Vous êtes sur la page 1sur 17

La main a` la paˆte M

Prise en charge d’une patiente atteinte


d’un syndrome acromio-trochitérien
chronique : Analyse de cas
BÉATRICE-ANNE KELLER
Physiothérapeute, Bsc HES-SO
Cet article est issu du mémoire de fin d’étude de B. A. Keller lors du DAS de Thérapie Manuelle 2008-2010, Genève

Mots-clés: Epaule, Syndrome acromio-trochitérien chro- ––– 1. INTRODUCTION –––


nique, Thérapie manuelle
Le physiothérapeute indépendant reçoit souvent dans sa
Key words : Shoulder, Impigement Syndrome, Manual consultation des patients présentant un tableau clinique
Therapy similaire à celui de la patiente présentée plus loin. Les
contingences matérielles du statut d'indépendant offrent
rarement la possibilité d'approfondir une pathologie de
––– RÉSUMÉ ––– manière complète.

Les problèmes d'épaule sont parmi les motifs de consul- A travers l’analyse d’un cas de pathologie de l’épaule, cet arti-
tations les plus fréquents chez le généraliste. La physio- cle propose une revue de la littérature permettant d’effectuer
thérapie est souvent prescrite en première intention. Cet une synthèse des concepts reconnus au plan international
article décrit la prise en charge sur une période de quatre permettant une prise en charge efficace de cette patiente.
semaines d'une patiente de 52 ans souffrant depuis plu-
sieurs années de douleurs à l'épaule droite de type conflit Les douleurs d'épaules affectent environ un cinquième de
acromio-trochitérien chronique. La patiente se plaint de la population au moins une fois dans leur vie en moyenne
douleur à l'élévation du bras et une faiblesse entraînant de 7 % à 30 % selon les auteurs (1). Elles représentent la
une perte fonctionnelle de l'épaule. A l'examen clinique, deuxième (2), respectivement la troisième cause de consul-
la patiente montre une perte de mobilité de l'épaule en tation pour des problèmes musculo-squelettiques (3). Le
abduction et rotation externe active et une faiblesse des syndrome acromio-trochitérien chronique (en anglais
muscles sus-épineux, sous-épineux et long chef du biceps. Le shoulder impingement syndrome) (Étymologiquement, le
protocole de traitement comprend une approche multi- verbe latin impingere signifie : frapper contre, jeter contre
conceptuelle de thérapie manuelle et un programme (Gaffiot, 1934)) est la cause la plus fréquente de ces
d'exercices à pratiquer à domicile, incluant des étirements troubles (3 ,4, 5, 6, 7, 8). Le syndrome acromio-trochitérien, pré-
et des exercices de renforcement musculaire. Les résultats senté d'abord comme un diagnostic en soi, est maintenant
sont mesurés en comparant les amplitudes articulaires, la considéré comme un nom générique recouvrant diverses
force musculaire et les scores de deux questionnaires affections de l'épaule. Les patients présentant ce syndrome
d'évaluation fonctionnelle, avant et après onze séances. décrivent classiquement une douleur dans l'épaule, généra-
Dans le cas de cette patiente, les améliorations sont lement sur la face antéro-latérale, exacerbée lors de l'éléva-
importantes et tendent à corroborer les conclusions d'au- tion du membre supérieur et accompagnée ou non d'une
tres études quand à l'efficacité de ce type de protocole de perte fonctionnelle de l'épaule.
prise en charge. Cet article est l'occasion de synthétiser
des connaissances et de proposer un schéma de prise en L'explication patho-mécanique classique est une accumu-
charge pour ce type de patients. lation de micro-traumatismes dus à une compression répétée

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 13 .


M
_

des structures de l'espace sous-acromial entre la tête de de la limitation, et pas seulement dans une position de
l'humérus et l'acromion et/ou l'arc coraco-acromial. repos de l'articulation.
L'étiologie de ce syndrome est multiple mais les auteurs
définissent parmi les causes possibles: une faiblesse de la Le concept ostéopathique s'adresse aux dysfonctions
coiffe des rotateurs, une rétraction de la capsule articu- mécaniques réversibles, quelles que soient les structures
laire, généralement la partie postérieure, une atteinte du corps humain considérées. De ce fait, l'ostéopathie
dégénérative ou inflammatoire des tendons et/ou de la s'est développée en différents courants, selon que le
bourse sous-acromiale, une cinématique altérée de l'arti- champ d'application soit articulaire, crânien, viscéral, flui-
culation gléno-humérale et/ou de l'articulation scapulo- dique ou même énergétique. Le but du traitement ostéo-
thoracique, une mauvaise posture ou des variations ana- pathique est de redonner un mouvement d'amplitude
tomiques de l'acromion (1, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10). normale à la structure traitée. L'ostéopathe ne va pas seu-
lement traiter la zone dysfonctionnelle, mais aussi recher-
Certains auteurs distinguent encore un syndrome pri- cher les éventuelles adaptations et/ou compensations
maire, dû à des facteurs mécaniques ou structurels d'un induites par cette dysfonction (ou dont cette dysfonction
syndrome secondaire, dû à une instabilité ou une hyper- pourrait être la conséquence) : c'est la notion de suite
mobilité de l'articulation gléno-humérale, alors que d'au- lésionnelle. Pour traiter ces dysfonctions, l'ostéopathie
tres ne le font pas. Des aspects psychologiques comme la dispose de techniques manipulatives, structurelles ou
kinésiophobie ou le catastrophisme peuvent retarder la fonctionnelles, directes ou indirectes, allant de la sollicita-
guérison voire conduire à une chronicisation de la patho- tion avec impulsion (high velocity thrust) à des techniques
logie (11). fluidiques beaucoup plus éthérées.

La prise en charge du syndrome acromio-trochitérien Dans le concept neuro-dynamique, l’examen a pour


chronique vise d'une part à diminuer la douleur et l'in- but de mettre en évidence les éventuelles implications des
flammation et, d'autre part, à restaurer les amplitudes structures neuro-méningées dans la symptomatologie du
articulaires et les fonctions normales de l'épaule. En patient et de les traiter par des manœuvres adaptées aux
dehors de la chirurgie, les moyens classiquement utilisés caractéristiques des tissus neuro-méningés.
sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les infiltra-
tions de corticostéroïdes dans l'espace sous acromial et la Le concept Kinetic Control propose d'évaluer la fonc-
physiothérapie. Les outils à disposition du physiothéra- tion du mouvement, d'identifier et de corriger la dysfonc-
peute sont variés : massage, mobilisations articulaires, éti- tion de mouvement, en analysant les schémas de mouve-
rements, exercices, thermothérapie, électrothérapie, ment et l'équilibre musculaire. Dans ce concept la notion
rééducation posturale, etc. de mouvement non-maîtrisé (give) et de limitation de
mouvement (restriction), ainsi que les classements des
Plusieurs concepts cohabitent dans la thérapie manuelle. muscles en stabilisateurs locaux, globaux ou mobilisateurs
Dans la prise en charge du syndrome acromio-trochitérien globaux (en fonction de leur rôle fonctionnel) permettent
chronique, tous ces concepts ont leur place et peuvent d'orienter le traitement, consistant en des exercices dyna-
apporter une réponse aux différentes facettes de cette miques dont le but est de permettre au patient de pren-
affection (d'ailleurs tous proposent leur réponse spéci- dre conscience des schémas de recrutements musculaires
fique à cette problématique). incorrects et de les corriger activement.

Le concept Kaltenborn-Evjenth est caractérisé par des Pour effectuer des choix thérapeutiques adéquats, il est
gestes thérapeutiques influencés par une compréhension nécessaire d'effectuer une évaluation précise de la pro-
analytique de la mécanique articulaire. Le diagnostic phy- blématique du patient. Plusieurs auteurs se sont pen-
siothérapeutique se base sur les résultats d'un examen chés sur la pertinence et la validité des tests couram-
systématique. Le traitement met l'accent sur des mobili- ment utilisés pour effectuer l'examen clinique de
sations sans douleur, effectuées dans une position relâ- l'épaule, dans le but de définir un protocole d'examen
chée de l'articulation, selon un plan de glissement dont validé par les preuves.
l'orientation découle de la compréhension analytique de
l'articulation concernée. Malheureusement, du fait de l'étiologie multi-factorielle
de ce syndrome, aucun consensus pour l'utilisation de ces
Dans le concept Maitland, c'est le symptôme qui est à tests ne se dégage de la littérature. Certains auteurs ont
la base du raisonnement clinique, que ce soit une dou- cherché à évaluer la valeur diagnostique d'une série de
leur, une raideur ou un spasme musculaire. Le thérapeute tests utilisés pour évaluer des lésions de la coiffe des rotateurs,
va comparer les résultats de son examen clinique à ce basée sur une revue de la littérature (12). Ils concluent que,
qu'il sait en théorie (concept du mur de brique), pour bien que les données existantes sur ces tests soient frag-
déterminer un plan de traitement, sachant que l'aspect mentaires, certains d'entre eux ont prouvé leur utilité
clinique est prédominant. Le thérapeute doit constam- diagnostique (12). D’autres passent en revue les tests per-
ment réévaluer l'intensité du symptôme et adapter sa mettant d'évaluer le syndrome acromio-trochitérien chro-
manœuvre thérapeutique à l'évolution de ce symptôme. nique et proposent un algorithme de prise de décision cli-
La douleur n'est pas forcément une contre-indication à nique afin de guider le thérapeute et de mieux détecter
l'application d'une manœuvre. Le concept Maitland pro- les structures impliquées dans ce syndrome (13). D’autres
pose d'effectuer la manœuvre thérapeutique à l'endroit encore ont cherché à évaluer la précision diagnostique de

