Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Mémoire de Luxation
Mémoire de Luxation
REEDUCATION et READAPTATION
54, rue de la Baugerie – 44230 SAINT-SEBASTIEN SUR LOIRE
Gaëlle CORNUAILLE
ème
3 année en Masso-Kinésithérapie
Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire,
et tout particulièrement :
Mon tuteur de mémoire pour son temps et son aide précieuse dans la rédaction de ce
mémoire,
Mon référent de stage pour ses conseils et le temps qu’il a bien voulu me consacrer,
1. Introduction ........................................................................................................................ 1
5. Discussion ........................................................................................................................ 28
6. Conclusion ........................................................................................................................ 30
Annexes 1 à 4
1. INTRODUCTION
Depuis les années 80, si l’acquisition d’appareils d’isocinétisme par les structures sanitaires
n’a cessé d’augmenter, cet engouement a été moindre en France puisque le nombre
d’appareils répertoriés en 2000 n’est que de 165. Ceci correspond à 2,71 à 3,89 machines par
million d’habitants. D’autres pays tels que l’Allemagne sont de plus grands utilisateurs entre
1200 et 1500 machines, soit 14,6 à 18,29 machines par million d’habitants (1). Des facteurs
culturels et économiques peuvent expliquer cet écart. La France resterait attachée à un savoir-
faire manuel, alors que d’autres pays s’orientent davantage vers la médecine physique avec un
taux d’équipement plus important. Dans les premières applications, l’isocinétisme se limitait à
l’articulation du genou, et plus particulièrement aux mouvements de flexion/extension.
Actuellement, grâce à de nombreuses évolutions, l’isocinétisme permet d’évaluer et de
rééduquer une grande quantité d’articulations. Cependant, une difficulté est apparue lors de
l’exploitation de la machine pour l’épaule en raison du nombre d’articulations mis en jeu. Le
complexe de l’épaule comprenant l’association de cinq articulations permet des mouvements
combinés : rotations, flexion/extension, abduction/adduction. L’avantage de cette machine par
rapport au testing manuel est une plus grande rigueur des mouvements analytiques et des
mesures de force et de fatigue de groupes musculaires précis (2). Le testing manuel apprécie
la force en statique en restant subjectif alors que l’isocinétisme est objectif et s’intéresse à la
force en dynamique, à une vitesse constante déterminée par l’opérateur. En revanche,
certaines limites sont signalées. Le prix des appareils d’isocinétisme varie de 42 700 € à 91
500 €, selon les modèles auquel il faut rajouter les coûts liés à leur utilisation : les coûts de
fonctionnement, de maintenance, de personnel et de sa formation ainsi que l'amortissement
des appareils (1). Il faut également rajouter le matériel spécifique à chaque articulation.
L’installation sur la machine d’isocinétisme est également une limite, en effet, la littérature
répertorie 5 positions différentes pour l’épaule (3).
C’est au centre de rééducation « Le Normandy » à Granville que j’ai été confrontée à
l’utilisation d’un appareil d’isocinétisme dans le contexte d’un patient sportif avec une épaule
pathologique. Le patient présente une subluxation antéro-interne gauche. Une luxation
d’épaule peut entraîner des complications vasculaires (lésion de l’artère axillaire),
neurologiques (lésions du nerf axillaire ou du plexus brachial) et osseuses (fractures du bord
inférieur de la glène, du trochiter, du col anatomique…). Il est douloureux, et se positionne
dans une attitude de protection. Les lésions ligamentaires sont récentes, le traumatisme est
arrivé 4 semaines auparavant. Avant que M. M ne rencontre le médecin rééducateur du centre,
nous avons réalisé son bilan kinésithérapique et isocinétique afin d’orienter la prise en charge
rééducative. A ce stade, aucune vitesse demandée n’a été atteinte par le patient. Les résultats
obtenus ne permettent pas une prise en charge isocinétique. 4 semaines suite à ce
traumatisme, la prescription médicale s’oriente vers la restauration de la stabilité et de la
mobilité active de l’épaule lésée.
Comment éviter tout risque de récidive ? D’une part, la rééducation s’orientera vers la
récupération et la protection de l’épaule ; et d’autre part l’optimisation du test isocinétique
permettra une prise en charge isocinétique. En quoi l’appareil d’isocinétisme est utile en
1
complément d’une prise en charge kinésithérapique ? Quelles sont les intérêts et limites de
son utilisation ?
L’isocinétisme est un outil reconnu d’évaluation et de rééducation participant à la
récupération de la force musculaire. Il permet ainsi d’obtenir une force satisfaisante pour
permettre la stabilité active de l’articulation gléno-humérale. Cependant, la restauration de la
mobilité active de l’épaule du patient à minima et non douloureuse reste un préambule
indispensable à son utilisation.
Ceci nous amène à considérer l’outil d’évaluation isocinétique et les délais de sollicitation de
l’épaule à partir de l’exemple de ce patient dans le cadre de la luxation antéro-interne.
2.1 EPIDEMIOLOGIE
La luxation est le déplacement permanent de 2 surfaces articulaires l’une par rapport à l’autre.
Elle nécessite l’intervention d’une tierce personne pour la réduire. Par contre, la subluxation
se remet en place spontanément au bout de quelques secondes. La luxation d’épaule est la
luxation la plus fréquente de l’organisme, elle représente 11% des traumatismes de l’épaule
(4). L’instabilité antéro-interne représente 98% des instabilités d’épaule (5) (6). Cette dernière
touche 1 à 2% de la population. Sa récidive est fréquente, surtout chez les sujets jeunes (âgés
de moins de 25 ans) (4). La luxation gléno-humérale est plus fréquente chez l’homme que
chez la femme (deux à trois hommes pour une femme). Elle est exceptionnelle chez l’enfant
qui a plutôt tendance à se fracturer la clavicule et est beaucoup plus rare chez le sujet âgé qui
se fracture le col de l’humérus. La subluxation est généralement secondaire à un traumatisme
indirect lors d’un mouvement forcé dans la position de l’armer du bras, associant abduction,
rétropulsion et rotation latérale (RL) (7).
