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ARTICLE IN PRESS
Journal de Radiologie Diagnostique et Interventionnelle (2014) xxx, xxx—xxx
a
Département d’imagerie médicale, hôpital Saint-Éloi, CHU de Montpellier, 80, avenue
Augustin-Fliche, 34295 Montpellier cedex 5, France
b
Département d’anatomo-pathologie, institut régional du cancer de Montpellier, 208, avenue
des Apothicaires, 34298 Montpellier cedex 5, France
c
Département de chirurgie, institut régional du cancer de Montpellier, 208, avenue des
Apothicaires, 34298 Montpellier cedex 5, France
d
Département de radiologie diagnostique et interventionnelle, CHU de Dijon, 1, boulevard
Jeanne-d’Arc, 21079 Dijon, France
MOTS CLÉS Résumé Les principaux outils de l’évaluation en IRM de la réponse tumorale du cancer du
Rectum ; rectum après chimioradiothérapie et avant chirurgie sont détaillés. Pour les cancers localement
IRM ; avancés du rectum et du bas rectum, l’IRM a l’intérêt de permettre d’adapter la straté-
Cancer ; gie thérapeutique, en permettant une chirurgie conservatrice en cas de bonne réponse. Les
Réponse ; différents types de réponse (fibreuse, desmoplastique, colloïde), leurs aspects et leurs difficul-
Traitement tés d’interprétation en IRM sont présentés. Les caractéristiques et les performances de l’IRM
néoadjuvant post-traitement néoadjuvant sont détaillées pour le staging T et N, l’évaluation de la marge
circonférentielle radiale, ainsi que l’imagerie de diffusion. L’évaluation quantitative (variation
de la volumétrie tumorale) et qualitative (grade de réponse tumorale) permet d’identifier en
IRM les bons répondeurs des mauvais répondeurs.
© 2014 Éditions françaises de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jradio.2014.03.005
2211-5706/© 2014 Éditions françaises de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La chimioradiothérapie (CRT) néoadjuvante est devenue CRT, cette réaction se présente sous la forme de fins spicules
le standard pour le traitement des cancers du rectum loca- en hyposignal T2.
lement avancés (stades T3c, T3d et T4) [1].
De nombreux essais ont montré que ces traitements Réponse colloïde
néoadjuvants diminuaient le risque de récidive locale en
permettant une résection complète (résection R0) et une Elle correspond à une nécrose de la tumeur avec transfor-
amélioration de la survie [2—5]. mation mucineuse témoignant d’une réponse au traitement.
L’IRM est devenue un outil indispensable au bilan préthé- Elle ne doit pas être confondue avec les adénocarcinomes
rapeutique, permettant notamment une évaluation précise mucineux (10 % des tumeurs), dont l’aspect en IRM après
de l’extension pariétale (staging T) et des marges cir- CRT est inchangé par rapport à l’IRM initiale. Ce sont des
conférentielles radiales (CRM) prédictives d’une résection tumeurs de mauvais pronostic avec un risque accru de réci-
complète [6,7]. dive. Les pools de mucine acellulaire sont visualisés sous la
En 2013, un consensus de l’European Society of Gas- forme d’un hypersignal T2.
trointestinal and Abdominal Radiology (ESGAR) a été publié
concernant les recommandations en IRM de la prise en
charge clinique du cancer du rectum [8]. Il est recommandé La technique de l’IRM après CRT
de réaliser une réévaluation du stade tumoral après radio-
chimiothérapie (RCT) et avant chirurgie. Pour les cancers L’IRM de réévaluation est réalisée 6 à 8 semaines après la
du rectum localement avancés (T3c, T3d et T4) et pour les fin de la CRT. Une séquence sagittale pondérée T2 permet
cancers du bas rectum, il existe un intérêt à effectuer une de positionner une séquence pondérée T2 axiale perpendi-
réévaluation locale après traitement néoadjuvant [7]. Cette culaire au grand axe de la tumeur. Cette séquence reste
réévaluation n’a d’intérêt que si elle doit modifier la straté- primordiale, avec des coupes fines (1 à 3 mm) ; elle est com-
gie thérapeutique en permettant, en cas de bonne réponse, plétée par une séquence pondérée T2 coronale. Pour les
une chirurgie conservatrice là où était prévue une ampu- tumeurs du bas rectum, une séquence supplémentaire T2 est
tation abdomino-périnéale ou, au contraire, en proposant recommandée dans le plan coronal du canal anal. La dis-
une stratégie médico-chirurgicale plus agressive lorsque la tension rectale n’est pas obligatoire mais peut être utile
tumeur reste inaccessible à une résection complète. (gel échographique ou un mélange de gel échographique et
L’évaluation de la réponse tumorale en IRM a d’abord de Lumirem® ). Elle doit rester modérée (moins de 100 mL).