. 14 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

cinq tests fréquemment utilisés pour détecter le syndrome sence de consensus international pour évaluer la fonc-
acromio-trochitérien chronique (14). Leurs conclusions est tion de l'épaule (17). Une revue de littérature a démontré
que ces tests ont une utilité limitée dans l’établissement que seuls quatre parmi ces questionnaires avaient été
d'un diagnostic et qu'il vaut mieux se focaliser sur la ges- suffisamment étudiés pour pouvoir tirer des conclu-
tion des dysfonctions constatées que se baser sur ces sions significatives sur leur utilité clinique : le DASH
tests. Ceux-ci en effet présentent une sensibilité et une (Disabilities of Arm, Shoulder and Hand questionnaire),
spécificité non convaincantes pour établir un diagnostic le SPADI (Shoulder Pain and Disability Index), le score
en l'absence d'examen ultrasonographique. Dans une ASES (American Shoulder and Elbow Surgeon score) et
revue de la littérature, dans le but de permettre aux pra- le SST (Simple Shoulder Test). Les auteurs concluent que
ticiens de choisir des tests cliniques qui ont prouvé leur ces quatre questionnaires sont fiables, valides et qu'il
validité, 45 études ont été passées en revue et concluent n'existe pas de preuves consistantes pour en recom-
qu'il y a un manque de clarté manifeste pour démontrer mander un plutôt que l'autre (18).
l'utilité de ces nombreux tests cliniques pour différencier
les différentes pathologies de l'épaule (15). L’évaluation, la La littérature est riche en études et revues systématiques
précision diagnostique et la fiabilité de cinq tests de cherchant à définir les effets de la physiothérapie et de la
conflit acromio-trochitérien ont été examinés (Neer, thérapie manuelle sur la prise en charge du syndrome
Hawkins- Kennedy, Jobe, arc douloureux et rotation acromio-trochitérien chronique.
externe contre résistance), afin de démontrer quelles
combinaisons de tests étaient les plus utiles pour les De nombreux auteurs ont cherché à définir des critères de
cliniciens. Si trois ou plus de ces cinq tests sont posi- sélection pour permettre aux thérapeutes de choisir les
tifs, il est possible de conclure à la présence d'un syn- manoeuvres thérapeutiques les plus efficaces et adap-
drome acromio-trochitérien chronique et si moins de tées. Plusieurs revues systématiques abordent ce sujet
trois de ces tests sont positifs, on peut exclure la pré- mais leurs conclusions ne sont pas homogènes. Une des
sence de ce syndrome (3). Lors des 11e ateliers de difficultés rencontrée par les auteurs est le manque d'ho-
rééducation organisés par les Hôpitaux Universitaires mogénéité méthodologique des études sélectionnées, ne
Genevois (HUG), plusieurs intervenants ont précisé ne permettant pas des comparaisons standardisées et des
plus utiliser les tests les plus fréquemment décrits analyses statistiques. Une autre difficulté est que les critères
dans la littérature (soit le test de Neer et le test de diagnostiques du syndrome acromio-trochitérien chronique
Hawkins-Kennedy) à cause de leur manque de spécifi- ne sont pas définis suffisamment clairement et recouvrent dif-
cité. Face à cette absence de consensus, il est difficile férentes pathologies. Peu d'études ont mesuré l'efficacité des
pour le praticien de décider quels tests il va mettre au exercices thérapeutiques et des thérapies manuelles isolé-
menu de son examen clinique. ment (19). La physiothérapie est souvent évaluée en un bloc,
sans différencier les interventions, avec le risque d'aboutir à
Les tendons des muscles de la coiffe des rotateurs ne sont des conclusions erronées. Quelles que soient les lacunes
pas aussi différentiables que cela et dans les couches pro- méthodologiques pointées par les auteurs de ces études,
fondes de la coiffe, les fibres du sus-épineux, du sous- toutes convergent vers la conclusion que les exercices théra-
épineux et du sous-scapulaire sont fusionnées. peutiques présentent une efficacité moyenne à bonne dans la
prise en charge du syndrome acromio-trochitérien chronique
Finalement, pour certains auteurs, il semblerait qu'aucun en matière de diminution de la douleur et l'amélioration de la
test ne peut évaluer spécifiquement un tendon de la coiffe fonction. L'ajout de techniques manuelles améliore encore
des rotateurs et que toute réponse musculaire peut impliquer ces résultats (1, 3, 14, 19, 20, 21, 22).
un certain nombre de structures (16). Cela explique peut-être
pourquoi les résultats des nombreuses études cherchant à L'usage d'ultrasonothérapie n'a pas apporté la preuve de
évaluer la précision diagnostique des tests évaluant l'intégrité son efficacité en terme de diminution de douleur et de
des tendons des muscles formant la coiffe des rotateurs pré- l’amélioration de la fonction (1,3,21).
sentent des résultats parfois contradictoires, empêchant
l'émergence d'un consensus international. Il s'agit ensuite de déterminer les exercices et les
manœuvres de thérapie manuelle efficaces dans la prise
Au vu de l'évolution profonde de la perception de la en charge du syndrome acromio-trochitérien chronique,
maladie et du handicap, comme en témoigne la nou- en comparant des études cliniques évaluant l'effet des
velle Classification Internationale du Fonctionnement, techniques manuelles et des exercices thérapeutiques, en
du handicap et de la santé (Classification Internationale terme de diminution de la douleur, de gain de mobilité et
du Fonctionnement, du handicap et de la Santé (CIF); d'amélioration de la fonction, (4, 5, 7, 8, 9, 10, 21). Il n'est pas pos-
OMS 2001) l'évaluation purement clinique d'une sible d'établir un protocole standard validé (gold standard),
pathologie n'est pas suffisante. Il importe de pouvoir car les interventions diffèrent dans leur forme (techniques
évaluer l'impact de cette pathologie sur la qualité de vie utilisées, nombre et rythmicité des séances, protocole
du patient et donc sur la fonctionnalité de l'articula- d'exercices) même si les prises en charge se ressem-
tion. En ce qui concerne l'épaule, nombres d'outils ont blent dans les grandes lignes. Une étude abordant le
été forgés pour évaluer cet impact. 38 échelles d'éva- rôle des dyskinésies de la scapulo-thoracique dans
luation fonctionnelle de l'épaule, d'une pathologie du l'apparition des douleurs d'épaule, insiste sur l'impor-
complexe de l'épaule ou du membre supérieur ont été tance de rétablir un bon équilibre musculaire de la
recensées et analysées et leur conclusion montre l'ab- scapulo-thoracique (13).

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 15 .


