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Vincent JAPPÉ
Année 2011
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
Ministère de la Santé et des Sports
Région Bretagne
Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes
RESUME
MOTS CLES
ABREVIATIONS
METHODE DE RECHERCHE
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 1
RESULTATS ....................................................................................................................................... 5
1. REGLAGE .................................................................................................................................................... 27
2. COMPLICATIONS ...................................................................................................................................... 27
2.1. Déficience des nerfs périphériques du membre supérieur ................................................................. 27
2.2. Déficience des artères des membres supérieurs ................................................................................. 28
2.3. Déficience de l’ulna ........................................................................................................................... 28
2.4. Déficience de la peau de l’aisselle ..................................................................................................... 28
3. ADAPTATION CARDIORESPIRATOIRE DU SUJET ............................................................................. 29
4. MOBILITE ................................................................................................................................................... 30
SYNTHESE ....................................................................................................................................... 31
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUME
Il s’agit d’une revue des publications au sujet des cannes axillaires et des cannes
antébrachiales lorsque celles-ci ont un rôle de décharge d’un membre inférieur. Les résultats des
études ont souvent une faible puissance statistique ce qui fournit d’avantage des orientations / pistes
a explorer que de réels recommandations. Cependant, cette revue met en évidence le surcoût
énergétique de l’ambulation avec les béquilles. Le kinésithérapeute devra donc s’assurer, avant de
les prescrire, que le sujet s’adapte correctement à l’effort par un bilan cardiorespiratoire à la
déambulation avec béquilles. De plus un réglage adéquat permet de placer le sujet dans une position
optimale. Enfin il a été mis en évidence certains critères en faveur ou en défaveur de chacune de ces
béquilles.
béquille _ crutch
ambulation _ ambulation
démarche _ gait
ABREVIATIONS
FC _ Fréquence Cardiaque
STRATEGIE DE RECHERCHE
Les mots clés ont été entrés dans les différentes bases de données Pubmed, Pedro, EM-
Consult, Google Scholar et sur le site Physical Therapy, de façon individuelle ou par association de
mots clés. Une lecture des titres, des résumés ou des articles partiellement ou complètement à
permis de retenir les ouvrages permettant de répondre à la problématique. Les articles payants ont
été recherchés ensuite sur la base de donnée de l’IFPEK et un mail a été envoyé systématiquement à
l’auteur de l’article lorsque cela était possible, lui expliquant l’objet de du mémoire et demandant
une copie de l’article en question. Quelques auteurs ont répondu favorablement. Les bibliographies
des articles retenus ont également été étudiées permettant d’accéder à des articles en lien avec le
thème et non retrouvés directement par le biais des bases de données spécialisées. Ces articles ont
été recherchés grâce au moteur de recherche google précédé de la mention [pdf] entre crochet.
INTRODUCTION
Lors de notre formation dans les IFMK, l’étude de la marche du sujet sain et du sujet
pathologique fait partie de notre enseignement. On nous enseigne les déplacements du centre de
gravité (CG), le rôle des différentes articulations, les pressions plantaires et forces de réaction du
sol, les activités musculaires en jeu en fonction de la phase du cycle de marche ainsi que les
paramètres spatio-temporels. Cependant l’étude de la marche du sujet aidé (par une canne simple,
une canne anglaise...) n’en fait pas partie. Quelques notions générales concernant les différentes
aides de marche (AM) et leur réglage nous sont toutefois transmises. A savoir le réglage de la
poignée de la canne selon le pli palmaire distal du poignet, le fait de placer la canne du côté opposé
à la lésion ainsi que lors de la montée/descente des escaliers, utiliser le pied sain pour se hisser sur
la marche supérieur et utiliser pied sain pour freiner la descente selon la phrase « je monte au
paradis et je descends en enfer ». Sur les terrains de stage le réglage des fauteuils roulants est
fréquemment confié aux ergothérapeutes, tandis que le réglage des cannes est réalisé plus volontiers
par les kinésithérapeutes soit de manière arbitraire (à vue d’œil) soit en utilisant des repaires
(poignée au niveau du grand trochanter) avec souvent un réajustement du réglage après analyse de
la déambulation et/ou d’après le ressenti du patient.
D’après Berthe, les aides de marche (AM) peuvent être classées en deux types :
Celles-ci ont pour but d’amener un point fixe (le sol) à la rencontre des membres supérieurs,
ce sont la main courante et les barres parallèles. Elles offrent à l’utilisateur une grande stabilité.
d’autre part les aides de marche mobiles (AMM), deux catégories les composent :
Les AMM dites « stables » ont pour caractéristique d’être autostables, c'est-à-dire qu’elles
tiennent debout sans sollicitation extérieure ce qui contribue à la stabilisation et à l’équilibration de
l’utilisateur. Ce sont le déambulateur (sans roulettes ou avec roulettes à l’avant), le rollator (à trois
et quatre roues) et les cannes multipodes (canne tripode et canne quadripode).
1
Les AMM dites « labiles » ont une surface de contact ponctiforme avec le sol et ne
possèdent pas d’équilibre propre, elles doivent être tenues fermement pour assurer la stabilisation et
l’appui propulsif. Il s’agit de la canne simple, de la CAb et de la CAx.
En ce qui concerne leur rôle, on sait qu’il est multiple. Pour Berthe, la suppléance
recherchée lors du recours à l’aide de marche est de trois ordres : suppléance d’un appui, de la
propulsion et de l’équilibration. Il résume celle-ci par le tableau ci-dessous :
Rhumatologie ++ ++ ++
2
Lorsque l’on entend le mot « aide de marche » on pense souvent à la décharge lors d’une
fracture d’un os des membres inférieurs ou lors d’une entorse. Mais, quelles aides de marches
peuvent assurer ce rôle de décharge d’un membre inférieur ? Les aides de marche mobiles se
distinguent les unes des autres par quatre caractéristiques : la hauteur du soutien procuré, la
sollicitation de la musculature des membres supérieurs, la dimension du polygone de sustentation et
les actions toniques stabilisatrices. Pour Berthe, « Plus la décharge doit être importante au niveau du
membre lésé, plus l’effort demandé aux membres supérieurs est intense, plus l’aide de marche doit
amener un soutien haut situé. Plus l’équilibre du corps en station verticale est compromis plus la
base de sustentation doit être large » (BERTHE, 1987). Le déambulateur ne permet pas ce rôle de
décharge puisque, les mains étant en appui sur les poignées l’avancée du membre inférieur sain au
delà du plan vertical passant par les poignées est limitée par la structure du déambulateur. On
pourrait imaginer de prendre deux cannes tri ou quadripodes mais la difficulté d’utilisation (poser
les patins à plat au sol) et l’encombrement relativement important constitueraient un obstacle à leur
utilisation dans ce rôle. De plus la hauteur de soutien procuré étant relativement basse (poignée),
cela demanderait un effort considérable des membres supérieurs donc une marche très coûteuse en
énergie et donc peu fonctionnelle. L’étude récente de Toshio Soma montre que « les valeurs de
l’IEMG (aire sous la courbe de l’EMG rectifié) pour les muscles triceps brachial, biceps brachial et
grand dorsal sont significativement plus fortes pour les cannes simples et quadripodes par rapport à
la canne antébrachiale. […]Ces résultats suggèrent que le triceps et le biceps réalisent une
cocontraction pour garder l’équilibre du coude lorsque les cannes simples et quadripodes sont
utilisés pour palier le manque d’équilibre lors de l’utilisation de la canne simples et quadripodes »
(TOSHIO SOMA, 2007). Ce qui différencie les cannes axillaires et cannes anglaises de la canne
simple et des cannes tri et quadripodes est le fait qu’en plus de permettre un appui manuel via la
poignée, elles permettent un appui secondaire pour l’une via le béquillon d’avant-bras pour l’autre
via le coussin d’aisselle. Le soutient haut situé des cannes axillaires ainsi que le béquillon incliné
présent sur la canne anglaise en font deux aides particulièrement adaptées à la décharge.