5
(17). En mode concentrique, la force développée par le patient est inversement
proportionnelle à la vitesse. En effet, plus la vitesse est lente, plus le patient va devoir forcer.
A l’inverse, en excentrique, la force développée croît avec la vitesse (2).
Les différents écrits recommandent d’utiliser une course angulaire identique des deux côtés
droite/gauche et de conserver cette amplitude pour tous les tests. Le débattement articulaire
doit être non douloureux (17).
6
Cette partie est convexe ou plate chez le sujet normal.
Le TIR (temps d’inhibition réciproque) correspond à l’intervalle de temps écoulé entre la
contraction des muscles agonistes et antagonistes. Chez les sujets sportifs, le temps peut être
raccourci de quelques centièmes de secondes (2).
Pour utiliser l’isocinétisme comme outil de rééducation, il faut au préalable que l’épaule soit
non douloureuse sur des amplitudes articulaires suffisantes avec une mobilité et stabilité
actives acquises. La prise en charge s’oriente donc selon 3 axes de rééducation : lutter contre
la douleur, développer la proprioception de l’épaule et reprendre l’activité musculaire.
« L’intensité de la douleur n’est pas directement en relation avec la gravité des lésions. La
douleur n’est pas en soi une contre-indication à la kinésithérapie, elle doit être interprétée
(accord professionnel) » (18).
Les différentes techniques à disposition sont le massage, le repos, les mouvements
pendulaires. Les différents moyens sont la cryothérapie, l’électrostimulation transcutanée
(TENS), les ultra-sons, le low laser, la balnéothérapie…
Un seul type de massage est mentionné dans la littérature, et l’utilisation de ces techniques n’a
fait l’objet d’aucune étude. Le massage décontracturant de l’épaule, de la scapula et de la
région cervicale est ainsi utilisé, notamment en début de séance (10). Sa pratique est le plus
8
souvent bien appréciée par le patient. Le massage permet un contact à distance des structures
lésées et douloureuses, de diminuer les contractures musculaires et de mobiliser
progressivement en passif la région de l’épaule (18).
Le massage à la glace et l’application de froid sont des adjuvants qui n’ont fait l’objet
d’aucune étude précise. La cryothérapie au cours du traitement de kinésithérapie n’est pas
recommandée (accord professionnel) (18). L’application de froid peut être utilisée localement
après la séance de rééducation, elle prévient une flambée inflammatoire réactionnelle (15).
L’électrostimulation transcutanée (TENS) peut être utilisée avec des courants de basse
fréquence antalgiques (fréquences de 50 à 150 Hz ou de 4 à 8 Hz) (15). L’utilisation se fait
généralement au début de prise en charge kinésithérapique à chaque séance. Van der Heijden
a mesuré l’effet de l’électrothérapie sur la douleur (grâce à l’utilisation d’un courant bipolaire
de basse fréquence) en comparant les effets obtenus dans quatre groupes de sujets traités
différemment. L’organisation des groupes est ainsi :
- Groupe 1 : électrothérapie + ultra-sons
- Groupe 2 : ultra-sons + électrothérapie placebo
- Groupe 3 : ultra-sons placebo + électrothérapie placebo
- Groupe 4 : groupe témoin
Aucune différence significative n’a été retrouvée sur l’évolution de la douleur entre les
groupes (grade C). Le peu d’écrits sur le sujet ne permet pas de recommander l’utilisation du
TENS (18).
Les ultra-sons sont habituellement utilisés pour leurs effets antalgique et anti-inflammatoire.
L’effet des ultrasons (en mode pulsé) sur la douleur a été comparé à celui d’un appareil
débranché. Dans tous les cas aucune différence significative n’a été retrouvée sur la
diminution de la douleur. Ces études s’intéressent à la douleur et non à la cicatrisation des
tissus. En l’état actuel des connaissances l’utilisation des ultrasons n’est pas recommandée
(18).
Les mouvements pendulaires associent la relaxation, la décoaptation
de l’articulation gléno-humérale et l’assouplissement des structures
péri-articulaires permettant d’obtenir un effet antalgique très
efficace (10). Ces mouvements peuvent être réalisés dès le début de
la prise en charge. Le sujet est positionné le tronc penché en avant,
le bras lésé ballant. L’autre membre supérieur est en appui sur une
table. Les mouvements réalisés sont circulaires et pendulaires
relâchés sans charge ou lestés d’1 à 2 kg (15) (Fig. 5).
En l’état actuel des connaissances, l’utilisation de Figure 5: Mouvements
l’électromagnétothérapie et le low laser ne sont pas recommandés. pendulaires
9
La mise au repos de l’épaule est seulement recommandée pendant les crises hyperalgiques
(18).
La balnéothérapie est utilisée pour ses effets
antalgiques, décontracturants et rassurants. Elle est
réalisée en eau chaude (en moyenne 35°C). Dans les
phases douloureuses ou en cas d’impotence marquée, la
kinébalnéothérapie permet un travail actif aidé. La
balnéothérapie peut à la fois travailler en actif aidé, en
actif et en actif résisté à l’aide de raquettes ou de
palmes. Le patient commencera par être positionné
l’épaule immergée dans l’eau jusqu’à immersion
complète du bras (10).