M
_

––– 2. DESCRIPTION En juillet 2010, Mme P.G. demande à son médecin généra-
DE L’INTERVENTION ––– liste de pouvoir continuer la physiothérapie afin d'essayer
d'éliminer ses douleurs résiduelles à l'épaule. Celui-ci
2.1 Examen subjectif : l'envoie consulter un rhumatologue pour des raisons
administratives, l'assurance maladie de Mme P.G. ayant
Madame P.G. est une femme née en 1958. Divorcée, exigé une expertise avant d'autoriser la poursuite de la
elle vit avec sa fille de 18 ans. Elle a exercé la profes- prise en charge. Le rhumatologue consulté estime que
sion de secrétaire jusqu'en 2001 pour s'arrêter de tra- des infiltrations seront plus efficaces pour cette patiente
vailler ensuite. Elle est au bénéfice de l'assurance inva- que la poursuite du traitement physiothérapeutique. En
lidité depuis 2003 pour des motifs psychologiques. août 2010, il effectue deux infiltrations dans l'épaule, la
Elle est intelligente et a une personnalité sociable, première avec un accès par la face externe et la seconde
amène et relativement dynamique. Elle a un contact par la face antérieure de l'épaule ainsi qu'une infiltration
facile et les séances sont souvent joyeuses, car elle a sous scopie en regard de l'articulaire de C4-C5, présen-
une attitude plutôt positive par rapport à ses pro- tant une dysfonction douloureuse (qui avait été traitée
blèmes de santé, préférant les considérer avec un cer- par des techniques de tractions douces accompagnées de
tain humour. Elle a un bon niveau socio-culturel, com- glissés postéro-antérieurs, obtenant une bonne rémission
prend facilement les explications données et est très des douleurs et une nette amélioration de la mobilité
collaborante. mais sans arriver à réduire l'impression de postériorité à la
palpation). Ces infiltrations ont soulagé très brièvement la
Mme P.G. souffre de douleurs à l'épaule droite depuis patiente (deux jours) puis les douleurs sont revenues, plus
2004. L'apparition de ces douleurs fut subite, sans fortes qu'avant les infiltrations (VAS= 8-9/10) accompa-
facteur déclenchant identifié. Elle s'est réveillée un gnées de céphalées qui, d'occasionnelles, sont devenues
matin avec ces douleurs. En 2006, un rhumatologue quotidiennes. Actuellement, Mme P.G. présente des dou-
lui fait faire une échographie qui montre une bursite leurs qu'elle décrit en coup de couteau, fluctuantes mais
sous-acromiale et une tendinite du sus-épineux. A la permanentes, d'une intensité maximum de 8-9/10 EVA.
suite de cet examen, il prescrit à Mme P.G. des patches La douleur est globalement plus intense le soir que le
anti-inflammatoires, Mme P.G. ne supportant pas les matin. Mme P.G. éprouve une gêne importante dans ses
anti-inflammatoires per os. Ce traitement n'ayant pas activités quotidiennes. En conséquence de quoi, Mme P.G.
donné de résultats satisfaisants, la patiente a attendu a demandé à son médecin de reprendre les séances de
avant de reconsulter. A la faveur d'une consultation physiothérapie entreprises préalablement.
chez son généraliste, Mme P.G. évoque son problème
d'épaule. Le généraliste lui prescrit de la physiothéra- Les attentes de la patiente quant aux résultats du traite-
pie. Le physiothérapeute qu'elle consulte effectue un ment sont les suivantes : idéalement elle souhaiterait une
traitement de massages, ultra-sons et infra-rouges. Le rémission totale des douleurs. Cependant, elle a
traitement fait diminuer la douleur quelques temps puis conscience que, du fait de la durée de ses symptômes, il
la douleur revient avec la même intensité deux ou trois n'est pas certain que ce soit un objectif réaliste. De ce fait
mois plus tard. La patiente laisse passer du temps, car elle elle attend du traitement une nette amélioration de la
n'est pas convaincue par le traitement proposé. En 2008, fonction articulaire, une nette diminution des douleurs et
elle consulte un autre rhumatologue qui effectue deux si possible, de pouvoir reprendre la peinture.
infiltrations, avec pour résultat une amélioration transi-
toire au niveau de la douleur. Mme P.G. refait de la physio- Outre ses problèmes d'épaule, Mme P.G. souffre de lom-
thérapie en 2009, traitement consistant à nouveau en balgies chroniques accompagnées d'une faiblesse perma-
massages, application d'ultra-sons et d'infra-rouges, nente et d'une légère hypo-sensibilité du membre infé-
cette fois-ci sans résultats. rieur gauche. L'examen neurologique effectué en 2007,
explorant ces troubles de la sensibilité, oriente le diagnos-
En janvier 2010, Mme P.G. vient en consultation pour une tic plutôt vers une atteinte radiculaire L5-S1 que vers une
tendinite du poignet droit. Elle évoque à cette occasion neuropathie. Une IRM du rachis lombaire effectuée juste
ses douleurs d'épaule qu'elle estime d'une intensité de 7- après conclut à une ébauche de discopathie dégénérative
8/10. Son poignet ayant bien réagi au traitement proposé L3-L4; une discopathie avérée en L4-L5 avec une protru-
(récupération des amplitudes articulaires et indolence), sion discale circonférentielle postérieure et déchirure de
elle sollicite un traitement plus spécifique de son épaule l'annulus fibrosus et une discopathie dégénérative plus
dès la fin du mois de janvier, en parallèle à la fin du trai- importante L5-S1 associée à un spondylolisthésis du 1er
tement du poignet. La prise en charge a consisté en mas- degré secondaire à une arthrose inter-apophysaire posté-
sage, techniques manuelles appliquées sur l'épaule et le rieure plus importante à droite. Le radiologue signale que
rachis cervico-thoracique et des mobilisations neuro- l'état dégénératif s'est péjoré par rapport à une IRM
méningées. effectué en 2003. Mme P.G. se plaint aussi de cervicalgies
depuis une année, de survenue brutale, sans élément
En mai 2010, la douleur a nettement régressé (VAS = déclenchant identifié. Elle n'a pas perdu de mobilité, mais
3/10) et la récupération de la fonction de l'épaule est a mal. Cette douleur ne la réveille pas la nuit.
presque totale, à tel point que Mme P.G. envisage de
reprendre la peinture, hobby qu'elle a abandonné du fait En dehors de ces problèmes musculo-squelettiques, elle
de ses douleurs. est en bonne santé habituelle: pas de problèmes cardiaques

. 16 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

ni pulmonaires, elle n'a pas de diabète et pas de choles- L'examen des amplitudes actives du rachis thoracique a
térol. Elle n'a pas de problèmes de transit intestinal mais été testé debout. Le rachis cervical a été testé assis. La
reconnaît quelques troubles de digestion : elle a de la dif- mobilité de la gléno-humérale a été effectué debout, bila-
ficulté à digérer les graisses, se sent parfois nauséeuse et téralement et l'amplitude passive a été testée simultané-
souffre par moment d'acidité d'estomac (sans reflux gas- ment, en recherchant une éventuelle insuffisance fonc-
tro-œsophagien). Elle est fumeuse (1 paquet par jour tionnelle en fin d'amplitude de mouvement. La rotation
depuis 30 ans), mais ne consomme pas d'alcool ni de externe coude au corps (RE1) a été testée assise et en
drogues. Elle est allergique au fer, au nickel et au cobalt. décubitus dorsal pour voir si la position couchée et le relâ-
Mme P.G. prend du Neurontin (anti-épileptique), du chement induit modifiait les résultats. Les glissés anté-
Cymbalta (antidépresseur prescrits avec une indication rieurs et postérieurs, inférieurs et supérieurs de la gléno-
d'analgésie), du Trifico (pour dormir) et elle suit une humérale ont été testés assis.
hormonothérapie de substitution.
En l'absence de consensus international et afin de pou-
voir différencier les douleurs dues à une éventuelle irra-
2.2 Synthèse de l'examen subjectif : diation cervicale, plusieurs tests de compression acromio-
trochitérienne (impingement tests) ont été effectués.
En résumé, cette patiente présente un éventail de diffé- Parmi ces derniers :
rents troubles et il importe d'établir une liste des priorités
thérapeutiques, au risque sinon de se retrouver en pré- Le test de Neer s'effectue en élevant passivement le
sence d’un « melting pot » de traitements sans réelle effi- membre supérieur du patient dans le plan sagittal, l'omo-
cacité. Dans son cas, c'est le problème d'épaule qui est le plate étant maintenue abaissée par le thérapeute. De
sujet de sa plainte principale. L'hypothèse la plus vraisem- cette manière, les structures sous-acromiales sont compri-
blable est une chronicisation de la tendinite du sus-épi- mées entre la tête humérale et l'acromion. Le test est
neux, et de la bursite. Afin de vérifier cette hypothèse, il déclaré positif s'il y a présence d'une douleur lors de cette
conviendrait de faire une nouvelle échographie de compression. Ce test présente une bonne sensibilité mais une
l'épaule. La cervicalgie doit aussi être considérée puisque mauvaise spécificité (23). En outre, il ne semble pas avoir d'uti-
la vertèbre C4, la plus symptomatique, est justement celle lité pour poser un diagnostic fiable (15). Ce test aurait plutôt
de laquelle dépend l'innervation du territoire de l'épaule. Il une relative bonne sensibilité pour mettre en évidence une
peut s'agir d'une relation de cause à effet ascendante ou des- bursite sous-acromiale ou une rupture partielle de la coiffe
cendante. Il est à noter que la douleur d'épaule est antérieure des rotateurs mais pas pour une rupture totale (24). Pour d’au-
à la cervicalgie, tout au moins sur le plan de la symptomato- tres auteurs le test de Neer présente une bonne sensibilité
logie. Une radiographie récente du rachis cervico-thoracique pour les lésions de la coiffe des rotateurs et une sensibilité un
serait pertinente dans son cas, nous permettant peut-être de peu moindre pour mettre en évidence les bursites sous acro-
comprendre pourquoi il y a une «boule» en regard de l'arti- miales (22). D’autres encore spécifient que le test est à interpré-
culaire postérieure droite de C4 (ostéophytose?). La tendinite ter en fonction de l'endroit où s'exprime la douleur: une dou-
du poignet droit a aussi pu entretenir le mécanisme lésionnel, leur sur la face antérieure de l'épaule signe une compression
la patiente surchargeant son épaule pour compenser une sous-acromiale (subacromial impingement) alors qu'une dou-
éventuelle perte de mobilité ou par des mécanismes d'évite- leur postérieure signe une compression des ces mêmes ten-
ment de la douleur. L'aspect viscéral est à évaluer également, dons entre la tête humérale et le bourrelet glénoïdien (inter-
au vu des troubles digestifs évoqués par la patiente, surtout nal impingement) (25).
la difficulté à digérer les graisses, pouvant faire penser à une
éventuelle implication hépatique.

2.3 Examen clinique :


2.3.1 Présentation théorique de l'examen clinique et liens
avec la littérature :

Cette prise en charge s'effectuant dans un contexte aca-


démique, un bilan large, incluant le rachis cervico-thora-
cique, les articulations du complexe de l'épaule, du coude
et du poignet et la sphère viscérale a été planifié. La revue
de littérature effectuée pour déterminer quels tests
étaient validés ayant abouti aux conclusions qu'il n'existe
pas de protocole standard validé, un examen clinique de
l'épaule a été effectué tel qu'il a été présenté lors des 11e
ateliers de rééducation organisés par les HUG le 3 sep-
tembre 2010 complété empiriquement, afin de ne pas
passer à côté d'un élément important pour l'évaluation
de la problématique de la patiente. C'était aussi l'occa-
sion de pratiquer les tests décrits et de les confronter à
une réalité clinique. Figure 1 : Test de Neer

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 17 .


M
_

Le test de Hawkins-Kennedy s'effectue en amenant mais une nettement moins bonne sensibilité avec la varia-
passivement le membre supérieur en rotation médiale, ble douleur (12). Cependant, d’autres auteurs définissent
avec l'épaule à 90° de flexion, le patient étant assis. Le une sensibilité, une spécificité moyenne et une précision
test est positif si le patient décrit une douleur. Ce test seul diagnostic de l'ordre de 50 % que ce soit pour l'une ou
ne permet pourtant pas de différencier les patients l'autre des variantes et variables, la précision diagnostique
atteints ou non d'un syndrome acromio-trochitérien (23). étant plus élevée (60 %) pour les bursites (variable consi-
Ce test présente une sensibilité supérieure au test de Neer dérée : faiblesse) (14). La douleur OU la faiblesse sont des
mais une même faible spécificité (12, 15). D’autres auteurs signes sensitifs pour détecter une rupture partielle ou
considèrent que ce test est le plus précis pour diagnosti- complète du sus-épineux alors que douleur ET faiblesse
quer un syndrome acromio-trochitérien chronique et qu'il sont des signes spécifiques pour détecter une rupture
a une bonne sensibilité pour mettre en évidence les bur- complète, malgré la faible précision diagnostique de ces
sites et les lésions totales de la coiffe des rotateurs mais signes en tant que tels (27). Pour certains, l’interprétation
une sensibilité moindre pour évaluer les lésions partielles de ce test montre que le test de la canette vide signale
(14)
. Le test de Hawkins-Kennedy présente une forte sensi- une pathologie de compression de l'espace sous-acromial
bilité, légèrement meilleure cependant pour diagnosti- si le test provoque une douleur, alors que la variante
quer une bursite qu'une lésion de la coiffe des rotateurs canette pleine parle plutôt en faveur d'une atteinte de la
(25)
, alors que d’autres auteurs considèrent que ce test coiffe des rotateurs et particulièrement du sus-épineux (26).
donne une bonne indication de la présence d'un pro-
blème de compression mais peut être négatif en présence
d'une compression postérieure (internal impingement) (26).