Ainsi, on peut citer quelques objectifs s’appliquant aux béquilles lorsqu’elles ont un rôle de
décharge totale ou partiel d’un membre inférieur. Un objectif préventif peut être de limiter la
dégénérescence cartilagineuse ou l’apparition de douleurs sur une articulation portante arthrosique
par la décharge partielle. Un objectif curatif peut être en traumatologie d’optimiser la consolidation
osseuse par la décharge, totale dans un premier temps puis partielle dans un second temps, du foyer
de fracture. Enfin un objectif compensatif peut être de pallier la déficience de stabilité et de
propulsion, transitoire ou définitive, chez un sujet paraplégique. D’après Kaye, les conditions les
plus fréquemment associées à l’utilisation de béquilles sont, avec une même prévalence de 10%:
3
l’arthrose, les déficiences orthopédiques des membres inférieurs et l’absence ou la perte d’un
membre inférieur (KAYE, 2000).
En quoi les publications concernant les cannes axillaires et des cannes antébrachiales
permettent t-elles leur indication lors de la décharge d’un membre inférieur ?
L’un des objectifs de ce travail écrit est d’aboutir à une connaissance globale de ces deux
aides de marche en s’appuyant sur les articles et ouvrages jugés pertinents à l’issu de la recherche,
dont la stratégie et les mots clés ont été abordés précédemment. A partir de cette connaissance
globale de ces deux béquilles il sera question de définir les avantages mais aussi les inconvénients
ou limites de chacune, en termes de structure, de fonction, d’activité et de participation et en lien
avec les facteurs contextuels. Enfin ces connaissances acquises seront à réinvestir en pratique
clinique dans l’optique de pouvoir indiquer préférentiellement l’une ou l’autre de ces béquilles afin
de limiter leur impact négatif sur le patient.
4
RESULTATS
Les résultats recueillis ont été classés selon la classification de la CIF pour permettre une
lisibilité accrue et un réinvestissement des données de cette étude plus aisé dans la pratique clinique
puisqu’elle « permet de décrire des situations relatives au fonctionnement humain et aux restrictions
qu’il peut subir ; elle fournit un cadre pour organiser cette information». Il s’agit également d’un
« outil de communication standardisé dont le but est de faciliter l’échange d’informations entre
différentes disciplines scientifiques et médicales ». De plus elle est basée sur le « modèle
biopsychosocial » qui correspond à une vision holistique de l’individu inséré dans son contexte. La
CIF est divisée en deux grands volets, d’une part le fonctionnement (aspect de la santé qui ne pose
pas problème) et le handicap (aspect qui pose problème) et d’autre part les facteurs contextuels. Les
fonctions organiques, les structures anatomiques ainsi que les activités et participations constituent
le volet Fonctionnement et handicap. Les facteurs contextuels sont constitués des facteurs
environnementaux et des facteurs personnels. Lorsqu’ une fonction ou une structure est limitée on
parle de déficience. Pour une activité on parle de limitation et pour une participation on parle de
restriction (OMS, 2001).
1. FONCTIONNEMENT ET HANDICAP
Déficience de la moelle épinière et des structures connexes ou plus précisément déficience des
nerfs périphériques du membre supérieur, concerne aussi bien les CAx que les CAb
Déficience des structures du système cardio-vasculaire ou plus précisément déficience des
artères des membres supérieurs, concerne les CAx
Déficience des structures du membre supérieur et plus précisément déficience de l’ulna, décrit
avec les CAb
Déficience des structures des aires de la peau et plus précisément déficience de la peau de
l’aisselle, décrit avec les CAx
Sengler préconise comme traitement « […] le remplacement de l’aide de marche par une
canne accoudoir ou l’adaptation d’une poignée adaptée limitant l’hyper-extension du poignet par un
contre-appui antébrachial ou par le port d’une orthèse adaptée» (SENGLER, 1999). Le sujet atteint
d’une compression bilatérale à l’avant-bras « a arrêté les CAb mais reste symptomatique un an
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après l’opération » (MALKAN, 1992).Ginanneschi prône l’éducation du patient pour limiter la
gravité des lésions neurologiques, à savoir, « Lorsque les béquilles sont prescrites, les patients
doivent être mis en garde contre les complications neurologiques potentielles afin que les
symptômes neuropathiques puissent être détectés tôt et les béquilles abandonnées »
(GIANNESCHI, 2009).
Deux moyens de prophylaxie sont pour Belhassen de « …limiter l’utilisation de ces cannes
dans le temps » et de réaliser une « surveillance attentive voire une adaptation personnalisée». Selon
Sengler, un moyen de prévention est le bon placement de la barre d’aisselle qui « ne doit procurer
qu’un soutènement direct sur la face latérale de la cage thoracique et non un appui sous-axillaire.
Pour Sala « les poignés cylindriques et larges ont des distributions de charges similaires, ce qui rend
impossible de recommander un type plutôt que l’autre pour réduire la fréquence du syndrome du
canal carpien » (BELHASSEN, 2002) (SENGLER, 1999) (SALA, 1998).
