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Kinesither Rev 2022;22(248-249):22–30

Savoir

Le risque de lombalgies communes


liées à l’activité professionnelle chez
les masseurs-kinésithérapeutes :
prévalences et facteurs de risque
selon les modalités d’exercice
The risk of work-related common low back pain in
French physiotherapists: Prevalence and risk factors
according to practice patterns

Baptiste Pellissiera,b a
Institut de formation en masso-kinésithérapie du CHU
François-Régis Sarhana,b,c,d Amiens-Picardie, 30, Avenue de la Croix Jourdain,
Frédéric Telliezb,c 80054 Amiens Cedex 1, France
b
Institut d’Ingénierie de la Santé-UFR de Médecine,
Centre Universitaire de Recherche en Santé,
Laboratoire Péritox (UMI_01), UPJV, 3, rue des
Louvels, 80036 Amiens, France
c
Projet Interreg NeuroMusculoskeletal Disorders
Ecosystem (NOMADe)
d
EA 7516 CHIMERE, UPJV, Avenue Laënnec,
80054 Amiens Cedex 1, France

Reçu le 8 juin 2021 ; reçu sous la forme révisée le


26 juin 2021 ; accepté le 16 août 2021

MOTS CLÉS
RÉSUMÉ Facteurs de risque
Contexte. – Les physiothérapeutes sont atteints de lombalgies partout dans le monde. professionnels
En France, le sujet reste peu documenté. Lombalgie
Objectif. – Déterminer s’il existe des différences de risque de lombalgies communes liées Masseurs-kinésithérapeutes
à l’activité professionnelle selon les modalités d’exercice de la kinésithérapie. Modes d’exercice
Méthode. – Un auto-questionnaire a été mis en ligne à l’attention des masseurs-kinésithérapeutes. TMS
La prévalence, le nombre de jour de lombalgies et l’exposition à des facteurs de risque ont été
comparés entre les différentes modalités d’exercice.
Résultats. – Chez les 604 masseurs-kinésithérapeutes inclus, la prévalence des lombalgies KEYWORDS
Keywords Occupational risk
communes liées à l’activité professionnelle était de 40,4 % sur les 12 derniers mois. La prévalence était
factors
significativement supérieure dans le champ gériatrie/gérontologie (p = 0,033), inférieure dans le champ
Low back pain
sport/APA (p = 0,010). Des différences d’exposition à des facteurs de risque ont aussi été trouvées.
Physiotherapists
Conclusion. – Le risque de lombalgies chez les masseurs-kinésithérapeutes semble fonction des MSDs
modalités d’exercice. Toutes les dimensions du risque doivent être prises en compte. Cette étude Practice patterns
pourrait servir de base à des travaux plus ciblés sur les modes d’exercice et les spécialités.
Niveau de preuve : 5.
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Auteur correspondant :
SUMMARY B. Pellissier
12 rue du 22ème RIC Villers sur
Mareuil 80132 HUCHENNEVILLE
Context. – Low back pain affects physiotherapists throughout the world. In France, to date, this Adresse e-mail :
topic remains poorly studied. baptiste.pellissier@yahoo.fr

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2021.08.003
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 23
Savoir B Pellissier et al.

Objective. – To determine whether there are differences in the risk of common low back pain related to professional activity
according to practice patterns of physiotherapy.
Method. – A self-questionnaire was made available to French physiotherapists online. The prevalence, number of days of low
back pain and exposure to risk factors were compared considering the different practice patterns.
Results. – Among the 604 physiotherapists included, the prevalence of common low back pain related to professional activity
was 40.4% over the last 12 months. The prevalence was significantly higher in geriatric practice (P = 0.033), lower in sports
practice (P = 0.010). Some differences in exposure to risk factors were also found.
Conclusion. – The risk of low back pain among French physiotherapists seems to depend on practice patterns. Every dimension
of the risk has to be considered. Thus, further research on this topic should provide more specific details on the different
practice settings and specialities.
Level of evidence: 5.
© 2021 Elsevier Masson SAS. All rights reserved

