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LIVRE OFFICIEL DU
Cancérologie
3e édition actualisée
1
L E R É F É R E N T I E L | M E D - L I N E
Cancérologie
3e édition actualisée
R2C
2
Éditions MED-LINE
Tél. : 09 70 77 11 48
e-mail : inline75@aol.com
www.med-line.fr
Achevé d’imprimer par Pulsio en Juillet 2021. Dépôt légal Juillet 2021.
Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement des auteurs, ou de leurs ayants
droit ou ayants cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction,
par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.
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Sommaire
Chapitre 4 : Le médecin préleveur de cellules et/ou de tissus pour des examens d’anatomie
et cytologie pathologiques........................................................................................................................... 61
Item 293
4
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Chapitre 16 : Tumeurs de l’ovaire ....................................................................................................................................... 269
Item 306
Attention : les photographies présentées sur un fond vert dans l’ouvrage correspondent à un contenu
multimédia que l’étudiant doit connaître et sur lequel il peut être interrogé.
4 5
Préface
C’est un grand honneur et un immense plaisir de présenter le Référentiel d’Oncologie du Collège National des
Enseignants en Cancérologie (CNEC) dont l’objectif premier est de développer les chapitres les plus importants
de notre discipline.
Cet ouvrage est destiné aux étudiants du deuxième cycle des études médicales (DFASM) en leur permettant de
compléter leur formation et leurs connaissances en Oncologie avec une vue transversale de la discipline.
Cette approche est complémentaire de la Cancérologie enseignée par les spécialités d’organe, mais surtout est
indispensable à l’appréhension et la compréhension de la maladie cancéreuse selon une approche multidisciplinaire.
L’important travail accompli a permis d’aboutir à un savant mélange entre un haut niveau scientifique et
l’accessibilité pédagogique aux étudiants.
Il propose un support pédagogique basé sur des données actualisées et adapté à l’évolution récente des objectifs en
lien avec la nouvelle réforme des études médicales.
Je tiens à remercier chaleureusement tous les membres du CNEC et tous les auteurs pour leur travail et leur
implication conséquente dans le respect des nouvelles mesures de la R2C.
Les Professeurs Philippe Giraud et Jean Trédaniel doivent être particulièrement remerciés pour la coordination
sans faille et la rigueur avec laquelle ils ont mené ce projet à son terme.
En espérant que tous ces efforts aident les étudiants à réussir leurs épreuves dans le cadre de la réforme R2C et
surtout que ce manuel puisse éveiller chez certains d’entre eux intérêt et curiosité pour notre belle spécialité.
Pr Jean-Philippe Spano
Président du CNEC
Au nom du bureau du CNEC
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5
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Introduction
Sous l’égide du Collège National des Enseignants en Cancérologie (CNEC) cette nouvelle édition du cours
Référentiel en cancérologie adopte le nouveau programme de connaissances de la « Réforme du second cycle des
études médicales » (R2C), paru au Journal Officiel du 2 septembre 2020*, qui a fait l’objet d’une suppression des
unités d’enseignement (UE), d’une nouvelle numérotation et d’une hiérarchisation des objectifs de connaissances
en rang A (connaissances indispensables pour tout futur médecin) et rang B (à connaître à l’entrée dans une
spécialité de troisième cycle).
Il est réalisé avec le concours d’équipes universitaires impliquées dans l’enseignement de la cancérologie, discipline
transversale s’il en est.
Les auteurs, dont l’expertise est reconnue, doivent être ici chaleureusement remerciés de leur implication dans la
réalisation de cet ouvrage.
Comparativement à l’ancien programme, la liste des items de connaissances de la R2C est inchangée mais
conformément aux recommandations du groupe de travail de la R2C, l’ensemble des connaissances a été en partie
réduit pour se conformer au nouveau programme. Pour chacun des 24 items du programme de connaissances
abordés, les objectifs hiérarchisés en rang A et rang B sont listés dans un tableau au début de chaque chapitre.
Cette hiérarchisation respecte la docimologie imposée de la R2C mais ne reflète pas l’ensemble du corpus de
connaissances nécessaires à la pratique de la Cancérologie. L’ouvrage prend en compte les situations de départ,
en lien avec les objectifs de connaissances. Elles sont appelées dans le texte et sont récapitulées à la fin de chaque
chapitre dans un tableau indiquant leur intitulé avec un bref descriptif. Le CNEC a fait également le choix de
garder les points clés et le coup de pouce de l’enseignant de l’édition précédente dans le tableau des situations de
départ afin de conserver les informations synthétiques essentielles.
Nous espérons que cet ouvrage répondra à vos attentes et vous guidera au mieux dans votre préparation.
Pr Philippe Giraud
Pr Jean Trédaniel
Coordonnateurs de l’ouvrage
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Item 290
hapitre 1
Épidémiologie, facteurs de risque,
prévention et dépistage des cancers
C
Pr Philippe Giraud1, Pr Jean Trédaniel2
1
Service d’Oncologie – Radiothérapie, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris
2
Unité de Cancérologie thoracique, Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph, Paris
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A Étiologies Connaître la notion de risque attribuable et les caractéristiques des 3 niveaux
de risque
A Étiologies Connaître les principaux facteurs de risque de cancer : tabac, alcool, nutrition,
environnement, expositions professionnelles, infection
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque génétiques
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque spécifiques des cancers du sein, du col, de
l'endomètre, de l'ovaire
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque des cancers du côlon et du rectum et leurs
niveaux de risque
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque du cancer de la prostate et leurs niveaux de
risque (impact important : ATCD familiaux ; impact limité : environnement)
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque du cancer du sein et leurs niveaux de risque
(impact important : ex. : ATCD personnels ou familiaux ; impact limité ex. :
exposition hormonale)
A* Étiologies Connaître les facteurs de risque (tabac, environnement, expositions
professionnelles) du cancer du poumon et leurs niveaux de risque
B* Étiologies Connaître les facteurs de risque des cancers bronchiques et du mésothéliome
en milieu professionnel
A Définition Niveaux de prévention : définitions et principes de prévention primaire,
secondaire et tertiaire
B Éléments Connaître les principaux types d'HPV oncogènes
physiopathologiques
A Définition Prévention selon la population : universelle, sélective ou ciblée
A Définition Connaître les modalités de prévention primaire du cancer épidermoïde du col
de l'utérus (vaccination HPV et ses différents types)
A Définition Connaître les définitions du dépistage des cancers (organisé versus individuel),
modalités (organisé versus opportuniste), principes et principaux biais
A Définition Dépistage des cancers : conditions pour réaliser un dépistage organisé
A Définition Connaître les modalités de dépistage individuel du cancer du sein et le
programme de dépistage organisé
A Définition Connaître les modalités de dépistage individuel du cancer colorectal et le
programme de dépistage organisé
A Définition Connaître les modalités de dépistage individuel du cancer du col de l'utérus et
le programme de dépistage organisé
* Les rubriques marquées par une étoile sont abordées dans les chapitres concernés (items 291, 300, 301, 306, 309,
310 et 312).
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
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Item 290
• Le cancer est une cause majeure de morbidité et mortalité. Pour la planète prise dans son ensemble, il a été res-
ponsable en 2018 de 18 millions de nouveaux cas (ou cas incidents) et de 9,6 millions de décès.
1.1.1. Définitions
• L’incidence est le nombre de nouveaux cas par unité de temps (habituellement, un an) dans une population. La
mortalité est le nombre de décès par unité de temps dans une population. La prévalence est le nombre de per-
sonnes vivantes qui se sont vues porter le diagnostic à un moment quelconque de leur vie (et dont certaines sont
peut-être déjà guéries).
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Figure 1. Projection de l’incidence et de la mortalité selon le sexe, France, 2018
Incidence Mortalité
Hommes Hommes
54% Femmes 57% Femmes
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Item 290
• L’âge médian au diagnostic est de 67 ans chez l’homme et 65 ans chez la femme.
• En 2017, la prévalence est estimée à 169 718 personnes.
• Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer ; il représente 21 % de l’ensemble des décès par
cancers (respectivement, 25 % et 15 % chez l’homme et la femme) (Figure 3).
Figure 4. Nombre de cas de cancers attribuables aux différents facteurs de risque de cancer en France en 2000
Source : Les cancers en France, édition 2016, collection Les Données, Institut national du cancer
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1.4.1. Tabac
• Le tabac est le premier facteur de risque évitable de mortalité précoce par cancer, en France et dans le monde.
À l’échelle de la planète, 2,4 millions de décès par cancer attribuables au tabagisme sont comptabilisés chaque
année.
• La fumée de tabac contient plus de 8000 composés chimiques, dont plus de 70 sont reconnus comme cancéro-
gènes (hydrocarbures polycyliques aromatiques – « les goudrons » –, N-nitrosamines, amines aromatiques …).
• En France, le tabac a été responsable, toutes maladies confondues, de 75 000 décès en 2015, dont 46 500 décès
par cancer. Le tabac est impliqué, à des degrés divers (Figure 5) dans le développement de plusieurs localisa-
tions cancéreuses : cancer du poumon en premier, mais aussi cancers ORL (cavités nasales, bouche, pharynx,
larynx), cancers digestifs (œsophage, estomac, pancréas, côlon-rectum, foie), cancers urologiques et gynécolo-
giques (rein, vessie, sein, ovaire, col de l’utérus), leucémies myéloïdes. Il n’y a pas de seuil de consommation sans
risque puisque même le tabagisme passif (ou involontaire) augmente le risque de cancer.
Figure 5. Fraction (%) des décès attribuables au tabagisme, selon la localisation cancéreuse, France, 2015
100
80
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Homme
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1.4.2. Alcool
• L’alcool représente la deuxième cause de mortalité évitable par cancer.
• En 2016, la consommation d’alcool a causé environ 3 millions de décès dans le monde, dont 376 000 décès par
cancer.
• En France, l’alcool a été responsable en 2015 de 28 000 nouveaux cas de cancer et de 16 000 décès par cancer.
• La consommation d’alcool augmente le risque de développer un cancer dans 8 localisations : bouche, pharynx,
larynx, œsophage, estomac, côlon-rectum, sein et foie. Parmi les cancers attribuables à l’alcool, le cancer du
sein est le plus fréquent (plus de 8 000 cas par an).
• Le risque de cancer augmente quel que soit le type de boisson alcoolisée consommée et de manière linéaire avec
la dose, sans seuil en dessous duquel le risque serait nul : même une consommation faible augmente le risque.
• Les effets de l'alcool sont renforcés quand ils sont associés à ceux du tabac, particulièrement pour les cancers des
voies aérodigestives supérieures.
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2.1. Définitions
• On estime à moins de 10 % les cancers héréditaires et à environ 40 % les cancers qui pourraient être évités
grâce à des changements de comportements et de modes de vie.
• La prévention consiste à éviter l’apparition, le développement ou l’aggravation de maladies ou d’incapacités.
On distingue classiquement :
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– la prévention primaire qui agit en amont de la maladie (ex. : action sur les facteurs de risque) afin de diminuer
l’incidence ;
– la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de l’évolution (ex. : dépistage, traitement des états pré-
cancéreux) ;
– et la prévention tertiaire qui agit sur les complications des traitements et les risques de récidive.
• Ainsi la prévention primaire intéresse les populations tandis que la prévention secondaire vise l’individu à haut
risque.
Hormis la prévention de l’infection HPV, la prévention des facteurs de risque ne figure pas dans les objectifs
de connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
2.2.1. Tabac
• Les mesures les plus importantes pour la lutte contre le tabagisme, et dont l’efficacité a été universellement
vérifiée, sont :
– l’augmentation, forte et régulièrement répétée, des prix (prix du paquet de 20 cigarettes à 10 euros en
novembre 2020) ;
– l’interdiction de la publicité, directe et indirecte ;
– l’interdiction de fumer dans les lieux publics clos ;
– l’interdiction de la vente de tabac aux moins de 18 ans ;
– l’apposition d'avertissements sanitaires illustrés sur les paquets de cigarettes.
• Cet arsenal de mesures a été renforcé par le lancement, en septembre 2014, du Programme national de réduction
du tabagisme (PNRT), dans le cadre du Plan cancer 2014-2019 :
– Depuis le 1er janvier 2017, les paquets de cigarettes « de marque » ont été remplacés par le paquet neutre.
– De nouvelles professions (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, dentistes, médecins du travail…) sont
autorisées à prescrire des substituts nicotiniques.
– Le forfait d’aide au sevrage a été porté à 150 € par an pour tous les assurés.
– L’opération « Mois sans tabac », conçue pour inciter les fumeurs à arrêter de fumer durant un mois (ce qui
multiplie par 5 les chances d’arrêter de fumer définitivement) a été lancée, pour la première fois, en novembre
2016 et a pour vocation de se dérouler tous les ans.
– Chez les malades et anciens malades, un bénéfice significatif de l’arrêt du tabac, augmentant avec la durée de
l’abstinence, a été observé pour tous les cancers majeurs associés au tabagisme. Ceci est particulièrement net
pour les patients atteints d’un cancer du poumon localisé au thorax et qui sont en situation curatrice ; il est
impératif, chez eux, d’obtenir un sevrage définitif.
– La cigarette électronique (e-cigarette) est un dispositif permettant d’inhaler de la vapeur obtenue par chauffage
d’une solution liquide composée principalement de propylène glycol, de glycérol, d’arômes et le plus souvent
de nicotine. À la différence des cigarettes, elles ne contiennent pas de tabac, ne créent ni fumée ni combustion.
Bien que la nicotine soit addictive et - à très haute dose - néfaste pour la santé, la cigarette électronique ne
contient pas le vaste cocktail de produits chimiques cancérogènes trouvés dans le tabac combustible. Il est
admis qu’utiliser la cigarette électronique est infiniment moins nocif que de continuer à fumer du tabac.
2.2.2. Alcool
• La lutte contre l’alcoolisme doit faire face à l’action de nombreux lobbies des producteurs. Là aussi, l’action passe
par la fiscalité et l’encadrement de la publicité.
• Les recommandations sont de ne pas dépasser dix verres par semaine (un verre standard contient 10 gr d’alcool
pur), pas plus de deux verres par jour et au moins deux jours sans alcool par semaine.
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➢ Il est pris en charge à 65 % par l’Assurance maladie.
➢ la vaccination contre l’hépatite B est obligatoire dès l’âge de 2 mois.
– en détectant et en traitant précocement une éventuelle infection (ex. : Helicobacter pylori) ;
– en surveillant régulièrement l'apparition de lésions précancéreuses (ex. : frottis cervico-utérin chez les femmes
de 25 à 65 ans).
• Dans la médecine de soins, un sujet malade demande à être examiné et une obligation de moyens s’impose. Dans
le dépistage, on demande à examiner des sujets (qui se croient) bien portants et une obligation de résultat – dimi-
nution de la mortalité liée à la maladie dépistée – s’impose : la réussite du dépistage est le non-évènement (le décès
ne se produit pas !).
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3.3.2. Cancer du côlon-rectum
• Le programme national de dépistage organisé du cancer colorectal s’adresse aux personnes âgées de 50 à
74 ans, à risque moyen de cancer colorectal, qui sont invitées tous les deux ans à consulter leur médecin traitant
pour réaliser un test de recherche de sang occulte dans les selles. Le test au gaïac (Hémoccult II) a été remplacé
par le test immunologique, plus performant et plus facile d’utilisation. Il est suivi, en cas de positivité, par une
coloscopie totale.
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Principales situations de départ en lien avec l’item 290 :
« Épidémiologie, facteurs de risque, prévention et dépistage des cancers »
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Item 291
Rang -
Rubrique - - ~ --
Intitulé
- - � � ---- - �-
24
Connaître les situations (cliniques et anamnestiques) devant faire suspecter un
B Diagnostic positif
syndrome héréditaire sein-ovaire
Connaître les situations (cliniques et anamnestiques) devant faire suspecter
B Diagnostic positif un syndrome de Lynch. Savoir distinguer phénotype tumoral MSI et syndrome
de Lynch
Connaître la définition du syndrome de Polypose Adénomateuse Familiale et les
B Définition
gènes à l'origine de ce syndrome
Éléments physiopatholo- Définir et distinguer les principaux types d'anomalies génétiques observées
B
giques dans les cellules cancéreuses (BRCA1-2 et Lynch)
A Définition Connaître la définition des cancers professionnels
Prévalence des cancers professionnels. Fréquence des expositions et part
B Prévalence, épidémiologie
attribuable liée aux expositions professionnelles
Lister les principaux facteurs de risque des cancers professionnels (cancer
bronchique, mésothéliome, tumeurs malignes de vessie et des voies urinaires,
A Étiologies
leucémies aigues, tumeurs malignes cutanées, cancers naso-sinusiens, cancers
du nasopharynx)
A 1. Cancérogenèse
25
Item 291
- - -
Lésions épithéliales
Normal Adénome
-
Adénome
Avec atypies sévères Adénocarcinome
26
Ces différents stades d'évolution d'une lésion apparaîtront clairement à la lecture du compte-rendu
anatomo-pathologique d'une biopsie ou d'une exérèse chirurgicale de la lésion.
Principales caractéristiques des cellules cancéreuses, selon la publication d'Hanahan et Weinberg, Cell, 2011.
Selon ces auteurs, l'existence d'une inflammation tissulaire et d'une instabilité génétique sont considérées
comme des processus favorisant l'acquisition des différentes propriétés des cellules tumorales.
• La notion de cellule souche tumorale a été établie à partir d'expériences de transplantation de cellules triées
(cellules leucémiques ou cellules issues de tumeurs solides) chez la souris immuno-déficiente. Dans ces modèles,
seules certaines cellules, en faible nombre (cellules souches tumorales) ont la capacité de donner naissance à une
tumeur: elles possèdent des propriétés d'auto-renouvellement, de multipotence (différenciation vers différents
linéages cellulaires), de quiescence ou de multiplication et d'initiation tumorale. Elles seraient à l'origine de la
résistance aux traitements, des rechutes tumorales et des disséminations métastatiques.
• La transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) définit un état transitoire des cellules épithéliales cancéreuses,
au cours duquel ces cellules perdent des caractéristiques épithéliales et acquièrent des caractéristiques phéno
typiques de cellules mésenchymateuses, les rendant mobiles, propices à la migration et au développement de
métastases.
La définition des principales anomalies génétiques observées dans les cellules cancéreuses ne figure pas
dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
PRINCIPALES ANOMALIES
---
GÉNÉTIQUES DES CELLULES CANCÉREUSES
-�� ---
• Amplification génique : augmentation du nombre de copies d'un gène, pouvant conduire à sa surexpression.
L'amplification d'un gène peut être détectée par des techniques de biologie moléculaire (hybridation sur puce
(CG Harray), PCR quantitative, séquençage nouvelle génération - NGS...), par des analyses de cytogénétique
moléculaire (hybridation in situ avec des sondes fluorescentes ou chromogéniques, sur noyau interphasique
ou métaphasique; - FISH, SISH, CISH... ), par ses conséquences au niveau protéique (immunohistochimie);
• Délétion génique : perte de 1 ou des 2 copies d'un gène. La délétion d'un gène peut être détectée par des
techniques de biologie moléculaire (hybridation sur puce, PCR quantitative, séquençage nouvelle génération
NGS...), par des analyses de cytogénétique moléculaire (hybridation in situ avec des sondes fluorescentes
ou chromogéniques, sur noyau interphasique ou métaphasique), par ses conséquences au niveau protéique
(immunohistochimie);
• Translocation/réarrangement chromosomique : fusion de deux segments de chromosomes normalement non
contigus, originaire du même chromosome ou de deux chromosomes différents. Ce type d'anomalie aboutit à
la surexpression de certaines protéines (translocation impliquant les gènes des lg ou des TCR, par exemple),
et/ou à la production de protéines de fusion chimériques (protéine oncogénique BCR-ABL dans le cas de la
translocation t(9;22) caractéristique des leucémies myéloïdes chroniques, par exemple). Ces réarrangements
peuvent être détectés par des techniques de biologie moléculaire (RT-PCR quantitative, séquençage ARN
NGS...), par des analyses de cytogénétique moléculaire (hybridation in situ avec des sondes fluorescentes), et
dépistés par leurs conséquences au niveau protéique (immunohistochimie);
• Mutations : modification de la séquence nucléotidique, concernant un seul nucléotide ou un nombre limité de
nucléotides (petites insertions ou délétions, respectant ou non le cadre de lecture). Ces variations nucléotidiques
peuvent ne pas entraîner de modification protéique (mutation synonyme), induire un changement de la
séquence protéique (mutation faux sens, insertion/délétion en phase), aboutir à la production d'une protéine
tronquée (mutation non sens : création d'un codon stop, insertion/délétion ne respectant pas le cadre de
lecture, mutation touchant un site d'épissage). Elles peuvent donc aboutir à un gain de fonction (mutation
activatrice) ou une perte de fonction (mutation inactivatrice). Une mutation peut être détectée par des
techniques de biologie moléculaire (séquençage, différentes techniques de PCR...), ou par ses conséquences
au niveau protéique (immunohistochimie);
• Méthylation : des anomalies de la méthylation de l'ADN sont associées à des anomalies de régulation
transcriptionnelle (méthylation des régions promotrices de gènes suppresseurs de tumeurs associée à une
perte d'expression);
◄
28
CANCÉROGENÈSE, ONCOGÉNÉTIQUE ]1
• Les techniques de séquençage massif parallèle, également appelé séquençage « de nouvelle génération »
(NGS), sont en train de remplacer les techniques de biologie moléculaire classiques dans les laboratoires.
Ces techniques permettent de séquencer simultanément un ensemble de gènes, partiellement ou en totalité,
de détecter des mutations ponctuelles ou des anomalies du nombre de copies. Elles permettent également
de séquencer l'ensemble des ARN (RNA-Seq), l'ensemble des exons (exome), ou l'ensemble du génome.
L'application de ces techniques de haut ou très haut débit à la prise en charge des patients atteints de cancer
est évaluée dans le cadre de RCP (Réunions de Concertation Pluridisciplinaires) dites« moléculaires».
1-10 mutations �
Mitoses
motrices
10 000-100000 mutations
passagères +O
Œuf Développement Adulte Expansion clonale Tumeur Tumeur Rechute
fécondé Enfance pré-tumorale bénigne/ in situ invasive
Processus mutagène
Intrinsèque
Carcinogènes
environnementaux
Instabilité génétique
Chimio/ __..
radiothérapie
Les mutations sont acquises tout au long de la vie de l'individu, depuis la conception, et dépendent de
l'exposition à des substances carcinogènes environnementales ou liées au mode de vie (alimentation,
tabagisme, profession, etc.), ou aux traitements, y compris le traitement du cancer. La plupart des mutations
sont considérées comme passagères ou accompagnatrices et témoignent de l'exposition à des substances
mutagènes et/ou de défauts de détection et de réparation des dommages à l'ADN. Seuls quelques événements
génétiques (mutations, réarrangements chromosomiques, amplifications ou délétions géniques) jouent un
rôle moteur dans le développement de la tumeur. À titre d'illustration, le noyau d'une cellule où s'accumulent
des altérations génétiques au fur et à mesure des divisions cellulaires, les évènements génétiques « pilotes/
moteurs » sont figurés par des éclairs, les évènements passagers par des étoiles ou des ronds, la couleur du
symbole correspondant au processus mutagène indiqué en bas de la figure.
• Il existe parfois une altération génétique constitutionnelle, héritée de l'un des deux parents, présente dans
toutes les cellules de l'individu et prédisposant l'individu au développement de certains types de cancers (cf infra
oncogénétique).
• Dans la plupart des cas, les anomalies génétiques observées dans les cellules cancéreuses ont été acquises: il s'agit
de variations somatiques, qui sont survenues au cours de la vie de l'individu et se sont accumulées au cours
des divisions cellulaires : on parle ici de génétique somatique par opposition à la génétique constitutionnelle.
Ces mutations peuvent avoir un intérêt diagnostique (pour préciser un type histologique, par exemple dans les
sarcomes, les lymphomes, les gliomes ...), pronostique, ou théranostique, c'est-à-dire permettant de prédire la
réponse à un traitement.
29
Item 291
La définition des mutations « pilotes et passagères » ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
Les mutations qui jouent un rôle dans le développement du cancer sont appelées mutations pilotes/motrices/
conductrices (driver). Il en existe peu (5-1 O) dans chaque tumeur. Elles touchent des proto-oncogènes ou des
gènes suppresseurs de tumeur (cf. infra). Les autres mutations, plus fréquentes, sont le reflet de l'exposition
aux substances carcinogènes et/ou de l'instabilité génétique tumorale et ne jouent pas de rôle dans le
développement du cancer, elles sont appelées mutations passagères/accompagnatrices (passenger).
30
• L'exposition à des facteurs de risque professionnels, comportant des éléments mutagènes et/ou inflammatoires est
détaillée plus loin (cf infra, cancers professionnels).
Cellule
normale
L'ADN tumoral circulant ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont
données à titre indicatif.
Il est actuellement possible de rechercher les anomalies génétiques tumorales au niveau de l'ADN plasmatique.
La quantité d'ADN tumoral circulant dans le plasma varie selon le type de cancer et elle est d'autant plus élevée
que la maladie est à un stade avancé. L'analyse de l'ADN tumoral circulant est actuellement recommandée au
diagnostic pour les adénocarcinomes du poumon métastatiques en absence de matériel tissulaire informatif,
ou lors de la progression sous traitement ciblé anti-EGFR. Les autres utilisations possibles de l'analyse de l'ADN
tumoral circulant (marqueur pronostique, suivi de la maladie résiduelle, recherche de mutations de résistance
aux traitements administrés) dans les différents cancers sont en cours d'évaluation.
A 2. Oncogénétique constitutionnelle
• L'oncogénétique constitutionnelle concerne les altérations génétiques héréditaires: «germinales» ou«consti
tutionnelles », qui peuvent être mises en évidence dans les cellules normales de l'individu. Alors que la géné
tique moléculaire des cancers ou génétique somatique concerne les altérations génétiques acquises des cellules
tumorales.
En cas de suspicion de forme familiale et/ou de syndrome génétique de prédisposition au cancer, une
consultation d'oncogénétique spécialisée doit être proposée au patient.
• Au cours de cette consultation, le risque de syndrome génétique spécifique sera évalué, et un test génétique consti
tutionnel pour identifier le gène impliqué et la mutation causale pourra éventuellement être proposé au patient
(appelé«cas index») dans le respect de la confidentialité des données génétiques. Cette approche est encadrée de
façon très stricte par les lois de Bioéthique.
• Ce test ne peut être réalisé qu'avec un consentement signé du patient, dans un laboratoire agréé et sous réserve
qu'il accepte au préalable d'informer sa parentèle en cas de mutation identifiée. Le test sera généralement réalisé
sur !'ADN isolé des cellules normales, en règle les leucocytes circulants (ADN germinal) ; le prélèvement de
contrôle, obligatoire, peut être un frottis jugal ou un prélèvement salivaire (tube spécifique).
• L'identification de la mutation germinale chez le cas index permet dans un second temps de proposer aux appa
rentés asymptomatiques un«test prédictif» afin de déterminer s'ils sont porteurs de cette caractéristique géné
tique. Un suivi individuel adapté aux risques est alors proposé aux sujets porteurs de la caractéristique génétique
identifiée.
• En cas de forme familiale avérée évocatrice de syndrome de prédisposition au cancer mais sans« mutation »
identifiée chez le cas index, aucun test prédictif n'est disponible. Une surveillance clinique/radiologique appro
priée sera alors proposée à l'ensemble des individus conformément aux recommandations de la Haute Autorité
de Santé (HAS).
• Avec la généralisation des analyses moléculaires tumorales (somatiques), devant l'identification d'un variant délé
tère d'un gène de prédisposition au cancer, il est indispensable de prendre contact avec l'équipe d'oncogénétique
de référence pour un avis et, en fonction, engager les démarches oncogénétiques nécessaires au bénéfice à la fois
du patient affecté par la tumeur et de ses apparentés.
35 ◄
32
(ANCÊROGENÈSE, ONCOGËNËTIQUE
B 2.3. Syndromes de prédisposition génétique aux cancers du sein/ovaire
• 5 à 10 % des cancers du sein surviennent dans le contexte d'un syndrome de prédisposition génétique au cancer dû
à des mutations des gènes BRCAl ou BRCA2, transmis de manière autosomique dominante. Pour chacun de ces
gènes, les mutations sont présentes à une fréquence de 1/500 individus en moyenne dans la population générale.
• Les gènes BRCAI (chromosome 17) et BRCA2 (chromosome 13) codent des protéines impliquées dans la répara
tion des cassures double brin de !'ADN par recombinaison homologue.
• Ces mutations augmentent le risque de développer (sans dépasser 70-80 % de risque cumulé sur la vie) :
- un cancer du sein (à un âge précoce et/ou multifocal) ;
- un deuxième cancer sur le sein controlatéral ;
- un cancer de l'ovaire (essentiellement après 40 ans).
• Pour BRCA2 : augmentation du risque de cancer du pancréas et mélanome ; chez l'homme, augmentation du
risque relatif de cancer du sein et de la prostate.
• Différents éléments doivent conduire à rechercher ce syndrome (Tableau 2).
Le score lnserm dit« score d'Eisinger » est un score familial d'analyse de l'arbre généalogique dans une seule branche
parentale à la fois, basé sur l'âge de diagnostic, la présence de cancer du sein chez l'homme, de cancer de l'ovaire. Il permet
de graduer le risque de prédisposition génétique, et de guider ainsi l'indication à la consultation d'oncogénétique et à la
réalisation d'un test génétique.
Les modalités de surveillance des patientes BRCA ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
Le diagnostic de syndrome BRCA implique une surveillance clinique et radiologique spécifique. Cette
surveillance comporte :
• un examen clinique bisannuel des seins dès l'âge de 20 ans par un médecin référent;
• une imagerie mammaire annuelle dès l'âge de 30 ans par I RM Qusqu'à l'âge de 65 ans) complétée
par une mammographie numérisée plein champ, incidence unique oblique externe± échographie;
• une surveillance gynécologique annuelle dès l'âge de 35 ans, avec au moindre doute échographie
pelvienne et endovaginale dont la fiabilité reste médiocre; ainsi dès 40-41 ans pour BRCA1 et 45-47
ans pour BRCA2, une annexectomie bilatérale est préconisée, à titre préventif.
B • Des mutations d'autres gènes, plus rares, prédisposent également au cancer du sein et doivent être référées à une
consultation d'oncogénétique.
► 36
33
(ANCÉROGENÈSE, ONCOGÉNËTIQUE
Item 291
• Outre les conséquences en termes de dépistage/prévention, la connaissance du statut génétique BRCA a des impli
cations thérapeutiques : la prescription d'un traitement par inhibiteur de PARP dans les cancers du sein, de
la prostate, de l'ovaire ou du pancréas est aujourd'hui conditionnée à la présence d'une mutation (germinale
et/ou tumorale selon le type de cancer) de ces gènes (cf 2.2.3). Ces nouvelles données ont conduit l'INCa à recom
mander une consultation d'oncogénétique chez les patientes présentant un cancer de l'ovaire diagnostiqué avant
70 ans.
• De manière plus générale, le décret intervenu le 1er septembre 2016 met en place l'exonération du ticket modéra
teur pour les examens annuels d'imagerie mammaire chez les femmes à haut risque génétique ou à risque élevé de
cancer du sein (avec ou sans mutation identifiée).
Les éléments listés doivent conduire à la prescription d'un test d'analyse du« statut MMR » de la tumeur. Il convient
d'orienter le patient vers une consultation d'oncogénétique si le résultat est compatible avec un syndrome de Lynch:
statut« dMMR »; cf.2.4.2.
34
Les modalités de surveillance des patients porteurs d'un syndrome de Lynch ne figurent pas dans les
objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
Le diagnostic de syndrome de Lynch implique une surveillance clinique et endoscopique spécifique. Cette
surveillance comporte :
• une coloscopie avec coloration (chromoscopie) à l'indigo-carmin tous les 2 ans (sous couvert d'une
très bonne préparation colique et sans excéder cet intervalle), dès l'âge de 20-25 ans. La colectomie
prophylactique systématique n'est pas préconisée. Une gastroscopie est préconisée, sur le même
rythme que la coloscopie, en cas d'antécédent de cancer gastrique familial, sinon tous les 3-4 ans, à
partir du même âge que la coloscopie.
• un examen de l'utérus par échographie endo-vaginale annuelle, dès l'âge de 30-35 ans, avec
prélèvement endométrial préconisé ; compte-tenu de son efficacité, l'hystéroscopie souple avec
biopsies ciblées tend à s'imposer. L'indication d'une hystérectomie et annexectomie prophylactique
est une option à évoquer et discuter après accomplissement du projet parental.
Le phénotype tumoral dMMR est mis en évidence soit par la présence d'une « instabilité des séquences
microsatellites (ou MSI) » (test de biologie moléculaire révélant l'accumulation d'erreurs de réplication sur des
séquences d'ADN appelées microsatellites) et/ou par une perte d'expression de la protéine issue du gène MMR
muté, détectée par analyse immunohistochimique (dMMR/IHC).
• Le phénotype tumoral dMMR n'est pas spécifique du syndrome de Lynch: l'inactivation du système MMR dans
les tumeurs peut provenir d'une inactivation biallélique d'origine sporadique (impliquant le plus souvent un
mécanisme d'hyperméthylation du promoteur du gène MLHl) et s'observe dans des cancers sporadiques (15 %
des cancers colorectaux, 35 % des cancers de l'endomètre).
• Afin de dépister le syndrome de Lynch, il est recommandé de rechercher le phénotype tumoral dMMR dans les
cancers colorectaux répondant à certains critères (Tableau 3).
• Le phénotype tumoral dMMR se caractérise par une forte sensibilité tumorale à l'immunothérapie anti-tumorale
(anticorps inhibiteurs des points de contrôle immunitaires). Il est donc de plus en plus recherché à visée théra
peutique pour tout type de cancer.
35
'
Item 291
Le séquençage à haut débit ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations
sont données à titre indicatif.
Transposition des données du séquençage à haut débit (NGS) au niveau constitutionnel en recommandations
de prise en charge clinique, individuelle et familiale
Avec l'avènement des techniques de séquençage à haut débit et leur généralisation, la mise en œuvre de
tests constitutionnels couvrant un éventail de multiples gènes susceptibles d'intervenir dans la prédisposition
héréditaire au cancer est devenue réalité.
Il faut aussi rappeler ici que devant l'identification d'un variant délétère d'un gène de prédisposition au
cancer à l'occasion d'une analyse génomique tumorale, il est indispensable de prendre contact avec l'équipe
d'oncogénétique pour engager les démarches nécessaires.
A 3. Cancers professionnels
36
A 3.2. Principaux facteurs de risque
• Les principaux facteurs de risque sont résumés dans le Tableau 4.
• En France, actuellement, l'immense majorité des cancers indemnisés chaque année par le régime général de
la Sécurité sociale sont les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes pleuraux liés à des expositions
antérieures à l'amiante.
► 40 (ANCÊROGENÈSE, ONCOGÉNÉTIQUE
37
Item 291
38
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 291:
«CANCER: CANCÉROGENÈSE, ONCOGÉNÉTIQUE »
► lf2
39
(ANCÊROGENÈSE, ONCOGÊNÊTIQUE
Sur le plan de la surveillance médicale, il convient de
s'assurer que les travailleurs sont informés et portent le
cas échéant des équipements de protection adaptés. Les
dossiers médicaux doivent être conservés 50 ans. Une
surveillance post-exposition (c'est-à-dire pendant que le
sujet est encore en activité), assurée par le médecin du
travail, et une surveillance post-professionnelle (après la
cessation d'activité, en particulier à la retraite), assurée
par le médecin traitant, sont proposées aux personnes
antérieurement exposées. Il existe actuellement un
nombre limité de recommandations de bonne pratique
proposées par les Sociétés savantes concernées et
validées par la Haute Autorité de Santé, sur les examens
à mettre en œuvre après exposition à certains agents
cancérogènes
• pour les poussières de bois, il est recommandé de
proposer un examen ORL et une naso-fibroscopie
tous les 2 ans, à partir d'un délai de 30 ans après le
début de l'exposition lorsque l'exposition cumulée a
duré au moins 1 an ;
• pour les groupes professionnels associés à un
risque très élevé de cancer de vessie, il est proposé
de réaliser une cytologie urinaire semestrielle,
à partir d'un délai de 20 ans après le début de
l'exposition ;
• une réflexion est en cours sur le dépistage qu'il
convient de proposer chez les sujets ayant eu
une exposition antérieure à des cancérogènes
pulmonaires professionnels (incluant l'amiante, qui
est à l'origine du plus grand nombre des cancers
professionnels). La surveillance qui a été préconisée
par la Commission d'audition ad hoc réunie par la
Haute Autorité de Santé en 2010, pour les sujets
antérieurement exposés à l'amiante, visait en effet
exclusivement le dépistage des affections bénignes
(asbestose et fibrose pleurale, notamment plaques
pleurales) et était inadaptée au dépistage des
affections malignes. La recommandation de bonne
pratique récente concernant la «surveillance médico
professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été
exposés à des agents cancérogènes pulmonaires»,
labellisée fin 2015 par la Haute Autorité de Santé
et l'Institut National du Cancer, préconise qu'une
expérimentation soit mise en place pour évaluer la
faisabilité et l'intérêt d'un dépistage par examen
tomodensitométrique thoracique faiblement dosé,
chez des sujets exposés ou ayant été exposés à des
cancérogènes pulmonaires et classés à haut risque
de cancer bronchopulmonaire. Il n'est donc pas
préconisé de le réaliser à ce jour.
Lorsque le sujet part en retraite, la surveillance post
professionnelle assurée par le médecin choisi par
l'assuré fait l'objet d'une prise en charge spécifique par
la Sécurité sociale, dans le cadre de protocoles après
accord de la Caisse primaire d'assurance maladie, et
délivrance de volets de soins spécifiques à l'assuré.
40
En lien avec la prise en charge médico-sociale des cancers professionnels
180. Interprétation d'un compte-rendu anatomo li est important de s'assurer que l'histologie d'un cancer
pathologique pour lequel une déclaration de maladie professionnelle
297. Consultation du suivi en cancérologie est envisagée est un cancer primitif (cas notamment des
333. Demande d'un certificat médical initial tumeurs pulmonaires).
316. Identifier les conséquences d'une pathologie/ Lors du suivi en cancérologie, il est important de
situation sur le maintien d'un emploi s'assurer, pour les sites de cancer pour lesquels
des étiologies professionnelles sont connues, qu'un
interrogatoire professionnel a bien été réalisé, et des
démarches médico-sociales proposées si une exposition
à un agent cancérogène connu est repérée (rédaction
de certificat médical spécifique en vue de demande de
reconnaissance en maladie professionnelle, et démarche
complémentaire auprès du FIVA pour les cancers liés à
l'amiante).
Tout patient peut demander à effectuer une démarche
de déclaration de maladie professionnelle, dès lors qu'il
estime avoir été exposé à un agent cancérogène au
cours d'une période d'activité salariée. Le médecin doit
mentionner clairement la nature de l'affection sur son
certificat, la date de diagnostic, mais ne doit pas certifier
l'exposition (qu'il n'a pas pu personnellement constater).
41
Item 292
CHAPITRE
►,____D_ai_ _g__n _o s_t_ic_d_e_s_c_a_n_c_e_r_s_____
Signes d'appel et investigations paracliniques,
caractérisation du stade, pronostic
Dr Romain Cohen', Pr Christophe Tournlgand 2
'Service d'Oncologle médicale, Hôpital Saint Antoine, AP-HP, Paris
'Service d'Oncologle médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP, Créteil
°
OBJECTIFS: N 292. DIAGNOSTIC DES CANCERS: SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES;
CARACTÉRISATION DU STADE ; PRONOSTIC
42
B Définition Connaître le vocabulaire minimum nécessaire à la compréhension d'un compte-
rendu anatomo-pathologique de tumeur (principes de nomenclature des tumeurs,
principaux types histologiques -et leur définition- stade, concepts de grade/scores
histopronostiques, qualité d'exérèse)
A Examens Connaître la distinction entre bilan d'extension et bilan pré-thérapeutique
complémentaires
B Examens Connaître le rationnel d'un bilan d'extension et ses différents niveaux
complémentaires d'exploration : local, régional, métastatique
B Définition Bilan préthérapeutique : connaître le performance status édicté par l'OMS et sa
corrélation avec le pronostic, ainsi que l'évaluation oncogériatrique globale
A Suivi et/ou pronostic Connaître les principes de la classification TNM internationale, ses objectifs ainsi
que les différentes méthodes d'évaluation du TNM
A Suivi et/ou pronostic Décrire les principaux facteurs pronostiques cliniques
B Suivi et/ou pronostic Connaître les principaux facteurs pronostiques anatomo-pathologiques (type
histologique, stade, facteurs histopronostiques, qualité d'exérèse)
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Le cancer est une pathologie fréquente potentiellement grave dont les circonstances de découverte sont le plus
souvent une symptomatologie évocatrice, une découverte fortuite chez un patient exploré pour une autre raison
ou à l'occasion d'un examen de dépistage. La vigilance du médecin face à l'hyp othèse néoplasique doit donc être
constante. Une fois le cancer suspecté, des investigations cliniques et paracliniques doivent être organisées, dans
un but diagnostique, pronostique et pré-thérapeutique, l'ensemble de ces explorations étant liées les unes par
rapport aux autres.
• Au cours de ce chapitre, nous aborderons tout d'abord les signes d'appel évocateurs de cancer, puis les éléments
permettant d'affirmer le diagnostic, les bilans d'extension et pré-thérapeutique, et enfin, les éléments permettant
d'évaluer le pronostic.
A 1. Signes d'appel
► 46
43
DIAGNOSTIC DES CANCERS
Item 292
---
Néphrologique -- -
Glomérulonéphrite extra- membraneuse
--·
Auto-immunité
-- - - --
Poumon, estomac, ovaire, thymus
-
►
44
DIAGNOSTIC DES CANCERS
lmmunologique
Dermatomyosite et polymyosite Auto-immunité Poumon, sein, ovaire
0stéoarthopathie hypertrophiante Auto-immunité Poumon
pneumique de Pierre-Marie
Syndrome de Stauffer Auto-immunité Rein
Fièvre paranéoplasique IL-6, inflammation Tout cancer, surtout en cas de
métastases hépatiques
Ac: anticorps ; Ac anti AchR : anticorps anti récepteur à !'acétylcholine ; CIVD: coagulation intravasculaire disséminée ; MAT:
microangiopathie thrombotique; MVTE: maladie veineuse thrombo-embolique; SIADH : sécrétion inappropriée d'hormone anti-
diurétique; SNC: système nerveux central
45
Item 292
• Les syndromes paranéoplasiques peuvent être regroupés en 2 grandes catégories: endocrinologique (syndrome
sécrétant) et dysimmunitaire (Tableau 1).
• La maladie veineuse thrombo-embolique est le plus fréquent des syndromes paranéoplasiques. Elle est parti
culièrement fréquente dans les cancers du pancréas et de l'estomac.
• Les syndromes paranéoplasiques liés à une auto-immunité sont rares, mais peuvent être inauguraux de n'im
porte quel type de cancer et même parfois précéder leur détection. Les syndromes paranéoplasiques liés à un
syndrome sécrétant (production anormale d'une substance par la tumeur) sont fréquemment associés aux can
cers bronchiques à petites cellules et aux autres tumeurs de typ e neuro-endocrine (insulinome, gastrinome, les
tumeurs carcinoïdes du grêle, carcinome médullaire thyroïdien, phéochromocytome, etc.).
• Les syndromes paranéoplasiques régressent en général avec le traitement du cancer.
1.3. Paraclinique
1.3.1. Décrire les principales altérations biologiques (générales ou spécifiques d'un
cancer) permettant de suspecter un cancer
• Les analyses biologiques peuvent amener à suspecter un cancer ou renforcer la suspicion de cancer en cas de
signes cliniques associés:
- signes biologiques liés à un syndrome cachectique et inflammatoire : baisse de l'albumine et de la
préalbumine, élévation de la CRP, du fibrinogène;
- signes biologiques liés à un syndrome de masse: perturbations de fonctions d'organe, élévation des LDH,
hypercalcémie (par métastase osseuse), syndrome de lyse tumorale spontanée biologique;
- signes biologiques liés à un syndrome paranéoplasique : hypercalcémie (par sécrétion de PTH-rp),
hyponatrémie (sécrétion inappropriée d'ADH), dosages hormonaux anormaux ou résultats évocateurs
d'auto- immunité.
• Les signes d'appels pourront ainsi être:
- hématologiques: anémie microcytaire ferriprive sur saignement chronique, lymphopénie (de dénutrition ou
liée à un envahissement médullaire), hyp erleucocytose et thrombocytémie secondaire à une inflammation
chronique, pancytopénie d'origine centrale par envahissement médullaire, anémie hémolytique mécanique et
thrombopénie dans le cadre d'une microangiopathie thrombotique.
- biochimiques :
► fonction rénale et ionogramme sanguin : hyp onatrémie, hypercalcémie, hyp erphosphorémie, élévation
de la créatininémie (obstacle sur les voies urinaires avec ou sans infection urinaire, microangiopathie
thrombotique, atteinte glomérulaire);
► fonction hépatique: cholestase ictérique ou anictérique, cytolyse, diminution des facteurs de coagulation,
hyp oglycémie en cas d'insuffisance hépatocellulaire;
► dans le cas des hémopathies : anomalies quantitative ou qualitative des lignées sanguines comme présence
de myélémie, de blastes, anémie, neutropénie, lymphopénie, thrombopénie centrale (aplasie), polyglobulie
(maladie de Vaquez), thrombocytémie, hyp erlymphocytose, hyperleucocytose;
► autres : élévation de la LDH en rapport avec un index de prolifération élevé (lymphome, etc.), élévation
de la CRP, hyp oalbuminémie, diminution de la pré-albumine (transthyrétine), apparition d'un diabète
(envahissement pancréatique), inhibition de la production d'insuline ou hyperproduction de gastrine ou
cortisol, présence de sang dans les selles (test immunologique de dépistage du cancer colorectal).
1.3.2. Imagerie
• Certains signes à l'imagerie (radiologie ou endoscopie) peuvent faire évoquer le diagnostic de cancer, princi
palement par la mise en évidence d'un syndrome de masse(s).
46
• Il peut s'agir d'examens réalisés pour:
un tableau clinique évocateur de cancer : signes cliniques en lien avec un syndrome de masse ; signes
cliniques en lien avec un syndrome de cachexie ou une hyperthermie isolées ; signes cliniques en lien avec un
syndrome paranéoplasique;
- un dépistage organisé ou individuel du cancer;
- une autre raison (découverte fortuite).
A 2. Diagnostic
- évaluation pronostique :
► degré d'invasion au travers des différentes couches du tissu atteint et présence d'emboles vasculaires,
d'engainements périnerveux;
► degré de différenciation (perte des caractéristiques morphologiques du tissu d'origine, au niveau
cytologique et histologique) ;
► activité mitotique ;
► pour certaines tumeurs, des grades histopronostiques sont validés (score de Gleason pour le cancer de la
prostate, classification de Elston-Ellis (SBR modifié) pour le cancer du sein par exemple);
► pour certaines tumeurs, facteurs moléculaires pronostiques (mutation de BRAF associée à un mauvais
pronostic dans le cancer colorectal métastatique, par exemple).
- évaluation théranostique, à la recherche d'une anomalie moléculaire de la tumeur permettant
d'individualiser les traitements (thérapie ciblée) :
► pour certaines tumeurs, marqueurs anatomo-pathologiques ou moléculaires prédictifs de l'efficacité des
traitements anti-tumoraux : expression des récepteurs hormonaux et traitement anti-hormonal dans le
cancer du sein; mutation de l'EGFR et traitement par inhibiteur de l'EGFR dans le cancer du poumon par
exemple (Tableau 2).