Il s’agit pour Mc Fall d’une complication bien connue puisque l’implication des CAx dans
les anévrismes de l’artère axillaire «… à été décrit pour la première fois en 1930... ».Tous les
articles retrouvés à ce sujet semblent aller dans le même sens, ainsi les CAx peuvent être la cause de
pathologies de l’artère axillaire du membre supérieur, voire de l’artère brachiale pour Love. Dans la
quasi-totalité des articles il est question d’anévrisme et d’oblitération d’origine embolique ou
thrombolytique, voire de sténose de l’artère axillaire pour Felderman. Pour Mc Fall « La
présentation la plus fréquente est une forme d’ischémie du membre supérieur, sans cas rapporté de
rupture » (McFALL, 2004) (LOVE, 2001) (FELDERMAN, 1995).
7
Il semble pour McFall que ces pathologies surviennent dans des conditions particulières,
« généralement des personnes âgées, souffrant d'arthrite chronique ou de faiblesse des membres
inférieurs, ayant utilisé des cannes axillaires pour se mouvoir pendant de nombreuses années ».
La notion d’âge apparait nettement dans les séries de cas d’Abbot, avec sept sujets âgés en
moyenne de 70ans (59 à 84 ans), et de Brooks avec trois sujets âgés en moyennes 55ans (48 à
66 ans).
La notion de durée est évoquée par Chevalier qui parle d’une « …utilisation chronique et
prolongée de celle-ci ». Elle est également retrouvée dans les séries de cas d’Abbot, avec une
utilisation entre 15 et 80ans environ, et de Brooks, avec une utilisation entre 43 et 50ans.
Pour Brooks, la série de cas s’intéresse à l’utilisation unilatérale d’une CAx (surement une
ambulation à l’amble unilatérale) pour palier la paralysie d’un membre inférieur, séquelle d’une
affection de poliomyélite dans l’enfance. La série de cas d’Abbot relate l’utilisation bilatérale
des CAx suite à une atteinte d’un membre inférieur dans l’enfance (poliomylétite) ou de la
hanche (désarticulation de hanche, Ostéochondrite primitive de hanche, fracture et double
arthroplastie). Mc Fall rapporte le cas d’une femme de 53 ans atteinte de polyarthrite
rhumatoïde et ayant eu recourt aux CAx pour une durée de 10ans dans le cas de prothèses de
genou et de hanche bilatérales.
Pour Abbot ces complications sous dues à la mauvaise utilisation des CAx (McFALL, 2004
(ABBOT, 1973) (BROOKS, 1964) (CHEVALIER, 2002).
L’examen clinique retrouvait une absence systématique des pouls axillobrachial ou brachial
pour Brooks et Mc Fall et une absence systématique des pouls en distalité du membre supérieur
atteint (pouls radial et ulnaire) pour Abbot et Mc Fall, en lien avec l’occlusion des artères du
membre supérieur par un thrombus ou une embole. Pour Brooks et Abbot des signes annonciateurs
étaient présents dans les jours ou heures qui ont précédés la consultation, apparus de façon
soudaine, à titre de douleurs du membre supérieur quasi systématique, de paresthésies
(fourmillements, brûlures), de sensations de froids et parfois d’ anesthésies et de paralysies
(ABBOT, 1973) (BROOKS, 1964) (Mc FALL, 2004).
Brooks conseille l’arrêt immédiat de l’utilisation des CAx en cas de douleur dans le membre
supérieur. Le traitement était chirurgical à titre de revascularisation (réséquer chirurgicalement
l’anévrisme et/ou le thrombus ou l’embole) et fonctionnel par le remplacement des CAx par des
CAb pour éliminer toute pression axillaire Stallard semble avoir mal interprété l’article de Brooks,
car il prétend que celui-ci recommande l’usage des CAb dans n’importe quelle situation, alors qu’il
ne les conseille (dans l’article) uniquement dans les suites d’une pathologie de l’artère axillaire
(ABBOT, 1973) (BROOKS, 1964) (STALLARD, 1978).
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1.1.3. Déficience de structure du membre supérieur
Amin rapporte le cas d’une fracture de fatigue de la diaphyse de l’ulna en lien avec
l’utilisation de CAb. Il s’agit d’une « femme de 21 ans qui a présenté une période de 3 semaines
avec augmentation des douleurs de l’avant-bras. Elle a utilisé des CAb pendant 6 semaines lors
d’une amputation pour ostéosarcome récurent du tibia proximal droit. Il n’y avait pas d’antécédent
de traumatisme et pas non plus de douleur nocturne ». L’auteur précise bien qu’il s’agit d’un cas
rare puisqu’à la date de publication de l’étude il s’agissait du troisième cas rapporté (AMIN,
2004).Venkatanarasimha rapporte le cas d’une fracture de fatigue de la diaphyse de l’ulna ainsi
qu’une « réaction de fatigue» du radius (sans trait de fracture) chez une femme de 60ans en
surpoids lors de l’utilisation de CAb. Pour l’auteur le mécanisme à l’origine semble être lié à
l’association de forces de traction, de torsion et d’une pression directe sur la partie proximale des os
de l’avant-bras. « Le premier cas de fracture de fatigue de l’ulna lors de l’utilisation de béquilles a
été décrite en premier par McGoldrick et O’Brien (1988) ».
La clinique de l’atteinte était pour Amin « une sensibilité de l’ulna proximal sans troubles
neurovasculaires ou fonctionnels » et pour Venkatanarasimha, la perception auditive d’un
craquement dans l’avant-bras gauche, trois jours avant la consultation, et par la suite « une
sensation douloureuse et un gonflement de l’endroit » (AMIN, 2004) (VENKATANARASIMHA,
2009).
10
maximale théorique) Tous ces résultats confirment, s’il était besoin, que la déambulation avec
béquille représente un surcoût énergétique important comparativement à la marche simple
(VEZIRIAN, 2004) (VOISIN, 2001) (NIELSEN, 1990).
l’APU partiel et l’ambulation croisée consomment environ la même chose pour une vitesse
comprise entre 3 et 6 Km/h,
De façon similaire, l’APU total et l’ l’ambulation pendulaire bilatérale (APB) ont une VO2
identique lorsque la vitesse est comprise entre 3 et 5 Km/h,
l’APU total ainsi que l’APB swing-through sont plus énergivores que l’APU partiel (avec 9,1Kg
sur le membre « lésé ») ou que l’ambulation croisée (en deux temps). Plus particulièrement,pour
une vitesse de 3,6 Km/h, l’APU partiel ou l’ambulation croisée sont 33% plus coûteuse en
énergie que la marche simple, contre 78% pour l’APU totale et l’APB,
Enfin Vezirian obtient une stabilisation de la VO2 lors de l’APU total avec Cab au bout de 4
min 29 sec ± 38 sec ou 218 mètres. A titre de comparaison, lors de la marche, la stabilisation du
VO2 survient après 2 min 17 sec ± 13 sec ou 168 mètres (LEE, 1987) (McBEATH, 1974)
(VEZIRIAN, 2004).