influencer le risque de lombalgies. Pour autant, il n’existe


INTRODUCTION aucune donnée statistique qui confirme que ce TMS soit lié
au lieu d’exercice [21,31] ou à la spécialité pratiquée [21].
La lombalgie constitue un problème majeur de santé En France, le sujet des lombalgies chez les MK n’a pas été
publique dans le monde [1]. Elle affecte particulièrement les étudié. Il représente pourtant un enjeu important, pour leur
personnes en âge de travailler [2] et représente le problème qualité de vie comme pour la qualité des soins. Il est en effet plus
de santé dont sont le plus atteints les travailleurs européens difficile de proposer aux patients un traitement optimal tout en
[3]. Les professionnels de santé ne sont pas épargnés : on étant atteint de maux de dos : dans l’étude de West et Gardner
peut citer les infirmiers, les aides-soignants, les dentistes, (2001) aux États-Unis, 92 % des physiothérapeutes déclarent
les ambulanciers, les ergothérapeutes, les masseurs- modifier leurs techniques à cause des lombalgies [20]. Certains
kinésithérapeutes (MK) [4–12]. recourent davantage à l’électrothérapie [21], d’autres diminuent
Si les MK ont un rôle majeur dans le traitement et la le temps de contact avec les patients, modifient ou restreignent
prévention des lombalgies, ils peuvent également en être leurs actes, voire changent de spécialité ou de mode d’exercice
atteints. Selon deux revues systématiques [13,14], jusqu’à
[18,20,21,24,26,27].
80 % des physiothérapeutes dans le monde déclarent avoir
Cette étude visait à combler le manque de connaissance
été sujets à au moins un épisode de lombalgie au cours de
au sujet des lombalgies chez les MK en France. Au-delà
leur carrière ; jusqu’à 73 % au cours d’une période de 12
de l’apport de données épidémiologiques, son objectif était
mois. Il s’agirait du trouble musculo-squelettique (TMS) le
de déterminer s’il existe des différences de risque face aux
plus fréquent chez ces professionnels, devant les TMS des
lombalgies communes liées à l’activité professionnelle entre
régions cervicale et thoracique, des épaules, des poignets/
les différents modes d’exercice et spécialités, tout en tenant
mains et du pouce.
compte de l’origine multifactorielle des lombalgies.
Les lombalgies ont une origine multifactorielle [1] ; les facteurs
de risque professionnels représentent 37 % des facteurs
de risque [15]. Chez les MK, les facteurs biomécaniques
ont fait l’objet de plusieurs études. Sont principalement MATÉRIEL ET MÉTHODE
mis en cause des efforts physiques importants comme les
transferts et manutentions manuelles de patients [12,16– Type d’étude
29], des positions de travail inconfortables ou prolongées Il s’agissait d’une étude transversale rétrospective. Un auto-
[5,18–27], les mouvements de flexion et de rotation du questionnaire en ligne (Appendix 1) a été adressé aux MK
tronc [18–26,28] ou encore la réaction face à une chute ou de France. Il leur a largement été diffusé via le réseau social
un mouvement non anticipé de patients [12,17–28]. Parmi Facebook® et le site Internet du Conseil National de l’Ordre
les facteurs personnels, les jeunes diplômés et les femmes des Masseurs-Kinésithérapeutes. Un message informait les
semblent davantage être atteints de lombalgies [13,14]. En participants de l’objectif de l’étude. Les réponses ont été
revanche, les facteurs psychosociaux et organisationnels collectées entre le 20 novembre 2019 et le 7 février 2020.
n'ont été que rarement étudiés. Le stress au travail serait Elles ont été recueillies de manière anonyme.
pourtant un facteur de risque d’après les résultats de
Campo et al. (2008) [30]. Ces auteurs suggèrent que la
Participants
dimension psychosociale pourrait avoir un rôle majeur dans
le développement et le maintien des TMS. N’étaient inclus que les MK qui exerçaient en France et qui
Selon plusieurs études descriptives, les prévalences les plus avaient traité des patients au cours des 12 derniers mois. Ils
élevées sont situées en milieu hospitalier [12,16,19,28,31], n’étaient pas inclus s’ils avaient changé de mode d’exercice
en établissement pour personnes âgées [17] et en centre ou avaient été diplômés au cours des 12 derniers mois, s’ils
de rééducation [16,22,26,28,31]. Plusieurs spécialités exerçaient leur métier moins de 30 heures par semaine ou
présentent des niveaux de prévalence variables : l’orthopédie, exerçaient un autre métier en parallèle pendant plus de 10 %
la neurologie, la pédiatrie et la gériatrie [16,17,19,24,27,31]. de leur temps de travail et si des réponses au questionnaire
Les modalités d’exercice de la profession semblent donc n’étaient pas interprétables.