Il faut tout d’abord bien connaître la biophysique et les
effets physiologiques de l’immersion. La pression
hydrostatique est directement proportionnelle à la
profondeur et la densité du liquide. Le corps immergé Figure 6: Incidence de la position
est soumis à 2 forces verticales mais de directions d'un segment sur le moment de la
opposées. La pesanteur est appliquée au centre de poussée d'archimède
A’B= segment immergé ;
gravité. La poussée d’Archimède est appliquée au centre
Fa= poussée d’Archimède ;
de poussée de la partie immergée. A= centre de poussée ;
La pression d’Archimède influence le déplacement des d= bras de levier
segments (Fig 6). Le mouvement d’un segment autour d’un point fixe induit par une force se
traduit par le déplacement du bras de levier autour de ce point. Par exemple, en immersion
sternale, si le coude est fléchi, le moment de la poussée d’Archimède est faible et l’abduction
est peu facilitée. Sur un coude en extension, le moment augmente et l’abduction est ainsi
facilitée.
La température de l’eau (environ de 35°) a pour effets :
- Une vasodilatation périphérique responsable d’une diminution de la tension artérielle,
une légère tachycardie…,
- Une diminution généralisée du tonus musculaire, facilitant la mobilisation,
- Une élévation du seuil de la douleur autorisant la réalisation d’exercices trop agressifs
lorsqu’ils sont réalisés à sec.
Il ne faut pas négliger les effets psychologiques. Les possibilités fonctionnelles s’améliorent
en immersion. L’épaule bouge avec moins de souffrance. La sensation d’être momentanément
libéré de son handicap entraîne chez le patient un désir de mouvement, prélude à la
récupération de la fonction.
Les objectifs de rééducation sont :
- Améliorer la détente globale, des cervicales, des ceintures scapulaires…,
- Gagner en mobilité en utilisant l’effet de la poussée d’Archimède sur le segment à
mobiliser. La mobilisation peut être passive exercée par le kinésithérapeute ou active
aidée en utilisant l’effet de la poussée d’Archimède,
10
- Améliorer la proprioception en affinant le sens du mouvement en statique puis en
dynamique. Un travail précoce du recentrage actif de la tête humérale peut être
entrepris à l’aide de bras de levier adapté : du coude fléchi au coude tendu,
- Augmenter la force musculaire en ajoutant des accessoires lestés ou raquettes…
En conclusion, l’immersion dans une eau à 35° a des effets myorelaxants et antalgiques. La
kinébalnéothérapie permet un travail précoce du recentrage actif et d’exercices trop difficiles
lorsqu’ils sont réalisés à sec. Les paramètres sur lesquels la progression peut jouer sont le
niveau d’immersion, le bras de levier et les différents accessoires (de flottaison, lestage…)
(19).
11
- La chaîne cinétique fermée favorise la coaptation et la stabilité adéquate de la tête
humérale dans la cavité glénoïde, grâce à la cocontraction musculaire et à la force
compressive dirigée vers le centre de la cavité. Puis les exercices en chaîne ouverte
sont exécutés,
- La suppression du feedback visuel diminuant une entrée sensorielle (en fermant les
yeux).
Toutes les positions intermédiaires de l’épaule sont intéressées par ce type de rééducation
pour solliciter l’ensemble des mécanorécepteurs. En effet, le contrôle proprioceptif semble
moins efficace en position intermédiaire où les fuseaux neuromusculaires sont recrutés
préférentiellement, alors qu’en positions extrêmes l’ensemble des mécanorécepteurs est mis
en jeu. (20)
« Il est recommandé d'inclure dans tous les protocoles de kinésithérapie des techniques de
renforcement musculaire (accord professionnel) » (18).
Le but de la rééducation est de protéger le plan capsulo-ligamentaire antérieur fragilisé par un
renforcement musculaire adapté. Pour cela, le travail du rééquilibrage des forces musculaires
(agonistes et antagonistes) doit être entrepris. Ceci assure la stabilité active et le contrôle dans
le placement de la tête humérale dans la cavité glénoïdale. Il faut également renforcer les
muscles faibles retrouvés lors du bilan (18). Celui-ci peut se faire de deux manières, soit par
un travail analytique d’un groupe musculaire (la coiffe des rotateurs) permis par
l’isocinétisme, soit par un travail musculaire global.
Ce dernier commence par le travail des muscles antérieurs (grand pectoral, sous scapulaire).
Les fixateurs de la scapula (serratus) sont également importants par leur action stabilisatrice et
mobilisatrice de la scapula en sonnette latérale. Le deltoïde, le biceps sont également
renforcés, les muscles abaisseurs de la tête humérale sont travaillés (coiffe des rotateurs et
abaisseurs longs). Un travail musculaire dynamique et statique est exécuté. Ce renforcement
musculaire ne doit pas entraîner de douleur. Ces exercices suivront comme progression : sans
puis avec l’effet de pesanteur, contre résistance manuelle et enfin à l’aide de bandes
élastiques, de poids (10).
Toutes les techniques permettant d’obtenir la contraction musculaire désirée sont utilisables
(courants excito-moteurs, les techniques de contraction en chaîne…).
Aucun des différents modes de contraction ne paraît plus particulièrement privilégié. Aucune
modalité (concentrique, isométrique, excentrique, isocinétique) n'a démontré sa supériorité.
L’excentrique demande plus de force au sujet, le mode concentrique sera privilégié au début
de la prise en charge.
La rééducation isocinétique offre la possibilité d’un contrôle de l’harmonie du couple RL/RM
par des rapports chiffrés et comparatifs. L’intérêt de l’isocinétisme est de pouvoir utiliser tous
les modes de contraction, de maitriser les intensités, les vitesses et les amplitudes d’exercices.
Le renforcement est programmé en fonction des résultats du test initial et revisité au 2ème test,
15 séances plus tard et ainsi de suite (2). 3 séances par semaine sont programmées. 5 séries
d’une trentaine de contractions séparées d’une minute de repos peuvent commencer un
12
programme de renforcement. Par la suite, les contractions peuvent aller de 10 séries de 60 à
100 contractions séparées d’une minute de repos. La rééducation commence par des
contractions concentriques qui développent une force moindre et représentent un risque
moindre d’accident. Le mode excentrique n’est réalisé qu’en fin de programme car la
résistance de la machine demandera trop de force aux muscles. Des effets délétères risquent
d’apparaître.