11
donc sur le rendement fonctionnel global du sujet qui semble être supérieur chez l’enfant que chez
l’adulte ». Voisin retrouve au cours de l’APU total avec CAb chez le sujet sain, un ICP égal à 1,11
chez les hommes et à 1,61 chez les femmes. Ces valeurs sont obtenues après 120 mètres de
béquillage à la vitesse SSV (VEZIRIAN, 2004) (VOISIN, 2001).
a) En terrain plat
aa) Utilisation de la consommation d’oxygène (VO2)
Les résultats de l’étude de Mc Beath retrouvent que :
Les CAx et les CAb ont une VO2 équivalente à la fois pour l’APU partiel et pour l’APB,
Jusque 5Km/h, la VO2 pour l’APU total est identique pour les CAx et les CAb, au-delà les
CAx sont plus énergivores.
Au-delà de 6Km/h, les CAx ont une VO2 supérieure pour l’APU total comparativement à
l’APB, inversement, les CAb ont une VO2 inférieure pour l’APU total comparativement à
l’APB,
Enfin, lors de l’ambulation croisée, la VO2 est nettement supérieure avec les CAx au-delà de
3,6Km/h
12
Contrairement à Mc Beath, Dounis retrouve, lors de l’APU total avec les CAx, une VO2
inférieure et une distance parcourue en six minutes plus grande comparativement aux CAb mais
aucune différence statistiquement significative. Lee retrouve pour l’APU total avec CAb une VO2
significativement supérieure comparativement au CAx (p<0,01) (McBEATH, 1974) (DOUNIS,
1980) (LEE, 1987).
b) En dénivelé
La VO2 est plus importante lors de la montée des escaliers avec béquilles comparativement
à la montée sans aide, elle-même plus coûteuse que le repos. Cependant, lors de l’étude d’Adenoyin
(monter 13 marches soit 1,95m de hauteur), « aucune différence significative n’est retrouvée entre
la montée des escaliers avec Cab et CAx ». Adedoyin précise que
« les résultats de cette enquête sont valides pour de jeunes adultes normaux, mais ne peuvent
pas être généralisés aux personnes âgées et celles qui ont des problèmes cardio-respiratoires».
Fisher constate que « la FC et la VO2, pour une hauteur d’ « ascension » donnée, sont moindres lors
de la montée d’escalier que lors de la déambulation sur une rampe incliné de 5% avec béquilles»
Selon Annesley, les « différences de VO2 et de FC… sont probablement le résultat de
l’hétérogénéité parmi les sujets dans leur rapidité à atteindre un état stable, et non pas de différences
dans la conception des béquilles ». Adedoyin met en avant la taille de son échantillon qui est selon
lui « de nature à réduire au minimum l'influence de la variabilité inter-sujets et à renforcer les
conclusions (de son étude) » (ADEDOYIN, 2002) (FISHER, 1981) (ANNESLEY, 1990).
13
1.2.2. Fonction de l’appareil locomoteur et liées au mouvement
Lors de l’ambulation avec béquilles, les membres supérieurs ont un rôle de suppléance des
membres inférieurs qui portent en temps normal la totalité du poids du corps. Ceux-ci travaillent en
charge, en chaîne cinétique fermée (CCF) grâce aux béquilles, qui constituent leur prolongement
jusqu’au sol. Ils soutiennent alors un pourcentage du poids du corps allant de quelques kilos à la
totalité. Différentes fonctions concernant l’appareil locomoteur sont abordées: mobilité; stabilité;
puissance et démarche. Pour Berthe qui décrit l’ambulation avec béquilles: « Dans ces conditions
biomécaniques, l’effort de soulèvement du poids demande une programmation spéciale et un
développement musculaire approprié pour répondre à des sollicitations exceptionnelles »
(BERTHE, 1987).
14
Avec un appui sur l’accoudoir: La position de l’appui manuel est postériorisée, les
articulations scapulo-humérale, sterno-costo-claviculaire ainsi que le coude doivent donc disposer
d’amplitudes supérieures. L’extension de l’articulation scapulo-humérale est d’environ 20°. Il en est
de même pour la descente (BERTHE, 1987).
Lors de la descente avec rampe: La préhension est l’exigence de base pour immobiliser la
prise (sinon la main glisse en avant). L’inclinaison ulnaire, due à l’inclinaison de la rampe, favorise
l’agrippement en améliorant la préhension (pince digito-palmaire). L’exigence articulaire est surtout
l’extension scapulo-humérale et la flexion de coude pour contrôler l’appui sur la marche inférieur
(BERTHE, 1987).
a) Membres supérieurs
Pour Berthe, la préhension de l’aide de marche nécessite une force de prise à pleine main
de 3,5 cm de mercure soit 46,7mBar. L’Extension du coude nécessite d’avoir un « triceps coté à 3+
au testing ». Le coude est en légère flexion, le triceps brachial et l’anconé jouent le rôle de
« système amortisseur » par la mise en réserve d’une tension viscoélastique intramusculaire
(pendant l’appui) qui est transformée en force lors de l’impulsion (BERTHE, 1987). Selon l’étude
menée par Reisman sur l’APU avec CAx, le moment moyen du coude change très peu en fonction
de la vitesse de déambulation et indique que l’effort du muscle extenseur du coude (triceps brachial)
varie peu en fonction de la vitesse de déambulation (REISMAN, 1985). Pour Requejo, l’Abduction
et la rotation médiale «doivent être contrôlés par des adducteurs côté à 3+ » (REQUEJO, 2005).
Une étude menée par Chida cherche à mettre en évidence les muscles du membre supérieur qui ont
la plus forte consommation d’énergie (en Cal/Kg/Min) en fonction de l’utilisation des CAb ou des
CAx lors de l’APB « swing-through ». Le deltoïde moyen et le triceps (portion longue et courte) ont
une activité musculaire significativement plus grande lors de l’ambulation avec les CAb
comparativement à celle avec les CAx (p=0,021). L’activité du deltoïde moyen semble liée à
l’effort nécessaire pour soulever les CAb par une abduction de l’épaule. L’activité du triceps est liée
au fait que la béquille doit supporter l’ensemble du poids du corps par l’intermédiaire de
l’articulation du coude. Le grand pectoral a une activité significativement plus grande lors de
l’ambulation avec les CAx comparativement à celle utilisant les CAb (p=0,021). L’activité du
biceps et du brachial ne sont pas significativement différentes lorsque l’on compare les valeurs plus
ou moins la déviation standard (SD). L’activité du grand pectoral s’explique par la nécessité de
plaquer la barre d’aisselle contre le bord latéral du thorax pour permettre une plus grande stabilité.