été basée sur la réponse tumorale en termes de stade T L’injection de chélate de gadolinium n’est pas indispen-
(downstaging) [6,9,10]. Parallèlement, d’autres auteurs ont sable, sauf pour un cancer du bas rectum pour mieux étudier
essayé d’analyser les modifications de la marge circonféren- l’extension à l’appareil sphinctérien. Les séquences de dif-
tielle radiale (CRM) [11,12]. Plusieurs publications se sont fusion sont recommandées selon le consensus de l’ESGAR
intéressées à la réponse tumorale volumique (downsizing) [8]. La comparaison avec l’IRM initiale est indispensable,
[13,14], en s’aidant récemment des séquences pondérées car le repérage de la tumeur peut s’avérer difficile en cas
en diffusion [15]. d’importante fonte tumorale après CRT [7].
Enfin des critères qualitatifs de réponses en IRM, à
l’image de ceux utilisés en anatomo-pathologie, ont fait
l’objet d’une nouvelle classification [16—19]. Le siège de la tumeur
L’objectif de cet article est de détailler les principaux
outils de l’évaluation de la réponse tumorale après thérapies Il est recommandé [8] de préciser la distance entre le pôle
néoadjuvantes. inférieur de la tumeur et la jonction anorectale (bas rectum
< 2 cm, moyen rectum de 2 à 7 cm et haut rectum > 7 cm)
mesurée dans le plan sagittal. Il faut également préciser la
position circonférentielle de la tumeur (latérale, antérieure
Les différents types de réponse après CRT ou postérieure) et son aspect (polypoïde, annulaire, muci-
neuse, ulcérée). La mesure de la hauteur de la tumeur doit
Les modifications thérapeutiques après thérapies néoadju-
figurer sur le compte rendu [8].
vantes incluent les remaniements fibrotique, desmoplas-
tique, mucineux et inflammatoire.
Le staging T après radiochimiothérapie :
Réponse fibreuse stade yT
En imagerie T2, les portions de fibrose présentent un hyposi-
Généralités
gnal similaire à celui de la musculeuse ; à l’inverse, le signal
de la tumeur résiduelle reste celui de la tumeur initiale. En La classification de T staging est la même après thérapie
pathologie, la fibrose est constituée de plage de collagène, néoadjuvante [6].
de fibroblastes et d’histiocytes. De la même façon que sur l’IRM initiale préthérapeu-
tique, une tumeur présentant une extension de moins de
Réponse desmoplastique 1 mm au-delà de la musculeuse a exactement le même pro-
nostic qu’une tumeur T2. Ainsi, il n’y a pas de pertinence
Aussi appelée reactive fibrosis, elle est constituée de dépôts clinique à bien différencier une tumeur T2 d’une tumeur
de collagène au sein de la tumeur. Sur l’IRM initiale et après T3a. Il est par contre important de mesurer l’extension
Modele +
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Réévaluation en IRM après traitement néoadjuvant du cancer rectal 3
Figure 1. Tumeur rectale classée initialement T3b qui devient après radiochimiothérapie ypT 0 ; a : baseline ; b : après radiochimiothéra-
pie.
Figure 2. Tumeur rectale classée T3a initialement qui devient ypT2 après traitement néo-adjuvant ; a : baseline ; b : après radiochimio-
thérapie.
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4 M.-A. Pierredon-Foulongne et al.