Figure 2 : Test de Hawkins-Kennedy Figure 3 : Test de Jobe

Le test de la canette vide (empty can test), appelé aussi Le test de l'arc douloureux s'effectue en demandant au
test de Jobe, s'effectue en amenant passivement les patient de faire une abduction du membre supérieur,
membres supérieurs du patient en élévation dans le plan paume de la main dirigée vers le haut. Le test est positif
de la scapula, soit à 30° en avant du plan frontal, puis en si le patient décrit un passage douloureux entre 60° et
rotation interne complète. Il existe une adaptation de ce 120° d'abduction, avant et après lequel il n'y a pas de
test qui est alors effectué en rotation externe de gléno- douleur. Ce test est moyennement sensitif et moyenne-
humérale, appelée test de la canette pleine (full can test). ment spécifique et d'une utilité limitée pour confirmer un
Dans les deux variantes, l'examinateur exerce une pres- diagnostic de syndrome acromio-trochitérien chronique
sion sur l'extrémité des avant-bras du patient en lui don- (23)
. La comparaison des résultats de deux études fait état
nant la consigne de résister à la pression au moins deux à de preuves contradictoires quand à la précision diagnos-
cinq secondes. Le test est positif si le patient décrit une tique de ce test et concluent que, de ce fait, il n'est pas
douleur et/ou montre une faiblesse musculaire d'un côté possible d'en établir la validité sans d'autres recherches
par rapport à l'autre. L'interprétation et la valeur du test (12)
. Malgré cela, certains lui accordent néanmoins une
change d'un auteur à l'autre selon que ce test est utilisé sensibilité bonne pour les lésions de la coiffe des rotateurs
pour déterminer une compression acromio-trochitérienne et faible en cas de bursite, mais dans tous les cas une
(critère de positivité : douleur) ou une lésion de la coiffe faible spécificité (14).
des rotateurs (critère de positivité : faiblesse musculaire).
Ce test présente une bonne spécificité en considérant la Pour évaluer la musculature du complexe de l'épaule, les
variable faiblesse musculaire (23). Dans ses deux variantes tests proposés lors des 11e ateliers de rééducation orga-
(canette vide ou pleine), ce test présente aussi, pour cer- nisés par les HUG ont été pris en compte et complétés
tains auteurs, une bonne sensibilité et une bonne préci- par des manœuvres de testing classiques, telles qu’ensei-
sion si la variable faiblesse est considérée pour le positiver, gnées à l'école de physiothérapie de Genève. Le bilan

. 18 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

musculaire met en évidence une tendinopathie du sus-


épineux, du petit rond et du long chef du biceps chez
cette patiente.

Le test de la canette vide (ou test de Jobe) est également


utilisé pour mettre en évidence des lésions du sus-épi-
neux. Ce test a été présenté plus haut.

La rotation externe contre résistance permet d'évaluer la


qualité du sous-épineux. Le patient effectue le test Figure 5 : Signe du clairon ou de Yocum
debout, l'épaule en rotation neutre, le coude fléchi à 90°
et placé contre son flanc. Le thérapeute effectue une
poussée bilatérale sur l'extrémité de l'avant-bras du
patient, en direction de la rotation interne. Le patient doit
résister à la poussée. Le test est positif en présence de
douleur ou de faiblesse. Ce test présente une sensibilité
moyenne mais une bonne spécificité pour certains
auteurs (23), alors que d’autres estiment qu’il présente une
mauvaise spécificité et précisent que dans le cas d'une
douleur on peut suspecter, avec une bonne sensibilité,
une rupture partielle de la coiffe. Pourtant, ce test, com-
biné à une faiblesse lors du test de la canette pleine, est Figure 6 : Lift off test ou test de Gerber
plus spécifique d'une bursite sans rupture de la coiffe (14).
Pourtant, lors des 11e ateliers de rééducation organisés
par les HUG, ce test a été présenté comme le test de réfé-
rence pour évaluer ce muscle.

La manœuvre de Patte permet d'évaluer l'intégrité du


petit rond et du sous-épineux. Le patient est debout,
l'examinateur place le membre supérieur examiné en
abduction à 90° dans le plan de l'omoplate, le coude flé-
chi à 90°. L'examinateur soutient le membre du patient et
demande au patient d'effectuer une rotation externe à
laquelle il oppose une résistance. Le test est positif si on Figure 7 : Test de Belly Press ou de Napoléon
observe une différence de force musculaire par rapport à
l'autre côté. Ce test présente une bonne sensibilité, mais
une moins bonne spécificité (12). Une rotation externe passive asymétrique signe générale-
ment une rupture partielle ou complète du sous-scapu-
laire. La rotation externe passive est plus importante du
côté lésé.

Pour effectuer le lift off test (ou test de Gerber), le


patient doit pouvoir mettre sa main dans son dos.
L’examinateur demande au patient de poser le dos de sa
main sur son sacrum puis d'éloigner sa main de son dos.
En cas de rupture du tendon du sous-scapulaire, le
patient ne peut décoller sa main. Pour de nombreux
auteurs, ce test démontre une bonne spécificité (79 %),
mais une moins bonne sensibilité (40 %) (12,15, 28). Ce test
aurait une bonne spécificité pour mettre en évidence une
rupture totale du sous-scapulaire mais serait connu pour
passer à côté de ruptures partielles, notamment parce
que lors de ce test d'autres rotateurs internes sont recru-
Figure 4 : Manœuvre de Patte tés (grand droit, grand rond et grand pectoral) ainsi que
le triceps brachial et le deltoïde postérieur (28).
Le signe du clairon (ou de Yocum) est positif lorsque le
patient est obligé de soulever le coude pour amener sa Le Belly Press test permet de tester l'intégrité du sous-
main à sa bouche. Ce test signe une lésion du petit rond scapulaire même chez les patients qui présentent une
et a une sensibilité de 100 % et une spécificité de 93 % rotation interne de l'épaule limitée. La description de ce
(27)
, malgré le fait que cette étude semble présenter de test varie un peu selon les auteurs, mais le patient tient sa
nombreuses faiblesses de design et un trop petit échan- main sur son ventre ou devant son ventre, coude décollé
tillonnage de patients (15). du corps et il lui est demandé d'exercer une pression sur

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 19 .