16
Chida conclut en disant que « Les cannes axillaires ne sont pas plus coûteuses en énergie que les
cannes antébrachiales » (CHIDA, 2004).
b) Membre inférieur
Pour Stallard les forces de réaction du sol au membre inférieur semblent suivre le même
schéma lors de l’APU partiel et lors de la marche normale, en effet la composante verticale suit un
schéma en forme de « double bosse ». La composante horizontale dans la direction de la
déambulation indique que l'effort de propulsion principal provient du membre inférieur car le total
de la force propulsive des deux béquilles étant de 0,15 fois le poids du corps contre 0,35 pour le
seul membre inférieur. Enfin, la force moyenne maximale de réaction verticale du sol au membre
inferieur est de 1,32 fois le poids du corps lors de l’APU total, soit 16% plus élevé que
celui rapporté pour la marche normale (STALLARD, 1980).
17
1.3. Activité et participation
Les personnes utilisant des béquilles ont beaucoup plus d’activité de travail que celles
utilisant une autre aide à la mobilité (24,3%). Cependant le taux de chômage (c'est-à-dire la part des
sujets actifs au chômage) est plus de 3 fois supérieur à celui de la population normale (13,8 contre
4,3 pourcents) (KAYE, 2000)
1.3.1. Mobilité
La limitation d’activité a été évaluée à l’aide de 8 critères, comme lever un objet de 4,5Kg
(10 livres), monter 10 marches, marcher environ 20mn, se pencher ou prendre un stylo au sol. La
grande majorité (80%) des utilisateurs de béquilles sont limités dans leurs activités liées à la
mobilité. Les utilisateurs de béquilles sont 7,9 fois plus sujet aux limitations d’activités et 20,6 fois
plus sujet à l’incapacité d’effectuer une ou plusieurs activités (45,4 contre 2,2 pourcents) (KAYE,
2000)
a) Transfert Assis-Debout
Les deux béquilles sont tenues au niveau de la poignée par la main « lésée » pour augmenter
le polygone de sustentation (PS). La main « saine » réalise une poussée sur la surface d’appui. Une
fois debout, la béquille est placée en position côté lésé (Placer le coussin sous l’aisselle ou le
béquillon au niveau de l’avant-bras). La main « saine » attrape la béquille et la positionne avant que
l’autre béquille ne bouge. Les deux pieds des cannes sont devant les pieds du sujet pour augmenter
le PS.
b) Transfert Debout-Assis
Se tourner dos au siège, le creux poplité touchant le siège. La canne côté lésé est retirée et
tenue par la poignée, puis la canne côté sain est également retirée et les deux poignées sont
maintenues par la main « lésée ». Atteindre le dossier ou l’accoudoir avec la main libre et s’asseoir.
18
a) Comment choisir le type de déambulation ?
L’ambulation « désigne le mode de déplacement, chaque fois qu’un patient se déplace en
locomotion debout ». Les CAx aussi bien que les CAb peuvent permettre de réaliser différentes
ambulations parmi lesquelles l’ambulation à l’amble, l’ambulation croisée, l’ambulation pendulaire
unilatérale (APU) et bilatérale réalisable. Celle retenue pour le patient tiendra compte du
pourcentage de décharge que l’on souhaite appliquer au membre inférieur lésé en lien avec ses
capacités physiques. Par exemple, en rééducation les modes d’ambulation les plus employés sont
« l’ambulation unilatérale et l’ambulation croisée, la deuxième suivant chronologiquement la
première ». Elles sont choisies « à cause d’un aspect neuro-psychomoteur proche de la marche
physiologique» (BERTHE, 1987). La majorité des articles concernant les béquilles étant en anglais,
le terme anglais correspondant à chaque ambulation est noté en italique.
APU passive: Elle consiste à garder le membre inférieur lésé soit en arrière, genou
largement fléchi, soit en avant genou tendu et hanche fléchie et est « à neutraliser par une
rééducation méthodique préparatoire qui peut aboutir à une autre possibilité d’ambulation du
membre inférieur lésé » (BERTHE, 1987).
Les prochains types d’APU se distinguent du précédent par le fait que le membre inférieur
lésé n’est pas immobile durant l’ambulation mais possède un schéma de marche. Ils se distinguent
entre eux selon le poids qui est appliqué au membre inférieur lésé. En progression :
APU total (= sans mise en charge du membre inférieur lésé): Elle correspond à une
« simulation de la marche » et nécessite un « rôle maximum de membres supérieurs » (BERTHE,
1987). Elle peut être considérée comme une « technique de rééducation ». Son appellation anglaise
est non-weight bearing (NWB) gate ou three-point gate.
APU contact: Dans cette ambulation il n’y a pas d’appui réel, la « chaussure n’est pas
déformée ». Le « contact » est souvent relatif, la marge d’appui est en réalité comprise entre « 2 et
20% du poids du corps ». La « suppléance de l’appui est donc élevée ». Elle correspond au terme
anglais de Toe-touch gait (TT) ou de touch-down gait (TD), avec l’image qu’il faut marcher avec le
pied pathologique sur une tomate mûre sans l’écraser ! (YORK HOSPITAL, 2004)
APU partiel (= avec appui partiel): Dans cette ambulation, l’appui sur le pied lésé est
partiel. Les références utilisées sont « l’appui partagé » entre le pied lésé et les béquilles soit 1/3 du
20
poids du corps ou « l’appui équilibré » soit ½ du poids du corps.. Elle correspond au terme anglais
de partial weight-bearing (PWB) ou modified three-point gate.
b) Exigences à respecter
Lors de l’utilisation des CAx, le coussin axillaire ne doit procurer qu’un soutènement direct
sur la face latérale de la cage thoracique et non un appui sous-axillaire. Car la compression
chronique, par la traverse, des éléments vasculo-nerveux du creux axillaire est à l’origine de la
paralysie du béquillard (SENGLER, 1999)
La limitation des activités de la vie quotidienne (AVQ) concerne un peu moins de la moitié
(47,7%) des utilisateurs de béquilles, soit 43,4 fois plus que les non utilisateurs. Environ un quart
des utilisateurs de béquilles (24,3%) ont des difficultés dans au moins une AVQ et 23,4%
nécessitent une assistance d’une autre personne. Une personne utilisant des béquilles est 60,7 fois
plus susceptible de rapporter une difficulté dans ses AVQ et 33,4 fois plus sujet à nécessiter une
assistance d’une tierce personne comparé à une personne qui n’utilise pas d’aide à la mobilité
(celle-ci ont des difficultés dans 0,4% des cas et on besoins de l’aide d’une tierce personne dans
0,7% des cas) (KAYE, 2000)
La limitation des AVQ concernant le fait de s’occuper de la maison (IADL) touche plus des
trois-cinquièmes (62,2%) des utilisateurs de béquilles. La grande majorité (55,7%) de ces personnes
ont besoin d’aide dans une ou plusieurs de ces activités (KAYE, 2000).