Tableau 2. SYNTHÈSE DES PRINCIPALES HISTOLOGIES ET ANOMALIES MOLÉCULAIRES EN FONCTION DU PRIMITIF TUMORAL
-
1
Anomalies moléculaires à recher-
Primitif 1 Histologies par ordre de fréquence
cher en pratique courante
Tumeurs cérébrales Glioblastome -
-- --
Tumeurs dermatologiques Carcinome basocellulaire
Carcinome spinocellulaire
Mélanome Métastatique: BRAF
-- endocrines
-Tumeurs
Thyroïde
- Carcinome papillaire> vésiculaire>
- médullaire BRAF
Surrénale Phéochromocytome> corticosurrénalome
Seins
--
Tumeurs gynécologiques
-- - --
Carcinome canalaire infiltrant> carcinome
lobulaire infiltrant
Récepteurs aux œstrogènes,
�-
Ovaire
- -- Adénocarcinome/ cystadénocarcinome/
Récepteurs à la progésterone, HER2
Stade avancé: BRCA
I
--
endométrioïde ►
1 ◄
48
ÜIAGNOSTIC DES CANCERS
► Endomètre Adénocarcinome endométrioïde/mucineux MSI
/séreux
Col de l'utérus Carcinome épidermoïde> adénocarcinome
Tumeurs digestives
Côlon - Rectum Adénocarcinome lieberkühnien Tout stade: MSI
Métastatique: KRAS, NRAS, BRAF,
MSI
Pancréas Adénocarcinome> tumeur neuro-endocrine BRCA
Estomac Adénocarcinome Métastatique: HER2
Foie Carcinome hépatocellulaire -
Tumeurs thoraciques
Poumon Non à petites cellules: adénocarcinome> Métastatique: EGFR, ALK, ROS1,
épidermoïde KRAS, BRAF, HER2, PDL-1
Neuro-endocrine (petites cellules)
Thymus Thymome, carcinome thymique -
Cancers hématologiques
Myéloïdes Leucémies aiguës myéloïdes -
► 52
49
DIAGNOSTIC DES CANCERS
Item 292
" - � -- -
1. Adapter la stratégie thérapeutique à la situation clinique à partir des recommandations qui se basent
sur ces classifications;
2. Prévoir le pronostic ;
3. Comparer les résultats thérapeutiques dans les essais cliniques pour avoir des groupes homogènes.
• La classification de la tumeur doit être effectuée systématiquement pour adapter au mieux le traitement proposé
et éviter les traitements inutiles (par exemple une chirurgie lourde alors que la maladie est métastatique).
• La classification TNM est internationale. Elle est basée sur le degré d'extension de la tumeur primitive, l'enva
hissement ganglionnaire loco-régional et l'atteinte métastatique à distance.
• T (Tumor): taille de la tumeur primitive et/ou envahissement des tissus sous-jacents, classée de Tl à T4 (échelle
propre à chaque tumeur);
• N (Node): degré d'envahissement ganglionnaire, NO: indemne, Nl à N3 selon le nombre et/ou la localisation
des ganglions atteints (propre à chaque tumeur);
• M (Metastasis): existence ou absence de localisations métastatiques;
Quand le T, le N ou le M ne sont pas précisés, on indique un x: Tx, Nx ou Mx.
• La classification TNM est en général précédée d'une lettre minuscule indiquant par quelle méthode elle a été effec
tuée. Un malade peut ainsi avoir dans son dossier plusieurs classifications TNM selon la méthode d'évaluation:
• La lettre R donnée après le pTN précise les marges de résection : RO si les marges sont microscopiquement
saines, Rl si les limites sont atteintes microscopiquement, R2 si les limites sont atteintes macroscopique
ment.
• Une fois que la tumeur est classée selon le TNM, il est possible de proposer une stadification, parfois appelée
« staging », qui regroupe des classes TNM relativement homogènes en termes de pronostic et de traitement. Ces
stades ont également une reconnaissance internationale.
50
A 3. Bilan d'extension, bilan pré-thérapeutique
51
Item 292
A 3.2.3. Connaitre la définition d'un marqueur tumoral et son intérêt dans le diagnostic
et/ou le suivi des cancers
• Le dosage des marqueurs tumoraux permet d'identifier dans le sang, les urines ou certains tissus de l'organisme,
différentes substances pouvant indiquer la présence d'un cancer. Cet examen peut s'avérer utile à différentes
étapes de la prise en charge: du dépistage du cancer à l'évaluation de l'efficacité du traitement, ou encore lors
du suivi des patients. Certains marqueurs tumoraux sont spécifiques d'un seul type de cancer, alors que d'autres
sont associés à plusieurs types différents de cancer. Le dosage des marqueurs tumoraux peut aussi être élevé
lors d'affections non cancéreuses. Certains marqueurs pourront être dosés à titre de dépistage ou de diagnostic,
tandis que d'autres marqueurs tumoraux ne seront dosés que dans des situations où un cancer est déjà suspecté,
à visée de suivi.
52
• Le Tableau 4 reprend les indications et les recommandations d'utilisation des marqueurs tumoraux à visée
de dépistage, diagnostique ou de suivi thérapeutique.
--------
Tableau 4. MARQUEURS
-- - -
SÉRIQUES
-
TUMORAUX, SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS
- -~--
- - - - --- - --
53
Item 292
54
4. Conclusion
• La démarche diagnostique devant une maladie tumorale est fondamentale pour le patient (phase d'entrée dans
la maladie cancéreuse) ou pour la prise en charge thérapeutique à venir. Elle permet d'évaluer le retentissement
de la pathologie tumorale sur différents niveaux, clinique, biologique, et en imagerie. Guidé par les données de
l'examen et de l'interrogatoire initiaux, le médecin doit proposer à la fois un bilan d'extension adapté à la gravité
de la maladie et un bilan pré-thérapeutique. Le diagnostic de certitude est anatomo-pathologique. Il est de plus
en plus souvent complété par une analyse moléculaire. L'ensemble de ces données permet de préciser le pronostic
du patient et de proposer une stratégie thérapeutique adaptée, conforme aux recommandations nationales et
internationales.
55
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 292:
« DIAGNOSTIC DES CANCERS: SIGNES D'APPEL ET INVESTIGATIONS PARACLINIQUES,
CARACTÉRISATION DU STADE, PRONOSTIC»
89. Purpura/ecchymose/hématome
92. Ulcère cutané
121. Déficit neurologique sensitif ou moteur
146. Dysphonie
161. Douleurs thoraciques
162. Dyspnée
167. Toux
200. Dyscalcémie Les anomalies biologiques faisant suspecter le cancer ou
202. Dysnatrémie retrouvées lors du bilan diagnostique peuvent être dues
au syndrome cachectique et inflammatoire, au syndrome
215. Anomalie des plaquettes tumoral ou au syndrome paranéoplasique.
216. Anomalie des leucocytes
217. Baisse de l'hémoglobine
198. Cholestase
21. Asthénie Le pronostic du cancer est évalué par de multiples
critères : cliniques avec l'indice de performance OMS,
classification TNM, stadification, anatomo-pathologiques
et moléculaires. La stratégie thérapeutique dépend
intimement de l'évaluation pronostique.
56
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un Les examens à visée diagnostique, pronostique et pré-
examen diagnostique thérapeutique doivent être menés de front afin de ne pas
231. Demande d'un examen d'imagerie
retarder la prise en charge de la maladie cancéreuse.
57
. Item 293
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,,,- et/ou de tissus pour des examens d'anatomie
CHAPITRE
et cytologie pathologiques
Pr Lucie Karayan-Tapon 1, Pr Yves Allory 2, Pr Karen Leroy 3
'Unité fonctionnelle de Cancérologie Biologique, CHU de Poitiers
'Service de Pathologie, Institut Curie et Hôpital Foch, Suresnes
'Unité Fonctionnelle d'Oncologie Moléculaire, Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris
OBJECTIFS: N ° 293. LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES ET/ou DE TISSUS POUR DES EXAMENS D'ANATOMIE
ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
➔ Connaître les principes de réalisation, transmission et utilisation des prélèvements à visée sanitaire et de recherche.
.
'
·---------------------------------------------------------------------------------- --------------------- --------·
.
1. Modalités de réalisation d'un prélèvement cellulaire ou 4.1. Cytologie
tissulaire pour études morphologiques et moléculaires 4.2. Histologie
1.1. Modalités de réalisation d'un prélèvement pour l'étude des 4.3. lmmunohistochimie (IHC)
cellules isolées: examen cytologique 4.4. Hybridation in situ (HIS)
1.2. Modalités de réalisation d'un prélèvement pour l'étude 5. Techniques de biologie moléculaire sur les prélèvements
des tissus: examen histologique tissulaire /cellulaire
2. Modalités de transmission des prélèvements cellulaires et 5.1. Principales techniques de biologie moléculaires pour la
tissulaires pour études morphologiques et moléculaires recherche d'altérations génomiques
2.1. Conditionnement pour les examens cytologiques 5.2. Principales indications des techniques de biologie
2.2. Conditionnement pour l'étude des tissus moléculaires
3. La fiche de renseignements 6. Examen extemporané
4. Principes de base de réalisation et d'interprétation des 6.1. Définition et principales indications
techniques morphologiques 6.2. Principes de réalisation et limites ,
,
6---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
• Le diagnostic de cancer - et, donc, la prise en charge thérapeutique - passe obligatoirement par une preuve
microscopique.
• Le médecin anatomo-pathologiste, ainsi que le biologiste/pathologiste moléculaire, sont membres à part
entière de l'équipe cancérologique. Leur tâche est non seulement de valider le diagnostic mais aussi, pour un
nombre croissant de cancers, de guider la thérapeutique.
• Ils doivent pour cela avoir pris connaissance (idéalement au cours de la Réunion de Concertation Pluridiscipli
naire (RCP)) du dossier du patient, recevoir des prélèvements dûment identifiés et accompagnés de demandes
précises de la part des cliniciens, s'assurer de leur bon conditionnement et maîtriser toutes les techniques
adaptées à la question posée (examen à visée diagnostique, pronostique et/ou théranostique).
► 62
59
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES ...
Item 293
. .
• Il est indispensable de préciser le type d'analyse demandée. C'est ce type d'analyse qui va déterminer quel labo
ratoire sera destinataire de l'échantillon (anatomie pathologique, bactériologie, biologie moléculaire, etc.). Le
contenant du prélèvement (tube, flacon, étui de lames...) doit porter l'identification du patient (nom, prénom,
date de naissance).
• Les informations impératives à préciser sur la feuille de demande pour un examen anatomo-pathologique
sont:
- l'identification du patient;
- son adresse ou celle du service d'hospitalisation ou de consultation;
- le nom du médecin préleveur et ses coordonnées;
- le nom du médecin prescripteur du prélèvement et ses coordonnées;
- éventuellement le caractère urgent de l'examen;
- la date et l'heure de prélèvement;
- la nature de l'échantillon;
- le siège anatomique du prélèvement (et la latéralité pour les organes pairs);
- les renseignements cliniques précis et pertinents;
- les recherches particulières à faire s'il y a lieu.
• Les informations impératives à préciser sur la fiche de prescription pour la biologie moléculaire selon les
recommandations de l'INCa (Bonnes pratiques pour la recherche à visée théranostique de mutations somatiques
dans les tumeurs solides) (http://www.e-cancer.fr/soins/plates-formes-hospitalieres-de-genetique-moleculaire)
dont certains par le médecin anatomo-pathologiste sont :
- la nature de la demande;
- nom, prénom et date de naissance du patient;
- nom, prénom et coordonnées du pathologiste responsable du diagnostic (pathologiste initial);
- date de prélèvement;
- fixateur utilisé;
- numéro d'identification du bloc dans le laboratoire d'origine;
- organe et état tumoral, site du prélèvement (primitif, métastase ...);
- type de prélèvement (chirurgie, biopsie, cytologie ...);
- type histologique;
- nom, prénom et coordonnées du prescripteur;
- type d'analyse demandée et indication de l'analyse;
- date de prescription;
- pourcentage de cellules tumorales dans l'échantillon analysé.
►
61
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES •••
Item 293
4.1. Cytologie
• Après conditionnement et fixation des prélèvements cytologiques, les échantillons sur lames sont réhydratés
puis colorés selon diverses techniques (par exemple May-Grunwald-Giemsa pour la cytologie hématologique,
Papanicolaou pour les frottis cervico-utérins...). La technique est rapide et l'étude des préparations au microscope
permet d'obtenir une orientation diagnostique qui doit cependant souvent être confirmée par l'analyse histolo
gique.
4.2. Histologie
• Le préalable à la technique histologique standard est une fixation correcte qui exige plusieurs heures. La durée de
fixation est variable en fonction du volume des échantillons.
• Les petits échantillons pourront être traités directement après fixation.
• Les pièces opératoires plus volumineuses doivent faire l'objet d'une étape complémentaire de dissection et
d'échantillonnage puis de fixation complémentaire; l'ensemble représentant en général un délai supplémentaire
de 24 heures.
• Ensuite, les échantillons passeront par des phases de déshydratation, imprégnation et inclusion en paraffine avant
l'obtention d'un bloc de paraffine qui fera l'objet de coupes de 4 micromètres (µm) d'épaisseur environ.
• Ces coupes seront étalées sur lames de verre puis déparaffinées, réhydratées et colorées. La coloration usuelle est la
coloration hématoxyline-éosine-safran (HES) permettant de faire l'analyse histologique du prélèvement (Figure 1).
L'immunohistochimie (IHC) utilise une réaction immunologique antigène-anticorps pour identifier et localiser des
protéines sur des lames non colorées d'histologie ou de cytologie. Le complexe antigène-anticorps est visualisé
au microscope par un fluorochrome (étude en fluorescence) ou par un complexe coloré (immunohistochimie en
microscope standard).
62
Figure 1. Adénocarcinome peu différencié (Histologie standard - coloration HES)
• La technique peut être directe: l'anticorps spécifique est alors directement fixé à un fluorochrome, on parle alors
d'immunofluorescence directe, qui est essentiellement utilisée pour la recherche de dépôts d'immunoglobulines
et de complément sur coupes congelées de biopsies cutanées et rénales.
• La technique peut être indirecte, c'est l'immunohistochimie indirecte qui concerne notamment le diagnostic des
lésions tumorales. Après liaison de l'anticorps sur l'antigène étudié, le complexe antigène-anticorps est révélé par
un second anticorps dirigé contre l'anticorps spécifique de l'antigène recherché. Ce second anticorps est lié à une
enzyme à laquelle on fournit un substrat. L'activité enzymatique se traduit par une coloration différente selon le
substrat utilisé et localisée au niveau des structures exprimant l'antigène étudié. Enfin, une contre-coloration des
noyaux permet d'identifier les structures cellulaires et tissulaires et de localiser précisément l'antigène recherché
(Figure 2).
Figure 2. Récepteurs des œstrogènes dans un cancer du sein (lmmunohistochimie - marquage nucléaire)
• Cette technique permet d'identifier à l'aide de sondes une séquence d'acide nucléique (ADN ou ARN) présente
dans des cellules d'une préparation histologique ou cytologique. Le principe est basé sur la complémentarité
des bases (A-T/G-C) des acides nucléiques et l'utilisation de sondes complémentaires à la séquence d'intérêt.
• Le conditionnement du prélèvement est primordial. Pour de bons résultats, il convient d'utiliser pour la fixation
des prélèvements du formol neutre tamponné 10 % pour une durée entre 6 heures et 48 heures. L'HIS est réa
lisée sur des coupes de 3-4 µm étalées sur les lames de verre.
• La technique comporte :
- une étape de déparaffinage et de réhydratation des lames;
- une étape de digestion protéolytique permettant un meilleur accès de la sonde à la séquence cible;
- une co-dénaturation de la sonde et de l'acide nucléique cible;
- et enfin une étape d'hybridation de la sonde à la séquence cible.
• Les sondes sont couplées à un traceur pour qu'elles puissent être repérées et visualisées. Ce traceur peut être un
fluorochrome (étude FISH : fluroescence in situ hybridization, analysée en microscopie à fluorescence) ou une
enzyme (étude CISH: chromogenic in situ hybridization, analysée en microscopie à fond clair).
• L'immunohistochimie et les analyses par hybridation in situ ont une place incontournable dans la prise
en charge en cancérologie. Par exemple, la recherche par FISH du statut du gène ALK dans les adénocarci
nomes pulmonaires ou du statut du gène HER2 dans les cancers du sein et de l'estomac conditionne la prise en
charge thérapeutique de ces pathologies (Figure 3).
64
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES ... 67 ◄
e 5. Techniques de biologie moléculaire
sur les prélèvements tissulaire/ cellulaire
• La réalisation des tests moléculaires sur les prélèvements tumoraux est parfois primordiale pour la prise en
charge des patients.
• Le choix d'une thérapeutique ciblée est fondé sur la mise en évidence dans la tumeur d'anomalie(s)
responsable(s) de l'activation d'une voie de signalisation essentielle pour la survie de la tumeur qu'il convient
de bloquer (tests théranostiques).
• La réalisation des tests moléculaires est aussi décisive pour le diagnostic et l'établissement d'un pronostic
dans certaines pathologies.
• La détection des altérations génomiques se fait à partir de l'ADN extrait de tissus fixés et inclus en paraffine
dans la majorité des cas, et parfois à partir de l'ARN.11 convient donc de pouvoir obtenir de l'ADN de quantité
suffisante et de bonne qualité.
► 68
65
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES •••
Item 293
• Cancer de l'estomac métastatique: recherche de l'amplification du gène ERBB2 (indication à un traitement par
anticorps monoclonaux anti-ERBB2) (cf item 303).
• GIST: recherche des mutations du gène c-KIT et des mutations de PDGFRB (indication à un traitement par
inhibiteur de tyrosine kinase [ITK] anti-KIT) (cf item 303).
B 6. Examen extemporané
69 ◄
66
LE MÉDECIN PRËLEVEUR DE CELLULES ...
• Les prélèvements calcifiés, par exemple les prélèvements osseux, ne peuvent pas être examinés en congélation,
mais seulement après décalcification avant inclusion en paraffine.
• Les délais opératoires sont allongés suite à l'examen extemporané.
► 70
67
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES ...
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 293:
« LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES ET/ou DE TISSUS POUR DES EXAMENS D'ANATOMIE
ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES»
71 ◄
68
LE MÉDECIN PRÉLEVEUR DE CELLULES •••
69
Item 294
OBJECTIFS: N ° 294. TRAITEMENT DES CANCERS: PRINCIPALES MODALITÉS, CLASSES THÉRAPEUTIQUES ET LEURS
COMPLICATIONS MAJEURES. LA DÉCISION THÉRAPEUTIQUE PLURIDISCIPLINAIRE ET L'INFORMATION DU MALADE
-+ Décrire les principes et risques des traitements en cancérologie (voir item 330).
-+ Justifier l'utilité d'une concertation pluridisciplinaire.
-+ Connaître les objectifs du dispositif d'annonce et de la mise en place d'un programme personnalisé des soins.
--------------------------------------------------------------------······------------------------------------- ·'
'
'
1. La chirurgie des cancers 2.4. Facteurs influençant l'effet des radiations
1.1. La prévention 2.5. Différents types de radiothérapie
1.2. Diagnostic et bilan d'extension 2.6. Doses de tolérance des tissus sains et doses nécessaires à
1.3. Traitements la stérilisation des tumeurs
1.4. Réhabilitation 2.7. Principaux effets secondaires
1.5. La chirurgie palliative 3. Traitements médicaux des cancers
1.6. La chirurgie de recours 3.1. Chimiothérapie
1.7. Le chirurgien cancérologue 3.2. Thérapies ciblées
2. Radiothérapie oncologique 3.3. Hormonothérapie
2.1. Introduction 3.4. Immunothérapie
2.2. Définitions 4. Décision thérapeutique et mise en œuvre
2.3. Mécanismes d'action des radiations ionisantes
�----------- ------------- ------------------------------------------- ------ --------------------------- - - ---------·
70
TRAITEMENT DES CANCERS
Rang Rubrique Intitulé
B Prise en charge Diagnostic et bilan d'extension
A Définition Connaître les différents types de radiothérapie (radiothérapie externe,
curiethérapie, radio-immunothérapie)
A Définition Connaître les principales thérapeutiques médicamenteuses spécifiques
du traitement des cancers: chimiothérapie antitumorale, thérapie ciblée,
hormonothérapie, immunothérapie
B Éléments Connaître les facteurs influençant l'effet des rayons X
physiopathologiques
B Éléments Connaître les doses d'efficacité permettant les contrôles tumoraux et de
physiopathologiques tolérance pour les tissus sains des rayons X
B Éléments Connaître les principes généraux de la radiothérapie interne vectorisée
physiopathologiques
B Éléments Connaître les effets secondaires radio-induits
physiopathologiques
B Définition Considérations générales sur la chimiothérapie antitumorale et les
traitements systémiques anticancéreux: action sur les cellules en cycle,
notion d'effet-dose, nécessité d'une preuve histologique
B Définition Connaître les définitions des différents types de traitement: adjuvant, néo-
adjuvant, concomitant ou séquentiel
B Définition Connaître les mesures d'initiation d'un traitement anticancéreux systémique
(mesures sociales, voie veineuse centrale, bilan des grandes fonctions
vitales)
B Définition Connaître les mécanismes d'action des différentes familles de chimiothérapie
(alkylants, inhibiteurs de topo-isomérases, antimétabolites, poisons du
fuseau)
A Définition Enumérer les complications des thérapeutiques médicamenteuses
spécifiques du traitement des cancers
B Éléments Décrire les toxicités spécifiques des chimiothérapies (cardiaques, rénales,
physiopathologiques vésicales, neurologiques, pulmonaires, gonadiques)
B Diagnostic positif Connaître le risque de syndrome de lyse tumorale et en apprécier le risque en
fonction du type et de la masse tumorale, du terrain et de la chimiothérapie
B Définition Énoncer les principales classes et principes d'action des thérapies ciblées
(anticorps monoclonaux et peptidomimétiques)
--
B Éléments Connaître les principes généraux d'action de l'hormonothérapie
physiopathologiques
B Éléments Connaître les principes généraux d'action de l'immunothérapie
physiopathologiques -
A Prise en charge Connaître le processus de décision de la mise en oeuvre du traitement
incluant la réunion de concertation multidisciplinaire (RCP), les principales
étapes du dispositif d'annonce, le plan personnalisé de soins
A • Le traitement d'un cancer peut faire appel à plusieurs modalités thérapeutiques, isolément, simultanément ou
successivement (Figure 1). La décision thérapeutique ne peut donc reposer que sur une concertation multidisci
plinaire. Les soins oncologiques de support ne sont pas réservés à la phase purement palliative de la fin de vie mais
font partie intégrante de la prise en charge thérapeutique du malade dès le diagnostic.
Méthodes thérapeutiques
1 1
1 1 1
Soins
Traitements
Chirurgie Radiothérapie Oncologiques
médicaux
de Support
La chirurgie des cancers ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont
données à titre indicatif.
1 1
1 1 1
Diagnostic
Prévention Traitement Réhabilitation
et bilan d'extension
72
ÎRAITEMENT DES CANCERS
1.1. La prévention
1..1..1.. La chirurgieprophylactique
• L'objectif est !'exérèse d'un organe apparemment sain, mais ayant un très fort risque de développement d'un
cancer lié à l'identification d'une mutation génétique constitutionnelle.
Exemple : Mastectomies et ovariectomies prophylactiques chez des patientes jeunes porteuses d'une
mutation BRCA 1 ou 2.
Exemples:
- Conisation en cas de carcinome in situ du col utérin.
- Colectomie totale+/- proctectomie en cas de polypose recto-colique.
• L'alternative à la chirurgie est la résection endoscopique ou la destruction (laser, plasma argon, hyper
fréquence ...).
Exemples:
- Biopsie du col utérin sous colposcopie.
- Castration par voie inguinale pour le diagnostic de cancer du testicule.
• A contrario, la chirurgie peut permettre de corriger un diagnostic erroné de malignité ou de découvrir fortuite
ment une tumeur maligne sur pièce opératoire.
Exemples:
- La cœlioscopie pour un cancer de l'ovaire oriente le choix du premier traitement et permet d'obtenir
une preuve histologique sur la tumeur, ses extensions et une cytologie sur le liquide péritonéal.
- Une suspicion de carcinose péritonéale (mésothéliome, cancer de l'estomac) nécessite une cœlioscopie
de classification de l'atteinte péritonéale pour estimer les chances de résection RO.
• Le curage apporte une information sur l'atteinte des ganglions et sera utilisé pour poser une indication de chimio
thérapie adjuvante (exemple: cancer du sein) et/ou d'une radiothérapie externe adaptée (exemples: cancer du col
utérin, cancer de la prostate). Une atteinte ganglionnaire peut être une contre-indication relative à la chirurgie
d'exérèse de l'organe en première intention (vessie, estomac, carcinome hépatocellulaire ...).
1.3. Traitements
1.3.1. Radicalité et qualité de vie
• Les objectifs de la chirurgie sont la guérison et le maintien d'une bonne qualité de vie. Le principe de radicalité a
pour objectif d'éviter les récidives locales; l'exérèse du cancer doit être totale et passer en tissu sain, sans effraction
de la tumeur. L'évolution des pratiques chirurgicales a voulu préserver la radicalité du geste tout en réduisant les
séquelles fonctionnelles ou mutilantes.
Exemples:
- Abandon de la mastectomie totale élargie à des méthodes conservatrices pour le cancer du sein.
- Abandon des amputations et désarticulations de membre pour les sarcomes des tissus mous.
Exemples:
- Pneumonectomie et curage ganglionnaire médiastinal pour un carcinome bronchique développé sur
une bronche souche.
- Hémi-colectomie droite pour un adénocarcinome du cëecum.
- Ablation de toute la glande, y compris le prolongement axillaire, en cas de chirurgie non conservatrice
pour un cancer du sein.
Exemples:
- Lors de l'exérèse d'un cancer du sein, une marge entre 1 et 2 mm est suffisante à condition qu'il n'y ait
pas de carcinome intra-canalaire (CCIS) associé car la marge exigée serait alors de 2 mm.
- La marge d'exérèse d'un mélanome cutané dépend de l'indice de Breslow (plus la tumeur est épaisse,
plus grandes devront être les marges).
77 ◄
74
ÎRAITEMENT DES CANCERS
• On classe la qualité de !'exérèse en trois niveaux selon la présence ou non de foyers tumoraux résiduels
après la chirurgie:
- RO: il n'y a pas de résidu microscopique;
- Rl : il n'y a pas de résidu macroscopique, mais un très fort risque de résidu microscopique;
- R2: il persiste un résidu macroscopique.
Exemples:
- Un cancer du rectum sous péritonéal > T2 justifie une radiothérapie associée à une chimiothérapie,
avant le temps chirurgical d'exérèse et sans préjuger de l'indication d'une chimiothérapie adjuvante.
- Les métastases hépatiques des cancers colorectaux, de l'adénocarcinome du bas œsophage, des
sarcomes des membres, etc. bénéficient d'un traitement d'induction pré-chirurgical.
Exemples:
Chimio-radiothérapie concomitante exclusive du carcinome épidermoïde du tiers supérieur de
l'œsophage, du cancer de vessie T2 (après RTUV complète).
- Le cancer de la prostate peut être traité par curiethérapie, par radiothérapie externe conformationnelle
avec modulation d'intensité, par cryothérapie, etc. en lieu et place de la chirurgie. Chaque technique a
des indications plus ou moins précises, mais qui dépendent également de l'accès au plateau technique
correspondant.
Exemple : La persistance de masses ganglionnaires après chimiothérapie pour une tumeur germinale
non séminomateuse du testicule de stade Il (atteinte des ganglions régionaux : ganglions para-aortiques,
pré-aortiques, inter-aortico-caves, pré-caves, para-caves, rétro-caves, rétro-aortiques et le long des veines
spermatiques) peut correspondre à :
► des résidus tumoraux actifs qui vont imposer une chimiothérapie de deuxième ligne, voire une
intensification de dose;
► du matériel nécrotique qui peut renseigner sur la nature d'images résiduelles en site métastatique
(poumon, ganglions médiastinaux) dont la surveillance sera suffisante;
► une tumeur mature à type de tératome dont l'évolution sous forme de tératome croissant peut
donner des complications à type de compression.
Exemple:
- Le cancer épidermoïde de la marge anale est traité en première intention par une association de chimio
radiothérapie. Le résultat attendu est un contrôle de la maladie dans plus de 90 % des cas. L'échec est
la persistance de tumeur vivace, de douleurs et souvent une incontinence des matières et des gaz.
L'amputation ano-rectale par voie abdomino-périnéale est alors nécessaire. Elle se justifie d'autant plus
que la maladie est à un stade local et si l'atteinte ganglionnaire a été contrôlée par le traitement.
Exemples:
- Laminectomie décompressive de la moëlle épinière pour éviter une paraplégie.
- Ostéosynthèse en prévention d'une fracture pathologique.
1.4. Réhabilitation
• La chirurgie réparatrice s'adresse aux conséquences et séquelles de la chirurgie d'exérèse et aux complications des
autres méthodes de traitement des cancers. Le geste peut être fait immédiatement par nécessité ou de manière
différée.
Exemple : Le grêle radique, consécutif à une irradiation abdominale peut se manifester par une nécrose
muqueuse sténosante limitée, en général en regard d'une bride adhérentielle. Il peut se manifester par des
troubles de l'absorption et des troubles du transit par fibrose d'une longue portion du grêle. La chirurgie
réalise la résection de tout le segment pathologique et s'assure d'une suture en zone saine.
• La chirurgie est parfois nécessaire dans des situations où la complication est liée à l'efficacité de la radiothérapie
qui aboutit à la fonte tumorale et démasque une fistule, provoque un abcès sur nécrose, etc.
Exemples:
- Une prostato-cystectomie totale pour un cancer de la vessie peut être compensée par une iléo-néo
cystoplastie (reconstruction d'un réservoir in situ en utilisant le grêle« détubulé » et anastomoses urétro
iléale et urétéro-iléales).
- Une pharyngo-laryngectomie totale sera partiellement reconstruite en rétablissant la continuité de la
voie digestive supérieure entre la cavité buccale et l'œsophage: lambeau libre jéjunal ou lambeau libre
cutané ou plastie cutanée locale, etc.
- Pour le cancer du sein nécessitant une mastectomie totale, il est possible de réaliser une reconstruction
immédiate:
► pour un carcinome canalaire in situ étendu;
► pour un cancer ayant nécessité une chimiothérapie première que l'on fait suivre par une
radiothérapie. La chirurgie clôt le traitement par une mastectomie totale et une reconstruction
mammaire immédiate (RMI).
Exemple:
- La chirurgie du plancher de bouche nécessite parfois une interruption du maxillaire inférieur. Une
reconstruction secondaire, après cicatrisation et éventuellement une radiothérapie, associe une greffe
osseuse et dans les bons cas l'implantation d'orthèses.
- La reconstruction différée du sein est largement répandue; le choix des techniques est large.
81 ◄
78
ÎRAITEMENT DES CANCERS
1.6. La chirurgie de recours
• Cette chirurgie est celle qui s'adresse aux situations les plus difficiles, souvent après chimiothérapie et/ou radio
thérapie préalables:
- tumeurs rares pour lesquelles il est recommandé de faire appel à des centres de référence;
- rattrapage et récidives (cf. supra);
- zones anatomiques frontières: thorax/abdomen, pelvis/racine du membre inférieur,etc.;
- chirurgie lourde: exentérations pelviennes, exérèses multi-viscérales, carcinose péritonéale;
- participation à la recherche clinique.
2. Radiothérapie oncologique
2.1. Introduction
• C'est en 1895 que W.-C. Roentgen découvre les rayons X, mais ce n'est que vers les années 1920-1930 que la
radiothérapie, en tant que discipline de traitement anticancéreux, va réellement se structurer. Le but de la radio
thérapie est d'utiliser les radiations ionisantes à visée thérapeutique, afin de détruire les cellules cancéreuses.
� · La fin du XX< siècle a vu se développer une double révolution en radiothérapie:
- une révolution technologique avec la mise à disposition d'appareillages de plus en plus performants, en
particulier les accélérateurs linéaires ;
- une révolution biologique avec la compréhension de plus en plus précise des mécanismes d'action des
rayonnements ionisants.
• La radiothérapie s'intègre de plus en plus souvent dans des protocoles thérapeutiques multidisciplinaires, impli
quant avec elle chirurgie et/ou chimiothérapie anticancéreuse.
• La radiobiologie étudie les effets des radiations sur les cellules normales et tumorales. Son but ultime, en clinique,
est de permettre l'amélioration de l'efficacité des radiations sur les tumeurs et de minimiser les effets secondaires
sur les tissus sains traversés par les radiations ionisantes.
A 2.2. Définitions
• Les radiations ionisantes sont des radiations capables de créer des ionisations dans la matière qu'elles traversent
par« arrachement» d'électrons aux atomes des molécules du milieu.
• Les photons correspondent à des« grains» d'énergie sans masse, se déplaçant à la vitesse de la lumière et trans
portés par une onde électromagnétique.
• On distingue les photons gamma, produits lors de la désintégration d'atomes radioactifs naturels ou artificiels,
cobalt (Co60), iridium (Ir 1 92), césium (Cs 137), et les photons X, produits lors des interactions électrons-matière.
En radiothérapie, il s'agit de photons produits par des tubes à rayons X ou par des accélérateurs linéaires à usage
médical. À énergie égale, photons gamma ou X ont des propriétés biologiques identiques : seuls les distinguent
leurs modes de production.
• Les électrons correspondent à des particules élémentaires de matière chargée négativement. La masse d'un élec
tron est environ deux mille fois plus petite que celle des particules constituant le noyau de l'atome (neutrons et
protons). En radiothérapie, on utilise essentiellement des électrons produits par les accélérateurs linéaires (dans
une gamme d'énergie allant de 4 à 32 MeV).
• Le Gray (Gy) est l'unité de dose en radiothérapie.
• Il s'agit d'une unité de dose absorbée, correspondant à une absorption d'énergie d'l joule par Kg (1 Gy= 1 J.Kg 1 ).
Le mécanisme d'action des radiations ionisantes ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
l
0 Irradiation
10-15 s Ionisations-Excitations
10-5 s Radicaux libres
.---�
seconde Réactions biochimiques
minute
Réparation cellulaire
heure �
jour Mort différée
semaine
Réparation tissulaire
mois
année
Cancéri�
descendance Mutations
2.3.1. la phasephysique
• Elle correspond aux évènements physiques initiaux (ionisations, excitations) déclenchés par l'interaction des
rayonnements avec les atomes des molécules cellulaires. Ces évènements se produisent avec une extrême rapidité
(de l'ordre de 10 15 à 10 16 seconde)
- Interaction photons-matière : dans la gamme d'énergie des photons utilisés en radiothérapie, deux effets
prédominent largement (Figure 4) : l'effet Compton (l'énergie d'un photon incident est transmise à un
électron arraché à une couche périphérique d'un atome et à un photon dit« diffusé»), et l'effet photoélectrique
(l'intégralité de l'énergie du photon incident est transférée à un électron arraché à une couche interne d'un
atome ; le réarrangement électronique qui s'ensuit entraîne l'émission soit d'un photon dit de« fluorescence »,
soit d'un électron Auger).
- Interaction électrons-matière: il peut s'agir soit des électrons« primaires», produits directement par les
appareils de traitement, soit des électrons« secondaires», produits au cours des interactions photons-matière.
Deux types de phénomènes prédominent : des interactions électron-électron, appelées collisions, entraînant
80
ÎRAITEMENT DES CANCERS 83 ◄
un transfert d'énergie qui s'épuise progressivement dans la matière et des interactions électron-noyau dits
phénomènes de freinage [l'électron est freiné lors d'un passage à proximité d'un noyau (chargé positivement
qui l'attire)]. L'énergie perdue lors du freinage de l'électron est à l'origine de la production de photons (X) dits
«de freinage».
Effet compton
✓ électron Compton
.
,. ., . ,. , <\,...,. .,. . ,..• photon diffusé
Effet photoélectrique
photon électron
photon de fluorescence
, . . ,�
, ou
électron Auger
cassure
simple brin
modificatio.n
de base
site abasique
2.3.3. La phasecellulaire
• Elle se déroule dans les heures suivant l'irradiation. Les lésions cellulaires sont la conséquence principale des
lésions de l'ADN nucléaire. Elles dépendent des capacités et des modalités de réparation de l'ADN lésé.
82
ÎRAITEMENT DES CANCERS
2.3.3.3. Mort cellulaire
• La différence de comportement (effet différentiel) entre une cellule normale, qui se répare, et une cellule cancé
reuse, qui ne répare pas ou répare mal les radiolésions, permet aux radiations ionisantes d'entraîner la mort des
cellules cancéreuses tout en préservant les cellules normales.
• Les lésions sont dites létales si elles touchent des fonctions vitales pour la cellule et sont irréparables.
• Elles sont dites sub-létales si elles ne sont pas individuellement létales, mais que leur accumulation dans une
cellule aboutit à la mort de celle-ci.
• Les lésions potentiellement létales peuvent se réparer si les conditions (pH ...) sont favorables mais entraînent la
mort de la cellule s'il y a division rapide suivant l'irradiation.
• Différents types de mort cellulaire sont décrits après irradiation :
- la mort immédiate est rare et se produit après une irradiation à très haute dose (plusieurs centaines de Gy), ou
si les lésions de !'ADN sont létales d'emblée;
- la plupart du temps, la cellule irradiée cesse de se diviser après une ou plusieurs mitoses, ce qui correspond
à la perte de la capacité pour la cellule tumorale à proliférer de façon infinie : c'est le phénomène de mort
mitotique différée (mort en mitose). Ceci explique le délai observé entre l'irradiation et la régression clinique
du volume tumoral;
- l'apoptose est une mort cellulaire programmée, active, qui fait partie du processus normal de la vie cellulaire.
L'apoptose radio-induite nécessite le fonctionnement normal du gène p53. D'autres gènes radio-inductibles
entraînent de façon inéluctable la cellule dans le cycle de l'apoptose.
► 86
83
ÎRAITEMENT DES CANCERS
Item 294
Il n'y a pas de radiothérapie possible sans preuve histologique sauf cas très particuliers.
84
ÎRAITEMENT DES CANCERS
2.5.2. la curiethérapie
• Cette méthode utilise des sources radioactives mises en place à l'intérieur de l'organisme. On distingue la curie
thérapie interstitielle (les sources sont placées à l'intérieur du tissu à irradier) et la curiethérapie endo-cavitaire
ou intra-luminale où les sources sont introduites dans une cavité naturelle au contact ou à proximité du tissu à
irradier. Durant le temps pendant lequel les sources sont à l'intérieur de l'organisme, l'irradiation est continue.
Elle dure de quelques minutes à quelques jours, en fonction du débit utilisé (haut débit= quelques minutes), et
de la dose à délivrer.
• En France, on utilise comme sources radioactives l'iridium (Ir 1 92) et le césium (Cs 137).
• L'intérêt de la curiethérapie par rapport à l'irradiation externe est de délivrer en un faible laps de temps une dose
forte dans un très petit volume, car la dose chute très vite en périphérie du volume irradié.
- les effets génétiques: ils restent très théoriques dans un contexte de radiothérapie. Les doses reçues aux gonades
sont souvent faibles, voire très faibles, car les volumes irradiés se situent à distance. Ce risque génétique ne
paraît devoir être pris en compte que lorsqu'une irradiation thérapeutique est amenée à délivrer aux testicules
ou aux ovaires une dose supérieure à 0,5-1 Gy (inférieure aux doses entraînant une castration).
Diarrhées
Estomac Nausées, vomissements Hémorragie
Foie Hépatomégalie Maladie veina-occlusive
Intestin Diarrhées Ulcération
Météorisme Sténose de la paroi
Douleurs Sclérose de la paroi
86
Rein - Néphropathie radique (HTA, Insuffisance rénale,
protéinurie)
Insuffisance rénale chronique
HTA par sténose de l'artère rénale
Hydronéphrose
+/- fibrose rétro-péritonéale
Vessie Cystite Hématurie
Atrophie vésicale
Rectum Faux besoins Sténose
Épreintes Rectorragies
Ténesmes
ORL Mucite « Larynx radique » (dysphonie, dyspnée)
Épidermite Asialie, Douleurs
Jabot,+ cf. peau
Trismus, Ostéo-radio-nécrose et fracture
Cristallin - Cataracte
1 1 1 1
B 3.1. Chimiothérapie
3.1..1.. Considérations générales
• La chimiothérapie anti-tumorale utilise des médicaments qui entraînent un arrêt du cycle cellulaire (effet cytos
tatique) et/ou une mort cellulaire (effet cytotoxique), principalement par apoptose.
• Il n'y a pas de chimiothérapie possible sans preuve histologique. Seules certaines tumeurs germinales peuvent
être traitées sans preuve histologique sur la base d'arguments cliniques, radiologiques et biologiques.
• Trois principes régissent l'utilisation de la chimiothérapie systémique :
- une fraction constante de cellules tumorales est tuée à chaque cycle thérapeutique. Par exemple, si un
cycle thérapeutique tue 99 % des cellules d'un cancer, une masse tumorale de 10 11 cellules sera réduite à
approximativement 10 cellules après 5 cycles;
- les cellules néoplasiques sont supposées répondre au traitement suivant une relation linéaire entre la dose et
son efficacité, ce qui justifie l'emploi de doses le plus élevées possibles, administrées aux intervalles de temps
les plus courts;
► 90
87
TRAITEMENT DES CANCERS
Item 294
- l'hyp othèse de Goldie-Coldman suggère que les tumeurs ont un taux spontané de mutation d'environ une
cellule pour 100 000 et par gène. Ainsi, une tumeur contenant 109 cellules (environ 1 gramme) comprendra
spontanément environ 10 000 cellules résistantes à un médicament donné. Mais la résistance simultanée d'une
cellule à deux médicaments ne s'observera que pour une cellule sur 10 10 . Ceci explique l'efficacité supérieure
des poly-chimiothérapies.
1 ◄
88
ÎRAITEMENT DES CANCERS
• Certaines contre-indications sont directement liées au médicament utilisé: par exemple, clairance de la créatinine
< 60 ml/mn pour le cisplatine.
"'......
eu E .c iü CT U Ill
,a,
Ill
"' ·-
Cl)
Ill
c.. ,a,
0 .c g-
,a, Cl) -c
E c..
.!!! C Cl) "'
,a,
::c
::::1
z E
Ill ... c..
::::1 ·-
Cl) <
0
"0C ë
,a,
0:: "'
�
u
Ill �
...
0 ..., ...
Z-� c.. u ><
,a, Cl)
� Z '-'
�
Cisplatine ---+--' +/-
_ +--+_+"'"'""41------+----+---,f----1-=-------1--+--+-----+-----1
Carboplatin e ·-•"'"'""4-+�--+-+-----====-+���=af=--��===�-+--=--+��
Oxaliplatine ++
+ +
(paresth�sies au froid)
Cyclo phosphamide/
+ + ++ +/-
ifosfamide
- ------+--+-��--------- ===-· -4�----�----i-�----4=-=-1
lrinotécan + + ++ ++ (sd cholinergique)
Anthracyc_l_in_es��+--+-+=+_+=+-=---------+--++_ ..,_. _+.......,1----=+"'""/-______+"'"(c_u_m_u_l-at-if�)-++
- _1
l!oposide __-4-_+_+�_+=+-��-==-=--+=++-+==-+----=----1-�------,-�
Paclitaxel + /- ++ + +
Docétaxel + + ++ ++ + +
Vinore lbine/
+j- + ++
vincristine
�-==�==�- �=+-=•-4=======---�---=-====--�--------i
s Fluorouracile + (spasme
+/- +/- +/- +/-
= a= r= _ien= ""'+-=--i
l==•�==�==l===-1====+=- -========l==+==· "i=·=-=-·====-,=,.=-=+a--+-c= o=ron )
--�··��--·-- - - -
Tableau 3. TOXICITÉS SPÉCIFIQUES POUVANT ENGAGER LE PRONOSTIC VITAL
----��··�-- - � --�---·�---
--- --
Card aque
i
- TOXICITÉS
• angor par spasme coronarien voire syndrome coronarien aigu ST+: 5-FU
�
90
ÎRAITEMENT DES CANCERS
• Un déficit complet en DHPD (dihydro-pyrimidine déshydrogénase) peut provoquer des toxicités mortelles en
cas d'administration de 5-FU. Celui-ci étant réduit par la DHPD, il s'accumule en cas de déficit complet de l'en
zyme. Un déficit partiel est possible; il sera géré par une administration du 5-FU à dose réduite de moitié. li est
recommandé depuis 2018 de réaliser un dépistage systématique du déficit en DHPD avant toute administration
de 5-FU ou Capécitabine.
• Ils se fixent soit sur le domaine extra-cellulaire du récepteur ciblé empêchant la fixation du ligand (exemple :
cétuximab sur le récepteur de l'epidermal growth factor, EGFR), soit directement sur le ligand empêchant la
fixation sur son récepteur (exemple : bévacizumab sur le vascular endothelial growth factor, VEGF), soit sur le
domaine de dimérisation du récepteur, empêchant alors son activation (exemple: pertuzumab qui bloque l'hété
rodimérisation de HER2 avec HER3).
• Ces médicaments sont dirigés contre:
- la voie VEGF (ex: bévacizumab);
- la voie EGF (ex: cétuximab);
- la voie HER2 (ex: trastuzumab, pertuzumab).
3.2.2.2. Inhibiteurs pharmacologiques
• Les inhibiteurs pharmacologiques sont des petites molécules qui - au contraire des anticorps monoclonaux -
agissent à l'intérieur de la cellule.
• Ils sont pour la plupart dirigés contre les récepteurs membranaires à activité tyrosine kinase et se fixent au niveau
du site de fixation de l'ATP, bloquant ainsi les mécanismes de phosphorylation à l'origine des cascades de signa
lisation qui conduisent le signal au noyau cellulaire. Ils portent le suffixe - inib.
• D'autres ont une action cytoplasmique.
• Ils sont administrés par voie orale. Leur profil de tolérance est globalement plus favorable que la chimiothérapie
mais impose une éducation thérapeutique du patient.
• Ces médicaments sont dirigés contre:
- le récepteur de l'EGF (ex: erlotinib);
- la translocation de ALK (ex: crizotinib);
- la mutation BRAF V600 (ex: vémurafénib);
- la voie CDK4/6 (ex: palbociclib)
92
ÎRAITEMENT DES CANCERS 95 ◄
• Les agonistes (ou analogues) de la LH-RH stimulent, dans les premiers jours du traitement, la sécrétion hypophy
saire de LH et FSH entraînant en retour l'augmentation de la synthèse de testostérone avec le risque de provoquer
une majoration initiale des symptômes (phénomène dit du « flare-up »). Dans un second temps, ils provoquent
l'internalisation dans la cellule des complexes ligand-récepteur ainsi que la diminution du nombre des récepteurs
aboutissant in fine à la suppression de la sécrétion de testostérone.
• Le risque de rebond symptomatique précoce est particulièrement élevé chez les malades porteurs d'une obstruc
tion des voies urinaires excrétrices ainsi que chez ceux présentant des métastases vertébrales avec donc un risque
de compression médullaire. Aussi est-il impératif de faire précéder ou, au minimum, de CO-administrer au début
du traitement un anti-androgène jusqu'à ce que la testostéronémie atteigne le niveau de castration médicale ('.Ô
0,5 ng/ml). L'association d'un agoniste de la LH-RH et d'un anti-androgène est connue sous l'appellation de
blocage androgénique complet.
• Les antagonistes de la LH-RH entraînent un blocage direct et immédiat des récepteurs de la LH-RH, conduisant
à une suppression rapide de la LH et FSH, et de la sécrétion de testostérone, sans risque d'effet flare-up +++.
• Chez la femme non ménopausée, les inhibiteurs de l'aromatase sont contre-indiqués en monothérapie, du fait de
leur inefficacité sur le blocage de la synthèse ovarienne d'oestrogènes.
• Les effets indésirables les plus fréquemment observés avec ces médicaments sont des myalgies et des arthralgies
dont les malades doivent être prévenues avant l'instauration du traitement et qui peuvent aller jusqu'à faire inter
rompre celui-ci. Ils ont surtout en commun d'accélérer la perte osseuse postménopausique et d'être associés à un
risque fracturaire accru. En conséquence, les malades doivent bénéficier d'une surveillance de la densitométrie
osseuse et recevoir un apport suffisant en calcium et vitamine D.
• Les effets indésirables de cette nouvelle classe médicamenteuse (on parle de « checkpoint inhibitors ») résultent
d'une réponse immunitaire augmentée ou excessive dirigée contre l'organisme du malade. Ils concernent essen
tiellement les systèmes gastro-intestinal, hépatique, cutané, nerveux et endocrinien (notamment au niveau de
l'hypophyse et de la thyroïde) mais ils peuvent atteindre toutes les fonctions de l'organisme. Ils apparaissent pour
la plupart pendant la phase d'induction du traitement mais peuvent également être retardés. Un diagnostic pré
coce et une prise en charge appropriée, par corticothérapie à forte dose éventuellement associée à un traitement
immunosuppresseur, sont essentiels pour minimiser les complications menaçant le pronostic vital.