M
_

son ventre en gardant le poignet en rectitude. Lorsque le moyenne des deux scores. Les scores s'échelonnent de 0
sous-scapulaire est atteint, le patient ne peut effectuer à 100, 100 étant le pire.
cette pression qu'en reculant le coude. Une variante de ce
test, appelée aussi test de Napoléon, consiste à deman- Lorsqu'il s'agissait d'évaluer le niveau d'intensité de la
der au patient de poser sa main sur son ventre et d'avan- douleur, Mme P.G. devait donner une note entre 0 et 10 à
cer le coude sans décoller la main du ventre. L'angle son ressenti douloureux, 10 représentant la pire douleur
formé entre la main et l'avant-bras est mesurée au gonio- possible; par analogie avec l'échelle de visualisation ana-
mètre et doit être symétrique des deux côtés. Certains logique (VAS).
auteurs estiment que ce test est plus sensible, plus spéci-
fique et plus précis que le lift off test; ils affirment que les 2.3.2 / Résultats de l'examen clinique de Mme P.G. avant le
résultats comparatifs avec l'autre épaule permettent un traitement :
diagnostic préopératoire de lésion de la partie supérieure
de la coiffe alors même que le lift off test reste négatif. Ils 2.3.2.1 Inspection :
expliquent cela notamment par le fait que le lift off test
activerait plutôt les fibres basses du sous-scapulaire alors Mme P.G. porte ses épaules hautes, la droite un peu plus
que le Belly Press test activerait les fibres hautes (28,15). que la gauche. Le sillon deltoïdien est légèrement plus
creusé à droite qu'à gauche. De profil, elle présente une
On évalue la qualité du biceps en demandant au patient cyphose dorsale marquée et un changement de courbure
une flexion résistée bilatérale des coudes, avant-bras en marqué à la charnière cervico-thoracique, avec la pré-
supination, les bras le long du tronc, l'examinateur résis- sence d'un début de bosse de bison, les omoplates ne
tant à la flexion des coudes par une pression dans les sont pas décollées. De dos, on peut observer des signes
paumes du patient. La force est comparée d'un côté par d'amyotrophie de la fosse sus-épineuse à droite. Les omo-
rapport à l'autre. Ce test a été présenté lors des 11e ate- plates sont positionnées de façon symétrique.
liers de rééducation organisés par les HUG.
2.3.2.2 Palpation du rachis cervico-thoracique:
Les dysfonctions de la scapulo-thoracique peuvent
influencer les fonctions de l'épaule (13). La position des La palpation met en évidence des contractures impor-
omoplates est évaluée au repos et en actif. Pour mettre tantes du trapèze supérieur, du levator scapula, des
en évidence une éventuelle dyskinésie dans la scapulo-thora- rhomboïdes et des spinaux au niveau thoracique. Il n'y a
cique, il est demandé au patiente d'effectuer une élévation pas de troubles de la sensibilité au niveau du cou, du tho-
active du membre supérieur en tenant en main des haltères rax et des membres supérieurs.
de 1 kilogramme, cela cinq fois de suite. L'examinateur
observe la symétrie de mouvement des omoplates, s'il y a un 2.3.2.3 Mobilité du rachis:
décollement du bord interne. La mobilité passive des omo-
plates est testée en élévation, abaissement, protraction, La mobilité active du rachis cervical est dans la norme et
rétraction, sonnette interne et externe. non douloureuse. Lors des inclinaisons, la patiente fait
état de douleurs d'étirement musculaire controlatérale-
Les tests viscéraux ont été réalisés en décubitus dorsal. Le ment à l'inclinaison. L'amplitude de rotation gauche est
test pyloro-sous-hépatique a été exécuté en palpant la légèrement plus importante que la droite. En fin d'ampli-
zone de fonctionnement entre le foie et l'estomac, à tude de rotation à droite, il y a présence d'une douleur à
l'union du tiers interne et du tiers moyen de la zone sous- la charnière cervico-thoracique. La mobilité segmentaire a
diaphragmatique droite. La température, la présence été testée par des appuis postéro-antérieurs en procubi-
d'une fibrose ou d'une douleur sont évaluées. La palpa- tus. La patiente décrit une douleur lorsque la manœuvre
tion a été étendue ensuite à toute la zone sous-diaphrag- est faite sur C3 et C4. En regard de l'articulaire posté-
matique droite. Le test du fascia péri-rénal cherche à rieure de C4 droite il y a une postériorité douloureuse
percevoir la mobilité du rein en mettant en tension les (VAS = 6/10). Présence d'une raideur en C6 et C7.
fascias entre le rein, le psoas et la colonne vertébrale. Le thé-
rapeute place sa main en «pince» contre le flanc du patient Au niveau du rachis thoracique, la patiente est peu
pour maintenir le rein et effectue une extension passive de mobile en extension avec la présence d'une douleur en T3
hanche homolatérale. Le test se fait des deux côtés et est à droite et elle décrit une douleur sur la crête iliaque
positif s'il provoque une douleur (notes de cours). droite lors de l'inclinaison à droite. Pour le reste, les ampli-
tudes sont symétriques et non douloureuses. La mobilité
Le questionnaire DASH (11 items au lieu de 30), qui a été segmentaire a été testée en position assise. Le rachis tho-
validé tant pour la traduction française que pour son uti- racique est globalement raide avec la présence de dou-
lité clinique comparable à la version longue (29) et le ques- leur à la rotation droite de T1 à T5. T11 et T12 sont dou-
tionnaire SPADI, plus spécifique de l'épaule, dans sa ver- loureuses à l'appui postéro-antérieur.
sion anglaise pour sa facilité d'utilisation et d'interpréta-
tion ont été choisis. Les items du DASH interrogent plutôt 2.3.2.4 Complexe de l'épaule :
la qualité de vie du patient alors que le SPADI est un outil
d'évaluation algofonctionnel (17). Le SPADI est divisé en L'inspection, la palpation et la mobilité des articulations
deux sous-échelles, l'une interrogeant la douleur, l'autre acromio-claviculaire et sterno-costo-claviculaire sont sans
la fonction de l'épaule, le score total étant formé de la particularité.

. 20 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

MOBILITÉ DE LA GLÉNO-HUMERALE
GAUCHE DROITE
ACTIF PASSIF ACTIF PASSIF
Elévation antérieure (debout) 170° 170° 170° 170°
Abduction debout 170° 170° 130° (1) (3) 140° (1) (2)
Rot. Ext. Coude au corps = 70° 80° 45° 70°
RE1 (assis)
RE1 (décubitus dorsal) 80° 70°
Rot. Ext. En Abd 90° = RE2 90° 70° (1) (2)
(décubitus dorsal)
Rot. Int. Main dans le dos (niveau T6 T8 (1)
vertébral atteint par le pouce)
Rot. Int. En Abd 90° 90° 90°
Présence de : (1) = douleur (2) = raideur (3) = faiblesse

Tableau 1 : Mobilité de la gléno-humérale lors de l’examen clinique

En synthèse, on observe à droite une grande différence d'amplitude active/passive en rotation externe coude au corps,
une diminution de l'amplitude active et passive en abduction, une rotation interne active moins grande à droite qu'à
gauche. La rotation externe en abduction à 90° présente une fin de course dure et douloureuse.

2.3.2.5 Les mouvements accessoires :

L'examen n'a pas mis en évidence de limitation de mouvement d'un côté par rapport à l'autre mais dans le glissé anté-
rieur et postérieur du côté droit, le mouvement donnait une impression de crantage.

2.3.2.6 Les tests de compression de l'espace acromio-trochitérien (impingement sign) :

Gauche Droite
Neer – +
Hawkins Kennedy – +
Arc douloureux – + à 100 °
Empty can test (Jobe) – +
Full can test – +

Tableau 2 : Tests de compression de l’espace acromio-claviculaire

2.3.2.7 L'évaluation musculaire:

Muscle testé Test utilisé Gauche Droite

Sous-épineux RE contre résistance OK OK


Sous-scapulaire RE asymétrique Rotation gauche > droite
Belly Press Test OK OK
Lift Off Test OK OK
Petit Rond Manœuvre de Patte OK Douleur
et faiblesse
Sus-épineux Empty Can test OK Douleur
et faiblesse
Full Can Test OK OK
Biceps brachial Flexion du coude contrée OK Douleur
Deltoïde ant. Debout, élévation ant. -> 90° contrée OK OK

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 21 .


M
_

Muscle testé Test utilisé Gauche Droite

Deltoïde moyen Debout, abduction -> 90° contrée OK OK


Deltoïde post. DV; abd. horizontale au-delà de 90° OK OK
Triceps DD; extension du coude contrée OK OK
Trapèze sup. Elévation des épaules contrée OK OK
Trapèze moyen DV; rotation tête côté testé; g-h en rot.
Ext. + abd., coude fléchi; soulever coude
et main simultanément OK OK
Trapèze inf. DV; membre sup en élévation;
lever le pouce au plafond OK OK
Rhomboïde DV; main sur le sacrum;
soulever épaule et coude en même temps OK OK
Serratus ant. DD; coude fléchi; antépulsion de la scapula OK OK

OK = force normale

Tableau 3 : Evaluation de la force musculaire de la patiente

2.3.2.8 Signes d'instabilité :

Il n'y a aucun signe d'instabilité de la gléno-humérale.

2.3.2.9 Tests neuro-méningés :

Nerf testé Test utilisé Gauche droite


Médian MNT – +
Radial RNT – +
Ulnaire UNT – –
MNT = abd. + rot.ext. épaule; ext. coude; supination avant-bras; ext. poignet et doigts.
RNT = abd. + rot. int. épaule; ext. coude; pronation avant-bras; flex. poignet et doigts.
UNT = abd. + rot. ext. épaule; flex. coude; pronation avant-bras; ext. poignet et doigts.

Tableau 4 : Résultats des tests neuroméningés

2.3.2.10 La scapulo-thoracique :

Mme P.G. ne présente pas de dyskinésie de la scapulo-thoracique ni de décollement du bord de l'omoplate lorsqu'elle
effectue le test actif. La mobilité passive de l'omoplate est dans la norme et symétrique.

2.3.2.11 Le coude et le poignet :

La mobilité de ses coudes et des ses poignets est dans la norme et symétrique. Présence d'une douleur en fin d'amplitude
d'inclinaison radiale de son poignet droit.

2.3.2.12 Bilan viscéral :

Le test pyloro-sous-hépatique est positif, avec une notion de fibrose douloureuse. Le test du fascia péri-rénal est négatif.

2.3.2.13 Questionnaires d'évaluation fonctionnelle :

SPADI DASH
SPADI douleur SPADI fonction SPADI total
64 57.5 69.75 54.5

Tableau 5 : Scores obtenus par Mme P.G. aux questionnaires d’évaluation fonctionnels
. 22 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch
M
_

En lisant ces résultats, il est possible de dire que la qualité Voici le traitement standard effectué à chaque séance :
de vie de la patiente est clairement altérée par son pro-
blème d'épaule, et que dans l'évaluation algofonction- • Séance 1 et 2 :
nelle, le facteur douleur prédomine sur la perte de fonc-
tion, la moyenne des deux étant élevée. 1. Massage de la région cervico-thoracique
(effleurage, pétrissage profond).
2.4 Synthèse de l'examen clinique :
2. Rachis :
Au terme de cet examen clinique, il est possible de dire • Mobilisation de la région thoracique : techniques
que Mme P.G. souffre d'une douleur à l'abduction active et Maitland (PA centrales, PA unilatérales, transverses
passive de l'épaule, limitant l'amplitude de mouvement, unilatérales ddc stade I-II si douleur prédominante,
provoquée par la compression des structures sous-acro- stade III-IV si raideur prédominante) ou ostéopa-
miales contre l'acromion; d'une limitation de la rotation thiques (screw ou DOG).
externe active, conséquence d'une diminution de force • Mobilisation de la charnière cervico-thoracique:
du sus-épineux et d'une fin de course de rotation externe techniques Maitland (PA centrales, PA unilatérales,
passive raide et douloureuse, due à la mise en tension des transverses unilatérales stades en fonction du
structures capsulo-ligamentaires inférieures. Ces douleurs bilan) ou ostéopathiques (HVT sur transverse de la
et ces limitations la gênent dans ses activités quoti- vertèbre en dysfonction)
diennes, notamment pour les activités demandant de la • Mobilisation cervicale: techniques Maitland (PA
force ou une élévation du membre supérieur. L'hypothèse unilatérale stade I-II sur C4) ou Kaltenborn (glisse-
d'une pathologie de type conflit acromio-trochitérien est ments post-ant avec piccolo-traction)
confirmée, avec une probable bursite chronique (à confir-
mer par un examen échographique) et une tendinite 3. Épaule :
chronique des muscles sus-épineux, petit-rond et long • Mobilisation traction en position de repos stade I-II
chef du biceps à droite. La postériorité douloureuse en C4 selon Kaltenborn
et les irradiations douloureuses dans le membre supérieur • Mobilisation en glissé postérieur stade III-IV selon
se prolongeant jusqu'à la main viennent compliquer le Maitland
tableau clinique en superposant des signes de cervico- • Mobilisation en glissé inférieur stade III-IV selon
brachialgie aux signes de syndrome acromio-trochitérien. Maitland
• Traction dans l'axe de l'humérus stade II selon
2.5 Objectif du traitement Kaltenborn