1.3.4. Participation
21
2. FACTEURS CONTEXTUELS
Ils ont un impact sur le fonctionnement et le handicap, ils sont organisés pour aller de
l’environnement le plus proche de l’individu (Individuel) à l’environnement le plus global
(Sociétal). Le monde environnant, le contexte social et les attitudes peuvent avoir un effet
facilitateur ou constituer un obstacle.
Au Etats-Unis 566.000 personnes (sur 260 millions de personnes) utilisent des béquilles (en
dehors des institutions) soit 0,22% de la population. Le pourcentage de personnes dans la
population générale à utiliser des béquilles augmente avec l’âge et diminue avec le montant des
revenus. Environ un tiers (31,9%) a été hospitalisé dans l’année qui a précédé (KAYE, 2000).
a) Cannes antébrachiales
Elles sont désignés sous «Canne métallique réglable, avec appui antébrachial ou poignet en
T, à l'achat » par le « code LPP: 1296787 (ancien code : 101B01.2) ». Le tarif actuel de
remboursement de l’assurance maladie est de 12,20 euros (ASSURANCE MALADIE, 2011). Elles
sont disponibles par internet. Exemple chez l’equipemedical, conditionné par 1 unité, disponible en
48 à 72h, 4,90euros ou 6,70euros l’unité soit 9,8euros ou 13,4euros la paire. Poids : 0,52 à 0,54Kg.
Taille unique : sujets de 1m 35 à 2 m et hauteur de la poignée par rapport au sol: 76-98cm
(EQUIPEMEDICAL, 2011). Dans l’exemple, si le sujet opte pour la première paire il peut être
totalement remboursé alors que si il choisi la seconde paire il lui restera 1,2 euros à charge.
b) Cannes axillaires
Elles sont désigné sous « Béquilles d'aisselles réglables en hauteur, tout type, la paire, à
l'achat » par le « code LPP : 1261872 (ancien code : 101B01.5) ». Le tarif actuel de remboursement
de l’assurance maladie est de 18,29euros (ASSURANCE MALADIE, 2011). Elles sont également
disponibles par internet. Exemple chez l’equipemedical, conditionnées par 2 unités, disponible sous
48/72h, elles coûtent de 25 à 30 euros la paire. Poids : 1,66Kg. Deux tailles: « Medium » : sujets de
1.55 à 1.75 m, taille de la canne : 1.10 à 1.30m, 25euros. « Large » : sujets de 1.75 à 1.95 m, taille
22
de la canne : 1.30 à 1.50m), 30 euros (EQUIPEMEDICAL, 2011). Dans l’exemple il reste à la
charge du sujet de 6,71 à 11,71 euros.
Ils ne sont pas intégrés à la CIF. Il s’agit du sexe, de la race, de l’âge, les autres problèmes
de santé, la condition physique, le mode de vie, les habitudes, l’éducation…
Il semble assez logique de penser qu’à l’instar de la marche (où le coût énergétique est
corrélé au poids du corps (MAHADEVA, 1953) et de la course, un poids plus élevé nécessite une
dépense énergétique plus grande pour assurer une même vitesse de déplacement mais aucune étude
n’a été retrouvée pour étayer cela.
2.2.2. Observance
De multiples questionnaires existent pour évaluer les aides techniques mais aucun n’a pour
but d’évaluer uniquement les béquilles. Deux questionnaires ont été retenus, le QUEST 2 qui
permet de recueillir la satisfaction du sujet par rapport à son aide technique et le F-PIADS qui
évalue l’impact de l’utilisation d’une aide technique sur la qualité de vie. Selon Demers, le QUEST
2 (Quebec User Evaluation of Satisfaction with Assistive Technology : version 2), est un outil
clinique « permettant de documenter les avantages concrets de l’aide technique pour le sujet et de
justifier le besoin de cette aide » et c’est également un outil de recherche qui peut permettre de «
comparer les données sur la satisfaction avec d'autres données telles que les résultats cliniques, la
qualité de la vie, l'état fonctionnel, le coût de la déambulation et le confort » (DEMERS, 2002).
Le F-PIADS (version franco-canadienne du PIADS ou échelle de mesure de l’effet des aides
23
techniques sur le plan psychosocial) est une auto-évaluation de 26 questions qui mesure l'impact de
l’utilisation des aides techniques sur la qualité de vie du point de vu de l’utilisateur.
Il est en lien avec le sujet lui-même et sa morphologie puisqu’il doit permettre la meilleure
efficience du système sujet-béquille lors des différentes activités et participation. Plus précisément
la béquille doit être ajustée au sujet de telle sorte que les muscles assurant la suspension du corps
(en chaîne cinétique fermée) et la propulsion aient la meilleur efficacité tout en réduisant au
minimum le surcoût énergétique lié à la déambulation. Cette adaptation du réglage des béquilles à la
morphologie du sujet dépend bien de facteurs personnels. (L’environnement ne modifie pas le
réglage des béquilles)
24
conventionnel. Il en ressort que le réglage conventionnel (styloïde ulnaire) n’est pas plus efficient
sur le plan énergétique qu’un réglage à plus ou moins 2,5cm par rapport au réglage conventionnel.
Cependant avec le réglage le plus haut on obtient le ratio prodction en CO2 sur consommation en
O2 le plus faible (MULLIS, 2000).
26
CONCLUSION
Les interventions et les méthodes de mesure des résultats varient entre les études, par
conséquent, il n'était pas possible de tirer des conclusions générales. Toutefois, des lignes
directrices apparaissent concernant les points principaux de ce travail. D’autres études possédant
une bonne rigueur scientifique sont requises pour étayer ce travail.
1. REGLAGE
Cannes antébrachiales: Il semblerait donc que les cannes antébrachiales doivent être
réglées au PPDP qui permet de se rapprocher au plus près des 30° de flexion du coude (maximum
d’efficacité du triceps brachial) et ce, d’autant plus que le sujet est petit (moins de 160cm pour la
femme et moins et 175cm pour un homme). Cependant une tolérance d’un cran, soit 2,5cm, est
permise pour le réglage des cannes antébrachiales et les individus de grande taille (plus de 160cm
pour la femme et 175cm pour l’homme) préfèrent un réglage plus haut. Enfin le dernier choix
revient au sujet qui aura à déambuler avec les CAb ainsi réglées.