94
ÎRAITEMENT DES CANCERS
A 4. Décision thérapeutique et mise en œuvre
• La décision de recours à un traitement anti-tumoral (chirurgie, radiothérapie ou traitement médical) est le fruit
d'une décision collégiale, obligatoirement prise en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
• Selon les critères de Haute Autorité de Santé de 2014, la RCP doit remplir les critères suivants:
- inscription au sein d'un réseau de cancérologie;
- doit se tenir en présence d'au moins trois médecins de spécialités différentes permettant d'avoir un avis
pertinent sur toutes les procédures envisagées;
- chaque dossier doit être présenté que ce soit à la phase initiale du traitement, en cas de rechute ou de changement
de ligne thérapeutique;
- en cas de situation clinique faisant l'objet d'une prise en charge standard de validité incontestable, celle-ci
peut être mise en route sans attendre une réunion de concertation, mais le dossier devra ultérieurement être
présenté en RCP afin que la décision puisse y être entérinée et que cette prise en charge puisse y être enregistrée
et archivée;
- la décision prise est tracée, elle sera ensuite soumise et expliquée au patient.
• Depuis le Plan cancer 2003-2007, un dispositif d'annonce a été mis en place qui vise à améliorer l'annonce de la
maladie. Ce dispositif est construit autour de quatre temps correspondant à quatre étapes de prise en charge du
patient par des personnels médicaux ou soignants
- temps médical : une ou plusieurs consultations d'annonce ; en relais immédiat du dispositif d'annonce, le
programme personnalisé de soins (PPS) est remis à chaque patient. Il formalise la proposition de prise en
charge thérapeutique décidée en RCP. Il comprend entre autres les coordonnées du médecin référent et de
l'équipe soignante référente, les coordonnées de la personne de confiance ainsi qu'un calendrier prévisionnel
de soins et de suivi;
- temps d'accompagnement soignant : le patient et/ou ses proches peuvent rencontrer un soignant (le plus
souvent une infirmière d'annonce) après la consultation médicale d'annonce, informations sur le déroulement
des soins et mise en contact avec d'autres professionnels de santé si besoin (psychologue, assistant social);
- accès à une équipe de soins de support ;
- un temps d'articulation avec la médecine de ville: le médecin traitant est informé en temps réel et doit être
associé au parcours de soins.
• Au terme du traitement, un programme personnalisé de l'après-cancer (PPAC) sera établi.
162. dyspnée
167. toux
Paracliniques, en lien avec les complications des traitements
194. analyse du bilan thyroïdien La radiothérapie peut être à l'origine d'une hypothyroïde
195. analyse du bilan lipidique (radiothérapie ORL) ou d'une lymphopénie (radiothérapie
pelvienne). La chimiothérapie se complique souvent d'une
206. élévation des transaminases sans cholestase hématotoxicité: leuconeutropénie, anémie arégénérative,
208. hyperglycémie thrombopénie. Les thérapies ciblées peuvent donner des
toxicités hépatiques, thyroïdiennes et pour certaines des
221. interprétation de l'hémogramme
dyslipidémies/hyperglycémie (par exemple les inhibiteurs
de mTOR). L'immunothérapie peut provoquer des toxicités
hépatiques, dysthyroïdies, rénales...
En lien avec le suivi
297 . consultation du suivi en cancérologie Le suivi en cancérologie doit inclure l'évaluation de la
tolérance du traitement et de son efficacité. Il implique
donc un examen clinique, des examens d'imagerie et des
examens biologiques adaptés au traitement prescrit.
99 ◄
96
ÎRAITEMENT DES CANCERS
97
Item 295
OBJECTIFS: N ° 295. PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D'UN MALADE ATTEINT DE CANCER À TOUS LES STADES DE
LA MALADIE DONT LE STADE DE SOINS PALLIATIFS EN ABORDANT LES PROBLÉMATIQUES TECHNIQUES, RELATIONNELLES,
SOCIALES ET ÉTHIQUES. TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES. MODALITÉS DE SURVEILLANCE
-+ Expliquer les principes de la prise en charge globale du malade à tous les stades de la maladie en tenant compte des problèmes
psychologiques, éthiques et sociaux.
-+ Comprendre et intégrer la notion de discussion collégiale pour les prises de décision en situation de complexité et de limite des
savoirs.
98
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
A Introduction
• Le parcours de soins d'un patient atteint d'un cancer est codifié. Certains aspects font l'objet de dispositions
réglementaires sous l'égide de l'Institut National du Cancer comme le« dispositif d'annonce» ou le« programme
personnalisé de l'après-cancer».
• La possibilité de guérison de nombreux cancers est aujourd'hui élevée et la survie des formes métastatiques
peut se chiffrer en années. De ce fait, de nouveaux besoins doivent être pris en compte. Les soins de support ont
une importance croissante à tous les stades de la maladie. Lors de la phase de surveillance, il convient d'intégrer
au projet de soins une dimension globale de prise en charge de la personne (prévention tertiaire).
• En cas de rechute, les soins de support contribuent à améliorer la qualité de vie et à optimiser l'efficacité du trai
tement spécifique. Dans tous les cas, la dimension psycho-sociale doit être prise en compte.
• D'un point de vue sociétal, même si son image évolue, le cancer revêt une dimension particulière par rapport à
d'autres pathologies chroniques engageant le pronostic vital. À la fin du XXe siècle, le militantisme associatif et la
prise de conscience sociétale ont abouti à la mise en œuvre en 2003 du premier Plan Cancer, suivi de la création
de l'Institut National du Cancer (INCa) en 2005. De ce fait, les cancers font partie des pathologies placées sous
la responsabilité d'une agence sanitaire d'expertise au service de l'État. Outre ses missions liées à la recherche et
à la formation, l'INCa contribue à l'organisation et à l'amélioration des soins et participe à la mise en œuvre des
dispositions réglementaires relatives à la cancérologie comme le dispositif d'annonce ou le programme person
nalisé de l'après-cancer.
À toutes les étapes de la maladie, il faut assurer la coordination entre les différents spécialistes et le lien entre
les établissements de soins et« la ville».
►
99
102 PRISE EN CHARGE ...
Item 295
A 3. La douleur en cancérologie
La recherche d'une symptomatologie douloureuse doit être systématique chez tout patient atteint de cancer,
la douleur étant, avec la fatigue chronique, un des symptômes les plus fréquents.
• L'évaluation de la douleur repose sur l'interrogatoire, complété par l'auto-évaluation du patient sur une échelle
visuelle analogique (EVA). Il faut, en particulier, préciser son caractère aigu ou chronique et son mécanisme
d'action (excès de nociception, douleur neuropathique, douleur mixte), ainsi que son retentissement sur la qualité
de vie (troubles du sommeil, dépression) (cf Item n° 135: Thérapeutiques antalgiques, médicamenteuses et non
médicamenteuses).
• Les douleurs en cancérologie sont le plus souvent en rapport avec:
- une atteinte tumorale:
► excès de nociception (ex.: métastase osseuse);
► atteinte neuropathique (ex.: compression d'un tronc nerveux);
► douleur mixte (ex.: envahissement pariétal thoracique).
- des séquelles des traitements :
► douleurs post-chirurgicales (souvent sur cicatrice, mais d'autres mécanismes sont possibles: par exemple,
capsulite rétractile après curage axillaire);
► douleurs post-chimiothérapies (essentiellement liées à certaines chimiothérapies responsables de
neuropathies périphériques).
- il existe enfin une symptomatologie douloureuse propre à certaines atteintes neurologiques:
► céphalées de l'hyp ertension intracrânienne (HTIC) en cas de métastase(s) cérébrale(s);
► méningites carcinomateuses qui sont responsables de symptômes neurologiques mal systématisés avec une
composante neuropathique (un syndrome méningé« classique» est peu habituel dans ce contexte).
• La prescription d'antalgiques fait appel aux paliers 1 et 2 de !'OMS qui ont une efficacité rapidement limitée; il
faut alors recourir rapidement aux antalgiques de palier 3 (morphiniques).
• Les co-antalgiques sont également utiles dans certaines situations :
- corticoïdes (prednisone lmg/kg/j ou plus) en cas d'HTIC, de douleurs par compression;
- anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les métastases osseuses (à utiliser avec prudence en raison
des effets secondaires possibles chez ces patients fragiles) ;
- inhibiteurs de la résorption osseuse (biphosphonates et dénosumab) qui ont surtout un effet préventif sur le
risque fracturaire mais agissent aussi sur les douleurs osseuses ;
- antibiotiques en cas de surinfection tumorale (pelvis, ORL);
- topiques locaux pour certaines douleurs neuropathiques localisées.
• Il ne faut pas omettre la radiothérapie antalgique ainsi que certaines techniques de radiologie interventionnelle :
cimentoplastie, radiofréquence ou embolisation.
• Il est recommandé de faire appel à un médecin algologue pour faire face aux douleurs complexes avec compo
sante neuropathique.
Symptomatique (gêné pour les activités physiques soutenues mais capable de se déplacer seul et
1
d'assurer un travail léger ou sédentaire, par exemple un travail de bureau ou le ménage)
Symptomatique, alité plus de 50 % de la journée, sans y être confiné (capable de prendre soin de soi-
3 même de manière limitée, alité ou confiné au fauteuil plus de 50 % de la journée).
Confiné au lit (totalement dépendant, incapable de prendre soin de soi-même, confiné au lit ou au
4 fauteuil).
102
PRISE EN CHARGE... 105 ◄
B 4.1. Soins oncologiques de support
• Ils sont définis par l'INCa comme l'ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long
de la maladie, conjointement aux traitements onco-hématologiques spécifiques. Ils assurent la meilleure qualité
de vie possible, et permettent de mieux prendre en charge les effets secondaires des traitements.
• Tous les patients atteints de cancer doivent avoir accès à des soins de support quel que soit le lieu de prise en
charge. L'évaluation des besoins doit être réalisée dès l'annonce de la maladie et reconduite au cours de l'évolu
tion ultérieure.
• Les symptômes suivants sont les plus fréquemment rencontrés et font appel à des mesures adaptées et spécifiques:
Faible (10-30 %)
1
• Docétaxel
• 5-Fluoro-uracile
• Gemcitabine
NB : La prophylaxie doit être renforcée en cas de facteurs de risque aggravants individuels (anxiété,
antécédents de NVCI).
4.1.2. Hématotoxicité
• Les chimiothérapies sont toxiques sur les trois lignées sanguines, et il faut connaître les particularités de l'inter
prétation de l'hémogramme en cancérologie:
- la neutropénie est une complication fréquente qui est observée vers le JS post-chimiothérapie. Elle est
considérée comme sévère si les polynucléaires neutrophiles (PNN) sont< 500/mm3 induisant un risque élevé
de fièvre (on parle de neutropénie fébrile qui est une urgence oncologique);
- l'anémie survient au cours des semaines suivant le début du traitement et est une cause fréquente d'asthénie.
Elle est observée plus fréquemment avec certaines chimiothérapies (organoplatines). Elle est généralement
multifactorielle car il s'y associe souvent une carence martiale et une composante inflammatoire;
- la thrombopénie est plus rare dans le traitement des tumeurs solides qu'en hématologie. Elle survient un peu
plus tardivement que la neutropénie, souvent après le JlO et peut nécessiter des transfusions plaquettaires
(selon le contexte et le risque hémorragique, habituellement si les plaquettes sont< 20 000/mm 3 ou en cas de
saignement actif).
• La toxicité hématologique des chimiothérapies est une indication aux traitements symptomatiques :
- neutropénie :
► Prophylaxie primaire par G-CSF :
• en cas de risque de neutropénie sévère > 20 %;
• à discuter selon le contexte clinique (pathologies associées, sujet âgé, isolement...) en cas de risque
compris entre 10 et 20 %.
► Prophylaxie secondaire en cas de neutropénie< 500/mm3 ou de neutropénie fébrile au cycle précédent.
- Anémie:
► Dans tous les cas, il faut au préalable dépister et corriger une carence martiale (dosage de la ferritinémie).
Chez les patients traités pour cancer, les réserves en fer sont habituellement élevées (ferritinémie haute
ou normale) du fait notamment du syndrome inflammatoire, sauf en cas de saignement chronique ou de
chirurgie« lourde». En cas de syndrome inflammatoire existe un défaut de mobilisation des réserves en
fer se traduisant par une CST < 20 % avec une ferritinémie élevée. La correction de la carence martiale se
fait préférentiellement avec du fer IV (carboxymaltose ferrique) qui est plus commode, mieux toléré et plus
rapidement efficace que le fer oral.
► En cas d'anémie mal tolérée peut se discuter un traitement par érythropoïétine recombinante (EPO)
ou une transfusion. L'EPO n'est pas indiquée chez les patients ne recevant pas de chimiothérapie ; son
utilisation doit tenir compte de son rapport risque-bénéfice notamment en situation de curabilité car elle
augmente légèrement le risque thromboembolique.
► De façon schématique, l'EPO est instaurée lorsque l'Hb est< 10 g/dl avec un taux cible de 12 g/dl (elle doit
augmenter de 1 g/dl au bout d'un mois de traitement).
► Les anémies sévères (< 8 g/dl) ont besoin d'être corrigées rapidement et sont des indications transfusionnelles.
ATTENTION : LA TOLÉRANCE DE L'ANÉMIE (et donc les indications d'EPO ou de transfusion) S'ÉVALUE
CLINIQUEMENT +++ (une anémie à 8 g/dl d'installation progressive peut être bien mieux tolérée qu'une
anémie à 9 g/dl d'apparition rapide).
104
PRISE EN CHARGE... 107 ◄
4.1.4. Toxicités cutanéo-muqueuses
• Il s'agit essentiellement de l'alopécie, induite par certaines chimiothérapies, et de la mucite (inflammation des
muqueuses +/- aphtes). Ces effets secondaires sont expliqués par l'effet des cytotoxiques sur les tissus à renouvel
lement rapide.
- L'alopécie peut être prévenue dans certains cas par le port d'un casque réfrigérant pendant la séance
de chimiothérapie ; il agit par le biais d'une vasoconstriction du cuir chevelu qui réduit la diffusion des
cytotoxiques. Il ne faut pas oublier la prescription d'une prothèse capillaire dont une partie est prise en charge
par les organismes de Sécurité Sociale.
- Les mucites peuvent être sévères et gêner l'alimentation, ce qui contribue à la détérioration du statut
nutritionnel. Elles sont prévenues par une hygiène bucco-dentaire rigoureuse (dans certains cas, notamment
en cas de radiothérapie pour une tumeur ORL, des soins dentaires doivent être pratiqués avant de débuter
le traitement) et par des bains de bouche bicarbonatés. Les aphtes sont généralement secondaires à une
surinfection fongique sur une muqueuse fragilisée ; ils sont traités par des antifongiques locaux. Il ne faut pas
méconnaître les récurrences herpétiques.
• Certains traitements, comme les inhibiteurs de I'Epidermal Growth Factor Receptor (EGFR) mais aussi d'autres
thérapeutiques ciblées, peuvent être responsables de rash cutané, d'éruption acnéiforme, d'irritation palma-plan
taire ou de xérose cutanée. Pour ces patients, l'éducation thérapeutique est essentielle : choix des produits de
toilette, application de crèmes émollientes. Certains services ont recours aux compétences d'une psycho-socio
esthéticienne ayant une formation spécifique pour ce type de situations.
4.1.5. Oncofertilité
• La préservation de la fertilité (recueil de sperme, congélation ovocytaire ...) doit être proposée avant tout traite
ment en particulier chez l'enfant et l'adulte jeune, à fortiori chez les patients n'ayant pas d'enfant.
• Les indications sont plus complexes chez la femme que chez l'homme car elles doivent tenir compte du type de
cancer et de son projet thérapeutique ainsi que de l'âge de la patiente et de sa réserve ovarienne. La décision est
prise en consultation d'oncofertilité, avec l'oncologue référent.
• Il n'est cependant pas possible de la réaliser dans certaines situations: urgence thérapeutique, état général altéré.
106
PRISE EN CHARGE... 109 ◄
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 295:
« PRISE EN CHARGE ET ACCOMPAGNEMENT D'UN MALADE ATTEINT DE CANCER»
Cancers de l'enfant
CHAPITRE�---------------------------------------
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
1. Particularités épidémiologiques des tumeurs malignes de 4.1. Examens d'imagerie
l'enfant 4.2. Examens biologiques
2. Connaître les principales prédispositions génétiques et les 4.3. Examen anatomo-pathologique
autres facteurs de risque aux tumeurs malignes de l'enfant S. Particularités thérapeutiques dans les tumeurs malignes
2.1. Rôle de l'environnement de l'enfant
2.2. Facteurs génétiques 5.1. La chimiothérapie
3. Connaître les circonstances et signes cliniques devant faire 5.2. La radiothérapie
évoquer une tumeur maligne de l'enfant 5.3. La chirurgie
3.1. Particularités fréquentes propres aux tumeurs de l'enfant 5.4. Les soins palliatifs
3.2. Signes cliniques d'appel selon la localisation 6. Conséquences à long terme des traitements des tumeurs
4. Indications et objectifs des examens complémentaires malignes de l'enfant
devant une situation évocatrice d'une tumeur maligne de
l'enfant
Rang 1 - -
Rubrique
- - --�- l - - - - ----�� - - - - -
- --
Intitulé
- -- - - ---�
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
• à la fin du chapitre.
108
CANCERS DE L'ENFANT 111 ◄
s 1. Particularités épidémiologiques des tumeurs
malignes de l'enfant
• L'incidence des cancers de l'enfant et de l'adolescent est de 2 400/an en France.
• Le taux de guérison est de l'ordre de 80 %.
• Les tumeurs les plus fréquentes sont hématologiques et cérébrales.
• Les cancers de l'enfant et de l'adolescent sont des maladies rares qui représentent 1 % de l'ensemble des cancers,
en France et dans les pays comparables au plan socio-économique.
• Leur incidence est en moyenne de 120/million d'enfants par an, répartis en 1 700 nouveaux cas entre O et 15 ans
et 700 nouveaux cas chez les AJA (Adolescents et Jeunes Adultes) entre 15 et 20 ans.
• Ils représentent la deuxième cause de mortalité entre 1 et 14 ans, après les accidents, soit 20 % des décès.
• Certains types histologiques sont spécifiques à l'enfant. Inversement, la plupart des cancers de l'adulte n'existent
pas chez l'enfant.
• Leur pronostic est bien meilleur que celui des cancers de l'adulte avec un taux de guérison, tous cancers confon
dus, de l'ordre de 80 %. Une maladie métastatique peut être curable. On estime actuellement en France à 50 000
le nombre d'adultes survivants d'un cancer traité avant l'âge de 20 ans.
• La répartition des principaux cancers de l'enfant est indiquée dans le tableau suivant:
Leucémies et lymphomes
- - - - - 40% Néphroblastomes
--- - 8%
,_ __
Tumeurs cérébrales 20% Tumeurs osseuses
Tumeurs germinales,
5%
• Les principaux cancers de l'enfant sont les leucémies aiguës, les tumeurs cérébrales et les tumeurs embryonnaires
spécifiques de l'enfant (néphroblastomes, neuroblastomes). Après l'âge de 10 ans, les lymphomes, les tumeurs
cérébrales et les tumeurs osseuses et conjonctives prédominent.
• Il existe globalement une prédominance masculine, avec un sex-ratio évalué à 1, 2/1. L'incidence et la réparti
tion des cancers de l'enfant varient selon l'origine ethnique et géographique de l'enfant.
◄
110
CANCERS DE L'ENFANT 11]
3.2. Signes cliniques d'appel selon la localisation
• Les signes d'appel dépendent de la taille de la tumeur et de sa localisation. L'attention doit être attirée lorsqu'ils
persistent plus de 15 jours.
112
CANCERS DE L'ENFANT 115 ◄
• De manière très schématique, on peut distinguer chez l'enfant 6 grands groupes de proliférations malignes:
- les proliférations d'origine hématologique: leucémies, lymphomes;
- les proliférations originaires du système nerveux central: gliomes, astrocytes, épendymomes ...
- les tumeurs de blastème d'organe : néphroblastome (tumeur rénale), hépatoblastome (tumeur du foie),
pneumoblastome (tumeur du poumon), rétinoblastome...
- les tumeurs malignes conjonctives, principalement représentées par les rhabdomyosarcomes;
- les tumeurs germinales malignes, gonadiques ou extra-gonadiques ;
- les tumeurs neuroectodermiques, ou tumeurs de la famille du sarcome d'Ewing.
• Une place particulière revient actuellement à l'analyse du génome des cellules cancéreuses, réalisée au dia
gnostic ou à la rechute, au moyen de techniques variées: cytogénétique conventionnelle et/ou moléculaire, biolo
gie moléculaire, séquençage du génome.
• Dans tous les cas, la décision d'une exérèse chirurgicale, d'une biopsie chirurgicale ou trans-cutanée doit être
prise en concertation multidisciplinaire et réalisée dans un centre expert en cancérologie pédiatrique.
5. Particularités thérapeutiques
dans les tumeurs malignes de l'enfant
Le traitement des tumeurs de l'enfant ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informa
tions sont données à titre indicatif.
• Les traitements principaux des cancers de l'enfant sont la chimiothérapie, la chirurgie et la radiothérapie.
• Chaque traitement comporte des risques de complications aiguës et tardives.
• Les modalités thérapeutiques et leur chronologie doivent être déterminées en réunion de concertation pluri
disciplinaire.
• La prise en charge des cancers de l'enfant fait appel aux mêmes moyens thérapeutiques que chez l'adulte (chimio
thérapie, chirurgie, radiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée ...). La stratégie thérapeutique est élaborée de
façon pluridisciplinaire. Les tumeurs pédiatriques doivent être considérées comme des urgences thérapeutiques.
• La prise en charge des enfants et adolescents atteints de cancer doit s'effectuer uniquement au sein des centres
spécialisés en cancérologie pédiatrique. La radiothérapie des patients de moins de 16 ans doit s'effectuer au sein
de centres spécialisés.
• Dans la majorité des cas, même en cas maladie métastatique, le contrôle local est fondamental.
• Il faut insister chez l'enfant sur le rôle majeur de la chimiothérapie, particulièrement efficace sur les tumeurs
embryonnaires.
• D'une manière générale, les facteurs pronostiques sont le stade de la maladie au diagnostic, mais aussi et parfois
plus importants, l'âge de l'enfant, le profil immuno-histochimique et génétique de la tumeur, le contrôle local, la
réponse aux traitements néo-adjuvants et la qualité de la prise en charge initiale.
Il est capital de toujours penser aux séquelles dans l'élaboration de la stratégie thérapeutique.
5.1. La chimiothérapie
• La chimiothérapie est adaptée au poids et à l'âge de l'enfant.
• Dans les tumeurs solides, elle peut être:
- néo-adjuvante: avant le traitement loco-régional;
- adjuvante: après le traitement loco-régional, parfois de façon concomitante à la radiothérapie;
- exclusive: sans traitement loco-régional;
- intensive avec autotransfusion de cellules souches hématopoiétiques.
• Chez l'enfant, les effets secondaires précoces de la chimiothérapie sont:
- les complications hématologiques : aplasie, anémie, thrombopénie;
- les complications digestives : nausées, vomissements, dénutrition, mucite;
- les complications infectieuses : bactériennes, fongiques, parasitaires ou virales.
5.2. La radiothérapie
• Même si ses indications diminuent, la radiothérapie, qui est une modalité thérapeutique loco-régionale,
s'intègre dans la stratégie thérapeutique des cancers de l'enfant dans près de 1/3 des cas, et dans 80 % des
tumeurs cérébrales.
• Les effets secondaires de la radiothérapie dépendent du volume à traiter, de la topographie de la région à traiter,
de la dose totale à délivrer, de la dose par séance (fractionnement).
• Tout comme chez l'adulte, on distingue des effets secondaires précoces qui surviennent dans les 3 mois qui
suivent l'initiation du traitement et guérissent généralement intégralement sous soins de support et les toxicités
tardives qui peuvent aboutir à des séquelles d'autant plus invalidantes que l'enfant est jeune au moment de son
traitement.
5.3. La chirurgie
• L'expertise chirurgicale, qui doit être partie intégrante du projet multidisciplinaire, peut intervenir à dif
férentes étapes de ce projet: diagnostic, lors du traitement local et/ou loco-régional, après le traitement pour
vérifier l'existence d'un résidu tumoral...
• Initialement, pour déterminer la nature d'une tumeur solide, une biopsie chirurgicale est, sauf exception,
indispensable. Elle peut parfois être avantageusement remplacée par une aspiration biopsie à l'aiguille fine,
réalisée sous repérage radiologique, moins invasive.
• Lors de l'exérèse tumorale, le geste chirurgical intervient après concertation entre l'oncologue médical, l'onco
logue radiothérapeute et l'opérateur.
◄
114
(ANCERS DE L'ENFANT 117
5.4. Les soins palliatifs
• La phase palliative concerne 20 % des enfants atteints de cancer. Elle correspond à la période précédant le
décès, pendant laquelle aucun traitement efficace en termes de guérison ou de rémission ne peut être proposé. La
décision d'arrêt de tout traitement à visée curative doit être multidisciplinaire. Elle doit être clairement expli
quée au patient et à sa famille de façon à maintenir une relation de confiance. Les décisions et modalités des
traitements doivent être adaptées à l'évolution des symptômes, en prenant en compte la dimension humaine et en
restant dans le domaine du raisonnable, sans tomber dans l'acharnement thérapeutique. L'échange sur la mort et
la préparation au deuil font partie intégrante de la prise en charge palliative et ne doivent pas être omis.
• Les principaux symptômes à rechercher et à prendre en charge sont les suivants: douleurs; phénomènes com
pressifs; syndrome hémorragique; anxiété; dépression; troubles de la conscience.
• Les traitements disponibles sont médicamenteux (antalgiques, anxiolytiques ...), chirurgicaux et la radiothé
rapie.
• Le risque de séquelles est d'autant plus important que les enfants sont jeunes au moment du traitement.
• La toxicité à long terme peut toucher tous les organes et fonctions.
• Un programme de suivi à long terme a été mis en place au niveau national.
• Une préoccupation majeure des équipes spécialisées en cancérologie pédiatrique a été très rapidement l'éva
luation des conséquences à long terme des traitements.
• Certaines complications de la chimiothérapie peuvent se manifester avec des délais variables: maladies cardio
vasculaires, cérébro-vasculaires, troubles cognitifs, troubles endocriniens (croissance, hypothyroïdie), diminu
tion de la fertilité. Le risque de développer des complications à long terme augmente avec le temps et peut être
exacerbé par les comorbidités liées à l'âge et aux facteurs environnementaux (tabac, alcool, obésité, sédentarité).
• La radiothérapie est également pourvoyeuse de séquelles tardives:
- le ralentissement de la croissance lié à l'irradiation des cartilages de croissance;
- les séquelles intellectuelles, après irradiation cérébrale, particulièrement avant l'âge de 4 ans;
- les séquelles endocriniennes: insuffisance thyroïdienne, hypophysaire, gonadique.
• La survenue de deuxièmes cancers, par définition différents d'une récidive ou d'une métastase du cancer primi
tif, représente un réel problème avec un risque cumulatif évalué entre 3,7 et 12 % après un délai de 25 ans après
le traitement de la maladie initiale. Plus de 60 % des seconds cancers se développent en territoire irradié.
• Au final, la toxicité à long terme peut toucher tous les organes et toutes les fonctions. Des programmes de suivi
à long terme sont mis en place depuis quelques années dans les centres d'oncologie pédiatrique afin de diagnos
tiquer et prendre en charge les séquelles des traitements, notamment lors du passage au monde adulte.
► 118
115
(ANCERS DE L'ENFANT
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 297:
CANCERS DE L'ENFANT: PARTICULARITÉS ÉPIDÉMIOLOGIQUES,
DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
◄
116
CANCERS DE L'ENFANT 119
Données paracliniques
Demande/pre scription raisonnée et choix d'un
178.
examen diagnostique
181. Tumeur maligne sur pièce opératoire/biopsie
200. Dyscalcémie
224. Découverte d'une anomalie a b d ominale à
l'examen d'imagerie médicale
226. Découverte d'une anomalie du cerve au à
l'examen d'imagerie médicale
227. Découverte d'une anomalie médullaire ou
vertébrale à l'examen d'imagerie médicale
228. Découverte d'une anomalie osse use ou
articulaire à l'examen d'imagerie médicale
229. Découverte d'une anomalie pelvienne à l'examen
d'imagerie médicale
-+ Éléments cliniques et de diagnostic d'une tumeur de la cavité buccale, naso-sinusienne ou du cavum, ou des voies aérodigestives
supérieures.
�---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
' .
1. Généralités anatomiques des VADS 7. Évolution et pronostic
2. Principaux types histologiques des tumeurs bénignes et 7.1. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de la
malignes ORL par localisation (hors glandes salivaires) cavité buccale
3. Histoire naturelle, facteurs de risque des cancers des VADS 7.2. Tumeurs des fosses nasales et des sinus
3.1. Facteurs de risque 7.3. Tumeurs du cavum
3.2. Histoire naturelle 8. Généralités sur la prévention en cancérologie des VADS
4. Généralités épidémiologiques des cancers des VADS 9. Approches thérapeutiques
5. Diagnostic positif 9.1. Principes généraux
5.1. Circonstances de découverte 9.2. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de la
5.2. Diagnostic de certitude cavité buccale
6. Élements du bilan des cancers des VADS 9.3. Tumeurs des fosses nasales et des sinus
6.1. Bilan d'extension 9.4. Tumeurs du cavum
6.2. Bilan pré-thérapeutique
, 6.3. Classification TNM
·------- ------------------------------------------------- - ------------- - ----------------------------------------·
Rang --
-
Rubrique
- - - ---- -
Intitulé - -- - - ---
◄
118
TUMEURS DE LA CAVITÉ BUCCALE. •• 121
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Les cancers de la sphère cervico-maxillo faciale présentent de grandes disparités selon leur origine, leur locali
sation, leur retentissement sur les fonctions aéra-digestives, et leurs modalités thérapeutiques.
• Classiquement, on distingue les cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx, voies communes du tractus
aéro-digestif, et les cancers du larynx et de l'hypopharynx, spécifiques respectivement des voies aérienne et
digestive. Ces cancers sont principalement observés chez des patients éthylo-tabagiques. La double intoxication
multiplie les risques connus de l'une et de l'autre des intoxications. Un changement radical de l'épidémiologie de
ces cancers est constaté avec l'émergence récente de cancers de l'oropharynx associés au virus HPV.
• Les cancers des sinus de la face constituent une entité clinique particulière et doivent faire rechercher une
origine toxique. Les cancers du cavum (encore appelé rhinopharynx ou nasopharynx) sont associés au virus
Epstein-Barr (EBV). Ils se caractérisent par une épidémiologie particulière avec des zones de forte endémie
comme la Chine du Sud, des zones intermédiaires comme le pourtour méditerranéen et des zones d'endémie plus
faible comme l'Europe occidentale.
• Chaque type tumoral correspond à une segmentation anatomique précise pour laquelle les risques d'extension
sont spécifiques à l'anatomie loco-régionale. Les probabilités d'extension ganglionnaire, corrélées au site tumoral
primitif, à la taille tumorale et aux caractéristiques anatomo-pathologiques de la tumeur, sont décrites avec leurs
localisations précises.
• Le bilan de ces affections est bien codifié. Il ne doit pas négliger le contexte général du patient, ses conditions
de vie, ses comorbidités souvent nombreuses qui vont avoir des conséquences importantes sur les propositions
thérapeutiques.
• Les indications de traitement sont systématiquement discutées et établies au cours d'une Réunion de Concerta
tion Pluridisciplinaire (RCP) associant au minimum un chirurgien, un oncologue et un radiologue.
• La prévention primaire et secondaire de ces tumeurs repose sur la lutte contre le tabagisme et l'éthylisme chro
nique. La dimension sociale de la prise en charge de ces malades, prenant en compte toutes les réhabilitations
nécessaires, fait partie du socle thérapeutique.
► La glotte constitue la partie centrale du larynx. Elle contient les cordes vocales (parfois appelées replis
vocaux). Les cordes vocales sont formées par une paire de muscles situés de chaque côté de l'ouverture de la
trachée. Elles sont recouvertes d'une muqueuse.
► L'étage sous-glottique est situé à la base du larynx, entre la glotte et la trachée.
Pharynx
Trachée Œsophage
Le larynx est constitué de différents types de cartilage. Le cartilage thyroïde est situé à l'avant du larynx et
forme une bosse dans le cou qui est couramment appelée pomme d'Adam. Le cartilage cricoïde est un anneau
cartilagineux qui relie le larynx à la trachée. Le cartilage cricoïde et le cartilage thyroïde protègent la glotte et
l'ouverture de la trachée. l..'.épiglotte est attachée au cartilage thyroïde et à l'os hyoïde et protège l'ouverture
de la glotte. l..'.os hyoïde, qui est en forme de U, est attaché à la partie supérieure du larynx. Plusieurs muscles
et ligaments sont attachés à l'os hyoïde. Ces muscles relient le larynx à la mâchoire et au crâne. Ils relient aussi
les cartilages du larynx les uns aux autres. Ces muscles et ligaments font bouger le larynx durant la déglutition
et la phonation.
- les fosses nasales : cavités limitées par l'orifice piriforme en avant, l'orifice choane en arrière, l'os nasal et
!'ethmoïde en haut, le maxillaire, !'ethmoïde et le cornet nasal inférieur latéralement, le palais (os maxillaire et
os palatin), qui les séparent en bas de la cavité buccale.
120
B 2. Principaux types histologiques des tumeurs bénignes
et malignes ORL par localisation (hors glandes salivaires)
• Types histologiques bénins les plus fréquents en fonction de la topographie:
Topographie Histologie
Cavité buccale Kératose (état pré-cancéreux)
Oropharynx Papillome
Larynx
Hypopharynx
Fosses nasales et sinus Papillome
Cavum Polype antro-choanal
Fibrome naso-sinusien
Topographie Histologie
Cavité buccale Carcinome épidermoïde+++
Oropharynx Lymphe.me malin de l'oropharynx (rare)
Larynx
Hypopharynx
Fosses nasales et sinus Adénocarcinome
• Le risque de développer un cancer de la cavité buccale, du pharynx ou du larynx augmente avec la consom
mation d'alcool. On estime que le risque de développer ces cancers chez les grands consommateurs d'alcool est
multiplié par 45. Il a été démontré que le risque de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures
diminue après 10 ans d'arrêt de la consommation d'alcool et qu'après 20 ans, il ne diffère plus significativement
de celui des personnes qui n'ont jamais bu.
• Le risque de développer un cancer de la cavité buccale, du pharynx ou du larynx est lié au nombre de ciga
rettes fumées chaque jour mais surtout à la durée durant laquelle on a fumé.
• L'infection par HPV est une maladie sexuellement transmissible.
• Le diagnostic de l'infection par HPV est fait à partir d'un prélèvement tumoral, soit par PCR qui est la méthode
de référence, soit en recherchant l'expression en immunohistochimie de la protéine pl6 (mais dont la corrélation
n'est pas parfaite).
• Les facteurs de risque d'une infection par HPV sont les rapports bucco-génitaux et la multiplicité des parte
naires sexuels.
• Certains patients ont une intoxication éthylique et/ou tabagique et sont infectés par l'HPV.
• À noter que beaucoup plus de personnes sont infectées par HPV que de patients qui ne développent un cancer
lié à l'HPV.
• La recherche de l'EBV se fait par hybridation in situ à partir d'un prélèvement tumoral pour le cancer du cavum.
• L'adénocarcinome de !'ethmoïde est considéré comme une maladie professionnelle (travailleurs du bois).
122
ÎUMEURS DE LA CAVITÉ BUCCALE••• 125 ◄
Topographie Répartition
Cavité buccale 20-25 %
Oropharynx 25 %
Larynx 30-35 %
Hypopharynx 15 %
Fosses nasales et sinus <1%
Cavum <1%
A 5. Diagnostic positif
5.1. Circonstances de découverte
• Les cancers des VADS sont souvent pauci-symptomatiques.
.,..------------------
• Principaux signes cliniques selon la topographie tumorale :
Topographie Signes cliniques
-----,
Cavité buccale, oropharynx Ulcération infiltrée, souvent indolore
Tuméfaction
Trouble de la mobilité linguale
Otalgie réflexe
Mobilité dentaire ou instabilité prothétique
Gingivorragie
Dysphagie
Odynophagie
Anesthésie du V3
Larynx Dysphonie
Dysphagie
Dyspnée
Hypopharynx Dysphagie
Otalgie réflexe
Dysphonie
� Cavum
-----------------+-----------------------; Douleur
Signes rhinologiques :
- Obstruction nasale
- Rhinorrhêe
-Epistaxis
Signes otologiques :
- Dysfonction tubaire
-Oreille bouchée
- Hypoacousie
Signes neurologiques :
-Diplopie
-Acouphènes
___ -Névr�gie d�ijumeau __
• Le caractère unilatéral et/ou la persistance dans le temps de ces signes doivent faire évoquer l'hyp othèse d'un
cancer.
• Un cancer des VADS doit également être suspecté en cas d'altération de l'état général et/ou d'amaigrissement
chez un patient à risque.
Il repose sur l'examen histologique de biopsies réalisées sous endoscopie des VADS :
(Attention : élément fondamental à ne jamais oublier}
• l'examen est systématique;
• il se fait sous anesthésie générale;
• il explore la cavité buccale (Figure 2), l'oro (Figure 3) et l'hypo-pharynx, le larynx (Figure 4), et la partie supé
rieure de l'œsophage;
• il permet la réalisation de biopsies guidées;
• il s'accompagne d'un compte rendu avec schéma daté et signé et éventuellement d'un enregistrement vidéo.
(Se souvenir : plutôt IRM au-dessus de l'os hyoïde, plutôt scanner en dessous de l'os hyoïde).
• Tomographie par émission de positons (TEP) : elle est indiquée devant un ganglion métastatique d'un cancer
primitif inconnu ou en cas de maladie à haut risque métastatique (> N2b).
Ce bilan est fondamental afin de limiter le risque d'infection ou d'avulsion sur mâchoire irradiée, avec un
risque d'ostéoradionécrose.
• Bilan nutritionnel;
• Bilan respiratoire: le scanner thoracique est fait de façon systématique, éventuellement complété par une épreuve
fonctionnelle respiratoire (EFR) ;
• Bilan cardiovasculaire;
• Bilan biologique complet;
• Bilan gériatrique (au-delà de 70 ans), le cas échéant.
6.3. Classification TN M
La classification TNM des VADS ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
Î1 � 2 cm
Î2 2 à 4 cm
T3 > 4 cm
T4 Envahissement du voisinage
T3 Plusieurs localisations du pharynx ou du larynx avec une ou les 2 cordes vocales fixées
f-------
126
• La classification N est commune aux cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx, du larynx et de l'hypopharynx:
1
No Pas d'adénopathie
N1 1 adénopathie homolatérale:,; 3 cm
N3 Adénopathie(s) > 6 cm
7. Evolution et pronostic
;
Ces notions ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données
à titre indicatif.
9. Approches thérapeutiques
Le traitement des tumeurs des VADS ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
9. 1.2. Radiothérapie
• La radiothérapie est utilisée dans 95 % des cancers ORL en traitement exclusif ou post-opératoire, seule ou
associée à une chimiothérapie concomitante. Elle est fractionnée et s'étale sur 6 à 7 semaines selon qu'elle est
post-opératoire ou exclusive.
• La toxicité aiguë intervient après 3 semaines de traitement et comporte principalement 5 effets principaux:
- la radiomucite (qui disparaît un mois après la fin de la radiothérapie);
- la radiodermite (qui disparaît également un mois après la fin de la radiothérapie);
- la dysgueusie (qui disparaît plusieurs mois après la fin de la radiothérapie);
- l'hyposialie (qui disparaît 2 ans après la fin de la radiothérapie s'il y a eu traitement en radiothérapie
conformationnelle en modulation d'intensité (RCMI). En cas d'irradiation conventionnelle, elle est définitive);
- l'hypothyroïdie.
• La toxicité tardive n'est pas systématique et peut survenir plusieurs années après le traitement. Il peut s'agir:
- d'ostéoradionécrose, favorisée par des gestes d'avulsion dentaire;
- de fibrose buccale et cervicale.
9.1.3. Chimiothérapie
• La chimiothérapie des cancers ORL peut être prescrite dans plusieurs circonstances:
- En situation néo-adjuvante dans un contexte le plus souvent de tentative de préservation d'organe (carcinome
épidermoïde du larynx). Il s'agit d'un traitement faisant appel ici à une poly-chimiothérapie par cisplatine,
5 fluoro-uracile (SFU) et docétaxel dont l'objectif est de réduire la taille tumorale de 80 % à l'issue des 3 premiers
cycles pour envisager alors l'irradiation de la tumeur dans un objectif curatif.
- De façon concomitante à la radiothérapie, soit en post-opératoire (pour les carcinomes épidermoïdes à haut
risque de rechute), soit dans le cadre d'une chimio-radiothérapie exclusive (lorsque la tumeur est en place). Ici,
on utilise une mono chimiothérapie par cisplatine seul.
- Dans un contexte palliatif: pour un cancer métastatique d'emblée ou en raison d'une rechute (loco-régionale
et/ou métastatique). Le traitement de référence en première ligne associe le cisplatine, le SFU et le cétuximab
(anticorps monoclonal ciblant l'EGFR). En 1 re ligne de récidive, les inhibiteurs de PD-1 sont devenus le
traitement de référence seuls ou en association avec une chimiothérapie par platine et SFU chez les patients
dont la tumeur ou les cellules immunes expriment PDL-1 (85% des patients).
Dans tous les cas, le taux élevé de comorbidités des patients ORL nécessite que ces traitements soient délivrés
en milieu spécialisé par des oncologues ayant l'expérience de ces patients.
�· . � -- · ·- · ............ .. ···················· ···· · ·· · ········ ·· ···· ···· · · · · ·· ·· · · -� ·
,
128
ÎUMEURS DE LA CAVITÉ BUCCALE... 1]1 ◄
9.2. Cancers de l'oropharynx, hypopharynx, larynx et de la cavité buccale
• Le traitement des cancers de la cavité buccale met en jeu la préservation des fonctions manducatoire, d'élocu
tion, de déglutition et la restauration prothétique dentaire. Classiquement, le traitement est chirurgical en pre
mier, suivi - selon les facteurs pronostiques reconnus à l'examen de la pièce opératoire - d'une radiothérapie ou
d'une chimio-radiothérapie post-opératoire. Les réhabilitations sont envisagées après cicatrisation complète, au
minimum 3 mois après la fin des traitements.
• Le traitement des cancers de l'oropharynx peut être également chirurgical mais est plus fréquemment basé sur
une radiothérapie exclusive ou une chimio-radiothérapie devant une maladie localement avancée.
• La problématique des cancers du larynx et de l'hypopharynx repose sur le respect de l'intégrité des filières
aéra-digestives. Les protocoles de préservation laryngée évitent à plus de 70 % des patients une laryngectomie
totale avec trachéotomie définitive. L'apprentissage de la voix œsophagienne doit débuter dès la cicatrisation de
la mucite post-radique obtenue.
130
131
'
Item 299
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
1. Définitions, nosologie 5. Évolution, pronostic
1.1. Les tumeurs intracrâniennes primitives 5.1. Pronostic des gliomes
1.2. Les métastases (tumeurs secondaires) 5.2. Pronostic des métastases
2. Classification histo-moléculaire 6. Principes thérapeutiques
2.1. Tumeurs primitives 6.1. Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) et Plan
2.2. Les métastases Personnalisé de Soins (PPS)
3. Épidémiologie 6.2. Chirurgie
3.1. Épidémiologie descriptive 6.3. Radiothérapie
3.2. Facteurs de risque 6.4. Chimiothérapie et chimio-radiothérapie
4. Diagnostic 6.5. Soins de support
4.1. Formes et symptômes cliniques 6.6. Situations d'urgence: identification et prise en charge
4.2. Imagerie
4.3. Bilan d'extension
4.4. Diagnostic différentiel
�-----------------------------------------· ·-----�-------�----------------------------------------�-------------·
'
Rang Rubrique Intitulé -- - -
A Définition Principaux types et localisations des tumeurs intracrâniennes. Savoir distinguer: tumeur
primitive/secondaire, de l'encéphale/des annexes, bénigne/maligne, fréquente/rare, sus
ou sous tentorielle
A Définition Connaître la distinction entre tumeur provenant du SNC et tumeur provenant de ses
annexes
B Définition Connaître les principaux types histologiques des tumeurs cérébrales : méningiome et
adénome hypophysaire/tumeurs gliales de bas grade et de haut grade (glioblastome) /
métastases
B Prévalence, Connaître les principaux types de tumeurs primitives intracrâniennes et leur origine
épidémiologie --- --- - -
A Diagnostic positif Connaître les principaux tableaux cliniques devant faire évoquer une tumeur intracrânienne
B Examens Connaître la stratégie d'exploration en imagerie devant une tumeur intracrânienne de
complémentaires l'adulte
A Diagnostic positif Décrire la recherche systématique de cancer primitif à effectuer devant une métastase
cérébrale
c-- _,__ -- - -- --- -
- - --
A Identifier une Connaître les deux principales urgences (HTIC, épilepsie) révélant ou compliquant
urgence l'évolution d'une tumeur cérébrale
--- ---
B Suivi et/ou Connaître les principes de la prise en charge de l'HTIC et de l'épilepsie chez un patient
pronostic porteur d'une tumeur intra-cérébrale
135 ◄
132
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
A 1. Définitions, nosologie
• Les tumeurs intracrâniennes forment une large gamme de maladies rassemblant des tumeurs bénignes n'impac
tant que peu la survie et des tumeurs malignes, d'agressivité très variable, mais ayant souvent un mauvais
pronostic à court ou moyen terme.
• Il faudra distinguer :
- les tumeurs de l'encéphale (intracrâniennes et intracérébrales) se développant dans le parenchyme cérébral,
des tumeurs des annexes (intracrâniennes et extra-cérébrales) se développant aux dépens des méninges, de
l'hypophyse ;
- les tumeurs primitives du système nerveux central (SNC) des tumeurs secondaires (métastases).
B 2. Classification histo-moléculaire
134
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES 137 ◄
Figure 1. Classification simplifiée des gliomes selon l'OMS 2016
1p/19q
codélété
Grade Il Grade Ill
Oligodendrogliome
IDH-muté
/ 1p/19q
non codélété
1p/19q
\ IDH-wHd typo non codélété
,_
B 3. Epidémiologie
139 ◄
136
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES
3.2.2. Facteurs environnementaux
• Les facteurs environnementaux identifiés sont les antécédents d'irradiation (méningiomes et gliomes). Il n'y a
pas de preuve absolue que l'alimentation, le tabac, l'exposition aux pesticides ou aux rayonnements non ionisants
(téléphones portables, lignes à haute tension) soient impliqués.
• Les méningiomes sont plus fréquents chez la femme et possèdent des récepteurs à l'œstradiol; leur découverte
doit faire arrêter une contraception œstroprogestative ou un traitement substitutif de la ménopause ou un traite
ment par acétate de cyprotérone.
• Les lymphomes cérébraux primitifs peuvent survenir chez les patients immunocompétents et, avec un risque
majoré, chez les patients immunodéprimés (greffés, infection VIH non traitée).
A 4. Diagnostic
Les crises comitiales complexes (exemple des crises temporales) peuvent faire errer le diagnostic.
- Le déroulement bref, résolutif et surtout stéréotypé de ces épisodes, doit faire évoquer une origine épileptique.
- Crises généralisées d'emblée ou secondairement.
Toute première crise comitiale doit faire demander une IRM cérébrale et un EEG (qui peut cependant être
normal en intercrise).
4.1.5. Les signes évocateurs d'une localisation et/ou d'un type tumoral
• Des troubles de l'équilibre, des vertiges, une ataxie et/ou un syndrome cérébelleux cinétique évoquent une tumeur
de la fosse postérieure.
• Des atteintes des paires crâniennes (surtout si elles sont multiples) font rechercher une tumeur du tronc cérébral
ou une atteinte méningée.
• Un déficit auditif unilatéral doit faire évoquer un neurinome du nerf auditif (VIII).
• Un adénome hypophysaire peut se traduire par un déficit du champ visuel lié à une compression chiasmatique
ou un syndrome endocrinien d'hypersécrétion (adénome à prolactine, adénome corticotrope avec syndrome de
Cushing, adénome à somathormone avec acromégalie). L'adénome hyp ophysaire peut être non secrétant après
un bilan endocrinien complet.
• Une polyglobulie peut conduire au diagnostic d'un hémangioblastome du cervelet.
138
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES 141 ◄
B 4.2. Imagerie
4.2.1.. la tomodensitométrie
• La tomodensitométrie avant puis après injection de produit de contraste, est un examen de débrouillage rapide
mais insuffisant.
Une image, même caractéristique, doit être complétée par une analyse histologique obtenue par exérèse ou
biopsie stéréotaxique en cas de tumeur maligne appelant une radiothérapie et/ou une chimiothérapie.