L'objectif du traitement est de restaurer une ciné- A chaque séance, des manœuvres spécifiques ont été
matique normale de la gléno-humérale limitant les effectuées, en corrélation avec l'examen subjectif effec-
impacts acromio-trochitérien (repositionnement de tué en début de chaque séance, soit :
la tête humérale et rééquilibrage de la balance
musculaire) et de permettre, dans la mesure du • Séance 3 : massage transversal profond des spinaux de
possible, une bonne récupération fonctionnelle de T7 à T9 à droite pour éliminer une contracture douloureuse
l'épaule (force et mobilité). La prise en charge des apparue après avoir effectué les exercices; mobilisation de
aspects inflammatoires de la pathologie ne nous l'acromio-claviculaire en glissé int. dans l'axe de la clavicule.
appartient pas.
• Séance 4 : palpé-roulé +++ sur la charnière cervico-tho-
2.6 Le déroulement du traitement : racique; ostéopathie crânienne: manœuvre de la faux du
cerveau et de la tente du cervelet dans le but de diminuer
En l'absence de consensus international, le plan de traitement les céphalées en hémi-casque à droite.
fut principalement basé sur les articles de Tate & al. (4) et
de Kuhn (21) car ces deux articles semblaient proches des • Séance 5 : réaction douloureuse très forte au niveau du
conclusions de la synthèse de cette littérature. moignon de l'épaule et de la face externe de l'omoplate
après la séance précédente, avec ressenti de grande fatigue.
La patiente a été vue trois fois par semaine pendant trois Considérant empiriquement cette réaction comme plutôt
semaines et demi, soit un total de onze séances de trente positive, les palpés roulés ont été refaits. Massage transversal
à quarante-cinq minutes. C'est un choix empirique et cir- profond sur le tendon du petit rond pour diminuer la douleur
constanciel dicté par la disponibilité de la patiente et de de la face postérieure de l'épaule. Les céphalées ont diminué
la thérapeute, la littérature ne donnant d’ailleurs pas de significativement.
consignes homogènes sur ce point. Chaque séance a été
décrite précisément dans le dossier afin d'assurer un suivi • Séance 6 : les exercices sont momentanément suspendus
rigoureux et une adaptation constante du traitement aux car exacerbant les douleurs d'épaule. Pas de réaction aux pal-
besoins de la patiente. pés-roulés cette fois. La patiente décrit une faiblesse de la
main avec une douleur remontant le long du bras jusqu'au
thorax. Le trajet de la douleur suivant le méridien de la vési-
cule biliaire tel que décrit par Shizuto Masunaga, un bilan et
un traitement viscéral est effectué: mobilisation du foie assis

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 23 .


M
_

et en décubitus dorsal, manœuvre de décongestion du foie ––– 3. RÉSULTATS –––


en décubitus latéral.
3.1 Signes astérisques :
• Séance 7 : annulée car la patiente est malade: nausées,
vomissements, diarrhées, commencées 48 heures après Les tests de Neer et de l'arc douloureux ont été choisis en
traitement viscéral. début et en fin de traitement comme signes astérisques.
Les résultats obtenus sont illustrés dans le tableau ci-des-
• Séance 8 : douleurs d'épaule quasiment disparues. sous. Dès la cinquième séance, les tests n'ont plus provo-
Prédomine les céphalées (VAS 5/10) et des douleurs dans la qué de douleur (signalé par la valeur 0 dans le graphique).
musculature du cou (séquelles vomissement?). Massage de la Lors du test de l'arc douloureux, les douleurs ont disparu
musculature du cou. Reprise des exercices à raison de 2x10 dès la 4e séance, remplacées par une sensation de ressaut
séries. Constatation d'une décongestion visible du visage, du indolore à 120° d'abduction, qui a évolué comme la dou-
ventre et des membres inférieurs, confirmée par la patiente. leur vers une apparition de plus en plus tardive dans le
mouvement pour disparaître tout à fait à la 10e séance.
• Séance 9 : douleurs du cou disparues ainsi que la cépha-
lée. Mobilisation du poignet en glissés ant-post et int-ext.

Valeur de l’angle où la douleur apparaît


180
sous légère traction. A cause de la persistance des dou- 160
140
160
150

leurs face postérieure de l'épaule (intensité moindre mais 140 130


120
120
toujours présentes), l'accent est mis dans les exercices sur 100
100
110
100
110
100 Neer pré-ttt
les étirements en adduction horizontale et en élévation. 80
80 Neer post-ttt
AD pre-ttt
60 AD post-ttt
• Séance 10 : douleurs du poignet disparues. Céphalée en 40
20
hémi-casque accompagnée d'une recrudescence de la 0
C D D C D

douleur en regard de C4. 2e 3e 4e 5e


Séances
• Séance 11 : pas de céphalée mais reste des irradiations
douloureuses dans le membre supérieur liées à la cervico- Tableau 6 : Evolution des tests de Neer
brachialgie. La gléno-humérale est indolore (0,5/10 VAS), et de l’arc douloureux
les douleurs postérieures ont disparu.
Afin d'évaluer les résultats du traitement, un bilan iden-
Un programme d'exercices a été enseigné à la patiente tique à celui effectué en début de traitement a été effectué.
avec consigne de les effectuer chaque jour :
3.2 Résultats de l'examen clinique en fin
1. Étirements 3x30 secondes chacun de traitement:
• amener le membre supérieur en abduction horizontale
pour étirer la capsule postérieure 3.2.1 Inspection générale :
• amener le membre supérieur en élévation pour étirer
la capsule inférieure. Mme P.G. porte maintenant les épaules à la même hauteur.
• se coucher sur une serviette de toilette roulée en cylindre Les sillons deltoïdiens sont de profondeur comparable. De
et placée entre les omoplates, les bras en croix pour profil, on note peu de changements apparents. De dos, la
mobiliser en extension le rachis thoracique fosse sus-épineuse s'est comblée, les signes d'amyotro-
phie du sus-épineux sont moins évidents.
2. Renforcement musculaire 2-3x10 mouvements contre
résistance moyenne (Theraband (RTM) jaune) avec 60 3.2.2 Palpation du rachis cervico-thoracique:
secondes de repos entre les séries (Bang et Deyles (2000)):
• Rentrer le menton en effectuant un auto-agrandisse- La bosse de bison est toujours présente mais la muscula-
ment et une adduction + abaissement des omoplates ture est globalement beaucoup moins tendue, particuliè-
• Rotation externe de l'épaule, coude au corps: la main rement le trapèze supérieur qui a maintenant une texture
est placée sur le ventre, la patiente doit l'éloigner du similaire à l'autre côté.
ventre puis la ramener doucement (« ouvrir la porte »)
• Rotation interne de l'épaule coude au corps: l'avant- 3.2.3 Mobilité du rachis cervico-thoracique:
bras est éloigné du corps, coude au flanc, la patiente
doit amener la main vers le ventre puis relâcher dou- Le rachis cervical a gagné de la mobilité en extension, plus
cement (« fermer la porte ») aucun mouvement ne provoque de douleur. La rotation
• Adduction des omoplates : en tenant la bande dans les droite reste légèrement moindre que la rotation gauche.
deux mains, la patiente doit effectuer une rotation La mobilité segmentaire est dans la norme de C2 à C7
externe bilatérale, coudes au corps. avec encore la présence d'une postériorité douloureuse
en regard de C4 (VAS = 4/10).
Ce programme d'exercices a été choisi parmi ceux figurant
dans un canevas de traitement proposé par Tate & Le rachis thoracique est mobile et non-douloureux dans
al.(2010) et rejoint les recommandations formulées par toutes les amplitudes de mouvement, en actif comme en
Kuhn (2009). (4, 21) passif.

. 24 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

3.2.4 Complexe de l'épaule:


EVALUATION DE LA MOBILITÉ DE LA GLÉNO-HUMERALE
GAUCHE DROITE
ACTIF PASSIF ACTIF PASSIF
Elévation antérieure 170° 170° 180° 180°
Abduction 180° 180° 180° 180°
Rot. Ext. Coude au corps = RE1 70° 70° 70° 70°
Rot. Ext. En Abd 90° en DD = RE2 90° 90°
Rot. Int. Main dans le dos (niveau T7 T6
vertébral atteint par le pouce)
Rot. Int. En Abd 90° (en DD) 90° 90°

Tableau 7 : Evaluation de la mobilité de la gléno-humérale de la patiente

Les valeurs qui ont significativement changé sont mises en évidence en rouge.
L'articulation gléno-humérale est beaucoup plus mobile, aucune fin de course n'est plus douloureuse ni dure. En
comparaison, c'est maintenant l'épaule gauche qui semble moins mobile.

