionnés en réu
nion de concertation pluridisciplinaire, notamment chez des sujets jeunes.
• Quel que soit le niveau de risque, plusieurs règles sont indispensables à respecter :
- le patient doit bénéficier d'une information éclairée et honnête des différentes alternatives thérapeutiques
adaptées à son cas, ainsi que de leurs effets secondaires (Figure 12).
oo,
ICIQ Incontinence Score ICSmaleSF Noduria Item
�
100
Radiothérapie
21
14
�
/
�- ! --!----:----:----!
Prostatectomie
P<0.001
:
0 6 12 24 36 48 60 72 0 6 12 24 36 48 60 72
Months since R.:andomb-;:ation
EPIC Item: Erection Firmness EPIC Item: Bloody Stools
100 100
l= "
0
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P<0.001
CD
�
o�! -i-----!:=t
0 6 12 24 36 48 60 72 0 6 12 24 36 48 60 72
Months since Randomization Months since Randomization
• Quel que soit le traitement initial : une rechute ganglionnaire isolée ou associée à une récidive locale peut, au
cas par cas, faire discuter un traitement des aires ganglionnaires par une association radiothérapie plus hormo
nothérapie (sous réserve qu'une radiothérapie des chaines ganglionnaires n'ait pas été réalisée lors du traitement
initial).
a,
C:
....
,a,
Ill
Ill
a,
-c
><
::::s
..
2-3 semaines
.. Temps
Cholestérol
Abiratérone
170H
Prégnénolone Cortisol
Abiratérone
Androgènes
► Références
• Hamdy FC, Donovan JL, Lane JA, et al. 10-Year Outcomes after Monitoring, Surgery, or Radiotherapy for Localized Prostate Cancer. N
Engl J Med 2016; 375: 1415-1424.
• Donovan JL, Hamdy FC, Lane JA, et al. Patient-Reported Outcomes after Monitoring, Surgery, or Radiotherapy for Prostate Cancer. N
Engl J Med 2016; 375: 1425-1437.
• Gillessen 5, Omlin A, Attard G, et al. Management of patients with advanced prostate cancer: recommendations of the St Galien
Advanced Prostate Cancer Consensus Conference (APCCC) 2015. Ann Oncol 2015; 26: 1589-604.
- la surveillance active.
• Indications thérapeutiques pour les formes localisées:
- pour les cancers de faible risque : la surveillance doit être proposée chaque fois que possible. En cas
de nécessité d'un traitement peut être proposée une curiethérapie, une radiothérapie externe ou une
prostatectomie radicale.
- pour les cancers de risque intermédiaire un traitement s'impose. Les deux traitements de référence
sont la prostatectomie radicale et la radiothérapie externe.
- pour les cancers de haut risque, le traitement de référence est l'association d'une radiothérapie externe
avec une hormonothérapie de 2 à 3 ans. La prostatectomie radicale peut être discutée.
• Les armes thérapeutiques des formes métastatiques:
- Les traitements ciblant l'axe du récepteur des androgènes(hormonothérapies):
► la castration ou privation androgénique;
► abiratérone(inhibiteur de CYP17);
► inhibiteurs du récepteur des androgènes(enzalutamide, etc.);
► la chimiothérapie: les taxanes.
- Traitements ciblant les métastases osseuses:
► radium-223;
► inhibiteur de rank-L: dénosumab;
► acide zolédronique(bisphosphonate).
CHAPITRE ►----------------------------------------
Tumeurs du rein
1. Épidémiologie
OBJECTIF iECN
1.1. Épidémiologie descriptive
1.2. Facteurs de risque et formes génétiques � Tumeurs du rein
2. Physiopathologie Diagnostiquer une tumeur de rein
2.1. Anatomie et physiologie
2.2. Cancer dépendant de l'angiogenèse
2.3. Histoire naturelle
3. Signes cliniques
3.1. Signes cliniques loco-régionaux
3.2. Les symptômes liés aux métastases Mots clés: Angiogenèse - Biopsie - Carcinome
3.3. Syndromes paranéoplasiques à cellules claires - Grade nucléolaire -
3.4. Interrogatoire et examen clinique Immunothérapie - Néphrectomie -VHL.
4. Examens complémentaires
4.1. Biologiques
4.2. Iconographiques= imagerie
S. Diagnostic
5.1. Biopsies
Remerciements: Nous tenons à remercier pour
5.2. Anatomo-pathologie et facteurs pronostiques
toute l'aide qu'ils ont pu apporter à la rédaction
5.3. Stadification TNM de ce document, que ce soit par leur relecture,
5.4. Les kystes rénaux: classification de Bosniak leurs critiques ou l'aide pour la réalisation des
5.5. Petite masse rénale de découverte fortuite figures: Dr Isabelle Bedgedjian (anatomo
6. Modalités et stratégies thérapeutiques pathologiste), Dr Philippe Montcuquet (oncologue
6.1. Généralités médical), Dr Marie-Justine Paillard (CCA oncologue
6.2. Maladie localisée médicale), Dr Fabien Calcagno (CCA oncologue
6.3. Maladie métastatique médical), Dr Elodie Klajer (interne).
1. Épidémiologie
Au sein des tumeurs solides, le cancer du rein n'est pas parmi les plus fréquents en termes d'incidence ou de
mortalité ; toutefois il n'est pas non plus à considérer comme rare.
2. Physiopathologie
2.1. Anatomie et physiologie
• Les reins sont deux organes rétro-péritonéaux situés à proximité des gros vaisseaux, en avant des premières ver
tèbres lombaires (Figure 1).
• Ils sont responsables de la fabrication de l'urine.
• Ils jouent un rôle fondamental dans la régulation hydro-électrolytique et le volume de l'environnement interne
(volume sanguin par exemple).
• À travers une fonction d'épuration, ils sont capables d'extraire puis d'excréter dans les urines des déchets métabo
liques (créatine, urée, acide urique ...) ainsi que des substances chimiques (médicaments, pesticides ...).