24
Le risque de lombalgies communes liées à l’activité professionnelle
chez les masseurs-kinésithérapeutes : prévalences et facteurs Savoir
de risque selon les modalités d’exercice.

Intervention le test exact de Fisher comparait les valeurs observées et


théoriques de chaque groupe afin de conclure. Pour les
Le questionnaire comportait quatre parties. La première variables quantitatives comme l’âge, le nombre de jours
permettait de sélectionner les MK qui respectaient les ou l’exposition aux facteurs de risque, le test de normalité
critères d’éligibilité et de recueillir leur âge, genre et leurs de Shapiro-Wilk a été effectué. Aucune donnée ne suivait
modalités de pratique : mode d’activité (libéral, salarié), une distribution normale pour l’ensemble des groupes. Les
mode d’exercice (milieu hospitalier, centre de rééducation tests de Kruskal-Wallis et de Mann-Whitney ont donc été
fonctionnelle, cabinet libéral et/ou à domicile, etc.), et s’ils utilisés. Si une différence significative était mise en évidence,
exerçaient majoritairement dans un champ d’activité clinique une analyse post-hoc permettait une comparaison multiple
(musculo-squelettique, neuromusculaire, respiratoire/ entre chaque paire de groupe afin de conclure. Le seuil de
cardio-vasculaire/interne/tégumentaire) et un champ significativité était considéré à p < 0,05.
d’activité spécifique (pédiatrie, gériatrie/gérontologie, sport/
activités physiques adaptées (APA), etc.). Cette répartition
des champs d’activité correspond à celle du référentiel de RÉSULTATS
formation des MK [32].
La deuxième partie portait sur les lombalgies (selon la définition
L’enquête a permis de recueillir 720 questionnaires. Treize
de la Haute Autorité de Santé (HAS) [33]). S’ils en avaient
n’ont pas été inclus car les répondants n’avaient pas traité
été atteints au cours des 12 derniers mois, ils devaient fournir
de patient au cours des 12 derniers mois (12) ou n’exerçaient
plusieurs informations comme le nombre de jours de douleur, si
pas en France (1). Sur les 707 questionnaires inclus, 103 ont
une cause spécifique avait été diagnostiquée, s’ils les estimaient
ensuite été exclus au regard des critères de non-inclusion.
en majeure partie liées à leur activité professionnelle, etc.
Finalement, 604 questionnaires ont été analysés.
Les troisièmes et quatrièmes parties portaient sur la perception Parmi les 604 MK, 417 (69,0 %) étaient des femmes, 187
de leurs conditions de travail. À l’aide d’échelles numériques (31,0 %) des hommes. L’âge moyen était de 36,4 ans ± 10,1
de 0 (jamais, pas du tout, perception positive) à 10 (toujours, et l’ancienneté moyenne de 13,1 ans ± 10,0 ; 491 (81,3 %)
extrêmement, perception négative), les participants devaient exerçaient une activité libérale, 98 (16,2 %) une activité salariée,
évaluer leur exposition aux facteurs de risque biomécaniques 15 (2,5 %) une activité mixte. Le Tableau I présente les répartitions
mis en évidence dans la littérature et à des facteurs de risque des MK selon leurs modalités d’exercice après déduction des
psychosociaux/organisationnels liés au travail. Ces derniers modalités d’exercice mixtes ou à effectif trop faible.
n’étant pas définis spécifiquement dans la profession, nous avons
utilisé les drapeaux bleus décrits dans les recommandations
Prévalence des lombalgies communes liées
de la HAS pour les lombalgies communes [33] ; ces facteurs
sont reconnus dans la littérature comme facteurs de risque à l’activité professionnelle
professionnels impliqués dans la lombalgie [34]. La prévalence des lombalgies était de 81,0 % au cours de la
carrière et de 57,1 % sur les 12 derniers mois.
Critères de jugement La prévalence des lombalgies communes liées à l’activité
professionnelle était de 40,4 % sur les 12 derniers mois. Elle
Le critère de jugement principal était la prévalence des n’était pas significativement différente (p = 0,320) entre les
lombalgies communes liées à l’activité professionnelle hommes (37,4 %) et les femmes (41,7 %). Aucune différence
sur les 12 derniers mois. Seul ce type de lombalgie a été significative n’a été observée entre les modes d’activité, les
inclus : il s’agissait des lombalgies communes que les MK modes d’exercice et les champs d’activité cliniques (Tableau
avaient jugées comme en majeure partie liées à leur activité II). En revanche, le champ d’activité spécifique influençait
professionnelle. Les critères de jugement secondaires étaient significativement la prévalence des lombalgies communes
le nombre de jours de lombalgies et l’exposition aux facteurs liées à l’activité professionnelle (p = 0,007) : la prévalence était
de risque biomécaniques, psychosociaux/organisationnels supérieure en gériatrie/gérontologie (p = 0,033) alors qu’elle
(scores de 0 à 10) et les caractéristiques personnelles (âge était inférieure en sport/APA (p = 0,010).
et genre). Toutes ces variables ont été comparées à quatre
niveaux, de manière indépendante, entre les différentes Nombre de jours de lombalgies
modalités d’exercice : entre les modes d’activité, les modes Les MK sujets aux lombalgies communes liées à l’activité
d’exercice, les champs d’activité cliniques et les champs professionnelle en ont été atteints pendant 21 jours en
d’activité spécifiques. Les modalités d’exercices mixtes ou médiane (écart interquartile EIQ = 32,75) sur les 12
dont les effectifs théoriques au test de Khi2 étaient inférieurs derniers mois. Les MK libéraux en ont été atteints pendant
à 5 n’ont pas été intégrées dans les comparaisons. La significativement plus de jours (médiane : 22,5 jours ;
prévalence a également été comparée entre les genres. EIQ = 42,5 ; p = 0,016) que les MK salariés (médiane : 15
jours ; EIQ = 23). Aucune différence significative n’a été
Analyse des résultats observée entre les modes d’exercice et les champs d’activité.