140
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES 143 ◄
Figure 2 e : Lymphome B à grandes Figure 2 f: Métastases. Homme de 53 ans.
cellules. Homme de 62 ans. Apathie et Antécédentd'adénocarcinomerénalopéré.
troubles cognitifs. IRM T1 gadolinium : Hémiparésie gauche régressive sous corti
image prenant le contraste de façon coïdes. IRM, T1 gadolinium : images
homogène, sans nécrose, de topographie multiples, plus ou moins ovoïdes, prenant
périventriculaire. le contraste, avec un aspect en cocarde dû
à une nécrose centrale.
- abcès cérébral+++: prise de contraste annulaire (coque), contexte infectieux (mais fièvre inconstante);
- toxoplasmose cérébrale (contexte d'immunosuppression);
- encéphalite, notamment à virus Herpes ;
- sclérose en plaques à forme pseudo-tumorale;
- accident vasculaire ischémique ou hémorragique (même si une hémorragie peut révéler une tumeur);
- malformation vasculaire (MAV: malformation artério-veineuse);
- dysplasie cérébrale.
• En cas de doute, une biopsie stéréotaxique doit être discutée.
L'évolution et le pronostic des tumeurs cérébrales ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
,.
5. Evolution, pronostic
• L'évolution et le pronostic des tumeurs intracrâniennes est variable selon leur nature, leur agressivité histologique
et les possibilités thérapeutiques.
• Certaines tumeurs peuvent être guéries par la chirurgie seule (astrocytome pilocytique de l'enfant, épendymome
de grade I, méningiome de grade 1), par la chirurgie associée à la radiothérapie et à la chimiothérapie (médullo
blastome, germinomes), par la chimiothérapie seule (lymphome).
• D'autres tumeurs sont plus ou moins rapidement mortelles malgré les traitements (gliomes de haut grade).
Les principes thérapeutiques des tumeurs cérébrales ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de
cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
142
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES 145 ◄
6. Principes thérapeutiques
6.2. Chirurgie
• Le neurochirurgien intervient dans le diagnostic, la prise en charge de l'urgence, le traitement des tumeurs
initiales et des récidives.
• La biopsie s'impose quand !'exérèse tumorale ne paraît pas possible d'emblée. Le choix entre biopsie stéréo
taxique et biopsie chirurgicale sera guidé par la localisation et le risque hémorragique.
• La résection chirurgicale optimale débute la séquence thérapeutique lorsqu'elle est possible.
- L'exérèse doit être la plus large possible, tout en respectant les fonctions neurologiques dont l'altération
compromettrait la qualité de vie post-opératoire. Des aides techniques (IRM fonctionnelle et IRM en tenseur de
diffusion préopératoires, neuronavigation, stimulation per-opératoire du cortex et des faisceaux de substance
blanche, cartographie per-opératoire en chirurgie éveillée, IRM per-opératoire, fluorescence per opératoire
par la 5-ALA) peuvent aider à optimiser !'exérèse chirurgicale.
- L'évaluation de la qualité de la résection doit être effectuée par une IRM post-opératoire précoce dans les 48
heures.
- L'exérèse chirurgicale seule est souvent curative dans les tumeurs à histologie favorable (astrocytome
pilocytique de l'enfant, épendymome, méningiome). Elle doit être suivie d'un traitement complémentaire
pour les gliomes, les médulloblastomes, les métastases.
Un avis neurochirurgical doit être pris en urgence en cas de syndrome de masse avec engagement qui
peut nécessiter une exérèse tumorale partielle ou en cas de trouble de l'écoulement du LCR (hydrocéphalie)
qui exige une dérivation externe ou interne (vers le péritoine) ou une ventriculocisternostomie endoscopique.
6.3. Radiothérapie
• La radiothérapie des tumeurs cérébrales primitives est utilisée comme complément de la chirurgie ou de
manière exclusive. Il s'agit d'une radiothérapie externe délivrant des rayonnements X issus d'un accélérateur
linéaire.
• La dose varie de 54 à 60 Gy, selon l'histologie, par fractions de 1,8 à 2 Gy par jour, 5 jours par semaine.
• Une IRM dosimétrique avec injection de gadolinium permet de délimiter les volumes cibles et les volumes à
protéger ou organes à risque qui doivent recevoir une dose limitée (chiasma, nerf optique, rétine, cristallin,
hippocampe, cochlée, tronc cérébral).
• Dans les médulloblastomes, une irradiation cranio-spinale est faite à titre prophylactique en complément de
l'irradiation de la zone tumorale (fosse postérieure).
• Les effets secondaires précoces de la radiothérapie sont toujours réversibles. Ces symptômes sont liés à
l'œdème réactionnel induit par l'irradiation (céphalées, nausées, vomissements, accentuation transitoire des
troubles neurologiques, alopécie partielle) et sont contrôlés par les médicaments symptomatiques (sétron) et les
corticoïdes à la dose minimale efficace.
• Le maximum de cerveau non tumoral doit être préservé pour éviter des toxicités post-radiques tardives, souvent
irréversibles (troubles de la mémoire, voire démence par leuco-encéphalopathie) ou une radionécrose.
• Les métastases cérébrales peuvent bénéficier de la radiothérapie en conditions stéréotaxiques qui a tendance
à supplanter l'irradiation encéphalique in toto. La radiothérapie en conditions stéréotaxiques a une action anti
tumorale plus efficace grâce à l'hypofractionnement de la dose (exemple: 3 fractions de 10 Gy) et épargne le tissu
cérébral sain.
144
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES 147 ◄
B 6.6. Situations d'urgence : identification et prise en charge
6.6.1. HTIC
• Il s'agit d'un symptôme fréquent au cours de l'évolution des tumeurs cérébrales primitives ou secondaires.
• Un tableau clinique d'HTIC (céphalées matinales, nausées, vomissements, diplopie) impose une hospitalisa
tion et la réalisation en urgence d'une imagerie cérébrale (IRM). L'impact sur la vigilance sera analysé (score de
Glasgow).
• Il faut analyser le mécanisme pour guider le traitement:
- Syndrome de masse :
► corticothérapie (+++) par voie IV ou orale, à forte dose initiale (1,5 à 2 mg/kg d'équivalent prednisone)
qui est efficace sur l'œdème réactionnel péritumoral. Les complications de la corticothérapie doivent être
recherchées et traitées (diabète, ostéoporose, infections, amyotrophie ...);
► Une exérèse doit être discutée.
- Hydrocéphalie aiguë :
► par obstruction (hydrocéphalie non-communicante) qui relève d'une dérivation chirurgicale si trouble
de circulation du LCR; la dilatation ventriculaire (un ou plusieurs ventricules) est visible en amont de
l'obstacle; la ponction lombaire est alors contre-indiquée;
► par dissémination tumorale méningée (hydrocéphalie communicante): l'ensemble des cavités ventriculaires
est alors dilaté, sans obstacle visible mais avec souvent des signes radiologiques en faveur d'une dissémination
méningée... La ponction lombaire est alors possible.
• La corticothérapie sera ensuite réduite à la dose minimale efficace ou arrêtée si possible (par exemple après chirur
gie complète ou chimio-radiothérapie efficace).
Le caractère bref, stéréotypé des épisodes, la concordance entre la sémiologie et la localisation anatomique
tumorale aident au diagnostic.
• Les éléments de gravité seront analysés : durée de l'épisode, crises répétées sur quelques jours, généralisation,
récupération post critique médiocre.
• Les facteurs favorisants seront recherchés : mauvaise observance du traitement, syndrome infectieux, troubles
métaboliques, interactions médicamenteuses, stress ...
• La prise en charge avec schématiquement 2 cas de figure :
- Crise isolée sans élément de gravité (crise partielle brève sans déficit post-critique):
► pas d'hospitalisation;
► benzodiazépines d'action rapide;
► prévention, éducation thérapeutique;
► ajustement du traitement en cours.
L'état de mal épileptique (durée de plus de 5 minutes si crises convulsives ou de plus de 30 minutes en
l'absence de convulsions) est une urgence devant faire discuter l'admission en service de réanimation pour
administration d'une benzodiazépine IV(+/- autres anti-épileptiques, voire sédation par barbituriques).
146
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L,ITEM 299:
«TUMEURS INTRACRÂNIENNES»
► 150
147
ÎUMEURS INTRACRÂNIENNES
18 0 .Interprétation d'un compte-rendu Le compte-rendu de l'examen anatomo-pathologique d'une tumeur
d'examen d'anatomo-pathologie cérébrale doit appliquer la classification WHO 2016 avec en particulier
pour les gliomes, le statut du gène I DH et si I DH muté, la recherche
d'une codélétion 1p/19q.
En lien avec le prise en charge thérapeutique
2 39.Explication préopératoire et recueil
de consentement d'un geste invasif
diagnostique ou thérapeutique
32 7. Annonce d'un diagnostic de maladie
grave au patient et/ou à sa famille
247. Prescription d'une rééducation La prescription d'une rééducation fonctionnelle et orthophonique,
doit faire partie de la prise en charge d'un patient porteur d'une
tumeur cérébrale ; ses modalités seront adaptées à l'état général du
patient, et au pronostic de la maladie.
251. Prescrire des corticoïdes par voie La corticothérapie est indiquée dans la prise en charge globale ;
générale son indication et le dosage reposent avant tout sur des arguments
cliniques (intensité des symptômes) et non radiologiques.
Sauf urgence vitale cette corticothérapie est contre-indiquée en
phase diagnostique d'un processus expansif cérébral si l'hypothèse
d'un lymphome primitif du SNC peut être évoquée.
Dans tous les cas, la dose de corticoïdes sera régulièrement ajustée
en recherchant la dose minimale requise pour le confort fonctionnel
du patient.
254. Prescrire des soins associés à une On préviendra les complications digestives (nausées/vomissements,
chimiothérapie constipation, mycose buccale) hématologiques (selon le risque
associé au schéma utilisé).
297. Consultation du suivi en cancérologie Le suivi des patients traités pour tumeur cérébrale doit être poursuivi
298. Consultation et suivi d'un patient ayant
et est justifié pour dépister une récidive, évaluer les séquelles en
des troubles cognitifs proposant autant que possible une prise en charge de celles-ci.
La présence d'un aidant est le plus souvent utile lors de ce suivi
330. Accompagnement global d'un aidant
pour mieux analyser les troubles cognitifs et leur impact sur la vie
quotidienne. Une information et un soutien appropriés doivent être
proposés aux aidants et, le cas échéant, aux enfants du malade.
337. Identification, prise en soin et suivi d'un Les tumeurs cérébrales sont fréquemment associées à une situation
patient en situation palliative palliative. Cette situation doit être évaluée au regard des éléments
pronostiques et fonctionnels, et de la demande du patient. Les
soins de confort incluent la corticothérapie, les antiépileptiques,
la physiothérapie qui doivent être ajustés à l'état du patient. Les
antalgiques de palier 3 sont principalement utiles en cas d'atteinte
méningée.
148
149
Item 300
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
'
·'
1. Epidémiologie du cancer du col utérin 7. Epidémiologie du cancer du corps utérin
1.1. Epidémiologie descriptive en France 7.1. Epidémiologie descriptive en France
1.2. Infection HPV et cofacteurs 7.2. Epidémiologie analytique: facteurs de risque
2. Principaux types histologiques de cancer du col 8. Connaître les 2 types histologiques de cancer de
2.1. Carcinome épidermoïde l'endomètre les plus fréquents
2.2. Adénocarcinome 9. Connaître les circonstances de découverte du cancer du
2.3. Autres types histologiques corps utérin
3. Prévention 9.1. Métrorragies et méno-métrorragies
3.1. Prévention: intérêt de la vaccination 9.2. Leucorrhées
3.2. Prévention: intérêt et modalités du frottis cervico-utérin 9.3. Douleurs pelviennes
(FCU) et test HPV 9.4. Autres symptômes
4. Connaître les circonstances de découverte du cancer du col 10. Diagnostic clinique du cancer du corps utérin
5. Diagnostic clinique du cancer du col utérin 10.1. Examen clinique
5.1. Interrogatoire 10.2. Confirmation histologique
5.2. Examen clinique 11. Connaître la stratégie d'exploration par imagerie d'une
6. Examens complémentaires du cancer du col utérin tumeur du corps utérin
6.1. Bilan biologique 11.1. Échographie pelvienne par voies vaginale et abdominale
6.2. Confirmation histologique 11.2. Bilan d'extension loco-régionale: l'IRM pelvienne
6.3. Bilan d'extension loco-régionale 11.3. Bilan d'extension métastatique: la tomodensitométrie
6.4. Bilan d'extension métastatique thoraco-abdo-pelvienne
6.5. Dépistage des autres tumeurs liées à HPV 11.4. Bilan général
6.6. Évaluation pronostique 11.5. Evaluation pronostique
·----- -- -------------------------------------------- ------------------------ ------- ------ -----------------------·
153 ◄
150
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN •••
Rang
B
1 Rubrique Intitulé
Prévalence, épidémiologie Épidémiologie descriptive en France du cancer du col
B Eléments physiopathologiques Infection HPV et cofacteurs
B Définition Principaux types histologiques de cancer du col
A Prévalence, épidémiologie Prévention: intérêt de la vaccination
A Diagnostic positif Prévention: intérêt et modalités du frottis cervico-utérin (FCU) et test HPV
A Diagnostic positif Connaître les circonstances de découverte du cancer du col
A Diagnostic positif Diagnostic clinique du cancer du col utérin
B Examens complémentaires Examens complémentaires du cancer du col utérin (IRM)
B Prévalence, épidémiologie Épidémiologie descriptive en France du cancer de l'endomètre
A Étiologies Épidémiologie analytique: facteurs de risque du cancer du corps utérin
B Définition Connaître les 2 types histologiques de cancer de l'endomètre les plus
fréquents
A Diagnostic positif Connaître les circonstances de découverte du cancer du corps utérin
A Diagnostic positif Diagnostic clinique du cancer du corps utérin
•
B Examens complémentaires Connaître la stratégie d'exploration par imagerie d'une tumeur du corps
utérin
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
2017 6 1,7
• Une centaine de types d'HPV a été caractérisée. Parmi les HPV oncogènes, les types 16 et 18 sont les plus
fréquents et sont présents dans plus de 70 % des cas de cancer invasif du col utérin en France (HPV 16: 55 %,
HPV 18: 15 %).
• lis sont également associés à d'autres cancers: canal anal, vulve, vagin et certains cancers ORL.
• L'HPV est principalement transmis par contact sexuel (infection sexuellement transmise). L'infection se produit
le plus souvent dès le début de la vie sexuelle. La prévalence de l'infection est maximale avant 30 ans, avec un taux
de 17 %.
• La majorité des femmes exposées aux HPV développe une immunité suffisante pour éliminer le virus (clairance
virale). Cependant, celui-ci persiste chez certaines femmes et cette persistance peut conduire au développement
d'une lésion précancéreuse.
• Il existe plusieurs stades successifs de lésions précancéreuses, appelées néoplasies cervicales intra-épithéliales
(CIN) ou dysplasies. Ces lésions peuvent régresser spontanément (le plus souvent), persister ou bien encore évo
luer vers un cancer du col de l'utérus.
À partir de l'infection persistante, l'évolution vers un cancer invasif du col utérin met en moyenne
15 ans à se produire, laissant donc une fenêtre d'action importante pour pouvoir détecter précocement (et
traiter) les lésions précancéreuses et cancéreuses du col.
• Certaines caractéristiques de la vie sexuelle sont associées à un risque accru d'infection à HPV oncogénique:
- précocité des premiers rapports sexuels;
- partenaires sexuels multiples;
- antécédents de maladies sexuellement transmissibles.
• Le bas niveau socio-économique et le faible niveau d'éducation sont associés à une moindre compliance au dépis
tage et à la vaccination, responsables d'une plus grande fréquence des stades localement avancés et d'une mortalité
plus élevée.
1..2.2. Co-facteurs
• Ils favorisent la persistance de l'infection ou interviennent dans la carcinogénèse:
- tabagisme actif (à la fois facteur de risque et facteur pronostique);
- co-infection à Chlamydiae ou par un virus de l'herpès;
- utilisation au long cours (plus de 5 ans) de contraceptifs oraux;
- déficit immunitaire acquis (dont l'infection par le VIH).
152
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ... 155 ◄
B 2. Principaux types histologiques de cancer du col
Le risque d'évolution vers le carcinome invasif est plus important pour les CIN2-3 (10-15 %) que pour les CIN1
(1 % des cas).
2.2. Adénocarcinome
• Il est plus rare (20 % environ).
• Il se développe à partir de l'épithélium cylindrique qui recouvre le canal endocervical ou endocol.
• Il est également précédé de lésions précancéreuses mais, à la différence des cancers épidermoïdes, il n'a pas été
établi de niveaux de sévérité.
A 3. Prévention
Depuis janvier 2021, l'HAS recommande la vaccination par le Gardasil 9 des filles et des garçons de 11 à 14 ans
(2 injections à MO et M6), et en rattrapage vaccinal entre 15 et 19 ans révolus (3 injections à MO, M2 et M6).
• La vaccination repose sur une démarche individuelle (il n'y a pas de campagne de vaccination organisée) et est
prise en charge à hauteur de 65 % par l'Assurance maladie (y compris pour les garçons depuis janvier 2021).
• La vaccination contre les HPV n'entraîne pas d'augmentation du risque de survenue de maladies auto- immunes
et les différents plans de gestion des risques concluent en une balance bénéfice/risque de la vaccination favorable.
La vaccination n'élimine pas totalement le risque de développer un cancer du col de l'utérus. C'est pourquoi,
même pour les femmes vaccinées, le dépistage du cancer du col de l'utérus reste nécessaire.
154
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ... 157 ◄
Tableau 2. CLASSIFICATION DE BETHES DA DES ANOMALIES CYTOLOGIQUES AU FROTTIS CERVICO-UTÉRIN
-- - - - - �- ---- -- - --- - - ---- --- - - --- -- - -
- - -
Les recommandations HAS pour le dépistage de masse, revues en 2019 sont les suivantes:
- Cibles : femmes asymptomatiques de 25 à 65 ans, incluant les femmes enceintes et les femmes
ménopausées;
- Entre 25 et 30 ans: il reste fondé sur l'examen cytologique réalisé en milieu liquide: réalisation de deux
examens cytologiques à 1 an d'intervalle, puis 3 ans après si le résultat des deux premiers est normal;
- À partir de 30 ans : le test HPV remplace l'examen cytologique. Le premier sera réalisé 3 ans après le
dernier examen cytologique dont le résultat était normal puis tous les 5 ans si le test reste négatif;
- L'auto-prélèvement vaginal pour recherche d'HPV doit être proposé, à partir de 30 ans, aux femmes
non dépistées ou insuffisamment dépistées.
• La conduite à tenir recommandée par l'HAS en cas d'anomalies est résumée dans la figure 1. En cas d'auto-prélè
vement vaginal positif pour l'HPV, une consultation médicale est recommandée.
25-30 ans : Examen cytologique en première intention À partir de 30 ans : test HPV
en première intention
Positif:
ASC-US ou AGC Autres anomalies Examen cytologique « reflexe »
(sur le même prélèvement)
Colposcopie+/· biopsie
Test HPV « reflexe »
et curetage endocervical
(sur le même prélèvement) ( Anormal J Normal
si AGC/AlS
Négatif :
Positif Contrôle test HPV à 1 an
Contrôle à 1 an
Positif Négatif
Test HPV
Tous les 5 ans
5.1. Interrogatoire
• Il précise les symptômes (caractère provoqué des métrorragies++ ) et les antécédents (attention au col restant
après une hystérectomie subtotale !).
L'examen clinique doit être répété sous anesthésie générale s'il est difficile ou si la tumeur est volumineuse et
faire l'objet d'un schéma daté et signé.
Figure 2. Démarche diagnostique dans le cancer du col de l'utérus (*IRM abdopelvienne avant et après conisation)
7
Examen clinique
Biopsie à la pince
Conisation*
!
1
Diagnostic de malignité, type histologique,
profondeur de l'extension stromale
t
J
IRM abdomino-pelvienne
Examen clinique+/-AG si suspicion de tumeur avancée
Cystoscopie et rectoscopie si cliniquement indiqué
Biologie standard, VIH, sec
+
Tumeur limitée au col, tailles 4 cm (maximum IB2) Tumeur étendue au-delà du col et/ou > 4 cm (IB2 à IV)
Pas d'adénomégalie en IRM et/ou adénomégalie en IRM
+
Curage ganglionnaire pelvien+ lombo-aortique TEP-TDM au 18-FDG
si positif ]
Option: curage lombo-aortique coelioscopique
en l'absence d'atteinte ganglionnaire à l'IRM et TEP-TDM
158
TUMEURS OU COL UTÉRIN ... 161 ◄
6.2.2. Si le col est macroscopiquement normal
• Réalisation d'une colposcopie (examen du col à la loupe binoculaire).
• Elle ne permet de visualiser que les lésions exo-cervicales :
- sans préparation: visualisation du col et notamment de la zone de jonction, recherche d'ectropion, d'ulcération,
de saignement, d'un bourgeonnement;
- après application d'acide acétique dilué à 3-5% qui provoque le blanchissement des zones tumorales;
- après application de lugol qui, au contraire, ne colore pas les zones tumorales;
- elle permet la réalisation de biopsies orientées (il ne peut y avoir de traitement sur les seuls résultats d'un
examen cytologique anormal).
A: tumeur du col envahissant le paramètre droit, B: dilatation de l'uretère D, C: adénopathie iliaque externe droite
• Sur le plan pronostique et thérapeutique, il est important de distinguer deux grandes catégories de
tumeurs:
- les tumeurs localisées sans atteinte ganglionnaire : :5 4 cm sans atteinte du paramètre ou du vagin
(IA et IB 1-IB2) : candidates à une chirurgie à intention curatrice (colpo-hystérectomie élargie) +/
radiothérapie;
les formes localement avancées> 4 cm ou associées à une atteinte du vagin ou des paramètres (stade
IB3, Il, IIIA-B, IVA) ou présentant des métastases ganglionnaires (111(1, IIIC2): traitées par combinaison
chimio-radiothérapie.
Tableau 3. CLASSIFICATION FIGO DES CANCERS DU COL UTÉRIN (NOUVELLE VERSION 2018)
- - - - -- --- - -- - -
• Ce cancer survient en effet après la ménopause avec un pic de fréquence entre 60 et 70 ans (âge moyen lors du
diagnostic de 68 ans).
• Dans 80 % des cas, il est limité au corps utérin. La survie relative à 5 ans est d'environ 75 % et atteint 85 % en cas
de stade localisé.
• Plusieurs situations peuvent être associées à une exposition accrue aux œstrogènes et à un déséquilibre
hormonal:
- une longue durée de la période ovulatoire définie par l'âge de la ménopause - âge de la puberté - nombre de
mois de grossesse - nombre de mois sous contraception orale combinée;
Une puberté précoce, une ménopause tardive et la nulliparité sont donc des facteurs de risque.
- la prise prolongée d'œstrogènes en monothérapie dans le cadre d'une contraception séquentielle ou d'un
traitement hormonal substitutif de la ménopause (d'où la nécessité d'associer systématiquement un progestatif);
- la prise de tamoxifène, par son activité agoniste sur l'épithélium de l'endomètre;
- le syndrome des ovaires polykystiques.
• Certaines lésions de l'endomètre sont rencontrées en cas d'hyp erœstrogénie et doivent être considérées comme
précancéreuses : hyp erplasie adénomateuse ou atyp ique, carcinome in situ.
La surcharge pondérale est le premier facteur étiologique du cancer de l'endomètre. Elle serait responsable
de 40 % des cancers de l'endomètre.
• Son effet cancérigène est lié en partie à l'hyp erœstrogénie induite : en préménopause, elle favorise une exposition
continue de l'endomètre aux œstrogènes en induisant des cycles anovulatoires. En postménopause, elle favorise
l'aromatisation des androgènes surrénaliens en œstrogènes. La chirurgie bariatrique qui vise à réduire la sur
charge pondérale diminue le risque de cancer de l'endomètre et améliorerait son pronostic.
• L'insulino-résistance induite par la surcharge pondérale, et le manque d'activité physique favorisent également le
développement tumoral. Le diabète de typ e 2 est ainsi associé à un risque accru de cancer de l'endomètre.
Les formes familiales rentrent le plus souvent dans le cadre du cancer colique familial sans polypose (HNPCC
ou syndrome de Lynch). Elles représentent environ 5 % des cancers de l'endomètre.
• L'HNPCC est lié à la présence d'une mutation germinale hétérozygote sur un des gènes impliqués dans la répara
tion des mésappariements de !'ADN (mismatch repair- MMR): MSH6, MSH2, PMS2 ou MLHl. La déficience du
système MMR est plus fréquemment somatique (30 % des cancers de l'endomètre environ), c'est-à-dire présente
uniquement dans la tumeur et non transmissible.
165 ◄
162
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ...
• La détection d'un défaut du MMR se fait d'abord dans la tumeur. Deux techniques sont disponibles dont aucune
n'est fiable à 100 % : détection de la perte d'expression d'une des protéines impliquées par immunohistochimie ou
mise en évidence d'une instabilité des séquences microsatellites par une technique de PCR.
• L'analyse en immunohistochimie des 4 protéines du MMR est recommandée systématiquement dans le cancer de
l'endomètre. Le test PCR sera réalisé pour confirmer la déficience du système MMR ou, en cas de résultat douteux,
en immunohistochimie.
• Si un défaut du MMR est confirmé dans la tumeur, une consultation d'oncogénétique est nécessaire pour recher
cher une mutation constitutionnelle.
• Si cette classification reste très utile en pratique courante, elle doit être relativisée par les données récentes d'ana
lyse génomique des tumeurs. Ainsi, certains carcinomes endométrioïdes, de type 1 sur le plan histologique, se
rapprochent en fait des carcinomes séreux sur le plan moléculaire. Ils en partagent alors le mauvais pronostic.
• Le carcinosarcome regroupe un contingent d'adénocarcinome et un contingent sarcomateux de différenciation
très variable (léïomyosarcome, rhabdomyosarcome, synovialosarcome ...). Il est actuellement considéré comme
un carcinome métaplasique dont le pronostic et la prise en charge se rapprochent des autres carcinomes de type
2. Il ne s'agit pas d'un sarcome.
• Les sarcomes sont des tumeurs rares du corps utérin : sarcome du stroma endométrial ou léïomyosarcome. Ils ne
seront pas détaillés ici.
► 166
163
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN •••
Item 300
• Spontanées, indolores et souvent peu abondantes ; parfois moins évocatrices, faites de pertes brunâtres.
• C'est le symptôme révélateur dans 90 % des cas: les métrorragies surviennent précocement, à un stade où - le plus
souvent - la tumeur reste confinée à l'utérus.
9.2. Leucorrhées
• Hydroleucorrhée rosée et fétide, évocatrice mais rare.
164
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ••• 167 ◄
10.2. Confirmation histologique
10.2.1. Examens cytologiques
• Le frottis cervico-vaginal peut être positif dans les formes étendues au col mais n'apporte pas de certitude dia
gnostique.
• La cytologie endo-utérine n'est pas toujours réalisable. Elle n'a de valeur que positive et une confirmation histo
logique reste indispensable.
• Réalisée le plus souvent en ambulatoire sous anesthésie locale, après avoir éliminé une infection cervico-vaginale.
• Elle permet de:
- visualiser les lésions endométriales: lésion végétante, friable, parfois ulcérante saignant au contact;
- préciser leur topographie, leur extension vers l'isthme et l'endocol;
- guider les biopsies.
• Elle est complétée par un curetage biopsique étagé de l'endocol, puis de la cavité utérine.
• Les risques sont faibles: perforation utérine, infection, embolie gazeuse( < 1 %).
• L'hystéro-résection, du fait de son risque de dissémination péritonéale, n'est pas recommandée en cas de suspi
cion de cancer de l'endomètre.
- La classification anatomo-chirurgicale de la FIGO (2009) est le principal facteur pronostique (Tableau 5). Elle
prend en compte le degré d'infiltration du myomètre (<ou> à 50 %), l'extension au col, la présence ou non
d'adénopathies.
La classification FIGO des cancers du corps de l'utérus ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
166
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ... 169 ◄
Tableau 5. CLASSIFICATION FIGO DES ADÉNOCARCINOMES DE L'ENDOMÈTRE (2009)
1
Probabilité de survie
FIGO Description sans rechute à 5 ans
(à titre indicatif)
Stade 1 : Tumeur limitée au corps utérin 85 %
IA Extension limitée à l'endomètre ou à moins de 50 % du myomètre
18 Extension à;:: 50 % du myomètre
Stade Il : Tumeur envahissant le stroma cervical mais ne s'étendant pas au-delà du col 70 %
Stade Ill: Extension au-delà du col 30 %
IIIA Extension à la séreuse ou aux annexes
1118 Extension au vagin ou aux paramètres
Présence de métastases ganglionnaires
IIIC
IIIC1 Pelviennes
111(2 Lombo-aortiques
Stade IV
-- Extension aux organes de voisinage ou métastases à distance <5%
IVA Extension à la muqueuse vésicale ou intestinale
IV8 Présence de métastases à distance
168
ÎUMEURS DU CDL UTÉRIN ••• 171 ◄
En lien avec le bilan diagnostique des tumeurs du col utérin
178. Demande / prescription raisonnée et choix d'un La conisation chirurgicale est recommandée dans
examen diagnostique les formes infracliniques pour préciser les facteurs
231. Demande d'un examen d'imagerie
pronostiques histologiques.
Le carcinome épidermoïde (70 %) est plus fréquent que
233 . Identifier / reconnaître les différents examens
l'adénocarcinome (20 %).
d'imagerie (type/fenêtre/séquences/incidences/ L'IRM abdomino-pelvienne est systématique pour
injection) apprécier la taille de la tumeur et son extension locale
2 3 2 . Demande d'explication d'un patient sur le (paramètres, utérus, vessie, rectum), rechercher des
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un métastases ganglionnaires pelviennes et lombo-aortiques
examen d'imagerie et une dilatation urétérale.
229. Découverte d'une anomalie pelvienne à l'examen
Le TEP-TDM au 18 FDG est réalisé dans les formes
d'imagerie médicale localement avancées.
Le curage ganglionnaire pré-thérapeutique par
181. Tumeurs malignes sur pièce opératoire / biopsie
laparoscopie est recommandé si le bilan d'extension est
1 8 0. Interprétation d'un compte rendu d'anato- négatif.
170
ÎUMEURS DU COL UTÉRIN ... 173 ◄
-
171
Item 301
CHAPITRE ►----Tumeurs
-------------------------------------
du côlon et du rectum
Pr Thierry André', Pr Jaafar Bennouna2, Pr Nicolas Magné', Pr Yann Parc•, Pr Christophe Tournigand5
'Oncologie médicale, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris
'Oncologie médicale, Centre Hospitalier Universitaire, Nantes
'Radiothérapie, Institut de Cancérologie de la Loire Lucien Neuwirth, Saint Priest en Jarez
'Chirurgie digestive, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris
'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP-HP, Créteil
1
Rang
-----
Rubrique
~ - ----��- - 1 Intitulé
- -------------------
- --
A Définition Connaître les principaux types histologiques des tumeurs bénignes et malignes
colorectales
B Etiologies Connaître la liste des principales lésions colorectales augmentant le risque de
survenue ultérieure d'un cancer
B Examens complémentaires Connaître le vocabulaire permettant de comprendre un compte-rendu ACP de
tumeur colorectale
A Définition Définitions des polypes et des polyposes
A Suivi et/ou pronostic Connaître la filiation adénome cancer
A Diagnostic positif Circonstances de découverte
B Suivi et/ou pronostic Connaître le rythme de surveillance en fonction du nombre et de la taille des
adénomes
B Prévalence, épidémiologie Epidémiologie descriptive: incidence et prévalence du cancer du rectum
A Étiologies Epidémiologie analytique: facteurs de risque
B Prise en charge Epidémiologie analytique: indication d'un test génétique
B Définition Epidémiologie analytique: polypose adénomateuse familiale (PAF) et syndrome
de Lynch
A Diagnostic positif Examen clinique
A Examens complémentaires Examens complémentaires de première intention
B Examens complémentaires Examens complémentaires endoscopiques et radiologiques
B Examens complémentaires Connaître la stratégie d'exploration en imagerie initiale du cancer colorectal
B Prise en charge Cancers localisés et principes de traitement
1. Epidémiologie
• Il a été responsable de 17 117 décès en France en 2018, 2' cause de mortalité par cancer en France (après le
cancer du poumon): 12 % de la mortalité par cancer.
• Le taux d'incidence a diminué entre 1990 et 2018 de - 0,6 % par an en moyenne chez l'homme et chez la femme.
• Le taux de mortalité a diminué entre 1990 et 2018 de -1,6 % par an en moyenne chez l'homme et chez la femme.
• En 2018, l'âge médian au moment du diagnostic de CCR était de 71 ans chez l'homme et de 73 ans chez la femme
(10 % des cancers colorectaux sont identifiés avant 50 ans).
• Le taux de survie relative à 5 ans varie en fonction de la classification TNM:
- Stade I: 94 %;
- Stade II: 80 % (après chirurgie);
- Stade III: 45 à 60 % après chirurgie seule (environ 75 % après chirurgie et chimiothérapie adjuvante);
- Stade IV: 10 %;
- Tous stades confondus: 63 %.
1..2.1.. L,age
...
Le principal facteur de risque d'avoir un cancer colorectal est l'âge supérieur à 50 ans (90 % des cancers co
lorectaux). À partir de 50 ans, le risque d'avoir un cancer colorectal entre 50 à 74 ans sans autre facteur de risque que
l'âge est de 3,5 %.
- la polyp ose juvénile (mutations des gènes SMAD4 ou BMPRAl) ; les hamartomes colorectaux sont très
fréquents. Le risque cumulé de cancer colorectal est de l'ordre de 20 à 40 % ;
- la polypose hyp erplasique ou mixte (gènes non identifiés); le risque de cancer colorectal tient aux contingents
adénomateux des polyp es hyp erplasiques ou aux adénomes associés.
La classification TNM des cancers colorectaux ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
178
ÎUMEURS DU CÔLON ET DU RECTUM 181 ◄
CLASSIFICATION TNM s• ÉDITION/AJCC-UICC 2017
1 STADETNM
M1 Métastases à distance
Stade IV
M1a Atteinte d'un seul organe Métastatique
M1b Atteinte péritonéale ou de plusieurs organes Tous T tous N M+
180
ÎUMEURS DU CÔLON ET DU RECTUM 183 ◄
4.2.4. Examen ganglionnaire
• Adénopathie sus-claviculaire gauche (Troisier).
• Bilan biologique: dosage de l'antigène carcino-embryonnaire (ACE) en pré-opératoire, recommandé mais non
obligatoire, avec une valeur pronostique et un intérêt pour le suivi.
• Bilan hépatique complet, NFS-plaquettes, ionogramme sanguin, urée et créatinine sanguines.
• Bilan nutritionnel pré-thérapeutique, bilan gériatrique le cas échéant.
Le siège de la tumeur est défini à partir de son extrémité inférieure (bas rectum : 0 à 5 cm de la marge anale ou à
2 cm ou moins du bord supérieur du sphincter; moyen rectum : > 5 à 1 O cm de la marge anale ou de> 2 à 7 cm du
bord supérieur du sphincter; haut rectum > 1 O à 15 cm de la marge anale ou à plus de 7 cm du bord supérieur du
sphincter (Figure 2).
sigmoïde
Haut
rectum
Moyen
rectum point de réflexion péritonéale
fascia recti
muscle releveurs de
Bas �Ctcl'rectum
rectum
colonnes de Morgani
sphincter externe
sphincter interne
canal anal
marge anale
182
ÎUMEURS DU CÔLON ET DU RECTUM 185 ◄
• L'écho-endoscopie rectale est surtout utile pour les petites tumeurs Tl et T2 et permet un bilan d'extension
précis:
- en particulier pour les tumeurs limitées à la paroi rectale (Tl et T2). Elle utilise une classification usTN dérivée
du TNM;
- elle évalue le degré d'envahissement de la paroi rectale (usî) et le statut ganglionnaire.
B 5. Traitement
Le traitement des cancers colorectaux métastasés ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
5.2.2. Traitement
5.2.2.1. Conduite à tenir vis-à-vis de la tumeur primitive
• La chirurgie de la tumeur primitive est indiquée en cas de symptomatologie fonctionnelle (syndrome rectal pour
un cancer rectal, syndrome obstructif ou tumeur hémorragique pour un cancer colique ou rectal).
• Si la tumeur primitive est asymptomatique, il n'y a pas d'indication à la résection de la tumeur primitive, sauf si
les métastases sont resécables et qu'il y a un projet de chirurgie des métastases (mais on se situe alors ici dans une
stratégie à but curatif).
186
ÎUMEURS DU CÔLON ET DU RECTUM 189 ◄
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 301:
« TUMEURS DU CÔLON ET DU RECTUM»
-
palpable au niveau de la fosse iliaque droite (côlon droit) ou
----- de la fosse iliaque gauche (côlon gauche).
Signes généraux et/ou en rapport avec une extension métastatique
7. Hépatomégalie Environ 1/3 des cancers du côlon ou du rectum sont
16. Adénopathie(s)--·
unique ou multiples métastatiques au diagnostic. Le plus souvent, il s'agit d'une
1--- - ·~·· --- -�-- atteinte métastatique hépatique. Dans le cas de métastases
17. Amaigrissement- - hépatiques, il peut exister une hépatomégalie qui est
2. Asthénie irrégulière et sensible. La présence d'une adénopathie sus-
claviculaire gauche (ganglion de Troisier) correspond à une
atteinte métastatique.
(HAPITRE ►�T_um
_ _e_u _rs
_ cu_t_ a_né_ e_ _sé _ t_
_ p _i hé
_ _li_ a_le_s
__
etmélaniqu es
Dr Luca Campedel', Pr Bernard Dubray2, Dr Claire Mignard', Pr Luis Teixeira•
'Sénopôle Saint Louis, Hôpital Saint Louis, AP-HP, Paris
' Département de Radiothérapie et Physique Médicale, Centre Henri-Becquerel, Rouen
' Département de Dermatologie, Hôpital Charles Nicolle, Rouen
4 Sénopôle Saint Louis, Service d'Oncologie Médicale, Hôpital Saint Louis. AP-HP, Paris
·----------------------------·······--······--------------------------------------------------------------------·
1. Tumeurs épithéliales bénignes à HPV 3.3. Facteurs de risque
1.1. Définition 3.4. Évolution, pronostic
1.2. Épidémiologie 3.5. Diagnostics différentiels
1.3. Physiopathologie, histoire naturelle 3.6. Approches thérapeutiques
1.4. Diagnostic 3.7. Suivi
1.5. Évolution, pronostic 4. Tumeurs mélaniques malignes: mélanomes
1.6. Diagnostics différentiels 4.1. Définition
1.7. Approches thérapeutiques 4.2. Épidémiologie
1.8. Suivi 4.3. Physiopathologie, histoire naturelle
2. Carcinomes cutanés 4.4. Diagnostic
2.1. Carcinomes épidermoïdes ou spinocellulaires 4.5. Facteurs de risque
2.2. Carcinomes basocellulaires 4.6. Évolution, pronostic
3. Tumeurs mélaniques bénignes: naevus 4.7. Diagnostics différentiels
3.1. Physiopathologie 4.8. Bilan d'extension
3.2. Formes cliniques 4.9. Suivi et prévention
·-----------------------------·········-------·········---··········-------------------------------------------- -
1
Rang j Rubrique --- --- - - -- --------- -- -- -- Intitulé
- ------ - -------- - - --- 1
A Définition Connaître les principales tumeurs cutanées (basocellulaire, épidermoïde,
mélanome, tumeurs induites par HPV) et leur fréquence relative
A Diagnostic positif Connaître la définition, l'épidémiologie, la présentation clinique et la prise en
charge globale des tumeurs épithéliales bénignes à HPV
B Prévalence, Connaître l'épidémiologie des tumeurs cutanées
épidémiologie
A Prise en charge Connaître les principes de la prise en charge globale des tumeurs cutanées
A Diagnostic positif Connaître la présentation clinique et la démarche diagnostique devant un
carcinome cutané (basocellulaire, épidermoïde)
B Suivi et/ou pronostic Connaître le pronostic (facteurs de risque d'évolution péjorative) des carcinomes
basocellulaires et épidermoïdes
A Prise en charge Prévention des carcinomes épidermoïdes et basocellulaires
A Définition Connaître la définition et les principaux facteurs de risque des naevi
B Diagnostic positif Naevi : diagnostics différentiels
B Éléments Physiopathologie des naevi. Retracer l'histoire naturelle du processus de
physiopathologiques cancérisation dans le cadre du mélanome
190
TUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 193 ◄
A Diagnostic positif Connaître les signes cliniques du mélanome : savoir rechercher les 5
caractéristiques (règle ABCDE) orientant vers une tumeur mélanique maligne.
Connaître les modalités d'obtention du diagnostic de certitude
B Suivi et/ou pronostic Distinguer les différentes entités anatomo-cliniques des mélanomes et
connaître les critères histopronostiques ainsi que leur implication pronostique.
Connaître les principaux facteurs cliniques de mauvais pronostic
A Prise en charge Connaître les modalités de prévention du mélanome
B � Contenu multimédia Photographie de kératose actinique typique
B � Contenu multimédia Photographie d'un carcinome basocellulaire typique
B � Contenu multimédia Photographie d'un carcinome épidermoïde typique
•
A q,, Contenu multimédia Photographie d'un mélanome typique
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
A • La plupart des tumeurs cutanées se développent aux dépens des kératinocytes et des mélanocytes de l'épiderme.
Seules seront abordées dans cet item les tumeurs épithéliales bénignes (verrues à HPV) et malignes (carcinome
épidermoïde et basocellulaire cutanés) et les tumeurs mélanocytaires bénignes (nrevus) et malignes (mélanome).
• Toutes ces tumeurs, saufles verrues à HPV, partagent un facteur de risque commun, l'exposition au rayonnement
ultraviolet (UV).
• Pour ce qui est des tumeurs malignes, les tumeurs épithéliales sont de loin les plus fréquentes, le cancer basocel
lulaire de la peau étant même la tumeur humaine la plus fréquente, et en général de bon pronostic. À l'inverse, le
mélanome, quand il devient métastatique, a un pronostic très sombre, même si les nouvelles thérapies ont révo
lutionné son pronostic.
Pour comprendre: les UV sont définis en UV A/B/C en fonction de leur longueur d'onde (de la plus longue à
la plus courte, de A à C). Via des mécanismes différents, directs ou indirects, ces trois types d'UV peuvent être
responsables de lésions cutanées bénignes ou malignes liées à la photoexposition. Ils ne seront donc pas
différenciés par la suite.
1.1. Définition
• Elles correspondent aux lésions dues à HPV (Human papillomavirus) dont il existe plus de 120 génotypes
différents.
1.2. Épidémiologie
• Elles touchent environ 10 % de la population générale et sont plus fréquentes en cas d'immunodépression au long
cours (greffes d'organe).
1.4. Diagnostic
• Le diagnostic est clinique et il n'est en aucun cas nécessaire de réaliser une biopsie en cas de lésion typique.
• Il existe différents types de verrues :
- les verrues plantaires : on distingue :
� la myrmécie liée à HPVl, la plus fréquente, profonde, douloureuse spontanément et à la pression,
circonscrite par un anneau kératosique dont la surface de la zone centrale est le siège de micro-hémorragies
(ponctuations noirâtres), généralement unique ou peu nombreuses;
� ou la verrue en mosaïque, liée à HPV2, superficielle, moins fréquente et non douloureuse, formée de
multiples verrues regroupées en un placard kératosique. La coexistence de ces deux types de lésions est
exceptionnelle.
- les verrues vulgaires: uniques ou multiples, infracentimétriques, sous forme d'élevures hémisphériques ou
aplaties avec saillies villeuses kératosiques, situées le plus souvent sur la face dorsale des mains et des doigts et
dues à HPV2. L'atteinte péri-unguéale ou sous-unguéale entraîne des douleurs et une dystrophie unguéale;
- les verrues planes communes, dues à HPV3, sous forme de papules roses, jaunes, brunes ou chamois, à surface
lisse, siégeant le plus souvent sur le visage, mais aussi sur le dos des mains et sur les membres.
Il n'existe pas de moyen d'éradiquer le virus HPV. Les papillomavirus humains (HPV) sont retrouvés de façon
ubiquitaire dans les tissus épithéliaux humains.
192
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 195 ◄
• Le traitement est celui de la lésion et doit éviter d'être trop agressif, en particulier chez les enfants.
• En cas de persistance des lésions, on peut envisager différents traitements:
- destruction chimique par kératolytiques, simple et non douloureuse ;
- cryothérapie ;
- laser CO 2 •
• Le traitement préventif comprend l'éviction des situations à risque (salles de sport, douches communes ...) et les
soins d'hygiène dans les familles dont un membre est atteint.
1.8. Suivi
• Pour les patients immunodéprimés, une surveillance dermatologique annuelle est préconisée.
A 2. Carcinomes cutanés
• Les cancers épithéliaux de la peau se développent à partir des kératinocytes de l'épiderme. Ce sont les cancers les
plus fréquents dans les deux sexes (homme> femme). Ils surviennent préférentiellement chez les sujets de plus de
60 ans (l'âge étant un facteur de risque) et sur les zones exposées au soleil, qui est le principal facteur étiologique.
Ils représentent 90 % des cancers cutanés.
B 2.1.2. Épidémiologie
• Les carcinomes épidermoïdes apparaissent le plus souvent après 60 ans. L'âge moyen de découverte est de 76 ans.
L'incidence annuelle en France est estimée à 30/100 000 dans la population générale. La prise en charge est sou
vent complexe du fait des comorbidités, de la présence de troubles cognitifs et de l'isolement social de patients
très âgés (fréquence des lésions négligées).
• Les signes de cancérisation sont l'apparition d'un bourrelet induré, d'une ulcération, d'une rougeur
excessive, ou d'une kératinisation en corne. Toute modification d'une kératose actinique impose une biopsie ou
l'exérèse chirurgicale.
2.1.4. Diagnostic
• Les carcinomes épidermoïdes siègent préférentiellement au niveau des zones photo-exposées (tête, cou, dos des
mains et des bras). Un examen clinique de l'ensemble du revêtement cutané est cependant indispensable à la
recherche d'autres lésions cancéreuses ou précancéreuses, en particulier chez les patients immunodéprimés.
• L'aspect est celui d'une tumeur bourgeonnante, indurée, saignant facilement, avec un centre ulcéré recouvert
de croûtes (Figure 2) mais la lésion peut également être végétante ou bourgeonnante. En cas de kératose ou de
maladie de Bowen préexistante, la survenue d'un cancer épidermoïde est suspectée devant une ulcération, une
surélévation, une induration ou un saignement.
• Dans tous les cas, une analyse anatomo-pathologique est indispensable au diagnostic.
194
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 197 ◄
Figure 2. � Contenu multimédia. Carcinome épidermoïde ulcéré
Pour comprendre: la classification des phototypes de Fitzpatrick, qui ne sera pas détaillée, définit 6 types de
phototypes, le type 1 le plus clair correspondant à un individu qui ne bronze pas, attrape systématiquement
des coups de soleil, a la peau très claire avec des taches de rousseur et des cheveux blonds ou roux.
196
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 199 ◄
B 2.2.2. Épidémiologie
• Le cancer basocellulaire de la peau est la tumeur humaine la plus fréquente dans les deux sexes. Il représente
près de 30 % de l'ensemble des cancers. Il survient dans la plupart des cas après 50 ans. À l'instar des carcinomes
épidermoïdes, la prise en charge des cancers basocellulaires chez les personnes (très) âgées peut être très com
plexe (comorbidités, troubles cognitifs).
2.2.4. Diagnostic
• La lésion typique est un nodule cutané surélevé siégeant sur la face, le cou, le décolleté, c'est-à-dire les zones
photo-exposées. Le carcinome basocellulaire n'atteint jamais les muqueuses.
• En relief par rapport à la peau avoisinante, le nodule a un aspect translucide imitant une perle avec de fines
télangiectasies. Souvent, une fine croûte recouvre l'ulcération néoplasique, qui saigne après son ablation. Dans les
formes ulcéra-bourgeonnantes, on trouve sur le bourrelet périphérique un aspect perlé caractéristique.
• Les variantes cliniques sont multiples :
- le carcinome basocellulaire nodulaire, forme la plus fréquente, qui prend la forme d'une papule translucide
ferme, bien limitée, lisse, perlée et recouverte de télangiectasies (Figure 3) ;
- le carcinome basocellulaire sclérodermiforme a un aspect de cicatrice fibreuse blanchâtre indurée aux limites
imprécises. L'extension profonde et en surface est plus importante que la partie visible;
- le carcinome basocellulaire superficiel est une plaque erythématosquameuse plane, bien limitée, bordée de
perles en périphérie.