3. Signes cliniques
4. Examens complémentaires
4.1. Biologiques
• Généraux. Hémogramme, bilan de coagulation, créatininémie (avant imagerie avec injection de produit de
contraste - importance de la fonction rénale dans le choix thérapeutique). Bilan hépatique, calcémie corrigée
peuvent orienter quant au siège de potentielles métastases.
• Des examens optionnels peuvent être demandés selon les besoins en fonction des orientations thérapeutiques et
du tableau clinique.
Figure 2. Iconographie de masses rénales. A. Volumineux carcinome à cellules claires avec thrombus vasculaire remontant
jusque dans la veine cave inférieure (flèche rouge); B. Carcinome tubulopapillaire de type 1 ; C. Carcinome à cellules
claires accessible à une néphrectomie partielle; D. Tumeur bénigne avec composante hémorragique et nécrotique:
angiomyolipome du rein gauche; E. Kyste bénin de type Bosniak 1.
Figure 3. Métastases d'un cancer du rein. A. Métastase osseuse sur scanner injecté; B. IRM injectée du même patient que A;
C. Métastases pulmonaires sur scanner en fenêtrage parenchymateux; D. Métastases hépatiques sur scanner injecté;
E. Rechute ganglionnaire à proximité de la loge de néphrectomie.
5. Diagnostic
5.1. Biopsies
• La biopsie d'une masse rénale permet d'obtenir une confirmation histologique de la nature de la tumeur. Elle se
réalise le plus souvent sous anesthésie locale, sous contrôle échographique ou TDM, à l'aide d'une aiguille dite
« couverte » pour protéger le trajet de ponction transcutanée d'un éventuel ensemencement tumoral.
• Plusieurs variantes histologiques (Figure 4) peuvent être rencontrées dans le CR dont les 3 principales
identifiées sont
- le cancer du rein à cellules claires (70 - 80 %) ;
- les cancers papillaires, de type 1 ou 2 (1 0 - 15 %) ;
- les cancers chromophobes (3 - 5 %).
• Les carcinomes à cellules claires semblent avoir un pronostic plus sombre que les autres histologies. La dédiffé
renciation de type sarcomatoïde est un facteur pronostique de rechute et de moins bonne réponse aux traitements
systémiques. Comme tous les autres organes le rein peut être le siège de métastases issues d'autres tumeurs. Les
tumeurs primitives du bassinet sont de type carcinome urothélial (cf item cancer de vessie 311). Les carcinomes
du rein à translocation, les cancers du rein de type médullaire ou des tubes collecteurs ( = tumeur dites de Bellini)
sont très rares.
• Parmi les facteurs pronostiques histologiques, l'évaluation du grade nucléolaire de l'ISUP (International
Society of Urological Pathology), anciennement grade nucléaire de Fuhrman, est essentielle. Il s'agit d'un grade
histopronostique fondé sur l'atypie des noyaux tumoraux. Il varie de I à IV (gravité croissante). Sa valeur, indiscu
table pour le carcinome à cellules claires, est discutée pour les carcinomes papillaires et chromophobes.
• Les tumeurs bénignes du rein à retenir sont: l'oncocytome, l'adénome papillaire (moins de 5 mm de grand axe),
les tumeurs métanéphriques ainsi que l'angiomyolipome (risque hémorragique).
Figure 4. Principaux types histologiques des tumeurs rénales malignes. A. Carcinome rénal à cellules claires Fuhrman 2;
B. Carcinome rénal à cellules claires Fuhrman 3; C. Carcinome rénal avec dédifférenciation de type sarcomatoïde;
D. Carcinome rénal chromophobe; E. Carcinome rénal tubulopapillaire de type 1 ;
F. Carcinome rénal tubulopapillaire de type 2.
T3a Envahissement du tissu adipeux périrénal et/ou du tissu adipeux hilaire mais pas du
fascia de Gerota et/ou thrombus macroscopique dans la veine rénale ou dans l'une
de ses branches
--- -
Tableau
- -
2. CLASSIFICATION DE BOSNIAK
---
Aspect radiologique
1 ntérêt des biopsies Classification de Bosniak
�----�----�-----.. ............
Terrain / comorbidités
Critères de taille
.....
..
Bilan opérabilité :
anesthésie, biologie, clinique
'
Chirurgie d'exérèse
- privilégier chirurgie Surveillance
Ttt ablatif Surveillance
conservatrice active
- néphrectomie élargie
L'.exérèse chirurgicale de la tumeur rénale primitive est le traitement standard des maladies localisées ou
localement avancées.
• Les voies d'abord classiques (lombotomie, voie sous-costale) sont en train d'être supplantées par la voie cœliosco
pique et la chirurgie robotique. La préservation du capital néphronique (néphrectomie partielle) se doit d'être
envisagée pour les tumeurs Tl voire T2 si elle est techniquement réalisable.
• Il n'y a pas de traitement systémique recommandé à la phase adjuvante ou néo-adjuvante.
► Références
• Possibilité de consulter les recommandations ou« guidelines » sur ces sites, p arfois nécessité de s'inscrire.
• En français :
- INCA: www.e-cancer.fr
- AFU: http://urofrance.org
- Ep idémiologie des cancers: site de l'INCA
- http://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/Les-cancers-en-France-2016-une-edition-100-interactive
POINTS CLÉS
CHAPITRE ►-------�--------------------------------
Tumeurs du sein
Dr Elsa Curtit1 , Pr Yazid Belkacemi2 , Dr Céline Bourgier3 , Dr Marc Espié 4-, Pr Joseph Gligorov5, Pr Christophe Hennequin•,
Pr Gilles HouvenaegheF, Pr Michel Marty", Pr Thierry Petit", Pr Xavier Pivot'
'Service d'Oncologie médicale, CHRU de Besançon, Institut Régional Fédératif du Cancer de Franche-Comté
'Service d'Oncologie Radiothérapie, Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Centre Sein Henri Mondor, Créteil
'Service de Radiothérapie oncologique, Institut du cancer de Montpellier
•Sénopôle Saint Louis, territoire cancer nord, AP-HP
5IUC-UPMC, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris
•service de Cancérologie-Radiothérapie, Hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris
'Institut Paoli Calmettes et CRCM, Marseille
•service d'Oncologie médicale, Centre Paul Strauss, Strasbourg
• Avec plus de 50 000 nouveaux cas par an en France et 12 000 décès, le cancer du sein est le 1er cancer chez la
femme, à la fois en incidence et en mortalité. Le diagnostic est généralement fait dans deux contextes différents : le
dépistage par mammographie ou la présence de signes cliniques, au niveau mammaire ou plus rarement au niveau
ganglionnaire ou à distance.