Certaines équipes proposent de faire varier la vitesse au cours d’une séance de musculation
sur un mode « pyramidal » (exemple : 90, 120, 150, 180, 180, 150, 120, 90°/sec) (22).
D’autres auteurs comme M. Codine préconisent une « pyramide inversée » allant d’une
vitesse élevée, propice à l’échauffement à une vitesse lente pour revenir ensuite à une vitesse
élevée. Au début, cette progression respecte l’état d’impotence de l’épaule et la vitesse varie
de 240°/sec pour le maximum à 180°/sec pour la vitesse minimale. Progressivement, la
pyramide est abaissée entre les valeurs extrêmes de 210°/sec et 90°/sec. Les vitesses lentes
sont ensuite choisies pour la progression et pour permettre de recruter plus de force par le
patient. Lorsque le gain en concentrique plafonne, le travail excentrique peut commencer en
allant des vitesses les plus lentes où le contrôle du mouvement est plus aisé aux vitesses les
plus élevées. La vitesse maximale est de 120°/sec et le temps de repos est doublé (2).
4. CAS CLINIQUE
4.1.1. Interrogatoire
Ce bilan a été réalisé 4 semaines après sa subluxation d’épaule. J0 correspond au début de sa
prise en charge masso-kinésithérapique.
Mr M. est âgé de 30 ans (né le 18/03/1981), droitier, pèse 80 kg pour 1m73. L’indice de
masse corporelle est de 26,73. Chez les sportifs, l’IMC peut être élevé sans obésité. M.M
n’est pas considéré en surpoids. (23) Il est officier de la marine nationale à Lorient. Pacsé, il
n’a pas d’enfant.
Le 9 septembre 2011, lors d’un entraînement, Mr. M. sautait pour attraper une corde située
entre 2 poutres. Il a alors senti un craquement non douloureux au niveau de l’épaule gauche.
Par la suite, il grimpe sur un obstacle et son épaule se luxe. Le patient se réceptionne sur ses
membres inférieurs. M. a subi une luxation antéro-médiale avec réduction spontanée. C’est la
1ère fois qu’il subit une subluxation. Il est en arrêt de travail depuis cette date. Suite à cette
subluxation, son bras a été mis en écharpe (coude au corps en RM) pendant 3 semaines.
Le patient présente comme antécédent une fracture du scaphoïde droit. Ses loisirs sont le
kickboxing, le footing, la natation et les arts martiaux.
Malgré le traitement mis à sa disposition : dafalgan (antalgique) et ibuprofène (AINS), le
patient ne le prend pas en considération.
13
Dans le plan frontal, le moignon de l’épaule gauche est plus élevé de 3 cm par rapport au côté
droit (Fig 7).
Dans le plan transversal, une sonnette médiale est plus importante du côté gauche (Fig 8)
[Tableau 1]. L’épine de la scapula à gauche est plus saillante (Fig 9).
14
4.1.4. Examen cutané trophique circulatoire
L’épaule gauche ainsi que toute la ceinture scapulaire ne présentent ni rougeur, ni chaleur, ni
adhérence. Une amyotrophie est retrouvée dans les fosses supra et infra épineuses à gauche.
Cet examen a été comparé au côté sain. Le patient ne présente aucun trouble de la sensibilité
cutanée.
15
La force musculaire et les tests actifs ne peuvent être évalués car ils sont limités par la douleur
et les appréhensions du sujet.
Le rythme scapulo huméral est difficile à apprécier en raison de la douleur.
L’évaluation musculaire se fait également par un test isocinétique décrit ensuite.
Le bilan est d’abord réalisé du côté sain à droite. Le mode choisi est le concentrique étant
donné que le mode excentrique sollicite davantage la puissance. La présence d’éventuelles
compensations par le tronc est surveillée. Afin de les éviter, le patient doit placer ses deux
épaules en bas et en arrière. Le bilan commence par 3 séries d’échauffement de 7
mouvements réalisés à une vitesse de 210°/s. Une pause de 30 secondes est octroyée après
chaque série. Ensuite, le test est effectué. Une vitesse de 210°/s est d’abord choisie pour
réaliser le bilan comprenant 5 répétitions. Une pause de 30 secondes est réalisée entre deux
séries. Par la suite, les vitesses de 180, 150, 120 et 90°/s sont effectuées.
L’épaule gauche est ensuite testée. L’échauffement est identique au côté droit. Une vitesse de
30°/s est choisie pour commencer le bilan comprenant 5 répétitions et 30 secondes de repos
entre les séries. Les vitesses de 60 et 90°/s sont ensuite effectuées. Des vitesses lentes ont été
choisies pour une meilleure stabilité active de l’épaule.
Résultats du test (Annexe 2):
Le débattement articulaire non douloureux est moindre à gauche de 30° par rapport au côté
droit. Aucune étude n’a permis de mettre en évidence une différence entre le membre
16
dominant et non dominant, ce qui nous autorise à prendre comme valeurs de référence celles
obtenues du côté sain. La vitesse maximale moyenne atteinte par les RM gauches est de
30°/sec contre 210°/sec à droite. En ce qui concerne les RL gauches, une vitesse de 20°/sec
est atteinte contre 180°/sec. Aucune vitesse demandée par le test n’a été atteinte par le patient,
cela montre un important déficit. La différence de la position du pic de vitesse s’explique par
des amplitudes de travail moindres à gauche. Le ratio RL/RM dépend de la dominance, du
sexe, de l’âge et de la spécificité fonctionnelle du sujet. Dans la littérature, un ratio RL/RM à
0.7 est retrouvé pour ce type de sujet (2). De plus, dans ses activités sportives, il n’utilise pas
plus un membre supérieur que l’autre, nous allons prendre comme référence le ratio à droite,
soit 0.74. Les valeurs du couple et de la position du pic de couple sont difficilement
interprétables en raison de la faiblesse de la puissance et de la vitesse atteintes. Il est difficile
d’interpréter ces résultats, la douleur due à la contraction musculaire diminue les
performances de cet examen.
