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PKINÉSITHÉRAPIE DU SPORT
Coordonné par Jean-Claude Chanussot
LES ENTORSES BÉNIGNES DU GENOU
Jean-Claude CHANUSSOT*, Aude QUESNOT**
*** Kinésithérapeute cadre de Santé
Fondation A. de Rothschil, Chantilly (60)
*** Kinésithérapeute cadre de Santé
Centre hospitalier de Gonesse (95)
GÉNÉRALITÉS
Les entorses du genou sont des lésions extrê-
mement fréquentes dans la pratique sportive
notamment dans certaines disciplines comme
le football, le ski, le handball et le basket-ball.
Elles nécessitent un diagnostic précoce et
rigoureux pour éviter les complications à type
d’instabilité chronique elle-même source d’ar-
throse à long terme.
Les entorses bénignes, malgré leur nom, sont
elles-mêmes sources de complications et là
encore un diagnostic précoce et un traitement
rigoureux sont indispensables.
Ces entorses bénignes correspondent à une
simple élongation, à une distension ou à des
microdéchirures des éléments périphériques.
De ce fait, elles n’entraînent jamais de laxité.
Elles concernent, compte-tenu du valgus
physiologique du genou, quasi exclusivement
le plan médial et sont caractérisées par une
distension ou des microdéchirures du plan le
plus superficiel du ligament collatéral médial
c’est-à-dire des fibres fémoro-tibiales.
Le mécanisme lésionnel associe une flexion ,
un valgus et éventuellement une rotation laté-
rale du genou.
CLINIQUE
Au cours d’un mécanisme en valgus, parfois en
rotation latérale, le sportif ressent une vive
douleur à la partie médiale du genou, en
regard de l’interligne articulaire ou en regard
de la zone d’insertion haute du ligament colla-
téral médial qui rétrocède rapidement. Les
douleurs réapparaissent dans un deuxième
temps après l’effort sportif, à froid.
Lors de l’examen clinique, il peut exister une
légère boiterie à type d’esquive de l’appui.
La mobilité active et passive est normale si ce
n’est des douleurs en extension complète et
en fin de flexion c’est-à-dire à la mise en ten-
sion du ligament incriminé.
Le point remarquable est qu’il n’y a jamais d’é-
panchement articulaire, ni de signe de laxité.
La mise en tension passive du ligament colla-
téral médial par la recherche d’un mouvement
combiné en flexion, valgus et rotation latérale
du genou réveille la douleur ainsi que la pal-
pation douce sur le trajet ligamentaire.
Les tests méniscaux et fémoro-patellaires sont
normaux.
EXAMENS
COMPLÉMENTAIRES
La radiographie, systématique, élimine un
arrachement osseux.
LE TRAITEMENT
Il est fonctionnel et consiste en la mise au
repos sportif trois semaines, associé à un trai-
tement médical (antalgiques, anti-inflamma-
toires non stéroïdiens) et kinésithérapique.
Une contention souple est mise en place pen-
dant 10 à 15 jours.
La rééducation des entorses bénignes peut
présenter cependant deux difficultés :
– la persistance de la douleur et d’un flessum
éventuel. Il est à noter qu’à J21 ces deux élé-
ments doivent avoir disparu ;
– l’apparition de complications qui sont au
nombre de trois et que nous devons sur-
veiller de manière attentive. Le traitement de
ces complications est exclusivement médical
et la qualité des résultats est associée à la
précocité de la mise en place du traitement.
T RAUMATOLOGIE , MÉDECINE ,
À J21, toute entorse bénigne du genou non
asymptomatique doit faire éliminer les trois
complications ci-dessous.
Le syndrome
de Pellegrini-Stieda
C’est la complication la plus fréquente des
entorses bénignes du genou qui négligée a
des répercussions fonctionnelles graves.
Il apparaît vers la 3e ou 4e semaine post-trau-
matique et se traduit par des douleurs persis-
tantes majorées à l’effort, accompagnées
d’une limitation progressive de l’extension. La
réduction passive du flessum est souvent pos-
sible au début mais très douloureuse.
La radiographie confirme le diagnostic en
montrant une calcification en forme de crois-
sant en regard de l’insertion proximale du liga-
ment collatéral médial. L’évolution spontanée
se fait vers un flessum irréductible.
Le traitement consiste en :
– un traitement médical composé d’AINS et
d’infiltrations locales de cortisone ;
– de la kinésithérapie douce pour récupérer le
déficit articulaire, associée à des ondes de
choc pour faire disparaître la calcification.
Le syndrome de Palmer
Il résulte d’une cicatrisation en position rac-
courcie du ligament collatéral médial ou d’une
cicatrisation avec la persistance d’un granu-
lome.
o
Les signes cliniques sont sensiblement iden-
tiques au syndrome de Pellegrini-Stieda : limi-
tation des fins d’amplitudes et douleurs per-
sistantes à l’effort.
La radiographie est normale.
Le traitement est médical et kinésithérapique
pour restaurer les amplitudes articulaires.
L’algoneurodystrophie
du condyle médial
Cette complication doit également être évo-
quée devant un genou qui n’a pas récupéré
dans le mois post-traumatique. Elle se caracté-
rise, cette fois-ci, par des douleurs sourdes,
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T RAUMATOLOGIE , MÉDECINE ,

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Figure 1 Figure 2
Massage au glaçon du plan médial Travail proprioceptif du hauban musculaire médial

apparaissant au repos et la nuit, un déficit Les techniques articulaires

d’apparition progressive des fins d’amplitu-

des, et une modification de la texture cutanée
en regard du condyle médial. Une douleur à la
percussion osseuse peut être retrouvée. Les
signes de rougeur, hypersudation, etc., ne
sont pas systématiques et souvent retardés.
La radiographie dont les signes sont retardés
met en évidence un aspect déminéralisé ou
moucheté en regard du condyle médial.
© D.R.
– Mobilisations douces en extension à partir
de J10 ou dès la sédation des douleurs ;
– autoposture en extension ;
– mobilisations spécifiques douces en glisse-
ment antérieur du tibia sous le fémur.
La contention souple

Le traitement est médical et comprend des
injections de calcitonine. La kinésithérapie a
un objectif antalgique et de restauration des
amplitudes articulaires.
PRISE EN CHARGE
KINÉSITHÉRAPIQUE
– Réalisation d’une contention souple pendant
10 jours limitant le valgus et la rotation laté-
rale du tibia sous le fémur.
Les techniques neuro-
musculaires

o
– Travail spécifique des haubans médiaux
DES ENTORSES BÉNIGNES c’est-à-dire du sartorius, du semi-membra-
neux, du gracile, du semi-tendineux et du Figure 3
Les techniques antalgiques poplité (fig. 2 et 3) ; Travail proprioceptif des rotateurs médiaux
– travail proprioceptif 4 faces du genou ;
– Cryothérapie systématique trois fois par jour
en interposant un linge humide entre la – travail de la marche et correction du flessum
source de froid et le tissu cutané ; résiduel. ◆
– massage au glaçon en regard du ligament
collatéral médial (fig. 1) ;
– application d’air froid pulsé ;
– stimulation électrique transcutané antagi-
que sur le trajet du nerf saphène interne ;
– utrasons en émission continue et pulsée en
regard du ligament collatéral médial ;
– massage transversal profond en regard du
ligament incriminé dès J3.
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