• Le diagnostic positif est affirmé par l'histologie ; il nécessite donc une biopsie avec un examen anatomo
pathologique. Le type histologique le plus fréquent est le carcinome infiltrant de type non spécifique (également
appelé carcinome canalaire infiltrant). Le diagnostic s'accompagne toujours de l'évaluation de l'expression des
récepteurs hormonaux (récepteur aux œstrogènes et récepteur à la progestérone) et de HER2 (Human Epidermal
growth factor Receptor 2).
• Pour connaître les indications thérapeutiques dans les cancers du sein, il faut à l'issue du diagnostic : savoir s'il
s'agit d'un cancer hormono-sensible, HER2 positif ou triple négatif; avoir défini les facteurs pronostiques.
1.1. Incidence
• Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers de la femme(il concerne rarement l'homme) et le 2' cancer
le plus fréquent tous sexes confondus. L'incidence a tendance à augmenter avec une stabilisation ces dernières
années, alors que la mortalité diminue depuis le début des années 1990.
En France*:
1 femme sur 8 à 10 développera un cancer du sein;
il y a environ 54 000 nouveaux cas par an;
il y a environ 12 000 décès par an;
l'âge médian au diagnostic est de 61 ans.
*(d'après les données de l'INCa, Institut National du Cancer,« Projection de l'incidence et de la mortalité par cancer en France
métropolitaine en 2015 ").
• Dans le monde, on estime le nombre annuel de nouveaux cancers du sein à environ 1,7 million et celui des décès
à 500 000.
BRCA 1 et BRCA2
• Ce sont des gènes suppresseurs de tumeurs impliqués dans la réparation de l'ADN. La mutation d'un allèle de
l'un de ces deux gènes entraîne une prédisposition à développer des cancers du sein et de l'ovaire. En cas de
suspicion de mutation (cancer du sein avant 35 ans, cancer du sein bilatéral ou association cancers du sein et de
l'ovaire, cancer du sein chez l'homme, antécédents familiaux évocateurs), la patiente sera orientée en consulta-
tion d'oncogénétique. Ces mutations sont présentes dans moins de 5 % des cas.
• Une patiente porteuse d'une mutation BRCA doit avoir une surveillance spécifique avec une proposition de
mastectomie bilatérale prophylactique et d'annexectomie bilatérale (comme Angelina Jolie!).
- -- - - - - - - --- ---- - --- - - - - - - - - - - - - - - ------- - - ------ ---- - ------- --------------· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ----- ----------- - - -----------------·'
''- - - - - -
' ''
: Attention !
L'.existence de lésions bénignes mammaires ne représente pas un facteur de risque (sauf pour les hyperplasies
atypiques, cf. 1.2).
-' - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ------------------------------- ----------------------------------------- - - - - -- - - - - - - - - - - - - - · · · · ·· ···------------------------- - - - -------- - '-
Carcinome
in situ
+
Extension hématogène :
Extension par contiguïté Métastases (os, peau, foie
(T4) poumons, plèvre, système
nerveux central)
'
Extension lymphatique
Adénopathies des chaînes axillaire, sous et sus-claviculaire, mammaire interne
Métastases
• Un dépistage individuel basé sur une mammographie, échographie et IRM mammaire annuelles est proposé aux
femmes à haut risque (ex: mutation constitutionnelle BRCA 1/2) à partir de 30 ans.
• La mammographie n'affirme pas le diagnostic et doit entraîner la mise en œuvre d'autres explorations en cas
d'image suspecte. Toute image anormale doit faire l'objet d'exploration complémentaire.
Fossette ou
Méplat cutané
���=====l=====-f- Rétraction
cutanée
Rétraction
du mamelon
Figure 6. Majoration du volume du sein+ léger érythème= sein inflammatoire {PEV 2) {+ rétraction du mamelon)
Figure 8. Nodule de perméation ulcéré (situé dans le prolongement axillaire de la glande mammaire)
Figure 9. Squirrhe mammaire (dans ce cas, tumeur d'évolution lente négligée sur plusieurs années)
• Puis la palpation s'effectue dans les mêmes positions, en comprimant la glande contre le gril costal par petits mou
vements circulaires (quadrant par quadrant) à la recherche d'une masse. En cas de détection d'une telle lésion,
il faudra préciser sa position dans le sein (quadrant atteint), sa taille, sa dureté, sa mobilité par rapport au plan
superficiel et aux plans profonds musculaires.
3.2. Imagerie
- Le statut HER2. HER2 est un oncogène qui code pour une protéine transmembranaire de type récepteur
tyrosine kinase impliquée dans la survie et la prolifération cellulaire. La recherche d'une surexpression de
la protéine HER2 est faite en immunohistochimie ; l'amplification du gène HER2 est recherchée par des
techniques d'hybridation in situ (cf 290). HER2 est un facteur à la fois pronostique et prédictif de la réponse
au trastuzumab.
- Le Ki67, qui traduit la prolifération cellulaire (protéine exprimée lors du cycle cellulaire), est également évalué
en immunohistochimie.
2) Sur la pièce opératoire
- Une fois le diagnostic et le type histologique confirmés, l'anatomo-pathologie précisera:
► le nombre de tumeurs ;
► la taille de la (les) tumeur(s) ;
► la présence ou non de métastases ganglionnaires axillaires ;
► la présence d'emboles vasculaires ;
► la qualité de l'exérèse : l'envahissement des marges d'exérèse augmente le risque de récidive locale et
nécessite une reprise chirurgicale ;
► en cas de chimiothérapie néo-adjuvante, l'examen anatomo-pathologique permet d'évaluer l'efficacité du
traitement (pourcentage de tumeur résiduelle, atteinte ganglionnaire).