• L'immunodépression (patients sous immunosuppresseurs, après greffe d'organe, patients VIH, patients sous
chimiothérapie ...), avec un risque relatif évalué à 10.
• Certaines maladies génétiques sont associées à la survenue de carcinomes basocellulaires cutanés (xeroderma
pigmentosum).
B 2.2.9. Suivi
• Le suivi repose sur un examen clinique annuel pendant au moins 5 ans à la recherche de récidive ou de nouveau
cancer cutané. La fréquence des examens peut être augmentée pour les patients à risque.
• Le patient doit être formé à l'auto-dépistage et consulter en cas d'apparition d'une nouvelle lésion ou la modifica
tion d'une lésion ancienne.
• La prévention primaire repose sur la diminution de l'exposition solaire et la protection solaire.
• Une surveillance cutanée rapprochée (annuelle) doit être réalisée chez les patients immunodéprimés (prévention
primaire).
Le Tableau 1 synthétise les caractéristiques comparées du carcinome épidermoïde et du carcinome basocellulaire.
198
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 201 ◄
Tableau 1. CARACTÉRISTIQUES COMPARÉES DU CARCINOME ÉPIDERMOÏDE ET DU CARCINOME BASOCELLULAIRE
Carcinome épidermoïde Carcinome basocellulaire
Lésions Oui Non
précancéreuses Cutanées: kératose actinique,
Maladie de Bowen
Muqueux: leucoplasies
Localisation Cutanée ou muqueuse Uniquement cutanée
Présentation Lésion ulcéra-bourgeonnante, Éléments sémiologiques: perle
clinique parfois croûteuse épithéliomateuse, télangiectasies
lnfiltrante Formes: nodulaire, superficielle,
sclérodermiforme
Diagnostic Kératose actinique, autres tumeurs Autres tumeurs cutanées,
différentiel cutanées eczéma, psoriasis, dermatophytose,
Adénome sébacé
Évolution Risque métastatique: Pas de métastase
territoire de drainage lymphatique Évolutivité loco-régionale, infiltrante,
puis à distance délabrante
Facteurs de Terrain : immunodépression Localisation: extrémité céphalique, en
mauvais pronostic Localisation: cicatrice, ulcère, particulier zones médiane de la face et
extrémité céphalique, muqueuses, péri-orificielles
membres Formes sclérodermiformes, mal limitées
Formes mal limitées Taille:
Taille: > 1 cm dans les zones à > 1 cm dans les zones à risque
haut risque > 2 cm dans les autres zones
CE récidivant CBC récidivant
Traitement commun
Exérèse chirurgicale avec marges de sécurité
au stade localisé
Surveillance Recherche d'une récidive locale, à Recherche d'une récidive locale
distance (ganglionnaire) Recherche d'un autre carcinome
- Recherche d'un autre carcinome
Prévention
Réduction de l'exposition solaire, photoprotection, éducation à l'autosurveillance
commune
3.1. Physiopathologie
• Les nœvus correspondent à une prolifération ou une accumulation mélanocytaire anormale : ce sont des tumeurs
bénignes. À l'état basal, les mélanocytes, situés entre les kératinocytes et la jonction dermo-épidermique, sont
chargés de fabriquer la mélanine, pigment protecteur des rayonnements ultraviolets. Les cellules mélanocytaires
se regroupent en amas ou thèques, pour former les nœvus, qui peuvent être jonctionnels (couche basale de l'épi
derme), dermiques, ou mixtes.
3.2.6. Remarques
• Il est important de retenir que ni les micro-traumatismes répétés, ni l'exposition solaire ne sont des facteurs de
risque de transformation des nœvus. Par contre, un nœvus qui saigne doit faire discuter le diagnostic alternatif
de mélanome.
200
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 20] ◄
3.5. Diagnostics différentiels
• Ils sont représentés par :
- les lentigos, improprement appelées « taches de vieillesse », qui sont des macules pigmentées sur les zones
photoexposées et qui brunissent avec le temps;
- les éphélides ou « taches de rousseur », macules millimétriques brun clair qui apparaissent sur les zones
photoexposées chez les individus roux, qui s'accentuent avec le soleil et ont tendance à disparaître avec le
temps;
- l'histiocytofibrome, tumeur bénigne formée de cellules fibrohistiocytaires, se présentant comme un nodule
central ferme entouré d'un halo brunâtre (qui apparaît typiquement à distance d'une piqûre d'insecte);
- une kératose séborrhéique, tumeur épithéliale bénigne qui n'évolue jamais vers la malignité, qui apparaît
après 40 ans, non liée au soleil, située sur le visage, le décolleté et le dos, dont la couleur va du beige clair
au noir, initialement plane puis verruqueuse et rugueuse recouverte d'un enduit squamo-kératosique gras, à
bordure nette et abrupte;
- un carcinome basocellulaire nodulaire;
- un angiome thrombosé (tumeur vasculaire bénigne);
- surtout, un mélanome malin doit être envisagé en cas de caractéristiques suspectes. Au moindre doute,
une exérèse doit être pratiquée; le meilleur facteur pronostique de mélanome étant un diagnostic précoce.
Le traitement et le suivi des naevus ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
3.7. Suivi
• Il n'y a pas d'intérêt à surveiller de manière systématique tous les individus. Par contre, l'auto-surveillance doit
être enseignée et encouragée, en s'appuyant sur la règle ABCDE (développée dans le chapitre sur les mélanomes),
et une information doit être délivrée sur les risques de l'exposition solaire prolongée.
• Les patients porteurs de plusieurs nœvus atypiques ou ayant des facteurs de risque de mélanome doivent bénéfi
cier, en plus de l'auto-surveillance, d'un examen cutané annuel.
4.1. Définition
• Les mélanomes sont des tumeurs malignes développées aux dépens des mélanocytes.
• L'évolution est, dans un premier temps, horizontale et intra-épidermique, puis, dans un second temps,
verticale avec envahissement du derme superficiel (phase micro-invasive), enfin du derme profond et de
l'hyp oderme (phase invasive).
B 4.2. Épidémiologie
• Le mélanome représente entre 2 et 3 % de l'ensemble des cancers et se situe au 11' rang des cancers les plus
fréquents chez l'homme et au 9' rang chez la femme.
• L'âge moyen au diagnostic est de 50-60 ans (en baisse).
• L'incidence est en augmentation régulière de 10 % par an, depuis 50 ans.
• C'est le premier des cancers en termes d'augmentation de fréquence.
• L'incidence est directement corrélée au phototype et à l'exposition solaire, plus élevée chez les sujets à la peau
claire (notamment en Australie), et plus faible dans les pays asiatiques ou dans les populations à la peau noire.
A If.If. Diagnostic
• Il est extrêmement important de diagnostiquer le mélanome de manière précoce afin d'augmenter les chances
de guérison.
Le diagnostic doit être évoqué à l'examen clinique devant la présence de plusieurs (généralement 3, 4 ou 5) des
caractéristiques suivantes (règle ABCDE) (Figure 4) :
- Asymétrie
- Bords irréguliers
- Couleur inhomogène
- Diamètre supérieur à 6 mm
Evolution récente
• L'examen visuel doit être aidé par la dermoscopie ou « microscopie en épiluminescence », et est confirmé par
l'examen anatomo-pathologique. Ce dernier est fait après exérèse complète afin de pouvoir déterminer l'épais
seur de la lésion. La biopsie est exceptionnelle car elle peut conduire à des erreurs diagnostiques.
202
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 205 ◄
Figure 4. � Contenu multimédia. Mélanome dorsal
• La classification anatomo-clinique des mélanomes au stade localisé permet de définir le profil évolutif en deux
catégories:
- les tumeurs avec phase d'extension horizontale. Elles regroupent:
► le mélanome superficiel extensif (SSM), le plus fréquent (60-70 % des cas);
► le mélanome de Dubreuilh avec une phase d'extension horizontale pouvant durer plusieurs années (10 %
des cas);
► le mélanome acral lentigineux des paumes, des plantes, des bords latéraux des doigts et des orteils, et sous
les ongles (2 à 5 % des cas) (Figure 5) ;
► plus rarement, les mélanomes des muqueuses buccales et génitales (bouche, nez, fosses nasales et pharynx,
vagin et anus) et le mélanome uvéal (cancer de l'œil le plus fréquent chez l'adulte);
- les tumeurs sans phase d'extension horizontale : il s'agit du mélanome nodulaire d'emblée, rapidement
invasif (10 à 20 % des cas).
Toute décision thérapeutique est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et annoncée au
patient lors d'une consultation d'annonce.
• Les schémas thérapeutiques sont fonction de l'extension en profondeur (Breslow), de la présence d'une ulcération
(Tableau 2), et d'une éventuelle atteinte ganglionnaire ou à distance (TDM thoraco-abdomino-pelvien, TEP
TDM au 18FDG, TDM ou IRM cérébrale).
• Le traitement de la tumeur primitive consiste en une exérèse chirurgicale dont les marges sont conditionnées par
l'épaisseur tumorale (Tableau 3). Les mélanomes superficiels de Dubreuilh nécessitent une marge de 1 cm.
Les modalités du suivi des mélanomes ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
206
ÎUMEURS CUTANÉES ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES 209 ◄
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 302:
« TUMEURS CUTANÉES, ÉPITHÉLIALES ET MÉLANIQUES»
1
Situation de départ Descriptif
En lien avec la prévention
303. Prévention des cancers de l'adulte La protection solaire est l'élément essentiel, en particulier en cas
de phénotype « clair » : limitation des expositions, protection
vestimentaire, couvre-chef, crème anti-solaire à renouveler toutes
les 2 heures.
En lien avec les signes et symptômes cliniques
81. Anomalies des ongles Penser à un mélanome sous-unguéal.
84. Lésion cutanée / Grains de beauté Bien connaître les signes en faveur d'un mélanome.
92. Ulcère cutané Biopsie au moindre doute, notamment sur cicatrice de brûlure ou
dans le suivi d'un ulcère variqueux.
CHAPITR, ►---------
Tumeurs ------------------------------
de l'estomac
Pr Christophe Tournigand', Pr Frédéric MarchaP
'Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP- HP, Créteil
2
Département de Chirurgie, Institut de Cancérologie de Lorraine, CRAN, UMR 7039, Reims
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
'
' .
1. Epidémiologie 3.4. Formes particulières de cancers de l'estomac
1.1. Connaître l'incidence et la prévalence des cancers de 3.5. Pronostic
l'estomac 4. Diagnostic du cancer de l'estomac
1.2. Connaître les facteurs environnementaux et héréditaires 4.1. Circonstances de découverte
2. Décrire les grands principes de la cancérogenèse gastrique 4.2. Examen clinique
2.1. Lésions gastriques prédisposantes 4.3. Bilan biologique
2.2. Helicobacter pylori 4.4. Bilan diagnostique
2.3. Évolution clinique 4.5. Bilan général
3. Description anatomique et principaux types histologiques 5. Principes du traitement
3.1. Les différents types histologiques 5.1. Traitement à visée curative
3.2. Formes intestinales et formes diffuses 5.2. Traitement palliatif
3.3. H ER2 et cancer de l'estomac métastatique
�-------------········------------------------------------------------------------------------------------------·
•
Rang J �� - -Rubrique
- - 1 Définition des tumeurs de l'estomacIntitulé
A Définition
B Prévalence, épidémiologie Épidémiologie descriptive : incidence et prévalence
A Étiologies Épidémiologie analytique : facteurs de risque (connaître les facteurs
environnementaux et héréditaires)
B Éléments Différents types de tumeurs : décrire les grands principes de la carcinogenèse
physiopathologiques gastrique, lésions prédisposantes
B Prise en charge Infection bactérienne: indications de la recherche d'HP
B Éléments Différents types de tumeurs : détailler le type histologique le plus fréquent
physiopathologiques (adénocarcinome)
B Éléments Différents types de tumeurs : détailler l'évolution naturelle du cancer gastrique
physiopathologiques
A Diagnostic positif Circonstances de découverte
A Diagnostic positif Examen clinique
A Diagnostic positif Bilan biologique
B Examens complémentaires Indications des examens endoscopiques et paracliniques
B Examens complémentaires Identifier les diagnostics différentiels
B � Contenu multimédia Gastroscopie avec biopsies ++
B 1. Épidémiologie
• Malgré une incidence en baisse, la mortalité par cancer de l'estomac reste élevée.
210
ÎUMEURS DE L'ESTOMAC 21] ◄
2.2. Helicobacter pylori
2.2.1. l'infection à Helicobacter pylori, une cause reconnue de cancer de l'estomac
• Helicobacter pylori est un bacille gram négatif à transmission oro-orale. L'infection à Helicobacter pylori est une
cause reconnue de cancer de l'estomac par !'OMS depuis 2004 et justifie un traitement antibiotique. Toutefois,
seulement 1 à 3 % des patients infectés par Helicobacter pylori développent un cancer gastrique. L'infection à
Helicobacter pylori n'est donc pas suffisante à elle seule pour induire un cancer, mais elle intervient à un stade
précoce de la cancérogenèse, associée à d'autres facteurs de risque. La gastrite (inflammation de la muqueuse)
induite par Helicobacter pylori peut évoluer vers la gastrite chronique atrophique, la métaplasie puis la dysplasie
et le cancer. L'adénocarcinome distal de type intestinal fait suite à l'évolution de cette gastrite chronique.
2.2.4. Comment ?
• La méthode habituelle est celle de l'endoscopie avec biopsies.
• Chez les apparentés d'un patient ayant un cancer gastrique, les méthodes de recherche de l'infection à Helicobac
ter pylori seront choisies en fonction de l'âge:
- Âge< 40 ans: test respiratoire à l'urée marquée au carbone 13 (Cl3) ou par sérologie Helicobacter pylori;
- Âge> 40/45 ans: endoscopie et biopsies.
• Test respiratoire à l'urée marquée (Heliki() : Helicobacter pylori est capable de transformer l'urée en dioxyde de
carbone (C0 2 ) et en ammoniac. Le test respiratoire à l'urée consiste à faire ingérer de l'urée marquée avec du Cl3,
puis à mesurer le Cl3 expiré. En cas d'infection à Helicobacter pylori, le C0 2 expiré contiendra du Cl3, ce qui n'est
pas le cas en l'absence d'infection.
Figure 1. Traitement probabiliste d'Helicobacter pylori (en l'absence d'étude de sensibilité aux antibiotiques}
TRAITEMENT QUADRITHÉRAPIE
CONCOMITANT BISMUTHÉE
14 jours 10 jours
212
TUMEURS DE L'ESTOMAC 215 ◄
2.2.5.1.2. Lorsqu'on dispose d'une étude de la sensibilité aux antibiotiques chez un patient, le traitement
recommandé est une trithérapie guidée associant un inhibiteur de la pompe à protons et deux antibiotiques
pendant 10 jours.
A 3. Description anatomique
et principaux types histologiques
Figure 2. � Contenu multimédia. Adénocarcinome de type intestinal :volumineuse tumeur ulcérée de l'antre
avec une infiltration majeure en échoendoscopie
Figure 3. � Contenu multimédia. Linite:gros plis épais, indurés, pas d'expansion de l'estomac lors de l'insufflation;
paroi épaisse en échoendoscopie de façon globale
214
ÎUMEURS DE L'ESTOMAC 217 ◄
3.3. HER2 et cancer de l'estomac métastatique
• Chez tout patient présentant un cancer de l'estomac métastatique, il est nécessaire d'effectuer une recherche
de l'expression du récepteur HER2 (ErbB2). Elle est retrouvée dans environ 10-20 % des cancers de l'estomac. La
recherche s'effectue en immunohistochimie (0, +, ++, +++).Une tumeur +++ est considérée comme positive pour
HER2, une tumeur 0 ou + est considérée comme négative.Un test de FISH doit être effectué en cas de résultat ++.
• En cas d'expression de HER2 chez un patient ayant des métastases, le trastuzumab sera ajouté à une chimio
thérapie de première ligne.
Le pronostic des cancers gastriques ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
3.5. Pronostic
• Le pronostic dépend de l'extension tumorale pariétale et ganglionnaire qui est à la base de la classification TNM
et du stade. Le nombre de ganglions examinés sur la pièce opératoire est primordial; en effet un ratio « nombre
élevé de ganglions envahis/nombre total prélevé » a une valeur pronostique péjorative.
• Tous stades confondus, le pronostic est mauvais avec une survie à 5 ans de 15 %.
• Après exérèse chirurgicale à visée curative, le pronostic dépend surtout de l'envahissement ganglionnaire:
- en l'absence de ganglion envahi (NO), la survie à 5 ans est de 60 %;
- si Nl, la survie à 5 ans est de 35 %;
- si N2 la survie à 5 ans est de 10 %.
216
ÎUMEURS DE L'ESTOMAC 219 ◄
• Le cancer peut se révéler par une complication:
- hémorragique, révélée par une anémie hyp ochrome ou plus rarement par une hématémèse (émission de sang
par la bouche) ou un méléna;
- péritonite par perforation en péritoine libre ou cloisonné.
• Le cancer peut se révéler par son extension régionale ou métastatique:
- hépatomégalie (foie marronné);
- ascite, nodule de carcinose péritonéale perçu dans le cul-de-sac de Douglas, au TR;
- tumeur de Krükenberg (métastase ovarienne, masse pelvienne);
- tumeur épigastrique, ganglion de Troisier (adénopathie).
• Les syndromes paranéoplasiques sont rares. On citera l'acanthosis nigricans (plaques hyperpigmentées symé
triques localisées préferentiellement autour du nez, des aires axillaires ou de la région ano-génitale) et les
syndromes ichtyosiformes, la diarrhée, des syndromes d'hypercoagulation (phlébite de Trousseau).
4.4.3. l'échoendoscopie
• Elle n'est pas systématique, mais elle est utile :
- en cas de suspicion de linite avec hyp ertrophie des plis gastriques sans histologie positive;
- pour évaluer l'extension des lésions sur l'œsophage, le pylore et le duodénum en cas de linite;
- pour évaluer les tumeurs superficielles afin de déterminer les indications de mucosectomie;
- pour déterminer l'infiltration pariétale d'une tumeur lorsqu'on envisage un traitement néo-adjuvant. Elle
permet d'apprécier l'infiltration pariétale en visualisant les 5 couches de la paroi gastrique: épithélium, lamina
propria, sous-muqueuse, musculeuse, sous-séreuse, séreuse (stade T de la classification TNM).
• Cette échoendoscopie doit être réalisée dans des délais courts.
La classification TNM des cancers gastriques ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et
ces informations sont données à titre indicatif.
'. - - · -- · - · · - - - · · -- - · . . - --· -- .. . - . . . ··- ----- . . . - . . ... . ---- ---- - --- ---- - - - ... - .. . . .. . .. . . .. . ... .. . . . . . . .. . . -- . . . - -- - - -- - . -- ---- --- - -- · -- - . -- - . ----·-- -- - ----- -- '.
Au terme de ce bilan, le cancer est classé dans un stade cTNM (clinical TNM) puis pTNM après examen anatomo
pathologique sur la pièce opératoire, ce qui autorise la présentation du dossier en réunion de concertation pluridis
ciplinaire (RCP).
• Le stade TNM (Tumor Nodes Metastases) est établi de façon sûre et définitive après la chirurgie (pTNM =
envahissement tumoral établi sur la pièce opératoire après examen anatomo-pathologique).
Tis Carcinome in situ: tumeur intra-épithéliale sans invasion de la lamina proprio (dysplasie de haut
grade)
Tt Tumeur limitée à la muqueuse ou à la sous-muqueuse (cancer superficiel)
T1a Tumeur envahissant la lamina proprio ou la musculaire muqueuse
T1b
- Tumeur envahissant la sous-muqueuse
Î2 Tumeur envahissant la musculeuse (muscularis proprio)
-
T3 Tumeur envahissant la sous-séreuse
T4 Tumeur perforant la séreuse ou envahissant les organes de voisinage
T4a Tumeur perforant la séreuse
T4b Tumeur envahissant un organe de voisinage (rate, côlon transverse, foie, diaphragme, pancréas,
paroi abdominale, surrénale, rein, intestin grêle, rétropéritoine)
Le traitement des cancers gastriques ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
5. Principes de traitement
222
ÎUMEURS DE L'ESTOMAC 225 ◄
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 303:
« TUMEURS DE L'ESTOMAC»
Tumeurs d u fo ie,
(HAPITRE ► �p-r-im-it_i_v_e _s _ e_ t_ s_ e_c_o_n_d_a_ir_e _s____
Pr Michel Ducreux', Pr Serge Evrard2, Pr Françoise Mornex', Pr Michel Rivoire•
'Service d'Oncologie Digestive, Institut Gustave Roussy, Villejuif
2Groupe des Tumeurs Digestives, Institut Bergonié, Bordeaux
'Département de Radiothérapie Oncologique, Centre Hospitalier Lyon Sud, Lyon
•unité de Chirurgie Digestive, Centre Léon Bérard, Lyon
1. Connaître les principaux types histologiques des tumeurs 5.1. En cas de cancer primitif connu
bénignes et malignes 5.2. En cas d'hépatopathie chronique connue
1.1. Les tumeurs bénignes 5.3. En l'absence de pathologie associée
1.2. Les tumeurs malignes 6. Connaître la présentation clinique d'une tumeur primitive
2. Connaître la prévalence et l'épidémiologie des différentes du foie
tumeurs bénignes et malignes du foie 6.1. Histoire naturelle
2.1. Tumeurs bénignes 6.2. Symptomatologie, examen clinique
2.2. Tumeurs malignes 6.3. Examen général
3. Connaître la liste des principales hépatopathies 7. Tumeurs des voies biliaires
augmentant le risque de survenue ultérieure d'un cancer 7.1. Connaître la physiopathologie et les facteurs de risque des
du foie tumeurs biliaires
3.1. Carcinome hépatocellulaire 7.2. Connaître la présentation clinique des tumeurs des voies
3.2. Tumeurs des voies biliaires biliaires
4. La démarche diagnostique initiale 8. Démarche diagnostique positive d'une métastase
4.1. Circonstances de découverte fréquentes hépatique
4.2. Circonstances de découverte plus rares 8.1. Typologie des métastases
4.3. Après contextualisation du patient, on demande une 8.2. Imagerie
imagerie 8.3. Démarche uniciste
4.4. Diagnostic différentiel : les abcès hépatiques et autres 9. Traitement: principes de la prise en charge
syndromes infectieux 9.1. Carcinome hépatocellulaire
4.5. Biopsie 9.2. Tumeurs biliaires
5. Connaître la stratégie d'exploration en imagerie devant 9.3. Métastases hépatiques
une tumeur du foie
Rang Rubrique
----- -- ---- ---
B Définition Connaître les principaux types histologiques des tumeurs bénignes
(hémangiome, hyperplasie nodulaire focale, adénome hépatocytaire) et
malignes (carcinome hépato-cellulaire, cholangiocarcinome, métastases)
B Prévalence, épidémiologie Connaître la prévalence et l'épidémiologie des différentes tumeurs bénignes
et malignes du foie
A Étiologies Connaître la liste des principales hépatopathies (cirrhose, stéato-hépatite)
augmentant le risque de survenue ultérieure d'un cancer primitif du foie
A Diagnostic positif Démarche diagnostique initiale : circonstances de découverte, imagerie,
biopsie d'une image hépatique
B Examens complémentaires Connaître la stratégie d'exploration en imagerie devant une tumeur du foie
B Diagnostic positif Démarche diagnostique positive (caractéristiques cliniques et radiologiques
principales) d'une métastase hépatique
•
B Prise en charge Connaître les principes de la prise en charge des principales tumeurs
bénignes et malignes du foie et des voies biliaires
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Le diagnostic se fait sur l'imagerie. À la phase artérielle: lésion hyp ervasculaire avec rehaussement important par
rapport au parenchyme adjacent. Lésion bien limitée pouvant avoir des contours lobulés. Une cicatrice centrale
qui demeure hyp odense est très évocatrice. Au temps porte: diminution rapide du rehaussement, la lésion devient
iso- ou discrètement hyp erdense.
• Parfois une biopsie est nécessaire.
• Aucun traitement ni surveillance ne sont nécessaires.
226
ÎUMEURS DU FOIE 229 ◄
1.2.3. Les tumeurs biliaires
• Les tumeurs hépatiques correspondant à des tumeurs biliaires sont des cholangiocarcinomes (CCA) intra-hépa
tiques. Ils sont le plus souvent découverts de manière fortuite à l'occasion d'un examen d'imagerie, ou plus rare
ment devant des symptômes tels que des hépatalgies ou un ictère.
• La biopsie est systématique dans ce contexte afin de permettre le diagnostic. Le cholangiocarcinome correspond
à une tumeur épithéliale maligne à différentiation biliaire: il s'agit d'un adénocarcinome.
• Les tumeurs des voies biliaires peuvent être intra-hépatiques: cholangiocarcinome intra-hépatique correspon
dant le plus souvent à une forme massive périphérique ; le type infiltrant péricanalaire qui s'étend le long des
canaux biliaires, mal limité, correspond le plus souvent à l'atteinte de la voie biliaire haute (cholangiocarcinome
hilaire ou tumeur de Klatskin). La forme intracanalaire qui atteint la voie biliaire principale ne donne donc pas
de tumeur du foie à proprement parler.
3.1.2. Physiopathologie
• Il faut distinguer les carcinomes hépatocellulaires survenant sur cirrhose ou sans cirrhose préexistante :
- Sans cirrhose, le mécanisme le mieux connu concerne le virus de l'hépatite B qui est un virus à ADN. Le
génome du virus est capable de s'intégrer à !'ADN de la cellule hépatique du patient infecté entraînant des
modifications génétiques conduisant au cancer (plus ou moins rapides en fonction de l'emplacement de l'ADN
où le génome viral s'est intégré). L'aflatoxine donne également des carcinomes hépatocellulaires sur foie sain
en provoquant des mutations de p53.
228
ÎUMEURS DU FOIE 231 ◄
- Sur cirrhose, les mécanismes impliqués sont moins bien connus et multiples. Les phénomènes de nécrose/
régénération semblent impliqués; il existe également des altérations des mécanismes de réparation de l'ADN.
Figure 1. Métastase hépatique d'un cancer du côlon à l'échographie avec injection de produit de contraste
230
ÎUMEURS DU FOIE 233 ◄
4.4.4. Échinococcose alvéolaire
• Abcès dû au parasite echnicoccus multilocularis.
• Endémie rurale (Vosges, Ardenne, Jura, Alpes, Massif central).
• Imagerie en faveur de nodules parfois infiltrants mimant une néoplasie.
• Diagnostic par sérologie, même si réaction croisée possible avec le kyste hydatique.
4.5. Biopsie
• Le plus souvent écho-guidée ou scanna-guidée.
• Elle est nécessaire quand la séquence d'imagerie ne permet pas de retenir un diagnostic formel.
• Elle est médico-légale pour déclencher un traitement oncologique comme une chimiothérapie, une radiothérapie
sauf dans certains cas particuliers de carcinome hépatocellulaire (voir plus loin).
• On peut s'en passer si une indication chirurgicale est retenue d'emblée car elle va entraîner une vérification
pathologique a posteriori.
• On peut s'en dispenser dans le cadre d'un raisonnement uniciste. Par exemple, un patient présente plusieurs
lésions en cocarde dans le cadre du suivi d'un cancer colorectal avec une élévation de !'ACE. La biopsie ne sera le
plus souvent pas jugée nécessaire pour déclencher un traitement spécifique.
• La biopsie est strictement contre-indiquée en cas de suspicion de kyste hydatique. Elle laisse place à l'enquête
épidémiologique et sérologique.
Image
hypervascularisée
Stabilité
avec wash-out
// Non Oui*
Augmentation
diamètre/modification
d'aspect � ________,______
Autre examen Ou PBH
(TDM/IRM)*
* En l'absence de contre-indication à la
biopsie chez un patient accessible à un
traitement spécifique, la réalisation d'une
biopsie en foie tumoral et non tumoral est
cependant recommandée.
Ref: Blanc JF, Barbare JC, Baumann AS, Boige V, Boudjema K, Bouattour Met al. «Carcinome hépatocellulaire». Thésaurus
National de Cancérologie Digestive, mars 02019, en ligne [http://www.tncd] ..
Toute image nodulaire sur cirrhose est un CHC jusqu'à preuve du contraire.
• Dosage de l'alpha-fœtoprotéine
- Seul marqueur en cancérologie digestive qui a une certaine valeur diagnostique quand il est supérieur
à 400 ng/mL sur foie cirrhotique (mais ne suffit pas à porter le diagnostic de CHC).
- Normal dans 30 % des cas, n'élimine pas le diagnostic.
• Examen de débrouillage: l'échographie
- Montre un nodule sur un foie cirrhotique, une extension de ce nodule obstruant la veine porte.
- Recherche des nodules filles. Elle évalue la possibilité de réaliser une biopsie.
• L'examen suivant est le scanner thoraco-abdomino-pelvien
- Réalisation d'un temps artériel, un temps portal, un temps tardif.
- Mise en évidence des signes évocateurs de CHC : nodule hypo ou iso-dense rehaussé au temps artériel et se
lavant au temps portal et tardif (wash-out) (Figure 4).
- Permet le bilan d'extension à distance, reste du foie, vaisseaux portes (Figure 5) et veines sus-hépatiques,
poumon, ganglions loco-régionaux, os.
• L 'IRM est systématique si un traitement loco-régional est envisagé
- Caractérise plus précisément les lésions hépatiques, en particulier un aspect typ ique d'angiome.
- Le CHC est habituellement en hyp osignal/isosignal Tl, se rehaussant à l'injection de gadolinium puis à
nouveau en hyposignal au temps tardif (confirmant le wash-out) (Figure 6).
232
ÎUMEURS DU FOIE 235 ◄
Figure 4. Image de carcinome hépatocellulaire du foie droit au scanner
• L'examen anatomo-pathologique d'une biopsie hépatique n'est pas obligatoire pour affirmer le diagnostic si:
- patient cirrhotique et un examen d'imagerie (scanner ou IRM) évocateur, critères suffisants pour affirmer le
diagnostic de CHC, biopsie dans les autres cas;
- décision de transplantation sur nodule apparu sur cirrhose à fonction hépatique perturbée;
Remarque : une élévation de l'alpha-fœtoprotéine, même supérieure à 400 ng/ml, n'est pas suffisante pour
poser le diagnostic de CHC, celle-ci pouvant être liée à des tumeurs germinales ou d'autres tumeurs digestives.
• Prélèvements hépatiques: par ponction biopsie hépatique échoguidée, ou guidée par scanner ou per-opératoire.
En foie tumoral et en foie sain si cirrhose non connue, afin de préciser l'état du parenchyme hépatique non tumo
ral. Après contrôle de l'hémostase, chez un patient informé des risques (saignement, ensemencement tumoral du
trajet de ponction).
• La TEP-PDG ou mieux la TEP-choline: dans le cas d'une localisation hépatique isolée, peut aider à faire le
diagnostic différentiel entre une métastase hépatique, un cholangiocarcinome et une tumeur bénigne (rarement
utilisée).
Biologie pré-thérapeutique
• En cas de transplantation hépatique: bilan exhaustif prétransplantation.
• En cas de cirrhose:
- Bilan étiologique si non fait.
- Endoscopie digestive haute à la recherche de varices œsophagiennes.
- NFS et électrophorèse des protéines sériques.
Classification de la cirrhose : score de Child-Pugh et score anatomo-pathologique (score de Knodell ou Métavir en
cas d'hépatite C).
• La présence d'une maladie chronique du foie notamment les hépatites chroniques d'origine virale (hépatite B et
C) et plus largement la cirrhose sont des facteurs de risque d'apparition des CCA intra-hépatiques.
• La présence d'une inflammation chronique des voies biliaires comme dans la cholangite sclérosante primitive ou
dans certaines maladies parasitaires du foie sont également des facteurs de risque identifiés pour le CCA extra
hépatique.
• La lithiase biliaire intra-hépatique, fréquente en Asie, est un facteur de risque de cholangiocarcinome. Jusqu'à
10 % des patients ayant des calculs dans les voies biliaires intra-hépatiques vont développer ce cancer.
• Enfin le CCA peut aussi survenir en l'absence de tout facteur de risque identifié, et sur un foie histologiquement
sain.
7.2.2. Biologie
• Aucun test biologique n'est spécifique d'une tumeur biliaire. Le CCA donne fréquemment des perturbations
du bilan hépatique à typ e de cholestase secondaire à l'obstruction biliaire. L'ictère prédomine sur la bilirubine
conjuguée.
• Par ailleurs, aucun marqueur tumoral n'est spécifique de CCA. Ils ne doivent pas être demandés pour le diagnos
tic de manière isolée; notamment, le CA 19.9 n'a pas de performance diagnostique suffisante. C'est un examen
d'orientation et de suivi en complément de l'imagerie.
• Le TEP-TDM au FDG n'est indiqué que si son résultat peut modifier la décision thérapeutique. Il est plus utilisé
pour rechercher des métastases extra-hépatiques qu'intra-hépatiques.
Tableau 1. PROPOSITIONS
-- -
THÉRAPEUTIQUES
------ DU CHC EN FONCTION DU STADE
--- ET DE LA CIRRHOSE
- - --- - - - ---
CHC SUR CIRRHOSE
1 seul nodule • Transplantation hépatique si lésion< s cm, quel que soit le stade cirrhose Child A ou B.
• Chirurgie d'exérèse si Child-Pugh A.
• Techniques transcutanées si Child-Pugh A-B et lésion< s cm.
• Chimio-embolisation si Child-Pugh A-B.
• Radiothérapie en conditions stéréotaxiques.
2 à 3 nodules < 3 cm • Mêmes options que pour 1 seul nodule.
Dans les autres • Si Child-Pugh A-B: chimio-embolisation si pas de thrombose et fonction hépatique
--
cas de figure suffisante.
- -· -
• Si Child-Pugh C: traitement symptomatique.
CHC SUR FOIE SAIN
1 localisation • Chirurgie d'exérèse systématique.
,__ - f.-
238
TUMEURS DU FOIE 241 ◄
CHC MÉTASTATIQUE
• Le sorafénib (Nexavar®) a démontré son intérêt en termes de survie globale en première ligne de traitement du CHC sur
cirrhose stade A-B de Child-Pugh ou sur foie sain.
• Il a récemment été démontré que l'association d'atézolizumab (Tecentriq®), une immunothérapie anti-PDL-1 et de
bévacizumab (Avastin®) donnent de meilleurs résultats en termes de survie et de réponse que le sorafénib, faisant de cette
bithérapie le nouveau standard de traitement en première ligne.
• Le régorafenib (Stivarga®) a été récemment approuvé comme traitement de seconde ligne après échec du sorafénib.
• Le cabozantinib (Cabometyx®) a obtenu la même indication.
• Traitement symptomatique dans les autres cas de figure.
• Indications de transplantation classiques remises en question en France par l'utilisation du modèle AFP de
l'Agence de Biomédecine. Le score AFP (Tableau 2) intègre, outre la taille et le nombre de lésions tumorales, 3
niveaux d'alfa-fœtoprotéine.
• Accès au greffon impossible si score AFP supérieur à 3.
3-6 1
>6 4
Nombre de nodules
1-3 0
�4 2
AFP (µg/1)
:,; 100 0
100-1000 2
> 1000 3
9.1..3. Résultats
• Survie à 5 ans: < 20 % en cas de résection chirurgicale (apparition d'autres CHC sur le foie restant). Meilleurs
résultats pour la transplantation: 75 % environ de survie à 5 ans dans les bonnes indications.
9.1..4. Prévention
• Primaire
- Vaccination contre l'hépatite B (recommandée en France chez le bébé dès l'âge de 2 mois).
- Prévention de la transmission de l'hépatite C.
- Aide et prévention chez les populations exposées aux risques de transmission virale (toxicomanes).
- Lutte contre l'alcoolisme.
- Lutte contre l'obésité afin de prévenir la NASH qui peut provoquer une cirrhose.
• Secondaire
- Échographie abdominale.
- Tous les 6 mois, chez les cirrhotiques ou les porteurs d'une hépatite chronique.
240
ÎUMEURS DU FOIE 2lt] ◄
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 304:
« TUMEURS DU FOIE, PRIMITIVES ET SECONDAIRES»
Situation de départ
En lien avec la prévention
1 Descriptif
303. Prévention/dépistage des cancers de l'adulte Les cancers du foie, en particulier le carcinome
hépatocellulaire, se développent sur cirrhose. La cirrhose
alcoolique reste une cause fréquente à côté du virus de
l'hépatite C, et plus récemment de l'apparition de formes
en rapport avec une stéatose non alcoolique du foie liée
au surpoids ou à l'obésité. Les mesures de dépistage
primaire concernent la prévention de la maladie
alcoolique du foie, le traitement curatif des hépatites
chroniques C, la réduction du surpoids et la prise en
charge de l'obésité. Au stade d'hépatopathie chronique
le suivi de ces patients est nécessaire avec mise en œuvre
au diagnostic de cirrhose d'un suivi échographique tous
les 6 mois cherchant à mettre en évidence de petits
cancers primitifs du foie.
En ce qui concerne les tumeurs secondaires du foie,
on peut considérer que les traitements adjuvants post-
résection de la tumeur primitive sont un élément de
prévention de la survenue des métastases, mais ces
points sont traités dans chacune des localisations
tumorales.
242
243
Item 305
Rang Rubrique - - - -
Intitulé
-� -- ---- --- -� --�- - ----
B Définition Connaître les deux principaux types histologiques (carcinome épidermoïde,
adénocarcinome) de cancer de l'œsophage
A Étiologies Connaître les principales lésions augmentant le risque de survenue ultérieure d'un
cancer de l'œsophage: dysplasie malpighienne, endobrachyœsophage (œsophage
de Barrett), et lésions précancéreuses
----
B Prévalence, Connaître l'incidence et la prévalence des cancers de l'œsophage en France
épidémiologie
A Diagnostic positif Connaître les principales circonstances de découver te et les manifestations
cliniques du cancer de l'œsophage
-- ------
B Examens Connaître la stratégie d'exploration par imagerie d'une tumeur de l'œsophage :
complémentaires écho-endoscopie, scanner, TEP-TDM au 18FDG
-----
B Examens Connaître les indications de la fibroscopie œso-gastrique
complémentaires
- - --
244
1
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
B 1. Epidémiologie
• On dénombre environ 480 000 nouveaux cas de cancer de l'œsophage par an dans le monde. Il existe de grandes
variations d'incidence avec des pays à forte incidence (continent asiatique, Chine, Iran ...) et des pays à plus faible
incidence (continent africain, États-Unis ...). En Europe, l'incidence est considérée comme moyenne.
• En France, l'incidence est en diminution progressive depuis 30 ans avec 5 445 nouveaux cas estimés en 2018. Le
taux d'incidence standardisé monde est de 6,8 cas pour 100 000 chez l'homme et de 1,5 cas pour 100 000 chez la
femme (données 2018).
• Il représente 2 % des cancers et 10 % des cancers digestifs. C'est une maladie à prédominance masculine: le sex
ratio est de 4/1.
• L'incidence est en diminution chez les hommes alors qu'elle est stable ou en légère augmentation chez les femmes.
• On observe une variabilité régionale importante avec une incidence plus élevée dans le nord et le nord-ouest du
pays (Bretagne et Normandie). Néanmoins, c'est dans ces régions que la baisse d'incidence est la plus importante
(liée à la diminution de la consommation d'alcool).
• La majorité des cas sont diagnostiqués après 50 ans. L'âge moyen au diagnostic est de 67 ans pour les hommes et
de 70 ans pour les femmes (données 2018).
245
Item 305
1.2. Pronostic
• Le pronostic général des cancers de l'œsophage est sombre. Il est responsable de 3 725 décès par an (données
2018). Le taux de mortalité a diminué ces dernières années parallèlement au taux d'incidence.
• La survie globale à 5 ans tous stades confondus est de l'ordre de 10 % - 15 %. Ce mauvais pronostic est lié notam
ment à son extension au diagnostic(> 60 % des cas sont diagnostiqués à un stade localement avancé ou métasta
tique). La survie reste mauvaise même en cas de stade localisé(taux de survie< 40 % à 5 ans). Elle est quasiment
nulle à 5 ans en cas de stade métastatique(taux de survie< 5 % à 5 ans).
1 EBO : Endobrachyoesophage
- les autres types histologiques sont rares: tumeurs neuro-endocrines, tumeurs stromales ...
246
- l'association alcool - tabac++:
► principal facteur de risque des cancers épidermoïdes++
► synergie du risque cancérigène: le risque est multiplié par 100 !
► responsable de 90 % des carcinomes épidermoïdes;
► lien direct entre le risque et l'importance de l'intoxication alcoolo-tabagique.
1.4.2. Adénocarcinome
• Il provient le plus souvent de la transformation d'un endobrachyœsophage (EBO ou œsophage de Barrett) lui
même secondaire à un reflux gastro-œsophagien (RGO) chronique.
• L'adénocarcinome œsophagien est plus fréquent chez les patients en surpoids, obèses et/ou diabétiques de type 2.
Il est alors lié à l'excès alimentaire, aux calories d'origine animale et à l'insuffisance d'activité physique.
• Le tabac est également un facteur de risque dans ce type histologique.
247
Item 305
RGO chronique➔ œsophagite peptique➔ EBO (= métaplasie, sans dysplasie)➔ EBO avec dysplasie
bas grade➔ EBO avec dysplasie de haut grade➔ dégénérescence en adénocarcinome
A 2. Histoire naturelle
• Le cancer de l'œsophage se développe à partir de l'épithélium œsophagien puis a une extension en profon
deur dans la paroi infiltrant progressivement les différentes couches de l'organe jusqu'au tissu médiastinal péri
œsophagien. L'extension se fait alors vers les structures et organes médiastinaux adjacents (arbre trachéo-bron
chique, péricarde, aorte ...) (Figures la-lb-le).
• L'extension est également longitudinale le long de l'organe vers le haut ou le bas (atteinte possible de la jonction
œsogastrique et de l'estomac) avec possibilité de ponts de muqueuse saine.
• L'extension lymphatique est fréquente vers les ganglions péri-œsophagiens, médiastinaux, puis vers la petite
courbure et la région cœliaque vers le bas ou les ganglions sus-claviculaires ou cervicaux vers le haut.
• L'extension par voie hématogène avec métastases à distance (poumon, foie, principalement puis os, cerveau ...).
• Le développement de la tumeur entraîne une altération de l'état général et une dénutrition sévère jusqu'à la
cachexie par dysphagie et évolution tumorale. Des infections médiastinales et pulmonaires et des pneumopathies
d'inhalation sont fréquentes (fausses-routes, fistule œso-trachéale ou bronchique). Des hématémèses sont pos
sibles par rupture d'un gros vaisseau médiastinal.
248
Figure 1 a. Cancer de l'œsophage: corrélation anatomo-clinique
Tumeur du tiers-supérieur
Tumeur du tiers-moyen
249
Item 305
- - -
Tumeur du tiers-inférieur
Toute AEG importante chez un patient alcoolo-tabagique doit faire rechercher un cancer de
l'œsophage.
• Fibroscopie œsogastrique ++
- Patient à jeun, informé, après vérification du bilan d'hémostase, sous anesthésie locale ou générale.
- Visualisation de la tumeur œsophagienne : aspect, étendue sur la circonférence, franchissable ou non (une
tumeur non franchissable par l'endoscope est très souvent de stade � T3 selon la classification TNM [voir
ci- après]).
251
Item 305
- -
- TOPOGRAPHIE (distance / arcades dentaires), hauteur de la lésion, distance par rapport à la ligne Z
(= jonction des muqueuses œsophagienne et gastrique).
- Permet la réalisation de biopsies multiples++ avec examen anatomo-pathologique++: type histologique,
grade selon !'OMS, évaluation de l'expression d'HER2 par immunohistochimie (pour les adénocarcinomes de
la jonction œsogastrique métastatiques).
- Cancers superficiels et dépistage en cas de lésions précancéreuses: le diagnostic est parfois difficile (intérêt des
colorations++: bleu et Lugo!, colorations virtuelles [NBI = narrow band imaging}).
B 5. Bilan pré-thérapeutique
C'est une étape primordiale de la prise en charge des cancers œsophagiens, car les modalités du traitement
dépendent de paramètres essentiels que sont le type histologique, l'extension du cancer, l'état général et
nutritionnel et les comorbidités du malade.
3 signes cliniques sont évocateurs de tumeurs localement évoluées ou métastatiques non opérables :
• toux à la déglutition;
• dysphonie (voie bitonale) par paralysie de la corde vocale gauche (envahissement du récurrent gauche);
• adénopathie sus-claviculaire gauche (Troisier).
252
5.2. Stratégie d'exploration par imagerie d'une tumeur de l'œsophage
5.2.2. le TEP-TOM
• Examen non systématique.
• Non indiqué en cas d'extension métastatique évidente au scanner TAP.
• Imagerie morphologique et métabolique après injection de FDG marqué au fluor (TEP-TDM au 18-FDG).
• Participe au bilan d'extension loco-régional (adénopathies médiastinales) et à distance.
• De plus en plus utilisé.
• Dans certains cas, il permet l'évaluation de la réponse à une chimio-radiothérapie néo-adjuvante.
253
Item 305
NE PAS OUBLIER DE RECHERCHER DES CANCERS ASSOCIÉS EN CAS DE CARCINOME ÉPIDERMOÏDE (20 %
de cancers associés synchrones).
254
• Chez un patient semblant, par ailleurs, accessible à un traitement curatif.
• En l'absence d'extension péritonéale évidente sur le bilan radiologique.
Signes cliniques
Fibroscopie pulmonaire,
endoscopie ORL (naso-fibroscopie +/- pan-endoscopie)
Écho-endoscopie
PROJET OPÉRATOIRE?
TEP-TDM
La classification TNM des cancers de /'oesophage ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
T Tumeur primitive
Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive
To Pas de signe de tumeur primitive
Tis Carcinome in situ/dysplasie de haut grade
Îl T1a: Tumeur muqueuse envahissant la lamina propria ou la musculaire muqueuse
T1b : Tumeur envahissant la sous-muqueuse
Î2 Tumeur envahissant la musculeuse
T3 Tumeur envahissant l'adventice
T4 T4a : Tumeur envahissant la plèvre, le péricarde ou le diaphragme
T4b: Tumeur envahissant les autres structures adjacentes telles que l'aorte, le corps vertébral
ou la trachée
N Adénopathies régionales
Nx Renseignements insuffisants pour classer les adénopathies
No Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
N1 Métastases dans 1-2 ganglions lymphatiques régionaux
N2 Métastases dans 3-6 ganglions lymphatiques régionaux
N3 Métastases dans 7 ou plus ganglions lymphatiques régionaux
M Métastases à distance
Mo Pas de métastase à distance
M1 Présence de métastase(s) à distance
256
La classification de Siewert ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations
sont données à titre indicatif.
cardia anatomique
1
1
11
1114
Le traitement des cancers de /'oesophage ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
257
Item 305
Le traitement des cancers de l'œsophage est multidisciplinaire. Il varie en fonction de l'extension, du stade de
la tumeur et également de l'état général du patient.
• Chaque dossier est discuté en RCP(réunion de concertation pluridisciplinaire) avant toute prise en charge
thérapeutique
- Élaboration du PPS : programme personnalisé de soins remis au patient et adressé au médecin traitant.
- Information du malade :
► sur l'histoire naturelle de sa maladie ;
► sur le rapport bénéfice/risque des actes thérapeutiques ainsi que les alternatives possibles ;
► dispositif d'annonce médical et infirmier.
• Une évaluation oncogériatrique sera faite pour tout patient âgé de plus de 70 ans.
'
'
. . . . .. . . . . . . . - . .. . .. . . . . . . . . ... . . ... . .. . . . . .. - - · · ·· - .. . . .. . . .. . . .. . . . . .. . . .. . . . ... . ... . . .. . . . .... . . . . .. . . .. .. .. . . . .. . . . .. . . .. . . .... . . .. . .... . . .... . . .. . . ... . . .. . . .
'
La chirurgie des cancers œsophagiens doit être réservée à des équipes entraînées dans des centres experts.
258
8.2.3. Principes de la chimiothérapie dans les cancers de l'œsophage
• La chimiothérapie fait appel le plus souvent à des associations comportant du 5-fluorouracile et un sel de platine.
Elle comprend soit un schéma de type FOLFOX (SFU, oxaliplatine), ou cisplatine -SFU, parfois un schéma de
type carboplatine-paclitaxel.
• La chimiothérapie est bien validée en situation d'association à un traitement à visée curative (traitement péri
opératoire, association à la radiothérapie). Par contre, l'effet est plus incertain et modeste en situation avancée.