Tableau 3: Résultats de l'examen isocinétique
Gauche Droite
Amplitude de travail 0/11/62 13/0/68
RM RL RM RL
Vitesse max moyenne demandée atteinte (en °/sec) / / 210 180
Moment de force maximal (MFM en Nm) 3.2 -2.4 24.6 -21
Travail total (en J/kg) 0.02 0.01 0.31 0.28
Puissance moyenne (en Watt) 0.4 0.3 36.3 30.7
Angle de survenue du MFM (en degrés) -12.7 -60.5 -46.2 0.8
Ratio RL/RM 0.81 0.74
Le questionnaire Quick Dash est rempli par le patient (25) (Annexe 3). Le score du Quick
Dash est de 54.5/100, le module professionnel a un score de 100/100 et le module sport a
100/100. Plus le score est haut, plus le patient a des difficultés dans les activités de la vie
17
quotidienne. Il lui est impossible de pratiquer ses sports de combat et de travailler. Ces scores
permettent un suivi de la prise en charge rééducative.
18
4.2.2 Objectifs
Nous sommes donc confrontés à la problématique suivante :
Comment adapter la prise en charge rééducative du patient dans le gain en stabilité et mobilité
actives de l’épaule compte tenu du contexte algique et de l’appréhension du patient afin de
valider un test isocinétique fiable permettant la proposition d’une rééducation spécifique avec
cet outil ?
Objectifs du patient :
Récupérer une mobilité active non douloureuse de l’épaule gauche pour utiliser son
membre supérieur gauche dans les activités de la vie quotidienne,
Pouvoir reprendre progressivement une activité sportive telle que la natation…,
Reprendre son niveau d’activité sportive antérieur et son travail.
L’objectif principal à ce stade de la prise en charge: Lutter contre les douleurs et les
appréhensions afin que le patient puisse utiliser son membre supérieur dans les activités de la
vie quotidienne et pour lui permettre de retrouver une activité physique adpatée.
Avant une prise en charge sur machine d’isocinétisme, les objectifs secondaires sont :
Diminuer les douleurs mécaniques lors des mobilisations passives et actives,
Retrouver une mobilité et stabilité actives d’épaule dans des amplitudes non
douloureuses afin de protéger le système capsulo-ligamentaire fragilisé,
Diminuer l’appréhension du patient en le rassurant.
A partir d’un test isocinétique validé:
Renforcer la coiffe des rotateurs sur machine d’isocinétisme à l’aide d’un programme
de renforcement adapté au patient,
Poursuivre les objectifs précédents adaptés aux attentes du patient,
Récupérer une mobilité et stabilité optimale permettant de reprendre les activités
physiques antérieures sans douleur.
4.2.3 Moyens
Plateau technique de rééducation classique
Techniques manuelles
Appareil d’isocinétisme « Con-Trex ®» (Annexe 4)
Balnéothérapie et matériel adapté (flotteurs…)
Arthromoteur d’épaule
Matériel de physiothérapie
4.3.1 Principes
Rester infra-douloureux,
Respecter les délais de cicatrisation des tissus lésés par la subluxation,
Eviter tout mouvement sollicitant les structures lésées par la subluxation.
19
4.3.2 Techniques masso-kinésithérapique
La journée type de M. M (5x/semaine) débute par une séance de kinésithérapie en salle
divisée en deux séances de 30 minutes (mn). La 1ère séance est destinée à soulager les
douleurs par des massages, des mobilisations actives aidées. La kiné-balnéothérapie de 20 mn
est intercalée entre ses deux séances en salle. Cette 2ème séance a pour but de travailler en
actif. 20 mn d’arthromoteur s’ensuivent afin d’entretenir le gain d’amplitude. La journée se
conclut par 20 mn d’électrostimulation transcutanée pour soulager le patient. En parallèle, une
séance musculaire de 30 mn avec l’aide physique adaptée (APA) est indiquée 3 fois par
semaine pour l’entretien musculaire des membres inférieurs.
20
mouvements de flexion/extension du coude, les épaules sont au préalable maintenues
abaissées. Le travail de gainage de l’épaule est ainsi renforcé. Ces exercices sont réalisés
simultanément en bilatéral pour éviter toute compensation.
Le travail actif aidé en abduction dans le plan de la scapula est ensuite réalisé. La contraction
des abaisseurs lors des mouvements d’abduction renforce le sentiment de sécurité du patient
et permet un gain en mobilité. Le mouvement est lent afin de diminuer la résistance
hydrostatique pour que l’eau porte davantage le membre supérieur. Cet exercice sera réalisé
ultérieurement en salle.
Le travail actif aidé de la coiffe des rotateurs est commencé. L’épaule gauche du patient est
dans une position analogue au test isocinétique de telle façon qu’elle soit à 30° d’abduction et
30° d’antéposition. Le coude est fléchi à 90°. Le kinésithérapeute maintient le coude du
patient. Celui-ci réalise un mouvement de RL/RM dans un même plan en restant infra
douloureux.