Le traitement des données a été effectué à l’aide des logiciels Facteurs personnels
XLSTAT® (2020.1.1) et JASP (0.11.1.0). Les prévalences et
les répartitions des genres ont été comparées à l’aide du test Il y avait significativement plus de femmes dans le champ
de Khi2. Si une différence significative était mise en évidence, neuromusculaire (82,1 % ; p = 0,032) et moins de femmes

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Savoir B Pellissier et al.

Tableau I. Répartitions des masseurs-kinésithérapeutes selon leurs modalités d’exercices.


Pourcentage
Échantillon intégré
Modalités d’exercices Effectif de l’échantillon total
dans les comparaisons
(%)
Libéral 491 81,3
Mode d’activité n = 589
Salarié 98 16,2

Cabinet libéral et domicile 345 57,1

Cabinet libéral 105 17,4

Mode d’exercice Domicile 15 2,5 n = 551


Centre de rééducation
35 5,8
fonctionnelle
Milieu hospitalier 51 8,4

Aucun champ d’activité 186 30,8

Musculo-squelettique 335 55,5


Champ d’activité clinique n = 604
Neuromusculaire 56 9,3
Respiratoire/cardio-vasculaire/
27 4,5
interne/tégumentaire
Aucun champ 430 71,2

Champ d’activité Gériatrie/gérontologie 72 11,9


n = 598
spécifique Sport/APA 61 10,1

Pédiatrie 35 5,8

dans le champ musculo-squelettique (63,9 % ; p = 0,002) que ceux qui exerçaient en centre de rééducation fonctionelle
ainsi qu'en sport/APA (37,7 % ; p < 0,0001). (p = 0,015).
Les MK des champs d’activité musculo-squelettique Le champ neuromusculaire était significativement plus
( = 35,3 ans ± 9,7 ; p < 0,001) et neuromusculaire ( = 34,3 exposé à ces quatre facteurs biomécaniques que le champ
ans ± 9,6 ; p = 0,007) étaient significativement plus jeunes musculo-squelettique (1,2,4 p < 0,001 ; 3 p = 0,012), et le
que les MK sans champ d’activité clinique majoritaire champ d’activité sport/APA moins exposé que la gériatrie/
( = 39,2 ans ± 10,7). gérontologie (1,3 p < 0,001 ; 2,4 p = 0,003) et la pédiatrie
(1,4 p < 0,001 ; 3 p = 0,009).
Facteurs de risque biomécaniques Comparativement à l’absence de champ majoritaire, la
gériatrie/gérontologie (1,2,3,4 p < 0,001) et la pédiatrie (à
Les MK salariés étaient significativement plus exposés l’exception du soulèvement de charge lourde) (1 p < 0,001 ;
que les MK libéraux aux transferts manuels de patients 3
p = 0,011 ; 4 p = 0,005) étaient significativement plus
dépendants1, aux soulèvements de charges lourdes2, au exposées à ces facteurs biomécaniques, le champ
travail dans des positions inconfortables3 et aux réactions musculo-squelettique moins exposé aux transferts
face à une chute ou un mouvement brusque non anticipé de manuels de patients dépendants (p < 0,001) et le champ
patients4 (1,2,4 p < 0,001 ; 3 p = 0,004) (Tableau III). d’activité sport/APA moins exposée aux réactions face
Les MK qui exerçaient à domicile, en milieu hospitalier et en à une chute ou un mouvement brusque non anticipé de
centre de rééducation fonctionelle étaient significativement patients (p = 0,006).
plus exposés à ces quatre facteurs biomécaniques qu’en
cabinet libéral (1,2,3,4 p < 0,001), à l’exception du travail dans Facteurs de risque psychosociaux
des positions inconfortables qui n’était pas différent en et organisationnels
centre de rééducation fonctionelle. Les MK qui exerçaient
en cabinet libéral y étaient plus exposés s’ils exerçaient Les MK libéraux travaillaient significativement plus d’heures
également à domicile (1,2,4 p < 0,001) et les MK qui exerçaient par semaine ( = 46,6 ± 7,9 ; p < 0,001) que les MK salariés
à domicile étaient plus exposés aux positions inconfortables ( = 37,7 ± 3,4).

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Le risque de lombalgies communes liées à l’activité professionnelle
chez les masseurs-kinésithérapeutes : prévalences et facteurs Savoir
de risque selon les modalités d’exercice.

Tableau II. Prévalences des lombalgies communes liées à l’activité professionnelle selon les modalités d’exercice.

Modalités d’exercices Prévalence (%) IC à 95% Valeur p*

Libéral 41,6 37,2–45,9


Mode d’activité p = 0,748
Salarié 39,8 30,1–49,5

Cabinet libéral et domicile 41,7 36,5–46,9

Cabinet libéral 34,3 25,2–43,4

Mode d’exercice Domicile 66,7 42,8–90,5 p = 0,106


Centre de rééducation fonction-
37,1 21,1–53,2
nelle
Milieu hospitalier 49,0 35,3–62,7

Aucun champ d’activité 42,5 35,4–49,6

Musculo-squelettique 39,4 34,2–44,6


Champ d’activité
p = 0,760
clinique Neuromusculaire 42,9 29,9–55,8
Respiratoire/cardio-vasculaire/
33,3 15,6–51,1
interne/tégumentaire
Aucun champ 41,4 36,7–46,1

Champ d’activité Gériatrie/gérontologie 52,8 41,2–64,3


p = 0,007
spécifique Sport/APA 24,6 13,8–35,4

Pédiatrie 31,4 16,0–46,8

*Test de Khi2.