3.2.5 Les mouvements accessoires:

Les mouvements accessoires sont libres, il n'y a plus de sensation de crantage.

3.2.6 Signes de conflit acromio-trochitérien (impingement sign) :

Gauche Droite
Neer – –
Hawkins Kennedy – –
Arc douloureux – –
Empty can test (Jobe) – –
Full can test – –

Tableau 8 : Résultats des signes de conflit acromio-trochitérien

Il n'y plus aucun signe de conflit acromio-trochitérien.

3.2.7 Évaluation musculaire :


Muscle testé Test utilisé Gauche Droite

Sous-scapulaire RE asymétrique Rotation gauche = droite


Petit rond Manœuvre de Patte OK OK
Sus-épineux Canette pleine (Jobe) OK OK
Biceps brachial Flexion du coude contrée OK OK

Tableau 9 : Evaluation de la force de la patiente

Aucun des tests ne provoque de douleur ni ne met en évidence une faiblesse musculaire.

3.2.8 Instabilité :

Il n'y a pas d'instabilité de la gléno-humérale.

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 25 .


M
_

3.2.9 Tests neuro-méningés :

Les tests neuro-méningés sont normaux et symétriques.

Nerf testé Test utilisé Gauche droite


Médian MNT – –
Radial RNT – –
Ulnaire UNT – –
Tableau 10 : Tests neuro-méningés

3.2.10 La scapulo-thoracique :

Il n'y a pas de dyskinésie ni de décollement du bord de l'omoplate.

3.2.11 Le coude et le poignet :

La mobilité du coude est dans la norme. Le poignet présente toujours une douleur en inclinaison radiale.

3.2.12 Les tests viscéraux :

Lors du test pyloro-sous-hépatique, il y a toujours la sensation d'une fibrose mais beaucoup moins douloureuse.

3.2.13 Questionnaire d'évaluation fonctionnelle :

SPADI DASH
SPADI douleur SPADI fonction SPADI total 15.9
2 0 1

Tableau 11 : Résultats des questionnaires SPADI et DASH après le traitement

Son épaule ne gêne plus la patiente dans sa vie quotidienne.

3.3. Évolution de la douleur :

Evolution du ressenti de la douleur par la patiente


Intensité de la douleur (VAS)

10
9
8
7
6
5
4
Douleur (VAS)
3
2
1
0
1ère 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10e 11e
Séances

Tableau 12 : Evaluation de la douleur ressentie

A chaque séance, la patiente a été priée d'évaluer le niveau de sa douleur au quotidien.

3.4 Synthèse des résultats :


Le bilan après onze séances montre que l'objectif de traitement a été atteint : les amplitudes articulaires sont normales
et indolores, les muscles ont récupéré leur force avec comme conséquence directe une nette amélioration de la capacité
fonctionnelle de l'épaule, mise en évidence par l'amélioration des scores des questionnaires d'évaluation fonctionnelle.
La patiente peut utiliser son bras normalement et a retrouvé une qualité de vie satisfaisante. Elle ne peut pas encore
reprendre la peinture, mais c'est à cause de ses douleurs au poignet et non plus à cause de son problème d'épaule.

. 26 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


M
_

––– 4. DISCUSSION ––– temps nécessaire à l'accomplissement du plan de traite-


ment, menu de base et suppléments, en dehors de toute
Au début de chaque séance, un bilan des exercices a été considération de rentabilité économique. On ne peut
effectué et des corrections ou adaptations proposées si exclure aussi une influence à retardement des infiltrations
nécessaire. Les techniques manuelles ont parfois été effectuées pendant l'été. Il conviendrait d'effectuer un
appliquées en s'écartant légèrement du canevas planifié suivi d'évaluation sur le long terme pour voir si les amé-
en fonction du bilan de début de séance. Le temps consa- liorations obtenues persistent. Pour la suite immédiate de
cré à la mobilisation de l’articulation gléno-humérale la prise en charge, le problème de cervico-brachialgie est
représentait environ un tiers du temps total de la séance. maintenant prédominant mais n'entre pas dans les limites
La 6e séance a marqué un tournant dans le traitement de de cet article.
cette patiente grâce aux manœuvres de mobilisation vis-
cérale. A partir de cette séance, la douleur a nettement Dans une approche multi-conceptuelle, le thérapeute dis-
diminué. Le lien entre une dysfonction viscérale (au sens pose d'outils diversifiés pour répondre aux différentes
ostéopathique de perte de mouvement) et une dysfonc- facettes des problèmes des patients. Dans le cas de cette
tion articulaire a été manifeste à ce moment du traite- patiente, de nombreux concepts ont permis de donner les
ment. Dans le cas de cette patiente, le changement de réponses thérapeutiques les plus adaptées à la probléma-
ressenti douloureux et le gain de mobilité ont été objecti- tique décrite plus haut.
vables après une seule séance.
La vision articulaire analytique du concept Kaltenborn-
La recherche bibliographique démontre un foisonnement Evjenth, avec ses règles concave-convexe, s'applique par-
de tests divers et variés et qu'il en existe certainement ticulièrement bien à l'articulation gléno-humérale, per-
d'autres, plus sensibles que ceux proposés dans cet mettant d'effectuer un diagnostic biomécanique relative-
article. ment aisément. La corrélation entre les limitations de glis-
sés articulaires et les symptômes est plus évidente que
L'absence de consensus au niveau des tests d'évaluation dans d'autres articulations du corps. En outre, la première
et des lignes directrices de traitement est un vrai pro- règle de traitement exigeant de mobiliser l'articulation
blème. Il s’agirait tout d'abord de trouver un consensus dans une position de repos est intéressante pour l'articu-
reconnu internationalement sur l'appellation « syndrome lation gléno-humérale, au vu de la riche innervation des
acromio-trochitérien chronique » et de se poser la ques- structures sous-acromiales. Cela a l'avantage de diminuer
tion de savoir s'il ne serait pas plus judicieux de l'aban- les afférences proprioceptives, permettant en principe de
donner au profit de termes plus précis décrivant les lever un spasme musculaire protecteur et de travailler les
lésions effectives (comme conflit sous-acromial, lésions de glissés articulaires même sur une articulation hyper-
la coiffe des rotateurs ou bursite par exemple). algique, (en respectant les règles de l'indolence: seuls les
glissés articulaires dans une direction indolore sont effec-
Les résultats obtenus avec cette patiente tendent à corro- tués). Cette approche « en douceur » permet aussi de
borer les conclusions des études montrant que les tech- mettre en confiance un patient très vigilant ou craintif.
niques manuelles ajoutées à des exercices thérapeutiques
ciblés permettent une amélioration de la symptomatolo- Pour la gléno-humérale, le concept Maitland permet
gie en termes de diminution de la douleur et d'améliora- d'orienter les mobilisations articulaires non seulement en
tion de la mobilité, entraînant une récupération fonction- fonction d'une compréhension analytique de l'articula-
nelle de l'épaule, y compris dans des cas d'atteinte chro- tion mais surtout d'un ressenti concret. Ainsi, des limita-
nique. L'effet des exercices de renforcement des muscles tions qui auraient pour cause des rétractions dans des
de la coiffe des rotateurs s'est manifesté chez cette zones inhabituelles (dues par exemple à une cinématique
patiente par une diminution rapide des signes de conflit altérée par une fibrose dégénérative ou une inflamma-
acromio-trochitérien, confirmant le rôle de recentreur de tion) peuvent être prise en charge. Le concept propose un
la tête humérale de ces muscles, lors des mouvements outil intéressant, le quadrant, permettant d'évaluer et de
d'élévation du membre supérieur. Il faut néanmoins être travailler les derniers degrés d'amplitude articulaire en fin
conscient que, pour tirer des conclusions définitives, il de traitement. Au niveau du rachis, le concept Maitland
faudrait appliquer ce type de démarche à un collectif plus est une bonne alternative pour les patients qui ne pour-
important de patients afin de pouvoir recommander ce ront pas être traités par des manœuvres de mobilisation à
protocole de prise en charge. La confirmation des amélio- haute vélocité.
rations obtenues dépendent de la situation clinique du
patient, de son âge, de l'étendue des lésions et de sa La notion de suite lésionnelle, présente dans le concept
capacité à comprendre les consignes et à les appliquer. ostéopathique, oblige le thérapeute à englober dans sa
Dans les cas de lésions de la coiffe des rotateurs et en réflexion les différentes structures potentiellement impli-
l'absence de raideur articulaire, une intervention chirurgi- quées dans les problèmes acromio-trochitériens, soit non
cale pourrait être plus appropriée. seulement le complexe de l'épaule et le rachis mais aussi
la sphère crânienne et viscérale. Ce concept propose des
L'excellente compliance de cette patiente a certainement outils spécifiques pour celles-ci. En outre, les effets posi-
joué un rôle décisif dans la réussite du traitement proposé tifs des manipulations de la colonne thoracique pour les
tout comme son état d'esprit positif (effet placebo). Un patients souffrant de douleur d'épaule ont déjà été mis
autre facteur a certainement joué : les séances duraient le en évidence (5, 28).

Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch . 27 .