- L'ensemble de ces éléments permet d'établir la classification pTNM ou ypTNM (cf item 289).
4. 1. Bilan d'extension
• Le bilan d'extension a pour but de savoir si le cancer du sein est localisé: atteinte du sein+/- des ganglions de
drainage loco-régionaux, ou métastatique.
4.2. 1. Le pronostic
• La survie globale à 5 ans tous stades confondus est de 87 %.
• Dans les stades localisés, le traitement est réalisé dans un but curatif. Malgré un traitement mené selon les recom
mandations, 15-30 % des cancers du sein vont avoir une évolution métastatique.
• Dans les stades métastatiques, le traitement n'est pas réalisé dans un objectif curatif. La survie globale médiane
est d'environ 3 ans mais varie de moins de 2 ans (cancers triple négatifs) à plus de 5 ans (cancers du sein HER2-
positif et cancers hormono-sensibles) avec la possibilité d'avoir des patientes longues survivantes à plus de 10 ans.
4.2.1.1. Les facteurs pronostiques et prédictifs dans les formes localisées
Grade HER2
(grade Ill = mauvais pronostic) (= mauvais pronostic)
Taille (T)
(2: T2 = mauvais pronostic)
Âge
(< 35 ans= mauvais pronostic)
Inflammation
(= mauvais pronostic)
Emboles
(= mauvais pronostic)
Âge HER2
(élevé= mauvais pronostic) (mauvais pronostic compensé par les traitements
anti-HER2)
Antécédent de chimiothérapie(néo)adjuvante
(mauvais pronostic)
4.2.2. Classifications
À l'issue du bilan d'extension, le cancer pourra être classé selon la classification TNM en cTNM (cf item 289).
Tumeur de toutes tailles avec extension directe à la paroi thoracique(a) et/ou à la peau(b)(ulcération
T4
ou nodules cutanés)l I 2
Œdème cutané, y compris la« peau d'orange», ou ulcération cutanée du sein, ou nodules de
T4b
perméation cutanés limités au même sein
T4c À la fois 4a et 4b
'La micro-invasion est l'extension des cellules cancéreuses à travers la membrane basale dans les tissus adjacents sans former
de foyer> 0,1 cm dans sa plus grande dimension. Lorsqu'il s'agit de multiples foyers de micro-invasion, on ne tient compte que
du plus grand pour la classification (ne pas additionner la taille de tous les foyers). La présence de multiples foyers de micro
invasion doit être notée, comme c'est le cas pour les tumeurs invasives multiples.
'L'invasion du derme seul ne classe pas en T4. La paroi thoracique comprend les côtes, les muscles intercostaux et grand den
telé, mais ne comprend pas le muscle pectoral.
'Cliniquement détectable signifie : détecté par un examen clinique ou par l'imagerie (lymphoscintigraphie exclue) et présentant
des caractéristiques hautement suspectes de malignité, ou suspicion histopathologique de macrométastase fondée sur l'analyse
cytologique d'un prélèvement par cytoponction.
-- ----- -----------
Tableau 5. CLASSIFICAT ION PEV
PEV Définitions
PEV0 Pas d'inflammation
PEV1 Volume tumoral multiplié par 2 en moins de 6 mois
PEV2 Inflammation limitée à 1/3 du sein
..
Figure 11. Comment définir les différents sous-types de cancer du sein?
Positif* Négatif*
Négatif**
hormono-sensibles
Figure 12. Traitements loco-régionaux et traitements systémiques dans le cancer du sein localisé
Chirurgie
Traitements systémiques
Traitements loco-régionaux • Chimiothérapie à base
• Chirurgie mammaire+ procédure du d'anthracyclines +/- taxanes
ganglion sentinelle ou curage axillaire • Hormonothérapie: tamoxifene
• Radiothérapie externe (sein+/- aires et anti-aromatase
ganglionnaires) • Thérapies ciblées: trastuzumab
(anti-HER2)
• La chirurgie (du sein et des ganglions axillaires) est indiquée dans tous les cas. La radiothérapie est systématique
en cas de traitement chirurgical conservateur; en cas de mastectomie, elle sera indiquée selon les facteurs pronos
tiques de récidive loco-régionale. Les traitements systémiques seront indiqués en fonction des facteurs pronos
tiques de dissémination métastatique et prédictifs de réponse à un traitement.
*Cf. tableau 2 ; dans ce cas, les indications ne sont pas consensuelles, mais en cas d'envahissement ganglionnaire ou de
grade Ill, la chimiothérapie est proposée.
**Si une tumeur présente l'ensemble des facteurs de bon pronostic chez une patiente ménopausée, on peut se passer d'hor
monothérapie adjuvante (non consensuel).
• L'étude du ganglion sentinelle a pour but de prélever les premiers relais ganglionnaires de drainage afin d'épargner
un curage extensif et de limiter les effets secondaires. En cas d'absence d'atteinte ganglionnaire significative, le
curage pourra être évité. La technique la plus fiable comporte une injection la veille de l'intervention d'un traceur
radioactif à proximité de la tumeur, puis le jour de l'intervention d'un colorant vital et seul(s) le(s) ganglion(s)
coloré(s) et/ou radioactif(s) et/ou suspect(s) cliniquement est (sont) prélevé(s) et examiné(s). En cas d'atteinte
histologique, le curage ganglionnaire sera complété de façon à préciser l'importance de celle-ci.
• Les effets secondaires sont fréquents et traités dans l'item 291. Pour mémoire, les principaux sont:
- toxicité veineuse justifiant la mise en place d'un site d'accès veineux central;
- toxicité hématologique (leucopénie et neutropénie) avec un risque d'infection;
- toxicité cutanée, muqueuse et sur les phanères (alopécie, quasiment constante);
- nausées et vomissements dont la prévention est assurée selon les chimiothérapies prescrites, par l'emploi de
sétrons, de corticoïdes et d'un inhibiteur NKl ;
- ménopause induite dépendant de l'âge au moment du traitement et altération de la fertilité;
- neurotoxicité pour les taxanes;
- syndrome d'hyperperméabilité capillaire pour le docetaxel;
- les anthracyclines ont une cardiotoxicité dépendant de la dose cumulative;
- risque de leucémie secondaire dépendant des types de chimiothérapies et des doses utilisées.