Les MK salariés considéraient leur environnement de travail risque de lombalgies : 40,4 % d’entre eux ont été atteints de
significativement plus hostile (p < 0,001) et estimaient lombalgies communes liées à l’activité professionnelle lors
bénéficier de moins de soutien social au travail (p = 0,038) des 12 derniers mois. Le taux de prévalence semble influencé
que les MK libéraux qui, eux, ressentaient plus de pression par les modalités d’exercice de la profession : la gériatrie/
temporelle (p = 0,013) que les MK salariés (Tableau III). gérontologie est le champ d'activité le plus impacté (52,6 %),
Les MK qui exerçaient à domicile (p = 0,026) et en milieu le champ d’activité sport/APA le moins impacté (24,6 %). La
hospitalier (p < 0,001) estimaient leur environnement de travail forte proportion d’hommes dans le champ d’activité sport/
significativement plus hostile que celui du cabinet libéral. APA pourrait cependant être un élément d’explication à ce
Comparativement aux MK sans champ d’activité clinique résultat puisque le fait d’appartenir au genre féminin semble
être un facteur associé au risque de lombalgies dans la
majoritaire, ceux du champ musculo-squelettique estimaient
profession [13,14]. L’activité salariée, l’exercice en milieu
bénéficier d’une moindre capacité à modifier leur travail
hospitalier ou dans les soins à domicile, les champs d’activité
(p = 0,005) et de moins de soutien social au travail (p = 0,018). neuromusculaire, gériatrie/gérontologie et pédiatrie étaient
Les MK du champ d’activité gériatrie/gérontologie estimaient les modalités d’exercices les plus exposées à la dimension
être significativement plus stressés au travail et considéraient biomécanique du risque, notamment aux transferts manuels
leur environnement de travail plus hostile que les MK de patients dépendants et aux positions inconfortables. La
sans champ d’activité spécifique majoritaire (p = 0,044 dimension psychosociale pourrait également avoir un rôle
et p = 0,026) et que les MK du champ d’activité sport/APA dans l’activité salariée, en milieu hospitalier, à domicile
(p = 0,026 et p = 0,005). et en gériatrie/gérontologie car ces MK s’estiment plus
exposés à des contraintes psychosociales, notamment à
un environnement de travail hostile. Exercer en gériatrie/
DISCUSSION gérontologie exposerait davantage au risque de lombalgies,
ce qui expliquerait la prévalence supérieure dans ce champ
Selon les résultats portant sur un échantillon de 604 d’activité. Le niveau de dépendance plus important des
individus, les MK sont des professionnels particulièrement à patients âgés pourrait impliquer une charge physique de

27
Savoir B Pellissier et al.

Tableau III Tests statistiques pour l’exposition aux facteurs de risque selon les différentes modalités d’exercice.
Modalités d’exercices

Facteurs de risque Champs d’activité Champs d’activités


Modes d’activité1 Modes d’exercice2 cliniques spécifiques
majoritaires2 majoritaires2
Transferts manuels de
p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001
B patients dépendants
I Soulèvements de charges
O p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001
lourdes
M
E Travail dans des positions
p = 0,004 p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001
C inconfortables
A Mouvements de flexion et
N NS NS NS NS
rotation du tronc
I
Q Travail prolongé dans une
NS NS NS NS
U même position
E Réactions face à une chute
S ou un mouvement brusque p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001
non anticipé de patients
Insatisfaction au travail NS p = 0,024 NS NS
O
R Environnement de travail
P p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001 p < 0,001
G hostile
S
A Charge de travail élevée NS NS NS NS
Y
N
C
I Forte demande au travail NS NS NS NS
H
S
O Faible contrôle sur le travail NS NS NS NS
A
S
T
O Manque de capacité à
I NS NS p = 0,008 NS
C modifier son travail
O
I Manque de soutien social
N p = 0,038 NS p = 0,025 NS
A au travail
N
U
E Pression temporelle
X p = 0,025 NS p = 0,027 NS
L ressentie
S
Stress au travail NS NS NS p = 0,016
1
Test de Mann-Whitney ; 2Test de Kruskal-Wallis ; NS : différence non significative.