L’utilisation de coupes fines de 3 mm perpendiculaires à pour la tumeur initiale, pour les ganglions suspects, pour
l’axe de la tumeur est fondamentale [23]. tout envahissement vasculaire et dépôt tumoral. Le compte
rendu d’IRM [8] doit préciser la plus courte distance entre la
tumeur et le fascia mésorectal et son siège ; et s’il persiste
Imagerie de diffusion
ou pas un envahissement du fascia recti. L’IRM est très per-
Des études récentes ont démontré l’intérêt de l’imagerie formante pour évaluer cette marge chez des patients natifs
de diffusion dans la détection du résidu tumoral au sein de avec une fiabilité globale comprise entre 90 et 95 % [28,29].
la fibrose, permettant ainsi de mieux prédire les réponses Elle baisse en précision après radiochimiothérapie, avec une
complètes [15,24—27]. Les portions de fibrose ont géné- fiabilité comprise entre 66 et 84 % [11,12,30] (Tableau 2).
ralement un hyposignal en diffusion pour des valeurs de En effet, la réponse tumorale se traduit par une dimi-
b élevées (T2 black effect [27]). À l’inverse, la tumeur nution de la masse tumorale associée à une augmentation
résiduelle présente une densité cellulaire élevée et un significative de la CRM. L’évaluation de la CRM après
hypersignal en diffusion pour des valeurs de b élevées. radiochimiothérapie est alors facile. L’évaluation de la
Cependant, les séquences de diffusion peuvent être CRM est particulièrement importante pour les cancers du
d’interprétation difficile en cas d’adénocarcinome muci- bas rectum, permettant parfois de préserver le sphincter
neux ou de réponse colloïde (production de mucine par la (Fig. 3).
tumeur sous l’effet du traitement néoadjuvant) responsable Cependant, chez certains patients, la radiochimiothéra-
d’effet T2. pie entraîne une réduction du volume tumoral, mais aussi
Selon le consensus de l’ESGAR [8], le compte rendu d’IRM une rétraction des contacts préexistants avec le fascia
de réévaluation doit préciser la présence ou l’absence de recti. Dans ces cas, il peut persister une travée hypo-
tumeur résiduelle et/ou de fibrose. intense T2 reliant en pont la tumeur et le fascia. Il est
alors difficile de préciser si cette travée contient des
éléments tumoraux, ou si, au contraire, cette séquelle
fibreuse est totalement stérilisée lors de l’analyse anatomo-
Évaluation de la marge circonférentielle pathologique (Fig. 4 et 5).
radiale (CRM) après CRT
Le fascia du mésorectum, visible sous la forme d’un fin hypo-
signal T2 entourant la graisse du mésorectum, est considéré Le staging N après radiochimiothérapie :
en IRM comme les marges latérales de sécurité chirurgicale. stade yN
En effet, il est pratiqué en peropératoire une exérèse totale
du mésorectum dont la limite est ce fascia mésorectal. Le nombre et la taille des ganglions diminuent après trai-
Une CRM est considérée comme positive si tout résidu tement néoadjuvant, entraînant un downstaging fréquent
tumoral se situe à moins de 1 mm du fascia : ceci est valable chez deux tiers des patients [9].
Figure 3. Tumeur du bas rectum classé initialement T3 puis après traitement néoadjuvant pT0 ; a : IRM initiale avant traitement ; b : après
radiochimiothérapie.
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Réévaluation en IRM après traitement néoadjuvant du cancer rectal 5
Figure 5. Faux positif bande fibreuse stérile ; a : IRM initiale avant traitement ; b : après radiochimiothérapie (résidus fibreux (flèche
blanche), avec contact sur le fascia du mésorectum (flèche rouge).
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6 M.-A. Pierredon-Foulongne et al.
Figure 6. Volumétrie chez un patient bon répondeur ; a : IRM initiale avant traitement, le volume tumoral est évalué à 76 cm3 ; b : après
radiochimiothérapie, le volume tumoral est évalué à 13 cm3 .
Figure 7. Patient bon répondeur histologique (ypT0) en réponse complète mais sans aucune diminution de volume (réponse colloïde) ; a :
IRM initiale avant traitement ; b : après radiochimiothérapie.
Figure 8. IRM d’un cancer du rectum avant et après CRT. IRM T2 sagittale préthérapeutique (a). IRM post-radiochimiothérapie sagittale
(b) et axiale (c, d).
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8 M.-A. Pierredon-Foulongne et al.
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