M
_

Les mobilisations neuro-dynamiques ont pour but de res- ––– BIBLIOGRAPHIE –––
taurer la mobilité normale du système nerveux. Dans le
cas de cette patiente, qui présentait des signes cliniques 1. Green S., Buchbinder R., Hetrick S., (2003) Physiotherapy interve
de cervico-brachialgie, ces mobilisations neuro-ménin- tions for shoulder pain Cochrane Database Syst. Rev. 2: CD 004258.
gées, dès le premier traitement, ont provoqué une régres- 2. Mitchell C., Adebajo A., Andrew C. (2005) Shoulder pain: diagnosis
and management in primary care. BMJ 12 November 2005; 331:
sion significative des irradiations douloureuses d'origine 1124-1128.
rachidienne dans son membre supérieur. Malgré des tests 3. Michener L.A., Walsworth M.K., Burnet E.N. (2004) Effectiveness of
du nerf médian et du nerf radial positifs, des mobilisa- rehabilitation for patients with subacromial impingement syndrome:
tions neuro-dynamiques auraient dû être entreprises au a systematic review. Journal of Hand Therapy April-June; 17 (2):
cours de la deuxième moitié du traitement, ce qui n’a pas 152-164.
pu être fait par manque de temps. Apparemment, les 4. Tate A.R., McClure P.W., Young I.A., Salvatori R., Michener L.A.
(2010) Comprehensive impairement-based exercise and manual
exercices thérapeutiques réalisés ont suffisamment mobi- therapy intervention for patients with subacromial impingement
lisé les structures neuro-méningées puisque les tests sont syndrome: a case serie. Journal of Orthopaedic et Sports Physical
négatifs dans le bilan de fin de traitement. Therapy. 40 (8): 474-493.
5. Bang M. & Deyle G. Comparison of supervised exercise with and
L'application des principes du Kinetic Control permet de without manual physical therapy for patients with shoulder impin-
gement syndrome. J. Orthop. Sports phys. Ther. (2000); 30(3):126-137.
placer son attention sur les groupes musculaires à réédu-
6. Bennel K., Wee E., Coburn S., Green S., Harris A., Staples M.,
quer et de proposer des exercices adaptés à la probléma- Forbes A., Buchbinder R. Efficacy of standardised manual therapy
tique du patient. Ce concept est particulièrement adapté and home exercise programme for chronic rotator cuff disease: ran-
pour évaluer et traiter les dyskinésies du complexe de domised placebo controlled trial. BMJ 2010; 340:c2756. Accès:
l'épaule, et celle de la scapulo-thoracique. Ce fut ainsi le http://www.bmj.com/content/340/bmj.c2756.fullpdf+html
cas chez une autre patiente, où, dès l'instant où un pro- 7. Dickens V., William J., Bhamra M. (2005) Role of physiotherapy in
the treatment of subacromial impingement syndrome: a prospective
gramme d'exercices renforçant la musculature de l'omo- study. Physiotherapy 91:159-164.
plate et particulièrement le grand dentelé a été introduit, 8. Kachingwe A., Philips B., Sletten E., Plunkett S., (2008) Comparison
les douleurs d'épaule ont rapidement diminué et la of manual therapy techniques with therapeutic exercise in the treat-
patiente a décrit une bien meilleure fonctionnalité de son ment of shoulder imoingement: a randomised controlled pilot clinical
membre supérieur. trial. The Journal of Manual and Manipulative Therapy 16 (4) 238-247.
9. Conroy D. & Hayes K. (1998) The effects of joint mobilization as a
component of comprehensive treatment for primary shoulder
impingement syndrome. J.Orthop. & Sports Phys. Ther. 1998; 28: 3-14.
––– 5. CONCLUSION ––– 10. Senbursa G., Baltaci G., Atay A. (2007) Comparison of conservative
treatement with and without manual physical therapy for patients
Cette présentation de cas permet de remettre en ques- with shoulder impingement syndrome: a prospective, randomized
tion une prise en charge documentée de patients présen- clinical trial. Knee Surg. Sports Traumatol. Arthrosc. 15: 915-921.
tant un syndrome acromio-trochitérien chronique. 11. Kromer T., Tantenhahn U., De Bie R.A., Staal J.B., Bastiaenen C.
(2009) Effects of physiotherapy in patients with shoulder impinge-
ment syndrome: a systematic review of the litterature. Journal of
Outre la normalisation de la position de la tête humérale Rehab. Med. 41: 870-880.
par rapport à la glène, il convient aussi de s’assurer qu’il 12. Beaudreuil J., Nizard R., Thomas T., Peyre M., Liotard JP., Boileau P.,
n’existe pas de dysfonction du rachis cervical. Il ne faut Marc T., Dromard C., Steyer E., Bardin T., Orcel P., Walch G. (2009)
pas craindre d’entreprendre un renforcement musculaire Contributin of clinical tests to the diagnosis of rotator cuff disease:
a systematic review. Joint Bone Spine 76: 15-19
adapté sur un ou des muscles présentant des signes de
13. Cools A.-M., Dewitte V., Lanszweert F., Notebaert D., Roets A.,
tendinite, signe pourtant d’une surcharge mécanique. Un Soetens B., Cagnie B. (2007) Rehabilitation of scapular muscle
bilan plus large du complexe de l'épaule, incluant le balance: wich exercises to prescribe? Am. J. Sports Med. 35: 177.
rachis cervico-thoracique, la gléno-humérale et la sca- Accès: http://ajs.sagepub.com/content/35/10/1744
pulo-thoracique s’impose dans ce type de pathologie. Il 14. Kelly S., Wrightson P., Meads C. (2010) Clinical outcomes of exer-
est primordial d’améliorer la mobilité de la gléno-humé- cise in the management of subacromial impingement syndrome: a
systematic review. Clinical Rehabilitation 24: 99-109. Accès direct à:
rale, du rachis cervical et surtout thoracique. Il faut éva- http://cre.sagepub.com/content/24/2/99
luer la force musculaire du complexe de l'épaule et pré- 15. Hegedus E.J., Goode A., Campbell S., et al. (2008) Physical exami-
voir d’entreprendre des exercices pour renforcer les mus- nation tests of the shoulder: a systematic review with meta-analysis
cles de la coiffe des rotateurs et les stabilisateurs de of individual tests. British Journal of Sports Medecine 42: 80-92.
l'omoplate tout en restant, bien sûr, attentif aux signes 16. Miller C., Forrester G., Lewis J. (2008) The validity of the lag signs in
impliquant les sphères viscérales et crâniennes. diagnosing full-thickness tears of the rotator cuff: a preliminary
investigation. Arch. Phys. Med. Rehab. 89: 1162-1168.
17. Fayad F., Mace Y., Lefèvre-Colau M.M. (2005) Les échelles d'incapa-
cité fonctionnelle de l'épaule: revue systématique. Annales de réa-
––– CONTACT ––– daptation et de médecine physique 48: 298-306.
18. Roy J.-S., McDermid J., Woodhouse L. (2009) Measuring shouder
Béatrice-Anne Keller : bakeller@bluewin.ch function: a systematic review of four questionnaires. Arthritism &
Rheumatism. 61 (5): 623-632.
19. Desmeules F., Côté C., Frémont P. (2003) Therapeutic exercise and
orthopedic manual therapy for impingement syndrome: a systema-
tic review. Clinical J.ournal of Sports Medicine 13:176-182.
20. Trampas A. & Kitsios A. (2006) Exercise and manual therapy for the
treatment of impingement syndrome of the shoulder: a systematic
review. Physical Therapy Review. 11: 125-142

. 28 . Mains Libres n° 1 . 2o13 . www.mainslibres.ch


21. Kuhn J. (2009) Exercise in the treatment of rotator cuff impinge-
ment: a systematic review and a synthesized evidence-based reha-
bilitation protocol. Journal of. Shoulder & Elbow Surgery. 18: 138-160.
22. McDonald P., Clark P., Sutherland K. (2000) An analysis off the accu-
racy of the Hawkins and Neer subacromial impingement signs.
Journal of Shoulder & Elbow Surgery. 9 (4) 299-301.
23. Michener L.A., Walsworth M., Doukas W., Murphy K. (2009) Vous avez un projet,
Reliability and diagnostic accuracy of 5 physical examination tests vous souhaitez
and combination of tests for subacromial impingement.
Arch.Phys.Med. Rehab.90: 1898-1903. bénéficier des
24. Kelly S., Brittle N., Allen G. (2008) The value o fphysical tests for meilleures
subacromial impingement syndrome: a study of diagnostic accuracy.
Clinical Rehabilitation24:149-158. prestations
25. Cools A.-M., Cambier D., Witvrouw E.E., (2008) Screening the
athlete's shoulder for impingement symptoms: a clinical reasoning
d’impression,
algorithm for early detection of shoulder pathology. British Journal faites nous part
of Sports Medicine 42: 628-635.
26. Kim E., Jeong H.J., Lee K.W. (2006) Interpreting positive signs of the
de vos besoins,
supraspinatus test in screening for torn rotator cuff. Acta Med. nous sommes
Okayama 60 (4) 223-228.
27. Dumontier C. & Doursounian L. Maîtrise orthopédique: le journal à votre service !
orthopédique sur le Web (2010, 26 septembre; 15h53) Examen cli-
nique de l'épaule dans la pathologie de la coiffe des rotateurs. [Page
Web] Accès: http://www.maitriseorthop. com/viewPage.do2id=1010
28. Strunce J.B., Walker M.J. Boyles R.E., Young B.A. (2009) The imme-
diate effects of thoracic spine and rib manipulation on subjects with
primary complaints of shoulder pain. The Journal of Manual and
Manipulative Therapy. 17 (4): 230-236.
29. Boyles R., Ritland B., Miracle B., Barclay D., Faul M., Moore J.,
Route de la Scie 9 • 1470 Estavayer-le-Lac
Koppenhaver S., Wainner R. (2009) the short term effects of thora- Tél. 026 663 12 13 • Fax 026 663 46 85
cic spine thrust manipulaiton on patients with shoulder impinge-
ment syndrome. Manual Therapy (2009); 14: 375-380. E-mail : info@cibsa.ch • www.cibsa.ch

Vous aimerez peut-être aussi