travail plus importante, avec des efforts physiques et des Koweït [31], cette étude ne montre aucun indice du fait que
postures de travail parfois néfastes pour le dos des MK. les lombalgies soient liées au mode d’exercice. En revanche,
De plus, leur charge mentale pourrait être augmentée dans contrairement aux résultats d’Alrowayeh et al. (2010) et
des structures souvent en sous-effectif du fait de leur faible à ceux de Cromie et al. (2000) aux États-Unis [21,31],
attractivité. D’autre part, la pression temporelle et la durée du cette étude montre des différences significatives entre des
travail pourraient avoir un rôle prépondérant dans l’activité champs d’activité. Les prévalences importantes observées
libérale, ce qui pourrait expliquer que les MK libéraux soient en gériatrie/gérontologie concordent notamment avec celles
atteints de lombalgies pendant plus de jours que les MK de l’étude descriptive de Vieira et al. (2016) aux États-Unis
salariés. [17] dans laquelle la prévalence des lombalgies sur 12 mois
Selon cette étude, les MK de France semblent présenter une étaient de 71 % en gériatrie/gérontologie et de 100 % dans
prévalence des lombalgies au cours de la carrière (81,0 %) les établissements pour personnes âgées. En revanche, la
plus importante que partout ailleurs dans le monde (de prévalence importante observée chez les MK qui exercent
26,0 à 79,6 %). Ce n’est pas le cas sur une période de 12 à domicile est différente de ce que Vieira et al. ont observé
mois (57,1 % en France contre 22,0 à 73,1 % ailleurs dans puisqu’il s’agissait du mode d’exercice clinique avec la plus
le monde) [13,14]. A l’instar d’Alrowayeh et al. (2010) au faible prévalence aux États-Unis [17]. La prévalence chez les

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Le risque de lombalgies communes liées à l’activité professionnelle
chez les masseurs-kinésithérapeutes : prévalences et facteurs Savoir
de risque selon les modalités d’exercice.