21
Cette diagonale d’élévation interne permet le recrutement du serratus, grand dentelé, infra-
épineux, petit rond, deltoïde antérieur, coraco-brachial, grand pectoral (faisceau
claviculaire)… (26)
Le patient fléchit l’épaule et y associe une flexion de coude pour diminuer le bras de levier
puis le retend. Lors de la descente du bras, une élévation du moignon gauche est constatée
avec l’apparition d’un début de douleur. La main gauche du kinésithérapeute est donc placée
au niveau du coude gauche du patient afin qu’il réalise une poussée longitudinale pour éviter
toute compensation d’élévation du moignon. La main droite du kinésithérapeute est juste
posée sur le moignon pour contrôler les compensations. Dans un 1er temps, le retour se fait
dans le cheminement inverse (Fig. 15).
Progressivement, cet exercice est utilisé pour atteindre le visage (Fig. 16 p.23). Cet exercice
se rapproche d’une situation de la vie quotidienne (par exemple lors de la toilette). Le patient
est debout, il commence par balancer son bras gauche puis il l’élève avec le coude tendu et
enfin le coude se fléchit pour que la main atteigne le visage du patient.
22
Figure 16: la main du patient atteint son visage
Le travail de la coiffe des rotateurs dans une position proche d’une installation sur machine
d’isocinétisme est entamé en stimulant la stabilisation active. C’est un préambule à la
rééducation sur la machine d’isocinétisme. Le patient est assis sur une chaise avec un dossier.
L’épaule est placée de telle façon que l’abduction soit dans le plan de la scapula est de 45°.
Avant tout mouvement de RM/RL, la poussée longitudinale est sollicitée par la main du
kinésithérapeute située sous le coude gauche du patient. Aucune résistance n’est ajoutée par le
soignant. Cet exercice permet de renforcer également l’activité des abaisseurs extrinsèques.
Proprioception
Après avoir stimulé la stabilisation active lors de différents mouvements, la proprioception est
ensuite développée (Fig. 17).
Les exercices vont d’abord suivre une progression positionnelle. Le patient est en décubitus
dorsal avec le bras en coude au corps (RM1). Ensuite, le bras est placé en RL1. La consigne
est de maintenir son bras statique. Il maintient son bras lors de déstabilisations engendrées par
le kinésithérapeute.
Des poussées déstabilisantes de plus en plus éloignées de l’articulation gléno-humérale
poursuivent la progression.
23
Les sollicitations sont d’abord lentes puis brèves. Petit à petit, le patient n’est plus prévenu
lors des poussées. Les exercices suivent la progression déjà décrite (paragraphe 3.2 p.11 à 13).
L’ensemble de cette prise en charge a permis de réaliser une séance-type de rééducation
isocinétique.
Les résultats sont obtenus 16 jours après le début de la prise en charge kinésithérapique.
4.4.1 Déficits de fonction
Dans le plan frontal, les moignons des épaules sont à présent à la même hauteur. Une
élévation gauche de 3 cm n’est plus constatée.
Dans le plan transversal, l’épine de la scapula à gauche est encore saillante. La position de la
scapula est quasi identique des deux côtés [Tableau 5]. Les différences de 0.5 cm ne sont pas
significatives.
Tableau 5: Mesures centimétriques.
Repères (en cm)/ côté Gauche Droite Gauche par rapport à droite à
J0 J16 J0 J16 J16
Angle supéro-interne de la scapula 9.5 9 10 9.5 -0.5
Prolongement de l’épine de la scapula 8.5 8.5 9 9 -0.5
Angle inférieure de la scapula 11 12 12.5 12 /
Une douleur mécanique est ressentie lors de « faux mouvement » par inattention du
patient lors de sollicitation active. Elle est localisée à l’intérieur de l’articulation gléno-
humérale. Cette douleur est vive, cotée à 7/10 sur l’EVN, calmée par le changement de
position. La même douleur mécanique est ressentie lors de l’élévation de la main cotée à
3/10 sur l’EVN. Aucun traitement médicamenteux n’est pris pour ces douleurs.
24
Les mesures goniométriques sont réalisées avec le patient en décubitus dorsal, détendu
permettant d’obtenir des amplitudes passives. Les mesures répertoriées dans le tableau 6
sont limitées par la douleur.
Les amplitudes actives sont elles aussi limitées par la douleur. Des mesures
goniométriques sont alors retrouvées : l’abduction active est de 50°. La flexion coude
tendu est de 65° et coude fléchi de 75°. L’élévation antérieure mains jointes est
différente selon le positionnement des mains : main gauche sur main droite 120° et
main droite sur main gauche 110°. A J0, le cône de mobilité était de 10° par rapport à
la verticale. La RM active permet d’amener la main sur le ventre soit 70° (à J0 : 60°).
La RL active est passée de 0 à 10°.
La force musculaire et les tests actifs ne peuvent être évalués car ils sont limités par la
douleur et les appréhensions du sujet. La position initiale des tests actifs est
difficilement tenue, il est alors impossible d’exercer une résistance.
25
Le patient est assis avec le membre supérieur droit
reposant sur une table. Dans cette position est apprécié le
rythme scapulo-huméral (Fig. 18). Avant tout mouvement
d’élévation antérieure ou latérale, le patient stabilise son
épaule par une poussée dans l’axe huméral. Une élévation
de l’humérus associée à une sonnette latérale de la
scapula est observée.
26
Figure 19: Résultats isocinétiques J0-J14
A J16, la main du patient atteint le vertex, l’oreille, la nuque et la fesse (24). Il ne peut
toujours pas accéder à son dos (Tableau 8 p.28) (fond jaune : test validé, écriture
rouge : nouvelles zones atteintes).
27
Tableau 8: Test fonctionnel de Jully
Elévation complète au dessus de la tête
Main - épaule Main - vertex Main - oreille Main – nuque Supérieur
opposée
Main - taille Main – poitrine Main - taille Main – dos Moyen
opposée
Main - poche Main - ceinture Main – poche Main - fesse Inférieur
opposée
Médial Antérieur Latéral Postérieur
Le questionnaire Quick Dash est renseigné par le patient. Un score total de 54.5/100
est retrouvé. Le module professionnel et le module sport ont toujours un score de 100
(Annexe 3). Si les réponses à certaines questions sont différentes à J16, le score reste
identique à J0. Si son sommeil est de meilleure qualité, la douleur de l’épaule le
contrarie davantage dans la vie sociale. Son niveau de douleur l’handicape toujours
dans les activités de la vie quotidienne (se laver le dos…).