Elle doit alors être utilisée en complément des soins de support, dans une démarche d'intégration à des soins pal
liatifs précoces chez ces patients souvent très symptomatiques sur le plan digestif, voire respiratoire.
• L'immunothérapie devrait être bientôt disponible en situation avancée et adjuvante, en association aux autres
traitements, ayant démontré son intérêt dans plusieurs études de phase 3.
,--------------------►[ Chirurgie ]
Chimio-radiothérapie
Chirurgie
néo-adjuvante
2options
- Chimio Chimio
Plutôt AOK Chirurgie
péri-opératoire péri-opératoire
Tumeur localisée
cT3 et/ou N+
Chimio-radiothérapie
exclusive
Tumeur localement
avancée cT4
,....----------►►
ri& I
Chimiothérapie palliative+/- traitements locaux palliatifs
(radiothérapie, dilatation, prothèse...)
-
� '·
259
Item 305
260
- les complications radiques disparaissent après arrêt de l'irradiation, avec toutefois possibilité de séquelles
minimes à modérées, à moyen ou long terme: alvéolite et/ou œsophagite tardive avec sténose, coronaropathies,
péricardite chronique, et rarement cancers radio-induits (après 5 ans).
• Traitement des complications radiques :
- une corticothérapie permet de diminuer les symptômes et de poursuivre l'irradiation;
- tout comme l'utilisation d'antiacides (inhibiteurs de la pompe à protons, alginate de sodium);
- ou celle des antimycotiques (fluconazole).
9. Surveillance
• Le cancer de l'œsophage est associé à un fort risque de récidive après traitement à visée curative. Cependant, la
plupart des récidives ne sont pas accessibles à un traitement curatif. Pour cette raison, l'intérêt de la réalisation
d'examens complémentaires systématiques est débattu.
261
Item 305
• En plus de la réapparition de symptômes, on s'attachera à vérifier le bon état nutritionnel. Chez les patients pou
vant bénéficier d'un traitement de rattrapage (reprise chirurgicale, radiothérapie), une surveillance endoscopique
(fibroscopie œsogastrique) et par scanner CTAP peut être proposée. Le rythme de surveillance est actuellement
discuté. Un examen clinique et un scanner CTAP seront proposés tous les 4 à 6 mois pendant 2 ans puis tous les
6 mois pendant 3 ans. La FOGD sera réalisée à 2 ans en cas de chirurgie ou tous les 4 mois les 2 premières années
en cas de chimio-radiothérapie exclusive. La surveillance est généralement planifiée pour 5 ans après la fin du
traitement. En cas de cancer épidermoïde, un examen ORL annuel est indiqué.
Il conviendra également de dépister un deuxième cancer métachrone (surtout ORL) chez les patients
atteints de cancer épidermoïde (examen ORL annuel).
· · · · · · · · · · • · • • · · - · · · · · · · · · · - · · · · · · · · · ·· · · · · · ·· · · · · · ·- - - - - - · - • · · · · · · - · · · · · - · · ·· · · · · · · · · · · · · · · · · ·· · · · · · · ·· · · · · · · · · · · - · - · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·· · · · · · ·· · · · · · · · ·
• Chez ces patients, la prise en charge s'efforcera également de limiter l'exposition aux facteurs de risque, notam
ment par les conseils de prise en charge du tabagisme et de la consommation excessive d'alcool.
262
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 305:
« TUMEURS DE L'OESOPHAGE »
1
Situation de départ Descriptif
En lien avec la prévention
313. Prévention des risques liés à l'alcool Le cancer de l'œsophage est un cancer de mauvais
314. Prévention des risques liés au tabac pronostic. Le tabagisme, la consommation d'alcool et
l'association alcool-tabac sont les premiers facteurs
303. Prévention/dépistage des cancers de l'adulte étiologiques du carcinome épidermoïde de l'œsophage
et de certains adénocarcinomes. L'alcool et le tabac ont
un effet synergique sur le risque de développement d'un
cancer épidermoïde de l'œsophage. Le dépistage du cancer
de l'œsophage n'est pas recommandé en France.
Toute AEG importante chez un patient alcoolo-tabagique
doit faire rechercher un cancer de l'œsophage. Le carcinome
épidermoïde de l'œsophage est fréquemment associé
à des comorbidités liées à l'intoxication alcool-tabac
(cancers liés épidémiologiquement (cancers des voies aéro-
digestives supérieures, cancer broncho-pulmonaire), BPCO,
cirrhose...).
En lien avec le diagnostic de cancer de l'œsophage
Signes en rapport avec l'extension thoracique de la tumeur
52. Odynophagie/dysphagie La dysphagie est le principal signe clinique des cancers
146. Dysphonie œsophagiens. Il s'agit d'une dysphagie organique
d'aggravation progressive jusqu'à l'aphagie, sans
14. Émission de sang par la bouche rétrocession. Elle est isolée ou associée à d'autres
13. Vomissements symptômes (régurgitation, hoquet, odynophagie, douleur
thoracique...). Toute dysphagie progressive impose la
162. Dyspnée
réalisation d'une fibroscopie œsogastroduodénale. Plus
161. Douleur thoracique rarement, le diagnostic se fait sur des hématémèses ou des
167. Toux signes d'hémorragie digestive (méléna, anémie ferriprive...).
À un stade localement avancé, le cancer de l'œsophage
10. Méléna/rectorragie peut être diagnostiqué sur des symptômes témoins
214. Anomalie des indices érythrocytaires (taux d'une extension loco-régionale (dysphonie par paralysie
hémoglobine, hématocrite...) récurentielle gauche, toux à la déglutition par fausse-route
ou fistule œso-trachéale ou œso-bronchique).
Signes généraux et/ou en rapport avec une extension métastatique
158. Tuméfaction cervico-faciale L'altération de l'état général (asthénie, amaigrissement,
16. Adénopathie(s) unique ou multiples anorexie) est parfois le seul signe clinique d'appel d'un
cancer de l'œsophage. Toute AEG importante chez un
17. Amaigrissement patient alcoolo-tabagique doit faire rechercher un cancer
21. Asthénie de l'œsophage. La dysphagie entraîne rapidement un
amaigrissement et une dénutrition qui seront à prendre en
30. Dénutrition/malnutrition
charge de façon spécifique.
L'extension métastatique peut être également révélatrice :
adénopathie sus-claviculaire gauche (ganglion de
Troisier), métastases hépatiques, pulmonaire ou osseuses
- .
révélatrices... - -- - - -
263
En lien avec le bilan du cancer de l'œsophage
178. Demande/prescrip tion raisonnée et choix d'un Le diagnos t ic de cer t itude repose sur l'endoscopie/
examen diagnostique fibroscopie œsogas t rique+++ e t l'examen ana tomo-
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ -------1 pathologique de biopsies. La fibroscopie apprécie la
1-2-3_1__ Dem_an-de- d-'un examen d'- im-ager-ie
1-----------------------l localisa tion de la lésion, son aspec t , sa hau teur, sa
230. Rédaction de la demande d'un examen d'imagerie topographie par rappor t aux arcades den taires e t à la
232. Demande d'explica t ion d'un pa t ien t sur le jonc tion œsogastrique. Deux t ypes his tologiques son t
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un les plus fréquemment retrouvés sur l'examen anatomo
examen d'imagerie pathologique des biopsies : les carcinomes épidermoïdes
1-----------------------l et l'adénocarcinome dont la prise en charge thérapeutique
233. Iden t ifier/reconnaît re les différen t s examens
es t pot en tiellement différen te. L'analyse d'HER2 par
d'imagerie ( t ype/fenê t re/séquences/i nci den ces/
immunohistochimie est utile pour les adénocarcinomes du
injection)
1----------------------1 tiers inférieur et de la jonction œsogastrique métastatiques.
232. Demande d'explica t ion d'un pa t ient sur le Le scanner cervical et thoraco-abdomino-pelvien, sans et
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un avec injection de produit de contraste iodé (en l'absence
examen d'imagerie d'allergie et après vérification de la fonction rénale), est
1-----------------------l
238. Demande e t prépara t ion aux examens le premier examen à demander après confirmation du
endoscopiques (digestifs, bronchiques) diagnostic par la fibroscopie œsogastrique. Il visualise la
1------'-----'---------------------l tumeur (localisation, hauteur...), évalue son extension loco-
239· Explica t ion pré-opératoire e t recueil de
régionale et ses rappor t aux organes de voisinage (arbre
consentement d'un ges te invasif diagnos tique ou trachéo-bronchique, aor te, péricarde...) et recherche une
1-thérap_eut_iq_ue_ ______________--1 extension ganglionnaire (péri-œsophagienne, médiastinale,
_ _ _ _ _ _
181. Tumeurs malignes sur pièce opératoire/biopsie cervicale, cœliaque... ) ou métastatique (poumon, foie,
1- - - - _l_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ --1 adénopa thies distales...).
18 .0 n te r p r é t at ion d ' u n com p te rend u d 'ana to-
mopathologie L'écho-endoscopie œsophagienne est un examen utile
pour apprécier l'ex t ension loco-régionale (ex t ension
pariétale et ganglionnaire) de la tumeur ou dans le bilan
précis de tumeurs superficielles. Elle peut guider la biopsie
d'éven t uelles adénopat hies médias tinales. Elle n'es t
possible qu'en cas de tumeur franchissable.
Le TEP-TDM au 18-FDG, est un examen non systématique
mais dont la prescription est croissante. Il n'est pas indiqué
en cas d'extension métastatique évidente au scanner TAP.
Il participe en complément du scanner au bilan d'extension
loco-régionale (adénopathies médiastinales) et à distance
(adénopathies cervicales et cœliaques, métastases foie,
poumon, os...). Il est par ticulièrement utilisé pour le ciblage
en cas de radiothérapie, pour la recherche d'une contre
indication opératoire en cas de chirurgie programmée et
également en cas de doute sur une lésion métastatique sur
le scanner.
264
265
Item 306
CHAPITRE ►�--------------------------------------
Tumeurs de l'ovaire
Pr Christophe Pomel', Pr Pierre Emmanuel Colombo2, Pr Jean-Marc Classe', Pr Florence Joly"
'Service de Chirurgie Oncologique, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
'Service de chirurgie Oncologique, Centre Val d'Aurelle, Montpellier
'Service de Chirurgie Oncologique, Institut de Cancérologie de l'Ouest, Nantes
4Département d'Oncologie, Centre François Baclesse, Caen
Rang 1
L
Rubrique - -
1
- -1 ----- - -- - - - -
Intitulé
- - -- - --- - - -- - - -------- - - -
A Définition Principaux types de tumeurs primitives bénignes et malignes de l'ovaire :
tumeurs fonctionnelles, tumeurs organiques bénignes (adénomes,
cystadénomes), cancers (adénocarcinomes).
B Définition Connaître les principaux types histologiques des tumeurs bénignes et
malignes (adénocarcinomes séreux, mucineux ; variétés kystiques :
cystadénocarcinomes; tumeurs à la limite de la malignité; métastases).
B Prévalence, Épidémiologie et pronostic des tumeurs bénignes et malignes.
épidémiologie
266
B Examens Connaître les indications de l'imagerie d'une tumeur de l'ovaire: échographie
complémentaires qui détecte et caractérise une majorité de tumeurs ovariennes ; IRM
complémentaire en cas de masses annexielles indéterminées ou complexes;
TDM pour le diagnostic de carcinose/ascite ou en cas de tératome ;
indications limitées de la TEP-FDG.
B Examens Savoir que le diagnostic de certitude du cancer de l'ovaire nécessite une
complémentaires preuve histologique et en connaître les modalités d'obtention.
B Examens Connaître le bon usage des marqueurs sériques dans certaines formes de
complémentaires cancers (CA 125, CA19-9, H E4, AFP, hCG) et leur place dans le diagnostic
•
d'une masse annexielle suspecte. Savoir ne pas prescrire de dosage de
CA 125 en l'absence de tumeur ovarienne.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
e 1. Épidémiologie
267
Item 306
A 2. Clinique
268
3. Anatomo-pathologie des tumeurs de l'ovaire
1---- Capsule
_,._____ Épithélium
• Chacun de ces tissus peut être à l'origine d'une transformation tumorale bénigne ou maligne, ce qui explique la
très grande variété des lésions ovariennes.
• On distingue 3 types histologiques principaux en fonction de l'origine de la tumeur:
- les tumeurs épithéliales ovariennes développées à partir de la surface épithéliale du stroma (les plus fréquentes :
90 % des tumeurs organiques);
- les tumeurs des cellules germinales;
- les tumeurs des cordons sexuels et du stroma gonadique.
269
Item 306
[ Tumeurs ovariennes
1 1
Tumeurs des cordons
Tumeurs épithéliales (90 %) Tumeurs germinales sexuels et du stroma
gonadique
1
1
1 1 1
Tumeurs malignes = - Séminome
Tumeurs bénignes Tumeurs à malignité
adénocarcinomes - Dysembryome
(50 %) atténuée (15 %)
(35 %) - Choriocarcinome
1 1 1 1
270
3.3.1.. Les tumeurs épithéliales de l'ovaire
• Ces tumeurs sont développées à partir de l'épithélium qui recouvre les ovaires et qui est en continuité avec la
séreuse péritonéale.
• De cet épithélium naissent les tumeurs épithéliales qui rendent compte de 90 % des cancers de l'ovaire. Celles-ci
peuvent être bénignes (dans 50 % des cas), malignes (dans 35 % des cas) ou à malignité atténuée, dites encore
«frontières» ou«borderline» (15 % des cas). Ces dernières tumeurs sont une entité particulière, situées entre les
lésions morphologiquement bénignes et les tumeurs malignes mais sans infiltration du stroma. Le diagnostic doit
être fait sur la lésion ovarienne même s'il y a des implants à distance.
• La répartition des sous-types histologiques des cancers épithéliaux de l'ovaire est présentée dans le Tableau 1. En
fonction de la différenciation cellulaire (haut ou bas grade), les adénocarcinomes séreux et endométrioïdes ont
des pronostics différents.
► 27/t
271
ÎUMEURS DE L'OVAIRE
'
Item 306
A 4. Démarche diagnostique
Nulliparité(++) Multiparité(++)
272
• L'endométriose a été associée du point de vue épidémiologique aux cancers de l'ovaire. Ce risque est néanmoins
faible ( < 1 % des patientes ayant une endométriose développeront un cancer de l'ovaire). Ce lien concerne princi
palement des sous-types histologiques rares: carcinome endométrioïde et carcinome à cellules claires.
Devant une masse ovarienne, l'échographie pelvienne est un examen diagnostique clé.
4.2.1.1. Technique
• Elle doit se faire par voie sus-pubienne à vessie pleine et par voie transvaginale à vessie vide. Elle doit être complé
tée par une échographie abdominale. Elle peut éventuellement bénéficier de l'apport de l'écho-doppler couleur.
• Elle permet d'explorer les ovaires et l'utérus, ainsi que la cavité péritonéale, le foie, les reins et dans des circons
tances favorables les chaînes ganglionnaires rétropéritonéales.
4.2.1.2. Résultats
• C'est un examen très sensible ; cependant seule l'analyse histologique de la lésion affirmera son caractère bénin
ou malin.
• L'échographie permet le plus souvent de faire le diagnostic de masse annexielle et de caractériser sa structure:
- aspect liquidien pur en faveur de kystes ;
- solide, plus ou moins homogène ;
- mixte, plus ou moins hétérogène.
• Le signe majeur en faveur de la malignité est la présence d'irrégularités de la paroi interne ou externe de la masse
qui peuvent prendre l'aspect de végétations plus ou moins épaisses et plus ou moins confluentes (Figure 3).
• L'écho-doppler est intéressant pour explorer la vascularisation du kyste, de ses cloisons et/ou de ses végétations:
la néovascularisation qui accompagne les lésions néoplasiques se caractérise par sa richesse (hyp ervascularisation)
et la vitesse de circulation sanguine (diminution de la résistivité).
Figure 3. Échographie
• Echographie :
- Par voie abdominale et endo-vaginale ++,
avec doppler
273
Item 306
- - --- -
• La constatation de signes suspects, en particulier l'hétérogénéité et les végétations, doit faire compléter l'explo
ration aux niveaux pelvien et abdominal.
• L'autre ovaire et l'utérus doivent être examinés, car la bilatéralité des lésions malignes est fréquente et des méta
stases au niveau de l'endomètre sont possibles.
• Le cul-de-sac de Douglas doit faire l'objet d'une attention particulière, car du liquide d'ascite peut s'y accumuler
et l'on peut y retrouver des nodules de carcinose.
• L'exploration abdominale doit être complète et rechercher un épanchement liquidien à l'étage supérieur (rétro
et sous-hépatique, espace de Morisson) ainsi que des nodules de carcinose au niveau des coupoles diaphragma
tiques, du péritoine pariétal et de l'épiploon.
• Le foie doit être examiné; il est souvent le siège de nodules sur la capsule de Glisson, plus rarement de métastases
intra-parenchymateuses.
• Les reins sont rarement intéressés; on recherchera cependant une dilatation de leurs cavités par compression des
uretères pelviens.
• Enfin, si la morphologie le permet, une exploration des chaînes ganglionnaires rétro-péritonéales peut mettre
en évidence des adénomégalies pelviennes ou lombo-aortiques.
4.2.2. IRM
• Lorsque l'échographie est incertaine ou indéterminée, l'IRM est le meilleur examen pour caractériser une tumeur
ovarienne isolée+++ alors que le scanner pelvien seul n'a aucun intérêt (Figure 4)
- le contenu hématique des kystes endométriosiques a un signal assez caractéristique à l'IRM qui permet
d'orienter vers ce diagnostic dans un contexte clinique évocateur;
- les différents temps d'injection permettent avec une forte probabilité d'écarter ou d'affirmer le diagnostic de
malignité;
- on réservera l'IRM pour l'exploration des masses ovariennes isolées; elle n'est pas nécessaire en routine pour
caractériser une masse ovarienne lorsque l'échographie suspecte d'emblée une maladie avancée avec carcinose
péritonéale.
Figure 4. Clichés IRM montrant des masses annexielles solides et liquides se réhaussant après injection
Masse solide
Masse liquide
274
4b. Coupe transversale
Masse solide
Masse liquide
Masse pelvienne
Nodules de carcinose
Ascite
4.2.3. Scanner
• Lorsque l'échographie et/ou l'IRM sont fortement suspects de malignité, la réalisation d'un scanner thoraco
abdominal est nécessaire pour le bilan d'extension (Figure 5).
• Il permet d'apprécier au mieux l'importance et la distribution de la carcinose péritonéale surtout à l'étage supé
rieur de l'abdomen et d'explorer les chaînes ganglionnaires rétro-péritonéales, pelviennes et lombo-aortiques.
• Les coupes abdominales hautes permettent d'évaluer l'étendue de l'atteinte sus-mésocolique, en particulier au
niveau de l'espace inter-hépato-diaphragmatique.
• Les coupes thoraciques complètent le bilan d'extension à la recherche notamment d'un épanchement pleural,
fréquemment associé dans les stades IV, et/ou de ganglions médiastinaux voire sus-claviculaires.
• Le kyste dermoïde peut être diagnostiqué grâce au scanner, lequel met facilement en évidence son contenu grais
seux caractéristique ainsi que la présence de calcifications qui sont visibles dès la radiographie d'abdomen sans
préparation.
275
Item 306
Figure 5. Reconstruction coronale montrant de l'ascite en abondance et des nodules en regard du diaphragme
Nodule
Ascite
Nodules de carcinose
4.2.4. TEP-TOM
• Le TEP-TDM n'a pas d'indication en routine dans le cadre du diagnostic du cancer de l'ovaire. Il peut être utile
dans le suivi, en cas de suspicion de rechute avec un scanner normal et pour faire le bilan d'extension en cas de
récidive (si une chirurgie est envisagée).
276
• À l'opposé, en cas de suspicion de carcinose péritonéale, la cœlioscopie ne sera que diagnostique pour évaluer la
résécabilité chirurgicale. En effet seule les patientes présentant une carcinose dite résécable en totalité peuvent
bénéficier d'une chirurgie de réduction tumorale maximale réalisée par laparotomie médiane.
Lorsque la carcinose est jugée inextirpable (Figure 6), seules des biopsies tumorales sont effectuées en volume
suffisant pour l'analyse tumorale et la recherche de mutation somatique (BRCA). Dans cette situation le traitement
débutera par une chimiothérapie dite néo-adjuvante.
Il est essentiel de savoir qu'il existe une CONTRE-INDICATION ABSOLUE à la réalisation d'une biopsie
trans-pariétale ou trans-vaginale d'une masse annexielle suspecte isolée. Elle peut être responsable
d'un risque de dissémination et de propagation ++.
277
'
Item 306
5.2. Surveillance
• La décroissance des marqueurs tumoraux permet de juger en partie de l'efficacité des traitements médicaux mis
en œuvre.
• Dans le cadre de la surveillance, la mise en évidence d'une élévation du marqueur CA 125 peut correspondre à
une récidive. Cette élévation peut précéder les signes cliniques de récidive. Dans la mesure où le traitement par
chirurgie complète d'une récidive améliore le pronostic de la patiente, il est important de diagnostiquer tôt la
récidive de façon à ce qu'elle soit éventuellement accessible à un traitement chirurgical. Lorsque le CA 125 en fin
de traitement est inférieur à 10 UI/ml, toute élévation supérieure à 20 UI/ml contrôlée à 15 jours d'intervalle est
suspecte de récidive.
278
PRINCIPALES SITUATIONS EN LIEN AVEC L'ITEM 306:
« TUMEURS DE L'OVAIRE»
279
Parfois les signes généraux sont au premier plan
(anorexie, asthénie, amaigrissement...). Le diagnostic
peut également se faire sur une extension métastatique
(ganglion inguinal ou sus-claviculaire palpable ou
épanchement pleural (dyspnée)).
Tous ces signes cliniques sont peu spécifiques mais
doivent donner l'alerte chez une patiente ménopausée.
En lien avec le diagnostic paraclinique du cancer de l'ovaire : Imagerie/ marqueurs sériques
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un L'échographie est l'examen de débrouillage de choix
examen diagnostique pour le diagnostic de tumeurs ovariennes. L'I RM permet
230. Rédaction de la demande d'un examen d'imagerie
de mieux la caractériser quand le doute de néoplasie est
évoqué.
231. Demande d'un examen d'imagerie
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est l'examen de
233. Identifier/reconnaître les différents examens référence en bilan d'extension de tumeur malignes de
d'imagerie (type/fenêtre/séquences/incidences/ l'ovaire ou considérées comme telle.
injection) Le CA 125 est le marqueur sanguin sérique des cancers
232. Demande d'explication d'un patient sur le
de l'ovaire et dans leur suivi. Néanmoins, son élévation
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un ne remplace pas l'histologie qui établit le diagnostic de
examen d'imagerie certitude.
229. Découverte d'une anomalie pelvienne à l'examen
d'imagerie médicale
224. Découverte d'une anomalie abdominale à l'examen
d'imagerie médicale
En lien avec le diagnostic de certitude
181. Tumeurs malignes sur pièce opératoire/biopsie Exploration chirurgicale/cœlioscopie:
239.Explication pré-opératoire et recueil de La laparoscopie est la voie d'abord privilégiée pour retirer
consentement d'un geste invasif diagnostique ou les tumeurs de moins de 10 cm isolées et/ou pour explorer
thérapeutique la cavité abdominale dans les situations de cancer de
l'ovaire avancé avec carcinose péritonéale. Dans cette
situation, la cœlioscopie permet d'apprécier l'importance
des lésions de carcinose et leur résécabilité et permet
d'obtenir le diagnostic histologique par la réalisation de
biopsies sur les implants péritonéaux.
280
-
281
Item 307
Tumeurs des os
(HAPITRE ► -p- r-im-it_i_v_e_s e_ _ t_ s_e_c_o_n_d_a_ir _e _s____
Pr Jean-Yves Blay', Pr François Gouin2, Dr Marie-Hélène Vieillard', Pr Jean-Michel Coindre•, Pr Nicolas Penel5
'Centre Léon Bérard, Lyon
'Service d'Orthopédie, CHU Nantes
3Service de Rhumatologie, CHRU de Lille
•Institut Bergonié, Bordeaux
•Centre Oscar Lambret, Lille
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
282
A 1. Définition
• Les tumeurs osseuses comprennent deux catégories :
- les tumeurs osseuses primitives, développées au sein d'une pièce osseuse. Elles peuvent être bénignes ou
malignes. Les principales tumeurs osseuses primitives sont des sarcomes (cancers du tissu conjonctif) dont
l'ostéosarcome, le sarcome d'Ewing et le chondrosarcome. Il s'agit beaucoup plus rarement de localisation
osseuse de lymphomes. Le myélome multiple est une maladie de la moelle osseuse. Myélomes et lymphomes
font l'objet d'une question spécifique et ne sont pas traités ici.
- les métastases osseuses, issues de la dissémination par voie hématogène de cellules tumorales provenant d'un
cancer primitif situé dans un autre organe. Les principaux cancers responsables de métastases osseuses sont
les cancers bronchiques, du sein, du rein, de la prostate et de la thyroïde. Elles peuvent révéler le cancer ou
survenir lors de la rechute métastatique de ce cancer. Les métastases osseuses multiples signent le caractère
incurable de la maladie et la nécessité d'une prise en charge palliative.
Epidémiologie
;
2.
L'épidémiologie des tumeurs osseuses primitives ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item
et ces informations sont données à titre indicatif.
283
Item 307
A 3. Diagnostic anatomo-pathologique
284
3.1.2. Ostéosarcomes
• Les ostéosarcomes sont des sarcomes osseux qui produisent une matrice ostéoïde tumorale anormale (Figure 1).
• L'ostéosarcome peut affecter tous les os mais survient principalement sur les os longs, au niveau de la méta
physe. Chez l'adolescent, il survient le plus souvent, « près du genou et loin du coude », sur l'extrémité inférieure
du fémur, l'extrémité supérieure du tibia, l'extrémité supérieure de l'humérus.
• Les ostéosarcomes sont le plus souvent (90 %) des cancers de haut grade histologique, avec un risque métas
tatique élevé en l'absence de traitement par chimiothérapie (80 % de risque de rechute métastatique sans chimio
thérapie). Le traitement classique des ostéosarcomes de haut grade comporte plusieurs cures de chimiothérapie
néo-adjuvante avant l'intervention chirurgicale : l'examen histologique effectué sur la pièce de résection de la
tumeur permet de déterminer le pourcentage de cellules tumorales résiduelles viables après chimiothérapie, ce
qui est un facteur pronostique majeur et permet d'orienter le traitement par chimiothérapie adjuvante post
opératoire.
• Environ 10 % des ostéosarcomes sont de bas grade histologique. Leur risque de rechute métastatique est faible (les
ostéosarcomes de bas grade sont traités habituellement par chirurgie seule).
285
Item 307
• Le traitement classique des sarcomes d'Ewing, comme pour les ostéosarcomes, comporte plusieurs cures de
chimiothérapie néo-adjuvante avant l'intervention chirurgicale: l'examen histologique effectué sur la pièce de
résection de la tumeur permet de déterminer le pourcentage de cellules tumorales résiduelles après chimiothéra
pie, ce qui est un facteur pronostique majeur.
286
Figure 3. Coupe anatomo-pathologique d'un chondrosarcome de grade 2 :
chondroblastes atypiques au sein d'une matrice chondroïde
►
287
290 ÎUMEURS DES OS PRIMITIVES ET SECONDAIRES
Item 307
• Lorsque le cancer n'est pas connu (métastases osseuses« inaugurales»), on cherchera la tumeur primitive que
l'on biopsiera prioritairement. Si la tumeur primitive est difficilement repérable ou accessible, on biopsiera le
site métastatique le plus accessible (ganglionnaire, pulmonaire, hépatique, osseux). La préparation des biopsies
osseuses pour examen anatomo-pathologique nécessite une étape de décalcification.
• Les signes radiologiques classiques évoquant une lésion osseuse maligne sont:
- ostéolyse à limite floue (Figure 4);
- rupture de la corticale;
- appositions périostées (classiquement en bulbe d'oignon pour le sarcome d'Ewing);
- ossifications ou calcifications des parties molles par envahissement (classiquement en feu d'herbe ou rayons de
soleil pour l'ostéosarcome) (Figures 5, 6a, 6b).
289
Item 307
- --
Figure 6 a et b. Homme 20 ans. Douleurs du genou droit d'horaire inflammatoire depuis 2 mois. Impotence fonctionnelle.
Lésion mixte, mal limitée, aux limites floues de l'extrémité proximale du tibia. Ossifications extra-osseuses et appositions
périostées en feu d'herbe. Ostéosarcome de haut grade.
290
A Devant toute suspicion de tumeur osseuse primitive, le patient doit être adressé vers un centre spécialisé
de prise en charge des sarcomes osseux (Centres de référence du réseau NETSARC+ qui organisent les RCP
labellisées par l'Institut National du Cancer).
4.6. Tomodensitométrie et I RM
• Si la lésion suspecte est située sur un membre, le bilan morphologique est complété par une IRM avec séquences
Tl et T2 et injection de gadolinium prenant l'ensemble de la pièce osseuse et de l'articulation adjacente à la
tumeur.
• Cet examen permettra d'apprécier l'extension osseuse et dans les parties molles, l'atteinte articulaire, rarement
l'atteinte trans-articulaire. L'ensemble de la pièce osseuse doit être analysée pour recherche d'une métastase
osseuse dans le même os ( « skip métastase » ).
• Si la lésion suspecte est située sur le tronc, le bilan morphologique est complété par une TDM avec injection de
produit de contraste prenant l'ensemble de la pièce osseuse et de l'articulation adjacente à la tumeur. Cet examen
est souvent réalisé avec des coupes thoraciques, abdominales et pelviennes, permettant d'apprécier également
l'extension métastatique.
Le diagnostic de sarcome osseux repose sur l'examen anatomo-pathologique d'une biopsie chirurgicale.
Dans tous les cas, la biopsie doit être transmise à l'état frais au laboratoire d'anatomo-pathologie afin de
permettre les analyses moléculaires (nécessaires au diagnostic du sarcome d'Ewing).
• Le malade doit être d'emblée prévenu de la possibilité d'échec technique du prélèvement et de la nécessité absolue
qu'il y a à obtenir des prélèvements de bonne qualité et de taille suffisante pour affirmer le diagnostic et guider le
traitement.
• Une biopsie mal réalisée peut affecter les chances de chirurgie conservatrice du fait de la contamination régionale
et augmenter les risques de rechute locale et métastatique.
La biopsie est indispensable: aucun traitement ne peut être entrepris sans diagnostic anatomo-pathologique.
291
ÎUMEURS DES OS PRIMITIVES ET SECONDAIRES
Item 307
• Le standard est la biopsie chirurgicale. Celle-ci doit être précédée d'une RCP avec radiologue, chirurgien spé
cialisé, et anatomo-pathologiste. La cicatrice de biopsie devra être réséquée en monobloc au moment du geste
chirurgical d'exérèse de la tumeur osseuse. Idéalement, l'équipe chirurgicale qui réalise la biopsie est la même qui
réalisera le geste à visée carcinologique.
À NE PAS FAIRE : L'enclouage ou la mise en place de matériel orthopédique (vis, plaque) sur un os fracturé
suspect de tumeur osseuse primitive est absolument proscrit, car il expose à la contamination loco-régionale
et/ou de tout l'os. Un tel geste majore le risque de rechute et peut contraindre à une amputation ou une
désarticulation pour un cancer primitif qui aurait été candidat à un traitement conservateur du membre.
292
Cancer non connu préalablement
Les mêmes examens que ci-dessus, auxquels s'ajoute pour le diagnostic étiologique :
Examen clinique complet Élément suggérant la tumeur primitive (par exemple,
tabagisme et hémoptysie, hématurie, nodule mammaire,
induration prostatique au toucher rectal... ) - Site
métastatique extra-osseux facilement accessible à une
biopsie (métastase cutanée, adénopathie superficielle ...?)
Mammographie chez la femme Cancer du sein?
Dosage des PSA chez l'homme Combiné au toucher rectal, au caractère ostéocondensant
des métastases, fait évoquer le diagnostic de cancer de
la prostate
Tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne Bilan d'extension, bilan étiologique
Dosage de 2 marqueurs: alpha-fœtoprotéine et �-HCG Éliminer une tumeur germinale métastatique
Biopsie de la lésion la plus accessible Diagnostic anatomo-pathologique
Electrophorèse des protéines sériques, recherche d'une Éliminer un myélome multiple
protéinurie de Bence-Jones, immunoélectrophorèse et
éventuellement médullogramme
293
Item 307
Figure 8. Patiente de 67 ans aux antécédents de cancer du sein. Admise aux urgences pour douleur aiguë de hanche
et impotence fonctionnelle, suite à une chute de sa hauteur. Fracture pathologique sous-trochantérienne droite sur vaste
zone d'ostéolyse. Diagnostic de rechute métastatique
294
Figure 9. Métastases osseuses du bassin ostéocondensantes
Figure 10. a, b, c, d. Homme de 68 ans consultant pour douleurs osseuses du bassin et du rachis lombaire.
Radiographie standard: aspect de métastases ostéocondensantes du bassin et du rachis lombaire, avec aspect
de vertèbre d'ivoire. PSA à 1800 ng/ml. A la scintigraphie osseuse: zones d'hyperfixation scintigraphique.
Scanner du bassin et du rachis lombaire, confirmant la présence de métastases osseuses condensantes caractéristiques
d'un cancer de la prostate.
295
Item 307
296
5.3. Autres examens
• La scintigraphie osseuse au 99mTc permet de rechercher d'autres sites métastatiques sur l'ensemble du squelette. Le
TEP-TDM explore le squelette mais également les autres sites métastatiques non osseux (ganglions, poumon, foie...).
• Des examens radiologiques (scanner) centrés sur les zones à risque de fracture sont demandés. L'IRM recherche
des signes de compression neurologique.
• On recherche systématiquement une hypercalcémie.
• D'autres examens peuvent être indiqués. La démarche varie en fonction du fait que le cancer primitif soit connu
ou pas. L'indication de chaque examen se discute au cas par cas, en fonction de l'état général du patient et des
possibilités de traitement.
Le traitement des tumeurs osseuses primitives ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item
et ces informations sont données à titre indicatif.
6. Orientations thérapeutiques
• De manière schématique (Tableau 3), on peut dissocier la prise en charge des deux grands types de tumeurs
osseuses.
Tableau 3. PRINCIPAUX ÉLÉMENTS D'ORIENTATION VERS UNE TUMEUR OSSEUSE PRIMITIVE
-- OU SECONDAIRE
--
- --
Métastases osseuses Tumeurs osseuses primitives malignes
Âge ;, 40 ans Enfant, adolescent, adulte jeune
Altération de l'état général + -
Prise en charge-
-
cancéreuse
Palliative
- - - -
Curative -
297
Item 307
299
PRINCIPALES SITUATIONS EN LIEN AVEC L'ITEM 307:
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
' .
1. Diagnostic d'un adénocarcinome primitif du pancréas 2. Les tumeurs neuro-endocrines du pancréas {TNE)
1.1. Épidémiologie 2.1. Épidémiologie
1.2. Facteurs de risque 2.2. Connaître les principaux signes cliniques des tumeurs
1.3. Sous-catégories anatomiques neuro-endocrines
1.4. Connaître la démarche diagnostique devant une tumeur 2.3. Bilan préthérapeutique
du pancréas exocrine 2.4. Principaux types histologiques
1.5. Bilan préthérapeutique 2.5. Focus sur l'insulinome
1.6. Diagnostic différentiel 3. Diagnostic d'une tumeur kystique du pancréas
1.7. Principaux types histologiques des cancers pancréatiques 3.1. Épidémiologie descriptive et notions générales
1.8. Critères de résécabilité ou de non-résécabilité 3.2. Prescription raisonnée d'un examen d'imagerie
1.9. Que faire au terme du bilan d'extension ? 3.3. Principales tumeurs kystiques
·---------------------------·······-----------------------------------------------------------------------------
Ran gJ
A
_ ----
Rubrique
-- � - 1 ~ ---------� -
Intitulé - -�-
Définition Connaître les deux principaux types histologiques (adénocarcinome, tumeur neuro-
endocrine) des tumeurs du pancréas
B Prévalence, Épidémiologie et facteurs de risque de l'adénocarcinome du pancréas et des tumeurs
épidémiologie neuro-endrocines
A Diagnostic positif Connaître les principaux signes cliniques de l'adénocarcinome du pancréas et des
tumeurs neuro-endrocines
A Examens Connaître les indications des examens de biologie devant une tumeur du pancréas
complémentaires
--
A Examens Connaître les indications des examens d'imagerie d'une tumeur du pancréas
complémentaires
B Prévalence, Épidémiologie descriptive d'une tumeur kystique du pancréas
épidémiologie
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Le terme « tumeurs du pancréas » comprend les tumeurs bénignes ou malignes, solides ou kystiques, développées
à partir du tissu exocrine ou endocrine.
• Les tumeurs neuro-endocrines (TNE) peuvent être bénignes et sont souvent curables.
• Parmi les cancers, 2 groupes bien distincts sont définis: les TNE malignes (2-4 %) et les tumeurs issues du pan
créas exocrine (95 %), dominées par l'adénocarcinome canalaire.
302
1. Diagnostic d'un adénocarcinome primitif du pancréas
• L'adénocarcinome pancréatique exocrine constitue un problème majeur de santé publique. C'est une urgence
diagnostique et thérapeutique. Le pronostic défavorable s'explique par l'apparition tardive des symptômes, la
localisation profonde du pancréas, l'absence de test de dépistage, le potentiel métastatique précoce et l'agressivité
de la maladie. Le seul espoir de guérison repose sur l'association exérèse chirurgicale et chimiothérapie.
B 1.1. Épidémiologie
1.1.1. Au niveau mondial
• 459 000 nouveaux cas estimés en 2018 (GLOBOCAN).
• 7e cause de décès par cancer (432 000 décès estimés en 2018, GLOBOCAN).
• Survient surtout dans les pays à haut niveau de développement où l'incidence augmente.
• 3e cause de mortalité par cancer en Europe en 2018 et sera la seconde cause de mortalité par cancer aux USA d'ici 2030.
• Survie nette à 5 ans: 9 % en 2018 (GLOBOCAN).
1.1.2. En France
• 6e cancer le plus fréquent ; 4e cause de décès par cancer chez la femme et 5e chez l'homme.
• Estimations 2018: 14 200 nouveaux cas et 11500 décès.
• Incidence:+ 3 % par an depuis 1980 (Figure 1), + 250 % entre 1980 et 2012.
• Âge médian au diagnostic: 71 ans.
• Sex-ratio de 1,37 en France en 2017 (prédominance masculine).
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1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Année
303
Item 308
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20 30 40 50 60 70 80 90
Âge en 2012
• Tabagisme: 1re cause du cancer du pancréas (qui explique 20 % des cas), avec un risque relatif (RR) de 1,74 pour
le fumeur et de 1,20 pour les anciens fumeurs.
• Obésité: un BMI > 30 kg/m2 est associé à un RR de 1,72.
• Pancréatite chronique : le risque est encore plus élevé en cas de pancréatite chronique héréditaire et est poten-
tialisé par le tabac.
• Diabète de type 2: RR 1,12. Le diabète de type 1 n'est pas un facteur de risque.
• Alcool: l'alcool est un facteur de risque, en particulier via la survenue d'une pancréatite chronique.
• Formes à prédisposition familiale : environ 10 %. Mutations constitutionnelles prédisposantes :
- gène BRCA2 (plus rarement BRCAl) associé au cancer du sein et de l'ovaire;
- gènes de réparation des mésappariements de l'ADN (syndrome de Lynch);
- gène CDKN2a (mélanome malin familial syndrome FAMMM);
- gène de l'ataxie télangiectasie;
- gène STKl1 (syndrome de Peutz-Jeghers);
- gènes PRSSl ou PRSS2, SPINKl et pancréatites chroniques héréditaires.
- Ces mutations n'expliquent toutefois pas tous les cas d'agrégation familiale. Le risque de cancer du pancréas est
augmenté par 3,2 si un parent au 1er degré est atteint.
304
Indications de consultation en oncogénétique et d'éventuelle surveillance
• Les critères de cancer pancréatique familial sont:
- 2 apparentés touchés par un cancer du pancréas, dont au moins un au 1 ., degré.
- 3 cancers du pancréas chez des apparentés au 1 er, 2•, ou 3• degré.
ou mutation génétique prédisposante : apparentés des personnes mutées BRCA 1, CDKN2a, ou d'un
syndrome de Lynch ou d'une pancréatite héréditaire, ou ayant elles-mêmes une mutation.
• Une surveillance des sujets à haut risque de cancer du pancréas, dont l'efficacité n'est pas prouvée, peut être
proposée dans les familles concernées. Le bilan initial (non consensuel) comporte une échoendoscopie et une
IRM pancréatique annuelles, à partir de 40 ans en cas de pancréatite héréditaire et de 50 ans sinon. L'arrêt du
tabac, qui potentialise le risque familial, est impératif.
305
Item 308
• Autres symptômes :
- phlébites migratrices et récidivantes et embolies pulmonaires;
- vomissements, en particulier par sténose duodénale parfois révélatrice;
- pancréatite aiguë révélatrice (1-5 % des cas);
- diarrhée avec ou sans stéatorrhée;
- syndrome dépressif ou anxiété fréquemment associés, Prise en charge adaptée à prévoir;
- douleurs, occlusion révélatrices de métastases (foie, péritoine .. ,);
- par hasard à l'occasion d'un examen d'imagerie, ou lors de la surveillance d'une lésion kystique du pancréas.
306
1..5.1.. Biologie : prescription raisonnée d'un examen biologique
1.5.1.1. Marqueurs tumoraux
• Il n'existe pas de marqueur tumoral permettant le dépistage ou le diagnostic.
• CA 19-9: valeur pronostique
- sialoglycoprotéine onco-fœtale, c'est un déterminant antigénique du groupe sanguin Lewis a.
3 à 7 % de la population est Lewis a- b- et ne peut synthétiser le CA 19-9 (qui est alors toujours négatif);
- valeur normale< 37 U/ml;
- sensibilité 81 %;
- spécificité de 80-90 % pour la valeur seuil de 37 U/ml et faible valeur prédictive positive ; nombreux faux
positifs:
► autres adénocarcinomes (voies biliaires, estomac, côlon-rectum et mucineux de l'ovaire);
► hémochromatose, diabète, pancréatites, mucoviscidose (généralement< 100 U/ml);
► cholestase y compris bénigne (hépatite, lithiase biliaire, cirrhose). Le dosage doit donc être répété après
résolution d'une hyperbilirubinémie.
- un taux élevé de CA 19-9 a une valeur pronostique défavorable. Il n'y a pas de consensus sur une valeur seuil
qui exclurait une exérèse chirurgicale. Il est corrélé à la masse tumorale en cas de maladie métastatique.
1.5.1.2. Bilan biologique
• Cholestase: élévation de la bilirubine totale, libre et conjuguée, des phosphatases alcalines et des yGT, en cas de
cancer obstructif de la tête.
• Lipase et amylases: pas d'intérêt sauf si pancréatite révélatrice où les valeurs seront élevées.
• Hyperglycémie: 15 à 50 % des cas.
• Syndrome inflammatoire.
• Coagulation (taux de prothrombine TP, TCA, taux de plaquettes) : TP abaissé en cas de cholestase prolongée
(coagulation à vérifier et normaliser avant toute biopsie ou geste interventionnel).
• Créatininémie, clairance calculée (avant scanner).
• Préalbumine et albuminémie pour évaluer la dénutrition.
Une dénutrition sévère est définie par une perte de poids supérieure à 15 % du poids de référence en 6 mois
ou supérieure à 10 % en un mois ou, sur le plan biologique, par un taux d'albuminémie inférieur à 25 g/1 ou de
préalbumine inférieur à 50 mg/1. En cas d'ictère avec dénutrition, il faut réaliser un drainage biliaire préopératoire
et une renutrition avant la chirurgie.
307
Item 308
308
Figure 3. Adénocarcinome de la tête du pancréas résécable d'emblée
{masse hypodense sans contact artériel ni veineux [flèches]) sur un TDM abdominal injecté
309
Item 308
• Elle est surtout utilisée pour obtenir une preuve cytologique ou histologique par cytoponction transgastrique ou
trans-duodénale (lorsqu'une chirurgie n'est pas indiquée en première intention).
• Elle peut aider à préciser l'envahissement vasculaire si le scanner est douteux.
310
- d'une métastase :
► si métastases péritonéales isolées : biopsies sous cœlioscopie;
► ponction biopsie d'une métastase hépatique, d'une adénopathie sus-claviculaire.
La classification TNM des adénocarcinomes du pancréas ne figure pas dans les objectifs de connaissance de
cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
Classification TNM
• La classification TNM UICC 2017, 8e édition, s'applique aux carcinomes du pancréas exocrine et aux carcinomes
neuro-endocrines de haut grade. La maladie doit être confirmée histologiquement ou par cytologie.
• Adénopathies régionales
- Les ganglions lymphatiques régionaux pour les tumeurs de la tête et de l'isthme sont ceux du canal
biliaire commun, de l'artère hépatique commune, de la veine porte, pyloriques, infra-pyloriques, sous
pyloriques, mésentériques proximaux, cœliaques, antérieurs ou postérieurs aux vaisseaux pancréatico
duodénaux, et le long de la VMS et du bord latéral droit de l'AMS.
- Les ganglions lymphatiques régionaux pour les tumeurs du corps et de la queue sont ceux situés le
long de l'artère hépatique commune, de l'axe cœliaque, de l'artère splénique, du hile splénique, et ceux
rétro-péritonéaux et latéro-aortiques.
• Classification clinique TNM (Tableau 1)
-T - Tumeur primitive
--
-Tis ---- - Carcinome in situ
T1 Tumeurs 2 cm
T10 Tumeurs 0,5 cm
T1b Tumeur> 0,5 cm et :S 1 cm
T4
- --- ---- -- --
Tumeur étendue à l'axe cœliaque, à l'AMS et/ou à l'artère hépatique commune
311
'
Item 308
N - Adénopathies régionales
No Pas de métastase ganglionnaire régionale
Les critères de résécabilité des cancers du pancréas ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
312
1..8.3. Tumeur à la limite de la résécabilité
• Ce sont les tumeurs potentiellement résécables pour lesquelles l'envahissement vasculaire est limité ou réparable,
mais avec un haut risque de résection Rl =tumeur« borderline ». Les critères sont les suivants:
- pas de métastase à distance;
- contact ou engainement de l'AMS < 180° ;
- atteinte réparable de l'artère hépatique;
- atteinte unilatérale ou bilatérale de la VMS ou de la veine porte> 180° ;
- thrombose de la VMS courte et réparable.
• Situation au diagnostic :
- 10 à 15 % de tumeurs d'emblée résécables.
- Environ 5 % de tumeurs à la limite de la résécabilité, nécessitant un traitement d'induction pour éviter
une résection incomplète (R1 ).
- Environ 30 % de tumeurs« localement avancées » en raison d'un envahissement vasculaire rendant la
tumeur non-résécable, du moins sans traitement d'induction.
- 50 % de maladies d'emblée métastatiques.
B 2.1. Épidémiologie
• Tumeurs rares: 1,2/100 000 habitants, en incidence croissante.
• 2-4 % des tumeurs du pancréas.
• Elles surviennent plutôt entre 30 et 60 ans.
• Elles sont associées dans 5 % des cas à des syndromes de prédisposition familiale tels que les néoplasies endo
criniennes multiples de type 1 (NEM 1, pouvant associer TNE hypophysaires, parathyroïdiennes, duodénales,
pancréatiques, bronchiques, thymiques, gastriques, et cortico-surrénaliennes), la maladie de von Hippel-Lindau
et plus rarement la sclérose tubéreuse de Bourneville. Leur potentiel évolutif est très hautement variable.
• Certaines sécrétions tumorales (insuline, gastrine) peuvent mettre la vie en danger.
313
Item 308
B Tableau 2. PRINCIPALES
- - ---
TNE FONCTIONNELLES DU PANCRÉAS ------ -
- -- - - - ---- �--- �-- -- -
314
A 2.3. Bilan préthérapeutique
2.3.1. Marqueurs
2.3.1.1. Dosages systématiques
• Chromogranine A (CGA):
-seul marqueur biologique utile au suivi du traitement;
-glycoprotéine de la membrane des granules de sécrétion des cellules endocrines;
-sensibilité: 55 % - 80 % ;
-spécificité de 95 % pour une valeur normale autour de 85 U/L;
-nombreux faux positifs : insuffisance cardiaque ou rénale chronique, stress majeurs, NEM 1, syndrome de
Cushing, traitement par IPP ou par analogues de la somatostatine. La cause la plus fréquente de faux positif est
l'hypergastrinémie: une élévation de CGA n'est interprétable que si la gastrinémie est normale;
• Gastrine pour interpréter le résultat de la CGA ou en cas de suspicion de gastrinome;
• Calcémie ionisée et parathormone basale à la recherche d'une hyperparathyroïdie.