1. Pour comprendre ces chiffres très variables: dans les cohortes de patientes pour lesquelles le cancer est découvert par mam
mographie de dépistage, c'est < 5 % de patientes métastatiques d'emblée ; dans les cohortes de patientes suivies'en oncologie
médicale, cela peut atteindre 35 % !
Toujours
Possible en relai
(trastuzumab
Cancers Toujours
de la chimiothérapie
et/ou autres Jamais
HER2-positifs si récepteurs
thérapies anti-
hormonaux positifs
HER2)
Systématique
Cancers Possibilité d'anti-
si métastases
triple- Toujours Jamais Jamais angiogénique+
négatifs osseuses
chimiothérapie
Possible si maladie
Cancers progressant sous Possibilité
Traitement
hormono- hormonothérapies Jamais de thérapie ciblée+
sensibles préférentiel
ou agressive (crise hormonothérapie
viscérale)
7 .3. Chimiothérapie
• Il utilise souvent une mono-chimiothérapie. Les molécules suivantes peuvent être utilisées : anthracyclines,
taxanes, capecitabine (prodrogue orale du 5-fluorouracile), vinorelbine, éribuline ...
► Références
• Guide - affection longue durée - Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique : Cancer du sein,
Janvier 201O. HAS
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_927251/fr/ald-n-30-cancer-du-sein
• Cancers du sein/Du diagnostic au suivi. Mars 2016. INCa
http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Recommandations-et-outils-d-aide-a-la-pratique/Cancers-du-sein
• Item 309 : Tumeurs du sein. Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). 2011
http://campus.cerimes.fr/gynecologie-et-obstetrique/enseignement/item159/site/htm I/1.htm 1
• World Cancer Report 2014, International Agency for Research on Cancer, Lyon 2014.
http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World-Cancer-Reports/World-Cancer-Report-2014
LJE 9 - ITEM 309 1 ÎUMEURS DU SEIN 407 ◄
POINTS CLÉS
� /
Cancer du sein localisé Cancer du sein métastatique
1� �I
1 Définition du type de cancer selon H ER2 et les récepteurs hormohaux
+
Traitements des cancers localisés*
+
Traitements des cancers métastatiques
Traitement chirurgical (sein + ganglion axillaire Chimiothérapie : toujours si cancer HER2-positif ou
homolatéraux) : toujours triple-négatif et selon facteurs pronostiques dans les
cancers hormonosensibles (notamment si crise viscérale)
Chimiothérapie (néo)adjuvante : toujours si
cancer HER2-positif ou triple-négatif et selon facteurs Hormonothérapie : à privilégier si cancer
pronostiques dans les cancers hormonosensibles hormonosensible
Trastuzumab (néo)adjuvant : si HER2+
Traitements anti-HER2 : toujours si cancer HER2-positif
Radiothérapie (mammaire ou pariétale +/- aires
Bisphosphonates ou denosumab si métastases osseuses
ganglionnaires) : presque toujours
1. Nosologie
• La très grande majorité(> 90 %) des tumeurs du testicule correspond à des tumeurs germinales (Tableau 1).
--
Tableau 1: CLASSIFICATION ANATOMO-PATHOLOGIQUE DES TUMEURS DU TESTICULE -
• Les tumeurs non germinales(< 10 %) constituent un groupe de tumeurs très hétérogènes, bénignes ou malignes,
principalement issues des tissus de soutien du testicule.
Circonstances de découverte
Le plus souvent
Signes locaux (augmentation de volume, douleur)
Plus rarement
Gynécomastie (penser tumeur germinale+++)
+
Signes de dissémination métastatique
Échographie scrotale
Nodule hétérogène intra-testiculaire
t
Diagnostic présomptif de tumeur germinale...
•
jusqu'à preuve du contraire
Cryoconservation de sperme
Dosage des marqueurs tumoraux sériques
Tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne
+
Orchidectomie
Séminome pur
Tumeur germinale non séminomateuse
+
Stadification
Stade localisé
Marqueurs tumoraux sériques normaux ou normalisés
et TDM thoraco-abdomino-pelvienne normale
Stade métastatique
Marqueurs tumoraux sériques non normalisés
et/ou TDM thoraco-abdomino-pelvienne anormale
• Il s'agit d'un cancer qui touche l'homme jeune avec un pic de fréquence autour de la troisième décennie.
• Les principaux facteurs de risque identifiés sont décrits dans le tableau 2.
• Les tumeurs germinales du testicule ont la particularité d'être associées à un très bon pronostic, avec une
survie à 5 ans de plus de 95 % tous stades confondus. Le nombre de décès en France a été de moins de 100 par an
au cours des dernières années, soit un taux de mortalité de 0,2/100 000 hommes, en constante diminution. Ces
données illustrent les progrès thérapeutiques très importants réalisés au cours des dernières décennies, notam
ment depuis l'utilisation du cisplatine dans les protocoles de chimiothérapie.
3. Histoire naturelle
• Les tumeurs germinales du testicule dérivent des gonocytes primordiaux, précurseurs embryonnaires des gamètes
de l'adulte, et partagent une lésion pré-cancéreuse commune appelée néoplasie germinale intra-tubulaire indiffé
renciée. La carcinogénèse est mal connue. Les premières étapes sont possiblement en relation avec une exposition
maternelle à des perturbateurs endocriniens.
• Après un développement le plus souvent local, la dissémination tumorale peut s'effectuer par voie sanguine ou
lymphatique. La voie lymphatique suit les pédicules vasculaires spermatiques, qui naissent directement de l'aorte
lombaire et se jettent dans la veine cave inférieure à droite et la veine rénale à gauche, tandis que la voie hémato
gène est celle de la veine spermatique. Les premiers sites métastatiques atteints sont donc les ganglions rétro
péritonéaux (Figure 2) et les poumons.