MK qui exercent en milieu hospitalier est aussi relativement les champs d’activité neuromusculaire, gériatrie/gérontologie
importante ; elle correspond aux résultats de plusieurs et pédiatrie, ou encore la dimension organisationnelle dans
études descriptives menées dans le monde [12,16,19,28,31]. l’activité libérale. La dimension psychosociale nécessite aussi
La forte exposition aux transferts manuels de patients d’être explorée davantage. Chaque modalité d’exercice pourrait
dépendants et aux soulèvements de charges lourdes relevée être approfondie et il est nécessaire de considérer la diversité
en milieu hospitalier, à domicile et en gériatrie/gérontologie de l’exercice du métier au sein d’un même mode d’exercice
est cohérente avec les résultats enregistrés par Darragh et ou d’une spécialité (techniques employées, patientèle, etc.). Il
al. (2012) aux États-Unis [12] : la plupart des thérapeutes serait également intéressant d’évaluer dans quelle mesure les
attribuaient leurs affections aux transferts et manutentions. MK appliquent des stratégies de prévention et quelles sont leurs
Cette étude a permis d’apporter de nombreux et nouveaux stratégies réactives face aux enjeux que constituent leur qualité
renseignements sur le risque de lombalgies selon les différentes de vie et la qualité de leurs prestations.
modalités d’exercice de la masso-kinésithérapie. Il s’agit de
la première étude en France sur ce sujet et elle portait sur
un échantillon important (604 MK), assez représentatif de la CONCLUSION
population des MK pour les proportions d’activités libérale et
salariée (selon le dernier rapport démographique [35]). Les Le risque de lombalgies chez les MK semble fonction des
proportions des modes d’exercice et des champs d’activité modalités d’exercice. Des études plus précises seront
semblent également en adéquation avec la réalité du terrain. nécessaires afin de mieux comprendre ces disparités. De par
En revanche, la méthode de recrutement en ligne limite la son approche globale, cette étude constitue une première
représentativité de l’échantillon car elle induit des biais de étape en vue de caractériser le risque de lombalgies chez les
sélection : elle ne permet pas une sélection par randomisation, MK et pourrait servir de base pour des travaux plus ciblés sur
impose un biais de volontariat et l’utilisation du réseau social les différents modes d’exercice et champs d’activité. Au terme
Facebook® atteint une population plus jeune (et donc plus
de l’investigation du risque, il sera possible de proposer des
féminine car les MK de moins de 40 ans sont majoritairement
actions concrètes afin de le maîtriser.
des femmes [35]). La proportion des genres dans le présent
échantillon (69,0 % de femmes) n’est pas représentative de
la population des MK en France (49,9 % de femmes en 2017 Contributions des auteurs
[35]). De ce fait, les niveaux de prévalence observés sont BP : rédaction du protocole, rédaction et diffusion du questionnaire,
peut-être globalement surestimés. De plus, le schéma d’étude récolte des données, analyses statistiques, rédaction de l’article ;