Cannes axillaires : Les auteurs semblent s’accorder sur la distance entre la barre axillaire et
l’aisselle, de 5 à 6,4cm. Egalement sur l’angle de flexion de coude idéale, 30° pour Reisman et entre
25 et 30° pour Bauer. Il ressort de l’étude de Bauer deux formules fiables pour régler rapidement la
hauteur de la barre axillaire : taille du sujet actuelle (mesurée)*0,72+5,2cm et taille auto-reportée
par le sujet*0,68+12,3cm.
2. COMPLICATIONS
Cannes antébrachiales:
Cannes axillaires :
Cannes antébrachiales
Cannes antébrachiales
28
Education thérapeutique: Porter des gants ou capitonner la poignée pour prévenir les
phlyctènes au niveau des mains, Relâcher la pression entre la main et la poignée,
Favoriser les béquilles avec des poignées larges qui répartissent les appuis
Cannes axillaires
la vitesse choisie par le sujet SSV est celle qui possède le surcoût énergétique le plus faible
mais marcher plus lentement que la SSV ne se traduit pas par variation significative de la
consommation d’oxygène (LEE, 1987).
Lors de l’APU total avec CAb, la stabilisation du VO2 survient après 4 min 29 sec ± 38 sec ou
218 mètres alors que la stabilisation de la FC ne survient qu’après 5 min 6 sec ± 1 min 2 sec ou
250 mètres.
Après 120m d’APU total avec CAb chez l’adulte, on retrouve un ICP égal à 1,11 chez les
hommes et à 1,61 chez les femmes. De plus l’ICP est plus faible chez l’enfant ce qui traduit une
tendance à un rendement fonctionnel global supérieur pour l’enfant.
La dépense énergétique lors de la montée des escaliers n’est pas significativement
différente entre les cannes antébrachiales et les cannes axillaires (ADEDOYIN, 2002). L’étude
de Fisher permet de donner une tendance sur le fait que la montée des escaliers avec béquilles
est moins énergivore que la montée d’un pan incliné à 5% mais reste à confirmer par d’autres
études (FISHER, 1981).
Pour Vezirian « L’analyse du VO2, plus coûteuse et plus lourde à mettre en place, est
(néanmoins) l’indicateur le plus fiable de la dépense énergétique à l’effort ». Fort de constater que
29
cette évaluation est peu réalisée, du fait du coût élevé du matériel et des contraintes liées à sa mise
en place, et que le kinésithérapeute est régulièrement « confrontés aux limites de l’adaptation
cardiaque lors de la déambulation », il propose l’utilisation de l’ICP en pratique clinique « qui
prend en compte deux indicateurs du coût énergétique de la locomotion que sont la vitesse de
marche et la fréquence cardiaque ». Le bilan initial du sujet peut consister en une épreuve de
béquillage « sur une distance de 250 mètres ou d’une durée de 5 min 6 sec » et ceci, pour aller
au delà du temps de stabilisation de la VO2 et de la FC (VEZIRIAN, 2004).
4. MOBILITE
Le deltoïde moyen et le triceps (portion longue et courte) ont une activité significativement
plus importante lors de l’APB avec cannes antébrachiales. Lors de l’APB avec cannes axillaires,
le grand pectoral à une activité significativement plus importante et on observe seulement une
tendance des fléchisseurs du coude (biceps et le brachial) à travailler d’avantage (non significatif)
(CHIDA, 2004).
Lors de l’APU total l’effort de propulsion est majoritairement assuré par le seul membre
inférieur et la force vertical maximale de réaction du sol est en moyenne 16% supérieure à la
marche simple (STALLARD, 1980).
La vitesse de déambulation spontanée (SSV) est significativement plus faible avec béquilles
comparativement à la marche simple (p<0,01) (LEE, 1987). Lorsque l’on compare la vitesse
spontanée de l’APU total avec cannes axillaires et cannes antébrachiales aucune différence
significative n’est retrouvée (McBEATH, 1974). Cependant la tendance correspond à une vitesse
spontanée supérieure avec les cannes axillaires.
30
SYNTHESE
Avant toute chose il semble important de préciser que les résultats tirés des publications au
sujet des béquilles nous fournissent d’avantage de lignes directrices que de véritables
recommandations du fait de la faible puissance statistique des études, souvent due à des échantillons
de taille réduite (1 à 10 sujets), à l’absence de randomisation ou encore à l’absence du « double
aveugle » (les examinateurs et les sujets de l’étude n’ont pas connaissance de l’objet de l’étude). De
plus la comparaison est rendue difficile par des protocoles d’études très différents d’une étude sur
l’autre, notamment par l’âge de la population étudiée, par le matériel et les méthodes de mesure qui
diffèrent. Enfin il y a un manque d’article très récents, car parmi les articles et ouvrages
sélectionnés (cinquante), la majorité date de plus de dix ans, les 2/3 datent de 5 à 10 ans et
seulement 12% datent de moins de 5 ans !
Aussi une première partie de cette synthèse se propose de discuter certains résultats
de l’étude; une deuxième partie abordera les apports personnels et professionnels induits par ce
travail écrit.
Il a été vu dans la partie « 11. Structures anatomiques » que les CAx pouvaient entrainer des
complications neuro-vasculaires et cutanées dans certains cas particuliers, notamment chez le sujet
au dela de 50 ans et lors d’une utilisation prolongée. On est donc tenté de relativiser la dangerosité
de ces béquilles chez un sujet relativement jeune et pour une utilisation en aigu. De plus le réglage
des CAx, s’il est réalisé correctement, avec une barre axillaire à moins de 5cm du creux axillaire et
l’utilisation correcte de celles-ci, en évitant de s’affaisser sur la barre axillaire, permettent de
prévenir ces complications. L’éducation thérapeutique passant par la sensibilisation aux risques
de complications et les symptômes que le patient pourrait ressentir, les conseils, les explications et
un entraînement pratique à l’utilisation des CAx sont impératifs pour prévenir ces complications.
Pour Dean, l’enseignement de la bonne utilisation des CAx passe par l’explication, la
démonstration, la pratique et le feedback sous forme d’essai-erreur (DEAN, 1993). Le thérapeute
devra également questionner le sujet concernant sa satisfaction vis-à-vis des béquilles prescrites et
vérifier régulièrement leur réglage et leur utilisation correcte par le sujet de manière à prévenir des
attitudes de non observance du sujet qui augmenteraient le risque de complications.