Tableau 3: LA PLACE DES MARQUEURS TUMORAUX SÉRIQUES DANS LA PRISE EN CHARGE DES TUMEURS GERMINALES DU TESTICULE
• Rôle diagnostique
- Avant l'orchidectomie, l'élévation de l'AFP et/ou de l'hCG confirme quasiment avant l'anatomo-pathologie le
diagnostic de tumeur germinale.
- Leur élévation peut être suffisante comme critère diagnostique pour engager un traitement sans réaliser
l'orchidectomie si le tableau clinique le justifie (métastases menaçantes).
• Rôle dans la stadification de la maladie
- Si la tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne est normale, la normalisation des marqueurs est nécessaire
pour conclure au stade localisé de la maladie.
• Rôle pronostique
- Lorsque la tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne montre des métastases, le niveau d'élévation des
marqueurs permet d'intégrer le patient dans un des groupes pronostiques de la classification internationale pour les
tumeurs germinales non séminomateuses (cf. Tableau 5).
• Rôle dans la surveillance après traitement
-Après traitement, la surveillance des patients repose sur l'examen clinique, l'imagerie et le dosage régulier des
marqueurs tumoraux sériques.
4.4. Imagerie
• L'examen de référence est l'échographie scrotale. Elle permet, outre de confirmer l'origine testiculaire de la masse
scrotale, d'explorer le testicule controlatéral. L'aspect échographique d'une tumeur germinale se présente volon
tiers sous la forme d'un nodule hyp oéchogène, possiblement hétérogène, volontiers hypervascularisé en mode
doppler.
4.5. Orchidectomie
• Le diagnostic positif final d'une tumeur germinale du testicule repose sur l'analyse anatomo-pathologique de la
pièce d'orchidectomie.
• Une tumeur testiculaire ne doit jamais être biopsiée : toute découverte d'une masse intra-testiculaire est un
cancer jusqu'à preuve anatomo-pathologique du contraire et doit conduire à la réalisation d'une exploration
scrotale par voie inguinale. Celle-ci se fait sous anesthésie générale ou sous rachianesthésie, après clampage haut
et premier du cordon spermatique à l'orifice inguinal profond pour éviter toute dissémination hématogène lors de
la mobilisation de la masse. La pièce opératoire comporte ainsi le testicule, ses annexes et le cordon spermatique
jusqu'à l'orifice inguinal.
• Une prothèse testiculaire peut être mise en place dans le même temps ou à distance.
• Un recueil de sperme pour cryoconservation doit être systématiquement proposé au patient, au mieux avant
l'orchidectomie, au sein d'un CECOS (Centre d'Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain). Il
s'agit d'une mesure médico-légale dans la mesure où la maladie elle-même et les traitements peuvent être respon
sables de troubles de la fertilité.
• Une orchidectomie partielle peut être proposée dans des circonstances particulières, comme par exemple en cas
de testicule unique.
4.6. Anatomo-pathologie
• Le compte rendu anatomo-pathologique apporte le diagnostic positif de tumeur germinale et précise les diffé
rentes composantes observées. La prise en charge clinique impose de distinguer les séminomes purs d'une part
et les tumeurs non séminomateuses d'autre part. Le stade pî est également précisé (Tableau 4).
Stade pT
pTis • Néoplasie germinale intra-tubulaire indifférenciée
5. Stadification et pronostic
5.1. Bilan d'extension
• La tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne est l'examen d'imagerie de référence pour le bilan d'ex
tension de la maladie.
• Les principales régions d'intérêt à la recherche d'une dissémination métastatique sont le rétropéritoine, le foie, le
médiastin et les poumons.
LJE 9 - ITEM 31 Ü I TUMEURS DU TESTICULE 415 ◄
• L'imagerie par TEP-FDG n'a aucune place dans le bilan initial.
• L'imagerie cérébrale doit être réalisée en cas de maladie métastatique extra-ganglionnaire, de signes de localisa
tion neurologique ou de forme de mauvais pronostic.
• La scintigraphie osseuse ou l'échographie hépatique ne sont demandées qu'en cas de point d'appel clinique.
• Le suivi des marqueurs tumoraux sériques et les résultats de la tomodensitométrie thoraco-abdomino
pelvienne permettent de déterminer le stade localisé ou métastatique de la tumeur germinale. Les stades
localisés sont définis par la normalisation des marqueurs tumoraux sériques dans les suites de l'orchidectomie et
l'absence de métastase décelable sur la tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne.
Pronostic intermédiaire
Présence de métastases viscérales Absence de métastases viscérales
extra-pulmonaires extra-pulmonaires
et
1000,; AFP s 10000ng/ml
ou
5000,; hCG,; 50000 Ul/1
ou
1,5,; LDH ,; 10xN
Mauvais pronostic
Pas de sous-groupe de mauvais pronostic Présence de métastases viscérales
en cas de tumeur séminomateuse pure extra-pulmonaires
ou
AFP> 10000ng/ml
ou
hCG>50000 Ul/1
ou
LDH>10xN
Survie à sans : 48 %
6. Diagnostics différentiels
• Le principal diagnostic différentiel est l'orchi-épididymite, qui se distingue par la présence de signes infectieux
pouvant être marqués (fièvre, douleur), de troubles urinaires ou d'un ECBU positif, et un signe de Chevassu
négatif.
• En cas de doute, l'échographie testiculaire pourra trancher en mettant en évidence un épaississement et un aspect
hypervascularisé de l'épididyme.
• L'hydrocèle vaginale est facilement reconnaissable par son aspect régulier et de consistance hydrique.
• Les autres diagnostics différentiels peuvent facilement être éliminés cliniquement ou à l'échographie (kyste de
l'épididyme, varicocèle, hernie inguino-scrotale ...).
► Références
1. Les tumeurs germinales du testicule représentent la première cause de tumeur maligne solide
de l'homme jeune.
2. Les marqueurs tumoraux sériques (AFP, hCG, LDH) ont un triple rôle dans le diagnostic, le pro
nostic et le suivi.