5. DISCUSSION
Comme nous l’avons constaté, l’appréhension du patient joue un rôle important. Aucun
moyen n’a été mis en place pour quantifier cette appréhension, cette angoisse. Il aurait été
28
intéressant de proposer au patient un questionnaire sur l’anxiété (tel que Beck Depression
Inventory ou Profile Mood State). Cela permet à la fois de suivre l’évolution des troubles
anxieux du patient et de constater les répercussions émotionnelles de la douleur (27). Seule la
douleur nociceptive a été évaluée dans la prise en charge. A J16 de sa prise en charge masso-
kinésithérapique, le patient reste douloureux. Le délai de cicatrisation est acquis mais
cependant les amplitudes passives et actives restent limitées. Les aprioris du patient ne lui ont
pas permis le traitement antalgique disponible. L’éducation du patient sur les effets du
traitement médicamenteux sur la douleur aurait peut-être fait évoluer ses aprioris.
D’autre part, le score de Constant montre ses limites dans le cas de M. M. En effet, ce test
dépend essentiellement de la douleur. Or, à 4 semaines de la subluxation, la douleur est
encore présente. Ce score a plus d’intérêt à distance de l’accident quand les douleurs
diminuent. Le nouveau score Standardised index of shoulder function (FI2S) permettrait de
suivre davantage les progrès en phase douloureuse. Comme le score de Constant, le FI2S se
compose de 4 parties : douleur, mobilité active, fonction et force d’élévation du bras. De plus,
le FI2S explore davantage la douleur (prise d’antalgiques, douleur nocturne…), la force
(pondération de la valeur mesurée en fonction de l’âge et du sexe)... (28)
Le test isocinétique permet d’évaluer la force musculaire en quantitatif, de suivre l’évolution
de cette force et d’orienter la prise en charge masso-kinésithérapique. La rééducation
isocinétique, quant à elle, permet un renforcement analytique du groupe musculaire de la
coiffe des rotateurs en utilisant un feedback visuel. Mais ses inconvénients restent le prix de la
machine d’isocinétisme, la formation du personnel… Concernant M. M, le 1er test
isocinétique a été réalisé à 4 semaines de sa subluxation. En fonction des auteurs, le délai
avant de réaliser un test isocinétique varie entre 5 et 12 semaines afin de respecter la
cicatrisation des éléments capsulo-ligamentaires lésés (5) (16). Le choix de l’équipe médicale
a été de le réaliser avant la cicatrisation complète des tissus étant donné les activités sportives
et professionnelles du patient.
Deux études comparatives randomisées, menées chez des sujets sains montrent l’efficacité du
renforcement musculaire sur machine isocinétique est supérieure aux autres techniques de
rééducation (pliométrie…) (29) (30). Heiderscheit et al. ont comparé l’efficacité d’un
programme de renforcement musculaire sur appareil d’isocinétisme et un entrainement par
pliométrie de 8 semaines chez 78 collégiens sédentaires sains. Les résultats montrent un gain
du pic de couple en concentrique et excentrique sur les RM dans le groupe rééduqué par
l’isocinétisme (p<0,001) alors qu’il n’y a d’amélioration du pic de couple ni dans le groupe
rééduqué en pliométrie, ni dans le groupe contrôle non rééduqué (29). Il est difficile
d’apprécier les effets de l’isocinétisme car la taille de la population est faible, les sujets sont
sains… Il peut être conclu que l’isocinétisme contribue au renforcement de la coiffe des
rotateurs. A ce jour, aucune étude ne compare les effets du renforcement musculaire
isocinétique en complément d’une rééducation de l’épaule traditionnelle.
A la fin de la prise en charge, M. M atteint certaines des vitesses demandées, 60°/sec pour les
RL et 90°/sec pour les RM. La rééducation lui a permis d’améliorer la mobilité et la stabilité
actives nécessaire à l’utilisation de l’isocinétisme mais seulement pour des vitesses lentes. La
stabilité active n’est plus assurée lors de vitesses rapides et des douleurs apparaissent.
29
Compte-tenu de l’ensemble des protocoles à ce jour, il est difficile pour le soignant
d’appréhender le protocole le plus adapté. Un consensus sur le protocole à suivre adapté au
patient aurait été intéressant pour ainsi mieux appréhender cette rééducation. Mont et ses
collaborateurs proposent de faire varier la vitesse au cours d’une séance de musculation sur un
mode « pyramidal » (exemple : 90, 120, 150, 180, 180, 150, 120, 90°/sec) (22). D’autres
auteurs comme Codine préconisent une « pyramide inversée » allant d’une vitesse élevée,
propice à l’échauffement à une vitesse lente pour revenir ensuite à une vitesse élevée (2). Pour
d’autres, le choix du protocole dépend du type de patient (athlètes ou sédentaires) et de
l’objectif à atteindre (travail en force ou en endurance). Dans le cas de M. M, la force de la
coiffe des rotateurs est à privilégier. Ils préconisent pour les athlètes un travail sur le mode
concentrique et excentrique. Etant donné que la lésion est récente, il faut privilégier le mode
concentrique. Le protocole propose donc 6 séries de 10 contractions à des vitesses de 60 à
180°/sec (l’ordre n’est pas indiqué). Un repos de 30sec à 1 minute est intercalé entre les séries
(31).
6. CONCLUSION
30
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQ UES ET AUTRES SOURCES
1. (ANAES), Haute Autorité de Santé. Les appareils d'isocinétisme en évaluation et en
rééducation musculaire: intérêts et utilisation. Février 2001.