31
1.2. Coût énergétique de la déambulation
La plupart des études concernant l’adaptation cardiorespiratoire des sujets déambulant avec
des béquilles se sont intéressées uniquement à des sujets sains ce qui limite le réinvestissement de
ces résultats à une population saine. Par exemple fracture du fémur, entorse de la cheville, chirurgie
du LCA…
L’utilisation de l’ICP (qui n’a pas fait l’objet d’étude s’intéressant à la déambulation avec
CAx), lors d’un protocole standardisé recommandé par Vezirian, permettrait de comparer les coûts
énergétiques des déambulations avec CAx et CAb. En pratique clinique on peut imaginer d’avoir
recourt à l’ICP (au sein d’un test ayant un protocole défini) afin de déterminer la béquille qui
entraîne le surcoût énergétique le plus faible pour un sujet donné.
1.4. L’utilisation des cannes axillaires est-elle bien judicieuse en cas de déficit des
membres supérieurs ?
Pour Berthe, les cannes axillaires « seront indiquées chez les patients lourds, obèses, dont la
fonction des membres supérieurs est perturbée par des facteurs traumatiques ou pathologiques »
(BERTHE, 1987). Ceci est en accord avec les propos recueillis sur un terrain de stage auprès de
certains kinésithérapeutes qui optent pour les cannes axillaires dans de rares cas, notamment lorsque
les membres supérieurs ne peuvent assurer entièrement un rôle de soutien. Sengler rapporte que leur
« utilisation préférentielle en cas d’atteinte traumatique du coude, de l’avant-bras ou du poignet est
classique, mais celle-ci implique une majoration de l’appui sous-axillaire » (SENGLER, 1999). Or
dans une étude, Goh et collaborateurs montrent au contraire que « lors de la bonne utilisation des
cannes axillaires, la paume de main supporte jusqu’à 44,4% du poids du corps. Ce qui signifie que
32
les deux mains, poignets et avant bras portent la quasi-totalité du poids du corps (88,8%) lors de
l’APU total. Ainsi, la recommandation de l’APU total avec cannes axillaires doit être réfléchie
lorsqu’il est question de patients avec des membres supérieurs faibles» (GOH, 1986). Les CAx
semblent donc à proscrire chez les patients n’étant pas en mesure de soulever la quasi-totalité de
leur poids par l’intermédiaire des membres supérieurs (il est possible de le vérifier dans les barres
parallèles). Si une indication de CAx est réalisée chez ces patients, ceux-ci devront être d’autant
plus vigilants quant à l’apparition de symptômes neuropathiques.
Berthe indique que l’extension à 80° du poignet « permet une économie d’effort et une
stabilisation de l’aide de marche » (BERTHE, 1987), or dans la partie « 11.Structures
anatomiques » nous avons vu que l’extension du poignet était un facteur de risque de l’apparition
d’un syndrome du canal carpien ou du canal de Guyon. Il semble donc qu’il faille stabiliser le
poignet, activement ou passivement, dans une amplitude d’extension sub-maximale et ce, de
manière à limiter le risque de survenue d’une compression des nerfs médian et ulnaire au poignet.
L’environnement naturel du sujet, son réseau familial, social et professionnel ainsi que ses
activités de loisir n’ont pas été retrouvés directement dans les études. On peut penser que la
géographie d’un lieu a une influence sur la facilité du sujet à se mouvoir dans son environnement,
de même que s’il reçoit des encouragements de la part de son entourage. Cependant rien ne prouve
que ces critères soient en faveur de l’une ou de l’autre des béquilles.
Concernant l’apprentissage il semble assez logique de penser que les CAx sont plus aisées
d’accès de par leur design basic, cependant aucune étude ne vient étayer cette hypothèse. Par
exemple en cas de troubles psychologiques entraînant des difficultés d’apprentissage, l’une des
deux béquilles est-elle à privilégier ? Au cours de deux entretiens avec des kinésithérapeutes, l’un
33
français et l’autre marocain, il a été rapporté que les CAx étaient beaucoup utilisées chez les
enfants, car ceux-ci possèdent peu de force aux membres supérieurs et leur apprentissage est plus
aisé que les CAb. L’un d’eux rapporte son expérience personnelle en disant que les enfants
« hyperactifs » ont plus de facilité au niveau de l’apprentissage du béquillage et que cela les
canalise.
D’acquérir une connaissance globale sur les béquilles, aussi bien CAb que CAx. Celles-ci sont
d’une relative simplicité dans leur conception mais ne font l’objet d’aucun cours théorique. De
plus, de par le surcout énergétique qu’elles entrainent par rapport à la marche, leur prescription
n’est pas anodine. En outre un bilan de la marche étudiant les paramètres cardiorespiratoires sur
6min (test de marche de 6 minutes) avec calcul de l’ICP peut permettre d’évaluer l’adaptation
du patient. La position en extension complète du poignet étant à éviter, il est nécessaire
d’adapter la poignée avec une orthèse de maintien ou d’opter pour une canne accoudoir en cas
d’instabilité de poignet ou de maladie rhumatismale touchant le poignet.
Connaitre les indications ou contre-indications des CAx : 1) limiter leur prescription dans le cas
d’une utilisation prolongée (pathologies chroniques), ou chez un sujet âgé, ou lorsque le sujet
possède une force insuffisante des membres supérieurs (surtout déficience du grand pectoral),
ou encore chez un sujet possédant une déficience de structure des artères axillaires ou des nerfs
du membre supérieur (passage sous l’aisselle et au poignet); 2) les privilégier s’il faut décharger
un membre inférieur de façon « importante », afin d’augmenter la stabilité du sujet par un
soutien haut (dans la mesure où les membres supérieurs sont assez forts).
Connaitre les indications ou contre-indications des CAb : 1) limiter la prescription en cas de
déficience des nerfs du membre supérieur (sous l’olécrane et au poignet) et de déficience du
deltoïde et du triceps; 2) les privilégier en cas de besoin d’une décharge « moyenne » d’un
membre inférieur, ou en cas de force modérée des membres supérieurs et, enfin, si le passage
d’escaliers est fréquent.
Savoir régler une béquille à la morphologie du patient (cannes axillaires et cannes
antébrachiales)
Réinvestissement d’un apprentissage à la méthodologie de recherche, initiée lors de la
réalisation de dossiers durant le cursus à l’IFMK (à savoir: choisir les mots clés et leur
traduction, interroger les bases de données, sélectionner les articles susceptibles de répondre à la
problématique et les résultats importants qui en ressortent) et se familiariser à une lecture
efficace d’articles en anglais.
34
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ANNEXES
Figure 7 : « Swing through gait », le pied sain dépasse l’aplomb des béquilles
Figure 8 : Manchette d’avant bras fermée sur une canne antébrachiale