3. La tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne est l'examen d'imagerie de référence pour
le bilan d'extension de la maladie.
4. Le diagnostic positif repose sur l'analyse anatomo-pathologique de la pièce d'orchidectomie
(les biopsies sont interdites).
S. Une conservation du sperme doit être obligatoirement proposée, au mieux avant tout acte
thérapeutique.
6. Les formes métastatiques doivent être classées dans un des trois groupes pronostiques de la
classification internationale.
7. Le cisplatine est la molécule de chimiothérapie qui a permis de transformer le pronostic des
tumeurs germinales métastatiques.
8. Le pronostic est excellent (taux de guérison de l'ordre de 95 %) à condition d'une prise en
charge diagnostique et thérapeutique adaptée.
1. Toute tumeur du testicule de l'adulte jeune est un cancer (une tumeur germinale) jusqu'à
preuve du contraire.
2. Une gynécomastie ou des douleurs lombaires chez l'adulte jeune doivent faire évoquer le dia
gnostic de tumeur germinale du testicule.
3. Les séminomes purs ne s'accompagnent jamais d'une élévation de l'AFP.
4. L'imagerie parTEP-FDG n'a pas de place dans le bilan d'extension de la maladie.
S. Sur le plan anatomo-pathologique, il faut séparer les séminomes purs (50 % des tumeurs envi
ron) d'une part et les tumeurs non séminomateuses d'autre part.
6. Les tumeurs non séminomateuses peuvent être pures (1 seul composant) ou mixtes (plusieurs
composants dont possiblement du séminome).
7. La définition du stade localisé ou métastatique de la maladie inclut la tomodensitométrie
abdomino-pelvienne ET les marqueurs tumoraux sériques (AFP, hCG, LDH).
8. Dans la classification internationale des formes métastatiques, le niveau d'élévation des mar
queurs tumoraux sériques est déterminé lors du nadir post-orchidectomie et non avant l'orchidec
tomie.
CHAPITRE ►--------------------------------------
Tumeurs vésicales
Dr François Audenet',Pr Catherine Durdux2, Pr Nadine Houede3,
Pr Marc-Olivier Timsit', Pr Stéphane Oudard4
'Service d'Urologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris
2
Service d'Oncologie Radiothérapie, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris
3 Service d'Oncologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes
•service d'Oncologie médicale, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris
............................................................................
.. ..
· 1. Épidémiologie - Facteurs de risque OBJECTIFS iECN
2. Anatomo-pathologie
� Tumeurs vésicales
3. Diagnostic
- Diagnostiquer une tumeur vésicale
3.1. Circonstances de découverte
3.2. Bilan initial
4. Bilan d'extension
4.1. TVNIM
4.2. TVIM Mots clés: BCG - Carcinome urothélial -
S. Bilan pré-thérapeutique Chimiothérapie - Cystectomie - Cystoscopie -
6. Évolution et pronostic Cytologie urinaire - Immunothérapie -
7. Bases du traitement Radiothérapie - Résection trans-urétrale de vessie -
7.1. Mesures générales Tumeur de vessie infiltrant le muscle - Tumeur de
7.2. Principes de traitement des TVNIM vessie n'infiltrant pas le muscle.
7.3. Principes de traitement des TVIM
7.4. Suivi des TVIM
• Les tumeurs vésicales représentent une entité hétérogène, avec deux formes cliniques extrêmement différentes en
termes de prise en charge et de pronostic.
• Ces tumeurs résultent le plus souvent du contact prolongé entre la muqueuse vésicale et les carcinogènes présents
dans les urines, au premier rang desquels on retrouve le tabac.
• Toute la démarche diagnostique et thérapeutique repose sur la distinction entre une tumeur de vessie n'infiltrant
pas le muscle vésical (TVNIM) et une tumeur de vessie infiltrant le muscle (TVIM). Par conséquent, il est primor
dial, lors de l'évaluation initiale, d'obtenir un diagnostic histologique précis, dont dépendra le bilan d'extension,
le choix éventuel d'un traitement radical ou d'un traitement adjuvant, ainsi que les modalités de surveillance.
• Si les TVNIM sont habituellement prises en charge par les urologues, les TVIM nécessitent une prise en charge
multidisciplinaire impliquant urologues, oncologues médicaux et oncologues radiothérapeutes.
• Cependant, malgré l'émergence de nouveaux traitements, le pronostic reste sombre dans les formes localement
avancées et métastatiques.
FACTEURS DE RISQUE
Tabac++++ Risque relatif multiplié par 5 à 10
2. Anatoino-pathologie
• L'urothélium ou épithélium transitionnel est l'épithélium de recouvrement de l'arbre.urinaire. La maladie urothé
liale peut donc toucher, de manière synchrone ou métachrone, calices, bassinets, uretères, vessie et urètre.
• La vessie est plus fréquemment atteinte en raison de la surface importante de l'urothélium et du temps de contact
prolongé avec les carcinogènes urinaires.
TYPES HISTOLOGIQUES
Carcinome UROTHÉLIAL 90 %des cas
• Deux critères pronostiques majeurs doivent être renseignés lors de l'examen anatomo-pathologique: le stade
tumoral et le grade tumoral.
• Le stade tumoral correspond au degré de pénétration dans la paroi vésicale (Figure 1, Tableau 1).
- Les cancers de stade pTis, pTa et pTI sont des tumeurs de vessie n'infiltrant pas le muscle vésical (TVNIM).
- Les cancers de stade pT2 à pî4 sont des tumeurs de vessie infiltrant le muscle vésical (TVIM).
• Le grade tumoral: les TVNIM peuvent être de bas grade ou de haut grade; le haut grade étant associé à un risque
plus élevé de récidive et de progression. Par définition, les TVIM sont toujours des tumeurs de haut grade.