2. Codine, P et Pocholle, M. Isocinétisme et médecine sportive. Paris : Masson, 1998. p. 174.
3. Edouard, P et al. Mise au point sur les positions d’évaulation isocinétique des muscles
rotateurs de l’épaule. Sciences et sports. 2009, 24, pp. 207-209.
4. Marc, T et al. Rééducation de l'épaule instable. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Encyclopédie médico-chirurgicale. 26-209-A-10, 2010.
5. Codine, P et Hérisson, C. Instabilité de l’épaule et médecine de rééducation. s.l. : Masson,
2007. Vol. Collection de pathologie locomotrice et de médecine.
6. Sims, K et al. Traumatic anterior shoulder dislocation :a case study of nonoperative
management in a mixed martial arts athlete. J Can Chiropr Assoc. 2009, Vol. 53 (4), 261-271.
7. Allain, J et al. Traumatismes de l’épaule et du bras. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Encyclopédie Médico-chirurgicale, Médecine d’urgence. 25-200-F-10, 2007.
8. Besch, S. Immobilisation des luxations glénohumérales. Journal de Traumatologie du
Sport. 2010, 27 : 94-98.
9. Smith, T. Immobilisation following traumatic anterior glenohumeral joint dislocation, A
literature review. Injury, international journal of the care of the injured. 2006, 37: 228-37.
10. Flurin, PH et al. Rééducation de l’épaule non opérée. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Encyclopédie médico-chirurgicale. 26-210-B-10, 2002.
11. Hovelius, L et al. Nonoperative treatment of primary anterior shoulder dislocation in
patients forty years of age and younger. The journal of bone and joint surgery. 2008, 90:945-
52.
12. Kirkley, A et al. Prospective randomized clinical trial comparing the effectiveness of
immediate arthroscopic stabilization versus immobilization and rehabilitation in first
traumatic anterior dislocations of the shoulder: Long-terme evaluation. Arthroscopy: The
journal of arthroscopic and related surgery. 2005, 21: 55-63.
13. Itoï, E et al. Immobilization in external rotation after shoulder dislocation reduces the risk
of recurrence. J Bone Joint Surge Am. 2007, 89: 2124-31.
14. Siegler, J et al. La rotation externe est-elle la bonne immobilisation après une primo-
luxation de l’épaule ? Une étude IRM. Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique.
2010, 96 :391-96.
15. Forthomme, B. Rééducation raisonnée de l’épaule opérée et non opérée. s.l. : Frison-
Roche, 2002. p. 73-173.
16. Boileau, G et al. Instabilités de l’épaule : Bilans isocinétiques et rééducation.
Kinésithérapie scientifique. Mars 1997, 365 : 14-18.
17. Codine, P et al. Evaluation et rééducation des muscles de l’épaule en isocinétisme :
méthodologie, résultats et applications. Annales de réadaptation et de médecine physique.
2005, 48 : 80-92.
18. Haute Autorité de Santé. Pathologies non opérées de la coiffe des rotateurs et masso-
kinésithérapie. Services des recommandations et références professionnelles. Avril 2001.
19. Kemoun, G et al. Hydrokinésithérapie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Encyclopédie Médico-Chirurgicale . 26-140-A-10, 2006.
20. Pocholle, M et al. Applications à la rééducation. Kinésithérapie, les annales. Juillet 2003,
19 : 24-7.
21. Codine, P et al. Anomalies neuro-musculaires et instabilité d’épaule. Kinésithérapie, les
annales. Juillet 2003, 19 : 16-9.
22. Mont, A et al. Isokinetic concentric versus eccentric training of shoulder rotators with
functional evaluation of performance enhancement in elite tennis players. Am J Sports Med.
1994, 22: 513-7.
23. (INPES), Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. Le disque de
calcul de l'indice de masse corporelle chez l'adulte. Sept 2003.
24. Jully, JL et al. Objectifs hebdomadaires et surveillance de la rééducation des ruptures de
coiffe opérées. Annales de Kinésithérapie. 1990, t.7, n°3 : 107-11.
25. Health, Institut for Work and. The Quick Dash outcome measure. 2006.
26. Quesnot, A et Chanussot, JC. Rééducation de l'appareil locomoteur: membre supérieur.
s.l. : Elsevier Masson, 2008 : 37-51.
27. Bragard, D et al. Evaluation de la douleur: aspects méthodologiques et utilisation
clinique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Kinésithérapie - Médecine Physique -
Réadaptation. 26-008-A-02, 2010.
28. Dupeyron, A et al. Une nouvelle échelle composite d'évaluation de l'épaule douloureuse:
le Standardised Functional Index of Shoulder (FI2S). Reporductibilité, validité de construit et
sensibilité au changement. Communication 26e Congrès de Médecine Physique et de
Réadaptation. La Cité, Nantes. 13-15 Octobre 2011.
29. Heiderscheit, BC et al. The effects of isokinetic vs plyometric training on the shoulder
international rotators. J Orthop Sports Phys Ther. 1996, 23:125-33.
30. Malliou, PC et al. Effective ways of restoring muscular imbalances of the rotator cuff
muscle group: comparative study of various training methods. Br J Sports Med. 2004,
38:766-72.
31. http://www.isokinetics.net/isokinetics/protocols/shoulder/rotation.html. Isokinetics
explained. [En ligne] [Citation : 02 04 2012.]
32. Gimet, G et al. Epaule et isocinétisme. Journal de Traumatologie du Sport. 2002, 19:152-
8.
ANNEXE 1 : SCORE DE CONSTANT
ANNEXE 2 : RESULTATS ISOCINET IQUES J0 ET J14
ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE QUIC K DASH
ANNEXE 4 : FICHE TECHNIQUE « CON-TREX ®»