2.3.2. Imagerie
• Elle repose sur :
- Le scanner TAP, examen de référence, recherche le caractère vascularisé de la tumeur (temps artériel précoce
et temps portal). Certaines tumeurs bien différenciées et très vascularisées ne sont visibles qu'à la phase
artérielle de l'injection.
- IRM hépatique : elle est plus sensible que la TDM pour diagnostiquer et cartographier des métastases
hépatiques.
- TEP-TDM au fluorodéoxyglucose:
► intérêt surtout pour les carcinomes de haut grade ou si Ki67 > 10 % ;
► moindre intérêt dans les tumeurs bien différenciées.
- TEP des récepteurs de la somatostatine (TEP DOTATOC Gallium) :
► Examen de référence pour les TNE pancréatiques bien différenciées;
► Sensibilité proche de 100 % ;
► Permet de mettre en évidence des récepteurs à la somatostatine.
- La tomographie par émission de positons à la 18 F-DOPA n'a pas d'intérêt en raison de la fixation physiologique
du pancréas. La scintigraphie au pentétréotide (OctréoScan), n'est plus utilisée.
- L'écho-endoscopie est l'examen le plus sensible pour les tumeurs de petite taille (insulinomes, gastrinomes) et
permet la réalisation de ponction-biopsie en cas de doute diagnostique. Elle est réalisée systématiquement en
cas de gastrinome, pour explorer la paroi duodénale et la tête du pancréas.
- La gastroscopie avec examen du duodénum et réalisation de biopsies fundiques (hyperplasie des cellules ECL
et TNE fundiques) est demandée en cas de suspicion de gastrinome.
- L'imagerie peut être complétée en per-opératoire par un repérage écho-guidé.
315
Item 308
• Résultats :
- tumeur solide bien délimitée, mais sans capsule;
- absence de dilatation du canal pancréatique;
- multiplicité possible (60 % des gastrinomes, moins de 10 % des insulinomes);
- hyp ervascularisation;
- malignité radiologiquement difficile à apprécier; la probabilité augmente si taille > 2 cm.
La classification TNM des TNE du pancréas ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
◄
316
• Principaux facteurs de pronostic défavorable :
- caractère peu différencié de la tumeur;
- grade histologique élevé;
- stade métastatique.
2.4.1. Symptômes
• Le plus souvent, il est révélé par une hypoglycémie, qui peut engager le pronostic vital et s'accompagner de mani
festations neuropsychiatriques trompeuses. Le diagnostic est généralement tardif, car les signes de l'hypoglycémie
chez l'adulte non diabétique sont polymorphes et peu typ iques.
317
Item 308
2.4.6. Anatomo-pathologie
• Le plus souvent de petite taille< 15 mm, unique et bénin. L'insulinome peut être extra-pancréatique dans 2 % des
cas (pancréas aberrant, duodénum, antre, hile de la rate).
• Immunohistochimie : marquage de la tumeur par CGA, synaptophysine, insuline, pro-insuline. Il faut évaluer
l'index mitotique et l'indice de prolifération Ki67 comme pour les autres TNE.
318
• Pour le malade, c'est une situation stressante, marquée par un risque de multiplication d'examens.
• L'évaluation du risque de cancérisation est l'enjeu principal de la stratégie diagnostique. On distingue:
- des lésions sans risque de dégénérescence ou avec un risque négligeable (pseudokyste, cystadénome séreux,
kystes congénitaux, kystes rétentionnels);
- des lésions à risque de dégénérescence faible (TIPMP des canaux secondaires, tumeur endocrine kystique);
- des lésions à risque de dégénérescence élevé (cystadénome mucineux, TIPMP du canal principal). Les lésions
sécrétant de la mucine (cystadénome mucineux, TIPMP) sont les plus à risque;
- et des tumeurs kystiques dégénérées (cystadénocarcinome).
• Prise en charge diagnostique
- anamnèse: consommation d'alcool, antécédents de pancréatites aiguë ou chronique;
- examens morphologiques (TDM, IRM, écho-endoscopie).
• Diagnostic différentiel
Les pseudo-kystes pancréatiques compliquant des pancréatites aiguës ou chroniques ne dégénèrent jamais ; en
leur faveur: sexe masculin, facteurs de risque, aspect de la lésion kystique mais surtout du pancréas (parenchyme
et canaux pancréatiques).
319
Item 308
320
Figure 6. Kyste mucineux non dégénéré du corps (TDM injecté; IRM en coupe coronale et T2 FS;
échoendoscopie) : lésion unique, parois fines, sans cloisons ni bourgeon endokystique (flèches)
3.3.3. TIPMP
• Il survient vers 65 ans et touche les 2 sexes.
• Ce sont des lésions fréquentes, survenant jusqu'à 2 % des adultes et plus de 10 % des personnes� 70 ans.
• 50 % des TIPMP sont de découverte fortuite lors d'une imagerie et moins d'un tiers sont révélés par une pancréa
tite aiguë. Révélation possible par des douleurs solaires, une stéatorrhée, un diabète, voire des signes cliniques de
tumeur maligne.
321
Item 308
3.3.3.1. Imagerie
Scanographie avec injection de produit de contraste, IRM et écho-endoscopie, ponction peu contributive.
• Objectifs : mettre en évidence:
- la communication entre le kyste et un canal pancréatique;
- la présence ou non de bourgeons (= cancer);
- le caractère multiple ou multifocal de l'atteinte canalaire: caractéristique, surtout au niveau du crochet et de
la queue du pancréas;
- des calcifications, présentes dans 10 à 15 % des cas.
• Résultats d'imagerie :
- Atteinte du canal pancréatique principal (Figure 7) :
► dilatation du canal de Wirsung > 3 mm, pathognomonique si > 15 mm, augmentant vers la papille
(accumulation du mucus dans le sens du flux);
► sans image de sténose;
► atteinte diffuse ou segmentaire;
► atrophie parenchymateuse dans 1/3 des cas.
322
Figure 8. IRM d'une TIPMP : dilatations des canaux secondaires de la tête (flèches)
- Au total:
► atteinte isolée du canal principal rare ;
► atteinte des canaux secondaires : 30 % des cas ;
► atteintes du canal principal et des canaux secondaires : > 2/3 des cas.
• L'endoscopie visualise une béance papillaire avec écoulement pathognomonique de mucus.
• L'écho-endoscopie confirme la communication entre les canaux secondaires ectasiques et le canal de Wirsung.
Elle recherche des nodules muraux (dégénérescence) et fait le diagnostic différentiel avec des bouchons de mucus.
323
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 308:
« TUMEURS DU PANCRÉAS»
-
d'un examen diagnostique dépistage. Le CA 19.9 est le moins mauvais marqueur diagnostique
et pronostique.
231. Demande d'un examen d'imagerie Le scanner thoraco-abdominopelvien est effectué en première
-- intention. Le TEP-TDM ne se demande jamais en 1ère intention.
198. Cholestase Le diagnostic de cholestase repose sur l'augmentation des
phosphatases alcalines qui constitue l'élément clé du diagnostic
de cholestase. L'augmentation de la bilirubine conjuguée,
responsable de l'ictère, évoque une obstruction biliaire.
Cliniquement, la présence d'une grosse vésicule évoque un cancer
- - - -- de laJ_ête du Pjncréas. - -- - -
224. Découverte d'une anomalie abdominale à Pour un examen du pancréas par scanographie, les critères
l'examen d'imagerie médicale qualité (3 temps, sans injection, artériel et portal, coupes fines,
injection d'iode) ont une importance majeure pour la performance
diagnostique, d'où l'importance de renseigner la demande de
scanner en indiquant la suspicion clinique de cancer du pancréas.
Piège : il ne faut pas biopsier une tumeur résécable chez un
patient opérable. C'est une perte de temps inutile et un risque
-- --- - - potentiel. - -- -----
324
-
325
Item 309
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u_ m
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_ _
(HAPITRE�_T ______
Rang' Rubrique - --
- - -- -- --- - - - -
Intitulé
- - - - -- --- --
B Définition Principaux types histologiques des cancers broncho-pulmonaires
B Prévalence, épidémiologie Epidémiologie descriptive
A Etiologie Connaître les principaux facteurs de risque professionnels et environnementaux
A Diagnostic positif Connaître les circonstances de découverte et les manifestations cliniques des
tumeurs du poumon (y compris syndromes paranéoplasiques)
A Diagnostic positif Connaître la démarche diagnostique devant une tumeur du poumon
B Définition Particularités du cancer à petites cellules
B Examens complémentaires Connaître les examens d'imagerie et leurs indications dans l'exploration d'une
tumeur primitive du poumon
A ½ Contenu multimédia Exemple de radiographie de face d'un adénocarcinome pulmonaire
B
Exemple de TDM thoracique en fenêtre parenchymateuse d'une tumeur
� Contenu multimédia
primitive du poumon
A Examens complémentaires Connaître les principales investigations à visée diagnostique d'un cancer
bronchique
A Prise en charge Connaître les principes de la prise en charge d'une tumeur primitive ou
secondaire
326
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Le cancer du poumon, ou cancer bronchique primitif, est la première cause de mortalité par cancer en France, en
Europe et dans le monde.
• Le tabagisme est le principal facteur de risque, mais des cancers bronchiques surviennent en nombre croissant
chez des non-fumeurs.
• On sépare les cancers bronchiques en cancers non à petites cellules, les plus fréquents, et en cancers à petites
cellules dont les stratégies thérapeutiques diffèrent.
• L'obtention du type microscopique précis est indispensable au choix du traitement; la recherche de mutations
conductrices, relevant de traitements spécifiques, est obligatoire en cas d'adénocarcinome métastatique. L'évalua
tion du marquage PDL-1 est également indispensable pour guider une éventuelle immunothérapie.
• 40 % des cancers du poumon sont localisés au thorax au diagnostic et relèvent d'une stratégie à visée curatrice, par
chirurgie ou association chimio-radiothérapie concomitante.
• 60 % des cancers du poumon sont métastatiques au diagnostic.
• Il est indispensable d'encourager et d'accompagner le sevrage tabagique en prévention primaire.
• La poursuite du tabagisme, après traitement, majore le risque de complications des traitements, augmente le
risque de second cancer et diminue la survie.
• Le poumon est un site privilégié pour la dissémination métastatique de nombreux cancers. Les stratégies diagnos
tiques et thérapeutiques dépendent du tableau clinique et de la localisation du cancer primitif.
s Epidémiologie
;
1.
• Il représente 12 % des cas incidents et 20 % de la mortalité par cancer (25 % chez l'homme, 15 % chez la femme).
• C'est encore une maladie majoritairement masculine (67 % des cas incidents et 69 % des décès surviennent chez
l'homme) mais la proportion de femmes atteintes augmente régulièrement, alors que la tendance est à la stabilité
de l'incidence et à la diminution de la mortalité chez l'homme (Figure 1).
• D'une façon générale, l'incidence du cancer bronchique est élevée dans les pays à forte consommation taba
gique alors que, au contraire, elle décroit dans les pays où les campagnes anti-tabac ont été instituées précocement
(États-Unis, Grande-Bretagne). L'augmentation de l'incidence et de la mortalité est particulièrement marquée
dans les pays émergents où l'épidémie tabagique s'est installée récemment (par exemple, plus d'un tiers des cas
incidents est survenu en 2012 en Chine).
• En France, l'âge médian au diagnostic était, en 2018, de 67 ans chez l'homme et 65 ans chez la femme. L'intro
duction des nouveaux traitements (thérapies ciblées, notamment) se traduit (enfin) par une amélioration de la
survie, déjà démontrée pour les cancers non à petites cellules : la survie à 2 ans est passée, chez l'homme, de 26 %
à 35 % de 2001 à 2014 et, chez la femme, de 35 % à 44 %. L'effet indéniable de l'immunothérapie n'est pas encore
mesuré. Cette amélioration de la survie se traduit par une augmentation de la prévalence.
327
Item 309
• L'initiation précoce du tabagisme (qui provoque des cancers chez des malades jeunes) associée à la prise en
charge de sujets âgés a entraîné un étalement important de la pyramide des âges des patients traités.
60
50
40
30
20
10
0
1980 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2018
-Mortalité hommes -Incidence femmes -Mortalité femmes
-incidence hommes
Le tabagisme est la principale cause des cancers du poumon. La fraction des décès par cancer du poumon
attribuable au tabagisme était, en France en 2015, de 88 % chez l'homme et 67 % chez la femme.
• La fumée de tabac contient plus de 7000 composants chimiques dont plus de 60 sont reconnus comme can
cérigènes (notamment les hydrocarbures polycycliques aromatiques, dont le benzo(a)pyrène, les nitrosamines
spécifiques de la fumée de tabac, le benzène, le formaldéhyde et des composés radioactifs, comme le polonium).
Ces composants de la fumée de tabac contribuent à la carcinogenèse par de multiples voies, incluant la liaison à
l'ADN et la survenue de mutations, l'inflammation, le stress oxydatif, la survenue de modifications épigénétiques.
• C'est la combustion du tabac et l'inhalation de la fumée, rendue possible grâce à l'introduction au _xxe siècle des
cigarettes manufacturées, qui est responsable de l'épidémie de cancers du poumon.
• Le risque relatif de cancer du poumon associé au tabagisme est considérable, évalué selon les études entre 10
et 20, par rapport au risque du non-fumeur (qui est défini comme ayant fumé moins de 100 cigarettes au cours
de la vie), par convention égal à 1 (or, passer d'un risque relatif de 1 à 2 signifie augmenter le risque de 100 %). Le
risque augmente de façon linéaire avec la consommation quotidienne (ou cumulée, exprimée en paquets-années)
mais surtout de façon exponentielle avec la durée du tabagisme (Figure 2); de ce fait, même une consommation
quotidienne « faible », mais étalée sur une longue durée, expose le fumeur au risque de cancer du poumon. Il n'y
a pas de seuil de consommation en dessous duquel le tabagisme serait sans risque.
• Le sevrage tabagique est bénéfique à tout âge mais le risque ne revient jamais au niveau de celui des non-fumeurs.
328
Figure 2. Les déterminants du risque de cancer bronchique associé au tabagisme.
A: la consommation quotidienne ou cumulée, B: la durée d'exposition au risque
RR RR
0 10 15 20 20 30 40 50 60 70
Le rôle cancérigène du tabagisme involontaire, ou tabagisme passif, est reconnu dans la survenue de
cancers du poumon chez les non-fumeurs. L'exposition passive à la fumée de tabac augmente le risque de
cancer du poumon d'environ 25 % (risque relatif= 1,25). Le tabagisme passif serait responsable d'environ 25 %
des cancers du poumon du non-fumeur.
Globalement, on estime - sans préjuger de la consommation tabagique des malades - que 10 % des cancers
du poumon chez l'homme et 5 % chez la femme seraient attribuables à une exposition à un ou plusieurs
parmi 8 produits cancérigènes (amiante, arsenic, béryllium, cadmium, chrome hexavalent, composés du
nickel, silice cristalline et fumées diesel).
• En France, l'estimation est de 11 % des cancers de l'homme et 4 % des cancers de la femme qui seraient d'ori
gine professionnelle (quel que soit par ailleurs le tabagisme des malades).
• La participation de ces expositions professionnelles (qui donnent droit à réparation au titre des maladies
professionnelles) est sous-estimée, notamment du fait du rôle confondant du tabagisme souvent associé. Elle
justifie un interrogatoire professionnel systématique lors du diagnostic de tout cancer bronchique.
329
Item 309 '
Les cancers du poumon sont séparés en cancers bronchiques non à petites cellules (qui représentent 85 % des
cas) et cancers bronchiques (neuro-endocrines) à petites cellules (15 %).
• Les cancers bronchiques non à petites cellules doivent eux-mêmes être distingués entre adénocarcinomes
(50 % de la totalité des cancers) et cancers épidermoïdes (25 %). Cette distinction a une importance prédictive
de la réponse au traitement (le pémétrexed est contre-indiqué dans les cancers épidermoïdes ; les mutations de
l'EGFR et les translocations ALK sont plus fréquentes dans les adénocarcinomes) et de sa toxicité (le bévacizumab
est contre-indiqué dans les tumeurs épidermoïdes).
• L'appellation carcinome à grandes cellules doit être réservée aux pièces opératoires où la tumeur est suffi
samment échantillonnée pour exclure toute différentiation (en adénocarcinome ou épidermoïde) ; dans le cas
des prélèvements biopsiques, c'est l'acronyme NSCLC-NOS (non small cell lung cancer - not otherwise specified)
qui doit être employé.
• L'immunohistochimie permet le plus souvent, associée à l'aspect morphologique, la distinction entre adé
nocarcinome et épidermoïde. Le marquage de la tumeur par le TTFl signe l'adénocarcinome bronchique; le
marquage par p40 (les marqueurs p63 et cytokératine 5/6 sont moins spécifiques) signe le cancer épidermoïde.
En l'absence de signature morphologique conventionnelle, une tumeur positive pour TTFl et négative pour
p40, est classée comme cancer bronchique non à petites cellules, en faveur d'un adénocarcinome; une tumeur
positive pour p40 et négative pourTTFl, est classée comme cancer bronchique non à petites cellules, en faveur
d'un carcinome épidermoïde. Lorsque tous les marqueurs sont positifs, le cancer est dit adénosquameux.
Lorsque tous les marqueurs sont négatifs, la tumeur est considérée comme un carcinome à grandes cellules.
• La recherche par immunohistochimie de l'expression de PD L-1 (programmed death ligand 1) sur les cellules
tumorales doit être systématique pour tous les cancers non à petites cellules (épidermoïdes et adénocarci
nomes) de stade avancé ou métastatique.
330
2.1.2. Adénocarcinome
• La plupart des adénocarcinomes sont diagnostiqués en périphérie du poumon (ils sont donc souvent inacces
sibles à l'exploration par fibroscopie bronchique et leur diagnostic repose sur la ponction sous scanner).
• La classification des adénocarcinomes sépare des lésions pré-invasives, avec invasion minime et invasives
(Tableau 1).
Tableau 1. CLASSIFICATION DES ADÉNOCARCINOMES - - - -
• Lésions pré-invasives
- Hyperplasie adénomateuse atypique
-Adénocarcinome in situ (AIS::; 3 cm)
► Non mucineux
► Mucineux
• Adénocarcinome avec invasion minime (AIM::; 3 cm): tumeur à prédominance lépidique mais présentant une zone
invasive::; 5 mm
• Adénocarcinome invasif
-À prédominance lépidique
-À prédominance acinaire
-À prédominance papillaire
-À prédominance micro-papillaire
-À prédominance solide
• L'adénocarcinome in situ mesure moins de 3 cm dans son grand axe et a une croissance purement lépidique (le
long des parois alvéolaires), donnant au scanner une image en verre dépoli pur (Figure 3). Plusieurs adénocarci
nomes in situ sont souvent reconnus de façon synchrone ou métachrone.
• L'adénocarcinome avec invasion minime présente le même aspect en verre dépoli de moins de 3 cm de grand
axe mais contient un composant solide de moins de 5 mm (Figure 4).
• Un adénocarcinome est invasif dès qu'existe au moins une zone solide de plus de 5 mm. Il doit être classé selon
son sous-type prédominant : lépidique, acinaire, papillaire, micro-papillaire ou solide prédominant. Plusieurs
sous-types sont habituellement présents dans la même tumeur et leur proportion respective doit être indiquée
dans le compte-rendu; ceci doit permettre, en cas de tumeurs multiples synchrones ou métachrones, de distin
guer des carcinomes indépendants les uns des autres par rapport à des métastases d'un cancer primitif unique.
331
Item 309
• Il existe une corrélation entre le sous-type de l'adénocarcinome et la survie marquée par des catégories de pro
nostic favorable (carcinome in situ, avec invasion minime ou lépidique prédominant), intermédiaire (acinaire,
papillaire) ou plus péjoratif (micro-papillaire et solide).
• Le marquage par les cytokératines 7 et 20 peut parfois aider à la distinction entre un adénocarcinome bron
chique primitif (CK7+, CK20-) ou métastatique d'une tumeur digestive (CK7-, CK20+).
Figure 4. Adénocarcinome avec invasion minime (zone invasive - solide - de moins de 5 mm,
au sein d'une plage en verre dépoli< 3 cm)
332
2.1.4.2. Carcinome bronchique neuro-endocrine à grandes cellules
• Ils ont une morphologie neuro-endocrine mais des caractéristiques cytologiques de cancer non à petites cel
lules (cellules de grande taille, cytoplasme abondant). Ils expriment en immunohistochimie les marqueurs neuro
endocrines. Les zones de nécrose sont étendues.
• L'index mitotique est élevé (au minimum, 10 mitoses/2 mm2 , en moyenne supérieur à 60 mitoses/ 2 mm2 ).
• L'index de prolifération, évalué par le marquage immunohistochimique de l'antigène Ki-67, est également élevé,
le plus souvent entre 40 et 80 %.
Ils partagent avec les cancers à petites cellules la plupart de leurs caractéristiques biologiques et évolutives
agressives et sont généralement traités comme eux.
Elles représentent moins de 1 % des tumeurs bronchiques et ne sont pas associées au tabagisme.
• On distingue :
- les tumeurs carcinoïdes typiques qui ont moins de 2 mitoses/ 2 mm2 et pas de nécrose. Elles mesurent plus
des mm;
- les tumeurs carcinoïdes atypiques qui ont de 2 à 10 mitoses/ 2 mm2 et / ou des foyers de nécrose.
• Il n'y a pas de continuum évolutif entre les différentes tumeurs neuro-endocrines (les tumeurs carcinoïdes ne
sont pas les précurseurs des tumeurs neuro-endocrines de haut grade de malignité, carcinomes bronchiques à
petites cellules et carcinomes neuro-endocrines à grandes cellules).
333
Item 309
334
Tableau 2. CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE D'UN CANCER DU POUMON
Symptômes respiratoires • Toux
• Hémoptysie
• Dyspnée
• Expectoration purulente
• Pneumopathie aiguë
335
Item 309
Tous les signes en rapport avec une extension loco-régionale éliminent d'emblée un recours chirurgical, à
l'exception parfois de l'envahissement pariétal.
Ils peuvent précéder l'apparition radio-clinique du cancer et doivent inciter à ne pas relâcher la surveillance
chez les patients à risque. Ils peuvent évoluer ensuite pour leur propre compte indépendamment du cancer
primitif.
• Certains se rencontrent plus fréquemment dans les cancers bronchiques non à petites cellules :
- Hippocratisme digital d'apparition récente ou, plus rarement, tableau complet de l'ostéoarthropathie
hypertrophiante pneumique - OAHP - associant un hippocratisme digital, des douleurs des articulations
des membres (prédominant sur les segments distaux) et radiologiquement une périostose engainante à ne pas
confondre avec des métastases osseuses (liseré radio-opaque doublant la corticale osseuse au niveau des os
longs) ;
- Hypercalcémie le plus souvent secondaire à une lyse osseuse métastatique, plus rarement par production
tumorale d'un peptide PTH-like, parfois symptomatique (nausées, douleurs abdominales, polyurie, syndrome
confusionnel) ;
- Dermato-polymyosite.
• D'autres sont plus évocateurs du cancer bronchique à petites cellules:
- Syndrome de sécrétion inappropriée de l'hormone anti-diurétique - SIADH - (ou syndrome de Schwartz
Bartter: hyponatrémie avec natriurèse conservée) ;
- Syndrome de Cushing (plus souvent biologique que clinique) ;
- Syndromes neurologiques auto-immuns: pseudo-myasthénie de Lambert-Eaton, neuropathie périphérique
sensitivo-motrice, polyoencéphalomyélite subaiguë du syndrome anti-Hu avec dégénérescence cérébelleuse et
neuropathie périphérique, etc. ;
- Gynécomastie.
336
• Les syndromes hématologiques s'observent quelquesoit le type histologique du cancer bronchique : anémie,
hyperleucocytose, thrombocytose, état d'hypercoagulabilité.
• Il comprend au minimum :
- un bilan de la fonction rénale pour permettre l'injection de produit de contraste;
- un bilan d'hémostase (NFS-plaquettes, TP-TCA) pour permettre les prélèvements biopsiques;
aucun dosage des marqueurs tumoraux n'est indiqué pour le diagnostic (ou l'évaluation
pronostique) du cancer du poumon.
Il peut être complété par un bilan hépatique, un dosage de la calcémie et de l'albuminémie.
337
Item 309
338
3.4.2. Tomodensitométrie thoracique (TOM)
• En cas de forte suspicion de cancer du poumon, le scanner est l'examen de référence.
• Il doit être pratiqué avant la fibroscopie bronchique qu'il va guider.
• L'examen tomodensitométrique doit être réalisé selon une technique rigoureuse : acquisition spiralée volu
mique des apex aux glandes surrénales incluses, coupes fines avec fenêtres parenchymateuses et médiastinales,
injection de produit de contraste iodé afin de visualiser correctement les structures médiastinales, les éventuelles
adénopathies et la prise de contraste d'une opacité tumorale. Les fenêtres osseuses doivent être regardées.
• Il permet de préciser l'aspect ( un aspect spiculé est en faveur de la malignité) (Figure 8), la taille, la densité, le
raccordement éventuel à la paroi (Figure 9) d'une image radiologique anormale présumée tumorale.
• Il peut mettre en évidence des anomalies associées (emphysème, fibrose, calcifications coronaires, etc.).
• L'examen scanographique permet également la détection des quelques petites tumeurs à radiographie normale
ou sub-normale et peut dans certains cas guider la stratégie diagnostique.
Figure 9. Tumeu r lobaire supérieure dro ite, spiculée et présentant des raccordements pleuraux.
Adénopathie de la loge de Baréty {latéro-trachéale droite)
339
I
Item 309
340
e 4. Les examens d'imagerie et leurs indications
dans l'exploration d'une tumeur primitive du poumon
{bilan pré-thérapeutique)
C'est une étape essentielle de la prise en charge des cancers bronchiques car les modalités du traitement
dépendent, outre de la nature non à petites cellules (et, au-delà, du type épidermoïde ou adénocarcinome) ou à
petites cellules du cancer, de paramètres essentiels que sont l'extension du cancer, l'état général et les comorbidités
du malade (Tableau 3).
Figure 10. Fracture sur métastase de la 6• côte droite et métastase sur la 6° côte gauche
341
·
Item 309
342
• Toute image métastatique apparemment isolée doit faire l'objet d'une preuve histologique.
• La réalisation d'un bilan exhaustif est inutile en cas de tumeur d'emblée métastatique puisque sans incidence
thérapeutique. En particulier, un TEP-TDM n'est pas recommandé en cas de tumeur d'emblée métastatique sur
l'examen tomodensitométrique. Le bilan est alors fonction de la symptomatologie (par exemple, une scintigraphie
peut être demandée en cas de localisation osseuse si son résultat peut conduire à un changement de traitement).
La classification TNM des cancers bronchiques ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item
et ces informations sont données à titre indicatif.
• Au terme de ce bilan, le cancer est classé dans un stade cTNM (clinical TNM) (Tableaux 4 et S), ce qui autorise
la présentation du dossier en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
• Les cancers bronchiques à petites cellules sont classés selon le même TNM que les cancers bronchiques
non à petites cellules. Cependant, l'usage est de distinguer les cancers localisés (définis comme incluables
dans un protocole de radiothérapie) et les cancers disséminés (non irradiables).
343
Item 309 �
Î2 Tumeur de plus de 3 cm mais moins des cm et/ou envahissant la plèvre viscérale, envahissant une
bronche souche ou s'accompagnant d'une atélectasie (lobaire ou pulmonaire)
T3 Tumeur de plus des cm et moins de 7 cm ou atteignant la paroi thoracique (ce qui inclut les tumeurs du
sommet), atteignant le nerf phrénique, la plèvre pariétale ou le péricarde ou nodules tumoraux distincts
mais dans le même lobe
M1 Présence de métastase(s) :
M1a atteinte du poumon controlatéral et/ou nodules tumoraux pleuraux ou péricardiques et/ou pleurésie ou
péricardite tumorale
344
B 5. Particularités du cancer bronchique à petites cellules
• Représentant 15 % des cancers du poumon, ils se caractérisent classiquement par:
- une très grande évolutivité locale et métastatique ;
- une présentation clinique souvent « explosive » :
► volumineuses masses ganglio-tumorales médiastinales (syndromes de compression) (Figure 12) ;
► fréquence des syndromes para-néoplasiques.
- une grande chimiosensibilité initiale ;
- mais une évolution rapide avec risque élevé de rechute précoce, notamment cérébrale.
345
Item 309
i , +
Cancer localisé au thorax
Cancer opérable Cancer métastatique
mais inopérable
346
6.1..2. Cancer localisé au thorax mais inopérable
6.1.2.1. Cas général des tumeurs cN2
• Il s'agit essentiellement des cancers classés cN2 par adénopathie médiastinale homolatérale à la tumeur. Ce sont
les situations les plus difficiles en termes de prise de décision
- le traitement fait appel à une association de chimio-radiothérapie concomitante ; celle-ci est suivie d'une
immunothérapie adjuvante par durvalumab qui est administrée pendant un an ;
- certaines de ces tumeurs sont (potentiellement) opérables lorsqu'il y a atteinte d'un seul site ganglionnaire.
L'intervention doit être précédée d'une chimiothérapie d'induction.
6.1.2.2. Cas particuliers des tumeurs T4 et du syndrome de Pancoast-Tobias
• La chirurgie des tumeurs T4 est exceptionnellement possible. L'atteinte pleurale, du tronc de l'artère pulmo
naire, de l'aorte, sont des contre-indications opératoires formelles. Par contre, une résection est parfois possible
en cas d'atteinte limitée des vaisseaux pulmonaires, de la veine cave supérieure (résection et remplacement pro
thétique), de la trachée basse (résection de la carène) et des couches externes de l'œsophage. Un avis orthopédique
et une IRM sont nécessaires en cas d'atteinte d'un corps vertébral ; la chirurgie, très lourde, peut parfois être
envisagée (hémi-corporectomie vertébrale avec ostéosynthèse).
• En cas de tumeur apicale (syndrome de Pancoast-Tobias), le traitement optimal comporte une chimio-radio
thérapie d'induction précédant une exérèse chirurgicale. S'il existe une contre-indication opératoire, la prise en
charge thérapeutique comporte une chimiothérapie associée à une radiothérapie concomitante.
347
Item 309
La surveillance ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données
à titre indicatif.
7. Principes de la surveillance
• L'objectif de la surveillance est de détecter:
- les complications du traitement, précoces (par exemple, aplasie fébrile en cours de chimiothérapie) ou tardives
(par exemple, neuropathie périphérique tardive liée au cisplatine);
- la survenue de poussées évolutives du cancer (hypothèse dont il est préférable que le malade ait été d'emblée
prévenu);
- la survenue d'un second cancer lié au tabagisme.
348
• Il n'y a pas de consensus sur les modalités et la durée de cette surveillance. Chez les patients traités à visée cura
tive, la majorité des rechutes survient dans les deux années suivant le diagnostic.
• Les marqueurs tumoraux sanguins n'ont aucune utilité pour le suivi et ne doivent pas être prélevés.
• Chez les patients qui ont été traités à visée curative, l'obtention du sevrage tabagique est impérative.
349
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 309:
« TUMEURS DU POUMON, PRIMITIVES ET SECONDAIRES»
351
ÎUMEURS DU POUMON, PRIMITIVES ET SECONDAIRES
Item 310
CHAPITRE ► -T _u _m _e _ _
u r _ s _d_ e_ l a_ p _r _o_s _ta _t_e____ _
··········------------------------------------------------------------------------------------------------------·
1. Connaître l'épidémiologie du cancer de la prostate 6. Évolution et pronostic
1.1. Données épidémiologiques générales 6.1. Pronostic des formes localisées de cancer de la prostate
1.2. Connaître les principaux facteurs de risque du cancer de 6.2. Diagnostic de rechute après traitement local
la prostate 6.3. Pronostic des formes en rechute biochimique de cancer
2. Connaître l'axe oncogénique majeur (l'axe du récepteur de la prostate
des androgènes) et le mode d'extension du cancer de la 7. Diagnostics différentiels
prostate 8. Connaissances générales sur les modalités de prise
2.1. Oncogenèse et rôle du récepteur des androgènes en charge des stades localisés de cancer de la prostate
2.2. Histoire naturelle 8.1. Les armes thérapeutiques et leurs effets secondaires
3. Connaître les grandes présentations cliniques du cancer de 8.2. Les indications de traitement des formes localisées
la prostate 9. Approches thérapeutiques des rechutes biochimiques
3.1. Les signes fonctionnels de cancer de la prostate
3.2. l'examen clinique 10. Connaissances générales sur les modalités de prise en
4. Connaître les examens paracliniques de première intention charge des stades métastatiques de cancer de la prostate
devant une suspicion de cancer de la prostate, les règles 10.1. Les armes thérapeutiques des formes métastatiques et
de bon usage du dosage du PSA et les modalités du bilan leurs effets secondaires
d'extension 10.2. Les indications de traitement des formes métastatiques
4.1. Les biopsies de la prostate écho-guidées non prétraitées par hormonothérapie
4.2. Anatomo-pathologie - score histopronostique de Gleason 11. Approches thérapeutiques des formes métastatiques de
4.3. Un marqueur majeur: le PSA cancer de la prostate devenues résistantes à la castration
5. Bilan d'extension 11.1. Les armes thérapeutiques des formes résistantes à la
5.1. Les examens classiques du bilan d'extension castration et leurs effets secondaires
5.2. Les imageries de nouvelle génération 11.2. Les indications de traitement des formes métastatiques
5.3. Les indications actuelles du bilan d'extension résistantes à la castration
métastatique
5.4. La classification TNM
352
Rang 1 Rubrique 1 Intitulé
B Définition Connaître les principales lésions bénignes (hyperplasie prostatique bénigne) et
malignes (adénocarcinome) de la prostate.
B Prévalence, épidémiologie Connaître l'épidémiologie du cancer de la prostate : rang de classement par
rapport aux principaux cancers, incidence, prévalence, mortalité, âge du pic de
fréquence, éléments pronostiques.
A Étiologie Connaître les principaux facteurs de risque du cancer de la prostate. Savoir qu'il
n'y a pas de chimio-prévention.
B Éléments Connaître le mode d'extension du cancer de la prostate: extension locale,
physiopathologiques principales voies lymphatiques et sites de dissémination métastatique.
A Diagnostic positif Connaître les grandes présentations cliniques du cancer de la prostate.
Savoir que la plupart des cancers de la prostate sont asymptomatiques.
Savoir suspecter un cancer de la prostate dans sa forme avancée devant un
tableau de rétention urinaire, d'insuffisance rénale, de métastases osseuses
diffuses. Savoir que l'hémospermie n'est pas un signe de cancer de la prostate.
A Examens complémentaires Connaître les examens paracliniques de première intention devant une
suspicion de cancer de la prostate et les règles de bon usage et de pertinence
du dosage de PSA pour le diagnostic individuel précoce.
B Prise en charge Connaissances générales sur les différentes prises en charge au stade localisé.
Connaître les modalités:
• d'abstention-surveillance active chez les patients fragiles et son bénéfice/
risque,
• de prostatectomie radicale et son rapport bénéfice/risque,
• de radiothérapie externe et son rapport bénéfice/risque,
• de prise en charge par curiethérapie interstitielle et son bénéfice/risque,
L'hormonothérapie peut être associée au traitement local dans certaines
situations.
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Le cancer de la prostate est le premier cancer masculin en France. Du fait de son évolution portant souvent sur
des décennies, des centaines de milliers de patients vivent avec un cancer de la prostate en France, si bien que tout
médecin sera amené à prendre en charge au moins l'un d'entre eux.
353
'
Item 310
354
Figure 1. Cancer de la prostate: rôle majeur de l'axe du récepteur des androgènes
ACTH / \ LH , FSH
Ablra(é,o,e �
_
__ _ _ � _ _ _
1
r
J (__ _ resticules
_
_ _ _ _ _ _
_
Cast,atloa chlru,,Ocale
Te stostérone +++
Bicalutamide) et autres androgènes
i:...J-&•
Secrétion
« autocrine »
Réce pteur
des a,dmgèaes & /
Abiratérone
Cellule de cancer
de la prostate
.. Résistance à l'apoptose
Prolifération tumorale
► 358
355
ÎUMEURS DE LA PROSTATE
Item 310
356
• Le nombre de biopsies recommandé est de 12: 2 à la base, 2 à la partie moyenne et 2 à l'apex dans chacun des
deux lobes de la prostate. Elles sont réalisées en consultation par voie transrectale, sous guidage échographique,
sous anesthésie locale (Figure 2). Une antibioprophylaxie et un lavement rectal doivent être réalisés avant le geste.
Les 12 biopsies doivent être complétées par des biopsies ciblées sur une lésion visible en IRM.
• La réalisation des biopsies peut être source de complications: douleurs pelviennes, rétention d'urine, rectorragie,
hémospermie, hématurie (en particulier en présence d'un traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire),
prostatite aiguë (2 % des biopsies) pouvant se compliquer d'une septicémie et exceptionnellement d'un décès.
• Sur les biopsies: le score de Gleason est obtenu en additionnant le grade le plus représenté+ le grade le plus élevé.
• En cas de prostatectomie, le score de Gleason est obtenu en additionnant les deux grades les plus représentés.
• S'il n'y a qu'un grade présent, il est doublé (3+3, 4+4, 5+5).
Le score de Gleason 6 (3+3) correspond au cancer le plus différencié et est associé à un excellent pronostic
(presque aucun décès).
Le score de Gleason 10 (5+5) correspond au cancer le moins différencié et est associé au pronostic le plus grave
(il est presque systématiquement létal).
Le score 7 se divise en 3+4 (lorsque le grade 3 est prédominant) ou 4+3 (lorsque le grade 4 est prédominant) ayant
une agressivité différente. De manière plus générale, la présence d'un grade 4 prédominant ou d'une grade 5 signe
une tumeur agressive.
► ]60
357
ÎUMEURS DE LA PROSTATE
Item 310
Adénocarcinome prostatique
Grade histologique Somme des 2 contingents les plus
représentés :
Grade contingent A
+ Grade contingent B
= Score de Gleason
Importance pronostique ++
358
• Le PSA est un marqueur de pathologies prostatiques, son taux sérique augmente en cas de :
- cancer de la prostate;
- prostatite;
- hypertrophie bénigne de la prostate(à moindre degré).
• Lorsqu'il existe une suspicion modérée de cancer(par exemple TR normal, PSA peu élevé entre 4 et 10 ng/mL), le
rapport PSA libre/total peut orienter la décision de réaliser ou non des biopsies :
- un rapport PSA libre/PSA total bas( < 15-20 %) est en faveur d'un cancer(ou d'une prostatite);
- un rapport élevé(> 25 %) est en faveur d'une hypertrophie bénigne.
• En cas de diagnostic de cancer de la prostate, le taux du PSA est corrélé à la présence de métastases (un taux
> 15-20 ng/mL doit faire pratiquer un bilan d'extension).
-- -
Dépistage
-
Situation clinique
- -- -- - ___l__
+
Utilité
-
Commentaire
- -
Très controversé
-
Pronostic/stadification ++ Utile
Surveillance après traitement local ++++ Très utile
(guérison/rechute)
Réponse aux hormonothérapies ++++ Très utile
Très variable
Réponse aux autres traitements systémiques ++
Dépend du traitement
Le dilemme du dépistage :
• L'emploi du PSA comme outil de dépistage fait l'objet d'un débat intense depuis 20 ans. Trois essais randomi-
sés ont testé la question:
l'essai américain PLCO est ininterprétable;
l'essai européen ERSPC (160 000 hommes) montre une réduction significative du risque relatif de décès
par cancer de la prostate de 29 % (il faut dépister 37 cancers pour sauver une vie);
- l'étude de Goteborg (20 000 hommes) montre une réduction significative du risque relatif de décès par
cancer de la prostate de 44 % (il faut dépister 12 cancers pour sauver une vie).
• L'interprétation pratique de ces données reste débattue car:
la mortalité par cancer de la prostate est très faible au cours des 10 premières années de suivi;
- la plupart des cancers mis en évidence par le dépistage sont en fait indolents, si bien que le dépistage
aboutit à un sur-traitement massif.
• À ce jour, aucun système de santé au monde ne recommande de dépistage organisé. La réalisation d'un dosage
(au besoin unique) du PSA vers l'âge de 50 ans pourrait aboutir à une clarification de la situation: le dépistage
ne serait alors poursuivi que pour les hommes ayant déjà à cet âge un taux de PSA au-dessus de la médiane.
359
Item 310
A 5. Bilan d'extension
Cancer de la prostate
Rupture capsulaire
Prostate saine
360
Figure 6. La scintigraphie osseuse: une visualisation indirecte des métastases osseuses
La classification TNM des cancers de prostate ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et
ces informations sont données à titre indicatif.
--
To Tumeur non retrouvée
T1 Tumeur non palpable ni visible en imagerie
361
Item 310 }
Les considérations sur l'évolution et le pronostic des cancers de prostate ne figurent pas dans les objectifs de
connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
..
6. Evolution et pronostic
362
6.2. Diagnostic de rechute après traitement local
• Une élévation du PSA sérique est habituellement le premier signe de rechute qui survient dans environ 30 % des
cas après traitement local.
• Cette rechute biochimique précède le plus souvent de plusieurs années les signes radiologiques ou cliniques
de rechute.
• La définition de la rechute biochimique dépend du traitement local initialement reçu (car la prostate normale peut
continuer de produire un peu de PSA) :
- en cas de traitement initial par radiothérapie ou par curiethérapie, on parle de rechute si le PSA augmente
de plus de 2 ng/mL au-dessus de la valeur la plus basse observée au cours de la surveillance (définition dite
« nadir + 2 ») ;
- en cas de traitement initial par prostatectomie, on parle de rechute lorsque le PSA sérique est > 0,2 ng/mL,
contrôlé à deux reprises.
• En cas de ré-élévation du PSA après traitement local, trois facteurs pronostiques principaux permettent d'identi
fier les rechutes graves :
- un temps de doublement du PSA court ( < 6 mois) ;
- un score de Gleason � 8 ;
- un délai court entre le traitement local et la rechute (< 2 ans).
7. Diagnostics différentiels
• Une élévation du PSA sérique est fréquemment observée en cas de prostatite, parfois à un taux très élevé
(par exemple 50 ng/mL) et, à bien moindre mesure, en cas d'hyp ertrophie bénigne de la prostate (typ iquement
PSA < 10 ng/mL).
• Les symptômes urinaires du cancer de la prostate (pollakiurie nocturne, dysurie) ne sont pas spécifiques et
peuvent en particulier être observés en cas d'hypertrophie bénigne/adénome de la prostate.
• La découverte d'un tableau métastatique osseux ou ganglionnaire n'est bien sûr pas spécifique et une preuve de
l'origine primitive prostatique doit être apportée (biopsie des métastases avec immuno-marquage pour le PSA ou
le récepteur des androgènes par exemple).
363
Item 310
364
• La radiothérapie externe peut aussi être employée à la suite d'une prostatectomie radicale :
- soit comme traitement adjuvant (après chirurgie), en particulier en cas de marge positive significative et/ou
extension extra-prostatique;
- soit, et surtout, comme traitement de rattrapage d'une récidive biologique (augmentation du PSA au-delà
de 0,2 ng/ml). La dose est de 60 Gy (radiothérapie adjuvante) à 66 Gy (radiothérapie de rattrapage) en 6 à 6,5
semaines (2 Gy par jour). Une technique de RCMI est recommandée. Les volumes irradiés sont la loge de
prostatectomie et, au cas par cas, les aires ganglionnaires pelviennes.
• Les effets secondaires de la radiothérapie peuvent être :
- précoces : dysurie, pollakiurie et accélération du transit en cours d'irradiation, asthénie modérée. Une
majoration des fuites urinaires peut se voir en cas d'irradiation adjuvante après prostatectomie radicale. Ces
symptômes régressent habituellement dans les 3 semaines suivant la fin du traitement.
- tardifs : ils apparaissent plusieurs mois à plusieurs années après le traitement et sont définitifs : dysurie
chronique, rectite sous forme de traces de sang dans les selles, troubles de l'érection, cystite hémorragique. Les
traces de sang dans les selles (5 à 10 % des patients) imposent la réalisation d'une exploration endoscopique afin
d'éliminer une autre pathologie (tumeur du rectum).
8.1.2. La curiethérapie
• La curiethérapie (Figure 9) consiste à implanter dans la prostate des sources radioactives sous anesthésie
générale ou rachianesthésie. On distingue la curiethérapie à bas débit utilisant des sources permanentes (laissées
en place) d'iode 125 et la curiethérapie à haut débit (HDR) utilisant des sources temporaires (retirées à la fin du
traitement) d'iridium 192. Les sources sont implantées sous contrôle échographique au bloc opératoire. La curie
thérapie est principalement utilisée comme un traitement exclusif du cancer de la prostate mais peut aussi être
associée à de la radiothérapie externe.
• Les effets secondaires de la curiethérapie sont essentiellement urinaires: pollakiurie et dysurie, rarement rétention
aiguë d'urine. Les effets tardifs possibles sont la persistance d'une dysurie, une rectite radique (moins de 5 %) et
des troubles de l'érection, moins fréquente (25-30 %) qu'après chirurgie ou radiothérapie externe.
365
Item 310
Vessie
•
Uretère
D'après : Dr Patrick Walsh's Guide te Surviving prostate Cancer by Patrick C. Walsh M.D and Janet Farrar Worthington
illustration by Dan Ion The Wall street Journal
366
de biopsies anticipées. L'augmentation du nombre ou de la longueur de biopsies positives ou l'apparition d'un
Grade 4 de Gleason justifient un traitement à visée curative.
Options:
Options:
- Surveillance active Options:
- Prostatectomie
- Curiethérapie - Radiothérapie
- Radiothérapie
- (Radiothérapie) + Hormono 3 ans
(+ hormono 6 mois)
- (Prostatectomie)
367
ÎUMEURS DE LA PROSTATE
Item 310
• Pour les cancers de faible risque, la surveillance active doit être proposée chaque fois qu'elle est possible et
indiquée. En cas de nécessité d'un traitement à visée curative, il est proposé soit une curiethérapie, soit une radio
thérapie externe, soit une prostatectomie radicale. La curiethérapie est privilégiée chez les patients souhaitant
conserver une activité sexuelle et/ou éviter les fuites urinaires. La prostatectomie est plus volontiers proposée à
des patients présentant des symptômes urinaires. Les trois traitements ont des taux de succès de 90 à 95 % à 5 ans.
• Pour les cancers de risque intermédiaire, un traitement s'impose. Les deux traitements de référence sont la
prostatectomie radicale et la radiothérapie externe. La radiothérapie externe est le plus souvent associée à une
hormonothérapie de 6 mois.
• Pour les cancers de haut risque, le traitement de référence est l'association d'une radiothérapie externe à une
hormonothérapie de 18 mois à 3 ans. La prostatectomie radicale peut éventuellement être discutée dans le cadre
d'une prise en charge multidisciplinaire (en association à une hormonothérapie et une radiothérapie), dans des
cas sélectionnés, notamment chez des sujets jeunes.
.' - - - - . - . . - . - .. . . - . - - . . - - . - - - - . - . - - . . . . - . . - - . - - - - - - - . - - - - - . - - - - - - - . - . - . . - - . . - - - . - . - - . - - - - - - - - . . - - . - - - - - . - . - - - - - - - . - - - - - . - - - - . . - - . - . - - . - - . - - - . - - - . - - - . - - - - - - .. - '.
Quel que soit le niveau de risque, plusieurs règles sont indispensables à respecter:
le patient doit bénéficier d'une information éclairée et honnête des différentes alternatives
thérapeutiques adaptées à son cas, ainsi que de leurs effets secondaires;
- le dossier doit être présenté et discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire;
- la décision thérapeutique doit être prise dans le cadre d'une discussion avec le patient afin de prendre
en compte ses attentes et souhaits;
les patients âgés (> 70 ans) doivent bénéficier d'un test G8 et si nécessaire d'une consultation
oncogériatrique avant décision thérapeutique.
• Après traitement local, la surveillance repose sur la clinique et le dosage du PSA (habituellement semestriel).
• Les examens radiologiques ne sont effectués qu'en cas d'anomalie clinique ou de rechute biochimique (PSA).