Figure 1. Schéma des différents stades tumoraux (d'après l'Institut National du Cancer)
TVNIM TVIM
Ta Tis T1 T2 T3 T4
Muqueuse
Sous-muqueuse
Muscle superficiel
Muscle profond
Graisse périvésicale
Organes voisins
Stade T
pTa • Tumeur papillaire de grade variable sans infiltration du chorion
pTis • Tumeur plane de haut grade sans infiltration du chorion -Carcinome in situ
TVNIM
pTt • Tumeur papillaire de grade variable avec infiltration du chorion mais sans
infiltration du muscle
Stade N
No • Pas d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
Nt • Atteinte d'un seul ganglion lymphatique pelvien (hypogastrique, obturateur,
iliaque externe ou présacré)
N2 • Atteinte de multiples ganglions pelviens (hypogastrique, obturateur, iliaque
externe ou présacré)
• Atteinte d'un ou plusieurs ganglions lymphatiques iliaques primitifs
Stade M
Mo • Absence de métastase à distance
Mt • Métastase(s) à distance
• N'est pas nécessaire avant la résection endoscopique au bloc opératoire lorsqu'un examen d'imagerie (échogra
phie vésicale ou TDM) montre un aspect caractéristique de tumeur de vessie.
Le diagnostic anatomo-pathologique de la RTUV permet de faire la distinction entre TVNIM et TVIM, dont
dépend la suite de la prise en charge.
4. Bilan d'extension
4.1. TVNIM
• Uroscanner: rechercher une localisation tumorale synchrone dans le haut appareil urinaire (tumeur de la voie
excrétrice urinaire supérieure: TVES).
• Aucun bilan d'extension nécessaire.
4.2. TVIM
• TDM thoraco-abdomino-pelvienne avec injection de produit de contraste (en l'absence de contre-indication;
créatininémie normale) avec temps tardif excrétoire.
• Recherche :
- une dilatation des cavités pyélo-calicielles en cas d'obstruction urétérale par la tumeur (Figure 3);
- une tumeur synchrone dans le haut appareil urinaire;
- une extension loco-régionale et à distance de la tumeur: envahissement de la graisse péri-vésicale et des organes
de voisinage, adénopathies pelviennes ou rétro-péritonéales, métastases (foie, poumon, os).
• Autres examens uniquement en cas de point d'appel clinique (scintigraphie osseuse, scanner cérébral).
5. Bilan pré-thérapeutique
• Évaluation du terrain (comorbidités associées du patient tabagique)+++.
• Fonction rénale.
• PSA en cas de chirurgie radicale ou de radiothérapie.
6. Évolution et pronostic
TVNIM TVIM
7. Bases du traitement
► Références
• Rouprêt M, Neuzillet Y, Pignot G, Compérat E, Audenet F, Houédé N, Larré S, Masson-Lecomte A, Colin P, Brunelle S, Xylinas E,
Roumiguié M, Méjean A. Recommandations françaises du Comité de Cancérologie de l'AFU - Actualisation 2018-2020: tumeurs de
la vessie. Prog Urol. 2018 Nov;28(12S):S46-78.
• Xylinas E, Larré S, Tumeurs vésicales in Référentiel du Collège Français des Urologues. Elsevier Masson 2018.
• Recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) - Institut National du Cancer. Cancer de la vessie. Mai 201O.
POINTS CLÉS
1. Le diagnostic de tumeur de vessie doit être évoqué devant toute hématurie macroscopique
en raison de sa fréquence et de sa gravité.
2. Le tabagisme est un facteur de risque majeur.
3. Des facteurs de risque professionnels doivent être systématiquement recherchés.
4. Dans 90 % des cas, les tumeurs de vessie sont des carcinomes urothéliaux.
5. On distingue deux stades au profil évolutif et au pronostic différents:
- tumeurs de vessie n'infiltrant pas le muscle (TVNIM) : risque de récidive et de progression.
- tumeurs de vessie infiltrant le muscle vésical (TVIM): risque d'évolution métastatique.
6. Le bilan diagnostique initial repose sur la cytologie urinaire et la cystoscopie sous anesthésie
locale.
7. La résection trans-urétrale de vessie (RTUV) est le premier temps de la prise en charge: c'est
un geste chirurgical à la fois diagnostique (examen anatomo-pathologique) et thérapeutique
(pour les TVNIM).
8. Le sevrage tabagique est primordial.
9. Le traitement des TVNIM repose sur la RTUV associée aux instillations endovésicales en fonc
tion du risque. La surveillance doit être prolongée.
1O. Le traitement des TVIM localisées comprend la cystectomie avec curage ganglionnaire pel
vien étendu et dérivation des urines.
11. La chimiothérapie néo-adjuvante à base de cisplatine est recommandée.
12. L'association radio-chimiothérapie est une alternative à la chirurgie chez des patients sélec
tionnés.
13. Les TVIM métastatiques relèvent d'un traitement par chimiothérapie palliative.
14. L'immunothérapie donne des résultats très prometteurs dans les TVIM localement avancées
ou métastatiques, notamment en deuxième ligne post-chimiothérapie à base de sels de platine.
[ H É _M AT_u_ R_IE ]
•
___ _ � __
/
Échographie, cytologie, fibroscopie vésicale
Tumeur de vessie
,��
r--
Cisplatine) Soins de -Cytologie
Ttt curatif support -Uro-TDM (VES)
chirurgical:
cystectomie
+ dérivation '------•► Récidive
urinaire Surveillance
-Clinique
-TDM TAP
-Créat. Récidive
··············································································································································································
1. La découverte d'une tumeur de vessie doit faire systématiquement rechercher une exposition
professionnelle pour permettre une déclaration en maladie professionnelle.
2. La RTUV est le premier temps de la prise en charge des tumeurs de vessie: elle permet de faire
le diagnostic anatomo-pathologique et constitue une étape essentielle dans le traitement des
TVNIM.
3. Le but des instillations endovésicales est de diminuer le risque de récidive et de progression
desTVNIM.
4. Il faut toujours rechercher une atteinte synchrone de la voie excrétrice supérieure par un
uroscanner et surveiller l'ensemble de l'urothélium après traitement.
5. Pour les TVIM métastatiques, le traitement est palliatif et repose sur la chimiothérapie±
immunothérapie.
6. La radiothérapie vésicale peut avoir un rôle palliatif en cas d'hématurie abondante.