rétrospectif, avec l’utilisation d’un auto-questionnaire, a pu FRS : supervision du projet, relecture du manuscrit ; FT : suivi du
engendrer des biais d’information (comme des biais de mémoire) projet, relecture du manuscrit.
et l’uniformisation d’une période de 12 mois a pu entraîner
des biais de confusion. D’autres limites peuvent également Financement
réduire la qualité de l’interprétation des résultats, comme le Étude effectuée dans le cadre du Projet Neuro-Musculoskeletal
fait que certaines comparaisons opposaient des groupes de Disorders Ecosystem-NOMADe avec le soutien financier du Fonds
MK avec des effectifs très différents. De plus, pour des raisons européen de développement régional (Interreg FWVl NOMADe
de faisabilité, l’évaluation du risque n’a pas été effectuée au 4.7.360).
moyen d’un outil validé, bien que les facteurs de risques pris en
compte soient reconnus dans la littérature. En outre, il n’a pas
été tenu compte d’éventuelles dépendances entre les modalités Déclaration de liens d’intérêts
d’exercice, même si la répartition des MK tient compte de la Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
réalité de leur activité. Il aurait cependant été difficile de les
catégoriser de façon plus précise et moins stéréotypée. Les
résultats permettent d’avoir une vision globale de ce risque ANNEXE 1. MATÉRIEL COMPLÉMENTAIRE
professionnel, mais il convient de les interpréter avec vigilance. Le matériel complémentaire (Appendix 1) accompagnant
Cette étude constitue une première étape. Elle s’inscrit dans la la version en ligne de cet article est disponible sur http://
phase de dépistage des situations de travail à risque, préalable www.sciencedirect.com et http://dx.doi.org/10.1016/j.
à toute intervention ergonomique. Elle a permis de mettre en kine.2021.08.003.
évidence les modalités d’exercice de la masso-kinésithérapie les
plus sujettes aux lombalgies communes ainsi que des facteurs
de risque prépondérants et les dimensions du risque à cibler
pour la prévention. Ces résultats permettront une meilleure
RÉFÉRENCES
prise de conscience par les MK des risques qu’ils encourent. [1] Hartvigsen J, Hancock MJ, Kongsted A, Louw Q, Ferreira ML,
Néanmoins, afin d’aboutir à la mise en place d’actions de Genevay S, et al. What low back pain is and why we need to
prévention optimales, il convient de poursuivre ce travail. De pay attention. Lancet Lond Engl 2018;391:2356–67. https://doi.
futurs projets de recherche pourraient se baser sur ces résultats org/10.1016/S0140-6736(18)30480-X.
pour analyser avec plus de précision le risque de lombalgies [2] Gourmelen J, Chastang J-F, Ozguler A, Lanoë J-L, Ravaud J-F,
chez les MK. Celui-ci est multifactoriel, mais certaines Leclerc A. Frequency of low back pain among men and women
dimensions doivent faire l’objet d’une attention particulière aged 30 to 64 years in France. Results of two national surveys.
selon les modalités d’exercice, notamment la dimension Ann Readaptation Med Phys 2007;50:640–4. [633–9]. https://
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