Les modalités et indications thérapeutiques des formes avancées ou en rechute des cancers de prostate ne
figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
368
10. Modalités de prise en charge des stades
métastatiques de cancer de la prostate
369
Item 310
CIi
C
,(Il
CIi
"C
><
:::,
IO
1-
Temps
2-3 semaines
Co-prescription systématique d'un inhibiteur du récepteur des androgènes
Cholestérol
Prégnénolone Aldostérone
Abiratérone
170H·
Prégnénolone Cortisol
Abiratérone
Androstènedione � Testostérone �
Androgènes
370
• Deux médicaments de chimiothérapie appartenant à la famille des taxanes ont prouvé leur efficacité:
- le docétaxel, à la fois dans les formes métastatiques sensibles et résistantes à la castration. Il est employé sous
forme d'une perfusion toutes les 3 semaines, réalisée en hôpital de jour. Ses principaux effets secondaires sont:
► la neutropénie(avec risque de neutropénie fébrile);
► la neuropathie périphérique(paresthésies);
► la toxicité unguéale(ongles plus fragiles ou cassants);
► les nausées, habituellement très bien prévenues grâce au traitement anti-émétique;
► l'alopécie, réversible(également prévenue par le port d'un casque réfrigérant pendant la perfusion);
- le cabazitaxel, uniquement dans les formes prétraitées par le docétaxel.
371
Item 310
372
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 310:
« TUMEURS DE LA PROSTATE»
--
228. Découverte d'une anomalie osseuse et articulaire à
l'examen d'imagerie médicale
--
En lien avec le bilan diagnostique de cancer de la prostate
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un Le diagnostic est basé sur l'examen anatomo-
examen diagnostique pathologique des biopsies de la prostate écho-guidées :
le plus souvent adénocarcinome.
180. Interprétation d'un compte rendu d'anatomo-
pathologie Un grade histologique allant de 3 à 5 permet de
caractériser le stade de différenciation des foyers
181. Tumeurs malignes sur pièce opératoire/biopsie tumoraux. Le score de Gleason est obtenu en
231. Demande d'un examen d'imagerie additionnant les deux grades les plus fréquents ; il va
être remplacé par la classification ISUP.
232. Demande d'explication d'un patient sur le
Le dosage du PSA a une valeur pronostique et est d'une
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un
-- -
grande utilité pour le suivi des patients.
----d'imagerie
examen
- -- - - - - - - -- - -
373
En lien avec la prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate
239. Explication pré-opératoire et recueil de consentement L'axe du récepteur des androgènes joue un rôle majeur
d'un geste invasif diagnostique ou thérapeutique dans la prolifération tumorale: son inhibition a un rôle
250. Prescrire des antalgiques
thérapeutique majeur.
260. Évaluation et prise en charge de la douleur chronique
Dans les formes localisées, en fonction du pronostic
tumoral et de l'espérance de vie du patient, différents
traitements vont être discutés: surveillance active des
formes les moins graves, traitement local (radiothérapie
externe, curiethérapie, prostatectomie radicale),
association de la radiothérapie à l'hormonothérapie.
374
375
Item 311
CHAPITRE ►----------------------------------------
Tumeurs du rein
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------�'
'
1. Connaître l'épidémiologie des tumeurs du rein 5. Connaître les indications des examens complémentaires
2. Connaître les facteurs de risque nécessaires en cas de suspicion clinique de tumeur du rein
3. Connaître les principaux types histologiques des tumeurs 5.1. Interrogatoire et examen clinique
3.1. Cancer dépendant de l'angiogenèse 5.2. Examens biologiques
3.2. La classification histologique 5.3. Examens iconographiques= imagerie
3.3. Les tumeurs bénignes du rein 5.4. Bilan métastatique
4. Connaître les présentations cliniques des tumeurs du rein 5.5. Biopsies
4.1. Anatomie et physiologie 5.6. Les kystes rénaux: classification de Bosniak
4.2. Histoire naturelle 5.7. Petite masse rénale de découverte fortuite
4.3. Signes cliniques loco-régionaux 5.8. Suivi
4.4. Les symptômes liés aux métastases 6. Contenu multimédia
4.5. Syndromes paranéoplasiques
,·-------- -------------------------- ------------- ---------------------------------------------------------------- ·
Rang
- - -
1 - - --
-
Rubrique
- - - - - -
1
-
Intitulé - -
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
376
• Au sein des tumeurs solides, le cancer du rein n'est pas parmi les plus fréquents en termes d'incidence ou de mor
talité ; toutefois il n'est pas non plus à considérer comme rare. Le carcinome rénal est la lésion solide rénale la plus
courante et représente environ 90 % de toutes les tumeurs malignes rénales.
• L'âge médian au diagnostic est de 66 ans chez l'homme et de 70 ans chez la femme; au décès, il est respectivement
de 75 et 80 ans.
• En plus des signes cliniques classiques (hématurie, altération de l'état général) le mode de découverte a évolué
ces dernières années du fait de l'augmentation des diagnostics précoces faits de façon fortuite lors d'un examen
radiologique(échographie et/ou tomodensitométrie) de routine. Tous stades confondus, la survie nette à 5 ans est
de 70 % environ ; à 10 ans, elle est supérieure à 50 % quel que soit le sexe.
e 2. Facteurs de risque
• Le tabac et l'obésité sont les principaux facteurs de risque. L'hypertension artérielle ainsi que des antécédents
familiaux sont également incriminés. L'obésité semble être un facteur de risque plus important chez les femmes
que chez les hommes. L'exposition professionnelle au trichloroéthylène est à rechercher. L'insuffisance rénale
chronique augmente le risque de survenue de cancer du rein. Un sur-risque sur les reins natifs est aussi décrit chez
les patients hémodialysés ou transplantés rénaux.
• La prévention primaire passe par une meilleure maîtrise des facteurs de risque : lutte contre le tabagisme, activité
physique, contrôle de l'hyp ertension ...
• Formes héréditaires :
Tout comme pour les autres cancers, il est important de distinguer les formes sporadiques, les plus fréquentes, des
formes héréditaires qui sont plus rares(== 5 %).
377
Item 311
• Il n'y a pas de dépistage systématique recommandé pour les formes sporadiques de cancer du rein, mais celui-ci
est recommandé en cas de forme héréditaire (détaillé sur le site web du réseau PREDIR [https://predir.org/View/
index.aspx]).
• Une consultation d'oncogénétique doit être proposée en cas de : âge de survenue avant 45 ans, sous-typ e histolo
gique autre que le carcinome à cellules claires, tumeurs rénales multiples et/ou bilatérales, manifestations extraré
nales évoquant une forme syndromique personnelle ou familiale, plusieurs cas dans la famille.
378
3.2. La classification histologique
• La classification histologique est corrélée au comportement biologique de la tumeur.
• Plusieurs variantes histologiques (Figure 1) peuvent être rencontrées dans le cancer du rein dont les trois prin
cipales identifiées sont :
- le cancer du rein à cellules claires (70 - 80 %) ;
- les cancers papillaires, de type 1 ou 2 (10 - 15 %) ;
- les cancers chromophobes (3 - 5 %).
Figure 1. Principaux types histologiques des tumeurs rénales malignes. A. Carcinome rénal à cellules claires Fuhrman 2;
B. Carcinome rénal à cellules claires Fuhrman 3; C. Carcinome rénal avec dédifférenciation de type sarcomatoïde;
D. Carcinome rénal chromophobe; E. Carcinome rénal tubulopapillaire de type 1;
F. Carcinome rénal tubulopapillaire de type 2.
379
, Item 311
• Les carcinomes à cellules claires semblent avoir un pronostic plus sombre que les autres histologies. La dédiffé
renciation de type sarcomatoïde est un facteur pronostique de rechute et de moins bonne réponse aux traitements
systémiques. Comme tous les autres organes, le rein peut être le siège de métastases issues d'autres tumeurs. Les
tumeurs primitives du bassinet sont de type carcinome urothélial (cf item cancer de vessie N ° 314). Les carci
nomes du rein à translocation, les cancers du rein de type médullaire ou des tubes collecteurs ( = tumeur dites de
Bellini) sont très rares et de pronostic péjoratif.
• Parmi les facteurs pronostiques histologiques, l'évaluation du grade nucléolaire de l'ISUP (International Society of
Urological Pathology), anciennement grade nucléaire de Fuhrman, est essentielle. Il s'agit d'un grade histopronos
tique fondé sur l'atypie des noyaux tumoraux. Il varie de I à IV (gravité croissante). Sa valeur, indiscutable pour
le carcinome à cellules claires, est discutée pour les carcinomes papillaires et chromophobes.
*TOM = tomodensitométrie.
380
lf.2. Histoire naturelle
• Lors de leur croissance, les tumeurs rénales ont un tropisme vasculaire souligné par le développement de throm
bus tumoraux (veine rénale puis veine cave inférieure = VCI). Les premiers relais ganglionnaires à surveiller se
situent au niveau du hile rénal et du rétropéritoine. Les principaux sites métastatiques à distance sont représen
tés par l'os, les poumons, le foie, les ganglions lymphatiques médiastinaux, le SNC (système nerveux central). Les
métastases sont synchrones dans 15-20 % des cas.
• Un site particulier mérite d'être souligné: les métastases glandulaires (surrénales, pancréas).
· · ·- - · ·· · · - - - - - - · · · · · · - - - - - · - ·- - - ·· - - - - - - - · · - · · · · · · ·· - - ·· · - ··· · · · · - - - · - - - - -- - - - · - · ·· · - - · · · · · · - · · · · - · ·· · · · · · · ·· · - • · · · - - · -- - · -· - · ·· - - - - - - · · · · · · · · · ··- -- -·- · ·· - · '·
''' ''
: Les atteintes métastatiques surrénaliennes proviennent ainsi principalement des cancers primitifs du rein ou :
: des poumons. Les métastases pancréatiques proviennent pour la moitié de cancers primitifs du rein.
381
Item 311
Aspect radiologique
Intérêt des biopsies Classification de Bosniak
Terrain/ comorbidités
Critères de taille
�-----.------�····· ....
........ .... ... .. ..... .. . .
t
Si critères de malignité : bilan extension : clinique, biologique, Pas de critère de malignité :
radiologique (TDM TAP +/- scintigraphie ou imagerie SNC) kyste simple, tumeur bénigne
Bilan opérabilité :
anesthésie, biologie, clinique
'
Chirurgie d'exérèse
- privilégier chirurgie Surveillance
Ttt ablatif Surveillance
conservatrice active
- néphrectomie élargie
*AAq = antiangiogéniques ; IMT = immunothérapie ; mTORi = inhibiteurs de mTOR ; SNC = système nerveux central ;
TAP = thoraco-abdomino-plevien ; TDM = tomodensitométrie ; Ttt = traitement.
382
La partie traitement de la figure 3 est hors programme.
383
'
Item 311
Figure 4. Iconographie de masses rénales. A. Volumineux carcinome à cellules claires avec thrombus vasculaire remontant
jusque dans la veine cave inférieure (flèche rouge); B. Carcinome tubulopapillaire de type 1 ; C. Carcinome à cellules
claires accessible à une néphrectomie partielle; D. Tumeur bénigne avec composante mixte de densité hémorragique
et graisseuse: angiomyolipome du rein gauche; E. Kyste bénin de type Bosniak 1.
384
La classification TNM des cancers du rein ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
TNM Statut
1
Tumeur(T)
Tx i
Le statut tumoral ne peut être défin
T2b
l
Tumeur > 10 cm, loca isée au rein
T3a Envahissement du tissu adipeux périrénal et/ou du tissu adipeux hilaire mais pas du fascia
de Gerota et/ou thrombus macroscopique dans la veine rénale ou dans l'une de ses branches
et/ou infiltration des cav ités pyélocalicielles
385
Item 311
. .
Mo Pas de métastase
Figure 5. Métastases d'un cancer du rein. A. Métastase osseuse sur scanner injecté; B. IRM injectée du même patient que A;
C. Métastases pulmonaires sur scanner en fenêtrage parenchymateux; D. Métastases hépatiques sur scanner injecté;
E. Rechute ganglionnaire à proximité de la loge de néphrectomie.
386
5.5. Biopsies
• La biopsie d'une masse rénale permet d'obtenir une confirmation histologique de la nature de la tumeur. Elle se
réalise le plus souvent sous anesthésie locale, sous contrôle échographique ou TDM, à l'aide d'une aiguille de type
coaxiale pour protéger le trajet de ponction transcutanée d'un éventuel ensemencement tumoral.
• Elle n'est pas systématique mais indiquée selon le contexte (tumeur de petite taille, suspicion de tumeur bénigne,
incertitude diagnostique à l'imagerie, autres cancers associés, suspicion de lymphome, avant tout traitement sys
témique pour avoir une preuve histologique, avant un traitement ablatif, avant une néphrectomie partielle difficile
où il y a un risque élevé de totalisation).
• La morbidité grave de la biopsie d'une masse rénale est faible, de l'ordre de 2-3 %.
• La principale complication est le risque hémorragique consécutif à la ponction.
• Sa fiabilité est supérieure à 95 % dans le diagnostic de malignité. La concordance biopsie - pièce opératoire pour
le diagnostic du sous-type histologique est de l'ordre de 90 %.
• Elle n'est pas conseillée : en cas de risque hémorragique élevé, de suspicion de carcinome urothélial ou d'angio
myolipome, de tumeur kystique.
La classification de Bosniak ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations
sont données à titre indicatif.
Kyste hyperdense
Type Il kyste bénin, pas de suivi
Des petites calcifications peuvent être Bénin
« Kyste atypique » particulier recommandé
présentes dans la paroi du kyste
387
Item 311
L:évolution et le suivi des patients ne figurent pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces
informations sont données à titre indicatif.
5.8. Suivi
• Le suivi d'un patient présente un intérêt si un traitement spécifique à l'événement attendu peut être proposé
pour augmenter la quantité et/ou la qualité de vie. Il est important de distinguer 2 situations plus fréquemment
rencontrées
- patient avec un cancer du rein localisé en post-chirurgie: le suivi a pour objectif principal de détecter de
potentielles complications post-opératoires ainsi que les événements carcinologiques (récidive locale et à
distance) reposant principalement sur l'imagerie (TDM, échographie, IRM). Il suit l'évolution de la fonction
rénale.
- patient avec un cancer du rein métastatique recevant une thérapie systémique : le suivi s'attache à évaluer la
tolérance et l'activité du traitement. Il dépend de la molécule et du schéma d'administration utilisés. La réponse
tumorale est évaluée en fonction des cibles métastatiques avec des examens adaptés (TDM, scintigraphie,
IRM ...).
388
s 6. Contenu multimédia
• Exemple d'échographie d'un kyste rénal simple (Figure 6).
Figure 6. � Contenu multimédia. Kyste rénal simple typique en échographie: aspect anéchogène (noir)
homogène sans sédiment, paroi fine
Remerciements: Nous tenons à remercier pour toute l'aide qu'ils ont pu apporter à la rédaction de ce document, que ce soit par
leur relecture, leurs critiques ou l'aide pour la réalisation des figures: Dr Bedgedjian Isabelle (anatomopathologiste), Dr Montcuquet
Philippe (oncologue médical), Mme Paillard Marie-Justine (CCA oncologue médicale), M. Calcagno Fabien (CCA oncologue médicale),
Mme Klajer Elodie (interne).
389
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 311 :
« TUMEUR DU REIN »
-En lien---avec--les-examens
---biologiques
--- dans un contexte de tumeur rénale---
---r-- --- - - -- --·-
217.
---
Anémie Certaines tumeurs rénales sont découvertes dans le
cadre de bilan d'anémie, de syndrome inflammatoire
200. Hypercalcémie
- biologique.
186. Syndrome inflammatoire biologique En cas d'hypercalcémie en lien avec une tumeur rénale,
l'étiologie peut être soit paranéoplasique soit en lien
- - -- -- -
avec des métastases osseuses. ---
En- lien avec les examens-d'imagerie
- ---- -
dans un contexte de tumeur rénale -
224. Découverte d'une anomalie abdominale à l'examen Il est essentiel de connaître les bonnes indications de
d'imagerie
- médicale
- --- -- demande d'examen complémentaire en cas de tumeur
181. Tumeur maligne sur pièce opératoire/ biopsie
rénale.
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien (TDM TAP) avec
injection de produit de contraste iodé est l'examen clé.
Les temps d'injection sont importants (cf section 5.3.)
L'I RM est un examen de 2e intention. L'échographie est
un examen de débrouillage souvent demandé en 1ère
intention mais pas aussi précis qu'un scanner et pouvant
être pris en défaut en cas de petite tumeur.
-
C'est au terme du bilan d'imagerie que se posera, ou
----- -- -- pa� l'indication de biopsie rénale
390
- ---
391
Item 312
CHAPITRE ►---------
Tumeurs ------------------------------
du sein
Dr Elsa Curtit', Pr Yazid Belkacemi2, Pr Céline Bourgier3, Dr Marc Espié •, Pr Joseph Gligorov5, Pr Christophe Hennequin6,
Pr Gilles HouvenaegheF, Pr Michel Marty4, Pr Thierry Petit", Pr Xavier Pivot•
'Service d'Oncologie médicale, CHRU de Besançon
'Service d'Oncologie Radiothérapie, Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Centre Sein Henri Mondor, Créteil
'Service de Radiothérapie oncologique, Institut du cancer de Montpellier
•Sénopôle Saint Louis, territoire cancer nord, AP-HP
5 1UC-UPMC, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------·
'
'
1. Connaître l'épidémiologie et les facteurs de risque des 4.1. Classification anatomo-pathologique
tumeurs du sein 4.2. Principaux types de tumeurs malignes: éléments
1.1. Incidence et prévalence des cancers du sein en France diagnostiques obtenus par l'examen anatomo
1.2. Facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques pathologique
2. Connaître la physiopathologie des tumeurs du sein 4.3. Principaux types de tumeurs malignes: classification
2.1. Connaître l'histoire naturelle du cancer du sein et ses basée sur le statut HER2 et l'expression des récepteurs
modes de dissémination hormonaux
2.2. Connaître les prédispositions génétiques du cancer du S. Connaître les principes du bilan d'extension d'un cancer
sein du sein
3. Connaître la démarche diagnostique devant une tumeur 5.1. Bilan d'extension clinique
du sein 5.2. Bilan d'extension paraclinique
3.1. Connaître les différentes modalités de dépistage 6. Objectifs et principes de traitement du cancer du sein
3.2. Connaître les présentations cliniques des tumeurs du sein 6.1. Objectifs des traitements
3.3. Connaître les indications de la mammographie 6.2. Principes de traitement d'un cancer du sein localisé
3.4. Connaître les indications de la biopsie mammaire 6.3. Principes de traitement des formes métastatiques
4. Connaître les principaux types de lésions bénignes et de 6.4. Soins de support
tumeurs malignes du sein 6.5. Suivi des patients présentant un cancer du sein
·------------------------------- ------- ------- - ----------------··· ···----- -------------- - -----------------------·
395 ◄
392
ÎUMEURS DU SEIN
A Diagnostic positif Connaître les différentes modalités de dépistage (palpation, mammographie ... )
A Diagnostic positif Connaître les présentations cliniques des tumeurs du sein: nodule, écoulement,
inflammation, lésions cutanées...
B � Contenu multimédia Clichés photographiques de lésions/anomalies cutanées du sein (écoulements
sanglants/lactescents, méplat, sein inflammatoire...)
A Examen complémentaire Connaître les indications et non-indications de la mammographie
B Examen complémentaire Connaître les indications et non-indications de la biopsie mammaire
B Définition Connaître les principaux types de lésions bénignes (mastopathie fibrokystique,
adénofibrome) et de tumeurs malignes (carcinome infiltrant de type non
spécifique, carcinome lobulaire infiltrant) du sein
•
B Examens complémentaires Connaître les principes du bilan d'extension d'un cancer du sein
A Prise en charge Objectifs et principes de traitement du cancer du sein
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
• Avec plus de 58 000 nouveaux cas par an en France et environ 12 000 décès, le cancer du sein est le 1cr cancer chez
la femme, à la fois en incidence et en mortalité. Le diagnostic est généralement fait dans deux contextes différents:
le dépistage par mammographie ou la présence de signes cliniques, au niveau mammaire ou plus rarement au
niveau ganglionnaire ou de métastase(s).
• Le diagnostic positif est affirmé par l'histologie; il nécessite donc une biopsie avec un examen anatomo-patholo
gique. Le type histologique le plus fréquent est le carcinome infiltrant de type non spécifique (également appelé
carcinome canalaire infiltrant). Le diagnostic s'accompagne toujours de l'évaluation de l'expression des récep
teurs hormonaux (récepteurs aux œstrogènes et récepteur à la progestérone) et de HER2 (Human Epidermal
growth factor Receptor 2).
• Pour définir les grands principes de prise en charge des cancers du sein, il faut à l'issue du diagnostic :
1. avoir déterminé grâce au bilan d'extension s'il s'agit d'un cancer du sein localisé ou métastatique;
2. savoir s'il s'agit d'un cancer hormono-sensible, HER2 positif ou triple négatif;
3. connaître les facteurs pronostiques.
B 1.
..
Epidémiologie et facteurs de risque des tumeurs du sein
En France*:
1 femme sur 8 à 10 développera un cancer du sein;
il y a environ 58 000 nouveaux cas par an;
- il y a environ 12 000 décès par an;
l'âge médian au diagnostic est de 61 ans;
- l'âge médian au décès est de 74 ans.
*d'après les données de l'INCa, Institut National du Cancer au 13/01/2021.
393
ÎUMEURS DU SEIN
Item 312
Attention!
L'existence de lésions bénignes mammaires ne représente pas un facteur de risque (sauf pour les hyperplasies
atypiques, cf. 1.2).
394
• Le risque est l'évolution en plusieurs années vers un cancer invasif après franchissement de la membrane basale,
qui constitue la pathologie étudiée dans ce chapitre.
• La diffusion des cellules néoplasiques devient alors possible par voie vasculaire et/ou lymphatique à l'ensemble de
l'organisme, expliquant la prise en charge multidisciplinaire de cette pathologie (Figure 1).
Carcinome
in situ
•
( Franchissement membrane basale
Carcinome infiltrant
•
1
J•
Extension lymphatique
Extension hématogène :
Extension par contigu'1lé Adénopathies des chaînes Métastases (os, peau, foie
axillaire, sous et sus-claviculaire, poumons, plèvre, système
(T4)
mammaire interne nerveux central)
Métastases
BRCA1. et BRCA2
• Ce sont des gènes suppresseurs de tumeurs impliqués dans la réparation de l'ADN. La mutation d'un allèle de
l'un de ces deux gènes entraîne une prédisposition à développer des cancers du sein et de l'ovaire.
• Lorsqu'une cellule mammaire est porteuse d'une mutation sur l'un des allèles de BRCA 1 ou de BRCA2, l'allèle
non muté permet de coder pour une protéine fonctionnelle et les fonctions cellulaires sont assurées.
• Lors de !'oncogenèse, la première anomalie est germinale (perte du 1 °' allèle fonctionnel), la 2• anomalie est
acquise dans les cellules mammaires au cours des divisions cellulaires successives (perte du 2• allèle qui était
initialement non muté). Ceci entraîne des anomalies de réparation de l'ADN qui aboutissent à une cancérisa
tion de la cellule.
• En cas de suspicion de mutation (cancer du sein avant 40 ans, cancer du sein bilatéral ou association cancers
du sein et de l'ovaire, cancer du sein chez l'homme, antécédents familiaux évocateurs), la patiente sera orientée
en consultation d'oncogénétique.
• Une patiente porteuse d'une mutation BRCA doit bénéficier soit d'une surveillance spécifique annuelle incluant
notamment une IRM mammaire soit d'une mastectomie bilatérale prophylactique (comme Angelina Jolie !).
Une annexectomie bilatérale prophylactique est systématiquement recommandée (entre 40 et 45 ans).
étape du dépistage);
- par mammographie bilatérale;
- avec deux incidences (au minimum);
- avec double lecture;
- tous les deux ans;
- de 50 à 74 ans.
396
ÎUMEURS DU SEIN 399 ◄
• On recherche ensuite des adénopathies unique ou multiples et des signes évoquant des métastases à distance :
- un examen clinique régional recherche des adénopathies axillaires homolatérales et sous et sus-claviculaires ;
- un examen clinique général recherche des signes cliniques de métastases. Sont à rechercher une altération de
l'état général (asthénie, amaigrissement), une hépatomégalie, des douleurs du rachis (cervical, dorsal ou
lombaire), une diminution du murmure vésiculaire (découverte d'anomalies à l'auscultation pulmonaire)
associée à une matité évoquant un épanchement pleural.
Fossette ou
Méplat cutané
�======t=======-- Rétraction
cutanée
-----+-- Rétraction
du mamelon
Figure 6. � Contenu multimédia. Majoration du volume du sein+ léger érythème= sein inflammatoire (PEV 2) (+
rétraction du mamelon)
398
Figure 9. Squirrhe mammaire (dans ce cas, tumeur d'évolution lente négligée sur plusieurs années)
Figure 11. � Contenu multimédia. Aspect eczématiforme du mamelon évoquant une maladie de Paget
La classification simplifiée BI-RADS de l'ACR ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et
ces informations sont données à titre indicatif.
400
B 3.4. Indications de la biopsie mammaire
• Toute anomalie clinique mammaire doit faire l'objet d'une mammographie bilatérale associée à une échographie
mammaire et des aires ganglionnaires axillaires.
• En cas d'anomalie à la mammographie faisant suspecter une lésion précancéreuse ou cancéreuse (qu'il y ait ou
non des signes cliniques), une biopsie est systématiquement indiquée. Toute anomalie radiologique classée ACR4
ou ACRS doit faire réaliser sans délai une biopsie (Figure 13).
401
Item 312
402
► la présence ou non de métastase(s) ganglionnaire(s) axillaire(s) ;
► la présence embole(s) vasculaire(s);
► la qualité de !'exérèse : l'envahissement des marges d'exérèse augmente le risque de récidive locale et
nécessite une reprise chirurgicale;
► en cas de chimiothérapie néo-adjuvante, l'examen anatomo-pathologique permet d'évaluer l'efficacité du
traitement (pourcentage de tumeur résiduelle, atteinte ganglionnaire).
• L'ensemble de ces éléments permet d'établir la classification pTNM ou ypTNM
403
·
Item 312
Positif* Négatif*
Négatif**
hormona-sensibles
404
5.2.2. Bilan à distance
• Le bilan d'extension à la recherche de métastase(s) viscérale(s) ou osseuse(s) n'est pas systématique. Il ne doit pas
retarder l'orientation en milieu spécialisé où il sera décidé si nécessaire (d'après les recommandations IN Ca Juin
2020).
• Il s'adresse aux patientes ayant un cancer du sein associé à des facteurs de mauvais pronostic. Il doit toujours être
réalisé en cas d'envahissement ganglionnaire ou de lésion de plus de 5 cm.
• Il peut être réalisé :
- soit par un scanner thoraco-abdomino-pelvien injecté en l'absence de contre-indication et une scintigraphie
osseuse;
- soit par TEP-TDM.
• Aucun bilan d'extension biologique n'est systématiquement recommandé. Un bilan pré-thérapeutique standard
est souvent réalisé (numération formule sanguine et plaquettaire, bilan de coagulation, calcémie corrigée à la
recherche d'une dyscalcémie de typ e hypercalcémie, bilan hépatique).
405
Item 312
Inflammation
(= mauvais pronostic)
Emboles
(= mauvais pronostic)
• Dans le cas des cancers du sein métastatiques, le traitement ne peut être curatif et est essentiellement basé sur
les traitements systémiques (chimiothérapie, hormonothérapie, thérapies ciblées). L'objectif des traitements est
d'augmenter la survie des patientes et d'améliorer leur qualité de vie. La survie globale médiane est d'environ 3 ans
mais varie de moins de 2 ans (cancers triple négatifs) à plus de 5 ans (cancers du sein HER2-positif et cancers
hormona-sensibles) avec la possibilité d'avoir des patientes longues survivantes à plus de 10 ans.
lf09 ◄
406
ÎUMEURS DU SEIN
- Traitement chirurgical radical (mastectomie)
Il consiste en l'ablation du sein et de son revêtement cutané ainsi que du mamelon. À titre indicatif, il est
nécessaire si le cancer du sein est volumineux et non suffisamment réduit par les traitements systémiques
initiaux ou s'il y a une inflammation cutanée.
- Curage ganglionnaire axillaire - technique du ganglion sentinelle
Le curage ganglionnaire homolatéral est un élément essentiel du bilan d'extension, effectué dans le même
temps chirurgical que le sein. L'examen anatomo-pathologique de tous les ganglions prélevés sera systéma
tique. Le curage axillaire est la principale cause de morbidité du geste chirurgical par les douleurs résiduelles, le
risque de périarthrite scapulo-humérale, de lymphœdème avec les contraintes que cette complication impose.
Pour éviter ces complications, en l'absence de signe clinique d'infiltration axillaire, une stratégie de prélève
ment des ganglions sentinelles est la règle. L'étude du ganglion sentinelle a pour but de prélever les premiers
relais ganglionnaires de drainage afin d'épargner un curage extensif et de limiter les effets secondaires. En cas
d'absence d'atteinte ganglionnaire significative, le curage pourra être évité. La technique la plus fiable com
porte une injection, la veille de l'intervention, d'un traceur radioactif à proximité de la tumeur, puis le jour
de l'intervention d'un colorant vital et seul(s) le(s) ganglion(s) coloré(s) et/ou radioactif(s) et/ou suspect(s)
cliniquement est (sont) prélevé(s) et examiné(s). En cas d'atteinte histologique, le curage ganglionnaire sera
complété de façon à préciser l'importance de celle-ci.
►
407
410 ÎUMEURS DU SEIN
-
Item 312
* Pour comprendre ces chiffres très variables : dans les cohortes de patientes pour lesquelles le cancer est
découvert par mammographie de dépistage, c'est < 5 % de patientes métastatiques d'emblée ; dans les
cohortes de patientes suivies en oncologie médicale, le pourcentage peut atteindre 35 % !
408
ÎUMEURS DU SEIN lf11 ◄
• Le délai entre le diagnostic initial et l'apparition des métastases est variable, mais le risque est plus important lors
des 5 premières années, voire dans les 2-3 premières années pour les cancers triple-négatifs.
• Les suspicions de métastase justifient une confirmation histologique à chaque fois que possible. Les sites métas
tatiques par ordre de fréquence sont : os, peau, ganglions, foie, plèvre/poumon. Les métastases cérébrales sont
fréquentes dans certains sous-typ es comme les HER2-positifs.
• La réalisation d'un bilan d'extension complet par scanner thoraco-abdomino-pelvien et scintigraphie osseuse ou
par TEP-TDM en cas de détection d'une lésion métastatique s'impose, de même que la recherche d'un deuxième
cancer du sein primitif ou d'une récidive locale (examen clinique, mammographie, échographie mammaire). Le
bilan biologique comportera: numération formule sanguine et plaquettaire, bilan de coagulation, calcémie corri
gée, bilan hépatique, créatininémie +/- CA 15.3 (cf supra).
• Les traitements systémiques sont privilégiés et permettent d'améliorer la survie ainsi que la qualité de vie. Selon
les cas seront préconisés :
- une hormonothérapie, souvent associée à une thérapie ciblée;
- une chimiothérapie, souvent une mono-chimiothérapie;
- des traitements à base de thérapies anti-HER2 (par exemple sous formes d'anticorps anti-HER2 associés à une
chimiothérapie).
• Les traitements locaux ne sont pas systématiques et sont discutés au cas par cas.
• Dans cette situation, la stratégie thérapeutique a un objectif non curatif, mais certaines patientes peuvent obtenir
de longues survies.
◄
410
ÎUMEURS DU SEIN lf1]
PRINCIPALES SITUATIONS DE DÉPART EN LIEN AVEC L'ITEM 312:
« TUMEUR DU SEIN »
20. Découve r te d'anomalies à l'auscultation pu l mona re _ en l'absence de dépistage, 20-35°;0 des cancers sont
i
- -- -
200. Dyscalcémie
-- - poss ble confirme r la réc d ive métastat que.
i i i
- - -- -- -------- -- --- ___:,____-1
En lien avec le bilan diagnostique du cancer du sein
-
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un examen Le d i agnost i c repose sur une preuve anatomo
diagnostique patholog que obtenue pa r b ops e mamma re
i i i i
18o. Interprétation d'un compte rendu d'anatomo-pathologie ou b opsi e d 'une lés on métastat que. Le b lan
i i i i i
412
ÎUMEURS DU SEIN lf15 ◄
413
'
Item 313
(HAPIT RE ►---------------------------------------
Tumeurs du testicule
Pr Stéphane Culine', Dr Aude Fléchon2, Pr Nicolas Mottet3, Pr Karim Fizazi•
'Service d'Oncologie Médicale, Hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris
2
0épartement d'Oncologie Médicale, Centre Léon Bérard, Lyon
'Service d'Urologie, CHU Saint-Etienne
4
0épartement de Médecine Oncologique, Gustave Roussy, Villejuif
''·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
' 1. Définition S. Bilan d'extension
2. Prévalence, épidémiologie 6. Diagnostics différentiels
3. Étiologie 7. Synthèse de la démarche diagnostique
3.1. Histoire naturelle 8. Prise en charge andrologique
3.2. Facteurs de risque
4. Diagnostic
4.1. Circonstances de découverte
4.2. Examen clinique
4.3. Échographie scrotale
4.4. Marqueurs tumoraux
·---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
•
A Diagnostic positif Connaître la démarche diagnostique
B Suivi et/ou pronostic Connaître la prise en charge andrologique au décours de l'orchidectomie
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
lf17 ◄
414
ÎUMEURS DU TESTICULE
A 1. Définition
• La très grande majorité(> 90 %) des tumeurs du testicule correspond à des tumeurs germinales(Tableau 1).
• Les séminomes purs sont constitués d'une seule composante tumorale. Les tumeurs non séminomateuses sont
caractérisées par la présence d'une ou plusieurs composantes tumorales.
• Les tumeurs non germinales(< 10 % ) constituent un groupe de tumeurs très hétérogènes, bénignes ou malignes,
principalement issues des tissus de soutien du testicule.
-- - -
Tableau
-
1. CLASSIFICATION
-
ANATOMO-PATHOLOGIQUE
-- - - - - -
DES
-
TUMEURS
-
DU TESTICULE - --
-- --- � - - --- ----
e 2. Prévalence, épidémiologie
• Les tumeurs germinales du testicule sont des cancers rares (1 % des cancers de l'homme) mais représentent les
tumeurs malignes les plus fréquentes chez l'homme jeune.
• L'incidence est en augmentation, avec un nombre de nouveaux cas d'environ 2 500 par an en France (7/100 000
hommes).
• L'âge de survenue se situe classiquement au cours de la 3 e décennie, avec un deuxième pic autour de la cinquan
taine pour les séminomes purs.
3. Étiologie
A 4. Diagnostic
416
TUMEURS DU TESTICULE IJ19 ◄
4.2. Examen clinique
• La palpation scrotale doit être bilatérale et comparative.
• Les éléments en faveur d'une tumeur maligne sont la palpation d'un nodule ou d'une masse développée aux
dépens du testicule, de consistance dure, et indépendant(e) de l'épididyme (avec conservation du sillon épidi
dymo-testiculaire ou signe de Chevassu).
• La recherche d'une dissémination métastatique à l'examen clinique doit comporter la palpation de l'aire gan
glionnaire sus-claviculaire gauche et la palpation abdominale (à la recherche d'une hépatomégalie ou d'une masse
abdominale).
e 5. Bilan d'extension
• La tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne est l'examen d'imagerie de référence pour le bilan
d'extension de la maladie. Les principales régions d'intérêt à la recherche d'une dissémination métastatique sont
le rétropéritoine, le foie, le médiastin et les poumons.
• Les marqueurs tumoraux interviennent également dans le bilan d'extension. Ainsi, leur absence de normalisation
au décours de l'orchidectomie témoigne d'une maladie métastatique, même si la tomodensitométrie est normale.
6. Diagnostics différentiels
• Le principal diagnostic différentiel est l'orchi-épididymite, qui se distingue par la présence de signes infectieux
pouvant être marqués (fièvre, douleur), de troubles urinaires ou d'un ECBU positif, et l'absence du signe de Che
vassu. En cas de doute, l'échographie testiculaire pourra trancher en mettant en évidence un épaississement et un
aspect hyp ervascularisé de l'épididyme.
• L'hydrocèle vaginale est facilement reconnaissable par son aspect régulier et de consistance hydrique.
• Les autres diagnostics différentiels peuvent facilement être éliminés cliniquement ou à l'échographie (kyste de
l'épididyme, varicocèle, hernie inguino-scrotale ...).
Circonstances de découverte
Le plus souvent
Signes locaux (augmentation de volume, douleur)
Plus rarement
Gynécomastie (penser tumeur germinale+++)
Signes de dissémination métastatique
!
Échographie scrotale
Nodule intra-testiculaire
t
Diagnostic présomptif de tumeur germinale...
jusqu'à preuve du contraire
+
Bilan avant orchidectomie
Cryoconservation de sperme
Dosage des marqueurs tumoraux sériques
Tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne
+
Orchidectomie
Séminome pur
Tumeur germinale non séminomateuse
+
Stadification
Stade localisé
Marqueurs tumoraux sériques normaux ou normalisés
et TOM thoraco-abdomino-pelvienne normale
Stade métastatique
Marqueurs tumoraux sériques non normalisés
et/ou TOM thoraco-abdomino-pelvienne anormale
418
TUMEURS DU TESTICULE If 21 ◄
• Une prothèse testiculaire peut être mise en place dans le même temps ou à distance.
• Un recueil de sperme pour cryoconservation doit être systématiquement proposé au patient, au mieux avant
l'orchidectomie, au sein d'un CECOS (Centre d'Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain). Il
s'agit d'une mesure médico-légale dans la mesure où la maladie elle-même et les traitements peuvent être respon
sables de troubles de la fertilité.
• Après l'orchidectomie, il n'est pas nécessaire d'envisager une supplémentation hormonale dans la mesure où le
testicule controlatéral assure le plus souvent une synthèse suffisante de testostérone.
• Les tumeurs germinales du testicule sont associées à un très bon pronostic, avec une survie à 5 ans de plus de
95 % tous stades confondus.
-~
Situation de départ Descriptif
En lien avec le diagnostic de tumeur du testicule
Signes locaux
100. Douleur testiculaire Toute douleur/augmentation de volume du testicule
108. Anomalie des bourses chez un homme jeune doit faire évoquer une tumeur
germinale du testicule.
Signes généraux et/ou en rapport avec une extension métastatique
41. Gynécomastie Une gynécomastie bilatérale chez un homme jeune
doit faire évoquer le diagnostic de tumeur germinale
du testicule ; elle est liée à la sécrétion par les cellules
tumorales d'hormone chorionique gonadotrope.
16. Adénopathie(s) unique ou multiples
36. Douleur de la région lombaire La diffusion métastatique ganglionnaire est
prédominante et peut se traduire par une masse
4. Douleur abdominale ganglionnaire rétropéritonéale volumineuse et/ou une
8. Masse abdominale adénopathie de Troisier.
17. Amaigrissement
21. Asthénie Une maladie métastatique étendue peut entraîner une
altération de l'état général.
420
ÎUMEURS DU TESTICULE 423 ◄
-
421
Item 314
·----------------------------------------------------------------------------------------------------------------'
'
1. Définition 3. Démarche diagnostique
1.1. Lésion cancéreuse de l'urothélium 3.1. Connaître les signes fonctionnels (hématurie et autres
1.2. Connaître le principal type histologique de tumeur signes fonctionnels) révélateurs d'une tumeur de vessie
vésicale 3.2. Connaître les anomalies de l'examen clinique associées
1.3. Classification tumorale 3.3. Connaître l'indication des examens d'imagerie d'une
2. Épidémiologie: connaître l'épidémiologie et les facteurs de tumeur vésicale
risque des tumeurs vésicales 3.4. Stratégie des examens complémentaires, cytologie
2.1. Incidence et mortalité urinaire et cystoscopie
2.2. Facteurs de risque 3.5. Connaître l'indication d'une résection transurétrale de
2.3. Connaître les expositions professionnelles prédisposantes vessie (RTUV)
• Les situations de départ sont indiquées en violet et gras dans le texte. Elles sont ensuite listées
à la fin du chapitre.
422
ÎUMEURS VÉSICALES ,425 ◄
A 1. Définition
Toute la démarche diagnostique et thérapeutique des tumeurs vésicales repose sur la distinction entre TVNIM et
TVIM, dont le pronostic et la prise en charge sont extrêmement différents.
• · · • • · · · · · · · · · · ········ · · · · · · ·· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ···· ·· · · · · ·· · · ·· · · - · · ·· · · ·· - - · · · ·· · · · · · · · · · · --·· · · · · · · · · · · · · · · • · · · · · · - - · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·· · · ·· ·
La classification TNM des tumeurs de vessie ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et
ces informations sont données à titre indicatif.
Figure 1. Schéma des différents stades tumoraux (d'après l'Institut National du Cancer)
TVNIM TVIM
Ta Tis T1 T2 T3 T4
Muqueuse
Sous-muqueuse
Muscle superficiel
Muscle profond
Graisse périvésicale
Organes voisins
Stade M
- -
Mo • Absence de métastase à distance
M1 • Métastase(s) à distance
424
TUMEURS VÉSICALES /f 27 ◄
e 2. Épidémiologie et facteurs de risque des tumeurs
vésicales
2.1. Incidence et mortalité
• En France, avec une incidence annuelle d'environ 13 000 cas/an, les tumeurs vésicales représentent le sixième
cancer en incidence et le troisième cancer urologique après le cancer de la prostate et le cancer du rein.
• Les tumeurs vésicales sont responsables de 3 % des décès par cancer.
• Elles touchent essentiellement les sujets âgés, avec une nette prédominance masculine: l'âge moyen au diagnostic
est de 70 ans, et le sex-ratio de 4 hommes pour 1 femme.
• Au moment du diagnostic, 80 % des tumeurs vésicales sont des TVNIM et 20 % sont des TVIM.
• L'incidence augmente d'environ 1 % par an depuis 1975, principalement chez les femmes, du fait de l'intoxication
tabagique.
A 3. Démarche diagnostique
• La démarche diagnostique est comparable en cas d'hématurie microscopique persistante : toute hématurie
microscopique ou macroscopique doit faire rechercher une tumeur de vessie, mais aussi du rein ou de l'uretère.
• Un autre mode de révélation possible est la survenue de troubles mictionnels de la phase de remplissage : les
signes irritatifs vésicaux (pollakiurie, urgenturies, brûlures mictionnelles) moins fréquents (20 %), doivent
faire évoquer le diagnostic s'ils sont d'apparition récente et persistent après avoir éliminé une infection urinaire
(ECBU).
3.3.2. Uro-scanner
• C'est l'examen morphologique de référence pour l'exploration de l'ensemble de l'appareil urothélial (possibilité
de lésions synchrones).
• Un uro-scanner complet comprend un temps sans injection, un temps artériel, un temps parenchymateux et un
temps tardif excrétoire.
426
ÎUMEURS VÉSICALES 429 ◄
• L'uro-scanner permet la détection avec une bonne sensibilité des lésions urothéliales > 5 mm.
• Il recherche :
- les lésions urothéliales qui apparaissent sous forme de lacunes ;
- une dilatation des cavités pyélocalicielles en cas d'obstruction urétérale par la tumeur (Figure 2);
- une tumeur synchrone dans la voie excrétrice urinaire supérieure ;
- une extension loco-régionale ou à distance en cas de TVIM : envahissement de la graisse périvésicale et des
organes de voisinage, adénopathies pelviennes ou rétropéritonéales, métastases (foie, poumon, os). En cas de
TVIM, le bilan sera complété par un TDM thoracique.
3.3.3. Uro-lRM
• En cas de contre-indication à l'injection de produit de contraste iodé, l'uro-IRM est une alternative à l'uro
scanner.
Figure 2. Uro-scanner {temps tardif) mettant en évidence une TVIM obstruant le méat urétéral gauche
{coupe transversale), responsable d'une dilatation urétérale d'amont {coupe sagittale)
• Cet examen n'est pas nécessaire avant la résection transurétrale de vessie au bloc opératoire lorsqu'un examen
d'imagerie (échographie vésicale ou uro-scanner) montre un aspect caractéristique de tumeur de vessie.
TVNIM TVIM
lf31 ◄
428
TUMEURS VÉSICALES
Surveillance • Cytologie urinaire et cystoscopie tous les TOM TAP
3 à 12 mois
• uro-TOM tous les 2 ans à la recherche
--- ---
d'une TVES
[ H ém at rie
�-- - _ _ u_ _ _
_]
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e de ie_
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_ _ _ _ T_u _m_ _u_, � _ _v_e_ss_ _ _
___�)
RTUV
TVNIM
\
TVIM
pîa, pîl, pîis � pT2
80 % des cas 20 % des cas
Localisée Métastatique
Surveillance i
- Cystoscopie Ch miothérapie
i Chimiothérapie
-Cytologie néo-adjuvante si élig ble
+/- immunothérapie
- Uro-scanner Cystectomie+
Soins de support
dérivation urnaire
Surveillance :
Récidive
-Clinique
- Créatininémie
-TDMTAP
Situation de départ
1
Descriptif
En lien avec la prévention
303. Prévention/dépistage des cancers de l'adulte L'intoxication tabagique est le principal facteur de risque
314. Prévention des risques liés au tabac des tumeurs de vessie (il multiplie par 3 le risque de
tumeur de la vessie).
315. Prévention des risques professionnels La découverte d'une tumeur de vessie doit faire évoquer
systématiquement une exposition professionnelle.
En lien avec le diagnostic positif
Signes fonctionnels évocateurs
23. Anomalies de la miction L'hématurie macroscopique est le signe révélateur le
plus fréquent (80 %). Toute hématurie microscopique ou
96. Brûlures mictionnelles macroscopique doit faire rechercher une tumeur de la
vessie (mais aussi du rein ou de la voie excrétrice urinaire
97. Rétention aiguë d'urines supérieure).
L'hématurie macroscopique caillotante peut se
compliquer de rétention aigüe d'urines.
102. Hématurie Les signes irritatifs vésicaux (pollakiurie, urgenturies,
brûlures mictionnelles) sont moins fréquents (20 %),
mais ils doivent faire évoquer le diagnostic s'ils sont
d'apparition récente et persistent après avoir éliminé une
-- -- ----- -
infection urinaire (ECBU). -��---- - --
En lien avec les signes généraux et/ou en rapport avec une extension loco-régionale ou métastatique
16. Adénopathie(s) unique ou multiples Environ 5 % des patients atteints d'une tumeur de vessie
17. Amaigrissement sont métastatiques d'emblée et 40 % vont progresser
secondairement vers une forme métastatique.
21. Asthénie Les principales localisations secondaires des tumeurs de
106. Masse pelvienne vessie sont ganglionnaires, pulmonaires, hépatiques et
osseuses.
En cas de maladie localement avancée, les touchers
pelviens peuvent trouver une masse pelvienne ou un
-- - -- -- - ---�- envahissement pelvien (bl�ndage). -- - -- --
En lien avec les examens complémentaires -----
Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
189. Analyse d'un examen cytobactériologique des urines L'hématurie est définie par la présence dans les urines
(ECBU) de sang émis lors de la miction avec un seuil d'hématies
;, 10/mm3 •
Il n'y a pas de corrélation entre l'intensité de l'hématurie
et la gravité de la cause.
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ÎUMEURS VÉSICALES
Imagerie
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un L'uro-scanner est l'examen morphologique de référence
examen diagnostique pour rechercher une tumeur vésicale. Il permet de
visualiser l'ensemble de la voie excrétrice urinaire (rein,
229. Découverte d'une anomalie pelvienne à l'examen uretère, vessie).
d'imagerie médicale En cas de signe évocateur, un uro-scanner normal ne
dispense pas de poursuivre les explorations par une
231. Demande d'un examen d'imagerie
fibroscopie vésicale.
233. Identifier/reconnaître les différents examens
d'imagerie (type/fenêtre/séquences/incidences/
injection)
232. Demande d'explication d'un patient sur le
déroulement, les risques et les bénéfices attendus d'un
examen d'imagerie
En lien avec la prise en charge thérapeutique
181. Tumeurs malignes sur pièce opératoire / biopsie La résection transurétrale de vessie au bloc opératoire
est le premier temps de la prise en charge des tumeurs de
vessie: c'est un geste chirurgical à la fois diagnostique
(examen anatomo-pathologique) et thérapeutique (pour
les TVNIM).
180. Interprétation d'un compte rendu d'anatomo- L'analyse anatomo-pathologique permet de faire la
pathologie distinction entre TVNIM et TVIM dont le pronostic et la
prise charge sont radicalement différents.